les ateliers du territoire - premier cahier
DESCRIPTION
La CCI de Montpellier défend le projet de création d’une Métropole en réseau pour les entreprises, les collectivités et les habitants de notre région.TRANSCRIPT
a métropole en réseau, l’enjeu du développement
La CCI de Montpellier défend le projet de création d’une
Métropole en réseau pour les entreprises, les collectivités
et les habitants de notre région.
sommairep.2 Edito
Pourquoi il faut créer une véritable Métropole en réseau
p.3 Avant-proposPenser le développement économique et prendre position
p.4 Introduction - Métropolisation et globalisation : quelle place pour Montpellier ?
p.6 Partie 1 - Etat des lieux : des points forts, oui mais…D’incontestables atouts
Une croissance démographique puissante et atypique
De plain-pied dans l’économie des services et du savoir
Une forte volonté d’ouverture
Un important réseau d’infrastructures
Un vécu et des modes de vie métropolitains
Interview de Frank Lasch
De sérieux handicaps structurels
Un réseau d’infrastructures encore inachevé
Interview de Nello Chauvetière
Un chapelet de villes moyennes avec une capitale récente
Un découpage politico-administratif inadapté
Interview de Maître André Bonnary
De faibles avancées dans la coopération intercommunale
Un réseau de TPE et de PME… mais pas de sièges sociaux importants
De grandes faiblesses à compenser… dans une ville où il fait bon vivre
p.30 Partie 2 - Montpellier face à ses enjeuxPar la Métropole, renforcer le développement économique
Développer les réseaux pour les entreprises
Devenir visible par une taille suffisante
Entrer pleinement dans le concert des métropoles européennes
Disposer des indispensables réseaux de transport
Université, recherche, entreprise : structurer les coopérations
Interviews de Dominique Deville de Perière et de Catherine Dardé
Acquérir une dimension internationale
S’appuyer sur la réforme des collectivités territoriales
Se penser Métropole avant tout le monde
La Métropole dans la réforme de l’État
Interview de Maître Jean-Marc Maillot
Métropole ou pôle métropolitain : deux voies
Être ou pas un pôle métropolitain ?
Interviews de Jean-Louis Bouscaren et de Jean-Paul Volle
p.52 Conclusion - Sans Métropole, pas de croissance forte Le cercle vertueux peut s’arrêter
Le cœur de la région doit continuer de battre
Deux risques menacent
L’engagement de la CCI de Montpellier
L’avenir du territoire est en jeu
p.56 ANNEXES Réforme de la taxe professionnelle et enjeu métropolitainLe SRADDT : une approche déjà régionale de la Métropole en réseauMétropole ? Tabous et usages du motPoids des populations et possibilités de métropolisationLe développement urbain et économique de Montpellier en quelques chiffresMétropole : sa nouvelle définition légaleRemerciementsBibliographie
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EDITORIAL
Comment le développement économique de Montpellier et de sa région peut-il poursuivre sa
trajectoire ? A cette question majeure, la Chambre de Commerce et d’Industrie apporte une réponse
claire : seule la création d’une véritable Métropole en réseau pourra assurer une croissance forte
et durable.
Cette orientation stratégique est la conclusion de l’étude conduite depuis plusieurs mois, appuyée
sur des entretiens avec de nombreuses personnalités, complétée par l’analyse géo-économique
de la situation actuelle de Montpellier.
L’état des lieux est clair. L’agglomération de Montpellier dispose d’incontestables atouts : une
croissance démographique puissante, sa place dans l’économie des services et du savoir, sa forte
volonté d’ouverture, son important réseau d’infrastructures et, dans les pratiques de ses habitants,
un vécu et un mode de vie « métropolitain ».
Mais les cartes que Montpellier a su jouer ces dernières années sont insuffisantes : de sérieux
handicaps structurels freinent son expansion. Pour devenir une métropole véritable, Montpellier
et sa région doivent compenser de grandes faiblesses : un réseau d’infrastructures inachevé, une
structure urbaine régionale avec un chapelet de villes moyennes et une capitale régionale récente,
un découpage politico-administatif inadapté, de faibles avancées dans la coopération intercommunale,
un réseau de TPE et de PME mais peu de sièges sociaux importants.
Après avoir brillamment émergé, Montpellier doit maintenant se donner tous les moyens de
poursuivre son parcours. A l’heure de la globalisation, les métropoles, parce qu’elles concentrent
les services et les savoirs de haut niveau, sont les plus solides moteurs du développement. Pour
se hisser parmi les grandes, Montpellier doit progresser sur plusieurs fronts : développer les réseaux
pour les entreprises, devenir visible internationalement par une taille suffisante, entrer pleinement
dans le concert des métropoles européennes, disposer des indispensables réseaux de transport,
structurer les coopérations stratégiques (université / recherche / entreprises), acquérir une dimension
internationale.
Cet ensemble d’objectifs va trouver un nouveau cadre avec la création prochaine de « métropoles »
prévue dans la loi sur la réforme territoriale. Montpellier qui, par une réelle anticipation, a été
Métropole avant tout le monde, doit examiner les deux voies que le législateur prévoit : la
Métropole (500 000 habitants minimum) et le « Pôle métropolitain » (350 000 habitants minimum),
aux contours plus modestes, mais au potentiel permettant de viser cette étape décisive.
La contribution de la Chambre de Commerce et d’Industrie à ce débat de haute importance n’est
donc pas de circonstance. D’autant plus que, comme le démontre l’étude, il y a une « fenêtre de
tir » à ne pas rater, une urgence à traiter. En effet, si Montpellier et son territoire ne passent pas à
la vitesse supérieure : la région peut éclater vers Marseille et Toulouse, les moteurs de la croissance
peuvent être freinés. Dans la concurrence aigüe que se livrent les métropoles, Montpellier doit
donc trouver toute sa place.
La Chambre de Commerce et d’Industrie est optimiste sur le devenir de son territoire. Elle considère
qu’elle est pleinement légitime à poser fortement la problématique du développement économique
de l’aire montpelliéraine. D’abord en établissant un diagnostic fouillé, rendu public et soumis
au débat. Mais, aussi et surtout, en s’engageant résolument dans la voie qui apparaît comme
incontestablement la plus solide : la création d’une véritable métropole en réseau allant de Sète
à Alès, en passant bien sûr par Montpellier et Nîmes. Comme l’analyse ici présentée le démontre,
le succès passe par le déploiement de toutes les formes de rassemblement et de coopération et
par l’affirmation d’une volonté politique commune. Pour sa part, la Chambre de Commerce et
d’Industrie Territoriale de Montpellier y est prête.
Rudy IOVINOPrésident de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Montpellier
Pourquoi il faut créer une véritable Métropole en réseau
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La Chambre de Commerce et d’Industrie de Montpellier a souhaité remplir pleinement le rôle qui
lui est historiquement dévolu par la Loi : donner des avis en matière de développement économique
et donc d’aménagement du territoire.
Elle a souhaité que ces avis soient porteurs de sens et contribuent activement au débat sur les
grands enjeux de son territoire. Aussi, elle a décidé de réunir un groupe d’élus dans des « Ateliers
du territoire » où sont reçus des invités, experts dans une thématique, susceptibles d’apporter
des éclairages différents sur les problématiques abordées.
Ces visions complémentaires, voire contradictoires, alimentent le débat au sein de la Commission
Aménagement du Territoire qui est chargée de définir les positions de la CCI sur les sujets définis.
Pour 2010, la Chambre de Commerce et d’Industrie a souhaité aborder le thème de la métropo-
lisation : à ses yeux, il constitue l’un des enjeux majeurs du développement économique de son
territoire et, au-delà, de tout le Languedoc-Roussillon. Après avoir entendu de nombreux témoignages,
elle a décidé de formuler l’ensemble des arguments qui ont été portés à sa connaissance et qui
lui ont permis d’étayer sa position.
Ce premier Cahier des « Ateliers du territoire » est une prise de position sur l’enjeu que représente
la métropolisation pour l’avenir économique de ce territoire, y compris, à long terme, dans
l’hypothèse de la création d’une grande région, plus vaste que le Languedoc-Roussillon actuel.
Ce travail constitue à la fois un document de référence et un point d’appui dans la stratégie de
la Chambre de Commerce et d’Industrie et dans sa contribution au développement économique.
D’autres cahiers suivront sur des sujets d’une importance tout aussi grande : le thème de l’eau
dans le développement économique local a déjà été abordé en atelier. Dans notre monde
méditerranéen, l’eau est au cœur de toutes les préoccupations. Trop abondante ou trop peu
disponible, elle conditionne notre développement démographique et notre expansion économique.
La nomination récente de Montpellier comme « Pôle mondial de l’eau » confirme que ce sujet
est devenu central.
Par le présent cahier nous espérons vous convaincre du bien fondé de notre position sur la
métropolisation et vous donnons rendez-vous pour le second cahier, qui sera donc consacré à
l’eau dans le développement économique local.
Jean-Yves LABATTUTVice-Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Montpellier
Penser le développement économique et prendre position
AVANT-PROPOS
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Les mots de métropole et de métropolisation sont peu à peu devenusdes mots banalisés, banalisés lors d’usages multiples et variés. Lamétropole est d’abord, dans l’acception commune, la grande, voire latrès grande ville, mais il convient d’admettre qu’elle est aussi la villerayonnante, quelle que soit sa taille. On parle des grandes métropolesmondiales, des villes multimillionnaires, des « villes monde ». Lamétropolisation suggère une urbanisation intense, un continuum de villesdense et indifférencié. Une ville devenue tentaculaire, monstrueuseet incontrôlable. Certes, ces métropoles-là existent. Certes, la métropolisation est la diffusion du
fait urbain dans son environnement, mais la métropole c’est aussi la ville mère qui diffuse sa dynamique
sur un territoire qui la dépasse, le cœur battant d’un espace vaste avec lequel elle partage son développement,
son rayonnement, sa croissance.
La diffusion du fait urbain est avant tout la diffusion d’un genre de vie. Dans les années cinquante ou
soixante, vivre à Paris ou en province, c’était appartenir à des univers totalement différents. Aujourd’hui,
nous partageons les mêmes modes de vie ou presque, à travers l’ensemble du territoire français. Nous
consommons les mêmes produits, regardons les mêmes films, organisons notre temps à peu près de la
même façon. Et tout cela à peu près en même temps.
étropolisation et globalisation :
quelle place pourMontpellier ?
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INTRODUCTION
échanges – espaces –identité La métropolisation est une accélèration de ce
phénomène : les échanges de tous ordres y sont
maximalisés. La mobilité y est importante, les
paysages sont de plus en plus indifférenciés, une
identité nouvelle se fonde peu à peu faisant référence
à la « ville mère ». Même si paradoxalement, pour
certains, l’espace métropolitain n’est que très rarement
celui de la ville centre. Cette référence identitaire à
la ville mère laisse la place à de micro-identités qui
témoignent de la diversité et de la complexité du
territoire métropolitain.
concentrationLa métropolisation est fortement associée à l’évolution
de l’économie capitaliste et libérale qui concentre
hommes et activités, construit ses références sur
l’échange et la consommation de masse. Les flux se
sont imposés comme logique dominante, organisatrice
des espaces, qu’ils soient matériels, de production
ou de consommation, d’hommes, ou plus immatériels.
Ce processus, diffusé à l’échelle monde, est dit de
« globalisation » : il fait reposer les règles de la nouvelle
économie sur les réseaux qui structurent les échanges
de capitaux, de marchandises, d’hommes, mais aussi
les échanges plus virtuels qui « commandent » les
évolutions du système global. La ville en est le
support, elle-même organisée selon un système
hiérarchisé : de la « ville monde » à la ville régionale,
dont la métropole de même nom demeure un horizon
de conquête.
questionsDans cette économie mondiale recomposée, quelle
place pour Montpellier et le Languedoc-Roussillon ?
S’interroger sur la place d’un espace régional - le
Languedoc-Roussillon - et de sa capitale - Montpellier -
comme métropole active n’est-ce pas introduire un
questionnement démesuré ? Il est pourtant essentiel
que l’interrogation soit traitée, tant la ressource
urbaine régionale dépend de la place que la métro-
pole sera en mesure de conquérir dans les différents
espaces urbains qui en définissent les horizons.
Montpellier a-t-elle une chance d’apparaître dans la
liste des métropoles européennes quand la ville se
situe au seuil de 250 000 habitants et que son aire
urbaine ne franchit que difficilement celui des
500 000 ? Quelle place pour le Languedoc-Roussillon,
malgré une croissance démographique vive qui lui
permettra d’atteindre les 3 millions d’habitants en
moins de cinq ans, dans un ensemble de régions de
taille significativement supérieure, irrigué par des
métropoles très souvent millionnaires ? C’est bien
de l’avenir de notre région dont il va s’agir ici, de son
développement et de son rayonnement, aujourd’hui
et demain.
Deux modèles peuvent être évoqués : celui de la
métropole rayonnante dans un espace régional qui lui
ressemble, celui de l’intégration interrégionale du
Languedoc-Roussillon dans un ensemble méditer-
ranéen dominé par Marseille (pourquoi pas demain
Barcelone ?) que d’aucuns jugent seul capable de se
situer dans l’ordre économique européen en
construction.
Le législateur s’est emparé de cette idée de métropole
et la réforme des collectivités territoriales la met au
cœur des grands bouleversements envisagés. Tentative
pour ordonner et organiser des phénomènes déjà
existants ? Ou simple aménagement technique de
mutualisation pour des économies de moyens ? Vision
prospective d’un monde en mouvement et recherche
d’adaptation ou réponse tardive à des processus
largement émergents ?
Montpellier n’est-elle pas en position de « rotule
géographique », au cœur d’un vaste espace métro-
politain à l’échelle européenne (Barcelone/Lyon et
Marseille/Toulouse), capable de construire une autre
façon de penser le monde ? N’est-elle pas aussi, par sa
dynamique et son attractivité, capable de trouver des
réponses localisées à la montée de la globalisation ?
Son parcours atypique, longtemps ignoré du pouvoir
central, ne lui permet-il pas de s’affirmer par l’inno-
vation et la recherche, là où d’autres métropoles ne
jouent que de continuité ? Voilà les questions que
ce document entend traiter.
—5
LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
Montpellier n’est certes pas à classer parmi les grandes métropoles, mais elle ne manque pas d’atouts pour
que sa reconnaissance dans cette catégorie de villes lui soit accordée. Le seuil considéré comme critique
de 800 000 habitants dans l’aire urbaine pourrait même être atteint assez rapidement, compte tenu de la
croissance urbaine et de l’extension du champ géographique de celle-ci. Par contre, la visibilité de Montpellier
au niveau international, voire européen, reste encore limitée à certains domaines, ce qui ne manque pas
de la pénaliser et de freiner sa dynamique.
Dans un système national fortement marqué par le centralisme étatique, l’absence d’élus politiques « de
poids » issus de la région aux plus hauts niveaux de l’Etat, et ce depuis plusieurs décennies, a certainement
desservi la région et sa capitale. Montpellier a, de ce fait, eu certainement plus de difficultés que d’autres
villes de niveau comparable, à se faire entendre, à capter le financement de ses grands équipements, à
peser sur des décisions stratégiques.
petite capitaleMontpellier reste finalement de création récente et sa dynamique contemporaine, en rupture avec un siècle
de stagnation (« la belle endormie » au cœur de sa province), l’a projetée dans un univers urbain qui lui
était étranger. La petite capitale provinciale s’est glissée rapidement dans le statut des métropoles que
l’histoire avait établies sans disposer des avantages que leur attribuait leur rayonnement sur leur territoire.
Il lui a fallu s’imposer en région et construire peu à peu un espace de référence, à l’échelle de ses ambitions.
L’épaisseur du temps et celle de l’espace lui ont longtemps manqué pour pouvoir s’afficher parmi les métro-
poles. Mais, par sa dynamique contemporaine, elle est légitime pour affirmer sa place en France et en Europe.
Confirmer une place dans l’ordre des métropoles européennes exige toutefois que la ville et son territoire
d’influence soient mis en cohérence. Car Montpellier souffre d’un territoire trop partagé, fractionné en unités
de gestion autonomes, encore mal irrigué par le système de transport. Le tissu économique, émietté, est
encore à l’image d’une capitale régionale ; il manque de dimension et reste trop peu structuré en réseaux
performants. Dans une économie mondiale où la concentration est le maître mot, Montpellier et son territoire
font certes figure d’espace en devenir, mais de territoire métropolitain encore embryonnaire. C’est enfin à
l’échelle de l’espace vécu par les habitants que se dessinent les contours de la métropole, dans la distribution
des centralités, des aires de drainage des consommations populaires, des grands équipements qui contribuent
à son rayonnement.
tat des lieux : des points forts, oui mais…
7
LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
8
Nul ne peut nier que la métropolisation de la région montpelliéraineest en cours : elle s’affirme. On peut le déplorer en pensant qu’elle conduira inévitablement
à une urbanisation dense sur de grands territoires au détriment de l’environnement, de la qualité de vie et
des identités locales. On peut regretter la lenteur du phénomène, encore trop peu perceptible au niveau
national, surtout international, alors que la métropole a tout à gagner à confirmer sa puissance d’attraction.
On peut penser que trop de forces centrifuges gênent la concentration des hommes, des activités et des
idées sur laquelle reposent ailleurs l’économie et la croissance.
La région montpelliéraine possède quelques uns des fondamentaux qui peuvent la conduire à devenir dans
un avenir proche l’une des grandes métropoles européennes : croissance démographique, économie des
services et du savoir, ouverture, infrastructures, vécu métropolitain.
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Une croissance démographiquepuissante et atypique
Montpellier et son aire figurent en tête du palmarès des espaces urbainsles plus dynamiques au plan démographique. Soutenue depuis le début des années
soixante, la croissance ne se dément pas. Arriveraient dans le département de l’Hérault 1 500 personnes
par mois dont 800 s’installeraient dans le périmètre de l’agglomération de Montpellier. Au plus bas des
phases de croissance démographique répertoriées par l’INSEE, plus de 20 personnes par jour arriveraient
dans l’aire urbaine, dont une douzaine dans sa communauté d’agglomération.
La croissance de Montpellier démarre au début des années soixante avec l’arrivée des rapatriés d’Afrique
du Nord, notamment d’Algérie, qui s’y implantent très nombreux, à la recherche d’un environnement proche
de celui qu’ils viennent de quitter ou de retour vers leurs origines.
La croissance a d’abord été celle de la ville et de sa première couronne (Castelnau-le-Lez, Juvignac, Lattes,
St-Jean-de-Védas). L’ensemble double de population en moins de dix ans. Dans les années quatre-vingts se
constitue une seconde couronne qui conduira à l’installation des néo-résidents sur le littoral (Palavas, Carnon,
La Grande-Motte) et en proche garrigue (St-Gély-du-Fesc, Grabels, Montferrier, Prades-le-Lez, Clapiers…).
Dès le début des années 2000, la dynamique démographique touche des zones plus éloignées, mais devenues
de plus en plus accessibles, grâce aux nouvelles infrastructures : ouverture de l’A750 vers le Cœur d’Hérault
en 1997, mise en place progressive de la Liaison Inter-cantonale d’Evitement Nord (le LIEN). La croissance
de la première et de la seconde couronne se ralentit, au profit d’un étalement urbain de plus en plus large,
phénomène caractéristique de la périurbanisation, engendré par la valeur de la rente foncière, qui détermine
le prix du sol, et par le coût relativement élevé des transports vers les lieux de travail.
ville-centreDepuis peu, le retour au centre se concrétise, les
programmes immobiliers du projet urbain de la ville
et des communes de la première couronne valorisent
des espaces de centralité qui renouvellent la pensée
métropolitaine. Pour éviter que les populations les
moins fortunées, les ménages les plus jeunes et les
plus fragilisée économiquement, donc les plus dépen-
dants du coût du foncier et de l’immobilier, ne fuient
vers les périphéries lointaines, la communauté
d’agglomération met en œuvre des programmes
résidentiels jouant sur la mixité, la primo-accession,
le logement social. La dimension métropolitaine exige
que soit remis en question l’étalement périurbain et les
déséquilibres sociaux. La commune et l’agglomération
relancent le programme de logements sociaux dans
la ville.
attractivitéContrairement aux opinions habituelles d’une région
ouverte aux migrations de retraités plus que d’actifs,
la population qui arrive sur le bassin d’emploi de
Montpellier est une population jeune et active. Elle
est attirée par une ville et une aire urbaine qui
créent des emplois et pas seulement des emplois
liés à l’économie résidentielle.
La croissance démographique est à la fois un signe
et un facteur de développement : elle est le fruit
d’une économie dynamique, créatrice d’emplois et
dont l’image auprès des cadres nationaux, voire inter-
nationaux, est positive. Ceux-ci n’hésitent donc pas
à venir s’y installer pour faire carrière ou construire
une étape de leur parcours professionnel. Elle génère
une économie résidentielle tout aussi dynamique
dont bénéficie l’ensemble du bassin de vie.
jeunesLa population de l’aire urbaine est beaucoup plus
jeune que le reste de la région : cela s’explique en
partie par la présence des étudiants, mais pas seu-
lement. Montpellier est une ville à la fois culturelle
et sportive où les événements sont nombreux et dont
l’image d’« entreprenante » a marqué les esprits.
Elle attire donc une population jeune dont les critères
de choix pour un lieu de vie sont souvent très diffé-
rents de ceux de leurs aînés.
Selon l’INSEE, ces tendances se confirmeraient
jusqu’en 2030 : une population toujours en forte
croissance, un solde migratoire particulièrement
élevé qui ne doit pas faire oublier un solde naturel
positif et une population jeune, même si cette
tendance s’essouffle un peu.
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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
10
De plain-pied dans l’économie des services et du savoir
La croissance démographique, qui démarre dans les années soixante,est une opportunité pour Montpellier et son bassin de vie. Elle n’est pas la
seule. En 1965, l’américain IBM choisit Montpellier pour s’implanter dans le sud de la France avec un
nombre important de cadres. De son côté, l’université de Montpellier riche de ses 700 ans d’Histoire
accueille des étudiants de plus en plus nombreux, développe ses laboratoires de recherche, accroît son
rayonnement intellectuel.
projet globalLa conjoncture des années 1960 fait converger au
moins trois facteurs : l’arrivée des rapatriés d’Afrique
du Nord, le renouveau démographique lié au baby-
boom d’après-guerre, l’ouverture de l’université aux
couches populaires. S’y ajoute, ici comme ailleurs,
l’essor des régions, encore mal définies certes, mais
leur ville capitale s’affirme comme moteur de la
croissance.
Pour autant ces éléments disparates peuvent ne pas
donner corps à une dynamique pérenne. A Montpellier,
une stratégie politique spécifique va progressivement
placer la ville sur une trajectoire nouvelle. Elle repose
au début sur la valorisation des opportunités. Puis,
peu à peu, elle s’élabore avec plus de maîtrise par
la conduite d’un projet plus global concernant à la
fois au processus de développement économique et
à l’urbanisation du territoire. Le projet urbain prend
corps sur ces figures de la modernité.
Montpellier illustre parfaitement la théorie de
Schumpeter qui dit qu’un nouveau cycle économique
ne peut se construire que sur l’innovation, signe de
changement et de rupture. Le cas montpelliérain
correspond bien à la naissance d’un nouveau processus
économique qui repose sur de nouveaux « entrants »
(les TIC, la communication, la recherche appliquée ),
en totale rupture avec les vecteurs de l’économie
urbaine traditionnelle reposant sur la rente foncière,
le commerce de proximité, la petite fabrique.
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IBML’arrivée d’IBM met en lumière les atouts de Montpellier
pour accéder à ce nouveau statut économique : IBM
choisit Montpellier pour son université et pour la
qualité de son cadre de vie qui correspond bien aux
souhaits de ses cadres. L’économie qui se met en place,
dont IBM est l’un des fleurons, n’est pas dépendante
des grandes contraintes d’implantation des industries
traditionnelles (matières premières, infrastructures
de transport, grand bassin de main d’œuvre). Mais
elle ouvre des perspectives davantage à même de
trouver cours dans cet espace urbain en formation,
riche de ses universités et centres de recherche, d’une
main d’œuvre jeune, soucieuse de réaliser ses projets
de vie. Ces choix d’implantation sont planétaires, ils
reposent sur des critères nouveaux : la proximité des
savoirs et des capacités d’innovation (université,
laboratoires de recherche), le voisinage des réseaux
(transports, information, relation...) et la qualité du
cadre de vie.
La présence d’IBM « estampille » la région de
Montpellier comme un lieu où l’on peut trouver les
conditions optimales d’implantation quand on est
une entreprise de haute technologie, à forte valeur
ajoutée, nécessitant beaucoup de matière grise et
reposant sur l’innovation et la recherche. L’installation
de la multinationale ouvre la porte de l’économie
des services et du savoir.
Accueillir IBM à Montpellier n’était pas aussi aisé
que l’on pourrait l’imaginer. La ville n’a alors aucune
culture industrielle, aucune véritable usine. Elle vit
encore de la rente foncière et des salaires des
fonctionnaires des corps de l’Etat, de l’Université et
du CHU, grands pourvoyeurs d’emplois. Il a fallu alors
une certaine clairvoyance politique pour imaginer
tout ce que cette implantation offrait de perspectives
pour Montpellier : elle se met en concurrence avec
d’autres villes du Sud quand, jusqu’ici, Nîmes et
Béziers se posaient en rivales. Dans un premier
temps, il a fallu séduire l’investisseur et lui montrer
que son choix relevait aussi de potentialités liées à
l’environnement urbain.
Le pouvoir municipal va dès lors se tourner vers
l’idée d’un développement économique conséquent.
Le District, doté de compétences économiques, sera
l’outil de référence pour assurer ce choix. Le Polygone
sera l’expression première que la ville a changé et
entrepris une véritable mutation de ses logiques
économiques et sociales. Après les élections muni-
cipales de 1977 Montpellier s’engage dans la voie
de la nouvelle économie qui passe par le besoin de
« lisibilité », de communiquer sur ses acquis et ses
nouveaux savoir-faire. Elle se dit « entreprenante »,
« eurocité » et finalement « technopole » au milieu
des années 1980.
culture – sport – environnementMontpellier devient la ville préférée des cadres
avec une image très forte de ville de culture, grâce
à la construction de grandes infrastructures (Opéra
Berlioz, Zénith, musée Fabre…), au développement de
grandes structures comme l’orchestre de Montpellier,
au lancement de grandes expositions, de festivals…
Montpellier cultive son image jeune et dynamique :
elle est une ville sportive pour laquelle de grandes
infrastructures sont aussi mises en place : stade
Yves du Manoir, piscine olympique d’Antigone et
des clubs comme ceux de rugby ou de handball.
Montpellier soigne son environnement et son cadre
de vie : conquête de la rive gauche du Lez, souci de
l’environnement au sein des ZAC, outil principal
d’aménagement, réseau nature et cheminements doux,
plan vert au niveau de la communauté d’agglomération.
Elle recherche des « signatures » d’architectes
reconnus pour personnaliser les quartiers et les rendre
visibles au-delà des frontières : Bofill, Fassbinder,
Portzamparc, Chemetov…
imageMontpellier se donne à voir pour entrer dans le
monde de la grande ville, où l’activité économique est
urbaine et le développement, métropolitain. La ville
est peu à peu sortie de ses limites pour essaimer
les activités dans son environnement. Ainsi s’est
construite l’image de Montpellier devenue « grande
ville française », capable de trouver place au niveau
européen, de trouver sens dans les configurations
métropolitaines.
—
LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
12
Une forte volonté d’ouverture
En même temps que la ville entre dans un nouvel âge économique,elle s’ouvre au monde, tourne son regard vers des horizons lointains,se compare, s’inspire, se rapproche de grandes cités.
jumelageLes jumelages de Montpellier avec des villes
étrangères ont déjà commencé au début des années
60, mais ils vont s’intensifier. Les premiers jumelages
sont à forte connotation universitaire : Louisville aux
Etats-Unis et Heildelberg en Allemagne. Ils restent
très importants, car les échanges anciens ont permis
de tisser des liens très forts et très particuliers avec
ces villes.
Le rapprochement avec Barcelone, en 1969, marque
un changement notable dans le type d’échanges.
Barcelone et Montpellier, voisines, longtemps étrangères
malgré leur parcours historique partagé, se rejoignent
sur des problématiques communes, notamment
économiques, urbanistiques et environnementales.
Le jumelage le plus remarquable est sans doute
celui scellé avec Cheng Du, capitale de la province
chinoise du Sichuan. En 1981, la Chine n’est pas
encore le géant économique que nous connaissons
aujourd’hui. Elle sort de vingt ans d’un repli à la fois
social et économique. La Chine est encore cet
« autre côté » de la planète, mystérieux et fascinant
comme tous les orients, mais économiquement
faible dans les échanges internationaux. Il y a là
un pari sur l’ouverture de la Chine et sur la capacité
de Montpellier à prendre sa place dans le concert
des grandes villes, processus qui ne trouve pas de
correspondance dans les autres jumelages.
D’autres jumelages suivront, tournés vers la Méditer-
ranée et vers un des espaces de rayonnement possible
de la ville et de son territoire d’influence : Tibériade
en Israël, Fès au Maroc et Tlemcen en Algérie.
vitrinesEn fonction de leurs différentes compétences et de
leurs évolutions, l’ensemble des collectivités locales va
également jouer le jeu de l’ouverture internationale :
la Région crée des « Maisons de la Région », vitrines
des productions et des savoir-faire, dans différentes
villes du monde, grandes métropoles économiques,
points névralgiques des échanges : Shanghai, Milan,
Londres, New-York et multiplie la présence d’entre-
prises régionales dans les salons internationaux. Elle
met en place des structures, telles qu’Invest LR, pour
favoriser l’implantation en Languedoc-Roussillon
d’entreprises de taille et de notoriété nationales et
internationales.
Le Conseil Général de l’Hérault tisse des liens éco-
nomiques avec les grandes régions viticoles du
monde, tente d’ouvrir de nouveaux marchés pour
les productions agricoles, le vin notamment. Il tisse
également des liens de coopération nord/sud, dans le
Maghreb et en Amérique latine, en vue de soutenir
les développements locaux.
Les stratégies de développement à l’international
portées par l’agglomération de Montpellier dévoilent
également une volonté d’ancrer les entreprises de
pointe dans les échanges mondialisés. Elle a même
obtenu la reconnaissance internationale d’incubateur
de l’Award Randall M. Whalley pour son Business
International Center en 2007.
Aujourd’hui, elle ouvre une structure particulière
pour permettre à des entreprises internationales de
venir tester une implantation locale avant d’engager
des investissements lourds : le MIBI (Montpellier
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International Business Incubator). Cet immeuble de
bureaux d’un genre particulier donne la possibilité
à des entreprises, intéressées par une installation à
Montpellier, de tester leur marché en ayant à dispo-
sition un bureau et des services associés (secrétariat,
traduction, accompagnement…).
Cette dynamique prolonge les liens que les universités
avaient tissés au niveau mondial, avec l’Amérique
du Nord en particulier, tant sur le plan des langues
et des sciences humaines que sur ceux de l’agronomie,
de la chimie, de l’agro-alimentaire et des technologies
de pointe. L’ouverture à l’international, un des vecteurs
de l’économie moderne, est porteuse d’images
valorisantes et de rayonnement tant sur le plan
économique que sur celui de la culture et des savoirs.
—
Un important réseau d’infrastructures
Placée au cœur d’un important couloir historique de circulation deshommes et des marchandises, Montpellier bénéficie d’un réseaud’infrastructures bien développé.
railLongtemps simple halte sur le grand axe ferroviaire
traversant est/ouest entre Bordeaux et Nice, mais
finalement bien reliée à Paris après branchement
sur le Paris-Lyon-Marseille, la gare de Montpellier
s’est progressivement affirmée en relation avec la
dynamique de la ville. Montpellier est aujourd’hui
desservie par les TGV vers Paris et par la grande
diagonale qui relie la péninsule ibérique à l’Europe
du nord et de l’est, ligne qui peut représenter un
avenir certain en termes de développement écono-
mique dans le contexte européen. L’axe nord/sud
peut se révéler porteur de croissance à l’horizon
2020, surtout lorsque la liaison à grande vitesse
mettra Barcelone à moins de deux heures.
Par ailleurs, le contournement ferroviaire prochain de
Nîmes et de Montpellier permettra une desserte plus
rapide de ces villes par les trains à grande vitesse et
servira de support à la création de la gare nouvelle
au sud-est de l’agglomération.
Equipement structurant, la gare nouvelle s’annonce
complémentaire au projet urbain d’Odysseum, auquel
elle est associée sur le plan fonctionnel. Le quartier
d’affaires qui l’accompagnera devrait bénéficier de
la desserte rapide vers les grandes métropoles euro-
péennes, comme Barcelone, Paris, Lyon, Francfort. Il
doit devenir une plate-forme intermodale de niveau
européen reliée à l’aéroport distant de moins de
trois kilomètres et aux entrées d’autoroute à proximité
immédiate. La gare et son quartier d’affaires seront
également connectés par le réseau de tramway au
centre de la ville et aux grands espaces économiques
de l’agglomération.
La réalisation de la Ligne à Grande Vitesse (LGV)
permettra d’alléger le trafic sur le réseau actuel,
jusqu’ici saturé, et facilitera le développement d’une
desserte en TER cadencée vers les autres villes de
l’espace métropolitain entre Nîmes et Sète (Lunel,
Frontignan) et, au-delà, vers Agde et Béziers, Alès
et Avignon.
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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
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routesAu niveau routier, Montpellier est desservie par l’A9
et bénéficie de quatre entrées/sorties desservant
les grands points stratégiques de l’agglomération
d’un point de vue économique :
- Saint-Jean-de-Védas et Montpellier Ouest pour les
zones d’activités de La Lauze, Marcel Dassault et Garosud,
- Montpellier sud pour la desserte du centre-gare et
de Palavas,
- Montpellier est pour l’accès aux zones d’activités
du Millénaire, d’Eurêka et d’Odysseum et de La
Grande Motte,
- Vendargues qui dessert la zone d’activités de Saint-
Aunès et celle de Via Domitia en plein développement.
L’A75 sera terminée au printemps 2011. Elle permettra
une liaison rapide et alternative avec la région pari-
sienne et l’Europe du nord pour une part importante
du trafic de marchandises afin d’éviter un couloir
du Rhône largement saturé. Ce basculement est
freiné par la rampe du Pas de l’Escalette qui n’est pas
autorisée aux très gros camions. L’A75 est également
une autoroute d’altitude soumise aux aléas climatiques
d’hiver. Enfin, elle ne présente pas une alternative
valable pour le trafic à destination de l’Allemagne
et de l’Europe de l’est qui restent une destination
principale pour le trafic autoroutier de l’A9 qui transite
ensuite par la vallée du Rhône.
portLe développement de Montpellier peut et doit
s’appuyer sur le port de Sète, second port français de
la Méditerranée dont la Région a pris la responsabilité.
Il constitue un potentiel de développement écono-
mique important si l’on considère les opportunités
d’échanges commerciaux dans le bassin méditerranéen.
Le potentiel en matière de transport de passagers
et de croisière n’est pas non plus à négliger et doit
progresser en nombre et en qualité.
aéroportL’Aéroport Montpellier-Méditerranée est un atout
important pour le développement économique par
son ouverture à l’international. C’est la seule infra-
structure de transport qui puisse accompagner la
croissance métropolitaine dans laquelle Montpellier
et son bassin de vie sont engagés. Il n’est que le
10ème aéroport national. Mais il dispose de belles
marges de progression. Son développement reste
dépendant de la dynamique économique car plus de
50 % de son activité sont liés aux déplacements
d’affaires. L’ouverture de nouvelles lignes par la
Société Aéroportuaire crée autant d’opportunités de
prospection et de conquête de nouveaux marchés.
Cet aéroport a l’avantage d’être un aéroport urbain,
à moins de cinq kilomètres du centre-ville et de
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Un vécu et des modes de vie métropolitains
Au niveau local, le réseau de tramway est l’infrastructure qui marquede la façon la plus incontestable l’entrée de Montpellier dans le concertdes métropoles. Chaque nouvelle ligne ancre davantage les communes de l’agglomération dans un
espace métropolitain qui se projette au travers d’une unicité de plus en plus reconnue. La perception de
leur aire de vie par les habitants est radicalement modifiée par la possibilité de se déplacer rapidement, à
l’intérieur d’un espace qui joue de diversité et de similitudes, qui grandit, se diversifie, sans pour autant
perdre de sa cohérence.
Le tramway modifie fondamentalement les pratiques des habitants de l’agglomération et demain de
l’ensemble de l’aire métropolitaine. En effet, la mobilité est l’une des conditions d’existence d’un espace
métropolitain : il faut pouvoir se déplacer aisément et rapidement, notamment par les transports en commun,
pour effectuer les différents actes de la vie comme travailler, faire ses achats, se distraire, se rencontrer.
Le transport en commun est le garant de cette exigence. Il met à disposition des habitants de tout l’espace
métropolitain une offre en services et en équipements de plus en large.
L’interrogation récurrente des populations locales de savoir « quand le tramway ira jusqu’à la mer »
participe de cette construction métropolitaine, d’un vécu et d’une vision très pragmatiques, transcendant
les clivages administratifs et politiques.
En revanche, le développement à l’international,
indispensable pour l’aéroport, trouve écho dans le
besoin de Montpellier et de sa zone métropolitaine
d’élargir leur aire d’action : la volonté de l’une de
prendre sa place au sein d’une économie mondiale
et des grandes métropoles et celle de l’autre de se
développer sont totalement indissociables.
—
trois kilomètres de la future gare TGV, à proximité
des grands équipements ludiques et commerciaux.
L’aéroport souffre de l’amélioration de la desserte
en TGV qui constitue une concurrence importante
(Paris à un peu plus de trois heures). L’arrivée de la
ligne nouvelle et la mise en fonction de la nouvelle
gare feront du train une alternative particulière-
ment intéressante pour atteindre Paris et Barcelone.
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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
mobilitéL’Université de Lausanne publiait en 2002 « Vues
sur la ville ». Elle y faisait état « qu’en matière de
densification, on va vers un modèle polycentrique, en
réseau avec diversification des sous-centres desservis
par un réseau de transfert performant ». Le tramway
met désormais ce réseau en place sur le territoire
qu’il dessert.
L’agglomération de Montpellier et la TAM ont déjà
envisagé de poursuivre le réseau en place au-delà
de la troisième ligne, ligne qui s’étire déjà sur 22
kilomètres ! Le tramway deviendra train-tram
suppléant le TER là où il n’y a pas de desserte possible,
vers le Bassin de Thau, le littoral et en direction de
Sommières.
appropriationAujourd’hui, la dimension métropolitaine s’affirme
comme élément structurant du territoire de vie : on
habite dans la périphérie de Sète, mais on travaille
à Montpellier. On consomme à Balaruc-les-Bains ou
à Pérols en hypermarché, on parcourt le centre-ville
de Sète et de Montpellier. On va se promener en
garrigue, sur la Gardiole, au bord des étangs ou dans
les Cévennes. On va applaudir un spectacle dans les
arènes de Nîmes et un match de handball dans
l’Arena de Montpellier.
Cet espace semble à certains différencié. En fait,
c’est un espace entièrement approprié par les habi-
tants, grâce à des pratiques urbaines généralisées.
Ici, la confrontation entre rural et urbain n’a plus
lieu d’être.
L’agriculture est elle-même péri-urbaine. Elle bénéficie
des structures de soutien mises en place par les
collectivités et les établissements publics. Elle profite
du marché de proximité que constitue l’espace
métropolitain. Les espaces naturels sont également
intégrés. Les SCOT (Schémas de cohérence territoriale)
ont pris en compte la protection des espaces agricoles
et des espaces naturels car ils constituent l’échelle
la plus pertinente pour contrôler l’étalement urbain.
Réfléchir à une planification à l’échelle intercommunale
est l’un des moyens de protéger l’environnement : elle
permet par exemple de faire apparaître des espaces
continus en matière de biodiversité, suffisamment
vastes pour permettre un maintien des espèces,
tout en gardant leur cohérence aux grands paysages.
Les pratiques de cet espace sont bien métropolitaines
même si, trop souvent, le sentiment d’appartenance
reste encore flou, renforcé par les approches politiques
jouant sur des identités annoncées comme fondatrices
de lieux de vie. Sans doute parce que nous sommes
dans un espace en mutation, en création ou en recréa-
tion, ces discours peuvent trouver quelque écho.
Mais le sentiment métropolitain prend puissance
lorsque l’on passe à une plus grande échelle. A
l’étranger, le Sétois, tout comme le Nîmois, devient
facilement Montpelliérain. Car il sait bien que c’est
seulement à l’échelle de la Métropole que son identité
peut être perçue. Il peut revendiquer ensuite avec
vigueur au niveau local sa micro-identité sans
éprouver une quelconque gêne, car, finalement,
comme le disait Georges Pérec « vivre » n’est ce pas
« passer d’un espace à un autre en essayant de ne
pas se cogner… » ?
—
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Interview de Frank Lasch Docteur en Economie,Professeur associé en entrepreneuriat et Directeur de la Recherche - Groupe Sup de Co Montpellier
« La métropolisation : du global au local. Le phénomène de métropolisation est mondial,
mais il se différencie dans son ampleur selon les pays. Il s’agit d’une croissance et d’un rayonnement intensifiés
des grandes et moyennes villes (agglomérations) se traduisant par une dynamique spatiale qui conduit à
une réorganisation de l’espace autour d’une ville affectée par ce phénomène.
La recherche anglophone a produit de nombreux travaux analysant ce lien entre l’économie globale et le
développement des activités et de la compétitivité à un niveau régional et local. Elle décrit le passage d’une
économie « gérée » à une économie « entrepreneuriale » (Audretsch & Thurik, 2000) ou de savoirs dont un
des résultats est le renforcement des gouvernances et mesures des politiques économiques locales, l’accélération
de la concurrence et l’augmentation du niveau de compétitivité des entreprises et des régions. En parallèle de
l’Etat, acteur majeur de l’économie, se développe la mobilisation des moyens au niveau régional et local (‘bottom
up’). Elle y est souvent considérée plus facile et plus organisée, la convergence des intérêts plus évidente.
La métropolisation, étroitement liée au phénomène de globalisation, conduit à constater un grand paradoxe.
Dans une période où la globalisation a tendance à dominer l’activité économique et où les technologies de
l’information mettent en question l’importance d’une localisation, la recherche accorde de plus en plus
d’attention à la proximité et aux clusters d’entreprises (Audretsch, 1998). L’interaction de différents acteurs
au niveau local fait l’objet de travaux récents sur les différentes proximités (sociétale, culturelle, sectorielle,
géographique... (Jaouen & Torrès, 2008 ; Lasch, 2008). La concentration géographique d’entreprises appartenant
à des secteurs d’activités spécifiques est une des facettes de la redéfinition spatiale d’une agglomération
qui se développe dans un contexte de métropolisation et mène au constat que des avantages compétitifs
dans une économie mondialisée réside de plus en plus dans le local («…competitive advantages in a global
economy lie increasingly in ‘local things’ » Porter, 1998). La compétitivité économique est plus que jamais
celle d’un territoire avec la nécessité de se recentrer sur le local et de fédérer ses acteurs. Pour la gouvernance
locale, l’enjeu de manager l’économie et le territoire va continuer à se développer ; pour les entreprises, la
nécessité de capitaliser sur les avantages compétitifs locaux, de créer des synergies dans le tissu économique
et institutionnel local et d’augmenter sa performance grâce à l’innovation managériale.
Pour conclure, recentrons-nous sur notre territoire, l’une des régions disposant du plus fort taux de création
d’entreprises et de croissance démographique en France. Ce territoire est un haut lieu d’opportunités, un pôle
majeur pour certains secteurs (TIC, pharmaceutique, tourisme...) mais où sont souvent déplorés le manque d’un
tissu industriel, la « petitesse » de son stock d’entreprises et le taux de mortalité élevé des jeunes entreprises.
Sachant néanmoins que Montpellier fait référence au niveau Européen pour une métropole entrepreneuriale,
proactive et se trouve citée comme exemple par un programme Européen de recherche, de « smart practice »
pour sa politique et le succès du développement économique des dernières décennies (cf annexes p 62).
Le développement positif et le positionnement incontesté et réussi de Montpellier en tant que métropole
européenne, là n’est pas la vraie question pour l’avenir : il faut se demander si tous les atouts de notre territoire
sont adéquatement exploités pour maintenir sa place et pour augmenter sa compétitivité dans la lutte des
métropoles. Beaucoup de réflexions passeront par un management innovant de la proximité… ».
RéférencesAudretsch D.B. 1998. Agglomeration and the location of innovative activity. Oxford Review of Economic Policy, 14(2): 18-29.
Audretsch D.B. & Thurik R. 2000. Capitalism and democracy in the 21st Century: From the managed to the entrepreneurial economy.Journal of Evolutionary Economics, 10(1-2): 17-34.
Jaouen A. & Torrès O. 2008 (eds). Les très petites entreprises - un management de proximité. London, Hermès Lavoisier.
Lasch F. 2008. La proximité géographique comme facteur d’émergence et de survie des TPE à forte intensité de savoirs. In JaouenA. & Torrès O. (eds). Les très petites entreprises - un management de proximité : 333-363. London, Hermès Lavoisier.
Lasch F. 2006. Innovation policy and socio-economic context as success factors for RTD: the case of Montpellier, France.
*Porter M.E. 1998. Clusters and the new economics of competition. Harvard Business Review, November/December: 77-90.
Welter F. & Kolb S. 2007. How to make regions RTD success stories? Good practice models and regional RTD. CRIPREDE/Regionsof Knowledge 2 Intermediate Report. Siegen (Germany), Beiträge zur KMU-Forschung, n°2. 17
LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
18
Montpellier a compris très vite que la nouvelle économie, celle des savoirs
et de la connaissance, offrait aux villes sans passé industriel la possibilité les nouveaux territoires de
l’économie. Elle possédait des atouts indéniables. Cependant, comparativement à d’autres grandes villes
au passé industriel vivace, aux sièges sociaux bien implantés, aux équipements conséquents, Montpellier
devait parcourir le chemin de la création de toute pièce. Elle devait se faire un nom à partir de son université,
s’afficher ville de la communication et du high tech, jouer sur son environnement de grande qualité et séduire :
être attractive pour devenir la place choisie par les sociétés pour y implanter leurs sièges sociaux, y créer
des entreprises innovantes ; être également choisie par les laboratoires de recherche, publics ou rattachés
à des firmes connues.
Elle s’y est largement employée jusqu’à devenir la 8ème ville de France en termes de population résidente.
Pourtant, comme l’ensemble de l’aire urbaine, elle souffre de handicaps structurels et de faiblesses qu’elle
se doit de dépasser.
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Un réseau d’infrastructures encore inachevé
Certes, le réseau de transport de l’espace métropolitain, centré surMontpellier est bien articulé sur la route, l’autoroute, la voie ferrée et le transport aérien.
Cependant, son degré de saturation interroge quant à ses capacités à supporter une charge supplémentaire
de trafic que la croissance démographique ne manquera de provoquer.
railLe réseau ferré actuel est saturé. Il ne présente aucune
possibilité d’alternative, ce qui a pour conséquence
fâcheuse le blocage intégral de toute la ligne au
moindre incident.
La ligne nouvelle à grande vitesse a donné lieu à un
solide débat public. Mais le plan de financement, bien
qu’en bonne voie n’était pas encore bouclé au seuil
de 2011. Les études qui ont été lancées devraient
permettre de respecter le planning établi.
Cet élément de ligne à grande vitesse est le chaînon
manquant, en France, d’un parcours ferré européen
entre Hambourg et Séville. Programmé une première
fois dans les années 1990, il n’avait pas vu le jour
faute sans doute d’une ambition suffisante pour
cette liaison.
La ligne actuellement programmée - une ligne mixte
voyageurs/marchandises - est aussi un pari sur
l’avenir. Elle ne prend tout son sens que dans la
perspective d’un transfert vers le rail depuis le port
de Barcelone des marchandises destinées aux
grands ports de l’Europe du Nord. Le gain de temps
est à ce niveau un facteur déterminant.
Si le pari est gagné, le Languedoc-Roussillon verra
se construire à sa porte une Métropole européenne
encore plus forte sur le plan économique, capable
de capter d’importants flux marchands. Le risque
serait-il qu’elle s’étale vers le Nord jusqu’à absorber
dans son orbite la Catalogne nord, au détriment de
l’influence de Montpellier ? La question mérite d’être
posée, ne serait-ce que pour stimuler les décideurs
régionaux dans leur regard vers Barcelone.
On ne peut envisager que le pari soit perdu, tant la
ligne mixte Montpellier Perpignan serait alors un
gouffre financier confortant les inquiétudes de ceux
qui avaient arrêté le projet dès la fin des années 1990.
Il est important que la région se place en position de
force dans la perspective de la réalisation de la ligne
nouvelle, notamment quant au rôle que vont jouer
les gares et les plateformes qui leur seront associées.
Comment les forces vives de la région valoriseront-
elles leurs capacités de faire de la ligne nouvelle un
axe économique majeur ?
Un vrai projet anime les collectivités autour de
Montpellier et de sa gare. Mais, qu’en est-il autour de
Nîmes dont la gare est projetée à Manduel ? A Béziers
ou Narbonne, les gares sont encore hypothétiques.
Elles ne verront le jour que si les collectivités locales
participent financièrement à très haut niveau : cet
investissement conséquent n’aura de sens que si un
projet urbain et économique fort permet un « retour
sur investissement » incontestable.
Cette ligne tant attendue devra également permettre
la libération de sillons sur la ligne historique pour
permettre enfin la mise en place d’un réseau TER
cadencé et performant, indispensable au dévelop-
pement métropolitain. Ce réseau, aujourd’hui insuf-
fisant, ne répond pas aux attentes des usagers : les
retards et les annulations trop souvent annoncés ne
favorisent pas l’utilisation du train pour les différents
déplacements.
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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
aéroportPour sa part, l’aéroport souffre d’être le dernier dans
la catégorie des aéroports nationaux. Les enjeux de
son développement ne sont pas forcément perçus
par l’Etat, principal actionnaire, de la même manière
que par les actionnaires locaux. Les priorités de
l’État s’établissent à une échelle nationale et tiennent
compte d’un ensemble de paramètres. Montpellier-
Méditerranée ne se trouve pas forcement favorisé
dans les engagements pris par l’État en matière
aéronautique au niveau national.
Montpellier-Méditerranée souffre également de la
présence relativement proche d’aéroports concurrents
sur un certain nombre de lignes. La question se pose
avec acuité de la concentration des investissements
sur un seul aéroport métropolitain de niveau interna-
tional et de son articulation aux autres systèmes de
transport en région afin de diminuer les temps de
parcours entre les villes et espaces urbains desservis.
Cet aéroport n’a pas la dimension qui devrait être la
sienne, compte tenu de son environnement écono-
mique, de sa vocation d’aéroport d’affaires et du
potentiel de développement économique que
représente le foncier de la plate-forme.
portLe port de Sète doit faire face à de très lourds
investissements pour tenir la place qu’il mériterait
dans le développement économique local et au sein
de l’espace méditerranéen. Face à Marseille, il est
impératif que Sète développe son trafic conteneurs,
ses plateformes portuaires et se mette à niveau
pour l’accueil des lignes passagers et de croisière.
La voie maritime offre de belles perspectives de
croissance, le port pouvant trouver place dans un
espace métropolitain aux infrastructures lourdes
bien distribuées. Il doit devenir un des outils de
développement de la métropole montpelliéraine.
routesMontpellier est sûrement l’une des rares villes de
cette taille à ne pas avoir de système de rocades :
l’autoroute A9, au droit de Montpellier, sert de rocade
de substitution, grâce à la gratuité obtenue par les élus
lors de son ouverture. Elle atteint des taux records
de saturation et de dangerosité, sans qu’aucun des
nombreux projets de doublement n’ait jusqu’à présent
été mis en œuvre. Le gouvernement vient seulement
de décider la mise en place d’un doublement court
entre les deux contournements prévus à l’est et à
l’ouest. Les procédures à reconduire ne devraient
pas permettre à ce projet, qui suscite encore des
débats, d’aboutir avant cinq ans.
La congestion récurrente de l’ensemble du réseau
routier pénalise de plus en plus les échanges au sein
de l’aire métropolitaine. Le développement écono-
mique en est affecté, car les entreprises locales ne
peuvent assurer à leurs clients la fiabilité des livraisons
et des rendez-vous. Les périodes estivales, que l’on
dit souvent « cauchemardesques » pour les touristes
en transit, comme pour tous les habitants de l’aire
urbaine confortent l’idée de saturation et justifient
pleinement les choix de la Communauté d’agglomé-
ration de construire un réseau de lignes de tramway
irriguant l’ensemble des territoires communautaires.
Les retards pris par les bretelles de contournement,
à l’ouest comme à l’est, contribuent à la paralysie
relative du trafic aux heures de pointe et lors des
grandes migrations estivales. Le schéma fonctionnel
demandera au moins une dizaine d’années avant
d’être réellement opérationnel. Au sud, le goulet de
l’A9 pénalise les échanges entre les villes de la région,
de Nîmes à Narbonne. La RN 113, axe historique, a
perdu sa vocation de réseau de desserte à longue
distance. Un véritable schéma de transport et
d’échanges à l’échelle de l’aire de métropolisation
devrait être élaboré, ne serait-ce que pour prendre
conscience des retards accumulés et de la nécessaire
recherche de réponses adaptées aux besoins de
mobilité.
—20
Interview de Nello Chauvetière Consultant, Ancien responsable du service de l'aménagement, des transports etde la prospective à la Direction Régionale de l'Equipement
« Pendant longtemps, le transport a été considéré comme une activité assurant le déplacement des biens et des personnes, réalisée par des entreprises spécialisées. La performance de ce secteur était évaluée à la croissance des trafics
et aux résultats des entreprises ou à leur contribution au PIB national. Aujourd'hui, le transport est un élément
des politiques d’aménagement du territoire par ses impacts positifs mais aussi négatifs. Le transport c'est
de la richesse économique : il favorise les échanges, le commerce, le tourisme, il donne accès aux territoires...
Mais il porte également atteinte à l’environnement par la pollution qu'il engendre, la destruction des
paysages, etc.… Le transport est ainsi au cœur de la problématique de la durabilité.
D’un point de vue économique, richesse et mobilité sont liées. Les spécialistes parlent de « couplage » :
activité transport et PIB sont fortement corrélés. La croissance du trafic est particulièrement forte autour
de Montpellier et de Nîmes : 1 % de croissance démographique génère mécaniquement 1 % de trafic
supplémentaire et donc une croissance économique.
La configuration même du Languedoc, un couloir maillé de villes relativement importantes et proches,
favorise la densité du trafic local : plus les villes sont importantes et plus elles sont proches, plus elles
génèrent du trafic entre elles. Ainsi les trafics autoroutiers, routiers, ferroviaires sont les plus élevés entre
Nîmes et Montpellier, Montpellier et Sète... Aujourd'hui, ici ou là, on peut parler de congestion.
Vu de Paris mais aussi au niveau régional, le territoire « métropolitain » entre Sète et Nîmes (et Alès) revêt
un enjeu particulier. Dans un contexte de concurrence entre les métropoles au niveau européen, ce territoire
doit se construire, s'affirmer. La métropolisation qui s'y développe, doit être maitrisée, organisée, pour éviter
les décisions contradictoires et coûteuses et leurs effets négatifs sur les populations et sur l'environnement.
L'organisation d'un système de transport efficace est un enjeu primordial pour une métropolisation réussie.
L’ensemble des trafics, locaux et de transit, voyageurs et marchandises, se superpose sur des infrastructures
polyvalentes dont les limites de capacité sont atteintes voire dépassées. Il faut trouver les réponses adaptées
à ces différentes problématiques.
Dans le domaine du transport, la métropolisation génère des problèmes spécifiques de congestion croissante.
Conserver un bon niveau de mobilité individuelle et un transport de marchandises efficace demande des
politiques volontaristes, notamment en direction des transports collectifs (tramway, TER, inter-cités). Ici, une
coordination des politiques de transport régionale (TER) départementales (autocars) et urbaines (autobus
et tramways) est indispensable pour constituer un réseau de transport « métropolitain » qui facilite la vie
des populations et donne une visibilité au territoire et au projet métropolitain.
Le système de rocades, indispensable à toute agglomération, est inexistant autour de Montpellier. La seule
rocade en cours est celle du nord, le LIEN. Ce projet a peu d'impact sur la gestion du trafic de l'agglomération.
Le « dédoublement » de l’A9 est donc indispensable pour organiser les circulations dans et autour de
l'agglomération. Les contournements est et ouest de Montpellier n'ont pas de sens si la « rocade sud » n'est
pas réalisée. Ce dédoublement bénéficie en outre aux trafics qui passent à Montpellier sans s'y arrêter.
Autoroute ou LGV, les grandes infrastructures relèvent de décisions nationales. Dans une situation de
concurrence inter-régionale exacerbée ce sont les relais politiques qui font la différence : dans une région
pénalisée par l'éloignement géographique de la capitale, les divergences entre les collectivités territoriales
doivent être « dépassées » si l'on veut favoriser la réalisation de ces projets indispensables. »
21
LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
22
Un chapelet de villes moyennes et unecapitale récente
Le couloir languedocien offre la vision d’un espace historiquementstructuré par un chapelet de villes moyennes, longtemps concurrentes, mais ayant
organisé leur propre territoire selon un modèle qui centre sur leurs capacités les campagnes environnantes.
De la mer à la garrigue et à la moyenne montagne l’influence des villes du couloir reste majeure. Nîmes,
Montpellier, Béziers, Narbonne, Perpignan et Carcassonne pour le couloir audois agencent ainsi l’espace
régional et en constituent la trame économique. Cet alignement structurant est complété par la dispersion
secondaire d’un réseau dépendant de petites villes, elles-mêmes en charge des territoires ruraux qu’elles
animent. Plus que les siècles d’une histoire qui se forge dans la romanité, c’est le vignoble et le XIXème siècle
industriel pour quelques autres qui charpentent l’édifice urbain régional et lui assurent, un temps, prospérité.
assise historiqueToutes ces villes valorisent leur assise historique,
plus ou moins fantasmée, qui leur accorde une place,
une identité et une position locales. Cependant, aucune
de ces villes n’a réellement dominé le Languedoc-
Roussillon, du moins durablement. Pézenas, Nîmes,
Montpellier, mais aussi Agde ou Narbonne et pourquoi
pas Saint-Gilles, ont su affirmer leur place dans
l’Histoire. Seule Montpellier, une des dernières venues,
trouve place dans la durée et le maintien. Mais rien
ici de comparable à ces villes d’histoire, héritières des
fiefs médiévaux et des grandes provinces, dominant de
très vastes territoires, incontestables et incontestées
dans leur domination qu’elle soit économique, politique
ou intellectuelle. Toulouse, Lyon, Bordeaux n’ont
point de rivales en Languedoc-Roussillon, même si
Toulouse et Montpellier se partagent un temps les
deux Languedoc, le Haut et le Bas.
Au XIXème siècle, Béziers, riche de son vignoble,
et Nîmes, de son industrie, encadrent de leur
économies majeures Montpellier l’intellectuelle. La
gare de Montpellier ne sera finalement qu’une halte,
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Un découpage politico-administratif inadapté
L’organisation administrative de gestion des territoires est un frein àune vision globale du développement économique et de l’aménagementde l’espace. Les SCOT (schémas de cohérence territoriale), premiers exercices de solidarité, sont encore
peu actifs sinon pas approuvés ni même réalisés. Et les choix des périmètres d’action relèvent plus des
opportunités politiques que des réalités économiques. C’est de Marseille, de Lyon, de Toulouse ou, plus
exactement, pour l’essentiel de la région de Montpellier, que vient la dynamique et que les forces économiques
impulsent le développement. Reste à clairement définir les façons d’organiser le territoire pour que les
effets majeurs ne soient point dilués par le jeu des découpages plus ou moins artificiels.
alors que le Montpellier/Sète est une des premières
lignes de France ! C’est sous la forme de données
démographiques que les comparaisons s’étiolent :
Montpellier prend peu à peu le dessus sur ses voisines,
d’autant plus que la crise de la viticulture et des
industries traditionnelles affaiblit Béziers et Nîmes.
Si, au XIXème siècle, la « course » entre ces trois villes
tend à un certain équilibre, la suprématie montpel-
liéraine s’affirme avec la montée du tertiaire, de la
culture universitaire et hospitalière et du pouvoir
régional.
A partir de 1975, la hiérarchie qui est établie ne fera
que s’amplifier : Béziers a 84 000 habitants, Nîmes
128 000 et Montpellier (191 000) flirte avec le seuil
des 200 000.
capitale régionaleLorsque, au début des années 70, l’État découpe les
régions et désigne des capitales régionales, le choix
est cornélien entre Nîmes l’industrieuse et Montpellier
l’universitaire. Ce n’est pas l’écart de population,
mais l’université et le Centre Hospitalier Universitaire
qui font pencher la balance en faveur de Montpellier.
Il va falloir que Montpellier devienne incontesta-
blement, cette capitale régionale. Elle doit endosser
le rôle pour lequel elle vient d’être choisie.
Tout converge au début des années 1980 pour que
la nouvelle capitale régionale s’affirme pleinement
sur les plans économique, culturel et politique.
Mais la concurrence entre les villes demeure forte,
davantage au travers des représentations que dans la
réalité économique. La reconnaissance de Montpellier
capitale soulève encore des oppositions.
L’appartenance à des départements différents n’a-
t-elle pas favorisé la rivalité avec Nîmes ?
La croissance, l’attractivité et le rayonnement de
Montpellier ne vont cesser alors de s’accroître de
façon souvent dite « spectaculaire » quand Nîmes
reste plus conforme à la dynamique d’autres villes
moyennes. Ce n’est pas pour autant que la ville et
son bassin de vie manquent d’intérêt ou d’atouts. Ils
concentrent un potentiel de développement non
négligeable qui doit, à terme, servir de support pour
épauler le cœur métropolitain. La métropole en
réseau repose sur un développement partagé et
équilibré.
Quant à Béziers, fortement marquée par les crises
viticoles, elle a bien du mal à se relancer sur le plan
économique. Cependant son potentiel n’est point
négligeable, tant sur le plan des disponibilités
foncières que sur la convergence des axes autoroutiers
A9 et A75.
Le temps n’est plus aux concurrences « forcées »
par les représentations populaires, ni entre Nîmes
et Montpellier, ni entre Béziers et Narbonne, ni entre
Narbonne et Carcassonne. La distribution spatiale
en chapelet linéaire des villes régionales peut être
considérée comme un potentiel non négligeable dans
un monde de mobilités généralisées : les villes sont
faciles à joindre, leur aires d’urbanisation se prêtent
bien à des dessertes denses. Reste la correction du
modèle dominant de l’urbanisation périphérique
qui implique de repenser la relation urbanisation/
déplacements sur la base des modes de transport.
—
LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
solidarités activesL’exemple du SCOT de Montpellier réduit aux seules
communes de l’agglomération, est significatif. Ses
qualités en termes de projet et de planification ne
peuvent être remises en cause. Sa cohérence interne
est d’autant plus solide qu’il répond à l’articulation
concomitante des autres outils de planification. Mais
il manque de pertinence territoriale : les communes
non intégrées par suite du découpage communautaire
ne sont pas affectées par son règlement. L’aéroport
Montpellier-Méditerranée n’est pas dans son périmètre
d’action, de même qu’une partie de la première
couronne périurbaine et la frange littorale en est
exclue à l’exception de Villeneuve-les-Maguelone.
On est très loin de la cohérence souhaitée sur le
périmètre de l’aire urbaine par exemple (93 communes
dont 31 seulement sont inscrites dans le périmètre
de SCOT). La question est, bien entendu, de savoir
si la cohérence naît des territoires ou des politiques
qui les confrontent, les manipulent, les construisent.
Disons que les cohérences qui prennent corps dans
la fonctionnalité des territoires et les unissent par
les échanges sont peu révélées par l’organisation
politique. Auraient-elles été oubliées au profit d’un
pragmatisme politique de façade qui négocie des
périmètres consensuels quand devraient s’afficher
des ensembles plus solidaires sur le plan économique
et social ?
Où se situent les visions d’avenir ? Dans des inter-
communalités peu communicantes entre elles et
surtout soucieuses de leur identité avouée ou dans
des territoires plus à même d’élaborer des projets
en phase avec l’idée du développement régional ?
Cet avenir est à écrire dans la diversité des points
de vue, des représentations, des positions politiques,
mais aussi dans le souci de l’efficacité, du dévelop-
pement et de la durabilité des actions d’aménagement.
Ce n’est pas la question de l’homogénéité qui est
posée, mais bien celle de la confrontation au sein
des solidarités actives et des projets. Les villes
centres ont à ce niveau un rôle déterminant à jouer.
L’organisation linéaire de l’héritage urbain régional
plaide largement en faveur d’un modèle qui dépasse
celui de centre/périphérie pour se construire sur les
chainages en réseau dont celui de la métropole à
partir de Montpellier représente une innovation
productrice de sens. 24
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L’exemple de LyonL’un des exemples d’intercommunalité les plus aboutis au niveau
national aujourd’hui semble être celui de la communauté urbaine
de Lyon, d’abord COURLY, ensuite Grand Lyon. Depuis 1969,
Lyon et les autres villes de son aire d’influence travaillent
ensemble à construire un espace communautaire rayonnant de
niveau au moins européen. La communauté urbaine s’est encore
agrandie en 2007 et le sera à nouveau en 2011. Ce mouvement
de convergence va dans le sens de l’histoire car Lyon entrera de
plain-pied dans les nouveaux cadres de la réforme territoriale
de l’État qui mettent en place les métropoles.
25
intercommunalitésinachevéesEn Languedoc-Roussillon les aires urbaines de
Nîmes et de Montpellier, riches de plus de 600 000
habitants, ne comprennent pas moins de 17 inter-
communalités dont certaines ne regroupent que
quelques communes. Certes, ce problème n’est pas
seulement local (un quart des intercommunalités
ont moins de 5 000 habitants en France), mais
l’espace interurbain ainsi référencé serait plus à
même d’exprimer la réalité d’un projet de territoire
générateur d’avantages si les découpages étaient
mieux régulés, moins construits sur des héritages
ou des oppositions de principe.
Il est certain que les bases de l’intercommunalité ont
largement évolué depuis la Loi Joxe de 1991 et que
les Lois Chevènement et Voynet ont été des étapes
décisives pour qualifier les gouvernances possibles.
Reste que le schéma est encore imparfait, inachevé
et qu’en Languedoc-Roussillon, le pas décisif vers
des intercommunalités à capacités économiques n’a
pas été franchi. Est-il seulement envisagé de faire
progresser ces intercommunalités inachevées ?
Il a fallu seulement quinze ans pour que la quasi-
totalité des communes françaises appartiennent à
une intercommunalité. La dernière étape devrait
être prochainement franchie sous l’impulsion du
législateur qui a souhaité convaincre plus que
contraindre.
—
LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
Interview de Maître André Bonnary Notaire à Montpellier, animateur du groupe de travail sur la métropolisation au CercleMozart
« Notre groupe réfléchit depuis plusieurs mois sur le thème de la métro-polisation car pouvoir construire un grand projet de développemententre Toulouse et Marseille nous paraît un enjeu majeur pour l’avenirde notre région.La Région Languedoc-Roussillon est une construction, son nom le dit assez. Elle a peu à peu pris du corps.
Aujourd’hui il y a une réalité régionale, mais elle est fragile et son avenir n’est pas écrit.
Les structures intercommunales existantes ne sont pas suffisantes pour porter un projet d’envergure.
Il faut élargir de façon significative ce qui est aujourd’hui le périmètre de l’Agglomération de Montpellier
et construire un territoire de projets qui irait au moins de Sète à Nîmes.
Le pôle d’attraction est incontestablement Montpellier avec ses universités et ses grands équipements. Le
projet de Montpellier est clair, lisible par les décideurs économiques. Mais Montpellier n’est pas encore au
niveau de ses ambitions. La taille de la ville ne lui permet pas de rivaliser avec les capitales régionales
voisines ou avec les métropoles européennes.
Montpellier est la locomotive de cet espace, une ville forte à partir de laquelle il peut se développer. Chacun
doit trouver sa place dans cette construction métropolitaine. Il ne s’agit pas d’entrer en concurrence, encore
moins en compétition, mais bien en réseau dans l’intérêt bien compris de tous.
Aujourd’hui période de transition et de basculement : la réforme territoriale en cours doit ici être vue
comme une opportunité. Si Montpellier et son agglomération ne peuvent pour l’instant faire partie des
métropoles, il faut regarder avec intérêt ce que le projet de loi propose en tant que « Pôle métropolitain ».
Ces pôles métropolitains peuvent être porteurs d’un projet de métropole, d’une construction par étape car
même la communauté urbaine ne peut répondre entièrement à un objectif ambitieux.
Le pôle métropolitain peut passer par des phases de contractualisation qui, peu à peu, vont donner l’envie
de bâtir un avenir commun. C’est le moyen le plus efficace de passer au-dessus des oppositions. Il faut
entendre cette démarche comme une mutation et non comme une révolution. »
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Sète
Montpellier
Nîmes
0 5 10 km
N
4 Nord du Bassin de Thau
Vallée de l'Hérault
3 Bassin de Thau
5 Grand Pic Saint-Loup
6 Ceps & Sylves
7 Pays de Lunel
8 Pays de L'Or
9 Terre de Camargue
10 Petite Camargue
11 Rhôny, Vistre et Vidourle
12 Pays de Sommières
Les Communautés de Communes
1 Montpellier
2 Nîmes Métropole
Les Communautés d'Agglomération Les Communautés de Communespartielles
Leins Gardonnenque
Autour de Lédignan
© S.C. - Art-Dev - FRE 3027 - CNRS / 2010Sources : Préfectures Gard & Hérault, IGN / 2010
Intercommunalités entre Sète et Nîmes
27
De faibles avancées dans la coopérationintercommunale
Malgré certaines résistances, l’heure est donc à la recomposition desintercommunalités pour des territoires, soit plus pertinents, soit plus conséquents, permettant
d’envisager des équipements de niveau supérieur et de nouvelles économies d’échelle.
Pourtant, il n’est pas toujours évident que le regroupement d’EPCI (Etablissement Public de Coopération
Intercommunale) se fasse dans le sens d’une meilleure cohérence territoriale. Il peut également s’effectuer
pour renforcer une position déjà excentrique ou fortifier des oppositions. Agrandir l’intercommunalité en
associant des zones rurales à des zones périurbaines c’est, symboliquement, gommer l’influence de la
métropole, s’ancrer dans le rural et donc virtuellement s’éloigner des forces d’attraction de la ville centre.
dialogue ?Il existe au niveau local une « conférence inter-SCOT »,
réunie sous la présidence du Préfet de Région. Cette
conférence s’est donné pour mission de créer le dia-
logue entre les différents établissements publics
porteurs des SCOT de la Région, afin que l’on puisse
gommer les phénomènes de marges et de fron-
tières, pour que la réflexion soit ouverte et que le
regard des élus porte plus loin. Il n’existe rien de
comparable en matière d’intercommunalité et les
structures porteuses des SCOT ne sont pas toujours
les intercommunalités. Les coopérations ne peuvent
s’élaborer que sur la base d’une volonté réciproque.
Le dialogue n’est pas toujours facile, notamment
quand on se heurte à la difficulté des périmètres et
des compétences : la ligne 3 du tramway qui s’arrêtera
à Pérols paraît tout à fait incongrue au citoyen qui
ne comprend pas que cette ligne n’arrive pas jusqu’à
Palavas-les-Flots, Carnon et La Grande-Motte. Les
communautés d’agglomération sont bien des auto-
rités organisatrices de transport, sur leur périmètre
mais pas les communautés de communes. Pour
pouvoir étendre le réseau de transport au-delà de
son périmètre, l’Agglomération de Montpellier et la
Communauté de communes du pays de l’Or doivent
trouver un accord.
Si celui-ci n’a pas encore été trouvé en matière de
transport, il l’a été, en revanche, pour le raccordement
de certaines stations d’épuration de la communauté
de communes du Pays de l’Or à la station Maera de
l’Agglomération de Montpellier.
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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
Un réseau de TPE et de PME…mais peu de sièges sociaux importants
En termes strictement économiques, la faiblesse de notre région tientessentiellement en la quasi absence de sièges sociaux et la faiblessedes exportations.
valeurs ajoutéesCependant, il ne faut pas examiner les structures
économiques régionales seulement au fil de ces
critères et de leur interprétation. Les petites et même
très petites entreprises peuvent être performantes,
innovantes et produire de fortes valeurs ajoutées.
Tout au plus sont-elles souvent plus sensibles aux
effets de crise, notamment sur le plan de l’emploi et
des salaires. Mais, en contrepartie, elles disposent de
plus de souplesse pour se réorienter ou se réorganiser.
Souplesse et dynamisme font leur force, disponibilités
financières et temps de latence des investissements
en R&D insuffisants les placent souvent en situation
difficile. Elles ont aussi beaucoup plus de difficultés
pour accéder aux marchés extérieurs, nationaux et
internationaux parce qu’elles manquent de lisibilité
et ne disposent pas de capacités de production leur
permettant de traiter des marchés sur du moyen ou
long terme. Elles ont besoin d’aide pour prospecter
les marchés, pour établir des relations durables
avec leurs interlocuteurs.
freinEn région, pour beaucoup de secteurs d’activités, la
structure des entreprises est un frein important à
l’exportation car elle ne permet pas d’atteindre les
seuils critiques. La massification est nécessaire pour
que les coûts soient acceptables. Malgré le soutien des
collectivités, pour permettre aux petites entreprises
d’aborder de nouveaux marchés potentiels (missions,
salons, Maisons de la Région…), la phase suivante de
concrétisation des engagements est la plus difficile,
surtout lorsque l’on aborde des pays émergents
ou des ensembles territoriaux tels que l’Inde ou
la Chine.
Notre région se place au 19ème rang national pour
les exportations qui ont reculé de 14 % en 2009.
Elles représentaient alors 1,4 % des exportations
françaises. Rappelons que la région compte près de
4 % de la population nationale.
Le Languedoc-Roussillon est, avant tout, un exporta-
teur de produits agro-alimentaires (22 %), soit 3,1 %
des exportations françaises de ce secteur. Le vin est
particulièrement présent avec une progression de
5,1 % en 2009, principalement vers le marché chinois.
Mais plus de 60 % des exportations régionales sont
destinées au marché Européen.
solidaritéL’intention du législateur, en mettant en place les
communautés d’agglomération, était de créer de la
solidarité au sein d’un territoire comprenant une
ville de plus de 15 000 habitants et son aire urbaine
(plus de 50 000 habitants). Le département de
l’Hérault montre que les configurations peuvent
être de natures bien différentes et sans doute loin
de celles imaginées par les rédacteurs de la loi.
Exemple, l’Agglomération Hérault Méditerranée est
une agglomération bicéphale avec Agde et Pézenas ;
Montpellier Agglomération ne couvre que 31 communes
et est en retrait d’un littoral pourtant aménagé en
relation avec la capitale régionale. Demain la commu-
nauté de communes du Pays de l’Or sera sans doute
transformée en communauté d’agglomération grâce
à la population touristique de La Grande-Motte, de
Palavas-les-Flots et de Carnon (la population prise en
compte pour le calcul repose aux quatre-cinquièmes
sur la population estivale). Pour leur part, les commu-
nautés de communes ou d’agglomération centrées sur
Béziers, Sète, Lunel ne présentent pas des situations
entièrement satisfaisantes sur le plan économique.
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De grandes faiblesses à compenser…Si Montpellier a largement entamé sa phase de métropolisation, il reste
encore de grandes faiblesses à compenser avant qu’elle puisse se positionner de façon lisible au niveau des
métropoles mondiales ou du moins européennes. Montpellier a tout mis en œuvre pour devenir attractive
et séduire les entreprises. Cependant, malgré la dynamique économique, le chômage reste fort, les jeunes
diplômés ont du mal à intégrer le marché local et les salaires, notamment ceux des cadres, restent encore
inférieurs à ceux pratiqués dans les métropoles régionales reconnues.
L’attractivité de Montpellier et de sa zone d’influence est incontestable. Mais les prix du foncier et de
l’immobilier apparaissent désormais comme des freins à la croissance économique. Certes, sur la grille
nationale, Montpellier est dans la moyenne des grandes villes françaises. Mais les niveaux de salaire,
nettement inférieurs, en font une ville chère. Il y a là un risque de blocage et de découragement des inves-
tisseurs potentiels, des chefs d’entreprise et des cadres. L’argument du cadre de vie qui a parfaitement
fonctionné jusqu’à présent sera-t-il suffisant dans un temps de crise prononcée ?
… dans une ville où il fait bon vivreMontpellier a choisi de développer les conditions de son attractivitééconomique en créant les conditions d’un développement métropolitain construit sur la qualité de
vie et les ambiances au travail. La qualité de vie à Montpellier, au-delà de la mer et du soleil, c’est d’abord
le fait d’une ville dynamique qui se transforme et modernise en permanence ses référents culturels, sportifs,
sociaux… par une politique de grands équipements qui doivent satisfaire aux besoins du plus grand nombre.
Ne s’agit-il pas des facteurs clés des nouvelles conditions du développement économique ? Dans une
économie des savoirs, les conditions de vie et de travail sont une exigence fondamentale. Mais, en même
temps, ce sont des avantages très fragiles qu’il faut en permanence remettre en question et en perspective
par rapport à une offre devenue mondiale.
capitalisationL’absence de sièges sociaux importants est un point de
faiblesse difficile à surmonter : les grandes entreprises
marquent une ville, une région. Elles en donnent une
lecture mondiale et une place visible sur l’échiquier
du grand commerce. Ainsi Toulouse est la ville de
l’aéronautique, quels que soient les aléas du secteur
depuis 2001.
On pouvait lire dans le contrat Etat/Région en 2006 :
« Le principal handicap lié à l’histoire de cette région,
qui ne fut guère industrielle, lui permettant de s’adapter
sans subir le poids de la reconversion, est l’absence de
sièges sociaux de grandes entreprises, par conséquent
l’absence de capitalisation ». La récente crise financière
a souligné la faiblesse des fonds propres des entre-
prises et leur faible capitalisation monétaire.
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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
L’économie mondiale est aujourd’hui une économie d’archipel, comme le souligne Pierre Veltz, délégué
ministériel pour le développement du cluster de Saclay. Organisé en réseaux entre des métropoles réparties
sur l’ensemble de la planète, le développement économique se produit là et nulle part ailleurs. Y être ou
pas, c’est la question fondamentale qui se pose à nous aujourd’hui. La question n’est pas seulement celle
d’un choix politique ou sociétal, c’est surtout celle des possibles.
La trajectoire sur laquelle s’inscrivent aujourd’hui Montpellier et son territoire de métropolisation les
autorise à penser qu’ils peuvent faire partie de ce réseau. A quelques nuances près, dans des créneaux qui
se révèlent porteurs de sens.
basculementMais la question qui se pose est à la fois économique et politique, puisque aujourd’hui l’État a entrepris
une grande réforme de fond des collectivités où les grands thèmes que nous avons développés jusqu’ici
ont été au cœur des débats et sous-tendent chaque proposition législative.
La Métropole devient un cadre nouveau dans un découpage politico-administratif renouvelé. Peu de villes,
peu d’ensembles urbains, pourront entrer dans ce club très fermé dont l’Etat a déjà identifié les conditions
d’accès. Face à des pays émergents où la concentration a été un phénomène massif, il était difficile pour le
législateur de ne pas réfléchir à la place que peuvent tenir nos pôles urbains, nos métropoles, françaises
et européennes. Et, de toute évidence, il était exclu de ne pas souhaiter les renforcer.
En deuxième lieu, la tendance est également au « macro » en termes de territoire et les régions françaises
ne sont pas à l’échelle de celles de nos voisins européens. Après la réforme des collectivités territoriales,
l’étape suivante ne sera-t-elle pas la fusion des régions en unités plus grandes, plus conformes à ce qui
serait un standard européen et mondial ? Quel avenir alors pour le Languedoc-Roussillon dont la naissance
n’a pas été des plus faciles ? Encore une fois, nulle évidence ici, alors que la question ne paraît pas se poser
autour des grandes villes comme Lyon, Bordeaux, Lille ou Toulouse. Position et destin bien singuliers,
encore et toujours, pour Montpellier et pour le Languedoc-Roussillon.
ontpellier face àses enjeux
31
LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
32
attraction et diffusionSi l’on prend le cas de Montpellier, on peut se rendre
compte du phénomène : Montpellier reste la commune
la plus pourvoyeuse d’emplois, et celle qui reçoit donc
chaque jour le plus grand nombre de travailleurs
venant de communes environnantes. Mais on se
rend compte que, peu à peu, les villes de Castelnau-
le-Lez, Lattes, Saint-Jean-de-Védas ou Mauguio
s’affirment en tant que pôles secondaires d’emploi.
Dans la balance entrants/sortants, elles sont de plus en
plus bénéficiaires et participent donc très étroitement
à la construction du socle métropolitain.
La métropole n’a pas pour finalité de stériliser son
environnement, bien au contraire. Elle perfuse et
percole sur les territoires qui l’environnent. La
métropole, la ville-mère, est donc tout à la fois pôle
d’attraction et source de diffusion. Un nouveau
maillage, prend corps qui accorde une place nouvelle
aux centres secondaires qui se structurent en
périphérie.
Le rôle d’une métropole n’est pas de tout concentrer,
mais, bien au contraire, de diffuser ses effets sur les
territoires qui fonctionnent en symbiose avec elle.
La ville-métropole reste le lieu de l’excellence et de
l’exceptionnel, des fonctions rares qui ne peuvent
s’exercer qu’en un lieu unique.
Le territoire de métropolisation est un territoire
maillé de villes-relais, de centres secondaires, autant
de points forts dans une armature qui ne cesse de
s’affirmer.
—
ar la Métropole en réseau, renforcerle développement économique
En tout premier lieu, la métropolisation en marche autour deMontpellier, interpelle la Chambre de Commerce et d’Industrie, carelle constitue une potentialité majeure de développement économique.Aujourd’hui, la croissance se produit au cœur des métropoles qui concentrent les savoirs, les savoir-faire,
les capitaux, les équipements et les hommes. Etre une métropole demain, c’est participer au développement
économique et à la croissance, intégrer la trajectoire d’un futur en mouvement. La concentration des
moyens est nécessaire, mais elle n’est qu’une étape, qu’un moment du phénomène. La diffusion des effets
métropolitains est un moment tout autant décisif qui interroge les formes possibles d’intégration territoriale.
Développer les réseaux pour les entreprises
L’économie globalisée a donc comme territoire de prédilection laMétropole au sens le plus large. La croissance se fera là. Elle est le nœud essentiel du
développement économique. Nous avons la chance d’avoir un territoire métropolitain qui est entré dans
la nouvelle économie : l’économie de la connaissance. Il peut se développer dans une crainte moindre
des délocalisations aux conséquences économiques et humaines catastrophiques. Les délocalisations
toujours possibles ne le sont pas dans la même mesure que pour dans une économie de production. Et si
délocalisation il y a, ce n’est pas dans les mêmes termes que le préjudice pourra se mesurer.
L’économie de la connaissance, l’économie résidentielle sont les « deux pieds » sur lesquels marche
l’économie métropolitaine. Elles rendent celle-ci moins fragile par temps de crise. C’est donc bien cette
structure-là qu’il faut conforter.
33
marchéNotre tissu de TPE et de PME, bien éloigné des grandes
firmes mondiales puissantes dont la métropole
espère tant les sièges sociaux, est en droit de se
poser pour lui-même les questions de son avenir
dans cette perspective nouvelle.
Pour chaque entreprise le territoire de métropoli-
sation constitue un marché déjà important et toujours
croissant. Il faut bien sûr savoir capter ce dynamique
marché de proximité. La création d’entreprises,
toujours soutenue en région et plus particulièrement
dans la circonscription de la CCI de Montpellier,
démontre la capacité des chefs d’entreprise à se saisir
de cette opportunité.
De même, l’économie résidentielle liée à la dynamique
démographique, mais également cette économie de
la connaissance en plein développement, sont
parfaitement lisibles dans la recomposition de la
structure des entreprises : la CCI de Montpellier était
jusqu’au début des années 2000 une Chambre très
« commerçante ». Cette composante dominait la
représentation consulaire. Aujourd’hui, la CCI est
devenue très largement « services », alors que ce
n’est pas vrai partout en région. Dans les autres
chambres, un équilibre relatif existe encore entre le
commerce, l’industrie et les services.
main d’œuvreLes entreprises de services, bien davantage que les
entreprises de production, peuvent trouver sur
place une main d’œuvre formée et adaptée grâce
certes à l’Université, mais également à une multitude
d’écoles et de centres de formation qui ont ciblé
cette demande en pleine évolution.
Pour nombre d’entreprises, la mise en réseau est de
plus en plus une nécessité : les filières s’organisent.
Les pôles de compétitivité en sont l’exemple manifeste.
Mais les réseaux existent également en dehors des
pôles, en complément, en parallèle ou en avant-garde.
La relative densité des entreprises par thématiques,
l’importance des soutiens institutionnels présents ici
pour la mise en place et le développement des réseaux,
sont des éléments forts de cette dynamique.
La petite taille des entreprises locales justifie encore
plus qu’ailleurs ce soutien de toutes les collectivités
et de toutes les institutions qui ont une compétence
économique sur ce dossier.
Le soutien de grandes entreprises publiques locales,
telles qu’elles sont réunies aujourd’hui par la Chambre
de Commerce et d’Industrie dans le réseau CONECTO
(groupement de grandes entreprises initié par la CCI
de Montpellier) peut être un avantage certain pour
permettre à des entreprises beaucoup plus petites
de dépasser ce handicap.
exportLa conquête de marchés à l’export entre totalement
dans ce cadre : nécessité de massifier pour atteindre
des coûts acceptables en matière de transport, de
prospection des marchés extérieurs. Plus encore
pour atteindre la visibilité sur des marchés très
courtisés tels que la Chine, l’Inde ou encore le Brésil.
Les échelles de grandeur n’ont ici aucune commune
mesure avec celle que nos entreprises ont l’habitude
d’appréhender. Le partage de connaissance et d’expé-
rience, le tutorat sont des opportunités à saisir.
Pour les TPE et PME, le développement à l’export
rejoint la problématique de l’ensemble de la métro-
pole : comment devenir visible. Il clair que si le défi
est relevé pour la métropole, un grand pas sera
franchi pour les entreprises.
—
LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
34
Devenir visible par une taille suffisante
Le phénomène de métropolisation et les échanges, les synergies trèsnombreuses au sens de l’espace métropolitain ne se limitent pas àMontpellier et à son aire urbaine. D’ailleurs, elles ne lui permettraientpas d’atteindre une visibilité suffisante.
seuilLe seuil de pertinence d’un territoire métropolitain
pour commencer à attirer notamment des grandes
entreprises ou des sièges sociaux est de 800 000
habitants. Aujourd’hui, l’agglomération de Montpellier
compte à peine plus de 400 000 habitants. Mais, si
l’on prend en compte un territoire plus vaste où les
échanges sont incontestablement denses, on atteint
rapidement ce seuil.
Dans les limites du département de l’Hérault, avec,
non seulement la Communauté d’Agglomération de
Montpellier (412 070 habitants), mais également la
Communauté d’Agglomération du Bassin de Thau
(92 021 habitants) et la Communauté de Communes
du nord du Bassin de Thau (23 199 habitants), la
Communauté de Communes du Pays de l’Or (39 260
habitants) et celle du Pays de Lunel (46 553 habi-
tants) et enfin la Communauté de Communes Grand
Pic Saint Loup, (34 000 habitants) on atteint 647 103
habitants dans un périmètre d’une trentaine de
kilomètres autour de Montpellier. Mais, si l’on
considère un territoire métropolitain qui irait de
Sète à Alès en passant par Nîmes et Montpellier, on
atteint déjà le million d’habitants.
attractivitéLa croissance démographique de cette zone est
particulièrement forte. Cela dénote un phénomène
particulier, une attraction singulière qui est, bien
sûr, le fait de Montpellier, mais également de tout
ce qui peut être identifié comme étant de niveau
métropolitain sur le reste du territoire : l’aéroport
situé dans la Communauté de Communes du Pays
de l’Or, le port de Sète dans la Communauté d’Agglo-
mération du Bassin de Thau, le CHU de Nîmes ou
encore la ville-relais de Lunel.
Lan
gued
oc-R
oussillon : 2 500 000 habitants
Mid
i-Pyrénées : 2 800 000 habitants
P
rovence-Alpes-Côte-d’Azur : 4 800 000 habitants
Catalogne : 6 900 000 habitants
Rhône-Alpes : 6 000 000 habitants
Barcelone1 500 000 habitants
Toulouse600 000 habitants
Marseille900 000 habitants
Lyon1 200 000 habitants
Alès
Nîmes
Sète
Montpellier
800
000
habi
tant
s
A75
A9
A54
A51
A7
vers Paris
Arc Aquitain
Arc Latin
Couloir Rhodanien
2 heures
2 heures 30
Plus de 3 heures
Communauté de travail des Pyrénées
Temps de parcours autoroutier au départ de Montpellier
40 minutes
1 heure
1 heure 10
1 heure 20
Temps de parcours virtuel par LGV au départ de Montpellier
© S.C - M.T.E. - FRE 3027 - CNRS / 2008Source : d’après J.P. Volle© S.C - M.T.E. - FRE 3027 - CNRS / 2008Source : d’après J.P. Volle
Montpellier et les métropoles environnantes
35
Entrer pleinement dans le concert desmétropoles européennes
haut débitLes réseaux revêtent une importance fondamentale.
Si les réseaux haut débit sont, dans l’ensemble, plutôt
à la hauteur du développement souhaité, c’est que
la maîtrise de ce développement est en grande partie
liée à des responsabilités locales, les intercommu-
nalités, les Départements ou la Région. Montpellier
développe un réseau câblé depuis 1983. C'est dire
l’anticipation portée par la ville centre pour relever
les défis d’une économie des savoirs et de l’ouverture.
transports collectifsLe plus pénalisant reste le développement des
réseaux de transport. Là encore, au niveau local,
d’énormes efforts ont été réalisés. La constitution
de réseaux de transport urbain en site propre est en
plein développement à Montpellier et à Nîmes. Ils
sont fondamentaux dans d’une métropole organisée.
Le maillage entre les réseaux gérés par différentes
collectivités est, lui aussi, en train de se mettre en
place. Les collectivités organisatrices de transport
ont toutes engagé une réflexion approfondie sur le
moyen d’accroître le maillage et d’augmenter une
mobilité globale, notamment en faisant baisser les
tarifs. Les bas coûts sont en cours sur les réseaux
de cars dans l’Hérault et le Gard. Les réseaux bus et
tram se connectent aisément avec celui des TER.
L’augmentation du nombre des usagers est un pari,
non seulement sur les équilibres financiers, mais
aussi sur le développement d’un réseau global de
nouvelle génération, mieux maillé, mieux cadencé
et interconnecté.
C’est une attractivité montpelliéraine, confortée par
l’ensemble de son territoire de métropolisation dont
il faut parler. 50 % de l’économie régionale, les emplois
tertiaires supérieurs, les cadres et les chercheurs,
sont concentrés sur un territoire allant de Sète à
Alès en passant par Nîmes et Montpellier :
Le territoire de métropolisation théorique que nous
venons de dessiner replace très favorablement la
métropole montpelliéraine dans son environnement
national et déjà européen : Toulouse et son territoire
métropolitain ne représentent « que » 600 000
habitants, celui de Marseille 900 000, celui de Lyon
1 200 000, celui de Barcelone 1 500 000.
La remise en perspective est importante. Il y a ici
une réalité que l’on ne peut évacuer ou gommer.
Comment peut-on alors ne serait-ce qu’envisager
d’écarteler une région pour construire des régions
plus grandes en déstructurant l’existant et le potentiel
sous-jacent ?
EuropeLa visibilité de ce territoire est relativement faible au
niveau national, comparativement à sa dynamique
et aux jalons qu’il a posés depuis près de plus de
quarante ans dans sa marche vers la métropolisation.
Cette dynamique forte, ce profil de croissance
économique particulier précédant les positions prises
à Lisbonne par la Communauté Européenne n’est
peut être pas perçu comme tel au niveau national.
La visibilité que recherchent aujourd’hui la Région,
la Ville et une grande partie des intercommunalités
n’est-elle pas davantage tournée vers un niveau
international qu’un niveau national ? La première
visibilité aujourd’hui pertinente est le niveau européen.
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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
Université, recherche, entreprise : structurer les coopérations
Au cœur d’une économie de la connaissance se trouve encore et toujoursla notion de réseau et d’échange. Les savoirs circulent, se confortent, secomplètent. Le développement de synergies entre la recherche et lesentreprises est le pivot central de la compétitivité économique du territoire.
universitésLe Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur -
Université Montpellier Sud de France (PRES) est un
établissement public de coopération scientifique
créé par décret le 9 juin 2009 autour de trois membres
fondateurs : l’université Montpellier I (médecine, droit
et sciences économiques), l’université Montpellier II
(sciences) et l’université Montpellier III (lettres et
sciences humaines). Quinze membres associés parti-
cipent à ce pôle (SupAgro, les universités de Nîmes
et Perpignan, le CHU, l’Ecole des Mines d’Alès ….). Les
collectivités territoriales sont également représentées.
Si les plus grosses universités sont montpelliéraines,
ce qui se passe sur le territoire ne peut être considéré
comme quantité négligeable. Il est essentiel que
les universités de Perpignan et Nîmes confortent
l’ensemble montpelliérain et les différents pôles de
recherche ne sont pas tous implantés à Montpellier :
l’Ecole des Mines d’Alès, par exemple, a acquis depuis
longtemps une réputation qui n’a rien à envier aux
laboratoires de recherche montpelliérains et son
rôle dans le rayonnement de la recherche régionale
ne saurait être négligé.
Ce développement se trouve cependant freiné par
l’absence d’infrastructures dont la maîtrise d’ouvrage
appartient à l’État : la réalisation rapide de la LGV
va permettre le dégagement de nouveaux sillons
pour développer les TER mais également permettre
cette liaison inter-cités, réclamée par tous de Barcelone
à Lyon. Le retard pris pour le dédoublement de
l’autoroute A9 bloque le bouclage d’un système de
rocades autour de Montpellier. La mobilité générale
au sein de l’aire urbaine en est considérablement
affectée et les échanges indispensables au sein de
ce territoire manquent de fluidité.
port et aéroportDeux infrastructures peuvent faire la différence au
niveau international : le port de Sète et l’aéroport
Montpellier Méditerranée. Il n’y a pas de métropole
internationale qui n’ait un grand aéroport et
beaucoup d’entre elles sont connectées à un port :
Londres, Shanghai, New York, Los Angeles… et, en
France, Paris-Le Havre, Marseille, Nantes, Bordeaux,
Lyon…
Il faut tirer tout le bénéfice possible de ces infra-
structures. Car, c’est certain, il n’y aura pas de métro-
pole de niveau européen sans au moins un aéroport
de bon niveau. Cette interconnexion est indispensable
pour asseoir tous les autres réseaux, notamment ceux
liés à la recherche et aux universités, aux affaires,
ainsi qu’au rayonnement culturel qui commence à
être l’un des identifiants forts de Montpellier.
Il faut à la fois pouvoir parcourir efficacement et
rapidement ce périmètre métropolitain, y accéder
aisément et s’ouvrir largement. Au sein même du
territoire les mises en réseaux, les synergies et les
coopérations restent essentielles.
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campusLa fusion des universités devrait logiquement inter-
venir en 2011. Le premier contrat avec l’État devrait
couvrir la période 2011-2014. Ce PRES a vocation à
coordonner l’ensemble des actions dans la perspective
de la fusion des universités et la mise en place du
projet CAMPUS, l’Université Montpellier Sud de France
ayant été retenue par l’État pour le financement du
programme immobilier.
Il s’agit de mettre en place les synergies nécessaires et
l’optimisation des ressources, afin que les universités
de la région deviennent, elles aussi, visibles au niveau
mondial. Aujourd’hui tous les classements s’établissent
sur la base des universités. Donc la région Languedoc-
Roussillon, comme d’autres régions françaises, voit
ses universités classées très loin en bas de tableau,
malgré leurs performances relatives. Mais elles ne
peuvent rivaliser avec les grandes universités, par
exemple américaines ou britanniques et maintenant
chinoises, qui sont très centralisées.
Le projet CAMPUS est une opération ambitieuse qui
doit permettre de dépasser les clivages entre les
universités et les différents instituts de recherche :
l’université française est une très vieille institution,
ce qui lui donne sa notoriété et sa qualité, mais elle
doit aussi faire face à une vision mondialisée et à
une coopération, tout comme à une compétition à
l’échelle de la planète.
Le projet CAMPUS repose sur une stratégie de déve-
loppement basée sur la construction et le renforcement
de six pôles d’excellence transdisciplinaires, en lien
étroit avec les acteurs du monde économique :
- agro-environnement,
- biologie santé,
- chimie,
- MPSS (mathématiques, informatique, physique,
structure et système),
- sciences de l’homme et de la société,
- eau.
Ce projet est doté d’une enveloppe de 325 millions
d’euros, dont 162,6 millions d’euros de la Région
Languedoc-Roussillon. Il porte sur 860 hectares, allant
des zones vertes du nord de Montpellier au cœur
historique. Il restructurera à la fois l’université et la
recherche régionale, mais également une bonne
partie de la ville elle-même.
Cette nouvelle gouvernance de l’université et de la
recherche que l’État a lancée a reçu un écho favorable
des présidents d’université en place et des collectivités
territoriales concernées. Certains s’interrogent
désormais sur une nouvelle gouvernance pour les
CHU régionaux : ceux de Montpellier et de Nîmes sont
distants d’à peine 50 kilomètres. Ils sont rattachés
à la même université, celui de Nîmes étant le plus
petit de France. Cette gouvernance commune ne
remettrait en cause ni les compétences, ni les orga-
nisations, mais participerait de la logique du PRES
et de CAMPUS.
pôles de compétitivitéLa coopération de l’université avec les entreprises
est un axe essentiel à développer. Déjà le Languedoc-
Roussillon compte huit pôles de compétitivité. Les
premiers ont été labellisés en 2006 et le dernier, le
pôle eau, a été décrété pôle mondial très récemment.
Ces pôles de compétitivité reposent à la fois sur
l’excellence des entreprises et sur l’innovation et les
savoir-faire développés par la recherche. Ces pôles
de compétitivité concernent la recherche médicale
(Orpheme), l’agronomie (q@li-med), les énergies
renouvelables (Derbi), les écotechnologies issues du
nucléaire (Trimatec), l’évaluation des risques et la
vulnérabilité des territoires (Risques), la mécanique
(Pôle mécanique d’Alès et des Cévennes), les sciences
du vivant (Holobiosud) et l’eau.
Par les coopérations qu’ils induisent et les synergies
qu’ils mettent en place, ces pôles de compétitivité
vont, non seulement favoriser le développement de
la connaissance et de l’économie liée, mais permettre
une visibilité mondiale des savoirs et des savoir-
faire sur ces thèmes particuliers.
Le pôle Eau est donc exemplaire, puisqu’il a été
labellisé pôle mondial par décision du CIADT (Comité
Interministériel d’Aménagement du Territoire), en
2010. Ce thème de recherche est très ancien. Il fédère
à la fois laboratoires de recherche, entreprises (66
réunies dans le réseau Swelia) et collectivités terri-
toriales. Tous les thèmes sont abordés : la recherche
et la mobilisation de la ressource, le traitement des
eaux et les économies, les risques liés aux inondations,
la recherche moléculaire…
Il est donc devenu essentiel que les coopérations
s’accélèrent, car l’économie de la connaissance est
bien celle sur laquelle sera basé le développement
économique mondial. Montpellier et la Région
Languedoc-Roussillon peuvent et doivent y tenir
leur place.
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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
Interview de Dominique Deville de Perière Professeur des Universités - Praticien Hospitalier en Odontologie,Directeur de l'U.F.R. d'Odontologie de Montpellier (1999-2004),Présidente de Montpellier (2004-2009),Présidente du PRES Université Sud de France depuis décembre 2009
« La Région Languedoc-Roussillon doit faire face à la concurrence desdeux régions voisines, Midi-Pyrénées et Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
Créer un grand campus universitaire et mettre en réseau non seulement les universités de Nîmes et
Perpignan mais aussi l’école des Mines d’Ales est pour moi vital. C’est dans cet objectif que le premier
projet de Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur (PRES) avait été proposé en 2004.
La création des PRES puis l‘opération CAMPUS en 2008 et enfin la levée du grand emprunt représentent
la réponse de l’Etat à l’émiettement des universités sur le territoire et la création de grands campus
universitaires pour concurrencer les grandes universités européennes telles Oxford ou Cambridge et a
fortiori américaine telle Harvard. Mais nous devons le faire sans nous couper de nos voisines
Celles-ci participent au PRES avec l’Ecole de Chimie, Sup’Agro, l’Ecole des Mines, les instituts de recherche
et les collectivités en tant que membres associés avec voix délibérative au Conseil d’Administration.
D’autres écoles et pôles de recherche viendront nous rejoindre après la fusion, comme l’École d’Architecture,
le Conservatoire National des Arts et Métiers ou Sup de Co.
La loi LRU a introduit 2 nouvelles missions pour les universités : l’insertion professionnelle et la coopération
internationale.
Au-delà des deux missions principales du PRES (préparer les conditions de la fusion et assurer la gouvernance
de l’opération campus), l’Université Montpellier Sud de France conduira un certain nombre d’actions, dont
la valorisation de la recherche.
Dans ce but, l’Université noue des contacts étroits avec les entreprises locales et regionales mais aussi
notamment au sein des Pôles de Compétitivité qui sont maintenant au nombre de 7.
Le dernier né, le Pôle mondial de l’Eau couvre l’ensemble des champs de la recherche en ce domaine et se
développe en association avec tous les professionnels du secteur, notamment ceux réunis au sein de
l’association SWELIA. Ce nouveau pôle de compétitivité à vocation mondiale est une chance pour Montpellier.
Dans le domaine de l’eau comme dans beaucoup d’autres, l’ouverture à l’international est une donnée
essentielle. L’université est désormais ouverte au monde : en ce qui nous concerne, elle travaille en
particulier avec les pays du sud où la demande de compétences et de coopérations est très forte.
L’Université est l’une des principales richesses de cette région. Elle est un atout considérable dans la constitution
d’un espace métropolitain fort. Elle a besoin de pouvoir s’appuyer sur toutes les forces vives de la région
pour se développer, se renouveler, se renforcer. Tout comme la région a besoin de l’université pour réussir
son pari de devenir une région qui compte. »
Présidente du PRES Université Sud de France depuis décembre 2009 :
Durant son mandat, fixé pour une durée de deux ans non renouvelable, elle devra mener deux missions
principales : réaliser la fusion des trois universités de Montpellier au 1er janvier 2012 et assurer la gouvernance
et le pilotage du plan immobilier de l'Opération Campus.
Le PRES a également pour missions d'assurer une meilleure lisibilité et de renforcer l'attractivité du site au
plan national et international et de renforcer les liens entre le PRES, les pôles de compétitivité et le tissu
économique local.
Chargée de Mission dans le département des organismes spécialisés en santé à la Direction générale pour
la recherche et l’Innovation.
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Interview de Catherine Dardé Directrice Générale Languedoc-Mutualité
« L’organisation du territoire est une donnée très importante enmatière de santé. C’est d’ailleurs ce à quoi réfléchit actuellementl’Agence Régionale de la Santé.
La loi Hôpital parle bien de santé et de territoire, même si la santé n’est pas une compétence décentralisée
mais reste bien une compétence de l’Etat sur l’ensemble du territoire national.
Le territoire régional est extrêmement complexe car les problématiques de la Lozère ou des hauts cantons ne
sont pas celles de Nîmes ou de Montpellier. L’organisation de la santé doit intégrer deux logiques apparemment
contradictoires : la proximité avec le malade et l’excellence en matière de soin.
L’offre de soin sur le territoire connaît comme partout ailleurs des difficultés en matière de proximité et
certains territoires sont réellement en difficulté par rapport à des prises en charge plus spécifiques. Cela a
des retentissements sur le maintien des personnes sur place et leur qualité de vie.
L’organisation de la santé doit se faire selon un modèle remontant : c'est-à-dire un maillage dense pour
tout ce qui concerne la proximité et un lieu de recours comme le CHU où se pratique l’excellence médicale.
Aller du plus courant vers le plus exceptionnel en termes d’offre de soin : la médecine généraliste au plus près
du malade mais pour une médecine sans prise en charge lourde ou technique, une médecine intermédiaire
dans les villes moyennes où l’on accède à une offre de soin plus pointue et plus technique tout en concevant
une relative proximité du malade avec sa famille et son environnement habituel, une offre de soin très
pointue, extrêmement technique, parfois unique sur le territoire au niveau des grande villes voire seulement
au niveau de Montpellier, voire en inter-régional. L’offre de soin régionale doit se penser en termes de
complémentarité et non de concurrence.
La métropolisation en matière de santé ne doit pas consister à tout rassembler dans la ville centre. Au
contraire, elle doit permettre à l’ensemble du territoire de profiter de l’excellence du pôle régional de
Montpellier et dans une complémentarité avec celui de Nîmes.
L’implication à titre expérimental des collectivités dans le maillage des services de santé aurait pu être une
bonne chose, mais cela n’a pas vraiment abouti. La vision des collectivités était pourtant complémentaire
de celle de l’Etat.
Un grand chantier reste devant nous, celui du vieillissement, car l’offre de soin et son organisation vont
avoir des incidences très importantes en matière d’aménagement du territoire et de vie sociale pour les
aînés. »
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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
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Acquérir une dimension internationale
Les coopérations dont nous venons de parler et qui s’accélèrent nesont que les exemples les plus prestigieux et les plus éclairants. Elles
sont imposées par le déploiement d’une économie mondialisée et d’un monde totalement ouvert aux
échanges de tous ordres.
Les pôles de recherche, les entreprises participant aux pôles de compétitivité sont déjà, et toujours plus,
livrés à une compétition et une concurrence internationales.
On ne peut devenir pôle mondial de l’eau sans tenir compte de ce qui se passe partout ailleurs dans le
monde. Les problématiques de l’eau concernent déjà l’ensemble de la planète. Le sujet est devenu brûlant
dans bien des pays et pas seulement sous l’angle de la catastrophe, sécheresse ou inondations. L’eau potable
est devenue une ressource précieuse en voie de raréfaction.
vitrineBien que l’économie résidentielle soit le socle de
l’économie locale, on ne peut négliger le développement
international. Il ne passera pas seulement par les
exportations dont nous avons déjà vu combien elles
étaient encore faibles au niveau régional. Les pôles
de compétitivité sont également de très importantes
vitrines pour les entreprises à l’international. Nos
savoir-faire intéressent. Et pas seulement ceux des
très grandes entreprises. N’oublions pas qu’en matière
de connaissance et d’innovation, les petites entreprises
jouent un rôle non négligeable. Les pôles de compéti-
tivité sont, pour elles, l’un des moyens de l’ouverture,
d’où l’importance des coopérations et de la mise
en réseau.
Dans son Schéma Régional d’Aménagement et de
Développement Durable du Territoire la Région
Languedoc-Roussillon met en avant le défi de
l’ouverture : vers les régions voisines notamment
et les coopérations qui s’opèrent naturellement aux
« frontières », mais également vers ce territoire
particulier qu’est la mer Méditerranée. Notre appar-
tenance à cette région du monde n’est pas neutre.
Les coopérations au nord existent, mais nous
sommes dans un espace identifié : la Communauté
Européenne. Vers le Sud et en particulier le Maghreb,
les coopérations sont nombreuses, en développement,
mais d’autres régions méditerranéennes restent en
marge de nos échanges.
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ouvertureL’ouverture vers le Sud, les Suds, est ancienne. Elle
va avec le développement de l’agronomie, certes
méditerranéenne, mais également d’une spéciali-
sation tropicale. Si Montpellier, qui n’est pas tournée
vers la mer, n’a pas participé de façon marquée ou
préférentielle à la découverte des nouveaux
mondes et à la colonisation, ses universitaires et
chercheurs trouvent dans ces ailleurs des territoires
de prédilection pour développer des connaissances
qui aujourd’hui forment un socle particulièrement
intéressant.
La notion de Métropole est fondamentalement
attachée à cette dimension internationale. Car il ne
saurait y avoir de métropole dans le repli sur soi.
Montpellier pourrait se contenter d’être une ville
attractive vivant sur le simple moteur de son cadre
de vie et de son image dynamique au risque que la
qualité de vie s’étiole rapidement, et que la dyna-
mique s’essouffle. La comparaison avec les autres
villes d’Europe ou du monde qui présentent les mêmes
atouts serait négative. La taille et le rayonnement
seraient réduits à sa seule dimension démographique,
sans parler des autres villes de la région. Montpellier
pourrait atteindre mécaniquement la taille critique
d’une agglomération à 800 000 habitants mais sans
qu’elle soit moteur d’une quelconque métropole. Le
géographe Jean-Paul Volle appelle cette métropole
sans influence, « la métropole végétative ».
Mais être Métropole, avoir une place au niveau
européen au moins, c’est également donner une
image qui ait un sens au-delà du local. L’ouverture,
c’est aussi l’attractivité. C’est donner à voir que la
métropole correspond aux critères actuels d’implan-
tation des entreprises, des laboratoires de recherches,
des cadres supérieurs. C’est avoir un sens pour
autre chose qu’elle-même.
L’ouverture est une posture générale de l’ensemble
des facteurs du développement économique et de
ses acteurs. Elle est la condition sans laquelle aucune
coopération n’est possible, aucune synergie, aucun
grand projet, aucune avancée notable.
Avec cet esprit d’ouverture il faut que l’ensemble des
acteurs accueille la réforme de l’État qui se prépare
avec la mise en place des métropoles et des pôles
métropolitains.
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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
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La réforme des collectivités territoriales est un changement de fondqui va remettre en cause les formes actuelles de gouvernance du territoire. L’apparition des conseillers
territoriaux, mais surtout de la métropole et du pôle métropolitain, marque une nouvelle étape possible
de l’histoire de l’organisation territoriale.
La Métropole est présentée comme le moyen de donner aux grandes villes françaises les moyens de la
compétitivité au niveau international. Le pôle métropolitain a été créé pour permettre à certaines inter-
communalités d’entrer dans une logique de métropole, alors qu’elles n’ont pas encore atteint les seuils
significatifs de population.
La convergence des réformes des collectivités, de la taxe professionnelle et des Chambres de Commerce et
d’Industrie va dans le sens de changement à la fois d’échelle et de nouveaux modes de gouvernances qui
devront s’appuyer sur des modes de financements renouvelés.
La réforme semble cependant arriver alors que le processus est largement entamé. Il n’est pas de grandes
villes françaises qui n’associent désormais leur nom au concept de métropole… même lorsqu’elles sont loin
de pouvoir prétendre à ce statut.
Il y a longtemps que Montpellier et son District, puis Montpellier et son Agglomération ont non seulement
intégré cette évolution nécessaire des réalités économiques, mais ont élaboré le discours associé. Elle a mis
en place l’ensemble des éléments qui doivent naturellement la conduire à devenir l’une des métropoles du
sud de la France. Montpellier a joué tôt la carte de la métropole. Mais peut-elle être une des « Métropoles »
définies par la nouvelle loi territoriale ? Ou bien, faute d’en faire partie, peut-elle tabler sur la création
d’un « pôle métropolitain » ?
appuyer sur la réforme des collectivités territoriales
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Se penser « Métropole » avant tout lemonde
Très tôt, Montpellier a souhaité affirmer sa vocation de Métropole, bien
avant qu’on en parle au niveau de l’État ou que les intercommunalités aient maillé le territoire comme c’est
le cas aujourd’hui. Ceci bien avant que le mot lui-même n’émerge dans les discours. Dès la fin des années
80, Montpellier met en avant ses universités, ses pôles de recherche et entre de plain-pied dans l’économie
de la connaissance : Montpellier est devenue la « surdouée ». Qui a oublié le bambin en couche-culotte qui
jouait du violon ?
marketingMontpellier entre très tôt dans le processus de mar-
keting des villes qui va s’amplifier en même temps
que le phénomène de métropolisation. Montpellier
va déployer sa communication en utilisant les différents
ressorts qui lui permettent d’être visible et attractive.
La « surdouée », c’est à la fois l’université, la recherche
et la culture. « L’entreprenante », c’est la dynamique
économique et l’attractivité, « l’Eurocité », c’est la ville
rayonnante, visible.
Montpellier s’engage résolument dans l’ère des pôles :
dès 1985, la Technopole est née. Ses différents pôles
vont préfigurer les pôles de compétitivité : Euro-
médecine, Agropolis, Antenna, Communicatique et
Héliopolis. Il s’agit à la fois de la création de parcs
d’activités dédiés et de pépinières d’entreprises
telles que Cap Alpha, mais également de la mise en
réseau des acteurs de chaque pôle. Dès 1988, le
congrès international des technopoles se tient à
Montpellier.
Montpellier s’affirme également Eurocité : l’objectif
alors n’est plus d’apparaître au niveau local. Le premier
niveau de pertinence est le niveau européen.
La nécessité, tout comme la volonté de devenir cette
ville qui compte au niveau de l’Europe, s’affirme
très fortement dans le discours.
Étrangement, lorsque le vocabulaire atteint progres-
sivement le dire des collectivités, que, l’une après
l’autre, les villes, grandes ou moins grandes, associent
à leur nom le mot de Métropole, Montpellier reste à
l’écart du mouvement. Elle ne se saisit pas de cette
dénomination ; elle ne brandit pas cette bannière.
Montpellier ne ressent probablement plus le même
besoin d’affirmation maintenant que les principaux
mécanismes sont en place. Pourtant, il est clair que
Montpellier ne pourra pas prétendre au statut de
Métropole, puisque son agglomération n’atteint pas
les 500 000 habitants et qu’elle devra se satisfaire
de son statut actuel pour un certain nombre d’années
encore. Il faut cependant en mesurer l’incidence.
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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
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La Métropole dans la réforme de l’État
Le rapport Perben met l’accent, dès 2008, sur l’importance de la métro-polisation et la nécessité pour la France d’avoir de véritables métropoles à rayonnement au moins
européen. Il met en exergue une phrase de Pierre Maurois en décembre 2007 qui est un vrai sujet de réflexion
pour les législateurs mais également pour les acteurs économiques : « La France n’a pas suffisamment de
grandes villes et elle le paie très cher ».
La France est un vieux pays rural, dominé jusqu’à une époque récente par Paris où se concentraient toutes
les fonctions de niveau autre que local. Le « Paris et le désert français » de Jean-François Gravier en 1947
est un vrai cri d’alarme. Les huit métropoles d’équilibre, que l’Etat va soutenir au début des années 60 pour
rectifier le tir, vont mettre un certain temps à tenir une place face à Paris et à émerger au niveau européen.
fait urbainLe fait urbain est aujourd’hui primordial et l’État
considère qu’il faut asseoir les grandes villes françaises
en tant que métropoles pour ne pas se trouver
rapidement distancé par d’autres pays européens
et par les pays émergents où ce phénomène est
majeur dans le processus de développement.
La réforme que l’État a entreprise dans ce sens
s’inspire à la fois du rapport Perben dont le titre
« Les métropoles d’avenir » est sans équivoque et
du rapport Balladur, qui s’intéresse aux métropoles,
à la création de grandes régions et à l’organisation
complète du territoire par les intercommunalités.
Nous sommes ici dans un redécoupage politico-
administratif qui se doit de tenir compte des décou-
pages existants et ici des EPCI. Celui-ci met encore une
fois en évidence que le territoire de l’agglomération
de Montpellier ne correspond pas au phénomène de
métropolisation qui est constaté par ailleurs.
Le rapport Balladur fait une proposition en matière
de métropoles : elles seraient onze, car la population
des intercommunalités de base qui pourraient y
prétendre est celle de 1999 ! Il n’est tenu compte
d’aucun des éléments qui fondent aujourd’hui les
métropoles, même si le rapport Perben en fait lui
une analyse précise. Montpellier ne se trouve donc
pas dans ce paquet de villes, alors que Toulon et
Rennes y figurent.
Le découpage de l’agglomération de Montpellier avec
ses 31 communes, pénalise le territoire. Si l’on prenait
en compte l’aire urbaine, telle qu’elle apparaissait
comme référence des territoires de SCOT dans la loi
SRU ou les grands indicateurs qui définissent les aires
d’influence, il est bien évidemment que Montpellier
devrait faire partie des élues.
hors listeDe même, si l’on reprenait les principaux critères
qui définissent les métropoles et les territoires de
métropolisation, tels qu’ils sont mis en évidence
dans l’étude de C. Rozenblat et P. Cicille et repris par
le rapport Perben, Montpellier ne manquerait pas
de figurer dans cette liste.
Nous l’avons montré à plusieurs reprises : Montpellier
est bien une ville dont la visibilité européenne est
réelle. Montpellier peut et doit devenir une métropole,
non seulement pour ce qui se passe dans la ville et
sur son territoire, mais aussi pour avoir les moyens
de consolider ce que chacun peut constater.
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Interview de Maître Jean-Marc Maillot Avocat à la Cour, Maître de Conférences des Universités
« La réforme des collectivités est une réforme en profondeur. Elle estessentiellement incitative. Pourtant, ceux qui ne prendront pas le trainde cette réforme risquent fort d’être « hors jeu ».
La réforme va créer des différences gigantesques de niveaux et de compétences entre les différentes
collectivités. Le pouvoir sera entre les mains des intercommunalités.
Il y a un fossé entre le pouvoir de la métropole telle que prévue par les textes et les autres collectivités.
La notion de métropole est essentielle pour Montpellier et le Languedoc-Roussillon. Il faut aller dans cette
direction, quitte à passer par le niveau du Pôle Métropolitain en trouvant des alliés autour de l’Agglomération
de Montpellier.
Cette réforme s’inscrit dans la même démarche que celle poursuivie par les institutions communautaires, à
savoir un dépassement du cadre national au profit d’entités régionales fortes. Il s’agit d’une réorganisation
en profondeur de nos institutions.
Les Régions vont être élargies et devenir potentiellement transfrontalières comme celle de Lille. Le régiona-
lisme et le fédéralisme sont des mouvements en cours à l’échelle européenne. La puissance des Etats est
affaiblie dans cette nouvelle phase de construction de l’Europe, bien que leur rôle lui, ne soit pas remis en
cause.
En France, la régionalisation est chaperonnée par l’Etat qui veut la mettre lui-même en place, compte tenu
d’une longue histoire de centralisme étatique. Le rôle des Préfets, par exemple, n’a pas été remis en cause
par la décentralisation, au contraire, ils gardent un pouvoir décisionnel mais aussi d’impulsion qui reste
incontournable.
Le rôle de l’Etat reste législatif et règlementaire. Il organise ce que l’on pourrait appeler un « fédéralisme
administratif », mais cette expression ne doit pas être prise au sens juridique (elle n’aurait aucun sens)
mais plutôt pratique.
La prochaine étape des réformes sera le redimensionnement des Régions. »
Auteur notamment de : Institutions administratives, Hachette Supérieur
45
LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
46
Métropole ou pôle métropolitain : deux voies
La Métropole sera un établissement de coopération intercommunaled’un seul tenant et sans enclave, porteur d’un projet d’aménagement et de développement
économique, écologique, éducatif, culturel et social capable d’améliorer la compétitivité et la cohésion de
son territoire. Cette intercommunalité devra regrouper plus de 500 000 habitants.
compétencesLes compétences de la Métropole seront proches de
celles de la Communauté Urbaine et soumises à un
intérêt métropolitain. Elles iront plus loin en ce qui
concerne la subsidiarité par rapport à la Région et
au Département.
La Métropole pourra, après négociation, exercer de
plein droit des compétences jusque-là détenues par
le Département ou la Région.
Pour le Département :
- Les transports scolaires,
- Les routes dites départementales,
- Les zones d’activités et la promotion à l’étranger
du territoire et des activités économiques.
Et par convention :
- L’action sociale,
- Les collèges,
- Le tourisme,
- L’action culturelle et patrimoniale,
- Les équipements et les infrastructures de sport.
Pour la Région :
- La promotion du territoire à l’étranger.
Et par convention :
- Les lycées.
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gestion globaleCes transferts donnent à la Métropole un très large
contrôle sur son territoire, une gestion globale bien
supérieure à celle de l’Agglomération ou de la Commu-
nauté Urbaine. Ils fournissent les outils nécessaires
au développement d’un vrai projet métropolitain.
Aujourd’hui, par sa taille, l’agglomération de
Montpellier ne peut pas prétendre à ce statut et
c’est regrettable. Cependant, Montpellier et son
District d’abord, l’Agglomération ensuite, ont montré
qu’il n’était pas nécessaire d’avoir des cadres admi-
nistratifs optimum pour aller de l’avant.
On peut regretter cependant que le seul critère retenu
par le législateur ait été la population de l’EPCI qui
n’est que l’un des aspects de la métropolisation. Le
seuil de population peut n’être que le reflet d’une
bonne coopération intercommunale locale, sans qu’un
quelconque processus réel de métropolisation soit
à l’œuvre.
Si le législateur a verrouillé la liste actuelle des
métropoles par le biais de la taille, il a laissé des
ouvertures pour le futur. La réflexion s’est prolongée
avec les pôles métropolitains qui prennent en
compte l’association de plusieurs Intercommunalités
sous la forme d’un syndicat mixte, dans le but de
mener des actions et de développer des projets
d’échelle métropolitaine. Place à la créativité et à
l’innovation pour des territoires métropolitains
supposés en émergence.
Les compétences du pôle métropolitain sont poten-
tiellement voisines de celles de la Métropole. Mais
elles demandent une volonté commune de l’ensemble
des Intercommunalités concernées sur des sujets
particuliers. Le pôle métropolitain peut se construire
par étapes successives et par ajout des compétences
proposées. Il concerne des Intercommunalités qui,
en se regroupant, constituent un ensemble de
300 000 habitants dont l’une regroupe plus de
150 000 habitants.
opportunitéCette ouverture proposée peut être une opportunité
pour le territoire métropolitain de Montpellier où les
communautés de communes et d’agglomération ont,
malgré les ouvertures, un vrai travail de concertation
et de coopération à accomplir. En revanche, ne pas
saisir cette opportunité serait rater un tournant
capital de l’histoire. D’abord parce que le processus de
métropolisation se poursuivra, mais avec le handicap
de voir d’autres villes françaises désormais mieux
armées pour entrer dans la compétition. Ensuite
parce que les Préfets vont désormais jouer un rôle-
clef dans la recomposition d’entités plus homogènes
et plus conformes aux réalités des territoires... Mais
leurs moyens resteront limités car l’esprit de cette
loi est davantage de permettre et d’inciter que de
contraindre.
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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
48
Être ou pas un pôle métropolitain ?
La création de métropoles ou de pôles métropolitains n’est aujourd’huiassortie d’aucunes mesures particulières, notamment financières, comme cela avait
été le cas pour la constitution des communautés de communes et des communautés d’agglomération qui
avaient vu les subventions de l’État (dotation globale de fonctionnement) renforcées en cas de constitution
d’intercommunalité.
motivationDans le cadre de la nouvelle loi, rien de semblable.
Il faudra donc une motivation politique forte pour
que se constituent les pôles métropolitains. Les
métropoles sont dans le même cas, mais appartenir
à la liste des villes et des EPCI privilégiés qui pourront
accéder à de nouvelles compétences devrait être en
soi un aiguillon suffisant pour que la création des
métropoles se fasse sans surprise.
Pour les pôles métropolitains, ce sera sans doute
pour des intercommunalités voisines déjà habituées
à des collaborations sur des sujets particuliers une
bonne opportunité d’aller plus loin.
échelleCes pôles métropolitains sont également apparus
dans les débats parlementaires, comme le moyen
pour des villes secondaires d’être confortées et de
trouver de nouvelles dynamiques. Les seuils retenus
de population en sont la résultante.
Seule la Communauté d’Agglomération de Montpellier
peut prétendre devenir à elle seule un pôle métro-
politain. Mais il peut advenir qu’une Communauté
d’Agglomération comme Nîmes ou comme Perpignan
puisse, par association d’EPCI, devenir pôle métro-
politain. Il s’en suivrait un brouillage, car on retrouverait
dans le même type d’intercommunalité des villes
de niveau très différent.
Le pôle métropolitain qui ne serait basé que sur la
seule Communauté d’Agglomération de Montpellier ne
serait pas une avancée notable pour le développement
et le rayonnement d’une métropole en Languedoc-
Roussillon. Il y a un changement d’échelle nécessaire.
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Mais ne pas voir Montpellier et son agglomération
figurer au moins comme pôle métropolitain, ce serait
faire d’une certaine façon disparaître le Languedoc-
Roussillon des régions qui comptent. Ce serait
confirmer la carte de la DATAR sur les coopérations
métropolitaines où le Languedoc Roussillon apparaît
totalement absent. A nos portes des métropoles
comme Toulouse ou Marseille, seront-elles confortées
par des coopérations avec d’autres intercommunalités,
officialisées par le CIAT du 18 décembre 2003 ?
Le pôle métropolitain pourrait être une construction
par étapes qui mène progressivement à la constitution
d’une Métropole. Une crainte demeure : celle de la
lenteur qui ne permettrait pas à l’espace métropolitain
de relever les défis qui sont les siens. Jean-Paul
Volle, géographe travaillant sur ces problématiques
et co-auteur de « Montpellier, la ville inventée »,
répondait en septembre 2010 à La Gazette de
Montpellier que l’on avait dix ans pour changer
d’échelle, sinon « on aura laissé passer le train ».
Si l’on reste résolument optimiste, on peut garder
en mémoire qu’il n’a fallu qu’une dizaine d’années
pour que les Intercommunalités couvrent 97 % du
territoire français et à peine plus d’une année pour
que fusionnent les agglomérations Val de Seine et
Arc de Seine (plus de 300 000 habitants dans sept
communes).
archipelMais, au-delà des nouvelles opportunités offertes
par la loi, le territoire d’un pôle métropolitain ou
d’une communauté urbaine de 500 000 habitants
ne pourrait suffire durablement pour soutenir le
développement d’une grande métropole européenne,
alors même que beaucoup d’éléments sont déjà en
place, comme nous l’avons montré.
Nous sommes entrés dans une économie d’archipel,
archipel des grandes métropoles du monde qui
jouent en réseau, archipel au sein de chaque espace
de métropolisation où la ville-mère et les villes
secondaires jouent en complémentarité et en réso-
nance. Ce puzzle doit progressivement se mettre en
place, permettant à chacun de trouver sa juste place
pour qu’au final le dessin et… le dessein apparaissent
clairement : celui d’une métropole incontestable et
incontestée en Languedoc-Roussillon.
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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
Interview de Jean-Louis Bouscaren Chef d’entreprise, Vice-Président du Conseil Economique Social RégionalPrésident de la Commission Aménagement du territoire du CESR,Président Régional de la Confédération Générale des Petites etMoyennes Entreprises (CGPME)
« La métropolisation est la condition de pérennité de la RégionLanguedoc-Roussillon. Aujourd’hui, on ne connaît pas le Languedoc-Roussillon mais on connaît
quand même Montpellier. Nous avons besoin d’une visibilité nationale et internationale.
La réforme des collectivités territoriales engagée ira à terme vers une reconfiguration des Régions. Pour
atteindre les standards européens, la tentation sera de faire des régions plus grandes. Sans une métropole
forte, le Languedoc-Roussillon risque l’éclatement. L’avenir se décidera alors ailleurs.
La démonstration du Schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire
(SRADDT) d’une métropole en réseau pouvant se mettre en place entre Sète, Montpellier, Nîmes et Alès est
convaincante.
Cette métropole en réseau, avec déjà plus d’un million d’habitants, permettrait de faire contre poids à
Barcelone, Toulouse, Lyon ou Marseille. Le Languedoc-Roussillon n’est pas une région négligeable : il a une
croissance démographique et une économique forte, une université reconnue, des pôles de compétitivité…
Si Montpellier n’était pas déjà une métropole, aurait-on un grand centre de congrès ? Une Grande Salle,
une troisième ligne de tramway ? Des équipements qui rivalisent déjà avec ceux de Barcelone ou de Lyon ?
La métropole en réseau, c’est ambitionner plus ensemble. C’est un pari fort. Si Montpellier est le point
d’ancrage, il y a une place pour chacun dans ce schéma. Etre plus attractif ensemble, c’est attirer plus
d’entreprises et favoriser ainsi le développement économique de l’ensemble du territoire.
Bien sûr, cela va demander des choix stratégiques car il nous faut atteindre des tailles critiques : il ne peut
y avoir un aéroport tous les 45 kilomètres si l’on veut développer un grand aéroport international. Cette
concurrence locale dessert l’ensemble du territoire et fait le jeu des compagnies low cost.
Reste le problème de la gouvernance qui est aujourd’hui la question de fond. »
50
Interview de Jean-Paul Volle Professeur émérite de géographie à l’Université Paul Valéry,Montpellier III
« La métropolisation est un phénomène lié à l’urbanisation, qui conduità la concentration des hommes et des richesses selon des modalitésqui sont en rupture avec celles ayant donné naissance au périurbaindans la phase du capitalisme concurrentiel. Elle est fille de la mondialisation, de laglobalisation du système économique et social. Pour la qualifier, le critère de dimension est très important,mais il convient de prendre la mesure des capacités fonctionnelles de la métropole et des modes de vie quilui sont associés.
Localement, Montpellier est au cœur d’un espace que l’on peut définir selon l’étiquette « d’aire métropolitaine ».
En Languedoc-Roussillon, face à la rente viticole associée aux industries traditionnelles (charbon, textile,petite mécanique …) et devenue moteur de l’économie dans la première moitié du XXème siècle, les années 1960ouvrent la voie du renouveau dont Montpellier sera le point d’impulsion : l’université, IBM, les rapatriésd’Afrique du Nord seront les bases de la nouvelle économie tournée vers la connaissance, la consommationet les activités tertiaires. La périurbanisation accompagne ces processus et « casse » le modèle de la villeinsulaire au milieu de son environnement rural.
Au début des années 1970, Raymond Dugrand, professeur de géographie à l’Université Paul Valéry, dirigela publication d’une large étude sur l’urbanisation entre Sète et Nîmes, le long de l’axe de la RN 113, « Sète,Montpellier, Nîmes, une capitale linéaire ». C’est le signe de la vision prospective d’un espace qui bouleverseles héritages et d’une pensée qui inscrit l’urbanisation comme moteur du développement économique.Montpellier révèle cette trajectoire d’un devenir métropolitain qui doit être évoqué à partir du potentielde la ville centre certes, mais plus encore à l’échelle d’un ensemble cohérent de villes associées sous la formed’une métropole en réseau.
L’objectif d’aujourd’hui n’est pas de faire de Montpellier, cœur de l’aire métropolitaine, une métropole àdemi millionnaire, mais au contraire, de prendre appui sur l’organisation en réseau pour s’affranchir d’unnécessaire effet de masse d’une part, pour affirmer une économie au rayonnement et à l’attractivité partagésentre des villes contribuant ensemble à l’édifice métropolitain d’autre part. Le seuil souvent avancé de lamétropole millionnaire se reporte ici sur l’organisation de la métropole en réseau.
C’est la seule façon de s’arrimer à la mondialisation pour en maximiser les profits, de promouvoir une orga-nisation régionale qui valorise les capacités, capte et dynamise les investissements, diffuse la croissance.
La question est de savoir comment procéder pour atteindre une forme urbaine cohérente et profitable,capable d’imposer ses valeurs fondatrices et ses énergies vitales. Sans volonté politique, la croissancedémographique « naturelle », au fil de l’eau, du cœur métropolitain débouchera sur des conflits socio-spatiaux,sur des freins liés à une certaine passivité : la « métropole végétative » en est le modèle accompli, quiconforte ses assises sans gérer son développement. Elle peut déboucher sur l’éclatement de la Région, plussoumise à des flux exogènes qu’à des forces nées de solidarités endogènes.
L’hypothèse d’un deuxième modèle, celui de la « métropole territorialisée », repose sur l’idée d’un espacemétropolitain qui territorialise peu à peu les effets moteurs de la métropolisation, mais qui souffre du peude cohérence des politiques locales, de l’éclatement des structures de gestion. Les valeurs d’unité et decomplémentarité des actions manquent encore de pertinence pour s’affirmer comme principe moteur del’espace métropolitain.
On comprend mieux que la troisième version du modèle ouvre la voie à la « métropole gouvernée » ouplus exactement à la mise en œuvre d’une politique concertée, d’une gouvernance territoriale et économiquequi prenne appui sur la métropole en réseau pour en conforter les synergies et les systèmes relationnels.Les ingrédients sont en place (universités, innovation, mobilité et échanges, modes d’urbanisation,environnement…), le Schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire en a décritles principes, dessiné les périmètres. La singularité régionale du réseau des villes, de leur proximité etcomplémentarités mérite d’être affirmée et confortée tant sur le plan des structures de gestion (communautésurbaines) que sur celui des influx économiques majeurs.
On mesure alors combien le modèle exige que soit résolue la question de la gouvernance. »
Co-auteur de « Montpellier, la ville inventée », éditions Parenthèses 2010 51
LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
52
La Chambre de Commerce et d’Industrie, après avoir entendu de trèsnombreux acteurs locaux parmi ceux qui ont à réfléchir sur la notion de métropole, de
métropolisation, de réseaux, d’ouverture et de coopération, a souhaité se positionner sur un sujet fondamental
pour le développement économique non seulement de sa circonscription, mais de l’ensemble de la région.
ans Métropole en réseau, pas de croissance forte
Malgré tous les atouts que possèdent Montpellier, son agglomération et son territoire de métropolisation,
la visibilité et la puissance de l’ensemble sont aujourd’hui trop modestes pour que, demain, une Métropole
de taille européenne puisse émerger sans la convergence de toutes les énergies et de tous les moyens.
CONCLUSION
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Le cercle vertueux peut s’arrêter
Le développement économique futur passera par là. L’économie résidentielle,
qui domine aujourd’hui, est la résultante de toutes les actions et de tous les efforts menés depuis plus de
quarante ans pour faire de Montpellier une ville dynamique, culturelle, sportive …donc attractive. Mais le
cercle vertueux mis en marche peut s’arrêter si la concurrence impitoyable entre les différentes villes bascule
en faveur d’une autre métropole.
Il n’y aura pas de croissance forte qui ne soit impulsée par la métropole au reste de son territoire. Une
métropole qui fonctionne et atteint le seuil de visibilité lui permettant d’être perçue par les lieux de pouvoir
tels que les sièges sociaux des grandes entreprises est généreuse avec son environnement. Elle diffuse le
développement sur son territoire.
Une ville qui concentrerait les hommes et les richesses au détriment de son environnement n’est pas une
métropole, c’est une ville en perte de vitesse sur la défensive, en repli, qui n’a pas su, à un moment donné,
prendre le train de l’Histoire.
Au-delà de Montpellier, d’autres villes, d’autres territoires, détiennent, eux aussi, des clefs importantes pour
le développement de ces espaces métropolitains dont nous avons tous besoin. L’heure est aux coopérations.
Elles existent déjà dans la plupart des domaines. L’heure est à l’organisation et à la hiérarchisation des objectifs.
Le cœur de la région doit continuerde battre
Le Schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable duTerritoire, établi par le Conseil régional pour être le support stratégique de son action, n’a, certes, aucune
valeur réglementaire et ne peut s’imposer ni au SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale), ni au PLU (Plan
Local d’Urbanisme). Mais il analyse avec justesse le phénomène.
Comme la Chambre de Commerce et d’Industrie, il dresse le constat qu’un phénomène particulier existe
autour de Montpellier, sur un territoire allant de Sète à Nîmes, voire à Alès, phénomène qui n’existe pas
ailleurs. Un système de flux, une concentration d’indicateurs économiques fortement positifs font de cet
espace le cœur battant de la région.
L’idée d’une métropole en réseau s’impose : elle permet d’atteindre les seuils de population indispensables,
elle concentre déjà les hommes et les richesses, elle est, déjà, Métropole. La nouvelle loi, implicitement,
suggère des fonctionnements de ce type.
La réforme des collectivités territoriales ne retient pas Montpellier parmi les métropoles parce que son
agglomération n’atteint pas le seuil des 500 000 habitants. Ce seul critère retenu ne rend pas justice à la
réalité du terrain et ne tient pas compte de ce qui constitue vraiment les métropoles. On peut le regretter.
Notamment quand on sait que l’aire urbaine compte plus de 530 000 habitants et est une réalité économique :
40 % des actifs ayant un emploi travaillent dans le pôle urbain ou les communes qu’il attire.
LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
Deux risques menacent
Aujourd’hui, la Chambre de Commerce et d’Industrie s’inquiète de deuxrisques réels, au cas où Montpellier et son territoire ne pourraient paspasser à la vitesse supérieure. Le premier risque concerne l’éclatement possible de la région.Depuis longtemps déjà nous savons que les régions françaises ne sont pas à l’échelle des autres régions
européennes et l’État a toujours en perspective le regroupement des régions existantes afin qu’elles constituent
des régions d’échelle européenne. Quid de notre région dans ce cas ? Sans un pôle identifié et puissant,
son démantèlement est facilité.
Quelle place pour les villes et les territoires du Languedoc-Roussillon actuel dans des régions recomposées,
déjà dominées par une métropole existante, voire plusieurs métropoles ? On peut espérer que Montpellier
soit un pôle urbain important, bien que secondaire, dans sa nouvelle région de rattachement grâce à son
université, ses laboratoires de recherche et ses grands équipements. Mais quelle place auraient alors nos
villes intermédiaires ?
54
Le second risque est que, faute d’une véritable métropole, les moteurs de la
croissance soient bridés, l’élan de Montpellier freiné et, avec elle, celui de tout son territoire, comparativement
aux autres métropoles.
Demain, les métropoles seront les moteurs réels de l’économie française : elles bénéficient déjà de la
concentration des hommes et des richesses. Après la réforme de la taxe professionnelle et la mise en place
de la CET (Contribution Economique Territoriale), elles seront favorisées et stimulées. En effet, les grandes
entreprises que les métropoles rassemblent continueront à payer, à peu de choses près, les mêmes taxes.
La partie de l’impôt qui reposera sur les ménages la favorisera également puisque la métropole concentre
les hommes. Sans la métropole en réseau Montpellier se priverait ainsi des moyens de l’action et du
développement.
La Chambre de Commerce et d’Industrie reste résolument optimiste sur le devenir de son territoire qui est
au cœur de l’espace de métropolisation. Les processus sont parfois lents à démarrer avant de s’accélérer
et puis aboutir très vite. Il n’appartient pas à la Chambre de commerce et d’industrie de dire quelle forme
administrative la Métropole en réseau devra prendre.
L’impératif est de constituer le réseau de la métropole en accélérant, de manière volontaire et active, le
rapprochement entre intercommunalités. La Chambre appelle cette convergence de ses vœux.
La Chambre de commerce et d’industrie espère que, quels que soient les hommes, quelles que soient les
structures, la sagesse l’emportera, parce que l’intérêt général doit commander. Elle appuiera résolument
toutes les coopérations en matière économique qui pourront aller dans ce sens. Il y va de l’avenir de ce
territoire, de ses entreprises et des hommes et des femmes qui y vivent.
L’engagement de la CCI de Montpellier
La Chambre de Commerce et d’Industrie affirme que la métropoleen réseau est la voie vers un nouvelle aire de développement, unenouvelle ère de croissance. En s’appuyant sur sa légitimité de représentante des entreprises
et dans le cadre des compétences que lui donne la Loi, la C.C.I. s’engage donc avec force et détermination
vers cet objectif. Car la rencontre avec les acteurs, les chercheurs, les experts a montré la convergence des
réflexions de tous ces témoins dans le sens de cette métropole en réseau, basée sur la coopération, la
complémentarité et la synergie qui paraissent à tous éminemment nécessaires pour avancer.
annexesRéforme de la taxe professionnelle et enjeu métropolitain
Le SRADDT : une approche déjà régionale de la Métropole en réseau
Métropole ? Tabous et usages du mot
Poids des populations et possibilités de métropolisation
Le développement urbain et économique de Montpellier en quelques chiffres
Métropole : sa nouvelle définition légale
Remerciements
Bibliographie
56
La réforme de la taxe professionnelle, après la phase plutôt « transitoire »des budgets 2010, devient la règle pleine. Les nouveaux mécanismesde la Contribution Economique Territoriale vont s’appliquer en 2011,avec des évolutions tant pour ceux qui la perçoivent que pour ceuxqui la paient.
éforme de la taxeprofessionnelle etenjeu métropolitain
paramètre importantLa gestion de la fiscalité locale sur les entreprises
est un paramètre important de la vie politique,
économique et sociale. Rappelons que la taxe pro-
fessionnelle unifiée a été – jusqu’à cette réforme –
la ressource centrale des communautés d’agglomé-
ration et des communautés de communes, avec de
nombreux enjeux stratégiques et géopolitiques, à
Montpellier et ailleurs.
Pour l’Agglomération de Montpellier, la TPU repré-
sentait, en 2008, 26,4 % des recettes réelles. Dans
un texte - critique sur le fond de la réforme - du 22
décembre 2009 du conseil de la Communauté
d’Agglomération de Montpellier, on lit qu’ « à partir de
2011, ce sont sept taxes et compensations assises sur
les entreprises et les ménages qui composeront le
produit de la Cotisation Economique Territoriale ».
recomposition desressourcesLe rapport de mai 2010 de l’inspection générale des
finances et de l’inspection générale de l’administration
sur « l’évaluation des effets de la réforme de la taxe
professionnelle sur la fiscalité des collectivités locales
et sur les entreprises » montre qu’à l’horizon 2011,
pour les EPCI (Etablissements Publics de Coopération
Intercommunale), la suppression de la TP se traduit
par « une recomposition de leurs ressources fiscales :
avec une montée en puissance de la taxe d’habitation
(qui, avec les taxes foncières, représentera 40 % des
ressources en 2015), une proportion élevée de CVAE
(Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises) et
de CFE (Cotisation Foncière des Entreprises), avec près
de 50 % en 2015 et une dotation de compensation
importante (plus de 10 % en 2015). »
Ce rapport estime que « la dynamique des nouvelles
bases fiscales de CVAE et de CFE devrait être plus
forte que celle des bases de taxe professionnelle ».
Mais aussi « relativement plus dépendante de la
conjoncture économique. »
Une première appréciation de cette réforme de la
fiscalité locale interviendra donc avec les prochains
budgets des EPCI et de l’Etat qui doit garantir maintes
compensations et ce dans un contexte financier
tendu.
La pratique de cette réforme influera sur sa pérennité
(clause de revoyure) et sur la composition des
ressources des futures métropoles.
—
57
LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
Le SRADDT (Schéma Régional d’Aménagement et de DéveloppementDurable du Territoire) du Languedoc-Roussillon a été adopté le 25septembre 2009 par le Conseil Régional. Il dresse les perspectives à horizon 2030, avec, comme base incontournable, la donnée démographique, qui
veut que « d’ici à 2030, la région pourrait accueillir entre 500 000 et 800 000 personnes supplémentaires,
selon l’INSEE ». D’où, dans ce schéma prospectif, le pari de l’accueil démographique et ceux de la mobilité
et de l’ouverture.
e SRADDT : une approche déjà régionalede la Métropoleen réseau
58
visibilitéCe document table sur l’affirmation d’une métropole
en réseau de Sète à Alès pour contribuer au « rayon-
nement international du Languedoc-Roussillon ».
Le SRADDT vise une spécialisation métropolitaine,
afin d’atteindre un niveau d’excellence dans ses
fonctions permettant « une visibilité nationale et
internationale. »
Les angles économiques de cette spécialisation
sont :
- Les activités à forte valeur ajoutée (science du
vivant et biodiversité, santé/pharmacie, télécoms),
- La recherche et l’enseignement supérieur, la culture,
- Les hubs de connexions,
- Le développement d’une fonction d’affaires.
partenariatPour son usage futur, le SRADDT précise qu’il
« constitue un document d’orientations, non prescriptif,
qui ne prend tout son sens que dans sa mise en
œuvre partenariale ». La Région se pose en chef de
file. Mais la rédaction nuancée de ce texte montre
qu’elle n’ignore pas la complexité, dans la recherche
du consensus, des actions à mener.
—
59
Le géographe Jean-Paul Volle disait récemment (juillet 2010) dans uneinterview au magazine Objectif LR : « Parler de métropole à Montpellierest un tabou ». Pourtant, ce vocable, chargé de valeur, est assez souventutilisé dans divers supports.> En 2001 est paru chez Arthéme Fayard un beau livre illustré sous le titre « Montpellier, métropole du
Sud ». Francis Zamponi, qui l’a rédigé, raconte qu’il s’agissait d’une commande de la mairie de Montpellier,
pour une histoire de la ville de sa fondation à nos jours et que le maire en assura lui même la correction.
On peut en déduire que le titre reçut sans doute son aval…
> Sur une requête sur internet Les Pages Jaunes associent le nom de Montpellier à la formule « métropole
du savoir et pôle économique d’avenir ».
> En 2007, le démographe Gérard Francois Dumont a publié dans la collection « Travaux » de la DATAR un
document faisant référence sur « les Métropoles régionales intermédiaires en France ; quelle attractivité ? »
Il en ressort que, sur la période 90-99, « la métropole la plus attractive à l’échelle de l’unité urbaine est
Montpellier. »
> L’hebdomadaire La Gazette de Montpellier rouvre le débat dans son édition du 26 août 2010 à partir
d’une étude de l’INSEE sur l’actualisation du recensement : « Agglo : 10 ans pour ne pas laisser passer le
train - l’Agglomération de Montpellier, qui ne cesse de grandir, s’interroge sur l’opportunité de devenir une
« métropole ». Et des responsables de l’Agglomération de reparler d’« élargir les frontières jusqu’à trente
kilomètres autour de Montpellier ».
étropole ? Tabous et usagesdu mot métropole
LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
L’enjeu de MontpellierL’actuelle Communauté d’Agglomération de Montpellier est à 408 951 habitants. Pour sa part, l’INSEE donne
l’aire urbaine de Montpellier à 514 473 habitants (recensement 2007).
Mais ce concept démographique d’aire urbaine de l’INSEE ne correspond pas à une entité légale politico-
administrative locale, comme le sont les communautés d’agglomération et communautés de communes.
Montpellier est dans une position « intermédiaire ». Elle pourrait évoluer en Métropole, telle que la loi
territoriale le prévoit, si sa Communauté d’Agglomération concluait un accord de fusion volontaire et par
mouvement réciproque avec une ou plusieurs EPCI (Etablissements publics de coopération intercommunale)
voisins.
Depuis 1999 (loi Chevènement) et aussi depuis 2004 (amendement Blanc), autour de Montpellier d’autres
communautés se sont structurées par affinités revendiquées. Elles continuent à le faire (cf. la toute récente
démarche du Pays de l’Or vers une communauté d’agglomération).
La population sur ces territoires communautaires est à considérer, par rapport aux enjeux de seuil :
- Thau Agglo : 92 021 habitants dont 43 000 à Sète et 23 000 à Frontignan.
- Pays de Lunel : 42 674 habitants dont 24 000 à Lunel même.
- Pays de l’Or : 35 447 habitant dont 15 692 à Mauguio-Carnon et 8 300 à La Grande Motte, avec en
perspective une prise en compte de sa population estivale (à hauteur de 200 000).
- Pic Saint-Loup : 33 000 habitants en 2005 ; atteindrait 41 000 en 2015 si sa croissance se poursuit au
rythme récent.
La géographie compte aussi puisqu’une métropole ou un pôle métropolitain, pour se constituer, impliquent
des regroupements d’intercommunalités sur un territoire « d’un seul tenant et sans enclave ».
Pour atteindre les 500 000 habitants, seuil de la métropole, il faudrait donc additionner (ce n’est ici qu’une
réflexion quantitative… prospective) soit Thau Agglo (408 000 + 92 000 = 500 000 !), soit les trois autres
(408 000 + 130 000 = 538 000 !),
Un rapprochement Montpellier-Thau-Lunel, c’est un ensemble de 542 000 habitants…
A contrario, si l’on envisage - pure hypothèse - des tentatives de scénarios alternatifs entre les EPCI alentour,
la naissance d’un pôle métropolitain est impossible sans Montpellier : selon l’état actuel du projet de loi,
il faut au moins une base de 150 000 habitants. De plus, la somme des EPCI inventoriés ci-dessus, hors
agglomération de Montpellier, n’atteindrait que 202 000 habitants. Ce regroupement se situerait donc en
dessous des 300 000, seuil du pôle métropolitain.
Par contre, 408 000 (Agglomération de Montpellier) et 202 000 (toutes les autres intercomunalités)
rassemblerait 610 000 habitants ! Et donc une « grosse » métropole, celle du… Grand Montpellier.
oids des populationset possibilités demétropolisation
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En Languedoc-RoussillonEntre delta du Rhône et frontière espagnole, qui, en Languedoc-Roussillon, pourrait donner naissance à
une Métropole ? Ou même à un pôle métropolitain ?
La communauté d’agglomération de Perpignan est à 225 000, celle de Nîmes à 230 000, de Béziers à
104 000, du Grand Narbonne à 80 000.
En Languedoc-Roussillon, ne reste donc que Montpellier… comme potentialité de métropole.
En Provence-Alpes-Côte-d’Azur Hors Marseille, sur le littoral méditerranéen français, Nice est, depuis janvier 2009, une Communauté
Urbaine et se situe déjà à 500 000 habitants. L’INSEE voit la Communauté d’Agglomération de Nice grandir
vers les 525 000 habitants en 2014. La « métropolisation » niçoise est donc tout à fait possible.
L’Agglomération de Toulon Provence Méditerranée est à hauteur de 422 000 habitants.
En PACA, on aurait ainsi, sur les seuls critères démographiques (sans préjuger des décisions politiques),
trois « métropolisations » possibles (deux métropoles et un pôle métropolitain).
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LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
Le développement urbain et économique deMontpellier en quelques chiffres*l’analyse du Dr Frank Lasch, Professeur associé et Directeur de la Recherche à Sup de Co Montpellier
Il résume comment une ville régionale de taille moyenne entourée de vigness’est transformée en « métropole entrepreneuriale » dans les domaines del’innovation, de la haute technologie et de la recherche.Montpellier et sa région- 3ème région de France en recherche et développement (par rapport à la population),
- 90 000 étudiants et 120 laboratoires de recherche, 4ème CHU de France,
- Agropolis : une des plus grandes communautés scientifiques mondiales en agriculture, alimentation, biodiversité,
environnement,
- 400 chercheurs en TIC, Technologie de l’Information et de la Communication,
- Présence des plus importants établissements scientifiques nationaux,
- Un des taux les plus élevés de création d’entreprises en France,
- Montpellier régulièrement classée dans le top 3 des villes en tourisme d’affaires,
- Régulièrement classée comme l’une des trois villes les plus attractives par sa qualité de vie.
Les étapes du changementEn trente ans, Montpellier est devenue une ville européenne de haute technologie, grâce à des facteurs socio-économiques :
la décentralisation, la démographie, l’économie.
- 1960 : expansion du secteur de la santé et de l’éducation, Montpellier capitale régionale
- 1965/1975 : développement des services et des nouvelles technologies
- 1975/1985 : changement de modèle d’entreprises, migration de population.
Autres déclencheurs du développement : une nouvelle population, une nouvelle gouvernance locale avec une stratégie
de développement de long terme.
Stratégie et positionnement- Exploiter le potentiel d’une ville universitaire traditionnelle de réputation internationale, maîtriser l’explosion
démographique et structurer spatialement & sectoriellement le développement économique,
- Transformer Montpellier en une ville moderne, avec activités de haute technologie, rivalisant avec les 50 premières
agglomérations européennes, et renforcer son attractivité,
- Renforcer sa qualité de vie pour attirer une population active hautement qualifiée.
Le projet de développementUrbanisme & développement urbain :
- Architectes de renommée internationale (Bofill, Fainsilber, Chemetov, Nouvel, etc.),
- En moyenne 2 000 appartements neufs par an,
- Aménagement innovant du territoire : différents acteurs de taille comme la SERM souvent citée en référence au niveau
national (innovation, volume de projets, etc.),
- Mixité de fonctions : administration & services publics, éducation & université, espace d’affaires, logement, commerces, etc…
- Loisirs, culture & sport, services publics,
- Environnement & transports publics.
Organisation du développement économique :
1985, Montpellier Méditerranée Technopole,
1999, Montpellier Agglomération,
2001, Invest in Montpellier.
Spécialisation autour de 5 thèmes et parcs technologiques (2005) :
Euromédecine, Agropolis, Informatique, Antenna, Héliopolis.
- 13 parcs d’activités, 6 couveuses et parcs technologiques : 1 400 entreprises (29 000 salariés).
- Depuis 1987, plus de 350 entreprises créées dans les couveuses Cap Alpha, Cap Gamma, Cap Omega (80,4 % taux de survie).
*Analyse présentée en 2007 dans le cadre d’un programme Européen de recherche (6th Framework Programme of the European Commission‘Coherent development of research and innovation policies - Regions of Knowledge 2/ CRIPREDE’ ; cf. Welter & Kolb, 2007).62
Communication massive sur l’Europole :
Une véritable force pour Montpellier.
- Accompagnement d’entreprises et campagnes de publicité,
- Association de qualité de vie, d’infrastructures & d’environnement comme arguments-clés.
Opportunités et risques, lumières et ombres de la métropole montpelliéraineLa nouveauté : point fort ou faible ? L’exemple du secteur TIC local.
Émergence des TIC en France (1993-2001)
- 85 000 nouvelles entreprises, créant 160 000 nouveaux emplois à leur démarrage. Malgré la crise, les TIC ont toujours
un impact considérable sur la création d’emplois et le nombre de ces nouvelles entreprises est en augmentation.
- Montpellier est l’une des régions françaises les plus dynamiques classée sixième (hors région parisienne).
- Stratégie de développement Europole réussie pour ce secteur !
Les chefs d’entreprises innovantes profitent des compétences et de l’économie locale de proximité, mais des faiblesses
sont certaines :
- La population des entreprises de TIC la plus jeune de France : en moyenne 4,4 ans (2001),
- Des entreprises de taille relativement petite (8,2 ; France : 10,6),
- Sous financement des entreprises TIC,
- 65 % des nouvelles entreprises dépendent de sociétés extérieures à Montpellier,
- Coexistence de quelques grandes entreprises (IBM, Dell), d’instituts de recherche de R&D énormes et d’un grand nombre
de petites entreprises TIC (principalement services informatiques),
Est-ce un véritable milieu innovant ?
Montpellier et sa stratégie de succès : une première conclusionRésultats de la "longue marche" et les facteurs-clés du succès : une transformation réussie en moins de trente ans
- Vision, ambition et stratégie du long terme basées sur une analyse pragmatique des opportunités, points forts et
potentiel dedéveloppement local (ex : « Montpellier Europole »),
- Stabilité politique locale depuis trente ans dans un contexte régional, national et économique instable,
- Un leader charismatique et des structures pour conduire le changement (ex : Montpellier Méditerranée Technopole,
Parcs d’entreprises et incubateurs du BIC, SERM, etc.),
- Intégration des communes avoisinantes dans le projet de développement territorial commun (District, Agglomération, etc.),
- Conditions de croissance exogènes et endogènes concordantes :
- Espace disponible à l’intérieur de l’agglomération (Antigone, une des premières exemples du potentiel de
développement vers l’est et en périphérie de Montpellier) et planification urbaine novatrice,
- Lois relativement souples en France (expropriation, grand pouvoir et larges compétences des gouvernances locales),
- Communication efficace pour attirer de nouveaux habitants et des entreprises,
- Accompagnement d’entreprises désireuses de s’implanter à Montpellier (infrastructure d’affaires, avantages
financiers, recherche de subventions de l‘État, utilisation des mesures de politique économique nationales, solutions
individuelles pour les entreprises).
Perspectives… Montpellier dans 10 ans, encore dans la course ?Des inconnues et des sources de difficultés :
- Changement de gouvernance locale,
- Important contrôle externe des entreprises montpelliéraines,
- Raréfaction du foncier constructible,
- Inconvénients de la croissance rapide de la population dans l’agglomération (« deséconomies d’agglomération ») :
explosion des prix de l'immobilier, du logement, de la construction, niveau de prix élevé à Montpellier,
- “Turnover” élevé de la population locale active,
- Population résidentielle extrêmement contrastée (polarisation en termes de revenus et qualification), catégories socio-
professionnelle de la classe moyenne relativement sous-représentées, peu d’emplois industriels, etc.,
- Impact des lois européennes : de plus en plus de mise en concurrence des structures, acteurs principaux du développement
urbain et de l’aménagement,
- Attitude individuelle envers les interventions des autorités en constante évolution : plus de contestation et procédures
légales (la planification urbaine prend plus de temps et coûte plus cher),
- “Les ombres du passé” : un potentiel industriel relativement faible (CSP intermédiaires, manque de PME, coexistence
entre multinationales & micro entreprises),
- Difficultés d'intégration et de mise en réseau de la plupart des chefs d’entreprise venant de l’extérieur et ne connaissant
pas la région de Montpellier et son contexte. 63
LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
Le texte définitif de la loi de réforme territoriale, issu de la commissionmixte paritaire du Parlement, a été adopté le 17 novembre 2010 parl’Assemblée Nationale.C’est une étape importante. Cette reforme territoriale, objet de longs débats et toujours d’oppositions,vient ainsi de voir le législateur définir la métropole, notammentpar le choix de son seuil démographique, de ses objectifs et de sescompétences. Le texte de l’article 12 de cette loi, votée mais pas encore promulguéeau Journal Officiel fin novembre 2010 parce que soumise à recoursdevant le Conseil Constitutionnel, fige une définition :
étropole : sa nouvelle définition légale
« La métropole est un établissement public de coopération intercommunale regroupant plusieurs
communes d’un seul tenant et sans enclave et qui s’associent au sein d’un espace de solidarité pour
élaborer et conduire ensemble un projet d’aménagement et de développement économique,
écologique, éducatif, culturel et social de leur territoire afin d’en améliorer la compétitivité et la
cohésion. Peuvent obtenir le statut de métropole les établissements publics de coopération
intercommunale qui forment, à la date de sa création, un ensemble de plus de 500 000 habitants
et les communautés urbaines instituées par l’article 3 de la loi n° 66-1069 du 31 décembre 1966
relative aux communautés urbaines. Le présent article ne s’applique pas à la région d’Île-de-France. »
Métropole et pôle métropolitain y figurent dans la partie de la loi qui vise - et cela a un sens - à
« l’adaptation des structures à la diversité des territoires ».
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Remerciements àPierre BATOCHE
André BONNARY
Philippe BONON
Nello CHAUVETIERE
Catherine DARDÉ
Eric DE MARI
Dominique DEVILLE DE PERIERE
Frank LASCH
Jean-Marc MAILLOT
Christophe MORALES
Stéphane MUSCAT
Edouard PARANT
Nicolas ROUBIEU
Et tout particulièrement Jean-Paul VOLLE
Elus et membres des Ateliers duterritoire de la CCI de MontpellierJean-Louis BOUSCAREN
Patrick CECOTTI
Philippe GADELLE
Gil GRÉA
Jean-Yves LABATTUT
Jean-Pierre PARISI
Olivier PLANCHON
Richard THELENE
Directeur de publication Rudy IOVINO - Président de la CCI de Montpellier
Directeur de collection des cahiers« Les Ateliers du territoire » Jean-Yves LABATTUT - Vice-Président de la CCI
de Montpellier
Equipe rédactionnelle Christine PRADEL
Avec la collaboration de :
Florence GUTKNECHT
Jean-Pierre TROUSSET
Appui rédactionnel d’Alain DOUDIES Conseil
Coordination Direction de la Communication
Création graphique : Albane ROMAGNOLI
Impression : Imp’Act Imprimerie
LA MÉTROPOLE EN RÉSEAU, L’ENJEU DU DÉVELOPPEMENT
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Bibliographie Céline Rozenblat et Patricia Cicille « Les villes européennes, analyse
comparative » DATAR, La Documentation Française, 2003
« Montpellier, la ville inventée » sous la direction de Jean-Paul Volle,
Laurent Viala, Emmanuel Negrier, Catherine Bernié-Boissard, Editions
Parenthèses, 2010
« Montpellier, la longue marche, 1970-2020 », Montpellier Agglomération,
Editions Empreinte,
Laurent Davezies « La République et ses territoires : la circulation
invisible des richesses » La République des Idées, Paris, 2008
« Territoires 2040 : Aménager le changement » DATAR
« Projection de population à l’horizon 2030 en Languedoc-Roussillon »
Repères Synthèse, INSEE, n°9, octobre 2007
Articles :
« Réforme des collectivités territoriales : le rendez vous manqué des
métropoles », Michel Destot, Député-maire de Grenoble
« Réforme territoriale : espoirs métropolitains »
Pouvoirs locaux, n°85, juin 2010
«La métropole : la mal pensée de la réforme territoriale »
Pouvoirs locaux, n°84, janvier 2010
Compte-rendu colloque :
« Métropoles et développement économique : une valeur sûre dans
le Big Bang territorial » Association des Chambres de Commerce et
d’Industrie Métropolitaines, avril 2010
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