les jeux de rôles : faire comme si

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Les jeux de rôles : faire comme si... tout en s’amusant avec de vrais amis Pendant tout un week-end de septembre, accros de jeux de rôles et curieux sont invités à participer aux parties organisées dans le cadre d’Orc’Idée, convention lausannoise de jeux de simulation 98 qui aura lieu à l’EPFL. L e Club Kaork de Moudon, La Geste ludique de Clarens et L’ombre du D de Lausanne ont uni leurs efforts pour proposer des parties qui dureront entre deux et huit heures dans le cadre d’Orc’Idée, convention lausan- noise de jeux de simulation 98 qui aura heu à l’EPFL les 12 et PAR Nicole MÉTRAL 13 septembre prochain. Elles tiendront en haleine les joueurs toute la nuit, avec une pause entre trois et six heures du matin pour rejoindre leur ht ou dormir sur place dans leur sac de cou- chage. Placée sous le signe des Celtes, la convention lausannoise prévoit aussi d’autres thèmes, dont une partie intitulée Bill Clintoon, l’un des joueurs incarnera un personnage de cartoon avec «un gros ego et un gros besoin sexuel». Un week-end palpitant en vue, sans alcool —interdit sur le terrain de la convention — pour les «rôlistes», nombreux en Suisse romande (environ 20 000 joueurs) en dépit de la concurrence grandissante des jeux informatiques qui se prati- quent en solitaire et dont les pos- sibilités sont assez restreintes par rapport à l’imagination débor- dante des joueurs. Or le propre du jeu de rôle est d’être convivial, de se jouer entre amis avec un meneur de jeu qui anime et ar- bitre la partie, et de faire appel à l’imaginaire des participants. Décor imaginaire Réunis autour d’une table sans autres accessoires que. d’éventuels dés, les joueurs com- mencent par visualiser les scènes que leur décrit le meneur de jeu. C’est dans un décor ima- ginaire donné que chaque joueur va faire agir le personnage qu’il incarne selon le tempérament qu’il lui a choisi au départ; ça, c’est le rôle. Le jeu, lui, est dans les embûches, les énigmes et les épreuves risquées que le meneur de jeu met sur leur chemin. Mêlant personnages mysté- rieux, scènes d’action et d’en- quête, le scénario du meneur de jeu est comme un épisode de feuilleton dont il connaît l’in- trigue, les ressorts, les figurants et le début, mais qui ignore com- ment les joueurs vont atteindre les buts suggérés au début de l’aventure. Pris dans l’action, les joueurs peuvent rester accrochés à leur jeu pendant des heures. Une partie normale dure entre quatre et six heures, voire des jours. Tout a véritablement com- mencé avec Donjons & dragons, le premier jeu de rôles créé et édité aux Etats-Unis par Gary Gygax en 1974. Manichéen et moral, sans souplesse psycholo- gique, ce jeu évoque un univers médiéval fantastique fortement ,inspiré de la trilogie romanesque de Tolkien, Le seigneur des an- neaux. Traduit en français en 1983, il a été remplacé aujour- d’hui par une version plus com- plexe, Advanced Dungeons & Dragons (Ad&D). Depuis 1974, un petit millier de jeux de rôles ont été créés, du plus simple au plus sophistiqué, mais la profusion des manuels ne doit pas faire illusion: la plu- part des jeux de rôles sont déri- vés de quelques grands thèmes (voir encadré), déchnés avec wmm ' /S • '■ Jfï simulation Guillaume Junier (à gauche) et Frédéric Hubleur, deux des organisateurs d'Orc’Idée 98, qui proposera une kyrielle de jeux de rôles lors d'un week-end bien rempli à l'EPFL à Lausanne. Patrick Martin d’infinies variantes. Dans ces jeux de simulation, il n’y a ni ga- gnants ni perdants, les joueurs ne jouant pas les uns contre les autres mais formant une seule équipe. Il n’y a pas d’équipe ad- verse à vaincre mais des situa- tions à résoudre. Les univers évoqués, médié- vaux, intersidéraux, guerriers, peuplés d’archétypes masculins guerriers (et machistes) ne pas- sionnent pas les filles, rares à se piquer au jeu. Jouer les fées ou les princesses qui scrutent l’hori- zon pendant que des seigneurs arborant leurs couleurs se pour-' V*; - -fc «Mgr Univers imaginaires L es royaumes oubliés, Le monde du soleil sombre, Le loup-garou de Londres, Les es- cargots, meurent debout: à eux seuls, les titres de scénarios de jeux de rôle sont un appel à l’imaginaire. Toujours en tête des univers de jeux de rôle, le Médiéval fantastique dont Donjons & Dragons (1974) de Gary Gygax est le jeu fondateur et Rêves de dragon, jeu médiéval onirique. Viennent ensuite dans le désordre les Space Opéra, épo- pées spatiales qui s’inspirent de La guerre des étoiles, les vampires avec des jeux d’épou- vante. L’appel du Cthulhu, issu des romans de Lovecraft, ta- lonne de très près le best-seller de Gygax. Autres genres très prisés: les aventures d’espionnage à la James Bond, l’univers Cyber- punk dérivé de tout un courant littéraire des années 1990 qui dépeint un futur sombre, glauque où l’homme, bardé d’implants, est connecté en permanence sur un monde vir- tuel. Les scénarios sont décrits dans des volumes comportant de 30 à 350 pages en général très illustrées. N. Ml a fendent, n’est pas des plus sti- mulants. Elles peuvent bien sûr se glisser dans la peau d’un hé- ros ou d’un escroc masculin, de la même manière que les joueurs endossent une identité féminine. Une minorité de mordus jouent parfois le jeu grandeur nature, se déguisent et endos- sent des armes en latex pour fer- railler dans les bois ou dans un château véritable. Mais ces par- ties-là sont très différentes. Les adversaires des jeux de rôles leur reprochent leur côté guerrier. «On peut se défouler sans faire de mal à personne!» explique Guillaume, 21 ans, étu- diant lausannois et ardent joueur qui aime se glisser dans la peau de méchants sympathiques mais aussi de brutes épaisses, genre Conan le Barbare. Jouer, c’est fuir la réalité... «Oui, complètement, avoue Guillaume. Mais ça fait du bien de faire des actions héroïques comme on n’en fait pas vraiment dans la vraie vie. Le jeu de rôle m’a aussi permis d’étoffer mon imagination, de faire des décou- vertes culturelles, de me docu- menter dans des domaines dont j’ignorais tout, de rencontrer des gens, et surtout de me faire des amis.» David, 27 ans, joue depuis huit ans tous les samedis avec le même cercle d’amis: «Avec les années, l’un de mes personnages a évolué, s’est étoffé. De simple pékin, il est devenu de plus en plus balèze, plus riche, plus com- plexe et nuancé. Je l’ai nourri de mes propres expériences de vie!» Frédéric, 22 ans, étudiant, af- firme, lui, que le jeu de rôle a renforcé sa personnalité, l’a rendu plus loquace, plus sûr de sa parole. Les détracteurs mettent en avant certains dérapages. «Jouer un personnage ne nous fait pas oublier notre propre personna- lité! assure Frédéric, qui est sou- vent maître de jeu. Il faut être perturbé psychologiquement pour ne pas faire la différence. On voit assez vite si un joueur est mal structuré, très fragile, le meneur de jeu est très attentif à cela. Les dérives sont extrême- ment rares. On discute beaucoup entre nous des personnages, mais aussi de notre vie.» N. M1D O rc’ldée, manifestation de jeux de simulation, satellite de l’EPFL à Lausanne, le 12 et le 13 septembre 98. L’ombre du D, cp.354, C H -1000 Lausanne 17. http:pchec 137a.unil.ch/orcidee98 37 (g) HEURES LUNDI 24 AOÛT 1998 8 Quand l’acoustique se marie à la poésie Dans le cadre du Festival Tibor Varga, l’OCL jouait vendredi dans La Belle Usine, à Fully. U ne station de turbinage d’Energie Ouest Suisse par- tiellement désaffectée, dont la salle supérieure, devenue heu cul- turel, forme un petit «Bâtiment des Forces motrices», à l’image de la salle récemment inaugurée sur le Rhône genevois. C’est «La Belle Usine», à Fully, près de Martigny. Grandes baies vitrées arrondies, haute charpente métallique, amé- nagement (encore) modeste: l’ar- chitecture industrielle imprègne le lieu de sa poésie particulière, Plus encore1 elle offre une acous- tique particulièrement agréable, claire et aérée (les basses cepen- dant ont tin peu tendance à ron- fler), qui en fait, selon Pierre Gil- *oz “la meilleure salle de concert du Valais». L’administrateur du Festival Tibor Varga y situe donc chaque année quelques rendez- vous et, en l’occurrence, le concert offert vendredi dernier par l’Or- chestre de Chambre de Lausanne, dirigé par Jésus Lopez Cobos. Le moment fort de cette soirée restera l’interprétation du Concerto pour clarinette de Mo- zart, par le Français Paul Meyer. A 33 ans, ce soliste fait preuve d’une maturité époustouflante. Concentré, vibrant comme s’il donnait son premier concert, le musicien conjugue une virtuosité instrumentale irréprochable à une inspiration aussi sensée que sen- sible, qui a entraîné l’accompa- gnement orchestral dans une même ferveur. Une vrai découverte que cette Sommemacht du Suisse Othmar Schoeck, qui ouvrait la soirée. Une pièce brève, d’un calme ber- çant; une touchante introduction, posant instantanément un climat. Tout autre atmosphère avec la Troisième Symphonie de Schu- bert, placée au centre du pro- gramme sans être pour autant le point fort de la soirée. Jésus Lo- pez Cobos a de l’entrain, il choisit des tempi alertes et l’orchestre le suit. Mais l’allure résolument martiale, les phrasés sans trop de relief ou de souplesse, les nuances parfois indéterminées laissaient planer le doute: la fougue permet- elle de masquer un travail qu’en partie réalisé? Alexandre Barrelet □ Pinceaux naïfs de Croatie à la Galerie du Talent Echallens accueille une nouvelle galerie vouée avant tout aux peintres populaires d’ex-Yougpslavie. L a peinture naïve de Croatie, c’est leur passion partagée et c’est toute l’âme du pays natal de son mari que J. Zohil a décidé de mieux faire connaître dans sa toute nouvelle Gale- rie du Talent. Car comment résister, quand on est à Echallens, à l’invitation de la rivière si bien nommée qui, disent les mauvaises langues, y passe mais ne s’y arrête pas? Si les artistes populaires croates y auront toujours une place de choix, J. et D. Zohil précisent d’emblée qu’ils n’en feront pas une exclusivité et qu’ils comptent bien montrer des choses très différentes à leur cimaise. Pour autant, nuancent-ils, qu’elles res- tent figuratives. A tout seigneur tout honneur, ce sont les naïfs croates qui ouvrent les feux: neufs peintres dont l’aîné, Ivan Vece- naj, est considéré au pays comme le maître vivant du genre, et le cadet, Branko Matina, 38 ans, le perpétue dans le parfait respect des sujets et de la minutie traditionnels. Une tradition qui remonte aux années 1930 et au «père» de ce qu’à l’époque on appelait la peinture naïve yougoslave: Ivan Ge- neralic (dont le neveu Milan est présent à Echallens), qui a fait de son village de Hlebine, près de la frontière hongroise, un véritable foyer de peinture popu- laire. Aujourd’hui, le Gouvernement croate encourage cette expression qui, avec ses racines plantées dans la sagesse po- pulaire et le déroulement des travaux et des jours à la campagne tel qu’il a en grande partie disparu, prend des ac- cents fortement identitaires (bien que la présence, dans la salle annexe de la galerie, d’un tableau naïf serbe balaie ici tout nationalisme exacerbé). Fidèles à leur chef de file, les Croates ont gardé l’habitude de peindre sur verre (ou plu- tôt à l’envers d’une plaque de verre) pour donner aux couleurs une lumino- sité particulière, d’illustrer la vie à la campagne dans le vertige miniaturiste de détails décrits au pinceau «trois- poils», et de chérir une palette volon- tiers chromo. Et si un Mirko Horvath ou une Biserka Zlatar ont adopté des sujets plus proches de la tradition clas- sique, ils n’en ont pas moins corlservé eux aussi la «marque de fabrique» bien reconnaissable. Françoise Jaunin □ □ Echallens, Galerie ’ du Talent, jusqu’au 30 septembre. Ma-ve 14 h -19 h, sa 9 h- 17 h. Tél. (021) 881 46 70. MAIS ENCORE CHANT Décès de la soprano llva Palmina Ligabue La soprano italienne llva Palmina Ligabue est décédée mercredi à Palerme à l’âge de 66 ans. La cantatrice se trouvait plongée dans le coma depuis quatre mois, a-t-on appris samedi. De 1957 à I960, elle devient la prima donna du Festival de Glyndeboume. En 1961, elle a reçu les plus grands honneurs pour sa prestation dans le rôle-titre de Béatrice de Tende de Bellini à la Scala. Sa carrière l’a ensuite conduite de Vienne à Buenos Aires, en passant par Aix-en-Provence, Wiesbaden, Chicago, Paris et New York. PARIS Prince au Zénith Alors qu’il a fêté son quarantième anniversaire il y a quelques semaines, celui qu’on continue à ap- peler Prince a retrouvé le public parisien ven- dredi soir au Zénith. Il s’agit de l’unique étape en France de sa tournée européenne, après une ab- sence de six ans dans l’Hexagone. Depuis, ex- Prince (il a renoncé à son pseudonyme il y a cinq ans) a connu le parcours classique des superstars avec son lot de triomphes et de déconvenues. Il a donné à voir une véritable revue à l’américaine, proposant — dans un Zénith en petite configu- ration, soit environ 4000 places — un show de quatre heures dont il est le Monsieur Loyal mais pas l’unique dispensateur. Prince se produit en effet actuellement avec deux vedettes du funk, Chaka Khan et Larry Graham, ancien bassiste de Sly and the Family Stone. Deux figures qui l’ont influencé et à qui il renvoie aujourd’hui l’ascen- seur. — (afp)

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Les jeux de rôles : faire comme si... tout en s’amusant avec de vrais amis

P endant tou t u n w eek -en d de sep tem bre, accros de jeu x de rôles e t curieux son t invités à participer aux parties organ isées dans le cadre d ’Orc’Idée, con vention la u san n o ise de je u x de s im u la tion 98 qui aura lieu à l ’EPFL.

L e Club Kaork de Moudon, La Geste ludique de Clarens et

L’ombre du D de Lausanne ont uni leurs efforts pour proposer des parties qui dureront entre deux et huit heures dans le cadre d’Orc’Idée, convention lausan­noise de jeux de simulation 98 qui aura heu à l’EPFL les 12 et

PARNicole MÉTRAL

13 septembre prochain. Elles tiendront en haleine les joueurs toute la nuit, avec une pause entre trois et six heures du matin pour rejoindre leur ht ou dormir sur place dans leur sac de cou­chage.

Placée sous le signe des Celtes, la convention lausannoise prévoit aussi d’autres thèmes, dont une partie intitulée Bill Clintoon, où l’un des joueurs incarnera un personnage de cartoon avec «un gros ego et un gros besoin sexuel». Un week-end palpitant en vue, sans alcool — interdit sur le terrain de la convention — pour les «rôlistes», nombreux en Suisse romande (environ 20 000 joueurs) en dépit de la concurrence grandissante des jeux informatiques qui se prati­quent en solitaire et dont les pos­sibilités sont assez restreintes par rapport à l’imagination débor­dante des joueurs. Or le propre du jeu de rôle est d’être convivial, de se jouer entre amis avec un meneur de jeu qui anime et ar­bitre la partie, et de faire appel à l’imaginaire des participants.

Décor imaginaireRéunis autour d’une table

sans autres accessoires que.

d’éventuels dés, les joueurs com­mencent par visualiser les scènes que leur décrit le meneur de jeu. C’est dans un décor ima­ginaire donné que chaque joueur va faire agir le personnage qu’il incarne selon le tempérament qu’il lui a choisi au départ; ça, c’est le rôle. Le jeu, lui, est dans les embûches, les énigmes et les épreuves risquées que le meneur de jeu met sur leur chemin.

Mêlant personnages mysté­rieux, scènes d’action et d’en­quête, le scénario du meneur de jeu est comme un épisode de feuilleton dont il connaît l’in­trigue, les ressorts, les figurants et le début, mais qui ignore com­ment les joueurs vont atteindre les buts suggérés au début de l’aventure. Pris dans l’action, les joueurs peuvent rester accrochés à leur jeu pendant des heures. Une partie normale dure entre quatre et six heures, voire des jours.

Tout a véritablement com­mencé avec Donjons & dragons, le premier jeu de rôles créé et édité aux Etats-Unis par Gary Gygax en 1974. Manichéen et moral, sans souplesse psycholo­gique, ce jeu évoque un univers médiéval fantastique fortement

, inspiré de la trilogie romanesque de Tolkien, Le seigneur des an­neaux. Traduit en français en 1983, il a été remplacé aujour­d’hui par une version plus com­plexe, Advanced Dungeons & Dragons (Ad&D).

Depuis 1974, un petit millier de jeux de rôles ont été créés, du plus simple au plus sophistiqué, mais la profusion des manuels ne doit pas faire illusion: la plu­part des jeux de rôles sont déri­vés de quelques grands thèmes (voir encadré), déchnés avec

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Guillaume Junier (à gauche) et Frédéric Hubleur, deux des organisateurs d'Orc’Idée 98, qui proposera une kyrielle de jeux de rôles lors d'un week-end bien rempli à l'EPFL à Lausanne. Patrick Martin

d’infinies variantes. Dans ces jeux de simulation, il n’y a ni ga­gnants ni perdants, les joueurs ne jouant pas les uns contre les autres mais formant une seule équipe. Il n’y a pas d’équipe ad­verse à vaincre mais des situa­tions à résoudre.

Les univers évoqués, médié­vaux, intersidéraux, guerriers, peuplés d’archétypes masculins guerriers (et machistes) ne pas­sionnent pas les filles, rares à se piquer au jeu. Jouer les fées ou les princesses qui scrutent l’hori­zon pendant que des seigneurs arborant leurs couleurs se pour-'

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Univers imaginairesL es royaumes oubliés, Le

monde du soleil sombre, Le loup-garou de Londres, Les es­cargots, meurent debout: à eux seuls, les titres de scénarios de jeux de rôle sont un appel à l’imaginaire.

Toujours en tête des univers de jeux de rôle, le Médiéval fantastique dont Donjons & Dragons (1974) de Gary Gygax est le jeu fondateur et Rêves de

dragon, jeu médiéval onirique. Viennent ensuite dans le désordre les Space Opéra, épo­pées spatiales qui s’inspirent de La guerre des étoiles, les vampires avec des jeux d’épou- vante. L’appel du Cthulhu, issu des romans de Lovecraft, ta­lonne de très près le best-seller de Gygax.

Autres genres très prisés: les aventures d’espionnage à la

James Bond, l’univers Cyber- punk dérivé de tout un courant littéraire des années 1990 qui dépeint un futur sombre, glauque où l’homme, bardé d’implants, est connecté en permanence sur un monde vir­tuel. Les scénarios sont décrits dans des volumes comportant de 30 à 350 pages en général très illustrées.

N. Ml a

fendent, n’est pas des plus sti­mulants. Elles peuvent bien sûr se glisser dans la peau d’un hé­ros ou d’un escroc masculin, de la même manière que les joueurs endossent une identité féminine.

Une minorité de mordus jouent parfois le jeu grandeur nature, se déguisent et endos­sent des armes en latex pour fer­railler dans les bois ou dans un château véritable. Mais ces par- ties-là sont très différentes.

Les adversaires des jeux de rôles leur reprochent leur côté guerrier. «On peut se défouler sans faire de mal à personne!» explique Guillaume, 21 ans, étu­diant lausannois et ardent joueur qui aime se glisser dans la peau de méchants sympathiques mais aussi de brutes épaisses, genre Conan le Barbare.

Jouer, c’est fuir la réalité... «Oui, complètement, avoue Guillaume. Mais ça fait du bien de faire des actions héroïques comme on n’en fait pas vraiment dans la vraie vie. Le jeu de rôle m’a aussi permis d’étoffer mon imagination, de faire des décou­vertes culturelles, de me docu­menter dans des domaines dont j ’ignorais tout, de rencontrer des gens, et surtout de me faire des amis.»

David, 27 ans, joue depuis huit ans tous les samedis avec le même cercle d’amis: «Avec les années, l’un de mes personnages a évolué, s’est étoffé. De simple pékin, il est devenu de plus en plus balèze, plus riche, plus com­plexe et nuancé. Je l’ai nourri de mes propres expériences de vie!» Frédéric, 22 ans, étudiant, af­firme, lui, que le jeu de rôle a renforcé sa personnalité, l’a rendu plus loquace, plus sûr de sa parole.

Les détracteurs mettent en avant certains dérapages. «Jouer un personnage ne nous fait pas oublier notre propre personna­lité! assure Frédéric, qui est sou­vent maître de jeu. Il faut être perturbé psychologiquement pour ne pas faire la différence. On voit assez vite si un joueur est mal structuré, très fragile, le meneur de jeu est très attentif à cela. Les dérives sont extrême­ment rares. On discute beaucoup entre nous des personnages, mais aussi de notre vie.»

N. M1D

O rc’ldée, manifestation de jeux de simulation, satellite de l’EPFL à Lausanne, le 12 et le 13 septembre 98. L’ombre du D, cp.354, C H -1000 Lausanne 17. http:pchec 137a.unil.ch/orcidee98

37(g) HEURES

LUNDI24 AOÛT 1998

8

Quand l’acoustique se marie à la poésie

Dans le cadre du Festival Tibor Varga, l’OCL jouait vendredi dans La Belle Usine, à Fully.

U ne station de turbinage d’Energie Ouest Suisse par­

tiellement désaffectée, dont la salle supérieure, devenue heu cul­turel, forme un petit «Bâtiment des Forces motrices», à l’image de la salle récemment inaugurée sur le Rhône genevois. C’est «La Belle Usine», à Fully, près de Martigny. Grandes baies vitrées arrondies, haute charpente métallique, amé­nagement (encore) modeste: l’ar­chitecture industrielle imprègne le lieu de sa poésie particulière, Plus encore1 elle offre une acous­tique particulièrement agréable, claire et aérée (les basses cepen­dant ont tin peu tendance à ron­fler), qui en fait, selon Pierre Gil- *oz “la meilleure salle de concert du Valais». L’administrateur du Festival Tibor Varga y situe donc chaque année quelques rendez- vous et, en l’occurrence, le concert offert vendredi dernier par l’Or­chestre de Chambre de Lausanne, dirigé par Jésus Lopez Cobos.

Le moment fort de cette soirée restera l’interprétation du Concerto pour clarinette de Mo- zart, par le Français Paul Meyer.

A 33 ans, ce soliste fait preuve d’une maturité époustouflante. Concentré, vibrant comme s’il donnait son premier concert, le musicien conjugue une virtuosité instrumentale irréprochable à une inspiration aussi sensée que sen­sible, qui a entraîné l’accompa­gnement orchestral dans une même ferveur.

Une vrai découverte que cette Sommemacht du Suisse Othmar Schoeck, qui ouvrait la soirée. Une pièce brève, d’un calme ber­çant; une touchante introduction, posant instantanément un climat. Tout autre atmosphère avec la Troisième Symphonie de Schu­bert, placée au centre du pro­gramme sans être pour autant le point fort de la soirée. Jésus Lo­pez Cobos a de l’entrain, il choisit des tempi alertes et l’orchestre le suit. Mais l’allure résolument martiale, les phrasés sans trop de relief ou de souplesse, les nuances parfois indéterminées laissaient planer le doute: la fougue permet- elle de masquer un travail qu’en partie réalisé?

Alexandre Barrelet □

Pinceaux naïfs de Croatie à la Galerie du TalentEchallens accueille une nouvelle galerie vouée

avant tout aux peintres populaires d’ex-Yougpslavie.

L a peinture naïve de Croatie, c’est leur passion partagée et c’est toute

l’âme du pays natal de son mari que J. Zohil a décidé de mieux faire connaître dans sa toute nouvelle Gale­rie du Talent. Car comment résister, quand on est à Echallens, à l’invitation de la rivière si bien nommée qui, disent les mauvaises langues, y passe mais ne s’y arrête pas? Si les artistes populaires croates y auront toujours une place de choix, J. et D. Zohil précisent d’emblée qu’ils n’en feront pas une exclusivité et qu’ils comptent bien montrer des choses très différentes à leur cimaise. Pour autant, nuancent-ils, qu’elles res­tent figuratives.

A tout seigneur tout honneur, ce sont les naïfs croates qui ouvrent les feux: neufs peintres dont l’aîné, Ivan Vece- naj, est considéré au pays comme le maître vivant du genre, et le cadet, Branko Matina, 38 ans, le perpétue dans le parfait respect des sujets et de la minutie traditionnels. Une tradition qui remonte aux années 1930 et au «père» de ce qu’à l’époque on appelait la peinture naïve yougoslave: Ivan Ge- neralic (dont le neveu Milan est présent à Echallens), qui a fait de son village de Hlebine, près de la frontière hongroise,

un véritable foyer de peinture popu­laire.

Aujourd’hui, le Gouvernement croate encourage cette expression qui, avec ses racines plantées dans la sagesse po­pulaire et le déroulement des travaux et des jours à la campagne tel qu’il a en grande partie disparu, prend des ac­cents fortement identitaires (bien que la présence, dans la salle annexe de la galerie, d’un tableau naïf serbe balaie ici tout nationalisme exacerbé). Fidèles à leur chef de file, les Croates ont gardé l’habitude de peindre sur verre (ou plu­tôt à l’envers d’une plaque de verre) pour donner aux couleurs une lumino­sité particulière, d’illustrer la vie à la campagne dans le vertige miniaturiste de détails décrits au pinceau «trois- poils», et de chérir une palette volon­tiers chromo. Et si un Mirko Horvath ou une Biserka Zlatar ont adopté des sujets plus proches de la tradition clas­sique, ils n’en ont pas moins corlservé eux aussi la «marque de fabrique» bien reconnaissable.

Françoise Jaunin □ □

Echallens, Galerie ’ du Talent, jusqu’au 30 septembre. Ma-ve 14 h -19 h, sa 9 h-17 h. Tél. (021) 881 46 70.

M A I S ENCORECHANTDécès de la soprano llva Palmina LigabueLa soprano italienne llva Palmina Ligabue est décédée mercredi à Palerme à l’âge de 66 ans. La cantatrice se trouvait plongée dans le coma depuis quatre mois, a-t-on appris samedi. De 1957 à I960, elle devient la prima donna du Festival de Glyndeboume. En 1961, elle a reçu les plus grands honneurs pour sa prestation dans le rôle-titre de Béatrice de Tende de Bellini à la Scala. Sa carrière l’a ensuite conduite de Vienne à Buenos Aires, en passant par Aix-en-Provence, Wiesbaden, Chicago, Paris et New York.

PARISPrince au ZénithAlors qu’il a fêté son quarantième anniversaire il y a quelques semaines, celui qu’on continue à ap­peler Prince a retrouvé le public parisien ven­dredi soir au Zénith. Il s’agit de l’unique étape en France de sa tournée européenne, après une ab­sence de six ans dans l’Hexagone. Depuis, ex- Prince (il a renoncé à son pseudonyme il y a cinq ans) a connu le parcours classique des superstars avec son lot de triomphes et de déconvenues. Il a donné à voir une véritable revue à l’américaine, proposant — dans un Zénith en petite configu­ration, soit environ 4000 places — un show de quatre heures dont il est le Monsieur Loyal mais pas l’unique dispensateur. Prince se produit en effet actuellement avec deux vedettes du funk, Chaka Khan et Larry Graham, ancien bassiste de Sly and the Family Stone. Deux figures qui l’ont influencé et à qui il renvoie aujourd’hui l’ascen­seur. — (afp)