shelove perrin - femme de foot

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Shelove Perrin - Femme de foot

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Page 1: Shelove Perrin - Femme de foot
Page 2: Shelove Perrin - Femme de foot

2 15 juin 2012No 641

Une publication de Ticket Magazine S.A.

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Frantz DUVAL

REDACTEUR EN CHEF

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Marie-Brunette B. MAINSOURGaëlle C. ALEXIS

RÉDACTIONJoël FANFANDimitry Nader ORISMAGilles FRESLET Daphney Valsaint MALANDREMyria CHARLESWinnie Hugot GABRIELTeddy Keser MOMBRUNElisée DécembreJunior Plésius LouisPeguy Flore Pierre

CRÉATION ARTISTIQUEResponsable graphiqueRéginald GUSTAVEPhotographesFrédérick C. ALEXISHomère CARDICHONJules Bernard DELVAMoranvil MERCIDIEUYonel Louis

Publicité: 2941-4646 [email protected]

Rédaction: 3456 1920 / 2945-4646 3806-3717

Le vendredi 15, c’est le buzz Bonjou Vakans au Mango Lounge avec Eud et Ded Kra-z, Flav et P-Jay. Admission USD 15. Dj : Tonymix, Bounce, Web, etc.

Ce jour là également, Garden Studio fête en grande pompe ses six mois d’existence. Le groupe est bien jeune, mais ils ont quand même fait beaucoup de bruits. Joignez-vous à eux pour que leur Black Velvet soit une réussite. Avec les DJ Rocsteady et Gilles M. Invités : Olivier Duret et Mikaben. Admission : USD 15.

Samedi 16, Art expo “Psy. Ké. Mozai. Dé. Lik.’’ au Garden Studio. L’exposition commence à partir de 5 h 30 p.m., et l’after party se poursuit avec le Dj Rocsteady.

Si vous préférez rester au cœur de Pétionville, le rendez-vous est au club NIN9. « I love summer », pour une deuxième édi-tion, avec les DJ K-9, Hot et Fullblast. Admission : USD 10 à l’avance. Vous trouverez les tickets à Gamebox.

Dimanche, place à «Fresco pool party » au club Escape avec Team Lòbèy. L’animation sera assurée par les DJ Storm, Tony-mix et Ruday. 250 gdes, et vous pourrez pénétrer les lieux.

Et comme vous le savez déjà, tous les lundis c’est la soirée des fruits de mer au Quartier Latin. Avec le menu qu’on vous proposera, vous aurez l’embarras du choix.

L’Euro 2012 est encore à La Réserve. Des plats spéciaux, une nouvelle cuisine, des sandwichs délicieux, avec les boissons qui conviennent. Jusqu’au 1er juillet.

Mardi, il serait bien que vous fassiez un saut à Presse Café. On y mange bien là-bas. Mercredi, mangez à Le Petit Creux. En plus d’être savoureuse, leur cuisine est assez saine. Bon appétit déjà !Jeudi, des sushis à O’Sushi au Big Star Market de Pétionville. A partir de 300 gdes.

Péguy F. C. [email protected]

L’agenda de PéguyL’été est chaud. Le soleil est de plomb. Ajouté à cela, la Coupe d’Europe, qui, à peine commencée, déchaîne déjà les pas-sions. Mesdames, c’est le début de votre calvaire. Vous avez deux choix : soit vous vous alliez à vos hommes ou vous êtes contre l’équipe qu’ils soutiennent ; soit vous vous morfondez dans votre coin, seules, tout le mois que durera la compé-tition. Pire ! Foutbòl maten baskèt aswè. Pas trop le choix, hein ? Sauf bien sûr les petites escapades que vous propose mon agenda.

Le rappeur Jolissaint Lordwensky, que l’on connait surtout sous le pseudonyme Trouble Boy, signera son premier album à Mango’s Lounge le 16 juin 2012. Il sera accompagné de plusieurs autres artistes dont Izolan, Dug G et le groupe Team Lòbèy.

Le jeune rappeur, qui s’est auto-proclamé « Hit Maker », a été reçu à Chokarella sur Radio One (90.1) dans la matinée du 14 juin. Il a eu l’occasion de présenter les différents titres figurant sur « Shut up epi tande », son premier opus. Fidèle au style qu’il avait adopté dans « Crank that motto » qui avait cartonné, Trouble Boy continue à calquer son modèle favori Souldja Boy, qui n’a pourtant pas si bien réussi.

Mais le succès est loin d’être le même. L’album qui comporte 17 titres ne semble pas soulever les foules... Pour être optimiste, pas encore. Sur les réseaux sociaux, Twitter plus précisément, les commentaires n’ont pas épargné le rappeur. On lui reproche entre autres un manque d’inspiration et des beats pour le moins monotones. Les sujets débattus ne sont pas des plus intéressants. On se demande bien quel public vise Trouble Boy.

Ne soyons quand même pas trop sévères, attendons l’été… Peut-être qu’un hit finira bien par en émerger… En attendant, Trouble Boy, je me suis tue et je n’ai pas entendu grand-chose.

Daphney Valsaint Malandre

Shut up epi tande !

Il y a quatre ans, Dade, Katafal, et Deja voo, sont morts dans un terrible accident sur la route de l’aéroport. A l’occasion, tout le pays a porté le deuil, tout BPC a pleuré des jours durant. Ce 15 juin, une foire sera organisée en l’honneur des disparus.

On se souvient d’eux et de leurs musiques bourrées de métaphores. Chefs de fils de Barikad Crew, Dade Katafal et Deja voo, voulaient que leur rap ressemble au compas mamba de Coupé Cloué. Ils utilisaient une poésie qui attiraient les jeunes, jouaient avec les mots au double sens et se faisaient aimer de tous. Ou presque. A leur époque, Barikad Crew était un groupe discipliné, où la hiérarchie était respectée et où tout le monde suivait un rythme, une philosophie. Cette période a vu BC maître de BPC.

C’est, semble-t-il, tout ce qui est mort avec les trois généraux. L’unification est remise en question, chacun se veut star, chaque artiste réunit son propre staff. Izolan a Zoe blood, Fantom Tapajè, Master Sun Arsenic, Bricks et Brital 2BB, quoique Fred Hype, apparemment, veuille tout réunir autour de RED.

DEJA VOO, KATAFAL, DADE on se souvient

A l’heure où nous écrivons cet article, tout est en branle au Bas Peu de Chose (BPC). MmixX reçoit un groupe à son studio, Fred Hype se concentre sur le nouvel album prévu pour ce 30 juin, Bricks, super occupé, nous envoie un texto à chaque quinze minutes ; Fantom est injoignable sur tous ses gadgets ; Izolan, d’après les informations est actuelle-ment aux USA; Brital ne répond pas; Condagana encore dans les rues fait de son mieux pour nous répondre; et enfin, Doc Filah nous apprend que F-Ner, le rappeur de Majik Click coordonne les activités du 15.

Ce qui a retenu notre attention, c’est la légèreté avec laquelle nous a parlé Fred Hype. Franc comme lui seul, il a avoué que l’heure n’est pas à la tristesse, qu’il est trop occupé à travailler sur l’album RED, qui sera dédié aux généraux, à Young Cliff, et à tous les disparus du 12 janvier 2010. « Je sais seulement que c’est une foire, que des grou-pes de BPC vont jouer. Faudrait peut-être voir avec Bricks, il sait de quoi il en est. »

Ce que F-Ner et Bricks ont pu nous expliquer, c’est qu’il y aura une foire à la place Jérémie ce 15 juin pour commé-

morer les quatre ans depuis que les rappeurs sont morts. Elle sera réalisée par I Love BPC, un mouvement sociocul-turel que F-Ner est en train de lancer. Sous le thème R.A.P (Repoze An Pè), les sympatisans de BPC seront réunis autour de concerts, expositions et ventes de maillots et mouchoirs des ‘blood’, de projections d’images inédites, des jeux, et présentation du Moutain Gwòg, un produit alcoolisé made in BPC. Au milieu de tout cela, Barikad Crew ne performera pas à cette commémoration en l’honneur de ses membres fondateurs.

BC quatre ans après, des acteurs de BPC don-nent leur avis

Condagana (BC): Il y a encore la même idéologie, les mêmes objectifs : « Goumen pou sa w Kwè ». Toujours aussi discipliné et autant de métaphores. On n’abandon-nera pas, BC RED. Respect au génie de Fred Hype.

F-Ner (Majik Click) : Barikad aujourd’hui est beaucoup plus d’individualités qu’un ensemble. Je me demande si ce n’est pas une démoralisation des gars. Il y a un manque de planification, d’unification. La philosophie de BC était s’unir pour l’évolution positive du mouvement. On parle de cette révolution mentale dans l’album RED.

Doc Filah (Majik Click) : Le Barikad d’autre fois pré-sentait un ensemble compact où chacun jouait son rôle pour l’avancement de l’équipe « Goumen pou sa w kwè ». Quand tu disais Barikad, tu voyais le vibe qu’il faut. Mainte-nant sa production perd en qualité. Les disparus du 15 juin ont laissé un grand vide. S’ils étaient là, certains n’auraient jamais osé faire chevalier seul et nous offrir certaines chan-sons qui résonnent si mal. Le groupe n’a plus cette saveur qui me faisait lécher les doigts.

Plésius Junior LOUIS (JPL 109)[email protected]

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315 juin 2012No 641

C’est dans les locaux de la RTC que Shelove anime presque tous les jours, entre 6 h a.m. et 4 h p.m., les bulletins d’infos : « Jou pou jou, dat pou dat », « Point d’actualité de la mi-journée » et « Carnet Sportif ». Une fois franchies les portes de Caraïbe FM, la présentatrice plonge dans une aventure attrayante qui se dessine au quotidien. Responsable, dynamique et souriante, elle devient la sœur, la nièce, la cousine, voire la compa-gne rêvée de ses collègues de travail, qui prennent plaisir à l’épauler face aux exi-gences de son poste. En leur compagnie, Shelove met du cœur à l’ouvrage. Elle joue la collaboratrice parfaite. « A la radio je m’amuse. Quand je prépare les émis-sions, c’est comme si je suis chez moi, j’ai le soutien de toute l’équipe. C’est une atmosphère plaisante. On se taquine les uns les autres. On est toujours disposé à s’entraider. Comme ça, le boulot n’est pas stressant », nous raconte-t-elle.

Pourtant, avant, Shelove se voyait dan-seuse professionnelle. Sa fine silhouette est un atout. Mais en 2005, dans ses heu-res libres, la chroniqueuse trouve inopiné-ment sa voix. Une passion beaucoup plus captivante que lui apporte le sport.

A travers « Sporticibo », l’émission animée par Patrice Dumond, Shelove, en fidèle abonnée, a intégré l’univers des tifosis. Elle a passé plusieurs années à suivre régulièrement les analyses, com-mentaires et pronostics de Dumond pour mieux se former et s’informer. Jusque là, la présentatrice ne comptait pas se lancer dans le journalisme. « J’estimais que c’était un métier d’homme. Mais à force d’écouter cette émission, je me suis dit, si Patrice Dumont trouve sa passion à travers le foot, ça pourrait bien marcher pour moi », avoue-t-elle.

Malgré sa motivation, la traversée entre la danse et le sport parait énorme. L’hésitation est évidente puisque Shelove ne s’intéresse pas à ce secteur d’activité de-puis son tout jeune âge. « Je n’ai pas grandi dans une famille où il y avait des sportifs, nous confie-t-elle. La plupart des gens avec qui j’ai été élevée étaient en majorité des filles. Ce qui fait que le sport ne leur disait pas grand-chose. Donc les rares fois où je regardais des matchs de football, c’était les rencontres entre le Brésil et l’Argentine. »

Optimiste, la ravissante jeune fille fait le grand saut en se lance décidément dans la radio. Elle fait ses premières armes en 2008 comme co-animatrice d’une une émission compas avec Richard Devil sur RCH 2000 et à radio Galaxie. Ensuite elle anime parallèlement en 2009 « Hit Kreyòl » avec Paolo Charles sur le 106.5 FM (Planèt Kreyòl) et « Info 5 » sur la Télémax.

Un an plus tard, la catastrophe du 12 janvier, soudain, suscite son instinct

de journaliste et la motive un peu plus. Ainsi, Shelove intègre l’équipe sportive de Signal FM où elle collabore pendant un mois. Activement, elle cherche ce qu’il y a de mieux.

En 2010, Shelove est conviée à parti-ciper à une émission sportive de débats qu’un ami anime sur la RTC. Après avoir fait des analyses et pronostics fiables sur les quatre épiques qui allaient disputer les demi-finales, M. Patrick Moussignac, le directeur de la radio, la contacte et l’invite à rejoindre son équipe. Ainsi, depuis le mois d’août de cette année, Shelove considère désormais comme port d’attache.

Sur le plan professionnel, le journa-lisme ne permet pas à Shelove de gagner aisément sa vie. Toutefois, tant bien que mal, elle arrive à joindre les deux bouts avec le support de ses collaborateurs et la publicité qu’elle pratique aussi. « Certes, j’adore la communication, surtout le foot. Mais je ne me limite pas au sport. Sinon je n’arriverais pas à pourvoir à mes besoins », nous dit dans un sourire la présentatrice diplômée en marketing et en relations publiques.

Le sport est la musique de sa vie. She-love s’adonne à cette discipline ancrée dans ses mœurs depuis environ sept ans. Partout où elle se pointe, c’est un accueil chaleureux qui l’attend.

Si la critique a bien accueilli son talent de chroniqueuse, le timbre vocal de Shelove laisse toutefois à désirer. « On me le souligne parfois : ma voix n’est pas faite pour la radio. Je prends ces critiques positivement, pour m’améliorer et conti-nuer la course », nous confie-t-elle.

« Mes débuts étaient assez compli-qués avec les retransmissions. Parce que cela nécessitait beaucoup de concentra-tion et d’énergie. Il m’arrivait quelquefois de commettre certaines d’erreurs. Mais je n’ai pas baissé les bras. En 2011, j’ai pro-gressé par rapport à 2010. Cette année encore j’ai beaucoup appris », poursuit Shelove, qui veut terminer en beauté la Coupe d’Europe des nations.

A son arrivée à radio Caraïbe, ses col-lègues souhaitaient voir Shelove évoluer à l’image de Marie-Lucie Bonhomme ou Liliane Pierre-Paul, mais la présenta-trice est vite tombée en amour pour les sports. « Lorsqu’on m’a fait la remarque de m’orienter dans le même sens que Liliane et Marie-Lucie, j’ai rectifié : Pour-quoi pas ‘’Patrice Dumont et Jean Pierre Etienne ?’’ », ajoute-elle en souriant.

Aujourd’hui la notoriété de la présen-tatrice vedette de Caraïbe est grandis-sante. Shelove Perrin est sur le point de tirer les bénéfices d’une expérience richement vécue.

Dimitry Nader Orisma

Shelove PerrinFemme de footElle est de ces femmes qui ne se laissent pas intimider pour se faire valoir. Reporter, pré-sentatrice et publiciste, Shelove Perrin, 22 ans, ne voile pas son amour pour le football. Elle s’affirme depuis quelque temps sur les ondes de la Radio Télé Caraïbe (RTC). Une des rares personnalités à animer des chroniques sportives à la radio et sur le petit écran. Le déroulement de l’Euro 2012 la remet au devant de la scène. Récit d’un jeune talent qui brille aux côtés de Kesnol Lamour, Jacques Hantz Vilfort et Harold Domond sur le 94.5 FM et la chaine 22.

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4 15 juin 2012No 641

Dossiers Interdits

Par Gary Victor

XXII

-Connaissez-vous le syndrome du crabe ? me demanda un jour Ouari, alors que nous étions chez lui, dans la fraî-cheur d’un après-midi à Montagne-Noire, en train de déguster un whisky rare qu’un des clients de la SAD lui avait fait parvenir directement d’Écosse.

Je secouai la tête après un instant de réflexion.

-Le syndrome du crabe. Non… Cela ne me dit rien, Ouari.

Le patron de la Société anonyme de désenvoûtement se versa un nouveau verre d’alcool tout en soupirant.

-Et pourtant que de sociologues formés ici et à l’étranger ! Mais aucune étude réalisée sur l’homme haïtien. Sur notre manière de comprendre la vie, nos rapports avec nos semblables, nos rapports avec le visible et l’invisible. Une catastrophe, mon ami.

Je ne dis rien, pressé que j’étais qu’il éclaire ma lanterne sur ce fameux syn-drome qui m’intriguait maintenant.

-Syndrome du crabe, mon ami. Visua-lisez un panier plein de crabes. Tous les crabes doivent rester dans le panier. Si l’un essaie de sortir, les autres l’attrapent avec leurs pinces et le forcent à redescen-dre. Il faut que tous ensemble ils sortent du panier sinon tous ils restent.

-C’est une forme de solidarité, remar-quai-je prudemment.

Ouari me fusilla du regard.-Dans la vie, cela donne des cas de

figure assez curieux. Dans une commu-nauté, tout le monde doit rester sur le même pied d’égalité. Il ne faut pas se distinguer des autres. Surtout pas par le travail. On n’accepte qu’on se différencie du groupe que si la raison de cette dif-férenciation peut ramener, dans l’esprit, le sujet à sa case départ. Li gendwa vòlò, li gendwa nan politik, li gendwa pran pwen, li gendwa genyen nan bòlèt. Il ne faut pas que la cause de sa réussite soit

respectable.C’était vrai ce que Ouari disait. Je ne

m’étais jamais réellement aventuré dans de telles réflexions. Le patron de la SAD se leva pour aller vers son bureau. Il prit un dossier dans un tiroir, puis revint s’as-seoir en face de moi.

-Ce dossier, je l’ai intitulé : Le syn-drome du crabe. C’est une histoire assez originale qui nous a donné pas mal de fil à retordre. Au début, nous avons été assez étonnés de la demande du client. Il s’appelait Ralphden. C’était un com-merçant dans un marché d’une ville de province. Permettez que je ne donne pas plus de détail. Il est venu à la SAD un lundi matin, vêtu comme s’il allait à l’église. C’était le prêtre du coin, un ami à moi, qui lui avait conseillé de venir me voir jusqu’à Port-au-Prince.

-Je suis vraiment impatient d’écouter la suite, Ouari, lui dis-je, impressionné par la force du whisky et me demandant si j’allais me verser un troisième verre.

-Ralphden est dans la soixantaine, mais il en paraît à peine cinquante. Il vient de recevoir de son fils qui est parti depuis une dizaine d’années en Guyane française une coquette somme d’argent. Son fils veut qu’il modernise son com-merce au marché. Il sait que son père ne viendra pas vivre à l’étranger, mais il tient à ce qu’il travaille dans de meilleu-res conditions. Mais Raphden connaît trop bien son milieu. S’il se différencie des autres commerçants du marché en donnant une autre allure à sa boutique, il peut se retrouver sous terre en moins de temps qu’il en faut. Et il n’entend pas non plus partager l’argent de son fils avec tous les gens du marché pour que tous ensemble yo fè yon ti pa devan, ce qui en fait ne représenterait rien du tout.

-Il va demander conseil au prêtre, je continue.

-Vous avez deviné. Heureusement, le

religieux me connaissait. Il sait que c’est une affaire de mon ressort. Sauf qu’il n’y a pas encore d’affaire. Rien ne s’est encore passé. Il y a seulement présomption. On pense que mal peut être fait à un citoyen voulant se distinguer des autres. Je dois dire que mon agent Bernard Sourbier et moi avons écouté le bonhomme avec beaucoup d’intérêt. Ensuite, on lui a demandé s’il savait comment procéde-raient les crabes si effectivement il suivait les recommandations de son fils. Il n’avait aucune idée. Il nous raconta seulement comment trois personnes du marché avaient péri pour des choses absolument insignifiantes. L’un s’était vanté d’avoir bouffé de la poule cinq dimanches de suite. Un autre avait cru pouvoir acheter une belle jeep pèpè de Miami et parader au volant du véhicule. Le dernier s’était gaussé d’être le seul à avoir épousé une belle fille de peau claire et d’une ving-taine d’années plus jeune que lui alors que tous ses compères devaient s’exhi-ber avec leur femme ou leur concubine fripée et bon pour le placard. Cher ami, c’est une communauté que Sourbier a qualifié d’enfer de l’égalité.

Ce que venait de me raconter Ouari était effrayant. C’était vrai cependant que nous vivions dans une société où tout un chacun avait une peur panique de la ja-lousie de l’autre. Dans certaines familles, dans certains quartiers, on cachait même les notes d’un enfant si elles étaient excellentes, préférant mentir en feignant de se lamenter des mauvais résultats de son rejeton.

-Comment vous vous êtes pris pour résoudre ce problème ?

-Un véritable casse-tête en effet. Je dois vous dire qu’au début nous avons hésité à traiter ce cas. Mais Ralphden a insisté. Il a dit qu’il ne voulait pas dé-plaire à son fils qui s’était saigné pour lui envoyer l’argent. Il ne voulait pas passer

pour un ignare aux yeux de son fils. Il prévoyait cependant les dangers, mais il était certain qu’il y avait un moyen de les éviter.

-Pourquoi n’a-t-il pas prétendu que, cet argent, il l’avait gagné au jeu ou qu’il l’avait reçu du diable ?

-On a bien posé la question à Ral-phden. Il nous a répondu qu’il ne fallait pas prendre les gens de l’arrière-pays pour des idiots. Personne ne croirait à la thèse du jeu ou du diable. Ralphden était connu comme un chrétien intraita-ble. Personne ne l’avait jamais vu jouer même une seule fois. Il ne pouvait pas aussi se faire passer pour membre d’une plate-forme politique ni pour un trafi-quant de drogue, encore moins pour un contrebandier.

Je regardai Ouari, l’air effaré.-Vous essayez de me faire compren-

dre, Ouari, que dans la communauté où vit Ralphden, personne n’a le droit de réussir honnêtement, même pas la première génération.

-Le syndrome du crabe, cher ami.-Comment Ralphden arrive à vous

convaincre de l’aider ?-Il nous dit qu’il a fait une journée de

route dans de fort mauvaises conditions pour venir nous voir, pensant, comme lui avait affirmé le prêtre, que nous étions capables de l’aider. L’homme est au bord des larmes. Finalement, nous ne pouvons rien faire d’autre que d’accepter. Ce que nous propose Ralphden comme honorai-res est dérisoire, tout ceci pour que vous ne pensiez pas que j’ai accepté cette affaire uniquement pour l’argent.

-Je sais… La SAD défend aussi la veuve et l’orphelin.

Je ne sais s’il y a de l’ironie dans mes paroles. Ouari me jette un regard mau-vais.

-Pensez ce que vous voulez. Mais d’avoir résolu une affaire qui n’avait même pas commencé est sans doute l’une de nos fiertés.

-Vous l’avez résolue comment ?-Nous avons commencé par soumet-

tre Ralphden à un interrogatoire serré. L’individu, immergé dans son milieu ha-bituel, ne fait pas attention à des détails pourtant signifiants. On lui a demandé de nous faire une liste et un portrait de toutes ses fréquentations au marché où il fait commerce. Ceux qu’il considère comme ses amis. Ceux à qui il accorde sa confiance. Ceux dont il se méfie pour une raison ou une autre. Nous lui avons demandé qui parmi fréquentaient les sorciers, les sosyete, qui étaient chré-tiens. Nous avons tiré de lui le maximum d’informations. Mais, bien sûr, de loin, de Port-au-Prince étant, on ne pouvait pas être opérationnel.

-Vous êtes allés au village de Ral-phden ?

-Non… J’y ai envoyé Sourbier en lui demandant de rester en contact réguliè-rement avec moi. Nous avons demandé à Ralphden d’attendre notre feu vert avant d’opérationnaliser, disons sa différencia-tion.

-Histoire intéressante, dis-je. Com-ment Sourbier s’y est-il pris pour résou-dre cette délicate affaire ?

-Mon ami, j’ai appris une chose. Dans un groupe donné, un nombre toujours significatif de gens fait en sorte consciemment ou inconsciemment de perpétuer des manières de penser pour maintenir un ordre social. Mais il est toujours donné à quelqu’un où quel-ques-uns d’opérationnaliser la punition. Les gardiens de l’ordre sont toujours pré-sents. Mais les identifier et les neutraliser n’est pas toujours chose facile.

-Ces gardiens de l’ordre, ce sont les rois des crabes ?

-Les rois ou les reines des crabes. Vous serez assez étonné de la suite de cette histoire.

-Je vous écoute, Ouari, lui dis-je, le cœur battant.

LE SYNDROME DU CRABE

Page 5: Shelove Perrin - Femme de foot

515 juin 2012No 641

Bâtis

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lende

main

La reconstruction d’un pays dévasté prend du temps, de l’énergie et de la patience. C’est pourquoi le thème de cette année pour l’Entrepreneur de l’Année en Haïti est « Bâtissons pour notre Lendemain» - exactement ce que tous les entrepreneurs que nous avons rencontrés depuis 2010 ont été si déterminés à faire. Le programme Digicel Entrepreneur de l’Année vise à identifier, récompenser et cultiver les entrepreneurs - nouveaux chefs d’entreprise - dont le dynamisme et l’initiative peuvent donner à Haïti de nouvelles bases économiques. La compétition débutera avec quatre finales régionales. De ces finalistes régionaux émergeront les 24 prétendants pour le titre national. Pour plus de détails et une forme de candidature:visitez www.digicelhaitientrepreneur.com ou téléphonez 46 44 27 47

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Page 6: Shelove Perrin - Femme de foot

6 Vendredi 15 juin 2012

L'Italie s'est laissé reprendre par la Croatie (1-1) sur un nouveau but de Mario Mandzukic (72), son troisième à l'Euro-2012, faute d'avoir arrêté de jouer en seconde période après avoir ouvert le score, jeudi à Poznan.

Et la Croatie n'a toujours pas perdu contre l'Italie depuis son indépendance en 1991... Après avoir été dominée et menée au

score sur un coup franc direct superbe d'Andrea Pirlo (39), elle a pris les cho-ses en mains à la pause et a obtenu l'égalisation par "Super Mandzo". Finalement chaque équipe a eu sa période et le nul est juste.

L'équipe au damier rouge et blanc garde son destin en mains avant d'affronter la redoutable Espagne au dernier match, lundi. On ne donnait pourtant pas cher de sa peau après une première période ratée, où une Italie joueuse l'avait privée du ballon.

Mais portée par la foi en son talent, elle est revenue métamorpho-sée après la pause et a crânement attaqué.

Si Mandzukic peut s'estimer heureux que l'UEFA lui ait attribué un doublé contre l'Eire, le troisième but devant beaucoup à la poisse du gardien irlandais Shay Given, son but contre l'Italie ne doit rien à personne. Surgi dans le dos de Giorgio Chiellini, il a réussi un excellent contrôle sur un centre profond d'Ivan Strinic avant de

mais cette fois sur la pelouse. Après l'égalisation, l'arbitre anglais Howard Webb a même arrêté le match pen-dant une minute à la demande du gardien italien Gianluigi Buffon, pour attendre que la fumée provoquée par de nouveaux fumigènes se dissipe devant ses buts (74e).

L'Italie, malgré sa toute nouvelle défense à cinq, étrennée contre l'Es-pagne, n'a pas su contenir les Croa-tes. Comme contre l'Espagne, elle a gaspillé son avance, et elle peut s'en mordre les doigts, car elle avait le match en mains.

Il n'y avait qu'elle en première période, et même si la faute sur Mario Balotelli à l'origine du coup de pied arrêté était bien légère, le but de Pirlo récompensait sa domination d'ensem-ble et son contrôle du ballon.

Cesare Prandelli avait conservé entièrement l'équipe qui avait tenu en échec l'Espagne (1-1), avec Mario Balotelli à la pointe de l'attaque.

Quelques instants auparavant, l'Italie s'était créé une énorme occa-sion par Claudio Marchisio, contré devant le but par deux excellents arrêts de Stipe Pletikosa (37).

Le milieu de la Juventus Turin avait été superbement lancé par Antonio Cassano, qui a disputé un bon match. Jugé "à 70%" par son sélectionneur, "Fantantonio" a joué 83 bonnes minutes, et s'est un peu fait pardonner ses déclarations sur les homosexuels.

Comme le redoutait Prandelli avant le début du tournoi, l'Italie jouera sa qualification contre l'Eire de son ancien maître Giovanni Tra-pattoni.

Euro-2012 - GroupE C

La Croatie rattrape l’Italie

Le Croate Darijo Sma applaudit ses fans après son match nul 1-1 contre l’Italie

L'Euro-2012 a fait sa première victime jeudi dans le groupe C avec l'Eire, première équipe éliminée, humiliée par l'Espagne (4-0), tandis que l'Italie va stresser jusqu'au bout par la faute de son deuxième nul contre la Croatie (1-1).

Dans le groupe C, la Croatie et l'Espagne sont donc en tête avec 4 points, suivies par l'Italie, 2 points, et l'Eire,

sans aucun point et d'ores et déjà condamnée.

La dernière journée de cette poule sera pleine de suspense pour les trois équipes encore en course lundi avec Croatie-Espagne et Italie-Eire.

Cette dernière affiche, c'est exac-tement ce dont ne voulaient pas les

fans de la Nazionale. Car à la tête des Verts irlandais il y a un Italien, et pas n'importe lequel, Giovanni Trapattoni, entraîneur mythique.

L'Eire sera-t-elle complètement démotivée par son élimination ? Cherchera-t-elle au contraire à quitter le tournoi par un succès ? Le "Trap"

réservera-t-il à ses compatriotes un de ses tours dont il a le secret ?

Face aux Croates, les Italiens avaient pourtant bien commencé en ouvrant la marque par un superbe coup franc direct de Pirlo. Mais ce diable de Mandzukic a surgi pour égaliser pour la Croatie et monter sur

la première marche du classement des buteurs où sont déjà installés Gomez (Allemagne) et Dzagoev (Russie), chacun avec 3 unités.

Les Croates, en cas de victoire, auraient pu être la première équipe qualifiée pour les quarts de finale dans cet Euro. Ils peuvent nourrir des regrets.

La première élimination est venue de l'autre match avec une rencontre facile pour les champions d'Europe et du monde en titre. Le sélectionneur Vicente Del Bosque, très critiqué pour avoir concédé le nul pour son premier match contre l'Italie (1-1) en jouant sans attaquant pur --avec Fabregas en pointe-- avait changé son fusil d'épaule cette fois-ci.

Torres a ainsi été titularisé. Avec une récompense presque immédiate puisqu' "El Nino" a ouvert le score à la 4e minute, avant d'aggraver le score à la 70e minute. Silva et Fabregas ont ensuite corsé le score pour la "Roja", qui a apprécié sa balade irlandaise.

Euro-2012 / GroupE C

L’Irlande du Sud, première éliminée

Torres : deux buts pour s’imposer face à l’Eire

battre Gianluigi Buffon, avec cette fois la complicité du poteau.

Le stade Municipal de Poznan a explosé de joie, et la Croatie, sur sa lancée, aurait même pu gagner le match et verrouiller sa qualification

pour les quarts.

Pirlo décisifSes bouillants supporteurs se sont

aussi distingués par de nouveaux jets de fumigènes, comme contre l'Eire,

Page 7: Shelove Perrin - Femme de foot

Vendredi 15 juin 2012 7

F o u s d e f o o t

Après toute cette pléiade de suc-cès enregistrés à travers diffé-rents rallyes organisés en Haïti et en République voisine, le "

champion de l'île Quiskeya ", Manu de Heusch-Desquiron, part cette fois-ci à la conquête du rallye du Maroc, avec toujours comme objectif : se faire la première place.

D'une durée de six jours sur un total de 2000 km, telle sera l'étape à parcourir par Manu de Heusch-Des-quiron, à l'occasion de sa participation au Maroc à la 8e édition du Rallye PANAFRICA prévue du 9 au 16 sep-tembre 2012.

Affichant une volonté de parti-ciper, Manu croit beaucoup en ses possibilités de faire bonne figure jusqu'à même l'emporter face aux autres concurrents sur sa Can-Am Renegade 1000 cc spécialement préparée et renforcée pour les rallyes dans le désert africain.

Un énorme défi à relever pour le champion de l'Ile Quiskeya qui a tou-jours prouvé que rien n'est impossible à condition bien sûr de maintenir la flamme.

Après une traversée du sud de l'Espagne (Almeria) à Nadar (Maroc) en ferry, les participants auront à parcourir six étapes : Nadar-Atlas, Atlas-Erfoud et Erfoud-Rekam pour ensuite bénéficier de deux jours de repos avant de reprendre la route pour retourner à Nadar.

Comme cela a l'habitude de se

faire en Haïti à l'occasion du déroule-ment des rallyes, le parcours ne sera pas fléché ,la navigation dans le de-sert se fera par GPS et par carte pour

suivre l'évolution des coureurs répartis sur 4 x 4, camions, Quad et All Terrain Vehicule (ATV) où ils seront munis d’une balise (boite noire) .

SporTS moTorISéS / raLLyE

Direction MarocTenant compte de l'énormité des

frais que nécessite la participation à ce grand événement, Manu de Heusch-Desquiron compte beaucoup sur la bonne foi du secteur public ainsi que la communauté des affaires afin de l'aider à hisser bien haut le drapeau haïtien en terre étrangère.

Le palmarès du champion de l'île de Quiskeya se présente ainsi :

2e place Rallye OffRoad Navi-deno (République dominicaine) en 2008 catégorie novice

2e place Rallye Semage (Républi-que dominicaine) en 2009 catégorie expert

1ère place Rallye Playero (Répu-blique dominicaine) en 2010 catégo-rie expert

1ère place Rallye Semage (Répu-blique dominicaine) en 2010 catégo-rie expert

1ère place Rallye Frontera in-ternational de 3 jours et 1000 km (République dominicaine) en 2011 catégorie expert

2 e place Rallye « Le Choc des Titans » Cayes, Haiti 2011 catégorie expert

Ajoutez les succès connus à diffé-rents rallyes organisés en Haïti dont le dernier exploit remonte au dimanche 3 juin dernier à l'occasion de la 2e édition du Rallye Toro où il a obtenu une fois de plus la première place.

Sponsors à vos marques !

Emmanuel Bellevue/[email protected]

manu de Heusch-Desquiron espère représenter Haïti au rallye du maroc en catégorie expert 4X4

Page 8: Shelove Perrin - Femme de foot

8 15 juin 2012No 641

René Philoctète « Ces îles qui marchent », P-au-P, (coll.

Spirale), Fardin, 1976. Mémoire, 1992 La voix d’un homme attaché au

terroir, avec des mots de tous les jours, nous plonge dans un univers de beauté, de grandeur où l’humain reprend sa place. Dans un monde de plus en plus conduit par des enjeux économiques, la poésie de René Philoctète est pour moi un ancrage et un envol. Ancrage dans les valeurs humanistes profondes, envol vers la création littéraire. C’est un de mes livres de chevet. Celui vers lequel je me tourne quand la vie fait trop mal, celui qui me soulage quand je doute trop de l’avenir de l’homme.

Anthony Lespès « Les semences de la colère », P-au-P,

éditions Fardin, 1983. Un livre dont on ne parle pas assez et

que l’Education nationale devrait inclure dans le programme officiel. Mais nous sa-vons tous que, malheureusement, le cur-riculum de l’Education nationale ne fait pas acte des livres qui pourraient amener les jeunes Haïtiens et Haïtiennes à mieux appréhender leur réalité et à apprécier la beauté de la littérature haïtienne. Un livre fort, sans complaisance mais plein d’humanisme et de grandeur. Un oeuvre qui soulève des questions profondes de ressources mal distribuées, d’hommes et de femmes exploités, de vies trop sou-

Des livres qui ont marqué….

Evelyne Trouillot nous en parle

« Pour l’écrivain, la littérature est cette parole de Roland Barthes qui dit jusqu’à la mort : « Je ne commencerai pas à vivre avant de savoir quel est le sens de la vie. » Evelyne Trouillot, romancière, auteure de « Rosalie, l’infâme », « L’œil totem », est une voix, parmi tant d’autres, qui dénonce les horreurs d’un monde de plus en plus dominé par la cupidité humaine. Lauréate en 2010 du Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde pour son roman « La mémoire aux abois » - une réécriture de l’histoire, un va-et-vient entre l’imaginaire et le réel -,Evelyne nous fait part des livres qui l’ont marquée et dans lesquels les mots se font complices de son malaise ou de son refus de vivre. « J’ai dû faire un choix très difficile, dit-elle, et je me sens encore tiraillée d’avoir laissé de côté tant de livres qui font partie de moi. »

vent détruites pour satisfaire les intérêts matériels et les envies d’accumulation de richesses. Des pages de questionnement qui vous prennent aux tripes et vous emballent, qui vous font croire en l’avenir de l’homme, en la nécessité de lutter pou un avenir meilleur.

Marguerite Duras« Moderato Cantabile », Paris, éditions

de Minuit, 1958Un livre qui m’a tenue en haleine, m’a

retenue, qui me lance encore des clins d’œil et qui sommeille en moi quand j’écris. C’est d’une telle structure, d’une telle sobriété et d’une telle beauté que quand je pense offrir ou recommander un livre à quelqu’un, je pense tout de suite à « Moderato Cantabile ». La vie s’y trouve avec son ennui, sa passion, son ivresse, son mal de vivre, sa tendresse.

Elif Shafak « La Bâtarde d’Istanbul », Paris, édi-

tions Phébus, 2007Un livre que j’ai découvert par hasard

il y a deux ou trois ans et qui m’a tout de suite happée par la force de l’écriture, la construction intelligente et fine du récit. Je me suis retrouvée plongée dans un univers à la fois nouveau et familier. Une famille turque, avec des coutumes, des habitudes culinaires qui se découvrent comme des petits plats, l’histoire d’un pays avec sa charge de grandeur et de

périodes sombres, avec en filigrane le spectre troublant du « génocide » armé-nien dont la simple évocation suscite un monde de ressentiments, mais aussi sentiments humains universels , avec leur complexité et leur subtilité, la résurgence de blessures qu’on croit guéries d’une génération à l’autre. Étant toujours intéressée par la thématique de l’immi-gration, ce qui m’a interpellée en lisant « La Bâtarde d’Istanbul », c’est le drame de ceux qui veulent s’adapter à un nouveau mode de vie si différent de celui qu’ils ont laissé dans leur pays natal. C’est un roman dont l’intrigue riche et complexe vous fait réfléchir, dont les personnages vrais et inoubliables deviennent des indi-vidus avec qui on a envie de continuer la conversation.

Antoine de Saint-Exupéry « Le Petit Prince », publié à New York

en 1943 et en France en 1944.« Le Petit Prince » est un joyau, un

livre sans âge, sans lieu, où l’imaginaire est roi, où tout est permis sauf ce qui peut blesser l’autre et faire mal. C’est la beauté universelle et ineffable du livre, ce plongeon apparemment simple dans l’imaginaire, cette langue belle et claire où les mots frappent de façon juste et nette et nous renvoient à ce qui est essentiel. A tous les coups. Faire fi de tout ce qui entrave les relations entre les êtres, valoriser l’amitié, respecter la différence de l’autre, s’ouvrir malgré sa peur et devenir plus grand à ses propres yeux, les leçons du petit prince sont intemporelles. Mais ce qui demeure aussi pour moi ce sont les dessins attachants qui font sourire et rêver ; c’est cette sil-houette menue et inoubliable, ce foulard intrépide et cette délicieuse envie de dire aussi : « Et c’est ainsi que je fis la connais-sance du petit prince. »

Propos recueillis par Ladouceur Rosny

[email protected]

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A l’occasion de la commémoration du décès de Lenord Fortuné dit Azor, « Racine Mapou », en collaboration avec Caracoli, lance une série d’activités de juillet et à octobre 2012 pour rendre hommage au samba disparu. La majorité des musiciens qui constituent le groupe étaient là au moment de sa fondation. Ils ont accompagné Azor pendant plus de dix-sept ans.

Le projet consiste d’abord à produire un CD qui comportera 12 titres, mêlant morceaux phares du groupe, nouvelles compositions et interprétations réalisées par des artistes invités tels Boulot Valcourt, Brothers Posse, Gracia Delva, Joël et Widmaïer.

Le lancement de cet album est prévu pour la fête de Saut-d’Eau. Cette activité est la principale fête patronale du pays, qui réunit environ 200 000 personnes venues des onze départements et de l’étranger. Depuis plus de quinze ans, le groupe “Racine Mapou de Azor” y joue chaque année, pendant cinq jours consé-cutifs, du 12 au 16 juillet.

Deux soirées de lancement sont ensuite programmées à Port-au-Prince au mois d’octobre (dates et lieux à définir). Entre ces deux périodes, le groupe jouera dans plusieurs villes du pays. 26 juillet : Anse à Pitre ; 11 août : Marchand Dessali-nes ; 17 et 20 août : Gelée ; 28 août : St Louis du Sud, 3 septembre : Cavaillon. Un vidéo-clip est prévu pour le mois de septembre.

L’intégralité des deux milles copies du CD sera offerte gratuitement pour la promotion au public de Saut-d’Eau, lors desdites soirées de lancement, à la presse et aux sponsors. Enfin, au cas où le préfinancement du CD ne serait pas totale-ment atteint, les exemplaires non-promotionnels seront vendus au prix maximum de cent gourdes.

Les musiciens du groupe sputiennent que Azor est encore vivant dans l’âme du groupe et que chaque année ils comptent organiser des activités pour saluer sa mémoire.

Elisée Dé[email protected]

« Racine Mapou » honore Azor