leprest - les textes

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Amante ma jolieAmante ma jolie, Au coin de lescalier Qui rve dtre un lit Je rve doreiller Amante ma jolie, Rebelle au bois dormant On repassera les plis Douloureux du ciment Un bon coup de peinture Sur le trottoir sali Le ciel pour couverture Amante ma jolie Amante ma jolie, Enfanter en plein air Avec dans les amplis Le gong de la colre Saint-Malo, saint Mali Abattre les cloisons Amante ma jolie, La commune maison Mettre lt en quatre Semer des grains de folie Dans le labour des squats Amante ma jolie crire sur nos fentres Amante ma jolie, Et sur nos botes natre "Locataire de loubli"

AmoureuxAmoureux, amoureux Le temps perdu, cest affreux Sauf endormi sur ton ventre Ma belle horloge parlante Les jours ont lamour contre eux Amoureux Amoureux, amoureux Quand on a un petit creux On se grignote le coeur Sans piment et sans liqueur Les piciers sont furieux Amoureux Amoureux, amoureux Les oiseaux sont plus nombreux Que les hommes sur la Terre Et tous leurs hlicoptres Tu trouves que cest heureux? Amoureux Amoureux, amoureux Chanter, cest pas trs srieux Lamour une fleur au bec Gravera nos noms avec La plume dun macareux Amoureux

Arrose les fleursJai reu ce matin la lettre o tu mcris De prendre soin de moi et je ten remercie Que tu vas me reviendre et tout a et quon saime "Et arrose les fleurs une fois par semaine" Mon amour, je te jure, les fleurs, je les fais boire Ensemble on est pts, tu pourrais pas le croire Je re-siffle ces mots "Je suis partie sans haine Mais arrose les fleurs une fois par semaine" quoi me sert, sans toi, de me priver de clopes Ou dun Saint-Emilion? Jai sur moi lenveloppe O ta main a trac "Je rentre sous huitaine Mais arrose les fleurs une fois par semaine" Avec toi, jai appris parler vgtal Et je compte les jours comme autant de ptales Je relis ton courrier et cest pas un problme Sauf darroser les fleurs une fois par semaine Jai reu ce matin la lettre o tu mcris De prendre soin de moi et je ten remercie Jimagine un jardin o nos pas se promnent En arrosant les fleurs une fois par semaine {x2}

Avenue louise michelJai fait un rve saugrenu Tu descendais nue lavenue Louise Michel Tavais les hanches dun violon Il semblait que sous tes talons Fondait le gel Tu tavanais dun pas lger Comme un oiseau quaurait march Dessus ses oeufs Un vieil abb pudiquement Pendu au bras de son amant Baissait les yeux Les terrasses taient dj pleines Un mtro de mauvaise haleine Ouvrait sa gueule Tu volais sur les boulevards Je regardais les gens te voir Avec orgueil Pas un passant jeta sa veste Ni tenta le zeste dun geste Ctait si beau Tombes des toits, ces gouttes deau En perles ruisselant tout au Long de ton dos Jai fait un rve saugrenu Tu descendais nue lavenue Louise Michel Au balcon sifflotait un peintre Et tu passais digne et sans crainte Sous son chelle Emoustills par ton reflet Des pcheurs lanaient leurs filets Depuis la rive Personne na cri au scandale Laveugle qui a dit "A poil!" Il tait ivre

Les enfants grimpaient sur les murs Jcoutais monter leurs murmures Derrire ta trane Fou Dieu! Cette statue, elle bouge! Le vent a sculpt la gouge Ce cul de reine Frlant la fontaine Wallace Ton cul ennobli a pris place Prs du bassin Les gens ont biss le pigeon Venu achever son plongeon Entre tes seins Pour ne pas dranger ton repos Jai mis mes bras entre ta peau Et la margelle Et moi riant et toi si nue On a remont lavenue Louise Michel Et moi riant et toi si nue On a remont lavenue Louise Michel

BilouQuest cque tas franginette? Cest drle, tes plus la mme Celle qui tachait ma piaule dclaboussures de robes Qui sgavait de Beatles et de choux la crme Qui lisait les Claudines chval derrire ma mob Dans ton blouson dmarlou Bilou Pourquoi tas maquill tes lvres la craie blanche? Ta bouche o fleurissaient des musiques si rouges Des gros mots merveilleux, des rires en avalanches Des internationales pour emmerder les bourges Des baisers pour les loups Bilou Quest cque tas ma jumelle? Cest-y a lmal du sicle? Se fuir du mal cause davoir du mal aux autres Sarracher tant de larmes quon se retrouve sec Voir un t pourri, se dire que cest dsa faute Crcher dans un igloo Bilou Bilou ma belle idiote, a srait trop moche, dis Si a couvait aussi chez toi cette langueur Quest comme une maladie quest pas une maladie Quon croit qua vient du coeur et quon na rien au coeur Quun invisible clou

Bilou Bilou, le feu follet la plus courue dmes boums Le bonheur sur ta peau a retourn sa veste Le bar du Saint-Amand, le caf aux loukoums Le temps se fait la paire en accrochant les restes Au clocher dSaint-Maclou Bilou Quest cque tas ma jumelle, quon croit ingurissable Qui use les regards dans des botes de kleenex Quenlise chaque pas sous des tonnes de sable Qui sert du bouillon fade dans des verres en pyrex Qui rend les photos floues? Bilou Bilou fais un effort, je te jure que tu ris Rire, cest a, tu trappelles, tu vois cest pas si dur Regarde la pluie sbarrer au cul du car-ferry Le vent lche tes joues peintes de confiture Pour un peu jsrais jaloux Bilou Bilou... Bilou

Bow windowNi les nids doiseaux ni les nhydravions, les ponts Qui enjambent Paris, ni les roses pompons Du quai des Tuileries, les ombres du Prado Non plus la pluie battant contre les bow-windows Et pas ce pas de porte o le jour sapitoie {Refrain, x2} Je naime rien tant Rien ne mmeut tant Que toi Aucune farandole, aucun fildefriste Pas davantage lor du torador triste Ni la nuit, les cheveux incendis des comtes Le cabot famlique au chevet du pote Czanne et le pinceau ficel ses doigts {au Refrain, x2} Ni le dernier accord dun petit bal perdu Le marchand de fume, le caf, la statue Aux seins muets, aux yeux de pierre, au cul superbe Le cheval qui hennit dans le roulis des herbes Ni le linge tendu aux antennes des toits {au Refrain, x2} Rien des dieux, des volcans, rien de lAmazonie Du petit dernier verre et rien de linfini Rien des banquises, rien des silex et du

sang Du sexe de la mer, rien du soleil glissant Dans sa robe de chanvre laiguille dtretat {au Refrain, x2}

C'est la fin du bal{Philippe Torreton} On cherchait dans un bar un joueur daccordon Lucien avait sorti son orchestre boutons Essouffl, il pointa ladresse indique Et poussa un battant dun bleu karaok Lannonce tait dessus, pas besoin dun dessin : "Cest la fin du bal quon paie les musiciens" {Allain Leprest} Il salua du menton un militaire assis Demanda "Cest-y l?" On lui dit "Cest ici" Pas besoin de sortir linstrument de sa housse Le patron lembaucha dun claquement de pouce Rlant dune voix gaie comme un jour de Toussaint : "Cest la fin du bal quon paie les musiciens" {Philippe Torreton} Il tordit son soufflet jusquau matin trs tt, La barmaid ondulait en servant ses plateaux Et lui piquait la peau et lui frlait les doigts (Nom dun chien!) "Tu joues bien", souriait-elle, il pensait "Cest pour toi" Un regard en promesse dans le V de ses seins "Cest la fin du bal quon paie les musiciens" {Allain Leprest} Le militaire assis lanait des yeux

vicieux Mchonnant un ticket dans ses crocs silencieux A six heures la barmaid teignait la sono Il quittait les bretelles de son pauvre piano Lui glissant loreille, un vrai marrant, Lucien, "Cest la fin du bal quon paie les musiciens" {Philippe Torreton} La rue tait dserte, dehors il lattendit Un quidam en kpi, du moins on aurait dit, Sembla suivre leurs pas jusquau seuil dun htel La ville avait le son dune ruche en veil Un murmure slevait de ce furieux essaim "Cest la fin du bal quon paie les musiciens" {Allain Leprest} Lannonce a disparu lenseigne du troquet Peut-tre de fatigue, peut-tre dun hoquet, A trois portes de l un accordonniste A craqu ses poumons - nul na suivi la piste Dun ticket mchonn perdu dans les coussins "Cest la fin du bal quon paie les musiciens"

C'est peut-treCest peut-tre Mozart le gosse qui tambourine Des deux poings sur lbazar des batteries de cuisine Jamais on le saura, lautocar du collge Passe pas par Opra, rp pour le solfge. Cest peut-tre Colette la gamine penche Qui recompte en cachette le fruit de ses pchs Jamais on le saura, elle aura avant lheure Un torchon dans les bras pour se torcher le coeur Cest peut-tre Grand Jacques le petit au rire bte Qui pousse dans la flaque sa bote dallumettes Jamais on le saura, on le fera maon Rp Bora Bora, un mur sur lhorizon Cest peut-tre Van Gogh le ptit qui grave des ailes Sur la porte des gogues avec son opinel Jamais on le saura, rp les tubes de bleu Il fera ses choux gras dans lpicerie dses vieux Cest peut-tre Cerdan le mme devant lcole Qui recolle ses dents coup de Limpidol Jamais on le saura, KO pour ses vingt piges Dans le ring de ses draps en serrant son vertige Cest peut-tre Jsus le gosse de la tour

neuf Qua vol au Prisu un gros uf et un buf On le saura jamais pauvre flocon de neige Pour un bon Dieu qui nat, cent millions font cortge

Canal saint-martinParis fleure bon le mal Jachte deux journals Au kiosque du canal Saint-Martin A lglise, un clocheur Fatigu sonne les trente-cinq heures Du matin Laube lche les pieds La pniche des pompiers Traverse tous feux teints La lune aussi steint Sur le miroir sans tain Du canal Saint-Martin Un pcheur du dimanche Sort une limousine blanche De lgout Un du de lamour Plonge une enclume autour De son cou La Seine tend sa main Vers le petit chemin Vicinal du canal Un merle blond rpond Au peintre sur le pont Qui peint en rose bonbon Le pont Dieu Tout gris, ce mois de mai Canal soleil, a va jamais Deux par deux Leau se gonfle les joues Et sous lcluse joue Les Niagara d banlieue Un flic en vlo bleu Pdale en plein milieu Sous les arbres frileux Des rafales de vent Font voler les enfants Sur le quai Les vieilles dames sautent

Dune rive sur lautre A cloche-pied La mer ne viendra plus Lcher fond perdu Le lit sale du canal Paris secoue ses reins Un vieux violon chagrin Essore ses refrains Sur un banc Et voil des voiliers Des lourds cargos, des gondoliers, Des sampans Sous les regards surpris Soudain monte le cri Dun marchand de charbon blanc, Blanc comme les golands Qui escortent les flancs Dun chaland nonchalant Les riverains endormis Sortent leur longue nuit Aux fentres Le facteur en riant Balance dans le courant Toutes ses lettres Et la gueule de Paris Bouffe la rverie Matinale du canal

Chanson ploufQuel ennui que les insomnies! Monsieur, je vous suis chaque nuit Votre cabas au bout des bras, Qu la mme heure au mme endroit Discrtement dun coup de botte, Vous balancerez dans la flotte Dans la tombe Monsieur Surcouf Et plouf! Cest quoi cet trange labeur? A votre place jaurais peur Il suffit de si peu et crac Un de ces jours le fond dun sac Smera derrire votre dos Les lambeaux de votre fardeau Goutte goutte et touffe par touffe Et plouf! Suffit quun pcheur la ligne Un jour sorte de sa consigne Un de ces mille et un bagages Oublis au cours dun voyage Ou que je renonce me taire Que je lche un bout du mystre Au bout dun comptoir lesbrouffe Et plouf! Que, raide, un matin sur ce quai On vous trouve entre deux paquets Triste la vie que votre vie A propos, tes-vous suivi? Je veux dire, par un docteur? Tous ces va-et-vient plus dheure A nos ges le coeur sessouffle Et plouf! Mais naie rien craindre, Monsieur, Je suis simplement un curieux, Un curieux manquant de sommeil Qui vous escorte dans vos veilles Comptant vos venues sous le pont Comme on compterait des moutons

Avant que le fleuve les bouffe Et plouf! Et vous allez rentrer chez vous Rue Gt-le-Coeur, pas de loup, Voisin parmi dautres voisins Dessins par lombre au fusain Bonne nuit, au revoir Monsieur Auriez-vous par hasard du feu? Jai mouill ma bote dalloufs Et plouf!

Chanter des foisDemain il fra beau Manille Si a strouve jai rien y faire Mais l-bas jsuis sr quy a une fille Qui va smouiller la nuit entire Pour vingt dollars Chanter, chanter des fois a mfout lcafard {x2} Peut-tre quil fra beau Sarcelles Quand un mec en panne dallumettes Se balancra des balcons du ciel Et quon dessinra sa silhouette Sur un trottoir Chanter, chanter des fois a mfout lcafard {x2} Vendredi, Fleury-Mrogis Vingt heures, cest fou comme le temps passe Dans le regard de Knobelspiess Deux saccharines au fond dune tasse De caf noir Chanter, chanter des fois a mfout lcafard {x2} Tes belle comme une bulle de Perrier La rue sest faite une mise en pluie Le dix-sept a fini dernier Dans la cinquime Chantilly Un vrai tocard Chanter, chanter des fois a mfout lcafard {x2} La voisine mal caresse Va senvoyer au quatrime Marie-pilule au rez-d-chausse Se beurre un sandwich au tranxne Dans sa baignoire Chanter, chanter des fois a mfout lcafard {x2} Peut-tre que dans ltemps il fra beau

La mort a jamais fait ses preuves Et ce con la mto Qui compte pas les larmes qui pleuvent Sur mon buvard Chanter, chanter des fois a mnoie lcafard Chanter, chanter des fois a mnoie lcafard Chanter

Chez le jardin du poteChez le jardin du pote La brouette est dj prte Pour aller chercher le prtre Qui dailleurs ne viendra pas La pendule dit "Tant pis" Une vache dcatie Vient pour lui tendre son pis Et partager son repas Rteau, hrisson, poilu Poireau, carotte, Caca-poupe, Francine, Jacques Chez le jardin du pote La marchande damulettes Brlante sous sa jupette Arrose un plant de tabac Le soleil nest pas brillant Mais la vache en asseyant Son gros cul sur le pliant Dit "Jen ferai pas un plat" Binette, serfouette Bote aux lettres, chat tigr Souris en plastique, pissenlit Chez le jardin du pote La grosse vache Paulette Allume une cigarette Et se rajuste les bas La soire fut formidable Il dbarrassa la table La bte gagna ltable En trmoussant ses appas Pivoine, hortensia, avoine Pure d pois, mgot, artichaut Un raton-laveur et la mer, la mer Chez le jardin du pote Rouille une roue de brouette Les pitres analphabtes

Sont peu de choses ici-bas Une vache dit "Tant mieux" Fermant doucement les yeux En couchant son cul gracieux Sous son cabanon de bois

Chien d'ivrogneQuand le jour vient et qules putains Une une teignent leurs fesses Les chiens divrogne vont au gratin En tenant leurs matres en laisse Chien divrogne cest plus dur quon croit On part six heures lembauche Faire tous les bars du ct droit Redescendre par ceux de gauche Neuf, dix, onze, douze, et plus quil boit Plus quil devient beau mon ivrogne Plus quil perd ses poils et aboie Et marche quatre pattes et grogne Faut le rentrer avant quil morde Je le tire jusqu son lit L, je le couche, je le borde Et mendors ct de lui On est dune famille exemplaire Dix gnrations quon nous bisse Si lhritier fait comme son pre Tu sras chien divrogne mon fils Et quand tu seras chien divrogne A toi dmriter ton dner Tendre la patte la patronne Tenir un sucre sur ton nez Laprs-midi devant les trocs On commente les faits divers "Machin a refus son verre!" "Dugommier - Ah ah! - est en dsintox!" Sous les stores trous des bistrots On fait des rves de caniche Quon danse sous un chapiteau Ou quon a du feu dans la niche Le trente du mois, pour viter Les comptoirs o y a des ardoises

On fait ldtour des salons dth Renifler lcul des Pkinoises Arrire, matous et clbards De tout poil, et vos pedigrees Qui nous snobez devant les bars En nous traitant de chiens darrt On est des chiens dans la mme peau Du Saint-Bernard au chien daveugle On garde un berger sans troupeau On est dix pour le prix dun seul Ah, quand viendra ma dernire heure Petit, cris sur la couronne Ici gt, ce fut son honneur Et sa passion, un chien divrogne.

Combien a coteDis, la maison, tu sais A Libourne-sur-Oise Sa chemine en craie Et ses tuiles en ardoises Petite comme un mot Grande comme une bote lettres Le jardin des poireaux Le sourire des fentres Jaimerais quon y vive Quon y crive un livre Sans crayon, sans papier En regardant scher Tes robes goutte goutte Combien a cote Combien a cote En fric en frac en troc En peau de bb phoque Combien a cote En beurre ou en glaons En or ou en chanson Combien a cote? Combien a cote? La paix, tu sais, la paix Ce souvenir denfance Quand nos tympans tapaient Au rythme du silence La paix, la foule nue Nos voix qui graphitisent Le front ttu des rues Lillet la chemise Tes cuisses dans le foin Et nos gros mots de mmes Des baisers plein les poings Qui caressaient les routes Sur nos vlos en chrome Combien a cote Combien a cote En fric en frac en troc En peau de bb phoque

Combien a cote En or et en glaons En beurre et en chanson Combien a cote Combien a cote Lavion en bout de piste Gonfl de survivants Les mains de la fltiste Et lorgasme du vent La pluie sous ton imper Les banquises du sable Le salaire de mon pre Rpandu sur la table Jaimerais que tout compte La jonquille et la honte Et le dernier vaisseau Qui court dans mon cerveau Du bonheur plein ses soutes Combien a cote Combien a cote En fric en frac en troc En peau de bb phoque Combien a cote En beurre et en glaons En or et en chanson Combien a cote Combien a cote

D'osaka tokyoMon amour, je tcris dans le Boeing en feu Qui plonge vers la mer. Je ne reviendrai plus DOsaka Tokyo, je suis devenu vieux Ai-je fait sur la Terre ce quil aurait fallu? Je prie pour quon retrouve ce dernier mot de moi Sous cent tonnes dacier au fond de locan Devant, cest la montagne, mon coeur sur la paroi Se brisera bientt. Embrasse les enfants Je te vois au hublot et les petits qui courent Sur le flanc des nuages. Il ne faut pas quon pleure Si javais su quhier tait le dernier jour O je tenais vos mains, jaurais t meilleur Mon destin, a ntait quune paire de ciseaux Qui guettait mon envol pour me trancher les ailes Ma vie va seffacer des murmures de Tokyo Je plonge vers la mer, le ciel me vienne en aide Mon amour, je tcris dans le Boeing en feu

Dans le sac main de la putainDans le sac main dla putain Y a des pilules et du fond dteint La tronche dun mec perdu en mer Les lettres jaunies dune mre Qui la croit vendeuse au Printemps Et qui y envoie pour ses trente ans Un pauvre billet pli en sept Pour quelle spaye un mini-cassette La putain, dans son sac main Y a du rouge fivre carmin Le portefeuille de son maqureau Sa fausse dclaration dimpts Et la conscience de ceux qui casquent Pour avoir le droit dtre flasque Ceux qui prennent quand ils font lamour Leur vessie pour un abat-jour La putain, dans lfond dson sac Elle balance coeur et cul en vrac Les faits divers de Lib-soir De la crme pour pouvoir sasseoir Et des cigarettes bout jaune Pour incendier les toits dsa zone O elle rviendra tartine dpze Sachter lbar du boulvard Thorez Dans le sac main dla putain Y a un rverbre et un train Y a de la dope vingt pour cent Et un rasoir sraser lsang Un savon et un gant dtoilette Dix centilitres de violette Et les serments damour en kit De ceux qui la baisent et la quittent Dans le sac main de la pute Y a deux cent mille balles de turluttes Deux cent mille de barbe papa Pour le mme quelle naura pas

La page quarante-trois du missel Croche son porte-jarretelles Et la lettre de sa maman Qui la croit vendeuse au Printemps

De ces temps malibuDe ces temps Malibu Vous souvient-il, ma belle, De Franois La Gonflette Et de ses carbonades Et puis de Saccharine Et de son chien Poubelle De Groggy La Cannette Jackpot, le camarade? Nathalie presbytait De bordel en clocher quatre dans son lit On suivait les J.O. On lisait Ouest-France Quand on se faisait chier On repeindait le monde la peinture leau Un jour, nous reviendrons Revoir la Normandie Ses pommiers pleins de nuds Et ses fleurs de calva Les gosses du pays De leurs beaux yeux rougis Nous salueront de loin La paume sur le foie Julie, fais les valises La civilisation Nous attend pour conter Ces instants pathtiques Jentends le train piaffer la gare de Lison La pizza nous attend Dans le four lectrique

Donne-moi de mes nouvellesSans tavouer que je me manque Donne-moi de mes nouvelles Dis-moi dans quel port se planque La barque de ma cervelle. Me crois-je encore guitariste? Comment vis-je, comment vais-je? Ai-je toujours le front triste Dun professeur de solfge? As-tu rendu au voisin La page du Tlrama Dont il avait tant besoin cause du Dala Lama? Vis-tu encore avec moi? How am I? Im not so well De ma sant je men fous Cest surtout de mes nouvelles Prs de toi dont je suis fou Ma chienne Lou est-elle morte? Ai-je arrt de fumer? Combien de rosiers avortent Avant davoir parfum? Est-ce que mon ombre chinoise A langle du cinma A enfin pay lardoise Du restaurateur chinois? Vis-tu toujours avec moi? Donne-moi de mes nouvelles Et ma singlette carreaux Fait-elle toujours des merveilles Au championnat de tarot? Connat-on encore Leprest? Fait-il encore des chansons? Les mots vont, les crits restent Souvent sous les paillassons

Cest quelle heure de quelle semaine? Cest quelle saison de quel mois? Longes-tu toujours la Seine Au bras de mon frre siamois? Vis-tu toujours avec moi? Donne-moi de mes nouvelles File-moi le bolro Du tlphone Ravel Et de mon dernier bistrot Comment vais-je? Comment boitent Mes pauvres pieds dharicots? Et suis-je encore mis en bote Avec mon drapeau coco? On sest promis tant de plages Au bord des panoramas Es-tu encore du voyage Avant mon prochain coma? Vis-tu toujours avec moi? Viens-tu toujours avec moi?

DraguesQuand les gars d Paris Montaient sur la cte Brillants et bronzs De la tte aux roues Chantal et Marie Franoise et les autres Quittaient nos genoux Elles couraient s mirer Se rouge--lvrer S coiffer dans les chromes Des voitures de sport Qui s dcapotaient leur arrive Devant lhtel du port Nous, les cons du coin Le cur en cale sche On courait draguer Les grands chalutiers Louer nos bras vides Aux patrons de pche Les trois mois dt Les trois mois dt O les gars d Paris Dans les casinos Faisaient un sans faute Remontant d leurs filets Chantal et Marie Franoise et les autres Nous, pendant ce temps-l Poisseux de poisson Quest-ce quon pouvait faire? Attendre et attendre Et souffler l soleil Au bout dun hameon Jusquau froid d septembre Au premier brouillard On touchait la cte

Les rues taient vides Le ciel tait mort Chantal et Marie Franoise et les autres Guettaient sur le port

EdithCest tout au fond du Pre-Lachaise Dans la section quatre-vingt-seize Quelle a trouv son dernier nid Entre le mur des Fdrs Couvert de roses et le carr Maudit de Modigliani Cest ici son premier repos Ici que Tho Sarapo Dort dans la cage de ses ailes Si la tombe parat petite Cest quil fallait trop de granit Pour quelle soit son chelle Gnral au buste pompeux Qui ne texcuses plus du peu Cest du marbre sans pitaphe Cest la plus petite des tombes Cest celle dun moineau dont lombre Couche ton grand cou de girafe Non rien de rien sur les paules Elle hante un curieux music-hall Les feuilles des arbres la bissent Chrtien, accorde ton roi Un jour la permission de croix Pour que ces deux mains lapplaudissent Un faisceau de lune lointaine Un dernier projo sur la scne Molire lcoute chanter Un cimetire, cest un thtre Dans les ranges coutez battre Le coeur gros de lternit Sais-tu comment font les artistes Pour ne pas rendre la mort plus triste Quun "au revoir" au bord dun quai? Suffit que lamour ait un hymne Des millions damants anonymes Viennent y planter leur bouquet

Cest tout au fond du Pre-Lachaise Dans la section quatre-vingt-seize Quelle a trouv son dernier nid Madame Lamboukas Edith Dite "Piaf" dans lombre maudite Du peintre Modigliani

En joueElle joue sur sa guitare Des airs du rpertoire Il joue au PMU Des chevaux inconnus Le voisin, le rappeur, Il joue se faire peur Quant au voisin den-bas Il joue les fiers--bras {Refrain, x2} Cest la vie, cest la vie Cest la vie, cest la vie Tout le monde en joue Le concierge sembte Et joue les trouble-fte La vie lui joue des tours Dans ses pokers damour Le temps est orageux La bise joue le jeu Mais souffler nest pas jouer Le temps va se fcher {au Refrain, x2} Le couple den-dessous Tous les deux, sans rajout Jouent saimer encore Dans ce curieux dcor Leur petit est plus drle Il joue son premier rle En brisant ses jouets Il joue guichet ferm {au Refrain, x2} Musaraigne ou matou Nous, on se joue de tout On joue la manille On se la joue tranquille On se mange les joues Et des prunes dAnjou

On fait sur nos plumiers Des joutes doreillers {au Refrain, x2}

Entre nicole et nicolasDouze ans, sous le prau trou Le front bas sous les marronniers Les jambes bronzes jusquau short On entendait mourir les portes Petit Paul me servait table Cest moi qui portais son cartable Et entre copine et copain... pain Lamour nous poussait dans les coins Devant la grille de lcole O vont partir nos premiers pas Entre Nicolas et Nicole Entre Nicole et Nicolas Douze ans, le printemps est un risque Les crayons gommes taient pas mixtes Paul sinstallait son pupitre Nicole rvait derrire la vitre Nicolas tait devant nous Un sparadrap sur les genoux On a douze ans, le monde ment... ment On a besoin de pansements A douze ans, on na pas de rle On nest ni maman ni papa Un jour jai prfr Nicole Mon pote a choisi Nicolas Douze ans et dix doigts dans les poches Tout con, tout ptit, tout sale, tout moche Sous les marronniers moi et Paul Entre Nicolas et Nicole Entre les deux on fsait des bulles A douze ans, on est funambule Elle tait belle, il tait beau La pluie perait sous le prau Un jour lentre de lcole Ma bouche a rencontr Nicole La main de Paul se consola Sur lpaule de Nicolas

Devant la grille de lcole O vont partir nos premiers pas Entre Nicolas et Nicole Entre Nicole et Nicolas

Etes-vous l ?[Allain]: Vous tes l tes-vous l? Grand Guy, Jacquot, Riton, Paula Julien la mouche et Petit Lu Frangins que labsence traverse Dans quel vers faut-il que je verse Le vent que vous ne boirez plus? Cons de gnie, figues de poires Jentre ici pour ne plus y boire Et jy suis la seule main qui tremble Y a des jours au bar des fantmes Crochus pas crochus les atomes Continuent de mentir ensemble [Olivia]: Il est lheure o les chats se couchent Un accordoniste aveugle Ecoute le doigt sur la touche Le Big Bang avant le grand Bug [Allain]: Etes-vous l? Vous tes l Dans vos guenilles de gala Le smoking de vos trente-cinq heures Pauvre bistrot bel opra Je reviens suspendre mes bras A vos cous de merles moqueurs Je reviens de vieille migrance Trinquer contre vos transparences A lauberge des feux follets Au milieu des toux en cho Des ombres crasent leurs mgots Dans les cacahutes sales [Olivia]: Le loufiat avale une mouche Et laccordoniste aveugle Ecoute le doigt sur la touche Le Big Bang avant le grand Bug [Allain]: Etes-vous l? Vous tes l Llectrocardiogramme plat Du flipper et vos derniers scores Rsonnent encore au chiffre pile O le temps a vid vos piles O le sang a quitt vos corps Etes-vous l? Vous tes l Henri que la haine toila Un petit matin de Vel dHiv Chardonneau du mtro Charogne

Chevalier la triste trogne Et des amitis maladives [Olivia]: La patronne a fait une touche Et laccordoniste aveugle Ecoute le doigt sur la touche Le Big Bang avant le grand Bug [Allain]: Vous tes l tes-vous l? Cocus dhorizon chocolat Aux rires taills la gouge Restez fontaines invisibles Torses ttus comme des cibles Csar des comptoirs paumes rouges Vous tes l je sais le son De vos haleines et du glaon Qui se consume dans vos bocks Et celui du pleur venu choir Sur les carreaux de vos mouchoirs Les injures qui sentrechoquent [Olivia]: Le mtro referme sa bouche Et laccordoniste aveugle Ecoute le doigt sur la touche Le Big Bang avant le grand Bug [Allain]: Vous tes l tes-vous l? Dans le juke-box en formica Dans mon harmonica rouill Vous tes l, beaux disparus Archanges arpentant la rue Marie Paul-Vaillant-Couturier Etes-vous l? Vous tes ici Allez boire l-bas si jy suis Allons boire l-bas si on y est Et si les orages ont noy Vos whiskies dans mon encrier Laube remettra sa tourne [Olivia]: Quel serveur envoie la louche De laccordoniste aveugle Ecoute le doigt sur la touche Le Big Bang avant le grand Bug Il est lheure o les chats se couchent Un accordoniste aveugle Ecoute le doigt sur la touche Le Big Bang avant le grand Bug

Fini les balochesFini "Dansezvous madmoiselle?" Fini d stourdir plein ciel Sous un parapluie d feux d Bengale Et les confettis en ptale Tombant dans les soutien-loloches Fini les baloches Fini le dernier tube dElvis Press par laccordoniste Et ses cent dix doigts au galop Sur les pions d son Cavagnolo L coup d vent quparpille les partoches Fini les baloches Et la drague faon cinma "Tas dbeaux yeux, tu sais. Embrasse-moi" L coup dil avec poutre apparente La ptite la langue sauce piquante Un tour de Vespa, la galoche Fini les baloches Fini le tango des bquilles Le baston, le coup d boule tranquille Dans la tronche du temps qui court Et les capsules de Kronenbourg En cartouchire sur la brioche Fini les baloches Fini le quatre vingt et un des curs La ptite veille par la grande sur Les couples marqus "peinture frache" Qu peine leurs lvres sont sches La nuit dehors les effiloche Fini les baloches Et toi qui ten fous, pomme leau Si tes l, cest grce ce slow O ton pre gagn ta mre Au concours des clibataires Dans l dos de sa future belle-doche

Fini les baloches Au bout d la rue y a un dancing Ca sappelle "La Danse du Cygne" Quand a y foire avec ta brune Au moins, tas les chiottes une tune Pour t finir par un trou d ta poche Fini les baloches

Garde-moi, la merGarde-moi, la mer, garde-moi Blotti dans ton profond coma Avec ma gueule et ma fanfare Avec le vieux feu de mon phare Pareil quun briquet damadou Et ma manie de perdre tout Avec mes frusques avec mes tics Mes trucs De milliardaire sans fric Mes cris de noy la noix Garde-moi Garde-moi, la mer, garde-moi Contre la grippe des frimas Contre lge et contre moi-mme Contre les ennemis qui maiment Garde-moi contre ceux qui rient Qui comptent, qui gestent, qui prient Contre le vertige qui ment Et lassassinat des serments Contre tout et tout contre toi Garde-moi Garde-moi dans ton bikini Garde-moi au fond du tamis Garde-moi, la mer, comme on garde Sa vieille montre qui retarde Avec sa rouille et son heure fausse Avec les rendez-vous quon chausse Comme on garde un mini pays Un territoire tout petit Qui pisse dans son pyjama Garde-moi Garde-moi, la mer, garde-moi Dans tes archives de cinma Dans tes rouleaux de pellicule Garde-moi aprs la virgule Aprs la dernire cigarette Avec mes ongles et mes artes Avec mon cur et mes travers Dilu tout au fond du verre

Dans le ciel de ton estomac Garde-moi, la mer, Garde-moi

Gens que j'aimeGens que jaime Gens que jaime Qui se partagent, qui se livrent, Qui se lisent comme des livres, Qui dorment sans drap sur le cur Gens que jaime me sont rests De tous les chemins traverss Sans le moindre aveu dcousu Et nen eurent jamais raison Le vent ni sa gifle tratresse Ou ses feuilles moche saison La branche ou le carnet dadresse Dix doigts cest bien pour se compter On ne rajoute pas dallumettes On est si peu de ce ct Ah, ce que nos mains sont bien faites!

Good bye gagarineLa lune allume son ptit rchaud Tu vas avoir du croissant chaud Dans ton grand bol de voie lacte Dans les cieux, tout est becqueter Il ne manque que la margarine Good bye Gagarine L-haut, avec un seul kopeck On a tout, et le coeur avec Lespace est un grand magasin Et le vide un cousin lointain Qui ronge sa caisse en vitrine Good bye Gagarine Des requins lchent tes hublots En haut, en bas, tout est leau En haut, en bas, tout est vendre Touvres un sourire sur ton scaphandre Avec une cl dbote sardines Good bye Gagarine As-tu crois le vieux Saint-Ex? A-t-y rpar son solex? Trane-t-y encore, ce sale gamin Qui voyait lavnir des humains Pas plus gros quun grain de farine? Good bye Gagarine Moi, quand jrvais dtre cosmonaute Ctait pour faire baver les autres Ceux qui croyaient monter aux cieux En se tirant par les cheveux Les bras emplis de ballerines Good bye Gagarine Paratrait que de ta capsule On voit la Terre comme une bulle Un lion te salue de sa jungle Et ltoile polaire tpingle Ses cinq branches sur la poitrine Good bye Gagarine

Sous ton aurole lectrique Les esturgeons de la Baltique Sautent au soleil comme des carpes Toi, tenfiles un bras en charpe Autour du cou de Marylin Good bye Gagarine Longue ternit et vieux os Zorro, DArtagnan du cosmos Toi qui disais que dans lau-dl Manqura toujours un brin dlilas Pour nous fredonner aux narines Good bye Gagarine

GoyaEt la robe sentrouvre Une orange sy trouve Et le ventre Des ombres pices Sur la fente offense De linfante Gorge de rossignol Presque reine espagnole Quand Goya Presque roi Picasso Du bout de son pinceau Leffeuilla Sur le lit rien ne bouge Et Goya, dun trait rouge, Peint ses lvres On devine une ride On croirait que Madrid A la fivre Couche sur sa palette Une princesse allaite Et invente Au dos de son tableau LEspagne de Pablo Qui senfante Cest latelier du peintre O repose ltreinte la reine Le sang chaud du taureau Les taches de Miro Dans larne Linfante dfroque Love sur le parquet En thuya La muleta carmin Et lorchestre des mains De Goya

Il pleut sur la merIl pleut sur la mer et a sert rien Qu noyer debout le gardien du phare Le phare, y a beau temps quil a plus dgardien Tout est lectrique, il peut bien pleuvoir Aujourdhui dimanche Sur la Manche Il pleut sur la mer, cest bien inutile Ca mouille la pluie, cest du temps perdu Les mouettes sennuient, blotties sous les tuiles Il tombe des cordes et leau sest pendue Aux plus hautes branches De la Manche Il pleut sur la mer et a sert rien A rien et rien, mais quoi sert quoi? Les cieux, cest leur droit davoir du chagrin Des nuages indiens vident leur carquois Cest lt comanche Sur la Manche Il pleut sur la mer, leau, quelle imbcile! A croire que la mer se pisse dessus Saborde ses ports, ses cargos, ses les Tas lair dun moineau sous mon pardessus Dune corneille blanche Sur la Manche Il pleut sur la mer et a nous ressemble De leau dans de leau, cest nous tout crachs Et nos yeux fondus au coeur de septembre Regardent rouler des larmes gches Curieuse avalanche Sur la Manche

Il pleut sur la mer, cest con comme la pluie Peut-tre cest nous qui sommes lenvers Lamour a des nuds plein sa mise en plis Ca nous fait marrer, il pleut sur la mer Aujourdhui dimanche Sur la Manche

J'ai peurJai peur des rues des quais du sangDes croix de leau du feu des becs Dun printemps fragile et cassant Comme les pattes dun insecte Jai peur de vous de moi jai peur Des yeux terribles des enfants Du ciel des fleurs du jour de lheure Daimer de vieillir et du vent Jai peur de laile des oiseaux Du noir des silences et des cris Jai peur des chiens jai peur des mots Et de longle qui les crit Jai peur des notes qui se chantent Jai peur des sourires qui se pleurent Du loup qui hurle dans mon ventre Quand on parle de lui jai peur Jai peur, jai peur, jai peur Jai peur Jai peur du coeur des pleurs de tout La trouille des fois la ptoche Des dents qui claquent et des genoux Qui tremblent dans le fond des poches Jai peur de deux et deux font quatre De nimporte quand nimporte o De la maladie dlicate Qui plante ses crocs sur tes joues Jai peur du souvenir des voix Tremblant dans les magntophones Jai peur de lombre qui convoie Des poignes de feu vers lautomne Jai peur des gnraux du froid Qui foudroient lpi sur les champs Et de lorchestre du Norrois Sur la barque des pauvre gens Jai peur, jai peur, jai peur Jai peur Jai peur de tout seul et densemble Et de larchet du violoncelle Jai peur de l-haut dans tes jambes

Et dune toile qui ruisselle Jai peur de lge qui dpce De la pointe de son canif Le manteau bleu de la jeunesse La chair et les baisers vif Jai peur dune pipe qui fume Jai peur de ta peur dans ma main Loiseau-lyre et le poisson-lune Eclairent pierres du chemin Jai peur de lacier qui hrisse Le mur des lendemains qui chantent Du ventre lisse o je me hisse Et du drap glac o je rentre Jai peur, jai peur, jai peur Jai peur Jai peur de pousser la barrire De la maison des glantines O le souvenir de ma mre Berce sans cesse un berceau vide Jai peur du silence des feuilles Qui prophtise le terreau La nuit ouverte comme un oeil Retourn au fond du cerveau Jai peur de lodeur des marais Palpitante dans lombre douce Jai peur de laube qui parat Et de mille autres qui la poussent Jai peur de tout ce que je serre Inutilement dans mes bras Face lhorloge ncessaire Du temps qui me les reprendra Jai peur, jai peur, jai peur Jai peur Jai peur

J'tais un gamin laidJtais un gamin laid Qui serrait des cailloux Dans sa main sans ami Sale comme un balai Gonfl comme un biniou De gros mots et de bruits Avec un pansement Que jappelais maman Les jours de pas de chance Un grand sabre en papier Au ciseau dcoup Dans un Huma-Dimanche Jtais un jeudi vide Qui lchait des carreaux Aux lucarnes des chambres Sur des feuilles humides Plongeant son coeur idiot En habit de scaphandre Papa sappelait papa La rue sappelait pas Elle venait toute seule Lancer sous la fentre Quelques refrains natre Des taches plein la gueule Jtais un gamin vert Arriv en soucoupe Dans un htel du Nord Dix ans aprs la guerre Deux heures avant la soupe Trop tt avant sa mort Coul dans le ciment Coinc dans ses volires Quon tresse pour vriller Hrditairement Aux saisons ouvrires Les enfants douvriers Et ce que je raconte Dans tout ce qui remonte Cest peut-tre pas vrai

Je suis n au hasard Nu dans la mme gare Do je repartirai Sans avoir jamais su Si jtais attendu Si jai fait bonne route Si jtais un pkin Qui attendait quelquun Sans que quelquun sen doute Sans avoir jamais su Si jtais attendu Si jai fait bonne route Si jtais un pkin Qui attendait quelquun Sans que quelquun sen doute

J'habite tant de voyagesJe sais, je sais, cest le Monde Partout o mnent mes pas Je ne men retranche pas Je le sais, cest notre Monde Cest le cocon des humains Mais est-ce vraiment le mien? {x2} Je sais, je sais, cest la Terre a nest pas un sacrifice De me croire un peu son fils Je le sais, cest notre Terre Quatre murs, quatre saisons Sont-ils vraiment ma maison? {x2} {Refrain, x2} Jhabite tant de voyages De creux, de mains, de nuages Jhabite des cieux sans bornes Rien qui nait vraiment de forme Je le sais, cest la plante Jy sme ce que je pleus Des parfums de tabac bleu Je sais, cest notre plante De lcume et de la roche Mais suis-je vraiment son proche? {x2} {au Refrain, x2} Je le sais, cest un des astres Le plus beau de lUnivers Je sais, cest un livre ouvert Je le sais, cest un dsastre Cest un joyau dans lEspace Y suis-je bien ma place? {x2}

Je hais les gossesDs que lenfant parat, jme casse Jpeux pas sentir les pue-la-pisse Jleur mords les joues quand jles embrasse Et quand ils pleurent jleur pince les cuisses Cest mon truc, cest mon sacerdo-o-ce Je hais les gosses Fais dodo, ptit con, si tu dors Jtachetrai un ptit rat en pluche Vivment cthiver, qutu couches dehors Ctt tu couchras dans la ruche Avec le chat dla Carab-o-o-sse Je hais les gosses Jte chante des berceuses tue-tte Tas tes ptits yeux bouffis dsommeil Demain, jtendors la trompette Et pour qua trentre mieux dans loreille Jte couprai les cheveux en bro-o-sse Je hais les gosses Daccord, tu veux un peu dpognon Normal, mais on ljoue au bras dfer Si tu gagnes, pour ta communion Jtachetrai une winchester Avec mon prnom sur la crosse Je hais les gosses On ira voir la tour Eiffel Je nouerai tes deux groles ensemble On descendra par les poutrelles Ma parole, on dirait qutu trembles Si tu tombes, a mfra des bosses Je hais les gosses Jai beau tre dur, je suis pas chien Comme on les a, on les nourrit Mon maigrelet, jvois bien qutas faim Fini la gamelle de Kiki

Il reste un peu dviande sur son o-o-os Je hais les gosses Ds que lenfant parat, jme casse Jpeux pas sentir les pue-la-pisse Jleur mords les joues quand jles embrasse Et quand ils pleurent, jleur pince les cuisses Cest mon truc, cest mon sacerdo-o-ce Je hais les gosses

Je ne te salue pasJe ne te salue pas Toi qui vis dans les cieux Athe, jhabite en bas De ton toit prtentieux En fumeur de havane Gros beauf qui te pavanes Au milieu des charniers Avec tes dobermans Je ne te salue pas Toi qui te crois mon Dieu Je ne te salue pas Toi qui vis dans les cieux Pacha, mauvais sherpa Coupeur de bites en deux P.D.G. des nuages Vendeur de faux voyages Dealer de poudre aux yeux Metteur de filles en cage Je ne te salue pas Toi qui te crois mon Dieu Je ne te salue pas Toi qui vis dans les cieux Le monde, et pourquoi pas? Un gosse aurait fait mieux Fait lamour latome Doubl la couche dozone Eve aurait eu le droit De faire des tartes aux pommes Je ne te salue pas Toi qui te crois mon Dieu Je ne te salue pas Toi qui vis dans les cieux Je suis n Couba Quelque part en banlieue Tes bourses Washington Ton pape et ta madone Lunivers les oublie Et Satan les pardonne Je ne te salue pas

Toi qui te crois mon Dieu Je ne te salue pas Toi qui vis dans les cieux A mon dernier repas Appelle-moi "Monsieur" Pas "mon fils" ni "machin" Un pre, jen ai dj un Qui arrachait les clous Quand on clouait mes poings Je ne te salue pas Toi qui te crois mon Dieu Je ne te salue plus Toi qui vis dans les nues Si ton plafond seffondre Epargne un peu le monde Mais quau moins soient sauvs Ceux qui savent leurs avs En ce qui me concerne Je balance un pav Un pav rouge et bleu Dans la vitre des dieux Se peut-il tre sans clocher Une insulte pour tapprocher?

Je viens vous voirCest des marmots, cest grand comme a la la A Bogota, cest des forats la la Ca mord, a meurt, a pioche dans lor Ca gagne des gnons et lsoir a dort Sur loreiller de leur trottoir Va donc les voir Elle est toute seule dans sa cuisine la la Plus de clbard, plus de cousine la la Y a plus rien dchaud dans son frigo Y a plus despoir, y a plus dcho Plus de dsir, plus de mmoire Va donc la voir Il est en berne, il tire sa peine la la Il prend tout seul son caf crme la la Il stire une balle mais il se loupe Dix balles cinquante dans la soucoupe Y a plus dhistoire, plus de pourboire Va le revoir Taimes pas Manet, taimes pas Beethov la la Taimes pas aimer, taimes pas I love la la Toi taimes rien, taimes que ton chien Tas leau chez toi mais leau cest rien Quand tas personne pour lentreboire Va te faire voir Ca manque damour dans la basse-cour la la Le bon Dieu a les bras trop courts la la Les gens sont beaux, le monde est bte Quand on jettera des cacahutes Dans lfond du zoo au fond du square Venez vous voir Je chante ce soir pas loin dHonfleur la la Jmange un piano vers les vingt heures

la lalala Je ramne tout lmonde, les gosses, ma gueule Le mec perdu, la vieille toute seule Cest pour lamour, pas pour la gloire Je viens vous voir Cest pour lamour, pas pour la gloire Je viens vous voir

Josphine et sraphinElle tait grosse, Josphine Elle tnait la petite picrie fine Il tait rouge, Sraphin Il vendait la bire et le vin Ctaient dix mecs moiti pleins Sur un vieux comptoir en sapin Dix tagres moiti vides Du pain sec, des gteaux humides Et du laurier pour le parfum Chez Josphine et Sraphin Ils remplissaient sur le comptoir Les rubriques de France-Trottoir Josphine aux curs crass Aux cases noires des mots croiss Sraphin tenait ldito Midi, ctait la mto Ses prophties rhumatismales Vingt heures, on bouclait l journal "A dmain", ctait l mot d la fin Chez Josphine et Sraphin "Ma ptite Madame, faut bien quon "rille" Et trois douzaines de lentilles Puis deux en cadeau qui font vingt" Disait en riant Sraphin Maman payait, jamais contente Il notait dune main hsitante Les cigares au prix des Gauloises Et sa manche effaait lardoise Ils taient fauchs, bah devine Le Sraphin et Josphine Cest pas que a soye un dfaut Mais Josphine chantait faux Comme elle fsait trois fois la Callas On a souvent craint pour ses glaces On lui fsait l coup de lescabeau D lenvoyer jusquau dernier pot Chercher un rouleau de rglisse Pour voir dix centimes de cuisse

Ctait marrant mais pas trs fin Pour Josphine et Sraphin Machin, en crasant les prix A cras leur picrie Machin, en entassant les sous Etouffe les gens en dessous Les attrape-cons font le qui-vive Entre deux barils de lessive Tu vas rire mais des fois jai peur Daller leur conglateur Et dy trouver main dans la main La Josphine et le Sraphin Et dy rtrouver main dans la main La Josphine et le Sraphin

Joyeux nolPetit papa Nol Quand tu descendras la poubelle Noublie pas de prendre le courrier Pttre que lchmage est arriv Petit papa Nol Ce soir, jai les boules de Nol Couvertes de neige artificielle Jai froid tout au fond de la molle Y a les radiateurs qui battent de laile Si a continue, jvais boire d lanti-gel Joyeux Nol Joyeux Nol Petit papa Nol Tu sais, lgamin sest fait la paire Je sais pas qui se fait la mre Mais ramne une jeune fille au pre Petit papa Nol Sur ma crche il y a des scells Des guirlandes en fil barbel Pis des conneries la tl Jai mis mes sabots au conglateur La voix de Tino sur le rpondeur Joyeux Nol Joyeux Nol Petit papa Nol Jai pas envie daller au lit Tout seul comme un vieux confetti Jvoudrais menvoler comme E.T. Plus rien fumer Y a plus un mgot Je roule les pines dans lpapier cadeau Joyeux Nol Joyeux Nol

JulieJulie, tes jambes dans les herbes Le compas de ta course En nos bouches de simples verbes La salive et la source Saimer, cest quitter le solide {x2} Habiter vers les cieux Abriter dans nos curs liquides Des volcans silencieux Julie, me tendre vers tattendre O lautomne se couche Frler ton paule et rpandre Un souffle de ta bouche Vivre, cest quitter le solide {x2} Nos cris de survivants Pitiner des sentiers humides En semelles de vent Julie, tes paupires possibles Tes robes aux jusants Le sable soluble, ta cible Offerte locan Chanter, cest quitter le solide {x2} Cest marcher sur les flots Quitter laride, compter les rides Douces des flaques deau

L'criture, c'est la parole des mortsElle navigue entre deux eaux, mamie Elle est belle comme un cours deau dans son lit La mer la regarde avec les yeux dun homme Le sang et leau sale, cest tout comme Un prnom de bateau, une bouteille la mer Tiens, prends en photo la grand-mre a fait plus joli dans le dcor Et lcriture cest la parole des morts {x2} Les poissons sont sympas dessiner Les enfants les aiment, ils nont pas d nez Jette, petit, lencre sur ma feuille Trace en bleu tes signes de deuil Carr blanc sur fond blanc, sacr Malevitch! Pour un tableau faut tre riche Toi, tu peux pointer laurore Parce que lcriture cest la parole des morts {x2} Les mots senfuient de la bouche comme des sauvages Ds quils tombent, ils se mettent la page Sils rebondissent, on les cloue dune rature Au pire on les gomme comme la merde dune chaussure Nage, petit frre, sur le trottoir Tu coules quand il y a plus rien boire Tu veux oublier le calligramme de son corps Parce que lcriture cest la parole des morts {x2} Pour gagner un mensonge de libert

Je mets quelques mots de ct Quils senvolent par petite brise Jusqu vos oreilles bien assises Arrte, mamie, de rgarder la mer Bte mourir sur la terre Allez, cans, quitte cet ocan coute ma chanson, parole de vivant {ad lib}

L'horlogerDerrire sa vitrine La fine farine Des annes Tombe des horloges Comme les grains dorge Dun grenier Entasse des sacs De tic et de tac Sous son nez {Refrain:} Qui rparera Demain son cur Lhorloger? Qui rparera Demain son cur Lhorloger? Cest a, la magie Du temps qui blanchit Les cheveux Abracadafroid! Et la vie ny voit Que du feu Sous laiguille moudre Une une en poudre Les journes {au Refrain} Lhumble chirurgien De ce temps de chien Enrag Qui ouvre et recoud Le ventre au coucou Fatigu Quand sonnera lge Des premiers rouages A changer {au Refrain}

Les montres tanches Sautent de dimanche A mardi Les vieilles toquantes Sonnent onze heures cinquante A midi Les vieilles pendules Ont le ventricule Usag {au Refrain} Sur la porte en bas Deux ou trois mots pas Un de plus On est peu de choses On brade pour cause Dinfractus Ah, la belle farce! Le temps dans son quartz Sest fig Lautomne aux carreaux Rouille le cur aux Horlogers

La colreCa te vient, a tarrive, cent clbards dans la tte, Une locomotive, un barrage qui pte Ca te sort dune graine et a devient un tronc Et les branches dun chne qui tclatent le front Cest jouir linverse, cest un ciel sanglots Et son grelon qui perce les parois de la peau Cest pleurer lenvers, le ptard de la peine Lorgasme de la haine. Cest sentraimer quand mme, La colre Cest un piano qui cogne dans lorchestre des veines Ce pipeau dont lhaleine sent mille saxophones Cest la sueur de dcembre, mourir en italique Vouloir nouer ensemble la Manche et lAtlantique Cest une pe tendue la barbe des cons Une fleur de passion aux ptales pointus Cest le jour moins le jour, cest un accouchement Sans laube dun enfant, les mchoires de lamour, La colre Cest les yeux qui seffritent et le poing qui se blesse Au tranchant des caresses, au baiser de la vitre "Patron, une dernire, la sant du diable!" Et je casse mon verre sur le bord de la

table Cest un rire qui balance sous le ciel des gibets Et son sexe band en haut de la potence Cest le cur clat mais cest mieux que se taire De pouvoir la chanter, comme hurler de colre, Sa colre Cest lanus du Vsuve dessous ma casserole Un fleuve de ptrole o navigue ltuve La langue qui sembrase, la salive qui brle Et le ventre qui hurle pour attiser les phrases Cette vague de braises au bcher de la mer Cette cume incendiaire qui lche la falaise Cest un feu de chevaux lancs au cur des champs Et le vent qui reprend lodeur de leurs sabots, La colre Cest sauter deux pieds sur ldredon des ronces La rage qui dfonce les portes enfonces Cest lopra du cri, lorage de tes bras Cest cracher du lilas la gueule des orties Cest un hymne de fou, cest ltincelle noire Qui porte la victoire lagneau contre le loup Un baiser en dedans lamiti complice Qui mord pleine dents le cul de linjustice, La colre

La courneuveLe monde se noyait place de La Courneuve Lespoir faisait la fte, il fallait bien quil pleuve Tu mangeais un loukoum et des rves papa Je tavais reconnue, on se connaissait pas Tu flottais sans radeau sur le poumon du fleuve. Jai entendu tes pas qui cherchaient une ville La douleur de la peau de ton tat-civil Une vague battait les plages de tes joues Un son, un got, un peu de nacre et dacajou Un feu de pomme pin allumait ton profil. Entre la mer dici et des grappes dagrumes Des pluchures bleues, un fol cho dcume Jai suivi tes talons qui cousaient le trottoir Cent cageots de citrons racontaient ton histoire Des gouttes dincendie perlaient sur le comptoir. Un torrent vertical hachait nos silhouettes Jai bu ta main ctait lautomne et sur nos ttes Le ciel a renvers son arrosoir de plomb Jai rejoint ta pupille encercle de nons Jai croqu larc-en-ciel qui poussait sur ton front. Sous les stands ventrs qui crachaient le cortge

Le premier bouche bouche au creux du dernier sige Tous les lampions prenaient des airs de lamparos Alors on sest jet dans le lit du mtro Aucun de nous na dit la promesse de trop Aucun de nous na dit la promesse de trop.

La criecoute sur le port les Callas de crie Poser leurs fruits dargent mme la poussire Regarde entre les cordes et les chanes rouilles Cest la chapelle ardente aux poissons morts en mer Les bonshommes saffairent en tirant sur leur pipe Vidant pleins paniers le ventre rond des cales Comme dnormes thons, on dballe leurs tripes Et le rebord des quais rougit de leurs entrailles Et des hommes, aux tals, aiguisent leurs couteaux {x2} Les poissonniers rappliquent et a hurle et a rit Et leurs cris se mlangent aux klaxons fous des mouettes Dont les becs de voyous, sans discuter les prix Piquent dans les cageots des bouquets de crevettes Sous ce fatras de pas, des harengs gorgs dufs Des grondins, des raies noires, des tapis de maquereaux Les yeux exorbits vainement derrire eux Regardent scintiller le labour bleu des eaux Et des hommes, aux tals, aiguisent leurs couteaux {x2} coute sur le port les Callas de crie

Regarde entre les cordes et les chanes rouilles

La dame du diximeLa dame du dessus est morte Il y a des scells sur sa porte On nentendra plus pleuvoir Son arrosoir Sur le balcon La vie, cest con La dame du dessus, bonjour Trois petits riens, trois petits tours On descend ses pots de fleurs Par lascenseur Et sa pendule La vie, cest nul La dame du dessus, bonsoir Ca braille, a rit dans les squares Sa bote lettres semplit Tant mieux, tant pis Cest des factures La vie est dure La dame du dessus, cest cuit Les enfants sont passs lundi En vitesse, en habit noir Vider larmoire Prendre le chien La vie, cest rien Les jours se suivent, cest terrible Y a un bel appartement libre L-haut au dixime tage Un pigeon nage Dans leau du ciel La vie est belle

La gitaneJe la voyais danser, danser La gitane sur le paquet Des cigarettes de papa Elle avait une robe en papier Les yeux bleus comme la fume Et la peau couleur de tabac Eh, seorita SEITA Ce soir je vais craquer pour toi Laccordon de mes poumons Sur cette fine silhouette Et ses castagnettes muettes Dans la nuit noire du goudron Viens me donner la ttine Ces paroles de nicotine Qui mettent ma gorge au supplice Quand cent mille bouches te baisent Du bout filtre jusqu la braise Dans un champ de papier mas Descend jusquau fond du mgot Chanter du rocko-flamenco En grattant mes cordes vocales Danser les pieds nus dans la cendre Allumer ma bouche et entendre Battre mon coeur de caporal O belle brune qui se fume Dans ce sicle o tout se consume Entre nos doigts jaunes et se jette O toi qui portera mon deuil Demain couch dans le cercueil De mon tui de cigarettes O toi qui portera mon deuil Demain couch dans le cercueil De mon tui de cigarettes

La java saravahComment tu vas? Ja va mal, pas trs bien Mais des fois quand a rvient Saravah Ca tousse un peu Quand javale de travers Mais quand jvois ta rivire Ja va mieux Mon ananas Et mme si cest pas vrai Dis qucest moi Lpremier Lpremier humain Qua pos sur ta lune Ses deux mains Ma prune Jsuis n ltrois juin Dix-neuf-cent-cinquante-quatre Les femmes rongeaient leurs poings Leur mec allait se battre Java cocue Les vainqueurs, les vaincus Sclataient en te plotant le cul Jai quarante piges Jai la vie en plein centre Viens verser tes vertiges Cadencer sur mon ventre Viens ma ngresse Mlanger lacajou Mes deux mains, tes deux fesses Et nos joues Comme dit Privat Vous chargez la musette Et en une heure vous tes A Java Java jy rvais Dun ptit paquet dchansons Avec les mmes frissons Que javais Chauffe Galliano

Laccordon sans triche Cest lpiano Du riche Je rfais mon trou Sans remords, sans aigreur Un Barouh dhonneur Java jattends En deux-mille-cinquante-quatre On brlra nos cent ans Et nos disques compacts Et nos rejtons recoudront les boutons Dleur veston et dnos accordons En attendant Quand a rvient Saravah On peut perdre son temps A tresser des javas Viens ma ngresse Mlanger lacajou Mes deux mains, tes deux fesses Et nos joues

La kermesseDes tirettes bijoux tout en or de plastique Des toiles de peinture su lchapiteau du cirque Trois balles de balanoire et trois balles de mange Qui tourne si vite, qui fait monter les jupes en neige Et claque dans tes mains, Lucien, tas cass la grosse caisse Des clous pour la femme-tronc, la bise Miss Kermesse Tous les titis gagas, tous les kks gnangnans Tous les tickets gagnants la baraque Jean Bah Dd, bah tu pleures Dans ta barbe papa Bah Dd, tas gros coeur Tu dis rien, tu ris pas Tas bobo tendresse Dis, faudrait pas qua tvexe Mais tas presque la gueule, La gueule tter du tilleul Eh, les gars, y a Dd Qui chiale sous les lampions Dd qui smouche le nez Dans du papier crpon Tiens, vl Lucien, Lucien, dis-y pour le carton Il a mis les cinq plombs dans lbitos du patron Cui-l, y en a jte jure, on nen peut plus, arrte! A lui tout seul y va buver toute la buvette Et, ah, dis donc, tentendrais comme il imite le chien! Vas-y, imite le chien, Lucien! Ah, cest rien, bien

Tt lheure lautomate, en lui rgardant les fesses Faudrait quand mme savoir o cquest-ce quon met les pices Bah Dd, bah tu pleures Tas pas le non gai Tes tout con, tout en pleurs On dirait qutu voudrais Eteindre les toiles La kermesse, elle sen fout Y a le cafard qui joue, Qui joue ta tte au chamboule-tout Eh, les gars, y a Dd Qui chiale sous les lampions Dd qui smouche le nez Dans du papier crpon Des crpes et des beignets, des nougats jaunes et verts Des saucisses de Francfort, des frites de pommes de terre Un tour sur la grande roue, un tour en train fantme Qui fout la chiasse aux grands mais qui fait rire les mmes En avant la jeunesse, ho, vise-moi la touche Du gros rougeot qui gonfle les ballons la bouche En avant la jeunesse, les vernis, les veinards Une tite bote dallumettes, une grosse caisse de ptards Bah Dd, bah tu pleures Dans ta barbe papa Bah Dd, tas... tas gros coeur Tu dis rien, tu ris pas Tas bobo la tendresse Look at me Tas bobo tendresse

La meilleure de mes copainsOn sentend bien, on sentend comme Les deux hmisphres dla mme pomme Les coups dtabac, les poignes dmains Les larmes, on met tout en commun On est coll, on est siamois On est quasiment, toi et moi, Un coeur entre deux tranches de pain {Refrain:} Tes la meilleure de mes copains, de mes copains Tes la meilleure de mes copains, de mes copains Tes la meilleure de mes co... On sentend bien, on sentend comme Un New-Yorkais et son chwing-gum Sans smchonner, sans sfaire de bulle Sans sabmer les mandibules On a lamiti mitoyenne Ladresse du ciel et la tienne Cest la mme sur mon calpin {au Refrain} On sentend bien, on sentend comme Un et un font une jolie somme Qua pas besoin dcourir les planques Ni dronfler sur un compte en banque Deux balles pour la machine sous Deux croissants beurre au-dssus puis dssous Deux paquets dbrunes sous notsapin {au Refrain} On sentend bien, on sentend comme Mes brouillons dchansons et ma gomme

Comme un dimanche sur tes hanches Mes crayons noirs et tes nuits blanches On va rcolter ce quon saime Dehors, les violons de la haine En queue-de-pie font le tapin {au Refrain} On sentend bien, on sentend comme Les deux hmisphres dla mme pomme Les coups dtabac, les poignes dmains Les larmes, on met tout en commun On est coll, on est siamois On est quasiment, toi et moi, Un coeur entre deux tranches de pain Tes la meilleure de mes copains, de mes copains Tes la meilleure de mes copains, de mes copains Tes la meilleure de mes co... pains

La retraiteTiens, cest le fond de la bouteille a y est nous voil vieux ma vieille Des vrais vieux qui trient les lentilles Des vieux de la tte aux bquilles Tiens voil le bout de la rue On souffle comme qui laurait cru Du temps quon vivait grand pas Du temps quon leur en voulait pas Aux toiles de disparatre. La retraite! Tas beau dire quon nous rend le cur Une fois vid du meilleur Quils ont pris le tronc et la force Quils ne rapportent que lcorce Nempche cest dj moins con Que soit consign le flacon Quaprs le festin on nous laisse Les artes de la vieillesse Le temps dfinir la cigarette. La retraite! Tout ici a la soixantaine Ce caf-l sent la verveine Je taime, enfile tes chaussons Lamour jette ses paillassons Et la tte tourne soudain A relire le papier peint O mille fois les chasseurs tuent Un grand cerf qui cherchait lissue Entre la porte et la fentre. La retraite! Il parat qu un certain ge Plus ou moins lesprit dmnage Et quon a la raison qui tangue Et des cheveux blancs sur la langue Nous on doit tre centenaire A rver du bout de la terre Avoir des envies de Prou Et entendre au-dessus du trou Ce bruit de pelletes quon jette.

La retraite! Le soir descend, partons dici Faudrait pas quils nous trouvent assis Si on larguait les bibelots Tout tiendrait dans un sac--dos Regarde, on tend le bras et hop Ils appellent a lauto-stop Tant pis si on na pas de jeans Si cette conne simagine Quavec elle le cur sarrte. La retraite! Adieu le lit, salut Madrid On laisse pas longtemps nos rides Pour peu quon se dmerde bien On sra Tolde demain A regarder les ombres lentes Eteindre les maisons brlantes Salut loranger sur la cour Salut la paresse des jours Javais hte de te connatre... La retraite! Tiens, cest le fond de la bouteille a y est nous voil vieux ma vieille.

Le caf littraireMon caf littraire Cest devant le cimetire Et le libraire du coin Vaut mieux aller en face Chercher la ddicace Dun acadmicien Son premier manuscrit Fut la bombe crit Contre sa devanture. Au caf littraire On a dj les verres Apportez lcriture On sest point vingt En habits dcrivains On sest assis en choeur Un roman bauch Visiblement cach Sous un verre de liqueur Depuis quand on y cause On sait que cest en prose Cest quand mme plus chouette On commande son litre Comme on choisit un titre Dans sa bibliothque. Au caf littraire On sy prend dj lair Dtre au Petit Larousse On pause en attendant Le jour o nos vingt ans Seront cots en bourse. On porte des charpes On crit sur les nappes On brise des pianos On crie "le bar boire" On payera plus tard En coupures de journaux Au caf littraire

Y a gure que la taulire Quaime pas la lecture Mais les lignes des paumes Elle ten lirait vingt tomes Au travers des ratures Quand le bateau est ivre Quon a bu tous les livres On repart en carafe Comme on paye cul-sec On dduit sur le chque Le prix de lautographe "Chauffeur lhorizon" On saffale du long Sur nos chariots voile Le vent vient allumer Le bout dun cache-nez Au briquet des toiles Au matin ple-mle Froisss dans les poubelles Des hommes emporteront Des chefs-doeuvres en friche Sur du papier sandwich Et des nappes en crpon Mon caf littraire Suivez litinraire Cest sous le dernier porche Juste aprs la virgule Ce troquet qui recule A mesure quon sapproche O larbre sur le seuil Sme comme un recueil Ses feuilles de brouillon Et o ses branches peignent En ombre sur lenseigne Le chapeau de Villon.

Le chagrinConnais-tu lherbe amre, le liseron, la plante Toute noire et trs belle enroule dans la gorge? que quelquun la dise, que quelquun la chante Seulement sur le bruit dun coeur et dune horloge Et le train de Dunkerque au loin sur son refrain Le chagrin Cet animal familier, ce chien que tu tranes Dans les couloirs et les vieux escaliers du corps Il est un peu mchant, pas trs beau mais tu laimes Il tire vers les ponts, le soir, quand tu le sors Et tu as beau tre son matre, tu le crains Le chagrin Son couteau douleur et sa gouge artisane A sculpter des oiseaux de bois sur les potences Des pines aux lilas, des ptales aux larmes Et tout le dsespoir quil faut lesprance Cest le meilleur de toi qui brille dans lcrin Du chagrin Un jour il toffrira son collier de morsures Un jour, demain, ta main prendra dans la corbeille Emplie de raisins ronds une grappe un peu sre Il a de belles vignes, il soigne bien ses

treilles Il a le temps pour lui, il presse grain par grain Le chagrin Laisse-le librer ses sources sous tes cils Son fleuve qui na que tes paupires pour grves Cet ocan profond sans bateau et sans le Qui met son grain de sel sur les phrases des lvres Tu peux lcher la corde, il a le pied marin, Le chagrin A se sentir lav, presque beau, transparent Aux bras des vieux matins dents de la ville A appeler encore son rgne de tyran Ses carrefours muets, ses grands thtres vides Le vent charg de clous, de soleils souterrains Du chagrin Ami, pardon, cest ton rire que jaccroche Son manteau qui me tient bien froid quand il fait froid Une enveloppe bleue dchire dans la poche Eteignez en sortant, et ne me plaignez pas, Plaignez plutt celui que na jamais treint Le chagrin Le chagrin

Le copain de mon preLe copain de mon pre Il venait en bout dmois La, la, lalala On lui servait un verre Il sen resservait trois La, lalala Ctait un roi dchu Une pave, un fantme Qui pointait au chmdu En attendant son trne Mon pre laccompagnait Jusquau bout du chemin Et froissait un billet Dans sa poigne de main Il sapplait pt-tre Marcel Il roulait en vespa La, la, lalala A ct de sa selle Le copain de papa Le copain de mon pre Ctait un amiral La, la, lalala Qui boitait de travers Et flottait du moral La, lalala Il avait lcoeur cass Il suait des cachous Quand il nous embrassait On sessuyait les joues Recal dla scu Il brassait son roman Et des histoires de cul Qui fsaient rougir maman Il avait eu des femmes Des baisers, du tabac La, la, la Des mmes et mme une me Le copain de papa Le copain de mon pre Il avait le nez bleu La, la, lalala

Un pull-over tout vert Et un regard pluvieux La, lalala On lappelait "Train-train" Il se taisait jamais Et quand il causait rien On croyait quil dormait Il avait cru des guerres Pacifi lAlgrie Mang des pommes de terre Brl des champs de riz Il montrait des copains Vaguement morts l-bas La, la, la On regardait ses mains Au copain de papa Le copain de mon pre Un jour, on la plus rvu La On sregarde, on se perd Ou on se perd de vue La Il a d changer dpeau Se re-refaire du fric Senvoler au loto Le cul dans une barrique Cest drle, mais cest curieux Cest bizarre, a me manque Son vespa, son pif bleu Sa gueule de saltimbanque Les souvnirs sont des miettes Ca fait dix mille repas La, la, la Que jrajoute une assiette Pour le pote papa

Le cotentinJanvier, le Cotentin Toute la cte est blanche Et sa tte de chien Hurle contre la Manche Jy allais pour gurir Des peines ingurissables Poncer des souvenirs Contre les grains de sable Et la mer bonne fille La gorge deux longueurs Des crocs de la presqule Me nettoyait le coeur Le Cotentin lhiver O les chagrins vont boire Jette vers lAngleterre Son profil de clbard Jcoutais dans un bock Des airs made in british Et la pointe du roc Sendormait dans sa niche Et la mer bonne fille Au bras de Mick Jagger Sous le phare de Granville Milluminait le coeur Lhiver, au Cotentin Leau met le ciel en pices Mais la brise retient Son cou de chien en laisse Pauvre plerinage Ma mmoire en kaki Traversait la nage Un quadruple whisky Et la mer bonne fille Remorquant ses rmorqueurs Me prtait ses bquilles Pour mtayer le coeur Lhiver, le Cotentin Jen repartais tout seul En laissant mon chagrin

Comme un os dans sa gueule Du sable rugissant Un verre de bire amer Des mouettes traversant Un tableau de Vermeer Et la mer bonne fille Me laissait sans rancur Les trous de ses guenilles Pour me boucher le coeur

Le dico de grand-mreDans la chambre de grand-mre Y avait un gros dictionnaire O couraient des kangourous Des rpubliques et des poux Et, comme dans ses pages roses, On parlait pas de la chose Je men payais une tranche En reluquant ses feuilles blanches Jy lisais des mots cochons "Con", "cul", "bite" et "cornichon" A la page six cent vingt Y avait mme crit "vagin" Ctaient des mots sans photos Avec en prime lcho "Pavillon", "lphant", "fleur" Les mots disaient leur couleur Le soir, en tournant ses pages Loreille dans son coquillage Jcoutais des bruits de mer Dans le dico de grand-mre Des Papous, des coloquintes Des rois, des ornithorynques Le Tibet et le charbon, Sa couverture sentait bon Y avait pas encore crit Ni le prnom d lAlgrie Ni mme celui de Sarclo Ni SIDA dans le dico Quelque part, au verbe "aimer" Ctait un peu corn Entre "cume" et "cureuil" Jy ai vu un trfle deux feuilles Un soir, dans le vieux Larousse Sous les moustaches de Proust Jai trouv un ptit billet Tout jauni, tout gribouill Ctait plein d fautes dautographe Y avait trois "f" "girafe"

Pas dapostrophe "je taime" Mais elle la aim quand mme... Mon grand-pre

Le ferrailleurY a chez un ferrailleur allemand Une vieille Trabant Qui sirote le flash dantigel Dune Coccinelle Elles sont au cimetire des voitures Il pleut du plomb sur leurs peintures Elles radotent, papotent et s maquillent Comme deux vieilles filles "Ma patronne" dit la vieille Trabant "Mettait des gants" "La mienne" dit la Volkswagen "Portait des gaines" Elles parlent de marks et de tout Portire dessus, portire dessous Effaant les annes qui passent Sous lessuie-glace {Refrain:} Ici ferrailleur On vend les moteurs Des joints de culasse Des polkas, des valses Cest la casse On vend au dtail Le cuir et le ska Les rmords, la ferraille Lamour clignotant Au fond des botes gants La nuit fait tomber les paupires Sur leurs vieux phares Mozart, la bire et la Bavire Ca rend bavard Y a plus d bougie, y a plus personne Y a plus d battrie, y a plus d klaxon Y a plus quelles qui s bisent comme deux surs Rtroviseurs

{au Refrain} "Jai un scoop" dit la fausse berline A sa voisine "J connais un garage Berlin Qui nous fra l plein" Elles sont parties au quart de tour Passes sous la porte de Brandebourg Tombe la nuit, tombent les pleurs Du ferrailleur Goethe Douce Allemagne Nous partons en Turquie Mais nous reviendrons, promis Dans tes vertes campagnes On vend au dtail Le cuir et le ska Les rmords, la ferraille Lamour clignotant Au fond des botes gants

Le mimeIls prenaient chaque jour tous deux le mme train Le train dsept heures sept de Montceau-Les-Mines Elle causait tout ltemps, lui y disait rien Lui, il tait mime Dans les environs du centime trajet Ils se sont prouvs chacun leur estime Elle sest mise toute nue, lui a pas touch Lui, il tait mime Au terminus ils soffrirent les anneaux Comme ils avaient pas le moindre centime Il fit que le geste, elle dit que le mot Elle tait pas mime Deux ans dvie commune, elle bavardait trop Un soir excd, dun mouvement sublime Il la poignarde, sans rien, sans couteau Ctait un vrai mime Les flics se sont pas perdus en parlotte Y avait un moyen de rsoudre lnigme Ils ont fait semblant dpasser des menottes Aux poignets du mime Puis ils ont veill leur faux prisonnier Et ils lont vu scier sans la moindre lime Cette imaginaire chane ses poignets Rp pour le mime Le matin suivant sans ouvrir la bouche Il suivit lbourreau pour payer son crime Sa tte tomba sans quon la lui touche Chapeau pour le mime!

Le p'tit ivryOn habitait le ptit Ivry Le mercredi aprs-midi Mon ptit frre portait mon cartable On allait faire au square Des concours de balanoire Sauter dans le bac sable Pour voir Lautomne au fil des marronniers Dispersait du poil gratter Dans le vent qui soufflait au square O des milliers djupons Accrochaient sur lhorizon Plein de petits nnuphars En balanoire La statue de Maurice Thorez Portait un chwing-gum la fraise A la boutonnire dson costard Il suivait dun il noir Les allers-rtours dans le soir Lui qui ne pouvait plus faire De balanoire On a bouff des cochonneries Fait des hold-up en boulangerie Mtro Pierre et Marie Carie En cherchant des histoires Dans les papiers dCarambar Assis sur la balanoire Du square Prs du moulin du ptit Ivry Un ami ma sauv la vie Quand un corsaire sans territoire A pris dassaut mon seau Ma pelle, ma balanoire Pris ma balanoire En pleine poire On a travers toutes les guerres Massacr les rois dAngleterre

Et fait prisonnier mon ptit frre Mais colin-maillard Dun coup de sabre laser Jai dsintgr le gardien Du square Un jour de pluie trs romantique Sous le toit du kiosque musique Je suis tomb trs trs amoureux Quand jai ouvert les yeux Jtais assis dans le ciel Suspendu deux ficelles Sur larc-en-ciel A force de se balancer Ma balanoire sest envole Dans le ciel du petit Ivry Depuis vingt ans la nuit Jentends grincer le ptit bruit Le bruit de ma balanoire Dans le noir Depuis vingt ans la nuit Jentends grincer le ptit bruit Le bruit de ma balanoire Dans le noir

Le passous - cotentinLe Passous - Cotentin Je tcris de janvier La mare, bonne poire, A fini la vaisselle Laissant nos habits nus Sur le bord de lvier Et quelques grains de sel Le ciel est reparti En balanant lponge Manger des ports anglais Aucune heure, aucune eau Aucun pkin ici Juste le temps qui ronge Le front du casino Juste un bec transperant Le crne dun tourteau Croch comme une main Sous un nid dalgues brunes Juste leau, juste un jour Et lair, de son couteau, Sculptant le cul des dunes Jallume un feu de bois Sous des toiles naines Je maccroche debout O dormir me fatigue Sans matre, sans collier Tout un chien se promne cheval sur la digue Janvier - Le Cotentin Le pass guette un train Qui nest jamais inscrit Aux cases des dparts Quand il arrive quai Rong par les embruns La brume sen empare Les wagons ont le ventre Obse des baleines

Et la loco devant Filtre dans ses fanons Nos yeux brls dadieux Nos poumons, nos haleines Nos mes de plancton La nuit rampe. Elle au moins Respecte son horaire Au loin les chalutiers Font un bruit de ferraille a broie, a crie, a rue Lamer est vieux, la mer Nentretient plus ses rails Le pass guette un train Que le sable barbelle Un marin dans sa pipe Allume son nuage Et le soir, le chenal rouille On entend de lhtel Grincer les aiguillages Cotentin - Le Passous Je tcris de janvier Sous mon pied le vent lche Un coquillage cru Il baigne les cheveux fous De ses lvriers Il flotte dans les rues Guernesey Lhorizon A ses lvres humides Sur le sable boueux Un gosse crit des tags On entend dans la rue Battre les pas liquides Du troupeau vert des vagues Je pche pleines mains Des escargots marins Blottis sous la jete Chaude comme un frigo Jesgourde la mare Et son museau de train ventre les cargos

Cest du flux, du relu Des poumons tribord Des ressacs dix sacs Des gouttes deau noyes Cest un rafiot denfance Et sa fte de mort Sur un drapeau mouill Je tcris de janvier Sous quelques flammes dherbe En son troit corset La Manche tient ses reins La tempte peut bien Lui tordre les vertbres La lune les retient a sent le rocher froid Le bois mouill. Jcris Sur du papier glac Les mots dabsence avec, Le fleuriste est ferm La mer vend bas prix Des bouquets de varech Je tcris de janvier Cotentin - Le Passous Mes cheveux sont trous Mon cur fait une escale On est premier de lan Jour Perrier, un poil saoul La mer est verticale

Le pre la pouille"Lapin peaux, peaux dlapin, peaux!" On lentendait du bout dla rue Poussi, poussa, bossi, bossu Lpre Lapue Il puait mauvais, rendre sourd Mais ctait pas des raisons pour Lpriver dbonjour Ca empche pas les piciers Dserrer la main deux poignets Aux poissonniers "Lapin peaux, peaux dlapin, peaux!" Comme un papa quaurait un ptiot Il poussait doucment son landau Lpre Lapiot Il le tenait de sa maman Les gens disaient en ricanant : "Y crvra ddans!" Les proprios, les gens de foi Rentraient chez eux, un gosse, un chat Sous chaque bras "Lapin peaux, peaux dlapin, peaux!" Il avait de tout dans ses fouilles Des trous, des clous, du plomb, des douilles Lpre Lapouille "Tgars si tu manges pas ton gras Disait ma mre, y temportra Dans son cabas" Si javais mieux dsobi Maurait emport dans les plis Dson manteau gris "Lapin peaux, peaux dlapin, peaux!" Y a plus dlupins, rue des Lupins Deux cents bulldozers filaient ltrain Au pre Lapin

Y a plus dviolettes, rue des Violettes La pellteuse a gagn dune tte Sur sa poussette Maintnant, cest toi drire, Pp Viens vendre des carottes au pied De nos clapiers "Lapin peaux, peaux dlapin, peaux!"

Le poing de mon poteIl a pt des vitrines Saign contre les latrines Emiett des murs de briques Mis des bleus lAtlantique Il sest dress jusquen haut De son unique drapeau Il a port des menottes, Le poing d mon pote Il a jou la ptanque Cass des billets de banque Broy du vent et de lair Des canettes Jupiler Il a tt des gchettes Il est mort, il est en miettes Comme qui dirait en compote, Le poing d mon pote Il est gros comme son cerveau Rigole pas parc quil est beau Son cerveau... et ses chagrins Il a caress les reins Des gentilles et des salopes, Le poing de mon pote Cest une main coupe en deux Cest une paume cloue par Dieu Cest un point qui sinterroge Sur lici, sur le Cambodge Sur le prnom de ses doigts Et sur tout ce quon leur doit Sur le pape et ses capotes, Le poing d mon pote A force dempoigner des braises De chercher lor de ses rves Il est dur comme du caillou Mais si pur, un poing cest tout Quand il louvre pour quelquun J connais pas de plus belle main Il redevient une menotte, Le poing de mon pote

Il redevient une menotte, Le poing de mon pote

Le temps de finir la bouteilleLe temps de finir la bouteille Jaurai rallum un soleil Jaurai rchauff une toile Jaurai repris une voile Jaurai arrach des bras maigres De leurs destins mille enfants ngres En moins de deux, jaurai repeint En bleu le coeur de la putain Jaurai renfant mes parents Jaurai peint lavenir moins grand Et fait la vieillesse moins vieille Le temps de finir la bouteille Le temps de finir la bouteille Jaurai touch la double paye Jaurai acht un cerf-volant Pour mieux tenvoler, mon enfant Un lit doux et un abat-jour Pour mieux lteindre mon amour Dans une heure, un litre environ Jaurai des lauriers sur le front Je srai champion, jaurai cass La grande gueule du pass Ca sra enfin demain la veille Le temps de finir la bouteille Le temps de finir la boutanche Et vendredi sera dimanche Jaurai plant des les neuves Sur les vagues de la mre veuve Jaurai dilu la lumire Dans la perfusion de grand-mre Jaurai agrandi la maison Pour y loger tes illusions Jaurai trouv du pain qui rime Avec des pices dun centime Rire et pleurer, ce sra pareil Le temps de finir la bouteille Le temps de finir la bouteille Et chiche que la poule essaye

De voler plus haut quun gerfeau Chiche que le vrai devient le faux Que jabolis le noir, le blanc, La prochaine guerre et celle davant Les adjudants de syndicats La soutane des avocats Les carnets bleus du tout-Paris Le dernier-n du dernier cri La force, le sang et loseille Le temps de tuer la bouteille Le temps de tuer la bouteille [Le temps de finir la bouteille Je taurai recoll loreille Van Gogh et tu le corbeau Qui se perche sur ton pinceau Encore un pleur, encore un verre La rue marchera de travers Le vent poussera mon voilier Je serai prs de vous lier Tout au bout de la ville morte Des loups mattendront la porte Jvoudrais qumes couplets les effrayent Le temps de tuer la bouteille]

Les filles de soixante ansLes filles de soixante ans Ont de faux cheveux blancs Et pourtant Elles ont gard pour zelles Un vrai rire de pucelle Sous la dent Elles font, mine de rien, Remonter leur chagrin Au cadran Mais nont pas fait le deuil De leur premier clin doeil Pour autant Les filles de soixante ans Ou tes drle ou va-ten Pleurs battants Quand elles se dshabillent On dirait quelles srhabillent Longuement Puis, replissant leur jupe, Disent sans tre dupes : "On sattend" Sans laisser lettre morte Sans plus claquer de portes En sortant Les filles de soixante ans Rvent au bord dun tang Au bon temps Mais des nuages passent Et leurs ombres effacent Leurs gitans Alors du bout des doigts Lissent leurs pattes doie En comptant Les baisers les loyers Quon leur a pas pays Au comptant Ca vous trinque avec tact En deux verres de contact

Excitants, Mettent des douces gifles Mais jamais ne vous sifflent La mi-temps A leur anniversaire Et tant mieux si a sert A Satan On pourrait par magie Convertir leurs bougies En printemps Elles se coupent en deux Les demoiselles de Soixante ans Lissons les ventres ronds De celles qui nauront Plus denfants En frlant leurs lolos Joue pas les gigolos Pour autant Ne laisse pas de dettes Rends-lui ses cigarettes Charlatan Ne laisse pas de dettes Rends-lui ses cigarettes Charlatan.

Les p'tits enfants d'verreY a pas queux sur terre Les ptits enfants dverre Y a aussi des fois Les ptits enfants de bois Les ptits quon attache Au pied de leur tche Et qui vieilliront Bonnet dne au front Y a pas queux sur terre Les ptits enfants dverre Y a aussi des fois Les ptits enfants de bois Y a pas quelles au monde Les ptites fayotes blondes Les ptites pue la rose Qui sengueulent en prose Faut pas oublier Les ptits en papier Les ptits en charbon Et ceux en carton Y a pas queux sur terre Les ptits enfants dverre Y a aussi des fois Les ptits enfants de bois On dirait quy a queux Les ptits au sang bleu Les ptites pue la chance Trois mois de vacances Y a des fois aussi Le ptit mme tout gris Qui fume en cachette Lavenir qui le rgrette Y a pas queux sur terre Les ptits enfants dverre Y a aussi des fois Les ptits enfants de bois

Y a pas quelles sous lciel Les tartines de miel Les ptits gnagna Qui sucent du nougat Y a des fois encore Des ptits enfants morts Y a des fois toujours Des ptits morts damour Lalalalala

Les tilleuls{Parl:} On vide un caf, on en touille un autre Le temps passe de cafetire en cafetire Marins affams, on ronge la cte On mange la soucoupe et la ptite cuillre La ptite cuyre, dailleurs, viendra pas Cest con de sy faire! Attendre, cest beau! Lhorloge sen fout, elle est dj l Lattente connat jamais de repos a te bat le cur, te tient en veil Touill de mon spleen, remoud du caf Ce soir, jai d trop sucrer ma cervelle Le jour tombe vite, laiguille sy fait Jattends, jattendrai lexpress de Bordeaux Vers quinze expresso, Caf des Tilleuls Un dossier dosier tress dans mon dos Et sur les genoux, un pot de glaeuls Jattendrai ton train en croquant des nems Le temps quil faudra sous la Montparnasse Si tu le prends pas, jattendrai quand mme Matant les talons des filles qui passent Rien ne me sera bien insupportable Jattendrai vingt ans, regardant mourir Dix gnrations de piafs sous ma table Et mon pot de fleurs, vingt fois refleurir Plus les sicles passent, plus on se rsigne sentir sa chaise pousser dans ses reins

Peut-tre mon corps aura pris racine Quand me parviendra la chanson dun train Je naurai pas vu crever les secondes Je serai tilleul, sous la Montparnasse Souriant de voir, blottie sous mon ombre, Mes feuilles chutant au fond de ta tasse

Ma puce"Je taime" vaut mieux le taire "Je taime" il faut le faire Quand on se lest trop dit Ca vaut plus un radis Et on sretrouve un jour En panne de mots damour A feuilleter largus Ma puce, ma puce A feuilleter largus Ma puce Mais nous on se dit rien On sachte un grand pain Deux barres de chocolat On sles bouffe et voil Faut jamais dire "je taime" Quand on a la bouche pleine Se sourire tout au plus Ma puce, ma puce Se sourire tout au plus Ma puce {Refrain} Chez nous cest pas pareil On se dit quon sabeille Quon se bol de caf Quon se fleur de palmier Quon se bleu, quon spingle On se dit des mots dingues On se dit des rbus Ma puce, ma puce On se dit des rbus Ma puce Je taime a tombe toujours Dans loreille dun sourd Quand on est trop bavard On smlange trop tard A sen faire des tartines A sprendre pour Lamartine On rate lautobus Ma puce, ma puce

On rate lautobus Ma puce Cest pour a, toi et moi On sinverse, on se boit On se feu dartifice On sbrle, on sgoste On se parle du doigt On sembarbe papa Des fois on spapyrus Ma puce, ma puce Des fois on spapyrus Ma puce {Au refrain, x2} {x3} On se dit des rbus Ma puce, ma puce On se dit des rbus Ma puce

MadameMadame nat, Madame tte Et sendort en suant son pouce Madame rit dans sa poussette Et maman lui change sa couche Madame fait ses premiers pas Madame est un peu funambule Couche dans les bras de papa Et tte encore, tte de mule Madame entre la maternelle Elle a quatre ans et des virgules Elle met trois L hirondelle Elle a des couettes ridicules Madame a treize ans un matin Une toile dacn sur le front Elle dvore avec un copain Un cornet de glace au citron Madame se plaint de son ventre Sa maman dit que cest normal Elle se sourit, son ventre chante Madame souffre, elle na plus mal Tarte aux pommes, coupe de champagne La vie fait des tours de magie Pluvieux dimanche la campagne Madame souffle vingt bougies Madame, un jour, est amoureuse Madame jouit, Madame touche La vie la grossit et la creuse Madame crie, Madame accouche Madame dfroisse sa jupe Madame essore un pantalon Elle a des roses en bas d sa ZUP Et des penses dans son balcon Madame a enterr maman

A cinquante et des dcimales Sa fille sest plainte par moments Madame lui dit que cest normal Madame a perdu son mari Mettons quil sappelait Julien A la station Marie-Curie Mais Madame a gard le chien Madame a des petits-enfants Des poupes dorment sur son lit Sa porte repousse le vent Et Madame est encore jolie Madame a deux cents ans peut-tre Elle a trois pieds dont une canne Mais, heureuse, elle secoue la tte Quand on lui dit rue Notre-Dame "Bonjour Madame!"

MartainvilleViens, on fait un feu de cageots Quon y jette fleurs et couteaux La table, le vin, la bouteille Les jours de fion, les soirs sans paye Une valse, un tango, un twist Un bras dhonneur et un vieux christ Une bille, un ciel de marelle Marabout et bout de ficelle {Refrain:} Oh ltoile, pourquoi tu brilles Sur Martainville? Tu peux teindre labat-jour Sur le faubourg On a pendu laccordon Sur un rverbre au non On a tranch les marronniers Du vieux quartier Ca flambe toujours dans la cour Quon y jette sang et velours La charrette, la bicyclette Les fringues et les trous de nos vestes Jetez-y larmoire et lhorloge Les deux bras, le ventre et la gorge Le buffet, la rue, le trottoir Limportant et le drisoire {au Refrain} Mets ce que tu veux dans la braise Mets-y le pupitre et les chaises Une craie, un baiser damour Une gifle aller et retour Juin, juillet, aot et les dimanches La rancune et lindiffrence Les chevaux de bois du mange Les poignes de sous et de neige {au Refrain} Y a encore un peu de fume

Jette ce qui reste aux nues Les dominos, les ds, les brmes La haine, la peine et la Seine Les perdus, les morts, les vivants Le printemps, la pluie et le vent Le beau bcher, les belles flammes Le beau soir, le beau feu de larmes {au Refrain}

MecMec, tu dis jamais rien et moi je cause, je cause Quand jai rien te dire, je te parle de tout Jfais comme si ton silence racontait la mme chose On prfre les muets quand on a du bagout On se vend les questions et les mensonges avec, mec Tas beau t silencieux, jentends quand tes pas l Jte dirai pas qua fait comme une main qui manque Mme dans les chansons cons y a des trucs quon dit pas Qucest moche quand tes parti ou quje taime par exemple a jte dlrai jamais, jte ldirai pas, mais presque, mec Mec, il fait nuit, tes l sur ta chaise et la vie Nest jamais autant l que quand tu fais le mort Avec juste la voix de ta main qui crit Y a des heures quon voudrait, l jen dis trop encore On va croire que jte drague avec mon tarin grec, mec Mec, des fois jai dlhumour mes heures, poil au beurre Toi mes pauv traits desprit, tu les connais par cur Tiens le cur justement, jdis qucest un artichaut Quand tas rtir les feuilles il te parait plus gros Jajoute toujours que cest lcontraire dmon carnet dchques, mec

Mec, cest nimporte quoi a y est, me vla lanc Je mvide, jsuis en surcharge, a mcoule, a mnoie, a mcolle Tu dis rien, tu sais bien que tout va y passer Rimbaud, le fric, la guerre, Isabelle et lalcool Maman, les putes et moi, Paris, Dieppe et lQubec, mec Mec dans ton coquillage, jcoute le bruit dla guerre Les journaux brlent un peu les yeux quand on les ouvre La victoire en chantant poireaute la barrire On sen fait tout un monde, et au fond si a strouve a fera mme pas mal, comme un calva cul sec, mec Mec des fois, si a dure, on sretrouvra sulfront Ensemble gorger le mme salopard Des boyaux plein les mains, du sang sur les galons On saura quon aura t gentil ququpart Quon ntait pas des saints mais quon tait correc, mec Mec, y a des mecs pardon, tes l tu dmandes rien Je lche mes corbeaux noirs sur les bls de ta tte Pourtant mme silencieux, tes l, a mfait du bien Tu sais, moi faut quje parle - as-tu une allumette? Et pis un clope avec, pour me clouer le bec, mec

MelocotonMelocoton et Boule dOr Deux gosses dans un jardin Melocoton, o elle est maman? - Jen sais rien! Viens, donne-moi la main - Pour aller o? - Jen sais rien! Viens! - Papa il a une grosse voix Tu crois quon saura parler comme a? - Jen sais rien! Viens, donne-moi la main - Melocoton, Mm elle rit souvent Tu crois quelle est toujours contente? - Jen sais rien! Viens, donne-moi la main - Perrine elle est grande presque comme maman Pourquoi elle joue pas avec moi? - Jen sais rien! Viens, donne-moi la main - Christophe il est grand mais pas comme papa Pourquoi... - Jen sais rien! Viens, donne-moi la main - Dis Melocoton, tu crois quils nous aiment? - Ma ptite Boule dOr, jen sais rien! Viens, donne-moi la main...

Mnilmanouch'Mnilmanouch Mangue la bouche Et pataugas Un refrain lent Lola et lem-ploy du gaz Leffront qui Plote ton maquis En sifflotant Paris-Camargue Et leau qui drague Un ciel gitan Mtro Lilas Lamour la Premire occase Ton dos troublant Et toujours lem-ploy du gaz Sa main queffleure Ta robe fleurs Hey, lanimal! Que tout a va Station Java S terminer mal! Les piafs rameutent Bonjour lmeute Dans les cerisiers! Mesnil manif Tiens! Quon te siffle Tiens! Qu cest l gazier Faudrait pas, dame, Trop quil entame Ma tolrance Jai un cousin Pro-tunisien Gaz de France Un parasol Lola luciole Lola Mesnil

Et roule ma poule! Un cornet d boules la vanille Vl que l gazier Joue du gosier Les clients jasent Sil t met un doigt J te jure, jy envoie Un tueur gaz Mesnil maniche Mesnil pniche Pche la ligne Poisson pas n Je suis pas n Du dernier swing Y t prend pas l bras Faudrait voir Pas dconner Vu son emploi Moi, je l trouve pas Trs raffin Mesnil sale temps Mesnil mi-temps Mauvais quart dheure Pas port plainte Pour les empreintes Sur ton compteur Ton portableu Se couvre, il pleut Sur ma gitane J pousse dans une flaque Du pied ma fac-ture de butane

Mon abat-jourQuon nous loigne et je pleure Quon nous spare et je meurs Quon lzarde, quon dnoue Le plus petit mot de nous Et je me perce le coeur Quon nous morcelle et je hurle Quon nous disperse et je brle Quon plume, quon dchiquette Un seul moineau sur nos ttes Et je coupe en deux la lune {Refrain:} Mon amour, mon abat-jour Regarde au fond de la cour La nuit retient ses molosses Jvoudrais leur fermer la gueule Mais si je reste tout seul Jen aurai pas la force Quon nous plie et je me rends Quon nous casse et je me pends Quon nous dvore, quon nous pille Nous brise, nous parpille Et je redeviens du vent Quon nous dchire et je saigne Quon nous dlie, je menchane Quon faufile entre nous deux Un grand couteau dacier bleu Ou quon fasse ce quon veut {au Refrain} Quon nous miette et je craque Quon nous dcouse et je claque Quon nous casse, quon me troue Quon nous teigne et je fous La Terre entire en play-back Quon