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Marion LAIGNELET Les cadres de discours spatiaux et temporels dans les documents géographiques : interactions et croisements. sous la direction de Marie-Paule PERY-WOODLEY Mémoire de maîtrise de Sciences du Langage IL Université de Toulouse – Le Mirail septembre 2003

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Marion LAIGNELET

Les cadres de discours spatiaux et temporelsdans les documents géographiques :

interactions et croisements.

sous la direction de Marie­Paule PERY­WOODLEY

Mémoire de maîtrise de Sciences du Langage ILUniversité de Toulouse – Le Mirail

septembre 2003

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Remerciements

Marie-Paule PERY-WOODLEYMyriam BRAS

Jean-Luc NESPOULOUSMai HO-DAC

Frédéric BILHAUTAntoine, Christophe, Chrystelle, Delphine, Jean-Marie, Thomas

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SOMMAIRE

INTRODUCTION p.1

LINGUISTIQUE du DISCOURS p. 3

1 Vers une linguistique du discours : concepts et notions de base p. 4

1.1 Dichotomie texte / discoursp. 4

1.2 La cohérence et la cohésionp. 5

1.3 Les types de textes et les genres de discoursp. 8

1.3.1 Problèmes de définitionp. 8

1.3.2 Les types de textes p. 8

1.3.3 Les genres de discours p. 10

1.4 La notion de marqueur discursif p.11

Conclusionp. 12

2 Modèles de la cohérence discursive p. 13

2.1 Le modèle de l'architecture textuelle p. 13

2.1.1 La notion de métalangagep. 13

2.1.2 La Mise en Forme Matérielle (MFM) et l'architecture textuellep. 14

2.1.3 Mode de représentationp. 15

2.1.4 Formalisations p. 15

Conclusionp. 17

2.2 L'hypothèse de l'encadrement de discours p. 17

2.2.1 Les cadres de discours p. 18

2.2.2 Exemple et Formalisationp. 20

2.2.3 Les fonctions des unités introductrices de cadre : vers des considérations

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psycholinguistiques p. 22 

2.2.4 Caractéristiques des expressions introductrices de cadre de discours : àl'initiale, détachées

p. 22

2.2.5 Les principes gouvernant l'extension et l'articulation des cadresp. 24

2.2.6 Les problèmes concernant la fin de portée d'un cadrep. 26

Conclusionp. 26

3 Les introducteurs d'univers de discours spatiaux et temporels p. 27

3.1 Les adverbiaux cadratifs de temps et d'espace p. 27

3.1.1 Les locutions adverbiales de temps : analyse linguistique p. 27

3.1.2 Les locutions adverbiales de lieu : analyse linguistique p. 29

3.2 Les cadres spatiaux et temporels p. 31

Conclusionp. 32

4 Conclusion p. 33

...ENTRE THEORIE ET PRATIQUE... p. 34

5 Linguistique et Informatique p. 35

5.1 Utiliser des corpus : les linguistiques de corpus p. 35

5.2 Des outils informatiques pour l'analyse du discoursp. 36

5.2.1 ContextO p. 36

Conclusion p. 37

5.2.2 LinguaStream p. 37

Conclusion p. 39

Les CADRES SPATIAUX et TEMPORELS dans un DOCUMENT GÉOGRAPHIQUE p.41

6 Le document géographique et l'information géographique p. 42

6.1 La grille d’analyse externe : caractérisation du genre de discoursp. 43

6.2 Classification linguistique inductive : caractérisation du type de textep. 43

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Conclusionp. 46

7 Repérage et extraction des adverbiaux de temps et de lieup. 48

7.1 Les expressions temporellesp. 48

7.2 Les expressions spatiales p. 49

7.3 Les bruits et les silences p. 51

7.4 Les introducteurs de cadre spatiaux et temporels p. 52

7.5 Statistiques p. 54

8 Croisement des cadres spatiaux et temporelsp. 55

8.1 Relevé des paragraphes susceptibles de contenir à la fois un (ou plusieurs) cadrespatial et un (ou plusieurs) cadre temporel

p. 55

8.2 Quelques chiffresp. 58

8.3 Problématique : croisement de cadres temporels et de cadres spatiauxp. 58

8.4 Analyse d'exemples : croisement de cadres temporels et de cadres spatiauxp. 59

8.4.1 Type 1 : [T [S]...] p. 59

8.4.2 Type 2 : [S [T]...] p. 63

8.4.3 Type 3 : introducteurs multiples p. 64

8.5 Constat sur le croisement des cadres spatiaux et temporels p. 66

Conclusionp. 67

9 Perspectives p. 68

9.1 Les semi IC p. 68

9.2 Les IC dans l'architexture textuelle p. 70

9.3 Le typage des prépositions p. 70

CONCLUSION p. 71

Annexes p. 72

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Bibliographie p. 80

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INTRODUCTION 

Historiquement, l'analyse du discours prend naissance aux USA dans les années 1950sous l'impulsion du linguiste américain Harris (1952, in Maingueneau, 1996 : 12) qui, dans unarticle titré "Discourse Analysis", a eu l'ambition d'étendre le distributionnalisme aux unitéstransphrastiques. Il suggérait qu'une analyse distributionnelle pouvait être appliquée au texte entierafin d'en découvrir sa structuration à partir du niveau de la phrase.

Depuis cette date, l'analyse du discours est multiple : elle a subi de nombreusesévolutions et transformations et il est possible de l'aborder au travers de nombreuses disciplinesdifférentes telles que la linguistique, la psychologie, l'anthropologie, la sociologie, etc. Selon cesdisciplines, les points de vue, orientations, modèles et théories ou encore les outils et méthodesutilisés sont très différents.

En France, les travaux de L'école française d'analyse du discours sont à mettre enrelation avec la sémantique générative et la logique formelle. D’une part, ils cherchent à mettre enrelation le sujet parlant avec le processus de production des phrases (énonciation) ainsi que lediscours avec le groupe social auquel il est destiné (sociolinguistique). D’autre part, Dubois (1969),qui est le premier à traduire Discourse Analysis de Harris, envisage ce courant dans la lignée dudistributionnalisme américain.

L’étude de ce mémoire s’inscrit dans une approche relativement récente appeléelinguistique du discours. La linguistique du discours se situe entre l'analyse du discours d’une partet la linguistique textuelle d’autre part. Mais elle n'est pas une analyse du contenu car elle ne visepas à définir les règles commandant la succession des signaux composant un texte.

La linguistique du discours cherche, entre autres choses, à comprendre la structurationdes discours ainsi que le fonctionnement des marques de cohérence. Un certain nombre de modèleset d'hypothèses ont été proposé pour tenter de définir cette organisation discursive. Ce mémoireprend appui sur une hypothèse, l'encadrement du discours (Charolles, 1997), qui avance le principeque la cohérence, dans le discours, est révélée par l'existence de cadres, c'est-à-dire de blocsinformationnels homogènes contribuant au partitionnement de l'information. Selon l'auteur, il existeplusieurs types de cadres, mais ce sont les cadres temporels et spatiaux qui attireront toute monattention.

Le sujet de ce mémoire est né de la rencontre d'un besoin dans le cadre d'un projet derecherche

1 et de l'hypothèse de Charolles sur l'encadrement du discours : l'objectif du projet est de

créer un outil capable de répondre à des requètes croisées, c'est-à-dire combinant trois dimensions :celle du phénomène, celle de l'espace et celle du temps. La méthode consiste à repérer et analyserdes segments discursifs porteurs de ces trois dimensions et en donner des représentationssymboliques. L'encadrement du discours apparaît alors comme une hypothèse motivante : si lediscours a effectivement cette particularité d'être segmenté en cadres spatiaux et temporels, alors ilest possible d'envisager un accès plus direct et tridimensionnel à l'information d'un texte.

Le document géographique est un type de texte assez spécifique car il présente laparticularité de localiser spatialement et temporellement un phénomène de nature sociale ouéconomique. On peut donc se demander s'il existe une relation particulière, un croisement entre lescadres spatiaux et les cadres temporels.

La première partie de ce mémoire s'intitule Linguistique du Discours : elle a pour but,

1 projet GEOSEM : laboratoires de l'ERSS (Toulouse) et du GREYC (Caen)

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d'une part de présenter les notions de base pour aborder une étude linguistique sur le discours, etd'autre part de présenter des modèles et hypothèses sur la cohérence discursive et plusparticulièrement l'hypothèse de l'encadrement du discours.

Une partie intermédiaire intitulée Entre Théorie et Pratique présente des méthodes etdes outils linguistiques et informatiques utilisés pour ce mémoire.

Enfin, la troisième partie, Les cadres spatiaux et temporels dans un documentgéographique, tente de répondre à la problématique posée en s'appuyant sur des exemples et desconstatations concrètes.

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LINGUISTIQUE du DISCOURS

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Linguistique du Discours

L'analyse du discours et par conséquent la linguistique du discours, prennent naissanceen rompant fondamentalement avec la linguistique "traditionnelle" : ce que j'appelle linguistiquetraditionnelle est une linguistique travaillant sur la phrase essentiellement (combinaison de mots, desyntagmes) et assez rarement sur le texte en tant qu'entité. De plus, elle ne prend pas enconsidération un certain nombre d'aspects linguistiques et extralinguistiques tels que la situation decommunication, les conditions de production, la subjectivité des sujets, l’inter- et le transphrastique,les notions de types et de genres, etc.

Dans les années soixante, Harris affirmait que "toutes les occurrences de la langue ontune cohérence interne. La langue ne se présente pas en mots ou phrases indépendants, mais endiscours suivi, que ce soit un énoncé réduit à un mot ou un ouvrage de dix volumes, un monologueou un discours politique."(1969 : 10-11)

La linguistique du discours dépasse le cadre phrastique, c’est-à-dire l’analyse desconstituants de la phrase et des schémas de phrases, au profit d’un objet plus vaste, le discours.

Dans cette partie, je présenterai tout d'abord les notions de base pour aborder une étudelinguistique sur le discours (chaptitre 1). Puis, je décrirai des modèles et hypothèses sur lacohérence discursive (chapitre 2) et plus particulièrement l'hypothèse de l'encadrement du discours(chapitres 2 et 3).

 1  Vers une linguistique du discours : concepts et notions de base

Une première distinction paraît essentielle : qu'est-ce qui différencie un texte d'undiscours ? Cette première distinction en entraînant une seconde, j'établirai la différenciation entreles notions de cohésion et de cohérence. Puis, mon travail s'appuyant sur un discours particulier, ledocument géographique, il me paraît essentiel de définir les notions de types de textes et de genresde discours. Enfin, je préciserai la notion de marqueur discursif.

 1.1  Dichotomie texte / discours

D'une manière générale, un texte est considéré comme un ensemble de phrases oud'énoncés formant la trace d'un discours ancré dans un contexte d'énonciation. Cornish (1999 : 33-34) donne une définition plus précise de ce que sont un texte et un discours :

"I view text (as a non-count noun) as denoting a typical instance of language cum othersemiotic device in use - i.e. occurring in some context and with the intention of the userof achieving some purpose or goal thereby."

Le texte est un support langagier spécifique. Il est une suite de signes verbaux et non-verbaux, de signaux vocaux ou non vocaux qui sont produits, connectés entre eux dans le contexted'un acte de production. Il est un objet structuré, à la fois dans les relations internes entre lesconstituants qui le composent, et dans son traitement qui entraîne l'activation de schémas cognitifsde connaissances généraux ou particuliers. Weinrich (1973 : 174) définit le texte comme un "réseau

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de déterminations" :

"C'est manifestement une totalité où chaque élément entretient avec les autres desrelations d'interdépendance. Ces éléments ou groupes d'éléments se suivent en ordrecohérent et consistant, chaque segment textuel compris contribuant à l'intelligibilité decelui qui suit. Ce dernier, à son tour, une fois décodé, vient éclairer rétrospectivementle précédent."

Gravitz (in Sarfati, 1997 : 6) affirme que "le   texte   est   un   mode   d'organisationspécifique  qu'il   faut  étudier   comme   tel   en   le   rapportant  aux  conditions  dans   lesquelles   il   estproduit. Considérer la structuration d'un texte en le rapportant à ses conditions de production, c'estl'envisager comme discours."

Le discours est l'objet de connaissance en linguistique du discours. Il désigne lestextes considérés en relation avec leurs conditions (sociales, idéologiques) de production et ne peutpas être considéré comme un ensemble linéaire mais au contraire comme un ensemble structuré. Ilest considéré comme un tout de signification, constitué de propositions ou de segments. Un discoursest un texte en situation, il est dépendant de la situation d'énonciation et est produit en rapport avecun but communicationnel. La forme minimale que peut prendre le discours est la proposition.

Quelques définitions s’imposent2 :

– une phrase (niveau des combinaisons de formes) est un groupe stable (ou stabilisable) deconstituants ; elle est un phénomène constant et stable qui fournit la signification ; elle estconstruite selon les règles structurales de la syntaxe et selon des critères de grammaticalité. Ils'agit d'une unité ponctuationnelle.

– une proposition (niveau sémantique) est organisée selon une série limitée de notions (souventactantielles) autour d’un ou plusieurs relateurs ; c’est à ce niveau que se construit la référence.

– un énoncé (niveau énonciatif) est un phénomène variable lié à l’activité de langage ensituation dans un <je-ici-maintenant> ; il est relié à un contexte et fournit le sens en fonctionde la compréhension et de l’interprétation ; ils ne sont pas toujours construits en fonction decritères syntaxiques.

"Discourse [...] designates the hierarchically structured, mentally represented sequenceof utterance and indexical acts which the participants are engaging in as thecommunication unfolds. Such sequence have as their raisons d'être the accomplishmentof some particular overall communicative goal." (Cornish, 1999 : 33-34)

Le discours est une unité structurée hiérarchiquement parce que les informationscontenues n'ont pas toutes les mêmes fonctions (informationnelles, discursives, etc.) ni la mêmeimportance. Selon Caron (1978 : 183), le discours, en situation d'énonciation, construira à la fois :

– un champ discursif (référence discursive, univers de discours, ensemble structuré designifiés, renvoyant aux référents mais dotés d'une structure propre) : d'un côté il existe uneorganisation cognitive (les objets construits sont liés par des relations temporelles, spatiales,causales, logiques, etc.) et de l'autre, une organisation dynamique (un système d'évaluationspositives ou négatives oriente ce champ selon un ou plusieurs axes),

– un système de relations liant les interlocuteurs au champ d'une part, et entre eux d'autre part(ancrage des énonciateurs dans le discours repérant celui-ci par rapport à l'acte d'énonciation,modulation qualitative et quantitative de cet ancrage par la fonction illocutoire des énoncés etpar leur modalité).

"Le texte constitue un médium langagier spécifique de construction de représentationcognitives en vue de transmettre de l'information. La finalité du discours constitue donc

2 www.linguistes.com

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un paramètre central des traitements." (Coirier & al., 1996 : 7).

Le texte est donc un ensemble suivi d'énoncés, il est le résultat d'un acte d'énonciationet le produit achevé, fini, clos d’un mécanisme discursif.

Ce mémoire a pour objectif l'étude du discours et plus particulièrement l'étude de sonorganisation et de sa structuration interne à travers l'étude de marques (marqueurs) linguistiques etdiscursives spécifiques. Ces marques sont repérables dans le texte, sous leur forme de surface. Lediscours n'est pas un ensemble linéaire mais un ensemble structuré hiérarchiquement et celam'amène à développer une autre caractéristique du discours : le fait que tous les segments qui lecomposent sont liés (sémantiquement) les uns aux autres. En effet, le discours possède unecaractéristique très importante : il est cohérent.

 1.2  La cohérence et la cohésion

Comme je l'ai présenté dans le chapitre 1.1, un texte est une unité proprementlinguistique, c'est-à-dire que l'ensemble des signaux de la langue ont pour rôle de permettre la (re-)constitution d'un discours, l'élaboration par un lecteur/auditeur d'un modèle interprétatif à partir destraces textuelles et discursives contenues dans le texte.

Selon Halliday & Hasan (1976), un texte ne se réduit pas à des séquencesdéconnectées de phrases. Il est une unité de signification ("unit of meaning", "semantics unit"), "aunit of langage in use". Il n'est donc pas simplement une unité grammaticale et sa taille, sa forme,son genre, ont peu d'importance pour le définir en tant que tel. Halliday (in Péry-Woodley, 2000b :63), définit trois niveaux textuels fondamentaux :

– le niveau de la proposition : l'ordre des mots rend compte du thème, la prééminencephonologique signale l'information nouvelle,

– le niveau du groupe de proposition : la syntaxe permet d'établir les relations entre lespropositions, la ponctuation marque les frontières de phrases,

– le niveau du texte : utilisation des procédés de cohésion tels que la référence, la substitution,l'ellipse, la conjonction et la cohésion lexicale.

"Cohesion is a semantic notion referring to relations of meaning between elements of atext." (Johnson & Johnson, 1999 : 55)

La cohésion fait référence aux marques linguistiques de surface qui ont pour rôle detraduire les relations entre les différents énoncés d'un texte. Elle ne concerne pas la significationmais la manière dont est construit un texte et en particulier les procédures nécessaires àl'établissement des liens entre les informations "anciennes" d'un texte et les nouvelles apparaissantau fil de ce texte.

La cohésion assure le maintien et la progression du thème. Pour qu'un texte soit bienformé, il faut que l'information contenue dans les syntagmes nominaux soit à la fois conservée ettransformée grâce à la reprise des référents anciens et l'introduction de nouveaux référents.Au-delà de la phrase, la cohésion est externe et elle est exprimée par des items lexico-grammaticauxqui ont un contenu relationnel (Charolles, 2003).

La texture est ce qui différencie un texte d'un non-texte. Elle est basée sur les relationsde cohésion (cohesive ties), c'est-à-dire que l'interprétation d'une unité linguistique (lexicale)dépend directement d'une autre unité se trouvant avant ou après dans le texte. Elle désigne toutel’organisation formelle du texte dans la mesure où cette organisation assure sa continuité

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sémantique, son isotopie (Sarfati, 1997 : 28). C'est ce qui donne au texte les propriétés de "being atext".

"Coherence is the quality of meaning unity and purpose perceived in discourse. It is nota property of the linguistic forms in the text and their denotations (though these willcontribute to it), but these forms and meanings interpreted by a receiver throughknowledge and reasoning." (Johnson & Johnson, 1999 : 55)

La cohérence renvoie aux représentations sémantiques ou cognitives associées auxmarques de cohésion. Il s'agit de l'intégration en un tout d'une séquence d'états ou d'événementsanalysables en termes d'agent, de patient, d'objet, etc. La cohérence permet de considérer le discoursnon comme un ensemble de phrases séparées et isolées les unes des autres mais comme un tout danslequel ces phrases sont solidement liées entre elles. En effet, chaque phrase possède un sens propreet indépendant des autres phrases qui la précèdent ou la suivent mais elle possède la particularitéd'acquérir un sens qu'elle tient de son interrelation avec les autres phrases du discours. Un segmentdu discours (phrase ou proposition) est donc en partie défini par son contexte (les autres phrases oupropositions qui l'entourent) avec lequel il forme le discours. La cohérence joue un rôle essentiel auniveau de l'argumentation et de la progression thématique à l'intérieur d'un discours.

La structure évoque l'existence d'unités supérieures à la phrase telles que leparagraphe ou l'épisode : cela permet l'enchaînement des unités thématiques (topic).

"En somme, la cohésion est l'ensemble des "traces" linguistiques explicites renvoyant àdes mises en relation sous-jacentes relevant de la cohérence" (Fayol, 1994 : 111).

Lorsqu'on parle de discours, une remarque importante à faire est que la cohérence estfortement contrainte par les notions de genres de discours et de types de textes. Les stratégies etmoyens d'exprimer cette cohérence seront différents dans le dialogue, le monologue, à l'oral ou àl'écrit, dans un texte narratif ou procédural.

 1.3  Les types de textes et les genres de discours

Lorsque l'on effectue des analyses sur corpus, il est nécessaire de "typer" lesdocuments textuels sur lesquels on travaille. De nombreuses études ont montré que les faits etrégularités linguistiques et langagiers sont dépendants et propres à un genre ou à un type particulier.

 1.3.1  Problèmes de définition

Maingueneau (1991 : 213) distingue les types de discours d'une part, et les genres dediscours d'autre part :

– les types de discours : il s'agit d'une catégorisation élémentaire et instable, mais inévitablequi permet de distinguer par exemple le discours journalistique, le discours publicitaire ou lediscours littéraire. La définition des types de discours est donnée pour une époque et unesociété donnée. Ce découpage prescrit à l'auditeur ou au lecteur le comportement qu'il doit

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avoir à l'égard des énoncés et en particulier le mode de cohérence textuelle qu'il est en droitd'attendre.

– les genres de discours spécifient ces types de discours. Par exemple, l'article, la loi, leplaidoyer sont des genres du type discursif juridique.

Cependant, il est préférable, à l’image de Biber (1988, 1989), de distinguer d’un côtéles types de textes et de l’autre les genres de discours. En effet, alors que le genre se focalise surles relations externes du discours, le type de texte se concentre sur les relations internes de celui-ci.Etudier un type de texte revient à rechercher, décrire et étudier ses caractéristiques propres pourpouvoir le différencier des autres : le texte est considéré linguistiquement. En revanche, lacaractérisation en genre repose sur des critères situationnels.

 1.3.2  Les types de textes

Ce que l'on recherche en voulant regrouper les textes en différents types, c'est depouvoir dégager une certaine régularité, une certaine stabilité entre ces textes (Adam, 1997).

La démarche classificatoire de Biber (1988, 1989) est une étude systématique de lavariation linguistique. Elle est dite "émergente" car elle ne cherche pas à valider des typesprédéfinis mais au contraire, l'identification des types émerge du traitement statistique de lacaractérisation linguistique des textes. Ainsi, pour Biber, les types de texte sont définis comme descorrélations de caractéristiques linguistiques participant à une même fonction globale.

Le travail de Biber a porté sur les cooccurrences entre 67 traits linguistiques dans les1000 premiers mots de 481 textes d'anglais contemporain écrit et oral. Ces textes relèvent de genresdivers : articles de recherche, reportages, conversations, nouvelles radiophoniques, etc. Les traitsétudiés sont identifiés automatiquement et renvoient à seize catégories distinctes qui sont lesmarqueurs de temps et d'aspect, les adverbes et locutions adverbiales de temps et de lieu, lespronoms et proverbes, questions, passifs, modaux, coordination, négation, etc. (Biber, 1988 : 73).La statistique multidimensionnelle est mise à contribution pour repérer les oppositions majeuresentre associations de traits linguistiques : elle rassemble les traits qui ont tendance à apparaîtreensemble et constitue dans le même temps les configurations de traits qui sont systématiquementévités par les mêmes rassemblements. Cette démarche permet d'obtenir des pôles multiples, positifset négatifs, correspondant à des constellations. Chaque texte, par son emploi des traits linguistiquesétudiés, se situe en un point déterminé de l'espace à n dimensions. C'est en ce sens que la démarchesuivie est déductive et non inductive : les traits pertinents qui permettent d'opposer ou de rapprocherdifférents textes sont issus des textes et non d'un savoir qui leur serait extérieur.

La première étape de la démarche de Biber consiste dans le regroupement de traitslinguistiques fréquemment en cooccurence dans les textes (in Pery-Woodley, 2000b : 131). Il meten évidence cinq dimensions :

• production impliquée VS production à visée informative :– traits caractéristiques du premier pôle : do comme pro-verbe, 1ère et 2ème personne, be

comme verbe principal, présent, démonstratifs, contraction.• orientation narrative VS non-narrative :

– traits caractéristiques du premier pôle : passé, 3ème personne, participes présent, verbesdicendi.

• référence explicite VS dépendante de la situation :– traits caractéristiques du premier pôle : propositions relatives objet et sujet, coordinations

phrastiques, nominalisations.• visée persuasive apparente :

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– traits caractéristiques : infinitifs, modaux (prédiction, nécessité, possibilité), verbes depersuasion, subordination conditionnelle.

• information abstraite VS non abstraite :– traits caractéristiques du premier pôle : connecteurs, passif, subordonnées réduites,

propositions circontancielles.

La seconde étape utilise des techniques de classification automatique permettant derapprocher les textes en fonction de leurs coordonnées sur les cinq dimensions (in Pery-Woodley,2000b : 131). Huit types de textes sont dégagés par Biber sachant que, d'une part, les textesappartenant à chaque type doivent avoir en commun le maximum de caractéristiques linguistiqueset que, d'autre part, les différents types doivent être le plus distincts possibles :

– interaction interpersonnelle intime (intimate interpersonal interaction);– interaction informationnelle (informational interaction);– exposé scientifique (scientific exposition);– exposé savant (learned exposition);– fiction narrative (imaginative fiction);– récit (general narrative fiction);– reportage situé (situated reportage);– argumentation impliquée (involved persuasion).

Pour Biber, les types de textes correspondent à des corrélations effectives entre traitslinguistiques. Ils ne se confondent ni avec les typologies fonctionnelles ni avec les genres : lesgenres sont des catégories intuitives utilisées par les locuteurs pour répartir les productionslangagières.

 1.3.3  Les genres de discours

Adam (1999 : 88-92) relève trois hypothèses fondamentales qui assurent l’intérêt de lacaractérisation des discours en genres :

• il existe une infinie diversité des genres : les activités humaines étant très variées, les genres leseront également, que ce soit d'un point de vue synchronique ou diachronique. Les genres sont àmême d'évoluer, de se complexifier voire de disparaître en fonction des formations socialesauxquelles ils sont associés. Bronckart (1996 : 56) définit les genres comme des "formescommunicatives historiquement construites par diverses formations sociales, en fonction deleurs intérêts et de leurs objectifs propres".

• les genres sont basés sur des normes mais ils sont aussi variables : des textes apparemmentdifférents peuvent être regroupés dans le même genre même s'ils ne sont pas identiques. Lesgenres de discours apparaissent donc comme étant flous et complexes. Ils reposent cependant surun certain nombre de régularités : deux principes régissant les genres sont considérés : leprincipe d'identité (principe centripète qui est le noyau normatif "tourné vers le passé" et quifait obéir les textes du genre à des règles) et le principe de différence (principe centrifugecaractérisant la variation et qui est "tourné vers le futur et l'innovation et déplaçant les règles").(Adam, 2001)

• les genres influencent potentiellement tous les niveaux de la textualisation : dans un genre,on retrouve des régularités compositionnelles et une homogénéité sémantique et micro-linguistique (liée au style). On retrouve donc de la régularité dans les textes au niveau de la

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texture phrastique et transphrastique, de la structure compositionnelle (séquences et plans detextes), de la sémantique (représentation discursive), de l'énonciation (ancrage situationnel etprise en charge), des actes de discours (illocutoire) et de l'orientation argumentative.

Il est important d'ajouter que la notion de genre de discours est relative à la"compétence discursive" des sujets : en effet, selon Bakhtine (in Adam, 1999 : 88), "apprendre àparler, c'est apprendre à structurer des énoncés (parce que nous parlons par énoncés et non parpropositions isolées et, encore moins, bien entendu, par mots isolés). Les genres du discoursorganisent notre parole de la même façon que l'organisent les formes grammaticales (syntaxiques)."

D'après Biber, le genre désigne les catégories intuitives selon lesquelles les usagers dela langue reconnaissent, interprètent, produisent des documents. Il définit un certain nombre deparamètres situationnels qui doivent être vus comme "des strates d'échantillonnage", hiérarchisés etcomplémentaires (in Péry-Woodley, 2000b, 133). Voici, ci-dessous, la grille d'analyse externeétablie par Biber pour caractériser le genre d'un discours :

canal : écrit / parlé / écrit luformat : publié / non publiécadre : institutionnel / autre cadre public / privé-interpersonneldestinataire :

pluralité : non compté / pluriel / individuel / soi-mêmeprésence : présent / absentinteraction : aucune / peu / beaucoupconnaissances partagées : générales / spécialisées / personnelles

destinateur :variation démographique : sexe, âge, profession, etc.statut : individu / institution dont l'identité est connue

factualité : informatif-factuel / intermédiaire / imaginaireobjectifs : persuader, amuser, édifier, informer, expliquer, donner des consignes,

raconter, décrire, enregistrer, se révéler, etc.thèmes (domaines) : religion, techniques et technologies, droit, sport, politique,

histoire, médecine, philosophie, économie, éducation, etc.

Cette grille permet d'observer le contexte d'apparition du discours en prenant encompte la situation d'énonciation, les buts et les moyens et les thèmes permettant d'inscrire lediscours dans un domaine particulier.

Il est donc important de ne pas confondre les notions de types de texte et de genres dediscours qui, même proches, sont bien deux notions distinctes, deux approches différentes sur lestextes ou les discours. L'approche de Biber présente l'intérêt de distinguer très clairement les typesde textes, parce qu'ils relèvent de l'analyse linguistique, et les registres ou genres, parce qu'ilscorrespondent à une catégorisation sociale.

 1.4  La notion de marqueur discursif

Plusieurs fois dans cette partie, j'ai utilisé les termes de "marques" ou "marqueurs"discursifs. Cette notion est incontournable car elle fait référence aux traces linguistiques etdiscursives ayant pour fonction d'indiquer les relations qui s'instancient entre les unités composantun discours. De nombreuses théories intègrent la notion de marqueur comme moyen de repérer dansles discours les relations de cohérence.

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Selon Caron (1978 : 183), la construction d'une situation discursive est assurée par desopérateurs discursifs qui assurent des fonctions d'organisation cognitive (marques temporelles,spatiales, termes relationnels, quantificateurs, connecteurs), d'évaluation (prédicats bipolaires etd'ancrage (marques d'énonciation, de modalisation d'illocution).

Ainsi, c'est dans le texte que l'on pourra rechercher les traces linguistiques de cesopérations énonciatives et discursives qui participent à la cohérence du discours. Cette fonctiondiscursive du langage en assure sa cohérence.

Péry-Woodley (2000b) définit les marqueurs discursifs comme des "traces quiconstituent une signalisation orientant l'interprétation". Elle cite comme exemples de marqueursdiscursifs les connecteurs, les clue words ou les cue phrases. Il est possible d'ajouter à cette liste lesmarqueurs d'intégration linéaires (MIL) et les introducteurs de cadre (cf. chapitre 2 et 3). Lesmarqueurs discursifs sont des marques lexicales dont la particularité est de véhiculer plusieursinformations sur la structure du discours.

Ces traces linguistiques sont de natures différentes. Adam (1999 : 54) parle parexemple de "liage des propositions énoncées". Les différentes propositions constituant un texte ontla capacité d'être reliées, regroupées les unes avec les autres pour former ce que l'auteur appelle des"périodes". Il distingue cinq types de liages des propositions :

– liages du signifié (continuité référentielle (anaphore et co-référence), isotopies (co-topie,polyisotopie, hétérotopie), univers de discours),

– connexion : connecteurs, organisateurs (temporels, spatiaux, marqueurs de structuration de laconversation, marqueurs d'intégration linéaire, traces métaénonciatives introductrices dereformulation, introducteurs d'univers de discours),

– implicitation,– chaînes d'acte de discours,– liages rythmique du signifiant.

Je m'intéresserai aux marques de connexion (selon la terminologie d'Adam), et plusspécifiquement aux organisateurs temporels et spatiaux dans la mesure où ils ont une fonction desegmentation. Cependant, Charolles (2003) définit ces organisateurs comme des marquesd'indexation et non de connexion car elles ont la faculté de délimiter des unités en ouvrant ou enfermant des portions de texte depuis le niveau intrapropositionnel jusqu'aux niveauxinterpropositionnels (segmenter et relier des portions de texte). Ce point sera développé dans lechapitre 2.2.

Conclusion

Ce premier chapitre m'a permis d'établir les bases théoriques sur lesquelles marecherche s'appuie. Mon travail se situe dans le cadre de la linguistique du discours : il s'agitd'étudier la cohérence discursive dans un document textuel spécifique, le document géographique,en relevant parmi toutes les marques linguistiques celles qui sont pertinentes pour le discours etpour l'hypothèse de l'encadrement du discours.

Il existe de nombreux modèles (linguistiques mais aussi psycholinguistiques) quicherchent à décrire les relations de cohérence. J'en présenterai deux dans le chapitre suivant : lemodèle de l'architecture textuelle et l'hypothèse de l'encadrement du discours.

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 2  Modèles de la cohérence discursive

Dans le premier chapitre, j'ai montré qu'un discours est un ensemble structuréd'énoncés ; il est structuré à différents niveaux : structure d'information, structure thématique,structure rhétorique, architecture textuelle. Tous ces niveaux contribuent à l'établissement de lacohérence discursive.

Pour aborder l'organisation textuelle, Halliday & Hasan (1976) distinguent troiscomposantes principales ou métafonctions :

– la composante idéationnelle correspond à la partie du système linguistique concernée parl'expression du contenu : il s'agit de la fonction du langage d'être à propos de quelque chose.

– la composante interpersonnelle est l'équivalent des fonctions sociale, expressive et conativedu langage.

– la composante textuelle fait référence aux ressources que possède le langage pour créer dutexte, avec en particulier les marques de cohésion ("text-forming componant").

Je vais présenter l’hypothèse de l'encadrement du discours de M. Charolles adoptépour rendre compte du fonctionnement du discours. J'en évoquerai un autre, le modèle del'architecture textuelle, que mes recherches m'ont amenée à considérer comme complémentaire aumodèle de l'encadrement du discours dans la description et l'explication de phénomènes discursifsparticuliers.

 2.1  Le modèle de l'architecture textuelle

Dans ce modèle, le texte est envisagé sous sa forme matérielle. Cette forme matérielleest rendue explicite par différentes marques telles que les marques lexicales, syntaxiques etvisuelles (typographie, disposition, ponctuation). Le texte y est conçu comme un "énoncé inscritsur un support matériel, le procès d'inscription livrant des marques destinées à être appréhendéesvisuellement" (Luc, 2000). Les structures visuelles des textes ont pour fonction de refléter lecontenu des textes, à savoir leur structure lexico-syntaxique.

 2.1.1  La notion de métalangage

Une des notions clé pour comprendre le principe de ce modèle est la notion demétalangage. Hérité de Harris, un métalangage est défini comme un langage permettant de décrirela langue. Ainsi, selon ce principe, toutes les phrases d'une langue peuvent être ramenées à une sériede phrases élémentaires, phrases constituées d'éléments essentiels du type Sujet-Verbe-Complément_du_verbe.

"Une des propriétés majeures du métadiscours associé à un énoncé est qu'il peut êtreréduit dans une proportion aussi importante que permise par le contexte decommunication tout en laissant des traces de cette réduction." (Luc, 2000)

A l'inverse, il est possible de remonter les phrases élémentaires et de constituer des phrasescomplexes grâce à une série de transformations.

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exemple de réduction :"j'introduirai..." <=> introduction

 2.1.2  La Mise en Forme Matérielle (MFM) et l'architecture textuelle

Il existe, parmi l'ensemble des propriétés typo-dispositionnelles d'un texte un sous-ensemble qui joue un rôle significatif : il s'agit de la "mise en forme matérielle" (MFM). Virbel(1985) définit la MFM comme le "sous-ensemble des propriétés morpho-dispositionnelles du textequi sont en correspondance avec le sous-ensemble du métadiscours relatif aux structuresarchitecturales". Les propriétés morpho-dispositionnelles peuvent être de trois types :

– lexico-syntaxique : grâce à la nominalisation ou l'apposition, etc.– typographique : à travers l'utilisation des caractères, des polices, des styles, des couleurs et de

la ponctuation, etc.– dispositionnel : par l'emploi des marges, de la justification, des sauts de lignes et de pages,

etc.

La MFM est ce qui permet de percevoir la structure d'un texte et elle suggèrel'existence d'une équivalence fonctionnelle entre des formes discursives et des formes typo-dispositionnelles. Ainsi, les phénomènes visuels sont indissociables des structures syntaxiques etlexicales. La MFM a permis de définir une composante spécifique du texte appellée "architecturede texte". Les marques typographiques et dispositionnelles peuvent ainsi être exprimées avec lalangue :

exemple :"Manges­tu ?" = "Je demande si tu manges."

Dans cet exemple, le point d'interrogation (qui est une marque typographique) équivaut à "jedemande si" + l'inversion de l'ordre sujet-verbe.

Les auteurs distinguent par ailleurs les notions d'objet textuel et d'unité textuelle :

– un objet textuel est "un segment caractéristique de texte, rendu perceptible par un jeu decontrastes de la mise en forme matérielle" (Luc, 2000)

– une unité textuelle est "un segment de texte ne comportant aucun objet textuel, c'est-à-direun segment de texte entièrement discursif" (Luc, 2000).

L'architecture textuelle est définie comme "la composante abstraite du texte,constituée de l'ensemble des objets textuels ainsi que des relations qu'ils entretiennent entre eux"(Pascual & Péry-Woodley, 1995).

 2.1.3  Mode de représentation

L'image de texte permet de représenter de façon schématique l'architecture généraled'un texte en ne montrant que les aspects pertinents de cette architecture :

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TITRE

CHAPITRE 1

Section 1

M____________________________________________

Section 2

M____________________________________________

CHAPITRE 2

M______________________________________________________________________

fig. 2.1 Image de texte d'unesegmentation en chapitres et sections

(Luc, 2000)

Dans cet exemple, l'objet textuel est le texte lui-même, le titre, les chapitres 1 et 2 etles paragraphes ; la MFM correspond au choix de la police de caractère, la taille, la disposition, lesystème de numérotation ; enfin, l'architecture du texte correspond au fait que le texte est forméd'un titre, de deux chapitres.

 2.1.4  Formalisations

• les schémas syntaxiques ont pour but de rendre compte de toutes les possibilités de réalisationde la MFM à l'aide de la langue. Ils mettent en jeu la notion d'acteur textuel qui sont définis parLuc (2000) comme "tous les intervenants dans la mise en forme matérielle du texte". L'auteur dutexte, l'éditeur ou le metteur en page sont alors considérés comme des acteurs textuels.

• la métaphrase est une phrase qui représente un phénomène de mise en forme matérielle. Luccite cinq types de métaphrases (Luc, 2000 : 45-46) :

– création du texte : "L'auteur crée un texte identifié id"– métaphrases organisationnelles : elles rendent compte de l'organisation globale du texte,

des paragraphes ou des énumérations– métaphrases introduisant des objets textuels particuliers– liens entre unités de texte et objets textuels– organisation des objets textuels entre eux

• le métadiscours associé à un texte particulier est constitué d'instances de telles métaphrases. Luc

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(2000) le définit de la manière suivante : "le métadiscours est une suite d'instances demétaphrases qui entretiennent entre elles des relations de cohérence et de cohésion". Lorsqu'onreprésente un texte à l'aide de métaphrases pour en montrer son architecture, on obtient unmétadiscours.

L'auteur crée un texte identifié texte(1).L'auteur intitule texte(1) par un titre identifié titre(1).L'auteur attache UT(1) à titre(1).L'auteur compose titre(1) de UT(1).L'auteur organise texte(1) en 2 parties identifiées partie(1), partie(2).L'auteur numérote partie(1), partie(2).

L'auteur organise partie(1) en 2 parties identifiées partie(3), partie(4).

L'auteur numérote partie(3), partie(4).L'auteur attache UT(2) à partie(3).

L'auteur compose partie(3) de UT(2).L'auteur attache UT(3) à partie(4).

L'auteur compose partie(4) de UT(3).L'auteur compose partie(1) de partie(3), partie(4).

L'auteur développe un paragraphe identifié paragraphe(1).L'auteur attache UT(4) à paragraphe(1).L'auteur compose paragraphe(1) de UT(4).

L'auteur compose partie(2) de paragraphe(1).L'auteur compose texte(1) de titre(1), partie(1), partie(2).

L'auteur confère le niveau de chapitre à partie(1), partie(2).L'auteur confère le niveau de section à partie(3), partie(4).L'auteur utilise le système arabe pour numéroter partie(1), partie(2).L'auteur utilise le système arabe pour numéroter partie(3), partie(4).

fig. 2.2 Représentation de la construction d'un métadiscours pour une segmentation en chapitreset sections (Luc, 2000)

– le graphe architectural est une représentation de l'architecture du discours : il fait apparaître lemétadiscours ainsi que les relations entre les différents objets textuels.

fig. 2.3 Graphe architectural d'une segmentation en chapitres et sections(Luc, 2000)

texte(1)

titre(1) partie(1) partie(2)

paragraphe(1)

partie(3) partie(4)UT(1)

UT(2) UT(3) UT(4)

composition des objets textuels

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Conclusion

Ce modèle me paraît intéressant dans la mesure où il vise, entre autres choses, àl'élaboration d'une représentation des titres quels qu'ils soient (titre général, de section, de chapitre,etc). Je montrerai dans le chapitre 9 qu'il serait intéressant de prendre en considération ce modèle eninteraction avec l'hypothèse de l'encadrement du discours.

Ce modèle est doublement attrayant puisqu'il envisage un traitement informatique desanalyses linguistiques effectuées.

 2.2  L'hypothèse de l'encadrement du discours de Charolles (1997)

La cohérence dans un discours, selon Charolles, est fondée sur des critèressémantiques et pragmatiques :

"l'interprétation des discours est soumise à un principe général de cohérence ou depertinence qui est de nature fondamentalement sémantique et pragmatique. [...] [ilexiste] des marques de cohésion qui codent des instructions relationnelles plus oumoins spécifiques [entre les unités]. Ces marques signalent des connexions non-structurales de caractère relationnel entre des unités déjà interprétées et des unitésentrantes." (1997 : 3)

Charolles a un regard procédural sur le texte : selon lui, le texte est une séried'instructions données au lecteur. Ce dernier, lorsqu'il lit un texte, est donc en mesure d'établir desrelations entre certaines unités qui présentent un ou plusieurs caractère(s) en commun.

Contrairement à la cohésion de nature structurale dans une phrase, elle est exprimée,dans un discours, par des systèmes de marques non-structurales. Ces derniers comprendraient deuxgrands types de marques de cohésion :

– les expressions signalant qu'une certaine relation doit être établie entre deux unités adjacentessimples ou complexes. Il s'agit dans ce cas d'une relation de connexion qui peut être soitréférentielle dans le cas de l'anaphore, ou bien rhétorique et argumentative dans le cas desconnecteurs (M. Charolles, 2002, 2003). Ces relations de connexion donnent naissance à deschaînes.

– les expressions indiquant que plusieurs unités doivent être traitées de la même manièrerelativement à un critère plus ou moins spécifié par ces expressions. Il s'agit alors de relationsd'indexation induites par des adverbiaux cadratifs dont la portée est large (M. Charolles,2002, 2003). Ces relations de d'indexation donnent naissance à des cadres.

 2.2.1  Les cadres de discours

Charolles (1997) définit un cadre de discours comme étant un regroupement depropositions unies entre elles par le fait qu'elles doivent être interprétées en référence à un critèrespécifique donné par une expression introductrice de cadre. Les expressions introductrices de cadreont une portée qui ne se limite pas forcément à la phrase et qui peut englober plusieurs propositions.

Il distingue quatre types de cadres :

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• les champs thématiques : ce sont des cadres introduits par des expressions qui spécifient unchamp de connaissance, un secteur d'activité ou encore un domaine de représentation. Lesadverbiaux de ce type caractérisent l'énonciation et non l'énoncé et mettent l'accent sur sadimension illocutoire.

exemple (Charolles, 1997 : 26) : Concernant Louise, elle a une bonne situation et son père...

• les domaines qualitatifs : ce sont des cadres introduits par des expressions qui apportent desprécisions sur les aspects qualitatifs des états de choses dénotées. L'expression fournit desindications sur le but ou les motivations d'un participant au procès et demeure de ce faitétroitement liée aux circonstances occasionnelles dans lesquelles les événements rapportés ontlieu. Il n'y a pas dans ce cas de partitionnement de l'information.

exemple (Charolles, 1997 : 26) : Pour faire plaisir à sa grand­mère, Paul a mis une cravate. Il fit la vaisselle puis rangea son bureau.

• les espaces de discours : ce sont des cadres introduits par des expressions qui portent sur lesaspects métalinguistiques de l'énonciation ou de l'organisation du discours. Ces expressionspeuvent intégrer plusieurs propositions et contribuent au partitionnement de l'information.

exemple : Bref, nous résumerons en disant que c'est une histoire qui finit bien.

• les univers de discours : selon Martin (1983), les univers de discours sont "l'ensemble descirconstances, souvent spécifiées sous forme d'adverbes de phrase, dans lesquelles laproposition peut être dite vraie."

exemple (Charolles, 1997 : 26) : En 1924, Robert fait du théâtre. Il rencontre Sophie.

Charolles précise à la suite de cette définition que les univers de discours :– ont un lien avec les circonstances des événements, procès et états dénotés dans le texte,– sont introduits et plus ou moins nettement spécifiés par des groupes syntaxiques périphériques

adjoints à la phrase,– précisent les conditions dans lesquelles une proposition est vraie ou fausse. Il parle alors de

"cadre véridictionnel".

De plus, il précise qu'il existe deux grands types d'univers de discours : les universgénériques et les univers spécifiques spatiaux ou temporels. Les premiers ont la facultéd'accueillir une ou plusieurs expressions sous un introducteur quantificationnel et ils intègrent lesseconds qui peuvent être temporels ou spatiaux.

La figure 2.4 permet de situer, parmi l'ensemble des constituants possibles, la place descadratifs.

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fig. 2.4 La place des cadratifs parmi l'ensemble des constituants (Charolles, 2002)

La figure 2.5 précise les différents types d'univers de discours.

fig. 2.5 Les univers de discours (Charolles, 2002)

A :  Paul a attrapé la grippe.B : Fatigué, Paul a attrapé la grippe.C : Paul, il a attrapé la grippe.D : Paul, la grippe, je ne te dis pas.

E : Concernant Paul / Quant à Paul, il a attrapé la grippe.F : D'une part, Paul a attrapé la grippe. D'autre part, il  ….G : L'année dernière, Paul a attrapé la grippe. H  :  Par  chance  /  Heureusement,  Paul  n'a  pas  attrapé  la grippe.

Constituants

Intégrés Non intégrés

Prédicatifs Participatifs Cadratifs

Liés Nonliés

De l'énonciation De l'énoncé

NonMétadiscursifs

Métadiscursifs Véridictifs Non véridictifs

Cadresthématiques

Cadresorganisationnels

Univers dediscours

Cadresqualitatifs

A B C D E F G H

G1 :  A Paris, il y a beaucoup de cinémas.G2 :  Il y a cinquante ans, il y avait plus de journaux.G3 : Dans le film de Luc, Paul joue le rôle d'un boxeur.G4 : En botanique, on considère que …G5 : Pour un botaniste, / Selon X, les champignons …G6, G7, G8 … : En général, les champignons …

Univers de discours

Locatifs Représentatifs Gnoséologiques(de connaissance)

Médiatifs

Spatiaux Temporels

G1 G2 G3 G4 G5

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 2.2.2  Exemple et Formalisation

Voici   maintenant   l'exemple   concret   d'un   texte   sur   lequel   Charolles   applique   ses   hypothèses(Charolles, 1997 : 7) :

exemple :[pEn général, les gens se serrent la main droite  quand  ils se rencontrent ou se séparent,  ou bien  ilss'embrassent.] [qHello, bonjour, namaste !] [uChez nous, un baiser est surtout une preuve d'amour et detendresse à l'égard de quelqu'un de cher,] [vmais  chez certains peuples, c'est un salut courant.] [wEnInde,   les gens se saluent mains jointes sur la poitrine, comme s'ils priaient.] [xAu Japon,  les genss'inclinent à plusieurs reprises, face à face, en joignant les mains.] [yEn France, les hommes faisaientle baise­main aux femmes mariées en signe de respect,] [zet les jeunes filles la révérence, mais cettecoutume se perd de plus en plus.]

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UGS1 (En général)

[[p quand q ou r] ou bien [s]] [t]

u

US2 (Chez nous)

v

US3 (Chez certains peuples)

w

US4 (En Inde)

x

US5 (Au Japon)

UT8

Mais

UT7

UT9

y

z

US6 (En France)

Mais

fig. 2.5 Formalisation finale de l'exemple (in Charolles, 1997 : 14)

explication :

En général est un introducteur quantificationnel qui ouvre un cadre générique UGS1: le lecteur ne peutdécider qu'à partir de la proposition [u] qu'il s'agit d'un cadre spatial générique. En effet, dans cetteproposition Chez nous ouvre un cadre spatial spécifique noté US2. chez certains peuple, En Inde et AuJapon sont des introducteurs de cadres spatiaux ouvrant respectivement US3, US4, et US5. Ces quatrescadres spatiaux (spécifiques) se suivent et sont enchâssées dans UGS1 .

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En France ouvre un 6ème cadre spatial qui a la particularité d'être coréférent à US2.Dans [y], l'occurence d'un imparfait (les hommes faisaient...) modifie la représentation et marque unerupture temporelle : selon Charolles, il s'agit d'un introducteur implicite (autrefois) qui ouvre le cadretemporel UT7 et appelle UT8 par un mécanisme de rétrointerprétation : selon l'auteur, cetterétrointerprétation "équivaut à une restriction de l'univers générique initial , UT8 instanciant unenouvelle version de l'univers spécifique projeté par UG1 ". UT8 n'a cependant pas le même statut queles univers spatiaux déjà installés dans le modèle car il les subordonne : "cette subordinations'explique par un principe général stipulant que le temps, comme cadre ordonnateur des états dechoses, l'emporte sur l'espace" (Charolles, 1997 : 12). UT7 subordonne US6. Dans la proposition [z], le temps verbal est le présent qui indique un retour à lapériode actuelle : cela entraîne la fermeture de UT7 et l'ouverture de UT9 qui sont référentiellementdisjoints. UT9 et UT8 sont coréférentiels.

 2.2.3  Les   fonctions   des   unités   introductrices   de   cadre   :   vers   desconsidération psycholinguistiques

La fonction principale des unités introductrices de cadre de discours est de "signalerque plusieurs propositions apparaissant dans le fil d'un texte entretiennent un même rapport avecun certain critère et sont de ce fait regroupables à l'intérieur d'unités que nous appelleronscadres." (Charolles, 1997)

En ce qui concerne les expressions introductrices des univers de discours, Charollesleur associe deux fonctions (procédurales) :

– une fonction instructionnelle : soit l'instruction est computationnelle, c'est-à-dire que lamodalité impose un certain mode de calcul de la vérité/fausseté du contenu propositionnel ;soit l'instruction est véridictionnelle, c'est-à-dire que le lecteur doit relativiser lavérité/fausseté de la proposition selon son propre jugement. Dans ce dernier cas, elle est aussidite interprétative.

– une fonction représentationnelle : les expressions ont un rôle procédural et cognitif, c'est-à-dire qu'elles servent d'une part, à régler les opérations de mobilisation des connaissancesrequises pour l'interprétation des relations entre propositions et d'autre part, à répartir lescontenus propositionnels dans des blocs homogènes.

Les univers de discours sont un moyen de partitionner l'information, de l'ordonnerselon des critères temporels et/ou spatiaux. Les propositions sont donc hiérarchisées, indexées enfonction de critères spécifiques et le discours pourra ainsi être segmenté en portions dont la portéedépendra de ces critères sémantiques et pragmatiques.

 2.2.4  Caractéristiques   des   expressions   introductrices   de   cadre   dediscours : à l'initiale, détachées

Selon Charolles (1997), les introducteurs de cadre sont des locutions adverbiales enposition détachée. L’effet d’un constituant détaché sur le jugement sera supérieur à celui d’unephrase élémentaire. En raison de la structure syntaxique, la lecture d'un constituant détaché induit lareprésentation d’une relation avec ce qui suit, laquelle ne peut être refermée qu’à la lecture de laprédication à classer ce qui entraîne le maintien en mémoire de travail des propriétés du constituantdétaché (François & Denhière, 1977 : 11).

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"Un circonstant initial peut appartenir au contenu propositionnel de l'énoncé : il ouvreun champ, crée un monde qui constitue le cadre de validité de la phrase, le domaine oùelle vient se placer. C'est typiquement le cas pour les circonstants initiaux de temps etde lieu" (Le Goffic, in Charolles, 1997 : 30)

Le fait que ces constituants soient détachés et donc situés hors des bornes de laproposition contenant le prédicat leur permet de contribuer de façon plus cruciale à la cohérence dudiscours. En effet, ils signalent, d’une part, un lien thématique (référentiel) avec le discoursprécédent et, d’autre part ils établissent des regroupements de plusieurs propositions.

"Si des éléments marginaux (des circonstants) entrent en jeu, ils servent de cadrage àl'événement et viennent naturellement en tête [...]" (Pottier, in Charolles, 1997 : 28)

M.P. Péry-Woodley (2000a : 89) a étudié le fonctionnement de certains circonstantsselon qu’ils apparaissent en début ou fin de phrase. Elle constate que les circonstants (propositionscirconstancielles ou adverbiales) à l’initiale ont souvent une portée qui dépasse l’énoncé et qui de cefait ont un rôle (de délimitations de cadres) dans la structuration du texte. De plus, la position dedétachement à gauche associe au circonstant une sorte de thème/topic mais qui doit cependantcohabiter avec le sujet grammatical de la proposition qui, lui est souvent associé à la relationtopique de l’énoncé.

Selon Fradin (1990), le syntagme détaché est "en surplus". Les caractéristiquessuivantes sont donc essentielles :

- il n’y a pas de relation grammaticale : ils sont donc non-argumentaux, c’est-à-dire qu’il nepeut pas y avoir de reprise pronominale dans la proposition ("en surplus")

- ils sont détachés, c’est-à-dire qu’ils se situent hors des bornes de la proposition, à gauche,séparés par une virgule.

Il est à noter que si ces constituants apparaissent dans une situation différente de celle dedétachement, ils perdent alors leur spécificité fonctionnelle comme introducteur de cadre et doncleur aptitude à étendre leur portée au-delà de la proposition immédiate. Les adverbiaux spatiaux ettemporels en position finale n’ont qu’une incidence locale et ne portent donc que sur la propositiondans laquelle ils apparaissent.

Selon Charolles (2003), les adverbiaux sont détachés en position initiale/préverbale etnon en position finale/postverbale. En effet, les groupes en position finale n'ont qu'une incidencelocale, i.e. sur la phrase. Ils ajoutent une information rhématique rattachée au constituant qui vientd'être traité. En revanche, les groupes adverbiaux en position initiale contribuent fortement à lacohésion du discours :

- en signalant un lien thématique ou référentiel avec le discours précédent,- en regroupant plusieurs propositions.

La position initiale confère donc aux adverbiaux leur capacité d'extension en aval.Le principe d’attachement à gauche tient à des raisons d’économie de coût de

traitement qui ont une incidence à tous les niveaux de l’interprétation du langage (syntaxiqueparticulièrement) et pas seulement à propos de l’extension des cadres de discours (Charolles, 1997 :44).

Cette position initiale est importante en termes de structuration de l'information. Eneffet, elle est liée au rôle de topic/thème et les expressions se trouvant dans cette position dans laphrase présentent la particularité d'être externes à la prédication. Elles constituent ainsi le cadre deréférence de la situation décrite dans la proposition. Charolles (2003) insiste sur le fait que "lesexpressions cadratives ne sont pas thématiques, dans le sens où, en principe, elles ne signalent pasce sur quoi porte le segment en tête duquel elles sont détachées (ce ne sont pas des "topics ofdiscourse")".

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 2.2.5  Les principes gouvernant l'extension et l'articulation des cadres

Les univers de discours sont initiés par des expressions introductrices détachées quiapparaissent très souvent en tête de phrase. L'instanciation d'un univers de discours projette (parinférence locale) un ensemble d'univers parents qui demeurent virtuels tant qu'ils ne sont pasactualisés dans le texte : Charolles appelle cela la relation de contraste.

Il explicite un principe général d'attachement à gauche : les propositions arrivantesprennent place, sauf indication contraire, dans le dernier univers en cours au moment où ellesapparaissent (1997 : 15).

La figure 2.6 montre comment les cadres peuvent se suivre les uns après les autres ouse subordonner, s'enchâsser les uns dans les autres.

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fig. 2.6 Trois possibilités dans l'enchaînement des cadres

Mais comment savoir si une proposition s'insère dans un cadre déjà ouvert ou aucontraire le clôt et éventuellement ouvre un autre cadre ?

 2.2.6  Les problèmes concernant la fin de portée d'un cadre

p, q

U1

p

U1

q

U2

U1

p

U2

q

A : une proposition [q] est intégrée à U1 qui demeure ouvert (U1 représente le 1er univers)

B : une proposition [q] est intégrée à U2, U2 fermant U1

C : une proposition [q] est intégrée sous U2, U1 subordonnant U2

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Selon Charolles, l'interprétation de la fin de portée d'un cadre est inférée chez le lecteurpar ses connaissances d'arrière-plan.

Mais, dans un but de traitement informatique, ceci est tout à fait insuffisant. D'autresétudes (Le Draoulec & Péry-Woodley, 2001 ; Bilhaut, Ho Dac & al, 2003) se sont préoccupées dedéfinir des marqueurs linguistiques capables de déterminer les bornes finales des univers dediscours.

Dans le cadre du projet GEOSEM, des indices susceptibles de délimiter le fin d'uncadre ont été recherchés. Globalement, trois indices forts ont été relevés (Le Draoulec & Péry-Woodley, 2001) :

– présence d'une occurrence d'une expression temporelle référant à un temps qui n'est passémantiquement compatible avec la période dénotée par l'introducteur de cadre,

– changement de temps verbal,– changement de paragraphe.

Le seul critère absolument fiable reste cependant l'introduction d'un nouvel introducteur de cadreincompatible sémantiquement.

Cependant, il ne faut pas oublier qu'une segmentation en cadres ne recouvre pas latotalité du texte. Un cadre est donc susceptible de se fermer sur un segment textuel qui n'est pas uncadre. Les recherches dans le cadre du projet GEOSEM (2003) envisagent donc trois autrespossibilités :

– le passage en mode commentaire,– le changement de thème,– la présence de connecteurs rhétoriques.

Conclusion

Je viens de présenter deux modèles de la cohérence discursive. Le premier modèle, lemodèle de l'architecture textuelle, ne sera pas utilisé directement dans ce mémoire. Cependant, ilm'a semblé intéressant de le présenter car, combiné à l'hypothèse de Charolles, il permet d'envisagerun niveau de complexité plus grand dans le fonctionnement des cadres de discours. Je préciserai cepoint de vue dans le chapitre 9 (Perspectives).

L'hypothèse de l'encadrement du discours envisage donc la présence de marqueursdiscursifs particuliers : les introducteurs de cadres. Le chapitre suivant sera consacré à la descriptionlinguistique des expressions temporelles et spatiales pouvant remplir la fonction d'introducteur decadre temporel et spatial. Ce travail préliminaire d'analyse linguistique m'a permis, par la suite, dedégager des patrons syntaxiques (dans des expressions régulières) afin d'extraire les marquespertinentes pour ma recherche (cf. chapitre 7).

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 3  Les introducteurs d'univers de discours spatiaux et temporels

L'encadrement du discours permet donc d'envisager le découpage d'un texte en blocsinformationnels homogènes. Les introducteurs de cadres sont des marqueurs discursifs dont laparticularité essentielle est de porter au-delà de la simple proposition dans laquelle ils apparaissent.

En reprenant la terminologie de Halliday & Hasan (1976) (cf. chapitre 2), il estpossible de mettre en évidence que, dans l'hypothèse de l'encadrement du discours, un texte est :

– organisé textuellement : des segments discursifs (les cadres) sont mis en évidence par laprésence d'introducteurs de cadre à l'initiale,

– organisé idéationnellement : les introducteurs de cadre posent un critère suivant lequel lesinformations apportées par la/les informations suivantes sont à interpréter.

Ho Dac & al. (2001) considèrent le contenu d'un texte comme un système pluri-

dimensionnel. Les univers de discours peuvent faire référence à deux grands types de dimensions : – une dimension phénomène : ce dont parle l'auteur,– une dimension espace et une dimension temps : localisation des phénomènes dans un

continuum espace-temps.

 3.1  Les adverbiaux cadratifs de temps et d'espace

Selon Combettes (1992 : 7), "tout texte à la limite, même s'il s'agit d'un texte considérécomme "abstrait", fait référence à des réalités ancrées dans le temps, repérables par rapport à unechronologie. [...] Une réalité "temporelle", chronologique, peut fort bien se trouver traduite par untexte non narratif".

Les adverbiaux cadratifs (introducteurs de cadres ou IC) peuvent être de 4 types :groupes nominaux (GN), groupes prépositionnels (GP), adverbes (Adv) et prépositions (P).

Ils fixent un critère sémantique par rapport auquel la phrase en tête de laquelle ilsapparaissent doit être interprétée. Ce critère fonctionne comme une marque d'indexation qui peutvaloir sur plusieurs phrases et contribue ainsi à la segmentation du texte en blocs homogènes etinterprétables sous ce même critère.

Les introducteurs d'univers ne peuvent fonctionner seuls. En effet, ils accompagnenttoujours une proposition dont le contenu est nécessairement marqué temporellement (en français, àtravers les temps verbaux) mais non spatialement (Charolles, 1997 : 12).

 3.1.1  Les locutions adverbiales de temps : analyse linguistique

Selon Borillo (1983), l'extension de la référence temporelle hors du cadre de la phraseest précisément l'un des traits susceptibles de caractériser la cohésion textuelle en l'absence deconstructions syntaxiques ou de connexions logico-grammaticales articulant les phrases d'undiscours suivi. Elle constate par ailleurs que les adverbes (adverbiaux) temporels, bien qu'ils nesoient pas nécessaires pour localiser un événement, les temps des verbes étant suffisammentexplicites en français, permettent néanmoins d'apporter des spécifications quant au découpaged'intervalles repérables par rapport à un moment de parole (P) dans lequel un événement (E) doitêtre localisé. Elle parle de coordonnées temporelles de E ou de référence temporelle.

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Elle définit quatre classes selon une première classification qui prend en compte lerapport entre l'adverbe et le moment d'énonciation (appelé aussi l'instance du discours).

Tout d'abord, les adverbes autonomes ont la particularité d'être doublementindépendants : d'une part par rapport à S (le moment d'énonciation), et de l'autre par rapport à unespécification de R (le cotexte) dans une phrase antérieure dans le discours (datation calendaire ouhistorique, datation événementielle, localisation vague). Ils sont donc interprétables sans recours aucontexte.

Exemples (tirés du corpus "L'atlas de la France scolaire") :À   l'occasion du mouvement de 1988,  il  fallait  par  exemple  69 points  en histoire­géographie pourobtenir sa mutation dans la Loire­Atlantique......en 1990­91...

Les adverbes anaphoriques, quant à eux, ne sont interprétables que si une référencetemporelle a déjà été établie par le cotexte (R) (on range dans cette classe les adverbes ditsséquentiels).

Exemples (tirés du corpus "L'atlas de la France scolaire") :Dans le même temps, l'enseignement secondaire est passé...

Les adverbes déictiques sont dépendants du moment d'énonciation (S) qui opèrenécessairement un découpage passé/présent/futur dans le temps.

Exemples (tirés du corpus "L'atlas de la France scolaire") :Aujourd'hui, 95% au moins des enfants vont au collège;...

Enfin, les adverbes polyvalents fonctionnent soit comme déictiques (le repère est R),soit comme anaphoriques (le repère est S) selon le contexte dans lequel ils apparaissent.

Exemples (tirés du corpus "L'atlas de la France scolaire") :...durant cette décennie... Cette locution adverbiale peut soit faire référence à la décennie en cours au moment de l'énonciation,soit on parle d'une décennie dont on vient de parler dans le discours.

Une seconde classification (type de repérage), établie selon la nature de l'indicationtemporelle fournie par l'adverbe pour le calcul de la référence temporelle, lui permet de dégagertrois autres classes d'adverbes : les adverbes exprimant une référence ponctuelle, inclusive oudurative. Le repérage est calculé selon le rapport entre le moment auquel réfère l'adverbe tout entieret le moment désigné par le SN contenu dans l'expression.

Dans un article paru quinze ans plus tard, Borillo (1998a) réunit sous la même classeles adverbes ponctuels et les adverbes inclusifs sous un seul terme : celui d'adverbes decoïncidence/d'inclusion. En effet, la distinction entre adverbe ponctuel et adverbe inclusif n'est pasnette et dépend pour beaucoup de la granularité envisagée. Cette notion de granularité temporelleexprime le niveau de détail de la représentation d'un repère ou d'un intervalle temporel. Lesadverbes duratifs, eux, sont aussi appelés adverbes de limitation.

Les adverbes ponctuels fixent sur l'axe temporel un repère assimilable à un point (ici,la notion de ponctualité est à rapprocher du problème de granularité). Il est à remarquer que ce sontprincipalement des adverbiaux introduits par la préposition "à".

Exemples (tirés du corpus "L'atlas de la France scolaire") :À   l'occasion du mouvement de 1988,  il  fallait  par  exemple  69 points  en histoire­géographie pour

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obtenir sa mutation dans la Loire­Atlantique......à la rentrée 1982...

Les adverbes inclusifs fixent des cadres référentiels de dimensions variées etdécoupant un intervalle temporel dans lequel E doit être positionné.

Exemples (tirés du corpus "L'atlas de la France scolaire") :en 1985au cours de l'année scolaire 1984­85

Les adverbes duratifs sont des adverbes indicateurs à la fois d'une spécification dedurée et de référence temporelle, c'est-à-dire qu'ils permettent de calculer la valeur de l'intervalleauquel la situation est rapportée tout en fixant l'une des bornes de cet intervalle, la 2ème étantfournie par S (moment d'énonciation) à travers le temps du verbe. La préposition la plus souventutilisée est "depuis".

Exemples (tirés du corpus "L'atlas de la France scolaire") :Depuis le milieu des années 1980depuis 1982­83

Les quatre classes d'adverbes issus de la 1ère catégorisation servent de base à descombinaisons avec les classes d'adverbes de 2ème catégorisation. Ces combinaisons sontconstruites sur un modèle d'inclusion. Voici un tableau résumant la typologie des adverbiauxtemporels :

Adverbes ponctuels inclusifs duratifs (localisateurs)autonomes à sa naissance en 1980 depuis 1980déictiques à l'instant cette semaine depuis hier

anaphoriques à ce moment-là ce matin-là depuis la veillepolyvalents à 8 heures dans la soirée depuis l'été

Tab. 3.1 Les adverbes de référence temporelle dans la phrase et dans le texte (Borillo, 1983 : 3)

 3.1.2  Les locutions adverbiales de lieu : analyse linguistique

Définir les différentes façons de faire une localisation spatiale est une tâche très vasteen français. Je me limiterai aux expressions spatiales topologiques, c'est-à-dire celles quilocalisent un lieu géographique (ville, région, pays, fleuve, etc.). Comme pour le temps, le terme delocution adverbiale de lieu regroupe des SP, SN, ADV et P.

En ce qui concerne les prépositions locatives (utilisées au sein de SP ou seules), ellespeuvent être de deux types. Elles font référence soit à une localisation interne par laquelle une cibleest localisée au contact ou à l'intérieur d'un site (prépositions topologiques : à, sur, dans, etc), soit àune localisation externe dans laquelle la cible est localisée par rapport au site mais sans contact ouinclusion (prépositions directionnelles/projectives : derrière, au dessus de, à droite, etc).

Une préposition topologique permet donc de situer une entité (cible) par référence à unpoint de repère (site). Aurnague décompose les objets au moyen de la relation partie-tout : pour êtrequalifié de partie, un élément doit être autonome du tout, apparaître séparément des élémentsadjacents par une limite et posséder une fonction déterminée. Il propose une typologie de traits quipermettent la description de ces objets :

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– la dimension indique la nature des objets manipulés : la dimension 0 est le point, ladimension 1 est la ligne, la dimension 2 est la surface, la dimension 3 est le volume.

– la consistance réfère à la nature solide, spatiale, gazeuse, etc. des parties d'un objet.– les traits de situation permettent de localiser une partie à l'intérieur d'un tout : direction

verticale, direction frontale, direction latérale.– les traits de morphologie indiquent comment les parties se combinent pour constituer le

tout : le trait saillie signale la présence de discontinuités ; le trait forme fournit desinformations générales et spécifiques sur la forme d'un objet.

– le trait de fixité indique que l'objet (la partie) occupe une position intrinsèque, fixe.

Selon Borillo (1998b), le langage ne possède pas de termes spécifiques pour désignertoutes les zones d'un objet : la référence aux zones les plus saillantes est essentielle. Ellescontribuent à la délimitation d'un objet (zones extrêmes) comme 'le bout', 'le bord', 'la périphérie','le sommet', etc. Elles constituent le lieu géométrique de l'objet comme 'le centre', 'le milieu', 'lamoitié', etc. Enfin, elles fonctionnent de manière complémentaire comme 'la face/le côté','l'amont/l'aval', etc.

De plus, le découpage d'un objet en zones tient compte de l'orientation de celui-ci dansl'espace. Tout objet physique à n dimension disposé dans l'espace selon une certaine direction voitses différentes parties orientées et localisées les unes par rapport aux autres sur cette même base.Les oppositions peuvent être déterminées par des phénomènes comme la projection dans l'espace(vertical/horizontal), l'orientation terrestre (nord/sud), les conventions de lecture des cartes(haut/bas), etc.

L'emploi des prépositions topologiques est soumis à des contraintes sémantiquescomplexes. D'une part, il s'agit d'évaluer la différence entre 'sur' et 'dans', différence liée au degréd'inclusion que la cible peut avoir par rapport au site ainsi que les différences de dimension ('dans'marque l'inclusion par rapport à un plan ou un volume tandis que 'sur' renvoie à l'idée d'une droiteou d'un plan). D'autre part, il faut évaluer la différence entre les deux prépositions ci-dessus et 'à'car cette dernière donne au site une représentation ponctuelle indépendamment de sa nature réelle.Il est donné simplement comme situé dans l'espace, occupant un lieu sans que l'on ne puisse inférerses propriétés dimensionnelles qui peuvent être un plan ou un volume.

En ce qui concerne la localisation des lieux géographiques, les recherches effectuéespour le projet GEOSEM (2003 : 13) ont dégagé trois types d'expressions spatiales différentes :

– le type "zone" : les expressions contenues dans ce type dénotent une aire géoréférencée relativeà un lieu nommé (appellée entité nommée géographique). Le lieu nommé peut être l'objet despécifications par des opérateurs de type spatial ou géométrique (au sud de, au centre de, dans lamoitié nord, aux alentours de, etc).

Exemples (tirés du corpus "L'atlas de la France scolaire") :...dans la Loire­Atlantique......dans la France du Nord et du Nord­Ouest......à Paris...Dans la moitié nord­ouest du pays...

– le type "locgéo" : ces expressions dénotent un ensemble de lieux qui peut être schématisé par laforme canonique [quantification]+[type]+[zone]. La quantification est donnée par le déterminant(tous, quelques, la plupart de, etc) et les lieux dénotés sont typés souvent par un typeadministratif (ville, département, académie, etc) et localisés par rapport à une zone. De plus, letype peut être spécifié par une qualification sociologique (urbanisé, rural, les plus peuplés, etc)ou physique (maritime, etc).

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Exemples (tirés du corpus "L'atlas de la France scolaire") :...dans la plupart des départements du Massif central......dans les académies de Nantes...

– le type locgéo 2 : il s'agit d'une variante de locgéo de la forme [quantification]+[type]. Dans cesexpressions, la zone n'est pas exprimée mais elle est implicite et dépendante du contexte.

Exemples (tirés du corpus "L'atlas de la France scolaire") :...dans la France des petits effectifs scolaires...Dans bon nombre de départements ruraux...

 3.2  Les cadres spatiaux et temporels

L'objectif de ce mémoire est d'étudier le croisement entre les cadres spatiaux ettemporels afin de proposer des règles permettant de déterminer les coordonnées spatiales et/outemporelles d'un segment de texte. Il s'agit de déterminer comment s'effectue le partionnement del'information en fonction de ces deux critères que sont le temps et l'espace.

Dans les documents géographiques, la proportion des expressions temporelles et desexpressions spatiales est relativement importante (cf. chapitre 6.5).

Selon Charolles (1997 : 12), le marquage du temps l'emporte sur le marquage del'espace, ce dernier étant linguistiquement facultatif (en français) tout du moins avec les prédicatsqui n'appellent pas un locatif. Marquer le temps est nécessaire (en français tout du moins) et cela setraduit par les temps des verbes. Le temps est donc perçu comme le cadre coordonnateur deschoses, des faits et des événements. Les introducteurs de cadres ne peuvent, de ce fait, fonctionnerseuls.

Une étude, initiée par Ho Dac (2002), a cherché à mettre en relation les dimensions decontenu du texte et les procédés de réalisation de ces dimensions avec les composantesidéationnelles et textuelles : il s'agit d'exprimer et de localiser dans le temps et dans l'espace un'phénomène' et de l'organiser textuellement.

Ho Dac présente huit configurations possibles entre les expressions réalisant le tempset celles réalisant l'espace dans un même paragraphe (eT et eS représentent les expressionstemporelles et les expressions spatiales, eiT et eiS représentent les expressions temporelles etspatiales détachées à l'initiale) :

1. eiT et eiS dans une même phrase (introducteur multiple)2. eiT et eiS dans deux phrases différentes3. eT et eS dans une même phrase4. eT et eS dans deux phrases différentes5. eiT et eS dans une même phrase6. eiT et eS dans deux phrases différentes7. eT et eiS dans une même phrase8. eT et eiS dans deux phrases différentes

Dans l'article, chacune de ces configurations est explicitée par des exemples extraits dumême corpus que celui sur lequel je travaille. Cependant, mes recherches ne concernant plusparticulièrement que les points 1 et 2, je n'entrerai pas plus dans les détails.

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Conclusion

Les introducteurs de cadres spatiaux et temporels sont donc des locutions adverbiales(SP, SN, ADV et P) placées à l'initiale de la proposition et détachées.

Les recherches sur le croisement entre les cadres spatiaux et les cadres temporels nesont, à ma connaissance, pas très développées et aucune conclusion définitive n'existe. La partie Lecroisement des cadres spatiaux et temporels dans un document géographique de ce mémoiretente d'apporter à cette problématique un certain nombre de remarques et d'observations concrètes(i.e. en corpus).

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 4         Conclusion   

Cette partie intitulée Linguistique du Discours a donné lieu à l'installation d'un cadrethéorique explicite dans lequel ce mémoire de recherche s'inscrit.

Travailler sur la cohérence discursive a impliqué une définition et des éclaircissementssur la notion de discours (par opposition à celle de texte) ainsi que des précisions sur les notionsessentielles de cohésion et de cohérence.

Le discours étant considéré comme un texte ancré dans un contexte énonciatif etparticipant à un but communicationnel de la part d'un destinataire, il était important de définir lesnotions de types de textes et de genres de discours : les genres de discours font référence à descatégories intuitives utilisées par les locuteurs d'une langue pour répartir les productions langagières; les types de textes se concentrent sur les relations internes et la description des caractéristiquespropres au texte. Dans le chapitre 6, je mettrai d'ailleurs en application la typologie de Biber surmon corpus de travail : en effet, cette classification me semble importante car les conclusions quej'apporterai sur le croisement des cadres spatiaux et temporels (cf. chapitre 8) ne seront trèsvraissemblablement valables que pour ce type de texte et ce genre de discours.

Le chapitre 2 était consacrée à la description de deux modèles de la cohérencediscursive : le modèle de l'architecture textuelle (MAT) et l'hypothèse de l'encadrement du discours.Le MAT ne sera pas directement utilisé dans ce mémoire. Mais sa description m'a paruintéressante : elle permet d'envisager une interaction intéressante entre ce modèle et l'hypothèse deCharolles (cf. chapitre 9). En revanche, la description de l'hypothèse de Charolles sur l'encadrementdu discours était fondamentale : c'est sur cette approche que la problématique de ce mémoirerepose.

Le chapitre 3 a permis la description des locutions adverbiales de temps et de lieupouvant remplir la fonction d'introducteurs de cadres (IC). L'analyse de ces marqueurs discursifs aété essentielle pour mon travail sur corpus duquel il a fallu repérer et extraire les plus pertinents parrapport à ma recherche (cf. chapitre 7).

L'objectif de ce mémoire est de décrire le fonctionnement mutuel des cadres spatiauxet temporels afin de valider ou infirmer l'hypothèse selon laquelle leur croisement serait pertinentpour une recherche multidimensionnelle.

Mais avant d'avancer mes résultats sur le croisement des cadres, je tiens à présenterl'intérêt de l'utilisation de corpus ainsi que la part importante que l'informatique a prise pour lerepérage et l'extraction de mes données textuelles.

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...ENTRE THEORIE ET PRATIQUE...

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 5  Linguistique et Informatique

Le développement de l'informatique a apporté une aide irremplaçable pour denombreuses tâches automatisables. Les aspects d'acquisition, de gestion, de structuration, d'analyseet d'interprétation, de modélisation et d'exploitation de l'information et des connaissances, pour laplupart sous formes langagières et textuelles, sont de plus en plus importants dans une société dite"de l'information".

La linguistique et l'informatique ont réussi à allier leurs compétences dans un objectifcommun de modélisation des connaissances et de la langue.Concrètement, cette entente a permis :

– la mise en place d'applications concrètes (indexation et accès à l'information, résumé de texte,traduction assistée par ordinateur (TAO), dialogue homme-machine),

– la confrontation de la linguistique, qui pendant longtemps demeura descriptive, à desexigences d'opérationnalité,

– l'ouverture vers l'informatique et l'IA à travers le langage, sa structure et son usage sont desobjets naturels de traitements informatiques particulièrement intéressants (Pierrel, 2000 : 18).

 5.1  Utiliser des corpus : les linguistiques de corpus

Les textes constituent aujourd'hui une source immense de données textuelles quipeuvent servir tant au niveau de la veille technologique (repérage des nouveautés techniques) quede la veille sociale (pour l'analyse sociologique, politologique, ou linguistique). Le web représenteun support non négligeable (mais pas le seul !) pour de telles données sous forme électronique.

Cependant, dans le cas du web utilisé comme corpus, plusieurs problèmes se posent :d'une part, les quantités de données sont telles qu'il est souvent impossible de les manipuler en l'état,d'autre part, elles sont souvent codées sous des formats informatiques divers, ce qui complexifieleur exploitation directe. Habert & al. (1997) expliquent d'ailleurs comment transformer les donnéestextuelles brutes sous forme électronique en corpus électroniques effectivement utilisables.

D'une manière générale, un corpus (qu'il soit électronique ou non) est défini comme"une collection de données langagières qui sont sélectionnées et organisées selon des critèreslinguistiques explicites pour servir d'échantillon du langage" (Sinclair, in Habert, 1997 : 11). Uncorpus permet de rendre compte de ce qui est attesté dans la langue. Il s'agit d'étudier l'usage réeldes sujets parlant et cette technique s'oppose (mais aussi se complète) aux grammairestraditionnelles plutôt basées sur l'introspection des linguistes/grammairiens. Selon Biber & al.(1998), les linguistiques de corpus mettent en valeur "how speakers and writers exploit theressources of their language. Rather than looking at what is theoretically possible in a language,we study the actual language used in naturally occurring texts".

La linguistique informatique s'appuie ainsi sur l'outil informatique pour accroître sescapacités d'observations et d'analyses et pour rendre compte de l'usage attesté de la langue.

Il existe deux types principaux de corpus :

– les corpus de référence : ils cherchent à donner une vision, un échantillon représentatif d'unelangue à un moment donné. Ils regroupent donc des textes de types et de genres très variés.Néanmoins, il est nécessaire de souligner la difficulté de constituer ce genre de corpus étantdonné la variabilité des discours.

– les corpus spécifiques : ils regroupent des textes qui ont un point commun, que ce soit unregroupement par genre ou par type. Le texte que j'étudie fait d'ailleurs partie de ce type de

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corpus.

L'intérêt de manipuler de telles ressources consiste, pour le TAL, à modéliser lacompétence linguistique des locuteurs d'une langue pour en donner une représentation formelle etmanipulable par ordinateur.

Deux modes d'observation sont complémentaires : la fréquence des mots/expressionset le degré d'association entre ces mots.

 5.2  Des outils informatiques pour l'analyse du discours

Le TAL a pour but de mettre en relation les structures de la langue avec uneformalisation informatique. Dans le chapitre 2, j'ai présenté deux modèles qui se prêtent tout à fait àune modélisation informatique.

Aujourd'hui, peu de systèmes informatiques permettent la modélisation des analyseslinguistiques effectuées sur le discours. Je présenterai deux plateformes développées récemment,ContextO et LinguaStream, dans la mesure où elle permettent ce traitement en analyse du discourset plus spécifiquement le repérage des cadres de discours. Celle que j'ai utilisée à la fois pour cemémoire et lors de mon stage de maîtrise est LinguaStream.

 5.2.1  ContextO

Cette plate-forme s'appuie sur une méthode que je n'ai pas abordée dans ce mémoire :la méthode d'exploration contextuelle (Desclès, 1996). Selon les auteurs, Crispino & al. (2001 : 2),elle présente les avantages de rendre le travail linguistique relativement indépendant de sonimplémentation informatique et d'articuler dans une même architecture logicielle les deux types detravaux. L'exploration contextuelle permet d'identifier certaines informations structurantes dutexte, l'argumentation causale ainsi que différents énoncés définitoires. Elle ne se base pas sur uneanalyse syntaxique profonde du texte mais sur un repérage de marqueurs

3 considérés comme

pertinents pour la tâche à effectuer.Le travail des linguistes consiste à analyser les textes en identifiant et en capitalisant

tous les indices grammaticaux et lexicaux pertinents pour la résolution d'un problème. Le linguistedoit alors étudier de manière systématique un corpus de texte pour y rechercher des régularitéslexicales et discursives dont l'emploi est représentatif de la catégorie sémantique considérée. Lesauteurs de l'article donnent trois exemples de recherches effectuées :

– le repérage des actions dans des textes techniques (Garcia, 1998),– le repérage de relations causales entre des situations (Jackiewicz, 1998),– l'identification de définitions de termes proposés explicitement ou implicitement par un auteur

ainsi que les annonces thématiques (Cartier, 1998).

Leur hypothèse de travail repose sur le fait que les modes d'expressions associées à descatégories discursives sont en nombre fini et que l'on peut, en conséquence, les repérer, les extraireet les stocker de manière exhaustive dans le système de gestion des connaissances linguistiques (cf.figure 5.1).

3 les indices et les indicateurs

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fig. 5.1 Architecture générale de ContextO (in Berri & al., 1996 : 4)

La figure 5.1 décrit l'architecture générale de la plateforme : en réponse à des agentsspécialisés, le moteur d'exploration contextuelle déclence, pour une ou plusieurs tâches spécialisées,le processus de reconnaissance des indicateurs et des indices présents dans un segment textuel. Ceprocessus est réalisé par le système de gestion des connaissances linguistiques qui, en retour, fournitau moteur d'exploration contextuelle les règles potentiellement déclenchables. Les indices, lesindicateurs et les règles contenus dans le système de gestion des connaissances linguistiquespermettent de rendre compte :

– de la représentation structurelle du texte : structure hiérarchique d'unités textuelles (section,paragraphes, énumération, phrases),

– de sa représentation discursive : cadres de discours, segments thématiques.

Le moteur d'exploration contextuelle est constitué d'un analyseur de texte qui s'appuiesur le texte balisé par un segmenteur (reconnaissance des sections, titres, paragraphes, phrases etcitations). Les agents spécialisés sont une modélisation des chaînes de liage, des segments textuelsou encore des cadres de discours. Ils permettent de développer des traitements spécifiques tout enexploitant le modèle générique de traitement des connaissances linguistiques (in BERRI & al.,1996).

Voici un exemple de traitement d'un texte pour une tâche de résumé automatique (in BERRI & al.,1996 : 4) :

– un module de prétraitement du texte source construit une représentation du texte ens'appuyant sur les balises SGML et en repérant les phrases à partir des caractères deponctuation et de règles heuristiques pour résoudre les problèmes liés aux sigles, auxréférences bibliographiques, etc.

– un module de repérage des marqueurs d'exploration contextuelle identifie les mots ou leslexies complexes considérés comme des indices contextuels,

– un module d'étiquetage attribue une étiquette sémantique à un segment textuel,généralement une phrase.

– les règles d'exploration contextuelle sont traduites en règles de production et regroupéesen tâches ; toutes les tâches sont déclenchées, et par conséquent, une phrase peut se voirattribuer plusieurs étiquettes sémantiques.

– un module de sélection exploite cet étiquetage sémantique pour moduler l'extrait produiten fonction des besoins spécifiques des utilisateurs potentiels et applique la ou lesstratégies choisies par l'utilisateur pour sélectionner les phrases qui constitueront l'extraitfinal.

Sytème de gestion desconnaissanceslinguistiques

Moteurd'explorationcontextuelle

Agent spécialisé

Agent spécialisé

Agent spécialisé

Segment textuelTâches

Indicateurs,Indices, Règles

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Conclusion

ContextO a été utilisé dans le projet Filtext4 dont les objectifs sont :

– d'aider à la création de tâches spécifiques dans le filtrage sémantique et l'extractiond'information,

– d'aider à la fouille de texte,– de capitaliser et gérer des bases de données linguistiques.

 5.2.2  LinguaStream5

La plate-forme LinguaStream a été développée par Frédéric Bilhaut pour répondre auxobjectifs du projet GEOSEM qui unit des chercheurs en linguistique

6, géographie et informatique

7

autour de la question du traitement de l'information géographique. En effet, les documentsgéographiques révèlent qu'il est possible de combiner un certain nombre de procédés automatisés àla fois pour l'analyse textuelle et discursive ainsi que pour l'analyse cartographique.

LinguaStream offre un environnement intégré permettant d'élaborer et de tester desprocessus complexes de traitement automatique du langage. Une interface graphique permetd'enchaîner, par un mécanisme de boîtes et de flèches (pipes), divers composants : segmenteur(Lexer), étiqueteur (Tree Tagger), analyseurs DCG Prolog, analyseurs d'expressions régulières,traitements XML, etc. Le principal avantage étant la modularité, cette plate-forme permet de gérerun nombre quelconque de "couches de balisage", qui viendront se superposer à la structure logiquedu document.

Le traitement d'un document se fait à plusieurs niveaux : lexical, syntaxique,sémantique, analyse discursive.

Cette plate-forme peut être utilisée tant par des chercheurs en linguistiquecomputationnelle que par des linguistes pour faire de l'analyse en corpus. Dans le cadre du projetGEOSEM, il est question (entre autres) d'étudier et d'analyser syntaxiquement et sémantiquementles expressions temporelles et spatiales, les systèmes de connaissances terminologiques etsémantiques mais aussi l'hypothèse de l'encadrement du discours de Charolles.

4 http://www.lalic.paris4.sorbonne.fr/~minel/fichiers/presentation/Filtext/5 http://users.info.unicaen.fr/~fbilhaut/download/linguastream/latest/6 laboratoire de l'ERSS (Toulouse)7 laboratoire du GREYC (Caen)

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fig. 5.2 Exemple d'une chaîne de traitement dans LinguaStream

La figure 5.2 montre l'interface graphique de la plate-forme : à droite, on a accès auxdifférents fichiers personnels, aux divers composants et à leurs propriétés ; au centre, il s'agit d'unechaîne de traitement assez basique qui prend en entrée un document (au format .lsd), le segmente,l'étiquette, l'analyse à l'aide d'expressions régulières (ici deux traitements différents) et enfin, sortd'une part, une représentation html des différentes analyses, et d'autre part, un fichier contenantaussi le résultat des différentes analyses au format .lsd, ce qui permettra de la réutiliser en entréed'une autre chaîne de traitement par exemple.

Conclusion

LinguaStream est en développement et elle s'enrichit au fur et à mesure des problèmeset des besoins rencontrés. Bien qu'elle n'ait pas été développée pour une utilisation linguistique, jel'ai utilisée pour le repérage des locutions adverbiales de temps et de lieu, des introducteurs decadres et pour l'extraction des segments contenant un croisement des cadres spatiaux et temporels(chapitres 7 et 8).

L'objectif principal de cette plateforme est la création d'une "indexationmultidimensionnelle" d'un document exploitable par un moteur de recherche (in GEOSEM, 2003 :5). Le coeur de la méthode consiste à procéder à une analyse des composantes textuelles et/oucartographiques et graphiques visant à repérer et analyser des “segments” porteurs des trois types devaleurs caractéristiques de l'information géographique (spatiale, temporelle, thématique) et endonner des représentations symboliques. Puis, grâce à un marquage XML, ces représentationsformelles sont associées aux occurrences des segments ainsi repérés à l'intérieur du document. Onobtient en quelque sorte une indexation du document mais à un niveau intra-textuel (intra-documentaire) exploitable par un explorateur XML.

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L'hypothèse de recherche du projet, qui rejoint la problématique de ce mémoire, seraitqu'un repérage des cadres temporels et spatiaux joint à un repérage des liens syntaxiques permettraitde trouver les liens pertinents entre expressions relevant des trois dimensions espace, temps etphénomène.

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Les CADRES SPATIAUX et TEMPORELS dansun DOCUMENT GÉOGRAPHIQUE

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Les cadres spatiaux et temporels dans undocument géographique

Avant d'aborder le problème posé, à savoir le croisement des cadres spatiaux ettemporels, j'ai souhaité appliquer la démarche classificatoire de Biber (présentée dans le chapitre1.3). Cela me permet de resserrer ma problématique de recherche sur un type de texte et un genre dediscours spécifique appartenant au domaine de la géographie.

Dans le chapitre 7, je décrirai la méthode de repérage des marqueurs discursifsconformément à l'hypothèse de l'encadrement du discours : les locutions adverbiales spatiales ettemporelles, parmi elles, les expressions qui remplissent la fonction d'introducteurs de cadres.

Le chapitre 8 présente le repérage des segments textuels dans lesquels des croisementsentre cadres spatiaux et cadres temporels ont été analysés par LinguaStream. Des réponses à laproblématique posée seront avancées.

Enfin, le chapitre 9 donne lieu à l'exposition de perspectives de recherches qu'il meparaît intéressant de développer.

 6  Le document géographique et l'information géographique

Mon corpus de travail est constitué de l'ouvrage "L'Atlas de la France Scolaire"8,

informatisé et duquel ont été enlevées les cartes, les tableaux et les schémas. Cet ouvrage fait partied'un corpus plus conséquent qui regroupe trois autres ouvrages : "L'atlas électroniquetransmanche"

9, "L'Atlas Caraïbes"

10et "Quarante années d'évolution politique de l'Ouest de

la France, 1960-2002"11

, utilisé dans le cadre du projet GEOSEM. Les seules remarques qui ont étéfaites sur ce corpus sont les suivantes :

– les textes appartiennent au domaine de la géographie,– ils sont souvent assez longs et ils associent très souvent des composants graphiques

(cartes, tables statistiques) au texte.

Conformément à ce que j'ai déjà expliqué, il me semble intéressant et nécessaire detyper un corpus d'analyse car les conclusions et les remarques que j'apporterai dans le chapitre 8 neseront très vraissemblablement valables que pour ce type de texte. Je vais donc maintenant utiliserles deux classifications (en genre de discours et en type de textes) de Biber pour caractériser lecorpus "L'Atlas de la France Scolaire".

 6.1  La grille d’analyse externe : caractérisation du genre de discours

8 R. Hérin & R. Rouault : l'Atlas de la France Scolaire de la maternelle au lycée, Ed. Reclus – La DocumentationFrançaise, 261 p., 1994.9 réalisation commune de géographes des universités de Caen et de Portsmouth,

http://infodoc.unicaen.fr/transmanche10 M. Bégot, P. Buléon, P. Roth : Emergeances Caraïbes, éléments de géographie politique, Ed. L'Harmattan, Paris,

77 p., 2001, http://infodoc.unicaen.fr/caraibes11 P. Buléon, http://infodoc.unicaen.fr/politique/Presentation

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canal : écrit luformat : publiécadre : institutionneldestinataire :

pluralité : non comptéprésence : absentinteraction : aucuneconnaissances partagées : générales / spécialisées

destinateur : variation démographique : sexe, âge, profession, etc.statut : individu / institution dont l'identité est connue

factualité : informatif-factuelobjectifs : informer, expliquer, décrirethèmes (domaines) : géographie, éducation

 6.2  Classification   linguistique   inductive   :   caractérisation   du   type   detexte

Je rappelle que le but de cette classification est de faire émerger des textes eux-mêmesles traits linguistiques pertinents pour les classer.

J'ai utilisé un outil de statistique textuelle : Lexico12

. Cette analyse statistique destextes se base sur la forme comme unité textuelle pour estimer ses occurrences, délimiter lesséquences de mots où elle apparaît et comparer ses fréquences dans une partie donnée du corpus parrapport à une ou plusieurs autres. J'ai utilisé les analyses des spécificités positives

13. L’analyse

complète des spécificités positives et négatives de ces trois corpus se trouve dans le fichiercorpus.spf dans le CD-ROM.

Pour utiliser Lexico, et avoir accès aux spécificités positives et négatives du corpus"l'Atlas de la France Scolaire", il m'a fallu intégrer deux autres corpus car Lexico fonctionnesuivant une démarche comparative. Les deux autres corpus sont :

– "Notre Dame de Paris"14

,– des textes de géopolitique (corpus constitué par Mai Ho Dac).

Les tableaux 6.1 et 6.2 présentent les traits linguistiques définis par Biber (1988) pourles dimensions 1 et 2 :

12 www.cavi.univ-paris3.fr/ilpga/ilpga/ tal/lexicoWWW/lexico2.htm 13 Définition : pour un seuil de spécificité fixé, une forme i et une partie j données, la forme i est dite spécifique

positive de la partie j (ou forme caractéristique de cette partie) si sa sous-fréquence est "anormalement élevée" danscette partie. De façon plus précise, si la somme des probabilités calculées à partir du modèle hypergéométriquepour les valeurs égales ou supérieures à la sous-fréquence constatée est inférieure au seuil fixé au départ.

14 V. Hugo : Notre Dame de Paris, in http://abu.cnam.fr/

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traits positifs traits négatifs

private verbs nouns

that-deletion word length

contraction prepositions

present verbs tense type/token ratio

second-person pronouns attributive adjectives

do as pro-verb place adverbials

analytique negation agentless passives

demonstrative pronouns past participial postnominal clauses

general emphatics

first-person pronouns

pronoun it

be as main-verb

causative subordination

discourse particle

indefinite pronouns

general hedges

amplifiers

sentence relatives

wh- questions

possibility modals

non-phrasal coordination

wh-clauses

final preposition

adverbs

Tab. 6.1 Dimension 1 : production impliquée VS informationnelle

traits positifs traits négatifs

past-tense verbs present tense verbs

third-person pronouns attributiv adjectives

perfect aspect verbs

public verbs

synthetic negation

present participial clauses

Tab. 6.2 Dimension 2 : discours narratif VS non-narratif

Je me baserai sur les spécificités positives de chaque corpus car elles montrent quellesmarques sont spécifiques à quel corpus (cf. cours de Licence (OP LIN 33) de Cécile Fabre). Deplus, je distingue les catégories grammaticales ouvertes et fermées car les premières prêtent à

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confusion et engagent des remarques qui sont plutôt de l'ordre semantique.

• les catégories grammaticales fermées :

Corpus "l'Atlas de la France Scolaire" :

Ce corpus peut être caractérisé comme un discours non narratif, argumentatif.En effet, les verbes sont principalement au présent (sont, ont, comptent, accueillent,

accueille, dépasse, vont, accroît, forment, ...) et il ne s'agit pas de verbes personnels ("privateverbs").

La présence de connecteurs (articulateurs du discours) comme "Inversement", "ainsi","outre", "(en) revanche", "(en) général" marquent une certaine progression discursive.

Mais on ne retrouve aucune spécificité positive sur les modaux et les négations quisont selon Biber caractéristiques du discours informatif.

La seule présence de prépositions ne permet pas de placer ce corpus dans le typeinformatif et aucune marque linguistique de spécificité positive ne permet de le situer dans le typeimpliqué.

Corpus "Notre Dame de Paris" :

Ce corpus apparaît comme caractéristique du texte narratif : les temps principalementutilisés sont l'imparfait (avait, était, faisait, disait, regardait,...) et le passé-simple (eût, fit, répondit,dit, reprit, mit, cria, écria, prit, regarda, eut, interrompit,...). Les pronoms personnels de 3èmepersonne (Il, elle, il, Elle, lui,...) sont nombreux. Les prépositions (Avec, À,...) et les adverbes, deforme simple, temporels (alors, puis, quelquefois) et un pronom spatial (y) - CC de lieu - sont aussiplutôt caractéristiques de la narration, du récit.

Un certain nombre de marques participent à la caractérisation de ce texte comme uneproduction impliquée :

– des pronoms et adjectifs démonstratifs (C, C, ce, cette, çà, Ce,...)– des adjectifs possessifs (te, se, s, ton, nos, Mon, ma, son, sa, Notre, votre, ses, ma,...)– des pronoms personnel de 1ère et 2ème personnes (Nous, moi, me, m, je, Je, j, J,...Tu, Vous,

vous, toi,...)– de la négation analytique (Ne, pas, rien, n,...)– des conjonctions de subordination (Qu, qui, Qu, Que, que, quand, Quand, où ...)– des impératifs (Allons, Va,...) et du présent (Ai, suis, êtes, sais,..)– enfin des interjections (Oh, Ah, Eh, Hélas, Hé,..)

Tous ces traits linguistiques sont, selon Biber, caractéristiques du discours impliqué :dans le cas d'un texte qui est aussi narratif, ne peut-on pas supposer que ces marques sontreprésentatives des dialogues ?

Corpus "Géopolitique" :

Ce corpus apparaît avant tout comme un texte non narratif. En effet, le présent y estsur-représenté (A, ont, est, sont,... Agit, semble, existe, constitue, consiste,...), les adverbes évaluatifs(Largement, probablement, clairement, également,...) ainsi que les connecteurs du discours (aussi,ci, (d')ailleurs, même) participent également de l'argumentation.

Il est également possible d'avancer que c'est un texte impliqué du fait de la présencede modaux (Peut, peuvent, doit,...), du futur (Devra, devront, sera,...), du conditionnel (Pourraient,devrait,...) et des infinitifs en très grand nombre (Être, promouvoir, utiliser, renforcer, adopter,

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accepter, imposer, opposer, créer, gérer,...).Cependant l'existence forte de prépositions (Par, A, à, entre, pour, lors, contre, Dans,

sur, afin,...) qui est, selon Biber, caractéristique du dicours informationnel ne me permet pas deconclure de manière définitive sur le type de ce texte.

• remarques sur les catégories grammaticales ouvertes :

Ces remarques sont d'ordre sémantique et sortent du champ de classification proposéepar Biber. Elles me paraissent cependant intéressantes pour définir le domaine de ces troiscorpus. Si on regarde le vocabulaire, à travers les noms communs et les adjectifs de spécificitépositive, on peut remarquer que chacun de ces corpus s'opposent sémantiquement de façon trèsnette.

Dans "l'Atlas de la France Scolaire", les adjectifs, les noms communs mais aussi lessigles et les noms propres de pays montrent qu'il s'agit plutôt de thèmes liés à la scolarité, au socialet à la géographie :

– adjectifs : scolaire, professionnel, ouvriers, secondaire, jeunes, primaire, scolarisés,...– noms communs : retard, primaire, formation, jeunes, effectifs, secondaire, ans, années,

année, ouvriers,...– sigles : BEP, CAP, 4e, 2e, 3e, ZEP, CPPN, CPA,...– noms propres de pays : France, Bretagne, Midi, Massif,...

Dans "géopolitique", les noms communs, les adjectifs et les sigles ancrent ce corpusdans le domaine politique et économique. De plus, la présence de noms propres de pays permet desupposer un lien étroit avec le domaine de la géographie :

– noms communs : Politiques, régime, politique, marché, intérêts, sécurité, militaire, paix,pays, guerre,...

– adjectifs : Politiques, politique, militaire, pétrolière, actuel,... – sigles : OTAN, ONG, SPR, CJCE, CIA, DG,... – noms propres de pays : Liban, Unis, États, Syrie,...

Dans "Notre Dame de Paris", les noms communs et les noms propres de personnesfont plutôt référence à une histoire, un récit :

– nom communs : Prêtre, archidiacre, fille, yeux, roi,...– noms propres de personnes : Phoebus, Jehan, Dieu, Gringoire,...

Conclusion

"l'Atlas de la France Scolaire" semble plutôt se classer dans le type de texteargumentatif (non narratif) et appartient au domaine de la géographie.

Cependant, ce que j'apporte dans ce chapitre ne prétend pas être une analyse définitiveet fiable. Elle manque de rigueur et de précision or il m'a paru essentiel de tenter un typage dutexte/discours sur lequel je travaille. Ce travail se doit d'être amélioré et précisé à l'avenir. Il faudraitpar exemple effectuer ces analyses en prenent en considération non pas les formes mais lescatégories grammaticales : cela permettrait par exemple de voir si les noms sont plus représentésdans un corpus que dans un autre.

Les conclusions et les remarques sur le croisement des cadres spatiaux et temporelsque j'apporterai dans les chapitres 7 et 8 ne seront très probablement valables que pour le type detexte sur lequel je travaille. D'ailleurs, il serait intéressant de comparer mes conclusions avec

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d'autres types de textes afin de voir si les cadres de discours sont plus ou moins typiques d'un typede texte à un autre.

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 7  Repérage et extraction des adverbiaux de temps et de lieu15

Je rappelle que je considère un adverbial comme pouvant être un SP, un adverbe, unGN ou une préposition seule (cf. chapitre 3.1).

J'ai commencé mon étude par la recherche des adverbiaux de temps et de lieu sansconsidérer la position qu'ils occupent dans la phrase. J'ai ensuite créé un module d'expressionsrégulières

16 dans LinguaStream qui m'a permis de resserrer l'extraction vers les seules expressions

introductrices de cadre. J'ai ainsi pu établir des statistiques sur la fréquence totale de ce dernier typed'expressions dans le corpus par rapport aux expressions spatiales et temporelles générales (i.e.celles qui ne sont pas des IC).

 7.1  Les expressions temporelles

J'ai donc commencé par rechercher les expressions temporelles à l'aide d'expressionsrégulières (23 au total, cf. annexe A et temporel.re dans le CD-Rom). Voici quelques patrons

17

que j'ai utilisés, ainsi que, pour chacun d'eux, quelques exemples :

*** Rule '1'

<date1> ((@jusq | @prepos | @excep))+ @ecart? {"lemma":"@card@"} </date1>

[date:date1:799>>[en ]1991­92 <<date:date1:799][date:date1:828>>[depuis ]1989<<date:date1:828][date:date1:178>>[à ][partir ][de ]1975­76 <<date:date1:178]

*** Rule '2'

<date2> ((@jusq | @prepos | @excep))+ @ecart? {"tag":"det"}? @periode @adj?@ecart? @periode? {"lemma":"@card@"} </date2>

[date:date2:186>>[dans ]les [années ]1960<<date:date2:186][date:date2:504>>[Jusque ][dans ]les [années ]1960<<date:date2:504][date:date2:578>>[à ][partir ][des ][années ]1960<<date:date2:578]

*** Rule '6'

<date6> @ecart {"tag":"det"}? @decoup? @ecart? {"tag":"det"}? @periode({"lemma":"@card@"}|{lemma:dernier}) ((@jusq | @prepos | {"tag":"con","stag":"coo"}))+ {"tag":"det"}? @decoup? @ecart? {"tag":"det"}? @periode?{"lemma":"@card@"} </date6>

[date:date6:749>>[entre ]la [fin ][des ][années ]1950 et le [début ][des ][années ]1990<<date:date6:749][date:date6:148>>[du ][milieu ][des ][années ]1970 [au ][milieu ][des ][années ]1980<<date:date6:148]

15 Dans le CD-Rom joint à ce mémoire se trouvent les différents fichiers contenant les expressions régulières (formatdu type .re) ainsi que le corpus en entier annoté SGML (format du type .html) présentant d'une part, lesexpressions et les IC temporels (couleurs dominante bleue), d'autre part les expressions et les IC spatiaux (couleursdominante verte). De plus, pour comprendre comment fonctionnent les différents types de fichiers dansLinguaStream et les utiliser, se référer au readme.txt.

16 module RegExp dans LinguaStream : ce module travaille sur les tokens et non sur les caractères.17 '@prepos, @ecart, @decoup,... font appel à différents lexiques que j'ai constitué spécialement pour ces

extractions, lemma renvoit à l'étiquetage du Tree Tagger.

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[date:date6:257>>[De ]la [fin ][du ][siècle ]dernier [jusqu'][aux ][années ]1950<<date:date6:257]

*** Rule '8'

<date8> @deictic </date8>

[date:date8:579>>[maintenant ]<<date:date8:579][date:date8:681>>[Actuellement]<<date:date8:681]

*** Rule '10'

<date10> ((@jusq | @prepos | @excep))+ @ecart? ({"tag":"det", "stag":"dem"} |{"tag":"pro", "stag":"dem"}) @periode {"tag":"adv"}? </date10>

[date:date10:787>>[à ]cette [date ]<<date:date10:787][date:date10:184>>[à ][partir ][de ]cette [date]<<date:date10:184]

*** Rule '15'

<date15> ({"tag":"adj", "stag":"num"} | {"stag":"indef", "tag":"pro"}) @periode{"lemma":"plus"}? ({"lemma":"tard"} | {"lemma":"tôt"} | {"lemma":"avant"} |{"lemma":"après"}) </date15>

[date:date15:278>>dix [ans ]plus tard<<date:date15:278][date:date15:311>>six [ans ]plus tôt<<date:date15:311]

Ces règles m'ont permis de relever 847 locutions adverbiales de temps. J'ai comptémanuellement les bruits (253) et les silences (5) engendrés par ces règles.

 7.2  Les expressions spatiales

Repérer les expressions spatiales dans un document géographique est une tâcheproblématique. La principale difficulté est de repérer les noms propres de lieux : en ne se basant quesur l'analyse de l'étiqueteur morpho-syntaxique

18 (à savoir 'nom propre'), de nombreux bruits

apparaissent (par exemple "Terminale" est analysé comme un nom propre). J'ai utilisé une baseterminologique de noms propres de pays, départements, villes, fleuves, etc. pour la France, utiliséedans le cadre du projet GEOSEM. Pour chaque mot/nom présent dans cette base de données, j'aiattribué une valeur (@geo) qui me permettait de le repérer facilement avec les expressionsrégulières. De plus, j'ai créé un petit lexique dans lequel j'ai ajouté des noms manquants dans labase de données.

Voici les différents patrons que j'ai utilisés (17 au total, cf. annexe B et spatial.redans le CD-Rom) assortis de quelques exemples :

*** Rule '1'

<spatial1> ((@jusq | @prepos))+ {"tag":"det"}? {"tag":"adj"}? @geo+ </spatial1>

[spatial:spatial1:195>>[en ][Ariège]<<spatial:spatial1:195][spatial:spatial1:197>>[En ][Bretagne]<<spatial:spatial1:197][spatial:spatial1:210>>[dans ]le [[Nord ]]<<spatial:spatial1:210][spatial:spatial1:215>>[à ][Paris ]<<spatial:spatial1:215]

18 Tree Tagger

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*** Rule '2'

<spatial2> ((@prepos | @jusq))+ ({"tag":"det"} | {"stag":"indef", "tag":"pro"}){"tag":"adj"}? @region {"tag":"adj"}? ({"tag":"pre"} | @ecart) {"tag":"det"}?@pointcard @ecart? {"tag":"det"}? @geo? </spatial2>

[spatial:spatial2:364>>[dans ]les [régions ][de ]l'[Ouest]<<spatial:spatial2:364][spatial:spatial2:372>>[dans]les[départements]ruraux[du][sud][du][Massifcentral]<<spatial:spatial2:372][spatial:spatial2:404>>[dans ]les [académies ][du ][Nord­Ouest]<<spatial:spatial2:404]

*** Rule '5'

<spatial5> @ecart {"tag":"det"}? @region? @geo+ ((@prepos | @jusq |{"tag":"con", "stag":"coo"}))+ {"tag":"det"}? @geo+ {"tag":"adj"}? </spatial5>

[spatial:spatial5:432>>[des ][Pyrénées­Atlantiques ][à ]l'[Isère]<<spatial:spatial5:432][spatial:spatial5:444>>[de ]la [Vendée ][aux ][Ardennes]<<spatial:spatial5:444][spatial:spatial5:469>>[de ]la [région ][lyonnaise ][à ]l'[Aveyron ]<<spatial:spatial5:469]

*** Rule '8'

<spatial8> @prepos {"tag":"det"}? @nom @ecart @region @ecart? @pointcard?@ecart? {"tag":"det"}? @geo? </spatial8>

[spatial:spatial8:475>>[dans ]la [plupart ][des ][départements ]<<spatial:spatial8:475][spatial:spatial8:477>>[dans  ]la  [plupart  ][des  ][départements  ][de  ]<<spatial:spatial8:477]l'[est  ]et  [du  ][sud ][du ][Massif central][spatial:spatial8:543>>[dans ]la [plupart ][des ][départements ][méditerranéens]<<spatial:spatial8:543]

*** Rule '17'

<spatial17> @prepos {"tag":"det"}? @region (@geo | {"tag":"adj"}) </spatial17>

[spatial:spatial17:558>>[dans ]la [région ]grenobloise <<spatial:spatial17:558][spatial:spatial17:561>>[en ][région ][Rhône­Alpes]<<spatial:spatial17:561][spatial:spatial17:619>>[sur ]les [départements ]voisins<<spatial:spatial17:619]

Ces règles m'ont permis de relever 660 locutions adverbiales de lieu. Les bruits sont aunombre de 70 et les silences de 67. Le repérage des expressions locatives est assez complexe du faitde la multitude des moyens linguistiques pour situer un objet/événement dans l'espace.

 7.3  Les bruits et les silences19

Comme je l'ai déjà dit, ce repérage des bruits et des silences a été fait manuellement. Ilne prétend donc pas à l'exhaustivité mais il permet d'envisager une amélioration de ces règles etd'évaluer de manière plus précise les places respectives des critères temporel et spatial dans lecorpus.

➔ Les bruits sont principalement liés :

19 cf. fichier bruits.html et silences.html dans le CD-ROM

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– à l'étiquetage de Tree Tagger ou à la constitution de mes lexiques20

il [spatial:spatial10:206>>[en ][est ][[de ]<<spatial:spatial10:206]5 [date:date1:122>>[à ]20%<<date:date1:122], [date:date18:81>>[de ]60% et 25%<<date:date18:81].

– à l'expression régulière qui n'est pas assez ou trop restrictive

ont redoublé [en ]primaire une ou [date:date17:60>>plusieurs [années]<<date:date17:60].

– au doublement de deux règles pour une même expression

[date:date7:9>>[date:date17:8>>[à ]quelques [années ]<<date:date17:8][de ]l'[an ]2000<<date:date7:9].][spatial:spatial5:8>>[de  ]la  [Corse  ][spatial:spatial1:9>>[à  ][Paris  ]<<spatial:spatial5:8]<<spatial:spatial1:9]ou

➔ Les silences sont dûs :

– aux expressions régulières

[du ][[Pays ]Basque ][spatial:spatial17:307>>[à ]la [région ][lyonnaise]<<spatial:spatial17:307][depuis ][date:date5:578>>[au ]moins trente [ans]<<date:date5:578],

– aux expressions trop complexes difficilement modélisables avec des expressions régulières

[en ]diagonale [des ][Pyrénées ][jusqu'][aux ]plateaux [de ][Champagne ]et [de ][Meuse].[dans ]les [départements ]les plus ruraux [de ]l'[Ouest ]et [du ][Sud­Ouest], 

– à certains cas ambigüs

[[À ]l'exception [de ][Paris ]et [de ]la [Réunion ][[Dans ]les [départements ]où les retards étaient les plus élevés[[[Dans ]un premier [temps]], [dans ][des ][départements ]qui ont [en ]commun d'être peu urbanisés comme la [Mayenne], le [Gers],la Haute­Saône, les [Hautes­Alpes], le [Cantal]...]

J'ai également rencontré un certain nombre de problèmes et de bugs informatiques liésà la plateforme et plus spécifiquement au module RegExp intégré. La contrainte temporelle ne m'apas autorisée à attendre des corrections de la part de Frédéric Bilhaut.

 7.4  Les introducteurs de cadre spatiaux et temporels

Pour trier parmi toutes ces expressions temporelles et spatiales celles qui pouvaientremplir la fonction d'introducteur de cadre (IC), j'ai créé un module d'expressions régulières (cf.annexe C et ictemp.re, semictemp.re, icspa.re et semicspa.re dans le CD-ROM)ayant pour fonction d'extraire, parmi les expressions temporelles et spatiales, celles pouvant remplirla fonction d'IC. Les règles sont les mêmes pour le temporel et le spatial, seule la référence àl'expression change (@date pour une expression temporelle et @spatial pour une expression

20 Fichiers.lsl dans le CD-ROM

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spatiale).

J'ai pris en compte les hypothèses de Charolles sur la position des IC dans laproposition : ils doivent être à l'nitiale et détachés.

Cependant, j'ai pris la décision de nuancer le critère du détachement : en effet, s'il estvrai que le détachement favorise la structuration de l'information pour un lecteur ou un auditeur auniveau cognitif, il n'est pas systématique qu'un "écrivain" (dans le sens de "celui qui écrit") détachesystématiquement les averbiaux initiaux de ses phrases par une virgule. Je n'ai donc pas précisédans mes règles la présence obligatoire d'une virgule après l'expression : en observant le corpus, j'airemarqué que sa présence est très aléatoire et je ne l'ai donc pas considérée comme un indicenécessaire. De plus, je prends en considération le fait qu'une locution adverbiale puisse apparaîtredans une clivée ("C'est...que").

Par ailleurs, j'ai distingué les IC se situant après une marque ponctuationnelle forte (lepoint, point d'exclamation et d'interrogation, début de paragraphe) et ceux se situant après unemarque ponctuationnelle faible (les deux-point, le point-virgule), que j'ai nommés 'semi IC'. Cettedistinction reste toutefois mineure dans ce mémoire car je pense qu'il est préférable de rester le pluspossible dans ce que Charolles affirme

21 (cf. figure 2.5). Cette distinction entre IC et semi IC sera

envisagée comme perspective dans le chapitre 9. De toutes manières, les règles d'extraction des ICet des semi IC sont identiques.

➔ La première règle précise que l'expression doit se trouver en début de phrase.

*** Rule 'init'

({"anchor":"begin", "analysis":"phrase"} | &segment) <init> @date </init>

[[ictemp:init:134>>[Depuis  ]la  [fin  ][des  ][années  ]1950<<ictemp:init:134],   les réformes  [du  ]systèmescolaire se sont succédé [à ]un rythme rapide.

➔ La seconde autorise la présence d'un adverbe, d'un connecteur, d'une conjonction de coordinationou d'un "argumentatif" du type "en effet" (regroupés dans un lexique nommé @argum).

*** Rule 'aparg'

({"anchor":"begin", "analysis":"phrase"} | &segment) <aparg> (({"tag":"con","stag":"coo"} | {"tag":"adv"} | @argum | @prepos))+ @date </aparg>

[[ictemp:aparg:135>>Et  [au  ][cours  ][des  ]dernières  [années]<<ictemp:aparg:135],   le   système éducatiffrançais a subi [des ]mutations sans précédent [dans ]son histoire:

*** Rule 'apargvirg'

({"analysis":"phrase", "anchor":"begin"} | &segment) <apargvirg>(({"stag":"coo", "tag":"con"} | {"tag":"adv"} | @prepos | @argum))+{"stag":"vir", "tag":"pon"} @date </apargvirg>

[[ictemp:apargvirg:59>>Cependant, [à ][partir ][de ]la [rentrée ]1985­86<<ictemp:apargvirg:59], la légèrereprise  [de  ]la   natalité  [du  ][début  ][des  ][années  ]1980  entraîne  [durant  ]quelques  [années  ]uneremontée [des ]effectifs [de ]20000 [à ]30000 élèves par [an]. 

21 Charolles utilise bien souvent le terme de "phrase" pour signifier "proposition" (cf. chapitre 1.1)

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➔ Enfin, la troisième règle permet de considérer le cas où l'expression temporelle ou spatiale setrouve dans une clivée.

*** Rule 'clivaparg'

({"analysis":"phrase", "anchor":"begin"} | &segment) <clivaparg>(({"stag":"coo", "tag":"con"} | {"tag":"adv"} | @prepos | @argum))+{"stag":"vir", "tag":"pon"}? {"stag":"dem", "tag":"pro"} @pointcard(({"tag":"adv"} | @prepos | @argum))? @date </clivaparg>

*** Rule 'clivinit'

({"analysis":"phrase", "anchor":"begin"} | &segment) <clivinit> {"stag":"dem","tag":"pro"} @pointcard (({"tag":"adv"} | @prepos | @argum))? @date </clivinit>

[[ictemp:clivinit:49>>C'[est ][à ]la [rentrée ]1977 <<ictemp:clivinit:49]que les écoles élémentaires ont eu[à ]faire face [à ]l'arrivée [à ]l'âge [de ]la scolarité obligatoire

[[icspa:clivinit:46>>C'[est ]surtout [dans ]le [Grand ]<<icspa:clivinit:46][Ouest], et [du ][[Lyonnais ]][à ]l'[Aveyron], qui sont les bastions [de ]l'école privée catholique, 

Un certain nombre d'IC et de semi IC n'ont pas été automatiquement relevés ou l'on étépar erreur. Sur 135 IC temporels, j'ai compté 1 bruit et 3 silences ; sur 35 semi IC, j'ai compté 5bruits mais je n'ai pas relevé les silences.

Sur 67 IC spatiaux, j'ai compté 0 bruit et 29 silences ; sur 20 semi IC, j'ai compté 0bruits et je n'ai pas non plus relevé les silences.

Ces bruits et ces silences sont liés à deux raisons :– une extraction erronée (cf. chapitre 6.3 sur les bruits)– des soucis informatiques avec LinguaStream...

22

 7.5  Statistiques

Locutionsadverbiales

IC SemiIC

Total PourcentageIC

Pourcentagesemi IC

Pourcentagetotal

temporel 599 137 31 168 22,87% 5,17% 28,05%

spatial 657 96 20 116 14,61% 3,04% 17,66%

Tab. 7.1 Les introducteurs de cadres dans le corpus

Les locutions adverbiales spatiales sont plus nombreuses que les adverbiaux temporels.En revanche, les introducteurs de cadres temporels sont nettement plus nombreux et couvrent plusd'un quart de la totalité des expressions temporelles. Ce constat est assez surprenant pour un textegéographique : on attend plutôt d'un texte géographique qu'il ancre un 'phénomène' dans unelocalisation spatiale et beaucoup moins temporelle. Cependant, j'ai observé dans le corpus que lespatial est très souvent exprimé par un SN en position sujet, ce qui est, d'un point de vue syntaxique,une position forte dans la phrase. Le spatial peut donc être exprimé de trois manières différentes :

22 cf. rapport de stage de maîtrise, Laignelet (en cours)

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locutions adverbiales 'neutres', locutions adverbiales 'IC' et SN sujet, alors que le temporel n'estexprimé dans ce corpus que par des locutions adverbiales 'neutres' et 'IC'.

Une étude de Le Draoulec & Péry-Woodley donne des statistiques sur la proportiondes cadres spatiaux et temporels dans différents textes. J'ai entré dans le tableau suivant mesconclusions ajoutées aux leurs :

L'Atlas de la Francescolaire (60343occurences23)

Non-narrative (humangeography) 56346

mots

narrative (historicaldocument) 41384 mots

IC temporels 168 150 129

fréquence/1000 mots 2.8 2.7 3.1

Tab. 7.2 Fréquences des introducteurs de cadres

On peut constater que le texte narratif sur lequel les auteurs ont travaillé ont plus decadres temporels que les textes de géographie, non-narratifs.

Pour le spatial, j'ai calculé 1.9 IC temporels pour 1000 mots. Mais cela ne signifie pasgrand chose car aucune étude ne me permet de comparer ces chiffres !

23 calculé par Lexico

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 8  Croisement des cadres spatiaux et temporels

Après avoir repéré dans l'ensemble du corpus les expressions introductrices de cadresspatiaux et temporels, j'ai recherché les cas où il existait un croisement, au sein d'un mêmesegment

24, entre ces expressions. J'ai pour cela créé un autre module Regexp (cf. annexe D et dans

le répertoire /linguastream/regexp/repere/ dans le CD-ROM).Il est impossible d'effectuer un calcul sur la portée des cadres à l'aide d'expressions

régulières. Il est en effet nécessaire de faire appel à des traitements plus complexes comme la notionde compatibilité sémantique entre IC ou les changements de temps verbaux. J'ai donc pris ladécision d'extraire les segments dans leur totalité contenant à la fois au moins un IC/semi ICtemporel et un IC/semi IC spatial

25.

 8.1  Relevé  des  paragraphes susceptibles de contenir à   la  fois  un (ouplusieurs) cadre spatial et un (ou plusieurs) cadre temporel

Voici les expressions régulières que j'ai utilisées, assorties d'un exemple :Notes sur les couleurs :

– vert fluo : expressions spatiales– vert foncé : IC et semi IC spatiaux– bleu fluo : expressions temporelles– bleu foncé : IC et semi IC temporels– jaune et rouge : paragraphes contenant au moins un IC spatial et un IC temporel.

Les différents cas de figure envisagés sont :– un IC spatial suivi d'IC temporels,– un IC temporel suivi d'IC spatiaux,– un IC et un (ou plusieurs) semi IC dans une même phrase,– un introducteur multiple en début de phrase.

➔ Repérer les cas où un IC spatial est suivi d'IC temporels :

*** Rule 'debparag'

<debparg> &segment {"analysis":"phrase", "anchor":"begin"} @icspa (!segment&)*@ictemp (!segment&)* segment& </debparg>

[reperespa:debparg:11>>[[icspa:aparg:67>>Tant  [dans  ]les  [TOM  ]<<icspa:aparg:67]que  [dans  ]les[DOM], la proportion encore réduite  [des  ]élèves  [dans  ]l'enseignement secondaire par rapport  [à  ]ceux [du ]primaire et, [dans ]le secondaire, [de ]ceux [du ]second cycle [long ]par rapport [à ]ceux [du]premier cycle, donne la mesure  [des  ]écarts importants  [des  ]systèmes éducatifs d'[Outre­Mer  ]parrapport  [à  ]ceux  [de  ]la  [Métropole].  ][Près  [de  ]60% d'une classe d'âge atteint le niveau bac  [en  ]1991­92 [en ][Métropole ]contre 40% [dans ]les quatre [DOM], soit près [de ]20 points d'écart. ][Cetécart doit pourtant être relativisé: d'une part, le taux actuel [des ][DOM ]était celui [de ]la [Métropole

24 je préfère parler de segment et non de paragraphe car, en me référant au livre original, j'ai remarqué que lasegmentation automatique en paragraphes du corpus était différente de celle de la version papier.

25 la distinction entre IC et semi IC n'est pas retenue comme pertinente dans mes analyses sur les croisements (cf.chapitre 7.4)

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][en  ]1988; d'autre part,  le taux d'accès  [en  ]Terminale (niveau IV) ne cesse lui aussi,  comme lesautres indicateurs [du ]système scolaire [des ][DOM],  [de ]progresser.  ][[ictemp:init:132>>[Jusqu'][à  ]ces dernières [années]<<ictemp:init:132], l'[entrée ][en ]2e était réservée [de ]fait  [à  ]une [minorité].  ][La plus grande part [des ]générations se partageait [entre ]les sorties [en ][cours ][de ]premier cycle[du  ]secondaire   et   les   orientations  [en  ]CAP   puis  [en  ]BEP.  ][[ictemp:init:133>>[En  ]1988<<ictemp:init:133], les taux [de ]passage [en ]cycle [long ][des ][DOM ]comptaient parmi les plusbas  [des  ][départements  ]français,  28%  [pour  ]la  [Martinique],  45%  [pour  ]la  [Guadeloupe],  44%[pour  ]la  [Guyane], 45%  [pour  ]la  [Réunion], contre 57%  [pour  ]la moyenne  [des  ][départements  ][métropolitains].  ][Mais   la   situation   change   rapidement:  [semictemp:semiic:33>>[en  ]1991­92<<semictemp:semiic:33], plus [de ]40% [des ]jeunes [des ][DOM ]sont entrés [en ]2e, mais sans quel'écart avec la  [Métropole  ]se réduise  [dans  ]les mêmes proportions.  ][Les arrêts  [de ]scolarité  [en  ][cours ][de ]collèges et surtout les orientations [vers ]les CPPN et CPA d'une part, [vers ]les CAP etBEP d'autre part, demeurent bien plus fréquents qu'[en ][Métropole]. ][[Même ]si les taux d'[entrée ][en  ]2e   sont   encore   sensiblement  [en  ]deçà  [de  ]ceux  [des  ][départements  ][métropolitains],   leuraugmentation provoque une véritable explosion [des ]effectifs lycéens: [de ]170000 élèves [en ]1980­81, la population lycéenne  [des  ][DOM  ][est  ]passée  [à  ]plus  [de  ]200000  [à  ]la dernière  [rentrée],avec  [depuis  ]1989,   près  [de  ]10000   élèves   supplémentaires   d'une  [année  ][à  ]l'autre.  ][[Cette  ]croissance reflète les effets conjugués [de ]la politique ministérielle visant [à  ]amener la plus grandepartie  [des  ]classes   d'âge  [au  ]bac,  [de  ]la   politique  [des  ][régions  ]qui   concentrent  [des  ]investissements   très   importants  [dans  ]la   construction   et   l'aménagement  [des  ]lycées,   et  [de  ]lademande [des ]familles [pour ]la poursuite d'études [en ]cycle [long].]<<reperespa:debparg:11]

➔ Repérer les cas où un IC temporel est suivi d'ICs spatiaux :

*** Rule 'debparag'

<debparg> &segment {"anchor":"begin", "analysis":"phrase"} @ictemp (!segment&)*@icspa (!segment&)* segment& </debparg>

[reperetemp:debparag:9>>[[ictemp:clivinit:84>>C'[est  ][maintenant  ]<<ictemp:clivinit:84][à  ]l'[issue  ][de  ]la   classe  [de  ]5e,   et   non   plus  [en  ][fin  ][de  ]CM2,  que   survient   le   premier   événement   scolairedéterminant [de ]façon décisive le cursus ultérieur [des ]enfants. ][Les conseils [de ]classe qui ont lieu[à ]la [fin ][de ]l'[année ][de ]5e et qui réunissent enseignants, conseillers d'orientation et représentants[des ]parents d'élèves proposent, [au ]vu [des ]résultats scolaires, d'orienter les élèves [de ]5e soit [en ]4e (avec la perspective [du ]brevet [des ]collèges, puis [du ]lycée), soit [en ]4e technologique ou [en ]classe  préparatoire  [aux  ]CAP  [des  ]lycées  professionnels,  soit  [en  ]CPPN ou CPA; ou encore  leredoublement;  parfois,  [pour  ]les élèves qui  ont  seize  [ans],   la  [sortie  ][du  ]collège.  ][Les parentspeuvent faire appel [de ]la proposition d'orientation [avant ]qu'elle ne devienne décision. ][Plus [des ]trois quarts [des ]800000 élèves qui étaient [en ]5e [en ]1991­92 sont passés [en ]4e. ][La proportion[est ][en ]augmentation continue [depuis ]quatre ou cinq [ans]. ][[En ][revanche], les orientations [vers]les préparations  [aux  ]CAP  [de  ]l'enseignement technique (2%  [des  ]élèves) sont  [de  ]moins  [en  ]moins fréquentes ­ près [de ]10% [des ]élèves sont [maintenant ]orientés [vers ]les 4e technologiques.][Les orientations [en ]CPPN ou CPA ont tant diminué que ces classes devraient disparaître [à ]court[terme ](2% [des ]orientations [en ]1991­92). ][[Après ]avoir [été ][en ]hausse continue, les taux [de ]redoublement sont redescendus au­dessous [de ]12%; et les sorties, plus exceptionnelles qu'il y a dix[ans],  concernent  [maintenant  ]moins  [de  ]15000 adolescents (qui  [pour  ]la  [plupart  ]sortent  [du  ]système scolaire complètement démunis).  ][Ces évolutions reflètent peut­être l'élévation  [du ]niveaumoyen [des ]élèves. ][Elles résultent [en ]tout cas [de ]la mise [en ]œuvre d'une politique nationale quivise, par l'allongement  [des  ]scolarités et l'accès  [de  ]plus  [en  ]plus ouvert  [aux  ]formations  [du  ]second cycle  [long],  [à  ]améliorer rapidement le niveau  [de  ]formation  [des  ]jeunes: les hypothèsesministérielles [de ]1986 prévoyaient par exemple [de ]porter [en ]sept [ans], [à  ][partir ][de ]1988, letaux [de ]passage [de ]5e [en ]4e [de ]69 [à ]76%. ][Cependant perdurent bien [des ]disparités locales,

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départementales et régionales: tel collège [du ][centre  ][de ][Caen], ancien premier cycle  [de ]lycée,fait passer plus [de ]90% [de ]ses élèves [de ]5e [en ]4e; tel autre, CES rural  [du ]Bocage normand,moins [de ]50%. ][[icspa:init:20>>[Dans ]le [Sud­Ouest ]<<icspa:init:20][pyrénéen], le [sud ]et [sud­est][du ][Massif central], [en ][Bretagne ]et [[Pays ][de ]la Loire], [à ][Paris], [dans ]les Alpes, [dans ]le[[Nord  ]]et  [en  ][Picardie  ]également,   quatre   élèves  [sur  ]cinq   passent  [en  ]4e.  ][[icspa:apargvirg:21>>Par contre, [en ][Normandie]<<icspa:apargvirg:21], [en ][Lorraine], [Champagne ]et [Bourgogne], ainsi qu'[en ][Aquitaine], bien qu'[en ]rapide augmentation, la proportion reste encore[en ]deçà [de ]75%.]<<reperetemp:debparag:9]

➔ Repérer les cas où il y a un IC et un (ou plusieurs) semi IC dans une même phrase :

*** Rule 'justphrase'

<justphrase>{"analysis":"phrase","anchor":"begin"}@ictemp(!{"analysis":"phrase","anchor":"end"})*@semicspa(!{"analysis":"phrase","anchor":"end"})*{"analysis":"phrase","anchor":"end"}</justphrase>

[reperetemp:justphrase:22>>[[ictemp:init:114>>[En  ]1991<<ictemp:init:114],   on   atteint   58%,   mais   avec[des  ]écarts qui demeurent importants  [entre  ]les  [départements]:  [semicspa:init:14>>[en  ][Bretagne  ]<<semicspa:init:14]et  [à  ][Paris  ]par exemple, on dépasse les deux  [tiers], alors qu'on n'atteint pas la[moitié  ][dans ]une quinzaine [de ][départements], qui [pour ]la [plupart ]appartiennent [à  ]la grandecouronne [du ][Bassin []parisien]. ]<<reperetemp:justphrase:22]

➔ Repérer les cas où il s'agit d'un introducteur multiple en début de phrase :

*** Rule 'tempapspa'

({"analysis":"phrase", "anchor":"begin"} | &segment) <apspa> (@icspa |@spatial) {"stag":"vir", "tag":"pon"}? @date </apspa>

[[double:apspa:3>>[icspa:init:66>>[En  ][Martinique]<<icspa:init:66],  [en  ]1990<<double:apspa:3],   46%[des ]élèves [de ]CM2 ont un [an ][de ]retard ou plus. ]

*** Rule 'spaaptemp'

({"analysis":"phrase", "anchor":"begin"} | &segment) <aptemp> (@ictemp | @date){"stag":"vir", "tag":"pon"}? @spatial </aptemp>

[[double:aptemp:1>>[ictemp:init:76>>[En  ]1991  <<ictemp:init:76][à  ][Paris]<<double:aptemp:1],   quicomme  [en  ]bien d'autres domaines  [de ]la scolarisation détient la palme,  [sur  ]100 élèves  [dans  ]ledeuxième   degré,   48   seulement   sont   collégiens.  ][La   proportion  [des  ]collégiens  [est  ]égalementinférieure [à ]la moyenne [dans ]nombre [de ][départements ][méridionaux ]où, par contre, [au ]moinsun élève [sur  ]quatre  [du ]secondaire  [est  ]lycéen ou encore  [dans ][des ][départements  ]qui ont unetradition industrielle et comptent  [de  ]nombreux élèves  [dans  ]les lycées professionnels, ceux  [du  ][[Nord]], [de ][Lorraine], [de ]la [Loire], etc. ]

 8.2  Quelques chiffres

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Dans le corpus, j'ai extrait 22 segments26

dans lesquels il y a à la fois un ou plusieursIC temporels et un ou plusieurs IC spatiaux. A l'intérieur de ces segments, tous les IC et semi IC nefont pas forcément l'objet d'un croisement/enchâssement ; j'ai donc repéré et compté manuellementles cas pertinents pour mon travail :

nombre ICinclus dans

uncroisement

nombre semiIC inclusdans un

croisement

total PourcentageIC inclusdans un

croisement

Pourcentagesemi IC inclus

dans uncroisement

Pourcentagetotal

temporel 32 5 37 23,36% 16,13% 22,02%

spatial 40 11 51 41,67% 55% 43,96%

Tab. 8.1 Introducteurs de cadres inclus dans un croisement spatio-temporel

Bien que le croisement ne couvre que 22 paragraphes du corpus (sur environ 250), lepourcentage total d'IC spatiaux 'croisés' est assez important : il couvre presque la moitié des ICspatiaux. En revanche, en ce qui concerne le temporel, il semble fonctionner plus massivementindépendamment du spatial.

 8.3  Problématique   :   croisement   de   cadres   temporels   et   de   cadresspatiaux

Arrivé à ce stade de mon étude, il me semble nécessaire de rappeler trois pointsessentiels dans l'hypothèse de l'encadrement du discours (Charolles, 1997) :

– les introducteurs de cadre ont la capacité de porter un critère sémantique au-delà de laphrase/proposition dans laquelle ils apparaissent,

– ils sont des marqueurs de discours qui délimitent des structures locales dans l'organisation dutexte,

– ils introduisent des relations d'indexation dans le discours et ont donc pour fonction lepartionnement de l'information dans un texte/discours .

En partant de l'hypothèse que, dans un document géographique, il existe une relationétroite entre un phénomène (ou thème, sujet, topic) et sa localisation qui peut être spatiale outemporelle ou les deux, on peut se demander si les cadres spatiaux et temporels ne constituent pasune marque discursive privilégiée pour une recherche tridimensionnelle, c'est-à-dire croisant lesdimensions phenomène-spatial-temporel.

J'ai observé deux possibilités dans lesquelles une localisation temporelle est croiséeavec une localisation spatiale :

– croisement dans un introducteur multiple des deux dimensions,– combinaison/enchâssement de plusieurs cadres différents au sein d'une même portion de texte.

Ainsi, dans le cas d'un croisement de cadres spatial et temporel, si on se place auniveau du phénomène, il ne peut être vrai (ou faux) que :a)

– à un lieu L1 + à un moment T– à un lieu L1 + à un moment T+1– à un lieu L1 + à un moment T+n

26 in repere.html dans le CD-ROM

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b)– à un moment T + à un lieu L1– à un moment T + à un lieu L2– à un moment T + à un lieu Ln

Dans le premier cas (a), on peut supposer la présence d'un IC spatial dans lequel serontenchâssés des IC temporels (ou bien des expressions temporelles).

Dans le second (b), on peut supposer la présence d'un IC temporel dans lequel serontenchâssés des IC spatiaux (ou bien des expressions spatiales).

En rapport avec la combinatoire établie par Mai Ho Dac (cf. chapitre 3.2), j'ai classéles 22 segments extraits en 3 types principaux. Ces types ne prennent pas en compte la distinctionIC/semi IC.

– Type 1 : [T [S]...] : dans ce cas, le premier IC rencontré est de type temporel, les suivantssont spatiaux (ou temporels dans le cas d'enchâssements à plusieurs niveaux). Les différentssegments correspondant à ce type-là sont : [59]

27, [63], [65], [99], [110], [121], [123], [125],

[131], [136], [173], [174], [188], [195], [213], [235], [237].

– Type 2 : [S [T]...] : dans ce second cas, le premier IC est de type spatial, les suivants sonttemporels (ou spatiaux dans le cas d'enchâssements à plusieurs niveaux). Un seul segmentcorrespond à ce type-là : [264]

– Type 3 : introducteurs multiples : il y a à la fois un IC temporel et un IC spatial à l'initialede la phrase dans laquelle ils apparaissent. Les segments concernés sont : [116], [144], [262],[237]

Un cas a été extrait à cause d'un bruit sur un IC temporel : [148]. Je ne le compteraidonc pas dans les analyses.

 8.4  Analyse d'exemples : croisement de cadres temporels et de cadresspatiaux28

 8.4.1  Type 1 : [T [S]...]

Exemple 1 :

[59] [En ]vingt­cinq  [ans],  malgré   les   transformations considérables  [de  ]la  scolarisation et   l'accentuation [des   ]disparités  démographiques   [entre   ]certains   [départements   ]ou   [régions],   la   répartition  géographique   [de   ]lapopulation scolaire n'a pas changé [dans ]ses lignes essentielles. ][[Certes], [des ][départements ]ont enregistré[des ]baisses accentuées:  [entre ]15 et 20% [pour ]le [Gers]   , la [Creuse]   ,  [entre ]10 et 15% [pour ]le [Cantal]   ,  l'[Aveyron]. ][  [Dans ]d'autres, l'[Oise], le [Rhône], l'[Ille­et­Vilaine], l'[Eure], la [Seine­et­Marne]   ,   il a fallu, [au][contraire],   faire   face  [à   ][des   ]augmentations   [du  ][tiers   ][des   ]effectifs,  ou  plus;  et   le   [[Nord  ]]scolarise170000 élèves [de ]plus qu'[en ]1965   .   ][Cependant, si importantes qu'elles aient [été], ces évolutions n'ont pasmodifié les traits majeurs [de ]la répartition [des ]effectifs scolaires. ][Les dix [départements ][aux ]effectifs lesplus réduits sont restés les mêmes   [à ]vingt [ans ]   d'[intervalle]   ; et ils ne comptaient déjà [en ]1965 que [pour ]unquarantième [de ]la population scolaire totale. ][Au ][milieu ][des ][années ]1960, les deux [départements ][du ][[Nord]], ceux [de ]l'[Île­de­France ]et le [Rhône ]concentraient déjà près [du ][tiers ][des ]effectifs scolaires [du][pays].   ][Cependant,   les  disparités   [entre   ]la   [France   ][des   ]gros   effectifs   scolaires   et  celle   [des   ]effectifs

27 Relevé manuellement28 j'ai modifié les couleurs pour une meilleure visualisation

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raréfiés ont eu tendance [à ]s'accuser. ][Les croissances ont [été ]générales  [dans ]la [France ]   [du ][[Nord ]]et   [du   ][Nord­Ouest],   ainsi   que     [dans   ]le   [quart   ][sud­est   ][du   ][pays]   ,   [Rhône­Alpes   ]et   [régions   ]   [méditerranéennes]; [dans ]une quinzaine [de ][départements]   , la grande [banlieue ][parisienne], la [Bretagne ]   orientale et ses marges, la [région ][Rhône­Alpes], etc.][, l'augmentation [de ]la population scolaire [en ]vingt[ans ]a [été ][de ]plus [du ][quart ][des ]effectifs [de ]1965. ][[En ][revanche], les chiffres sont stables, ou même[en   ]diminution  [dans   ]la   [France   ]   [des   ]petits   effectifs   scolaires.     ][Sont   également   [en   ]baisse   les[départements   ]lorrains.   ][Ces   évolutions   reflètent   certes   très   directement   celles   [de   ]l'ensemble   [de   ]lapopulation  [au   ][cours   ][de   ]la   même   période,  mais   [en   ]les   accentuant.   ][L'augmentation   [des   ]effectifsscolaires a [été ]sensiblement plus marquée que celle [de ]la population [dans ]la couronne [parisienne],    [dans ]   l'[Ouest]   , ainsi que    [dans ]la [région ][lyonnaise]   . ][[Elle ]a, [en ][revanche], [été ]plus limitée, ou la baisse plusaccentuée que celle [de ]la population, [dans ]bon nombre [de ][départements ][méridionaux ]et    [dans ]quelques   [départements ]   [du ][Nord­Est].     ][Ceci traduit [à ]la fois [des ]transformations [de ]la structure par âge [de ]lapopulation [dans ]le sens [du ]rajeunissement ([au ]moins relatif)  ou [du ]vieillissement,  et [des ]évolutionsdifférenciées   [des   ]taux   [de   ]scolarisation.   ][Ces   dernières   sont   elles­mêmes   partiellement   liées   [aux   ]changements démographiques. ][En ]1965, c'[est ]également    [dans ]la [France ]   [du ][[Nord ]][à ]forte fécondité   et population jeune      que les taux [de ]scolarisation sont les plus élevés; c'[est ]   [dans ]la [France ]   peu peuplée et   âgée,    [de ]l'[Yonne ]   [aux ][Landes ]   ou    [à ]l'[Ariège]   , qu'ils sont les plus faibles. ][Cependant la [France ][de ]l'[Est ]et plusieurs [départements ][aquitains ]ont alors [des ]taux sensiblement plus élevés qu'[actuellement]. ][Et, effectivement, les taux [de ]scolarisation ont augmenté, ou sont restés stables,  [dans ]l'[Ouest]   , le [Nord­   Ouest ]et la [région ][lyonnaise]; ils ont par contre diminué fortement [dans ]le [tiers ][méridional ][du ][pays]   ,  modérément     [dans ]le [Nord­Est]   .     ][Ces évolutions  [des  ]taux [de  ]scolarisation traduisent  [à   ]la  fois celles[des ]structures par âge [de ]la population ­ vieillissement accentué [dans ]le [Sud], fécondité plus forte [dans ]l'[Ouest   ]   et   le   [[Nord   ]]   ­,   et   les   changements,   inégalement   importants,   [des   ]durées   [de   ]la   scolarisationconsécutives [à ]la généralisation [de ]la préscolarisation et surtout [des ]études secondaires.]

Un premier cadre temporel s'ouvre avec l'IC "En vingt-cinq ans" : cette locutionadverbiale qui exprime une durée, peut annoncer soit une évolution, soit un contraste, unecomparaison entre deux périodes (avant/maintenant) ou encore un point d'arrivée. A un niveausémantique (i.e. du phénomène/sujet/topic), le thème principal de ce premier cadre est "larépartition géographique de la population scolaire" (cette expression correspond au SN en positionsujet dans la même phrase). Le lecteur est en droit de s'attendre (assez logiquement) à l'expositiond'un contraste (social ?) entre différents lieux géographiques. En effet, dès la seconde phrase,l'auteur présente des exemples de régions (" [pour ]le [Gers], la [Creuse] et [pour ]le [Cantal],l'[Aveyron]"). Mais il ne s'agit pas d'IC.

La 3ème phrase s'ouvre sur un IC spatial "Dans d'autres, l'Oise,...". Un cadre spatialsemble donc s'ouvrir à l'intérieur du premier cadre temporel encore ouvert. Il est important de noterla valeur anaphorique de cette expression : "dans d'autres" fait référence à des régions différentesde celles qui ont précédemment été annoncées. La portée de cet 'IC' spatial ne dure que pour laphrase même car, dès la phrase 4, on n'est plus dans l'exemple mais plutôt dans ce que l'on pourraitqualifier de "constat" ou de "commentaire de l'auteur" (changement du temps du verbe +"Cependant").

Un second cadre temporel (phrase 6) s'ouvre avec "Au milieu des années 1960" : lepremier cadre ne se ferme pas, on ne peut pas véritablement parler d'incompatibilité sémantiqueentre ces deux IC. Ils sont donc enchâssés l'un dans l'autre. Le premier cadre faisant référence à unepériode/durée, ce deuxième cadre marque un point temporel précis inclus dans cette période. Ceciest d'ailleurs renforcé par le fait que dans la phrase précédente, il y a la présence de l'expressiontemporelle "en 1965". Ce deuxième cadre n'a une portée que d'une phrase : la phrase 7 présente unconstat/commentaire marqué d'une part par "Cependant" et de l'autre par un changement du tempsdes verbes : on passe de l'imparfait au passé-composé. Cette phrase 7 ferme donc le second cadretemporel mais pas le premier.

Un troisième cadre temporel s'ouvre avec l'IC "En 1965". Ce cadre se subordonneaussi au premier cadre pour les mêmes raisons que le second. Sa portée est assez courte. Deuxcadres spatiaux s'ouvrent à l'intérieur de ce 3ème cadre temporel : le premier est initié par "c'estégalement dans la france du Nord..." (clivée) et le second par un semi IC "c'est dans la France peupeuplée et agée...". Les deux cadres spatiaux ne portent que sur la phrase dans laquelle ils

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apparaissent respectivement. Le troisième cadre temporel se ferme à partir de la phrasecommençant par "Ces évolutions des taux de scolarisation..." (passage au présent).

Le premier cadre temporel se ferme à la fin du segment.

Représentation 29 :

[UT1 = "En vingt-cinq ans" ~la répartition géographique de la populationscolaire~

...[US1 = "Dans d'autres,..." ~augmentation des effectifs~... qu'en 1975]...[UT2 = "Au milieu des années 1960" ~disparités géographiques~...

[US2 = "Dans une quinzaine de départements" ~augmentationde la population scolaire~

... de 1975 ]](UT2)[UT3 = "En 1965" ~taux de scolarisation~

[US3 = "c'est également dans la France du Nord..."... ; ][US4 = "c'est dans la France peu peuplée et agée..."... qu'actuellement. ]

] (UT3)... études secondaires ](UT1)

Exemple 2 :

[65] [Au ][début ][des ][années ]1990, plus [de ]quatre enfants [sur ]dix sont d'origine ouvrière ­ [en ]entendant parlà le fait d'être d'une famille dont le chef [de ]ménage [est ]ouvrier. ][Pourtant les ouvriers ne sont que le [tiers ][de ]la population active; mais leurs familles sont plus nombreuses que celles [des ]autres catégories sociales. ][Un enfant [sur ]vingt [est ]enfant d'agriculteur, un [sur ]douze d'artisan ou [de ]commerçant, un [sur ]neuf [de ]cadre   supérieur   ou   [de   ]membre   [des   ]professions   libérales,   un   [sur   ]six   [de   ]cadre  moyen,   un   [sur   ]huitd'employé. ][Les enfants d'ouvriers, environ 350000 par [année ]d'âge, sont plus nombreux [dans ]la [France ][du ][[Nord]]:  [dans ]une quinzaine [de ][départements]   ,   un enfant [sur ]deux [est ]d'origine ouvrière. ]  [En ][région ][parisienne ]    et    [dans ]le [Grand ]   [Ouest]   ,   leur proportion [est ]cependant souvent inférieure [à ]40%. ][Par transition progressive [du ][[Nord ]][au ][Sud], les pourcentages tombent  [à   ]35%  et moins  [dans ]unevingtaine [de ][départements ][méridionaux]. ][Les  enfants d'agriculteurs sont surtout  nombreux,  [jusqu'][à  ]15% et plus [de ]l'ensemble [des ]enfants, [dans ]le [Grand ][Ouest], [de ]la [Basse­Normandie ][aux ]Charenteset  [dans ]les [départements  ]les  plus ruraux [du  ][Massif  central   ]et  [de ]l'[Aquitaine].  ][Dans  ]la   [région  ][parisienne]    le [[Nord]], la [Lorraine], la [région ][lyonnaise ]et    [dans ]les [départements ][méditerranéens]   , ilsne  comptent  que   [pour   ]moins   [de   ]5% [de   ]l'ensemble   [des   ]enfants.   ][La   répartition   [des   ]enfants  [de  ]commerçants, artisans et chefs d'entreprise partage clairement la [France ][en ]deux: la [moitié ][méridionale],où ils sont relativement nombreux, avec 10 [à ]15% [des ]enfants, et la [France ][du ][[Nord ]]où leur proportionva [de ]5 [à ]10%, [Bretagne ]exceptée. ][Les enfants [des ]catégories sociales supérieures et intermédiaires sontle plus souvent [en ]ville: 30% d'enfants [de ]cadres supérieurs et 14% [de ]cadres moyens  [à ][Paris], 15 et20% [à ][Toulouse ]et [Lyon], 28 et 20% [dans ]les [Yvelines], etc.][, mais seulement 5 [à ]6% [en ][Vendée ]et[dans ]le [Pas­de­Calais]. ] C'[est ]   [dans ]le [Midi []méditerranéen ]   et [aquitain ]et    [en ][Île­de­France    ]   que lesenfants d'employés  sont  [en ]plus grand nombre ­ [jusqu'][à  ]près  [de ]20% [des ]enfants  [en ][Corse],  [à  ][Nice],  [en ][Seine­Saint­Denis]; par contre, les [départements ]ruraux [du ][Centre­Ouest ]et [du ]Centre­Est[en ]comptent souvent moins [de ]10%. ][Les structures sociales [de ]la population d'âge scolaire se rangent[en ]cinq types principaux. ][Au ][nord ][du ][pays]   ,     [de ]la [Normandie ]   [à ]l'[Alsace]   , [région ][parisienne ]   exclue, les enfants d'ouvriers forment la [moitié ][de ]la population scolarisable, devançant [de ]beaucoup ceux[des ]cadres moyens, puis [des ]employés. ] [[De ]la [Bretagne ]   [au ][[Pays ]Basque ]   et    [de ]la [Bourgogne ]   [à ]   [Marseille ]les situations sont proches [de ]la moyenne française: la proportion [des ]enfants d'ouvriers avoisineencore 40% mais les enfants d'agriculteurs et d'artisans et commerçants sont plus nombreux. ][[La part ][des ]

29 ce n'est certes pas la manière de formaliser de Charolles mais cela me paraît tout aussi clair...

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enfants d'agriculteurs s'accroît [dans ]les [départements ]les plus ruraux [de ]l'[Ouest ]et [du ][Sud­Ouest], lesenfants d'ouvriers demeurant cependant [de ]loin les plus nombreux. ][En ][Provence ]   et    [dans ]l'[Hérault]   ,   lesenfants d'ouvriers ne forment plus que le [quart ]d'une population scolarisable dont un enfant [sur ]trois a unpère cadre moyen ou supérieur. ][En ][Île­de­France ]   ainsi qu'   [à ][Toulouse]   ,   les enfants [des ]catégories aiséessont  aussi  nombreux,   [au ]moins,  que  ceux  [des   ]familles  ouvrières.  ]  Et     [à   ][Paris]   ,    il  y  a  deux fois  plusd'enfants [de ]cadres supérieurs et moyens que d'enfants d'ouvriers.]

Cet extrait apparaît de prime abord comme un très bel exemple : un cadre temporels'ouvre avec l'expression  "Au début des années 1990"  ; puis, toute une série de cadres spatiauxs'enchâssent dans ce cadre temporel, ils s'ouvrent et se ferment les uns à la suite des autres.

Si on y regarde de plus près, on voit que la dimension 'phénomène' est essentielle danscet exemple. C'est cette dimension qui structure directement les cadres spatiaux, à l'intérieur d'uncadre temporel qui étend sa portée jusqu'à la fin du segment. 

Les trois premières phrases introduisent le thème principal : celui de l'origine socialedes élèves. La quatrième phrase présente les enfants d'ouvriers, la sixième les enfants d'agriculteurs,la huitième les enfants de commerçants, artisans et chefs d'entreprise et la neuvième les enfants descatégories sociales supérieures et intermédiaires. Si  l'on prend le premier cas (celui des enfantsd'ouvriers), deux "zones" géographiques sont avancées pour répartir sur le territoire français lesenfants  d'ouvriers.  Cependant,  seul  un  cadre  spatial  est  ouvert   ("En région  parisienne...")   :   auniveau informationel, il n'apporte pas plus d'information que la phrase précédente dans laquelle unelocution adverbiale spatiale est présente.

La onzième phrase introduit  "cinq types principaux"  de structures sociales : suiventalors   cinq   IC   spatiaux  qui   s'ouvrent   et   se   ferment   les  uns  à   la   suite   des   autres  de   façon   trèsstructurée.

Représentation :

[UT1 = "Au début des années 1990" ~origine sociale des élèves~

[Phen1 = "Les enfants d'ouvriers"[US1 = "En région parisienne..."]

][Phen2 = "Les enfants d'agriculteurs"

[US2 = "Dans la région parisienne, le Nord,..."]

][Phen3 = "les enfants de commerçants"][Phen4 = "les enfants des catégories sociales supérieures et

intermédiaires"[US3 = "C'est dans le Midi méditérannéen..." ~enfants

d'employés~]

][Phen5 = "structures sociales"

[US4 = "Au nord du pays..."][US5 = "De la Bretagne au Pays Basque..."][US6 = "En Provence et dans l'Hérault"][US7 = "En Ile-de-France ainsi qu'à Toulouse"][US8 = "Et à Paris"]

]

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](UT1)

 8.4.2         Type 2 : [S [T]...]   

Exemple 3 :

[264] Tant    [dans ]les [TOM ]   que    [dans ]les [DOM]   ,     la proportion encore réduite [des ]élèves [dans ]l'enseignementsecondaire par rapport [à ]ceux [du ]primaire et, [dans ]le secondaire, [de ]ceux [du ]second cycle [long ]parrapport [à ]ceux [du ]premier cycle, donne la mesure [des ]écarts importants [des ]systèmes éducatifs d'[Outre­Mer ]par rapport [à ]ceux [de ]la [Métropole]. ][Près [de ]60% d'une classe d'âge atteint le niveau bac [en ]1991­92  [en ][Métropole  ]contre  40%  [dans ]les  quatre  [DOM], soit  près  [de ]20 points  d'écart.  ][Cet  écart  doitpourtant être relativisé: d'une part, le taux actuel [des ][DOM ]était celui [de ]la [Métropole ][en ]1988; d'autrepart, le taux d'accès [en ]Terminale (niveau IV) ne cesse lui aussi, comme les autres indicateurs [du ]systèmescolaire [des ][DOM], [de ]progresser. ][Jusqu'][à ]ces dernières [années], l'[entrée ][en ]2e était réservée [de ]fait [à ]une [minorité]. ][La plus grande part [des ]générations se partageait [entre ]les sorties [en ][cours ][de ]premier cycle [du ]secondaire et les orientations [en ]CAP puis [en ]BEP. ]  [En ]1988, les taux [de ]passage[en ]cycle  [long  ][des  ][DOM ]comptaient  parmi  les  plus  bas [des   ][départements   ]français,  28%  [pour ]la[Martinique], 45% [pour ]la [Guadeloupe], 44% [pour ]la [Guyane], 45% [pour ]la [Réunion], contre 57% [pour]la moyenne [des ][départements ][métropolitains]. ][Mais la situation change rapidement:  [en ]1991­92, plus[de ]40% [des ]jeunes [des ][DOM ]sont entrés [en ]2e, mais sans que l'écart avec la [Métropole ]se réduise[dans ]les mêmes proportions. ][Les arrêts  [de ]scolarité  [en ][cours ][de ]collèges et surtout les orientations[vers ]les CPPN et CPA d'une part, [vers ]les CAP et BEP d'autre part, demeurent bien plus fréquents qu'[en ][Métropole].   ][[Même   ]si   les   taux  d'[entrée   ][en   ]2e   sont   encore   sensiblement   [en   ]deçà   [de   ]ceux   [des   ][départements ][métropolitains], leur augmentation provoque une véritable explosion [des ]effectifs lycéens: [de]170000 élèves  [en ]1980­81,  la population lycéenne [des ][DOM ][est  ]passée  [à   ]plus  [de  ]200000  [à   ]ladernière   [rentrée],   avec  [depuis   ]1989   ,    près   [de   ]10000  élèves   supplémentaires  d'une   [année   ][à   ]l'autre.   ][[Cette ]croissance reflète les effets conjugués [de ]la politique ministérielle visant [à ]amener la plus grandepartie [des ]classes d'âge [au ]bac, [de ]la politique [des ][régions ]qui concentrent [des ]investissements trèsimportants [dans ]la construction et l'aménagement [des ]lycées,  et [de ]la demande [des ]familles [pour ]lapoursuite d'études [en ]cycle [long].]

Il s'agit ici d'un exemple dans lequel le critère spatial porte sur le paragraphe en entier :un cadre spatial est ouvert avec l'IC "Tant dans les TOM que dans les DOM". Ce cadre va durerjusqu'à la fin du segment. A l'intérieur de ce cadre, trois cadres temporels s'ouvrent :

– le premier avec l'IC "Jusqu'à ces dernières années", il étend sa portée jusqu'à l'IC suivant.– le second avec "En 1988", sa portée ne va pas au-delà de la phrase dans laquelle il apparaît et

elle s'arrête au semi IC suivant.– le troisième avec un semi IC "en 1991-92" : ce dernier IC semble étendre sa portée jusqu'à la

fin du paragraphe. En effet, aucune autre locution adverbiale spatiale différente n'apparaît et àpartir de ce semi IC les temps verbaux sont au présent contrairement aux deux cadrestemporels précédents.

Représentation :

[US1 = "Tant dans les TOM que dans les DOM" ~effectifs scolaires~[UT1 = "Jusqu'à ces dernières années"][UT2 = "En 1988"][UT3 = "en 1991-92"]

](US1)

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 8.4.3         Type 3 : introducteurs multiples   

Exemple 4 :

[116] ......[[En ]1991      [à ][Paris]   , qui comme [en ]bien d'autres domaines [de ]la scolarisation détient la palme, [sur ]100élèves [dans ]le deuxième degré, 48 seulement sont collégiens. ][La proportion [des ]collégiens [est ]égalementinférieure [à ]la moyenne [dans ]nombre [de ][départements ][méridionaux ]où, par contre, [au ]moins un élève[sur ]quatre [du ]secondaire [est ]lycéen ou encore [dans ][des ][départements ]qui ont une tradition industrielleet comptent [de ]nombreux élèves [dans ]les lycées professionnels, ceux [du ][[Nord]], [de ][Lorraine], [de ]la[Loire],   etc.   ][Les   collégiens   sont  particulièrement  nombreux  [dans   ]la  grande   couronne   [parisienne   ]et   le[Centre­Ouest], [Vendée],  [Maine­et­Loire], [Eure], où près [des ]deux [tiers ][des ]élèves [du ]secondaire etparfois plus sont [au ]collège, la proportion d'élèves [en ]scolarité longue pouvant tomber [à ]moins [de ]20%,[moitié   ]moins   qu'[à   ][Paris].   ][[Dans   ]ces   [départements   ][de   ]la   couronne   [parisienne   ]et   [de   ]l'[Ouest   ]intérieur,  plus  d'élèves  qu'ailleurs  achèvent   [en ][effet   ]leurs  études   [en  ][cours   ]ou  [en ][fin   ][de  ]premiercycle.]

Un cadre temporel s'ouvre avec "En 1991" ainsi qu'un cadre spatial avec "à Paris". Cecadre spatial se ferme à la fin de la même phrase du fait de la présence de locutions adverbialesspatiales différentes et incompatibles dans la phrase suivante. Un second cadre spatial s'ouvre avec"Dans ces départements de la couronne parisienne..." qui lui aussi n'a une portée que d'une phrase.Le cadre temporel perdure jusqu'à la fin du segment.

Représentation :

[UT1 = "En 1991" + [US1 = "à Paris"](US1)...[US2 = "Dans ces départements..."]

](UT1)

Exemple 5 :

[144] ......[En ]1986   ,     [dans ]une soixantaine [de ][départements]   , les élèves préparant [des ]CAP [en ]trois [ans ]étaientplus nombreux que ceux [des ]classes [de ]BEP;  [en ]1988, seuls quatre [départements  ]sont encore [dans ]cecas.  ][Tout  l'[Est],   le  [[Nord]],   la  [Bourgogne ]enregistrent  [des ]chutes  d'effectifs  spectaculaires  [dans ]lesformations [aux ]CAP [en ]trois [ans]. ][Et la tendance se poursuit...]

Dans cet exemple, le cadre temporel, ouvert par "En 1989", ne porte que pour la phrasedans laquelle il apparait. Le cadre spatial quant à lui semble avoir un fonctionnement plutôtgénérique : en effet le SN "seuls quatre départements" dans le second cadre temporel fait une sortede référence anaphorique avec "dans une soixantaine de départements" et est inclus dans ce dernier.Mais il s'agit d'un SN...

Représentation :

[UT1 = "En 1986" + [US1 = "dans une soixantaine de départements"](UT1)

[UT2 = "en 1988"...en trois ans ](UT2)

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](US1)

Exemple 6 :

[262] ......[En ][Martinique]   ,     [en ]1990   , 46% [des ]élèves [de ]CM2 ont un [an ][de ]retard ou plus. ][Très fortes [jusqu'][au ][milieu ][des ][années  ]1980, les sorties  précoces [du ]système scolaire ont  très  régulièrement diminué[depuis].   ][Réduction   [des   ]taux   [de   ]retard   scolaire   et   sorties   [du   ]système   scolaire   [en   ]diminution,préscolarisation [en ]progression: se dessine [dans ]les [DOM ]un système scolaire qui diffère fortement [de ]cequ'il était il y a une [décennie ]et qui, avec un [temps ][de ]décalage, suit la même évolution que le système[métropolitain]. ][Se conjuguent la diminution [du ]retard scolaire apparent et celle [du ]retard scolaire réel. ]

Dans cet exemple, le cadre temporel ouvert par "en 1990" n'étend sa portée que pour laphrase dans laquelle il apparaît du fait de la présence, dans la phrase suivante d'une locutionadverbiale temporelle référentiellement incompatible. Cependant, je n'arrive pas à décider de la finla portée du cadre spatial ouvert par "En Martinique" : soit elle s'arrête à la fin de la phrased'accueil, comme pour le temporel, soit elle dure juqu'à "...diminué depuis.".

Exemple 7 :

[237] ...... [Au ][sud­est    d'une ligne Nancy­Dijon­Poitiers­Bordeaux   ,     [en ]1990­91    plus [du ][tiers ][des ]jeunes obtiennentle baccalauréat, [à ]l'exception cependant [de ]cinq [départements], la Haute­Saône, l'[Ain], la [Dordogne], [lesLandes   ]et   les   Charentes,   que   l'on   retrouve   habituellement  [dans   ]le   groupe   [des   ][départements   ][à   ]scolarisation déficiente. ][La [Haute­Garonne ]dépasse 45%; les [Alpes­Maritimes ]atteignent 41%; le [Rhône ]frôle 40%; et    [de ]la [Savoie ]   [à ][Montpellier]   , les taux oscillent le plus souvent [entre ]35 et 40%. ] [Dans ]la[moitié   ][nord­ouest   ][du   ][pays],   ce   sont   [au   ][contraire   ]les  pourcentages   supérieurs   [au   ][tiers   ]qui   sontl'exception; ils concernent [Paris ]et sa [banlieue ]occidentale, la [Bretagne ]sauf le [Morbihan]. ][La proportion[de ]bacheliers [dans ]la classe d'âge tombe [à ]moins [de ]30% [dans ]la [plupart ][des ]autres [départements],et même [à  ]moins [de ]25%  [en ][banlieue ][nord ]et [est ][de ][Paris],  ainsi  que     [dans ]la [plupart  ][des  ]   [départements ][de ]la    grande couronne, l'[Eure ]et l'[Eure­et­Loir], l'[Yonne ]et l'[Aube], l'[Orne], l'[Aisne], et   plus loin les [Ardennes],  la [Meuse].  ]  [Depuis ]le [milieu ][des ][années ]1980,  la proportion [de ]bacheliers[dans  ]la  classe  d'âge  augmente  [de ]deux ou  trois  points  par   [an];  mais   les  écarts  [entre  ][départements   ]continuent [de ]varier [du ]simple [au ]double ([Paris ]exclu). ]......

Dans cet exemple, l'IC spatial "Au sud-est d'une ligne Nancy-Dijon-Poitiers-Bordeaux", apparaissant en première position, on peut supposer que ce cadre aura une portée pluslongue que le cadre temporel initié par "en 1991-92" qui n'apparait qu'en deuxième place. Pourtant,quand on y regarde de plus près, il s'avère que le cadre temporel ouvert se poursuit jusqu'à l'ICsuivant "Au milieu des années 1980" tandis que le premier cadre spatial s'arrête au deuxième ICspatial "Dans la moitié nord-ouest du pays", ce dernier ouvrant un troisième cadre spatial enchâssédans le cadre temporel. Le semi IC "de la Savoie à Montpellier" est enchâssé dans le premier cadrespatial du fait de leur compatibilité sémantique.

Représentation :

[US1 = "Au sud-est d'une ligne..." + [UT1 = "en 1990-91" ~proportion debacheliers~

[US2 = "et de la Savoie à Montpellier"](US2)

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... entre 35 et 45% ](US1)[US3 = "Dans la moitié nord-ouest du pays"]... la Meuse ](UT1)

 8.5  Constat sur le croisement des cadres spatiaux et temporels

L'objectif de ce mémoire est d'étudier le croisement des cadres spatiaux et temporelsdans un document géographique. Cependant, les différentes analyses d'exemples exposées auchapitre 8.4 m'amènent à reconsidérer ce terme de 'croisement'. En effet, je pense que l'on ne peutpas véritablement parler de croisement mais plutôt d'enchâssement. Deux raisons me conduisent àce constat :

– tout d'abord, il arrive fréquemment que pour un IC temporel, plusieurs cadres spatiauxs'ouvrent les uns à la suite des autres. Dans le cas précis du spatial, et à un niveau sémantiqueet cognitif, les SN sujet ainsi que les locutions adverbiales de lieu semblent participer aupartitionnement de l'information tout comme les introducteurs de cadres (mais pas au mêmeniveau).

– de plus, lorsqu'un IC (temporel ou spatial) est enchâssé dans un cadre (différent), il ne portegénéralement que pour la phrase dans laquelle il apparaît. Peut-on alors parler de cadre ausens de Charolles ? Il y a certes un partitionnement de l'information mais dans le casspécifique du spatial, les locutions adverbiales ainsi que les SN en position sujet y contribuentaussi. Cela ressemble souvent plus à des énumérations

30.

Il est remarquable que ce corpus soit dominé par des cadres temporels dans lesquelss'enchâssent des cadres spatiaux. Je n'ai relevé qu'un seul cas où des cadres temporels étaientenchâssés dans un cadre spatial. Ceci est étonnant pour un texte géographique. Cependant, etcomme je l'ai déjà avancé dans le chapitre 7.5, cela pourrait être lié au fait qu'une localisationspatiale peut aussi occuper la position syntaxique de sujet : la localisation spatiale est donceffectivement plus présente que la localisation temporelle. On peut alors se demander si le faitd'utiliser un IC, la position sujet ou tout simplement une locution adverbiale en milieu ou fin dephrase ne résulterait pas d'une volonté d'évaluation de l'auteur sur l'importance d'un fait ? Les ICserviraient alors, ou à l'ouverture d'un cadre de discours, ou alors à une stratégie textuelle de miseen valeur d'un fait ou d'un événement.

Mais pourquoi le temporel occupe-t-il plus aisément la fonction d'IC ? Peut-être parceque le temps constitue un point de référence plus stable et plus précis que le spatial : selon Enkvist(1987), "discourse is linear and the dimension of its linearity is time. Therefore all text strategiesare in a sense temporal". Charolles insistait d'ailleurs sur le fait que "le temps, comme cadreordonnateur des choses, l'emporte sur l'espace" (1997 : 12).

La dimension spatiale semble donc être liée de façon plus pertinente à la dimensionphénomène qu'à la dimension temporelle. L'espace est en relation beaucoup plus étroite avec lephénomène et c'est cette relation qui est localisée temporellement.

L'enchâssement de cadres spatiaux et temporels dépasse rarement plus de deuxniveaux dans ce corpus. Un seul exemple fait exception : dans l'exemple 7, on a le schéma suivant :[S [T [S]]]. Et dans cet exemple, le second IC spatial est en réalité une reprise anaphorique partielledu premier.

En ce qui concerne les IC multiples, c'est-à-dire un IC spatial et un IC temporel en

30 "énumération" est ici pris au sens courant de "action d'énoncer un à un les éléments d'une classe, d'un ensemble"(in Le Grand Robert de la Langue Française, 2001).

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début de phrase, j'ai noté des fonctionnements assez variables. Je n'ai pas observé de régularitésformelles quand à la position qu'occupent respectivement les IC spatiaux et temporels et soninfluence sur leurs portées respectives. Toutefois, il me semble possible d'affirmer que :

– soit les deux critères, spatiaux et temporels, ne sont valables que pour la phrase danslaquelle ils apparaissent ensemble : [144], [262]

– soit le critère temporel étend sa portée au-delà de la phrase mais le critère spatials'arrête : [116], [237]

Encore une fois, le critère temporel apparaît comme étant plus propice à l'ouverture de cadres.

                       Conclusion   

A première vue, le croisement des cadres de discours spatiaux et temporels ne semblepas propice à permettre une recherche multidimensionnelle dans un document géographique (entous cas, pas dans ce corpus-là). Même si dans la plupart des cas, un phénomème est situé à la foisspatialement et temporellement, les cadres ne sont certainement pas les seules structures discursivespertinentes (pour la localisation spatiale principalement).

Il serait donc intéressant de prendre en compte des structures discursives autres que lescadres. Tout d'abord, il faudrait étendre la combinatoire IC/IC à IC/locutions adverbiales, puisconsidérer la position syntaxique de SN sujet pour le spatial essentiellement.

Le chapitre suivant propose un certain nombre de "pistes" de recherches que cemémoire m'a amenée à mettre en valeur.

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 9  Perspectives

Ces recherches m'ont amenée à considérer trois perspectives de recherche concernantles introducteurs de cadres.

Premièrement, la distinction entre IC et semi IC, qui, au départ ne laissait pasforcément envisager des divergences de comportement notables, devrait être étudiée de façon plusrigoureuse.

Deuxièmement, il me semble important et intéressant d'étudier les introducteurs decadres en fonction de la structuration textuelle en mettant en relation le modèle de l'architecturetextuelle et l'hypothèse de l'encadrement du discours : il est possible d'envisager une sorte dehiérarchisation des IC selon la place qu'ils occupent dans le texte (informatiquement, cela pourraitse traduire par des pondérations différentes sur les IC).

Troisièmement, le rapport entre le type de la préposition contenue dans l'IC et sacapacité de portée sur un segment discursif mérite des approfondissements.

 9.1  Les semi IC

En ce qui concerne les semi IC ([59], [110], [121], [237], [188]), j'ai constaté deux choses :

• ils peuvent avoir un pouvoir structurant fort, c'est-à-dire qu'un IC vaut un semi IC d'unpoint de vue de la segmentation et du partionnement de l'information :

[121] ......  [Jusqu'][au ][milieu ][des  ][années ]1980,  les  taux [de ]retard  scolaire ont fortement varié  selon  [des  ]configurations géographiques dont les disparités majeures se répétaient [au ][fil ][des ][années].]Ainsi     [dans ]   l'[Aveyron]   ,   [à ][Paris ]   ou    [dans ]les [Pyrénées­Atlantiques]   ,   seulement un enfant [de ]6e [sur ]trois [est ]alors[en ]retard scolaire; mais [dans ]l'[Eure]   , l'[Aisne ]ou les [Ardennes],    la proportion dépasse 50%. ][[En ]5e, lesécarts sont supérieurs [à ]20% [entre ]les [départements ][à ]retards relativement peu fréquents (40% [à ][Paris],[en ][Aveyron]) et ceux où les taux approchent 60% (l'[Aube], le [Calvados ]ou les [Ardennes]). ][[En ]ce quiconcerne les retards graves, deux [ans ]et plus [sur ]l'âge normal, les [départements ][du ][Grand ][Ouest], [Paris]et ses [banlieues ][ouest ]et [sud], le [Midi ]toulousain ont [des ]taux généralement inférieurs [à ]15% [en ]6e et17,5% [en ]5e;  [à  ][l'opposé],  la  [Normandie],  la [Picardie],  la [Champagne­Ardenne],  le [Languedoc ]et  la[Provence ]ont [des ]taux qui approchent 20% [en ]6e et 25% [en ]5e. ] [Depuis ]quelques [années], ces écartssont [en ]voie [de ]résorption, parallèlement [à ]la diminution [des ]taux [de ]retard.]

Dans cet exemple, un cadre temporel est ouvert par l'IC "Jusqu'au milieu des années1980" ; il est autonome et indépendant des précédents cadres temporels. Un IC spatial "Ainsi dansl'Aveyron,..." vient ouvrir un cadre qui se ferme par la présence d'un semi IC sémantiquementincompatible "mais dans l'Eure,...". Sa portée s'arrête à la fin de la phrase car dans la phrasesuivante, le thème/phénomène change : on ne parle plus des enfants de 6e mais de ceux de 5e. Deplus, d'autres références spatiales sont introduites. Le cadre temporel, quant à lui, se poursuitjusqu'au nouvel IC "Depuis quelques années".

Il en est de même dans l'exemple suivant :

[59]][En ]1965, c'[est ]également    [dans ]la [France ]   [du ][[Nord ]][à ]forte fécondité et population jeune      que les taux[de ]scolarisation  sont  les  plus élevés;  c'[est  ]   [dans ]la  [France  ]   peu peuplée  et  âgée,     [de ]l'[Yonne ]   [aux ]   [Landes   ]   ou     [à   ]l'[Ariège]   ,   qu'ils   sont   les   plus   faibles.   ][Cependant   la   [France   ][de   ]l'[Est   ]et   plusieurs[départements ][aquitains ]ont alors [des ]taux sensiblement plus élevés qu'[actuellement]. ][Et, effectivement,les taux [de ]scolarisation ont augmenté, ou sont restés stables, [dans ]l'[Ouest], le [Nord­Ouest ]et la [région ]

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[lyonnaise]; ils ont par contre diminué fortement [dans ]le [tiers ][méridional ][du ][pays], modérément [dans ]le[Nord­Est]. ][Ces évolutions [des ]taux [de ]scolarisation traduisent [à ]la fois celles [des ]structures par âge[de ]la population ­ vieillissement accentué [dans ]le [Sud], fécondité plus forte [dans ]l'[Ouest ]et le [[Nord ]]­,et les changements, inégalement importants, [des ]durées [de ]la scolarisation consécutives [à ]la généralisation[de ]la préscolarisation et surtout [des ]études secondaires.]

Dans cet exemple, un effet de parallélisme est donné par la répétition de l'emploi declivées.

• ils ne portent que sur la proposition dans laquelle ils apparaissent :

[110]...[L'enseignement privé compte moins [de ]retards:  [en ]1991­92, 21% [des ]élèves [de ]CM2 [du ]privé ont unretard d'[au ]moins un [an]; [dans ]le public, c'[est ]un peu plus [de ]25%. ][Mais la situation varie beaucoupd'un [département ][à ]l'autre; [dans ]l'[Ouest ]par exemple, c'[est ][dans ]le privé que les taux [de ]retard sontles   plus   bas;  [dans   ]le   [Sud­Ouest],   la   situation   [est   ]généralement   inverse.   ][[À   ]l'intérieur   [de   ]chaque[académie ]et [département], les écarts [des ]taux [de ]retard scolaire d'un secteur scolaire [à ]l'autre, et mêmed'une   école   [à   ]l'autre,   sont   [au   ]moins   aussi   accusés   qu'[entre   ]les   [départements].   ][Ils   révèlent   [des   ]oppositions marquées, plus ou moins inattendues: [entre ]tel ou tel [pays ]comme [entre ]le Bocage normand etle [[Pays ]d'Auge ][en ][Basse­Normandie]; ou [entre ]les écoles [du ][centre ]ville et celles [de ]la périphérie,ainsi [dans ]l'agglomération [de ][Caen]. ]

Dans cet exemple, l'IC temporel "en 1991-92" semble porter jusqu'à la fin dusegment/paragraphe car rien n'indique la fermeture du cadre (pouvoir structurant fort). Mais en cequi concerne les deux IC spatiaux, il est évident qu'ils ne couvrent que la proposition dans laquelleils apparaissent.

[188]......[En ]1991, on atteint 58%, mais avec [des ]écarts qui demeurent importants [entre ]les [départements]: [en ][Bretagne ]   et    [à ][Paris ]   par exemple   ,   on dépasse les deux [tiers], alors qu'on n'atteint pas la [moitié ][dans ]unequinzaine  [de  ][départements],  qui   [pour   ]la   [plupart   ]appartiennent   [à   ]la  grande  couronne  [du  ][Bassin  []parisien].][Ces   inégalités  académiques  et  départementales   sont   le   résultat   [des   ]effets  cumulés   [des  ]étapessuccessives [de ]scolarités qui ont débuté [en ]classe maternelle une quinzaine d'[années ]auparavant. ]

L'IC "En 1991" ouvre un cadre temporel qui dure jusque à l'expression "... du Bassinparisien" ; dans la même phrase, un semi IC spatial ouvre un cadre spatial "en Bretagne et àParis" : mais peut-on le considérer comme un introducteur ? A mon sens non, car dans la mêmephrase, initiée par "alors que", une expression spatiale référentiellement incompatible est présente.

Les semi IC semblent plutôt permettre à l'auteur/écrivain d'introduire un exempleparticulier. Mais ce ne sont là que des remarques et il faudrait un travail plus systématique sur ceproblème précis.

 9.2  Les IC dans l'architexture textuelle

En ce qui concerne un traitement des introducteurs de cadres en fonction de la placequ'ils occupent dans le texte, j'ai constaté deux choses :

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– sur 10 cas31

dans lesquels l'IC se trouve en début de segment, il étend sa portée sur lesegment

32 en entier dans 6 cas : [59], [65], [123], [136], [235] pour le temporel et [264] pour

le spatial.– dans les cas où un IC se trouve dans un titre : ils semblent avoir la capacité de porter sur la

partie entière qu'ils introduisent. Voir les exemples suivants en contexte :

4.3 [Depuis ]le [milieu ][des ][années ]1980, une profonde mutation

5.2 [En ]trente [ans], [des ]changements considérables

[232]  [[ictemp:init:126>>[Au  ][milieu  ][des  ][années  ]1980<<ictemp:init:126],   une   image   inversée  [de  ]lasociété française]

Il serait donc intéressant d'approfondir ces considérations en se demandant parexemple si un IC en début de paragraphe a la capacité de porter sur le paragraphe en entier, dansquelle mesure, quel est le comportement des IC et leur portée lorsqu'ils se trouvent dans un titre departie, section,...?

Charolles (2003) a d'ailleurs annoncé, récemment, que les paragraphes sont desmarques de cohésion discursive qui initient des cadres organisationnels dans la mesure où ils ont lacapacité d'indexer plusieurs propositions. Ils répartissent les informations arrivantes dans des blocs.De plus, ces cadres sont faciles à repérer : leur début et leur fin sont marqués graphiquement. Enrevanche, ils sont sous-spécifiés sémantiquement (quand ils ne sont pas précédés de "titres"). Ilaffirme par ailleurs que leur mise en place a une incidence sur celle des autres cadres cadres dediscours) mais aussi sur d'autres structures discursives comme les chaînes de référence ou lesstructures rhétoriques.

 9.3  Le typage des prépositions

Il serait intéressant de classer33

les prépositions selon qu'elles réfèrent à une durée ouun point précis et de comparer leur fonctionnement lorsqu'elles ont la fonction d'expressionintroductrice d'univers de discours.

Par exemple, il semblerait qu'une locution adverbiale (IC) du type "Entre les années1980 et les années 1990" ait une portée plus grande qu'une locution adverbiale référant à unmoment précis sur l'axe temporel comme "En 1980" et particulièrement lorsqu'elles sont placéesdans les titres ou en début de paragraphe. De plus, ce type de locution adverbiale semble pluspropice à recevoir d'autres cadres temporels totalement ou partiellement compatiblessémantiquement.

31[59], [65], [110], [121], [123], [136], [174], [188], [235] pour le temporel et [264] pour le spatial.32 je rappelle que la notion de segment ne correspond pas à la segmentation effective du document original en

paragraphes.33 Dans LinguaStream, on pourrait les classer dans différents lexiques et leur associer des traits sémantiques, ce qui

permet d'envisager un meilleur calcul de la portée, particulièrement pour l'enchâssement de plusieurs cadrestemporels.

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CONCLUSION

L'encadrement du discours est une hypothèse sur la cohérence discursive globalementpertinente, à la fois au niveau de la structuration du discours, mais aussi à un niveau procédural etcognitif pour le traitement de l'information. Il permet d'envisager le découpage d'un discours enblocs informationnels homogènes par l'intermédiaire de marqueurs discursifs, les introducteurs decadres. Ces marqueurs discursifs, qui sont des locutions adverbiales détachées à l'initiale de laproposition, présentent la particularité essentielle de porter au-delà de la simple proposition danslaquelle ils apparaissent.

Il me semble que l'hypothèse sur les cadres de discours spatiaux et temporels est trèspertinente et que les introducteurs de cadre permettent effectivement un partitionnement del'information. Lors de mon stage de maîtrise

34, j'ai pu constater que les cadres temporels couvrent

plus d'un quart du corpus "L'Atlas de la France scolaire", ce qui est loin d'être négligeable.Le document géographique est un type de texte assez spécifique car il présente la

particularité essentielle de localiser spatialement et temporellement un phénomène de nature socialeou économique. Il était donc tout à fait légitime de supposer l'existence d'une relation étroite, d'uncroisement entre les cadres spatiaux d'une part, et les cadres temporels d'autre part.

Ceci présentait d'ailleurs un intérêt primordial pour un objectif de recherchemultidimensionnelle, croisant trois dimensions (phénomène, spalité et temporalité).

Cependant, dans le corpus "L'Atlas de la France scolaire", ce croisement spatio-temporel n'est pas si évident lorsque l'on se penche sur des données réelles. Et cette réflexion meporte à penser que ce croisement spatio-temporel n'existe pas ou du moins qu'il est insuffisant. Ilfaudrait prendre en considération d'autres structures discursives.

Il est maintenant nécessaire d'étendre la combinatoire IC/IC à IC/locutions adverbialeset, dans le cas du spatial, de considérer les cas où une localisation est exprimée à travers les SNsujets.

De plus, il faut étendre ces analyses à d'autres types de textes, à la fois dans le domainede la géographie, mais aussi dans d'autres domaines.

Enfin, on peut se demander si les deux critères (détachement et à l'initiale de la phrase)avancés par M. Charolles ne sont pas un peu trop restrictifs : peut-être pourrait-on envisager unélargissement vers les compléments de phrases (par opposition aux compléments de verbes) ? Maiscela nécessite évidemment des recherches approfondies.

34 cf. rapport de stage de maîtrise, Laignelet (en cours).

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ANNEXES

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Annexe A :    expressions régulières pour les expressions temporelles   

*** Regular Expression 'date'

*** Rule '1'<date1> ((@jusq | @prepos | @excep))+ @ecart? {"lemma":"@card@"} </date1>

*** Rule '2'<date2> ((@jusq | @prepos | @excep))+ @ecart? {"tag":"det"}? @periode @adj?@ecart? @periode? {"lemma":"@card@"} </date2>

*** Rule '3'<date3> ((@jusq | @prepos | @excep))+ @ecart? {"tag":"det"}? @decoup ((@ecart |{"tag":"det"}))+ @periode {"lemma":"scolaire"}? {"lemma":"@card@"} </date3>

*** Rule '4'<date4> ((@jusq | @prepos | @excep))+ @ecart? {"tag":"det"}? @sntemp @ecart?{"lemma":"@card@"} </date4>

*** Rule '5'<date5> ({"lemma":"voici"} | @prepos) (({"lemma":"moins"} | {"lemma":"plus"}))?@ecart? {"tag":"adj", "stag":"num"} @periode </date5>

*** Rule '6'<date6> @ecart {"tag":"det"}? @decoup? @ecart? {"tag":"det"}? @periode({"lemma":"@card@"} | {"lemma":"dernier"}) ((@jusq | @prepos | {"stag":"coo","tag":"con"}))+ {"tag":"det"}? @decoup? @ecart? {"tag":"det"}? @periode?{"lemma":"@card@"} </date6>

*** Rule '7'<date7> ((@jusq | @prepos | @excep))+ @ecart? {"tag":"det", "stag":"ind"}?{"tag":"pro", "stag":"indef"} @periode @ecart? {"tag":"det"}? @periode{"lemma":"@card@"} </date7>

*** Rule '8'<date8> @deictic </date8>

*** Rule '9'<date9> ((@jusq | @prepos | @excep))+ @ecart? @decoup? @ecart? {"tag":"det"}?{"lemma":"même"} @periode </date9>

*** Rule '10'<date10> ((@jusq | @prepos | @excep))+ @ecart? ({"tag":"det", "stag":"dem"} |{"tag":"pro", "stag":"dem"}) @periode {"tag":"adv"}? </date10>

*** Rule '11'<date11> ((@jusq | @prepos | @excep))+ @ecart? {"tag":"det"}? @decoup? @ecart?(({"stag":"dem", "tag":"pro"} | {"tag":"det"}))? {"tag":"adj", "stag":"num"}?({"lemma":"dernier"} | {"lemma":"premier"}) @periode </date11>

*** Rule '12'<date12> ((@jusq | @prepos | @excep))+ @ecart? {"tag":"det"}? @mois{"lemma":"@card@"} </date12>

*** Rule '13'<date13> {"tag":"det"}? {"lemma":"@card@"} @mois {"lemma":"@card@"}? </date13>

*** Rule '14'<date14> ({"lemma":"voici"} | @prepos) {"tag":"det"} {"tag":"nom","stag":"com"} {"lemma":"de"} @periode </date14>

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*** Rule '15'<date15> ({"tag":"adj", "stag":"num"} | {"stag":"indef", "tag":"pro"}) @periode{"lemma":"plus"}? ({"lemma":"tard"} | {"lemma":"tôt"} | {"lemma":"avant"} |{"lemma":"après"}) </date15>

*** Rule '16'<date16> ((@jusq | @prepos | @excep))+ @ecart? {"tag":"det"}?({"lemma":"lendemain"} | {"lemma":"surlendemain"} | {"lemma":"veille"}) @ecart% % </date16>

*** Rule '17'<date17> @jusq? @prepos? @ecart? {"tag":"det"}? @decoup? @ecart? {"tag":"pro","stag":"indef"} (@periode | @sntemp) </date17>

*** Rule '18'<date18> @ecart {"tag":"det"}? @sntemp? {"lemma":"@card@"} ((@jusqu | @prepos |{"stag":"coo", "tag":"con"}))+ (({"tag":"det"} | {"stag":"dem", "tag":"pro"}))?@ecart? @sntemp? {"lemma":"@card@"} </date18>

*** Rule '19'<date19> ((@jusq | @prepos | @excep))+ @ecart? {"stag":"def", "tag":"det"}?@decoup @ecart? {"tag":"det"}? {"tag":"det", "stag":"dem"} @periode{"tag":"adv"}? </date19>

*** Rule '21'<date21> @prepos {"tag":"det"} {"lemma":"occasion"} @ecart {"tag":"det"}?@sntemp @ecart? {"lemma":"@card@"} </date21>

*** Rule '23'<date23> ((@jusq | @prepos | @excep))+ @ecart? {"stag":"indef", "tag":"det"}@periode </date23>

*** Rule '24'<date24> @ecart {"stag":"pos", "tag":"pro"} @periode </date24>

*** Rule '25'<date25> {"tag":"pre"} {"lemma":"ici"} {"tag":"det"} @periode{"lemma":"@card@"} </date25>

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Annexe B :    expressions régulières pour les expressions spatiales   

*** Regular Expression 'spatial'

*** Rule '1'<spatial1> ((@jusq | @prepos))+ {"tag":"det"}? {"tag":"adj"}? @geo+ </spatial1>

*** Rule '2'<spatial2> ((@prepos | @jusq))+ ({"tag":"det"} | {"stag":"indef", "tag":"pro"}){"tag":"adj"}? @region {"tag":"adj"}? ({"tag":"pre"} | @ecart) {"tag":"det"}?@pointcard @ecart? {"tag":"det"}? @geo? </spatial2>

*** Rule '3'<spatial3> @prepos {"tag":"det"}? @pointcard @ecart? {"tag":"det"}? @geo{"tag":"adj"}? </spatial3>

*** Rule '5'<spatial5> @ecart {"tag":"det"}? @region? @geo+ ((@prepos | @jusq |{"tag":"con", "stag":"coo"}))+ {"tag":"det"}? @geo+ {"tag":"adj"}? </spatial5>

*** Rule '4'<spatial4> @prepos {"lemma":"celui"} ({"tag":"pre"} | @ecart) @geo+ </spatial4>

*** Rule '6'<spatial6> @prepos {"tag":"det"} @geo @ecart (@pointcard | @geo) {"tag":"con","stag":"coo"}? @ecart? @pointcard? </spatial6>

*** Rule '7'<spatial7> @prepos {"tag":"pre"} {"lemma":"autre"} ({"tag":"pon","stag":"vir"}? {"tag":"det"}? @geo)+ </spatial7>

*** Rule '8'<spatial8> @prepos {"tag":"det"}? @nom @ecart @region @ecart? @pointcard?@ecart? {"tag":"det"}? @geo? </spatial8>

*** Rule '10'<spatial10> @prepos {"tag":"det"}? @pointcard @ecart? @region? </spatial10>

*** Rule '11'<spatial11> @prepos {"lemma":"tous"}? ({"tag":"det", "stag":"dem"} |{"tag":"pro", "stag":"indef"}) @region </spatial11>

*** Rule '12'<spatial12> @ecart {"tag":"det"}? @pointcard @ecart? {"tag":"det"}? @geo(@prepos | {"stag":"coo", "tag":"con"}) @pointcard @ecart? {"tag":"det"}? @geo</spatial12>

*** Rule '13'<spatial13> @prepos {"tag":"det"} {"lemma":"échelle"} ({"lemma":"national"} |{"lemma":"départemental"} | {"lemma":"cantonal"} | {"lemma":"régional"})</spatial13>

*** Rule '14'<spatial14> @prepos {"tag":"det"}? @decoup (@pointcard | @geo) @ecart @region</spatial14>

*** Rule '15'<spatial15> @prepos {"tag":"det"} {"tag":"nom", "stag":"com"} @ecart @region@ecart? {"tag":"det"}? @geo? </spatial15>

*** Rule '16'

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<spatial16> @prepos {"tag":"det"}? @region {"tag":"con", "stag":"coo"}?@region? (@ecart | {"tag":"pre"}) {"tag":"det"}? @geo </spatial16>

*** Rule '17'<spatial17> @prepos {"tag":"det"}? @region (@geo | {"tag":"adj"}) </spatial17>

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Annexe C :      expressions régulières pour les introducteurs de temps et   d'espace

*** Regular Expression 'icspa'

*** Rule 'init'({"anchor":"begin", "analysis":"phrase"} | &segment) <init> @spatial+ </init>

*** Rule 'aparg'({"analysis":"phrase", "anchor":"begin"} | &segment) <aparg> (({"stag":"coo","tag":"con"} | {"tag":"adv"} | @prepos | @argum))+ @spatial+ </aparg>

*** Rule 'clivaparg'({"anchor":"begin", "analysis":"phrase"} | &segment) <clivaparg>(({"tag":"con", "stag":"coo"} | {"tag":"adv"} | @prepos | @argum))+{"tag":"pon", "stag":"vir"}? {"tag":"pro", "stag":"dem"} @pointcard(({"tag":"adv"} | @prepos | @argum))? @spatial+ </clivaparg>

*** Rule 'apargvirg'({"analysis":"phrase", "anchor":"begin"} | &segment) <apargvirg>(({"stag":"coo", "tag":"con"} | {"tag":"adv"} | @prepos | @argum))+{"stag":"vir", "tag":"pon"} @spatial+ </apargvirg>

*** Rule 'clivinit'({"anchor":"begin", "analysis":"phrase"} | &segment) <clivinit> {"tag":"pro","stag":"dem"} @pointcard (({"tag":"adv"} | @prepos | @argum))? @spatial+</clivinit>

*** Regular Expression 'ictemp'

*** Rule 'init'({"anchor":"begin", "analysis":"phrase"} | &segment) <init> @date </init>

*** Rule 'aparg'({"anchor":"begin", "analysis":"phrase"} | &segment) <aparg> (({"tag":"con","stag":"coo"} | {"tag":"adv"} | @argum | @prepos))+ @date </aparg>

*** Rule 'clivaparg'({"analysis":"phrase", "anchor":"begin"} | &segment) <clivaparg>(({"stag":"coo", "tag":"con"} | {"tag":"adv"} | @prepos | @argum))+{"stag":"vir", "tag":"pon"}? {"stag":"dem", "tag":"pro"} @pointcard(({"tag":"adv"} | @prepos | @argum))? @date </clivaparg>

*** Rule 'apargvirg'({"analysis":"phrase", "anchor":"begin"} | &segment) <apargvirg>(({"stag":"coo", "tag":"con"} | {"tag":"adv"} | @prepos | @argum))+{"stag":"vir", "tag":"pon"} @date </apargvirg>

*** Rule 'clivinit'({"anchor":"begin", "analysis":"phrase"} | &segment) <clivinit> {"tag":"pro","stag":"dem"} @pointcard (({"tag":"adv"} | @prepos | @argum))? @date</clivinit>

*** Regular Expression 'semicspa'

*** Rule 'init'(":" | ";") <init> @spatial+ </init>

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*** Rule 'apargvirg'(":" | ";") (({"stag":"coo", "tag":"con"} | {"tag":"adv"} | @prepos | @argum))+{"stag":"vir", "tag":"pon"}? <apargvirg> @spatial+ </apargvirg>

*** Rule 'clivaparg'(":" | ";") (({"stag":"coo", "tag":"con"} | {"tag":"adv"} | @prepos | @argum))+{"stag":"vir", "tag":"pon"}? <clivaparg> {"stag":"dem", "tag":"pro"} "est"(({"tag":"adv"} | @prepos | @argum))? @spatial+ </clivaparg>

*** Rule 'clivinit'(":" | ";") <clivinit> {"tag":"pro", "stag":"dem"} "est" (({"tag":"adv"} |@prepos | @argum))? @spatial+ </clivinit>

*** Regular Expression 'semictemp'

*** Rule 'init'(":" | ";") <semiic> @date </semiic>

*** Rule 'apargvirg'(":" | ";") (({"tag":"con", "stag":"coo"} | {"tag":"adv"} | @prepos | @argum))+{"tag":"pon", "stag":"vir"}? <semiic2> @date </semiic2>

*** Rule 'clivaparg'(":" | ";") (({"stag":"coo", "tag":"con"} | {"tag":"adv"} | @prepos | @argum))+{"stag":"vir", "tag":"pon"}? <clivic2> {"stag":"dem", "tag":"pro"} "est"(({"tag":"adv"} | @prepos | @argum))? @date </clivic2>

*** Rule 'clivinit'(":" | ";") <clivic1> {"tag":"pro", "stag":"dem"} "est" (({"tag":"adv"} |@prepos | @argum))? @date </clivic1>

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Annexe D : expressions régulières pour le repérage des paragraphescomprenant à la fois une expression introductrice spatiale et une expression

introductrice temporelle

*** Regular Expression 'reperespa'

*** Rule 'debparag'<debparg> &segment {"analysis":"phrase", "anchor":"begin"} @icspa (!segment&)*@ictemp (!segment&)* segment& </debparg>

*** Rule 'debphrase'!&segment <debphrase> {"anchor":"begin", "analysis":"phrase"} @icspa(!segment&)* @ictemp (!segment&)* segment& </debphrase>

*** Rule 'justphrase'<justphrase> {"analysis":"phrase", "anchor":"begin"} @icspa (!{"analysis":"phrase", "anchor":"end"})* @semictemp (!{"analysis":"phrase","anchor":"end"})* {"analysis":"phrase", "anchor":"end"} </justphrase>

*** Regular Expression 'reperetemp'

*** Rule 'debparag'<debparg> &segment {"anchor":"begin", "analysis":"phrase"} @ictemp (!segment&)*@icspa (!segment&)* segment& </debparg>

*** Rule 'debphrase'!&segment <debphrase> {"anchor":"begin", "analysis":"phrase"} @ictemp(!segment&)* @icspa (!segment&)* segment& </debphrase>

*** Rule 'justphrase'<justphrase> {"anchor":"begin", "analysis":"phrase"} @ictemp (!{"anchor":"end","analysis":"phrase"})* @semicspa (!{"anchor":"end", "analysis":"phrase"})*{"anchor":"end", "analysis":"phrase"} </justphrase>

*** Regular Expression 'double'

*** Rule 'tempapspa'({"analysis":"phrase", "anchor":"begin"} | &segment) <apspa> (@icspa |@spatial) {"stag":"vir", "tag":"pon"}? @date </apspa>

*** Rule 'spaaptemp'({"analysis":"phrase", "anchor":"begin"} | &segment) <aptemp> (@ictemp | @date){"stag":"vir", "tag":"pon"}? @spatial </aptemp>

*** Regular Expression 'semidouble'

*** Rule 'tempapspa'(":" | ";") <apspa> (@icspa | @spatial) {"tag":"pon", "stag":"vir"}? @date</apspa>

*** Rule 'spaaptemp'(":" | ";") <aptemp> (@ictemp | @date) {"tag":"pon", "stag":"vir"}? @spatial</aptemp>

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