les beaux mariages provenÇaux - in vino veritas

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BIMESTRIEL - 7,70 France/Belgique/Pays-Bas/Luxembourg 7,70 / Allemagne/Espagne/Italie 11,55 / Suisse 13,3 CHF / Canada 13,3 $ / USA 10 $ / AFS 38,5 / Australie 11 $ P708338 • DÉGUSTATION D'EXCEPTION • ICONES : YQUEM • WINE AFICIONADO • MOINS DE 8! • ENQUÊTE LECTEURS IVV ALTO ADIGE IVV Travel LES BEAUX MARIAGES PROVENÇAUX LES BEAUX MARIAGES PROVENÇAUX BLAYE Dossier IVV Février/Mars 2010 n°140 NOUVELLE FORMULE !

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LES BEAUX MARIAGESPROVENÇAUXLES BEAUX MARIAGESPROVENÇAUXBLAYEDossier IVV

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IVV « new look » le pourquoi du comment...

Vous avez été nombreux à répondre à notre enquête lecteurs, à nousfaire part de votre enthousiasme, de vos souhaits, de vos critiques

aussi.Nous avons tenu compte des trois. Vous avez le résultat dans les mains,la nouvelle formule de VOTRE magazine.Vous étiez nombreux à trouver que notre maquette datait un peu (15ans, pour tout dire), et surtout qu’elle manquait de clarté. Nous l’avonsadaptée.Vous avez souhaité de nouveau rendez-vous, de nouvelles rubriques.Vous les découvrirez dans ce numéro. Ainsi que quelques nouvellessignatures, qui viendront régulièrement nous faire profiter de leurexpérience.Vous avez souhaité plus d’ouverture vers toutes les gammes de prix.Une rubrique est maintenant consacrée aux vins de petits prix.

Plus globalement, nous avons voulu apporter à IVV une touche encoreplus personnelle.Derrière les vins, et derrière les articles, il y a des gens ; et nous avonsmis l’accent sur eux. Pas pour faire « people » - rares sont les « people» parmi nos interviewés ou parmi nos intervieweurs ; plutôt pourmieux rendre compte de l’élément humain dans les vins de caractèrequi sont ceux qui vous intéressent, en définitive.Quoi qu’il en soit, la forme ne doit pas masquer le fond. Vous appréciez notre indépendance, l’esprit incisif de nos chroniqueurs. De ce côté là, rien ne change.Alors, bonne lecture. N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques.Cette enquête nous a permis de découvrir à quel point le lien que vousentretenez avec IVV est fort. Nous ferons tout pour le préserver.

Hervé Lalau & Philippe Stuyck

Février/Mars 2010 n°140

EDITO SOMMAIRE

Beaux mariages à la Provençale

Grande enquête lecteurs In Vino Veritas

Wine Aficionado : Les Brigittines & Couvert Couvert

Les Grands Crus d’Alsace expriment-ils leurs terroirs?

Découvertes en Alsace

Ces pages oubliées : Le Chatu

Dossier Blaye

Vigneron de l’extrême : Vertige en Franconie

Oeno : Le point sur la biodynamie (1ère partie)

Dégustation d’exception

Calendrier des dégustations

Si l’Yquem m’était conté

Le corbeau & le pinard : Reblochon

Vin certifié biologique...

Vins à - de 8€

Australia revisited

Au Nord du Sud, l’Alto Adige

English wine rules ok?

� RÉDACTION - ADMINISTRATION - ABONNEMENT :A.P.I.C. - Dieweg 294 - 1180 Bruxelles - Belgique - Tél : +32(0)2.375.44.44 - Fax : +32(0)2.375.52.51

� BANQUE : 210.0461297-17 - [email protected]� RÉDACTEUR EN CHEF : Philippe STUYCK

� RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT : Hervé LALAU

� PUBLICITÉ : A.P.I.C. - Dieweg 294 - 1180 Bruxelles - Belgique - Tél : +32(0)2.375.44.44 - Fax : +32(0)2.375.52.51� BANQUE : 210.0461297-17 - [email protected]� EDITEUR RESPONSABLE : Philippe Stuyck, Dieweg 294, B-1180 Bruxelles� RÉDACTION : Bernard ARNOULD, Fabian BARNES, Johan DE GROEF, Gérard DEVOS,

Jean-Yves HINDLET, Guido JANSEGERS, Hervé LALAU, Fiona MORRISON, Youri SOKOLOW, Philippe STUYCK, Marc VANHELLEMONT, Ann VAN STEENBERGEN

IVV paraît 6 fois par an. Les textes et les annonces n’engagent que les auteurs et les annonceurs. ISSN 0779-2565

www.invinoveritas.apic.be • http://ivv.skynetblogs.be/

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Quelques agréables flacons provençauxaccompagnent avec grâce et pertinencequelques mets tout aussi méridionaux.

Des accords hauts en couleurs.

Accords à la carteAmuse-bouches de Jacques Chiboisde la Bastide St Antoine à Grasse

Tartelette à la tomate, à l’artichaut et à l’œufUne tartelette de pain de mie dans laquelle lesœufs battus lient la tomate à l’artichaut.L’amertume de ce dernier est adoucie par lesoignons blancs sautés à l’huile d’olive. L’ail, lebasilic, la roquette et l’olive noire complètentle tableau provençal.Praetor 2008 Côtes de Provence du Châteaud’AilleSaumon très pâle avec une note dorée, le nezse place entre l’abricot et le melon avec unefeuille de menthe et une pincée de poivre.Bouche fraîche et onctueuse mais avec unelégère aspérité bienvenue pour les accords. Lefruit la heurte et se disperse dans tout le palais. Accord : deux écueils pour le vin, l’amer de l’ar-tichaut et l’acide de la tomate. Le rosé s’en sortavec beaucoup de bonheur. Il muselle le pre-mier et tire profit du second pour développerses arômes et les conjuguer avec ceux de latartelette. Quant à l’huile, l’aspérité structurelledu vin la gomme.Praetor 2008 : les Cinsault et Grenache quicomposent l’assemblage poussent dans un ter-rain d’argile sableuse exposé au sud-est. Les rai-sins sont pressés après une courte macération.Le vin s’élève 3 mois en cuve sur lies bâton-nées.

Château d’Aille : un domaine de 172 ha dont80 ha consacrés à la vigne. Adossé aux pre-miers contreforts du Massif des Maures àdeux de Vidauban. La rivière Aille borde ledomaine occupé depuis l’époque romaine.Une antériorité que le vin aime nous rappe-ler… Praetor, Triumvira et autres Centuriondéfinissent les différentes gammes propo-sées.

La fraîcheur du Melon à la Tomate

1 melon et 1 tomate s’épluchent, se décou-pent en cubes. Salés et poivrés, ils sont sau-tés à l’huile d’olive 1mn sur un feu fort sont,puis mixés avec 3 feuilles de basilic, 3 gouttesde citron et refroidis au frigo. Une marmela-de douce acidulée très expressive.Il faut du costaud qui n’en a pas l’air !Clairette de Roquefort 2008 au nez d’aman-de, d’absinthe et d’aubépine, apporte unenote florale. Puis, la bouche, au très légerperlant, forte de sa pointe aigue incise enco-re plus finement la compotée, la cisèle d’untrait d’iode, la pile sur son font minéral, ajou-te son cristal de sel. Alors, baigné dans unefraîcheur qui rappelle les embruns d’hiver,tomate et melon se subliment et donnentl’impression de flotter au milieu du palais.Clairette de Roquefort 2008 : les vignes deClairette, qu’on appelle localement « petit salé » poussent dans le calcaire depuis

1954. Exposées au nord et perchée à 380 md’altitude, elles sont récoltées au début d’oc-tobre ; les raisins sont égrappés et légère-ment foulés. Puis vient la macération pellicu-laire, le pressurage et la fermentation alcoo-lique, la malo est bloquée. Élevage en cuvebéton.Château de Roquefort : Rocca Fortis, sur leversant est des hauteurs de Cassis s’entourede 24 ha de vignes. Raymond de Villeneuvemène la barre de cette nef calcaire, grandcirque d’éboulis protégé de la folie duMistral… et de celle des hommes. Un site quipermet la culture en biodynamie.

Entrées froides

Méli mélo de légumes de Max Callégari et ThierryDiderich du Logis du guetteur aux Arcs sur Argens

Aucun artifice pour cette présentation delégumes de saison. Ils sont préparés de deuxmanières : taillés finement et plongés dansdes glaçons pour les carottes, céleris, navets,courgettes,… ou taillés pareil, mais cuits aubouillon et laissés al dente également pourles carottes, navets, céleri, fenouil…Ce méli-mélo s’accompagne de frite de moz-zarella panées à l’anglaise et de mesclun,fleur de sel, poivre et trait d’huile d’olive.Rien de plus compliquer que d’associer unvin à des légumes !

EXERCICE DE STYLE

À LA PROVENÇALE

LES BEAUX MARIAGES

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La Courtade 2007 Côtes de ProvenceRobe platine à reflets dorés, un nez minéralqui évoque les blancs rhénans, nuance amu-sante pour cet îlien qui s’embellit toutefoisune note iodée assez marquée, histoire derecoller au terroir maritime de Porquerolles.La bouche avoue le même penchant minéralet ajoute quelques fruits blancs et du poivrequi libère son piquant, une fleur sèche en fina-le, l’immortelle marine au parfum musqué. Avec les légumes : le vin surprend, étonne ! Ilrend la table volubile et sublime le célericuit ou cru, apporte un supplément de cro-quant à la courgette, déglace le navet, faitcrisser le fenouil et glisser les carottes.Quant aux frites, elles se tendent chargéesde minéral, puis deviennent légères, toutesparfumées de fleurs et d’épices.La Courtade 2007 : un 100% Rolle en courtemacération pelliculaire suivi d’un pressuragelent de 6 h. Fermentation alcoolique enfoudre, pas de malo et un élevage en piècede 11 mois sur lies fines bâtonnées. Le Domaine : 30 ha de vigne sur une île aularge d’Hyères, en marge de 1250 ha de parcnational. Un sol de schiste finement faillé oùse mêlent eau douce et eau saumâtre. Unrêve animé par Richard Auther, le fondateurdu vignoble.

Salade de filets d'anchois frais aux avocats deJacques Chibois de la Bastide St Antoine

Un lit de lamelles d’avocat légèrementébouillantées sur lesquelles viennent sedéposer les filets d’anchois marinés. Sel etsucre apportent leur goût au poisson ; filetd’huile d’olive, citron, gingembre, graines defenouil et aneth leur parfum. Une poignée demesclun rafraîchit l’assiette.

Rosé Cuvée Clarendon 2008 Côte deProvence Domaine GavotyUne robe saumon pâle où quelques refletsdorés scintillent. Floral au nez relevé d’unpeu de poivre, délicat avec une note de paind’épice et de garrigue. La texture onctueuse,mais néanmoins bien fraîche, se love enbouche et installe dans la spirale, fruits etfleurs, épices et condiments, ornement subtilqui colore l’espace palatin de melon, gro-seille, arbouse, chrysanthème, myrtes, curcu-ma, laurier, … défilé aromatique exquis etvarié. Accord : le rosé luit de ses écailles chamar-rées, attirent le regard et prédispose à l’ac-cord. Son acidité entame l’onctuosité del’avocat et y plante fruits et fleurs. Puis, glissesur les filets, se tresse de citron et ajoute sesépices et condiments qu’il saupoudre géné-reusement. Du mesclun, il n’en fait qu’unebouchée, plus attentif à la chair marine qu’ilsublime d’accents fruités. En final, un légertrait amer vient aviver le palais qui en rede-mande. Rosé Cuvée Clarendon : les 40% de Syrahs’assemblent aux Grenache et au Cinsault,ces deux derniers macèrent quelques heures,la Syrah est issue d’une saignée. Domaine Gavoty : à Cabasse sur le site dugrand Campdumy, le domaine s’étend sur 45ha. Six générations s’y sont succédé depuis1806. Aujourd’hui, c’est Roselyne Gavoty quigère ce champ de vignes provençal. Malgré larelative proximité maritime, le climat peut yêtre rude et les gelées printanières particu-lièrement destructrices.

Brandade de rougets de Max Callégari et ThierryDiderich du Logis du Guetteur aux Arcs sur Argens rosé

Les filets de rougets se cuisent dans le laitaillé, puis sont écrasés avec des pommes deterre cuites à l’eau et un filet d’huile d’olive.D’autres filets se poêlent, s’émiettent etrejoignent la brandade.

Une brandade particulière : elle remplace laclassique morue par le goûteux rouget. On commandera du blanc, mais un vin rougesera plus pertinent. Fruité, bien structuré,épicé avec raffinement, il affine l’iode du

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Domaine de La CourtadeIle de Porquerolles

83400 Hyèreswww.lacourtade.com

Importateurs : La Vigneraie*/Xavier Ide Vins

Les Quatre Tours - Cave de Venelles 56 av de la Grande Bégude - 13770 VenellesT + 33 (0)4 42 54 71 11 - www.quatretours.fr

Recherche Importateur/Partenaire

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poisson par son jeu tannique, développe legoût de sa chair grâce à la subtilité de sonfruit, se joue de l’ail qu’il pique d’épices, sansoublier sa fraîcheur utile à décoincer la pata-te écrasée. Château de Beaupré 2006 Coteaux d’AixGrenat aux reflets améthyste, beaucoup defruits au nez, beaucoup de fruits en bouche,avec de jolies épices et une fraîcheur bien ins-tallée. La cerise domine et entoure de sa chairles tanins encore légèrement hérissés. Élégantet aérien, ce rouge croquant ajoute la framboi-se, l’arbouse et la fraise à sa corbeille fruitée. Le vin : un assemblage de Syrah et CabernetSauvignon à parts égales, macérés longuementet élevé en cuve.

Le Château : les 42 ha de vignoble se divisenten parcelles qui sont autant de clairièresentourées de collines boisées, abritées dumistral par la Trévaresse. Phanette Double s’yoccupe des vinifications. Ses vins s’entourentde délicatesse avec la rigueur de l’œnologue.

Entrées chaudes

Ris de veau aux gambas d’Alain Ryon du Lingousto àCuers

Monté comme un gâteau, les couches delégumes prennent en sandwich ris de veauet gambas. La variation des textures est aussiagréable en bouche que la succession dessaveurs. Secrète 2008 Côtes de Provence de LaCave du CommandeurBlanc doré, le nez évoque les fruits confitset les fleurs sèches, les épices orientales. Labouche avoue une très légère note oxydati-ve, cela lui donne du volume et une person-nalité intéressante, la fraîcheur vient inciserle gras, l’onctuosité, pour mettre le traitd’iode en évidence. La finale se teinte depoire douce, de figue blanche et de poivre. Secrète 2008 : Rolle et Ugni blanc compo-sent la bouteille. Stabulation à froid pendant15 jours à 10°C, puis fermentation entre 14° et16°C. Malo faite. La Cave : Les Caves du Commandeur sontsituées à Montfort-sur-Argens, vieux villagedu moyen Var, au cœur de la Provence Verte,à mi chemin entre la côte varoise et lesGorges du Verdon.Accord : un accord assez évident, le vin et sanote oxydative certes légère entre en har-

monie avec la truffe, sublime le bouillon devolaille et accentue le goût maritime desgambas. Quant aux ris, leur onctuosité semarie avec celle du vin, puis leurs arômesdélicats d’abats blancs absorbent épices etfruits proposés par Secrète. La Pourpre de Roquefort 2006 Côtes deProvencePari plus compliqué pour ce rouge frais,pointu, minéral, avec ses fruits rouges etnoirs, son poivre, ses tanins bien fondus,intégrés par 26 mois d’élevage en demi-muids. Les ris comptent sur les légumes duplat pour faire la liaison. Tomates confites,aubergines et courgettes grillées facilitel’union, viennent alors les saveurs animalesqui se réjouissent du tissu tannique, se relè-ve d’épice et se colorent de fruit. Les gam-bas, farouches au début, libèrent leurs sucsde cuisson et réalisent un très agréableaccord mer-terre. La truffe apporte son ren-fort aromatique.Assemblage de Syrah, Carignan etMourvèdre en cuvaison pendant 5 semaines.

Plats maritimes

Courgettes rondes en brunoise de crustacés etlégumes de René Berges du Relais Sainte Victoire àBeaurecueil

Une recette originale qui remplace la farcetraditionnelle de viande par un mélange delégumes, de calamars et de langoustine aro-matisés au bouillon d’agneau. Une allianceterre/mer des plus goûteuses. Domaine de la Bastide Blanche 2008 Côtesde ProvenceBlanc vert pâle, un nez de pistache grillée,d’agrume, de figue blanche et de caramboleavec un soupçon de poivre blanc. La bouchefraîche aiguise la langue de son angle miné-ral accentué par un petit reliquat carbo-nique. La texture assez grasse équilibre lesvelléités acidulées, le fruit apporte du volu-me. Accord : il faut l’aigu du vin pour déstabiliserle plat qui en jette dans toutes les direc-tions. Bien accroché à son assise minérale, leblanc laisse passer la vague pour mieux lachevaucher. Si crustacés et céphalopodestentent de s’en débarrasser, c’est sans succès.Vite domptés, ils se laissent gratouiller leventre tout en savourant quelques fruits.Quant aux légumes, le blanc leur plaît d’en-trée. Blanc Bastide Blanche : assemblage deRolle, Clairette et Sémillon, malo faite etélevés en cuve sur lies bâtonnées. 10% duvin est élevé en barriques pendant 6 mois. La Bastide Blanche : elle se niche au cœurde la presqu'île de Saint Tropez en bordure

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�LES BEAUX MARIAGES

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du littoral entre le Cap Taillat et le CapLardier. Le vignoble couvre environ 17 ha.Une partie de celui-ci est située dans un val-lon tourné vers la mer, profitant ainsi d'im-portantes entrées maritimes.

Accord en version rouge : Domaine Saint-Quinis 2008 Côtes de Provence des Maîtres Vigneronsde Gonfaron à la robe cramoisi, au nez degarrigue, d’épices et de prunelles, à labouche aérienne qui profite du jus d’agneaupour entrer en harmonie avec la côté mariti-me de la recette. Après un bref échangeiode-tanin où les légumes comptent lespoints, le vin gagne et renforce le flanc ter-restre de l’alliance. Assemblage de Carignan et de Syrah enmacération longue et élevés en cuve. Fondée en 1921, la Cave couvre un territoirede 550 ha qui occupent en partie la vallée del’Aille qui prend sa source à Gonfaron.

Le tartare de thon et son œuf à cheval de GuillaumeSorrieu de L’Épuisette à Marseille

Cru façon tartare et grillé flash, le thon seprésente en deux versions sur l’assiette.Haché, échalote, sel, poivre, ciboulette pourle premier. Couvert d’un œuf de caille auplat pour le second. Accompagné d’un gres-sin entouré de jambon cru, d’une sauce àl’huile d’olive, de petits flans de champignon. Les Hauts de Saint-Ser 2004 Côtes deProvenceUne robe grenat sombre, le nez évoque lesherbes sèches, aux tons de garrigue ventéeet chaude de soleil, cade, thym et immor-telle, colorée de prunelle et tabac. La

bouche reste fraîche, avec un accent sec,des épices en pagaille, du fruit en retrait, unminéral bien installé, une longueur biendroite qui affirme le caractère capiteux. Assemblage de Syrah et Cabernet Sauvignonqui poussent dans des éboulis calcaires.Macération de 3 semaines et élevage enpartie en barriques. Accord : il lui faut un peu de gras au pro-vençal. Le plat le lui apporte. Oint de sauce,il éparpille ses épices et renforce le goûtviandeux du thon. Fort de son fruit, de sastructure tannique, il plante petit à petit undécor de garrigue et parfume d’autant plusles chairs crues et cuites. Quant aux orne-

ments d’assiette, le jambon glisse sans per-turbation, les champignons prennent unaccent sauvage, l’œuf demande du doigté. Le vin rouge évite l’écueil métallique despoissons gras. Désagréable sensationrouillée qui se développe avec la plupartdes vins blancs. Si toutefois cette couleurrouge rebute les temps étésiens, un roséconvient tout aussi bien. Prestige Rosé 2008 Côtes de ProvenceDomaine Saint-Ser : rose pâle, le nez friandde fruits rouge et jaune, quelques épices etun zeste d’agrume. Du gras en bouche, undéveloppement fruité entraîné par une fraî-cheur aux accents de garigue battue par levent. Il se fait délicat avec le tartare et pré-cise son fruit avec le thon à la plancha. Cinsault, Grenache et Syrah le composent,élevés en cuve. Saint-Ser : un endroit impressionnant aupied de la Sainte-Victoire. Les vignes don-nent l’impression de voguer sur les plis cal-caires qui déboulent de la montagnecomme une cascade minérale. C’est aujour-d’hui Jacqueline Guichot qui dirige ce lieuventé. Vignoble 33 ha au double ensoleille-ment, celui du ciel et la réverbération desrayons sur la blancheur de la roche.

Plats terrestres

Le dos de Veau en rouge et noir de Jacques Chiboisde la Bastide St Antoine

Le veau poêlé est déposé sur une purée origi-nale, un mélange de haricots rouges, de beur-re, de crème fleurette, de concentré de toma-te, de ketchup et de bouillon de volaille, voilà

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pour le « rouge ». La composante noire estdonnée par la sauce qui associe sésame torré-fié et tamari (soja fermenté et salé). Esprit du Sud 2007 Cellier des Quatre ToursGrenat lumineux, un nez de fruits rougesmélangés d’épices, cannelle, Cayenne etpiment. Une bouche des plus suaves quidécline les confitures de fraise et de fram-boise tressées de tabac brun, de menthol,de poivre noir, le tout adoucit par l’espritcapiteux du vin, un ensemble savoureux quise marie confortablement au dos de veau. Accord : Oh Esprit tiendras-tu le coup ? Ilne faut pas, contrairement à l’attente,rechercher un partenaire vigoureux. Mais,tabler sur la légèreté et l’élégance pour sur-fer sur la lame puissante qui soulève la vian-de. Viennent alors une succession de notesdélicates et fruitées qui enrichissent etrafraîchissent le plat. Esprit du Sud : assemblage de 40% deGrenache et Syrah + 20% de CabernetSauvignon. Les raisins macèrent 21 jours àT° contrôlée. Le jus de goutte est élevé 6mois en cuve avant sa mise en barrique. Le vignoble dont est issu le vin s’accroche àla Trévaresse à une altitude de 280 mètres. Le Cellier des Quatre Tours : son vignobles’étend sur 220 ha sur les communes deVenelles, le Puy Ste Réparade, Puyricard etAix-en-Provence.

Noisettes d’agneau rôties à l’ail vert, en croûte depistache de René Bérard de L’hostellerie Bérard à LaCadière d’Azur

Ail au persil pour sa version verte qui fondsur l’agneau rôti à feu vif. La croûte, faite àbase de chapelure de brioche et de pis-tache hachée, apporte croquant et douceur.

Le Grand Rouge 2007 Vin de Pays desBouches du Rhône Château ReveletteRubis violacé, le nez rond comme une bellecerise, sombre comme la figue, épicé depoivre, de racine de réglisse, de cassis, decuir, de thé rouge et d’aiguille de pin, sansoublier les amandes grillés. La bouche suaveaux tanins doux, bien serrés les uns auxautres tissent la trame ferme mais soyeuse,étoffe fraîche colorée des épices et desfruits sentis. De plus, il a ce côté rogue enfin de bouche qui affermit son caractère degentleman-farmer. Accord : désigné d’office ! Le Grand Rougefait merveille dès la première gorgée et merappelle l’épaule d’agneau dégustée au coindu feu de la cuisine du Château Revelette, ily a quelques années. Accord classiquecertes, mais tellement complexe, où le jus

de viande s’embellit des fruits du vin. L’ail semontre un partenaire de choix, oubliant saforce, il met aidé du persil les saveurs enexergue. Le fruit sec brioché s’humecte desauce, gratte sa croûte aux tanins, s’ombred’épices. Le tout en bouche explose desaveurs suaves, fortes, fraîches, variées etsucculentes. Le Grand Rouge : assemblage de 52% deSyrah, 27% Cabernet Sauvignon, 15%Grenache et 6% Carignan cuvés en petitsbacs et foudres, élevés pendant 12 mois enbarriques neuves et usagées, puis encore 9mois en cuves. Le Château : à Joucques, sur la lente retom-bée nord de la Sainte Victoire, le domaineoccupe 24 ha déclinés en 12 parcelles éche-lonnées de 330 à 400 m d’altitude. Conduiten mode biologique, le vignoble subit le cli-mat subcontinental de la partie la plus sep-tentrionale des Coteaux d’Aix. Peter Fischer yrègne autant que le lieu règne sur lui, d’uneécoute partagée naît l’équilibre recherché.

Dessert

Coupe d’abricot à la lavande de Max Callégari etThierry Diderich du Logis Guetteur

Ce dessert, à servir très frais, emplit unverre de sa mousse d’abricot sucré de cas-sonade, chapeautée de crème fouettée à lalavande.Domaine Gavoty Cuvée Clarendon 2008La robe pratiquement blanche, un parfumdes plus élégants, mélange frais d’agrumes,de pêche blanche et d’abricot avec la noteflorale du frésia. En bouche, même déroule-ment aromatique, avec quelques épices doucesen prime, un rien de curcuma et une baie degenévrier. Un vin élégant, très élégant !

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Accord : un vin fort délicat mais qui possède suffisamment de fraî-cheur pour pénétrer la crème, corps onctueux qu’il faut investirpour capturer la subtilité de l’abricot. À ce moment-là, les fruitss’entremêlent, les épices maîtrisent la fragrance lavande, ce quiévite cet écueil Le Clarendon blanc: un 100% Rolle en pressurage direct élevé encuve jusqu’à la mise. C’est Pierre Gavoty, le papa de Roselyne, quim’a fait découvrir les qualités de ce cépage. Tout juste toléré il y àpeine trente ans, il est aujourd’hui des plus recommandés ! Un menu varié, bien accompagné, il ne reste qu’à souhaiter bonappétit !Les recettes complètes sont en ligne sur notre site :www.invinoveritas.apic.be

Marc Vanhellemont

Liste des importateurs

• Gavoty - Caveau de Bachhus(Ch) - www.gavoty.com • Courtade - Vigneraie*/Ide Vins - www.lacourtade.com • Roquefort - Basin & Marot*/Cave desOblats*/Millésime

De Clerck - Vinoblesse(Nl) - www.deroquefort.com • Saint Ser - Le Madec/Vasco/GK Services - Sordet(Ch) Ahold(Nl)

www.saint-ser.com • Vignerons de Gonfaron - www.vignerons.gonfaron.org • Commandeur - 04.94.59.59.02 - [email protected] • Bastide Blanche - Douchy/Pure Provence - www.domainedelacroix.com • Saint Julien d’Aille - Horeca Service/Demusketiers/Willy de Beck/Vincent Sélection

www.saintjuliendaille.com • Revelette - Cave des Oblats*/Jacques Delire - www.revelette.fr • Beaupré - Mouchart* - Diffuvins(Ch) - DLV Wijnen(Nl) - www.beaupre.fr • Cellier des Quatre Tours - Maag/Cafermi - Plaisir du Vin(Lu)

Vins de la Bastide(Ch) - Jean Arnaud(Nl) -www.quatretours.fr

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8FÉVRIER/MARS 2010

Vous avez très nombreux à répondre ànotre enquête lecteurs via notre site.Nous nous efforcerons de coller à vosattentes et vous remercions de votre

attachement à ce magazine. Voici la synthèse de vos réponses.

Répartition des répondants par tranche d’âge et par langue:

Votre tranche d'âge? Total lecteurs Fr Vl

20 et 25 ans 1,52% 1,37% 1,96%25 et 35 ans 7,61% 8,90% 3,92%35 et 45 ans 26,40% 29,45% 17,65%45 et 55 ans 35,03% 34,93% 35,29%55 et 65 ans 19,80% 13,70% 37,25%+ de 65 ans 9,64% 1,64% 3,92%

Vos prioritésElles vont aux rubriques suivantes :1 - Coups de Cœur/Découvertes 2 - Le Portrait/Un domaine sous la loupe3 - La Dégustation IVV

Vous accordez aussi un grand intérêt à la Rubrique Italienne. IVV a manifestement un rôle à jouer danscette catégorie.

Votre perception du rôle d'IVV :- vous informe de manière objective : 68,52%- vous influence la manière de voir le vin : 20,83%- vous influence les achats de vin : 8,80%

Vos préférences en matière de vin : FR VL

- des vins agréables à boire dans la finesseet l'élégance mais malgré tout concentrés 62,86% 22,00%

- avec un bon rapport qualité / prix 35,71% 76,00%- des vins médaillés ou sélectionnés dans des guides 1,43% 2,00%

Vous achetez vos vins? Caviste : 83,15%GD ; 14,61%hard discount : 2,25%

Avez vous déjà acheté du vin sur internet? Total FR VL

Non : 80,85% 82,61% 76,00%Oui : 19,15% 17,39% 24,00%

Mode d’achat :Les promotions vous influencent-elles? Achetez vous plus? Oui : 32,26%

Non : 67,74%

Prix moyen: €/bouteille5-10 19,67%10 28,42%15 32,79%20 8,20%25 6,56%30 2,73%50 0,55%60 1,09%

Un vin en-dessous de 3€ peut-il être bon? Oui 43,75%Non 56,25%

Tiercé Pays vins préférés France 45,81%Italie 22,75%Espagne 13,62%Allemagne 3,18%Portugal 2,93%Chili 2,37%

Besoin de conseil lors de l'achat? Oui 34,07%Non 65,93%

Importance de l'étiquette? Oui 43,01%Non 56,99%

Le vin fait-il partie de vos achats courants? Oui 88,17%Non 11,83%

Achat à l'étranger (oenotourisme) Non 32,45%Oui 67,55%

En résumé, les répondants ont l’esprit ouvert, mais critique. Ils accordent une grande importance au vin, àsa qualité plus qu’à son côté statutaire.A l’image de nos lecteurs en général, ce sont des passionnés, pour lesquels le prix est un élément parmid’autres, mais pas forcément le premier. Ils sont prêts à écouter les conseils, et n’ont pas d’œillères enmatière de canaux d’achat.

Vous avez d’autres suggestions, critiques ou idées à nous soumettre: n’hésitez pas à nous les faire parvenirà l’adresse email suivante : [email protected]

GRANDE ENQUÊTE LECTEURS

IN VINO VERITAS

ENQUÊTE

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WINE AFICIONADO

Pour fêter dignement la diminutionde la TVA (sic), IVV vous présente à

compter de ce numéro les adresses derestos passionnés du vin (même pas 5%

de restaurateurs). De ceux qui font partager leur vraie passion du vin à leursclients, pas seulement à leur portefeuille.

Critères de nos choix : la cuisine, la carte et le prix des vins, sans oublier lapersonnalité des hommes ou des femmes

qui oeuvrent en salle ou en cuisine.Et en exclusivité pour IVV,

chaque Wine Chef vous fera partager unde ses accords préférés…

N’est pas Myny qui veut !

Cadre art-déco, le désuet qui plaît. Ici pasd’aceto balsamico surfait, de fusion ou demoléculaire (Myny moléculaire, trop facile !).Du vrai, du classique, du terroir, sole magni-fique, pieds de porcs divins, joues de veaudantesques, assiettes à la décoration unique-ment rabelaisienne !Des coefficients inversement proportionnelsà la générosité du proprio-chef-sommelier-animateur. La plus belle carte d’Alsace deBelgique, chiffe !Mais aussi des découvertes sans cesserenouvelées (pléonasme, peut-être, maisréalité). Beaucoup de vignerons en ont faitleur étape de prédilection, d’ailleurs…

L’accord vin-met pour IVV: le Consomméde Gibier (lièvre et faisan) et le Domained’1000 Rose, Cuvée Léa 2004 (notes d’épices,animal)VdP des Coteaux du Libron. Le triosyrah/grenache/carignan est à l'origine dece vin puissant et généreux élevé un an enfûts de chêne.Il est inhabituel d’allier un vin à un potage.Comme il s’agit ici d’un consommé de gibiertrès court, très serré, concentrant toutes lessaveurs végétales de l’automne et là, d’unvin presque animal, riche en matières et ennotes épicées, une rencontre paradoxale sefait tout naturellement.

Les Brigittines – Dirk Myny5 Place de la Chapelle - 1000 BruxellesTel: 02 512 68 91 - www.lesbrigittines.com

Vincent, Laurent et Veerle, le trio infernal d’Herverlee

Des Alsaciens près de Louvain ! Z’ont bienfait de fenir chez nous.Dans un cadre à la fois sobre, élégant, fraiset serein, les deux frères se mettent à la dis-position de produits superbes qu’ils tra-vaillent sans essayer d’imposer leur présen-ce. C’est fin mais goûteux, raffiné mais équi-libré, élégant mais gouleyant. L’épouse deLaurent s’occupe des clients avec la mêmepassion.Côté cave, beaucoup de Loire, d’Italie, deBourgogne, avec certaines bouteilles quasiau prix d’achat ! Egalement une très bellesélection de vins naturels.

L’accord vin-met pour IVV: Huîtres PerlesBlanches au Concombre et Raifort, etDomaine Paris Sigalas “Assyrtiko-Athiri''Santorini Grèce 2008 ouIvan Enjingi Grasevina (welsch riesling) -Kutejo Croatie 2008

Pour 4 personnes : 32 huîtres perles blanchesdécoquillées en prenant bien soin de gardertoute l’eau de mer et les coquilles / 10 cl decrème liquide / pâte de raifort ou wasabi/10 cl de vin blanc sec (gros plant Nantais) /2 échalotes grises hachées finement / 1concombre - 1 feuilles de gélatine.Faire réduire à sec les échalotes avec le vin

blanc sec et refroidir. Filtrer l’eau de mer demanière à obtenir 25 cl(si vous obtenez troppeut d’eau compléter avec de l’eau minéraleet un soupçon de sel). Faire tiédir un tiers decette eau et y dissoudre la gélatine ramolliedans l’eau froide. Rassembler les eaux ettenir au frais. Battre la crème en Chantilly,ajouter 8 huîtres hachées et le raifort selonvotre goût. A l’aide d’un couteau économetailler de larges bandes dans le concombreépluché. Enrober les huîtres restantes avecles bandes de concombres. Déposer danschaque coquille une cuillère à café de crèmeau raifort, recouvrir avec les huîtres et napperde gelée d’eau de mer. Déguster aussitôt, la bonne cuisine estimmédiate.

Couvert Couvert171 Sint-Jansbergsesteenweg 3001 Heverlee016/29 69 79 - www.couvertcouvert.be

Philippe Stuyck

* Devinette IVV :Deux salons professionnels se jouxtent :SuperVino et CalculetteFair. Lequel des deux comptera le plus de visiteurs?Pour faciliter votre réponse, notre questionne concerne que les visiteurs-restaurateurs.Envoyer vos réponses à l’[email protected]

“LES BRIGITTINES” & “COUVERT COUVERT”

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VOUS AVEZ DIT TERROIRS

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S’il est un point sur lequel tous les bonsvignerons alsaciens sont d’accord, c’estsur la nécessité d’affirmer les grands terroirs de la région. Et en particulier

ceux de leurs 51 Grands Crus (le Kaefferkopf ayant enfin rejoint

ce Gotha local).

Par contre, les divergences d’opinion nais-sent lorsqu’il s’agit de répondre à deux ou

trois questions simples, en apparence: com-ment le vigneron peut-il protéger l’originali-té, le trait dominant du lieu, le fameux «lienau terroir» ? Ou pour formuler la questionplus radicalement : comment se fait-il qu’unmême G.C. soit présent sur le marché chezcertains producteurs en tant que rieslingvariétal, chez d’autres en tant que riesling deterroir ? Cette regrettable réalité du terraincrée la confusion chez le consommateur etaffaiblit l’image des G.C. Consciente de ce problème L’Association

des Vignerons d’Alsace (AVA) avait créé uneCommission Grands Crus. dont le présidentélu est Jean-Michel Deiss, héraut de l’expres-sion du terroir à partir de vignes complan-tées. Depuis une assemblée générale hou-leuse en juillet 2009, la question patine.Nous avons donc voulu rassembler quelquesavis divergents pour rendre les enjeux dudébat perceptibles à nos lecteurs.

Jean-Michel DeissSes options sont connues : «Pour les GrandsCrus, seul le terroir doit exprimer sa marqueet diminuer les autres contingences.

L’indication du cépage est alors superfluetant est forte et parfois contradictoire l’in-fluence du terroir sur l’expression habituelle.Dans la tradition alsacienne, les vins de ter-roir étaient seulement nommés par le nomdu lieu, la complantation devenant la règleabsolue de cette exigence. Comme partoutailleurs du Bordelais aux Côtes du Rhône eten passant par la Bourgogne qui utilisait jus-qu’aux années 1950 le pinot noir, le chardon-nay et le beurot, voir l’aligoté, en mélangedans le vignoble au Monrachet ! C’est pourcette raison que nous avons décidé, pournos vins de Grands Crus et de futurs PremierCrus, de ne plus utiliser l’indication du cépa-ge, si réductrice et stérile et de nommerseulement le génie du lieu.» Cette visionn’est pas partagée par une majorité de viti-culteurs, cela ne surprendra guère.

Eliane Ginglinger-FixLa Présidente du Syndicat des VigneronsIndépendants, Eliane Ginglinger-Fix, nous aexposé l’essentiel de leurs arguments :«Nous souhaitons maintenir certaineschoses comme bien sûr la mention du cépa-ge, par ailleurs réglementée comme faculta-tive. Personne n’y est obligé mais nos clientsy sont habitués et il y aurait un risque com-mercial réel à l’interdire, les consommateursne connaissent pas les noms de nos 51Grands. Par ailleurs, certaines gestions

LES GRANDS CRUS D’ALSACEEXPRIMENT-ILS LEURS TERROIRS ?

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locales de G.C. souhaitent maintenir en G.C.la possibilité de faire des VendangesTardives et des élections de Grains Nobles,ce que J.M. Deiss conteste. En tout état decause, nos membres demandent une vraieconcertation sur ces sujets et d’autres liés.Ils entendent défendre la diversité de laproduction en G.C. plutôt que la spécialisa-tion via un cépage unique par G.C., voire viala complantation.»

Olivier HumbrechtAutre figure renommée du vignoble, Olivierestime que s’il y a bien un problème de fondquant au lien au terroir, il y a aussi un pro-blème de forme : «Nous avons deux ansdevant nous pour débattre au sein de cha-cune des 51 gestions locales de G.C., nousprojeter dans l’avenir et donner une identitéforte à nos G.C. Seul le débat peut assurerune durabilité à ces projets. Un projet per-sonnel, comme celui de J.M. Deiss, ne peutpas être imposé à l’ensemble des G.C.D’ailleurs, n’aurait-on pas pu envisager laquestion pour l’unique AOC Alsace Cru il n’ya en effet pas 51 AOC Grand Cru ? Quantau fond, il faut en fait définir comment leterroir impacte les vins. Le G.C. considéréest-il le mieux représenté par un seul typede vins sec, ou avec sucre résiduel ? Uncépage y est-il mieux adapté que les autres,ou deux cépages peut-être ? L’assemblagede cépages exprime-t-il mieux ou non leterroir ? Ou la complantation ? Faut-il exclu-re ou inclure V.T. et S.G.N. des parcelles deG.C. ? Pour ma part, je considère que cer-tains G.C., étalés sur 30 ou 40 ha, présententune diversité géologique et climatique quiappelle une valorisation par deux ou trois

cépages plutôt qu’un seul, et deux ou troistypes de vins plutôt qu’un unique. Enfin, jene souhaite pas la complantation car elledébouche immanquablement sur des vins àsucre résiduel. En effet, on doit alors ven-danger tous les cépages en même temps,soit au moment où le moins mûr a atteintune maturité satisfaisante et on se retrouveavec des potentiels alcool entre 13 et 18degrés selon les cépages. »

Christophe EhrardChristophe Ehrard, du domaine Josmeyer,préside la gestion locale du Grand CruHengst. Il n’envisage ni complantation nispécialisation : «à ce stade, il semble impos-sible de réduire l’expression du Hengst à unseul cépage, le gewürz par exemple. Il fautlaisser le temps à tous les cépages qui y sontplantés de prouver quel(s)est (sont) le (s)mieux adaptés au Hengst. Par ailleurs, c’estbien l’homme ou la femme qui font le lienau terroir, il faut la signature du cépage, duterroir, du millésime et du vigneron. Or, fairede la complantation par exemple, requiert àla fois honnêteté, compétence du produc-teur et valorisation de son travail par un prixsuffisamment élevé. Cela n’est ni souhaitépar toute le monde, ni à la portée de tout lemonde.»

Jean SchaetzelLaissons la conclusion à Jean Schaetzel,vigneron renommé lui aussi et formateur devignerons : «Il y a certes des G.C. qui dépas-sent le cépage, leur terroir supplante levariétal. Il y en a d’autres par contre où lecépage reste dominant. A ce jour, seuls 5G.C. se classent selon moi sans doute aucun

dans la première catégorie : le Rangen deThann, le Schoenenbourg, le Kastelberg, leKienzlerberg et l’Altenberg de Bergbieten.Autre aspect, si on considère le Kaefferkopf,il y a un problème d’hétérogénéité de solspour définir le lien au terroir : une partiegranitique, une partie argilo-calcaire. Quelleest donc son identité ? Autre difficultéencore, nous manquons de recul sur le lienau terroir car les conditions de travail ontlargement changé en 25 ans. Enfin, jusqu’oùfaut-il aller dans la définition de ce lien ?L’argumentaire descriptif peut être très large.Voici ce que j’attends pour ma part d’un vinde G.C. Il s’agit d’un vin de garde, dès lors ilne peut être fait qu’avec du raisin mûr àdominante d’acide tartrique et non malique,il doit avoir une longueur en bouche saline,minérale et il possède une spécificité, uneoriginalité liée au terroir: est-il plus droit,

Maison Emile Beyer7 place du château - 68420 Eguisheim

T: +33-(0)3 89 41 40 45 - www.emile-beyer.fr Recherche Importateur/Partenaire

Domaine Zind Humbrecht03 89 27 02 05 - [email protected]

Importateurs :TG Vins/Godaet Van Beneden

Freyburger Marcel13 Grand’Rue – 68770 AmmerschwihrT: +33389782572 - www.freyburger.fr Recherche Importateur/Partenaire

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plus étriqué, ou au contraire plus large, voire opulent, le G.C.génère-t-il un marqueur aromatique ? Cela dit, sur chacun des51 G.C., quel vigneron peut-il actuellement être considérécomme la référence en termes de lien au terroir ? Car ne négli-geons pas la dimension humaine, l’homme reste l’interprète duterroir.»Gageons que d’ici 2012, date butoir fixée par l’Europe pour fina-liser les liens aux terroirs des G.C, les textes alsaciens serontprêts. Est-ce que pour autant les conditions d’une progressiongénérale de la qualité de l’expression terroir dans les vins deG.C. seront réunies dans les pratiques de viticulture et de vinifi-cation ?

Bernard Arnould

Liste des importateurs

• Beck-Hartweg - 03 88 92 40 20 - - http://vins-beck-hartweg.chez-alice.fr • Beyer Emile - 03 89 41 40 45 - www.emile-beyer.fr• Deiss Jean-Michel - De Coninck* - 03 89 73 63 37 - www.marceldeiss.com• Ginglinger-Fix Eliane - 03 89 49 30 75 - www.ginglinger-fix.fr • Freyburger Marcel - 03 89 78 25 72 - www.freyburger.fr• Josmeyer - Vps/Caves de France/Feys Van Acker - www.josmeyer.com • Landmann Armand - 03 88 92 41 12 - [email protected]• Lissner Clément - 03 88 38 10 31 - www.lissner.fr• Schaetzel Jean - Caviniere*/Mostade Hennebert/True Great Wines/

Dercor/Oenoloisir - 03 89 47 11 39 - [email protected] • Schoech Maurice et fils - Traiteur Papillon/Sorescol Services

03.38.98.78.25.78 - www.domaineschoech.com• Zind Humbrecht - TG Vins/Godaert Van Beneden - 03 89 27 02 05

[email protected]

�VOUS AVEZ DIT TERROIRS

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ALSACE

Jeunes ou moins jeunes, de nouveauxvignerons viennent chaque année grossirles rangs des meilleurs. En voici six, du

sud au nord du vignoble.

Domaine Emile Beyer, à EguisheimAttention, ne confondez pas ce domainecrée par Emile Beyer avec celui de son frèreLéon. La maison et les anciennes caves sontsituées en plein centre d’Eguisheim. Christian,32 ans, 14ème génération de vignerons, tra-vaille 17ha de vignes pour produire quelques26 cuvées. Son père et lui ont fait construireen périphérie du village une nouvelle cave de800m2 pour se donner les meilleures condi-tions de travail. Christian dit «respecter lecahier de charges bio tout en n’étant pasencore en conversion.» Un fil rouge traversel’ensemble de la production : équilibre etprécision. Un bon quart de la superficie duvignoble se situe en Grand Cru. Le RieslingPfersigberg 2007 est sec avec 13° d’alcool, lesacidités fermes de ce G.C. lui confèrent unprofil aérien avec une bouche d’une fineminéralité saline. A l’inverse, l’Eichbergapporte avec ses sols plus profonds une cer-taine richesse, 12.g de sucre, bien équilibréepar une structure acide saillante. L’exempled’un Eichberg 2005 montre la capacité du vinà digérer largement son sucre résiduel aprèsquelques années. A suivre dans l’avenir, leClos Lucas, une parcelle de 2,5 ha au cœurdu Pfersigberg, plantée en riesling qui en pre-nant de l’âge devrait avoir une identitéPfersigberg forte.

Domaine Maurice Schoech, àAmmerschwihrAutre domaine très ancien, avec les frèresSchoech, dont la famille est installée àAmmerschwihr depuis 1650. Sébastien est encharge de la cave, Jean-Léon de la commer-cialisation et ensemble ils travaillent 11 ha devignes. Tout en « s’approchant des pratiquesbio », ils sont encore en viticulture conven-tionnelle car, disent-ils, «le terroir granitiquedu Kaefferkopf les freine : difficile d’y labou-rer sans provoquer d’érosion.» Par contre,leur nouvelle plantation (2001), en haut duRangen est cultivée 100% en bio. Riesling,pinot gris et gewürz constituent la premièrecomplantation sur ce remarquable terroirvolcanique: nous faisons ce pari car nouspensons que sur ce terroir, il y a une logique.Même si à ce stade, ni assemblage ni com-plantation ne sont autorisés en Grand CruRangen ». Le résultat ? 8000 pieds/ha,20hl/ha pour une cuvée Harmonie R 2007au nez d’épices et de tourbe fumée, unebouche ample mais profonde. Harmonie R08, en vin sec, se montre plus masculin, avecune acidité minérale saline qui lui donne del’intensité et de la force. Sur la partie granitdu Kaefferkopf, 2008 est un authentique vinde terroir avec une bouche assez serrée auxarômes d’agrumes, une minéralité élégante

qui apporte droiture et tension dans unematière pure. Le Gewürz est également trèsréussi en 2008 sur ce terroir, il assemble 50%de la partie granit, et 50% en argilo-calcaire.Nez épicé, bouche de fruits exotiques, aucu-ne lourdeur malgré le sucre. A retenir aussi,sur le G.C. Mambourg, un intéressant Muscat2008 de terroir, dense, rond, avec 20g desucre résiduel intégré dans la matière etbalancé par l’acidité.

Domaine Marcel Freyburger,à AmmerschwihrChristophe Freyburger gère depuis 95 ledomaine créé par son grand-père. Les 7 ha devigne sont toujours travaillés en lutte raison-née, même s’il envisage la conversion bio.Avec des rendements entre 50 et 60 h/h, ilréalise sur le G.C. Kaefferkopf des vins d’élé-gance plus que de puissance. Le RieslingKaefferkopf 2008 a été vendangé débutoctobre à 14°2 de potentiel, le fruit est mûr,les 8 g. de sucre et l’acidité se combinentpour donner une finale sur la salinité. Autrecuvée 2008 sur le G.C., un assemblage aupressoir de riesling (20%) et gewürz (80%),vendangés en même temps, renoue avec unetradition du de ce terroir : élégance aérienne,malgré 20g. de sucre qui sont bien tenus parl’acidité ici aussi. Belle réussite également

NOUVELLES TÊTES

ALSACIENNES

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pour le Gewurztraminer Kaefferkopf 2008 issu de vignes situées surla partie argilo-calcaire de ce G.C et vendangées à 16° potentiel. : jolinez épicé, poivre blanc, fruits jaunes, peau d’orange confite, bref unecomplexité qui se retrouve dans une bouche encore marquée par lesucre mais tenue en équilibre par la fraîcheur d’une fine minéralité.

Domaine Beck-Hartweg, à Dambach-la-VilleFlorian Hartweg, 22 ans à peine, mais héritier dune tradition familialede plus de 5 siècles. possède sous une apparence modeste et calmeune fameuse personnalité. Le domaine s’étend sur 5,5 hectares dont1,35 hectare sur le Grand Cru Frankstein. On y a entamé la reconver-sion vers le bio en 2008. La dégustation d’une quinzaine de vins diffé-rents permet de découvrir le fil rouge de la production : élégance etnetteté avant tout. Que ce soit dans les vins de cépage d’entrée degamme ou de G.C. en passant par la gamme intermédiaire dite Vinsde Réserve ou Cuvées Prestiges : cette dénomination a un côté pas-séiste qui ne colle pas avec la qualité des matières. Comme dans ceriesling 08 aux notes de pamplemousse, d’ananas, de mandarine et àla bouche éclatante d’une acidité mûre. Le vin se goûte sec 4 gr desucre. Mes préférences vont aux vins du G.C. Frankstein, terroir degranit à deux micas déchiqueté d’orientation sud-sud-est. Il donnedes vins aux aromes spécifiques. Fleurs d'acacia, de rose, fines notesde litchi aussi comme dans le Gewürztraminer 2005 dont l’ampleuren bouche est contenue par la salinité du minéral et l’acidité. Desarômes de fleurs blanches, de mangue et d'agrumes pour le Riesling2008 puis des notes plus minérales, plus austères aussi mais qui n’en-lèvent rien à sa finesse. Plus puissant le 2007 n’a pas encore intégréses 7g.de sucre dans une bouche assez serrée avec une fraîcheur cise-lée par le salin du minéral. Le Pinot Gris 2006, aux arômes de pêcheet poire mûre, est plus corsé et sa structure plus ample, bien que vini-fié en sec. Nous suivrons avec intérêt le travail de Florian dans lesprochaines années.

Domaine Armand Landmann, à NothaltenSitué dans la zone à dominante de grès et granit de Nothalten, cedomaine de 10 ha commence à faire parler de lui pour l’élégance et lapureté de ses vins. Ex-directeur d’agence bancaire, son propriétaire arepris en 1992 les vignes de ses parents et de ses oncles et tantes. Il afait du chemin depuis comme en témoignent ses rieslings de terroir.Le Heissenberg 2007 possède une élégance de type granite avec unfruit mûr et une fine minéralité saline et une belle buvabilité. Lemême en 2008 offre des fruits exotiques au nez, la bouche se montreplus dense grâce à une acidité minéralité qui gomme les 13 g. desucre. Quant au G.C. Muenchberg, la version 2008, issue de vignesentre 50 et 60 ans en sélection massale parle à la fois son millésimeet son terroir de grès avec détritus volcaniques ; il présenter une aci-dité vigoureuse, un nez de fruits mûrs enrichis d’une touche defenouil et une matière élégante. Le Muenchberg 2004, lui, démontrequ’avec un peu de patience, disons, quatre ou cinq ans, le terroirdomine le cépage dans une bouche consistante, à la minéralité salineprononcée tandis que le nez joue sur des notes de mangue discrèteet d’anis. Les rendements évoluent selon la cuvée entre 50 et 70h/hpour les vins vendus aux particuliers (50% de la production du domai-ne part chez Trimbach et J.B. Adam) ; les prix sont donc attractifs.

Domaine Clément Lissner, à WolxheimBruno Schloegel a repris le domaine de son oncle Clément Lissner en2001. Il cherche à trouver des équilibres en faveur du vivant, à la vignecomme en cave. Aussi fait-il actuellement construire une « cave bio-climatique » en matériau de loess , tandis qu’il proclame « un rejettotal de la biodynamie et de l’anthroposophie utilisées comme para-vent, pour masquer soit un regard passéiste, soit une soif d’extrême

ou encore un manque de connaissance ». Il revendique plutôt desvins « organiques ». Ses 10 ha donnent naissance à plus de 20 cuvées.La gamme des rieslings en 2007 s’inscrit dans une fidélité aux diffé-rents terroirs. Le Riesling Rothstein sur grès rose et argile offre unnez floral élégant et une bouche fraîche, avec une acidité fine suffi-sante toutefois pour atténuer les 7g. de sucre. Le Riesling Wolxheimprovient lui d’un sol au calcaire oolithique ; sec en bouche, il possèdepureté, élégance et fine minéralité de pierre à fusil, avec un fuméléger. Plus de personnalité encore dans le nez du Riesling G.C.Altenberg deWolxheim délivre déjà une présence minérale affirméedans une palette d’agrumes jaunes ; l’ampleur de sa bouche restemesurée grâce à sa minéralité saline, fraîcheur et concentration élé-gante vont de pair dans ce beau vin de terroir. Les mêmes cuvées en2008 se distinguent par des acidités plus tranchantes dans desmatières mûres, il convient de les attendre quelques années.

Bernard Arnould

�ALSACE

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Cépage oublié ou plutôt délaisséaprès le phylloxéra! Exigeant, il n’a guère

été replanté. Seules quelques famillescévenoles en réimplantèrent quelques

arpents pour la conso familiale.

Un dinosaure

Tombé dans les oubliettes administrativesfaute de déclaration lors de l’inventaireampélographique de 1950, il faudra qu’il fassele forcing pour être à nouveau accepté ausein de la famille Vitis. En décembre 1991, ilest finalement reconnu (car de nos jours, ilne suffit pas d’être, il faut avoir des papierspour le prouver). Reste à réapprendre à leconduire et le vinifier. C’est chose faiteaujourd’hui, mais à petite échelle. Seulesdeux caves coopératives et une cave particu-lière le mettent en bouteilles, dans la régionde Rosières, en Ardèche du Sud. A lieux yregarder, cependant, on en trouve des tracesailleurs. Considéré comme autochtone dansles vallées alpines occidentales, il y répond àdes noms locaux comme le Nebbiolo, leNeiret ou encore la Brunetta. Des essais deplantations ont été effectués dans le HautVal de Suse (projet Eagle Wines).

L’ampélographe parleEn pays cévenol, il débourre précocement etmûrit fin septembre. Son port est érigé, sesfeuilles très grandes et profondémentdécoupées. Il donne des grappes assezgrosses, ailées et coniques, aux grains serrés.Ceux-ci, sphériques et noir bleuté, ont lapeau fine peu résistante. Il n’existe pour l’instant qu’un seul clone : le1046.

Les gelées d'hiver l’inquiètent, comme lemildiou et l'oïdium. À contrario, la pourritu-re grise ne l’effraie pas. Sa conduite exigel’arcure : longs bois sur le fil, attachés en arcde cercle. Rendement : aux environs de 40hl/ha pour une densité de 4.400 pieds/ha.

Vinification Selon le mode opératoire de la cave deRosières (que nous remercions au passage),la fermentation alcoolique se fait lente-ment, après un éraflage consciencieux. Versla fin de celle-ci, soit dans sa troisièmesemaine, la malo est lancée sous marc. Seul le jus de goutte est mis en fûts, lespresses, trop astringentes et immodérémenttanniques sont écartées. Élevage d’un an surlies bâtonnées hebdomadairement.Assemblé, le vin loge encore 12 mois encuve béton avant sa mise en bouteille.

La preuve par l’exempleCChhaattuuss 22000055 MMoonnnnaaiiee dd’’OOrr VViinn ddee PPaayyss ddeessCCootteeaauuxx ddee ll’’AArrddèècchheeGrenat sombre, très myrtille avec une puréede kaki (le fruit préféré des parachutistes),de la confiture de cerise, un fifrelin d’en-cens, de l’écorce d’orange amère, de la vio-lette. Les tanins stricts n’arrangent pas lapetite sécheresse de la fin de bouche, heu-reusement le jus généreux rend la structureassez fluide.

LLee CChhaattuuss dduu DDoommaaiinnee dduu GGrraannggeeoonnCChhaattuuss 22000055 VViinn ddee PPaayyss ddeess CCootteeaauuxx ddeell’’AArrddèècchhee CChhrriissttoopphhee RReeyynnoouuaarrddGrenat foncé, un nez de cuir à la prunelle,d’humus à la confiture de cerise, de biscuitsec à la pâte de nèfle. Vif en bouche, ilremue les papilles et explore la succulencedes gelées de mûre et groseille, parfuméesde cumin et de cardamome, un bâton deréglisse planté en son sein, le grain tanniquebien fin tisse une soie grasse et laisse sourdrele jus bien fruité, la longueur rassemble baieset épices sous la même bannière.

Marc Vanhellemont

Cave coopérative de Rosières Grillou+33 475 39 52 09 [email protected]

Domaine du Grangeon Christophe Reynouard+33 475 39 54 www.domainedugrangeon.free.fr

LE CHATUS

CES PAGES OUBLIÉES…

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16FÉVRIER/MARS 2010

Un prélude à notre Dégustation IVV du mois, Jean Lissague, Directeur du syndicat

viticole des Côtes de Blaye, fait le point sur l’actualité locale

IVV : Comment va le Blayais ?Plutôt pas mal. Nous souffrons peut-être un peu moins que les autresappellations. Nous sommes dans le Top 10 des appellations les plusvendues en France et en Belgique. Nous devons développer l’export, qui ne représente que 10% denotre marché. La Belgique étant notre première destination.La grande nouveauté est notre nouvelle appellation «Blaye-Côtes deBordeaux». Le millésime 2008 est un millésime de transition et pourle 2009, la dénomination sera définitive.

IVV : Pourquoi cette nouvelle AOC ?90% de notre commercialisation se fait sur le marché français etcelui-ci est en déclin depuis pas mal de temps. Nous avons un forttaux de notoriété en France, mais dès que nous passons les fron-tières, cette notoriété est nulle ou quasi-nulle. En revanche, Bordeaux jouit d’un fort taux de notoriété et d’uneimage excellente à l’international.Nous avons donc opté pour intégrer «Bordeaux» dans notre image etainsi nous ouvrir des portes qui sont jusqu’à présent fermées.Les vignerons ont le choix entre « Blaye-Côtes de Bordeaux » ou «Côtes de Bordeaux ». L’AOC «Côtes de Bordeaux» est officielle seule-ment depuis le 29 octobre dernier, mais déjà, quatre marques denégoce ont été créées. Avant cela, le négoce attaquait les marchésexport avec les appellations «Bordeaux» ou «Médoc» mais pas avec«1ères Côtes de Blaye». Aujourd’hui, grâce au potentiel de volume, illance les «Côtes de Bordeaux». Il est évident qu’un transfert de vinsvers l’appellation Côtes de Bordeaux va hisser à un niveau supérieur

VU DE BLAYE

LE DOSSIER IVV

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35 vins dégustés dont 30 rouges et 5 blancs. Al'arrivée, seulement 5 rouges et 2 blancssélectionnés. Il faut dire que l'année de réfé-rence, en rouge, 2007, ne brille pas par ungrand intérêt. Nos cinq exceptions infirmentla triste règle de produits dont le manque dematière est assez évident. Ceux qui ont voulule cacher derrière le bois n'ont pas rendu lesvins beaucoup plus intéressants pour autant.Les meilleurs, eux, se distinguent plutôt parleur vivacité, leur buvabilité.Les blancs de2008, par contre, présentent une assez bellequalité homogène, avec de beaux arômesd'agrumes et une acidité plus que correcte. Ont participé à la dégustation: PhilippeStuyck, Bernard Arnould, Daniel Marcil, YouriSokolow, Hervé Lalau et Marc Vanhellemont.

CHÂTEAU LES JOUBERTS 2006 PREMIÈRES CÔTES DE BLAYE

Une robe grenat foncé d’où s’exhalent des sen-teurs de fruits rouges, une note florale et un

la qualité des vins en appellations commu-nales. Ce, d’autant plus que nous nous impo-sons un cahier des charges plus restrictif etque la volonté des vignerons est d’accroitrela qualité. Par ailleurs, le développement del’image «Côtes de Bordeaux» à l’international,grâce au négoce, entrouvre les portes pour lacommercialisation de nos communales.

IVV : C’est à dire ?Premières Côtes de Blaye et Blaye se décli-nent en blanc et en rouge, Côtes de Blayeuniquement en blanc. Mais Blaye Blancconcernait la production d’Ugni-Blanc, vesti-ge d’une époque où nous produisions desvins pour la distillation. Côtes de Blaye Blanccontinuait d’exister en raison de la présencede Colombard dans l’encépagement. Maisplus personne ne les revendique, tous lesvignerons ont replanté en cépages nobles etproduisent des blancs en appellation 1èresCôtes de Blaye. Nous avons donc supprimél’appellation Blaye Blanc et pour ceux qui ontencore de l’Ugni-Blanc et du Colombard, lesvins seront déclarés en appellation Côtes deBlaye dans un délai de 10 ans, après quoicette AOC sera aussi supprimée.

IVV : Qu’en est-il de votre appellation Blayerouge, née en 2000 ?Elle progresse petit à petit, un ou deuxvignerons chaque année rejoignent le groupe.L’enthousiasme et l’intérêt sont grandissants,mais les conditions structurelles ne sont pasfaciles, ni rapides à mettre en place: la densi-té de plantation par exemple. L’appellation adoublé en surface et en production, mais ils’agit plus souvent de vignerons qui s’étaientengagés pour un ou deux hectares au départet qui, petit à petit, augmentent leur engage-ment. Certains vignerons ont aujourd’huitoute leur propriété déclarée en AOC Blaye.

IVV : Pourquoi ne pas avoir créé la mêmechose pour les blancs ?C’est ce que nous souhaitions, nous imposerun cahier des charges très restrictif et pro-duire de grands blancs dans l’appellationBlaye que nous gardions sous le coude.Malheureusement, notre demande a étérefusée par l’INAO. Notre but était la cohé-rence de nos efforts et de nos objectifs qua-litatifs de toutes nos appellations, maisl’INAO estime que nous compliquons. Il vou-lait même que nous fassions disparaitre notrejeune AOC Blaye rouge pour laquelle, àl’époque, pourtant, il nous avait soutenu.Nous avons donc été obligé d’abandonner leprojet.

� Propos recueillis par Fabian Barnes

DÉGUSTATION BLAYAIS

trait d’épices (poivre blanc). Les tanins bienprésents tissent leur trame de soie sauvage surlaquelle viennent s’imprimer de gros motifs degroseille, framboise et fraise, dessins fruitéssoulignés de piquant poivré, avivés encored’un trait de citron, mais adoucis d’un soupçonde caramel distillé par le bois d’élevage. Assemblage : Merlots et Cabernets-Sauvignons âgés de 25 ans. Ils poussent surun sol argilo-graveleux. Une macération pré-fermentaire de 3 jours à froid débute la vini-fication. 12 mois en barriques neuves.

CHÂTEAU HAUT-COLOMBIER 2006 BLAYE

Le grenat presque noir colore le velours de larobe. Le nez très épicé se nuance d’anis et deréglisse avant d’éclater de prunelle, de cassiset de mûre. Éclat que l’on retrouve en bouche,voire du panache encouragé par un volumequi croque le fruit. Ce dernier s’embellit d’unenote de vanille et d’un soupçon de caramel,témoin du logement.

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à la fois calcaire et siliceux. La cuvaison dure25 jours, l’élevage 12 mois, en barriques.

CHÂTEAU BEL-AIR LA ROYÈRE 2007 BLAYE

Le noir violacé assombrit le grenat liquidequi dès la première giration offre deseffluves de fruits noirs et rouges bien mûrs.Le cassis se mêle de groseille, la fraise setresse de canneberge. Duos fruités bien poi-vrés qui flirtent avec le toast juste roussi,avec le suc un rien viandeux d’une chair suc-culente. En bouche, les fruits se font pâtes ettapissent la langue de leur suave fraîcheur.Les tanins encore hérissés donnent du reliefet un dynamisme inattendu, qualités qui ren-dent le vin aérien. Assemblage : 65% Merlot et 35% Malbec sursol de débris calcaires. Âgés de 35 ans, ilssont vendangés manuellement et macèrent 5semaines. Fermentation alcoolique en cuveet malo en barriques. Élevage en barriquesdont 80% de neuves.

CHÂTEAU HAUT-GRELOT «COTEAU DE MÉTHEZ»2007 PREMIÈRES CÔTES DE BLAYE

Grenat souligné, il se parfume délicatementde fraise poivrée et d’arbouse relevée dequinquina. Le velours côtelé des tanins sedéroule sur langue et gratouille les papilles,ces dernières se hérissent et apprécient d’au-tant plus le fruit nuancé d’anis, de tabac etde menthe. Cette dernière apporte une fraî-cheur à l’ensemble, puis se combine au boisd’élevage pour d’une bouffée de mentholagrémenter la finale. Assemblage : un 100% Merlot. Les ceps âgésde 30 années sont plantés dans un sol sablo-limono-graveleux. Macération longue et éle-vage de 12 mois en fûts.

LES BLANCS

SÉLECTION 2008 CHÂTEAU HAUT-GRELOT BLAYE

Le robe d’un jaune pâle aux reflets verts ; unnez de bourgeon de cassis écrasés entredeux doigts, de poivre blanc et de fougère ;une bouche fraîche, à l’acidité pas trop mar-quée, au gras bien installé, de la mélisse etde l’absinthe ajoutent leur note florale, de lachair de pomme apporte sa touche fruitée. Assemblage : 100% Sauvignon en sol sablo-argileux vinifié en barriques, malo non faite,et élevé 6 mois sur lies bâtonnées en fûts dechêne.

CUVÉE PRESTIGE 2008 CHÂTEAU DES TOURTES

PREMIÈRES CÔTES DE BLAYE

Jaune doré au nez d’agrumes confits, de geléede pomme et poire, de pâte d’amande ; labouche répond au nez, y ajoute poivre,bâton de réglisse et tige de coriandre, le

tout baigné dans un petit gras de bon aloi.Viennent ensuite d’autres saveurs, la mélisse,le curcuma, la cardamome et l’aneth quiembellissent de leurs fragrances musquées lecitron et le pamplemousse. Assemblage : 100% Sauvignon de sol silico-argileux, vinifié malo faite, et élevé sur liesbâtonnées en barriques.

Marc Vanhellemont

Liste des importateurs

• Bel-Air La RoyèreMouchart* - Passeur de Vin(Ch) - Janselijn(Nl)[email protected]

• Gigault - www.chateau.gigault.com• Jouberts - Frui - Aligro/Vinum(Ch) - www.tutiac.com• Haut-Colombier - Bodega

www.chateauhautcolombier.com• Haut-Grelot- Wijnrank/Monard- Cees Van Noord(Nl)

www.chateau-haut-grelot.com• Tourtes - Bollaert/Terroir

www.chateau-des-tourtes.com

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�LE DOSSIER IVV

FÉVRIER/MARS 2010

Les tanins installent par leur légère rugositéune fraîcheur équilibrante et bienvenue. Assemblage : 90% de Merlot et 10% deMalbec âgés d’une trentaine d’années etplantés dans des calcaires à matrice argileu-se. Elevage en barriques.

CUVÉE VIVA 2006 CHÂTEAU GIGAULT

PREMIÈRES CÔTES DE BLAYE

Grenat aux reflets carminés, un premier nezqui évoque le café, puis la menthe, puis enfinle cassis, la mûre et la fraise. La boucheapparaît douce, d’une texture onctueusemalgré la présence imposante de taninsencore rugueux, toutefois l’impression cha-leureuse et fruitée finit par l’emporter ! Untriomphe qui nous donne une finale jolimentépicée. Assemblage : 90% de Merlot et 10% deCabernet Sauvignon de 35 ans, issus d’un sol

Château des TourtesPremières Côtes de Blaye

www.chateau-des-tourtes.com Importateurs: Bollaert/Terroir

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VIGNERON DE L’EXTRÊME

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En aval de Würzburg, au Nord de laBavière, le Main creuse le calcaire.

Les hautes falaises à l’angle tronquéoffrent la raideur de leur pente au

vignoble du Stein. Un endroit impressionnant qui semble en équilibre,

prêt à glisser dans le vide.

La rigueur du climat

Orienté au sud, le vignoble du Stein sechauffe au soleil de l’été après avoir subi lesfortes gelées hivernales. La rivière modèretoutefois quelque peu les trop grands écartsclimatiques. Quoiqu’il ne soit pas rare d’yenregistrer des températures de 40°C enplein mois d’août.

La topographie

Juchés à 80 mètres au-dessus de la rivière,les rangs de vignes hachurent la face obliquedes calcaires dont l’inclinaison va de 50 à60%. La roche peu friable n’offre qu’un solpeu profond aux ceps. Pour survivre, leursracines plongent au plus profond des micro-failles. Un enracinement qui génère la riches-se minérale des vins produits. Le cépageSylvaner, planté là depuis le moyen-âge, ytrouve l’une de ses plus belles expressions.Plus récent, le Scheurebe propose une struc-ture et une expression différente plus prochede celle du Riesling.

Scheurebe Alte Rebe Vinz 2007Ludwig Knoll (Würzburg)

La robe verte pâle presque blanche nuancéede reflets jaunes qui lui apportent une lumi-nescence particulière. Le nez se parfume de

fleurs et de fruits blancs qui lorsqu’on les res-pire avec plus d’attention se rehaussent d’unéclat de silex, odeur subtilement piquante etpoivrée. En bouche, un léger perlant fait fri-ser les papilles, reliquat de gaz carboniquequi dynamise le développement aromatiquetout en donnant un regain de nervosité. Leminéral senti, assise de pierre à fusil, offre sadensité à la cavalcade florale et fruitée. Lachair d’un citron blet apporte une fraîcheurdouce, le jus d’une poire de l’onctuosité, lachair d’une pomme du croquant. Quant auxfleurs, l’aubépine et la fleur d’oranger dessi-nent des arabesques graciles, tandis que lamélisse et le bouton de rose dansent ennotes délicates jusqu’au bout de la glotte.

Le Scheurebe

Il s’agit d’un croisement entre le Sylvaner etle Riesling, créé par le viticulteur GeorgScheu en 1916. Issu du même croisement quele Rivaner, il offre une qualité supérieure.Tant au niveau de la structure des vins quede la complexité de ceux-ci. Les viticulteursallemands le destinent principalement àl’élaboration des «Prädikatswein» qui est unlabel allemand de qualité supérieure.

Le domaine

Ludwig Knoll a repris l’exploitation familialeen 1990. Fidèle à la tradition transmise parson père, il a toutefois affiné la qualité desvins produits par le domaine. Les ajustant àla consommation actuelle grâce à un regaind’élégance et de pureté, sans entraver ni lastructure, ne le caractère affirmé des vins deFranconie.

Marc Vanhellemont

Ludwig KnollVinikus - www.weingut-am-stein.de

VERTIGE EN

FRANCONIE

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Les biodynamistes n’ont pas toujoursbonne presse, dans la viticulture. On lestraite d’Illuminés, d’astrologues, d’irres-

ponsables, quand on ne les prend paspour de dangereux sectaires. Le comble,

c’est quand parle à leur endroit de «viticulture inconsciente»: d’aucunsavancent que si les biodynamistes ne

détruisent pas tel ou tel parasite, il iraravager les cultures du voisin.

Et si on faisait le point, calmement ?

Je ne suis pas biodynamiste, j’ai essayé decomprendre, pour nous, de quoi il s’agissait.

Les biodynamistes parlent d’«Anthroposophie» ; comme son nom l’indique,c’est le rapprochement de l’homme et de lasagesse, c’est la conscience de soi et de sonentourage, la conscience de l’humanité quidoit mener à la sagesse. La biodynamie, c’estredonner vie au bon sens pour redonner dusens à la vie.

Pourquoi s’intéresser à la bio-dynamie ?Jusqu’au début du 20ème siècle, l’agricultureet l’élevage étaient conduits de manière natu-relle, dans le sens où il s’agissait de profiter dece que la nature pouvait offrir, les rendementsétaient faibles et la rentabilité aussi, limitéspar les conditions climatiques, la fertilité dessols et le profit des sélections massales ; ce,depuis le néolithique, soit près de 120 siècles.Aujourd’hui, un seul tout petit siècle après,grâce à la chimie, la technologie et la géné-tique, la terre n’est plus mère nourricière maisun immense pot de fleur: le climat, s’il ne

convient pas, est recréé sous des tunnels deplastique; les cultures ou le bétail, s’ils ne cra-chent pas assez, aucune importance, on créeles clones «brouzoufs». Sans aucun principe deprécaution, ni pour la terre, ni pour l’eau, nipour l’air, ni pour le climat, ni pour les cul-tures, ni pour les animaux… même pas pourl’homme! Cet homme, qui ne jure que par lafamille, l’héritage de ses parents et la fierté del’accomplissement de ses enfants, et qu’il tra-hit lâchement, parce qu’il ne sera plus là,quand ces derniers se rendront compte queleur parents ont "merdé".Les pesticides ont envahi tous les sols, lesnappes phréatiques et les ruisseaux, les végé-taux, les animaux,.. jusqu’au lait maternel !Disparition des abeilles, vache folle, grippeaviaire, et autres pandémies animales, allergies,déficiences immunitaires, altération de laspermatogenèse, déformation du système ner-veux du fœtus, maladie de Creutzfeldt-Jakobet cancérogénicités… tout ça…juste pournous… à coté de nous, Moon est un rigolo enterme de suicide collectif !Mais pourquoi parler de biodynamie, aujour-d’hui, dans une revue de vin ? Parce quelorsque j’avais 23 ans, jeune œnologue del’Université de Bordeaux, je fis quelques moiscomme œnologue-conseil pour la Chambred’Agriculture dans un laboratoire de l’Entre-Deux-Mers avant de poursuivre mes études.Parmi les viticulteurs que je suivais, l’un d’entreeux, plutôt âgé, était la boite à blague dulaboratoire et de la viticulture bordelaise

parce qu’il était bio-dynamiste. Il est vrai queses choix étaient effrayants, le peu de raisinsqu’il lui restait sur pied pourrissait à vue d’œilet lui, attendait la bonne lune pour les ramas-ser. A l’issu des vendanges et des vinifications,son vin s’est avéré mauvais avec des volatilescatastrophiques, une couleur qui précipitait,bref: pas recommandable. Pourtant cet homme m’avait ému. Il m’avaitému parce qu’il croyait en quelque chose

qu’apparemment personne ne comprenait, entout cas pas moi; et il est allé jusqu’au bout,sans jamais m’écouter lorsque je lui disais deramasser ou de traiter. Plus tard, j’ai découvertle travail de Nicolas Joly à la Coulée deSerrant, de Humbrecht en Alsace et de MaryseBarre à Pavie Macquin. Et comme tout lemonde, j’ai pris connaissance des bio-dyna-mistes nichés ici et là, j’ai vu naître les associa-tions «Renaissance des Appellations» et«Biodyvin», et le monde a découvert que labio-dynamie pouvait produire de grands vins.C’est ce qu’il manquait sans doute au monde

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LE POINT SUR LA

BIODYNAMIE (1ÈRE PARTIE)

Evolution de la matière organique dans les sols selon le type d'agriculture d'après l'étude DOC (en g de Carbone organique par Kg sur une période de 21 ans)

Biomasse microbienne en mg/Kg de terre selon l'étude DOC

�Agriculture bio-dynamique �Agriculture biologique �Agriculture conventionnelle

Agriculture bio-dynamique Agriculture biologiqueAgriculture conventionnelle Sans fertilisation

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(ou à mon monde !), il y a vingt ans : l’argument de la crédibilité, laqualité du produit. Mon vigneron de l’époque, lui, était peut-être tropâgé, mais il était surtout trop seul. Aujourd’hui grâce à de nombreux vignerons bio-dynamistes noussavons que la chimie n’est pas indispensable à la production degrands vins et surtout que la bio-dynamie n’est pas une entrave à laqualité. Alors voici une bonne raison pour se pencher sur le sujet.

La suite dans le prochain IVV…

Fabien Barnes, Oenologue

P.S.Si ce papier, de manière sous-jacente, montre du doigt une viticul-ture pollueuse, ce serait se tromper de cible que d’épingler la viticul-ture de base, et en particulier les vignerons coopérateurs. Certes,c’est particulièrement dans cette viticulture que la consommationde chimie est souvent outrancière mais il ne faut pas sous-estimerl’importance de l’accès à l’information. En l’occurrence, il faut accu-ser les industriels de la phyto de distribuer des calendriers auxvignerons où les semaines de traitements sont surlignées de couleursreprenant celles apposées sur les bidons et de conseiller en posolo-gie un nombre de bidons par citerne ! Il faut accuser les instancesviticoles françaises d’exiger des duplicata de factures de phyto pourcertifier que luttes et préventions ont été menées dans le vignoble,ce qui empêche, ainsi, ces mêmes vignerons coopérateurs de tra-vailler en pulvérisant des purins d’orties, par exemple, préparés à lamaison, comme beaucoup d’entre eux le faisaient autrefois et qu’ilsdisent bien plus efficaces que la chimie qu’on leur impose et leurcoûte une fortune.

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Une fin d’après midi où les idées se bouleversent. Deux séries de quatre

flacons ont suffi à mettre à mal beaucoup de nos certitudes.

Nous aurions dû nous en rendre comptedès l’instant où nous pénétrâmes dans le

petit local de dégustation. L’éclairagesemblait perturbé, le lux n’y était pas, la remarque en fut faite, une ampoule manquait, la remplacer ne servit à rien

C’est parti !Installés, nous nous mettons au travail,comme d’hab’. Rien de nouveau, la routine…une amélioration toutefois, pas de bou-teilles emmaillotées, mais des Erlenmeyersà col large. Ces flacons de labo à fond platrendent l’anonymat plus ludique ou plusintrigant, là c’est une question d’esprit oude caractère…Le numéro 1 coule dans les verres, chacunnote… pas grand-chose, pas de défaut, sim-plement… simple. Suivent les numéros 2, 3 et 4. Nous mon-tons en gamme.

Viennent les rougesPareil ! Le premier s’avère insignifiant, lesautres sont mieux : différents dans leurstructure, dans leur attache terrestre, dansleur langage aromatique. Le quatrième plaîtpour son équilibre. Les regards s’échangent… restent deux effer-vescents, deux belles bulles originales, trèsreconnaissables. Du moins le premier, lesecond doit être plus vieux ou d’une autrecomposition, voire moins dosé, ou je-ne-sais-quoi, mais différent.

Pas de chaussettes à enleverD’habitude, quand la dégu est terminée,

puisqu’il s’agit d’une dégustation à l’aveugle,on enlève les chaussettes et on commente ;on s’étonne ; on en rit, on en pleure, làencore, c’est question d’esprit ou de carac-tère. Cette fois, rien à ôter, juste à attendre desavoir ce qu’on a dégusté ? Et quel était lebut de la manip ?

L’atmosphère ou l’ambiance, différente ?

D’habitude’, pendant la dégustation, le plusconcentré d’entre nous s’énerve dès que leplus dissipé s’amuse de mots bien ou malchoisis, amusants ou crispants. Cette fois,rien ! À s’en inquiéter ! À peine interrogé, pourtant, voilà notreschtroumpf morose qui part en logorrhée,les commentaires sont déclinés et re-com-mentés : premier vin, plat, sans intérêt ; le

LE SOL VIBRE SOUS NOS PIEDS,

ACCROCHONS-NOUS AUX NUAGES

DÉGUSTATION D’EXCEPTION

22FÉVRIER/MARS 2010

LA MÉTHODE

Les vins ont été achetés par notre rédac’chef à l’insu du magnétiseur. Chaque bou-teille a ensuite été versée dans quatre Erlenmeyers (pour le blanc et les rouge) oudeux (pour l’effervescent).En présence de notre rédac’chef (qui n’a pas participé aux débats), le magnétiseur aensuite magnétisé trois échantillons de blanc, trois échantillons de rouge et un desdeux effervescents, laissant le premier échantillon de chaque série tel quel, pour ser-vir de témoin. A aucun moment le magnétiseur n’a touché les bouteilles. Il n’était pas présent lors de la dégustation. Les commentaires des vins n’ont pas puêtre modifiés après la dégustation.

Hervé Lalau

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deuxième minéral ; le troisième plus aérien ; le quatrième d’unestructure plus affirmée. Les rouges ? Itou, enfin presque, les taninsmasquent les différences constatées. Quant aux bulles, les pre-mières rondes, amples, sucrées, les secondes plus fraîches, plusélégantes, plus racées. Nous écoutons attentivement, sans trop dire. Ça c’est vraimentpas comme d’hab’ ! Branchés sur la même longueur d’onde, nousrestons cois. Ceci explique cela.

Alors qu’est-ce ? La révélation : les quatre carafons contiennent le même vin, issu dela même bouteille. Nous aurait-on abusés ? Abusés, certes non,amusés très certainement !Les vins ont été magnétisés, avant dégustation. Le magnétiseur -undénommé Ludovic(*)- dit avoir ajouté des caractéristiques diffé-rentes aux échantillons (le dernier de chaque série devant selon luirefléter l’harmonie). Rendons nous à l’évidence : ces desseins ontété plus ou moins perçus par chacun d’entre nous, mais une chosesautait au nez : les échantillons nous paraissaient bien différents lesuns des autres, et toujours meilleurs que le vin non magnétisé.Voilà un truc nickel pour rendre une piquette buvable... sachonsêtre pragmatiques !

Illusion, leurre, tromperie !!!Crions au scandale, halte à la mystification ! Pourtant, tout est écritnoir sur blanc ! Nos commentaires en témoignent, les variationssont avérées. Voilà qui est intrigant. D’autant que les éclaircisse-ments holistiques du mage Ludovic nous déboussolent. Les para-chutes anti-paranormal s’ouvrent, les appels à la pure sciencefusent, tandis que le mutisme frappe les plus diserts. Cacophonie intellectuelle de la perte de pied face à ce qui sembleévident pour l’un, donne à réfléchir pour l’autre, dérange celui quin’aime que la voie tracée.

À recommencer ?Certes, cela met du piment dans les conversations, ça fait sortircertains de leurs gonds, ça donne à réfléchir sur un autre plan… Ilparaît que nous avons tous en nous quelque chose de Tennessee,mais aussi du magnétisme. C’est ce qui nous attire, nous rend«aimant».

Marc Vanhellemont

www.6eme-sens.be(*) Ludovic Boucard – Les Vins de Roisin - www.roisin.be

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CALENDRIER DES DÉGUSTATIONS DES PROFESSIONNELS BELGES DU VIN

(par ordre chronologique)

VINOTRADE01/03/10 Vinotrade Tasting Day

(“Where Wine meets Jazz”) : 11.00 –

19.00 à Anvers (dégustation avec pro-

ducteurs, soirée walking diner et live

jazz; inscription via [email protected])

DE CONINCK04/03 au 20/03/10 Dégustation

«Vins Promos» dans nos 4 magasins.

VAN ECCELPOEL07/03/10 Dégustation : Aldhem

Hotel, Jagersdreef 1, 2280

Grobbendonk - 10-18u - + de 30

Producteurs - entrée 12€ (verre degus-

tation en cristal compris).

JEURIS20-21/03/10 Dégustation Jubilé pour

les 10 ans de la maison spécialiste Vins

Portugais

En présence de producteurs. Info:

www.wijnhuisjeuris.be/home/Degustaties

VINDEMIA WIJNIMPORT20-21/03/10 Dégustation 10/18h

Zevenekendorp 110 - 9080 Lochristi.

MONDOVINO26-27–28/03/10 Journées Portes

Ouvertes (en l’honneur des 20 ans de

Mondovino): 11–19u

(info www.mondovino.be )

LA BUENA VIDA27/28/29/03/10 Grande dégustation

de printemps à Mol 14/19h.

OPDEBEECK28-29/03/10 Journées dégustation.

BLEUZE29/03/10 Grande Dégustation en

présence de Vignerons - Spiroudome

de Charleroi.

DE WIJNWINKEL03-04/04/10 Dégustation de

Printemps.

ANGE VIN17-18/4/10 - 13 - 21h : Portes

Ouvertes Salle de Rooden Leeuw -

Molenstraat, 35 - 3140 Keerbergen.

MOUCHART23-24-25/04/10 Journées Portes

ouvertes (V 17-21h – S&D 13-19h).

DULST23-24–25/04/10 Journées

Dégustation (vend./sam. 16-21h – dim.

11-20h).

BIOTIEK24-25/04/10 Journées Portes

Ouvertes 14-18h – dégustation selec-

tion de vins bio et biodynamiques.

8-9-15-16/05/10 Journées Portes

Ouvertes 14-18h – dégustation selec-

tion de vins bio et biodynamiques.

WIJNHERMAN06-07-08/05/10 Voorjaarsverkoop

en degustatie zomerwijnen 14-18u

(8/5: 10-12u30)

EXPRESSION DU TERROIR09/05/10 Journée Portes Ouvertes de

Printemps - 11 - 20 h .

Dégustation de + de 50 vins, présence

de nos meilleurs vignerons .

Dégustation de produits de bouche.

LES CHAMPS FUEILLOTS14 au 18/05/10 Dégustation Spéciale

Loire 11/18h - + d'une trentaine de vins

du Val de Loire + cadeaux.

CINOCO31/05/10 Concours de Barman (Marie

Brizard) avec le concours de l’Union

de Barman Belge. 14-18h

Infos, inscript. www.cinoco.be -

www.bar-ubb.be/

Tous les samedisBASIN & MAROT : 14-19h ainsi que les

mercredis

CAVE DES OBLATS : 14-19h

WIJNINVOER CHATEAUX : 13-18h

WIJNHUIS JEURIS: 10-16h

DE WIJNWINKEL : 10-19h

(vendredi 14-19h)

WINE NOT

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Page 26: LES BEAUX MARIAGES PROVENÇAUX - In Vino Veritas

In Vino Veritas entame ce mois-ci unesérie sur les vins «icones»; vins connus,

vins reconnus, vins d’exception, vins char-gés d’histoire. Des vins qu’on n’a que trèsrarement la chance de boire, aussi. Quelmeilleur choix, pour commencer, que leChâteau d’Yquem? Ne parle-t-on pas àson endroit, non sans arrière penséefinancière, d’ailleurs, «d’or liquide»?

On préférera sans doute la belle expres-sion de Frédéric Dard: «de la lumière bue».

Au commencement était… un domaineMystère, alchimie, magie… voila des mots quireviennent souvent à propos d’Yquem.Essayons pourtant de rester terre-à-terre:Yquem, c’est d’abord un domaine. Domainedont la production vinicole est attestéedepuis l’époque où «les Anglais vendan-geaient l’Aquitaine». Pour l’anecdote, sonnom dérive d’un patronyme germain signi-fiant «qui porte casque». Un nom bien mar-tial pour un vin si doux.En 1593, un certain Jacques Sauvage rentre enpossession du domaine. La famille bâtit lechâteau et constitue progressivement levignoble, rachetant parcelle après parcelle.

A l’époque, déjà, on connaît l’importance desvendanges tardives, même si les causes de labotrytisation sont encore mal connues. Unpeu plus d’un siècle plus tard, Léon Sauvageest anobli par Louis XIV, sous le nom deSauvage d’Yquem. En 1785, sa petite fille,Françoise, épouse le Comte Amédée de Lur-Saluces - le domaine ne quittera plus lafamille pendant 2 siècles.

Grandeur et vicissitudes de l’histoire

Son mari étant mort jeune, Françoise tientseule les rênes du domaine, qui, grâce à elle,traverse la Révolution et l’Empire sans tropde dommages. Yquem figure déjà parmi lesvins appréciés des grands amateurs commeJefferson et Washington, pour qui, fait trèsrare, on embouteille le vin au Château dès1790. Les efforts de la Dame d’Yquem et deses successeurs directs sont reconnus offi-ciellement quand, en 1855, le Château accè-de au rang de Premier Cru Supérieur (le seul).Les têtes couronnées s’arrachent le breuvageà prix d’or, à l’instar du Grand DucConstantin de Russie, qui achète une bar-rique d’Yquem pour 20.000 francs or (l’équi-valent de 150.000 euros au cours actuel).Cette période bénie s’achève avec le phyl-loxéra et la première guerre mondiale. Il fauttout le caractère et l’entregent de Bertrandde Luc-Saluces pour essuyer ces tempêtes.

Le Marquis s’interdit la chaptalisation etrefuse le morcellement du domaine. Au titrede son mandat de président de l’Union desCrus Classés, il contribue à faire naître l’AOCSauternes; il milite au passage pour la géné-ralisation de la mise en bouteille à la pro-priété. C’est aussi lui qui donne naissance aufameux «Y», un blanc sec composé pourmoitié de sauvignon et de sémillon.En 1968, son fils Alexandre lui succède.Celui-ci fait ses armes dans un contexte dif-ficile -millésimes médiocres, crise du négo-ce, droits de succession - mais préserve ledomaine par une gestion empreinte derigueur. Le grand millésime 1975 vient à pointnommé pour relancer Yquem.Quelques années de prospérité permettentde procéder aux investissements nécessaires,au chai et à la vigne - de nombreux man-quants sont remplacés, qui entreront en pro-duction progressivement. Un chai souterrainest construit, pour la bagatelle de 2 millionsd’euros. Alexandre de Lur-Saluces porte leprestige du château au firmament.LVMH met la main en deux temps surYquem. D’abord une minorité de blocage, en1996, puis la majorité des parts, en 2004.Après 37 ans de règne, le dernier des Lur-Saluces quitte Yquem. Son successeur,nommé par LVMH, n’est autre que PierreLurton.

SI L’YQUEM

M’ÉTAIT CONTÉ

ICONE IVV

24FÉVRIER/MARS 2010

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Le gérant de l’autre grand cru de la maisonLVMH (que le groupe partage avec AlbertFrère), j’ai nommé Cheval Blanc. Un vent nou-veau souffle sur la vieille demeure.

Et le vin ?Pour beaucoup, qui dit grand vin dit petitdomaine. Mais Yquem, lui, s’étend tout demême sur 113ha, dont 102 en exploitation. Pasloin de 100 fois la Romanée-Conti, à titre decomparaison. Il faut dire que le rendementest dérisoire: 6 hl par hectare, en moyenne,ce qui nous donne une production de l’ordred’un verre par cep.Nous ne parlons pas de vieux millésimes à lalégère. Car la grande qualité du vin d’Yquem,c’est sa longévité. Peu importe, en définitive,ce que l’on peut écrire quand il «sort» en pri-meur (sauf pour les acheteurs, évidemment).Peu importe également ce que l’on en dit àsa majorité, à l’âge où bien des Bordeauxdéclinent. Yquem, avec ses sucres et son aci-dité, est bâti pour la longue garde. 50 ans estun chiffre raisonnable, comme l’ont confirméplusieurs dégustations mémorables organi-sées par quelques mécènes et collection-neurs. Ainsi, à Londres, en 2007, l’Yquem 1947,l’Yquem 1937 et l’Yquem 1921 ont été jugésnon seulement exceptionnels mais... «à point».Le 1959 les rejoindra sans doute dans

quelques années. Quant aux autres grandsmillésimes des trois dernières décennies(1967, 1983, 1986; 1997, 2001…), laissons-lesreposer en paix, ce ne sont encore que desbébés.Encore que… certains dégustateurs appré-cient l’Yquem plus jeune, arguant qu’un pro-duit bien né est beau à tout âge. Bien sûr, lesucre, assez présent dans la jeunesse, sefond mieux avec le temps, les notes d’abri-cot frais et de coing des premières annéesse complexifient, un nouvel équilibre secrée...

Mais qu’est-ce qu’Yquem a de plusque ses voisins ?

Ce qui fait la grande force dYquem, c’est sataille; une taille qui permet de laisserchaque année une douzaine d’hectares aurepos, et qui confère au cru une assez gran-de diversité de micro-terroirs. Avec commecorollaire une large palette dans les matura-tions. Moyennant une surveillance de tousles instants lors des semaines de vendanges,on peut ainsi s’assurer de ramasser des rai-sins toujours au bon moment, ce qui, quandon parle de botrytis, n’est pas une minceaffaire; au Château d’Yquem, la récolte sefait en 5 à 6 passes, sur un mois et demi à 2mois de temps!

A titre d’exemple, en 2008, le premier passa-ge a eu lieu le 17 septembre ; la cinquièmedernière trie de 29 octobre. C’est ce quePierre Lurton appelle «coller à l’écosystèmedu cru».

Et le style ? Car le cru, c’est une chose, mais derrière lesvins, il y a l’homme, et l’homme, même s’ils’en défend, confère au vin son style. A quiveut l’entendre, Pierre Lurton dit toujoursqu’il veut «laisser parler le terroir, respecterle caractère des vins, ne pas se laisserinfluencer par les modes, ne pas vivre aurythme cardiaque des oracles". Mais depuisqu’il a pris les commandes, Yquem s’orientevers plus de fraîcheur. Avec DenisDubourdieu, son consultant de luxe, Lurtonest plus à l’écoute des conditions que luidonne la nature chaque année. Passionné devin, mais plus globalement, de culture (c’estun mélomane averti, de même qu’un cavalieraccompli, et un bon «voileux»), Lurton a sansnul doute la sensibilité qu’il faut pourmanœuvrer ce navire d’un autre temps, quiavance longtemps sur son erre.A l’époque d’Alexandre de Lur-Saluces, lestyle était à la fois plus éclatant et plusvelouté, plus intemporel, aussi. Et avant?Avouons notre ignorance. Peut-être que lesgrands vins, les grands terroirs se moquentde leurs vinificateurs. Avec l’âge, il est bienpossible qu’ils transcendent tout ça. Les ter-mites s’agitent, récoltent, bâtissent et meu-rent, sans que l’éléphant qui passe neremarque leur existence fébrile.

Hervé Lalau

25

ET LES PRIX?

Une demi-bouteille d’Yquem «récente» se négocie entre 145 euros (pour un «petit»millésime comme 1998) et 300 euros. Pour les millésimes anciens, c’est selon. Environ3.300 euros, par exemple, pour un 1927, mais «seulement» 1.850 pour un 1925. 5.600pour un 1917. Entrent en jeu, en effet, non seulement la qualité du millésime, maiségalement la rareté de l’offre. A surveiller, également, l’état de conservation de labouteille. Car même les plus grands mythes peuvent être mités.

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Deux produits nobles, le fromage et le vin.

Marions-les, pour le meilleur et pour le goût…

Cette fois-ci, nous nous intéressons au Reblochon.

Rouge ou vertLe Reblochon est un fromage savoyard, àpâte pressée non cuite, élaboré au lait crude vache. Il peut être laitier et assemblerplusieurs laits, une pastille rouge le diffé-rencie alors du Reblochon fermier, marquéd’une pastille verte, et qui ne s’élaborequ’avec le lait d’un seul troupeau.Laitiers ou fermiers, tous sont agréables,tant en plateau qu’en préparations ! Le fermier possède toutefois une nuancesupplémentaire, celle de l’endroit de sanaissance, il a le goût de son alpage, de son«terroir» auquel s’ajoute la patte du fermierfromager. Le Reblochon est AOC (AOP)depuis 1958.

La meilleure saison La période estivale, moment où les vachesAbondance, Tarine et Montbéliarde, seulesraces autorisées, paissent en alpage, don-nent les fromages les plus savoureux. Laproduction se poursuit cependant toutel’année.

Origine et différence de goût La ferme du Pas du Loup, sur le plateau desGlières, à 1530 m, d’altitude, donne desReblochon fruités ; en alpage, à 1700m, celled’Henri Faure-Bonvin, sous la PointePercée, offre de superbes goûts d’épices etde fruits secs ; aux Corbassières, qui domi-

nent La Clusaz (1500 m), le lait frais auxamandes l’emporte ; chez Henri Avettand,à l’Aulp de Fier d’en Haut (1800m), c’estl’élégance minérale qui prime ; au Missilier,à la ferme du Moroly (1600m, près du GrandBornan, la torréfaction grille le champignonet distille l’abricot ; chez les Fillon, à 1250 mau sud de Manigod, la châtaigne s’arronditde chocolat blanc. Toutes ces provenances sont collectées parl’affineur Paccard à Manigod, au cœur de laVallée des Aravis. Ce dernier approvisionnenos meilleures fromageries.

La fabrication fermière Elle se fait au lait entier, emprésuré sitôt latraite terminée. Il faut compter 4 L de laitpour obtenir 1 Reblochon de 450 g. Salé à lamain, les fromages sont retournés tous lesmatins pour assurer la bonne formation dela croûte. Ils sont ensuite lavés et salés ànouveau. L’affinage dure de 3 à 5 semaines.

La couleur de la croûteLa croûte du Reblochon était jusqu’il y apeu colorée au rocou, un colorant naturelissu de la graine du roucou ,d’origine tropi-cale. Aujourd’hui, il peut être coloré à l’oxy-de de fer ou laissé en l’état, cela ne changerien à ses qualités gustatives. La couleur, c’est une question de marché !Les fromages qui arborent une colorationrouge brique se destinent par exemple à larégion lilloise. Chez nous l’ocre rouge pré-domine, nous ne les aimons guère plus pâle.Alors que sur place, il n’est pas rare de ren-contrer des croûtes non colorées présen-tant une pigmentation naturelle chamois.

Accords classiques et inattendus Le Reblochon s’accorde assez facilement àtoute une gamme de vins blancs. Certes onsonge d’emblée à ceux de Savoie, mais par-tons jusqu’à la Méditerranée pour débuter.

AUTOUR DU

REBLOCHON

LE CORBEAU ET LE PINARD

26FÉVRIER/MARS 2010

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Page 29: LES BEAUX MARIAGES PROVENÇAUX - In Vino Veritas

27

Coteaux du Languedoc Château d’Anglès2006Issu en majorité de Bourboulenc, il a la robepâle et dorée. Ses parfums d’abricot sec, ver-veine et pierre à fusil se nuancent de l’iodecaractéristique des vins de La Clape. Labouche vive ne manque pas de gras, son onc-tuosité équilibrée d’un trait amer tranched’un coup de silex la chair succulente desfruits confits. Le vin emballe le fromage, l’éclabousse d’em-bruns iodé, plante ses fruits. Le fromage,bonhomme, se laisse faire avec plaisir, puisévapore la brume maritime d’un coup de tor-réfaction, les crèmes en fondent et se cou-vrent de citron meringué, vient le poivre quiles entraîne jusqu’à la grève danser lemerengue.

Toujours sudiste Le Châteauneuf blanc du Grand Tinel 2007,vert doré, croquant comme une poire, grillécomme l’amande, onctueux et sec commel’abricot, parfumé d’une feuille de menthe etd’un toast. Reblochon et Grand Tinel s’aime d’un amourpâtissier. La croûte se transforme en fond detarte, la crème devient anglaise, vanillée etpoivrée, les fruits s’entassent et fond masse,menthe et citron rééquilibre la construction.

Restons méditerranéenMais, parmi l’éventail des possibilités et pourchanger des blancs cités, le Tavel et leMuscat du Cap Corse ouvrent d’autres possi-bilités rarement imaginées. Tavel La Dame Rousse 2007 La Mordorée, fuchsia intense, fruité épicééclaté de minéral, bouche à la fois suave ettendue se voit dominer par la framboise et lagrenade, couchées sur un lit d’aiguilles depin. Le fruit rendu plus extravagant par le rugueuxdu fromage, fraise, framboise, groseille défi-lent, poivre et muscade aux aguets, le curcu-ma vient buter contre le minéral du fromage,une grande fraîcheur s’installe. Un duo enforme de dessert fruité.

Muscat du Cap Corse Cuvée duGouverneur 2004 Orenga de Gaffory Or cuivré, cédrat et citron confits jouentacide amère avec le sucre des Corinthe,poivre, encens et bois de rose sont leursrécompenses qu’ils déposent dans la douceuronctueuse et fraîche d’un écrin en bois decèdre. Extraverti dans un premier temps, folie decitron confit, de Corinthe, de chocolat et depoire qui se bousculent et rebondissent surl’onctuosité du fromage, puis l’accord sesublime, devient sensuel, voire érotique, san-

tal, bois de rose, cèdre, érotisme du goût,celui qui affole les papilles. C’est un must,une véritable gourmandise !

Tartiflette, c’est niet !Le Reblochon est bien plus qu’un fromage àtartiflette. Il mérite, outre cet usage par tropgalvaudé, le plateau sans hésiter. Voire,comme c’est la coutume dans les Aravis,d’être servi découpé à l’apéritif, un blanclégèrement frisant (un Crépy, par exemple)en accompagnement.

Marc Vanhellemont

Liste des importateurs

• AnglèsChristiaens*/Goyens Damen/Christophe Demeyer/Pro Vino/Pêtre/Caves Saint Amand/Histoire de Vins04 68 33 61 33 - www.chateaudangles.com

• Grand Tinelwww.domainegrandtinel.com

• MordoréeWijnmakelaarsunie*/Vins Coeur/Bénévins/Carpe Uvam/Cave de Batisse/Lelièvre/Passion du Vin/Tout Est Vin/Van Hende - www.domaine-mordoree.com

• Orenga de GafforyMelchior*/Gr Distillerie Charleroiwww.orengadegaffory.com

REBLOCHON

Défauts possibles à l’achat : une croûte sèche et craquelée, un fromage trop mou, detrop grandes bulles au sein de la pâte.Conservation : le Reblochon coule, il faut donc le conserver emballé dans un papier ouenfermé dans une boîte et déposé dans le bac à légume du réfrigérateur. Aspect : pas trop épais, le talon arrondi, la pâte ivoire crème, onctueuse et assortie d’ou-vertures qui vont du grain de riz à celui du café. Il ne contient que 22% de MG.Zone de production: élevage, fabrication, affinage et emballage se déroulent dans lamême aire géographique : Haute-Savoie et Val d’Arly (Savoie).

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En Europe et jusqu’à ce jour, point de vinlabellisé «biologique» sans un cahier descharges (ou réglementation européenne)

en regard duquel certifier la chose. A savoir : les pratiques à la vigne.

Mais quid de la vinification ? C’est l’objetd’une nouvelle réglementation.

Explication de texte.

La dénomination « vinbio » est aussi large-

ment qu’indûment utiliséepour des vins qui, jusqu’àprésent, ne sont officielle-ment que des vins « issusde raisins biologiques ». Levin était en effet explicite-ment exclu de la premièrerèglementation de l’agri-culture biologique euro-péenne entrée en vigueuren 1991(1). Si le raisin pou-vait être certifié biolo-gique, il n’y avait toutefoispas de réglementation concernant une vinifi-cation biologique. Or, l’ancien règlement aété abrogé et remplacé par un nouveaurèglement cadre depuis le 1er janvier 2009(2), lui-même flanqué d’un règlement d’appli-cation (3) qui contiendra notamment lesrègles relatives au mode de vinification bio-logique. Jean-François Hulot, Chef d’Unité à la DGAgriculture de la Commission Européenne, aété chargé de la tâche ingrate de mettred’accord 27 pays sur des règles de vinificationque chacun voit à son goût. Le projet derecherche "Orwine", financé par laCommission, a débouché sur des proposi-tions autour desquelles s’articuleront lesfutures règles (voir « Le Code de bonne pra-

tique de viticulture et de vinification biolo-giques » sur le site www.orwine.org.L’objectif de Jean-François Hulot est de fina-liser ce travail au plus tard à la fin du premiertrimestre 2010 en vue d’appliquer les règles àla prochaine vendange. Malheureusement, deson propre aveu, ce n’est pas gagné d’avance,parce qu'il faudra dégager une majorité entredes pays divisés sur des questions techniquesépineuses ; notamment les doses maximalesde sulfites, qui opposent de façon très tran-chée les pays producteurs du Nord et du Sudde l'Europe. Pour illustrer le «nouveau bio», une nouveaulogo bio européen verra le jour (trois projetssont en compétition). Les résultats serontconnus courant février et le nouveau logosera obligatoire dès le 1er juillet sur les éti-quettes de vin biologique, si le règlementvoit le jour à temps !

Et dans le verre de vin biologique ?Bon, mais qu’est-ce qu’on obtiendra finale-ment avec une bouteille de vin certifié biolo-gique ? D’abord, comme précédemment avecle vin issu de raisins biologiques, du vin éla-boré à partir de raisins cultivés sans l’aide deproduits chimiques. Ce qui est très louablepour la santé du vigneron, pour la préserva-tion de l’environnement et pour la qualité duraisin. Et qu’en est-il de la vinification biolo-gique ? Le document de travail de la

Commission datant du 15 décembre 2009nous donne des indications. Une liste positive d’intrants autorisés dans levin certifié biologique – tous ceux autoriséset seulement ceux-là – a été proposée parOrwine et sera annexée au règlement d’ap-plication (CE) 889/2008. Il y en a moins queceux autorisés pour le vin conventionnel. Parexemple, pas de fâcheux polyvinylpolypyrro-lidone (PVPP), une colle synthétique quiempêche le jaunissement des vins blancs (!)ni d’adorable ferrocyanure de potassium quiélimine les traces de fer et de métaux lourds.Pas d’osmose inverse non plus, pour concen-trer artificiellement le vin les années diffi-ciles, ni de cryoconcentration, qui consiste àconcentrer le vin par congélation partielle etéliminer la glace formée. Ces techniques sontbarbares, coûteuses et dénaturent le vin.Elles gomment également l’effet (d’un moinsbon) millésime. Par contre, parmi les ingré-dients autorisés pour le vin biologique, onretrouvera tanins, copeaux de bois, levuressélectionnées, et on pourra toujours acidifieret enrichir en sucre. Notons que la flash pas-teurisation – chauffer le vin rapidement à70°C et le refroidir tout aussi rapidement afinde mieux le stabiliser – est à l’ordre du jourégalement pour le vin biologique… Pour desvins biologiques vivants ? Autant le fairebouillir, pour se passer totalement de sul-fites.

VIN CERTIFIÉ BIOLOGIQUE :LA MONTAGNE ACCOUCHE D’UN GRAIN DE RAISIN SEC

LA RUBRIQUE NATURISTE

28FÉVRIER/MARS 2010

Jean-François Hulot

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Page 31: LES BEAUX MARIAGES PROVENÇAUX - In Vino Veritas

29

Les sulfites, toujours les sulfites !Concernant les sulfites justement, les doses maximum seront unpeu plus faibles que pour le vin conventionnel. La proposition pro-bablement retenue serait de baisser de 50 mg/l la limite pour lesvins rouges et blancs secs. A ce sujet, il est intéressant de noter queles doses maximum de sulfites ont été baissées de 10 mg/l enjuillet 2009 (4), pour le vin conventionnel blanc et rouge sec, pours’aligner sur les limites prônées par l’Organisation Internationale dela Vigne et du Vin (OIV). Ce qui fera donc 100 mg/l de sulfitesmaximum pour le vin bio rouge par rapport à 150 mg/l pour le vinrouge conventionnel et 150 mg/l maximum pour le vin bio blanc,ou rosé, par rapport à 200 mg/l pour les vins blanc et roséconventionnels.

Il faut aussi noter l’extraordinaire exception pour les années àconditions climatiques difficiles, durant lesquelles on permet au vinconventionnel d’augmenter jusqu'à 50 mg/l la dose de sulfites au-delà des seuils maxima habituels. En bio, il est également prévud’autoriser de telles augmentations des doses maximales de sul-fites, et ce jusqu'aux niveaux des vins conventionnels. En théorie, leconsommateur pourra donc trouver, par exemple, du vin blanc cer-tifié biologique, avec … 250 mg/l de sulfites !

Goliath aura terrassé David Cette nouvelle législation sur le vin bio, qui avait pour objectif dedifférencier des produits aux méthodes de production bien dis-tinctes, semble malheureusement laisser la part belle aux gros pro-ducteurs industriels qui profiteront de l’attrait croissant pour le bioet des canaux de distribution spécialisés pour vendre des vinslabellisés biologiques pas significativement différents des vinsconventionnels du point de vue de la technique de vinification. Etce, au détriment d’un grand nombre de petits producteurs en bio,adeptes d’une vinification respectueuse de la matière première ettrès peu interventionniste, avec des quantités de sulfites inférieuresà 100 mg/l pour le vin sec sans aucune exception. Ces derniersvont devoir être créatifs pour se démarquer des producteurs de vinbio industriel. En effet, si la conduite de la vigne en bio reste vérita-blement la seule alternative à la fois écologique et qualitative à laviticulture conventionnelle chimique, le traitement de la vendangebio sera finalement très conventionnel, puisqu'elle la future vinifica-tion biologique autorisera la plupart des pratiques œnologiquesutilisées pour des vins conventionnels.

Afin d’assister efficacement le quidam bio et assoiffé, ne pourrait-on pas tout simplement imposer une contre-étiquette qui informeclairement sur les ingrédients et leur quantité exacte, y comprispour la dose de sulfites ? Ce qui permettrait de décider soi-même àquel point un vin est bio ou naturel. Malheureusement, les grandsproducteurs de vin industriel s’y opposent avec la plus grandedétermination.

Jérôme van der Putt

(1) Règlement (CE) 2092/91

(2) Règlement (CE) 834/2007

(3) Règlement (CE) 889/2008

(4) Règlement (CE) 606/2009

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Elmo 2008 Vinho Regional Beiras - Portugal

Une découverte venue de la région des Beiras (qui abrite leDao), pleine de fraîcheur et de vivacité. Issu de cépages autochtones uniquement (Arinto, Bical,Maria Gomez), ce vin présente un nez très marqué par lesagrumes et des notes florales. Bouche équilibrée, pleine desève, belle structure tenue en respect par une finale sècheet minérale. Un vin sans prétention, le compagnon idéal pour l’apéro ouune assiette de fruits de mer. Et pratique, avec ça, grâce sacapsule à vis!

Jeuris* - 5,40€

Casale Vecchio Farnese Pecorino 2008 Terre di Chieti IGT - Italie

Issu d’un cépage rare des Abruzzes, le Pecorino (non, rien àvoir avec le fromage du même nom). Beau nez complexe, aux notes florales et fruitées (poire,notamment). La bouche, très pleine, présente un superbeéquilibre entre sucrosité et acidité… une vraie découverte! Un vin de gastronomie par excellence. Recommandation: àl’apéritif, sur des pâtes aux fruits de mer, un poisson (pastrop d’aromates, cependant) ou un chèvre frais.

Delhaize - 6,49€

La Charmée Saint-Véran 2008 - France

Ce blanc de la Bourgogne méridionale séduit par son sur-prenant équilibre.Robe intense, jaune à reflets vers; nez de fruits blancs etd’agrumes; bonne vivacité à l’attaque en bouche, la fraî-cheur emplit le palais. Un vin complet qui devrait accom-pagner à merveille une bonne charcuterie, comme un jam-bon persillé; mais aussi un simple plat de poisson; ou enco-re, un petit chèvre bien affiné, pas trop fait.

Colruyt - 7,50€

Prova 2008 Vinho Regional Alentejano - Portugal

Robe intense, nez assez simple, mais pur, de fruit rouge,mêlé d’épices. Malgré ses 14° d’alcool, et sa provenance trèsméridionale (l’Alentejo), ce vin fruité reste d’une grandebuvabilité. Un vin qui ne prend pas de grand airs, mais quine manque pas de personnalité. A servir assez frais (14-15°)sur un volaille ou une viande blanche; éviter quand mêmeune sauce trop relevée.

Jeuris* - 5,15€

Viñas Del Vero 2007 Somontano Cabernet Sauvignon - Espagne

Au Nord de l’Espagne, la région de Somontano attire deplus en plus l’attention, grâce à sa production d’une granderégularité dans la qualité. Témoin cet excellent CabernetSauvignon, qui a tout pour devenir un grand succès com-mercial.

Robe profonde, avec quelques notes d’évolution, nez defruit mûr, confit, bouche pleine de sève et finale de bonneamplitude. Il sera tout à fait à son aise sur une charcuterierelevée (les meilleures charcuteries espagnoles, de l’Iberico,par exemple) ou sur une viande grillée. Ici encore, il vaudramieux le servir frais.

Delhaize - 5,99€

Côtes du Rhône 2007 M. Chapoutier “Bio” - France

Le “gourou” du bio Michel Chapoutier nous sort de son cha-peau une perle de vin naturel!Robe cerise légérement évoluée, bouquet élégant de fruitcompoté. Bouche suave aux notes confites, jolies nuancesépicées, un côté viandeux, qui s’achèvene beauté sur unefinale élégante. Si tous les Côtes du Rhône “de base” étaientcomme celui-ci…Ce vin sera à son avantage sur une bonne charcuterie ou unragoût (pas trop corsé).

Colruyt - 6,99€

Viña Ciento Cinco (105) 2008 Cigales Compania de Vinos Telmo Rodriguez - Espagne

Telmo Rodriguez a encore mis dans le mille avec ce vind’une D.O. un peu méconnue au Nord de Valladolid.Belle robe profonde aux reflets de cerise, très jeune. Nezun peu timide de fruit noir, belle minéralité. UnTempranillo mûr mais élégant, complété de Garnacha,conditionne le profil gustatif, petits fruits noirs, d’une fraî-cheur impeccable, avec uen finale corsée. De préférence, ouvrir un peu à l’avance, ou bien décanter sion doit le servir tout de suite. Accord conseillé: du porc iberico grillé, ou une vianderouge.Température de service: 15° maximum.

De Coninck* - 7,30€

Finca Antigua 2007 La Mancha Tempranillo - Espagne

Dans l’Océan de vins de La Mancha, on trouve tout demême des gens pour produire des flacons de qualitédécente. Témoin ce 100% Tempranillo, produit par la famil-le Martinez Bujanda, de la Rioja.L’expression très classique d’un beau tempranillo, à la robeprofonde, légérement évoluée, des petits fruits; unetouche de vanille, des épices douces, une bouche pleine,ronde, mais bien relevée par des tannins légèrement toastés. Un compagnon idéal pour un ragoût aux aromates, du porciberico grillé ou de la viande d’agneau. Vu le degré d’alcool (14°), on servira plutôt frais, 15° maximum.

Bleuzé Wines* - 7,32€

Frank Van den Bogaert

Un concept clair, pour cette nouvelle rubrique: une sélection de vins à moins de 8 euros, effectuée par un pro des achats. Parce qu’il est encore plus méritoire

de proposer un beau vin quand le prix est abordable…

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FIONA UP UNDER

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On entend moins parler des vins austra-liens, ces derniers temps. C’est que ce

grand pays traverse une véritable crise d’iden-tité. La récession économique, et l’offre plé-thorique de vins faciles à boire sur le marché,ont contraint ce dynamique exportateur dejoyeux vins pas chers à repenser sa produc-tion. Ajoutez à cela le réchauffement clima-tique, qui représente un véritable défi, mêmepour les vignerons les plus calés en science,ceux-là même qui combattent la montée enflèche des niveaux d’alcool à coup d’osmoseinverse, de « spinning cones » et de nouvellessouches de levures. Bref, ce ne sont pas lesproblèmes qui manquent à la viticulture enAustralie.Au cours d’un récent séjour sur place, je mesuis rendue compte que bon nombre des sté-réotypes associés aux vins australiens appar-tenaient au passé et que dans la coulisse, cepays était en train de réinventer sa viticulture.

Tout d’abord, je me suis aperçue que des vinstout à fait convaincants sont élaborés dansles régions les plus tempérées, pour ne pasdires fraîches. Des régions au climat frais comme laMargaret River, en Australie Occidentale, oula Tasmanie, dans l’Océan Austral, sont l’ob-jet de pas mal d’investissements et de nou-veaux projets de caves. Les Collinesd’Adelaïde, qui embrassent les banlieues dela ville, autour du Mont Lofty, sont d’un vertluxuriant, caressées qu’elles sont par lesembruns de l’Océan Austral. Et elles sont leberceau de magnifiques Sauvignons Blancs.Ces vins sont non seulement équilibrés etfrais, mais également représentatifs d’un vraiterroir– ils ont été pour moi les premiersexemples d’un nouveau «buzz», entendu toutau long de mon périple, celui de l’«Australian regionality». Ce que l’on tradui-rait par «les terroirs».

Plus vers l’intérieur, par-delà la chaudeBarossa, j’ai été impressionnée par lesRieslings de Jeffrey Grosset, dans la ClareValley. Pour trouver des températures plusfraîches, il a dû planter en altitude, à 570mètres, sur des schistes. de l’ardoise et desgraviers. Dans leur prime jeunesse, ces vinsétaient serrés et plein de minéralité ; avecl’âge, ils s’ouvrent et prennent des nez trèsconcentrés de foin et de muesli, avec de

douces finales miellées. Les meilleurs vigne-rons recherchent des poches de fraîcheurpour élaborer des vins plus élégant que parle passé, plus intéressants aussi.

Après quelques jours passés aux alentoursd’Adélaïde, où se trouvent bon nombre debonnes régions viticoles, il me fallait mainte-nant me soumettre à quelques longuesséances de dégustation de syrah et de char-donnay. Dans la McLaren Vale, à ma grandesurprise, j’ai découvert. Et quand la syrahétait effectivement utilisée, c’était en assem-blage avec le Cabernet, ou encore avec leGrenache and le Mourvèdre comme dans lesCôtes du Rhône Méridionales, qu’elle don-nait les meilleurs résultats. Par le passé, lesAustraliens vinifiaient leurs Cabernetscomme leurs syrahs, avec beaucoup d’extrac-tion et de manipulations. Aujourd’hui, ils ontla main plus légère ; ils laissent plus le raisins’exprimer, ils utilisent moins de bois, et leursvins sont donc plus frais et plus élégants.

La région viticole la plus connue d’Australieest la Barossa, là où des géants commeJacob’s Creek et Yalumba sont basés. Cesont ces entreprises qui ont fait connaître aumonde les vins australiens, et d’autres pro-ducteurs ont repris le flambeau, commePeter Lehmann, avec Stonewell Shiraz , ouCharlie Melton avec son Nine Popes.

AUSTRALIAREVISITED

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Cependant, même dans cette région bien établie, l’innovation frémit,comme chez les “Artisans of the Barossa”, une association de petitsproducteurs qui proposent des vins vraiment fascinants : leur produc-tion est trop limitée pour l’exportation dans nos contrées, mais assezimportante pour attirer l‘attention sur leurs méthodes (culture biolo-gique, travaux à la main…) et leur souci du terroir et de ses diffé-rences, aussi subtiles soient elles. Où l’on reparle de la « régionalité »,jugée ici plus importante que la puissance, l’extraction et l’alcool.

En Tasmanie, deux domaines à capitaux européens montrent la voie ;c’est chez eux que j’ai dégusté les deux meilleurs vins, deux rouges..Le premier, le Cabernet du Domaine A, ressemblait à un joli Médocd’un bon millésime récent ; le second, un Pinot Noir Lyre 2005, étaitissu d’un domaine connu, propriété d’un Belge, à savoir Piper’s Brook.Avec le réchauffement climatique, la Tasmanie, dont la productionest encore anecdotique, pourrait bien devenir un beaucoup plusimportant sur la scène australienne, à mesure que les grosses entre-prises y investissent dans le vignoble, ou y achètent des raisins.

Ma chasse à l’innovation viticole australienne m’a conduite dans uneautre région pourtant bien traditionnelle, la Hunter Valley, à troisheures de route au Nord-Ouest de Sydney. C’est ici que des cavescomme Tyrells et McWilliams ont été fondées au 19ème siècle, avantde devenir, avec le temps, de véritable icones – notamment pour desvins comme le Tyrell’s Vat, un Sémillon vieilli sous bois, toujours trèsprisé aujourd’hui, même si , pour certains, c’est le genre de vins quidemande un certain entrainement, pour ne pas dire des piqures derappel. Car les meilleurs vins issus de la Hunter proviennent d’une firme quin’a que trente ans d’existence, Brokenwood. Ici, on vendange le plustôt possible, pour préserver le fraîcheur du fruit de la Hunter, et l’onfermente le plus possible les baies entières. La cave est modeste, lavinification précise (on utilise les barriques de 15 différents tonnelle-ries pour assortir chaque type de bois à chaque parcelle de vigne) etles résultats sont spectaculaires.

La viticulture australienne n’est peut-être pas encore tout à fait adul-te, mais elle sort de l’enfance. Le plus intéressant, c’est que lesmeilleurs vignobles sont tous relativement jeunes, ce qui semble indi-quer que l’adaptation des cépages aux types de sols et de climat abeaucoup progressé. Les vinificateurs australiens réévaluent leursméthodes de vinification et s’éloignent de la production de vins de

marques conçus pour le marché de masse. Aujourd’hui, cependant,leurs nouveaux vins ne représentent guère qu’une goutte dans l’océandu vin mondial. Et la conjoncture actuelle n’est sans doute pas la plusfavorable à leur mutation des vins en vrac vers les vins de cavistes. Cependant, grâce à eux, quand le marché redécollera, l’Australie seraprête et pourra proposer toute un éventail de vins impressionnants,qui changeront notre perception de la qualité de l’offre australienne.

Fiona Morrison MW

• Artisans of the Barossa - www.artisansofbarossa.com/

• Brokenwood - www.brokenwood.com.au

• Charlie Melton - Ad Bibendum* - www.charlesmeltonwines.com.au/

• Domaine A - Kreglinger

• Jacob’s Creek - Pernod Ricard - www.jacobscreek.com/

• Jeffrey Grosset - Matthys Wijnimport - www.grosset.com.au

• McWilliams - www.mcwilliamswine.com

• Peter Lehmann – Intervinos - www.peterlehmannwines.com/

• Piper’s Brook – Kreglinger - http://kreglingerwineestates.com/

• Tyrells - www.tyrrells.com.au/

• Yalumba – Chacalli - www.yalumba.com.au/

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Il est une province italienne où plus de 95% des vins sont en DOC, où l’onparle allemand et où la majorité descépages sont aussi plantés en France:

le Südtirol (alias Alto Adige).L’appellation la plus septentrionale

d’Italie n’est pas avare en contrastes. Aux neiges des Dolomites répondent lespalmiers des vallées. Si les plaines sontcouvertes d’innombrables pommiers,

les contreforts montagneux sont richesen vignes. Et si le vignoble est italien,

les vins ont une franche filiation germa-nique. Pour comprendre, suivez le guide !

Leçon d’histoireDans un lointain passé, la région faisait partiedu Tirol, et donc de l’Autriche. Au Moyen-Age, la plupart de ses vignobles apparte-naient à l’Eglise et une bonne partie du vinproduit sur ce versant Sud des Alpes repas-saient le col du Brenner. Bonaparte mit fin àcet état de choses en s’emparant de la régionqu’il s’empressa de séculariser, tout en l’inté-grant à la République Lombarde. Exit donc leSüdtirol et les moines, naît alors la provincedu Haut Adige, ainsi baptisée par les Français.Qui dit sécularisation dit retour des terresaux paysans. Code Napoléon oblige, le patri-moine fut l’objet de divisions successives.

Ces dernières laissèrent à chacun un lopin devignes trop petit pour en vivre. Aussi, pouréchapper aux griffes des négociants, dès lafin du 19è siècle, ces paysans se groupèrenten coopératives, toujours nombreusesaujourd’hui.A la fin de l’Empire, la région réintègrel’Autriche, dont elle reste cependant assezautonome, isolée qu’elle en est par les Alpes.Mais en 1919, elle est annexée par l’Italie.Malgré plusieurs tentatives d’italianisation,elle a gardé sa spécificité culturelle; la majo-rité des habitants parlent allemand en plusde l’italien. Beaucoup ne se sentent guèreItaliens, ni Autrichiens d’ailleurs: «wir sind

Südtirolers». Sur le plan de la viticulture,cette annexion eut également des effetsimportants: les producteurs perdirent leursmarchés traditionnels pour se retrouvernoyés dans la production italienne. Levignoble s’est d’ailleurs réduit de moitié; enplaine, la culture du pommier a remplacécelle de la vigne.

Un vignoble de pré-montagne

Les vallées de l’Adige et l’Isarco, qui se rejoi-gnent à Bolzano, forment un vignoble enforme d’Y. Tout au Sud se trouve la partie laplus chaude où l’on cultive pratiquementtous les cépages régionaux - dont le gewürz-traminer, qui devrait son nom au village deTraminer/Termeno, mais aussi le merlot et lecabernet sauvignon. En remontant versBolzano, la zone suivante, celle du LacCaldaro, court sur des collines ondulant de300 à 700 m d’altitude. C’est la zone viticoleprincipale, où fleurissent vernatsch (schiavaen italien), pinot blanc, pinot noir et char-donnay. Au centre du Y, le bassin de Bolzanoest connu pour son faubourg ouest, Gries, oùle lagrein trouve un site idéal pour exprimerson potentiel sur des sols alluvio-argileux. Labranche ouest suit la vallée de l’Adige endirection de Merano. Les vignes montent àl’assaut de collines s’étageant entre 250 et

AU NORD DU SUD,

L’ ALTO ADIGE

IVV TRAVEL

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ET À PART LE VIN ?

Si vous allez au Südtirol, vous logerez probablement dans sa petite capitale, Bolzano.Outre les vins, vous aurez l’occasion d’y apprécier le tout nouveau Museion (si vousaimez l’art moderne), mais aussi les nombreux restaurants. Et aux alentours, ses châ-teaux médiévaux (Mareccio, encerclé de vignes, Roncolo et ses superbes fresques,Scena et son pont romantique…). Mais aussi, ses sentiers de randonnée, à traversvignes. A deux pas, le lac de Caldero est un joli but d’excursion, de même que le pim-pant village de Tirolo, qui aurait donné son nom à la région, si l’on en croit ses habi-tants…

Hervé Lalau

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900 m. On y cultive surtout pinot blanc,chardonnay, riesling et sauvignon, sur dessols de porphyre notamment. L’autrebranche, au Nord-Est suit l’Isarco, démarrantsur les collines de Santa Maddalena. Entre250 et 550m, le vernatsch y produit despetits vins. Au-delà, les vignobles deChiusa/Klausen et de Bressanone/Brixen,accrochés à plus de 500m, sont plantés decépages germaniques: sylvaner, riesling, mül-ler-thurgau, kerner, gewürztraminer et grünerveltliner. Côté climat, la position de la région en faceSud des Alpes l’ouvre à l’influence méditer-ranéenne. Les habitants se targuent de béné-ficier de 300 jours de soleil par an. Les tem-pératures sont souvent très élevées en étédans les vallées et à Bolzano, entre 30 et 40degrés. L’automne et son été indien favori-sent souvent les vendanges.

La productionLa région ne compte qu’une appellation, laDOC Alto Adige/Südtirol. Le plus souvent,l’étiquette mentione un des 18 cépages de larégion. Les 5100 ha de vignes fournissent enmoyenne 400.000hl de vin par an. 60% sontdu schiava ou vernatsch, produit sur 1249ha(données 2008). Il fournit depuis toujours levin rouge léger de tous les jours, bien adap-té aux chaleurs, une sorte de Beaujolaislocal. Plus intéressant du point de vue del’œnophile étranger, le lagrein aurait son ori-gine dans une vallée du Trentin voisin, ValLagarina. Selon les rendements et la vinifica-tion, il donne un vin plus ou moins foncé etstructuré, avec des arômes de fruits des boiset des tannins plus ou moins rustiques, plusou moins fruités. Il occupe actuellement 412ha,contre 337ha pour le pinot noir et 216 hapour le merlot. Côté blanc, le gewurztrami-

ner représente 475 ha, le pinot gris 564, lechardonnay 462, comme le pinot blanc. Enparcourant le vignoble, on note que bonnombre de vignes restent conduites en per-gola, même si la taille guyot domine dansles nouvelles plantations.

Coopératives de qualitéLes coopératives représentent 2/3 de la pro-duction. Lors de mon séjour, j’ai pu en visiterquatre. Au nord, la Cantina Valle Isarco vinifie 31cuvées issues de 130ha répartis sur 11 com-munes. Le poids de la tradition se marquedans l’encépagement : 30% de müller-thürgau,30% de sylvaner et 20% de gewürz: pas vrai-ment l’idéal pour l’export, mais adapté à lademande locale et italienne. La ligne Aristos,le top ici, provient d’une sélection parmi lesmultiples parcelles des coopérateurs. J’ai aiméle Riesling 2008 et ses arômes de pêche mûre,son profil élancé, sa fraîcheur minérale; il estcultivé à 700m d’altitude, sur un sol sableuxde schiste décomposé. Le Pinot Grigio 2008et le sauvignon 2008 sont également intéres-sants. A l’Ouest de Bolzano, la Cantina Terlano, fon-dée en 1893, a récemment absorbé sa voisine,la Cantina Andriano; à elles deux, leur produc-tion atteint 1,5 million de bouteilles par an,pour 220ha de vignes. Ces bouteilles restentcommercialisées au nom des deux caves. J’aipréféré les vins de Terlano, dont un SauvignonQuartz Riserva 2007, pamplemousse, minérali-té saline, éclat et maturité de fruit, avec unélevage mi inox, mi foudres. Le Pinot BiancoVorberg Riserva 2007 n’est pas en reste, avecdes notes de camomille, une fine salinitéminérale qui soutient la rondeur de la matière:né de vieilles vignes à 90% en pergola, ce vinmérite d’être attendu deux ou trois ans.

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LES INCONTOURNABLES DE L’ALTO ADIGE

Ce vignoble de 5100 ha compte 137 producteurs faisant de la bouteille et 15 coopérativesqui mettent sur le marché quelque 40 millions de cols par an. Difficile donc d’en faire letour complet en une visite de trois jours. Outre les producteurs cités dans l’article ci-contre, des dégustations antérieures, à l’occasion de Vinitaly notamment, m’avaient cepen-dant permis de faire connaissance avec les vignerons tantôt les plus connus, tantôt les plusprometteurs de la région. A tout seigneur, tout honneur, on ne présente plus Aloïs Lagederprésents dans le monde entier, et donc aussi en Belgique, avec des vins remarquables. Maisd’autres noms méritent toute votre attention gustative. Dans le désordre notamment :Elena Walch, Franz Haas, Manincor, Abbazia di Novacella, Produttori Colterenzio, FranzPrazner, Martin Aurich, J. Hofstätter et Haderburg. Cette liste, tout en n’étant pas exclusi-ve, permet déjà de se faire une bonne idée du potentiel vinicole l’Alto Adige.

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«St Michael Eppan» se trouve à Appiano, auSud-Ouest de Bolzano. La cave vinifie 380haet produit plus de 2 millions de bouteillesréparties en 62% de blanc et 38 de rouge.«Sanct Valentin», la gamme supérieure, sedécline en 9 vins, pour environ 50.000 fla-cons. Le Sauvignon 2007 y était délicieux,associant discret volume et fraicheur légère-ment minérale à une matière mûre et desarômes d’agrumes, de fleurs et de petitesépices. Dans la même gamme, le Pinot Noir2007 affiche une belle harmonie avec de lachair sur les tannins, des arômes de cerise,un peu de massepain. Le 2008 se montreencore plus précis dans le fruit pour unematière dense aux tannins encore un rienpointus. Au Sud de l’appellation, la Cantina Caldarovinifie la production de 300 ha de vignes,soit plus de 3 millions de bouteilles en plu-sieurs gammes, dont une en biodynamie.Très réussi Sauvignon Premstaler 2008, 100%

inox, issu de vignes plantées entre 500 et600 m d’altitude sur sol de calcaire et deporphyre: joli nez d’agrumes, ananas frais etminéralité, bouche élancée, fraîcheur minéra-le qui lui confère présence et vitalité. Lagamme Solos présente les vins en biodyna-mie, issus de 12ha détenus par six coopéra-teurs ; dont un étonnant Vernatsch 2008, quiprésente un agréable fruit de groseillesrouges, beaucoup de fraîcheur minérale etde vitalité.

Domaines familiauxParmi les producteurs privés, j’ai retenu ledomaine Tieffenbrünner (22 ha), situé àCortaccia, tout au Sud. Le paysage y estmagnifique avec les vignes qui montent àl’assaut de collines marno-calcaires s’élevantjusqu’à 1000m. Le domaine produit pasmoins de 700.000 bouteilles par an, répar-ties entre une bonne trentaine de cuvées,30% en rouge et 70 en blanc. J’ai aimé les

arômes élégants de pamplemousse rose duSauvignon Kirchleiten 2008 (une cuvée 100%inox), auxquels s’ajoutent des notes de sauge ;en bouche, une rencontre réussie entre aci-dité et rondeur, pour un vin qui possède lafraîcheur d’un vignoble d’altitude. LeGewürztraminer Castel Turmhof 2008, 14°5d’alcool et 5g de sucre, offre notes de rose,de miel et d’épices dans une matière à lafois puissante et fraîche. Retour pour conclure vers Bolzano, àBronzolo sur l’autre rive de l’Adige et le por-phyre du pied des Dolomites: le vignoble duDomaine Lentsch y couvre 14 ha. Il s’enrichitdepuis peu de 3h situés dans le Nord de l’ap-pellation. Le Lagrein Morus 2004 est nette-ment plus minéral que celui de la zone deGries, ses notes florales, son fruit soft et sestannins sans agressivité se fondent autourd’une bonne colonne vertébrale.

Bernard Arnould

• Cantina Valle Isarco - www.eisacktalerkellerei.it

• Cantina Terlano - www.kellerei-terlan.com

• St Michael Eppan - www.stmichael.it

• Cantina Caldaro - www.kellereikaltern.com/

• Joachim Caminada - [email protected]

• Tieffenbrünner - www.tiefenbrunner.com

• Domaine Lentsch - www.lentsch.it

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� IVV TRAVEL

FÉVRIER/MARS 2010

Château de Gaure11250 Rouffiac d’Aude

www.chateaudegaure.com Importateurs :

Tricot/Van Hende/Aux Sens Larges

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Après un sommet de Copenhague mitigéau niveau des résultats, les vigneronsanglais pourraient-ils honteusement s’enorgueillir de ne pas souffrir du

réchauffement climatique ? C’est en tout cas ce que les chiffres deproduction et d’extension du vignoble

laissent entendre.

De nouveaux vignobles sont plantés et lesvins anglais, présents depuis l’époque

romaine et qui étaient autrefois destinés aufolklore local, sont maintenant distribués àl’échelle nationale, autant chez les cavistesque dans des grandes surfaces au point de neplus pouvoir satisfaire la demande. Plus de1250 hectares de vignes sont actuellementplantés dont environ 800 en production pourpas moins de 3 millions de cols produits. Cesvins qui autrefois étaient vendus au domaineou sur les marchés locaux vont peut-être pro-fiter de la chute de la livre sterling pour sefaire connaitre d’avantage. Seuls 10% sontconsacrés à l’export mais plusieurs dizainesd’hectares viennent s’ajouter au vignoblechaque année et, qui sait, s’inviteront sur vostables des fêtes d’ici quelques années.

Si le réchauffement pose des problèmes dansdes régions de certains pays méridionaux qui

voient le cycle végétatif de ses vignes blo-quées ou leurs raisins littéralement cuits parle soleil lors de canicules, en Angleterre, unréchauffement permettrait d’atteindre plusrégulièrement une maturité optimale descépages plus tardifs. Actuellement, on comp-te deux années de qualité par décennie.Quatre sont moyennes et quatre sont mau-vaises. Mais un réchauffement permettraitune homogénéisation entre les années. Lesvins blancs ne sont plus les seuls à compteret un réchauffement de 2°C serait mêmed’avantage favorable aux raisins noirs.Certaines associations écologistes vont jus-qu’à prévoir une telle hausse de températured’ici la fin du XXIème siècle que le climat enAngleterre ne permettrait plus de produire devins de qualité compte tenu des cépages etdes clones plantés ! La bande géographiquefavorable à la culture de la vigne pourrait,dans l'hypothèse d'une forte hausse duréchauffement climatique (+4 à +5°C en 2100)regagner la Suède qu'elle atteignait avant le"Petit Age Glaciaire", explique G. Jones dansune étude. Des vignes destinées à faire du vinsont même plantées depuis quelques annéessur l’Ile de Gotland (Domaine Gutevin) ausud-est des côtes Suédoises, par 57° de lati-tude nord.

On dénombre déjà 41 vignobles de plus de 6hectares en Angleterre et les rachats de ter-

rains vont bon train. Si les techniques de vini-fication modernes expliquent que la qualitéde vins se soit globalement améliorée, leréchauffement leur profite aussi, et surtoutaux vins effervescents obtenus par méthodetraditionnelle, qui récoltent de plus en plusrégulièrement des médailles d’or à diversconcours internationaux. Une aubaine pourplusieurs maisons qui se sont spécialiséesdans les vins mousseux tels que Nyetimber(Le « Classic Cuvée 2003 » fût dernièrementtitré de meilleur mousseux du monde auBollicine del Mondo), Camel Valley Vineyardou encore RidgeView Wine Estate double-ment récompensé cette année par le Gore-Browne Trophy (Meilleur vin de l’année) et leVintner’s Trophy (Meilleur vin effervescent)pour son Knightsbridge 2006 rosé.

On espère que le travail accompli enAngleterre peut servir à développer d’avanta-ge les vignobles tels que la Belgique en espé-rant bien entendu que les changements dras-tiques soient accomplis en matière de pro-tection de l’environnement.

Tim Vandeput

Tim Vandeput est le Sommelier du Vintage, àBruxelles. Il a été désigné Meilleur Sommelierde Belgique 2009

ENGLISH WINE RULESOK?

LE PAPIER DU SOMMELIER

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VINS ESPAGNOLS ET PORTUGAIS

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