l'enchainement et la liaison

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L'enchaînement et la liaison L’enchaînement et la liaison sont deux phénomènes qu'on observe dans la langue parlée. Leur fonction essentielle est de faciliter la prononciation des mots lorsque ceux-ci sont prononcés les uns à la suite des autres dans des phrases ou des expressions qui comprennent plus d'un mot. L’enchaînement et la liaison réorganisent la structure syllabique des mots qui font désormais partie d'une phrase ou d'une expression. Cette réorganisation de la structure syllabique a une influence sur le rythme de la phrase, son accentuation; bref, sur sa prosodie, comme nous le verrons au prochain tutoriel. En attendant, notre objectif principal est d'examiner en quoi consiste l'enchaînement et la liaison . (A) L'enchaînement L’enchaînement, le mot le dit, est le fait d'enchaîner à l'oral deux mots qui se suivent en joignant la dernière consonne ou la dernière voyelle prononcée d’un mot à la voyelle du mot suivant. On distingue deux types d'enchaînement: 1. l'enchaînement consonantique 2. l'enchaînement vocalique 1) L'enchaînement consonantique L’enchaînement consonantique est le fait de lier la consonne finale normalement prononcée d’un mot à la voyelle qui débute le mot suivant. L'enchaînement à pour effet de modifier la structure syllabique des deux mots qui se suivent, lesquels sont désormais prononcés en un seul groupe de souffle, c'est-à-dire sans qu’il y ait de coupure de voix entre eux deux. Voici un exemple d'enchaînement consonantique. Ecoutez la prononciation des mots suivants dans deux segments isolés: "tête"

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Page 1: L'Enchainement Et La Liaison

L'enchaînement et la liaison

L’enchaînement et la liaison sont deux phénomènes qu'on observe dans la langue parlée. Leur fonction essentielle est de faciliter la prononciation des mots lorsque ceux-ci sont prononcés les uns à la suite des autres dans des phrases ou des expressions qui comprennent plus d'un mot.

L’enchaînement et la liaison réorganisent la structure syllabique des mots qui font désormais partie d'une phrase ou d'une expression. Cette réorganisation de la structure syllabique a une influence sur le rythme de la phrase, son accentuation; bref, sur sa prosodie, comme nous le verrons au prochain tutoriel. En attendant, notre objectif principal est d'examiner en quoi consiste l'enchaînement et la liaison.

(A) L'enchaînement

L’enchaînement, le mot le dit, est le fait d'enchaîner à l'oral deux mots qui se suivent en joignant la dernière consonne ou la dernière voyelle prononcée d’un mot à la voyelle du mot suivant.

On distingue deux types d'enchaînement:

1. l'enchaînement consonantique 2. l'enchaînement vocalique

1) L'enchaînement consonantique

L’enchaînement consonantique est le fait de lier la consonne finale normalement prononcée d’un mot à la voyelle qui débute le mot suivant.

L'enchaînement à pour effet de modifier la structure syllabique des deux mots qui se suivent, lesquels sont désormais prononcés en un seul groupe de souffle, c'est-à-dire sans qu’il y ait de coupure de voix entre eux deux.

Voici un exemple d'enchaînement consonantique.

Ecoutez la prononciation des mots suivants dans deux segments isolés: "tête" "arrondie"

Ecoutez maintenant les mêmes mots à l'intérieur cette fois d'un même segment:

« tête arrondie »

Dans ce dernier exemple, le [t] de "tête" est enchaîné au [a] de "arrondie" et la structure syllabique résultante est désormais la suivante:

[tè / ta / rô / di].

2) L'enchaînement vocalique

Page 2: L'Enchainement Et La Liaison

L’enchaînement vocalique est le fait de lier la voyelle finale prononcée d’un mot à la voyelle qui débute le mot suivant.

Les mots sont enchaînés en un seul groupe de souffle, sans qu’il y ait de coupure de voix entre eux. L'enchaînement vocalique se fait naturellement et la structure syllabique reste intacte, comme le suggère l'exemple suivant:

« J'ai eu un billet. »

Dans cette séquence, "ai" est enchaîné à "eu", lui-même enchaîné à "un" dans un même groupe de souffle (il n'y a pas d'arrêt de la voix entre les mots).

Notez que l’enchaînement vocalique diffère du phénomène de transition articulatoire que l’on remarque lors du passage entre la semi-voyelle et la voyelle qui suit. En effet, l’enchaînement vocalique conserve la netteté articulatoire et la valeur de syllabe des deux voyelles enchaînées tout en produisant l’impression d’un son continu. La transition articulatoire, quant à elle, fait en sorte que le contact entre la semi-voyelle et la voyelle qui suit ne produise qu’une seule et même syllabe.

Voici un exemple contrastif.

Comparez les coupes syllabiques des exemples suivants: « (Il) y / est. » « lui »

Dans le premier cas, il s’agit d’un enchaînement vocalique; la valeur de syllabe du [i] de "y" et celle du [è] de "est" est conservée.

Dans le second cas, il s’agit d’une transition articulatoire; la semi-voyelle [y] et la voyelle [i] dans "lui" ne forment qu’une seule et même syllabe.

(B) La liaison

La liaison, le mot le dit, consiste à lier à l'oral deux mots qui se suivent de manière à recréer un contexte favorable à l'enchaînement consonantique.

Elle se fait, cette liaison, en insérant une consonne entre les deux mots à lier.

La liaison est basée sur des principes grammaticaux desquels découlent des règles de liaison bien précises.

La liaison, en plus de faciliter la prononciation des mots, occupe un rôle important au niveau du discours oral.

La consonne de liaison

Page 3: L'Enchainement Et La Liaison

La consonne qui apparaît lors dans la liaison est une consonne orale. Elle provient de la forme écrite du mot à lier et plus particulièrement de la consonne finale de ce mot. Cette consonne finale écrite reste normalement muette lorsque le mot est prononcé seul ou qu'il termine une phrase.

On dit de la consonne orale de liaison qu’elle est latente car elle ne se réalise que sous certaines conditions, soit lorsqu'elle est suivie d'un mot commençant par une voyelle ou un "h" muet (l'humain, l'homme, l'harmonie, etc.).

Il existe plus d'une consonne de liaison.

En voici la liste exhaustive.

Exemple de consonne latente

Exemple de consonne latente réalisée ou non réalisée comme consonne de liaison: " les " " les professeurs " " les élèves "

Comme vous l'avez sans doute remarqué, prononcé seul ainsi que suivi d'un mot débutant par une consonne, comme le mot "professeurs", le "s" final de "les" reste muet.

Suivi d'un mot débutant par une voyelle, comme le mot "élèves", le "s" de "les" est prononcé [z].

Le [z] est appelé ici consonne de liaison.

Les sept consonnes de liaison

En français, on compte sept consonnes de liaison, ou plus précisément sept sons consonantiques de liaison puisqu'il s'agit, nous l'avons dit, de consonnes orales:

1. [z] 2. [t] 3. [n] 4. [r] 5. [p] 6. [g] 7. [v]

La consonne de liaison [z]

Plus de 50% des liaisons s’effectuent avec le son consonantique [z].

Les consonnes finales « s », « z » et « x » engendrent une liaison en [z].

Exemple avec la consonne finale « s »:

« des arbres »

Page 4: L'Enchainement Et La Liaison

Exemple avec la consonne finale « z »:

« chez eux »

Exemple avec la consonne finale « x »:

« deux abeilles »

Attention!

Lorsque la consonne finale "s" est précédée de la consonne "r" il n'y a pas de liaison mais plutôt un enchaînement avec la consonne [r] qui précède, sauf s'il s'agit d'un "s" marquant le pluriel.

Dans ce premier exemple, un enchaînement se produit avec la consonne [r], la consonne "s" reste muette:

"toujours absent"

Dans ce deuxième exemple, un liaison se produit avec la consonne [z] car la consonne finale "s" marque le pluriel:

"leurs éléphants"

La consonne de liaison [t]

Moins de 25% des liaisons s’effectuent avec le son [t].

Les consonnes finales « t » et « d » engendrent une liaison en [t].

Exemple avec la consonne finale « t »:

«petit insecte»

Exemple avec la consonne finales « d »:

« grand insecte »

La consonne de liaison [n]

Moins de 25% des liaisons s'effectuent avec le son [n].

Seule la consonne finale « n » engendre une liaison en [n].

Exemple:

« bon élève »

Attention!

Page 5: L'Enchainement Et La Liaison

Avec "bon" et les adjectifs qui se terminent par une voyelle nasale [ê] (certain, plein, moyen etc.), le son vocalique (voir tableau des voyelles) qui termine le premier mot à lier est dénasalisé. Les expressions se prononcent donc de la même façon au masculin et au féminin. Comparez:

"bon élève"

"bonne élève"

Dans les deux cas, la voyelle de "bon" et de "bonne" se prononce avec un "o" ouvert non nasal et la voyelle de liaison [n] est prononcée au début du mot suivant.

La consonne de liaison [r]

Moins de 25% des liaisons s’effectuent avec le son [r].

Seule la consonne finale « r » engendre une liaison en [R].

Exemple:

« le premier essai »

La consonne de liaison [p]

Moins de 1% des liaisons s’effectuent avec le son [p].

Seule la consonne finale « p » engendre une liaison en [p].

Exemple:

« trop aimable »

La consonne de liaison [g]

Moins de 1% des liaisons s’effectuent avec le son [g].

Seule la consonne finale « g » engendre une liaison en [g].

Exemple:

«un long autobus»

La consonne de liaison [v]

Moins de 1% des liaisons s’effectuent avec le son [v].

Seule la consonne finale « f » engendre une liaison en [v].

Exemple:

Page 6: L'Enchainement Et La Liaison

«neuf ans»

(mais!)

Les règles de la liaison

Liaison et grammaire

La liaison apparaît entre deux mots dans la phrase dans des contextes bien particuliers qui dépendent de la grammaire de cette phrase.

On sait que la phrase contient un ensemble de mots structurés qui entretiennent entre eux des relations particulières, ces relations étant plus ou moins étroites. Les mots qui la composent sont regroupés en ce que l'on appelle des groupes syntagmatiques. On verra que la liaison s’effectue principalement à l'intérieur de ces groupes syntagmatiques et plus précisément qu'elle s'effectue entre les mots de ces groupes qui entretiennent entre eux des liens étroits.

Les groupes syntagmatiques

Un groupe syntagmatique (groupe du verbe: GV, du nom: GN, de l'adjectif: GA, etc.) se compose obligatoirement d'un élément principal -le noyau syntagmatique (le verbe dans le GV, le nom dans le GN, etc.)- et facultativement d'éléments qui le précèdent -ses spécifieurs (les déterminants et adjectifs dans le GN, pronoms dans le GV, etc.)- et qui le suivent -ses compléments (objet direct: COD, objet indirect: COI, circonstanciel: CC, etc.).

De manière générale, la liaison est obligatoire entre les spécifieurs et le noyau du groupe syntagmatique.

Elle est interdite ou facultative entre le noyau du groupe syntagmatique et ses compléments.

Les liaisons obligatoires

(A) Les liaisons obligatoires à l’intérieur du groupe du nom:

entre le déterminant et le nom entre le déterminant et l’adjectif entre l’adjectif et le nom

(B) Les liaisons obligatoires à l’intérieur du groupe du verbe:

entre le verbe et le pronom complément entre le pronom complément et le verbe

(C) Les liaisons obligatoires entre le GN sujet et le GV:

entre le pronom sujet et le verbe entre le verbe et le pronom sujet inversé entre le pronom sujet et les pronoms «en» et «y»

(D) Les liaisons obligatoires dans d’autres contextes:

entre l’adverbe et le mot suivant

Page 7: L'Enchainement Et La Liaison

entre la préposition et le mot suivant entre «quant» ou «dont» et le mot suivant dans les mots composés et les locutions

Groupe du nom

On fait toujours la liaison entre le déterminant et le nom qui l’accompagne.

Il s’agit plus précisément de l’article défini (les), des articles possessifs (mon, ton, son, mes, tes, ses, nos et vos), de l'article démonstratif (ces), des déterminants interrogatifs (quels et quelles) et des déterminants indéfinis (un, des, certain, certains et certaines).

On dira, par exemple:

"nos ordres"

On fait toujours la liaison entre le déterminant et l’adjectif qui l’accompagne.

On dira, par exemple

« trois immenses souris »

On fait toujours la liaison entre l’adjectif et le nom qui l’accompagne.

On dira, par exemple:

«le gros éléphant» «le dernier examen»

Dans le cas des adjectifs qui se terminent pas une voyelle nasale, cette voyelle est dénasalisée lorsque que la liaison se fait avec le son [n].

Groupe du verbe

On fait toujours la liaison entre le verbe et le pronom complément qui le suit (Les pronoms qui commencent par une voyelle: "y" et "en").

On dira, par exemple:

« allons-y »

« finissons-en »

On fait toujours la liaison entre le pronom complément (Les pronoms qui se terminent par une consonne: "les" et "en".) et le verbe lorsque celui-ci précède le verbe.

On dira, par exemple:

"Il les envoie."

Page 8: L'Enchainement Et La Liaison

GN et GV

On fait toujours la liaison entre le pronom sujet (on, nous, vous, ils, elles) et le verbe.

On dira, par exemple:

«nous arrivons» «ils aiment»

On fait toujours la liaison entre le verbe et le pronom sujet inversé (Ce sujet inversé est: il, elle, on, ils, elles.).

On dira, par exemple:

«Rougissent-ils?»

Attention!

Lorsque l'on inverse un verbe se terminant par un "e" muet (3ème personne du singulier du présent de l'indicatif), il faut ajouter un "t" de liaison à l'écrit. Ce "t" de liaison est la seule marque de liaison que l'on rencontre à l'écrit.

Observez:

"Elle danse." "Danse-t-elle?"

On fait toujours la liaison entre le pronom sujet et les pronoms «en» et «y».

On dira par exemple:

«Ils y vont demain.» «allez-vous-en!»

Autres contextes

On fait toujours la liaison entre l'adverbe et le mot qui suit.

Notamment les adverbes monosyllabiques tels que "bien", "moins", "très", "plus", etc.

On dira, par exemple:

"très acide"

On fait toujours la liaison entre la préposition et le mot qui suit.

Notamment avec les prépositions monosyllabiques telles que "dans", "sous", "dès", "sans", "en", etc.

Page 9: L'Enchainement Et La Liaison

On dira, par exemple:

"dès aujourd'hui"

On fait toujours la liaison entre «quant» ou «dont» le mot qui suit.

On dira, par exemple:

«quant à moi» «dont il parle»

On fait généralement la liaison entre les mots qui forment un mot composé ou une locution. On reconnaît le mot composé ou la locution au fait qu'on ne peut y soustraire, y ajouter, y remplacer ou y commuter un seul mot sans que le sens en soit changé.

On dira, par exemple:

«vis-à-vis» «c’est-à-dire»

Les liaisons interdites

(A) La liaison interdite à l’intérieur du groupe du nom:

entre le nom au singulier et le mot suivant

(B) Les liaisons interdites à l’intérieur du groupe verbe:

entre le verbe et le verbe à l’infinitif qui suit après le « s » de la 2ème personne du singulier entre le participe passé et son complément

(C) Les liaisons interdites entre le groupe du nom sujet et le groupe du verbe

(D) Les liaisons interdites dans d’autres contextes:

entre «et» et le mot suivant entre la préposition et le nom propre devant un «h» aspiré à l’intérieur de certains groupes figés devant «un» , «huit» et «onze»

Dans le groupe du nom

On ne fait jamais la liaison entre le nom au singulier et le mot qui suit.

On dira, par exemple

«le nid / embelli» «un bonbon / alléchant»

Page 10: L'Enchainement Et La Liaison

Dans le groupe verbal

On ne fait jamais la liaison entre le verbe et un autre verbe à l’infinitif (liaison facultative si précédée d'un auxiliaire ou semi-auxiliaire).

On dira, par exemple:

«vous pensez / obtenir»

On ne fait jamais la liaison entre le verbe conjugué (de l'indicatif présent ou du subjonctif présent) à la 2ème personne du singulier et ce qui suit.

On dira, par exemple

« tu gardes / un secret »

On ne fait jamais la liaison entre le participe passé et son complément.

On dira, par exemple

«nous sommes allés / au cinéma»

Entre GN / GV

Mis à part les quelques cas de liaisons obligatoires on ne fait jamais la liaison entre le groupe du nom sujet et le groupe du verbe.

On dira, par exemple:

«Les chiens / aboient.»

Dans d'autres contextes

On ne fait jamais la liaison entre le mot «et» et le mot qui suit.

On dira, par exemple:

«un bébé et / un chat» «et / alors»

On ne fait jamais la liaison entre la préposition et le nom propre qui suit.

On dira, par exemple

«après / Annie»

On ne fait jamais la liaison entre un mot qui commence par un «h» aspiré et ce qui précède.

Page 11: L'Enchainement Et La Liaison

En français, on distingue le «h» aspiré du «h» muet, bien que ces deux «h» soient muets phonétiquement.

La distinction entre les deux types de «h» est essentiellement étymologique. Aucun indice ne permet de reconnaître le type de «h»: on ne peut se fier qu’à l’usage et au dictionnaire.

On dira, par exemple:

«un grand / handicapé»

mais

«un grand hôpital»

Dans certains groupes figés, la liaison ne se fait pas.

C'est le cas des groupes figés qui entretiennent une relation de cohérence faible entre les éléments qui les composent. Ce sont des groupes aisément décomposables.

On dira, par exemple

"à tort / ou à raison"

On ne fait jamais la liaison devant les mots «un», «huit» et «onze». On dira, par exemple: «les / onze cahiers» «les / huit cahiers»

Les liaisons facultatives

Les liaisons facultatives sont des liaisons qui ne sont ni obligatoires, ni interdites: elles sont conseillées. La seule véritable règle qui régit les liaisons facultatives est celle des niveaux de langue en fonction de la situation de communication dans laquelle on se trouve.

Ainsi, on remarque que plus le registre est soutenu, plus les liaisons facultatives sont nombreuses et inversement que plus il est familier, plus les liaisons facultatives sont rarifiées. L’usage conseille donc de faire davantage de liaisons facultatives dans un contexte formel de communication (à la lecture par exemple).

Voici quelques règles de liaisons facultatives recommandées.

entre le verbe et le nom ou l’adjectif attribut après «quand» et «dont» entre l'auxiliaire «être» à la 3ème personne et le participe passé ou l'adjectif attribut entre le nom pluriel et l’adjectif qui suit entre les semi-auxiliaires et le mot qui suit

Entre verbe et nom ou adjectif attribut

Il est conseillé de faire la liaison entre le verbe et l'adjectif ou le nom attribut qui le suit.

Page 12: L'Enchainement Et La Liaison

On dira, par exemple

"Il paraît_attentif."

Après "quand" et "dont"

Il est conseillé de faire la liaison entre «quand» ou «dont» et le mot qui suit.

On dira, par exemple:

«la fille dont_ il me parle»

«quand_on voit»

Ces deux liaisons sont très systématiques dans la langue parlée; on pourrait les placer parmi les liaisons obligatoires

Après "être" à la 3e personne

Il est conseillé de faire la liaison entre l'auxiliaire "être" à la 3ème personne et le participe passé ou l'adjectif attribut qui suit.

On dira, par exemple:

"Ils sont_ obligés." "Elle est_élégante."

La liaison souvent considérée obligatoire avec le présentatif "c'est" et la forme impersonnelle "il est" comme dans:

"C'est_amusant." "Il est_interdit de fumer."

Entre le nom au pluriel et l'adjectif

Il est conseillé de faire la liaison entre le nom pluriel et l’adjectif qui suit.

On dira, par exemple:

« des jeux_ enfantins».

Après un semi-auxiliaire

Il est conseillé de faire la liaison entre les semi-auxiliaires «aller, avoir, devoir, pouvoir, falloir, vouloir» et le mot qui suit.

On dira, par exemple:

«ils voudront_une maison».

Page 13: L'Enchainement Et La Liaison

Le rôle de la liaison

1- Un rôle grammatical

La liaison permet, à l’oral, de distinguer par exemple le singulier du pluriel.

Ecoutez les exemples suivants:

Quel enfant formidable! Quels enfants formidables!

Ici, c'est la consonne de liaison [z] entre le déterminant et le nom qui permet de distinguer le nom singulier du nom pluriel.

Quand la terminaison d'un verbe, par exemple, ne nous fournit pas d'indice audible (que l'on peut entendre), seule la consonne de liaison entre le pronom sujet et son verbe nous permet de distinguer, par exemple, la troisième personne du singulier de celle du pluriel.

Comparez en effet les deux phrases suivantes:

"Il aime danser." "Ils aiment danser."

2- Un rôle sémantique

La liaison permet aussi de distinguer quelques paires minimales du lexique français telles que: "les hauteurs" "les auteurs"

3- Un rôle pragmatique

Dans le discours, la liaison possède une fonction d'identification: elle permet de distinguer l'appartenance à des groupes sociaux différents ou encore de distinguer des situations d'énonciation différentes.

On remarque, par exemple, plus de liaisons chez les aînés que chez jeunes et plus de liaisons à la lecture (en langue soutenue) qu'en situation de conversation (en langue familière).

Le module de phonétique

Alphabets et orthographe

La phonétique articulatoire La phonétique acoustique Les voyelles Les consonnes Les semi-voyelles Le 'e' instable L'enchaînement et la liaison La prosodie

Page 14: L'Enchainement Et La Liaison

La phrase simple

ses parties (du discours) et leur fonction

ses types: affirmatives, négatives, exclamatives, interrogatives

La phrase complexe

La subordination: o complétive o circonstancielle

La coordination La relative

Les constituants

Les noms communs et propres Les pronoms personnels Les adjectifs La coordination Les déterminants Les verbes: aspect, temps, mode et participes Les adverbes et autres catégories invariables

Les pronoms personnels

A. Définition B. Quelques exemples C. Valeurs D. Emploi E. Fonctions F. Pronoms réfléchis G. Placement H. Groupement I. Interprétation

Tableau des formes pronominales

PRATIQUE DE L'ECRIT

A) Définition

Page 15: L'Enchainement Et La Liaison

Les pronoms personnels fonctionnent comme substituts de noms, de groupes nominaux, de groupes prépositionnels ou adverbiaux. Ils désignent ou se référent à des personnes, en marquant la valeur de personne (1ère, 2ème ou 3ème), de genre (masculin, féminin, neutre) et de nombre (singulier ou pluriel), ou à des choses (3ème personne, masculin ou féminin, singulier ou pluriel).

La forme des pronoms personnels varie également selon leur fonction et leur position dans la phrase. On peut distinguer les pronoms sujet des pronoms objet et les pronoms conjoints/atones des pronoms disjoints/toniques.

Les différentes formes pronominales du français sont présentées dans un tableau.

sujet:

(1)Paul et Marie dorment. Ils dorment.

Pronoms conjoints complément d'objet direct (COD):

(2)Le Président a salué Paul et Marie. Le Président les a salués.

B) Quelques exemples (suite)

Pronoms conjoints complément d'objet indirect (COI):

(3)a. Le Président a parlé à Paul et Marie. Le Président leur a parlé. b. Le Président a pensé au pardon. Le Président y a pensé. c. Le Président a parlé de pardon. Le Président en a parlé.

Pronoms conjoints complément circonstanciel:

(4)a. Le Président a toujours habité à Paris. Le Président y a toujours habité. b. Le Président est revenu de son voyage. Le Président en est revenu.

B) Quelques exemples (suite)

Pronoms disjoints

(5)a. Le Président ne pense qu'à ce ministre. Le Président ne pense qu'à lui. b. Le Président et Mère Térèsa méritent d'aller au Paradis. Lui et elle méritent d'aller au Paradis. c. Je souhaite me présenter au Président. Je souhaite me présenter à lui.

Page 16: L'Enchainement Et La Liaison

d. Le Président viendra sans ses ministres. Le Président viendra sans eux.

B) Quelques exemples (fin)

Pronoms réfléchis conjoints:

(6)Tous les ministres se présentent au Président.

Pronoms réfléchis disjoints:

(7)a. Tous les ministres adorent parler d'eux-mêmes. b. On trouve toujours plus grand que soi.

C) Valeurs

Les pronoms personnels de 1ère et 2ème personne désignent nécessairement une personne, par exemple la personne qui parle ou celle à qui on parle. Les pronoms personnels à la 3ème

personne désignent soit des personnes soit des choses. Le pronom neutre "on" doit se référer à des personnes (le "on" collectif sera discuté plus tard). On peut considérer que les

pronoms circonstanciels ont par défaut la valeur de 3ème personne.

La valeur de nombre est spécifiée pour tous les pronoms, soit singulier soit pluriel. Quant à la valeur du genre, la distinction masculin/féminin ne vaut que pour les pronoms de 3ème personne sujet et objet direct.

L'emploi des pronoms personnels dépend de la fonction qu'ils jouent dans la phrase. Leur fonction est déterminée par leur position dans la phrase. Ainsi, un pronom personnel peut fonctionner comme sujet de la phrase, en (1a-b), comme objet direct, en (2a-b), comme objet indirect, en (3a-b), ou comme complément circonstanciel, en (4).

1.   a. Je dors. b. Seul lui viendra.

2.   a. Jean le verra. b. Jean ne verra que lui.

3.   a. Jean lui a parlé. b. Jean parle souvent de toi.

4.   a. Jean y est resté un long moment. b. Jean en sort.

D) Emploi

Comme illustré dans le tableau des pronoms, on peut classer les pronoms personnels en deux groupes principaux:

Page 17: L'Enchainement Et La Liaison

(I) LES PRONOMS CONJOINTS:

Ce sont des formes obligatoirement attachées au verbe dans les temps simples et à l'auxiliaire dans les temps composés :

(1)

a. Le Président te regarde. b. Regarde-le dans le miroir! c. Le Président t'a regardé. d. Il croit l'avoir trompé.

Ces pronoms occupent une position satellite du verbe. Plus précisément, ils sont soudés au verbe: aucun matériel, si ce n'est un autre pronom conjoint, ne peut séparer le pronom conjoint du verbe (Note: le symbole * signifie que la phrase est agrammaticale):

(2)

a. *Le Président te souvent regarde.Le Président te regarde souvent.

b. Le Président te le donne. c. *Dis toujours-lui la vérité!

Dis-lui toujours la vérité! d. Donne-la-lui!

En outre, les pronoms conjoints ne peuvent être ni accentués, ni modifiés par un adverbe, ni même coordonnés.

(3)

a. *C'est LE que j'ai admiré, pas elle. b. *Le Président a seulement le regardé. c. *Le Président me et te regarde.

(II) LES PRONOMS DISJOINTS:

Ce sont des formes détachées du verbe. Lorsqu'ils peuvent être utilisés, ils occupent les positions usuelles pour les groupes nominaux (noms communs, noms propres), à savoir les positions de sujet, de complément de verbes et de prépositions, ou encore des positions extraposées.

(4)

a. Le Président ne regarde que toi. b. Le Président ne se confessera pas à toi. c. Moi, je veux bien venir.

Le choix entre pronoms conjoints et pronoms disjoints n'est pas libre. Il y des généralités qu'on peut faire:

(A)Les pronoms conjoints sont des formes pronominales simples et réduites (non modifiées) qui ne

Page 18: L'Enchainement Et La Liaison

sont pas autonomes, contrairement aux pronoms disjoints. Les pronoms conjoints sont utilisés lorsqu'ils sont sujet, objet direct, et objet indirect des prépositions "à" et "de":

(5)

a. Je viendrai. (sujet) b. Le Président te salue. (objet direct) c. Le Président lui/en parle. (objet indirect)

(B)Les pronoms disjoints sont utilisés lorsqu'ils sont compléments de prépositions "fortes": "avec, sans, contre, sur, etc." En outre, on utilise les formes pronominales disjointes, lorsque les pronoms apparaissent isolés dans la phrase, par exemple par une pause. Finalement, il y a des contextes bien précis où l'on doit utiliser un pronom disjoint, simplement parce que l'emploi du pronom conjoint correspondant n'est pas permis.

(6)

a. Jean est venue avec elle. b. Toi, je te connais. c. Qui as-tu vu ? Lui/*Le. d. Le Président se fie à lui.

("*Le Président se lui fie", mais on peut dire: "Le Président s'y fie").

E) Pronoms conjoints: fonction

Les pronoms conjoints sont également nommés pronoms atones, faibles, ou encore clitiques. Ce sont donc des formes qui ne peuvent pas être pleinement accentuées et surtout qui ont besoin d'un

support verbal (verbe au temps simple, auxiliaire au temps composé).

On doit dire:

Le Président saluera LUI, pas elle.

au lieu de:

*Le Président LE saluera, pas elle.

E) Pronoms conjoints: sujet

1. Sujet

Le paradigme des pronoms conjoints sujet est donné dans le tableau des pronoms. On parle aussi de pronoms nominatifs (marqués du cas nominatif: "je", "tu", "il(s)"...). Dans les phrases déclaratives, le pronom sujet occupe une position à la gauche immédiate du verbe conjugué et s'accorde avec lui en nombre et personne:

(1)

Je dors.

Page 19: L'Enchainement Et La Liaison

Tu dors. Il dort. Nous dormons. Vous dormez. Ils dorment.

Ces pronoms ont la fonction de sujet réel dans la phrase, c'est-à-dire qu'ils ont une interprétation vis-à-vis du verbe.

E) Fonctions: sujet (suite)

Le "il" impersonnel

En revanche, le pronom "il" fonctionne avec certains verbes ou prédicats comme sujet apparent, c'est-à-dire comme sujet impersonnel. Il ne reçoit aucune interprétation de la part du verbe. C'est le cas dans les phrases en (2).

(2)

a. Il faut rester prudent. b. Il a plu toute la journée. c. Il est possible de tout pardonner.

E) Fonctions: sujet (suite)

Le "on" neutre

Le pronom "on" est dit "neutre", mais possède plusieurs interprétations: en (3a) il désigne "n'importe qui"; en (3b) il désigne "quelqu'un"; en (3c) il désigne "nous" et en (3d) "tu/vous".

(3)

a. On ne doit pas tuer. b. On a sonné à la porte. c. Je vous le dis: on ne viendra pas à la fête. d. Dis donc! On est si méchant avec sa maman!

E) Fonctions: sujet (fin)

Le "ce"

Finalement, le pronom "ce" a la fonction de sujet dans les phrases en (4). Il peut avoir une interprétation à référence déictique (emploi démonstratif), en (4a), un emploi présentatif, en (4b), ou un emploi quasi-impersonnel, en (4c).

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(4)

a. Un tel désastre, c'était effrayant. b. L'homme là-bas, c'est mon mari. c. C'est possible que personne ne vienne.

E) Fonctions: objet direct

Les pronoms fonctionnant comme objet direct du verbe (COD = complément d'objet direct) sont aussi nommés pronoms accusatifs ("le", "la", "les" portent la marque du cas accusatif, voir tableau). Dans une phrase déclarative, ils occupent la position entre le sujet - pronominal ou non - et le verbe. Ce sont des pronoms conjoints, soudés au verbe.

En voici deux exemples:

(1)

a. Jean/il le regardera. b. Le Président/il nous saluera.

E) Fonctions: objet direct (suite)

Le pronom masculin "le" est la forme neutre de la fonction d'objet : il peut reprendre une proposition, une idée sous-entendue :

(2)

a. Le Président est plus conciliant qu'il ne le fait croire. b. Il doit mentir, à la manière dont il l'a dit.

Le pronom "le" peut avoir également la fonction d'attribut. Il se rapporte alors à un adjectif, un substantif ou à un participe.

(3)

a. Riche, le Président ne l'est pas. b. Blessé par l'ennemi, ce brave l'a été souvent. c. Ton père, je ne le suis pas.

E) Fonctions: objet direct (fin)

Sur le plan de l'accord, l'emploi des pronoms conjoints objet direct entraîne l'accord du participe passé en genre et nombre dans les temps composés. Cet accord découle de la règle générale de l'accord du participe passé en français : si le complément objet direct précède le participe, alors

on pratique l'accord (voir tutoriel).

(4)

a. Ces filles, il les a toujours respectées.

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b. Le Président vous a tous salués. ("vous" collectif)

E) Fonctions: objet indirect

Dans la fonction de complément d'objet indirect, le choix entre pronoms disjoints et pronoms conjoints est moins marqué. Les pronoms "lui" et "leur" dans le tableau des pronoms sont des formes dites datives correspondant à un complément d'objet indirect introduit par "à". Comme ils ne sont pas distingués pour le genre, ils peuvent reprendre invariablement un complément d'objet indirect au masculin ou au féminin.

(1)

c. Le Président donne une médaille à ce citoyen/à cette citoyenne. Le Président lui donne une médaille.

d. Le Président adresse ses bons voeux aux concitoyens/aux concitoyennes. Le Président leur adresse ses bons voeux.

e. Monsieur, le Président vous a salué. ("vous" de politesse)

E) Fonctions: objet indirect (suite)

Certains verbes forment une exception: ils prennent un complément d'objet indirect en "à" qui, une fois pronominalisée, a la forme du pronom conjoint "y" (pour les choses et les notions, parfois pour les personnes) ou d'un pronom disjoint (pour les personnes):

(2)

a. A ton travail, tu y penses sans arrêt. b. Je pense sans arrêt à elle.

(Note: on peut aussi dire "J'y pense sans arrêt")

E) Fonctions: objet indirect (suite)

L'utilisation du pronom disjoint est requise dans les contextes où le pronom conjoint datif ne peut être employé, p.ex. lors de suites impossibles de pronoms conjoints (*[se lui/me] *[lui/me te],

etc.; voir section H sur le groupement des pronoms).

(3)

a. L'occasion s'est offerte à lui. (vs. *L'occasion se lui est offerte)

b. Je me suis présenté à toi. (vs. *Je me te suis présenté)

E) Fonctions: objet indirect (suite)

Le pronom "en"

Enfin, le pronom "en" fonctionne comme un complément d'objet indirect de verbes et adjectifs qui sont employés avec la préposition "de":

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(5)

a. Le Président a parlé de politique. Le Président en a parlé.

b. Pierre est fier de sa femme. Pierre en est fier.

E) Fonctions: objet indirect (fin)

Le pronom "en" (suite)

Le pronom "en" présente plusieurs autres fonctions: complément de nom, comme en (6a), complément de quantifieur à valeur partitive ou indéfinie, comme en (6b), ou encore complément circonstanciel à valeur locative.

(6)

a. Pierre en a apprécié la première partie, de ce roman. b. Pierre en a bu quelques-unes, de ces bières-là/de bières.

E) Fonction : circonstanciel

Outre leur fonction d'objet indirect, les pronoms "y" et "en" peuvent fonctionner comme compléments circonstanciels de lieu. On dit alors qu'ils ont une valeur adverbiale.

(1)

a. Pierre en a écarté la foule, de là. b. Pierre y a longtemps habité, ici.

Dans ces phrases, les pronoms "y" et "en" se rapportent à un adverbe de lieu.

F) Pronoms réfléchis

Les pronoms réfléchis présentés dans le tableau des pronoms ont la propriété de se référer obligatoirement au sujet (voir section I sur l'interprétation des pronoms). Ils se comportent comme des pronoms conjoints lorsqu'ils ont la fonction d'objet direct ou d'objet indirect avec la préposition "à" (datif):

(1)

a. Pierre se rase. b. Pierre s'offre des fleurs.

Le pronom "se" peut aussi faire partie de verbes pronominaux comme "se suicider", "s'évanouir". Dans ces cas, ils n'ont pas une fonction d'objet direct ou indirect par rapport au verbe, donc n'ont pas de signification propre.Les pronoms réfléchis ont la forme de pronoms disjoints lorsqu'ils sont compléments de préposition autre que le "à" datif.

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(2)

a. Pierre adore parler de lui-même. b. On n'est pas toujours fier de soi.

Comme le pronom réfléchi renvoie obligatoirement au sujet de la phrase, il s'accorde en genre, nombre et personne avec celui-ci:

(3)

a. Nous nous sommes offert des fleurs. b. Vous êtes vraiment fiers de vous-(mêmes).

Il faut retenir deux points essentiels à propos des pronoms réfléchis.

(I)

L'utilisation du pronom réfléchi "se, me, te..." entraîne le changement d'auxiliaire de "avoir" à "être" dans les temps composés:

(4) Marie s'est offert des fleurs.

Seulement si le pronom "se" a la fonction d'objet direct, il déclenche l'accord du participe (usuel avec l'auxiliaire "être"). Il y a également l'accord du participe avec les verbes pronominaux. Par contre, si le pronom réfléchi a une fonction d'objet indirect, l'accord du participe n'a pas lieu (voir (5)).

(5)

a. Marie s'est présentée au Président. b. Marie s'est évanouie.

F) Pronom réfléchi (fin)(II)

L'alternance des formes parmi les pronoms disjoints réfléchis "soi", "soi-même", "lui/moi/nous/vous", "lui-/moi-/nous-/vous-même(s)" n'est pas toujours clairement définie dans l'usage. En effet, on peut utiliser le pronom "soi-même" à la place de "lui-même" ou encore le pronom "lui" à la place de "lui-même" ("lui" ayant alors une valeur ambiguë: réfléchie ou non

réfléchie).

(6)

a. Il s'est replié sur soi-même/lui-même. b. Pierre est toujours content de lui.

(lui=lui-même ou qqn d'autre)

G) Placement des pronoms

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Dans les phrases déclaratives, affirmatives ou négatives, les pronoms conjoints objet se placent immédiatement avant le verbe dans les temps simples et immédiatement avant l'auxiliaire dans les temps composés.

(1)

a. Le Président te saluera. b. Le Président ne les a pas salués.

Il en va de même pour les pronoms conjoints sujet (voir section H pour les groupements de pronoms conjoints), excepté que la particule de négation "ne" peut intervenir entre le sujet et le verbe/auxiliaire:

(2)

a. Il ne saluera aucun ministre. b. Il n'a pas salué les ministres.

G) Placement des pronoms (suite)

Les phrases interrogatives

Dans les phrases interrogatives (question) comprenant l'inversion du verbe et du pronom sujet (inversion simple et complexe, voir tutoriel), le pronom disjoint sujet se place immédiatement après le verbe/auxiliaire, alors que les pronoms objet maintiennent leur placement avant le verbe. Il suffit de comparer la phrase interrogative sans inversion en (3a) avec celle à inversion en (3b).

(3)

a. Quand est-ce qu'ils les ont rencontrés? b. Quand les ont-ils rencontrés?

Les phrases impératives

Dans les phrases impératives affirmatives, les pronoms conjoints objet se placent immédiatement après le verbe. En revanche, dans les impératives négatives, les pronoms conjoints se placent avant le verbe:

(4)

a. Dis-le! Ne le dis pas.

b. Donne-moi la main! Ne me donne pas la main.

On voit donc que le placement des pronoms conjoints en français peut être soit immédiatement avant le verbe, soit immédiatement après, selon le type de phrase. Avant ou après le verbe, les pronoms sujet ne changent pas de forme.

G) Placement des pronoms (fin)

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En revanche, les pronoms conjoints objet direct de 1ère et 2ème personne singulier présentent une forme après le verbe différente de celle avant le verbe, "moi" à la place de "me" et "toi" à la place de "te". Ce changement en forme pronominale forte ("moi" et "toi" sont aussi des pronoms disjoints) est lié au fait que le pronom après le verbe porte l'accent du mot (il s'agit de la dernière syllabe du mot complexe). Seule la forme faible "le" a résisté à ce changement de forme. Les formes "vous" et "nous" ont été préservées, car ils représentent déjà des formes fortes.

(5)

a. Dis-MOI/NOUS la véritÉ! b. Dis-LE à MaRIE!

Note

La forme impérative des verbes du premier groupe (en -er) à la deuxième personne se termine normalement en "e". Toutefois, on ajoute un "s" (prononcer [z]), lorsque le verbe est suivi d'un pronom qui débute par une voyelle.

(6)

a. Mange-le! mais:

b. Manges-en deux! c. Habites-y, dans cette belle ville.

H) Groupement des pronoms

Les pronoms personnels conjoints peuvent apparaître à plusieurs dans la phrase. Dans ce cas, ils forment des groupes dont l'ordre séquentiel est fortement régi.

Cet ordre n'est pas le même si le groupe des pronoms précède ou suit le verbe.

L'ordre des pronoms précédant le verbe est décrit dans ce premier tableau.

L'ordre des pronoms suivant le verbe est décrit dans ce deuxième tableau.

Avant le verbe

Considérons d'abord les séries de pronoms conjoints avant le verbe, dont l'ordre est contraint comme indiqué dans ce premier tableau de groupement des pronoms, illustré dans les phrases déclaratives suivantes:

(1)

a. Je ne le lui donnerai pas. Suj Neg COD(3e) COI(3e) b. Vous me le donnerez. Suj COI(1e/2e) COD(3e) c. Vous m'en donnerez une. Suj COI(1e) "en" d. Ils y en mettront une partie. Suj "y" "en"

Toutefois, il y a des combinaisons qui ne sont pas possibles entre pronoms disjoints complément. Il s'agit de combinaisons mettant en jeu des pronoms de 1ère et 2ème personne objet direct et

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indirect, ou encore des pronoms objet direct de 1ère/2ème personne objet direct et de 3ème personne objet indirect:

(2)

a. *Le Président me te présentera.mais: Le Président me présentera à toi. ou: Le Président te présentera à moi.

b. *Le patron me lui recommandera.mais: Le patron me recommandera à lui.

c. *Le Président lui y (=ici) a confié un secret.

De même, le combinaison lui y en (2b) n'est pas utilisée, sans doute à cause de la répétition du son [lUi] [i].

Après le verbe

Les séries de pronoms conjoints après le verbe, limitées au contexte de l'impératif positif, doivent respecter l'ordre indiqué dans ce deuxième tableau du groupement des pronoms, illustré ci-dessous:

(3)

a. Donne-le-moi! COD(3e)-COI(1e/2e) b. Donne-le-leur! COD(3e)-COI(3e) c. Mettez-les-y! COD(3e)-"y" d. Mettez-y-en plusieurs! "y"-"en"

Alors que les combinaisons en (3b-d) respectent l'ordre des pronoms conjoints avant le verbe, la séquence de pronoms en (3a) présente un ordre inverse à celui réalisé avant le verbe (voir (1a)), accompagné du changement de la forme "me" en "moi", habituel dans ce contexte.

I) Interprétation des pronoms

L'interprétation des pronoms personnels est déterminée par la nature même du pronom, et bien sûr par le contexte. Les pronoms n'ayant pas de référence propre, ils récupèrent leur interprétation dans le contexte environnant.

Un pronom réfléchi trouve son référent dans la phrase minimale dans laquelle il apparaît. Ce référent est généralement le groupe nominal en position de sujet:

(1)

a. Le Président se (=le Président) félicite de sa popularité. b. Le Président est fidèle à lui-même/soi-même (=le Président). c. Ce ministre dit que le Président se (=le Président) trompe rarement.

En revanche, un pronom non réfléchi trouve sa référence dans le contexte environnant, mais cela en dehors de la phrase minimale qui le contient. Dans la phrase complexe (2), le pronom "le" ne

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peut pas désigner "le Président", mais peut se référer soit au sujet de la phrase principale "le Ministre" soit à une personne précédemment citée dans le dans le contexte.

(2) Le ministre dit que le Président ne l'estime pas beaucoup. ("l'" =/= "le Président, mais = "le ministre" ou "quelqu'un d'autre" mentionné ou présent dans le contexte)

Ainsi, les pronoms personnels ont nécessairement une valeur déictique; ils entretiennent donc une relation anaphorique de coréférence. Ils ne peuvent pas être utilisés sans que leur référent soit préalablement introduit (ou accessible) dans le contexte.

Si le pronom est réfléchi, alors la relation anaphorique est obligatoirement établie à l'intérieur de la phrase minimale.

Si le pronom est non réfléchi, alors la relation anaphorique n'est pas restreinte au domaine de la phrase.

Il existe différents types de relations anaphoriques/déictiques dans le texte. Mentionnons pour les pronoms

i. les anaphores proprement dites: elles renvoient à quelque chose ou quelqu'un dans le (con)texte qui précède :

(3)

a. Cet homme, tu le connais? b. J'ai vu la nouvelle voiture de Paul. Elle est bleue.

ii. Les cataphores : elles renvoient par anticipation à quelque chose ou quelqu'un dans le (con)texte qui va suivre:

(4)

a. Je vais te le donner, ton renseignement! b. Il l'avait rencontrée au cinéma. Marie lui avait plu immédiatement.

Les relations anaphoriques avec les pronoms non réfléchis entraînent parfois des ambiguïtés, du fait que ces relations de coréférence sont facultatives et fortement dépendantes du contexte. Souvent, ces ambiguïtés ne peuvent être levées que par la connaissance du monde que partagent les locuteurs:

(5)

a. Le coiffeur dit qu'il est fermé le samedi. (il = vraisemblablement, mais pas obligatoirement, le coiffeur)

b. Le Président disparaît sous le plancher : il était pourri. (il = vraisemblablement, mais pas obligatoirement, le Président)

I) Interprétation (fin)

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Notons finalement que le pronom neutre "on" peut avoir une interprétation générique ou arbitraire.

(6) On trouve toujours plus fort que soi.

Dans ce cas, le pronom "on" n'a aucun référent précis dans le contexte et a le sens de "tout le monde", "n'importe qui".