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LES BONS ARGUMENTS

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Beaucoup de discours de haine en ligne, qu’ils soient à caractère raciste ou non, sont alimentés par des préjugés et idées reçues. Des peurs qui peuvent être légitimes, mais qui peuvent également être déconstruites avec une information correcte. D’autant que, selon une étude IPSOS1, les gens surestiment l’ampleur d’une situation qui les inquiète : nous pensons un problème beaucoup plus répandu que ce qu’il ne l’est réellement.

Le document suivant reprend la liste des questions reprises sur les cartes auxquelles nous tentons de fournir un argumentaire le plus complet possible. En effet, les réponses sur les cartes sont fortement résumées afin de rendre le jeu plus dynamique. Etant donné la transversalité des arguments, les questions ont été rassemblées en catégorie afin de donner un aperçu qui permette de comprendre les différentes lectures politico-économico-médiatique, d’éviter des lectures uniques et de ne pas d’articuler les différentes lectures autour des personnes étrangères et d’origine étrangère.

En claire, les migrants, les personnes étrangères et d’origine étrangère sont avant tout des personnes dont l’expérience personnelle recoupe toujours plusieurs dimensions. Il s’agit donc d’appréhender la personne et les enjeux de manière globale.

Avant d’en arriver aux questions, un petit retour lexical sur les termes utilisés est néanmoins nécessaire.

Migrant – Immigrant - Emigrant

L’émigration et l’immigration sont donc deux phénomènes liés à la migration d’un individu, selon le pays de référence (de départ ou d’accueil). Il est alors impropre de désigner en tant qu’immigré un belge d’origine étrangère. En Belgique, seuls existent des Belges et des étrangers aux yeux de la loi. Parmi eux, il y a des immigrés légaux (touristes, étudiants, hommes d’affaires, demandeurs d’asile, réfugiés,…) et illégaux (clandestins et sans papiers).

/!\ à la temporalité de la migration : un étudiant étranger, un touriste, un homme d’affaire, etc… sont autant d’immigrants ponctuels s’ils repartent après dans leurs pays d’origine

1 Réalisée par le bureau d’enquête britannique Ipsos MORI Social Research Institute, publiée fin 2015

Toute personne qui se

déplace d’un pays pour

s’installer, sur le long ou

le court terme, dans un

autre pays

Toute personne qui

s’installe dans un pays

qui n’est pas son pays

d’origine

Toute personne qui

quitte son pays d’origine

pour un autre pays

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/!\ seul le demandeur d’asile devient un réfugié !

Demandeur d’asile

Statut d’une personne qui fuit son pays et réclame une protection internationale. En attente d’une reconnaissance. Le demandeur d’asile est aussi un migrant, mais sa démarche est différente, car il a fui son pays pour réclamer une protection internationale. Il est en attente d’une décision qui lui confirmera, oui ou non, le statut de réfugié. Il est alors en séjour légal en attendant cette décision.

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Réfugié reconnu

Statuts du demandeur d’asile au regard de la Convention de Genève de 1951 : « Est considéré comme réfugié, toute personne qui, craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, sa religion, sa nationalité, son appartenance à un certain groupe social, ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité. Cette personne se trouve dans l'incapacité de réclamer la protection de son pays ». Un réfugié est un demandeur d’asile qui a obtenu une décision positive concernant sa demande d’asile et le droit de rester en Belgique. Cela veut dire qu’il a apporté les preuves suffisantes que sa vie était en danger dans son pays. En Belgique, ce statut est jusqu’à présent octroyé pour une durée illimitée.

Protection subsidiaire

Statuts du demandeur d’asile au regard de la Directive Européenne « Qualification » 2011/95/UE : Statut octroyé à un étranger s’il existe à son égard des motifs sérieux de croire que, s’il retourne dans son pays d’origine, il encourt un risque réel de subir des atteintes graves et qu’il ne peut ou, du fait de ce risque, ne veut se prévaloir de la protection de ce pays. Ces atteinte graves sont définies comme : la peine de mort ou l’exécution ; la torture ou les traitements ou sanctions inhumains ou dégradants du demandeur dans son pays d’origine ; les menaces graves contre la vie ou la personne d’un civil en raison d’une violence aveugle en cas de conflit armé interne ou international. Il s’agit donc du statut de l’immigrant si, au terme de la procédure d’asile, les instances estiment qu’il n’entre pas dans les conditions pour être reconnu réfugié mais qu’il risque, en cas de retour dans son pays d’origine, des traitements inhumains ou dégradants dont la preuve de la persécution est impossible ou impersonnelle. Jusqu’à présent, ce statut est accordé annuellement et revu tous les ans pendant les 2 premières années et devient illimité à partir de la 5ème année. De plus, pendant ce temps, le bénéficiaire d’une protection subsidiaire reste soumis à certaines lois de son pays d’origine (vote, etc…)

/!\ Changement législatif en cours. Le statut de réfugié va peut-être être limité à 5 ans et donc réévalué à ce moment. La distinction entre les 2 est particulièrement complexe et donne lieu à des confusions. La seule distinction réelle concerne le régime de preuve et la soumission ou non à certaines lois de son pays d’origine.

Réfugié : preuve persécution individuelle nécessaire + Aucune obligation pays d’origine

Protection subsidiaire : aucune preuve nécessaire + Obligation maintenue vis-à-vis du pays d’origine

Mineur Etranger Non Accompagné (MENA)

Toute personne qui répond aux conditions de la Loi sur la tutelle du 24 décembre 2002 (Titre XIII, Chapitre VI « Mineurs étrangers non accompagnes », de la loi-programme du 24 décembre 2002 (Moniteur belge du 31 décembre 2002), modifiée par la loi-programme du 22 décembre 2003 et la loi-programme du 27 décembre 2004:

- avoir moins de 18 ans ; - ne pas être accompagné par une personne exerçant l’autorité parentale ou la tutelle sur le

mineur ; - être ressortissant d’un pays non membre de l’Espace Economique Europeen (EEE) ; - avoir demandé l’asile ou ne pas satisfaire aux conditions d’accès au territoire et de séjour sur

le territoire belge.

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Sans-papiers ou clandestin

Statut juridique d’une personne qui se trouve sur le territoire belge et qui n’y dispose pas ou plus d’un droit de séjour et est en séjour illégal. Un sans-papiers n’a pas forcément été un clandestin et a pu avoir un titre de séjour expiré alors qu’un clandestin est un sans-papiers qui n’a jamais eu de titre légal de séjour et est entré illégalement sur le territoire. Les sans-papiers ou personnes étrangères en situation irrégulière, regroupent des réalités diverses :

- Personne refoulée - Demandeur d’asile débouté - Personne qui reste sur le territoire après expiration de la durée de validité du titre de séjour - Personne entrée clandestinement - …

Les personnes sans séjour légal peuvent être éloignées de force du territoire et peuvent être détenues en attendant l’exécution effective de la mesure d’éloignement. "Lieux situés sur le territoire belge, gérés par l’Office des étrangers, où un étranger est détenu (...)" (arrêté royal du 2/8/2002)

La Belgique compte 5 centres fermés dont la capacité totale est actuellement de plus de 600 places. Au total, on peut estimer qu’environ 8.000 personnes sont détenues annuellement.

Les termes correspondent donc tous à des statuts particuliers en fonction desquels les immigrants disposent de droits différents. Il faut avoir à l’esprit les incitants et les causes des migrations :

Les incitants

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Les causes

Questions-Réponses

N°1 - « UN DEMANDEUR D’ASILE REÇOIT 40€ PAR JOUR » FAUX !

Les demandeurs d’asile ne bénéficient que d’une aide pour des besoins de base, à savoir : un lit, des sanitaires, de quoi manger et du matériel de première nécessité. Ce sont les centres d’accueil qui reçoivent un financement de Fedasil, dont le montant varie en fonction de critères d’âge et du lieu d’accueil de la personne (de 20,78€ à 40€ par jour par personne). Les demandeurs d’asile reçoivent quant à eux 7,4€ d’argent de poche par semaine.

N°2 - « UNE PERSONNE ETRANGERE BENEFICIE DE PLUS D’AIDES QU’UN BELGE DANS UNE SITUATION PRECAIRE » FAUX !

Il n’existe aucune aide spécifique qui serait octroyée aux personnes sur base de leur origine étrangère. L’aide au CPAS est destinée aux personnes sans revenu, qui n’entrent pas dans les conditions des allocations de chômage. Seule une personne résidant légalement en Belgique et qui cotise et paie ses impôts, a droit à cette/ces aide(s).

Seuls les migrants qui ont un titre de séjour (ils ne sont donc pas/plus demandeurs d’asile) peuvent avoir droit au CPAS.

Les demandeurs d’asile et les réfugiés ont des droits différents.

Les demandeurs d’asile ne reçoivent pas cet argent. Ils ne bénéficient que d’une aide matérielle directement fournie par les centres d’accueil ou les logements individuels des CPAS et des ONG. Cette aide correspond dans un premier temps aux besoins de base tels qu’énoncés par la loi d’accueil du 12 janvier 2007, à savoir, un lit, des sanitaires, de quoi manger tous les jours, et du matériel de

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première nécessité2. Ce sont en réalité ces centres qui reçoivent un financement de Fedasil, seul organisme habilité à gérer toutes les factures liées à l’organisation de l’aide matérielle, des soins médicaux et de l’accompagnement social, psychologique et juridique. Cette somme varie en fonction de différents critères que sont l’âge de la personne et le lieu d’accueil :

- Pour les centres Fedasil et Croix-Rouge, chaque structure reçoit en moyenne 40 euros par jour et par personne, qu’elle soit adulte ou enfant3.

- Pour les lieux d’accueil organisés par les CPAS et les ONG, chaque structure reçoit par jour 37,77 euros par adulte et 20,78 euros par enfant accompagné4.

Il existe aussi des structures spéciales d’accueil pour les mineurs étrangers non accompagnés (MENA) qui demandent un encadrement plus spécifique. Puisque l’organisation requiert davantage d’appui en termes de personnel et d’accompagnement (suivi journalier, méthodique et spécifique du jeune heure par heure), ces structures reçoivent, par jour et par MENA, 67,78 euros si ce dernier est dans un logement individuel, ou 80,25 euros s’il est dans un logement collectif5.

Les demandeurs d’asile ne reçoivent donc pas de soutien financier direct hormis un petit montant d’argent de poche de l’ordre de 7,40 euros par semaine pour les adultes et les enfants scolarisés, 4,50 euros par semaine pour les enfants non scolarisés, et 5,70 euros par semaine pour les mineurs non accompagnés6.

D’autre part, il faut aussi avoir à l’esprit deux autres réalités.

La première, c’est que 4 mois après l’introduction de la demande d’asile, l’accès au monde du travail est permis7. À partir du moment où le demandeur d’asile est autorisé à travailler, le droit à l’accueil et à l’aide matérielle reste valable, mais, contrairement aux idées reçues, celui-ci devra donner une contribution financière s’il trouve un emploi pendant son accueil au centre 8.

La deuxième, c’est que pendant leur temps en centre d’accueil, les demandeurs d’asile peuvent, s’ils le souhaitent, contribuer à la vie en collectivité en effectuant des prestations de services communautaires (nettoyer les espaces communs, aider le service technique ou à la cuisine, distribuer les repas, participer à l’organisation d’un événement ou à la gestion d’un service comme le vestiaire). En contrepartie, ils peuvent recevoir une rémunération selon un tarif fixé par le centre. Néanmoins, à la fin du mois, un demandeur d’asile ne peut recevoir plus de 125 euros, en ce compris l’argent de poche9.

Le réfugié reconnu dispose des mêmes droits que n’importe quel résident en Belgique. Au moment de l’obtention de son statut, le réfugié a deux mois pour trouver un logement, mais comme il n’a jamais travaillé et cotisé en Belgique, il ne pourra que solliciter l’aide du CPAS de son lieu de résidence et demander le revenu d’intégration sociale. Comme toutes les personnes sans revenu, il sera soumis aux mêmes conditions face à cette aide, à savoir : être en état de besoin, ne pas avoir de ressources propres, être disposé à travailler, résider en Belgique, être majeur… S’il remplit les

2 Loi du 12 janvier 2007 sur l’accueil des demandeurs d’asile et d’autres catégories d’étrangers, M.B., 7 mai 2007. 3 Source : Eric DELBOVIER, coordinateur régional, Direction Région d'Accueil Sud, Fedasil 4 Circulaire adressée aux initiatives locales d’accueil relative à l’intervention financière, la gestion des conventions et des

places d’accueil, ainsi que la collaboration entre les CPAS et l’Agence, 07 avril 2015. 5 Idem. 6 Arrêté royal du 1er avril 2007 relatif à l'argent de poche visé à l'article 62, § 2bis, de la loi-programme du 19 juillet 2001,

M.B., 18 avril 2007. 7 Arrêté royal du 29 octobre 2015 modifiant l'article 17 de l'arrêté royal du 9 juin 1999 portant exécution de la loi du 30

avril 1999 relative à l'occupation des travailleurs étrangers, M.B., 9 novembre 2015. 8 Arrêté royal du 12 janvier 2011 relatif à l'octroi de l'aide matérielle aux demandeurs d'asile bénéficiant de revenus profes-sionnels liés à une activité de travailleur salarié, M.B., 2 février 2011, Addendum, M.B., 4 mars 2011 (deuxième éd.). 9 « Fiche pratique – Séjour – Accueil des demandeurs d’asile », septembre 2012, http://www.adde.be/ressources/fiches-

pratiques/asile/accueil-des-demandeurs-dasile (21 janvier 2016).

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conditions, la loi détermine le montant dont il peut bénéficier : 555,81 euros s’il est cohabitant, 833,71 euros s’il vit seul et 1111,62 euros s’il a une famille à charge10. Le revenu d’intégration n’est néanmoins qu’une des formes de l’aide du CPAS, dont la mission est bien d’offrir la possibilité à la personne de reprendre sa vie en main de façon autonome.

Autres questions/Préjugés connexes :

NOUS EN FAISONS PLUS POUR LES REFUGIES QUE NOS SANS-ABRIS

Il existe toutes sortes d’associations (restos du cœur, abris de nuit et de jour, association « Sortir de la rue », éducateurs de rue, services d’aide aux assuétudes…) qui prennent en charge le problème du sans-abrisme en Belgique. La Belgique investit donc dans la lutte contre la vie à la rue. Cela ne l’empêche pas d’investir, en parallèle, dans l’accueil des migrants. Il s’agit de deux budgets différents.

En outre, le sans abrisme est une problématique complexe et diversifiée : les sans-abris ont droit à l’aide du CPAS mais certains ne remplissent pas les démarches nécessaires pour ce faire et perdent leurs droits ou continuent à vivre dans la rue malgré l’aide du CPAS du fait d’un problème de gestion financière, certains sans abris sont dans la rue par choix, certains sont des sans-papiers, d’autres sont soumis aux assuétudes… Si les aides sont multiples, les sans-abris passent parfois entre les mailles du filet, mobiliser ces personnes vers les services n’est pas si évident.

Beaucoup de sans-abris sont des migrants, des demandeurs d’asile reboutés (refus ou retrait du droit de séjour) et qui ne sont pas rentrés dans leur pays d’origine pour diverses raisons (manque de moyens financiers, conflits armés ou situation politique instable dans leur pays, peur de perdre la face par rapport à leur famille, précarité au pays). Il s’agit alors de personnes sans-papiers, qui séjournent en Belgique dans l’illégalité. Ces dernières années, des lois ont été votées dans le sens du durcissement de l’octroi des titres de séjour, obtenir son titre de séjour est donc toujours plus complexe et les contrôles sont nombreux. Si la Belgique délivrait plus facilement des droits de séjour, la « misère du monde » qui sévit en Belgique serait amoindrie car ces sans papiers seraient régularisés et pourraient s’insérer dans la société.

D’autre part, le seul argent de poche dont dispose les demandeurs d’asile s’élève à 7,4€/sem. Les autres montants dont les citoyens entendent parler (40€/j ou 1200€/mois) sont en réalité les montant versés directement aux structures d’accueil afin qu’elles puissent assumer leur rôle dans l’aide matérielle qu’elles doivent octroyer à leurs résidents. En comparaison, un bénéficiaire isolé peut recevoir du CPAS un RIS minimum de 833,71 euros.

N°3 - « L’IMMIGRATION COUTE CHER. C’EST LA CRISE, NOUS N’AVONS PAS LES MOYENS D’ACCUEILLIR TOUTE LA MISERE DU MONDE » FAUX !

À plus ou moins long terme, les travailleurs étrangers rapportent de l’argent à la Belgique : ils paient leurs impôts et leurs charges sociales, créent de l’emploi, cotisent pour les pensions… Selon l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques), l’immigration rapporterait chaque année environ 3.500€ par personne.

En 2014, l’accueil des demandeurs d’asile ne représentait que 0,15% du budget fédéral.

Que coûtent les réfugiés à la Belgique, donc à chacun d’entre nous ? Il n’est pas évident de répondre précise à cette question dès car l’afflux des réfugiés est un phénomène en cours dont l'ampleur reste inconnue et inconstante. Ce que l’on connaît avec précision, c’est le budget que le gouvernement a décidé d’y consacrer.

10 Loi du 26 mai 2002 concernant le droit à l’intégration sociale , et arrêté royal du 11 juillet 2002 portant règlement général

(R.G.) en matière de droit à l’intégration sociale, M.B., du 31/07/2002.

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300 millions d’euros en 2015, soit 27,78 euros par citoyen belge. Cette dotation de Fedasil pour l’accueil des DA représente 0,15% des dépenses totales de l’administration belge. Cet argent sert à financer le personnel de Fedasil et de ses partenaires (56 millions de frais de personnel, qui sont donc, en quelque sorte, réinjectés dans l’économie via les cotisations sociales etc), ainsi que le fonctionnement des différentes structures d’accueil : entretien des bâtiments, chauffage, eau, électricité, nourriture, transport… Cet argent est donc réinjecté aussi rapidement dans l’économie belge. L’accueil d’un demandeur d’asile adulte coûte 40€/jour en centre d’accueil collectif (Fedasil, Croix Rouge) et 37,77€/jour en logement individuel (CPAS ILA, ONG) par adulte et 20,78 euros par enfant. Mais seule une toute petite portion de ce budget est remise au demandeur d’asile pour ses dépenses courantes (7,4 euros par jour).

Enfin, le coût doit être mis en balance avec l’apport des réfugiés pour l’économie des pays qui les accueillent. Ce sujet est traité par ailleurs, mais il est important de savoir que plusieurs études ont démontré que, sur la durée la balance, est positive. Pour le dire plus trivialement, les réfugiés rapportent plus qu’ils ne coûtent sur la durée.

NON, nous n’accueillons pas toute la misère du Monde !

Les pays européens ne sont pas les pays fournissant le plus grand effort dans le domaine de l’accueil des demandeurs d’asile, voir page 11.

Actuellement, les migrants qui arrivent en Belgique sont ceux qui ont les moyens de se payer le voyage, car migrer coûte cher (passeurs, trajets…). La Belgique n’accueille donc pas « la misère » du monde mais souvent des personnes qui avaient un certain niveau de vie dans leurs pays d’origine. On constate que les migrants actuels sont également des personnes instruites, voire hautement qualifiées, ayant un parcours académique (supérieur, universitaire) et professionnel conséquent derrière elles (notamment les syriens). Aussi, cette migration de « cerveaux » est un atout pour le développement et l’économie du pays, d’autant que ces personnes, qui avaient souvent une position sociale et une place professionnelle reconnues dans leur pays d’origine, cherchent, en Belgique, à s’implanter sur le marché du travail et à être reconnus.

Si l’on regarde l’économie à long terme, les travailleurs étrangers rapportent donc financièrement à la Belgique. En effet, ils consomment et paient leurs impôts et leurs charges sociales, ce qui fait fructifier le pays.

Selon des chercheurs de l’ULB spécialistes en migrations, les demandeurs d’asile qui avaient déjà travaillé pendant la procédure d’asile auraient plus de chances d’être actifs sur le marché du travail une fois leur statut reconnu et dépendraient donc moins de l’aide sociale belge. Or, l’accès au marché du travail n’est possible qu’après 4 mois sur le territoire belge et les discriminations à l’embauche sont nombreuses.

Autre point positif, les migrants constituent une population relativement jeune et donc en en âge de travailler. Ils sont un apport de main-d’œuvre pour combler le vide laissé par les populations vieillissantes d’Europe. En effet, on demande, en Belgique et en Europe, aux personnes âgées de travailler plus tard (la pension est désormais fixée à 67 ans) car on manque d’argent pour payer les pensions. Or, accueillir plus de jeunes c’est augmenter les cotisations sociales et donc de l’argent pour payer les pensions.

Des études ont montré qu’en Europe, l’exportation était favorisée par le nombre d’immigrés présent dans le pays exportateur, car ces migrants connaissent davantage la réalité de leur pays d’origine et peuvent donc orienter judicieusement l’exportation.

Enfin, l’ouverture des frontières permet aux migrants de déployer leur plein potentiel économique dans les pays de destination et d’origine : l’apport financier des migrants par leurs transferts d’argent au pays est au moins trois fois plus important que "l’aide au développement" officielle des pays

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industrialisés, trop souvent instrumentalisée dans le but de réduire les flux migratoires. Les migrants aident donc la Belgique à appuyer les pays en voie de développement.

Autres questions/Préjugés connexes :

LES ETRANGERS VIENNENT ICI ET LA BELGIQUE LEUR DONNE DE QUOI VIVRE. MAIS ILS N’ONT PAS BESOIN DE TOUT ÇA. ILS ONT TOUS DES GSM ET DES SMARTPHONES.

Dans le cadre de l’immigration actuelle, les migrants qui arrivent en Belgique sont souvent ceux issus des classes sociales les plus aisées dans leurs pays d’origine pour entreprendre ce voyage couteux (passeurs, billets d’avion,…). Sinon souvent, il y a le soutien de plusieurs familles ou village pour payer le voyage à une personne. Pour ce faire, ils ont souvent dû vendre tous leurs biens, en gardant les objets les plus utiles pour entreprendre le voyage. Les plus pauvres sont donc souvent condamnés à rester dans le pays où leur vie est en danger, par faute de moyens.

Au cours de leur parcours, les familles sont souvent séparées, par exemple, par les passeurs, les migrants se retrouvent sans leurs proches, parfois dans des pays différents. Certains sites ont été conçus pour aider les migrants à retrouver leurs proches. On peut accéder à ces sites à partir de smartphones, c’est ce que font souvent les migrants, ne possédant pas d’ordinateur.

Certains disent qu’ils préfèrent avoir des nouvelles de leurs proches restés au pays plutôt que de manger. Le smartphone remplit dès lors une fonction sociale vitale pour les personnes déracinées.

Ce smartphones servent aussi de traducteurs, gps…

La plupart des migrants qui arrivent dans les centres ne possèdent rien, c’est, par exemple, la générosité des citoyens belges qui permet au centre de donner aux nouveaux-arrivants des vêtements de seconde main.

COMMENT LES MIGRANTS FONT-ILS POUR PAYER LEUR VOYAGE ?11

Beaucoup de réfugiés qui arrivent en Europe ont vendu tout ce qu'ils avaient pour payer leur voyage. Un périple qui coûte des milliers, parfois des dizaines de milliers d'euros. Abed a fui la Syrie, il est dans un camp de transit en Autriche, il n'a plus rien derrière lui: "J'ai vendu ma maison, les bijoux de ma femme et de mes enfants. Ceux qui pensent qu'on roule sur l'or, ils se trompent. Ce sont des mensonges". D'autres vendent leurs terres, leur voiture, leur ferme...

Tout abandonner, plus rien derrière et rien devant Au plus le périple est long, au plus il coute cher. Il faut payer les passeurs pour traverser la Méditerranée, entre 500 et 10 000 euros selon les témoignages, selon la cupidité des passeurs, le nombre de passagers,... (l'Organisation Internationale de la Migration parle de 3500 à 5500€ la traversée). Il faut aussi se nourrir, garder un téléphone pour communiquer avec les proches, s'acheter des gilets de sauvetage, des couvertures, des vêtements. Un budget colossal pour le portefeuille de certains. En Syrie, le salaire moyen ne dépassait pas 300€ par mois en 2012 (et il a chuté depuis le début de la guerre même si aucun chiffre officiel actuel n'existe). Un voyage jusqu'en Europe représente donc plusieurs années de travail pour beaucoup de Syriens. Salah a 27 ans, il a fui Damas. Aujourd’hui, il est en Slovénie, mais son départ de Syrie a été long: "Ça fait plusieurs années que mon pays est en guerre. On aurait voulu partir plus tôt mais je n'avais pas d'argent. J'ai dû vendre ma maison pour payer le voyage".

Parvenir à mettre de l'argent de côté Et pendant ces années de travail, pour rassembler le budget nécessaire, beaucoup de réfugiés essayent de déjà avancer dans leur périple. Ils sont sur les routes, passent de camp de transit en camp de réfugiés pendant

11 RTBF : https://www.rtbf.be/info/dossier/les-refugies-et-moi-les-reponses-a-vos-questions

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des années, au gré de l'argent accumulé. Yousef est syrien, il a fui la Damas. Au début, il n'avait pas l'intention de partir loin. Il espérait vite revenir chez lui dès le retour de la paix: "Je me suis réfugié au Liban. Là, j'ai travaillé avec mon frère, j'ai mis un peu d'argent de côté en vue de mon retour chez moi. Mais maintenant, on dirait bien qu'il n'y aura pas de retour. Je vais utiliser cet argent pour migrer. Et si ce n'est pas assez, je vendrai mes terres en Syrie. Je n'ai pas d'autre choix, sinon comment je pourrais payer?". D'autres vont chercher du travail en Jordanie ou en Turquie. Ils espèrent pouvoir continuer leur route vers l'Europe une fois quelques payes accumulées. Les proches aussi aident quand ils le peuvent. Parfois le père part le premier, seul, avec les économies familiales. Il essaye de s'installer en Europe, travailler et envoyer de l'argent au pays pour que la famille puisse le rejoindre. Des séparations qui peuvent durer des années.

Les riches ont l'argent pour fuir Mais tous les migrants ne sont pas pauvres. Des hommes, des femmes, des familles ont les moyens de voyager. Beaucoup de migrants syriens sont issue de la classe moyenne: des avocats, des fonctionnaires, des architectes,... ils ont de bons boulots, de bonnes situations, ils ne fuient pas la misère. Ils fuient la guerre et les persécutions. Une équipe de France Télévision a suivi la famille Ashour dans son périble vers l'Europe. Ces Irakiens aisés de Damas ont fui le régime de Bachar Al-Assad: "On avait tout avant la guerre, explique le plus jeune - 23 ans - qui travaillait comme ingénieur chez Honda. Mon grand-père avait une maison, des voitures". Tous les migrants n'arrivent d'ailleurs pas en Europe en risquant leur vie en Méditerranée. Certains arrivent par avion ou par les routes.

Prostitution, drogue Certains témoignages, ce reportage de CNN par exemple, rapportent des cas de prostitution, de vols ou de trafic de drogue pour rembourser leurs passeurs, en Italie notamment. Il y a donc autant de manière de financer son voyage que d'histoires personnelles, de projets, de familles. Le budget, la manière de réunir l'argent dépend de ce que ces réfugiés fuient, de l'itinéraire qu'ils empruntent, de leur situation professionnelle... Mais il y un point commun entre tous: quels que soient les sacrifices à consentir, ils aspirent tous à une vie meilleure.

N°11 - « L’EUROPE (GRECE, ITALIE ET ALLEMAGNE) ACCUEILLE ACTUELLEMENT LE PLUS GRAND NOMBRE DE DEMANDEURS D’ASILE » FAUX !

Selon les chiffres de Frontex (agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des Etats membres de l’Union européenne) au 21 janvier 2016, seuls 8% des demandeurs d’asile arrivent en Europe. La majorité des migrations se fait entre pays voisins. Des pays comme le Liban, le Pakistan ou la Turquie, par exemple, accueillent chacun plus d’un million de réfugiés.

Il faut avant tout voir la situation au niveau mondial

NON, nous n’accueillons pas toute la misère du Monde ! Avant tout, il faut affirmer qu’au niveau mondial, la situation est sans précédent. 2015 correspond à un moment de l’Histoire où les guerres, les persécutions et les conflits violents ont forcé plus de personnes que jamais (depuis que des statistiques globales sont disponibles) à se lancer sur les routes de l’exode. En se basant sur les chiffres du Haut-commissariat aux réfugiés des nations unies (UNHCR), on constate que l’on a dépassé les 50 millions de personnes déplacées de force dès 2013

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(51,2 millions). On parle ici des réfugiés, candidats à l’asile mais aussi et surtout des déplacés internes, au sein d’un même pays. Ces derniers restent de loin la majorité des humains qui ont dû fuir leur lieu de vie sous la contrainte des circonstances.

A la fin de 2014, ce chiffre avait continué d’augmenter de façon constante et l’on frôlait la barre des 60 millions de déplacés de force à travers le monde (59,5 millions pour être précis). En comparaison, moins de dix ans plus tôt, ce chiffre s’établissait à 37,5 millions d’individus. Et l’augmentation constatée entre 2013 et 2014 est simplement la plus importante jamais constatée en un an par le UNHCR.

L'explication de cette situation inédite est, en grande partie, le conflit syrien qui déchire le pays depuis 2011 mais s'il s'agit là de l'élément majeur du tableau, la toile complète est toutefois beaucoup plus large. En effet, sur les cinq dernières années, au moins 15 conflits ont été soit déclenchés, soit ravivés sur la surface du globe. Tous charrient leur lot de déplacés et

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de réfugiés. Là aussi, l'Afrique (Libye, Côte d'Ivoire, Mali, Nigéria, RDC, Centrafrique, Sud Soudan et Burundi) et le Moyen-Orient (Irak, Syrie et Yémen) paient le plus lourd tribut.

La situation de ces millions de victimes de conflits et de persécutions fait dire au Haut-Commissaire lui-même que l’on est face à quelque-chose d’inédit. "Nous sommes les témoins d'un changement de paradigme, d'un glissement incontrôlé vers une ère qui est désormais le théâtre de déplacements forcés sans précédent à travers le monde. La réponse nécessaire éclipse désormais tout ce que nous avons mis en œuvre auparavant", avait ainsi commenté Antonio Guterres dans un communiqué du 18 juin.

Ce qui est vrai pour le monde ne l'est pas (autant) pour l'Europe Cependant, lorsque l’on parle de "vague sans précédent" ou "d’afflux massif" concernant la situation en Europe, le propos doit, là, être beaucoup plus nuancé. Tout d’abord, il y a deux phases à un processus d’immigration

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Dans les faits, ceci veut dire que sur les 14 millions de personnes réfugiées (hors de leur pays donc) dans le monde en 2015, l’Europe n’en a accueilli que 1 million, soit moins de 8%. L’Union européenne (UE) n’est donc touchée que très marginalement par cette situation historique. Ce, à l’instar de l’ensemble des pays dits développés.

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De manière globale, les pays en voie de développement accueillent en effet plus de 85% des réfugiés de la planète. Il suffit de regarder la liste des 10 pays du monde qui accueillent le plus de réfugiés pour comprendre que l’Union européenne et plus largement les pays occidentaux, ne sont pas parmi les régions les plus soumises aux pressions démographiques issues des déplacement forcés massifs. Lesdits pays ne sont pas seulement mal représentés dans ce classement, non. Ils en sont purement et simplement absents.

Lorsque l’on rapporte le nombre de réfugiés accueillis à la population des pays d’accueil, seules la Suède et Malte arrivent respectivement en avant-dernière et dernière position du top 10 mondial. Mais lorsque l’on prend en compte le rapport entre la richesse des pays d’accueil et le nombre de réfugiés pris en charge, les pays européens et autres pays riches sortent à nouveau complètement du radar. Chose intéressante à relever, dans ce classement-ci, on ne retrouve pas moins de huit pays africains dans le top 10 de ce classement-ci.

Pour l'UE, la situation est exceptionnelle mais pas "sans précédent" Quand bien même la situation est exceptionnelle en termes de demandes d’asile dans l’Union européenne, le caractère "sans précédent" de la situation est là aussi discutable. Et sans pour cela devoir remonter jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Sur le plateau des Décodeurs, François Gemenne, spécialiste des migrations qui enseigne à Sciences Po Paris et à l’ULB, rappelait que l’Union européenne avait accueilli 672 000 demandeurs d’asile en 1992, lors de la crise successive à l’éclatement de la Yougoslavie. Nous étions alors dans le cadre d’une Europe à 15. En 2014, une Europe désormais à 28 en accueillait environ 620 000. "Si on extrapole, on devrait arriver autour d’un million (de réfugiés) cette année (2015), dans une Europe à 28. On reste donc dans le même ordre de grandeur", avait rappelé cet expert.

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Nombre de demandeurs d’asile/année en Belgique

Le chercheur suisse Robin Stünzi, de l’Université de Neufchâtel rappelait les mêmes chiffres dans le célèbre journal helvète Le Temps. Il rappelait également qu’à "l’époque, un même discours alarmiste avait été diffusé, mais les personnes en fuite avaient malgré tout été accueillies dans différents pays européens (…). Aujourd’hui, la plupart de ces pays reconnaissent les bénéfices économiques, sociaux et culturels que ces migrants ont apportés à leur société, mais ils se montrent incapables d’adopter cette attitude vis-à-vis des flux migratoires contemporains". Un constat qui lui fait dire que l’usage du vocabulaire actuel concernant la crise de l’accueil en Europe serait "dicté par une logique de gains électoraux à court terme ou de sensationnalisme médiatique" bien plus que par le souci de rendre compte avec rigueur de la situation à laquelle l'UE est confrontée.

Autres questions/Préjugés connexes :

POURQUOI NE VONT-ILS PAS AILLEURS (RUSSIE, ETATS UNIS, PAYS ARABES, …) POURQUOI LES PAYS DU GOLFE NE FONT-ILS RIEN ?12

Pourquoi les réfugiés privilégient-ils l’Europe ? Et surtout pourquoi ne vont-ils pas ailleurs dans le monde, notamment dans les pétromonarchies du Golfe, culturellement plus proches ? La principale raison est une question de choix, de lois et de circonstances. "Dans toute guerre, les victimes des conflits ont d’abord tendance à chercher refuge dans les zones limitrophes. Cela répond à un instinct de "retour" motivé par l’espoir que cela ne se prolonge pas dans le temps. C’est la raison pour laquelle, les réfugiés syriens se sont majoritairement massés au Liban, en Jordanie, en Turquie, en Irak et en Egypte pendant les premières années du conflit", explique Pascal Reyntjens de l’Organisation internationale pour les migrations. "Au fil des ans, avec la dégradation du conflit syrien et l’importance croissante prise par l’organisation terroriste Etat islamique, la crainte de voir s’embraser toute la région a poussé nombreux de ces réfugiés à trouver un lieu où vivre en sécurité et en paix". Et, paradoxalement, malgré la proximité des cultures et des frontières avec les pays du Golfe, il est plus "simple" et aussi plus attirant de rejoindre l’Europe.

Les pays du Golfe ne veulent pas d'eux mais l'inverse est également vrai

Mais l’Europe est sous le feu des critiques pour avoir adopté une politique trop restrictive à l’égard de cette tragédie humanitaire. Pourtant il existe un ensemble de pays qui, malgré la situation, a décidé de fermer totalement les frontières aux réfugiés. C’est notamment le cas de la Russie, la Chine et des six pays du Golfe, le Qatar, l’Arabie Saoudite, le Koweït, le Sultanat d’Oman, le Bahreïn et les Emirats Arabes Unis, comme le souligne Amnesty International. "Ces six nations seraient des candidats idéaux pour fournir le meilleur accueil possible à ceux qui cherchent refuge. Proches de la Syrie, ces pays du Golfe ont la même langue et la même religion. Ils possèdent des économies riches, ont d'énormes ressources financières et disposent d’entreprises de construction en mesure de construire rapidement des abris pour le peuple syrien".

12 RTBF : https://www.rtbf.be/info/dossier/les-refugies-et-moi-les-reponses-a-vos-questions

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Le syndrome libanais Sécurité, terrorisme, perturbation du marché du travail, les monarchies du Golfe ont peur du syndrome libanais. Elles se rappellent que durant les années 1970-80, l'arrivée des réfugiés palestiniens au Liban avait été l’un des éléments à l’origine de la guerre civile libanaise. Ces riches monarchies sont encore des autocraties et des sociétés très fermées. Le risque est grand, en accueillant des personnes extérieures, qui plus est peut-être politisées, de "contaminer" avec des idées subversives leurs propres populations. Des raisons officieuses auxquelles s’ajoute le fait que ces pays n’ont jamais ratifié la convention de 1951 sur les réfugiés. Mais les syriens eux-mêmes ne cherchent pas à aller vers les pays du Golfe. Pourquoi ? Parce que contrairement à l'Europe, ces pays maltraitent leurs immigrés, peu importe leur confession religieuse. La Kafala, sorte d'adoption envers les réfugiés et immigrés, est d’ailleurs toujours en vigueur. Ce qui met tout employé à la merci de son employeur pour changer de travail ou simplement sortir du territoire. Voilà pourquoi aujourd'hui, pour les réfugiés, Angela Merkel et une certaine Europe sont considérés avec vénération alors que les pays du Golfe sont méprisés bien qu’ils dépensent des milliards de dollars en aide humanitaire afin d'améliorer la vie des centaines de milliers de Syriens qui s'entassent dans les camps installés dans les pays voisins (Liban, Jordanie, Turquie).

ILS DEVRAIENT CONTRIBUER AU DEVELOPPEMENT DE LEUR PAYS D’ORIGINE PLUTOT QUE DE FUIR

Hors de la question d’un pays en état de guerre, certaines personnes viennent étudier en Europe, où l’éducation est parfois de meilleure qualité que dans leur pays d’origine, afin de retourner ensuite, forts des savoirs engrangés, travailler au développement de leur pays. Beaucoup de personnes étrangères, bien que bénéficiant de faibles salaires, envoient le peu qu’ils ont gagné en Belgique à leur famille restée au pays. Les montants envoyés par les particuliers à leur famille sont bien plus élevés que ceux de l’aide au développement (ONG etc). En 2014, l’aide au développement était de 135 milliards de dollars contre 400 milliards de dollars pour les transferts d’argent des anciens migrants vers leurs pays d’origine. En outre, ces dernières années, les budgets de l’aide publique au développement ne cessent d’être rabotés, en Belgique. Un rappel tout d’abord : les réfugiés qui arrivent en Belgique ne font rien d’autres que ce qu’ont fait 1 700 000 Belges en 40: c'est-à-dire fuir la guerre, les violences et les exactions. La question que se posent certaines personnes aujourd’hui en Belgique est la même que celle que se posaient les Français voyant arriver les Belges il y a 75 ans : "Pourquoi quittent-ils leur pays sans combattre ?" En 40, les Belges n’étaient pas toujours bien accueillis par leurs voisins français qui les considéraient parfois comme des traîtres, abandonnant le combat. Ces mêmes Français qui à leur tour, ont fui leur pays quelques mois plus tard. On notera que cette thématique des Syriens qui fuiraient leur pays sans combattre est un des arguments préféré du Front national en France.

Des femmes et des enfants de plus en plus nombreux parmi les réfugiés de Syrie Il faut savoir aussi qu’en ce qui concerne la Syrie, il y a parmi les réfugiés beaucoup de femmes et d’enfants. Et c’est une des caractéristiques de cette nouvelle crise : de plus en plus de Syriens quittent leur pays ou les camps de réfugiés installés dans les pays voisins, en famille. Une donnée qui illustre la gravité de la situation. Quand on abandonne tout derrière soi, c’est que l’on a perdu tout espoir de pouvoir retrouver rapidement sa maison. Va-t-on demander à ces femmes et à ces enfants de prendre les armes? de suivre une formation militaire? En Syrie, les civils fuient les violences de l’organisation Etat islamique ou celle du régime de Bachar el Assad. Il n’y a pas une seule région qui soit épargnée par les violences.

Huit fronts pour la seule Syrie et des milliers de combattants On ne peut pas dire non plus que les Syriens ne combattent pas. Ils sont sur différents fronts. L’opposition militaire syrienne, divisée face à Bachar el Assad, a plutôt brillé par ses divisions que par ses exploits militaires.

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De leur côté, appuyés par la coalition internationale, les kurdes livrent un combat acharné contre l’organisation terroriste Etat Islamique. Et pas uniquement les hommes d’ailleurs. Nous recevons13 régulièrement des images de jeunes femmes kurdes partant combattre le groupe terroriste l’Etat islamique. La Syrie compte aussi une myriade groupes armés, aussi violents les uns que les autres, Le Front islamique, Al-Nosra etc. . Les alliances changent en fonction de la situation sur le terrain et des intérêts de chacun. Parce qu’à côté du volet militaire, il y a la corruption, le racket, les menaces…autant d’horreurs qui rythment la vie des Syriens. Quant à l’armée de Bachar El Assad, elle compte de nombreuses défections. La guerre dure depuis longtemps, les revers sont nombreux, les mères syriennes ne veulent plus voir leurs garçons partir à la guerre, une guerre qui dure depuis 4 ans et qui a déjà coûté la vie à plus 240 000 personnes.

La guerre et les violences ne frappent pas que la Syrie C’est aussi le cas dans bien d’autres pays. Des talibans afghans ont annoncé le lundi 28 septembre leur intention d’appliquer la charia dans la ville de Kunduz. Les Irakiens continuent de vivre au rythme des attentats meurtriers, les Erythréens sont victimes de la folie sanguinaire de leur président, les Somaliens sont victimes depuis des années de la guerre entre le sud et le nord du pays.

Un accueil, pas une formation militaire

La Belgique devrait-elle former les réfugiés syriens pour qu’ils repartent combattre chez eux ? Ce n’est pas le rôle d’un pays d’accueil, que ce soit en Belgique ou ailleurs. En terme de formation militaire, les Etats-Unis ont bien tenté de former quelques dizaines de rebelles pour combattre l’organisation Etat Islamique, une expé-rience peu concluante jusqu’à ce jour.

LES REFUGIES RENTRERONT-ILS CHEZ EUX UNE FOIS QUE LA GUERRE SERA FINIE ?

Combien de réfugiés retournent-ils dans leur pays d’origine. La question, a priori, pourrait trouver une réponse dans un tableau statistique. Ainsi, Fedasil a établi que 3587 personnes, déboutées ou non, ont rejoint leur pays d’origine en 2014. Mais en réalité, ce chiffre ne dit pas grand-chose. Car la situation des réfugiés dépend de toute une série de variables. Au premier rang desquelles figurent les causes de leur départ. S’il s’agit d’un conflit armé, on peut raisonnablement affirmer que la plupart des réfugiés ayant fui une situation de guerre retournent sitôt la paix revenue. Il en fut ainsi dans l’histoire : la plupart des Belges ayant fui devant l’invasion allemande 1914 sont revenus dès la fin de conflit. L’exode de 1940 s’arrêta dès que la France, où s’étaient réfugiés près de deux millions de belges, déposait les armes (juin 1940). Partant de ce constat, il est difficile de prévoir combien de temps les réfugiés actuels, fuyant la guerre en Syrie ou l’insécurité en Irak et en Afghanistan, resteront en Europe.

La crainte des persécutions La réponse est encore plus complexe si l’on tient compte d’un autre facteur : les persécutions dont sont victimes les réfugiés et qui expliquent leur départ. Ces persécutions ne disparaissent pas nécessairement une fois la paix retrouvée. Ainsi, les Kosovars fuyant les exactions serbes lors de la guerre en ex-Yougoslavie retournèrent en masse à la fin du conflit. Mais se remirent en route lorsque les exactions reprirent de plus belle quelques mois plus tard.

Quelle durée ? La longueur de l’exil joue bien entendu un rôle : plus le temps passe, plus le retour devient problématique. Des enfants naissent sur la terre d’accueil, y sont scolarisés, socialisés. Le déchirement peut alors être double. Un cas illustre bien cette situation : celui des enfants basques, arrivés par milliers en Belgique lors de la guerre civile d’Espagne (1938). La fin de cette guerre civile en 1939 fut escamotée par l’éclatement de la seconde guerre mondiale. Celle-ci terminée, les exilés ne pouvaient retourner dans leur patrie d’origine, devenue dictature sous Franco, et qui le restera pendant trente ans. Une génération entière de réfugiés avait grandi, enfantant une troisième génération aujourd’hui totalement intégrée dans notre pays. Un autre cas concerne les réfugiés de l’ex-bloc de l’Est, en particulier les Hongrois réfugiés chez nous lors de l’insurrection de 1956.

13 RTBF : https://www.rtbf.be/info/dossier/les-refugies-et-moi-les-reponses-a-vos-questions

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Pour eux aussi, plus de trente ans passèrent avant de pouvoir envisager un retour.

Un choix cornélien L’aspect juridique, ici, joue un rôle modeste. Même s’il est reconnu comme tel, le réfugié peut aussi bien décider de son propre chef de retourner au pays. Pour en revenir aux chiffres cités plus haut, plus de 3000 réfugiés ‘légaux’ firent ce choix en 2014. Tant il est vrai que l’appel du pays natal demeure un aimant puissant, surtout si l’exil n‘est pas volontaire. Dans ce sens aussi, la distinction entre "réfugié" et "réfugié économique" fait peu de sens. Car entre mourir sous les bombes ou mourir de faim, le choix, en toute conscience, est cornélien.

N°4 - « LES DEMANDEURS D’ASILE SONT PRINCIPALEMENT DES HOMMES » VRAI

En chiffres absolus, les hommes sont effectivement plus nombreux que les femmes. Cependant, ces dernières années, nous assistons à une féminisation des migrations ; de plus en plus de femmes prennent la route.

N°6 - « SELON LES CHIFFRES 2015 DU CGRA (COMMISSARIAT GENERAL AUX REFUGIES ET APATRIDES), 50% DES DEMANDES D’ASILE EN BELGIQUE CONCERNENT DES FAMILLES » VRAI

N°8 – « SELON LE CGRA (COMMISSARIAT GENERAL AUX REFUGIES ET APATRIDES), POUR L’ANNEE 2015, LA SYRIE ET L’AFGHANISTAN SONT LES DEUX PAYS LES PLUS REPRESENTES PARMI LES DEMANDEURS D’ASILE ARRIVES EN BELGIQUE » FAUX !

Les deux nationalités les plus représentées parmi les demandeurs d’asile arrivés en Belgique en 2015 sont l’Irak (21,8%) et la Syrie (21,3%).

N°14 - « UN DEMANDEUR D’ASILE SUR DIX EN BELGIQUE EST UN MINEUR D’AGE (MENA) » VRAI

Selon les chiffres du CGRA (Commissariat général aux réfugiés et apatrides), sur les 35.476 demandeurs d’asile arrivés en 2015 en Belgique, 10% sont des mineurs étrangers non accompagnés (MENA).

De nombreux migrants arrivent seuls, que ce soient des hommes ou des Menas. Les hommes qui viennent seuls savent que leur famille est encore en relative sécurité dans leur pays d’origine et que le trajet est très périlleux, en plus de coûter très cher, ce pourquoi ils décident de l’entreprendre seul en espérant demander, une fois accueillis, un regroupement familial pour faire venir leurs familles en toute sécurité. Les familles qui envoient leurs enfants d’abord ne bénéficient souvent pas de suffisamment de ressources financières pour sauver toute la famille et préfèrent tenter de sauver la vie de leur enfant en premier lieu. Parfois aussi les menas commencent le trajet en famille et perdent leur famille durant le voyage ou alors ils font le voyage avec une personne « éloignée » (oncle, voisin,…) qui, une fois en Belgique n’est pas reconnue comme parent.

Souvent, la situation du pays d’origine est, pour ces familles, insoutenable.

Le CGRA produit tous les mois un rapport de statistique d’asile qui reprend non seulement les demandes introduites mais aussi les demandes acceptées. Ces chiffres donnent une vision claire de la réalité de l’accueil en Belgique.

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Autres questions/Préjugés connexes :

D’ABORD LES HOMMES, ENSUITE LES FEMMES ET LES ENFANTS ET APRES ?14

Les regroupements familiaux sont difficiles à obtenir, les lois qui définissent l’accès à ce droit sont assez restrictives. Par exemple, on ne peut plus faire venir ses parents dans le pays où l’on a obtenu un titre de séjour, uniquement son conjoint et ses enfants ou ceux de son conjoint. En outre, une fois obtenus, les familles sont très contrôlées, l’Office des étrangers s’assure pendant 3 ans minimum que les familles rentrent toujours dans les conditions. Une femme venue par RF et battue par son mari doit fournir de multiples preuves et entreprendre d’interminables démarches pour avoir le droit de rester, malgré les violences subies.

En Belgique, un réfugié reconnu peut faire venir certains membres de sa famille, sous certaines conditions, en introduisant une demande de regroupement familial. Mais la procédure est semée d'obstacles, longue et coûteuse.

La loi belge détermine quels sont les membres qui peuvent bénéficier du regroupement familial. Si les proches rentrent dans les conditions posées par la loi et qu'ils présentent les éléments de preuve requis, ils peuvent rejoindre le réfugié reconnu en Belgique. Mais en pratique, la procédure peut être longue et complexe.

Les obstacles

Un réfugié doit introduire sa demande de regroupement familial dans un délai d'un an après l'obtention de son statut. Passé ce délai, il sera très difficile pour certains membres de sa famille de le rejoindre, tant les conditions deviennent beaucoup plus strictes. Si la lenteur de l'administration belge freine le réfugié dans ses démarches, il lui faut récolter un certain nombre de documents dans son pays d'origine, pour prouver le lien de filiation. Une étape difficile et risquée dans la mesure où c'est un pays, voire une autorité, qu'il a fui. Sans ces documents, il faudra recourir à un test ADN très couteux, à charge du réfugié. De plus, les membres de la famille doivent introduire leur demande auprès de l'Ambassade belge ou du consulat belge à l'étranger. Précisons que dans certains pays, il n'y a pas d'Ambassade belge. Ils doivent donc se rendre dans un pays voisin avec tous les risques que cela implique Qui peut rejoindre un réfugié reconnu ?

Si le réfugié est marié, le conjoint peut le rejoindre moyennant des documents officiels, en Belgique. Mais il doit être majeur et, fort logiquement, habiter sous le même toit. Par contre, le partenaire ne pourra le re-joindre dans le cadre d'une procédure de regroupement familial que s'il est légalement enregistré. Il ne peut donc pas s'agir d'une compagne ou d'un compagnon de fait. En pratique, rares sont les personnes qui ont enregistré leur partenariat, car seuls quelques pays l'autorisent.

Les enfants à charge de moins de 18 ans qu'un(e) réfugié(e) a eus avec son conjoint ou partenaire, comme les enfants qu'ils ont eus séparément peuvent aussi venir en Belgique. Ensuite, seuls les enfants majeurs qui sont handicapés ont droit au regroupement familial. Les autres enfants majeurs peuvent éventuellement venir en Belgique sur la base d'une autorisation de séjour provisoire, en demandant un visa humanitaire mais unique-ment dans certaines conditions particulières.

Seuls, les parents d'un mineur étranger non accompagné ( MENA ) reconnu réfugié ont le droits de le rejoindre en Belgique. Les frères et sœurs d'un MENA ne pourront pas venir dans le cadre d'un regroupement familial. Leur seule possibilité, obtenir un visa humanitaire.Tous les autres membres de la famille d'un réfugié reconnu ne pourront pas le rejoindre en Belgique dans le cadre de la procédure de regroupement familial. Dans cer-taines circonstances exceptionnelles, ils pourraient demander une autorisation de séjourner en Belgique pour raisons humanitaires. Mais les conditions sont très strictes, c'est pourquoi il est rare d'obtenir un visa humani-taire. Plus que jamais, la procédure de regroupement familial pour les réfugiés reconnus est de plus en plus longue, complexe et surtout aléatoire. D'autant plus qu'en Belgique, la tendance est de durcir les conditions d'accès au territoire belge.

14 RTBF : https://www.rtbf.be/info/dossier/les-refugies-et-moi-les-reponses-a-vos-questions

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N°5 - « LES ETRANGERS PRENNENT LE TRAVAIL DES BELGES » FAUX !

Les étrangers occupent généralement des métiers dont les Belges ne veulent pas, ou travaillent dans des secteurs en pénurie.

N°7 - «LES REFUGIES NE VEULENT PAS TRAVAILLER » FAUX !

Après 4 ans, 55% des réfugiés sont actifs sur le marché de l’emploi. Pour la Wallonie, où le taux de population active est de 64,4%, ce pourcentage de réfugiés au travail correspond en réalité au taux d’emploi wallon qui est de 57%.

N°13 - « EN BELGIQUE, LE TAUX D’EMPLOI DES PERSONNES ETRANGERES EST INFERIEUR A LA MOYENNE EUROPEENNE » VRAI

La manière dont la Belgique organise l’offre d’emploi pose certains problèmes à la Belgique, ce qui lui vaut des réprimandes de la part de l’Europe. Par exemple, il existe encore trop de discriminations à l’emploi, ou un manque de prise de mesures pour tenter d’améliorer la situation.

45% des Wallons pensent que les immigrés prennent le travail des belges. Ce chiffre figure dans le baromètre social de la Wallonie 2013.

L'arrivée de migrants, qu'ils bénéficient du statut de réfugiés ou pas, constituerait une concurrence pour nos travailleurs alors que le chômage reste très élevé. Or, les analyses économiques les plus récentes montrent que, globalement, les migrants qui s’installent chez nous ne prennent pas la place des travailleurs belges.

Tout d’abord, il faut retenir que globalement, face à cet accès à l’emploi, les étrangers sont souvent victimes de discrimination à l’embauche, du fait de leur nom, leur accent, leur religion, leur couleur de peau, la non reconnaissance de leur diplôme… Ils ont plus de difficultés que les « belgos-belges » à trouver un emploi. Ils prennent souvent la première opportunité d’emploi qui se présente, car ils savent qu’ils n’ont pas beaucoup de choix. Malgré la volonté de trouver un emploi (fréquentation assidue des services ISP), beaucoup de PE sont au chômage, sans pour autant bénéficier d’allocations de chômage (ex. Les RF n’y ont pas droit). Partout en Europe et principalement en Belgique, l’intégration des PE sur le marché de l’emploi est considérablement moins importante que celle des natifs.

Les personnes étrangères, souvent discriminées, perdent parfois en estime d’elles-mêmes. Ceci les freine sur le marché de l’emploi, car elles ont alors une tendance à l’auto-discrimination.

Plusieurs points sont donc à retenir15 :

1) Les "étrangers" venant de l’UE ont, comme tous les citoyens européens, Belges compris, le droit de circuler librement et de travailler où ils le souhaitent en Europe.

2) Les personnes étrangères, surtout les extras-européens, vont souvent occuper les métiers en pénurie, c’est-à-dire où il manque des travailleurs, dont les belges ne veulent pas : emplois faiblement qualifiés, contrats temporaires, horaires de nuit, coupés, peu payés, peu valorisants socialement. Et cela même s’ils étaient très qualifiés dans leur pays d’origine (ce qui est le cas de la majorité des syriens accueillis en ce moment en Belgique).

Ex. Ouvrier de production, nettoyeur de rues, technicien de surface, aide-soignant, maçon…

Plusieurs organismes ouvrent d’ailleurs de nombreuses formations professionnelles (formations Forem, etc.) pour faciliter l’accès à ces métiers que les belges délaissent.

15 RTBF : https://www.rtbf.be/info/dossier/les-refugies-et-moi-les-reponses-a-vos-questions

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Souvent, les personnes étrangères vont participer à ces formations pour accéder à ces métiers, car leur diplôme n’est pas reconnu, elles ont du mal à trouver un emploi (discriminations…) et ont besoin de travailler pour subvenir à leurs besoins. Elles sont donc orientée par le Forem et autres organismes vers les secteurs en pénurie, afin de combler le « trou » laissé par les belges sur le marché de l’emploi. La main d’œuvre étrangère est donc complémentaire à la main d’œuvre belge existante

3) Les demandeurs d’asile n’ont pas droit au travail immédiatement, ils ont droit à un per-mis de travail C après 4 mois sur le territoire et peuvent dès lors travailler sans être en-core sûrs d’obtenir un droit de séjour, ce qui ne rassure pas les employeurs et constitue plutôt un facteur décourageant l’engagement. Les étudiants, quant à eux, ont droit à 50 jours de travail sur l’année.

4) Les Belges d’origine sont, à l'inverse, surreprésentés dans les strates "supérieures" du marché du travail (employés, fonctionnaires, emplois stables, temps plein, rémunéra-tions plus élevées…). Les personnes originaires des pays de l'UE occupent, quant à elles, une position intermédiaire.

Quoi qu’il en soit, trouver un emploi demande un réel travail d’intégration de la part de la Belgique et d’effort de la part des réfugiés. Les réfugiés arrivés en Belgique ces derniers mois ne connaîtront pas une intégration facile. Tout d’abord, en raison de la barrière de la culture et celle de la langue. A ce titre, la Belgique accueille assez « mal » les populations étrangères : difficulté d’accès à l’emploi, aux logements, aux soins de santé, discriminations, non reconnaissance des diplômes…

Pour ce faire, la Belgique met en place un parcours d’intégration (apprentissage du français, de la citoyenneté et orientation professionnelle) afin d’aider les migrants à participer au fonctionnement du pays. Certains sont invités à apprendre le français tandis que d’autres sont obligés. Avec ce parcours, beaucoup de personnes seront outillées pour parvenir à se débrouiller de manière autonome en Belgique. Cependant, on constate que les demandes sont nombreuses et que l’offre des cours de français ne suit pas toujours, certaines personnes souhaitant donc apprendre le français doivent parfois attendre longtemps avant d’intégrer une formation. Retenons qu’en Belgique, la proportion de réfugiés actifs sur le marché du travail (salariés, indépendants et chômeurs) passe de 19% au moment de la reconnaissance de statut à 55% après 4 ans. Sur le même temps, la part des réfugiés dépendant des aides sociales passe de de 57% à 25%.

N°9 – « LES DISCOURS DE HAINE EN LIGNE SONT EN FORTE AUGMENTATION » VRAI

Selon le rapport 2015 d’Unia, les discours de haine, y compris sur internet, ont augmenté de 78% en 5 ans (de 2010 à 2015).

N°10 - « LES MUSULMANS SONT LES PERSONNES LES PLUS CIBLEES PAR LES DISCOURS DE HAINE » VRAI

Selon le rapport 2015 d’Unia, les discours de haine, y compris sur internet, ont augmenté de 78% en 5 ans (de 2010 à 2015).

En 2015, Unia a reçu 4.554 signalements de discriminations potentielles, qui ont conduit à l’ouverture de 1.596 dossiers. C’est une légère baisse par rapport à 2014. Mais la tendance générale est à la hausse depuis 2010. Hormis dans les domaines de l’enseignement, des faits de société et des activités diverses, nous observons une diminution du nombre de dossiers dans les autres domaines. Les trois principaux critères étaient, comme en 2014, les critères dits « raciaux » (38% de tous les dossiers), le handicap (22%) et les convictions religieuses ou philosophiques (19%). Venaient ensuite : l’âge (5%), l’orientation sexuelle (5%), la fortune (4%), l’état de santé (4%). Les 3 principaux domaines sociétaux concernés étaient, comme en 2014, les biens et services (24% de tous les dossiers, dont et

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surtout le logement), les médias (23%, dont et surtout Internet), le marché de l’emploi et du travail (22%). Venaient ensuite : l’enseignement (11%), la vie en société (des problèmes de voisinage ou dans l’espace public) (10%) et le secteur des « activités diverses » comme, par exemple, un évènement culturel, sportif,… (4%).

N°12 - « EN BELGIQUE, 6% DE LA POPULATION EST DE CONFESSION MUSULMANE » VRAI

Une récente étude de The Economist démontre que les Européens surestiment largement le nombre de musulmans présents dans leur pays. Par exemples, les Belges pensent qu’ils représentent 29% de la population. En réalité, ils ne sont que 6%.

N°21 - « ON RISQUE D’ETRE ENVAHI PAR DES TERRORISTES… » FAUX !

Tous les demandeurs d’asile ne sont pas des criminels en puissance, et tous les musulmans ne sont pas des intégristes. Les demandeurs d’asile (hommes, femmes et enfants) fuient pour sauver leur vie. Les terroristes voyagent comme tout le monde (avion, voiture…) et beaucoup sont recrutés sur le territoire européen.

Actuellement, la plupart des demandeurs d’asile viennent de pays majoritairement musulmans. Ain-si, en 2015, 18,5% d’entre eux sont originaires de Syrie, 15,9% du Kosovo, 10% d’Afghanistan, 6,8% d’Albanie et 5,2% d’Irak. Il est donc légitime de penser que la plupart de ces réfugiés sont de confes-sion musulmane. Toutefois, une immigration majoritairement musulmane ne veut pas dire "islamisa-tion".

Premièrement, parce que dans de nombreux cas (quand ils viennent de Syrie, d’Irak ou encore d’Afghanistan) les réfugiés fuient eux-mêmes l’islamisme radical et conquérant, que ce soit celui du

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groupe Etat Islamique ou celui des Talibans. En Irak par exemple, les Yézidis sont à la merci des djihadistes de l’Etat islamique. Cette communauté kurdophone pratique une religion monothéiste, ses membres sont vus comme des adorateurs du diable. L’EI a décrété qu’il fallait les exterminer. Beaucoup ont dû fuir dès 2014 pour éviter viols, esclavagisme et exécutions. Nombre d’entre eux ont migré vers le Kurdistan, mais certains ont été contraints de chercher refuge en Europe. Quant à la Syrie, elle compte environ 10% de chrétiens. En juillet 2015, 244 chrétiens d’Alep ont obtenu un visa pour la Belgique. Avant la guerre, leur communauté était composée de 160 000 personnes. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 50 000. Preuve que les musulmans ne sont pas seuls à fuir. On imagine mal comment ceux qui en ont été les victimes deviendraient subitement, une fois sur le sol européen, les promoteurs de l’islamisme. Quant au fantasme de l’islamisation de l’Europe, c’est tout simplement une question de nombres. Nous sommes un peu plus de 500 millions d’Européens, et il y a parmi nous, 16 millions de musul-mans. Ils représentent donc 3% (en moyenne) de la population européenne. Par conséquent, même si plusieurs centaines de milliers de musulmans rejoignent l’Europe, cette proportion sera à peine changée. Les musulmans en Europe resteront donc très une très faible minorité de la population.

Début septembre 2015, une annonce du groupe terroriste État Islamique (EI) avait été particulièrement relayée. Elle concernait la soi-disant infiltration de milliers de combattants dans les bateaux de réfugiés syriens. 4 à 5000 infiltrés, au bas mot. Information ou rumeur? Avant de le savoir, certains quotidiens ont repris l'info telle quelle.

Cette affirmation a aussi été véhiculée par les réseaux sociaux et de faux sites d'information. Les mouvements populistes et d'extrême-droite s'en sont rapidement emparés pour contester les politiques d'accueil des réfugiés. Quelques jours plus tard, c'est le député européen de droite radicale, Nigel Farage, qui l'avait à son tour brandie dans l'hémicycle du Parlement européen.

Alors, quels sont les fondements de cette "information"? Pour les spécialistes comme pour les services de sécurité, l'idée que l'organisation djihadiste ultra-radicale Etat Islamique envoie des milliers de djihadistes parmi les migrants sur les routes de l'exode n'a aucun sens.

"Ce n'est pas sérieux", estime Thomas Pierret chargé de cours à l'Université d’Édimbourg et spécialiste de la Syrie. "A ces rumeurs, on peut opposer au moins deux arguments de bon sens. Le premier est que l'EI a actuellement fort à faire sur le plan militaire et qu'il mène une guerre sur deux fronts en Syrie et en Irak. Il a donc bien besoin de tous ses combattants. Donc il ne va pas les envoyer en Europe pour des opérations hypothétiques à long terme. Un autre argument est que l'EI possède dans ses rangs un grand nombre de ressortissants européens, des volontaires étrangers, donc des gens qui ont des passeports européens et qui pourraient donc se déplacer plus facilement à travers l'Europe que des réfugiés demandant le droit d'asile".

Antonio Guterres, le Haut-commissaire aux réfugiés des Nations Unies, ajoute : "les terroristes qui arrivent en Europe ne viennent pas par un bateau qui peut couler entre la Turquie les îles grecques, pour passer après à pied par la Grèce, la Serbie, la Hongrie et l’Autriche… Ils prennent un avion avec un passeport, réel ou faux. De l’Égypte vers l’Europe, un voyage avec une compagnie d’avion low-cost, coûte 40 euros. Les migrants, eux, paient parfois 4000 euros. Les terroristes sont plus intelligents qu’on ne le pense."

Concrètement, il s'agit donc surtout de propagande selon Thomas Pierret "pour effrayer les opinions publiques occidentales et pour maintenir leur image d'ennemi public numéro 1. Et cette campagne est reprise volontiers par les réseaux d'extrême-droite qui essaient pour l'instant de mettre un frein à l'élan de solidarité qui s'est développé à l'endroit des réfugiés syriens".

Didier Leroy ne dit pas autre chose. Ce chercheur à l’École Royale Militaire de Belgique et spécialiste du monde arabe n'est pas surpris car "cette annonce cadre avec la stratégie de communication plus vaste de Daesh qui consiste avant tout à terroriser ses ennemis. C'est logique de vouloir terroriser certains États membres de l'Union européenne qui sont également membres de la coalition

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internationale qui les frappe sur le territoire irakien. Néanmoins l'information et le chiffre sont très peu crédibles. On est tout à fait dans de la propagande déconnectée des éléments rationnels du terrain".

De plus, les personnes qui obtiennent un titre de séjour en Belgique sont très contrôlées par le CGRA et en cas de doute par la Sûreté de l’Etat. Une enquête est établie afin de vérifier si elles ne risquent pas de nuire à la sécurité du pays (prise d’empreintes, photographie, consultation des fichiers internationaux, entretiens au CGRA…). La Belgique, suivant la convention de Genève, analyse donc les antécédents juridiques des demandeurs d’asile et n’accueille pas les migrants qui auraient commis un crime (de guerre, contre l’humanité etc) qui constitueraient un risque pour la sécurité nationale (clause d’exclusion). Ceci est notable par le renforcement du système de surveillance aux frontières et par la difficulté croissante pour obtenir son titre de séjour ou son visa (procédures de plus en plus restrictives).

La majorité des terroristes ne vient d’ailleurs pas de pays lointains en guerre mais sont recrutés parmi les ressortissants européens ! La majorité des terroristes est citoyenne du pays où elle perpètre des attentats. Les terroristes n’empruntent donc pas le chemin des migrants (parcours en bateau, à pied, chemin périlleux et très contrôlé) ou font semblant de le faire, afin de brouiller les pistes, alors qu’en réalité, ils viennent par d’autres biais beaucoup plus classiques et moins contrôlés (avions, trains touristiques) et ne demandent pas l’asile ou le RF, sinon ils seraient repérés par les multiples recherches et interrogatoires que vivent les DA à l’Office et au CGRA avant de se voir accorder un titre de séjour. C’est d’ailleurs ce mode opératoire qui a caractérisé les derniers attentats en Europe : Mohammed Merah, Mehdi Nemmouche et les frères Kouachi disposaient tous d’un passeport européen.

Autres questions/Préjugés connexes :

QUEL EST LE RISQUE POUR NOTRE IDENTITE ?

La question est double : elle porte sur le risque, et sur notre identité. Le risque est minime, n’en déplaise… Sur le seul plan du nombre, quelques centaines de milliers de réfugiés pèsent peu au regard des 400 millions d’Européens que nous sommes. En outre, l’histoire démontre que les réfugiés qui s’installent durablement s’assimilent rapidement. Les réfugiés politiques fuyant le fascisme ou le communisme dans les années vingt et trente en sont un exemple. Le cas des enfants basques, arrivés par milliers après le bombardement de Guernica (avril 1938) et recueillis soit par les structures catholiques, soit par le mouvement socialiste en sont l’exemple le plus frappant. Martin Aguirre, 90 ans aujourd’hui, en témoigne : s’il reste le petit réfugié débarqué un beau matin dans le port d’Anvers, il se sent aussi étranger dans sa patrie d’origine. La guerre d’Espagne, la dictature franquiste, ne laissait guère d’espoir de retour, et les Aguirre, aujourd’hui, se sont fondus dans la société belge. Phara, l’une des descendantes, est journaliste vedette à la VRT…

Quelle identité? L’autre versant de la question porte sur la nature de notre identité. Est-elle de nature religieuse ? Cette religion est-elle chrétienne ? La réponse est non. La religion juive est reconnue en France depuis le Premier empire. L’islam, peu à peu, est reconnu par les États européens. L’Europe chrétienne elle-même est une mosaïque religieuse – catholique, protestante, orthodoxe- au passé tumultueux et qui n’est pas dénuée de tensions et de violences récentes. En témoigne l’histoire de l’Irlande par exemple. L’Europe au demeurant est largement laïcisée. Seule une minorité d’États membres de l’Union ont toujours une religion d’État (la Grèce et le Danemark, par exemple). Cette identité est-elle linguistique ? A l’évidence non. Hormis… l’anglais, langue minoritaire par rapport à l’allemand en nombre de locuteurs-nés, l’Europe brille par la diversité de ses langues appartenant à plusieurs groupes linguistiques extrêmement variés, allant des langues latines aux langues germaniques en passant par les langues slaves et ouralo-altaïques. Un véritable casse-tête pour traducteur-interprète. S’agit-il d’une identité de mœurs? Un voyage de la Finlande à la Grèce ou de l’Espagne à la pointe de l’Écosse

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suffit pour constater l’inexistence d’un mode de vie standardisé. A ce compte-là, on pourrait aussi bien parler de culture du beurre et de civilisation de l’huile d’olive, tant on pourrait tracer une ligne de fracture européenne on se fondant uniquement sur la matière grasse utilisée en cuisine ! Cette identité mystérique serait-elle politique, et fondée sur l’héritage démocratique ? De nombreux pays musulmans touchés aujourd’hui par les guerres étaient également des exemples de démocraties par le passé. De plus, le suffrage universel a moins d’un siècle en Belgique. La démocratie parlementaire plurielle est une notion très récente pour des pays comme l’Espagne, la Slovénie et même l’Allemagne.

Cet aperçu de la question identitaire est loin d’être exhaustif. Mais il suffit à vider de son sens la question : la menace est inexistante sur une identité très mal définie. Si l’on regarde la Belgique Notre société belge est cosmopolite et multiculturelle par essence. Même si certains faits historiques (conflits Wallonie-Flandre illustrés par le « wallen buiten » par exemple…) montrent la difficulté pour des cultures différentes de cohabiter et d’échanger, notre pays, depuis sa création en 1830, est multiculturel. La Belgique, avant de voir ses frontières définies, a en effet été sous l’emprise de l’Empire germanique (+- les actuels Allemagne, Pays-Bas et Autriche) et de la France (d’où les 3 langues nationales actuelles). Notre premier roi, Léopold premier de Saxe Cobourg Gotha était d’origine allemande / anglaise.

Notre pays s’est donc construit sur base d’apports bigarrés de diverses cultures qui font maintenant partie intégrante de notre identité culturelle belge. Comme en mathématique où la somme des parties donne un tout différent de chacune de ces parties, la Belgique est la somme de ces éléments culturels et cela fait de notre pays une entité tout à fait originale et singulière. Ces apports mutuels ont créé du neuf !

D’une certaine manière, nos ancêtres, qui puisent leurs racines dans d’autres cultures que la culture belge sont des étrangers. Depuis lors, d’autres influences ont encore enrichi l’identité culturelle belge et se sont mêlées à la culture existante pour la transformer. On trouve, par exemple, de nombreux musiciens de jazz belges, qui mêlent

sonorités américaines et influences « belges » (ex.Toots Thielemans), des plats italiens cuisinés à la belge (la

pizza au jambon d’Ardennes ou aux saucisses de porc, par exemple), des vêtements sahariens dans nos boutiques (sarouels), des mots anglais dans notre vocabulaire quotidien (on parle de frenglish)... On voit donc bien qu’il y a eu des échanges entre cultures et que ceux-ci ont fait évoluer et ont enrichi l’identité belge! Aujourd’hui, tous ces éléments ont été « intégrés » dans notre culture sans la chasser où l’éteindre, ils lui ont plutôt donné une plus grande assise et plus de richesses. Ils se sont « ajoutés » à la culture belge sans en « enlever » les spécificités. Il nous semble à tous « normal », actuellement de manger des durums, de parler flamand en Flandre, de rencontrer des personnes d’origine italienne dans la rue… La Belgique s’est donc enrichie parce que des personnes étrangères s’y sont intégrées et parce que la Belgique a accueilli dans ses pratiques identitaires ces personnes et leurs coutumes, pour faire évoluer les richesses dont elle disposait déjà. L’intégration est donc un processus à double sens.

UNE FOIS EN BELGIQUE, LES ETRANGERS RESTENT ENTRE EUX, ILS NE VEULENT PAS S’INTEGRER. ILS N’APPRENNENT PAS LA LANGUE, PAR EXEMPLE.

Il y a une différence entre assimilation (= l’étranger doit faire comme le belge) et intégration (= le belge et l’étranger s’influencent l’un l’autre pour construire une nouvelle réalité plus riche, ensemble). Ce ne sont pas aux migrants à fournir tous les efforts, chacun doit y mettre du sien. On a souvent peur de ce qu’on ne connaît pas, alors que cela constitue une richesse.

On ne peut pas demander à une personne de se fondre complètement dans l’identité de l’autre (ex. demander à un homme d’être une femme). La culture est constitutive de l’identité, on ne change pas de culture comme de chemise. Il est important d’en garder une bonne part pour pouvoir s’ouvrir à d’autres cultures.

La solitude et le déracinement amènent parfois les migrants à retrouver un peu de leur pays en participants à des activités communautaires, se regroupant par ethnie, à rechercher la compagnie des gens proches de leur

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culture. Quoi de plus naturel ? Comment agit un belge lorsqu’il croise d’autres belges à l’étranger ? Cela l’empêche-t-il de s’ouvrir aux habitants du pays ?

LES ETRANGERS ENTRENT TROP FACILEMENT EN BELGIQUE. IL FAUT MIEUX SURVEILLER LES FRONTIERES, RENFORCER LES MESURES DE SECURITE.

Plusieurs réalités sont à souligner :

1) Les étrangers qui arrivent clandestinement en Belgique, à pied ou par voie maritime, fuient pour sau-ver leur vie (guerres, conflits, torture, persécutions). Même si les frontières sont bien contrôlées, ils continueront à prendre des risques, de plus en plus grands, pour fuir la situation inhumaine qu’ils su-bissent dans leur pays d’origine. Faire croire que l’ouverture ou la fermeture des frontières permet la maîtrise des flux migratoires est un mensonge électoraliste. Le flux migratoire ne diminue pas et les migrants périssent toujours en mer malgré les mesures de sécurité renforcées aux frontières de l’Europe, mesures mises en place par l’agence européenne Frontex (qui vise clairement la fermeture des frontières plutôt que leur ouverture). Vouloir empêcher les migrations est vain. Les gens ne choi-sissent pas de migrer ou de rester parce qu’une frontière est ouverte ou fermée. L’idée que la ferme-ture des frontières puisse limiter les flux migratoires ne fait que rendre les déplacements plus pré-caires, plus coûteux et plus dangereux. Ouvrir les frontières, c’est avant tout permettre aux gens de migrer dans des conditions sûres et dignes. C’est la fermeture des frontières qui permet le business des passeurs, ces personnes qui demandent des sommes faramineuses aux migrants pour une traver-sée en barque ou en camion, traversée qui a pour objectif de « sauver sa peau et sa famille », mais dont certains ne reviennent pas.

2) La politique d’immigration belge est conditionnée par la politique d’immigration européenne. Ainsi, la convention européenne de Dublin (1990) établi que les migrants doivent être pris en charge par le premier pays d’Europe où ils ont posé le pied. Avant que la Belgique ne décide si elle va accueillir un migrant, une enquête est donc menée pour voir s’il n’est pas passé par un autre pays d’Europe. La convention de Genève de 1951 et la directive européenne sur le statut de protection subsidiaire, ratifiée par les pays européens, établi que l’Europe, afin de respecter la convention européenne des droits de l’homme se doit d’accueillir les personnes persécutées du fait de leur prétendue race, leur sexe, origine ethnique, nationalité, groupe social, opinions politiques ou qui encourent un risque réel du fait de la situation de leur pays (torture, persécution, peine de mort, traitement inhumain ou dé-gradant, violence aveugle, conflits armés). Voilà pourquoi lorsque les personnes correspondant à ces profils arrivent en Belgique, celle-ci se doit d’ouvrir des centres d’accueil. Plus les droits humains de ces personnes sont négligés dans le monde, plus la Belgique devra ouvrir de places dans ces centres et délivrer à ces personnes en danger des dé-cisions positives suite à leur demande.

3) Enfin, il est très difficile d’entrer en Belgique : les frontières sont très surveillées par l’agence euro-péenne Frontex, les conditions de séjour sont très strictes (certaines personnes dont la vie est en danger dans leurs pays d’origine n’ont parfois pas droit au séjour), l’analyse de la demande d’asile prend du temps et les dossiers sont passés au peigne fin par l’Office des étrangers (enregistrement, Dublin, examen de recevabilité, dispatching Croix Rouge ou Fedasil …) puis le CGRA (Genève : examen de fonds avec entretiens et recherches poussées). Une fois le droit au séjour obtenu, les contrôles sont fréquents… Ceci résulte, en partie, du fait que ces dernières années, des lois ont été adoptées vi-sant à limiter plus qu’auparavant l’accès des migrants au pays (regroupement familial limité, droit d’asile complexifié…).

Pour finir, pourquoi n’ouvrons-nous pas les frontières plutôt16 ? Tout d’abord, la liberté de circulation est un droit fondamental. Aujourd’hui, le destin des uns et des autres reste avant tout déterminé par l’endroit où ils/elles sont né-e-s. C’est la fermeture des frontières qui crée

16 RTBF : https://www.rtbf.be/info/dossier/les-refugies-et-moi-les-reponses-a-vos-questions

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cette inégalité, ce privilège du lieu de naissance. L’ouverture des frontières reconnaît la légitimité de toute migration, et le droit à la mobilité de chacun. Le droit de quitter son pays est inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, mais la fermeture des frontières empêche de le mettre en œuvre.

L’ouverture des frontières permettrait à de nombreux migrants de rentrer au pays et de revoir leur famille. Cela faciliterait la circulation des personnes, c’est-à-dire aussi les mouvements d’allers et retours, d’entrées et de sorties. Beaucoup de migrants sont aujourd’hui coincés dans leur pays de destination, dont ils n’osent pas sortir par peur de ne plus pouvoir y revenir ensuite.

Ouvrir les frontières ferait disparaître les zones d’ombres de l’illégalité dans lesquelles les migrants se retrouvent de force, et non par choix. Soyons légalistes : le fait d’autoriser et d’accompagner les libres circulations permettrait de mieux les "voir" et les connaître. Ouvrir les frontières, ce n’est pas supprimer les frontières : c’est simplement permettre la libre circulation, pour mieux accompagner les migrations et s’assurer qu’elles se déroulent dans les meilleures conditions possibles.

Les politiques économiques et notamment des pays occidentaux comme la Belgique jouent un rôle dans la mauvaise répartition des richesses dans le monde, dans les conflits armés, la dégradation de l’environnement… qui sont autant de raisons qui poussent les gens à fuir leur pays natal. La réduction des inégalités permettrait de réduire les flux migratoires, mais actuellement l’Europe et l’Amérique du Nord détiennent 67% des richesses mondiales contre 1% pour l’Afrique et 3% pour l’Amérique latine.

N°20 - « À L’HEURE ACTUELLE, 500 000 BELGES (ENVIRON 1/20 DE LA POPULATION) VIVENT A L’ETRANGER » VRAI

On l’oublie parfois, mais la migration concerne aussi les Belges, soit parce qu’ils immigrent en Bel-gique (et s’inscrivent dans leur nouvelle commune de résidence), soit parce qu’ils émigrent de Bel-gique (en décidant de quitter le territoire pour s’installer ailleurs). En 2013, plus de 60.000 mouvements de Belges, émigrants ou immigrants, ont d’ailleurs été enregis-trés au sein de la population belge. Les Belges, à l’inverse des étrangers établis en Belgique, quittent davantage le pays qu’ils n’y (r)entrent, ce qui implique que l’on observe pour eux, depuis 2009, des soldes migratoires qui sont systématiquement négatifs. Le solde migratoire des Belges était de -11.263 en 2013. On comptait donc davantage de Belges ayant émigré hors de Belgique (35.880 per-sonnes) que de Belges ayant immigré en Belgique (24.617 personnes). Au total, pour les Belges et les étrangers pris ensemble, le solde migratoire atteint la somme positive de 34.843 (avec 146.696 immigrations et 111.853 émigrations). 500.000 belges habitent actuellement à l’étranger alors qu’ils n’ont pas à fuir leur pays. N°15 - « LA MAJORITE DES PERSONNES ETRANGERES PRESENTES EN BELGIQUE EST ORIGINAIRE DE PAYS HORS UNION EUROPEENNE » FAUX !

Selon les chiffres du SPW Economie (1er janvier 2015), les étrangers en séjour légal représentent 11% de la population en Belgique. De ces 11%, 8% sont d’origine européenne = 73% (1-France, 2-Italie, 3-Pays-Bas).

N°16 - « LA MAJORITE DES PERSONNES ETRANGERES PRESENTES EN WALLONIE EST ORIGINAIRE DE PAYS HORS UE » FAUX !

Selon les chiffres du SPW Economie (1er janvier 2015), les étrangers en séjour légal représentent 10% de la population présente en Wallonie. Sur ces 10%, 8% sont d’origine européenne = 80% (1-Italie, 2-France, 3-Allemagne, 4-Espagne).

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N°17 - « LES NATIONALITES ETRANGERES LES PLUS REPRESENTEES EN REGION WALLONNE SONT L’ITALIE, LE MAROC ET LA TURQUIE » FAUX

L’Italie (102.636 personnes), la France (78.329 personnes) et l’Allemagne (16.863 personnes) représentent à eux seuls 46% du top 20 des nationalités étrangères présentes en Région wallonne. Le premier pays hors-UE qui apparait dans le classement est le Maroc (5e position) avec 15.762 personnes.

N°18 - « LA MAJORITE DES PERSONNES ETRANGERES PRESENTES EN PROVINCE DE LUXEMBOURG EST ORIGINAIRE DE PAYS HORS UE » FAUX !

Selon les chiffres 2015 du SPF Economie, 7% de la population présente sur le territoire de la province de Luxembourg concernent des personnes étrangères. Sur ces 7%, 6% représentent des nationalités européennes = 86% (1-France, 2-Portugal, 3-Luxembourg, 4-Italie, 5-Pays-Bas, 6-Roumanie, 7-Espagne).

N°19 - « LES NATIONALITES ETRANGERES LES PLUS REPRESENTEES EN PROVINCE DE LUXEMBOURG SONT L’ITALIE, LE PORTUGAL ET LA TURQUIE » FAUX !

La France, le Portugal et le Luxembourg représentent à eux seuls 64% du top 20 des nationalités étrangères présentes en province de Luxembourg, suivi de l’Italie, des Pays-Bas, de la Roumanie et de l’Espagne. Le premier pays hors Union européenne qui apparait dans le classement est le Maroc, à la 8e position.

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Pour se mettre à jour :

CGRA : www.cgra.be SPF Economie : www.economie.fgov.be

IWEPS : www.iweps.be WALSTAT : walstat.iweps.be/walstat-accueil.php

Fedasil : www.fedasil.be Croix-Rouge : www.croix-rouge.be

Unia : www.unia.be Myria : www.myria.be

CIRE : www.cire.be Association pour le Droit des Etrangers (ADDE) : www.adde.be

UNHCR : www.unhcr.org European Migration Network : www.emnbelgium.be

Organisation Internationale pour les migrations : www.iom.int Frontex : www.frontex.europa.eu

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061/21.22.07 [email protected]