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Page 1: Les Belles-Soirées Campus de Laval-Université de ... · PDF fileLELEU, JEAN-LUC, La Waffen SS : soldats politiques en guerre, Perrin, 2007, 1238p. (BANQ) BERNARD, YVES & CAROLINE

Les Belles-Soirées

Campus de Laval-Université de Montréal

Série de conférences automne 2017

DU CRIME DE GUERRE AU CHÂTIMENT :

LES PRISONNIERS DE GUERRE ALLEMANDS AU CANADA ET EN FRANCE (1941-1946)

PRÉSENTÉ PAR LAURENT BUSSEAU

Résumé :

Dès 1940, l’Angleterre se retrouve avec beaucoup de prisonniers de guerre allemands sur son territoire. Très rapidement, le Canada devient le pays d’accueil de ces soldats allemands capturés, dont certains représentent un réel danger idéologique lié au nazisme. Avec l’évolution du conflit mondial vers une guerre totale entre 1942 et 1945, des questions d’ordre éthique, politique et judiciaire se poseront pour définir le rôle du soldat allemand présent dans les camps d’internement alliés : celui de bourreau ou de victime du système hitlérien.

Jeudi 23 Novembre 2017 Épisode 1 : Des prisonniers de guerre allemands au Québec (1941-1946) Durant la seconde guerre mondiale de 1939 à 1945, le Canada est devenu la prison britannique de 35 000 soldats allemands et italiens. Identifiés comme PoW en anglais (Prisonner of War) ou P.G.A en français (prisonnier de guerre allemand), les militaires allemands sont pris en charge par le gouvernement canadien, qui va répartir les prisonniers par catégories de « dangerosité » dans plusieurs provinces, dont le Québec dès 1940.

De nombreux soldats et officiers allemands sont répartis dans des camps de travail et de rétention à travers le pays. Plusieurs tentatives d’évasion et quelques révoltes importantes, comme celle de plusieurs allemands partis du camp de Bowanville en Ontario vers les côtes de la Gaspésie du Québec, vont pimenter la vie monotone des camps de prisonnier militaire.

Les Cantons-de-l’Est, deviennent une zone militaire sous haute surveillance, à cause de la présence discrète de camps de prisonniers allemands à Farnham, au fort de l’île-aux-noix, à Sherbrooke. Ouvert dès octobre 1940, des officiers de renseignements militaires

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d’Ottawa étaient en charge de trouver des réseaux nazis au sein des prisonniers. Sur 1098 prisonniers allemands répertoriés au Québec, le camp spécial de Farnham comptait environ 200 prisonniers, principalement composé d’officiers militaire du IIIe Reich.

Beaucoup de camps de PGA au Québec, créés à la va-vite dès 1940, n’étaient pas des endroits de salubrité exemplaire pour ces nouveaux occupants. De nombreuses plaintes vont parvenir au Consul de Suisse et à la Croix Rouge, à l’exemple de cet officier allemand qui leur écrit « Le camp de Farnham par sa laideur et son manque d’aménagement, est déprimant au plus haut point ». Conscient de cette vétusté précaire, les autorités canadiennes vont peu à peu améliorer l’organisation pénitentiaire militaire, mais aussi renforcer la surveillance des possible « nazis » cachés au sein des prisonniers de guerre.

Jeudi 30 Novembre 2017 Épisode 2 : Soldat, bourreau ou victime : le prisonnier de guerre allemand (1944-1946) Sous l’uniforme militaire, on retrouvait des professeurs d’université, des ingénieurs, des marins, mais également quelques descendants de l’aristocratie allemande anti-nazie. Beaucoup de ces soldats parlaient un très bon français, au grand étonnement de leurs hôtes francophones, mais aussi au déplaisir des autorités militaires canadiennes, qui ne pouvaient communiquer qu’en anglais avec les prisonniers de guerre, grâce à un interprète souvent originaire de l’Allemagne Nazie. Pour les autorités alliées, la question est complexe pour déceler le bourreau nazi du simple soldat obéissant ?

En France, la résistance et les autorités militaires auront moins de scrupules pour séparer le bourreau nazi du soldat allemand. « Tous aux poteaux » exprime cette autre ambiguité du respect des droits et conventions de Genève dès 1944 pour la France libre et ses alliés anglo-américains. Malgré un contrôle des services de police résistants, de nombreux camps « sauvages » de PGA en France vont devenir des centres d’exécutions discrets. Cette situation complexe est mise en lumière aujourd’hui sur les pratiques illégales de camps de prisonniers allemands dénoncés comme concentrationnaire à la presse libre par d’anciens PGA français et résistants revenus d’Allemagne en mai 1945 (exemple du camp de Poitiers dans la Vienne 1944-1946).

C’est également toute l’ambiguïté des rapports entre les prisonniers allemands au Québec et leur geôliers canadiens, jusqu’à leur départ pour l’Allemagne en 1946. Le PGA est-il une victime ou un coupable dans le système nazi. Avant la fin du conflit, la chasse aux bourreaux de l’armée allemande est organisée pour retrouver les soldats, SS ou non, coupables d’exactions, tortures et d’exécutions contre les prisonniers de guerre alliés dans l’Europe occupée. Cette opération est autorisée par Winston Churchill dès 1943.

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Bibliographie suggérée sur le sujet: (ordre chronologique décroissant) NEITZEL, SÖNKE & HARALD WELTER, Soldats : combattre, tuer, mourir : procès-verbaux des récits de soldats allemands (traduit de l’allemand par Olivier Mannoni), Gallimard, Paris, 2013, 619p. (BANQ) SCHNEIDER, VALENTIN, Un million de prisonniers allemands, Vendémiaire Édition, Paris, 2013, 216p. BERLIÈRE, JEAN-MARC, Ainsi finissent les salauds : séquestrations et exécutions clandestines dans Paris libérée, Robert Laffont, 2012, 424p. (BANQ) COSTELLE, DANIEL, Prisonniers nazis en Amérique, Acropole Édition, Paris, 2012, 333p. AUGER, F. MARTIN, Prisonniers de guerre et internés allemands dans le sud du Québec, (traduit de l’anglais par Pierre Desrosiers) Éditions Athéna, Outremont, 2010, 299p. (BANQ) CATHERINE, JEAN-CLAUDE (Dir), La captivité des prisonniers de guerre : histoire, art et mémoire 1939-1945, Presse Universitaire de Rennes, Rennes, 2008, 238p. (BANQ) LELEU, JEAN-LUC, La Waffen SS : soldats politiques en guerre, Perrin, 2007, 1238p. (BANQ) BERNARD, YVES & CAROLINE BERGERON, Trop loin de Berlin : des prisonniers de guerre allemands au Canada, Septentrion édition, Sillery-Québec, 1995, 358p. (BANQ) OWING, ALISON, Frauen : german women recall Third Reich, Rutgens University Press, New Brusnwick, Moncton, 1993. (Bibliothèque SH Université de Montréal) BACQUE, JAMES, « Morts pour des raisons diverses » : enquêtes sur le traitement des prisonniers de guerre allemands (traduit par Catherine Ludet), Édition Sand & Stoddart Publishing, Toronto, 1989, 380p. (BANQ). LOTTMAN, HERBERT, L’épuration 1943-1953, Fayard, Paris, 1986, 350p (BANQ)

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Documentaires audio-visuels sur le sujet des Prisonniers Allemands (disponible à la BANQ) SPENCER, CHRISTOPHER, Secrets of the Dead : Bugging Hitler’s Soldiers, 60 minutes, PBS (USA), 2013 (version en anglais seulement INGLES, PETER JOHN, Les espions venus de la mer : débarquements allemands au Canada, 52 minutes, Radio-Canada-CBC, 2007 version en français et anglais. Collection Histoire Oubliées, Les prisonniers spéciaux, 30 minutes Ciné-Fête production, Montréal, 2003 (version française seulement). Ressources web sur le sujet : Radio-Canada propose plusieurs entrevues et documentaires audio-visuels sur le sujet des prisonniers allemands au Canada depuis la publication du livre «Trop loin de Berlin» en 1995. Lien permettant l’accès à plusieurs informations web Radio-Canada-CBC http://archives.radio-canada.ca/sports/prisonniers_guerre/clips/10494/ http://www.cbc.ca/archives/topic/canadas-forgotten-pow-camps Articles parus dans la presse web sur le sujet Enquête sur les auxiliaires allemandes portées disparues dans la Vienne en France Laurent Busseau (RUE89-Nouvel Obs): Mon enquête à surprise sur les jeunes boches fusillées… https://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/rue89-nos-vies-connectees/20121013.RUE3048/mon-enquete-a-surprises-sur-les-jeunes-boches-fusillees-du-poitou.html Enquête journalistique sur des prisonniers allemands fusillés en France Hervé Cannet (Libération) : Prisonniers du Maquis et fusillés (1944) http://www.liberation.fr/societe/2010/04/30/prisonniers-du-maquis-et-fusilles_623486 Charles Brenner pour le Times magazine https://www.thetimes.co.uk/article/bitter-french-villagers-reject-plaque-to-massacred-germans-kqclbwp27ck Page web sur l’histoire du camp de prisonniers allemands à Bowanville (Ontario) http://www.camp30.ca https://en.wikipedia.org/wiki/Bowmanville_POW_camp https://www.youtube.com/watch?v=gz10NV8qeJQ Les prisonniers allemands au Québec : information du site de la Légion canadienne Graham Chandler : The Happiest Prisoners (version en anglais) https://legionmagazine.com/en/2012/03/the-happiest-prisoners/