les horaires et l'organisation du temps de travail

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ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 352-353, 2002 151 Les horaires et l’organisation du temps de travail Alain Chenu* La récente enquête Emploi du temps réalisée par l’Insee – avant que les lois sur les 35 heures n’entrent en application – fait appel à un mode de questionnement inédit décrivant quart d’heure par quart d’heure, au long d’une semaine entière, les horaires du travail professionnel. D’une très grande diversité, ils peuvent être répartis, pour les actifs occupés à temps plein, en six grands types professionnels. Les entrepreneurs ont la liberté d’organiser leur temps à leur convenance. Leurs horaires de travail sont lourds et débordent sur les soirées et les fins de semaine. Les enseignants ont des horaires assez légers, répartis en de nombreux épisodes plutôt brefs, se situant pour partie à domicile, à des heures tardives et durant le week-end. Les experts, managers et gestionnaires figurent en position intermédiaire entre les entrepreneurs et les salariés d’exécution : ils organisent leur temps de travail avec une assez grande liberté, se déclarent souvent « débordés » et leur vie professionnelle empiète sur leur temps familial et domestique. Mais ils travaillent moins que les autres salariés la nuit ou durant le week-end. Les professionnels des services aux personnes (infirmières, employés de commerce, femmes de ménage, etc.) ont des horaires fréquemment irréguliers. Ils travaillent beaucoup en fin d’après-midi ou en début de soirée, quand les autres salariés ont fini leur journée. Les agents des grandes organisations bureaucratiques sont les plus nombreux à pratiquer une semaine standard de cinq jours consécutifs avec horaire diurne régulier. La séparation entre vie professionnelle et autres temps sociaux est pour eux particulièrement nette. Un contrôle hiérarchique assez contraignant s’exerce sur leur temps de travail. Enfin, les ouvriers de l’industrie, les policiers et militaires se distinguent du type précédent par la fréquence assez élevée des horaires de nuit. À durée du travail identique, bénéficier d’horaires standard régulièrement répartis sur cinq journées favorise l’expression du sentiment de disposer de temps, et, inversement, être responsable de l’organisation de son temps de travail renforce le sentiment d’être débordé. EMPLOI DU TEMPS * Alain Chenu appartient au Laboratoire de sociologie quantitative du Crest-Insee. Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.

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Page 1: Les horaires et l'organisation du temps de travail

ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 352-353, 2002

151

Les horaires et l’organisation du temps de travail

Alain Chenu*

La récente enquête

Emploi du temps

réalisée par l’Insee – avant que les lois sur les35 heures n’entrent en application – fait appel à un mode de questionnement inéditdécrivant quart d’heure par quart d’heure, au long d’une semaine entière, les horaires dutravail professionnel. D’une très grande diversité, ils peuvent être répartis, pour les actifsoccupés à temps plein, en six grands types professionnels.

Les

entrepreneurs

ont la liberté d’organiser leur temps à leur convenance. Leurs horairesde travail sont lourds et débordent sur les soirées et les fins de semaine. Les

enseignants

ont des horaires assez légers, répartis en de nombreux épisodes plutôt brefs, se situantpour partie à domicile, à des heures tardives et durant le week-end. Les

experts,managers et gestionnaires

figurent en position intermédiaire entre les entrepreneurs etles salariés d’exécution : ils organisent leur temps de travail avec une assez grandeliberté, se déclarent souvent « débordés » et leur vie professionnelle empiète sur leurtemps familial et domestique. Mais ils travaillent moins que les autres salariés la nuit oudurant le week-end. Les

professionnels des services aux personnes

(infirmières,employés de commerce, femmes de ménage, etc.) ont des horaires fréquemmentirréguliers. Ils travaillent beaucoup en fin d’après-midi ou en début de soirée, quand lesautres salariés ont fini leur journée. Les

agents des grandes organisationsbureaucratiques

sont les plus nombreux à pratiquer une semaine standard de cinq joursconsécutifs avec horaire diurne régulier. La séparation entre vie professionnelle et autrestemps sociaux est pour eux particulièrement nette. Un contrôle hiérarchique assezcontraignant s’exerce sur leur temps de travail. Enfin, les

ouvriers de l’industrie, lespoliciers et militaires

se distinguent du type précédent par la fréquence assez élevée deshoraires de nuit.

À durée du travail identique, bénéficier d’horaires standard régulièrement répartis surcinq journées favorise l’expression du sentiment de disposer de temps, et, inversement,être responsable de l’organisation de son temps de travail renforce le sentiment d’être

débordé.

EMPLOI DU TEMPS

* Alain Chenu appartient au Laboratoire de sociologie quantitative du Crest-Insee. Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.

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ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 352-353, 2002

a durée et l’organisation du temps de travaildépendent d’un très grand nombre de

facteurs : principalement des caractéristiquescollectives propres du secteur d’activité et de laprofession exercée. Les horaires sont habituelle-ment plus lourds, par exemple, dans la boulan-gerie que dans la grande industrie, dans le com-merce que dans l’enseignement, les horairesréguliers plus fréquents dans les bureaux quedans les hypermarchés, etc. Elles varient aussien fonction de préférences et de disponibilitésindividuelles ou familiales.

L’enquête française sur les emplois du temps,réalisée de février 1998 à février 1999 auprès de15 441 personnes de 15 ans ou plus (Dumontieret Pan Ke Shon, 1999 ; Dumontier et Pan KeShon, 2000), fait appel à un type de question-naire nouveau qui décrit les horaires de travailau long d’une semaine entière (cf. encadré 1).Cette source statistique permet d’enrichir laconnaissance de la durée du travail, et surtoutcelle des formes d’organisation du temps de tra-vail. Pour l’essentiel, cette enquête s’est dérou-lée avant que ne commencent à se faire sentir leseffets du passage à la semaine de 35 heures (loisdu 13 juin 1998 et du 19 janvier 2000) ; mais lesinformations qu’elle fournit sont susceptiblesd’éclairer des débats qui se sont développésdans le contexte de la mise en œuvre de politi-ques de « RTT » (réduction du temps de tra-vail), et qui ont porté non seulement sur la duréedu travail, mais aussi sur l’organisation dutemps de travail. L’enquête de 1998-1999 per-met de comparer, à durée du travail donnée, lescaractéristiques des personnes effectuant diffé-rents types d’horaires, et d’étudier leur percep-tion de cette durée et de l’organisation du travailqui lui est associée.

On se limite ici à l’étude de l’organisation desjournées et des semaines normales de travail desactifs occupés à temps plein, en laissant de côtél’analyse des situations à temps partiel et celledes périodes de congés (une « semaine normalede travail » est ici une semaine déclarée commetelle par la personne qui remplit le« semainier » ; elle s’oppose aux semaines decongés, chômées, et autres – travail et congés,etc.) (1). Les personnes qui effectuent de lon-gues semaines de travail prennent généralementmoins de congés que celles dont les semainessont relativement légères (Boisard et Ferma-nian, 1999). L’enquête

Emploi du temps

permetseulement de constater que les semaines lon-gues vont de pair avec de fortes proportions desemaines normales de travail – et avec de faiblesproportions de semaines comportant des

congés. En revanche, cette enquête permetd’analyser la répartition des types de journée etde semaine, ainsi que le rapport au temps de tra-vail, plus subjectif, en fonction des principalescaractéristiques des enquêtés (sexe, âge,diplôme, statut d’emploi et catégorie sociopro-fessionnelle). Elle permet également de cernerle rôle des contraintes techniques et des conven-tions sociales qui confèrent leur caractère spéci-fique aux horaires de travail propres à tel secteurou à telle profession. Elle permet enfin de carac-tériser les déterminants du vécu subjectif dutemps de travail, en identifiant les types d’horai-res et les formes de gestion du temps de travailqui, la durée du travail étant contrôlée, favori-sent ou limitent l’expression du sentiment d’êtredébordé.

L’organisation des horaires de travail

a multiplicité des horaires est grande selonla profession exercée. Ainsi, dans le cas de

certains entrepreneurs individuels, le travailempiète sur le repos hebdomadaire du week-endau point que ces personnes déclarent travaillersix ou sept jours sur sept. D’autres professions(infirmières, policiers et militaires) sont tenuesau travail de nuit, qui est sans doute plus facilepour des jeunes que pour des personnes plusâgées. Les enseignants travaillent tard en soiréepour préparer leurs cours. Le type d’horairespratiqués (quotidien ou hebdomadaire) dépenddes caractéristiques individuelles (âge, sexe,diplôme, statut professionnel). (1)

Les jeunes et les cadres sont peu matinaux

Les journées sont découpées en sept trancheshoraires. La nuit (de 23 h à 5 h) est encadrée pardeux tranches longues chacune de quatre heu-res, la soirée et le petit matin. Les dix heuresdiurnes restantes sont réparties en quatre plagesde deux heures trente – matin de 9 h à 11 h 30,midi de 11 h 30 à 14 h, début d’après-midi de14 h à 16 h 30, fin d’après-midi de 16 h 30 à19 h.

L

1. La très grande diversité des formules de travail à temps partielrequerrait à elle seule une étude spécifique. L’information sur ladurée des congés est centrale dans toute étude d’ensemble desformes d’organisation du temps de travail. Elle est malheureuse-ment de mauvaise qualité dans l’enquête

Emploi du temps

de1998-1999, du fait de fréquentes confusions entre les réponsesen nombre de jours et celles en nombre de semaines.

L

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ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 352-353, 2002

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Encadré 1

LE SEMAINIER

Une des limites de la plupart des enquêtes sur les emploisdu temps tient au fait que chaque personne remplit un car-net d’activités couvrant une seule journée – tantôt desemaine, tantôt de week-end – et que le coût de ce ques-tionnement limite la taille des échantillons ; par suite lesinformations sur les durées et le rythme des activitésobservées sont entachées de fortes fluctuations aléatoi-res. Un questionnement sur une semaine entière permetde cerner les horaires de travail avec plus de précision sta-tistique puisqu’il porte sur sept fois plus de journées.

L’idée d’inclure un « semainier » dans des enquêtes surles emplois du temps a pris naissance dans le cadre d’uneréunion de l’unité Emploi de la DG V de la Commission desCommunautés Européennes en 1994. Les experts prépa-raient les enquêtes sur les emplois du temps qui devaientse dérouler dans la plupart des pays de la communauté àpartir de 1999. L’amélioration de la connaissance deshoraires effectifs de travail apparaissant comme une prio-rité, les experts – notamment Iiris Niemi, responsable duprojet sur les enquêtes Emploi du temps à Eurostat, etKlas Rydenstam, de

Statistic Sweden –

ont décidé de met-tre au point un questionnement au long d’une semaine. Untest concluant ayant été effectué en Suède et en Italie en1995, un semainier a été inclus dans l’enquête pilote réa-lisée en 1996-1997. S’ils étaient en emploi, les répondantsdevaient décrire de manière rétrospective, quart d’heurepar quart d’heure, la semaine se terminant au jour décritau carnet d’activités. La comparaison, pour 1 604 person-nes, entre durée du travail observée au carnet quotidien etdurée pour la même journée observée au semainier a misen évidence des divergences non négligeables, de sortequ’Eurostat a décidé de ne pas recommander l’inclusionde ce semainier dans les enquêtes nationales à venir.Cependant plusieurs pays – notamment la France et laFinlande – ont jugé ce dispositif prometteur et l’ont inclusdans leur enquête

Emploi du temps

.

Dans le cas français, au cours d’une première visite, si aumoins une personne en emploi vivait dans le ménage,l’enquêteur présentait le semainier et donnait les consi-gnes correspondantes : les temps de repas, les pauses,les déplacements domicile-travail ne doivent pas êtreinclus dans le temps de travail, l’emploi indépendant,l’aide apportée à un membre de la famille, le travail rap-porté à la maison doivent être inclus. Les personnesavaient à remplir le semainier jour après jour et à le ren-voyer à l’Insee, sous une enveloppe pré-affranchie. Cetteprocédure préservait mieux des défaillances de mémoireque celle testée par Eurostat, mais certaines personnesont omis de renvoyer le formulaire, même après un rappeltéléphonique. Au total, 79,2 % des personnes en emploiéligibles à l’enquête et 86,6 % de celles qui ont rempli uncarnet quotidien d’activités exploitable ont renvoyé unsemainier. Quatre fois sur cinq ce semainier concerne unesemaine normale de travail, dans 6 % des cas unesemaine de congés (non compris les congés passésailleurs qu’à la résidence principale) et pour le reste, 14 %,une semaine autre, c’est-à-dire mixte.

La durée du travail d’après le carnet d’activités est un peuinférieure à celle observée pour la même journée sur lesemainier. Parmi les 2 428 actifs occupés à temps pleinayant décrit une même journée de travail au carnet d’unepart, et au semainier (dans le cadre d’une semaine de tra-vail normale) d’autre part, la durée moyenne est de8,3 heures au carnet et 8,7 heures au semainier.

Pour 6 463 personnes en emploi interrogées dans le cadrede l’enquête

Emploi du temps

, on dispose à la fois desinformations issues du carnet d’activités, de celles dusemainier, de l’horaire hebdomadaire estimé, et desrenseignements socio-démographiques usuels (âge,diplôme, profession).

Ce sous-échantillon – dont les semainiers décrivent doncenviron 45 000 journées – fait l’objet d’une pondérationspécifique. Les effectifs selon l’âge et la profession obser-vés aux enquêtes

Emploi

de mars 1998 et janvier 1999sont pris comme référence. Pour les ensembles de profes-sion de petite taille (CS 44 (clergé), 23 (chefs d’entreprise),35 (professions de l’information, des arts et des specta-cles), 34 (professeurs, professions scientifiques), 31 (pro-fessions libérales), 33 (cadres administratifs de la Fonctionpublique), 21 (artisans),64 (chauffeurs), 48 (contremaî-tres)), l’âge n’entre pas dans le redressement. Pour lesautres, trois groupes d’âge sont distingués (moins de25 ans, 25 à 54 ans, 55 ans et plus). L’échantillon nonredressé sous-représenterait les plus jeunes et les moinsqualifiés des actifs en emploi. Les coefficients de pondé-ration s’étagent de 2 467 à 6 843, avec une moyenne de3 508.

Le graphique de l’encadré 2 donne quatre exemples desemainiers présentant des caractéristiques contrastées :horaire lourd d’un agriculteur, semaine standard d’uningénieur, horaire irrégulier et fragmenté d’un professeur,travail de nuit d’une infirmière s’organisant en trois longsépisodes.

Un rapprochement avec la moyenne des enquêtes

Emploi

de mars 1998 et de janvier 1999 montre que, dans lechamp des actifs à temps plein décrivant une semainenormale de travail (1), les horaires décrits au semainierexcèdent de 3,3 % ceux estimés à l’enquête

Emploi

. Lesprofessions qui contribuent à cet écart sont principale-ment les enseignants (à l’enquête

Emploi

les professeurssous-estiment leur temps de préparation de cours et decorrections ; leurs horaires au semainier sont de 18 %supérieurs aux estimations fournies à l’enquête

Emploi

;chez les instituteurs et professeurs des écoles l’écart estde + 10 %), les agriculteurs (+ 14 %), les personnels deservice à l’exception des assistantes maternelles (+ 9 %),les techniciens et les professions intermédiaires des entre-prises (+ 7 et + 8 %), les chauffeurs (+ 7 %) ; ils semblentinclure dans le temps de travail décrit au semainier desphases d’attente qui ne sont que partiellement prises encompte dans l’horaire estimé à l’enquête

Emploi

, plus pro-che du temps rémunéré). Inversement les horaires desassistantes maternelles sont plus légers de 8 % au semai-nier qu’à l’enquête

Emploi –

du temps de présence res-ponsable, inclus dans la durée estimée à l’enquête

Emploi

,est exclu du temps de travail décrit au semainier. Dansl’ensemble les estimations de l’enquête

Emploi

se rappro-chent d’une durée contractuelle ou d’une durée servant aucalcul de la rémunération. Mais des variations saisonniè-res et des fluctuations aléatoires contribuent aussi auxécarts entre les deux sources.

1. Les valeurs observées à l’enquête

Emploi

sont les estima-tions de la durée du travail effective au cours de la semaine deréférence, dans le champ des personnes ayant travaillé commed’habitude.

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ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 352-353, 2002

80 % du temps de travail professionnel se con-centrent de 9 h à 19 h. Ce taux de concentrationdiurne atteint 84 % chez les femmes et 77 %seulement chez les hommes (cf. tableau 1).

Les moins de 30 ans effectuent près de 3 % deleurs heures dans la tranche nocturne entre 23 het 5 h, les 50 ans et plus 1,5 % seulement. Lesplus jeunes sont légèrement moins matinauxque les plus âgés : 35 % du temps de travail desmoins de 30 ans est accompli de 5 h à 11 h 30,contre 37 % de celui des 50 ans et plus.

Plus on est diplômé, plus on commence à tra-vailler tard le matin, et plus on finit tard le soir.C’est particulièrement apparent pour la tranchedu petit matin, de 5 h à 9 h : les moins diplômés(sans diplôme et titulaires du certificat d’étudesprimaires, auxquels on assimile les répondantsqui ne renseignent pas leur niveau de diplôme)y effectuent 15 % du total de leurs heures, lestitulaires d’un diplôme supérieur au baccalau-réat, 7 % seulement. De la même manière, lescadres et assimilés sont peu matinaux, à

l’opposé des employés et ouvriers non qualifiés(cf. graphique I).

Le travail de nuit est plus fréquent dans la Fonc-tion publique et dans les grands et moyens éta-blissements que chez les non salariés et les sala-riés des petits établissements ; les non salariésfournissent beaucoup de travail en fin de jour-née – mais très peu de travail de nuit.

Six types de semaines de travail

On analyse le lien entre horaires et caractéristi-ques individuels au regard d’une typologie

apriori

des horaires hebdomadaires. Celle-cis’appuie sur les informations disponibles dansle semainier. Elle comporte six types de semai-nes de travail : semaine avec travail de nuit,semaine comportant au moins six jours detravail, semaine standard, semaine de cinqjours (sauf semaine standard), semaine dequatre jours de travail, autres semaines(cf. encadré 2).

Tableau 1

Répartition du temps de travail par tranches horaires

Semaines normales

Horaire hebdomadaire

Tranche horaire (en %)

Part des

semai-niers

(en %) (1)

Struc-tures

(en %

)

Moyen-ne

(h/sem.)

Écart-type

Nuit(23 h-5 h)

Petit matin(5 h-9 h)

Matin(9 h-

11 h 30)

Midi(11 h 30-

14 h)

Débutd’après-

midid’après-

midi

Fin d’après-

midi16 h 30-

19 h)

Soirée(19 h-23 h)

HommeFemme

81,478,5

64,435,7

45,241,2

13,010,7

2,61,2

12,6 9,2

24,425,8

15,517,7

22,023,6

16,016,6

6,95,9

Moins de 30 ans30 à 49 ans50 ans et plus

78,980,780,5

19,759,620,6

42,043,745,6

10,912,213,6

2,82,11,7

11,311,311,9

24,325,124,8

16,416,415,7

22,522,622,1

15,916,116,8

6,96,37,0

Sans diplôme, CEP, sans réponseCAP, BEPBaccalauréat au plusDiplôme supérieur au baccalauréat

83,580,579,278,2

20,240,613,525,7

43,843,743,543,9

13,612,111,812,1

2,92,32,21,3

15,013,3 9,7 6,6

24,524,825,125,2

15,916,016,316,9

20,922,123,224,0

14,015,417,119,0

6,86,16,57,0

Salarié de la Fonction publiqueSalarié d’un grand étab. (plus de 500 sal.)Salarié d’un étab. de 10 à 499 salariésSalarié d’un petit étab. (moins de 10 sal.)Non salarié

70,6

81,0

82,0

84,187,7

20,0

13,2

37,0

17,612,2

39,6

40,8

42,1

45,456,7

10,6

8,5

9,2

12,117,2

2,5

2,9

2,4

1,61,1

10,6

11,6

12,8

9,511,6

26,4

24,2

25,0

25,323,1

17,3

17,3

16,3

16,014,6

23,4

23,4

22,9

23,219,1

14,0

14,7

15,2

18,419,8

5,8

6,0

5,5

6,110,9

Cadres et assimilésProfessions intermédiairesEmployés et ouvriers qualifiésEmployés et ouvriers non qualifiés

79,274,480,881,5

13,220,434,919,1

45,141,740,441,6

11,6 9,8 8,510,2

0,71,93,22,4

6,8 9,213,214,3

25,125,825,824,2

16,716,816,416,9

24,024,423,321,4

19,916,513,414,5

6,85,44,86,3

Ensemble 80,3 100,0 43,8 12,3 2,1 11,5 24,9 16,3 22,5 16,2 6,5

1. 5 283 répondants travaillant à temps plein ont fourni un semainier. 4 224 semainiers décrivent une semaine de travail normale. Lacollecte de l’enquête

Emploi du temps

s’étale sur une année, mais est interrompue durant deux semaines fin décembre-début janvier,et deux semaines début août.

Lecture : 2,1 % en moyenne des actifs occupés à temps plein travaillent de nuit (pour la définition du travail de nuit, voir encadré 2). Champ : actifs occupés à temps plein et décrivant une semaine normale de travail.Source : enquête

Emploi du temps

, 1998-1999, Insee.

Page 5: Les horaires et l'organisation du temps de travail

ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 352-353, 2002

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Forme

a priori

courante d’organisation deshoraires, la semaine standard est en fait rela-tivement minoritaire (cf. tableau 2) : elle neconcerne que 32 % des actifs occupés àtemps plein (27 % si on exclut les personnes

dont le repos hebdomadaire ne coïncide pasavec le samedi et le dimanche). La formuled’« horaires atypiques » employée pour dési-gner tout type d’horaire s’écartant de lasemaine standard, serait donc impropre, si l’on

Encadré 2

SIX TYPES DE SEMAINES DE TRAVAIL

Une journée étant considérée comme travaillée si ellecompte plus d’un quart d’heure de travail, et définiecomme pleine si elle en comporte au moins cinqheures (1), on définit six types de semaine de travail,distingués sur la base des informations disponiblesdans le semainier :

Semaine avec travail de nuit

: au moins cinq heures(consécutives ou non) du travail de la semaine sonteffectuées de 23 h à 5 h ; ce critère prime sur les sui-vants (cf. graphique : infirmière).

Semaine comportant au moins six jours de travail

(l’agriculteur du graphique relève de ce type).

Semaine standard

: correspondant à des horairesréguliers diurnes et à une durée du travail proche de lamoyenne, elle est définie par le cumul de quatrecritères :

- deux jours de repos consécutifs,

- cinq jours de travail pleins (cinq heures de travail aumoins),

- horaire entièrement effectué entre 5 h et 23 h (pasde travail de nuit),

- horaire hebdomadaire compris entre 35 et 44 h.

Pour 82 % des semaines standard, les deux jours derepos sont constitués par le samedi et le dimanche(l’ingénieur du graphique relève de ce type).

Semaine de cinq jours, sauf semaine standard

(voirle professeur du graphique).

• Semaine de quatre jours de travail.

Autres semaines

(principalement trois jours detravail). (1)

1. Parmi les journées composant les semaines normales detravail, 27,3 % sont de durée nulle, 0,9 % de durée non nulleinférieure à trois heures, 2,8 % de durée inférieure à cinq heu-res et supérieure ou égale à trois heures.

Quatre exemples de semainier

Lecture : une ligne représente une journée décomposée en 96 quarts d’heure, marqués « W » en cas d’activité professionnelle. Septlignes, numérotées de 1 (lundi) à 7 (dimanche), décrivent une semaine.

1234567

1234567

1234567

1234567

Exploitant agricole

Ingénieur en informatique

Professeur d'allemand

Infirmière diplômée d'Etat

23222120191817161514131211109876543210 h

23222120191817161514131211109876543210 h

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156

ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 352-353, 2002

considère que la semaine standard n’est qu’untype d’horaire – nettement minoritaire – parmid’autres.

La

semaine standard caractérise les grandesorganisations bureaucratiques ; elle est un« horaire de bureau », plus qu’un « horaire defonctionnaire », puisqu’elle est beaucoup plusrépandue dans les grands établissements du sec-teur privé que dans la fonction publique (45 %et 30 % respectivement – cf. tableau 2). Elle estparticulièrement fréquente chez les employés etouvriers qualifiés, ainsi que chez les titulairesd’un CAP ou d’un BEP. Elle ne concerne que3 % des non-salariés.

Les

semaines de cinq jours non standard

tou-chent pratiquement toutes les professions, maissont particulièrement fréquentes chez les sala-riés hautement qualifiés. Elles concernent unquart des actifs à temps plein.

La

semaine de quatre jours

touche un peu plusd’un actif à temps plein sur dix. Maximale dansla fonction publique (15 %), sa fréquence dimi-nue avec la taille de l’établissement et atteintson minimum chez les non salariés (5 %).

Inversement, les semaines

sans jour de repos oun’en comptant qu’un (semaines de six jours ouplus)

sont très majoritaires chez les non salariés,fréquentes chez les salariés des très petitesentreprises, et rares parmi les salariés des grandsétablissements. Ces semaines longues concer-nent un quart des actifs occupés à temps plein.

Graphique I

Horaires quotidiens des cadres et des salariés peu qualifiés

Lecture : la proportion d’individus au travail figure en ordonnées.Les employés et ouvriers non qualifiés sont nombreux à travaillertôt le matin. Les horaires de travail des cadres, plus lourds, seconcentrent davantage sur les tranches du matin (9 h-12 h) et del’après-midi (14 h-19 h). Les courbes des professions intermé-diaires et des employés et ouvriers qualifiés, qui n’ont pas étéreproduites, s’étagent entre les deux précédentes.Champ : salariés à temps plein dont le semainier décrit unesemaine de travail normale.Source : enquête

Emploi du temps,

1998-1999, Insee.

Tableau 2

Types de semaine et caractéristiques individuelles

En%

Part du week-end

(1)

Type de semaine

Avec travail de nuit

6 ou 7 jours

5 jours standard

5 jours non standard

4 jours3 jours

ou moins

HommeFemme

9,410,3

7,33,1

24,625,0

30,834,7

25,021,4

9,412,3

2,93,5

Moins de 30 ans30 à 49 ans50 ans et plus

10,19,5

10,1

7,45,55,1

17,824,731,7

36,233,025,9

24,223,224,7

11,210,7 9,1

3,22,93,6

Sans diplôme, CEP, sans réponseCAP, BEPBaccalauréat au plusDiplôme supérieur au baccalauréat

10,710,19,18,7

7,06,46,73,4

26,022,823,227,8

34,233,634,327,2

19,122,821,030,1

9,911,312,3 8,6

3,93,02,42,9

Salarié de la Fonction publiqueSalarié d’un grand étab. (plus de 500 sal.)Salarié d’un étab. de 10 à 499 salariésSalarié petit établ. (moins de 10 sal.)Non salarié

9,27,27,9

10,917,0

7,07,75,84,13,9

22,312,013,929,269,0

30,344,638,332,3 3,1

21,519,928,423,417,9

14,612,010,2 8,9 5,0

4,33,83,42,01,0

Cadres et assimilésProfessions intermédiairesEmployés et ouvriers qualifiésEmployés et ouvriers non qualifiés

6,38,78,79,6

1,94,97,96,6

25,520,011,920,0

20,935,944,834,6

39,924,118,825,2

8,711,712,810,4

3,13,43,83,2

Ensemble 9,7 5,8 24,8 32,2 23,7 10,5 3,1

1. Part du samedi et du dimanche dans la durée totale de travail hebdomadaire.

Lecture : 32,2 % des actifs occupés à temps plein ont un horaire hebdomadaire de travail du type « semaine standard ». Pour la définitiondes types d’horaire, se reporter à l’encadré 2. Champ : actifs occupés à temps plein et décrivant une semaine normale de travail.Source : enquête

Emploi du temps

, 1998-1999, Insee.

Page 7: Les horaires et l'organisation du temps de travail

ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 352-353, 2002

157

Les

semaines avec travail de nuit

concernent leshommes plus que les femmes, les jeunes plusque les plus âgés, les titulaires de diplômes detous niveaux sauf ceux supérieurs au baccalau-réat, les salariés de la Fonction publique ou desgrands établissements plutôt que des petits éta-blissements, les salariés d’exécution plutôt queles cadres.

Le travail à domicile s’accompagne d’horaires moins réguliers

La variabilité des horaires d’une semaine surl’autre pour un même individu n’est pas obser-vée directement : les répondants indiquent unefourchette en réponse à la question « Quelledurée effective en heures travaillez-vous habi-tuellement chaque semaine : Minimum ?

Maximum ? ». La fourchette est plus ouvertechez les hommes que chez les femmes, chez lesnon salariés que chez les salariés, chez les trèsdiplômés que chez les peu diplômés(cf. tableau 3, dernière colonne). La variabilitéinterindividuelle peut, elle, être observée direc-tement. L’écart-type de la durée du travailobservée au semainier (cf. tableau 1) présentedes variations dans l’ensemble similaires à cel-les des fourchettes individuelles.

La semaine standard va de pair avec des horai-res réguliers d’une semaine sur l’autre : c’estpour ce type de semaine que l’écart entrel’horaire hebdomadaire le plus lourd et le plusléger est minimum (cf. graphique II). Un lieu detravail fixe et distinct du domicile est aussi unfacteur de régularité des horaires et est associé àune fréquence plus élevée de la semaine stan-

Tableau 3

Représentations du temps de travail

En %

Fati-gué

Débor-dé

Manque temps trav.

Libre pauses

Libre absen-ces (1)

Heures suppl.

(1)

Prolonge journée

(1)

Travail à

domicile

Part trav.à

domicile

Four-chette

HommeFemme

42,642,8

18,923,3

31,733,9

72,062,4

26,520,1

37,127,2

46,152,0

19,422,0

6,5 9,0

14,312,2

Moins de 30 ans30 à 49 ans50 ans et plus

39,642,745,5

16,222,618,3

26,234,034,0

57,470,873,1

19,125,625,1

37,934,626,4

53,248,841,6

16,820,822,3

3,8 7,7 9,9

13,413,314,6

Sans diplôme, CEP, sans réponseCAP, BEPBaccalauréat au plusDiplôme supérieur au baccalauréat

43,041,743,543,5

15,318,119,828,8

22,430,731,543,6

61,669,472,071,1

15,621,330,132,5

33,536,733,528,6

30,043,250,769,0

3,611,320,547,5

6,1 5,1 6,312,3

10,112,913,917,2

Salarié de la Fonction publiqueSalarié d’un grand étab. (plus de 500 sal.)Salarié d’un étab. de 10 à 499 salariésSalarié petit établ. (moins de 10 sal.)Non salarié

36,336,040,543,167,0

18,718,218,420,831,7

29,630,530,533,144,7

60,075,064,968,588,1

21,931,929,626,6

//

33,543,143,129,6

//

63,352,152,153,3

//

39,324,719,211,9 0,0

12,4 3,1 3,6 6,914,5

15,010,510,912,823,9

Cadres et assimilésProfessions intermédiairesEmployés et ouvriers qualifiésEmployés et ouvriers non qualifiés

44,039,633,943,5

30,023,614,812,2

46,038,425,420,1

77,171,863,554,5

54,334,120,916,0

35,335,643,337,1

86,872,643,239,4

67,741,1 7,5 3,1

15,5 6,3 1,7 7,1

18,314,4 9,110,1

Ensemble 42,7 20,5 32,5 68,6 24,2 33,6 48,2 20,3 7,4 13,6

1. Seulement pour les salariés.

Lecture : dans les colonnes 2 à 9 figure la proportion d’enquêtés ayant répondu par l’affirmative aux questions relatives à la représentationdu temps de travail par les intéressés, dont l’abréviation figure en intitulé de colonne. La signification de ces abréviations est la suivante : Fatigué : à la fin d’une journée normale de travail, se sent fatigué à cause de la durée de la journée de travail. Débordé : se sent souvent débordé. Manque temps trav. : manque de temps au travail Libre pauses : peut interrompre son travail en dehors des pauses éventuelles prévues. Libre absences : peut sans difficulté s’absenter plusieurs heures pendant le travail. Heures suppl. : effectue des heures supplémentaires ou complémentaires rémunérées. Prolonge journée : prolonge sa journée de travail, en dehors des heures supplémentaires ou complémentaires rémunérées.Travail à domicile : rapporte du travail à faire à la maison (souvent, quelquefois ou rarement). Ainsi, 30 % des cadres et assimilés se sentent souvent débordés. Dans les deux dernières colonnes figurent deux indicateurs relatifs à l’organisation individuelle du travail : Part trav.à domicile : part du travail professionnel effectué à domicile (source : carnet d’activités). Fourchette : horaires estimés, fourchette d’estimation. Le questionnaire individuel de l’enquête de 1998-1999 comporte les questionssuivantes : « Quelle durée effective en heures travaillez-vous habituellement chaque semaine : Minimum ? Maximum ? ».

HHMIN

et

HHMAX

étant les deux réponses et

HEST

leur moyenne arithmétique, la fourchette, définie comme

FOUR

= 100 x

(HHMAX –

HHMIN)

/

HEST

, constitue un indicateur de variabilité des horaires d’une semaine sur l’autre.Ainsi, les cadres effectuent 15,5 % de leur travail personnel à domicile, et la variation des horaires hebdomadaires d’une semaine surl’autre est maxiimum pour les non-salariés (fourchette de 23,9 %). Champ : actifs occupés à temps plein et décrivant une semaine normale de travail.Source : enquête

Emploi du temps

, 1998-1999, Insee.

Page 8: Les horaires et l'organisation du temps de travail

158

ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 352-353, 2002

dard, tandis que le travail à domicile et le travailitinérant sont fréquemment associés à des horai-res en dehors des plages quotidiennes habituel-les (cf. graphique III). Dans le premier cas, lecontrôle de l’activité du salarié revient en géné-ral à vérifier sa présence sur le lieu de travail.Dans le second il fait plutôt l’objet d’une éva-luation du résultat atteint, indépendamment desdispositions qu’il a pu prendre pour organiserson temps.

Les cadres sont plus nombreuxà se sentir débordés

Se sentir fatigué en fin de journée en raison dela durée de la journée de travail est très fréquentchez les non salariés, fréquent chez les cadres etles salariés les moins qualifiés, et relativementrare chez les employés et ouvriers qualifiés.

23 % des femmes – mais seulement 19 % deshommes – se sentent souvent ou très souventdébordées. Les titulaires d’un diplôme supérieurau baccalauréat, et, dans une moindre mesure,

les non salariés et les cadres sont plus nombreuxà

être dans ce cas. Le sentiment d’être débordé(de manière générale) et celui de manquer detemps au travail sont d’autant plus répandus que

les niveaux de formation et de qualification sontélevés.

L’autonomie des plus qualifiés va de pair avec de plus longues journées de travail

Les indicateurs d’autonomie dans l’organisa-tion du temps de temps de travail s’ordonnent de

Graphique II

Type de semaine, travail à domicile, variabilité des horaires

Lecture : la fourchette est un indicateur d’écart entre le minimumet le maximum de l’horaire habituel (se reporter au tableau 3),l’indicateur de travail à domicile donne la part de l’horaire de tra-vail effectué à domicile, mesurée à partir du carnet quotidiend’activités. Les actifs effectuant une semaine standard(cf. encadré 2) ont des horaires qui varient peu d’une semainehabituelle à une autre ; 2 % seulement environ de leurs horairesde travail prennent place à domicile.Champ : actifs à temps plein ayant décrit une semaine de travailnormale à leur semainier.Source : enquête

Emploi du temps, 1998-1999

, Insee.

Graphique III

Horaires du travail professionnel effectué par les salariés

A - Sur leur lieu de travail

B - À domicile

Lecture : Sur le lieu de travail habituel (fixe et distinct du domi-cile), le travail s’effectue surtout de 9 h à midi et de 14 h à 17 h ;c’est vers 10 h 30 que la proportion de personnes occupées estla plus élevée (48 %). À domicile, les plages sont plus larges et lacourbe présente trois modes dont le plus élevé (2,3 % en 1998)est atteint vers 17 h. La fréquence du travail à domicile s’accroîtsensiblement de 1986 à 1998. Champ : salariés à temps plein ayant fourni un carnet quotidiend’activités. Source : enquête

Emploi du temps

, 1998-1999, Insee.

Page 9: Les horaires et l'organisation du temps de travail

ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 352-353, 2002

159

la même manière : les ouvriers et employés peuqualifiés sont moins nombreux que les cadres àdéclarer pouvoir interrompre leur travail endehors des pauses éventuelles prévues, à pou-voir s’absenter plusieurs heures pendant leurtravail, les scores des employés et ouvriers qua-lifiés et des membres des professions intermé-diaires s’étageant entre ceux des deux premièrescatégories. Les salariés des grands établisse-ments bénéficient de plus de liberté dans lechoix de leurs dates de vacances et dans l’orga-nisation de leurs temps de pause. Les femmes,plus nombreuses que les hommes à occuper desemplois peu ou pas qualifiés, sont moins nom-breuses à se déclarer libres de faire des pausesou de s’absenter du travail. L’autonomie desplus qualifiés et des plus diplômés semble allerde pair avec une plus grande propension à pro-longer les journées de travail au-delà de leurdurée habituelle, et avec un moindre cloisonne-ment entre vie professionnelle et vie domes-tique.

La pratique des heures supplémentaires ou com-plémentaires – décomptées par l’employeur etrémunérées de manière non forfaitaire – est

caractéristique des employés et des ouvriersqualifiés.

Six types d’organisation du temps de travail

n utilise dans ce qui suit une nomencla-ture socioprofessionnelle plus détaillée

(cf. encadré 3) (cf. tableaux 4 à 6). Les caracté-ristiques décrites (répartition selon sept trancheshoraires et six types de semaine, sentimentsd’être débordé et d’être plus ou moins libred’organiser son temps décrits au travers desvariables du tableau 6 à l’exception de celles quine concernent que les salariés) servent de base àplusieurs analyses des données (analyse encomposantes principales, classification ascen-dante hiérarchique) (2). Elles font apparaître sixgroupes de catégories socioprofessionnelles au

2. Dans ces analyses, les unités élémentaires sont les catégoriessocioprofessionnelles détaillées des tableaux 4 à 6, pondérés parleur effectif.

O

Encadré 3

UNE NOMENCLATURE SOCIOPROFESSIONNELLE SPÉCIFIQUE

La

nomenclature professionnelle

retenue est celle descatégories socioprofessionnelles à deux chiffres(Insee, 1992), aux modifications suivantes près, quivisent à isoler, lorsque les effectifs le permettent, desprofessions dont le temps de travail présente desparticularités :

- Les agriculteurs forment une seule catégorie (dans lecadre d’une enquête de ce type, les critères de taillede l’exploitation agricole ne sont pas mis en œuvreavec la fiabilité souhaitable).

- Parmi les professeurs et assimilés (CS 34), les ensei-gnants proprement dits (codes PCS 3411, professeursagrégés et certifiés, et 3415, enseignants du supérieur)sont isolés des autres catégories, dont les horaires serapprochent davantage de ceux des autres cadres dela fonction publique (CS 33).

- De la même manière, parmi les instituteurs et assimi-lés (CS 42), les professions enseignantes (codes 4211,4215, 4221, 4224) sont distinguées des autres.

- Les informations sur le clergé (CS44) sont omises enraison de la faiblesse de l’effectif observé (les enquê-tes

Emploi

indiquent par ailleurs que cette catégorieest, parmi toutes les CS, celle qui travaille le plus ledimanche).

- Parmi les professions intermédiaires administrativeset commerciales des entreprises (CS 42), les représen-

tants de commerce (PCS 4624 à 4627), qui n’ont pasde lieu de travail fixe, sont distingués du reste de lacatégorie.

- Parmi les employés civils de la fonction publique(CS 52), les employés administratifs et assimilés (52A)sont distingués des agents de services (52B : 5216 à5222 sauf 5221, 5223), moins qualifiés.

- Parmi les personnels des services directes aux par-ticuliers (56), les assistantes maternelles, gardiennesd’enfants et travailleuses familiales (code 5631), quiexercent à leur propre domicile une grande partie deleurs activités professionnelles, sont isolées.

- Parmi les chauffeurs (64), les conducteurs routiers etgrands routiers (6411) sont distingués du reste de lacatégorie.

Ces rubriques sont ici regroupées, dans le champ desemplois salariés, en sous-ensembles formant uneéchelle ordonnée selon quatre grands niveaux de for-mation et de rémunération :

- Cadres et assimilés (CS 33 à 38).

- Professions intermédiaires (CS 42 à 48).

- Employés et ouvriers qualifiés (CS 52A, 53, 54, 62,63, 64C, 65).

- Employés et ouvriers non qualifiés (52B, 55, 56, 64L,67, 68, 69).

Page 10: Les horaires et l'organisation du temps de travail

160

ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 352-353, 2002

sein desquels les horaires et la perception dutemps de travail s’avèrent relativement homo-gènes. Ce découpage est compatible avec ledécoupage préexistant des salariés en troispôles : encadrement, pôle industriel, métiers ducommerce (Bué et Rougerie, 1999) (3). Il dis-tingue les non-salariés au moyen d’un groupe-ment supplémentaire, tandis que le niveau dedescription des salariés est un peu plus détaillé:le pôle industriel-bureaucratique est scindé endeux (horaires décalés ou non), les enseignantsforment une catégorie distincte, et le pôle desmétiers du commerce incorpore certains métiersdes services aux personnes.

L’un des axes au long desquels se distribuent lessix groupes de professions oppose des salariésd’exécution dont la rémunération est étroite-ment liée à une mesure assez précise de la duréedu travail à des actifs, non salariés ou ensei-gnants, qui disposent à l’inverse d’une grandelatitude dans la détermination de leurs horairesde travail. Un second axe, exprimant principale-ment la durée du travail, oppose les non salariésaux enseignants.

Groupe I : autonomie et horaires lourds pour les entrepreneurs

Alors que ni le statut d’emploi ni l’appartenancesocioprofessionnelle ne figurent parmi lesvariables actives dans l’analyse des données,l’emploi du temps à lui seul suffit à individuali-ser les non-salariés. Les entrepreneurs tra-vaillent peu la nuit, beaucoup en fin de journée.Leurs horaires sont lourds, varient fortementd’un individu à un autre : l’écart-type del’horaire hebdomadaire est sensiblement plusélevé pour les non-salariés (17,2 h,cf. tableau 1). Ils varient fortement aussi d’unesemaine sur l’autre pour un même individu :c’est également pour les non-salariés qu’enmoyenne, l’écart entre les horaires extrêmesreprésente la plus forte proportion de l’horairemoyen, à savoir près de 24 % (cf. tableau 3) (4).Les membres de ces professions apportent sou-vent du travail à faire à la maison, quand ils netravaillent pas tout le temps à domicile. Ils sontlibres de prendre des pauses à leur convenance.Ils se plaignent de manquer de temps, notam-ment dans le cadre de leur journée de travail.

L’éventail d’horaires pratiqués dans ce groupeva d’horaires lourds, envahissant tous les joursde la semaine y compris le dimanche, à des ryth-mes de travail voisins de ceux des salariés etplus étroitement encadrés par le droit du travail

(cf. tableau 4). Par ordre de durée du travaildécroissante, se succèdent ainsi les agriculteurs,les commerçants, les chefs d’entreprise, les arti-sans, les membres des professions libérales, lesprofessions de l’information, des arts et desspectacles. Cette dernière catégorie comprendune majorité de salariés, aux horaires moyensassez légers, mais beaucoup de ces salariés déci-dent de leurs horaires comme le font les indé-pendants. Les membres des professions libéra-les et des professions de l’information, des artset des spectacles sont les moins matinaux detous les actifs travaillant à temps plein : ilsn’effectuent que 4 ou 5 % de leurs heures de tra-vail entre 5 h et 9 h. Un actif à temps plein sursept relève de ce groupe, qui est, par ailleurs,surtout masculin. (3) (4)

Groupe II : le dualisme heures statutaires/temps de préparation des enseignants

Les professions enseignantes forment un sous-groupe de taille réduite, mais aux caractéristi-ques nettement typées : horaire total de travailassez léger et réparti en nombreux épisodesrelativement brefs, se situant pour partie à domi-cile, à des heures tardives et durant le week-end.Elles sont les seules à présenter une courbed’activité tri-modale, avec un maximum d’acti-vité le matin de 10 à 11 h, un autre l’après-midivers 15 h, et un troisième en soirée vers 22 h(cf. graphique IV). Le semainier permet seule-ment de deviner que l’activité professionnelles’organise en deux composantes nettement dis-jointes, les heures statutaires d’enseignement,dont le rythme, en grande part, s’impose àl’enseignant (y compris, assez souvent, lesamedi matin), et le temps de préparation et decorrections, réparti de manière bien plus libre.

Les enseignants estiment pour la plupart avoirpeu de liberté dans le choix du calendrier deleurs vacances ou dans la détermination despauses ou des absences au travail. Ce sentimentde contrainte traduit simplement la manièredont ils perçoivent les questions posées par lesenquêteurs, et, partant, la difficulté de distin-guer travail statutaire et préparation des cours :lorsqu’on leur demande, par exemple, s’ils peu-vent s’absenter pendant leur « travail », ils pri-vilégient dans leur réponse le « travail statutaire

3. Ce découpage s’appuie sur les enquêtes sur les conditions detravail. 4. Ce qui confirme les conclusions tirées de l’enquête

Emploi

de1999, suivant lesquelles la lourdeur des horaires des indépen-dants va de pair avec leur irrégularité (Missègue, 2000).

Page 11: Les horaires et l'organisation du temps de travail

ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 352-353, 2002

161

en présence des élèves », par rapport à la correc-tion de copies ou à la préparation de cours (5).

Le recours aux heures supplémentaires est trèsfréquent chez les professeurs de l’enseignementsecondaire. La proportion de semaines normalesde travail est nettement plus faible parmi lesenseignants – notamment chez ceux du primaire– que pour les autres catégories (6). Les profes-seurs se caractérisent, comme les agriculteurs,par l’ampleur de la fourchette à l’intérieur delaquelle se situent leurs horaires habituels(cf. tableau 6, dernière colonne).

4 % des actifs à temps plein relèvent de cegroupe, qui se caractérise par une sensible

prépondérance de femmes : trois cinquièmesdes effectifs. (5) (6)

5. Les frontières du travail non statutaire des enseignants sontpar nature floues et les tentatives de mesure de la durée du travailde cette catégorie aboutissent à des résultats qui varient ample-ment en fonction du mode de questionnement. Le minimum estatteint dans le cadre des enquêtes

Emploi,

où beaucoup d’ensei-gnants donnent une estimation qui n’inclut que leurs horaires sta-tutaires (voir l’encadré 1). Les enquêtes spécifiques menées ausein du ministère de l’Éducation nationale fournissent des esti-mations plus élevées si le questionnaire évoque, au titre du tempsde travail, le temps consacré à des « recherches personnelles »(Bonnet et Murcia, 1996 ; Guillaume, 2000).6. On entend par « semaine normale de travail » une semainedéclarée comme telle par la personne interrogée, par oppositionaux semaines de congés, chômées ou autres.

Tableau 4

Temps de travail selon la tranche horaire, par regroupements de professions

Sem. norm. (en %)

(1)

Effectif brut sem. norm.

Hor. hebd. moyen (h/sem)

Éc.-ty. hor.

hebd.

Tranche horaire (en %)Part

heures de nuit (en %)

(2)

Nuit(23 h à 5 h)

Pet. mat.(5 h

à 9 h)

Mat.(9 h à

11 h 30)

Midi(11 h 30à 14 h)

Débuta.-midi(14 h à

16 h 30)

Fina.-midi(16 h 30à 19 h)

Soirée(19 h

à 23 h)

Groupe I - Entrepreneurs

1 Agriculteurs21 Artisans22 Commerçants23 Chefs d'entreprise31 Professions libérales35 Prof. de l’inform., des arts

et des spectacles

88,0

93,886,187,790,684,1

74,1

574

1611431472974

20

56,4

62,853,458,854,048,1

43,9

15,8

18,714,317,99,0

11,8

13,8

1,3

0,91,62,00,30,6

1,7

11,1

15,912,09,2

10,44,3

5,2

23,0

22,224,221,523,524,7

24,1

14,6

11,714,815,815,416,9

17,4

19,4

18,220,218,620,120,9

22,8

20,0

19,719,519,421,621,8

20,6

10,7

11,47,6

13,58,7

10,8

8,2

1,1

0,91,21,70,30,5

0,9

Groupe II - Enseignants

34E Professeurs42E Instituteurs

62,0

70,954,1

185

10085

36,0

36,035,9

10,7

12,19,1

0,71,10,3

6,66,66,6

29,327,631,2

15,215,215,2

25,023,227,2

14,115,212,8

9,111,16,7

0,60,80,3

Groupe III - Cadres33 Cadres admin. Fonction publique34X Assimilés professeurs37 Cadres admin. et comm.

des entreprises38 Ingénieurs46A Prof. interm. admin. et comm.

des entreprises46R Représentants

81,978,576,0

87,676,8

84,780,4

7408438

203161

16886

46,044,151,1

48,146,3

44,742,8

10,17,7

19,0

10,29,1

10,49,6

0,80,73,3

0,20,2

1,90,1

6,76,26,9

6,57,8

7,05,2

24,926,423,2

24,524,9

24,626,1

16,817,317,7

16,816,8

16,516,7

24,425,921,8

23,724,8

24,225,3

20,519,518,7

21,420,3

19,721,9

5,94,08,5

6,95,3

6,34,6

0,70,62,1

0,20,2

1,80,2

Groupe IV - Service aux personnes42X Assimilés instituteurs43 Prof. interm. santé et trav. social55 Employés de commerce56N Personnels des services aux part.56X Assistantes maternelles

74,671,066,383,175,882,3

41534

1351076673

42,138,840,641,543,046,7

12,09,9

12,88,9

12,315,9

2,53,24,40,90,12,9

8,87,19,28,9

10,77,1

22,824,922,622,824,220,7

17,514,017,515,921,218,3

21,624,821,022,722,418,9

18,117,916,022,317,116,6

8,88,09,36,64,4

15,5

2,82,95,41,00,13,2

Groupe V – Semaine standard fréquente45 Prof. Interm. adm. fonction publique47 Techniciens48 Contremaîtres52A Employés adm. Fonction publique52B Agents de service Fonction publique54 Employés adm. des entreprises63 Ouvriers qualifiés de type artisanal68 Ouvriers non qual. de type artisanal69 Ouvriers agricoles

80,177,277,677,977,171,783,983,484,586,8

145172

20215923376

3172787143

40,740,642,742,037,940,040,241,639,743,5

8,06,78,19,37,6

11,36,78,47,9

10,4

1,50,21,52,12,60,70,42,21,10,1

11,88,5

11,714,111,415,17,5

14,615,312,8

27,228,526,625,826,525,428,827,226,928,8

17,218,017,217,118,619,817,515,915,514,2

24,426,525,122,922,622,127,623,422,424,6

14,316,414,113,713,411,316,312,914,217,5

3,61,83,84,34,95,61,83,74,71,9

1,60,21,52,52,90,30,52,11,40,0

Groupe VI – Horaires souvent décalés53 Policiers, militaires62 Ouvriers qualifiés de type industriel64C Chauffeurs sauf poids lourds64L Chauffeurs de poids lourds65 Ouvr. qual. de la manut., du magas.

et du transp.67 Ouvriers non qual. de type industriel

80,769,380,688,391,4

78,581,7

85671

3465355

84247

40,744,739,644,349,7

37,539,4

9,014,48,1

11,515,2

8,96,8

5,210,74,14,85,1

4,85,3

17,213,116,019,819,7

17,019,0

23,220,023,824,121,6

22,523,7

15,712,416,215,315,0

15,216,3

20,619,022,117,320,2

20,419,8

11,414,711,013,313,5

12,310,0

6,710,16,85,44,8

7,96,0

5,510,94,34,96,7

4,75,6

1. Proportion de répondants déclarant une semaine normale de travail (semaine hors congés ou chômée, se reporter au texte).2. Proportion de répondants concernés par le travail de nuit.

Lecture : dans les colonnes 6 à 12 figurent la répartition par tranche horaire quotidienne des heures hebdomadaires de travail. Ainsi, 11,1 % du travail des pro-fesseurs est accompli en soirée, entre 19 h et 23 h. 70,9 % de ces derniers déclarent une semaine de travail normale, et 0,8 % sont concernés par le travail de nuit. Champ : actifs occupés à temps plein et décrivant une semaine normale de travail.Source : enquête Emploi du temps, 1998-1999, Insee.

Page 12: Les horaires et l'organisation du temps de travail

162 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 352-353, 2002

Groupe III : les débordements d’horaires fréquents mais contrôlés des experts, managers et gestionnaires

Les ingénieurs, les cadres administratifs desentreprises et de la fonction publique, les cadrescommerciaux, les professions intermédiairesadministratives et commerciales des entrepri-ses, occupent une position intermédiaire entreles entrepreneurs et les salariés d’exécution. Ilsont une assez grande latitude en matière d’orga-nisation de leur temps de travail. Ils travaillentbeaucoup en fin de journée et en soirée, ils sontplus nombreux que les autres salariés à se décla-rer débordés et à estimer qu’ils manquent detemps au travail. Il leur arrive fréquemment defaire déborder leur vie professionnelle sur leurtemps familial et domestique en effectuant cer-taines de leurs tâches à domicile, mais dansl’ensemble ils sont moins nombreux que lesautres salariés à travailler la nuit ou durant leweek-end.

Un actif à temps plein sur six relève de cegroupe, qui compte sept hommes pour troisfemmes.

Groupe IV : les horaires flexiblesdes professions des services aux personnes

Les membres des professions intermédiaires dela santé et du travail social (infirmières notam-ment), les personnels des services directs auxparticuliers, les employés de commerce, quel-ques professions para-enseignantes de niveauintermédiaires (formateurs d’adultes, éduca-teurs sportifs, etc.) ont souvent des horaires irré-guliers, soumis à une certaine flexibilité enfonction des fluctuations de la demande de laclientèle, des patients ou des administrés. Lesagents de nettoyage travaillent au petit matin,les serveurs de la restauration font « le coup dechaud » à midi et le soir pendant que les autresprofessions ont cessé le travail. Les employés decommerce sont nombreux à être au travail en find’après-midi et en début de soirée, au momentoù la clientèle vient, elle, de finir sa journée(cf. graphique IV). Dans les professions fémini-nes, la palme en matière de travail de nuitrevient aux infirmières. Cette profession requé-rant un niveau de qualification élevé, le taux detravail de nuit des femmes est proportionnel àleur niveau de qualification, alors que c’estl’inverse pour celui des hommes.

Un actif à temps plein sur dix relève de cegroupe, qui est très majoritairement féminin.

Groupe V : la semaine régulière des agents des grandes organisations bureaucratiques

Employés administratifs, ouvriers de type arti-sanal, professions intermédiaires de la fonctionpublique, techniciens et agents de maîtrise for-ment un ensemble au sein duquel la semainestandard de cinq jours de travail consécutifsavec horaire diurne régulier est fortement repré-sentée. La semaine de quatre jours est aussi plusrépandue que dans les autres professions. Latranche horaire de fin d’après-midi est sous-représentée, à l’inverse de ce qu’on observechez des salariés plus qualifiés. La séparationentre vie professionnelle et autres temps sociauxest bien tranchée : le travail à domicile est rare.

La catégorie la plus emblématique au sein de cegroupe est celle des employés administratifs desentreprises (secrétaires, employés des servicescomptables et financiers, etc.) : 57 % d’entreeux sont concernés par des horaires hebdoma-daires standard, ce qui représente la valeurmaximale de cette proportion (cf. tableau 5). Lavariabilité du nombre d’heures travaillées d’unesemaine à l’autre compte parmi les plus faibles.

Graphique IVLes professeurs, les employés administratifs d’entreprise et les employés de commerce ont des horaires quotidiens contrastés

Lecture : la courbe des professeurs présente un mode entre 10et 11 h, un autre vers 15 h, et un troisième vers 22 h. Celle desemployés administratifs d’entreprise fait apparaître une forteconcentration entre 9 h et 12 h et entre 14 h et 16 h 30, alors queles employés de commerce sont assez nombreux à travailler tôtle matin et en soirée.Champ : actifs à temps pleinSource : enquête Emploi du temps, 1998-1999, Insee.

Page 13: Les horaires et l'organisation du temps de travail

ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 352-353, 2002 163

35 % des actifs à temps plein relèvent de cegroupe, qui compte trois hommes pour unefemme.

Groupe VI : les horaires décalésdes policiers, des militaireset de certains ouvriers

Les chauffeurs, les ouvriers de l’industrie, lesouvriers de la manutention, du magasinage et dutransport sont nombreux à effectuer du travailde nuit, souvent organisé en longues plageshoraires regroupées sur un petit nombre de jours

de la semaine. Les policiers et militaires se rat-tachent à ce groupe, mais leurs horaires sontparticulièrement irréguliers : l’indicateur d’écartentre leurs horaires habituels les plus faibles etles plus élevés est le plus grand des professionssalariées (24 %) (cf. tableau 6). Pour l’impor-tance du travail de nuit ils se situent nettementen tête, devant les salariés d’exécution del’industrie, alors que ceux-ci gardent l’avantageen matière de travail tôt le matin. Beaucoup depoliciers et de militaires déclarent prolonger fré-quemment leur journée de travail, mais raressont ceux qui effectuent des heures supplémen-taires ou complémentaires rémunérées.

Tableau 5Types de semaine de travail par groupe de professions

En %

Part du week-end

(1)

Type de semaine

Avec travail de nuit

6 ou 7 jours

5 jours standard

5 jours non

standard

4 jours

3 jours ou

moins

Groupe I - Entrepreneurs1 Agriculteurs21 Artisans22 Commerçants23 Chefs d'entreprise31 Professions libérales35 Prof. de l’inform., des arts et des spectacles

16,821,615,017,911,611,710,6

4,64,24,97,30,01,45,0

67,187,459,464,862,151,440,0

4,51,14,24,73,48,1

20,0

18,34,8

22,419,420,733,830,0

4,72,57,03,3

10,35,45,0

0,80,02,10,63,40,00,0

Groupe II - Enseignants34E Professeurs42E Instituteurs

11,612,810,1

1,12,00,0

46,747,845,4

4,43,94,9

35,532,439,2

9,18,99,4

3,35,21,1

Groupe III - Cadres33 Cadres admin. Fonction publique34X Assimilés professeurs37 Cadres admin. et comm. des entreprises38 Ingénieurs46A Prof. interm. adm. et comm. des entreprises46R Représentants

6,34,38,05,03,9

10,37,5

2,22,4

13,20,50,04,80,0

19,715,542,120,217,020,715,8

29,336,921,119,126,439,934,1

37,136,910,549,443,023,834,7

9,16,0

10,58,0

10,69,0

11,9

2,62,42,62,93,01,73,5

Groupe IV - Service aux personnes42X Assimilés instituteurs43 Prof. interm. santé et trav. social55 Employés de commerce56N Personnels des services aux part.56X Assistantes maternelles

13,66,9

14,017,35,1

18,2

6,88,9

11,02,70,0

10,2

31,527,426,633,118,951,7

19,819,028,418,116,39,9

24,624,512,532,044,618,2

11,910,112,312,414,98,3

5,410,19,21,75,41,6

Groupe V - Semaine standard fréquente45 Prof. interm. de l’adm. et de la Fonction publique47 Techniciens48 Contremaîtres52A Employés adm. de la Fonction publique52B Agents de service de la Fonction publique54 Employés adm. des entreprises63 Ouvriers qualifiés de type artisanal68 Ouvriers non qual. de type artisanal69 Ouvriers agricoles

8,06,95,38,9

10,68,67,48,37,37,2

3,90,04,06,36,71,21,35,44,10,0

14,526,013,714,512,822,912,612,014,225,4

45,541,443,340,339,833,456,745,548,448,1

19,618,223,823,917,116,014,122,826,915,2

13,614,414,310,719,420,013,111,53,99,1

2,80,00,94,44,26,52,32,82,62,0

Groupe VI - Horaires souvent décalés53 Policiers, militaires62 Ouvriers qualifiés de type industriel64C Chauffeurs sauf poids lourds64L Chauffeurs de poids lourds65 Ouvr. qual. de la manut., du magas. et du transp.67 Ouvriers non qual. de type industriel

8,317,46,19,56,9

12,07,6

12,736,18,7

13,216,68,7

11,8

10,611,99,4

24,517,110,57,6

41,422,147,318,919,439,748,9

20,615,019,628,333,619,219,5

10,412,110,011,38,3

13,59,7

4,32,85,03,85,08,32,4

1. Part du samedi et du dimanche dans la durée totale de travail hebdomadaire.

Lecture : pour la définition des types de semaine, se reporter à l’encadré 2. 47,8 % des professeurs ont un horaire hebdomadaire detravail de 6 ou 7 jours. 12,8 % de leur temps travail hebdomadaire est accompli le samedi et le dimanche. Champ : actifs occupés à temps plein et décrivant une semaine normale de travail.Source : enquête Emploi du temps, 1998-1999, Insee.

Page 14: Les horaires et l'organisation du temps de travail

164 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 352-353, 2002

Un cinquième des actifs à temps plein appar-tiennent à ce groupe essentiellement masculin.

Des horaires irréguliers entretiennent le sentiment de fatigue et de manque de temps

Plus l’horaire de travail professionnel (observéau semainier) est lourd, plus élevée est la proba-bilité que le répondant se déclare débordé, oufatigué en fin de journée du fait de la durée de

la journée de travail effectuée. Cette associa-tion, assez logique, n’est qu’une tendance géné-rale (cf. graphique V). À rebours de cette ten-dance, la perception d’une fatigue liée à lalourdeur des horaires de travail est un peu plusfréquente chez les personnes qui travaillentmoins de 35 h que chez celles qui travaillent 35ou 40 h. La fréquence du sentiment d’êtredébordé décline au-delà de 60 h de travail parsemaine (peut-être, au-delà de cette limite, letravail perd-il en intensité ce qu’il gagne endurée).

Tableau 6Représentations du temps de travail par groupe de professions

En %

GroupeFati-gué

Débor-dé

Manque temps

tr.

Libre pauses

Libre absen-ces (1)

Heures suppl.

(1)

Prolonge journée

(1)

Travail à domi-

cile

Part tr.à domi-

cile

Four-chette

Groupe I - Entrepreneurs1 Agriculteurs21 Artisans22 Commerçants23 Chefs d'entreprise31 Professions libérales35 Prof.de l’ information, des arts, et des spectacles

64,565,369,263,958,664,9

35,0

31,720,037,127,048,348,6

35,0

45,134,049,049,855,250,0

40,0

88,596,486,085,596,682,4

75,0

////////////

35,0

////////////

35,0

////////////

65,0

3,60,00,01,0

17,24,1

55,0

14,1 15,6 13,7

9,14,4

20,8

30,5

23,529,722,3 19,7 18,822,2

20,6

Groupe II - Enseignants34E Professeurs42E Instituteurs

31,939,023,6

28,330,026,3

42,743,841,4

16,720,811,8

7,3 8,3 6,2

60,880,837,2

81,481,781,1

97,998,097,7

37,4 45,2 28,2

22,227,915,6

Groupe III - Cadres33 Cadres admin. Fonction publique34X Assimilés professeurs37 Cadres admin. et comm. des entreprises38 Ingénieurs46A Prof. interm. admin. et comm. des entreprises46R Représentants

44,838,150,0

45,648,4

40,448,6

29,221,436,8

33,826,3

26,733,3

45,740,550,0

51,842,6

44,742,6

86,991,773,7

91,188,3

81,585,8

57,460,755,3

67,663,3

40,154,1

26,520,223,7

24,030,5

29,625,9

84,088,186,8

86,590,5

74,479,4

55,464,371,1

61,857,2

40,450,6

7,54,9

15,0

6,88,0

5,1 12,3

15,1 13,120,9

16,0 16,4

11,916,5

Groupe IV - Service aux personnes42X Assimilés instituteurs43 Prof. interm. santé et trav. social55 Employés de commerce56N Personnels des services aux part.56X Assistantes maternelles

50,061,847,649,759,441,0

19,536,224,218,010,912,8

28,937,135,728,620,320,7

53,657,155,740,962,159,0

15,424,613,810,014,123,1

24,632,619,434,816,223,1

56,478,964,447,442,057,6

18,163,330,66,43,44,1

13,78,85,84,4

55,66,1

17,3 21,4 23,7

8,316,5 17,2

Groupe V - Semaine standard fréquente45 Prof. interm. adm. fonction publique47 Techniciens48 Contremaîtres52A Employés adm. Fonction publique52B Agents de service Fonction publique54 Employés adm. des entreprises63 Ouvriers qualifiés de type artisanal68 Ouvriers non qual. de type artisanal69 Ouvriers agricoles

34,232,935,840,332,5

47,127,834,632,341,9

16,621,417,718,215,2

10,320,115,0 6,716,3

30,536,134,435,224,4

24,934,629,915,525,6

70,976,684,381,863,6

67,771,462,558,774,4

26,624,738,142,120,3

6,626,520,220,241,9

37,723,846,851,629,2

13,029,251,136,233,7

52,266,267,063,548,0

40,655,434,942,764,4

13,937,024,128,910,0

5,212,83,81,32,0

2,20,03,43,21,7

4,71,02,33,10,4

9,311,612,211,911,4

4,86,27,17,8

16,9

Groupe VI - Horaires souvent décalés53 Policiers, militaires62 Ouvriers qualifiés de type industriel64C Chauffeurs sauf poids lourds64L Chauffeurs de poids lourds65 Ouvr. qual. de la manut., du magas. et du transp.67 Ouvriers non qual. de type industriel

38,363,832,039,661,9

31,836,3

12,0 9,613,3 5,712,1

12,112,3

17,213,319,118,922,0

18,313,8

54,960,859,162,355,9

54,245,8

16,813,720,717,010,0

13,114,8

53,018,060,847,261,8

53,351,2

32,567,130,756,642,0

28,019,3

4,116,63,81,91,7

4,71,6

1,84,01,61,21,7

0,51,9

9,924,08,1

16,019,2

5,96,3

1. Seulement pour les salariés.

Lecture : pour la signification des intitulés de colonne, se reporter au tableau 3. Ainsi, les professeurs effectuent 45,2 % de leur travail àdomicile, et 98 % d’entre eux rapportent du travail à domicile. La variation des horaires hebdomadaires d’une semaine sur l’autre estmaximale pour les agriculteurs (fourchette de 29,7 %). Champ : actifs occupés à temps plein et décrivant une semaine normale de travail.Source : enquête Emploi du temps, 1998-1999, Insee.

Page 15: Les horaires et l'organisation du temps de travail

ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 352-353, 2002 165

Le sentiment d’être fatigué du fait de la lourdeurdes horaires de travail est plus rarement exprimépar les personnes effectuant un horaire standard(28 %) que par les autres, même lorsque celles-ci bénéficient d’une semaine de quatre jourspourtant nettement plus brève en moyenne(33,7 h) qu’une semaine standard (40,2 h)(cf. tableau 7). Le sentiment de manquer detemps, que ce soit au travail ou dans la vie quo-tidienne, touche moins souvent les personnes àhoraires standard que celles à semaines de qua-tre jours. Les personnes effectuant des horairesirréguliers ont dans l’ensemble des semaines detravail plus lourdes que celles à horaires régu-liers (Fermanian et Baesa, 1997). Pour caracté-riser l’effet propre du type d’horaire, régulier ounon, il est nécessaire de neutraliser l’effet de ladurée du travail.

Être débordé résulte à la fois des charges professionnelles et domestiques

Des régressions multiples permettent de prendreen compte simultanément les effets de la duréedu travail et ceux du type d’organisation deshoraires sur la fatigue perçue, ainsi que sur le

sentiment d’être débordé ou de manquer detemps. Dans cette analyse, on se limite à lapopulation travaillant un nombre d’heures pro-che de la moyenne générale, conformément àl’un des critères de définition de la semainestandard, de 35 h à moins de 45 h (49,4 % desactifs à temps plein se situent dans cet inter-valle).

La durée du travail étant contrôlée, le sentimentd’être fatigué en fin de journée du fait de la lour-deur des horaires de travail est significativementplus rare chez les personnes dont les horairessont standard que chez les autres ; il est aussiplus rare lorsque les horaires de travail varientpeu, pour une même personne d’une semaine àune autre – c’est-à-dire lorsque l’indicateur cor-respondant est peu élevé (cf. tableau 8). La pré-sence d’enfants au foyer va de pair avec uneplus grande fréquence du sentiment de fatigue,et, chez les femmes en particulier, de celuid’être débordé, de manquer de temps dans la viequotidienne. Les femmes expriment davantageleur sentiment de fatigue liée à la longueur deshoraires de travail, et cette différence est trèssignificative. Le sentiment d’être débordérésulte en effet à la fois des charges de travailprofessionnelles et domestiques.

L’autonomie s’accompagne d’une plus grande difficulté à gérer son temps sans se sentir débordé

Rapporter du travail à faire à la maison accroîtsignificativement la fréquence du sentimentd’être débordé ou de manquer de temps. L’asso-ciation est nette entre le niveau de formation(position sur une échelle à quatre niveaux, sansdiplôme ou CEP, CAP ou BEP, baccalauréat,diplôme supérieur au bac) et le sentiment demanquer de temps, que ce soit au travail ou dansla vie quotidienne. Cet effet significatif se main-tient lorsqu’on introduit parmi les régresseursdes indicateurs d’autonomie dans la dispositiondu temps (liberté de s’absenter pendant plu-sieurs heures durant le travail, liberté d’inter-rompre le travail en dehors des pauses insti-tuées). Ces indicateurs d’autonomie n’ontd’effet significatif que lorsque le niveau de for-mation est retiré de la liste des variables expli-catives (7). Les personnes qui organisent leurtemps de manière autonome déclarent plus sou-vent manquer de temps ou être débordées. Mais

7. Ces analyses non reproduites ici sont disponibles auprès del’auteur.

Graphique VFatigue et manque de temps selon la charge de travail

Lecture : 30 % des actifs travaillant 55 heures par semaine sesentent débordés dans leur travail. Champ : actifs occupés à temps plein et décrivant une semainenormale de travail. Source : enquête Emploi du temps, 1998-1999, Insee.

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ce lien n’existe que parce que ces personnessont plus diplômées que les autres : un niveaude formation élevé va de pair à la fois avec plusd’autonomie dans l’organisation du temps detravail et avec de plus grandes difficultés à gérerle temps sans se sentir débordé. Cette configura-tion s’observe à durée du travail contrôlée – parailleurs une plus grande liberté dans la détermi-

nation des horaires va de pair avec des durées dutravail en moyenne plus élevées (Fermanian,1999).

En revanche, l’âge, le statut (salarié de l’État, degrands ou petits établissements, non-salarié)n’ont pas ou ont peu d’effets nets sur le senti-ment de manque de temps. �

Tableau 7Fatigue et manque de temps selon le type d’horaire

Effectif

Durée hebdomadaire

du travail(1)

Fatigué à cause durée

du travail(2)

Débordé(2)

Manque de temps au travail

(2)

Manque de temps dans la vie

quotidienne (2)

Semaine de 6 ou 7 jours de travail, sauf nuitSemaine avec travail de nuitSemaine de 5 jours, ni standard ni nuitSemaine standardSemaine de 4 jours, sauf nuitAutres semaines

1 054239

1 0031 350

449129

53,748,244,540,233,721,0

52,751,152,028,437,740,4

26,813,324,016,215,318,8

39,223,637,825,432,627,6

45,133,543,737,641,138,2

Ensemble 4 224 43,8 42,7 20,5 32,5 41,1

1. Nombre d’heures par semaine figurant au semainier.2. En %.

Lecture : pour la définition des types de semaine, on se reportera à l’encadré 2. Pour les actifs occupés à temps plein, la durée moyenned’une semaine normale standard est de 40,2 h. 28,4 % de ces personnes se déclarent fatiguées à cause de la durée du travail. Champ : actifs occupés à temps plein et décrivant une semaine normale de travail.Source : enquête Emploi du temps, 1998-1999, Insee.

Tableau 8Fatigue et manque de temps selon la charge de travail, le type d’horaire et les caractéristiques individuelles

Variableexpliquée

Variables explicatives

Se sentir fatigué en fin de journée à cause de la durée

de la journée de travailSe sentir débordé

Manquer souvent de temps au travail

Manquer souvent de temps dans la vie

quotidienne

Hom-mes

Fem-mes

Ensem-ble

Hom-mes

Fem-mes

Ensem-ble

Hom-mes

Fem-mes

Ensem-ble

Hom-mes

Fem-mes

Ensem-ble

Durée du travail professionnel ++ +++ +++ + + ++ + + ++ ns ns ns

Rapporter du travail à la maison ns ns ns ++ +++ +++ ++ +++ +++ + + ++

Niveau de formation ns ns ns ns + + ++ + +++ +++ +++ +++

Nombre d'enfants âgés de moins de 18 ans + + + + ++ ++ + ns + ++ +++ +++

Semaine standard - - - - - - - - - ns ns - - ns - - ns ns ns

Fourchette +++ +++ +++ ns ns ns ns ns + ns ns ns

Sexe féminin // // +++ // // +++ // // ++ // // +++

Lecture : +++, - - - : effet significatif (positif ou négatif) au seuil de 0,001. ++, - - : … au seuil de 0,01. +, - : … au seuil de 0,1. ns : nonsignificatif au seuil de 0,1. Ces effets sont mis en évidence au moyen de régressions logistiques. Ainsi, toute choses égales par ailleurs,une forte variabilité des horaires d’une semaine sur l’autre (se traduisant par une valeur élevée de l’indicateur correspondant (fourchette))va de pair avec une plus grande fréquence du sentiment de fatigue en fin de journée du fait de la durée de la journée de travail. Champ : 1 254 hommes et 870 femmes travaillant à temps plein, ayant fourni un semainier couvrant une semaine normale de travail fai-sant apparaître un horaire au moins égal à 35 h et inférieur à 45 h. Source : enquête Emploi du temps, 1998-1999, Insee.

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