les auteurs grecs: homère. troisième chant de l'odyssée

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Ces ants ont été expliqués liéralement, traduits en français et anno- tés par Édouard Sommer, agrégé des classes supérieures, docteur ès leres. Le texte de l’édition originale (1849) parue ez Haee a été numérisé, légèrement modifié et recomposé avec T E X en Linux et GFSDidotClas- sic. Le texte, les traductions de cet ouvrage ont été revus par M. Mark De Wilde Publié par Gérard Gréco sur hp://gerardgreco.free.fr. © Mark De Wilde 2021 Version 1.8 du 5 octobre 2021. Tous droits réservés. Il est toléré d’utiliser ce document dans un cadre scolaire ou universitaire ou personnel sans but lucratif. La diffusion même électronique de ce document n’est pas autorisée. La recomposition de cet ouvrage est basée sur les travaux de Petr Bře- zina concernant la composition bilingue et plurilingue, publiés dans le bulletin du Groupe técoslovaque des utilisateurs de T E X, année 2008, nu- méro 4, ISSN 1211-6661, et présentés au public francophone dans l’article « Éditions bilingues et T E X » qui est librement disponible sur ce site web : hps://web.arive.org/web/20130512105242/hp://www.volny.cz /petr-brezina/libelli/bilingue.pdf 13411. ― Imprimerie A. Lahure, rue de Fleurus, 9, à Paris. LES AUTEURS GRECS EXPLIQUÉS D’APRÈS UNE MÉTHODE NOUVELLE PAR DEUX TRADUCTIONS FRANÇAISES L’UNE LITTÉRALE ET JUXTALINÉAIRE PRÉSENTANT LE MOT À MOT FRANÇAIS EN REGARD DES MOTS GRECS CORRESPONDANTS L’AUTRE CORRECTE ET PRÉCÉDÉE DU TEXTE GREC avec des arguments et des notes PAR UNE SOCIÉTÉ DE PROFESSEURS ET D’HELLÉNISTES HOMÈRE TROISIÈME CHANT DE L’ODYSSÉE Paris 2021

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Les auteurs grecs: Homère. Troisième chant de l'OdysséeCes chants ont été expliqués littéralement, traduits en français et anno- tés par Édouard Sommer, agrégé des classes supérieures, docteur ès lettres.
Le texte de l’édition originale (1849) parue chez Hachette a été numérisé, légèrement modifié et recomposé avec TEX en Linux et GFSDidotClas- sic.
Le texte, les traductions de cet ouvrage ont été revus par M. Mark De Wilde
Publié par Gérard Gréco sur http://gerardgreco.free.fr.
© Mark De Wilde 2021
Version 1.8 du 5 octobre 2021. Tous droits réservés. Il est toléré d’utiliser ce document dans un cadre
scolaire ou universitaire ou personnel sans but lucratif. La diffusion même électronique de ce document n’est pas autorisée.
La recomposition de cet ouvrage est basée sur les travaux de Petr Be- zina concernant la composition bilingue et plurilingue, publiés dans le bulletin du Groupe tchécoslovaque des utilisateurs de TEX, année 2008, nu- méro 4, ISSN 1211-6661, et présentés au public francophone dans l’article « Éditions bilingues et TEX» qui est librement disponible sur ce site web :
https://web.archive.org/web/20130512105242/http://www.volny.cz /petr-brezina/libelli/bilingue.pdf
13411. Imprimerie A. Lahure, rue de Fleurus, 9, à Paris.
LES
PAR DEUX TRADUCTIONS FRANÇAISES
L’UNE LITTÉRALE ET JUXTALINÉAIRE PRÉSENTANT LE MOT À MOT FRANÇAIS
EN REGARD DES MOTS GRECS CORRESPONDANTS L’AUTRE CORRECTE ET PRÉCÉDÉE DU TEXTE GREC
avec des arguments et des notes
PAR UNE SOCIÉTÉ DE PROFESSEURS
ET D’HELLÉNISTES
Paris 2021
RELATIF À LA TRADUCTION JUXTALINÉAIRE
On a réuni par des traits, dans la traduction juxtalinéaire, les mots français qui traduisent un seul mot grec.
On a imprimé en italique les mots qu’il était nécessaire d’ajouter pour rendre intelligible la traduction littérale, et qui n’ont pas leur équivalent dans le grec.
Enfin, les mots placés entre parenthèses, dans le français, doivent être considérés comme une seconde explication, plus intelligible que la version littérale.
ARGUMENT ANALYTIQUE
du troisième chant de l’odyssée.
Télémaque et Minerve abordent à Pylos, au moment où Nestor offre sur le rivage un sacrifice à Neptune ; ils sont conviés au festin (1–66). Après le repas, Nestor interroge ses hôtes ; Télémaque répond et s’informe du destin de son père (67–101). Nestor raconte à Télémaque le retour des Grecs, la division funeste des deux Atrides ; il n’a aucune nouvelle d’Ulysse (102–200). Télémaque se plaint de sa destinée ; Nestor le console, et Minerve blâme son peu de confiance dans les dieux (201–238). Télémaque demande à Nestor des détails sur la mort d’Agamemnon. Récit de Nestor. L’absence de Ménélas, errant pendant sept ans à la suite d’une tempête, avait donné de l’audace à Égisthe ; Nestor engage Télémaque à ne pas demeurer longtemps loin de sa patrie, s’il ne veut pas que les prétendants dévorent son héritage ; il l’invite cependant à aller s’informer près de Ménélas, qui vient seulement de rentrer en Grèce (239–328). La nuit arrive ; Minerve engage Nestor à terminer les cérémonies et le festin (329–341). Nestor veut retenir Minerve et Télémaque qui se disposent à retourner au vaisseau ; Minerve laisse Télémaque se rendre au palais et disparaît dans les airs. Nestor félicite le jeune héros de cette protection divine et promet un sacrifice à la déesse (342–384). De retour au palais, Nestor offre des libations à Minerve ; chacun se retire ensuite dans son appartement (385–403). Dès l’aurore, Nestor réunit ses fils et Télémaque pour offrir un sacrifice à Minerve. Description du sacrifice, qui est suivi d’un banquet (404–472). Nestor fait préparer un char et donne pour guide à Télémaque son fils Pisistrate. Les deux jeunes héros quittent Pylos, et arrivent le lendemain, à l’entrée de la nuit, à Lacédémone (473–497).
ΟΜΗΡΟΥ
ΟΔΥΣΣΕΙΑΣ ΡΑΨΔΙΑ Γ
λιος δ’ νρουσε, λιπν περικαλλα λμνην 1, ορανν ς πολχαλκον 2, ν’ θαντοισι φανεη, κα θνητοσι βροτοσιν π ζεδωρον ρουραν ο δ 3 Πλον, Νηλος κτμενον πτολεθρον, ξον. Το δ’ 4 π θιν θαλσσης ερ ζον, 5
ταρους παμμλανας, νοσχθονι κυανοχατ. ννα δ’ δραι σαν, πεντηκσιοι δ’ ν κστ εατο, κα προχοντο κστοθι ννα ταρους. Εθ’ ο σπλγχν’ πσαντο, θε δ’ π μηρ’ κηαν 5, ο δ’ θς κατγοντο, δ’ στα νης σης 10
στελαν 6 εραντες, τν δ’ ρμισαν, κ δ’ αν ατο
Le soleil, quittant les plaines brillantes des eaux, s’élança dans le ciel d’airain pour montrer sa lumière aux immortels, et aux hommes sur la terre féconde ; Minerve et Télémaque arrivaient à Pylos, la su- perbe ville de Nélée. Les habitants accomplissaient des sacrifices sur le bord de la mer, offrant des taureaux noirs à Neptune aux cheveux d’azur. Ils formaient neuf groupes composés chacun de cinq cents hommes assis ; dans chaque groupe on immolait neuf taureaux. Ils avaient goûté les entrailles, et brûlé les cuisses en l’honneur du dieu, quand les Ithaciens abordèrent ; ils plièrent, après les avoir relevées, les voiles du vaisseau uni, le mirent à l’ancre et en descendirent.
HOMÈRE
L’ODYSSÉE
CHANT III
λιος δ, Et le soleil, λιπν λμνην περικαλλα, ayant quitté l’étendue-d’eau très-belle, νρουσεν s’élança ς ορανν πολχαλκον, dans le ciel au-nombreux-airain, να φανεη θαντοισι, pour qu’il apparût aux immortels, κα βροτοσι θνητοσιν et aux hommes mortels π ρουραν ζεδωρον sur la terre qui-fournit-des-céréales ; ο δ ξον Πλον, et ceux-ci arrivèrent à Pylos, πτολεθρον κτμενον Νηλος. ville bien-bâtie de Nélée. Το δ Et ceux-là (les Pyliens) π θιν θαλσσης sur le rivage de la mer ζον ερ, faisaient des sacrifices, ταρους παμμλανας, immolant des taureaux tout-noirs, νοσχθονι pour le dieu qui-ébranle-la-terre κυανοχατ. dieu à-la-chevelure-azurée. ννα δ δραι σαν, Et neuf groupes-assis étaient là, ν κστ δ et dans chaque groupe πεντηκσιοι εατο, cinq cents hommes étaient assis, κα κστοθι et dans-chaque-endroit (groupe) προχοντο ils étendaient pour les immoler ννα ταρους. neuf taureaux. Ετε ο πσαντο σπλγχνα, Lorsque ceux-ci goûtèrent les entrailles, πκηαν δ μηρα et brûlèrent les cuisses θε, pour le (en l’honneur du) dieu, ο δ ceux-là (Télémaque et les Ithaciens) κατγοντο θς, abordèrent droit, δ στελαν στα et ils resserrèrent les voiles νης σης du vaisseau égal (uni) εραντες, les ayant levées,
6 ΟΔΥΣΣΕΙΑΣ Γ.
κ δ’ ρα Τηλμαχος νης βαν’, ρχε δ’ θνη. Τν προτρη προσειπε θε γλαυκπις θνη
« Τηλμαχ’, ο μν σε χρ τ’ αδος, οδ’ αιν 1 τονεκα γρ κα πντον ππλως, φρα πθηαι 15
πατρς, που κθε γαα, κα ντινα πτμον πσπεν 2. λλ’ γε νν θς κε Νστορος πποδμοιο εδομεν, ντινα μτιν ν στθεσσι κκευθεν. Λσσεσθαι 3 δ μιν ατν, πως νημερτα επ. Ψεδος δ’ οκ ρει μλα γρ πεπνυμνος στν. » 20
Τν δ’ α Τηλμαχος πεπνυμνος ντον ηδα « Μντορ, πς τ’ ρ’ ω, πς τ’ ρ προσπτξομαι ατν Οδ τ πω μθοισι πεπερημαι πυκινοσιν αδς 4 δ’ α νον νδρα γερατερον ξερεσθαι. »
Τν δ’ ατε προσειπε θε γλαυκπις θνη 25
Télémaque sortit du navire ; Minerve le précédait. La déesse aux yeux
bleus lui adressa ces mots la première :
« Télémaque, il ne te faut plus ici aucune timidité ; tu as traversé les
mers pour t’informer de ton père, pour savoir en quel lieu la terre le
renferme, et quel destin il a subi. Allons, va droit à Nestor le dompteur
de coursiers ; sachons quelle pensée il cache en sa poitrine. Conjure-le
de te dire la vérité. Il ne tementira point ; car il est rempli de sagesse. »
Le sage Télémaque lui répondit : « Mentor, comment m’approcher
de lui, comment l’aborder ? Je n’ai point encore l’expérience des sages
discours ; et un jeune homme a toujours quelque pudeur pour inter-
roger un vieillard. »
La déesse aux yeux bleus, Minerve, lui répondit : « Télémaque, tu
trouveras dans ton esprit une partie de ce que tu dois dire ; un dieu
L’ODYSSÉE, III. 7
ρμισαν δ τν, et ils mouillèrent lui (le vaisseau), ξαν δ ατο et ils en descendirent eux-mêmes ; Τηλμαχος δ ρα et Télémaque donc ξαινε νης, descendit du vaisseau, θνη δ ρχεν. et Minerve le précédait. Θε γλαυκπις θνη La déesse aux-yeux-bleus Minerve προσειπε τν adressa-la-parole à lui προτρη la première :
« Τηλμαχε, « Télémaque, ο μν χρ σε τι il n’est sûrement plus besoin à toi encore αδος, de timidité, οδ αιν pas même un peu ; ππλως γρ κα πντον car aussi tu as navigué-sur la mer τονεκα, pour-cela, φρα πθηαι πατρς, afin que tu apprennes au sujet de ton
[père,που γαα où la terre κθε, l’a caché (renferme son corps), κα ντινα πτμον πσπεν. et quel destin il a suivi (trouvé). λλ γε νν Mais allons maintenant κε θς Νστορος va droit à Nestor πποδμοιο dompteur-de-coursiers ; εδομεν, voyons (sachons) ντινα μτιν κκευθεν quelle pensée il a cachée (il cache) ν στθεσσιν. dans sa poitrine. Λσσεσθαι δ μιν ατν, Et il faut le supplier lui-même, πως επ νημερτα. afin qu’il dise des choses vraies. Οκ ρει δ ψεδος Or il ne dira point de mensonge ; στι γρ μλα πεπνυμνος. » car il est fort sensé. »
Τηλμαχος δ πεπνυμνος Et Télémaque sensé ηδα τν α ντον dit à elle à son tour en réponse : « Μντορ, « Mentor, πς τε ρα ω, et comment donc irai-je, πς τε ρ προσπτξομαι ατν et comment donc aborderai-je lui ? Οδ πεπερημα τ πω Et je ne me suis exercé en rien encore μθοισι πυκινοσιν à des paroles sensées ; αδς δ α, et il y a pudeur d’un autre côté, νον νδρα un jeune homme ξερεσθαι γερατερον. » interroger un homme plus âgé. »
Θε δ γλαυκπις Et la déesse aux-yeux-bleus
8 ΟΔΥΣΣΕΙΑΣ Γ.
« Τηλμαχ’, λλα μν ατς ν φρεσ σσι νοσεις, λλα δ κα δαμων ποθσεται ο γρ ω ο 1 σε θεν κητι γενσθαι τε τραφμεν τε. »
ς ρα φωνσασ’ γσατο Παλλς θνη καρπαλμως δ’ πειτα μετ’ χνια βανε θεοο. 30
ξον δ’ ς Πυλων νδρν γυρν τε κα δρας, νθ’ ρα Νστωρ στο σν υσιν μφ δ’ ταροι δατ’ ντυνμενοι κρα τ’ πτων, λλα τ’ πειρον. Ο δ’ ς ον ξενους δον, θροι λθον παντες, χερσν τ’ σπζοντο 2, κα δριασθαι νωγον. 35
Πρτος Νεστορδης Πεισστρατος 3, γγθεν λθν, μφοτρων λε χερα, κα δρυσεν παρ δαιτ, κεσιν ν μαλακοσιν, π ψαμθοις λσιν, πρ τε κασιγντ Θρασυμδε κα πατρι .
t’inspirera le reste ; car je ne pense pas que tu sois né et que tu aies
grandi contre le gré des dieux. »
Minerve parla ainsi, et le précéda d’un pas rapide ; il s’avança sur
les traces de la déesse. Ils arrivèrent près de l’assemblée où les Py-
liens étaient réunis. Là Nestor était assis avec ses fils ; autour de lui
ses compagnons préparaient le festin, faisaient rôtir ou perçaient les
viandes. Dès qu’ils aperçurent les étrangers, ils vinrent en troupe à
leur rencontre, leur pressèrent les mains, et les invitèrent à s’asseoir.
Le fils de Nestor, Pisistrate, s’approcha d’eux le premier, leur prit la
main à tous deux, et leur donna une place au festin sur des peaux
moelleuses, sur le sable de la mer, près de son frère Thrasymède et
L’ODYSSÉE, III. 9
θνη Minerve προσειπε τν ατε adressa-la parole à lui ensuite : « Τηλμαχε, « Télémaque, ατς μν νοσεις toi-même tu sentiras λλα les unes des choses qu’il faut dire ν σσι φρεσ, dans ton esprit, δαμων δ κα et une divinité aussi ποθσεται λλα te suggérera les autres ; ο γρ ω ο σε car je ne pense pas toi γενσθαι τε τραφμεν τε et être né et avoir été nourri (avoir
[grandi)κητι θεν. » en dépit des dieux. » Φωνσασα ρα ς Ayant parlé donc ainsi
Παλλς θνη Pallas Athéné γσατο καρπαλμως marcha-la-première rapidement ; δ βανεν πειτα et lui s’avançait ensuite μετ χνια θεοο. sur les traces de la déesse. ξον δ ς γυρν τε Et ils arrivèrent et à l’assemblée κα δρας et aux groupes-assis νδρν Πυλων, des hommes de-Pylos, νθα ρα Νστωρ στο où donc Nestor était assis σν υσιν avec ses fils ; μφ δ ταροι, et autour de lui ses compagnons, ντυνμενοι δατα, apprêtant le repas, πτων τε κρα, et faisaient-rôtir des viandes, πειρν τε λλα. et en perçaient d’autres. Ο δ ον, Et ceux-ci donc, ς δον ξενους, dès qu’ils virent les étrangers, λθον παντες s’avancèrent tous θροι, en-masse, σπζοντ τε χερσ, et les embrassèrent avec leurs mains (leur
[prirent la main),
κα νωγον δριασθαι. et les engagèrent à s’asseoir. Πεισστρατος Νεστορδης Pisistrate fils-de-Nestor πρτος, le premier, λθν γγθεν, étant venu auprès (s’étant approché), λε χερα μφοτρων, prit la main de tous deux, κα δρυσε παρ δαιτ, et les fit-asseoir au banquet, ν κεσι μαλακοσιν, sur des peaux douces, π ψαμθοις λσι, sur le sable de-la-mer, πρ τε κασιγντ Θρασυμδε et auprès de son frère Thrasymède
10 ΟΔΥΣΣΕΙΑΣ Γ.
Δκε δ’ ρα σπλγχνων μορας, ν δ’ ονον χευε 40
χρυσε δπα δειδισκμενος δ προσηδα Παλλδ’ θηναην, κορην Δις αγιχοιο
« Εχεο νν, ξενε, Ποσειδωνι νακτι το γρ κα δατης ντσατε, δερο μολντες. Ατρ πν σπεσς τε κα εξεαι, θμις στ 1, 45
δς κα τοτ πειτα δπας μελιηδος ονου σπεσαι, πε κα τοτον ομαι θαντοισιν εχεσθαι πντες δ θεν χατουσ’ νθρωποι 2. λλ νετερς στιν, μηλικη δ’ μο ατ 3 τονεκα σο προτρ δσω χρσειον λεισον. » 50
ς επν ν χερσ τθει δπας δος ονου χαρε δ’ θηναη πεπνυμν νδρ δικα, ονεκα ο προτρ δκε χρσειον λεισον.
de son père. Il leur donna une part des entrailles, et leur versa du vin
dans une coupe d’or ; puis il salua Pallas, fille de Jupiter armé d’une
égide, et lui dit :
« Prie maintenant, ô étranger, le souverain Neptune ; car vous êtes
arrivés en ces lieux comme on lui offrait le festin solennel. Quand
tu auras fait les libations et adressé des vœux, selon l’usage, donne
ensuite la coupe à ton compagnon pour qu’il répande le vin délicieux ;
je pense qu’il prie aussi les immortels ; car tous les hommes ont besoin
des dieux. Mais il est plus jeune que toi, il est de mon âge ; aussi c’est
à toi le premier que j’offre la coupe d’or. »
Il dit, et lui met dans les mains une coupe pleine d’un vin délicieux :
Minerve voit avec plaisir la sagesse et la justice du héros, qui lui avait,
L’ODYSSÉE, III. 11
κα πατρι. et auprès de son père. Δκε δ ρα Et il leur donna donc μορας σπλγχνων, des parts des entrailles, νχευε δ ονον et il leur versa du vin δπα χρυσε dans une coupe d’-or ; δειδισκμενος δ et saluant προσηδα Παλλδα θηναην, il adressa-la-parole à Pallas Athéné, κορην Δις αγιχοιο fille de Jupiter qui-a-une-égide :
« Εχεο νν, « Adresse-des-vœux maintenant, ξενε, ô étranger, Ποσειδωνι νακτι à Neptune souverain ; ντσατε γρ κα car aussi vous avez rencontré δατης το, le banquet de (en l’honneur de) lui, μολντες δερο. étant venus ici. Ατρ πν σπεσς τε Mais après que et tu auras fait-les-libations κα εξεαι, et tu auras fait-les-vœux, στι θμις, comme est l’usage, δς κα πειτα donne aussi ensuite τοτ à celui-ci (Télémaque) δπας ονου μελιηδος une coupe de vin doux-comme-miel σπεσαι, à répandre-en-libation, πε ομαι κα τοτον car je pense aussi celui-ci εχεσθαι θαντοισι adresser-des-vœux aux immortels ; πντες δ νθρωποι en effet tous les hommes χατουσι θεν. ont-besoin des dieux. λλ στι νετερος, Mais il est plus jeune, μηλικη δ et son âge-est-le-même μο ατ qu’à moi-même ; τονεκα c’est-pourquoi δσω σο προτρ je donnerai à toi le premier λεισον χρσειον. » la coupe d’-or. »
Επν ς Ayant dit ainsi τθει ν χερσ il lui mit dans les mains δπας ονου δος une coupe d’un vin doux ; θηναη δ χαρεν et Minerve se réjouit (fut contente) νδρ πεπνυμν δικα, du héros sage et juste, ονεκα δκν ο parce qu’il avait donné à elle προτρ la première (d’abord) λεισον χρσειον. la coupe d’-or.
12 ΟΔΥΣΣΕΙΑΣ Γ.
Ατκα δ’ εχετο πολλ Ποσειδωνι νακτι « Κλθι, Ποσεδαον γαιοχε, μηδ μεγρς 55
μν εχομνοισι τελευτσαι τδε ργα 1. Νστορι μν πρτιστα κα υσι κδος παζε ατρ πειτ’ λλοισι δδου χαρεσσαν μοιν ξμπασιν Πυλοισιν γακλειτς κατμης. Δς δ’ τι Τηλμαχον κα μ πρξαντα νεσθαι, 60 ονεκα δερ’ κμεσθα 2 θο σν νη μελαν. »
ς ρ’ πειτ’ ρτο, κα ατ πντα τελετα 3 δκε δ Τηλεμχ καλν δπας μφικπελλον. ς δ’ ατως ρτο δυσσος φλος υς. Ο δ’ πε πτησαν κρ’ πρτερα κα ρσαντο 4, 65 μορας δασσμενοι, δανυντ’ ρικυδα δατα. Ατρ πε πσιος κα δητος ξ ρον ντο, τος ρα μθων ρχε Γερνιος ππτα Νστωρ
« Νν δ κλλιν στι 5 μεταλλσαι κα ρσθαι ξενους, οτινς εσιν, πε τρπησαν δωδς. 70
à elle la première, présenté la coupe d’or. Aussitôt elle adressa ces vœux au souverain Neptune :
« Écoute-moi, ô Neptune qui embrasses la terre, et ne refuse pas à nos prières une heureuse issue de nos entreprises. D’abord, donne la gloire à Nestor et à ses fils ; accorde ensuite à tous les Pyliens une douce récompense en retour de cette magnifique hécatombe. Fais aussi que Télémaque et moi nous revenions dans notre patrie après avoir accompli le dessein qui nous a amenés ici sur un noir et rapide navire. »
Elle prononça ces prières, et en même temps les accomplit ; puis elle donna la coupe superbe à Télémaque. Le fils chéri d’Ulysse pria à son tour. Quand ils eurent fait rôtir les premières chairs et qu’ils les eurent retirées du feu, ils firent les parts et commencèrent un fes- tin magnifique. Dès qu’ils eurent chassé la faim et la soif, Nestor de Gérène, ami des coursiers, prit le premier la parole :
« Il convient maintenant d’interroger nos hôtes, de leur demander qui ils sont, puisqu’ils ont rassasié leur faim. Étrangers, qui êtes-vous ?
L’ODYSSÉE, III. 13
Ατκα δ Et aussitôt εχετο πολλ elle adressa-des-vœux nombreux Ποσειδωνι νακτι à Neptune souverain :
« Κλθι, « Écoute-moi, Ποσεδαον γαιοχε, Neptune qui-embrasses-la-terre, μηδ μεγρς et n’envie (ne dédaigne, ne refuse) pas τελευτσαι τδε ργα de mener-à-fin ces travaux μν εχομνοισι. à nous qui te prions. Πρτιστα μν παζε κδος Tout-d’abord donne la gloire Νστορι κα υσιν à Nestor et à ses fils ; ατρ πειτα δδου mais ensuite donne λλοισι Πυλοισι ξμπασιν aux autres Pyliens tous-ensemble μοιν χαρεσσαν un retour (une récompense) agréable κατμης γακλειτς. de cette hécatombe magnifique. Δς δ τι Et donne encore ceci Τηλμαχον κα μ νεσθαι Télémaque et moi nous en retourner πρξαντα, ayant accompli cela, ονεκα κμεσθα δερο pour quoi nous sommes venus ici σν νη θο avec un vaisseau rapide μελαν. » et noir. »
ρτο ρα ς πειτα, Elle priait donc ainsi ensuite, κα ατ τελετα et elle-même accomplissait πντα toutes ces choses ; δκε δ Τηλεμχ et elle donna à Télémaque καλν δπας μφικπελλον. la belle coupe double. Υς δ φλος δυσσος Et le fils chéri d’Ulysse ρτο ς ατως. pria ainsi pareillement. πε δ ο πτησαν Et après que ceux-ci eurent fait-cuire κα ρσαντο et eurent retiré du feu κρα πρτερα, les chairs supérieures, δασσμενοι μορας, s’étant distribué les parts, δανυντο δατα ρικυδα. ils firent un festin magnifique. Ατρ πε ξεντο ρον Mais après qu’ils eurent chassé le désir πσιος κα δητος, du boire et du manger, Νστωρ Γερνιος ππτα Nestor de-Gérène le cavalier ρχεν ρα τοσι μθων commença donc à eux l’entretien :
« Νν δ στι κλλιον « Maintenant donc il est mieux μεταλλσαι de questionner κα ρσθαι ξενους, et d’interroger les hôtes, οτινς εσιν, qui ils sont,
14 ΟΔΥΣΣΕΙΑΣ Γ.
ξενοι, τνες στ πθεν πλεθ’ γρ κλευθα τι κατ πρξιν 1, μαψιδως λλησθε, ο τε ληστρες 2, περ λα, το τ’ λωνται ψυχς παρθμενοι, κακν λλοδαποσι φροντες »
Τν δ’ α Τηλμαχος πεπνυμνος ντον ηδα 75
θαρσσας ατ γρ ν φρεσ θρσος θνη θχ’, να μιν περ πατρς ποιχομνοιο ροιτο, δ’ να μιν κλος σθλν ν νθρποισιν χσιν
« Νστορ Νηληδη, μγα κδος χαιν, ερεαι, ππθεν εμν γ δ κ τοι καταλξω. 80
μες ξ θκης πονηου ελλουθμεν πρξις δ’ δ’ δη, ο δμιος 3, ν γορεω. Πατρς μο κλος ερ μετρχομαι, ν που κοσω, δου δυσσος ταλασφρονος, ν ποτ φασιν
d’où venez-vous à travers les plaines humides ? est-ce un intérêt qui
vous amène, ou bien errez-vous au hasard sur les flots, comme ces
pirates qui voguent à l’aventure, exposant leurs têtes, et portant le
ravage chez les étrangers ? »
Télémaque lui répondit avec assurance ; car Minerve elle-même
avait affermi son cœur, pour qu’il interrogeât Nestor sur son père ab-
sent, et qu’il se fît une noble renommée parmi les hommes :
« Nestor, fils de Nélée, grande gloire des Grecs, tu nous demandes
d’où nous sommes ; je vais te le raconter. Nous venons d’Ithaque
située au pied du Néïon ; l’affaire dont je vais te parler n’intéresse
que nous, et non tout le peuple. Je viens pour m’enquérir de la
vaste renommée de mon père, le divin et patient Ulysse, qui, dit-on,
L’ODYSSÉE, III. 15
πε τρπησαν δωδς. après qu’ils se sont rassasiés de nourri- [ture. ξενοι, τνες στ Ô étrangers, qui êtes-vous ?
πθεν πλετε d’où venant naviguez-vous κλευθα γρ sur les routes humides ? τι ou bien est-ce en quelque chose κατ πρξιν, pour une affaire, λλησθε περ λα ou bien errez-vous sur mer μαψιδως, à l’aventure, ο τε ληστρες, et comme des pirates, το τε λωνται, qui vont-au-hasard, παρθμενοι ψυχς, exposant leurs vies, φροντες κακν portant du mal (le ravage) λλοδαποσιν » à ceux d’un-autre-pays ? »
Τηλμαχος δ πεπνυμνος Et Télémaque sensé ηδα τν α ντον dit à lui à son tour en réponse θαρσσας ayant pris-assurance ; θνη γρ ατ car Minerve elle-même θκε θρσος avait mis de l’assurance ν φρεσν, dans son esprit, να ροιτ μιν afin qu’il interrogeât lui (Nestor) περ πατρς ποιχομνοιο, sur son père absent, δ να κλος σθλν et afin qu’une renommée belle χσ μιν eût (s’attachât à) lui ν νθρποισιν parmi les hommes :
« Νστορ Νηληδη, « Ô Nestor fils-de-Nélée, μγα κδος χαιν, grande gloire des Grecs, ερεαι, tu nous demandes, ππθεν εμν d’où nous sommes ; γ δ κε καταλξω τοι. et moi je le dirai-en-détail à toi. μες ελλουθμεν Nous sommes venus ξ θκης πονηου d’Ithaque située-au-pied-du-Néïon ; δε δ πρξις, ν γορεω, et cette affaire, que je te dis, δη, ο δμιος. est particulière, et non publique. Μετρχομαι Je recherche κλος ερ μο πατρς, la renommée vaste de mon père, ν κοσω si je puis entendre quelque chose που, quelque part, δου δυσσος la renommée du divin Ulysse ταλασφρονος, au-cœur-patient,
16 ΟΔΥΣΣΕΙΑΣ Γ.
ξν σο μαρνμενον Τρων πλιν ξαλαπξαι. 85
λλους μν γρ πντας, σοι Τρωσν πολμιζον, πευθμεθ’ 1, χι καστος πλετο λυγρ λθρ κενου δ’ α κα λεθρον πευθα 2 θκε Κρονων. Ο γρ τις δναται σφα επμεν ππθ’ λωλεν, εθ’ γ’ π’ περου δμη νδρσι δυσμενεσσιν 3, 90
ετε κα ν πελγει μετ κμασιν μφιτρτης. Τονεκα νν 4 τ σ γοναθ’ κνομαι, α κ’ θλσθα κενου λυγρν λεθρον νισπεν, ε που πωπας φθαλμοσι τεοσιν, λλου μθον κουσας πλαζομνου 5 πρι γρ μιν ζυρν τκε μτηρ. 95
Μηδ τ μ’ αδμενος μειλσσεο, μηδ’ λεαρων, λλ’ ε μοι κατλεξον, πως ντησας πωπς. Λσσομαι, εποτ το τι πατρ μς, σθλς δυσσες, πος τι ργον ποστς ξετλεσσε,
combattant avec toi, a renversé la ville des Troyens. Tous les autres
guerriers qui ont porté les armes contre Troie, nous savons où cha-
cun d’eux a péri d’une déplorable mort ; mais le fils de Saturne n’a
rien révélé du trépas d’Ulysse. Personne ne peut nous dire sûrement
où il a péri, s’il a été accablé sur terre par des hommes ennemis, ou
s’il a disparu dans la mer au milieu des flots d’Amphitrite. J’embrasse
aujourd’hui tes genoux pour te prier de me raconter sa triste fin, si
tes yeux en ont été les témoins, ou si tu en as entendu le récit de
quelque mortel errant ; sa mère a enfanté en lui le plus malheureux
des hommes. Ne me flatte ni par respect, ni par pitié, mais dis-moi
sincèrement tout ce que tu as vu. Je t’en conjure, si jamais mon père,
le brave Ulysse, soit en paroles soit en action, t’a rendu un service
L’ODYSSÉE, III. 17
ν φασ ποτε que l’on dit jadis μαρνμενον ξν σο combattant avec toi ξαλαπξαι πλιν Τρων. avoir renversé la ville des Troyens. Πευθμεθα μν γρ Car nous savons-par-information πντας λλους, tous les autres, σοι πολμιζον Τρωσν, qui faisaient-la-guerre aux Troyens, χι καστος πλετο où chacun d’eux a péri λθρ λυγρ par une mort déplorable ; κενου δ α mais de celui-là (d’Ulysse) au contraire Κρονων le fils-de-Saturne θκε κα λεθρον a rendu même la mort πευθα. sans-nouvelle (ignorée). Ο γρ τις δναται επμεν σφα, Car personne ne peut dire clairement, ππθι λωλεν, où il a péri, ετε γε δμη soit qu’il ait été dompté (tué) π περου sur la terre-ferme νδρσι δυσμενεσσιν, par des hommes ennemis, ετε κα ν πελγει soit que aussi il ait péri sur mer μετ κμασιν μφιτρτης. au milieu des flots d’Amphitrite. Τονεκα νν C’est pourquoi maintenant κνομαι τ σ γονατα, je viens à tes genoux, α κε θλσθα νισπεν si par hasard tu veux me raconter λεθρον λυγρν κενου, la mort déplorable de lui, ε που πωπας si quelque part tu l’as vue τεοσιν φθαλμοσιν, de tes yeux, κουσας μθον ou si tu en as entendu le récit λλου πλαζομνου de quelque autre homme errant ; μτηρ γρ τκε μιν car sa mère a enfanté lui πρι ζυρν. excessivement infortuné. Μηδ μειλσσε μ τι Et ne flatte moi en rien αδμενος, en ayant-respect, μηδ λεαρων, ni en ayant-pitié, λλ κατλεξον ε μοι, mais raconte bien à moi, πως ντησας de quelque manière que tu aies rencontré πωπς. le spectacle de sa mort . Λσσομαι, Je te supplie, εποτ τι μς πατρ, si jamais en quelque chose mon père, σθλς δυσσες, le brave Ulysse, ξετλεσσ τοι a accompli à toi
18 ΟΔΥΣΣΕΙΑΣ Γ.
δμ νι Τρων, θι πσχετε πματ’ χαιο 100
τν νν μοι μνσαι 1, κα μοι νημερτς νισπε. » Τν δ’ μεετ’ πειτα Γερνιος ππτα Νστωρ
« φλ’, πε μ’ μνησας ζος, ν ν κεν δμ ντλημεν μνος σχετοι υες χαιν, μν σα ξν νηυσν π’ εροειδα πντον 105
πλαζμενοι κατ ληδ’, π ρξειεν χιλλες, δ’ σα κα περ στυ μγα Πριμοιο νακτος μαρνμεθ’ νθα δ’ πειτα κατκταθεν, σσοι ριστοι νθα μν Αας κεται ρος, νθα δ’ χιλλες, νθα δ Πτροκλος, θεφιν μστωρ τλαντος 110
νθα δ’ μς φλος υς, μα κρατερς κα μμων, ντλοχος, πρι μν θεειν ταχς, δ μαχητς λλα τε πλλ’ π τος πθομεν κακ τς κεν κενα
promis, au pays des Troyens, où vous, Achéens, vous souffrîtes tant
de maux, gardes-en aujourd’hui pour moi le souvenir, et dis-moi la
vérité. »
Nestor de Gérène, ami des coursiers, lui répondit : « Ô mon ami,
puisque tu m’as rappelé les douleurs que nous endurâmes en ce pays,
nous les indomptables fils des Achéens, et lorsque nous errions avec
nos vaisseaux sur les sombres mers, poursuivant une proie partout
où nous conduisait Achille, et lorsque nous combattions autour de
la grande cité du roi Priam : là ont succombé les plus braves ; là est
tombé le belliqueux Ajax, là est tombé Achille, et Patrocle, dont la
prudence égalait celle des dieux, et mon cher fils, à la fois si beau
et si brave, Antiloque, léger à la course, ferme au combat ; et que
L’ODYSSÉE, III. 19
πος τι ργον ou une parole ou quelque action ποστς, l’ayant promise, ν δμ Τρων, au pays des Troyens, θι χαιο où vous Achéens πσχετε πματα vous souffriez des maux ; μνσα μοι νν souviens-toi pour moi maintenant τν, de ces services, κα νισπ μοι νημερτς. » et dis-moi le vrai. »
Νστωρ δ Γερνιος ππτα Et Nestor de-Gérène le cavalier μεετο τν πειτα répondit à lui ensuite : « φλε, « Ô mon ami, πε μνησς με puisque tu as fait-souvenir moi ζος, du malheur, ν ντλημεν ν κεν δμ que nous supportâmes en ce pays υες χαιν nous fils des Achéens σχετοι μνος, irrésistibles quant au courage, μν σα soit tous les combats que μαρνμεθα nous combattîmes (livrâmes) πλαζμενοι ξν νηυσν errant avec des vaisseaux π πντον εροειδα sur la mer semblable-à-l'air (brumeuse) κατ ληδα, à la recherche du butin, π ρξειεν χιλλες, partout où nous conduisait Achille, δ σα soit tous ceux que nous livrâmes κα περ στυ μγα aussi autour de la ville grande Πριμοιο νακτος de Priam souverain ; νθα δ πειτα κατκταθεν or là ensuite furent tués σσοι ριστοι tous ceux qui étaient les plus braves ; νθα μν κεται là est-gisant Αας ρος, Ajax le belliqueux, νθα δ χιλλες, et là est gisant Achille, νθα δ Πτροκλος, et là est gisant Patrocle, μστωρ τλαντος θεφιν conseiller égal aux dieux ; νθα δ μς υς φλος, et là est gisant mon fils chéri, μα κρατερς κα μμων, à la fois vaillant et irréprochable, ντλοχος, Antiloque, ταχς μν πρι θεειν, prompt supérieurement à courir, δ μαχητς et bon guerrier ; πθομν τε π τος et nous avons souffert outre ces maux λλα κακ πολλ d’autres maux nombreux ;
20 ΟΔΥΣΣΕΙΑΣ Γ.
πντα γε μυθσαιτο καταθνητν νθρπων Οδ’ ε πεντετς γε κα ξετες παραμμνων 115
ξεροις σα κεθι πθον κακ δοι χαιο πρν κεν νιηθες σν πατρδα γααν κοιο. Ενετες γρ σφιν κακ πτομεν μφιποντες 1
παντοοισι δλοισι μγις δ’ τλεσσε Κρονων. νθ’ οτις ποτ μτιν μοιωθμεναι ντην 120
θελ’ 2, πε μλα πολλν νκα δος δυσσες παντοοισι δλοισι, πατρ τες, ε τεν γε κενου κγονς σσι. Σας μ’ χει εσορωντα τοι γρ μθο γε οικτες 3, οδ κε φαης νδρα νετερον δε οικτα μυθσασθαι. 125
νθ’ τοι εως 4 μν γ κα δος δυσσες οτε ποτ’ εν γορ δχ’ ζομεν, οτ’ ν βουλ, λλ’ να θυμν χοντε, ν κα πφρονι βουλ
d’autresmaux n’avons-nous pas encore soufferts ? qui, parmi les mor- tels, pourrait les raconter tous ?Quand tu resterais ici pendant cinq et six années pour te faire dire toutes les douleurs que trouvèrent là les divins Achéens, fatigué, avant la fin de mon récit, tu serais retourné dans ta patrie. Durant neuf ans, nous n’avons cessé pour perdre les Troyens de les envelopper par toutes sortes de ruses ; à peine alors le fils de Saturne y mit enfin un terme. Là personne n’eût osé se compa- rer à Ulysse pour la prudence, tant il l’emportait par des inventions de toute sorte, le divin Ulysse, ton père, si tu es véritablement son fils. Quand je te regarde, je suis frappé d’étonnement ; tes paroles sont en tout semblables aux siennes, et l’on ne croirait pas qu’un homme si jeune pût ainsi parler comme lui. Là, pendant tout ce temps, jamais le divin Ulysse et moi nous n’eûmes un avis différent, ni dans l’assem- blée, ni dans le conseil ; nous n’avions qu’un cœur, et les sages avis qui
L’ODYSSÉE, III. 21
τς νθρπων καταθνητν lequel des hommes mortels μυθσαιτ κεν κενα pourrait raconter ces maux πντα γε tous du moins ? Οδ ε παραμμνων Pas même si restant-ici πεντετς γε κα ξετες cinq-ans du moins et six-ans ξεροις, tu interrogeais, σα κακ δοι χαιο combien de maux les divins Achéens πθον κεθι ont soufferts là ; πρν νιηθες avant qu’on t’eût tout dit , ennuyé κοι κεν σν γααν πατρδα. tu serais revenu dans ta terre patrie. Ενετες γρ Car pendant-neuf-ans πτομν σφι κακ nous cousîmes (machinâmes) à eux des
[mauxμφιποντες les circonvenant δλοισι παντοοισι de ruses de-toute-sorte ; Κρονων δ et le fils-de-Saturne τλεσσε μγις. y mit-fin à peine alors. νθα οτις ποτ θελεν Là personne jamais ne voulut μοιωθμεναι ντην se comparer en opposition μτιν, pour la prudence, πε δος δυσσες puisque le divin Ulysse νκα μλα πολλν l’emportait tout à fait de beaucoup δλοισι παντοοισι, par des ruses de-toute-sorte, τες πατρ, Ulysse ton père, ε τεν γε si vraiment du moins σσ κγονος κενου. tu es le fils de lui. Σας χει L’admiration tient (saisit) με εσορωντα moi te voyant ; τοι γρ assurément en effet μθο γε οικτες, les discours du moins sont semblables, οδ κε φαης et tu ne dirais (on ne dirait) pas νδρα νετερον un homme plus jeune μυθσασθαι δε οικτα. parler si semblablement. νθα τοι εως μν Là assurément pendant-tout-ce-temps γ κα δος δυσσες moi et le divin Ulysse οτε ποτ ni jamais ζομεν δχα nous ne parlions différemment εν γορ, dans l’assemblée, οτε ν βουλ, ni dans le conseil, λλ, mais,
22 ΟΔΥΣΣΕΙΑΣ Γ.
φραζμεθ’, ργεοισιν πως χ’ ριστα γνοιτο. Ατρ πε Πριμοιο πλιν διεπρσαμεν απν, 130
βμεν δ’ ν νεσσι, θες δ’ κδασσεν χαιος κα ττε δ Ζες λυγρν ν φρεσ μδετο νστον ργεοις, πε οτι νομονες οδ δκαιοι πντες σαν τ σφεων πολες κακν οτον πσπον, μνιος ξ λος Γλαυκπιδος ριμοπτρης 1, 135
τ’ ριν τρεδσι μετ’ μφοτροισιν θηκεν 2. Τ δ, καλεσσαμνω γορν ς πντας χαιος, μψ, τρ ο κατ κσμον, ς λιον καταδντα 3 — ο δ’ λθον ον βεαρητες υες χαιν — μθον μυθεσθην, το ενεκα λαν γειραν. 140
νθ’ τοι Μενλαος νγει πντας ταρους νστου μιμνσκεσθαι π’ ερα ντα θαλσσης
sortaient de notre esprit avaient toujours pour but le succès des Ar-
giens. Mais quand nous eûmes renversé la haute ville de Priam, nous
nous en retournâmes sur nos navires, et un dieu dispersa les Grecs ;
alors Jupiter, dans son esprit, prépara un retour fatal aux Argiens,
parce que tous n’étaient pas sages et justes ; aussi beaucoup d’entre
eux éprouvèrent un destin funeste par la terrible colère de la vierge
aux yeux bleus, fille d’un père puissant, qui suscita une querelle entre
les deux fils d’Atrée. Ils convoquèrent tous les Grecs à une assem-
blée, follement, contre toute prudence, à l’heure où le soleil disparaît,
et les fils des Achéens s’y rendirent appesantis par le vin ; là ils expo-
sèrent le motif pour lequel ils avaient réuni le peuple. Ménélas engage
tous ses compagnons à songer à traverser pour le retour les vastes
L’ODYSSÉE, III. 23
χοντε να θυμν, ayant un seul cœur, φραζμεθα nous délibérions ν κα βουλ πφρονι, d’un esprit et d’un conseil prudent, πως γνοιτο afin qu’il arrivât χα ριστα de beaucoup le mieux (le mieux possible) ργεοισιν. aux Argiens. Ατρ πε διεπρσαμεν Mais après que nous eûmes détruit πλιν απν Πριμοιο, la ville élevée de Priam, βμεν δ ν νεσσι, et nous nous en allâmes sur nos vais-
[seaux,θες δ κδασσεν χαιος et un dieu dispersa les Achéens ; κα ττε δ Ζες et alors donc Jupiter μδετο ν φρεσ médita dans son cœur νστον λυγρν un retour déplorable ργεοις, pour les Argiens, πε σαν parce qu’ils n’étaient οτι πντες νομονες, ni tous sensés, οδ δκαιοι ni tous justes ; τ πολες σφεων c’est pourquoi de nombreux d’entre eux πσπον οτον κακν, suivirent (subirent) un destin funeste, κ μνιος λος par suite du courroux fatal Γλαυκπιδος de la déesse aux-yeux-bleus ριμοπτρης, née-d’un-père-vaillant, τε θηκεν ριν qui établit (suscita) une querelle μετ μφοτροισιν τρεδσιν. entre les deux Atrides. Τ δ, Et ces-deux-ci, καλεσσαμνω ς γορν ayant convoqué en assemblée πντας χαιος tous les Achéens μψ, témérairement, τρ ο κατ κσμον, mais non selon la convenance, ς λιον καταδντα, vers le moment du soleil couchant, — ο δ υες χαιν — et les fils des Achéens λθον βεαρητες ον — vinrent appesantis par le vin — μυθεσθην μθον, dirent le discours, ενεκα το γειραν pour quoi ils avaient réuni λαν. le peuple (l’armée). νθα τοι Μενλαος Là donc Ménélas νγει πντας ταρους engage tous ses compagnons μιμνσκεσθαι νστου à se souvenir du retour π ερα ντα θαλσσης sur le vaste dos de la mer ;
24 ΟΔΥΣΣΕΙΑΣ Γ.
οδ’ γαμμνονι πμπαν νδανε βολετο γρ α λαν ρυκακειν, ξαι θ’ ερς κατμας, ς τν θηναης δεινν χλον ξακσαιτο 1 145
νπιος, οδ τ δη, ο πεσεσθαι μελλεν ο γρ τ’ αψα θεν τρπεται νος αν ντων. ς τ μν χαλεποσιν μειομνω πεσσιν στασαν ο δ’ νρουσαν κνμιδες χαιο χ θεσπεσ 2 δχα δ σφισιν νδανε βουλ. 150
Νκτα μν σαμεν, χαλεπ φρεσν ρμανοντες λλλοις π γρ Ζες ρτυε πμα κακοο. θεν δ’ ο μν νας λκομεν ες λα δαν, κτματ τ’ ντιθμεσθα, βαθυζνους τε γυνακας. μσεες δ’ ρα λαο ρητοντο μνοντες 155
αθι παρ’ τρεδ γαμμνονι, ποιμνι λαν μσεες δ’ ναντες λανομεν. Α δ 3 μλ’ κα
plaines de la mer ; mais cet avis déplaisait à Agamemnon ; il voulait retenir le peuple et immoler de saintes hécatombes pour apaiser le terrible courroux de Minerve ; l’insensé, il ne savait pas qu’elle ne s’apaiserait point ; car l’esprit des dieux immortels n’est pas prompt à changer. Ainsi ils se tenaient debout tous les deux, échangeant des paroles amères ; les Achéens à la belle armure se levèrent avec une clameur immense, et une double résolution les partagea. La nuit nous dormîmes, agitant les uns contre les autres des pensées funestes ; car Jupiter se préparait à appesantir sur nous le malheur. Dès l’aurore, les uns, et j’étais avec eux, lancèrent leurs vaisseaux sur la divine mer et y déposèrent leurs richesses et leurs femmes à la large ceinture. La moitié de l’armée resta près d’Agamemnon, fils d’Atrée, pasteur des peuples ; nous, l’autre moitié, nous nous embarquâmes et nous par-
L’ODYSSÉE, III. 25
οδ νδανε πμπαν et cela ne plaisait pas du tout γαμμνονι à Agamemnon ; βολετο γρ α car donc il voulait ρυκακειν λαν, retenir le peuple, ξαι τε κατμας ερς, et accomplir des hécatombes saintes, ς ξακσαιτο afin qu’il guérît (apaisât) τν χλον δεινν θηναης le courroux terrible de Minerve ; νπιος, insensé, οδ δη τ, et il ne savait pas cela, οκ μελλε πεσεσθαι qu’elle ne devait pas se-laisser-persuader ; νος γρ τε θεν et en effet l’esprit des dieux ντων αν qui existent toujours ο τρπεται αψα. ne se tourne (ne change) pas prompte-
[ment.ς τ μν Ainsi ceux-ci μειομνω se répondant-tour-à-tour πεσσι χαλεποσιν avec des paroles dures στασαν se tenaient-debout : ο δ χαιο κνμιδες et les Grecs aux-beaux-jambarts νρουσαν se levèrent χ θεσπεσ avec un cri divin (immense) ; βουλ δ νδαν σφισι et un avis plut à (fut adopté par)