PUERICULTURE PRATIQUE

les a v a n t a g e s d e s la i ts d e 2 e & g e

F. MAIRE, M.P. SENECHAL

L ES laits de 2 e flge ou laits de suite f~teront cette annie leur 10 e anniversaire. Ils ont, donc, plus que ,, l'~ge de raison ~5. Ils ont ~t~, en effet, r~glement~s par l'arr~t~ du

30 mars 1978. Leur appellation l~gale ,~ aliments lact~s di~t~tiques 55, sans mention precise de b~n~fi- ciaires, permet de ne pas limiter leur emploi aux seuls b~b~s -- dans une tranche d'~ge d~termin~e, mais de les conseiller plus longtemps, si cela s'av~re n~cessaire, et d'en faire b~n~ficier, si besoin, les

^

femmes enceintes et meme les personnes ^ ' agees, quand leur 6tat nutritionnel pose des probl~mes.

Dis 1977, le Professeur Lestradet et ses collabora- teurs avaient r6alis6 une enqu6te, sur un plan limit6, pour 6tudier l 'alimentation de l'enfant de 3 18 mois, car les p6diatres avaient l'impression que vers 1 an, le nombre d'enfants ayant une an6mie 6tait plus grand qu'on aurait p u l e penser. Les r6sultats de ce travail ont donn6 d6j~ certaines orientations, qui ont 6t6 v6rifi6es par l'Enqu6te

nationale sur l 'Alimentation du Nourrisson Fran- ~ais, de janvier ~ juin 1981 (2). Les conclusions ~taient claires. �9 Apport trop important en protides et en lipides. * Apport trop faible en lipides v~g~taux donc en acide linol~ique. o Apport tr~s insuffisant en fer. Si l 'on relit les publications, les comptes rendus de Table Ronde (2) qui pr~sentaient les laits de 2 e ~ge, au moment de leur mise en place, on cons- tate que tous s'attachaient ~ d~montrer les avanta- ges que ces aliments lact~s apporteraient ~l la nutri- tion des nourrissons pendant le deuxi~me semestre de leur vie, comparativement ~i ce qu'ils recevaient avec le lait de vache largement employS, dans ce

^

meme temps.

F. MAIRE. Pu~ricultrice-Di6t~ticienne Chef. Insti- tut de Pu6riculture de Paris, 26, bd Brune, 75014 Paris. M.P. SI~NE~CHAL. Di~t~ticienne.

_J

2 3 6 Journal de PI~DIATRIE et de PUI~RICULTURE n ~ 4-1988

PUERICULTURE PRATIQUE

1 Rappel des apports conseillers pour les petits Franc.ais (CNRS - CNERNA - Rappor t 1 9 8 1 )

* Acide linot~ique 4 ~ 5 % de I'apport calorique total.

oO e n e s t a c t u e l l e m e n t l e u r c o n s o m m a t i o n ?

Les laits de 2 e age ont-ils combl~ les espErances et affermi les certitudes ?

Pour rEpondre fi ces interrogations, nous ferons un rappel : �9 des apports nu t r i t ionne l s conseill& au cours du 2 r semestre de vie (CNRS - C N E R N A - 1981) (3), �9 des composi t ions compar&s des laits de 2 e ~ge et du lait de vache - p o u r 100 ml, �9 une ~valuation des apports au d~but de la diversification alimentaire - vers 6 fi 8 mois,

pour d~duire les avantages ou, a contrario, les ris- ques encourus s'ils ne sont pas utilisEs ou trop rapidement abandonn&, ~t un momen t charni~re, off l 'alimentation n'est plus exclusivement lactEe, mais encore peu diversifiEe.

les a v a n t a g e s e t les i n c o n v 6 n i e n t s

Les prot6 ines

Que l 'on utilise l 'un ou l'autre lait, la couverture des besoins est assur& tant en qualitE qu 'en quan- titL L'apport protidique total de l 'alimentation, en utilisant les laits de 2 ~ age, est plus satisfaisant. En effet, les quantitEs de viande servies ~l cet age sont, tr& souvent, supErieures ~t celle que nous indiquons. Nous rappelons, d'ailleurs, que la ration journali~re fi 1 an ne devrait pas d~passer 30 gram- mes nets.

Les glucides

Lait de vache et lait de 2 e age fournissent une Egale quantitE de lactose -- qui permet au bEbE d%difier les cErEbrosides, bases de la myEline du systeme nerveux. Journal do PEDIATRIE el de PUI~RICULTURE n ~ 4-1988

L'apport glucidique total du lait 2 ~ age, par contre, est diversifiE : dextrine maltose + autres glucides en quantitE Egale: Le gofit sucre n'est pas domi- nant, facilitant ainsi 1'introduction des legumes et des laitages, pris tels quels.

Quant au lait de vache, l 'habitude de lui adjoindre morceaux de sucre ou sucre en poudre, sans parci- monie, est solidement ancr&. La d&ouverte de la saveur agrEable du saccharose, fi laquelle le nour- risson s 'accoutume rapidement, peut conduire des exc~s (ils ne sont pas rares : les compotes fami- liales sont sucr&s ainsi que les jus de fruits et presque toujours les laitages), exposant fi plus ou moins long terme fi la survenue d 'une ob&itE et de caries dentaires. I1 ne faut pas oublier que lEgu- mes, pommes de terre, produits cErEaliers (ces der- niers fournissent des glucides, fi absorption lente, certes) doivent compter dans la ration glucidique.

Les l ipides

Si les quantit& totales sont assez voisines, la qua- lit~ n'est pas semblable. Les acides gras saturEs sont majoritaires quand on utilise le lair de vache -- et l 'adjonction de beurre frais sur les legumes -- par ailleurs, tout fi fait souhaitable pour l 'apport vitaminique A et Eventuellement D -- peut encore majorer le total.

Avec les laits 2 e ^ acides gras ' et " ' age, satures lnsatures sont bien rEpartis.

L'acide linol(~ique

II participe aux structures cellulaires et au proces- sus de croissance tissulaire de l 'organisme ; il est assez pauvrement repr~sentE dans le lait de vache, alors qu 'on s'est attache fi en enrichir le lait 2 e A ~ , P �9 �9 age, par I mterme&alre des corps gras d'origine vEg&ale qui lui sont ajout&.

Les chiffres du tableau d'alimentation en tEmoi- gnent : si l 'enfant reffoit du lait de vache, la quan- titE d'acide linol~ique est trois fois moindre que s'il consomme du lait 2 e age.

2 3 7

PU#RICULTURE PRATIQUE

Les risques ~ long terme d'une consommati0n exces. sive d'acides gras satur~s sont bien connus. De mime que le r61e b~n~fique qu'exercent sur eux les acides gras non satur~s.

A c e propos, nous voudrions ~voquer la prescrip- tion actuelle de lait de vache 1/2 ~cr~m~: si la proportion d'acides gras consommes est ainsi nettement diminu~e, il faut constater imm~diate- ment que la fourniture d'acide linol~ique le sera dans les mimes proportions. Cette pratique ne nous paratt pas raisonnable puisque l'acide linol~i- que est indispensable au petit enfant pour sa crois- sance -- ou alors il faut utiliser, sur les purges, de l'huile - - pr~f~rentiellement de tournesol -- puisque c'est la plus riche en acides gras insatur~s.

L e s o d i u m

2 Composition moyenne pour 100 ml

COMPOSANTS Lait de vache Lait 2* Age

Protides Cas6ine Prot~ines solubles

Glucides Lactose Dext. Maltose Autres glucides

Lipides AGS AGNS Acide linol~ique

Sodium Calcium Far

3,6g 82 18

4,7g 4,79

3,6g 2,2g 1,4 g 90 mg

35-50 mg 120 mg

0,05 mg

2,5 ~ 3g 8O 20

7,7~ 9g 4,5g 2 g 2 g

2,7 ~ 3,3 g 1,35 ~ 1,65g 1,35 ~ 1,65g 200 ~ 400 mg

15- 40mg 86-106 mg

0,6 ~ 0,9 mg

P~riodiques m~dicaux et quotidiens classiques insis- tent depuis bien longtemps sur la consommation excessive de sel pour l'adulte fran~ais. On lit dans le rapport 1981 du C N E R N A (4) qu'il ,, convien- drait plus de parler d 'un apport fi ne pas d~passer plut6t que d'une ration conseill~e ,,. La teneur en sodium du lait de vache est assez importante. Les produits laitiers qu'on va faire goi ter au jeune enfant en remplacement d'une partie du lait : fromage blanc, yaourt, petit suisse, en contiennent et plus encore les fromages de

o / r

toutes vanetes. La r~duction du sodium dans les laits 2 e flge com- porte un inter& fi moyen et surtout fi long terme - - pour la prevention de l 'hypertension art~rielle. On peut esp~rer que les g~n~rations futures ne prendront pas l'habitude de consommer trop de sel.

3 Evaluation des apports au d6but de la diversification alimentaire - vers 6 ~ 8 mois.. Les ~-c6t6s du lait ))

ALIMENTS

Jus de fruits Fruits (petits pots) C6r6ales (moyenne) L~gumes frais Pommes de terre Viande-poisson-oeuf Laitages * Beurre Sucre

APPORTS DES A-COT~S DU LAIT

Ouantit6s /jour

50 ml 150 ml

10g 150 g 50 g 109

100 ml 5g

109

Protides

g

0,3 0,8 2 1 1,8 5

11

Glucides

g

8 24 7,7

10,5 10

5

10

75,2

Lipides

g

1,2 1,2 4,2

6,6

Acide linol6ique

mg

Na

mg

24 1,5

57,5

83

Ca

mg

7 13 4,5

75 5

174

278,5

Fer

mg

0,20 0,75 0,13 1,12 0,25

2,45

* Yaourt ou petit suisse ou fromage blanc.

238 Journal de PI~DIATRIE et de pUI~RICULTURE n ~ 4-1988

PU#RICULTURE PRATIQUE

4 Comparaison d'apport journalier ; lait de vache, lait 2 e ~ge

Lait de vache 500 ml 18 48,5 18 45 212,5 600 0,25 sucr(~ ~ 5 %

TOTAL DES APPORTS 29 g 123,6 g 24,6 g 45 mg 295,5 mg 878,5 mg 2,7 mg JOURNALIERS prot~ines AGI ** 12,8 meq

animales 2,8 % 25g

. Lait 2' 8ge 500 ml 13,7 41,7 15 150 137,7 480 3,75 (moyenne)

TOTAL DES APPORTS 24,7 g 117 g 21,6 g 150 mg 220,5 mg 758,5 mg 6,2 mg JOURNALIERS prot~ines AGI ** 9,6 meq

animales 3,5 % 20 g

** AGI: Acides gras insatur~s.

On ne saurait trop insister aupr~s des m~res, pour qu'elles ne salent pas les premiers l~gumes -- leur goGt.

L e c a l c i u m

La consommation de Pun ou l'autre lait satisfait les apports conseill~s, malgr~ les differences indivi- duelles dans le taux d'utilisation du calcium ali- mentaire. ' ' " L evocauon de cet ~l~ment important nous sugg~re de ment ionner l'indispensable pres- cription de vitamine D puisque les laits destines au nourrisson fran~ais n 'en sont pas enrichis.

L e f e r

Le lait frais, quelle qu'en soit l'origine, a une teneur faible en fer.

Les enqu~tes ont montr~ que l 'apport en fer, pen- dant le deuxi~me semestre de la vie, quand la diversification ne fait que d~buter, au moment off les r~serves h~patiques sont ~puis~es, est syst~- matiquement inf~rieur aux apports recommand~s avec le passage au lait de vache. Le tableau chiffr~ le montre bien. Et on constate que : si l 'on utilise du lait 2 ~ ~ge, l 'apport en fer est deux lois et demie plus important que lorsqu'on utilise du lait de vache.

I1 est n~cessaire de rappeler que certains nourris- sons sont particuli~rement ~ fi risques ,~ : faibles poids de naissance, nouveau-n~s de multipares jeu- nes, de m~res migrantes ou de milieux ~conomi- ques d~favoris~s ou issus de grossesses multiples (jumeaux, triples). M~me si l'an~mie se corrige

Journal de PI~DIATRIE et de PU~RICULTURE n ~ 4-1988

spontan~ment vers 18 mois, l 'enfant a un cap diffi- cile ~l passer. Tous les laits 2 e flge sont enrichis en fer. I1 faudrait donc, obligatoirement y avoir recours, la ration de viande fournie dans les quantit~s souhaitables compl~tant ces apports ainsi que les l~gumes.

Mais on sait que le fer non h~minique est moins bien absorb~ et que le meilleur v~hicule apr~s, est le lait.

I1 faut noter aussi que certains fabricants enrichis- sent en fer leurs farines. C'est dire l ' importance qu 'on attache, actuellement, ~ la couverture de ce besoin -- y compris pour les femmes enceintes.

I1 existe maintenant des laits 2 e ~ge ~< parfum~s ,, aux l~gumes, aux fruits, ~l la vanille, au cacao. Ils peuvent ~tre utilis~s pour varier les go6ts et le plaisir de boire du lait. Le parfum au cacao est ~l faire d~couvrir vers I an -- sinon il deviendra vite une exclusivit~ et d~butera alors.., l'escalade du chocolat.

Toutes ces remarques prouvent bien que les lairs 2 ~ ~ge ont r~pondu ~ l 'attente sur le plan nutrition- nel.

II reste ~ savoir pourquo i ils ne sont pas plus l a rgement utilis6s et plus souvent prescrits.

�9 L'argument leplusfr~quernrnent avanc~est le co~t. I1 nous paratt indispensable d'expliquer quel est le prix d 'un litre de lait -- et non de laisser compa- rer le prix d'achat d 'une bo~te de 500 g de poudre (en moyenne : 33,00 F) qui permettra de reconsti- tuer 3,3001 de lait, au prix d'achat d 'un litre de lait entier U.H.T.

239

PUI~RICULTURE PRATIQUE

�9 Prix d 'un litre de lait 2 e &ge - reconst i tue ~ 15 % . . . . . . . . . . . . . . . 10,00 F (1 mesuret te rase + 30 ml d'eau)

�9 Prix d 'un litre de lait entier U.H.T. achet6, au hasard, dans une grande surface 5 ,1OF

L 'enfant consommant 500 ml de lait par j ou r :

�9 si I 'enfant consomme du lait de vache : D6pense journali&re . . . . . . . . . . . . . . . 2 ,05 F

�9 si I 'enfant consomme du lait 2 ~ &ge Ddpense journali&re . . . . . . . . . . . . . . . 5 ,00 F D6pense journali~re supplr occasionn~e par la consommat ion du lait 2 ~ ~ge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 ,95 F

�9 Un deuxi~me argument peut ~tre avanc~:

le lait U.H.T. est pr~t ~ l'emploi, on l'ach~te pour l'ensemble de la famille, en faisant les courses habituelles. Le lait 2 ~ ~ge doit ~tre reconstitu~ et son achat n~cessite une visite au pharmacien. S'il ~tait, d 'une part prdsent~ liquide et, d'autre part, vendu en grandes surfaces soit au rayon sp~-

cial des produits pour b~b~s, soit au rayon des produits di~tdtiques, sa diffusion serait sfirement plus grande et son prix pourrait ~tre abaiss~. I1 aurait la cote maximale ~l l'argus de la sant~. [~

B i b l i o g r a p h i e

1. Compte rendu Conference de presse du Comit6 National de I 'Enfance - 1982. Quoi de neuf en alimentation infantile ? - Les erreurs ~ (~viter.

2. Enqu6te Nationale sur I 'al imentation de 6 5 0 jeu- nes enfants - SOFRES - 1 9 8 1 . Organis~e par le Pr LESTRADET- avec le concours de la Cornmu- naut~ Europ(~enne. Ont part icip~ ~ cette enqu~te : Dr ASTIER-DUMAS, Centres Recherches Foch. Pr KLEPPING, Dr BOGGIO, Laboratoire de physiologie CHU de Dijon. Prs TCHERNIA et DOMMERGUES,Equi- pes du Laboratoire Central d 'H~mato log ie et du Service de P~diatrie, HSpital Antoine-B~cl~re, Clamart .

3. Synthbse mddicale - Novembre 1978. Le quoti- dien du M~decin, 6 mars 1979.

4. Apports nutritionnels conseill~s pour |a popula- tion fran~aise - 1981. Henri DUPIN et les Mem- bres de la Commission - Appor ts nutr i t ionnels conseill~s du CNERNA.

TROUBLES DU RYTHME CARDIAQUE

CHEZ L'ENFANT C o o r d i n a t e u r s :

J. K A C H A N E R , A . B A T I S S E

Coll. ~ Progr~s en p~diatrie ~. 3

1986, b r o c h ~ , 304 p a g e s 18 x 2 4 - P r i x ' 2 7 0 F

Domaine longtemps r~serv~ ~ une petite minorit~ de sp~- cialistes, la connaissance des troubles du rythme et de la conduction cardiaques en p~diatrie a b~n~fici~ du d~veloppement r~cent des m~thodes de surveillance des nouveau-n~s par les cardio-moniteurs, et des foetus par l'~chocardiographie, et de la multiplication des interven- tions de chirurgie cardiaque.

La progression des m~thodes d'investigation, l'apparition de nombreux produits tr&s actifs et ~ventuellement dan- gereux, l'application aux plus petits des m~thodes d'~lec- troth~rapie endocavitaire percutan~e, de chirurgie des- tructrice ~lective, d'entrainement artificiel par ~lectro- stimulation permanente, offrent des possibilit~s de prise en charge nouvefles et z~ches de promesses.

Cet ouvrage r~unit quelques raises au point sur les prin- cipales ~volutions r~centes de la rythmologie p~diatzique pour amener un public non sp~cialis~ ~ la connaissance de faits de physiologie et de pathologie dont la complexit~ n'est souvent qu'apparente.

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T616phone : (1) 43.25.34.02

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Adresse :

d6s i re recevoi r I e xemp la i r e de ~, T roub les du r y thme ca rd iaque chez I 'enfant ,,

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