les dossiers de la lettre du solaire - cythelia
TRANSCRIPT
Les dossiers de
La Lettre du Solaire Janvier-Février 2013 / Vol 3 N°1-2
Publiés par CYTHELIA sas,
La Maison ZEN, 350 route de la Traverse, F-73 000 Montagnole
Tel+ 33(0)4 79 25 31 75 Fax+ 33(0)4 79 25 33 09
Editeur: Alain Ricaud, [email protected], Rédaction : Mamadou Kane ________________________________________________________________________________________________________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 1 / 28
Sommaire
Les tendances mondiales ............................. 2
Installations constatées 2007-11 et prévisions
2012-14 ........................................................... 2 Marchés émergents et surproduction…............... 3 …2011 année surprise, 2012 stable .................... 3
Hégémonie asiatique pour le PV ................... 4 Vers un contrôle chinois en 2015 ....................... 4
Raisons d’être pessimiste .............................. 4
Energies pour une société verte .................... 5
La parité réseau fatale au solaire ? ............... 6
Le renouvellement au secours du PV ............ 7
Léger rebond du prix du silicium ................. 8
Le CPV durablement non rentable ? ............ 8
Bilan thermique AIE 2011 ............................ 8
La réalité de la compétitivité solaire ............. 8
Réseaux solaires intelligents .......................... 9
Conflit Chine-USA en question ................... 11 La guerre sino-américaine continue ...................13 Condamnation officielle des taxes US ...............14 …Union sacrée des majors… ............................14 …Faible impact des taxes sur le coût .................15 Riposte chinoise… ............................................16 … et plainte européenne ...................................16 PV Chine-UE, guérilla et discussions ................17 Tensions persistantes Chine – USA ...................18
La production mondiale d'électricité
nucléaire en déclin .......................................18
Europe .........................................................18 La Commission Européenne s'interroge sur l'après 2020 .................................................................18 Transitions énergétiques en Europe ...................19 Marché des équipements dépressif ....................21
Problématique principale du PV .................21
Eolien chinois et petits projets PV au secours
de la croissance ............................................22
Vers « moins cher que le réseau » ? ............23
Guerre solaire : vers une hausse des modules
de basse qualité ? .........................................23
Quel avenir pour le CSP en 2013 ? .............24 Et qu’en dit le DOE ? ........................................24
Bilan 2012 du solaire ...................................25
Le solaire, un bon investissement ? .............26
Dix prédictions pour 2013 ...........................27
Les dossiers de
La Lettre du Solaire Janvier-Février 2013 / Vol 3 N°1-2
Publiés par CYTHELIA sas,
La Maison ZEN, 350 route de la Traverse, F-73 000 Montagnole
Tel+ 33(0)4 79 25 31 75 Fax+ 33(0)4 79 25 33 09
Editeur: Alain Ricaud, [email protected], Rédaction : Mamadou Kane ________________________________________________________________________________________________________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 2 / 28
Les tendances mondiales Installations constatées 2007-11 et
prévisions 2012-14
Table 1: Demande PV globale estimée à 30 GWc en
2012 et 50 GWc en 2014 (Source : Bundesnetzagentur. DECC.
GSE. SEIA. Japan Photovoltaic Energy Association. China National
Development and Reform Commission. Solar Business and the
Australian PV Association. Enerplan. Ontario Energy Board. Ofgem.
Hellenic Association of PV Companies. ERU. and Maxim Group
Estimates).
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 3 / 28
Marchés émergents et surproduction…
Dans un récent rapport, l’analyste de Maxim, Aaron
Chew, prédit des chiffres « surprenants à la hausse »
de 30 GWc d’installations solaires PV en 2012, un prix
probable pour les modules solaires < 1 $/Wc, avec une
certaine élasticité sur les marchés subventionnés clés,
une parité réseau sur certains marchés et l’émergence
de nouveaux pôles en Asie, Afrique et Amérique
Latine. Il convient de noter que ses prévisions pour
2011, 20 à 23 GWc, restent inférieures aux 26 GWc
d’IMS Research (cf. article ci-dessous), ce qui signifie une plus forte croissance. On donne dans la suite les
tendances fortes.
L’Allemagne perd du terrain. La réduction des
subventions en Allemagne (26%) et Italie (50% ou
plus) en 2011 a été compensée par la chute des prix des
modules de 40% à 50%, ce qui a permis aux projets de conserver tout leur intérêt. A 1 $/Wc, les projets
allemands peuvent afficher des TRI de 7% pour un
tarif moyen de 12 c€/kWh (15 c$), sans subvention.
Toutefois, les perspectives de révision du mécanisme
de subventions pourraient provoquer un appel d’air
important de la demande durant le premier semestre
2012 ; ajouté à la menace de réduction du feed-in tarif
(FiT) de 40 à 50% et un plafond de 3 kWc qui pourrait
être réduit en juillet, les installations en Allemagne
pourraient chuter de 33% à 5 GWc en 2012.
La Chine continue sa poussée. Ce sera le nouveau
leader du marché en 2012 devant l’Allemagne, prédit
l’analyste, avec 5.5 GWc installé grâce à la mise en
place du nouveau FiT, des coûts de composants BOS
bas et une maturité des marchés financiers.
Les autres régions sont en repli. L’Italie est encore à
2.5 GWc (pour une prévision de dépense de 6 milliards
€ par an) du point à partir à partir duquel il pourrait
mettre un terme à son programme FiT. L’analyste
prédit une demande en baisse de 3 GWc par rapport à
l’an passé. Il prévoit aussi « de sévères réductions des
subventions » au Royaume-Uni et en Australie, qui
vont réduire la demande d’1 GW.
De nouveaux marchés émergent. Un des thèmes
majeurs de cette année va être l’émergence de
nouveaux marchés. Aaron Chew prévoit des
contributions de l’Inde et du Japon (5 GW), de la
Thaïlande et de la Malaisie avec la mise en place de
FiT (2.5 GW), en Amérique Latine du Pérou, Chili, Argentine, Caraïbes (quelques centaines de MW
chacun) ; l’Afrique fait son entrée avec le Maroc et
l’Afrique du Sud.
Le marché des Etats-Unis reste indécis. Les États-
Unis pourrait ajouter 2.5 GW à ce bilan, soit une
croissance de 35%. Cependant l’analyste pense que les facteurs de risque sont plus importants que les aspects
favorables pour trois raisons : la transformation des
subventions directes en crédit d’impôt, le différend
commercial avec la Chine qui devrait se terminer par
une taxe et des prix d’achat bas une fois que les
distributeurs ont repli les exigences de seuil.
Le blues des fabricants continue. Même avec une
demande à la hausse en 2012. Chew prévoit un
excédent de près de 40 GW pour les cellules et les wafers. Et à 1 $/W, il n’y aura pratiquement aucune
rentabilité pour les fabricants.
Source James Montgomery, ElectroQ. 17/01/2012
…2011 année surprise, 2012 stable
Si les prévisions d’IMS Research sont justes, les
capacités PV installées en 2011 ont atteint « un chiffre
incroyable de 26 GW », avec plus de 10 GW pour le
seul 4ème trimestre, plus que pour toute l’année 2009.
L’analyste table sur 26 à 28 GW en 2012. Qu’est-ce
qui a tiré vers le haut les installations en 2011 ?
D’abord le programme allemand, dont les 7.5 GW installés ont dépassé toutes les prévisions. L’Italie, le
Royaume-Uni et la Chine également ont vu leurs
installations dépasser légèrement les prévisions. Les
800 MW du Royaume-Uni, en particulier, sont le triple
de la quantité prévue par la plupart des analystes. Un
autre facteur, fut la douceur du climat en Europe, ce
qui fait ironiser Ash Sharma, analyste senior chez IMS
Research, « peut-être aurions-nous désormais besoin
d’analyser autant la météo que les décisions
politiques ». En réalité, les fournisseurs de modules et
d’onduleurs « n’ont pas vu venir le rallye de fin
d’année », selon Sharma. Ils avaient déjà anticipé la liquidation des stocks et comme « la plupart des
activités se sont passées en dehors de la chaîne
traditionnelle d’approvisionnement », la ruée de la fin
de l’année n’a pratiquement pas eu d’effets sur leurs
commandes. Sharma souligne la schizophrénie de
l’industrie PV qui, avec une multitude de critères
d’évaluation des capacités finales, brouille le message
(installations, réservations, connexions, expéditions,
etc.), sans parler des rapports « contradictoires et
confus » sur certains grands marchés ; par exemple en
Italie, GSE avance deux chiffres 2.3 et 5.8 GW pour 2010, alors que l’analyste l’évalue plutôt à 4.4 GW.
Pour 2012, il prédit « une probable année plate » avec
26 GW d’installations nouvelles mais avec une
incertitude aussi bien à la hausse (29 GW) qu’à la
baisse. Cela dépendra largement de l’action publique
en Allemagne et en Italie, les deux plus grands marchés de 2011 (7.5 GW en Allemagne, dont 3 GW
en décembre). Ces pays devront faire face à une
demande de capacité beaucoup plus élevée que celle
prévue au budget et à la réponse encore indécise des
fournisseurs et de la Chine.
Source James Montgomery, ElectroQ, 17/01/2012
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 4 / 28
Hégémonie asiatique pour le PV
Table 2 : Top 10 fabricants au 3ème trimestre. Lux Research
L’Europe va rester un marché essentiel pour le PV (au
moins pour le moment) mais du point de vue des
fabricants, les sociétés asiatiques ont commencé une
domination qui risque de durer. Les dix premiers
fabricants de cellules, qui au 3ème trimestre de 2011 ont totalisé collectivement 44% de la production, ont une
forte coloration asiatique selon les chiffres annoncés
par Lux Research. First Solar reste en tête du peloton,
mais tout juste derrière arrive la trinité chinoise
Suntech, Yingli, et Trina (qui étaient en tête au 2ème
trimestre de 2011, selon IMS Research). Les autres
fournisseurs asiatiques de la liste sont les sociétés
taiwanaises Motech et Neo Solar, et en dépit de son
nom. Canadian Solar, qui a la plupart de ses opérations
et de sa production en Chine et donc affiche des coûts
et des tarifs typiques de ses pairs régionaux. Tant les producteurs de polysilicium que les producteurs de
modules tournent leur regard vers l’Asie à la recherche
des fabricants du haut de la liste qui éventuellement
vont dépasser 50% de la production globale malgré les
différends commerciaux et les possibles taxes à venir,
note l’analyste de Lux Research, Fatima Toor. La
Chine mène la danse, non seulement dans la fabrication
solaire, mais également maintenant comme probable
futur marché final leader. L’Allemagne, encore solide
premier marché, devrait voir sa capacité installée
réduite d’un tiers en 2012 (à 5.3 GW), laissant la
possibilité à la Chine de la dépasser en triplant presque ses nouvelles capacités à 5.5 GW. Ici se pose une autre
question : à quoi sert-il d’être leader dans la production
de cellules quand le marché connaît une surcapacité
aiguë ? Jusqu’à ce que le fossé soit comblé (il pourrait
atteindre 20 GW), les fournisseurs, en particulier ceux
de l’amont, continueront à subir la pression d’un
marché tendu. Les fabricants vendent leurs modules à
un prix record – et insoutenable – inférieur à 1 $/W
pour liquider les stocks, créant un marché concurrentiel
« coupe-gorge », note Lux.
Source PV World, le 20/01/2012
Vers un contrôle chinois en 2015 Le département national de l’énergie (NEA) envisage
de lancer la première phase de ses projets solaires de
2011-2015, avec une capacité globale de 3 GW en
2012, une approche similaire à celle adoptée pour
l’éolien avec une programmation centralisée. Selon le
China Securities Journal, la Chine a décidé de
contrôler au plus près le développement des projets
solaires, tirant les leçons du développement de l’éolien
pour éviter les doublons et faire face aux problèmes de
connexion au réseau. La stratégie chinoise de
développement des énergies renouvelables pour 2011-
2015 prévoit de porter la capacité d’énergie solaire
installée à 15 GW en 2015, pour une production prévue
de 19 500 GWh. Avec 14 GW de capacité de solaire
PV installée, la production solaire constituerait environ 1.92% de l’énergie consommée en 2015, près de 2
points de plus qu’en 2011. La capacité installée a
atteint 3 GW en 2011, un niveau relativement faible
comparé à d’autres sources renouvelables, mais qui
pose déjà beaucoup de problèmes de connexions et par
conséquent pour la rentabilité des projets. Les
observateurs ont noté que l’électricité générée par
l’énergie solaire est moins sûre et stable même que
l’énergie éolienne, ce qui pose un casse-tête pour son
injection dans le réseau. Entretemps, la plupart des
centrales solaires ont été construites dans des régions éloignées du réseau, posant de sérieux problèmes de
transmission pour leur production. Dans une
consultation destinée à résoudre les problèmes de
connexion au réseau, les experts de l’industrie
suggèrent que plus d’efforts et de moyens soient
consacrés au développement et à l’utilisation de
puissance distribuée, au contraire de ce qui s’est passé
pour l’éolien avec des capacités centralisées utilisées
en base. Le développement plus large de projets
solaires distribués comme les centrales sur bâtiments
pourrait être une bonne solution pour les problèmes de connexion au réseau posés par l’intégration massive
d’énergies renouvelables, selon Wang Jun, du NEA. Source Xinhua News Agency, le 17/01/2012
Raisons d’être pessimiste
L’année 2012 a commencé avec plusieurs rapports
plutôt déplaisants pour le PV. La discussion sur un
plafond de capacité en Allemagne, marché encore
majeur, ou la suspension provisoire des subventions en
Espagne, ne sont que deux des défis posés à l’industrie
solaire mondiale. En Allemagne, les ministres chargés
de l’Environnement et de l’Economie débattent sur l’avenir des subventions pour le PV. Depuis que
l’agence allemande du réseau fédéral a publié les
premiers résultats des installations de 2011, les
discussions politiques sont reparties de plus belle. En
particulier, le ministre de l’Economie, Philipp Rössler,
qui avait relancé le débat en suggérant un plafond
annuel de 1 GW, propose maintenant 3.5 GW. Ce
plafond pourrait être atteint par une réduction de 21%
du FiT. Le ministre de l’Environnement, Norbert
Röttgen suggère lui une réduction de 24%, à travers de
petites réductions successives étalées sur l’année ; deux propositions assez proches. La réunion entre les deux
ministères tenue en fin janvier n’a toutefois pas permis
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 5 / 28
d’aboutir à un accord et les discussions se poursuivent.
Le cabinet EuPD Research a publié récemment un
article sur l’impact des données préliminaires de
l’agence fédérale du réseau.
L’Italie prévoit une réduction rétroactive des subventions pour l’agriculture. Actuellement, les
centrales solaires PV implantées sur des terrains
agricoles reçoivent un FiT jusqu’à la fin du mois de
mars, sous réserve d’être connectées au réseau d’ici là.
Mais le nouveau décret envisage de réduire les
subventions pour les zones agricoles, y compris
rétroactivement. Bien que non encore approuvée, la
nouvelle loi conduit à des incertitudes supplémentaires
pour le PV italien. Ce n’est que récemment que
l’agence italienne de l’énergie GSE (Gestore dei
Servizi Energetici) a annoncé que les subventions ne seront pas disponibles pour les centrales solaires PV en
toiture d’une capacité de plus de 1 MW ainsi que pour
les centrales au sol, non construites sur des bâtiments
publics à partir de la mi 2012. Cela est dû à un
dépassement du budget prévu pour 2011. Les experts
du cabinet prédisent que cette situation conduira à
d’importants changements dans tous les segments de
marché et renforcera la position des installateurs actifs
localement. Les derniers chiffres concernant les zones
agricoles confirment cette tendance ainsi que
l’importance des installateurs, déjà en début d’année.
Aux Etats-Unis, la fin du programme de subventions va avoir des effets directs sur le marché. Le Congrès a
décidé de ne pas prolonger le Programme Trésor 1603
qui avait été créé en 2009 dans le cadre du American
Recovery and Reinvestment Act. Selon le département
d’état du Trésor (DoT), entre septembre 2009 et la fin 2011, un financement 1 428 millions US$ a afflué pour
les projets d’électricité solaire. La fin du programme a
eu deux effets négatifs. D’une part, elle réduit très
fortement l’attrait pour les investissements solaires.
Comme les systèmes de plus de 50 kW ont été les
principaux bénéficiaires du programme, le nombre de
grandes centrales va notablement diminuer. D’autre
part, en raison du développement du marché mondial
de l’offre et de la demande d’équipements solaires, la
compétition entre fabricants se resserre en 2012. Le
ralentissement attendu en 2012en Allemagne et Italie,
d’importants marchés pour les fabricants américains, aura une incidence sur la demande de produits solaires
PV en provenance des Etats-Unis.
En Espagne, les subventions pour les énergies
renouvelables ont été temporairement suspendues par
un décret royal du nouveau gouvernement de Mariano
Rajoy depuis le 28 janvier 2012. La durée de cette suspension n’est pas encore connue. En sont toutefois
exclues les centrales dûment enregistrées qui peuvent
encore être construites. Mais les centrales déjà en
attente et qui ont déposé une caution de sécurité vont
pouvoir la récupérer. Ces mesures sont le résultat direct
de la crise économique et financière actuelle et des
efforts du nouveau gouvernement espagnol pour
consolider le budget public, y compris le réexamen des
investissements dans les énergies renouvelables.
La France a réduit le FiT. Comme annoncé par la
Commission de régulation de l’énergie, la CRE, les tarifs FiT du solaire PV vont être réduits de 4 à 10%
durant le premier trimestre 2012. Pour mieux soutenir
la filière, Enerplan a demandé un gel des tarifs en 2012
ainsi qu’une procédure différente pour les centrales de
plus de 100 kW, pour lesquelles aucune installation
supplémentaire n’a été effectuée depuis le changement.
Dans les pays comme l’Allemagne, les petites centrales
en toiture ont joué un rôle considérable dans le
développement du marché. Comme le montrent les
récents développements, les tendances sur les autres
marchés comme l’Italie confirment l’importance croissante des centrales petites ou décentralisées. Cela
renforce le rôle des installateurs locaux en tant
qu’intermédiaires de marché importants.
Source EuPD Research et RE Focus, le 06/02/2012
Energies pour une société verte
Les partenaires d’un projet de recherche financé par
l’UE, baptisé Energie pour une société verte (ERG)
viennent d’en révéler les détails. Il s’agit d’un
programme multinational et multidisciplinaire de trois
ans qui ambitionne de faire faire de substantiels
progrès à la chaîne d’approvisionnement de l’énergie
solaire, de la conversion durable à la distribution
intelligente. En particulier, ce projet vise un rendement
de 25% et un coefficient de performance de 80%.
L’objectif européen de 20% d’énergies renouvelables
en 2020 implique un défi technologique énorme que le programme ERG tente de relever par l’amélioration
des rendements des cellules, le développement de
techniques de conversion, la réduction des pertes de
conversion et le renforcement des stratégies de gestion
de l’énergie. Dans la première phase, les chercheurs
européens vont se concentrer sur la conception et le
développement de cellules solaires innovantes, et
explorer de nouveaux matériaux, architectures et
approches. Un des objectifs du programme est de
démontrer la viabilité commerciale des cellules à
colorant imprimables (printable dye sensitized cells)
qui représentent une alternative bon marché des cellules cristallines. A travers une activité simultanée,
les partenaires du projet vont chercher à optimiser
l’usage de l’énergie solaire produite par des systèmes
PV, en se concentrant sur l’électronique de gestion
d’énergie pour modules cristallins et sur les systèmes
micro-électro-mécaniques des cellules à concentration.
Ils vont explorer les techniques de suivi du MPP (point
de puissance maximale) pour augmenter la puissance
délivrée par les chaînes solaires et améliorer le
rendement de conversion tant au niveau du module
qu’à celui du segment. ERG va également générer des modèles de comportement des composants individuels
des réseaux intelligents favorisant le développement
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 6 / 28
optimal de la distribution énergétique et aussi des
algorithmes de charge de batteries basés sur les donnés
des nœuds des capteurs sans fil répartis sur le réseau.
Font également parti des thèmes de recherche, la
conception de solutions innovantes pour optimiser les
réseaux intelligents locaux en termes de gestion de
l’alimentation et de cogénération, la consommation
d’énergie et l’efficacité globale, avec comptage de
l’énergie en temps réel et contrôle de facturation.
« L’initiative ERG va contribuer à l’établissement
d’une base solide de conception d’électroniques pour l’Europe et créer des standards technologiques pour le
secteur de l’énergie solaire », a déclaré Dr Francesco
Gennaro, également ingénieur en chef chez
STMicroelectronics, tête de file des partenaires du
projet. « Le but d’ERG est d’avoir des améliorations
significative des rendements sur toute la chaîne
d’approvisionnement, des panneaux solaires PV à la
connexion au réseau et de les mettre à la disposition de
tous les partenaires ». Le projet de 36 mois est
organisé en paquets d’activités, avec un budget de 25.7
millions €, partiellement financé à travers une combinaison de subventions communautaires et
nationales, dans le cadre de la règle dite ENIAC JU
2010. Les 27 participants proviennent de pays
suivants : Italie, Belgique, Allemagne, Espagne,
Irlande, Pays-Bas, Slovaquie et Royaume-Uni. Le
projet ENIAC Joint Undertaking (JU) est un partenariat
public-privé pour le développement de la
nanoélectronique, entre l’UE, les états membres
d’ENIAC et AENEAS (association européenne de
R&D). Il coordonne les activités de recherche à travers
des appels à proposition compétitifs pour renforcer l’intégration et la miniaturisation des dispositifs et
augmenter leur fonctionnalité. Il doit livrer nouveaux
matériaux, équipements et procédés, nouvelles
architectures, procédés de fabrication innovants,
méthodologies de conception disruptives, nouveaux
emballages et systémiser les méthodes. Il sera entraîner
et être entraînée par innovantes applications high-tech
en matière de communication et de l’informatique, le
transport des soins de santé, et bien-être, de l’énergie et
de la gestion de l’environnement, la sécurité et la
sécurité, et de divertissement. Démarré en février 2008,
l’octroi des subventions s’étale jusqu’en 2013 et les projets pourront être exécutés jusqu’au 31 décembre
2017. Le montant total des activités R&D générées
sous ce projet est estimé à 3 milliards €.
Les 27 partenaires du projet : STMicroelectronics
(coordonnateur), Applied Materials Italia, Boschman
Technologies, Chemnitz University of Technology, Compel Electronics, Elec-Con technology GmbH,
Enecsys, Fraunhofer Gesellschaft, Infineon
Technologies, Italian University NanoElectronics
Consortium (IUNET), LEITAT Technological Center,
National Research Council (CNR), NXP
Semiconductors, the Netherlands, ON Semiconductor
Belgium, Politecnico di Torino, POWERTEC, RWTH
Aachen University, Sincrotrone Trieste, Slovak
University of Technology Bratislava, SMA Solar
Technology, SolarPrint, Telefunken Semiconductors,
Tyndall National Institute, University College Cork,
University of Bologna, University of Calabria,
University of Catania, University of Sheffield
Source www.eniac-erg.org et News Wire, le 13/02/2012
La parité réseau fatale au solaire ?
Pour l’analyste de Navigant Consulting, Paula Mint,
l’obsession de la parité réseau est autodestructrice
pour l’industrie solaire. Reprenant certains arguments
de Mickaël Schmella (Photon), voici ce qu’elle en dit.
La parité réseau est en train de tuer l’industrie solaire. Le résultat en sera la fin de nombreuses nouvelles
carrières, le blocage de carrières matures et la perte
d’une précieuse expertise dont l’industrie a besoin pour
innover. La baisse des coûts de production et
l’augmentation des rendements est le résultat d’années,
voire de décennies de R&D. L’innovation ne vient pas
du néant – elle résulte de longues heures en laboratoire,
d’années de labeur entre phases pilote et commerciale et d’années de terrain pour prouver la fiabilité du
résultat. Le manque de soutien pour des améliorations
progressives, l’obsession des records, effets d’annonce
et utilisation incontrôlée des feuilles de route comme
données acquises ont placé l’industrie PV – et tout le
solaire – résolument sur la pente glissante des attentes
non satisfaites. Le profit, ou tout simplement le seuil de
rentabilité, est sacrifié sur l’autel de la parité réseau.
Chaque conférence est, semble-t-il, l’occasion d’une
ou deux présentations sur l’atteinte de la sacro-sainte
parité réseau, le point où le solaire PV se mesure sans subvention à l’énergie conventionnelle du réseau – qui
elle-même bénéficie de crédits d’impôt, de subventions
directes ou indirectes et bien cachées. Lors de récentes
conférences, les orateurs ont même tenté d’occulter les
échecs et pertes de fabricants pour vanter les prix des
systèmes comme une preuve que l’industrie a atteint la
parité réseau et va continuer à croître en dépit de ces
pertes et échecs. Les états financiers, même ceux de
fabricants en Chine, montrent des prix de technologie
bon marché non viables. Certains défendent l’idée que
le prix du système est la seule métrique importante lors
de la discussion sur la parité réseau et que le coût du module n’est que secondaire. Pourtant, sans module
pas de système, et sans prix de modules aujourd’hui
artificiellement bas, pas de parité réseau. Sans marges
raisonnables, les fabricants vont continuer à faillir et
sans fabricants, point d’industrie PV. Le module a subi
la pression à la baisse depuis bien trop longtemps –
amélioration des coûts et rendement sont également
disponibles au niveau du BOS, sans parler des
améliorations de l’efficacité qui restent à explorer au
niveau de l’installation. Et aux Etats-Unis et dans le
reste du monde, les coûts « permis et divers » gonflent artificiellement le coût du système et limitent les
marges pour les acteurs côté demande. Accepter des
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 7 / 28
marges raisonnables pour tous les niveaux de la chaîne
de valeur du PV (et du solaire) nécessite d’accepter
qu’à tous les niveaux, il y a des coûts sur lesquels le
fabricant (y compris de matière première) et
l’installateur n’ont pas de contrôle. Ces coûts
concernent la matière première, les consommables,
l’équipement et le travail. Pour les centrales à
dimension d’utilité (multimégawatts), la performance
est un paramètre de mesure important et le coût des
évènements climatiques imprévisibles, comme les
tempêtes de sable, doit être pris en compte par les investisseurs et les propriétaires.
La pression à la baisse des prix a hanté l’industrie
solaire depuis le début. Pour combattre le
gouvernement et l’opinion publique au sujet du prix
supposé élevé (mais actuellement réaliste) des systèmes et du coût de l’électricité pour l’usager final,
l’industrie a promis d’être compétitive avec l’énergie
conventionnelle sans subventions. Ainsi depuis sa
création, l’industrie a été forcée de baisser les prix des
systèmes sans tenir compte de la réalité de la
production et avec aussi bien le côté demande que le
côté offre subissant des marges négatives à un moment
ou à un autre. Dans un passé récent, pour les
installations de l’ordre du MW et avec un fort soutien
des compagnies pétrolières (BP, Shell) et des filiales
d’autres conglomérats, les pertes en production sont
presque passées inaperçues. Au niveau des centrales multi-MW, ces pertes significatives en côté fabrication
ne peuvent être ignorées car des fabricants font faillite
pratiquement chaque semaine. Au milieu des années
2000, le modèle du FiT alors relativement nouveau à
l’époque, a attiré l’attention des investisseurs. Ces
derniers, réalisant que les subventions généreuses et (à
cette époque) stables pouvaient rapporter des profits
conséquents, ont poussé l’industrie vers une nouvelle
direction, vers les installations utilitaires de l’ordre du
multi-MW desquels des profits pourraient être tirés
pendant 20 ans. Cette période a coïncidé avec une pénurie sévère de poly silicium . Pendant ce temps, pas
seulement tirés par la pénurie de silicium, les prix de la
technologie (modules) ont augmenté notablement et les
fabricants ont profité de marges importantes pendant
quelques années, alors que la marge côté demande
(installateurs, intégrateurs de systèmes, etc.), en
particulier pour les petites et moyenne structures, était
fortement réduite. C’est à cette époque que le thème de
la parité réseau est devenu populaire, et que beaucoup
de nouveaux fabricants sont apparus. Nombre de ces
nouvelles créations ne sont plus là. Pendant ce temps, il
a été savamment fait fi du fait que les subventions pouvaient : (i) changer drastiquement et devenir moins
bénéfiques, comme prévu pour ces outils, (ii) souffrir
de modifications rétroactives qui pouvaient anéantir la
rentabilité des systèmes déjà en exploitation et (iii)
disparaître subitement (ces trois éléments peuvent être
illustrés par le cas espagnol). C’est encore durant cette
ère hautement rentable du FiT que la Chine a pris note
et commencé à investir massivement dans son industrie
PV, en particulier dans la filière cristalline – une action
qui est passée largement inaperçue en partie parce que
la technologie cristalline représentait le passé. Une fois
prêts, les fabricants chinois et taïwanais ont commencé
la guerre des prix agressivement bas, une stratégie pas
du tout nouvelle pour l’industrie solaire et couramment
pratiquée dans les autres industries. Un fait s’en
dégage : la région ou le groupe qui investit le plus
massivement pour soutenir son industrie gagne.
Malheureusement, un cliché est confirmé par la situation actuelle : tu as ce que tu payes. Porter plus
d’attention au comportement de l’industrie PV et aux
données sur les marges de fabrication aurait dû
conduire à l’adoption par tous les acteurs d’une
stratégie plus judicieuse, comme le voudrait la
compréhension que le risque est inhérent aux industries
tirées par les subventions et qui sont en compétition
avec de nombreuses alternatives.
Une révolution énergétique globale est actuellement en cours et il serait bénéfique de pousser au changement
sur les sources de production. Au final, un prix plus
élevé de l’électricité – et son coût – devra être accepté.
Ce ne sera ni facile ni plaisant. Le solaire et toutes ses
technologies n’iront beaucoup plus haut, mais à tous
les niveaux de la chaîne de valeur, des marges plus
saines sont nécessaires. De nouveaux modèles
d’affaires et financiers sont nécessaires, mais ne suffisent pas. Il faut un estomac solide pour survivre à
la période actuelle – période pour laquelle pour dire
faillite, il faut dire consolidation. A la fin, le solide ne
disparaîtra pas mais les promesses de parité réseau si.
Cela, ou alors une nouvelle définition de la parité
réseau, est nécessaire.
Source Paula Mint, Navigant Consulting et RE World, février 2012
Le renouvellement au secours du PV
Cet épisode salvateur devrait survenir entre 2013 et
2016. Après une année purgatoire en 2011 et des
prévisions d’une difficile année 2012, il y aura un
rebond de la demande grâce au renouvellement des
équipements de production pour les prochaines années,
selon IMS Research. Une réduction de plus de moitié
des ventes d’équipements PV est prévue e 2012, en
dessous de 6 milliards US$. Certains voient même se poursuivre cette chute en 2013. Mais l’analyste a une
autre lecture des données : un redressement qui
ramènerait la croissance des dépenses d’équipements à
20% en 2013 et 2014 et à près de 40% en 2015. Mais
avec la surcapacité qui gèle les nouveaux
investissements dans la production et avec des taux
d’utilisation historiquement bas, pour le moment les
fabricants se concentrent sur la mise à niveau et le
renouvellement des équipements – marché qu’IMS
Research estime à 25 milliards US$ pour chaque
tranche de 20 GW d’ici 2016 pour les fournisseurs. « Il y a entre 2.5 et 4 GW de capacité existante qui
nécessite une mise à niveau en 2012 et cette courbe est
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 8 / 28
croissante pour les prochaines années », selon Tim
Dawson, le directeur de recherche. « Les compagnies
qui veulent rester compétitives et gagner des parts de
marché seront obligées d’investir dans de nouveaux
équipements. Celles qui vont le faire avec le moins de
perturbation vont renforcer leur position, et les
fournisseurs d’équipements qui peuvent proposer le
meilleur schéma de renouvellement vont garantir leurs
parts de marché à plus long terme », ajoute-t-il. Deux
autres points sont soulignés par le cabinet. Le marché
continue d’expulser les fabricants moyens, ce qui libère des capacités de production existantes. Cela
pourrait également être une occasion pour les
fabricants restants, de mettre à niveau des lignes
existantes ou de réserver des capacités supplémentaires
pour une future extension.
Source James Montgomery, PV World, le 14/02/2012
Léger rebond du prix du silicium
Le prix international du polysilicium connaît une
légère tendance à la hausse en ce mois de février,
passant de 31.75 $/kg à 32.75 $/kg, selon les chiffres
de BAIInfo, un service d’intelligence économique en
Chine, dédié spécialement aux matières premières. Le
China Securities Journal a révélé que le prix du
silicium a légèrement augmenté après que fabricants
chinois aient augmenté de 10% le prix du silicium et de
3% le prix des wafers, juste après les congés du nouvel an. Les observateurs attribuent cette augmentation à la
croissance des capacités installées en 2011, qui a
contribué à absorber une bonne partie du stock. On
note que les installations connectées au réseau ont
atteint une capacité de 27.7 GW en 2011, 11 GW de
plus que l’année précédente, selon les derniers chiffres
de l’EPIA. D’autre part, les appels d’air consécutifs
aux incertitudes sur les marchés européens ont dopé les
commandes. « Cet effet devrait se prolonger au moins
durant tout le premier trimestre 2012, ce qui va doper
les ventes et tirer vers le haut les prix du silicium, des wafers et des cellules », selon Zhang Hao, un analyste
de Haitong Securities. Toutefois, les experts suggèrent
que la tendance nécessite une observation plus longue
et croient que le secteur du polysilicium en Chine est
difficile pour sortir de la récession à court terme, sur la
base de l’analyse des fondamentaux de l’industrie.
« Les perspectives pour toute l’année sont encore
négatives, en raison des surcapacités et de l’impact de
la crise financière et des changements de politique
énergétique en Europe », ajoute Zhang Hao.
Source Xinhua News Agency, le 15/02/2012
Le CPV durablement non rentable ?
DEGERenergie arrête la production de son système de
suivi de solaire PV à concentration (CPV) en affirmant
que « le CPV est non rentable dans un avenir
prévisible ». « Le rendement amélioré qui peut être atteint avec la technologie à concentration n’a rien à
voir en proportion avec le coût additionnel et ne justifie
pas les efforts de R&D consentis », selon Michael
Heck, vice-président ventes et marketing chez
DEGERenergie. Il ajoute que les modules CPV n’ont
jamais vraiment dépassé le stade de prototype et
qu’une production de masse n’est pas justifiée. Une
affaire rentable avec ces systèmes est tout à fait
improbable dans un avenir prévisible. Nous allons
maintenir la concentration pour l’optimisation de nos
systèmes sur la base de la technologie conventionnelle.
Pour cela, DEGERenergie a alloué un budget de
recherche de 750 000 euros pour les prochains 18 mois. Alors, le CPV doit-il être traité comme une
technologie ou juste un modèle d’affaires ? « Les
points soulevés par Heck ne sont effectivement pas loin
de la vérité. Cependant, je pense que le problème vient
davantage de l’entrée initiale trop optimiste de la
société, que du CPV », selon un analyste interrogé par
le magazine RE Focus.
Source Kari Williamson, RE Focus, le 15/03/2012
Bilan thermique AIE 2011
Le programme chaleur et froid solaire de l’AIE (IEA
SHC) vient de publier des statistiques sur le froid et la
chaleur solaires, montrant que malgré la crise, le
marché a connu une croissance de 14% en 2010. Les
capacités installées de capteurs solaires ont atteint 196
GWth – fournissant 162 TWh d’énergie solaire
thermique et permettant d’économiser 53 millions de tonnes d’émissions de CO2. L’agence en conclut que
cette filière se classe en deuxième position après
l’éolien et que, malgré l’incontestable position
dominante en termes de capacités installée de la Chine,
l’Australie et Israël ont ajouté plus de capacités par
habitant que n’importe quel autre pays. Le rapport
annuel a analysé les marchés de 55 pays, représentant
plus de 60%de la population mondiale (et plus de 90%
du marché thermique mondial). Il montre que la plus
grande partie des capacités de 2010 a été installée en
Chine et en Europe – avec 117.6 GWth et 36 GWth, soit en tout 78.5% de la capacité totale. De plus 95%
des installations existantes produisent uniquement de
l’eau chaude. Dans certains pays, les systèmes
combinés (« combisystèmes ») qui produisent aussi du
chauffage sont les principales applications du marché
via des usages industriels, de chauffage municipal,
d’air conditionné, etc. Ensemble, ces systèmes
représentant 10% des nouvelles capacités en 2010. La
technologie du thermosiphon (flux naturel) reste la
première avec 89% des nouvelles capacités contre 11%
pour les systèmes à circulation forcée. Le rapport
illustre également la domination chinoise comme le montre l’analyse des types de capteurs utilisés, avec
78% pour les tubes à vide, 18% pour les capteurs plans
et 4% pour les capteurs sans vitre.
Source RE Focus, le 21/05/2012
La réalité de la compétitivité solaire
Un récent article publié par Bloomberg New Energy
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 9 / 28
Finance affirme que les perceptions communes d’un
manque de compétitivité de l’énergie solaire sont aussi
trompeuses que redondantes. A cet égard, le papier
pointe que nombre de politiciens et de commentateurs
n’ont pas réussi à réaliser à quel point l’énergie solaire
PV était devenue compétitive ces dernières années
avec l’électricité conventionnelle. L’étude, intitulée
« Reconsidering the Economics of Photovoltaic
Power », analyse l’impact de la baisse récente des
coûts de l’énergie solaire. Les prix moyens de la
technologie ont chuté de 75% durant les trois dernières années, ce qui signifie que le solaire est désormais
compétitif avec l’électricité conventionnelle dans de
nombreux pays. Le document conclut également que
les paramètres utilisés pour mesurer l’économie de
l’énergie solaire PV sont souvent un parti pris contre le
déploiement de cette technologie PV et sont en général
peu précis. Le document fait en outre valoir que le
changement dans les prix a un impact important pour
les décideurs politiques et les investisseurs, en
particulier lorsqu’ils sont confrontés à des choix de
production d’énergie et des préoccupations relatives aux tarifs et aux autres mesures fiscales. Bon nombre
de décideurs et commentateurs ignorent les derniers
développements de l’économie de l’énergie solaire
issus du coût de la technologie et des réductions de
prix ; en outre, les chutes récentes des coûts et prix ont
entraîné la réduction des coûts de fabrication et ne sont
pas uniquement dues à la liquidation de stock ou
d’autres facteurs de court terme. Enfin, les estimations
fondées sur les concepts de « parité réseau » et d’autres
facteurs peuvent être trompeuses en raison de la
complexité du système électrique. Le but de cette étude est de renseigner brièvement les décideurs, les cadres
supérieurs du service public, les investisseurs et les
conseils, en particulier dans les pays en développement
à forte croissance qui sont engagés dans l’examen des
différentes options de production d’énergie.
Source RE Focus, le 20/05/2012
Réseaux solaires intelligents
Photo Shutterstock
Suite au développement important des réseaux
intelligents dans les pays industrialisés et à l’avenir
radieux qu’ils promettent, c’est assurément maintenant
dans les pays émergents, voire les PED que cette
avancée bouleverse les habitudes. Le point de vue d’un
expert indien.
Je doute que l’électricité soit fondamentalement un
service de réseau à grande échelle (de vaste zone). A première vue, cette déclaration semble absurde.
Comme la téléphonie ou l’Internet, l’électricité entre
dans nos maisons par des fils extérieurs. N’est-il donc
pas à ce titre un service de réseau ? L’expansion de la
production distribuée, cependant, met en question la
nature du métier d’électricien. Panneaux solaires en
toitures avec baisses accélérées des prix, options
d’installation sans paiement pour les ménages et prix
garantis en moyenne inférieurs à ceux des services
publics mis en place par les entreprises solaires,
augmentent « l’indépendance vis-à-vis du réseau ». L’apparition de réseaux communautaires et mini-
réseaux indique également un mouvement de repli de
la production centralisée isolée. La Californie est un
bon exemple de ce qui pourrait arriver dans le reste des
Etats-Unis ; la Commission de comptage d’énergie des
distributeurs publics a doublé le 24 mai dernier la
capacité générée par le solaire PV posé en toiture pour
cet état pionnier. Plus généralement, plus de 1.5
milliard de personne en Inde, sur le continent africain
et ailleurs sont littéralement « indépendants » du
réseau, n’ayant jamais eu accès au réseau. Aujourd’hui,
elles bénéficient d’éclairage solaire via des systèmes isolés hors réseau. L’histoire pittoresque d’une
communauté de Floride résistant à l’électricité de
réseau en faveur d’un choix de vie différent (tel que
relaté par le New York Times du 27/05/2012) pourrait
être un signe avant-coureur de ce qui pourrait arriver.
La tendance générale est que les ménages sont de plus
en plus nombreux à faire le choix de l’autosuffisance
énergétique.
Si l’électricité n’est pas un service de réseau étendu,
alors la poussée récente des réseaux intelligents, axée
sur l’amélioration du cadre légal, est mal orientée. La
plus grande opportunité – le réseau intelligent – peut
être un réseau tout à fait différent. Dans les quinze
prochaines années, l’importance du réseau existant –
rendu intelligent ou non – va décliner et un « nouveau
réseau intelligent » parallèle pourrait le supplanter. Ce
nouveau réseau intelligent va gérer des milliers de points de production distribuée et de consommation,
comprenant des installations solaires sur toiture et des
appareils électriques en réseaux. La gestion du réseau
pourrait ressembler à celle des TIC d’aujourd’hui et
être très facile à mettre en œuvre. Nous allons
simplement traiter les panneaux solaires, les onduleurs
et les appareils comme les ordinateurs et autres
appareils électroniques sur le réseau Ethernet. Alors
que les projets actuels de réseaux intelligents portent
principalement sur les préoccupations opérationnelles
des services d’électricité, les réseaux intelligents de demain vont viser l’usager final, et ne seront donc
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 10 / 28
peut-être pas gérés par les compagnies d’électricité.
Bien sûr, partout où le réseau actuel est en place, soit
dans la plupart des parties du monde, nous devrions
faire mieux et mettre en œuvre les solutions de réseaux
intelligents. Mais nous devrons avoir à l’esprit que les
réseaux intelligents parallèles vont probablement
apparaître. La discussion sur le réseau intelligent porte
naturellement sur la technologie, mais elle devrait aussi
porter sur des questions commerciales – comment les
entreprises peuvent s’adapter à cette concurrence non
traditionnelle, aux changements structurels de l’industrie et aux innovations de rupture. Avec
l’expansion des installations solaires sur toiture, les
services publics électriques traditionnels sont menacés
dans leur croissance et pas dans leur survie immédiate.
Cette discussion relève donc plutôt pour l’heure de la
stratégie d’entreprise et des conseils stratégiques.
Pourquoi encore aujourd’hui, l’électricité est livrée aux
clients à travers des réseaux de transport et de
distribution sur de longues distances, pour deux
raisons : i) les économies d’échelle et ii) l’électricité
est produite à partir de sources centralisées comprenant
le charbon, le gaz, les centrales nucléaires et les
barrages. Les centrales au charbon et les barrages sont
tellement grands et centralisés que seuls les sociétés de
distribution peuvent fournir l’électricité aux clients à
moindre coût et supporter les dépenses et les pertes de
transmission. Les externalités de la production au charbon – les dangers des émissions de GES en
particulier –inconnus jusqu’à une date récente sont
aujourd’hui hors de prix. Tout comme Yahoo! et
Amazon sont des portails vers des référentiels de
contenu, les services d’électricité nous aident à puiser
dans des sources d’énergie concentrées, comme les
combustibles fossiles. De la même façon que le
contenu devient plus concentré sur les plates-formes
sur Internet, le paradigme distribuée et « périphérique »
semble être la tendance pour l’électricité. Avec la
production distribuée, l’économie de l’électricité change en raison d’une nouvelle topologie de réseau,
d’économies d’échelle dues aux installations « de
détails » sur toitures et à l’utilisation de sources
diffuses, en particulier le rayonnement solaire. La
« radiodiffusion » de l’électricité par le biais de vastes
réseaux complexes, sujets à des pertes, devient inutile.
Alors que l’économie n’était pas favorable à la
production d’énergie solaire en toiture jusqu’à une date
récente, la parité réseau est désormais à portée de main
dans le secteur des énergies renouvelables.
Même avec des milliers de maisons zéro-énergie
alimentées par des toits solaires, la plupart des clients
vont continuer d’utiliser le réseau existant comme
garantie et payer une prime fixe pour y accéder – une
redevance de maintenance en quelque sorte, connue
dans le secteur des télécoms comme « redevance
d’accès ». Quand la compétition est arrivée dans les télécoms, les nouveaux opérateurs ont dû payer une
redevance d’accès aux compagnies de téléphone
existantes pour l’utilisation de leur infrastructure. Les
concurrents ont finalement gagné le droit d’utiliser
l’infrastructure existante pour offrir leurs services.
Dans le même temps, les opérateurs cellulaires ont
précipité l’effondrement du réseau traditionnel de
téléphone fixe en éléments constitutifs ; les concurrents
payent désormais seulement pour les composants fixes
qu’ils utilisent. Une fragmentation similaire du réseau
électrique semble inévitable – il y aura un coût d’accès
aux éléments de réseau. Les producteurs d’électricité vendent aujourd’hui leur énergie au réseau à travers
des contrats d’achat (PPA). A l’avenir, ils pourront
vendre directement aux usagers finaux. De tels
fournisseurs de services non traditionnels, tels les
opérateurs de micro-réseaux ou de centrale électrique
communautaire, vont imposer la désintégration ou le
« dégroupage » du distributeur existant dont le réseau
sera vendu en éléments distincts. Les ménages et les
commerces avec des centrales solaires en toiture vont
se multiplier et devenir leurs propres micro-
distributeurs.
La substitution est cependant rarement soudaine.
Quand la téléphonie mobile est devenue prépondérante,
le réseau filaire n’a pas tout de suite disparu. Bien que
l’usage ait chuté, les connexions sont toujours là. De
même, le déploiement généralisé du PV se fera avec le
maintien du réseau classique. Nous avons besoin de la production centralisée à partir de sources concentrées
pour l’industrie et les chemins de fer, avec des câbles
de livraison aux points de consommation. La
substitution ne sera pas totale et l’architecture utilitaire
restera en place. Le plan de déploiement du réseau
intelligent du San Diego Gas & Electric (SDG&E) –
un beau document très détaillé – le décrit comme suit :
« SDG&E stocke l’électricité excédentaire générée par
le client auquel il le restitue quand il en a besoin ». Le
solaire à grande échelle pour les maisons est confronté
au défi supplémentaire de l’inertie : pourquoi remplacer quelque chose qui fonctionne ? Les
avantages de la tarification de la parité réseau, les coûts
du capital de déploiement plus faibles et les
subventions seront-elles suffisantes pour l’emporter sur
les défis du déploiement ? Néanmoins, à commencer
par les familles converties précoces, le déploiement
s’étendra – pour des raisons y compris d’altruisme,
conscience de l’environnement, facilité d’installation
pour le neuf et abordabilité croissante. Ceux qui
doutent de l’autosuffisance énergétique font valoir que,
sans stockage de qualité et abordable, les énergies
renouvelables comme l’éolien et le solaire resteront périphériques et peu fiables. Le soleil ne brille pas
toujours, ni le vent ne souffle-t-il de façon prévisible ;
les énergies renouvelables ne seront jamais grand
public. Mais ceci n’est pas un argumentaire crédible.
Quand il y en a besoin, les générateurs au diesel ou au
gaz et les batteries peuvent suppléer les renouvelables,
comme c’est le cas dans les pays avec des réseaux non
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 11 / 28
fiables. Etant chère et polluante, l’électricité au diesel
ne serait alors utilisée que quelques heures par jour.
Pour décrire la transition vers l’utilisation massive des
énergies renouvelables, le mot « autosuffisant » est
plus approprié qu’« indépendance du réseau », utilisé communément dans l’industrie. Parce que cette
dernière expression suppose à la base l’existence d’un
réseau. Le point de départ devrait d’abord être
l’absence d’électricité ; pour ceux qui en sont privés ou
subissent de nombreuses ruptures, l’autosuffisance est
la seule option. Alors que cette expression indique un
déploiement progressif, « indépendance du réseau »
suggère une coupure brutale, peu probable. Les
ménages peuvent d’abord compenser leur charge par le
réseau à peut-être 25%, avant d’augmenter la part des
renouvelables au fil du temps. Dans ce contexte de changements, les services publics d’électricité font face
à un avenir terne. Ils vont perdre applications et clients
des solutions renouvelables déjà en œuvre. Mais ils
pourraient avoir une occasion importante dans un
domaine connexe – la gestion du réseau d’information
reliant des millions de points de production distribuée.
Les intelligences d’un tel réseau – contrôle, suivi,
facturation, optimisation du service à la clientèle,
personnalisation, fiabilité, gestion de la pointe et
stockage – peuvent être de la compétence de base des
services publics futurs. Un tel réseau d’information
pourrait être un volet indépendant du réseau actuel. Cela pourrait conduire à un réseau alternatif ou plus
intelligent assurant la gestion de millions de clients et
leur production solaire en toiture. La convergence de la
téléphonie mobile et de la production d’énergie solaire,
ou la possibilité de suivre la production sur l’Internet
via des onduleurs solaires connectés, sont à l’évidence
de nouvelles applications des réseaux intelligents. Dans
tous les cas, la société de distribution de l’avenir est
plus une société de l’information qu’une société de
production, de transmission et de distribution. En
revanche, le réseau intelligent développé aujourd’hui considère l’utilité électrique comme un client et met
l’accent sur des améliorations opérationnelles qui, si
elles sont nécessaires, sont une extension du modèle
d’affaires actuel – un paradigme en déclin.
Mahesh Bhave, Indian Institute of Management, le 14/06/2012
Conflit Chine-USA en question
Figure 1 : Programmes de subventions pour Trina and
Suntech (Source: Maxim Group, Department of Commerce)
Pourquoi les taxes étaient si basses, pourquoi seront-
elles plus élevées, quelle réponse est apportée par les
parties ? Ce sont les questions au centre du débat actuel
en la Chine et les Etats-Unis (en fait le reste du
monde…occidental en particulier). Comme attendu, le
département fédéral du Commerce (DOC) a tranché en
faveur des fabricants américains, qui accusent la Chine
de donner des subventions illégales à ses sociétés. De
façon inattendue, cependant, les droits de
compensations (CVD pour countervailing duties) sont
modestes – seulement 3 à 5%. Le magazine en ligne
REW.com a interrogé des experts à propos de leur lecture de la décision et des questions soulevées. Voici
un résumé de leurs réponses.
Pourquoi des taxes si basses ? Le DOC a fait un
calcul simple. Dans sa décision de 62 pages, il énonce
en détail comment il a déterminé le montant des
subventions « indues » reçues par les entreprises chinoises, et quel ajustement est nécessaire pour
équilibrer les importations US. Cette évaluation s’est
faite avec difficulté de l’aveu même du DOC, étant
donné le peu d’empressement mis par le gouvernement
chinois à fournir les informations requises. Ça paraît
simple dit comme ça. De même, l’identification de
trois niveaux de taxes est basée sur les mêmes
informations sur les subventions reçues de la partie
chinoise. Aaron Chew, analyste chez Maxim Group a
présenté sur un graphique les subventions chinoises
identifiées par le DOC et leur impact sur les tarifs proposés par Suntech et Trina Solar, qui ont été
sélectionnés comme « répondants obligatoires » parce
qu’étant les deux plus gros exportateurs vers les Etats-
Unis. On peut y voir qu’il y a des subventions à travers
les programmes officiels (« Golden Sun », « Two Free,
Three Half »), des avantages en matière de politique
des prêts, de tarifs ou de taxes sur la valeur ajoutée,
d’utilisation des terres, etc. (« LTAR » est un
acronyme pour « rémunération inadéquate »). A noter
que dans ce graphique, la barre pour le « polysilicium »
est la seconde subvention pour Trina, avec 0.72%.
Chew précise que c’est en référence au fournisseur chinois de polysilicium, GCL Poly, qu’il qualifie
« d’Intel de l’énergie solaire » en raison de sa grande
influence dans le secteur et qui, dit-il, a été interrogé
sur ses liens avec le gouvernement. La baisse des taxes
annonce-t-elle une décision contre le dumping ? Les
sceptiques et les théoriciens de la conspiration
continuent de penser qu’il s’agit de politique en
coulisse, que tout est négociable, qu’il ne faut faire
confiance à personne… Mais supposons que le DOC
est au-dessus de cette mêlée, ne s’occupe que de
chiffres objectivement vérifiables et ne voit pas cette baisse comme uniquement annonciatrice de mesures
antidumping à venir. Ce sont bien sûr deux affaires
liées mais à travers deux enquêtes officielles
différentes avec des règles et des principes différents.
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 12 / 28
Cela dit, les pénalités antidumping appliquées pour les
autres industries ont tendance à être plus élevées ; de
ce fait, les 20 à 30% auxquels beaucoup d’observateurs
s’attendaient pourraient devenir une réalité, pour les
deux cas en cités en particulier.
Quelle victoire pour les fabricants US ? Il est clair, selon les chiffres du DOC, que les sociétés chinoises
ne sont pas aussi subventionnées qu’on veut bien le
dire et que cela n’a donc pas autant d’impact. C’est un
« résultat relativement positif » pour CASE et ses alliés
qui soutiennent que ce conflit affecte tout le secteur
solaire. D’autre part, la position officielle est que les
sociétés chinoises sont indûment soutenues par leur
gouvernement et que cela porte préjudice aux
entreprises américaines de façon quantifiable et qu’une
intervention de l’état est nécessaire ; ce double langage était peut-être une des intentions de l’attaque initiale.
« Cela montre essentiellement qu’ils essaient de
satisfaire tout le monde », suggère Fatima Toor de
Lux Research. « Tout le monde reconnaît que ce n’est
pas une bonne idée pour le DOC d’imposer des droits
de douane énormes sur les modules ». Un autre aspect
doit être pris en compte : le précédent ainsi créé. Une
décision favorable des Etats-Unis à sa plainte pourrait
pousser SolarWorld à ouvrir le même front en Europe.
« Le plus grand risque est que SolarWorld étende
l’action en Europe et / ou au polysilicium et qu’elle
attaque les entreprises américaines ou coréenne de polysilicium qui reçoivent des subventions publiques »,
souligne Jesse Pichel, analyste chez Jefferies. Ce qui
est également clair c’est que la tarification ne peut pas
masquer la grande inquiétude du marché solaire
global : une situation difficile avec des entreprises qui
perdent de l’argent. Les actions solaires chinoises ont
bondi après l’annonce du DOC pour retomber très bas
le jour suivant quand les acteurs majeurs se sont rendu
compte que la situation restait globalement inchangée.
« Il est prématuré de considérer cette décision comme
une victoire », ajoute l’analyste. En fin de compte, l’effet d’une obligation est le même, grand ou petit : les
entreprises chinoises vont voir leurs coûts augmenter
(et donc la tarification tout en bas de la chaîne), soit
par l’expédition des produits chinois directement aux
États-Unis avec un impact sur la taxation, soit
l’externalisation de certaines productions vers d’autres
nations pour contourner les taxes.
Que vont faire les fournisseurs chinois ? Les sociétés chinoises ont également vu venir cette décision.
Certaines d’entre elles ont même augmenté leurs
exportations vers les Etats-Unis jusqu’à la fin 2011
(d’où la demande en instance, avec distinction possible
entre les pénalités). Ils ont également préparé les
moyens de contourner le tarif en expédiant une partie
de la production vers d’autres pays avant de la
réexpédier vers les Etats-Unis, une pratique appelée
« péage (tolling) ». Il y a, enterré dans la décision du DOC, une clarification qui permet exactement de faire
cela. La décision inclut les importations de cellules
solaires fabriquées en Chine, de modules ou panneaux
fabriqués en Chine ou ailleurs à partir de cellules
fabriquées en Chine – mais exclut spécifiquement les
produits en provenance de Chine qui ont fabriqués à
partir de cellules produites ailleurs. Ainsi, les
entreprises chinoises pourraient externaliser la
production des cellules elles-mêmes, disons à Taiwan
juste à côté ou dans d’autres pays voisins comme la
Malaisie ou les Philippines – expédier les matériaux,
fabriquer les cellules, et ensuite, soit les réexpédier en Chine pour être transformées en modules, ou les
transformer en modules à l’extérieur et les exporter à
partir de là-bas. L’économie de péage – nécessitant
l’envoi supplémentaire, la fabrication, la
requalification des produits, et l’expédition vers la
Chine – n’est pas très attrayante si le tarif n’est que de
3 à 5%. Chew Maxim calcule que le péage ajoute
environ 6.5% aux coûts de production des modules
(environ 0.05 $/W). Mais si les entreprises chinoises
pensent que le DOC reviendra en mai avec un
ensemble plus rigide de sanctions antidumping – il est aujourd’hui fait mention de 10% à 100 pour cent –
alors la mise en place de péage aurait beaucoup plus de
sens.
Quelle sera la réponse de la Chine ? Le triumvirat
solaire chinois (Trina Solar, Suntech et Yingli Green
Energy) a vite reconnu et applaudi la décision et critiqué « les barrières commerciales unilatérales,
grandes ou petites, [qui] retarderont davantage notre
transition des combustibles fossiles à un moment où la
majorité des Américains demandent une énergie plus
propre et sûre comme l’énergie solaire ». Ils ont
également souligné que ce n’est qu’une première
décision, une autre décision antidumping étant prévue
pour la mi-mai. Le gouvernement chinois a également
réprimandé les Etats-Unis pour cette procédure et
averti qu’il ouvrirait sa propre instruction sur les
importations américaines. Le silicium importé pourrait être la première cible, élargie ensuite aux équipements
de production solaire. Cela pourrait mettre à mal un
marché solaire américain exportateur net en 2010.
(CASM annonce un déficit commercial pour les
produits solaires en 2011). Chew pense qu’une affaire
de silicium initiée par GCL pourrait très bien être
instruite en Chine mais que sa portée serait limitée
(Hemlock serait la principale cible) et qu’elle ne serait
probablement pas élargie aux équipements de
production PV. Cela dit, il convient d’avoir à l’esprit
que le gouvernement américain – en particulier le
Président Obama – a fortement souhaité régler de façon globale les questions commerciales avec la
Chine ces dernières semaines. Continuer de tirer sur la
corde – la Chine enquête sur les importations de
polysilicium solaire, les États-Unis envisagent
l’extension de leur action à d’autres secteurs que
l’énergie solaire – pourrait mener à un différend
commercial beaucoup plus important. Puis mener à
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 13 / 28
nouveau les deux parties à la table dans un souci de
détente.
Quel impact sur le marché solaire américain ? Au
final, la demande solaire américaine pourrait être
supérieure à celle en cause. Les installations ont plus que doublé en 2011, à 1.8 GW, selon les chiffres
récents de l’association des industries solaire, SEIA et
le cabinet GTM Research. Même avec les taxes mises
en place, son potentiel reconnu rend le marché
américain intéressant pour les fournisseurs en Chine ou
ailleurs. « Trina Solar est engagé dans la fourniture de
modules et services de haute qualité sur le marché des
Etats-Unis à long terme, où nous valorisons notre
clientèle et nos partenaires sur toute la chaîne
logistique », a déclaré le PDG de Trina Solar, Jifan
Gao. « Indépendamment de l’issue de cette procédure, nous demeurons déterminés à rester sur ce marché », a
ajouté Robert Petrina, DG pour l’Amérique de Yingli
Green Energy. L’impact de la décision sur les
fabricants américains est plus flou. « Si nous
corrigeons les pratiques commerciales déloyales sur le
marché solaire américain, nous pouvons nous
concentrer sur l’expansion de notre production
américaine et créer des emplois dans le secteur des
énergies renouvelables ; nous sommes impatients de
revenir à la compétition juste et légale, plus utile pour
tout le monde », a déclaré Carlo Santoro, directeur du
développement commercial chez MX Solar, l’un des trois membres publics sur les sept membres du CASM.
Mais une autre réalité doit être connue : les Etats-Unis
ne représentent que 3% du marché mondial de
production de cellules et modules, rappelle Paula
Mints de Navigant Consulting. En comparaison, la
Chine et Taïwan ont capté 74% de la production de
cellules solaires en 2011, contre 63% en 2010, selon
des chiffres récents de Solarbuzz. Nul ne sait encore si
ces taxes – aussi bien l’actuelle CVD que la future taxe
antidumping – vont significativement changer ce
paradigme. En prenant un prix de vente moyen de panneau de 1.2 US$/W, cela signifie que les modules
fabriqués en Chine pourraient très facilement soutenir
la concurrence sur le marché US avec quelques
centimes en plus. Dans une certaine mesure, une
différence de 3 à 5% pourrait facilement être effacée
uniquement par des changements du cours des devises.
Il faut également noter que 3 à 5% de CVD ne font que
ramener les prix à leur niveau de début janvier – qui ne
va pas changer le paysage concurrentiel pour
SolarWorld et les plaignants.
Quelle est la prochaine étape légale ? Ce différend commercial solaire est loin d’être fini. Il s’agit d’une
décision préliminaire du DOC, qui doit encore décliner
ses spécificités, résultats et niveaux de taxes définitifs,
etc. On va, cependant, commencer à collecter des taxes
à partir de cette date préliminaire, qui seront placées en
dépôt fiduciaire en attendant la décision finale, qui est prévue pour le 4 juin. Si la commission internationale
du Commerce américaine (ITC) décide également
(décision attendue pour le 19 juillet) de taper sur les
entreprises chinoises solaires, le DOC publiera le CVD
le 26 juillet. L’autre étape légale sera la décision du
DOC attendue le 17 mai, qui dira si les fournisseurs
chinois ont inondé le marché américain de produits
solaires de dumping pour bénéficier d’un avantage
indu. L’ITC a donné une réponse préliminaire
affirmative sur la taxe antidumping en décembre. Il y a
deux aspects importants dans cette décision : ont-ils
fait du dumping et y a-t-il un impact suffisamment négatif sur les sociétés américaines pour justifier une
décision rétroactive. Certains pensent que le DOC va
probablement se prononcer en faveur de mesures
antidumping, et probablement avec une peine plus
sévère que la décision CVD (comme cela s’est produit
dans de tels cas pour d’autres industries). Mais la
rétroactivité ne sera probablement pas appliquée,
toutefois, étant donné une plus grande charge de la
preuve, et le fait que l’augmentation subite des
importations solaires confirmée pourrait être
raisonnablement expliquée comme une réaction anticipée à l’expiration des mesures d’incitation à la fin
2011. Les efforts se poursuivent, entretemps, entre les
promoteurs des énergies renouvelables aux États-Unis
pour relancer à la fois le programme 1603 Treasury de
subvention et le crédit d’impôt sur les investissements
solaires.
Source RenewableEnergyWorld.com, le 22/03/2012
La guerre sino-américaine continue La guerre commerciale du solaire entre la Chine et les
Etats-Unis est repartie de plus belle, celle-ci ayant
officiellement protesté et accusé son concurrent de
mettre en péril les accords commerciaux dans leur ensemble. Depuis plusieurs années maintenant, les
sociétés américaines se plaignent de ne pouvoir
compétir équitablement avec les flux de produits
solaires bon marché mis dans les circuits mondial et
américain par les fabricants chinois. Les entreprises
confrontées à des difficultés financières voire en
faillite, comme pour un Solyndra, ont trouvé un bouc
émissaire, dans les sociétés chinoises, pour expliquer
leur déconfiture. En réponse, le département fédéral du
Commerce (DOC), après avoir lancé une enquête
« anti-dumping » contre la Chine, a décidé d’appliquer
des taxes douanières sur les produits solaires chinois. Pour rappel, l’an passé, la Chine a vendu pour plus de
3.1 milliards US$ de cellules et panneaux aux Etats-
Unis ; il est donc aisé de voir pourquoi elle est accusé
de « dumping ». Alors que rien n’est encore définitif,
les entreprises chinoises sont folles de rage, certaines
entreprises américaines concernées au premier chef
gardent un silence assourdissant et les multinationales
plutôt soucieuses de leurs intérêts globaux appellent à
un accord. Ce n’est pas la première fois que le DOC
menace d’imposer ces taxes, voire qu’elle les applique.
Il y a eu le précédent des couvertures électriques
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 14 / 28
chinoises, il n’y a pas si longtemps. Le problème est
que le protectionnisme est toujours controversé, et dans
l’économie globalisée d’aujourd’hui, il n’est pas facile
de savoir si les taxes appliquées par un pays ne nuiront
pas aux intérêts de ses propres entreprises. Certaines
sociétés solaires américaines qui se fournissent en
produits fabriqués en Chine pourraient perdre gros si
elles sont obligées de les acheter plus chères, par
exemple. Si les taxes augmentent, les entreprises
chinoises vont les répercuter, soit en augmenter leurs
prix dans l’espoir de maintenir les profits, ou encore délocaliser leurs productions hors de Chine pour
contourner les taxes. Certaines entreprises qui
pourraient être soumises à ces taxes seraient déjà prêtes
à le faire. Suntech Power Holdings, par exemple, qui
pourrait faire face à des taxes de 31.2%, a des sièges
régionaux en Suisse, aux États-Unis ainsi qu’en Chine,
et pourrait éventuellement déplacer des opérations vers
ces autres pays. Le Mexique et Taiwan pourraient être
un point de repli pour Suntech et pour d’autres sociétés
similaires. Suntech, de façon prévisible, s’oppose à
toute barrière au commerce, sur toute la chaîne d’approvisionnement de l’énergie solaire. Mais qu’en
disent les entreprises américaines ? A ce jour, elles
semblent sereines, voire satisfaites. Mais ces signes
sont peut-être trompeurs. En fait la réaction des
sociétés solaires américaines dépend grandement de
leur position dans la chaîne d’approvisionnement.
Celles qui sont dans l’acier et le silicium pour les
panneaux sont peut-être heureuses, à l’inverse de celles
qui installent les panneaux sur les toits, par exemple.
Nous ne devons pas oublier qu’il y a d’autres
entreprises dans d’autres pays qui voudraient faire des affaires en construisant des fermes solaires aux Etats-
Unis. Les sociétés basées en Allemagne, en Espagne et
ailleurs ont subi l’impact du resserrement de
l’entreprise de la Chine le marché américain ces
dernières années. Elles pourraient peut-être également
bénéficier de taxes ; en supposant qu’elles ciblent
exclusivement des entreprises chinoises. Les Etats-
Unis, pour leur part, prétendent juste vouloir « niveler
le terrain ». Mais peut-il vraiment avoir nivellement à
ce point ? Maintenant tout le monde comprend les
problèmes que la Chine, également connue comme
« l’usine du monde », peut causer au reste du monde avec sa main-d’œuvre massive et ses faibles coûts du
travail. Elle a le pouvoir et la volonté de produire des
produits et de les expédier sur le marché à des coûts
que peu d’autres pays peuvent se permettre.
Cependant, il y a la petite affaire de lois commerciales
internationales. On peut supposer que le DOC s’appuie
pour ses décisions sur une solide expertise. Donc, il
convient de surveiller ce sortira de leurs bureaux dans
les prochaines semaines, ce que feront sûrement les
Chinois. Cela devrait être intéressant.
Source Jeff Postelwailt, le 22/05/2012
Condamnation officielle des taxes US
Le gouvernement chinois proteste contre les taxes dites
anti-dumping sur les panneaux solaires, considérés
injustes et préjudiciables pour les producteurs et les
consommateurs. Une déclaration du ministère chinois du Commerce a pointé que la décision de Washington
a envoyé un « signal négatif » de protectionnisme
commercial au monde de la part des Etats-Unis. Dans
une décision préliminaire, Washington a pris le parti de
sociétés américaines d’énergie solaire qui soutiennent
qu’un flot de produits solaires à bas coûts expédiés de
la Chine sont sous-cotés et poussent les entreprises
américaines à la faillite. Les compagnies chinoises qui
vendent des équipements solaires aux Etats-Unis ont
également exprimé leur agacement contre ces taxes.
Trina Solar, Yingli Green Energy Americas et Suntech Power Holdings font partie de ces protestataires qui
promettent une action plus vigoureuse.
Source Electric Light & Power, 18/06/2012
…Union sacrée des majors… Une nouvelle alliance a germé en réponse aux
différends commerciaux américano-chinois en cours.
La première fut celle qui a initié la plainte, CASM pour
Coalition for American Solar Manufacturing. Ensuite
est arrivée CASE pour Coalition for Affordable Solar
Energy, qui comprend des fabricants, installateurs et
autres qui voyaient dans cette première action une
menace contre leur modèle d’affaires et leur objectif de
prix bas. Il y a maintenant SEPA pour Solar Energy Promotion Alliance, qui regroupe les chinois Suntech,
Trina, Yingli et Canadian Solar ; à ne surtout pas
confondre avec SEPA pour Solar Electric Power
Association, qui aide les utilités américaines à intégrer
l’énergie solaire dans leur portefeuille (un hasard ?).
L’objectif déclaré de cette nouvelle alliance est de
travailler ensemble pour faire appel des récentes
décisions tarifaires prises par le département américain
du Commerce. Ils vont le faire en s’opposant à la façon
dont ce dernier a fait le calcul à la base de la décision
antidumping. Depuis que les États-Unis considère que la Chine n’est pas une véritable économie de marché,
le département a décidé d’utiliser les coûts de
fabrication en Thaïlande comme référence. La décision
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 15 / 28
finale sera annoncée cet automne. Pendant ce temps, la
Chine se prépare à une potentielle plainte commerciale
venue d’Europe. Selon Reuters, le vice-président de la
société SolarWorld, Milan Nitzsche, a déclaré que
« les entreprises européennes se préparent à une affaire
commerciale, anti-subvention et anti-dumping, contre
la Chine et les entreprises chinoises ». « Cela aurait un
impact létal pour l’industrie solaire chinoise », selon le
PDG de Suntech, Zhengrong Shi.
Source Renewable Energy World, le 29/05/2012
…Faible impact des taxes sur le coût Une palette batterie de droits de douane sur les cellules
solaires chinoises au silicium pourrait hausser les prix
de gros des panneaux solaires livrés aux États-Unis de
10 à 12%, mais cette taxe ne fera qu’augmenter très
légèrement le prix qu’un développeur va payer pour la
réalisation d’un projet d’énergie solaire, selon le
cabinet IHS. La croissance de 10-12% proviendra de
l’utilisation de cellules taiwanaises, qui semblent
devoir devenir une marchandise convoitée depuis que
le département américain du Commerce a annoncé le
17 mai dernier un ensemble de droits de douane
préliminaires sur les cellules solaires en silicium fabriqués en Chine. Malgré ce bond de 10% des prix
du panneau solaire, le coût de l’installation d’un
système au sol pour un développeur ne va cependant
pas augmenter d’autant, parce qu’il comprend d’autres
facteurs, tels que travail, les permis, le marketing et la
vente, etc. Certains détracteurs des droits de douane
ont mis en garde contre un bond des coûts de projet
pour les développeurs, installateurs et consommateurs.
Un développeur pourrait finir par vendre un système
monté au sol à des prix plus élevés pour les
investisseurs, de 2.56 à 2.65 $/W, soit environ +3.5%, si le prix du panneau solaire augmente de 10%, a
estimé Mike Sheppard, analyste chez IHS. Cela
signifie que le retour sur investissement pourrait
baisser de 1.5 à 2.5%, a-t-il ajouté. Au mois de mai
dernier, les entreprises solaires chinoises et taïwanaises
ont affirmé ne pas attendre des taxes une augmentation
de coût importante pour les projets solaires ou une
hausse des prix de l’électricité solaire. « Cette
réduction du TRI signifie que certains investisseurs
vont y réfléchir à deux fois avant d’investir », selon
Sheppard, même s’il pense que la plupart des
investisseurs ne seront pas dissuadés. Le département du Commerce impose des taxes d’environ 31% sur les
cellules de 61 fabricants, dont certains dans le top 10
mondial : Suntech Power, Trina Solar, Yingli Green
Energy, Canadian Solar, JinkoSolar et Hanwha
SolarOne. Les autres sociétés chinoises sont également
soumises à des taxes élevées. Certaines compagnies
comme Canadian Solar déplorent ces taxes qui leur
sont appliquées parce que le cœur de sa production se
trouvant en Chine, elle est considérée comme
compagnie chinoise. Mais les sociétés qui ont conduit
la bataille des taxes veulent voir dans ces dernières la
preuve qu’elles ont eu raison : les compagnies
chinoises vendent en-dessous du prix du marché pour
pousser à la faillite leurs concurrentes. Les taxes
s’appliquant uniquement sur les cellules, les fabricants
chinois peuvent toujours utiliser leurs unités
d’assemblage, qui restent une option plus rentable que
partout ailleurs pour fournir le marché américain.
Canadian Solar a acheté des cellules taiwanaises et
espère que ces relations établies avec les fournisseurs
lui permettront de contourner les droits de douanes
rapidement. La société ne prévoit pas d’augmentation des prix de panneaux solaires, même si les cellules des
sous-traitants ont tendance à hausser le coût de
production de l’entreprise, parce que la compagnie a
suffisamment utilisé de cellules taïwanaises par le
passé pour pouvoir absorber ces augmentations dans
ses modèles financiers. La société ne tient toutefois pas
à révéler combien lui coûtent les alternatives à cette
option. Des responsables de Trina Solar, pour leur part,
estiment l’augmentation de leur coût de production,
induite par le recours à des cellules taiwanaises entre
0.03 et 0.05 $/W, selon une note de recherche par la Deutsche Bank. Pour certaines entreprises, cette
augmentation se situerait entre 0.05 à 0.07 $/W. Le
prix de vente moyen des panneaux solaires expédiés
vers les Etats-Unis était d’environ 1 $/W en mars de
cette année, alors que celui pour l’Europe était
moindre, entre 0.75 et 0.85 $/W. Les grands fabricants
chinois ont enregistré des pertes l’an passé en raison de
la surabondance de panneaux solaires sur le marché
mondial – et des changements de politique d’incitation
dans les marchés clés tels que l’Allemagne – et ont fait
chuter les prix des panneaux solaires. Ainsi, comme ils ne s’attendent pas à voir une franche remontée des
coûts de production, cela peut prendre longtemps avant
de faire des profits à nouveau. Les plus grands
fabricants taiwanais sont Motech, Gintech et Neo
Solar. Le premier, bien qu’étant un des leaders
mondiaux de fabrication de cellules avec 1.5 GW de
production annuelle, dispose aussi de 200 MW de
capacité d’assemblage de panneaux solaires répartis
dans des usines en Chine, au Japon et aux États-Unis.
Elle a acheté une unité d’assemblage de 40 MW dans
le Delaware à General Electric et a commencé sa
propre production en 2010, a déclaré Derick Botha, vice-président des ventes et du marketing pour les
Etats-Unis. Il note que le prix des panneaux solaires
représente désormais environ un tiers de ce que paie un
développeur pour installer un projet à l’échelle du
mégawatt – et moins que si le développeur incluait les
coûts de permis et de commercialisation. Donc,
l’impact final des taxes sur l’électricité solaire sera
probablement minime. « Honnêtement, je ne crois pas
que les nouveaux droits de douane auront un impact
significatif sur le consommateurs » ajoute Botha.
Source Ucilia Wang, le 29/05/2012
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 16 / 28
Riposte chinoise… La guerre commerciale solaire suivie par le reste du
monde a connu un nouvel épisode. Le ministère du
Commerce a, en effet, annoncé officiellement que la
Chine procède à une enquête antidumping contre les
importations de silicium polycristallin pour le secteur
de l’énergie solaire en provenance des États-Unis et la Corée du Sud. Cette initiative vient en réponse à celle
adoptée par les Etats-Unis contre la Chine dans le
même sens il y a quelques mois. L’enquête a débuté
après que plusieurs entreprises solaires chinoises
comme LDK Solar et Daqo New Energy, aient présenté
une demande d’enquête auprès du gouvernement
chinois au début du mois de Juillet. Ces sociétés ont
présenté des preuves supposées justifier une enquête
antidumping sur la dernière année et une enquête sur
les dommages causés à l’industrie chinoise sur les
quatre dernières années. Cette mesure de rétorsion était plutôt attendue, après l’instauration unilatérale de taxes
sur les produits solaires chinois il y a quelques mois, à
la suite d’une enquête sur une demande de SolarWorld
datant d’un an. La coalition des fabricants américains
de panneaux solaires (CASM) et de nombreuses
entreprises américaines du secteur solaire qui ont
applaudi la décision de leur propre gouvernement ont
déjà publié des déclarations de rejet de la mesure
chinoise. En particulier, le CASM souligne que cette
mesure « prouve une fois pour toutes que la Chine
tente, injustement et illégalement, de faire que ses
fabricants dominent l’industrie solaire globale ». L’organisation considère l’initiative comme « une
tentative cynique de la part du gouvernement chinois
pour intimider le gouvernement des Etats-Unis ».
Heureusement, selon lui, lorsque le gouvernement
chinois a essayé ces actes flagrants de représailles dans
le passé, l’Organisation mondiale du commerce les a
jugés illégaux. Pour sa part, l’organisation pour une
énergie solaire accessible (CASE), qui représente les
sociétés chinoises, a appelé le gouvernement américain
et la Chine à résoudre le différend commercial de toute
urgence. « Dans l’industrie solaire globale, il n’y a pas de place pour les entreprises qui utilisent les solutions
commerciales unilatérales au lieu de stratégies
commerciales compétitives. Les droits d’importation, à
tout point de la chaîne de valeur solaire, sont
contreproductifs et rendent l’énergie solaire moins
compétitive avec les combustibles fossiles. La
réduction et non pas l’augmentation artificielle des
prix devrait être un objectif mondial », ajoute CASE.
De ce fait, les sociétés chinoises refusent de continuer
d’être les boucs émissaires des entreprises américaines
en difficulté ou en faillite comme Solyndra, qui les accusent de tous leurs maux, ce que ne sont pas loin de
penser un certain nombres d’analystes américains,
comme Jeff Postelwait de REWorld.com. Il faut dire
que pour l’année dernière uniquement, la Chine a
vendu pour plus de 3.1 milliards US$ de cellules et
modules solaires aux Etats-Unis. Et les nombreuses
compagnies US qui écoulent des produits chinois
voient déjà pointer les difficultés que ces taxes vont
causer en réduisant leurs marges. Sans compter que les
majors chinois ont des unités hors du pays – comme
Suntech en Suisse et aux Etats-Unis – et pourraient
délocaliser leurs activités au Mexique ou à Taïwan.
Source Energias Renovables, le 24/07/2012
… et plainte européenne Après des mois de rumeurs et faux départs, il apparaît
que SolarWorld est sur le point d’introduire une plainte auprès de la commission de Commerce de l’UE contre
la concurrence déloyale des produits solaires de Chine.
Cela fait en effet plusieurs mois que les couloirs
bruissent de rumeurs d’une plainte de l’entreprise
allemande en Europe cette fois-ci. Son introduction
effective était attendue par les analystes lors de la foire
Intersolar à Munich, mais encore une fois rien ne s’y
est passé. Sans que ces retards soient clairement
expliqués, tout le monde semble penser que cette enfin
pour cette semaine. Il y a quelques jours, la coalition
des fabricants chinois, CASE, s’est insurgée contre
cette plainte en cours en Europe. « La compagnie allemande, est prête une nouvelle fois à un effort
désespéré pour éviter la concurrence dans le marché.
Pourtant l’industrie solaire dans son ensemble –
fabricants, fournisseurs, installateurs et
consommateurs – a bénéficié de la forte baisse du prix
des cellules solaires, et le succès futur de cette
industrie repose sur notre capacité à améliorer
continuellement l’économie de la production
d’électricité solaire. De fait, SolarWorld a
désespérément besoin de cette action pour rester
compétitive. Comme un agent provocateur en folie, SolarWorld alimente les luttes intestines pour son
intérêt égoïste. Au nom de dizaines de milliers de
travailleurs solaires américains, nous sommes très
découragés par ces actions inutiles et destructrices de
SolarWorld et exhortons l’UE à rejeter sa requête ».
CASE a, de fait, anticipé une action qui n’est pas
encore engagée. Jigar Shah, qui conseille le
consortium, avoue avoir agi sur la base d’informations
inexactes. Toutefois, sans doute pour couper court aux
nombreuses rumeurs qui brouillent son message,
SolarWorld a publié son propre communiqué
confirmant son intention de déposer plainte et donnant même pour la première fois un vague chronogramme
des actions envisagées. « Nous avons toujours dit que
nous demanderions à l’UE de prendre des mesures
urgentes contre la concurrence déloyale des fabricants
de produits solaires chinois. Nous pouvons confirmer
que nous travaillons en collaboration avec les acteurs
majeurs européens dans ce sens. Sans donner de date
précise, cette action sera concrétisée dans les
prochains jours », déclare le porte-parole de
SolarWorld. Pour sa part, l’industrie chinoise se
mobilise contre cette plainte annoncée. Selon
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 17 / 28
Bloomberg, environ 40 sociétés chinoises vont publier
une déclaration sur leur position incessamment. Et
selon China Daily, le ministère du Commerce chinois a
déclaré qu’il allait « prendre de probables contre-
mesures ». Déjà, pour contrer l’action de SolarWorld
qui a conduit aux taxes américaines sur ses cellules
solaires, la Chine a ouvert une enquête antidumping sur
les produits polycristallins en provenance des États-
Unis et de la Corée du Sud. La plainte induite aux
Etats-Unis a toutefois provoqué une profonde
divergence des acteurs solaires américains, dépendant de leur position dans la chaîne de valeur. Cela pourrait
refroidir les ardeurs des compétiteurs européens.
Toutefois, les décisions commerciales européennes
sont en général moins sévères que celles des États-
Unis, et la commission de l’UE va très certainement
tenir compte de l’impact aussi bien économique
qu’environnemental d’un éventuel arrêt. SolarWorld
scrute également de près les suites de l’action intentée
aux Etats-Unis. Une compensation et des pénalités
antidumping d’environ 35% pour les grands fabricants
devraient être mis en place avant l’automne. La plupart des grands fabricants chinois ont des réseaux de
distribution qui leur permettent d’importer des cellules
d’ailleurs, notamment de Taïwan. Cela rendrait les
panneaux légèrement plus chers, mais ils seraient
conformes à la loi. La filiale américaine de
SolarWorld, toutefois, conteste déjà la portée de la
décision provisoire dans le but d’éviter cette solution
de rechange qui anéantirait presque autant d’efforts.
Source Steve Leone, REWorld.com, le 25/07/2012
PV Chine-UE, guérilla et discussions
Malgré les objections de la chancelière allemande
Angela Merkel et du ministère chinois du Commerce,
la Commission européenne a commencé son enquête
sur les allégations de pratiques déloyales chinoises relatives aux produits solaires. Dans la guérilla
commerciale lancée par le groupe de pression ProSun,
l’UE fait bloc derrière la chancelière allemande Angela
Merkel pour des discussions pour résoudre le
différend. La Commission européenne, l’autorité
commerciale de l’UE à Bruxelles, appuie les
propositions pour un « dialogue politique », a déclaré
Mme Merkel après avoir parlé avec le président de la
commission José Manuel Barroso. Aucun pays de
l’UE ne refuserait de telles négociations si elles sont
« substantielles » et « ouvertes », a- t-elle dit. Berlin presse pour une solution à l’amiable de la question, un
œil sur les investissements allemands colossaux dans
les entreprises chinoises totalisant actuellement 33
milliards US$, contre 1.5 milliards US$ de fonds
chinois dans les sociétés allemandes. Sans surprise, la
chancelière a donc appelé à des négociations et
discussions. Mme Merkel avait déjà déclaré en août
dernier qu’elle cherchait des pourparlers pour
empêcher l’ouverture de la procédure antidumping en
Europe. La Chine, à son tour, a appelé au dialogue
pour sauvegarder liens économiques et commerciaux, a
rapporté l’Agence Xinhua Nouvelles le 15 septembre.
Au début de ce mois le journal China Daily écrivait
que la China s’apprêtait à riposter si Bruxelles poursuivait son enquête. La Chine aurait exercé de
fortes pressions sur Bruxelles contre cette action.
L’UE menace en effet d’imposer des droits de douane
sur les panneaux chinois, considérant que les
concurrents européens pourraient être victimes de sous-cotation des produits solaires PV de la part de
leurs compétiteurs chinois qui bénéficieraient d’aides
publiques injustes. Des sociétés telles que SolarWorld
AG, enhardies par des mesures similaires des États-
Unis à l’encontre de la Chine cette année cherchent à
protéger leurs marges bénéficiaires que la croissance
de la concurrence asiatique comprime. Dans cette
bataille, au contraire des dirigeants politiques, le
commissaire au Commerce, Karel de Gucht et les
compagnies européennes ont décidé d’adopter la ligne
dure. Toutefois, aucune décision ne devrait intervenir
avant fin 2013. Cette action intervient en réponse à une plainte déposée le 24 Juillet par la coalition européenne
ProSun, un groupe de 25 fabricants européens de
panneaux solaires dirigés par la société allemande
SolarWorld, qui accuse la Chine de vendre des
panneaux solaires à perte. Il faut dire que les sociétés
chinoises d’énergie éolienne et solaire, notamment
Suntech Power Co. Holdings, ont rogné les parts du
marché de l’UE de leurs principaux rivaux qui
dominaient l’industrie. La concurrence accrue a ainsi
réduit les prix des panneaux de moitié l’an dernier,
provoquant la faillite d’au moins une douzaine de sociétés. Dans un récent communiqué, la commission a
détaillé la procédure d’enquête qui sera faite à travers
une série de questionnaires envoyée aux parties
concernées, et relatifs à l’exportation, à la production,
aux ventes et à l’importation de panneaux solaires et de
leurs composants principaux. L’information sera
ensuite vérifiée par la commission, précise le Centre
international pour le commerce et le développement
durable sur son site web. Les résultats de l’enquête
sont attendus pour juin 2013. Sur la base des preuves
ainsi recueillies, la commission va décider si elle
applique des pénalités sous forme de taxes anti-dumping, si elle approfondit d’abord l’enquête ou si
elle y met un terme sans suite. Un élément clé de cette
enquête est l’approche connue sous le nom de « test
d’intérêt de l’Union ». Au-delà des résultats de
l’enquête, la commission aura à décider si l’imposition
de taxes anti-dumping coûte plus à l’UE que les
bénéfices qu’elles rapporteraient à la coalition ProSun.
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 18 / 28
Une décision définitive sur l’imposition de mesures de
rétorsion devrait être publiée au Journal officiel de
l’UE le 5 Décembre 2013. L’Europe représente
environ les trois quarts du marché photovoltaïque
mondial. Les États-Unis ont proposé des taxes
antidumping allant de 31% à 250% sur les fabricants
chinois de solaire PV, après que le département du
Commerce ait statué en mai que les produits étaient
effectivement vendus à perte.
Source Diarmaid Williams et Stephen Nicola, septembre 2012
Tensions persistantes Chine – USA
La Chine reste mobilisée contre la décision du
département fédéral américain du Commerce (DOC)
d’appliquer des taxes supplémentaires sur les panneaux
chinois. Elle dénonce un protectionnisme hors d’âge
qui aura comme conséquence d’exclure les produits
chinois du marché américain. « Les Etats-Unis
cherchent l’affrontement dans le secteur des énergies
nouvelles et envoient un signal négatif au mode entier
sur le protectionnisme et l’obstruction au
développement des ces énergies », a déclaré le porte-parole du ministre chinois du Commerce dans un
communiqué. Après cela, on peut s’attendre à une
riposte. « Nous espérons que la partie américaine va
corriger cette action erronée en mettant fin à ces
mesures de rétorsion », a-t-il ajouté. Le DOC a décidé
d’appliquer des taxes allant de 18 à 250 % aux
producteurs chinois de panneaux solaires, pour contrer
ce qu’il considère être des subventions industrielles
injustes de Beijing. Les autorités chinoises soutiennent
que les subventions pour la recherche et les
exonérations de taxes offertes aux producteurs solaires sont similaires aux engagements et pratiques des autres
gouvernements
Source Diarmaid Williams, REW.com, le 12/10/2012
La production mondiale d'électricité
nucléaire en déclin
Selon le dernier rapport sur l'état de l'industrie
nucléaire (The World Nuclear Industry Status Report 2012), au 1er juillet 2012, 31 pays exploitaient des
centrales nucléaires dans le monde pour un total de 429
réacteurs développant une capacité installée de 364
GWe. Ces chiffres prennent en compte l'arrêt définitif
des réacteurs de la centrale de Fukushima. A la date du
5 Juillet 2012, un seul (Ohi-3) des 44 autres réacteurs
japonais était en service, alors que "l'avenir du parc
nucléaire nippon semble très incertain" note le rapport.
La capacité installée nucléaire a atteint un sommet en 2010 (375 GWe), avant de décliner pour arriver au
même niveau qu'il y a 10 ans.
La production d'électricité nucléaire a atteint son
maximum en 2006 avec 2.660 TWh. Elle a baissé en
2011, à 2.518 TWh (-4,3% par rapport à 2010). La part
du nucléaire dans la production d'électricité dans le monde diminue de façon constante : -17% en 1993 à
environ -11% en 2011.
Il y a actuellement 59 réacteurs nucléaires en
construction qui représentent une capacité totale de 56
GW. Treize pays sont actuellement concernés par la
construction de centrales nucléaires, soit 2 de moins qu'il y a un an : En Iran avec le démarrage de son usine
et la Bulgarie qui a décidé d'abandonner la construction
de ses 2 unités de Belene dont le chantier avait
commencé en 1987. Par ailleurs, le Japon a stoppé la
construction de 2 sites (Ohma et de Shimane-3), alors
que le Pakistan a débuté le chantier de 2 unités
(CHASNUPP 3 et 4).
Enfin, près des trois quarts (43) des unités en cours de construction sont situées dans 3 pays : la Chine, l'Inde
et la Russie.
Europe
La Commission Européenne
s'interroge sur l'après 2020 Le 6 juin dernier, la Commission européenne a donné
sa position officielle sur le développement des énergies
renouvelables, car rappelons le, l'Union européenne
s'est engagée pleinement dans l'objectif d'atteindre une
part de 20 % d'énergies renouvelables d'ici à 2020.
Cependant selon l'instance européenne, cet objectif ne
pourra être atteint d'une manière efficace au regard des
coûts que "si l'ensemble des politiques actuellement en
place sont mises en œuvre dans tous les États membres
et que les régimes d'aide convergent."
La Commission Européenne appelle ainsi à mettre en
place et à réformer de manière plus coordonnée les
régimes d'aide et à recourir davantage aux échanges
d'énergies renouvelables entre les États membres. Par
ailleurs, comme les investisseurs ont besoin de sécurité
réglementaire, il devient crucial selon la commission
de lancer des discussions sur l'avenir et l'établissement
d'un cadre solide au-delà de 2020.
"Il nous faut continuer à développer les énergies
renouvelables et à promouvoir des solutions
innovantes. Nous devons y parvenir avec efficacité au
regard des coûts. Il faut pour ce faire produire de
l'énergie à partir des sources éolienne et solaire lorsque
c'est économiquement viable, et assurer des échanges
commerciaux intra-européens pour cette énergie, comme nous le faisons pour d'autres produits et
services" a déclaré Günther Oettinger, membre de la
Commission européenne chargé de l'énergie. A ce
stade, le texte présenté, le 6 juin par le Commissaire
européen à l'Energie, Günther Oettinger, n'a pas encore
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 19 / 28
valeur législative.
Il apparait au final que des efforts devront être
intensifiés jusqu'en 2020 dans 4 principaux domaines
pour réaliser nos objectifs en matière d'énergies
renouvelables selon un bon rapport coût-efficacité :
Marché de l'énergie : "La Commission insiste sur
la nécessité d'achever le marché intérieur de
l'énergie et constate la nécessité de prévoir sur le
marché des incitations à l'investissement dans la
production énergétique afin d'assurer une intégration sans heurts des énergies
renouvelables."
Régimes d'aide : "La Commission donne la
préférence aux régimes qui encouragent les
réductions de coût et évitent les surcompensations.
Elle appelle à des régimes d'aide plus cohérents entre les États membres afin d'éviter les barrières
inutiles."
Mécanisme de coopération : "La Commission
encourage un recours accru aux mécanismes de
coopération prévus dans la directive sur les
énergies renouvelables. Les mécanismes de coopération permettent aux États membres de
réaliser leurs objectifs contraignants nationaux par
le commerce des énergies renouvelables. Ainsi, un
État membre pourra par exemple acheter de
l'énergie d'origine éolienne ou solaire auprès d'un
autre État membre ou d'un pays tiers, en dehors de
l'UE, cette énergie lui revenant moins cher que la
production solaire ou éolienne sur le territoire
national."
Coopération énergétique dans l'espace
méditerranéen : "La Commission suggère des
améliorations du cadre réglementaire et souligne
qu'un marché régional intégré au Maghreb
faciliterait des investissements à grande échelle
dans la région et permettrait à l'Europe d'importer
de l'électricité d'origine renouvelable."
En ce qui concerne l'après-2020, la commission estime
que sans cadre approprié, la croissance des énergies
renouvelables s'enrayera. Ce cadre doit permettre
davantage d'innovation et faire baisser les coûts afin
que les énergies renouvelables constituent un secteur
prometteur pour des investissements générateurs de croissance. La Commission propose donc d'entamer le
processus de préparation des options envisageables
pour la politique à mener et ses étapes à l'horizon 2030.
Elle énonce 3 options autres que le statu quo:
► Nouveaux objectifs pour les gaz à effet de serre
(GES) mais pas d'objectifs pour les énergies renouvelables : "Le système d'échange de quotas
d'émissions serait le principal instrument pour réduire
les émissions de C02."
► Trois objectifs nationaux : "énergies renouvelables,
efficacité énergétique et GES."
► Objectifs à l'échelon de l'UE : "énergies
renouvelables, efficacité énergétique et GES."
La Commission souligne également qu'il est crucial de
définir dès que possible des étapes à l'horizon 2030.
Elles devraient permettre aux producteurs d'énergie à partir de sources renouvelables d'améliorer leur
position concurrentielle sur le marché européen de
l'énergie.
La directive sur les énergies renouvelables adoptée en
2009 fixe des objectifs contraignants pour les énergies
renouvelables, celles-ci devant représenter 20 % du bouquet énergétique de l’UE en 2020. Chaque État
membre se voit assigner des objectifs individuels en ce
qui concerne la part totale d'énergies renouvelables
dans sa consommation d'énergie. "La croissance des
énergies renouvelables suscitée par cet encadrement est
encourageante" selon la Commission Européenne.
Afin d'atteindre les objectifs fixés pour 2020, les États
membres n'ont pas d'autres choix que de mettre en
œuvre leurs plans d'action nationaux et augmenter
substantiellement le financement des énergies
renouvelables. Les investissements annuels en capital
devraient rapidement doubler pour atteindre 70
milliards d’euros. C'est principalement du secteur privé
que devraient venir ces investissements. Enfin, les
incertitudes sur l'orientation des politiques futures au-
delà de 2020 semblent freiner ce processus.
http://ec.europa.eu/energy/renewables/doc/communication/2012/comm_fr.pdf
Transitions énergétiques en Europe
Faute d’un cadre unifié et transversal, l’Europe tâtonne
sur la voie de la transition énergétique. Les progrès
viennent des territoires, qui n’attendent pas des
objectifs contraignants « top down » pour expérimenter
et implanter des transformations. Sait-on que 30 000
moulins équipés en micro-hydraulique pourraient
fournir l’équivalent de la production énergétique de
deux EPR ? En France, le potentiel d’installation de ces moulins est de 60 000. Qui en décide ? Le
Ministère du développement durable, de l’écologie et
de l’énergie a annoncé un débat sur l’énergie en
octobre 2012. La voix des hérauts de la transition
énergétique sera-t-elle entendue ? D’autres pays, tels
que l’Autriche, ont des traditions de décentralisation
telles que dans le Vorarlberg, un Bureau des questions
du futur a été instauré. Depuis plus de dix ans, les
habitants s’y concertent et y fabriquent ensemble les
choix qui engagent la région pour l’avenir. Dans cette
province, les convecteurs électriques et le PVC ont
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 20 / 28
ainsi été interdits sans que cette décision soit vécue
comme autoritaire. Tous les logements sociaux sont
construits en label « Passiv’haus ». Des bus ruraux
desservent toutes les parties du territoire. Des flottes de
véhicules sont mises à la disposition des entreprises.
40% des produits alimentaires consommés sont
produits dans la région. Une monnaie locale a même
été introduite afin de favoriser les circuits courts. Le
Vorlarlberg est sans doute un des lieux
d’expérimentation les plus avancés d’Europe en
matière de transition énergétique. Pour l’architecte et journaliste Dominique Gauzin-Müller, cet
accomplissement provient d’un mélange subtil entre
plusieurs ingrédients : un pragmatisme qui évite le
gaspillage, la recherche d’un équilibre entre tradition et
modernité, l’intelligence collective, et les initiatives
« bottom up », c’est-à-dire émergeant des territoires,
plutôt que « top down », imposées par en haut.
Dominique Gauzin-Müller note aussi l’importance de
réhabiliter la valeur du travail manuel. La transition
énergétique n’est pas qu’une affaire de technique, elle
passe aussi par l’humain, l’empathie collective vis-à-vis de la préservation des ressources, la sensibilisation
et l’implication de chacun dans un cadre décentralisé,
grâce à une approche « holistique », c’est-à-dire
transversale.
C’est bien cette vision intégrée qui manque à la
politique d’efficacité énergétique initiée par l’Union européenne, souligne Edouard Toulouse, qui décrit
les années 70, 80 et 90 comme une époque de grand
vide en la matière. Ce n’est qu’au début des années
2000 qu’une série de directives européennes sont
élaborées pour tenter d’orienter l’offre énergétique :
énergies renouvelables (2001), performance des
bâtiments (2002), éco-conception (2005), services
énergétiques (2006), sur fond de libéralisation des
marchés. « Dans les années 2010, on découvre enfin
l’efficacité énergétique. Mais le consensus entre Etats-
membres est rare. L’approche est économique et technique, par le biais des technologies propres. Mais
il n’y a aucune vision intégrée », observe cet expert en
efficacité énergétique. La transition réclame de l’action
sur l’ensemble des leviers, non seulement techniques,
mais aussi comportementaux, via la sobriété des
consommations et une prise de conscience collective.
Le 12 juillet dernier, la commission de l’industrie, de la
recherche et de l’énergie (ITRE) du Parlement
européen a approuvé un accord sur une nouvelle
législation européenne sur l’efficacité énergétique et
les économies d’énergie. Les États membres devront
présenter leur feuille de route pour la réalisation
d’économies d’énergie de 80% dans le secteur des
bâtiments d’ici à 2050. Le secteur de l’énergie sera
également contraint de réaliser 1.5% d’économies
annuelles dans tous les secteurs d’utilisation finale,
même si cette obligation a été édulcorée par les gouvernements de l’UE. Des instruments financiers
contraignants et une meilleure information au
consommateur via l’utilisation de compteurs
intelligents comptent parmi les mesures proposées dans
la directive, ainsi que des mesures de maîtrise de
demande en énergie qui vont réduire les coûts de
l’équilibrage de l’électricité et les factures
énergétiques. Reste à mettre la politique européenne de
quotas d’émissions en cohérence avec ces mesures
d’efficacité énergétique, afin de faire monter le prix du
carbone et de procurer des liquidités supplémentaires
aux pays de l’Union pour financer les économies d’énergie.
Quant à la directive européenne sur l’éco-conception,
qui fixe des normes d’efficacité énergétique sur les
produits, elle patine. Après les bons débuts de 2008 et
2009 (avec les veilles limitées à 1 W, la fin des ampoules incandescentes, etc.), le rythme des mesures
a considérablement ralenti : seulement deux produits
en 2010 (lave-linge et lave-vaisselle), un seul en 2011
(ventilateurs industriels) et pour l’instant deux en 2012
(climatiseurs et pompes). « On ne désespère pas
d’obtenir enfin une décision finale sur les chaudières
et chauffe-eau d’ici la fin de l’année. Egalement dans
les tuyaux pour la fin de l’année ou le début 2013 :
l’éclairage directionnel (spots), les aspirateurs, les
sèche-linge, les ordinateurs, les moniteurs », souligne
Edouard Toulouse.
Une coalition d’ONG, Coolproducts, a publié une
étude réalisée par Ecofys sur les bénéfices
économiques de ces réglementations, qui souligne que
le potentiel de réduction d’émissions de CO2 y est aussi
important que via le système de quotas. Les bénéfices
bruts sur la facture énergétique des Européens seraient de 120 milliards € par an d’ici 2020. Selon Ecofys, si
ces économies financières sur les factures énergétiques
étaient dépensées dans d’autres secteurs, jusqu’à un
million d’emplois pourraient être créés en Europe.
Contrairement à d’autres domaines de politique de
l’environnement, les ONG et entreprises du secteur
semblent d’accord pour aller de l’avant. Elles se sont
groupées au sein de la Coalition for Energy Savings,
qui rassemble aussi des architectes et des experts.
Plusieurs réseaux font valoir des amorces de transitions
énergétiques en Europe. La coalition européenne
Inforse dresse une banque de données sur les initiatives en cours. Elle présente des études de cas exemplaires, à
commencer par le Danemark lui-même, où Inforse est
basé. Cette ONG propose un scénario à 100%
d’énergies renouvelables pour le Danemark d’ici à
2030. De fait, Copenhague devrait être la première
ville zéro carbone en 2025. Déjà 36% des Danois se
rendent à leur travail en vélo. En 2025, un réseau
complet de pistes cyclables achèvera de rendre
obsolètes les automobiles dans la capitale danoise. En
amont, selon le porte-parole d’Inforse, le Danois
Günnar Olesen, seul un scénario de croissance zéro pourrait stabiliser la hausse des consommations
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 21 / 28
d’énergie.
Source Agnès Sinaï, Actu-Environnement, le 18/07/2012
Marché des équipements dépressif
Le rapport du consultant californien SEMI qui vient
d’être publié sur les ventes et commandes fermes
d’équipements PV dans le monde ne prévoit aucune
amélioration et confirme la baisse continuelle observée
durant les six derniers trimestres. Après une chute à
son plus bas niveau au premier trimestre depuis la
collecte des données, une légère reprise de 2% est notée pour le second trimestre. Toutefois, la facturation
globale de 706 millions US$ enregistrée ne représente
que 35% de la facturation pour le même trimestre
l’année dernière. A l’exception d’une grosse
commande enregistrée au trimestre précédent, le
niveau global des commandes a chuté de 20% à 235
millions US$, atteignant son plus bas niveau depuis le
premier trimestre de 2010. Avec 0.33, le rapport
commande/facturation reste sous le seuil de parité pour
le cinquième trimestre consécutif. « Ce sont encore de
mauvaises nouvelles, un septième trimestre de
récession » souligne Aaron Chew, analyste chez Maxim Group de New York. Il partage l’avis de SEMI
que l’environnement extrêmement concurrentiel entre
les fournisseurs d’équipements semble devoir perdurer
en raison du faible niveau de commandes des
fabricants, couplée à de mauvaises perspectives de
reprise à court terme. Il ne prévoit aucune amélioration
d’ici mi-2013. En outre, explique l’analyste, la
dépression est accentuée par l’émergence d’un marché
secondaire pour les gros équipements. « Toutes les
entreprises qui ont échoué sont en cours de fermeture
et de liquidation. Environ 40 fabricants de cellules et wafers ont fermé en Chine. Leurs équipements sont
vendus aux enchères à moitié prix, ce qui permet à des
géants comme Yingli de vendre à moitié à prix. Les
mauvaises nouvelles pour les acteurs de ce marché
c’est qu’ils doivent rivaliser avec ça », a déclaré Chew.
Avec une grosse surcapacité jusqu’en mars 2011, les
prix des produits PV ont chuté de 65% l’an dernier,
réduisant drastiquement les marges des fabricants.
Mais cette situation pourrait être paradoxalement une
chance pour le marché, selon Chew. « Le temps est
lourd pour le solaire parce que personne ne gagne plus
d’argent, mais cela oblige les acteurs à être de plus en
plus compétitifs par rapport aux énergies fossiles et la
demande est bonne. Des marchés inespérés sont
maintenant majeurs comme le Japon, le Chili ou la
Chine. L’Allemagne et l’Italie vont être à la peine en
perdant les subventions qui soutenaient les marchés
mais le flambeau sera repris par la Chine, le Japon et
même les Etats-Unis », pense-t-il. Il prédit ainsi une
demande de 30 GW cette année, 50 GW dans 2 à 3 ans
et 100 GW à la fin de la décennie. Les besoins en
équipements de production seront donc importants. Cela semble irréaliste aujourd’hui en raison de la
surcapacité mais les investissements devraient repartir
à partir de mi-2013 selon ces prévisions ; et la
demande pourrait avoisiner les 40 MW en fin 2013.
L’enquête a été réalisée en collaboration avec le
consultant allemand VDMA auprès de 50 fabricants.
Source Marsha W. Johnston, REW.com, le 19/09/2012
Problématique principale du PV
Depuis plus d’un an, l’expansion continue du solaire
PV est couplée à une montée des défis pour l’industrie
globale. Le magazine RenewableEnergyWorld a posé
deux questions à un panel de décideurs et d’experts :
quel est le défi principal auquel fait face l’industrie et
quelles stratégies peuvent garantir une croissance de
long terme. Paula Mint, analyste spécialisée chez
Navigant Consulting s’est prononcée sur ces questions.
Malheureusement, l’expansion significative de
l’industrie durant les années passées constitue un des
défis principaux du solaire, et un facteur important
dans la chute historique des prix du cristallin. Les
prédictions de prix encore plus bas sont d’ailleurs des obstacles importants à l’indispensable augmentation
des prix. Pour contrer ces rumeurs, l’industrie solaire
doit revoir son histoire et se concentrer sur la qualité.
L’électricité solaire est une technologie de haute
qualité, fiable, générant à long terme une énergie aux
coûts d’opération et de maintenance (O&M) minimum.
Tous les systèmes solaires ont besoin d’entretien
(nettoyage) avec une probabilité de 100% de devoir
remplacer un onduleur. Toutefois, aucune technologie
ne peut se dispenser de maintenance et ceci constitue
un non-argument contre le solaire. La vraie valeur du
solaire réside dans son indépendance par rapport au taux de volatilité des utilités – et ceci est
particulièrement vrai pour la génération distribuée. Le
défi d’imposer cette vérité d’indépendance énergétique
est parfois intimidant mais s’avère crucial pour l’avenir
du solaire. Nous avons besoin de redéfinir le « retour
sur investissement » industriel en « retour vers
l’indépendance » (ces deux expressions ont le même
acronyme en anglais, ROI), parce que la valeur de
l’indépendance est trop élevée pour être quantifiée.
Source REW.com, le 25/10/2012
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 22 / 28
Eolien chinois et petits projets PV au
secours de la croissance
Le Programme des Nations unies pour l’environnement
(PNUE) publie le bilan 2010 des énergies renouvelables et pointe la croissance de l’éolien
chinois et l’importance des petits projets
photovoltaïques en Europe. « La Chine, et les pays en
voie de développement sont actuellement les plus gros
investisseurs dans le secteur des énergies
renouvelables à grande échelle alors que l’Allemagne
continue d’avancer avec les toitures solaires ». Telle
est la principale conclusion du rapport « Tendances
mondiales de l’investissement dans les énergies
renouvelables 2011 » publié par mardi 5 juillet 2011
par le PNUE. Quant à l’avenir, il juge notamment que le gaz pourrait concurrencer les renouvelables…
L’agence estime qu’en 2010, les investissements
mondiaux dédiés aux énergies renouvelables se sont
élevés à 211 milliards US$, en hausse de 32% par
rapport à 2009. « Les fermes éoliennes en Chine et
l’installation de panneaux solaires sur les toits en Europe sont largement responsables de la hausse »,
avance le PNUE. Hors grands barrages hydrauliques,
l’énergie renouvelable a représenté 8.1% de la capacité
mondiale de production d’électricité dans le monde en
2010, contre 7.1% en 2009. Par ailleurs, ces énergies
ont représenté 34% des nouvelles capacités de
production d’électricité raccordées réseaux l’an
dernier. L’éolien, reste en tête avec près de 95 milliards
US$ investis en 2010, suivi par l’énergie solaire (86
milliards) et la biomasse et le recyclage des déchets (11
milliards).
Un autre constant est que le Sud progresse. S’agissant
des nouveaux investissements financiers, c’est à dire
les investissements pour les projets de grande échelle,
« pour la première fois, les économies en
développement ont dépassé les pays développés »,
explique le PNUE, précisant que 72 milliards US$ ont été investis dans les pays en voie de développement,
contre 70 milliards dans les économies développées.
La Chine devient ainsi le nouveau leader mondial avec
48.9 milliards US$ d’investissements publics, soit 28%
du total mondial. Bien que les sommes investies soient
bien en deçà des investissements chinois, de nombreux
pays en développement affichent des taux de
croissance élevés : l’Inde a augmenté ses
investissements de 25% (3.8 milliards US$), les pays
asiatiques, hors Chine et Inde, de 31% (4 milliards
US$), l’Amérique latine de 39% (13.1 milliards US$)
et l’Afrique et le Moyen Orient de 104% (5 milliards
US$). Les pays en développement ne sont cependant
pas les seuls à afficher d’importants taux de croissance
des investissements financiers. Parmi les pays
développés, « les Etats-Unis sont les grands
gagnants » souligne le rapport, précisant que ces
investissements ont dépassé les 25 milliards US$
contre un peu moins de 16 milliards en 2009. Les
investissements aux Etats-Unis ont bénéficié du plan
de relance et ont été dirigés principalement vers de
grands parcs éoliens. D’ailleurs, pour la première fois
aux Etats-Unis, la production électrique issue des renouvelables s’établit à 11.7% du total au premier
trimestre, contre 11.1% pour le nucléaire, selon le
service des statistiques du ministère de l’Energie. La
croissance des renouvelables est principalement due à
un bond de 52.2% de la production d’hydroélectricité.
L’éolien représente pour sa part 13% des renouvelables
(1.5 % de la production électrique totale). Quant au
gaz, il participe à hauteur de 32.9 % de la production,
en très légère hausse par rapport au 32.7 % affiché un
an auparavant. Enfin, le charbon décline légèrement et
participe pour 29% du total, contre 29.4% en 2010 et 31.1% en 2009.
Cependant, le rapport souligne que toutes les régions
n’ont pas connu une croissance des investissements
financiers en 2010. Les investissements européens ont
ainsi reculé de 22%, pour atteindre 35.2 milliards US$.
Le PNUE précise toutefois que cette chute « a été compensée par une hausse de la création de projets à
petite échelle, principalement dans le secteur des toits
solaires ». En l’occurrence, il explique que la forte
croissance des petits projets d’énergie solaire en
Europe est étroitement liée aux tarifs d’achat,
notamment en Allemagne, et à la forte baisse du coût
des installations photovoltaïques. S’agissant de ce
second point, le rapport évalue à 60% la chute du coût
de revient du mégawatt (MW) photovoltaïque depuis
mi-2008. En l’occurrence, le PNUE rappelle qu’en
2010, les investissements dans le petit photovoltaïque ont progressé de 132% en Allemagne (à 34 milliards
US$), de 59% en Italie (5.5 milliards), de 150% en
France (2.7 milliards) et de 163% en République
tchèque (2.3 milliards). Le PNUE anticipe un marché
« solide » en 2011, et cela, même si les baisses
rétroactives de tarif, annoncées en Espagne et en
République Tchèque « altèrent la confiance des
investisseurs ».
La croissance enregistrée en 2010 s’explique par trois
facteurs selon le PNUE : les aides financières pour
faire face à la crise financière de 2008, le niveau élevé
des prix des énergies fossiles et les tarifs d’achats
élevés accordés aux producteurs d’électricité verte.
Pour 2011, le PNUE considère que des surcapacités de
production dans l’industrie des renouvelables, la fin
des programmes de relance, la baisse des tarifs d’achat
et la compétition avec les centrales au gaz constituent les principales menaces sur les investissements. « Les
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 23 / 28
centrales au gaz, plutôt que les énergies renouvelables,
pourraient être les principales bénéficiaires des
problèmes rencontrés par l’industrie nucléaire »,
prévient le rapport. Le document explique que, du fait
du « boom du gaz de schiste », les prix du gaz sont
restés entre 3 et 5 US$ par million de British Thermal
Unit (mbtu), contre 13 dollars en 2008. « Cette
situation incite les énergéticiens aux Etats-Unis, mais
aussi en Europe et ailleurs, à construire plus de
centrales thermiques au gaz aux dépens des contrats
d’achat d’électricité proposés aux projets d’énergies renouvelables », prévient l’agence.
Source Philippe Collet, Actu-Environnement, octobre 2012
Vers « moins cher que le réseau » ?
Cela a commencé par les endroits hors réseau où l’électricité était apportée ou produite sur site. La
production au diesel était battue. En 2010, l’électricité
solaire non subventionnée battait les prix de
l’électricité de réseau chez les principales "utilités" à
Hawaii. Durant la prochaine décennie, les résidents de
la métropole, soit 100 millions de personnes, vont voir
tomber la plus grande barrière de l’électricité solaire -
l’obstacle économique. Mais le coût n’est toutefois pas
la seule barrière et l’état fédéral devrait s’inspirer du
cas hawaïen où la parité réseau a été atteinte
discrètement par l’électricité solaire PV. D’une part,
les « utilités » se sont attaquées aux limites archaïques de la production locale qui compromettaient
l’expansion du solaire PV sur les toitures résidentielles
et commerciales. D’autre part, les autorités locales
détentrices des permis seraient probablement gênées
que plus de la moitié des permis soient délivrés pour
des installations solaires quand celles-ci deviendront
compétitives. De plus les mises à niveau et études
d’interconnexion coûteuses peuvent notablement
renchérir le coût de l’électricité solaire. Trois-quarts
des bâtiments résidentiels et commerciaux ne sont pas
adaptés au solaire en raison d’une mauvaise orientation ou d’ombrages, ou encore parce que les occupants sont
des locataires qui ne peuvent adhérer que dans le cadre
de programmes collectifs. Il y a bien évidemment un
contrecoup politique si les subventions pour le solaire
ne suivent pas la baisse des coûts, laissant le
contribuable en supporter l’essentiel des charges. Le
cas hawaïen n’est pas forcement intégralement
transposable mais recèle d’enseignements précieux
pour l’avenir de l’électricité solaire au niveau fédéral
américain.
Rapport : Hawaiian Sunblock: Solar Facing Unexpected Barriers Despite Low Cost from John Farrell
Source John Farrell, REW.com, le 20/11/2012
Guerre solaire : vers une hausse des
modules de basse qualité ?
La pression de la concurrence acharnée sur un marché
mondial en proie à une surabondance d’équipements et
à la chute des prix ces deux dernières années aurait-elle
conduit à une dégradation de la qualité des panneaux
solaires ? La réponse est « oui » selon certains
fournisseurs de matériaux, d’instruments de mesure de
site de fabrication ou d’assurance, réunis ces jours-ci
en Californie. Les experts ont constaté l’utilisation
accrue de matériels non standardisés pour les contacts
métalliques, pour les matériaux en face arrière des
modules et les encapsulants protégeant des rayons UV
et des autres agressions extérieures et pour l’isolation
des câbles métalliques. Les procédés de soudure ou de connexion des cellules à l’intérieur du panneau sont
aussi de plus en plus « artisanaux ». Bien sûr, il y avait
certainement des panneaux mal faits avant l’actuel
déséquilibre entre l’offre et la demande, survenu au
début de 2011. De nombreux fabricants, notamment
ceux qui sont devenus des acteurs majeurs, ont appris à
utiliser des équipements très sophistiqués et des
instruments de test dans leurs usines. Mais des données
récentes de test et de surveillance réalisées par des
cabinets indépendants montrent que « l’avarice » fait
école dans la lutte pour réduire les coûts et survivre. SolarBuyer, qui envoie des experts de la fabrication
solaire faire des vérifications en usine pour le compte
de promoteurs de projets et d’investisseurs, a constaté
un taux de défaut moyen de 8.8% pour les panneaux
solaires en sortie d’usine de fabrication, a déclaré Ian
Gregory, directeur général de la société de Boston.
L’intervalle des taux de défaut va de 5.5 à 22%.
« L’industrie dans son ensemble souffre de cette
mauvaise qualité. Quand vous pensez que vous pouvez
faire faillite dans les trois mois, votre priorité ira aux
flux de trésorerie et pas à la qualité », a déclaré Jenya
Meydbray, PDG de PV Labs Evolution, qui effectue
des tests de fiabilité des panneaux solaires. « Cela veut
dire couper les coins pour gagner quelques centimes
par watt sur votre coût de sorte à vous assurer un peu
de marge ». Il souligne que les principaux problèmes
rencontrés au cours des analyses sont la dégradation
des matériaux qui maintiennent les cellules entre elles
et le jaunissement des feuilles en face arrière et des
encapsulants. Certains fabricants utilisent moins de
silicone pour coller les boîtes de jonction à l’arrière des
panneaux, provoquant leur décollement et des risques
d’incendie. Les panneaux problématiques ne viennent pas seulement des fabricants chinois, qui ont une
longue histoire de lutte contre leur réputation de
produire du toc, mais également des producteurs
américains et européens. Bien que ces problèmes
soient surtout apparus chez les petits fabricants, on les
retrouve aussi chez des majors. La question du contrôle
de la qualité est apparue récemment dans le discours
public. Lors de la conférence solaire de Greentech
Media, près de San Francisco le mois dernier, les
intervenants des deux panels ont soulevé la question.
Brian Matthay, vice-président de la finance environnementale à Wells Fargo, a déclaré que les
panneaux solaires sont loin de gagner le label
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 24 / 28
« commodities » car certains fabricants continuaient de
« rogner les coins ». Conrad Burke, directeur général
de DuPont Innovalight, a exprimé la même
préoccupation lors de la conférence. Dans une récente
interview, il a affirmé que DuPont, important
fournisseur de feuilles de Tedlar en face arrière et
d’autres matériaux, a testé les panneaux fabriqués avec
des matériaux de rivaux et a constaté l’utilisation de
matériaux de qualité inférieure qui dégradaient plus
rapidement la performance des panneaux PV. Il a dit
qu’il a parlé avec un fabricant de panneaux à la conférence et a été surpris d’entendre que ce dernier,
qu’il a refusé de nommer, offrait des panneaux de trois
niveaux. « Ce qui m’a choqué c’est que nous puissions
avoir une conversation de ce genre. Je crains que la
qualité soit sacrifiée au profit de la baisse des coûts »,
a ajouté Burke. Meydbray, Burke et Gregory n’ont
pas voulu nommer les fabricants qui ont des problèmes
de contrôle de qualité. Mais Burke a récemment fait la
une en relatant l’histoire de la désinstallation de
panneaux solaires de 24 campus de San Diego Unified
School District en Californie. Il était fabriqué par Solar Integrated Technologies qui a fait faillite depuis. C’est
General Electric qui a développé le projet et vend
l’électricité solaire au district scolaire via un contrat
d’achat de 20 ans. Peu d’entreprises acceptent de
divulguer les montants dépensés pour honorer les
garanties et le remplacement des panneaux défectueux.
Au moins une compagnie a remplacé les panneaux
solaires défectueux, mais en prenant la précaution de
faire signer une clause de confidentialité à ses clients.
Cette situation ne permet pas de vraiment mesurer
l’ampleur du problème de l’appel des cautions de garantie. La reconnaissance par First Solar de
paiements de grosses pénalités de garantie cette année
a donc surpris dans l’industrie. Quel impact cela a-t-il
pour les développeurs et les banquiers ? Lors de la
conférence, Matthay a parlé de négocier des garanties
très strictes parce que les investisseurs tablent sur un
projet d’énergie qui permet de produire de l’électricité
en continu pendant plus de 20 ans. Meydbray dit que
certains investisseurs n’ont pas mis beaucoup de
provision pour la garantie étant donné que des dizaines
d’entreprises sont tombées en faillite et que des
centaines d’autres devraient se retirer des affaires ou se faire racheter dans les années à venir. Les fabricants
ont bien senti qu’ils auraient à faire leurs preuves dans
ce contexte et sont à la recherche de contrôles fiables
auprès de PV Evolution Labs et d’autres fournisseurs
de services similaires. Celui-ci a d’ailleurs annoncé un
partenariat avec SolarBuyer pour préparer une liste de
fabricants de panneaux solaires à recommander aux
développeurs et investisseurs. Solar Insurance &
Finances, basée aux Pays-Bas, par exemple, n’octroie
les garanties ou bien n’assure des projets qu’après
avoir visité les usines d’où sortent les équipements solaires, selon René Moerman, fondateur de la société
et directeur de la stratégie, qui souligne avoir fait son
premier voyage en Corée en début du mois de
novembre. « Je ne fais confiance à personne. Pas
parce que je suis cynique, mais je ferai confiance
quand je verrai le rapport », déclare-t-il.
Source Ucilia Wang, REW.com, le 15/11/2012
Quel avenir pour le CSP en 2013 ?
A l’occasion de la 6ème édition du sommet CSP Today
Sevilla qui s’est réunie mi-novembre, la communauté
de cette filière a pu mesurer le chemin parcouru en
visitant les centrales de Palma del Rio II et Gemasolar.
Ce n’est pas un secret que cette filière se bat becs et
ongles pour avoir une place dans le mix énergétique.
L’industrie fait face actuellement à l’un de ses plus
grands défis, en raison du bas coût des autres sources
d’énergie et, plus important, de l’arrêt des subventions en Espagne. Mais, malgré en toile de fond un marché
européen du CSP en difficulté, les opportunités sont
encore nombreuses dans la mesure où l’industrie
conquiert de nouveaux marchés, technologies et
applications pour assurer sa pérennité et sa rentabilité.
Pour cette raison, la conférence a consacré beaucoup
de temps à la diversification industrielle et aux
nouvelles opportunités de marché et technologies. En
particulier, les experts se sont accordés sur la nécessité
de la baisse rapide des coûts et ont pris acte des progrès
substantiels effectués sur la seconde génération de sels
fondus, dans le domaine des composés hydrauliques et de l’hybridation, dont les effets seront visibles dès l’an
prochain. Cette rencontre a réuni de nombreuses
délégations internationales venant de Chine, Afrique
du Sud, Inde, Chili et Namibie. Elles ont pu partager
les avancées réalisées par les principaux développeurs
de la filière en Espagne comme Abengoa, Acciona,
ACS Cobra & Torresol Energy mais également
partager les préoccupations des nouveaux acteurs
mondiaux comme Eskom, l’indien Godawari Energy,
le namibien Control Electricity Borad, etc. Etaient
également présents les acteurs de la chaîne de valeur comme Aries, TSK, IDOM, Skyfuel, Areva, Novatec,
Hawe.
Source www.csptoday.com et REW.com, le 13/11/2012
Et qu’en dit le DOE ? Le département fédéral de l’énergie, DOE, a annoncé
le 17 décembre, un budget de 20 millions US$ pour
soutenir les projets de couplage de systèmes CSP à des
centrales fossiles. Ces systèmes hybrides constituent un
levier pour les infrastructures des centrales fossiles,
tels que les turbines ou les systèmes de transmission,
permettant de réduire le coût de production de
l’électricité solaire et d’accélérer la mise en réseau des
systèmes CSP. Actuellement, entre 11 et 21 GW de CSP pourraient être construits aux États-Unis – un des
marchés les plus porteurs – et intégrés à des centrales
fossiles existantes, soit assez pour alimenter entre 3 et
6 millions de foyers. Ce financement vise, à moyen
terme, à lever les barrières technologiques et
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 25 / 28
commerciales pour l’implantation de systèmes CSP
rentables. De plus, la technologie CSP hybride peut
aider à plus réduire les coûts pour les projets isolés et
doper les innovations sur toute la chaîne
d’approvisionnement du CSP. Les projets sélectionnés
pour ce programme visent à concevoir, construire et
tester des systèmes compétitifs d’intégration CSP et
fossiles. Le DOE cible des applications dans les
industries, les universités et les laboratoires nationaux.
Les candidats doivent apporter 75% du coût total du
projet. L’Initiative SunShot est un effort national de coopération pour accélérer la compétitivité avec les
autres formes d’énergie d’ici la fin delà décennie.
Source DOE, décembre 2012
Bilan 2012 du solaire
2012 aura malgré tout, été une grande année pour le
solaire, avec d’improbables acteurs qui ont forcé sur la
surenchère au niveau des capacités de production
absorbables. Voici une synthèse de certains des
événements les plus marquants de l’année dans
l’industrie solaire, avec l’analyse d’experts dans le
domaine.
Innovation financière et coopération. Selon Tom
Kimbis, Vice-président du SEIA, l’événement le plus
décisif de l’année est à chercher du côté de l’aval, pas
sur le plan technique mais sur celui des innovations
financières – celles qui permettent de plus en plus aux
gens dans les pays développés d’être en mesure de se
payer du solaire sans avoir à prendre une deuxième
hypothèque sur leur maison. « L’innovation peut
intervenir sur toute la chaîne de valeur. Ainsi nous
pouvons constater une innovation phénoménale avec les différents modèles de leasing ou de tiers
propriétaire qui ont plus poussé le marché US que les
progrès sur les rendements des cellules », analyse
Kimbis. Selon le rapport annuel sur le solaire élaboré
par SEIA et GTM Research, il a été installé en 2012
aux Etats-Unis, 1 992 GW, contre 1 885 GW en 2011 –
et l’année n’est pas encore finie. En effet, au 3ème
trimestre, il a comptabilisé 684 MW de capacité solaire
dont plus de 118 MW pour le résidentiel. L’analyste
attribue ce record à l’émergence des modèles financiers
de tiers propriétaire pour les consommateurs, qu’il
compare aux options financières dans l’industrie automobile – dans lesquelles, au lieu de payer on fait
recours à du leasing ou d’autres options financières.
« Lever la barrière de l’investissement initial, voici la
vraie innovation portée par ce modèle », constate-t-il.
La collaboration financière en amont a aussi permis la
réalisation de nombreux projets cette année, par
exemple, les fermes solaires Letsatsi et Lesedi en
Afrique du Sud. Les deux ont été rendues possibles
grâce à des contributions du développeur américain
SolarReserve et de deux sociétés locales, Intikon
Energy et Kensani Capital. Au Pérou, OPIC s’est allié à la banque de développement d’Amérique latine,
CAF, et à un fonds d’investissement Conduit Capital
Partners, pour le financement de deux projets solaires
PV d’une capacité globale de 40 MW.
Surcapacité et baisse des coûts. Malgré le boom de la
demande aux Etats-Unis en 2012 et la croissance
estimée à 70% par SEIA (contre 14% pour le marché global), la surcapacité de production reste un problème
crucial pour l’industrie. Cette surcapacité a conduit à la
guerre de tranchée qu’on sait entre les producteurs
chinois et le département fédéral du Commerce – et
l’UE comme alliée de circonstance. Les fabricants
chinois sont en effet accusés de dumping pour écouler
leurs stocks excédentaires sur les marchés américains
et européens à des prix qui faussent la concurrence.
Cela a conduit les autorités américaines à appliquer des
taxes douanières sur tous les modules avec des cellules
fabriquées en Chine, soit entre 24% et 36% de taxes supplémentaires. Hélas, le vieil adage au sujet de
chaque nuage ayant une doublure argentée peut être
vrai, surtout si on regarde les choses d’un point de vue
global. En 2012, l’offre excédentaire conduit à de bas
coûts, qui à leur tour ont provoqué une expansion
mondiale dans les pays riches et les PED, tous désireux
de capitaliser ce faible coût du matériel. Marc
Norman, avocat chez Chadbourne & Parke LLP et
directeur d’Emirates Solar Industry Association (ESIA)
considère cette situation comme « une création
destructive » qui a donné aux PED une occasion
d’entrer dans le marché du solaire PV. L’analyste souligne que les bas coûts pourraient permettre aux
PED en particulier de bénéficier des technologies
solaires en zones hors réseau. « La technologie solaire
peut être appliquée hors réseau, par exemple pour les
zones rurales qui manquent d’infrastructures. C’est
une occasion en or pour une approche orientée
demande, par opposition à celle devenue maintenant
plus traditionnelle de top-down », ajoute-t-il. Un retour
aux sources en quelque sorte ! « La baisse des prix est
à double tranchant. C’est bon pour le déploiement, bon
pour le consommateur et a permis de décupler le nombre d’installations. D’autre part, cette baisse a
réduit drastiquement les marges des fabricants, ce qui
rend la survie plus difficile dans un contexte
concurrentiel exacerbé », approuve Tom Kimbis tout
en notant l’ironie de la situation.
Emplois industriels et faillites généralisées. Aux Etats-Unis, 2012 a été la preuve que la croissance de
l’industrie solaire survient plus rapidement que celle
des autres industries. Selon l’enquête sur le travail de
la Fondation solaire, les emplois industriels dans le
secteur ont augmenté de 13 %, soit 13 872 emplois en
plus en 2012 ; les statistiques du bureau fédéral du
Travail montrent qu’un emploi nouveau sur 230 est
créé dans le secteur solaire. Cette information peut
heurter dans le contexte global des nombreuses faillites
et consolidations de cette année, mais comme le dit
Kimbis, c’est une évolution normale pour une industrie naissante. « C’est exactement comme toute
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 26 / 28
autre industrie. La compétition est farouche. C’est un
paramètre que l’industrie connaît depuis longtemps, en
particulier ces dernières années, dans l’informatique,
les télécoms, l’automobile, etc. ».
Source Vince Font, le 19/12/2012
Le solaire, un bon investissement ?
En plein débat sur le bouclier fiscal aux Etats-Unis –
c’est également le cas dans l’espace économique
européen – de nombreux investisseurs s’interrogent sur
les risques qui pèsent sur leurs portefeuilles. Dans ce
cadre, les analystes n’ont pas manqué de relever les
similitudes frappantes entre le taux de retour actuel sur
un investissement solaire et celui qu’il y aurait eu sur
un placement obligataire durant l’ère des hauts taux
d’intérêt de la fin des années 80. Beaucoup de gens sont farouchement opposés à des obligations en ce
moment et pour une bonne raison – le fait est que les
obligations ou autres outils similaires (en particulier
ceux qui sont garantis comme les bons du Trésor
américains, les obligations les plus sûres au monde), ne
payent tout simplement plus quoi que ce soit. Ce qui ne
fut certainement pas toujours le cas. A la fin des années
80, un investissement rapportait 8.5 à 9% (et même
plus pour les obligations à haut risque). Sans surprise,
de nombreux portefeuilles étaient constitués alors
d’obligations. Aujourd’hui, le taux d’intérêt se situant
autour de 1% tient les investisseurs à bonne distance, mais qu’en serait-il si ce taux était plus élevé ? On peut
raisonnablement estimer qu’avec des taux entre 8 et
10%, ils reviendraient en masse. Pourtant un secteur
pourrait offrir un tel rendement pour un investissement
à faible risque : le solaire. Voici comment.
Considérons un investissement de 15 mille US$ à un
taux hypothétique de 8%, une obligation à faible risque
de 5 ans, comparé au même montant investi dans
l’acquisition d’un système solaire résidentiel ou
commercial. L’obligation rapporterait 1 200 $/an (100
$/mois). Un système solaire moyen (5 kW) va coûter
15 000 $, compte tenu de 30% de crédit d’impôt
fédéral et des incitations des utilités) et va faire
économiser 125 $/mois à son propriétaire. Vu que
l’électricité produite est garantie, il est raisonnable de
considérer que l’investissement est à faible risque –
sauf à penser que le soleil ne brillerait plus ou que votre compagnie ferait faillite. L’argent économisé
peut être considéré comme un dividende. Maintenant,
après 5 ans de maturité de l’obligation, l’investisseur
revend et encaisse ses 15 000 US$. Pour comparer
cette idée d’encaissement de la vente d’une obligation
à l’échéance d’un placement solaire, disons que
l’investisseur souhaite vendre son domicile après cinq
ans. Une récente étude de Berkeley Lab. a examiné la
vente de 72000 logements en Californie de 2000 à
2009 et a conclu que les propriétaires solaires sont
presque toujours en mesure d’augmenter la valeur
de revente de leur maison au-delà du coût
d’installation du système. En d’autres termes, ils
récupèrent toujours leur argent. Avant cette étude, les
investissements solaires ont souvent été comparés à des
investissements de rénovation tout comme le
réaménagement d’une cuisine ou salle de bains, où les
propriétaires ne récupèrent pas leur argent (également
noter qu’en Californie, cette valeur ajoutée du solaire
n’est pas soumise à taxe). L’étude de Berkeley Lab. est
un argument très sérieux qui permet aux investisseurs
de voir les similitudes entre les gains issus de la
maturation d’une obligation mature et ceux issus de la
plus-value de l’ajout d’énergie solaire lors de la vente d’une maison. De plus, en ajoutant un système solaire,
un propriétaire peut se prémunir contre la baisse des
revenus de la vente d’électricité solaire comme effet
direct des augmentations de tarifs de l’électricité
conventionnelle. En Californie, le coût de l’électricité a
augmenté de 6.7% par an sur 30 ans (Source CPUC
Electric Rate Compendium, novembre 2011). Dans la
fédération, il est plutôt prévu une hausse moyenne de
12.64%. En revenant à l’exemple précédent, on fait une
hypothèse conservatrice d’une augmentation de 5% des
prix de l’électricité par an. Examinons l’argent économisé (considéré comme dividende) et le retour
sur investissement. Le propriétaire économise 1500 $
en année 1, 1575 $ en année 2 en raison de
l’augmentation du prix de l’électricité de 5% et ainsi de
suite. Donc un TRI de 10% en année 1 croît jusqu’à
24.2% en année 20. Le tableau suivant montre qu’un
propriétaire qui installe un système solaire aujourd’hui
aura économisé 49 597 US$ en 20 ans. Autrement dit,
celui qui n’aura pas fait ce choix, aura payé la même
somme en augmentation des tarifs d’électricité sur la
période considérée.
Année Economies (solaire)
US$ TRI
An 1
An 2
An 3
An 4
An 5
An 10
An 15
An 20
1 500
1 575
1 654
1 736
1 823
2 327
2 970
3 790
10%
10.5%
11%
11.6%
12.2%
15.5%
19/8%
25.3%
Total = 49 597 US$
Tableau 1 : Economies réalisées sur 20 ans grâce à l’installation
d’un système solaire de 5 kW aux USA
Les investisseurs avisés sont ceux qui gèrent très bien
leur portefeuille présent tout en exploitant toutes les
opportunités qu’offre l’avenir. Ceux-là verront que
l’investissement dans le solaire est non seulement
judicieux mais aussi extrêmement pratique. Comme le
coût de l’électricité augmente de façon prévisible, avec
un impact négatif sur le pouvoir d’achat futur, le
solaire devient un investissement financièrement attractif. De ceux dont les portefeuilles tablent sur la
longévité et la diversification, constituant un secteur de
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 27 / 28
bon augure pour ses détenteurs. Il constitue ainsi un
choix intelligent et utile pour les personnes
économiquement prudentes et soucieuses de leur
croissance financière. L’analyse présentée ici, qui vaut
pour l’Europe et l’Amérique du Nord, est d’ores et déjà
applicable pour la plupart des pays émergents pour les
énergies renouvelables.
Source Mark Gusick, REW.com, le 18/12/2012
Dix prédictions pour 2013
Comme d’habitude, en cette fin d’année, les experts
s’attèlent à cerner les contours du secteur pour l’année
à venir. Voici les prédictions de Solar Freedom.
Selon l’analyste, les choses ne peuvent presque pas être
pires. Mais il prédit encore un petit moment de
dépression, jusqu’à ce que le secteur arrive à
rationnaliser la production et trouve de nouveau le moyen de faire des profits en aval ; cette capacité a, en
fait, été perdue en amont. Et considérant qu’il n’y a
plus lieu de craindre d’offenser les acteurs, bien
conscients de cette situation, il livre 10 prédictions où
la surcapacité tient une place importante.
1. Les prix des modules vont continuer de baisser de 5 à 10% en 2013. Cela signifie que le prix
moyen pour le premier client va être d’environ 60
c$/W – avec bon nombre de fabricants qui seront
même autour de 55 c$. Il n’y a aucune chance de
voir une remontée des prix en 2013. A la fin de
l’année, il sera donc possible d’avoir dans votre
magasin local deux modules solaires pour un
dollar.
2. Le jeu de dames chinois se poursuivra. En
effet, les grands producteurs chinois vont
continuer d’engloutir les petits et leurs capacités
de production. Les modules sont des produits qui
se distinguent par des bilans – et non pas par des
différences de performances mineures. Hélas, le
soutien public aux fabricants (dont se rendent
coupables tous les pays) déforme la réalité des
bilans. Les petits fabricants vont disparaître dans les poussières du canapé – et un demi milliard
US$ d’équipements de production solaire vont
jalonner les allées des marchés touristiques
asiatiques. Les plus faibles vont s’allier entre eux
ou juste disparaître. Il n’y aura aucune acquisition
significative d’entreprises (sauf par des
entreprises publiques) car personne n’acceptera
l’obligation de garantie sur la base actuelle. Les
technologies et équipements fiables vont être
vendus pour presque rien ou bradés par la faillite.
L’effet direct sur la capacité mondiale ne suffira
pas à augmenter les marges, juste à stabiliser le
niveau de la baisse. Ce regroupement éventuel
permettra le retour de profits entre 5 et 10% dans
la fabrication de modules à l’horizon 2015-16.
3. Les fabricants de modules vont poursuivre
leur diversification en aval. Principalement pour
trouver de nouveaux clients. Inévitablement, leurs
bilans vont être plombés par la nécessité de
financer des projets utilisant leurs propres
produits. Mais ces projets ne sont pas assez
rentables ou rapides pour permettre un flux
d’argent suffisant à soutenir la croissance rapide.
Donc celui qui aura la plus grande balance aura le
plus de chance de succès pour ces projets en aval.
4. Les prix des onduleurs vont continuer de
baisser de 5 à 10%. La Chine est un train de
marchandises de la fabrication et son prochain
arrêt s’appelle « onduleur ». Une fois encore, une
mauvaise nouvelle pour les profits des fabricants
allemands d’onduleurs, mais une bonne nouvelle
pour les consommateurs, et une nouvelle mitigée pour les installateurs et les constructeurs (voir ci-
dessous) ; et un vrai défi pour les leaders du
marché.
5. Les installateurs et constructeurs à grande et
moyenne échelle vont quitter le marché. Ou
changer de métier ou de modèles d’affaires. Ils sont évalués sur leur portefeuille et pas sur leur
chiffre d’affaires historique (parce que le revenu
historique est livré avec les engagements des
futures performances). Les profits de ces acteurs
ont été considérablement réduits avec les marges.
Avec des systèmes à 4 $/W, il reste juste 1 $ pour
couvrir les coûts de développement (soft) et du
travail – pas assez pour être rentable quand les
coûts de développement se montent à 1.5 $/W.
Sans une comptabilité créative, plus on est gros,
plus on perd d’argent.
6. La législation sera posée comme unique
recours contre le changement climatique au
niveau mondial. Mais rien ne se passera aux
Etats-Unis où la catastrophe est perçue comme
trop lointaine – malgré les récents désastres qui
sont des manifestations claires de ce phénomène. Au lieu de cela, le congrès américain va
approuver des politiques progressives bipartisanes
pour le financement de projets solaires.
7. Les utilities et autres fournisseurs de services
d’électricité vont intensifier leur guerre contre
le solaire. Bien sûr, nous savons tous que « le solaire est cher, sauf s’il est géré par notre
compagnie locale conviviale ». NON. Le net-
metering sera attaqué partout dans un effort
consolidé et coordonné. L’industrie solaire va
rester partagée sur la nécessité d’adopter une
position arrêtée sur le net-metering, parce que
_______Les dossiers de La Lettre du Solaire____________________Janvier-Février 2013 / Volume 3 N° 1-2______________
CYTHELIA sas Editeur : Alain Ricaud Rédaction : Mamadou Kane 28 / 28
près de la moitié de l’industrie propose une
électricité bon marché à ses clients « distribués »
et l’autre moitié vend des produits et services aux
utilités. Le grand mensonge présentant le net-
metering comme un déplacement des coûts des
riches vers les pauvres va se poursuivre. Les
livres blancs et autres recherches estimables vont
être publiés et conforter les deux points de vue
opposés, tandis qu’Etats et commissions
d’énergie vont botter en touche et rester en retrait.
8. Les coûts « soft » vont continuer de croître en
pourcentage du coût total. Comme pour les trois
dernières années. Les coûts administratifs et la
bureaucratie ne sont pas faciles à réduire pour
deux raisons. D’abord, les fournisseurs d’énergie
vont redoubler d’efforts pour augmenter les coûts du solaire dans toutes les juridictions qu’elles
peuvent influencer ; paperasses et bureaucratie au
nom de la « sécurité » sont un bon moyen
d’atteindre ce but. Deuxièmement, il y a des
milliers de prestataires de services administratifs
– administratifs des organes de subvention,
développeurs de logiciels, gestionnaires des
interconnexions, etc. – uniquement employés
pour approuver ou rejeter la paperasse solaire.
Sans un effort à grande échelle, toute tentative de
réduction des coûts sera une goutte d’eau dans
l’océan.
9. Plus de sociétés et de produits financiers pour
les propriétaires. Sur la base des expériences
réussies de SolarCity, SunRun, Sungevity et
autres programmes. L’économie du solaire en
toiture va continuer à s’améliorer mais constructeurs et installateurs vont continuer de
lutter. Que ce soit dans le commercial ou le
résidentiel, la règle d’or va continuer de
s’appliquer sur le financement du solaire : celui
qui a l’argent dicte les règles.
10. Les expositions commerciales vont consolider. Il n’y aura plus assez de producteurs de modules,
onduleurs ou structures rentables pour remplir les
expositions. La manne chinoise des budgets de
communications va se tarir sauf pour les grandes
compagnies. Heureusement, les évènements à
venir seront rentables et bien fréquentés.
Source Barry Cinnamon, Solar Freedon Now, le 27/12/2012