les enjeux de la souverainetÉ alimentaire · 2016-10-04 · transformation et de consommation ......

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LES ENJEUX DE LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE Septembre 2014 Étude des impacts des politiques et modèles agricoles dominants. Syllabus à destination des enseignants du supérieur. Pour un modèle de production, de transformation et de consommation alimentaire qui respecte l’environnement et les populations. RÉSUMÉ COUVERTURE.indd 1 12-10-14 17:10:18

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  • LES ENJEUX DE LA SOUVERAINET ALIMENTAIRE

    Septembre 2014

    tude des impacts des politiques et modles agricoles dominants.

    Syllabus destination des enseignants du suprieur.

    Pour un modle de production, de transformation et de consommation alimentaire qui respecte lenvironnement et les populations.

    RSUM

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  • agros, Jeunes Agros & Souverainet alimentaire, est un programme dducation au dveloppement, qui rassemble 5 Hautes Ecoles wallonnes

    section agronomique (Haute Ecole Charlemagne, Haute Ecole Condorcet, JHaute Ecole de la Province de Namur, Haute Ecole Louvain en Hainaut, Haute Ecole de la

    Province de Lige) et 3 ONG (Aide au Dveloppement Gembloux, SOS Faim et Vtrinaire

    Sans Frontires) depuis 2011.

    Le but de ce programme est de conscientiser et informer les Jeunes AGROS sur les

    potentialits que reprsentent les agricultures familiales, au Nord comme au Sud, et au

    droit la souverainet alimentaire.

    Les tudiants des Hautes coles en agronomie sont des acteurs cls du monde rural

    de demain. Conscientiss ces enjeux, ils seront mieux outills pour revendiquer des

    politiques agricoles durables et prometteuses davenir et dvelopper des pratiques

    agricoles et des habitudes de consommation respectueuses des producteurs ainsi que

    de lenvironnement.

    Ce programme, fruit dun partenariat efficace, a permis de raliser diffrentes activits:

    sminaire inter-tablissements, tmoignages dacteurs de pays du Sud, ralisation

    doutils pdagogiques destination des enseignants, ralisation dun site web www.

    jagros.be, financement de micro-projets tudiants, visites dexploitations, formation de

    groupes dtudiants relais, participation des vnements culturels,

    Pour les partenaires du projet, la prennit de ce programme passe aussi par limplication

    des enseignants. Or, pour pouvoir traiter de la problmatique et aborder les questions

    de politiques agricoles avec les tudiants, il est essentiel de disposer dinformations

    pertinentes et actualises.

    En 2013, nous avons alors dcid de crer un syllabus dtaill, rassemblant des

    informations utiles sur la problmatique de la souverainet alimentaire. Ralis de

    manire concerte avec lensemble des partenaires, ce syllabus (version longue et version

    courte) devrait permettre aux enseignants de parler de la souverainet alimentaire de

    manire autonome au sein de leur cours. Les ONG restent leur disposition pour venir

    illustrer, de manire ponctuelle, certaines thmatiques plus prcises.

    PRSENTATION

    introduction 2-1.indd 1 12-10-14 16:29:44

  • Cette version courte est une version allge du syllabus qui propose un rsum de chaque

    thmatique. Comme le syllabus complet, ce document est organis en 6 chapitres :

    tat des lieux de lagriculture et de llevage mondial

    La souverainet alimentaire, cest quoi ?

    Les apports de la souverainet alimentaire face aux grands thmes de socit :

    conomie, consommation, environnement, etc.

    Agricultures en crise, facteurs politiques

    Menaces sur la souverainet alimentaire

    Rsistances et Alternatives au modle agricole industriel

    Chaque chapitre comprend une table des matires dtaille, un rsum et un canevas

    pdagogique proposant des animations, jeux et/ou exercices afin de rendre le cours plus

    ludique. Ce canevas peut tre aisment adapt par lenseignant.

    6 CHAPITRES

    LES PARTENAIRES DU PROJET

    SYLLABUS, VERSION COURTE, MODE DEMPLOI

    Il sagit du droit des populations et des pays de dfinir leurs propres politiques alimentaires et agricoles. Ces politiques doivent tre cologiquement, socialement, conomiquement et culturellement adaptes chaque contexte spcifique et ne pas menacer la souverainet alimentaire dautres pays.

    LA SOUVERAINET ALIMENTAIRE

    introduction 2-1.indd 2 12-10-14 16:30:03

  • SOS Faim : Clmentine Rasquin [email protected] - 02/548.06.85

    Vtrinaires Sans Frontires : Florence Burette [email protected] 02/539.09.89

    Aide au Dveloppement Gembloux : Gwenalle Ninane - [email protected] - 081/62.25.75

    www.jagros.be

    CONTACTS

    Cette version allge du syllabus permet davoir un aperu rapide de la problmatique, sans

    rentrer dans les dtails. Elle peut constituer une base de travail pour les enseignants qui

    peuvent ensuite faire eux-mmes une recherche bibliographique plus approfondie. Pour une

    information plus complte, le syllabus complet est mis disposition des enseignants sur ce

    site : www.jagros.be. Cette version est plus dtaille et donc plus riche en donnes, exemples,

    informations.

    Pour plus dinformation, les ONG sont galement la disposition des enseignants. Elles peuvent

    galement illustrer lun ou lautre chapitre par la prsentation dun exemple de terrain ou le

    tmoignage dun de leur partenaire du Sud.

    Ce syllabus de cours naurait pu voir le jour sans le soutien de la Direction gnrale du dveloppement et le Cabinet du Ministre de lAgriculture.

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    TATS DES LIEUX DE LAGRICULTURE ET DE LLEVAGE MONDIAL

    CHAPITRE 1

    Introduction

    Au dbut du 19me sicle nous tions peine un milliard sur la plante. Aujourdhui, nous sommes prs de 7 milliards ! Quelles sont les raisons de cette croissance dmographique soudaine ?

    On compte aujourdhui plus dun milliard de personnes qui disposent de moins de 1 dollar par jour, parmi lesquelles 842,3 millions souffrent de sous-alimentation chronique, faute dune alimentation suffisante.

    QUELLES PERSPECTIVES POUR LAGRICULTURE INDUSTRIELLE ?

    UNE AUTRE AGRICULTURE EST-ELLE POSSIBLE ?

    LA FRACTURE AGRICOLE

    VOLUTION DE LAGRICULTURE ET DE LLEVAGE AU XXe SIECLE

    AGRICULTURE PAYSANNE

    LEVAGE PAYSAN

    RSUM

    volution de lagriculture et de llevage au 20e sicle Comment en est-on arriv un tel niveau de production ?

    Au plan technique comme au plan conomique, les avances de la motomcanisation, la slection, la fertilisation minrale, lalimentation du btail, la mdecine des plantes et des animaux ont permis une simplification des systmes de production. Il en a dcoul une spcialisation importante des exploitations et des rgions agricoles.

    Dans les pays dvelopps, un nombre toujours plus rduit dexploitations familiales a russi franchir toutes les tapes de cette rvolution agricole. En fin de compte, on retrouve des agriculteurs hyper quips et les plus productifs du monde. Ils peuvent produire jusqu 2 000 tonnes brutes dquivalent crales par travailleur et par an (200 ha/travailleur 10 t/ha).

    Nous pouvons expliquer cette augmentation de la population notamment par lapparition de nombreuses rvolutions agricoles. En 50 ans, la production agricole mondiale a ainsi t 1,6 fois plus importante que la production totale atteinte en 1950, aprs 10 000 ans dhistoire agraire. Cela a permis de rpondre aux besoins de plus en plus importants dune population mondiale grandissante.

    Nanmoins, mme si en un demi-sicle la croissance de la production agricole a t suprieure denviron 8 % celle de la population, elle fut trop ingale pour subvenir convenablement aux besoins de toute lhumanit.

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    La fracture agricole

    Dans les pays en voie de dveloppement, la rvolution agricole contemporaine dote de tous ses attributs (en particulier dune motomcanisation lourde, complexe et trs coteuse) ne sest rpandue, que dans quelques rgions peu tendues dAmrique latine, dAfrique du Nord et du Sud, et dAsie. Elle na dailleurs pu tre adopte que par de grandes exploitations prives ou publiques, nationales ou trangres qui disposent des capitaux ncessaires, laissant la grande majorit de la paysannerie sur le ct.

    Ainsi, en 50 ans, le rapport de productivit entre les systmes de culture manuelle les moins performants du monde et les systmes motomcaniss les plus performants a t multipli par prs de 60. Un cart de plus en plus grand se creuse alors entre les diffrents types dagriculture.

    De plus, cette masse de paysans la culture manuelle est dsormais soumise une concurrence mondialise. La majorit dentre eux voient ainsi progressivement leurs revenus agricoles baisser et se retrouvent dans lincapacit dinvestir et de se dvelopper. Autrement dit, la baisse des prix agricoles va dabord se traduire par un vritable blocage du dveloppement des paysans les moins bien quips et les moins bien situs.

    Ceci explique pourquoi la paysannerie dmunie des rgions agricoles pauvres constitue la part la plus importante des plus de 800 millions de sous-aliments du monde daujourdhui.

    Quelles perspectives pour lagriculture industrielle ?

    Dans les pays dvelopps, la rvolution agricole se heurte aussi certaines limites et inconvnients. Les rendements actuels en grains par hectare, ou en litre de lait par vache et par an, semblent aujourdhui difficilement dpassables. Les atteintes lenvironnement et la qualit des produits se multiplient cause de diffrents excs (engrais et produits de traitement, concentration des productions animales, recyclage dventuels dchets organiques malsains dans les aliments composs pour le btail). Par ailleurs, lhypermcanisation, lexode rural et le rejet du secteur agricole par les jeunes posent des problmes en termes demploi et dentretien des territoires.

    Aprs 50 ans de modernisation, la production agricole mondiale possde une capacit productive qui devrait tre plus que suffisante pour nourrir convenablement les 7 milliards dhumains. Pourtant, on constate que ce nest pas le cas. Quel est le prix payer pour ce type de rvolutions ? Quelles en sont les consquences ? Et pourquoi narrive-t-on pas rellement nourrir toute lhumanit ?

    En craliculture par exemple, la puissance des tracteurs et la superficie maximum cultivable par un travailleur ont presque doubl tous les dix ans, pour dpasser aujourdhui les 200 hectares par travailleur.

    La rvolution agricole, entranant de vastes mutations cologiques, dmographiques, conomiques et culturelles, triomphe aujourdhui dans les pays dvelopps. Mais il nen va pas de mme partout !

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    Une autre agriculture est-elle possible ?

    En rponse ces excs, des formes dagricultures alternatives (agriculture cologiquement raisonne, agriculture biologique, agriculture participant lamlioration de lenvironnement) se dveloppent ici et l dans les pays moins industrialiss. Elles sont moins spcialises mais prsentent de nombreuses qualits. Elles sont plus conomes en ressources non renouvelables et soucieuses de lenvironnement, de la qualit des produits et du bon emploi des territoires et des hommes. Il est donc possible de prendre un chemin diffrent. Celui dun dveloppement plus durable qui renverse la tendance actuelle dune agriculture industrielle et qui respecte les socits et communauts existantes.

    Face cette agriculture industrielle mondiale, la petite paysannerie des pays du Sud, elle, sadapte en permanence. Face aux conditions conomiques, cologiques et dmographiques changeantes et souvent difficiles, elle combine sans cesse cultures et varits, levages et races, outils, anciens ou nouveaux. Ceci afin de conduire de nouveaux systmes de production dautant plus appropris que leurs conditions de production sont peu favorables. Des alternatives sont donc possibles et rentables !

    Avec un peu de recul, on se rend aujourdhui compte que le modle agricole industriel qui semblait si prometteur ne pourra pas rsoudre les problmes de la faim et la pauvret travers le monde. En ralit, la production alimentaire industrielle grande chelle est mme nuisible pour la sant humaine. Elle pollue les sols, leau et lair, contribue au changement climatique, tue la faune et la flore et rduit la diversit biologique et la fertilit des sols. Lagriculture industrielle a, en outre, contraint des millions de petits paysans lexil entranant des consquences sociales dsastreuses.

    Focus sur lagriculture et llevage paysan

    Lagriculture paysanne

    Dans les pays en dveloppement, les gouvernements et les bailleurs continuent de porter leurs efforts vers lessor dexploitations quils considrent comme modernes , cest--dire souvent capitalistes (grandes superficies, efficacit, forte matrise technique). Daprs eux, ce type dexploitations serait un bon moteur pour le dveloppement conomique de la rgion ou du pays. A terme, il devrait permettre de rduire la pauvret.

    Mais les ingalits inhrentes ce type de dveloppement ne peuvent compenser les bnfices ventuels apports par ces grandes exploitations. En effet, dans ce genre de systme agricole, les bnfices issus des gains de productivit fournis par les techniques modernes sont rservs au seul propritaire terrien, la main-duvre locale tant de facto carte de ce systme de production agricole. Cela accentue donc les ingalits de revenus lintrieur de ces socits rurales, entre petites exploitations familiales et grandes exploitations industrielles. Il apparat donc primordial, si lon veut endiguer la pauvret rurale, de repenser les politiques daide au dveloppement agricole et de les recentrer sur le soutien aux agricultures paysannes.

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    Les spcificits de lagriculture familiale font quelle est la fois capable dassurer la scurit alimentaire des personnes qui en dpendent directement, de fournir des marchs locaux et nationaux en forte croissance et de rapporter des devises internationales en produisant des cultures dexportation.

    Selon des tudes, la croissance PIB agricole a en effet, en moyenne, quatre fois plus deffet sur laugmentation des dpenses des mnages les plus pauvres que la croissance non agricole.

    Aujourdhui, il est absolument certain que lvolution des relations agriculture-levage constitue un point cl pour lavenir des socits rurales !

    Llevage paysan

    Llevage est une forme de capital naturel qui, pendant des millnaires, a faonn les modes de vie et les cultures de nombreuses communauts humaines dans le monde. De tout temps lanimal a accompagn lhomme et aujourdhui, llevage est fondamental pour 1,3 milliard de personnes.

    Llevage contribue directement la disponibilit alimentaire et laccs des petits exploitants lalimentation. Il permet aux petits paysans de consommer directement leur production mais galement de vendre leurs produits valeur ajoute afin de pouvoir eux-mmes accder des aliments de base. De ce fait, llevage va reprsenter une source de revenu, de crdit, dassurance, de prt, de don et dinvestissement pour les mnages.

    Ces relations de complmentarit sont primordiales. Elles sont dailleurs rgulirement voques par les paysans pour justifier la coexistence si frquente de lagriculture et de llevage. Et ce, malgr certains problmes qui peuvent en rsulter pour les systmes de culture et la conduite des animaux.

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  • 11

    CANEVAS PDAGOGIQUE

    DROULEMENT /MISE EN PRATIQUE

    ventuellement prparer les questions et rponses sur un PowerPoint.

    Le quizz est disponible sur le site internet dAgronomes et Vtrinaires Sans Frontires www.avsf.org/public/posts/668/kit-pedagogique-la-souverainete-alimentaire.pdf

    MATRIELOBJECTIFS

    Facile et rapide raliser en classe. On peut ventuellement procder un systme de vote avec des cartons de couleurs diffrentes pour que chacun doive exprimer une opinion. On peut alors demander lun ou lautre dexpliquer son choix avant de donner la rponse.

    Sensibiliser les participants aux questions de la faim dans le monde.

    Agriculture et levage tant intimement lis lalimentation et la problmatique de la faim dans le monde, cest un bon moyen pour introduire ce chapitre et le cours en gnral.

    Cela permet en outre de combattre quelques ides prconues

    JEUX QUIZZ SUR LA FAIM DANS LE MONDE - OUTIL DVELOPP PAR AVSF

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    http://www.avsf.org/public/posts/668/kit-pedagogique-la-souverainete-alimentaire.pdfhttp://www.avsf.org/public/posts/668/kit-pedagogique-la-souverainete-alimentaire.pdfhttp://www.avsf.org/public/posts/668/kit-pedagogique-la-souverainete-alimentaire.pdfhttp://www.avsf.org/public/posts/668/kit-pedagogique-la-souverainete-alimentaire.pdfhttp://www.avsf.org/public/posts/668/kit-pedagogique-la-souverainete-alimentaire.pdf

  • 12

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  • 13

    LA SOUVERAINET ALIMENTAIRE, CEST QUOI ?

    CHAPITRE 2

    volution de la dfinition de souverainet alimentaire de 1996 2007 : La souverainet alimentaire, quest-ce que cest ?

    La dfinition du concept de souverainet alimentaire a t labore pour la premire fois en 1996 par la Via Campesina, mouvement qui dfend le droit des paysans et des paysannes. Ds lors, elle a t reprise, modifie et largie lors de diffrents rendez-vous internationaux.

    QUELS SONT LES DIFFRENTS PILIERS ?

    Y A-T-IL UNE SEULE MANIRE DAPPLIQUER CE CONCEPT?

    DFINITIONS

    LA SOUVERAINET ALIMENTAIRE :

    EST-ELLE UNE SOLUTION RALISTE ?

    RSUM

    Premire dfinition, donne par la Via Campesina lors du sommet mondial de lalimentation organis par la FAO en 1996, Rome :

    La souverainet alimentaire est un droit international qui laisse la possibilit aux pays ou aux groupes de pays de mettre en place les politiques agricoles les mieux adaptes leurs populations sans quelles puissent avoir un impact ngatif sur la population dautres pays.

    Dfinition largie lors du Forum mondial sur la souverainet alimentaire Cuba en 2001, puis lors du forum ONG/OSC (Organisations de la Socit Civile) Rome, en 2002 :

    La souverainet alimentaire est le droit des populations, des communauts et des pays dfinir leurs propres politiques agricole, pastorale, alimentaire, territoriale, de travail et de pche, lesquelles doivent tre cologiquement, socialement, conomiquement et culturellement adaptes chaque contexte spcifique. Cela inclut un droit rel lalimentation et la production alimentaire, ce qui signifie que toutes les populations ont droit une alimentation saine, culturellement et nutritionnellement approprie, ainsi qu des ressources de production alimentaire et la capacit de subvenir leurs besoins ainsi qu ceux de leurs socits.

    12

    1

    2

    Via Campesina, congrs de la FAO, 1996.1Souverainet alimentaire: Un droit pour tous, Dclaration politique des ONG /OSC au Forum pour la souverainet alimentaire. Rome, Juin 2002.

    2

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  • 14

    Dfinition labore par divers mouvements sociaux lors du Forum de Nylni en 2007 :

    La souverainet alimentaire est le droit des peuples une alimentation saine, dans le respect des cultures, produite laide de mthodes durables et respectueuses de lenvironnement, ainsi que leur droit dfinir leurs propres systmes alimentaires et agricoles. Elle place les producteurs, distributeurs et consommateurs des aliments au cur des systmes et politiques alimentaires en lieu et place des exigences des marchs et des transnationales. Elle dfend les intrts et lintgration de la prochaine gnration ... La souverainet alimentaire donne la priorit aux conomies et aux marchs locaux et nationaux et fait primer une agriculture paysanne et familiale, une pche artisanale traditionnelle, un levage de pasteurs, ainsi quune production, distribution et consommation alimentaires bases sur la durabilit environnementale, sociale et conomique ... La souverainet alimentaire implique de nouvelles relations sociales libres de toute oppression et ingalit entre hommes et femmes, entre les peuples, les groupes raciaux, les classes sociales et les gnrations.

    3

    Quels sont les diffrents piliers de la souverainet alimentaire ?

    Ils sont au nombre de six et ont t labors lors du forum de Nylni, dun commun accord entre les diffrents acteurs prsents. Chaque pilier doit tre intgr afin datteindre une situation de souverainet alimentaire.

    Alimentation des populations Valorisation des producteurs daliments Systmes locaux de production Renforcement du contrle local Construction des savoirs et savoir-faire Travail avec la nature

    Y a-t-il une seule manire dappliquer le concept de souverainet alimentaire ?

    Non. Au sein mme des diffrents organismes actifs dans la souverainet alimentaire on observe diffrents courants, certains plus radicaux et dautres plus souples.

    Par ailleurs, certains acteurs ont ajout leurs propres apports linterprtation du concept, comme la PFSA (Plate-Forme Souverainet Alimentaire) qui a dclin la souverainet alimentaire en une srie de droits ou encore le COEECI (entit coordinatrice des organisations trangres de coopration internationale actives au Prou) qui peroit la souverainet alimentaire comme tant une triangulation Droits-Devoirs-Comptences.

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    Quest-ce que la souverainet alimentaire nest pas ?

    Le droit lalimentation

    qui nest quun lment de la souverainet alimentaire. Les diffrences entre les deux concepts rsident dans :

    La question des moyens de production Laspect culturel (Provenance, type daliment)

    Le repli sur soi

    car mme si la souverainet alimentaire promeut en premier lieu lalimentation des familles productrices, elle ne nie pas limportance des changes commerciaux.

    La scurit alimentaire

    dont lobjectif est atteint lorsque la population dans lensemble du pays a accs la nourriture. Les diffrences entre les deux concepts rsident dans :

    La manire datteindre lobjectif de nourrir tous les habitants

    La souverainet alimentaire, est-elle une solution raliste ?

    Oui. Le choix politique relve avant tout de choix politiques. En effet, de plus en plus de pays se retrouvent en situation de dpendance alimentaire aprs avoir appliqu la stratgie des avantages comparatifs prne par le FMI et la Banque mondiale (voir Chapitre 3). Or, la dpendance accrue aux fluctuations des prix des matires premires au niveau international maintient ces pays dans une condition de vulnrabilit et ne leur permet pas de se prmunir des crises internationales. Cependant, des alternatives au modle conomique dominant existent. La souverainet alimentaire est atteinte au niveau tatique dans plusieurs pays mais aussi et surtout au niveau rgional ou local. Il nest plus rare de rencontrer des exemples de russite permettant une plus grande autonomie des organisations de paysans dans la production, la transformation et la commercialisation des denres alimentaires. Cette autonomie tant traduite par le recul de la faim, une amlioration des conditions de vie en milieu rural et un plus grand respect des ressources naturelles.

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  • 16

    CANEVAS PDAGOGIQUE

    DROULEMENT /MISE EN PRATIQUE MATRIELOBJECTIFS

    Expliquer brivement le droulement de la sance et exposer les consignes. Demander aux tudiants de prendre note pendant le film de tous les chiffres et /ou informations qui les interpellent.

    INTRODUCTION

    2

    Susciter lintrt et marquer les esprits en retenant les chiffres reprsentatifs

    Faire un tour de salle pour prendre connaissance de ce que les tudiants ont retenu du film

    Capsule vido :www.youtube.com/watch?v=DuFE8ATBt7g

    5-10

    DIFFUSION DU FILM

    Comprendre les enjeux actuels auxquels doit rpondre la souverainet alimentaire

    Diffusion du film je mange donc je suis

    Disponible sur ce lien : http://www.cncd.be/Je-mange-donc-je-suis-Le-filmou possibilit de commander le DVD sur ce lienhttp://www.cncd.be/-Commander,331-

    OrdinateurConnexion internetcranProjecteur

    28

    PREMIER CHANGE AVEC LES TUDIANTS

    chapitre 2 fini.indd 5 16-10-14 12:04:15

    www.youtube.com/ watch?v=DuFE8ATBt7gwww.youtube.com/ watch?v=DuFE8ATBt7ghttp://www.cncd.be/Je-mange-donc-je-suis-Le-film ou possibilit de commander le DVD sur ce lien http://www.cncd.be/-Commander,331-http://www.cncd.be/Je-mange-donc-je-suis-Le-film ou possibilit de commander le DVD sur ce lien http://www.cncd.be/-Commander,331-http://www.cncd.be/Je-mange-donc-je-suis-Le-film ou possibilit de commander le DVD sur ce lien http://www.cncd.be/-Commander,331-http://www.cncd.be/Je-mange-donc-je-suis-Le-film ou possibilit de commander le DVD sur ce lien http://www.cncd.be/-Commander,331-http://www.cncd.be/Je-mange-donc-je-suis-Le-film ou possibilit de commander le DVD sur ce lien http://www.cncd.be/-Commander,331-http://www.cncd.be/Je-mange-donc-je-suis-Le-film ou possibilit de commander le DVD sur ce lien http://www.cncd.be/-Commander,331-

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    DROULEMENT /MISE EN PRATIQUE

    MATRIELOBJECTIFS

    POWERPOINT

    Faire un tat des lieux

    Comprendre ce quest la souverainet alimentaire Comprendre quels sont les principes fondateurs de la souverainet alimentaire

    En lien avec les chiffres /informations qui ressortent de la salle, montrer un PowerPoint imagin par le professeur avec les chiffres et informations (actualiss)

    Prsenter les diffrentes volutions de la dfinition de souverainet alimentaire

    Prsenter les diffrents piliers de la souverainet alimentaire

    15

    DBAT

    Susciter la rflexion

    Encourager lappropriation du concept de souverainet alimentaire Encourager la participation

    Discussion ouverte sur le film et les chiffres qui ont t exposs lors de lactivit.

    10

    (en fonction du temps restant)

    TOTAL DE LACTIVIT : 1 HEURE

    Voici quelques chiffres actuels :

    En 2011-2013, 842 millions de personnes souffrent de la faim. Cela reprsente une personne sur 8 dans le monde. Pour plus dinformations voir : http://www.fao.org/news/story/fr/item/199641/icode/

    70% de la population qui souffre de la faim sont des petits exploitants et des ouvriers agricoles. Cest ce que lon appelle le paradoxe de la faim. Pour plus dinformation voir : http://www.ong-adg.be/spip/IMG/pdf/ra2011v14vf-print.pdf

    Plus dun million de paysans quittent leur exploitation dans le monde chaque semaine.

    En Europe, on estime quune ferme disparat toutes les 30 secondes.

    En 40 ans, la Belgique a perdu 75% de ses exploitations agricoles.Pour plus dinformation voir : http://www.haricots.org/agenda/articleSA

    *

    *

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    http://www.fao.org/news/story/fr/item/199641/icode/http://www.ong-adg.be/spip/IMG/pdf/ra2011v14vf-print.pdfhttp://www.haricots.org/agenda/articleSA

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    1

    The High Level Panel of Expert on security food, and nutrition, Investing in smallholder for food security , Food and Agricultural Organization, 2012. URL: http://www.fao.org/fileadmin/user_upload/hlpe/hlpe_documents/HLPE_Reports/HLPE-Report-6_Investing_in_smallholder_agriculture.pdf

    1

    Non. Au contraire, lagriculture paysanne et familiale est le moteur conomique dun grand nombre de pays. En effet, selon la FAO, les petites exploitations agricoles participent la cration de 70% de lemploi total, environ 40% des exportations totales, et 33% du PIB. Cependant, un constat paradoxal continue tre observ : les populations qui produisent la nourriture sont galement celles qui souffrent le plus de malnutrition.Ce paradoxe de la faim illustre parfaitement les travers des politiques agricoles et justifie la volont datteindre la souverainet alimentaire.

    LES APPORTS DE LA SOUVERAINET ALIMENTAIRE FACE AUX GRANDS THMES DE LA SOCIT : CONOMIE, CONSOMMATION, ENVIRONNEMENT, ETC.

    CHAPITRE 3

    Les petites exploitations agricoles sont-elles en minorit au niveau mondial ?

    Latteinte dune meilleure souverainet alimentaire au niveau local favorise-t-elle lconomie ?

    Oui, car la souverainet alimentaire promeut deux choses importantes :

    Une meilleure alimentation des producteurs eux-mmes Le modle agricole paysan, plus adquat pour dynamiser les marchs locaux et amliorer le pouvoir dachat des populations rurales

    Or, une population rurale mieux nourrie et un redressement conomique permettent de relancer la machine conomique interne, remettre le pays flot et le rendre moins dpendant du march international et de ses crises.

    SOUVERAINET ALIMENTAIRE

    MODES DE CONSOMMATION

    ACCORDS COMMERCIAUX

    DVELOPPEMENT DURABLE

    CONSOMMATION LOCALE ET DE SAISON

    ENVIRONNEMENT

    PARTIE 1 : LA SOUVERAINET ALIMENTAIRE ET LCONOMIE

    COMMERCE INTERNATIONAL

    RSUM

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    http://www.fao.org/fileadmin/user_upload/hlpe/hlpe_documents/HLPE_Reports/HLPE-Report-6_Investing_in_smallholder_agriculture.pdf http://www.fao.org/fileadmin/user_upload/hlpe/hlpe_documents/HLPE_Reports/HLPE-Report-6_Investing_in_smallholder_agriculture.pdf

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    Lors de la colonisation, ce sont des politiques dexploitation des richesses et de spcialisation dans les produits alimentaires et les minerais qui ont t favorises. A lissue des deux Guerres mondiales et du Krach boursier de 1929, on a progressivement assist un dsengagement dans les colonies.

    A la sortie de la Deuxime Guerre mondiale, un nouveau systme international a t introduit. Celui-ci marque la naissance des institutions de Bretton Woods : Le GATT, le FMI et la Banque mondiale. Avec elles sont apparues de nouvelles politiques agricoles visant la libralisation des marchs agricoles et lapplication du modle conomique des avantages comparatifs, acclrant ainsi la dpendance des pays du Sud aux marchs internationaux et par l mme, aux fluctuations des prix alimentaires.

    Suite aux chocs ptroliers des annes 70 et de la crise de la dette qui en a dcoul, les institutions internationales ont mis en place les programmes dajustement structurel prnant la poursuite de la libralisation des secteurs agricoles et louverture libre des marchs, la spcialisation et laustrit (rduction des aides lagriculture). Enfin, la chute de lUnion sovitique a marqu la victoire du nolibralisme et la cration de lOMC dont lobjectif majeur est la drgulation des marchs (libre concurrence).

    Quelles sont les diffrentes phases historiques qui illustrent le rapport entre souverainet alimentaire et rgles du commerce international ?

    1870-1945

    Les accords commerciaux peuvent-ils se faire en dehors de lOMC ?

    Oui, il existe en effet des accords bilatraux entre pays ou groupes de pays qui ont t ngocis en dehors du cadre de lOMC. Il existe diffrents accords tels que les Accords de Partenariat conomique (APE) ou les Accords de Libre change (ALE) liant lUnion europenne ses partenaires ACP (Afrique-Carabe-Pacifique) ou encore lAccord de Libre change Nord-Amricain (ALENA) liant le Canada, les tats-Unis et le Mexique. Ces accords visent lintgration progressive des pays ACP dans lconomie mondiale, encouragent le dveloppement durable et la lutte contre la pauvret. Cependant, ils vont parfois plus loin dans la libralisation que lOMC, ne garantissent pas une diminution de la pauvret et sont parfois plus nfastes que bnfiques aux pays du Sud.

    Quelles sont les solutions pour modifier les rgles du commerce international ?

    Lintgration des petits producteurs dans des organisations collectives

    En faisant cela, les petits paysans acquirent un potentiel de mobilisation non ngligeable et peuvent plus facilement faire entendre leur voix. Cest dailleurs dans cette optique de rassemblement que la Via Campesina a organis une convention de travail sur la souverainet alimentaire en 2008. Une vingtaine de dlgus se sont alors rencontrs afin dtablir des stratgies de lutte contre lopacit des APE et ALE.

    1945-1975

    1975- aujourdhui

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    1. La cration dopportunits pour les producteurs qui sont conomiquement en situation de dsavantage2. La transparence et la crdibilit 3. Lextension des comptences4. La promotion du commerce quitable5. Le paiement dun prix juste6. Lgalit des sexes7. Les conditions de travail8. Le travail des enfants9. Lenvironnement10. Les relations commerciales

    tat des lieux

    Depuis quelques annes et avec lre de la consommation de masse, le march alimentaire sest fortement standardis, dterritorialis et d-temporalis. Ces changements ont ainsi marqu le passage de lge de lagriculture lge de lagro-industriel, ce qui a eu des implications autant au niveau environnemental et social quau niveau de la sant. Cependant, il existe lheure actuelle diffrentes alternatives pour une consommation plus responsable.

    Le commerce quitable

    Le commerce quitable est un partenariat commercial, fond sur le dialogue, la transparence et le respect, dont lobjectif est de parvenir une plus grande quit dans le commerce mondial [] . Le commerce quitable se base sur 10 normes :

    Bien que la souverainet alimentaire et le commerce quitable aient des objectifs en commun, tels que lquit de genre et le droit des revenus dignes, trois critiques qui remettent leur lien en question ont t formules :

    Lensemble des critres ne peut pas tre vrifi. Tous les critres ne sadaptent pas ncessairement lensemble des situations de vie des acteurs des pays du Sud. Les normes du commerce quitable ne favorisent pas ncessairement lmergence dun commerce rellement quitable.

    PARTIE 2 : LA SOUVERAINET ALIMENTAIRE ET LES (NOUVEAUX) MODES DE CONSOMMATION

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  • 22

    2

    2

    Y a-t-il un lien entre dveloppement durable et consommation alimentaire ?

    Oui. Le dveloppement durable ( sustainable development en anglais, intgrant la notion de dveloppement soutenable autant pour lenvironnement que pour lHomme) peut tre dcrit comme : un dveloppement qui intgre la durabilit environnementale et lquit tout en favorisant le dveloppement humain. , de par ses principes inhrents, a encourag la consommation de produits alimentaires dans le respect de 4 dimensions :

    1. Environnementale 2. Economique 3. Sociale 4. Transparence

    Par ailleurs, ces quatre critres sont en phase avec la souverainet alimentaire et le droit quelle vhicule.

    La consommation de produits Bio est-elle en phase avec la souverainet alimentaire ?

    Oui et Non. Les principes de respect de lenvironnement et de la sant humaine, promus par lagriculture biologique sont certainement en phase avec la souverainet alimentaire. Cependant, les rglements rgissant lagriculture biologique se concentrent essentiellement sur les techniques de production et nenglobent pas les questions de savoirs et savoir-faire traditionnels, ainsi que sur les questions de respect de la main-duvre. Cela permet donc lexistence de systmes de production alimentaire qui socialement ne satisfont pas aux droits lis la souverainet alimentaire (particulirement le droit un revenu dcent et le droit daccs aux moyens de production). Ainsi, lagrocologie serait plus en phase avec les principes de souverainet alimentaire.

    LAppellation dOrigine Gographique est-elle une alternative au mode de consommation actuel ? Respecte-t-elle les principes de la souverainet alimentaire ?

    Oui, si les dtracteurs de lAOG (Appellation dOrigine Gographique) la considrent comme une forme dtourne de protectionnisme, ses dfenseurs au contraire, assurent que lAOG participe avant tout la promotion de lagriculture familiale et au respect de lenvironnement afin de mieux rpondre aux attentes des consommateurs daliments. Ces principes sont en phase avec la souverainet alimentaire.

    En quoi la consommation locale et de saison constitue-t-elle une alternative importante en phase avec la souverainet alimentaire ?

    La consommation locale et de saison constitue une alternative concrte qui respecte les principes de la souverainet alimentaire car :

    Elle favorise une meilleure connaissance quant lorigine et la qualit des aliments

    Durable prenons le temps, Le PNUD pour un dveloppement durable et quitable . URL : http://www.durable.com/actualite/article_le-pnud-pour-un-developpement-durable-et-equitable_1625

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    Elle rpond la logique de disponibilit et daccessibilit des aliments

    Elle assure la rduction du stockage et du transport (avantages conomiques et environnementaux)

    Elle limite lutilisation dintrants chimiques (production daliments adapts au contexte local agroclimatologique)

    Elle vite que la production vivrire dun tat ne soit consacre qu lexportation

    Par ailleurs la consommation locale doit favoriser deux situations importantes :

    1. La consommation de la production par les familles productrices elles-mmes

    2. La consommation via les nouvelles formes du commerce local, circuits courts dont les objectifs sont de : Consommer des produits frais, de saison et locaux. Utiliser des circuits courts et locaux de commercialisation Rapprocher et favoriser les relations de confiance entre les producteurs et les consommateurs Favoriser la consommation de produits issus dune agriculture mieux contrle au niveau environnemental et sanitaire Permettre au petit producteur de planifier les rentres financires

    Quelles sont les diffrentes formes de la consommation locale ?

    Acheter local peut prendre des formes diverses :

    Vente la ferme et vente au domicile du consommateur Les groupements dachat en commun (GAC) Les Groupes dAchat Solidaire de lAgriculture Paysanne (GASAP) Les marchs locaux et les magasins de proximit Les Systmes de Garantie Participatifs (SGP) La rforme de la PAC grce au groupe de dveloppement rural Leader et Feader Les mouvements et actions locaux Les logos didentification dorigine du terroir : ex : la pastille agriculture de Wallonie

    La consommation de viande est-elle contraire aux principes de souverainet alimentaire ?

    Non. En effet, bien que les abus et les effets nfastes lis la surconsommation de viande soient rels, ceux-ci ne doivent pas cacher quun rgime alimentaire mixte peut tre durable, respecter la nature, les ressources naturelles et la sant des populations. Une consommation de viande plus en phase avec la souverainet alimentaire doit sinscrire dans la prfrence pour une production biologique ainsi que dans la mobilisation de circuits courts de commercialisation. Elle doit galement promouvoir davantage les systmes intgrs agriculture-levage et llevage traditionnel.

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  • 24

    Quel est le rle de la souverainet alimentaire dans le domaine socioculturel ?

    La souverainet alimentaire et son corollaire, lagriculture familiale, favorisent la prservation des peuples, de leurs cultures et une amlioration de leurs conditions de vie dans certains cas.

    Lamlioration des conditions sociales, des emplois et la rduction des

    migrations :

    Le modle actuel de concentration des terres mne la destruction des emplois agricoles et lmigration des paysans, ce qui conduit au renforcement du phnomne de la pauvret, de la dsintgration sociale, culturelle, communautaire et familiale. La souverainet alimentaire en promouvant lagriculture familiale permet la cration demplois, et favorise la redynamisation du secteur local afin de mieux rpondre aux besoins des producteurs.

    La rduction des ingalits de genre :

    Bien quessentielles la production agricole, les femmes continuent faire face dimportantes ingalits (accs la terre, aux ressources et la nourriture par exemple) qui les rendent davantage vulnrables aux alas du commerce international, de la libralisation, de laccaparement des terres et des nouvelles rglementations lies la Rvolution Verte. Les femmes sont nanmoins dtermines tre actrices de la souverainet alimentaire, comme cela a t dclar lors du forum de Nylni en 2007.

    Le soutien aux organisations paysannes :

    Lobjectif principal des organisations paysannes est de donner une voix aux paysans afin quils aient un poids plus important dans les dcisions sur les politiques agricoles qui impactent directement sur leur vie.

    Cependant, certaines difficults se posent elles lors de la prise de dcisions :

    Accs limit linformation Ressources disposition rduites Systme de Communication et structures internes dficients

    Nanmoins, malgr ces difficults et lapparente htrognit des organisations paysannes, elles sont parvenues porter le concept de souverainet alimentaire sur la scne internationale et formuler des propositions communes afin de renforcer lapplication du concept. Par ailleurs, un travail a t entrepris par ces organisations pour favoriser la reconnaissance des droits des paysans et des paysannes.

    En quoi le mode de production agricole actuel est-il nocif pour lenvironnement ?

    Le mode de production agro-industriel provoque des dommages environnementaux et cela principalement car il ne prend pas en compte les cosystmes. Cela implique :

    Une perte de la fertilit naturelle des sols et de leur structure La pollution des sols et des eaux par les intrants chimiques La destruction de la biodiversit

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  • 25

    La surconsommation deau Une grande consommation dnergie et lmission de gaz effet de serre

    Par ailleurs, les chanes de production alimentaire - de la transformation jusquau transport, en passant par la conservation des aliments - deviennent de plus en plus gourmandes en nergie car elles tendent tre allonges. En outre, le suremballage est un problme supplmentaire, car il favorise une augmentation des dchets polluants et non renouvelables.

    Quelles alternatives plus respectueuses de lenvironnement prfres ce mode de production ?

    Lagrocologie semble tre une alternative cohrente lagro-industrie et reste un moyen privilgi pour atteindre la souverainet alimentaire car :

    Elle se base sur le maintien de la fertilit naturelle des sols

    Elle promeut une agriculture qui imite le fonctionnement naturel des cosystmes

    Elle privilgie la biodiversit

    Elle favorise le recours des intrants locaux notamment issus du recyclage des sous-produits

    de la ferme

    Elle utilise des pratiques permettant de limiter les modifications de la structure naturelle du sol

    Elle prne une consommation deau raisonne

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  • 26

    Nous sommes Paolo et Carolina et nous sommes la tte dune petite

    exploitation agricole familiale dans les Andes. La concurrence est dure et tous

    les jours nous travaillons pour recevoir des revenus drisoires. Nos marchs

    locaux sont dlaisss par nos tats et les richesses restent concentres dans

    les mains des lites conomiques locales. En tant que petits producteurs,

    nous sommes, au niveau international, en concurrence avec les grandes agro-

    industries amricaines, brsiliennes, europennes et de partout ailleurs. On nous

    conseille de nous spcialiser dans la production dune seule denre alimentaire

    afin dtre plus comptitifs. Mais cela ne nous a rendus que plus dpendants et

    vulnrables la volatilit des prix des denres alimentaires. Sur cette plante,

    nous sommes prs de 870 millions de personnes qui souffrent de la faim. Et nous,

    petits exploitants et ouvriers agricoles, reprsentons 70% de cette population.

    Et pourtant, lagriculture familiale nourrit 70% de la population mondiale.

    CANEVAS PDAGOGIQUE

    JE SUIS UNE EXPLOITATION FAMILIALEDANS LES ANDES ,,,,

    En vous aidant de vos connaissances et aprs avoir lu le texte, veuillez rpondre aux deux questions suivantes :

    1. Quels sont les avantages et les inconvnients dtre une petite exploitation familiale ? 2. En quoi ce type dexploitation soutient ou est, au contraire, un obstacle la souverainet alimentaire ?

    FICHE 1

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  • 27

    Je suis Pascal Lamy directeur de lOMC. Lorganisation la tte de laquelle je suis

    a t cre en 1994 lors de laccord de Marrakech. Grce mon organisation,

    les changes commerciaux internationaux ont t multiplis par 22 depuis ma

    cration. Ses deux fonctions principales sont de veiller la promotion de la

    libralisation du commerce dans le monde et darbitrer les conflits commerciaux

    entre les diffrents tats. travers le Cycle dUruguay en 1986 mon organisation

    sest finalement intresse au secteur agricole afin dapporter un minimum

    de rgles dans les changes et les politiques de soutien de chaque tat. Mais

    mon organisation a introduit des rgles diffrentes pour les pays en voie de

    dveloppement. En effet, les accords qui concernent lagriculture leur assurent

    un traitement spcial et diffrenci qui leur confre des avantages spciaux et

    des exceptions certaines rgles, ainsi que des clauses daide. Malgr cela, mon

    organisation reste trs critique et on reproche ses accords de ne pas profiter aux

    pays en voie de dveloppement voire mme de leur tre nfastes. Les principales

    raisons de ces critiques sont que les exportations agricoles des pays du Sud ne

    semblent pas avoir volu. Les accords auraient davantage bnfici aux pays

    industrialiss. Par ailleurs, linstabilit des marchs internationaux nayant pas t

    corrige par la mise en uvre de lAccord, la forte hausse des prix a surtout eu des

    rpercussions sur la facture alimentaire des populations pauvres des pays du Sud.

    JE SUIS LOMC ,,,,

    En vous aidant de vos connaissances et aprs avoir lu le texte, veuillez rpondre aux deux questions suivantes :

    1. Quels sont les avantages et les inconvnients des accords de lOMC dans le domaine de lagriculture ? 2. En quoi les accords de lOMC soutiennent ou sont, au contraire, un obstacle la souverainet alimentaire ?

    FICHE 2

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  • 28

    Je suis Adam, un producteur de caf au Kenya. Je vends mes grains de caf pour

    lexportation en change de quoi, je suis assur de recevoir une rmunration

    dcente, un prix minimal assur. Je suis un producteur de caf quitable. Le

    commerce quitable possde de nombreux atouts et impacte positivement la vie

    de nombreux producteurs comme moi. Il favorise galement la mise en place dune

    production agricole soucieuse des ressources naturelles et le respect du travail qui

    doit se faire dans de bonnes conditions. Ainsi, le commerce quitable promeut trois

    dimensions essentielles pour notre survie nous, les petits producteurs locaux :

    lconomie, le social et lcologie. Cependant, le commerce quitable reste tout de

    mme critiqu sur certains points, notamment parce quil encourage lexportation

    de nos produits agricoles ou encore parce que les critres qui doivent tre respects

    pour devenir acteur du commerce quitable ne peuvent pas tous tre vrifis et

    ne sadaptent pas ncessairement lensemble de situations de vie de nos pays.

    JE SUIS LE COMMERCE QUITABLE,,,,

    En vous aidant de vos connaissances et aprs avoir lu le texte, veuillez rpondre aux deux questions suivantes :

    1. Quels sont les avantages et les inconvnients du commerce quitable ? 2. En quoi le commerce quitable soutient ou est, au contraire, un obstacle la souverainet alimentaire ?

    FICHE 3

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  • 29

    Je suis Pierre, un agriculteur qui se soucie de produire des aliments respectueux de

    lenvironnement et de la sant humaine. Les denres que je produis sont certifies

    BIO car je nutilise ni OGM, ni engrais chimiques. Mes vaches et mes poules sont

    leves en plein air et sont nourries daliments essentiellement biologiques.

    Jutilise galement la pratique de rotation des cultures pour une utilisation plus

    durable des ressources du sol. Ainsi, mon mode de production promeut le respect

    de lenvironnement, le bien-tre de lanimal et la confiance des consommateurs.

    Nous, les producteurs bio, sommes de plus en plus connus et reconnus dans notre

    socit. Cest pourquoi les tudes estiment que le march des produits issus de

    lagriculture biologique crot de 10 15% par an. Bien que la consommation de

    produits bio volue significativement, notre mode de production reste tout de

    mme sujet questionnement et critiques. Ce quon lui reproche surtout, cest de

    ne pas prendre en compte les questions dimportations et dexportations de nos

    produits. Ainsi en Belgique, il est possible dacheter du bio dEspagne ou de

    plus loin encore, ce qui contredit le principe de prservation de lenvironnement.

    JE SUIS UN EXPLOITANT BIO EN BELGIQUE,,,,

    En vous aidant de vos connaissances et aprs avoir lu le texte, veuillez rpondre aux deux questions suivantes :

    1. Quels sont les avantages et les inconvnients de lagriculture biologique ? 2. En quoi lagriculture biologique soutient ou est, au contraire, un obstacle la souverainet alimentaire ?

    FICHE 4

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  • 30

    Je suis Nicole, productrice du fromage de Herve. Parce que mon fromage a t

    produit, transform et labor dans une zone gographique dlimite et avec un

    savoir-faire reconnu et constat, il a reu le label de produit dappellation dorigine

    gographique. Le principe de ce genre dappellation est de mettre en avant et de

    protger la typicit du terroir dorigine du produit vis (origine des ingrdients

    et / ou du mode de production). Cela permet notamment de limiter linvasion

    du march par des imitations qui utiliseraient la notorit de nos produits pour

    pntrer sur les marchs. Nous, partisans de ces labels, y voyons une manire de

    promouvoir lagriculture familiale, de respecter lenvironnement et de rpondre

    mieux aux attentes des consommateurs. Malgr cela, certains dtracteurs pensent

    que les appellations dorigine sont une forme dtourne de protectionnisme.

    JE SUIS LAPPELLATION DORIGINE GOGRAPHIQUE ,,,,

    En vous aidant de vos connaissances et aprs avoir lu le texte, veuillez rpondre aux deux questions suivantes :

    1. Quels sont les avantages et les inconvnients des appellations dorigine gographique ? 2. En quoi les appellations dorigine gographique soutiennent ou sont, au contraire, un obstacle la souverainet alimentaire ?

    FICHE 5

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  • 31

    Je suis Linda, consommatrice responsable. Je choisis les produits que jachte

    en fonction de la saison et de leur origine. Je prfre aller acheter mes aliments

    directement la ferme. Ainsi, je privilgie les aliments produits localement car cela

    me permet davoir une meilleure connaissance quant lorigine et la qualit des

    aliments que jachte. Je me sens donc plus proche de mon producteur. Mon mode

    de consommation rpond une logique de disponibilit et daccessibilit des

    aliments. Cela comporte aussi des avantages environnementaux et conomiques

    puisque les tapes de stockage et de transport sont fortement rduites.

    En prfrant ce mode de consommation, jencourage la commercialisation

    en circuits courts ce qui assure un revenu plus digne pour les producteurs.

    JE SUIS UNE CONSOMMATRICE RESPONSABLE,,,,

    En vous aidant de vos connaissances et aprs avoir lu le texte, veuillez rpondre aux deux questions suivantes :

    1. Quels sont les avantages et les inconvnients dtre un consommateur responsable ? 2. En quoi tre consommateur responsable soutient ou est, au contraire, un obstacle la souverainet alimentaire ?

    FICHE 6

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  • 32

    Je suis Herv et avec dautres consomacteurs de mon village, nous nous sommes

    rassembls pour acheter nos produits de manire organise. Nous sommes

    de plus en plus nombreux dans diffrents pays choisir cette alternative

    un systme de production et de distribution bas sur le profit. Ainsi, chaque

    semaine nous nous retrouvons un mme endroit pour recevoir nos paniers

    de lgumes. Notre mode de consommation participe activement au maintien

    dune agriculture lchelle humaine et plus durable. Par ailleurs, les liens

    entre les diffrents producteurs et consommateurs sont resserrs et lachat

    de nos aliments se fait dans le respect du travail des agriculteurs. Bien au-

    del de cela, les groupements dachat en commun (GAC) renforcent les liens

    sociaux en favorisant les changes et le partage avec les habitants de la rgion.

    JE SUIS UN GROUPEMENT DACHAT EN COMMUN ,,,,

    En vous aidant de vos connaissances et aprs avoir lu le texte, veuillez rpondre aux deux questions suivantes :

    1. Quels sont les avantages et les inconvnients dtre un groupement dachat en commun ? 2. En quoi tre un groupement dachat en commun soutient ou est, au contraire, un obstacle la souverainet alimentaire ?

    FICHE 7

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  • 33

    Je suis Gilles, consommateur de viande. On me dit que la production de viande

    a t multiplie par quatre ces dernires annes, et que cela est mauvais pour

    lenvironnement. On ma galement racont que la production de viande

    demande toujours plus de surface, de nourriture pour les btes, deau et

    produit une grande quantit de gaz effet de serre. Faut-il que je devienne

    vgtarien pour autant ? Je ne pourrais pas arrter tout fait de consommer de

    la viande, car celle-ci mapporte dimportants nutriments tels que les protines

    et des acides amins, ainsi que du fer. Mais depuis peu, jai dcid de rduire

    ma consommation de viande une quantit plus raisonnable, afin de ne pas

    contribuer sa production abusive qui ne fait quaugmenter au niveau mondial.

    JE SUIS UN CONSOMMATEUR DE VIANDE,,,,

    En vous aidant de vos connaissances et aprs avoir lu le texte, veuillez rpondre aux deux questions suivantes :

    1. Quels sont les avantages et les inconvnients dtre un consommateur de viande ? 2. En quoi tre un consommateur de viande soutient ou est, au contraire, un obstacle la souverainet alimentaire ?

    FICHE 8

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  • 34

    Je suis Juan et comme un million dautres agriculteurs jai d quitter ma

    ferme cette anne. Les modes de production actuels encouragent la

    concentration des terres et la formation de grandes exploitations contre

    lesquelles nous ne sommes pas assez forts pour nous battre. Par ailleurs,

    les rformes dans les secteurs industriels et agricoles ont galement

    contribu notre dplacement en impactant nos modes de production.

    Je suis parti en ville, laissant ma femme et mes enfants, dans lespoir de trouver

    du travail. Aujourdhui je vis dans un bidonville, avec beaucoup dautres paysans

    victimes de lexode rural (paysans sans terre). Notre arrive en ville en qute dune

    source fixe de revenus a fait augmenter la demande demploi et baisser les salaires.

    Ainsi, il est difficile pour nous de trouver du travail et lorsque nous en avons un,

    nous ne sommes pas suffisamment rmunrs pour faire vivre toute notre famille.

    JE SUIS UN PAYSAN MIGRANT,,,,

    En vous aidant de vos connaissances et aprs avoir lu le texte, veuillez rpondre aux deux questions suivantes :

    1. Quels sont les avantages et les inconvnients du remembrement des terres et de la migration paysanne ? 2. En quoi la migration des paysans soutient ou est, au contraire, un obstacle la souverainet alimentaire ?

    FICHE 9

    chapitre 3 fini.indd 17 16-10-14 12:05:31

  • 35

    Je suis Mariam, productrice de Sorgho (une crale) au Sngal. Comme la

    plupart des femmes en Afrique, je suis responsable de la scurit alimentaire

    de ma famille et de ma communaut. Ainsi, je suis responsable de la production

    de 60 80% de la nourriture consomme par les mnages, japprovisionne

    ma communaut 90% en eau et je participe prs de 60% des rcoltes et

    de la commercialisation. Malgr ma participation centrale et active dans

    lagriculture, les conditions sociales et juridiques me sont souvent dfavorables.

    En effet, mon accs aux diffrentes ressources ncessaires la production

    agricole est souvent limit. Lun des plus grands obstacles auquel je dois

    faire face est laccs la terre. Le 2me obstacle est laccs au crdit, car je

    nai rien dintressant offrir comme garantie aux banques. Parfois, je nai

    pas non plus accs une quantit ou une qualit de nourriture gale celle

    des hommes. De plus, je suis fortement concurrence par la libralisation

    des marchs car je suis active dans la culture de denres vivrires. ct de

    lagriculture, jassume ce quon appelle une double journe, car je suis galement

    responsable de toutes les tches reproductives au sein de mon mnage. Je

    moccupe des enfants et des tches mnagres. Ma participation est centrale

    dans la socit mais elle nest souvent pas suffisamment prise en compte.

    JE SUIS UNE AGRICULTRICE SNGALAISE,,,,

    En vous aidant de vos connaissances et aprs avoir lu le texte, veuillez rpondre aux deux questions suivantes :

    1. Quels sont les avantages et les inconvnients dtre une agricultrice du Sud ? 2. En quoi tre une agricultrice du Sud soutient ou est, au contraire, un obstacle la souverainet alimentaire ?

    FICHE 10

    chapitre 3 fini.indd 18 16-10-14 12:05:31

  • 36

    Je suis Joao et je suis la tte dune agro-industrie au Brsil. Je prconise une

    production intensive et spcialise. Pour que ma production soit toujours

    efficace, jutilise des engrais, des pesticides et des rgulateurs de croissance. Mon

    objectif est de maximiser la production en fonction des facteurs de production.

    Ainsi, mon exploitation est tendue sur de grandes surfaces et je mobilise des

    technologies modernes telles que le machinisme agricole, la slection gntique,

    lirrigation ou encore le drainage des sols. Ma plantation est compose dune

    seule varit de mas, que je peux cultiver plusieurs annes (monoculture).

    Cependant, je suis beaucoup critiqu et lon me dit que mon mode de production

    est nfaste lenvironnement. On me dit que je participe lrosion des sols

    et la perte de la fertilit naturelle. Il parat aussi que je pollue les sols, que

    je participe la perte de la biodiversit, que je contribue la dforestation

    et que je pratique une consommation abusive de leau. Mais la productivit

    de ma ferme est trs leve et je vends mes produits un prix trs bas.

    JE SUIS UNE AGRO-INDUSTRIE AU BRSIL,,,,

    En vous aidant de vos connaissances et aprs avoir lu le texte, veuillez rpondre aux deux questions suivantes :

    1. Quels sont les avantages et les inconvnients dtre une agro-industrie ? 2. En quoi tre une agroindustrie soutient ou est, au contraire, un obstacle la souverainet alimentaire ?

    FICHE 11

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  • 37

    Nous sommes la coalition paysanne de Madagascar. Depuis 2013 et avec 164

    autres organisations paysannes, nous faisons partie de la Via Campesina, un

    mouvement international qui soutient le droit des paysans. Depuis 20 ans nous

    sommes de plus en plus dorganisations paysannes natre dans le monde.

    Grce nous, nos producteurs peuvent participer au processus de dcision des

    politiques agricoles. En effet, en notre sein, nos paysans peuvent faire entendre

    leur voix et donner leur avis sur des dcisions qui impacteront directement sur

    leur vie. Mme si nous sommes toutes trs diffrentes les unes des autres, nous

    arrivons souvent nous mettre daccord sur des positions prendre au niveau

    international. Cependant, notre accs linformation reste limit, nos ressources

    rduites et notre systme de communication interne est encore difficile.

    JE SUIS UNE ORGANISATION PAYSANNE,,,,

    En vous aidant de vos connaissances et aprs avoir lu le texte, veuillez rpondre aux deux questions suivantes :

    1. Quels sont les avantages et les inconvnients dune organisation paysanne ? 2. En quoi tre une organisation paysanne soutient ou est, au contraire, un obstacle la souverainet alimentaire ?

    FICHE 12

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  • 38

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  • 39

    PARTIE 1 : DETTE ET DPENDANCES

    tat des lieux de la situation

    La dette est aujourdhui un obstacle au dveloppement pour les pays les plus pauvres. Plus quun problme financier, cest un obstacle la souverainet des pays concerns. Trs faible au dbut des annes 1960, elle na cess daugmenter depuis. Or, le montant d en 1980 a t dj rembours 12 fois par les pays en voie de dveloppement (PED). La dette reprsente une ponction importante de leurs conomies et a des impacts considrables en matire de dpendances vis--vis des pays du Nord.

    En ralit, il existe plusieurs types de dettes :

    NGOCIATIONS

    DETTE

    PEDENJEUX

    OMCDPENDANCES

    Coloniale : Ce sont les dettes contractes par les anciennes mtropoles auprs de la Banque Mondiale et transfres lors des indpendances leurs anciennes colonies.

    Extrieure publique commerciale : Elle consiste en des prts financiers privs accords par les banques occidentales aux PED.

    Extrieure publique bilatrale : Cest--dire la dette quun pays contracte auprs dun autre tat. Par exemple travers les aides lies.

    Extrieure publique multilatrale : Cest--dire les prts accords des pays par les institutions financires internationales (IFI) reprsentant plusieurs pays. Ex : FMI ou Banque Mondiale.

    Et plusieurs types de cranciers : des IFI (Institutions Financires Internationales), tats, banques occidentales, fonds spculatifs.

    Quelle part reprsente la dette extrieure publique des PED aujourdhui ?

    En 2010, elle reprsente 1 647 milliards de dollars et ne cesse daugmenter. Depuis 1980, elle a t multiplie presque par 5.

    PAC NORD-SUDCRISES ALIMENTAIRES SPCULATION

    SOUVERAINET ALIMENTAIRECRISE DU LAIT

    MATIRES PREMIRES

    PRODUCTION AGRICOLE

    RSUM

    CHAPITRE 4AGRICULTURES EN CRISE, FACTEURS POLITIQUES

    chapitre 4 fini.indd 2 16-10-14 12:07:25

  • 40

    De quelles faons les prts sont-ils utiliss par les pays du Sud ?

    Les prts ont principalement servi les intrts dun petit nombre dentreprises et dtats occidentaux qui y ont trouv des dbouchs. Ils ont t utiliss dans beaucoup de cas :

    des fins personnelles par des reprsentants corrompus (dtournement de fonds)

    pour la consolidation de rgimes dictatoriaux en place

    pour lachat darmes ou de matriel militaire

    la mise en uvre de mgaprojets nergtiques ou dinfrastructures trs souvent

    inadapts ou construits afin dextraire les richesses naturelles des PED

    Pourquoi la crise de la dette apparat-elle dans les annes 80 ?

    Avant 1980

    Aprs 1980

    Les prts accords bnficient de faible taux dintrt. Les pays du Sud utilisaient ces prts dans une logique productiviste, afin dexporter plus et pouvaient ainsi rcuprer des devises pour rembourser et investir.

    Augmentation brutale des taux dintrt et baisse du prix des matires premires. Difficults pour les pays du Sud dexporter bon prix. Ils ne rcuprent plus suffisamment de devises leur permettant de rembourser les prts contracts. Certains pays ne peuvent plus rembourser

    Pourquoi la dette pose problme ?

    Elle est un obstacle au dveloppement. Les pays dbiteurs utilisent leurs ressources rembourser cette dette.

    Certains considrent quil sagit dune dette injuste .

    Certains prts ont t accords par les pays occidentaux en servant leurs intrts politiques et commerciaux (aide lie: je te prte de largent, condition que tu achtes mes produits ). Elle est qualifie d inquitable par certaines organisations qui mentionnent que les populations des pays concerns nont jamais profit des prts accords (dtournements). Il est injuste de les tenir responsables de laction de leurs gouvernements (compte tenu du faible niveau de dmocratie interne).

    cause des taux dintrt levs et des nouveaux prts contracts pour rembourser les anciens (effet boule de neige et cercle vicieux de la dette), la dette des PED est aujourdhui suprieure aux prts rellement reus. La dette est par consquent un important bnfice pour les cranciers.

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  • 41

    Les PAS comprennent gnralement les mesures suivantes :

    Une rduction du dficit budgtaire du gouvernement et des dpenses publiques (administration, sant, enseignement) ;

    Une rduction des barrires protectionnistes ;

    Une dvaluation de la monnaie ;

    La suppression des limitations au commerce international et aux investissements trangers;

    Le transfert de proprit de ressources nationales des firmes trangres,

    La privatisation de monopoles publics ;

    Llimination des subventions ;

    Ladoption dun cadre lgal favorisant le respect des droits de proprit prive.

    Quels sont les impacts des PAS sur les pays concerns ?

    Ils ont des effets sociaux considrables, fruits du dmantlement des structures conomiques locales et de laffaiblissement de ltat et se traduisent par une rduction des politiques sociales, sanitaires et

    ducatives.

    Quel est le lien avec la souverainet alimentaire ?

    La dette et les politiques conomiques des PAS vont lencontre de mise en place de politiques agricoles adaptes dans les PED. Cela affecte leur souverainet alimentaire. On observe notamment les effets ngatifs suivants :

    Rduction des cultures vivrires. Pour rpondre aux exigences des PAS et faire rentrer des devises, les PED vont mettre en place des cultures de rente, cest--dire voues lexportation (exemple : coton, caf, cacao, sucre). Ces produits vont tre ensuite transforms dans les pays occidentaux et parfois exports de nouveau dans les PED (ou ailleurs) un prix plus lev.

    Est-ce que les prts sont exempts de conditions ?

    Non. Depuis le dbut de la crise de la dette dans les annes 80, les prts accords par les IFI sont conditionns par des taux dintrt forts et des Plans dAjustement Structurel (PAS). Il sagit de rformes conomiques que les PED doivent engager dans leur pays pour pouvoir obtenir de nouveaux

    prts. On parle de recette ultralibrale car ces plans correspondent toujours au mme schma.

    Plus concrtement, en quoi consistent les PAS ?

    Ils ont pour objet lintgration des pays en dveloppement dans lconomie du march mondialis. Lendettement permet dobliger des pays engager des rformes librales dans leurs conomies, sous

    couvert de prts.

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  • 42

    Quelle est sa mission et comment fonctionne-t-elle ?

    LOMC possde deux fonctions principales :

    LOMC comme le GATT a t dvelopp travers plusieurs cycles de ngociations commerciales. Les dcisions peuvent tre prises soit au niveau des ministres, soit au niveau des ambassadeurs ou des dlgus.

    En quoi consistent les Accords de lOMC ?

    Les accords de lOMC constituent des rgles juridiques de base du commerce international. Ils sont au cur dun systme commercial multilatral. Ils noncent les principes de libralisation et les exceptions autorises.

    tat des lieux de la situation

    LOrganisation Mondiale du Commerce (OMC) a t cre lors de laccord de Marrakech le 15 avril 1994. Hritire du GATT (Accord gnral sur les tarifs douaniers et le commerce ou General Agreement on Tariffs and Trade), elle sest impose comme une organisation cl dans larchitecture conomique internationale. Elle est au cur des dbats, que ce soit dans les relations Nord-Sud ou au sein de la socit civile. Depuis la cration du GATT et de lOMC, entre 1950 et 2000, le total des changes dans le monde a t multipli par 22.

    Combien lOMC possde-t-elle de membres ?

    Lorganisation compte 159 tats membres, plus une trentaine de pays et sept organisations internationales avec le statut dobservateur.

    Veiller la libralisation du commerce des biens et des services lchelle mondiale.

    Arbitrer les conflits commerciaux entre diffrents tats rle juridique

    1 2

    La dette fonctionne comme un mcanisme auto-entretenu daggravation de la pauvret, elle place les pays du Sud dans une dpendance perptuelle lgard des pays du Nord.

    Abandon des subventions aux produits et services de premire ncessit (pain, riz, lait, sucre, combustible) mentionne dans la clause des PAS.

    Rduction des dpenses des services publics dappui au dveloppement agricole et rural (vulgarisation, recherche, fourniture dintrants, commercialisation)

    PARTIE 2 : OMC

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  • 43

    Pourquoi le secteur agricole na-t-il t introduit qu partir de 1986 ?

    Jusqualors, on considrait que ce secteur faisait tat dexception et pouvait bnficier de protections importantes et de politiques intrieures fortes.

    En 1986, lagriculture est intgre dans les ngociations du Cycle dUruguay (1986-1994). Ce changement fait suite des tensions entre plusieurs pays exportateurs agricoles concernant les subventions aux exportations. Il sagit dapporter un minimum de rgles dans les changes et les politiques de soutien de chaque tat. Cette inclusion de lagriculture est officialise par lAccord sur lagriculture le 1er juillet 1995.

    Sur quoi porte cet Accord ?

    Il vise limiter les recours des politiques agricoles qui freineraient les changes internationaux de produits agricoles.

    Il est construit autour de trois piliers, principaux domaines viss par les ngociations sur lagriculture :

    Laccs aux marchs

    il sagit de rduire toutes les mesures qui limitent laccs au march intrieur dun pays pour les autres pays.

    Les subventions lexportation

    il sagit de rduire les mesures visant soutenir les exportations dun pays qui faussent le jeu de la concurrence, en permettant de vendre un prix infrieur au prix intrieur du pays producteur.

    Le soutien interne

    lobjectif est de limiter les soutiens internes la production agricole qui faussent la concurrence.

    Existe-t-il des dispositions particulires en faveur des PED ?

    Oui. Dans le cadre de cet accord, lOMC prvoit en faveur des PED :

    un traitement spcial et diffrenci (TSD) - avantages spciaux et exceptions certaines rgles. Il entend prendre en considration la vulnrabilit et la spcificit de leur secteur agricole (part importante du PIB, source considrable de devise et demploi, apport en denres alimentaires de base).

    des clauses daides (alimentaire ou pour le dveloppement de lagriculture), en cas daugmentation des cours mondiaux et daugmentation des dpenses dimportation en produits alimentaires.

    Ils obligent dun ct les gouvernements maintenir leur politique commerciale lintrieur de limites convenues et dun autre garantir aux pays membres des droits commerciaux.

    Ils sont ngocis et signs par la majeure partie des puissances commerciales du monde et ratifis par leurs parlements.

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  • 44

    Accords sur lagriculture : quels rsultats pour les PED ?

    LAccord agricole ne profite pas aux PED.

    Les soutiens les plus accessibles aux PED (ceux qui ne sollicitent pas le budget de ltat) sont fortement rduits cause de cet accord qui impose des contraintes budgtaires importantes.

    Les exportations de produits agricoles des PED et PMA nont pas progress. Cet accord semble avoir profit davantage aux exportations agricoles des tats-Unis et de lUnion europenne. Leurs exportations vers les PMA se sont accrues. Il sagit dun bnfice sens unique.

    Y a-t-il eu un impact sur la facture alimentaire des PED ?

    Oui. Les conomies agricoles des PED sont plus vulnrables car elles sont dpendantes dimportations nettes de produits alimentaires. Or, linstabilit des marchs internationaux na pas t corrige par la mise en uvre de lAccord. La forte hausse des prix a eu des rpercussions sur la facture alimentaire des populations de ces pays. Les consommateurs des PED nont pas eu les moyens de sadapter une telle fluctuation de prix.

    Quels sont les enjeux des nouvelles ngociations ?

    Ces nouvelles ngociations intgres au sein du nouveau cycle de ngociations de Doha (depuis 2001), consacrent une grande part au secteur agricole. Elles en rappellent les trois piliers voqus prcdemment

    et se posent trois questions :

    Jusquo poursuivre la libralisation des changes et des politiques agricoles ?

    Comment prendre en compte les spcificits de chaque pays (dont les PED) ?

    Comment corriger les dsquilibres qui existent dans lAccord agricole de 1994 ?

    1.

    3.

    2.

    Existe-t-il un clivage Nord-Sud au sein des ngociations agricoles ?

    Oui et Non. Il existe un clivage Nord-Sud, mais de nature plus politique (au niveau des moyens allous lagriculture). Dans la ralit les clivages sont plus subtils que a. Chaque pays ou bloc peut tre class

    selon trois axes :

    Le degr de dveloppement

    Le recours ou non aux subventions internes

    Louverture douanire

    1.

    3.

    2.

    Le traitement spcial et diffrenci sest avr inefficace pour rpondre aux besoins des PED.

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  • 45

    Accrotre la productivit de lagriculture pour la rendre comptitive au niveau international ;

    Assurer des revenus quitables en amont (agriculteurs) et des prix raisonnables en aval (consommateurs) ;

    Stabiliser les marchs en luttant contre la volatilit des prix en vitant la surproduction ;

    Garantir un approvisionnement alimentaire sr et stable.

    Conclusion

    Il sagit plus dun clivage entre importateurs / exportateurs que Nord / Sud.

    Les PED ne forment pas un bloc. Des intrts divergents existent aussi au Sud.

    Les flux commerciaux existent aussi dans un axe Sud-Sud et tendent mme crotre davantage que les exportations Sud-Nord.

    Les pays du Sud protgent davantage leurs agricultures que les pays du Nord (protections tarifaires, politiques agricoles).

    PARTIE 3 : La PAC

    tat des lieux de la situation

    Figurant ds 1957 dans le trait de Rome, la Politique Agricole Commune (PAC) na t mise en place quen 1962 et reflte, cette poque, la ncessit daugmenter la production alimentaire en Europe. Trs rapidement, elle atteint lobjectif principal qui lui tait assign : garantir lautosuffisance alimentaire de la Communaut europenne.

    Les tats de lUE prsentent des intrts distincts concernant le secteur agricole. Ces divergences rendent les ngociations difficiles lors des rformes de cette politique. Llargissement de lUE en 2004 a accentu ces diffrences par le doublement de la surface agricole et la hausse de 70% du nombre dagriculteurs. Une nouvelle rforme de la PAC a t adopte en 2013, qui entrera en vigueur partir du 1er janvier 2014.

    Quelle est la part de lagriculture dans le budget de lUE ?

    Aujourdhui, ce secteur reprsente environ 39 % du budget. Les fonds de lUE allous lagriculture sont en baisse, puisquen 1985, ils atteignaient 70% du budget !

    Quels sont les objectifs de la PAC ?

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  • 46

    La prfrence communautaire : les denres agricoles produites en Europe sont privilgies.

    3

    Quels sont les mcanismes qui permettent son fonctionnement ?

    Quels sont les deux piliers de la PAC ?

    Soutien au dveloppement rural

    et renforcement de mesures

    agroenvironnementales

    2me pilier

    Ces deux piliers sont-ils indpendants lun de lautre ?

    Oui, car ils sont financs par des fonds distincts :

    Fonds Europen Agricole de Garantie (FEAGA) pour le 1er.

    Fonds Europen Agricole pour le Dveloppement Rural (FEADER) et un financement national (cofinancement) pour le 2me.

    Non, car il existe des liens financiers entre ces deux secteurs et des possibilits de transferts de financement du premier pilier (budget le plus important) vers le second.

    Aides la production et organisation des marchs

    aides directes

    mesures de marchs (OCM)

    1er pilier

    Une Organisation Commune des Marchs agricoles (OCM) qui a pour fonction dtablir des rgles et rglementations communes afin de garantir la stabilit des marchs sur les diffrents produits.

    Des aides directes aux agriculteurs (revenu minimal garanti)

    Des mesures de soutien au march pour certains secteurs ou en cas de crises conomiques( filet de scurit ) : subventions, quotas, aides

    Une politique de dveloppement rural : contribution au dynamisme socio-conomique des territoires ruraux (25% du budget de la PAC)

    Un march agricole unique :

    Harmonisation des normes techniques ;

    Suppression des barrires douanires entre tats membres.

    La solidarit financire : les ressources ne sont pas affectes en fonction des contributions.

    1 2Quels sont les trois grands principes qui rgissent cette politique ?

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  • 47

    Sagit-il dune PAC plus verte ?

    Au pralable, la rforme de la PAC avait pour ambition dtre plus verte. Dun ct une des mesures phares concerne lallocation de 30% du budget du second pilier vers des mesures agroenvironnementales. Mais dun autre ct, face aux divergences des diffrents tats et aprs ngociations, certaines mesures sont devenues facultatives et laisses lapprciation de chaque tat membre.

    Les orientations de la PAC sont-elles contradictoires ?

    La PAC a choisi de favoriser une agriculture intensive, industrielle travers de grandes exploitations et se veut dans le mme temps plus verte . Or, cette ligne dorientation productiviste a des impacts sociaux et environnementaux :

    Rduction du nombre dexploitations ;

    Ingalit de revenus des agriculteurs ;

    Difficult daccs aux moyens de production (foncier, ressources naturelles, outils) ;

    Sur lenvironnement et les ressources naturelles (asschement des nappes phratiques, inondations provoques par le ruissellement des eaux que plus rien ne retient, pollution par les nitrates, contamination des aliments ...) ;

    Sur les systmes de production.

    Accrotre la comptitivit de lagriculture europenne dans une logique productiviste. Laccent est particulirement port sur linnovation ;

    Garantir un cadre stable pour aider les agriculteurs faire face la volatilit des prix et leur assurer un revenu quitable ;

    Rendre la PAC plus efficace et simplifier les mcanismes de gestion des marchs ;

    Garantir un approvisionnement sr en produits alimentaires et prserver la diversit de la

    production ;

    Favoriser une gestion durable des ressources ;

    Dynamiser conomiquement les zones rurales en optimisant la contribution de lagriculture

    de lUE aux opportunits conomiques et demploi ;

    Mettre laccent sur les aides dans les rgions aux conditions difficiles ;

    Encourager les jeunes agriculteurs sinvestir dans le secteur agricole. Il sagit de rendre

    la profession plus attractive, avec davantage de perspectives long terme pour attirer de

    nouvelles gnrations vers les professions agricoles.

    Quelles sont les grandes orientations pour la PAC aprs 2013 ?

    La nouvelle rforme raffirme les objectifs initiaux de la PAC, notamment travers ses deux piliers. Elle entend mettre en place des instruments pour :

    chapitre 4 fini.indd 10 16-10-14 12:07:29

  • 48

    La mise en place dun modle de production intensif a permis :

    une hausse rapide de la production alimentaire

    mais a contribu la marginalisation du modle agricole paysan et contrecarre les efforts en faveur de lenvironnement.

    Quel est le lien entre la PAC et la souverainet alimentaire ?

    La russite de la politique agricole commune sest accompagne de consquences pour la souverainet alimentaire lintrieur et lextrieur des frontires de lUE :

    Une surproduction de certains produits, qui implique le recours des politiques de soutien lexportation et daides alimentaires afin de grer lcoulement des excdents.

    Labsence dinstruments de protection; lcoulement de cette surproduction a un impact important et non matris sur les autres producteurs dans le monde.

    Des problmes sociaux et environnementaux, qui conditionnent la durabilit de la

    production agricole.

    La promotion dune agriculture productiviste non durable.

    PARTIE 4 : CRISES ALIMENTAIRES

    tat des lieux de la situation

    La flambe des prix alimentaires de 2008 et 2012 a engendr une augmentation du nombre de personnes souffrant de malnutrition travers le monde. Ces crises alimentaires sont dautant plus interpellantes quelles touchent en premier lieu les paysans, savoir des personnes qui sont en lien direct avec la nourriture. La hausse des prix des denres de base affecte directement les populations du Sud qui sont devenues de plus en plus dpendantes des produits dimportation cause du dsinvestissement de leur tat dans le secteur agricole. Revenir sur les causes de ces crises, cest tenter de comprendre lengrenage dans lequel de nombreuses populations du Sud sont prises; avec des producteurs qui se dtournent de leur activit agricole car elle nest pas assez rmunratrice et deviennent ainsi des consommateurs nets de denres alimentaires. lchelle du pays, cela engendre une trs forte dpendance aux produits dimportation et donc une vulnrabilit par rapport aux fluctuations des prix de ces produits.

    On peut rpertorier quatre causes principales lorigine des crises alimentaires :

    1. un dsquilibre entre loffre et la demande;2. une hausse des cots de lnergie et un engouement pour les agrocarburants;3. des contraintes pesant sur la production agricole dans les PED (manque dinvestissement et de moyen pour le secteur agricole);4. la spculation sur les matires premires agricoles.

    chapitre 4 fini.indd 11 16-10-14 12:07:30

  • 49

    Pourquoi existe-t-il un dsquilibre entre loffre et la demande ?

    Il est induit par deux phnomnes convergents :

    Par rapport laugmentation des cots de lnergie.

    La hausse du prix du baril a des rpercussions sur le cot des intrants. En effet, lagriculture intensive est fortement dpendante dintrants fabriqus partir du ptrole. Cela induit une augmentation des cots de production agricole qui se reflte dans les prix des produits agricoles finaux.

    Au niveau de la consommation, augmentation de la demande pour certains produits alimentaires (viande et produits agroalimentaires manufacturs), due :

    la croissance dmographique mondiale ;

    lvolution des habitudes alimentaires (urbanisation mondiale, mergence de nouvelles classes moyennes dans les pays mergents).

    Concernant la baisse de loffre engendre par :

    la rduction des stocks alimentaires (aujourdhui un niveau trs bas) ;

    la faible productivit agricole dans les PED (urbanisation des zones agricoles, diminution des superficies cultivables disponibles, baisse des rendements, effets ngatifs du changement climatique et des scheresses);

    les dysfonctionnements des marchs.

    Comment les pnuries dnergie affectent-elles lalimentation dans les PED ?

    La perspective dune pnurie de ptrole a des rpercussions sur la production agricole sur deux points.

    Au niveau des agrocarburants.

    Certaines entreprises dagrobusiness ont peru la manne conomique que reprsentait la production de carburant partir de certaines denres alimentaires. Elles ont obtenu de certains tats quils subventionnent lindustrie des agrocarburants.

    Consquences :

    Production agricole destine la fabrication de carburants et non la production alimentaire

    Part croissante des terres destines la production dagrocombustibles

    Des produits agricoles essentiels pour lalimentation sont exclus du secteur alimentaire au profit de productions destines aux agrocarburants ;

    Baisse de loffre

    Hausse des prix ;

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  • 50

    1

    Pratiques commerciales contraires lesprit de concurrence.1

    Quelles sont les contraintes qui psent sur la production agricole dans les PED ?

    Le peu dintrt port au secteur agricole dans les PED (carence en matire dinvestissements et de soutien aux agriculteurs) affecte directement les agricultures de ces pays.

    Le soutien au secteur agricole suppose aussi de disposer de recettes publiques. Or, laide publique au dveloppement (APD) apporte aux PED pour lagriculture est en recul. Elle tait de 16 % en 1980 et de 3 % en 2006.

    Ces difficults sont-elles dordre national ou international ?

    Non. Il sagit galement dun problme au niveau international.

    Dans un monde globalis, les politiques agricoles des pays industrialiss ont des impacts sur les agricultures des PED. La mise en concurrence sur le march mondial de lagriculture locale des PED avec lagriculture subventionne des pays les plus riches engendre un dcalage sur le march mondial entre ces deux agricultures.

    Quelles sont les consquences de ce dcalage ?

    En une vingtaine dannes, des PED qui taient traditionnellement des exportateurs de produits alimentaires sont devenus des importateurs nets de produits alimentaires. Ce phnomne est le rsultat dune libralisation rapide de leurs agricultures, cause notamment par les plans dajustement structurel (PAS) imposs par les institutions internationales en change de prts. La politique du libre-change et douverture des marchs met en concurrence des produits agricoles issus de contextes de production trs diffrents. Plus encore, certains produits bnficient de subvention lexportation et sont ainsi moins chers sur des marchs extrieurs que les produits locaux de ces marchs. Cette pratique de concurrence dloyale est appele dumping .

    En quoi la spculation sur les matires premires agricoles est-elle problmatique ?

    Le phnomne spculatif nest pas nouveau dans le monde agricole. Les acteurs de la filire agricole spculent depuis toujours. Cependant depuis une dizaine dannes, de nouveaux acteurs sont apparus. Il sagit dacteurs financiers qui ne sont pas lis au secteur agroalimentaire et jouent pourtant sur les cours des matires premires (y compris agricoles) en vue den tirer profit. Ces acteurs financiers sont des banques, fonds de placement, caisses de retraite. Ces derniers ne voient dans la production agricole que de simples actifs financiers. Cela dstabilise les marchs et impacte directement le cours des matires premires agricoles.

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  • 51

    Quelles sont les consquences de ces crises ?

    Linstabilit des prix agricoles a des consquences sur les revenus des paysans. Ils sont touchs dune double faon :

    En tant que producteur quand les prix baissent.

    En tant que consommateur quand les prix montent.

    Laide alimentaire durgence en tant que moyen court terme, rpondant une demande prcise. Et ce, afin de ne pas porter prjudice la production intrieure et ne pas fausser les changes.

    Linstallation de stocks agricoles et alimentaires. Ils ont un rle majeur jouer pour stabiliser les prix des matires premires agricoles et lutter contre linscurit alimentaire internationale et la famine.

    Linstauration de droits de douane et de mesures pro