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  • Norsud N 7 Juin 2016

    521

    L'emprunt linguistique dans le Coran

    et la position d'Ab ayyn al-Nawi

    Salem Aiblu

    Universit de Misurata - Libye

    T r a n s l i t r a t i o n

    Pour raliser ce travail, nous avons adopt le mode de translittration de

    l'arabe suivant :

    A- Consonnes

    r '

    f z b

    q s t

    k

    l j

    m

    n

    h d

    w

    y

  • L'emprunt linguistique dans le Coran

    521

    B- voyelles :

    Les trois voyelles longues sont transcrites avec l'accent circonflexe.

    Les trois voyelles courtes a i u sont transcrites sans l'accent circonflexe.

    L'emprunt linguistique est un phnomne linguistique bien connu, bien

    tudi, il a t considr par les linguistes modernes comme le phnomne

    sociolinguistique le plus important dans tous le contact de langues. Ce

    phnomne a t dtermin par les linguistes modernes, ils ont dit : (il y a

    emprunt linguistique quand un parler A utilise et fini par intgrer une unit

    ou un trait linguistique qui existait prcdemment dans un parler B (dit

    langue source) et qui A ne possdait pas ; l'unit ou le trait emprunt sont

    eux-mmes qualifis d'emprunts1). Et pour ce phnomne qui est l'emprunt,

    les savants n'ont pas la mme position, pour certains, ce phnomne est

    un enrichissement de la langue ; mais pour des autres, il en est une

    altration regrettable.

    Par ailleurs, l'emprunt a t effectu selon des raisons diffrentes, et

    il a t galement tudi selon des angles et pour des raisons diffrentes

    concernant souvent les manires et les circonstances o l'emprunt se fait

    ainsi que l'intgration et les modifications qui peuvent toucher les aspects et

    la structure des langues. Et dans un texte secret comme le Coran, le

    phnomne a t tudi par les savants anciens dans l'objectif de montrer que la parole par excellence, celle qui est inimitable est la Parole de Dieu, telle qui tait donn dans le Coran

    2

    C'est ainsi et dans l'objectif de montrer les opinions et les postions de

    certains savants et chercheurs que nous allons dans les pages qui vont suivre

    donner des informations sur ce phnomne et particulirement celles

    labores par Ab ayyn al-Nawi dans ses livres d'exgses et de grammaires.

    1 Voir le Grand dictionnaire Linguistique et Sciences du langage, Paris, Larousse, Dubois,

    Jean et autres, 2007 2 Claude Gilliot, Exgse, langue et thologie en islam, l'exgse islamique de Tabari, p. 70

  • Norsud N 7 Juin 2016

    521

    Comme la plupart des langues, l'arabe a t certes soumis depuis son

    apparition, l'influence d'autres idiomes parls par les populations avec

    lesquelles les Arabes avaient des contacts. C'est pour cela que les

    grammairiens anciens de la langue arabe observaient qu'il y avait dans

    leur langue l'intrusion de mots venus d'ailleurs ; les philologues arabes

    ds le premier sicle de l'islam se sont souvent intresss ce problme,

    parmi ceux-ci, Sbawayhi (m. 180/769) dans son livre intitul (al-kitb),

    qui est le plus 'ancien livre qui nous soit parvenu ; Sbawayhi avait ddi

    plusieurs chapitres cette question3, il l'avait dgage plusieurs fois, en la

    traitant selon des points diffrents4. Il avait consacr un chapitre la

    procdure utilise par les Arabes pour arabiser les mots 5; chapitre dans

    lequel l'auteur avait dcrit la mthode en donnant des exemples. Sbawayhi

    tait intress plus par l'tablissement d'un modle thorique de la langue

    arabe que par la prsence ou non des mots non arabes dans le Coran.

    Mais, c'taient surtout les exgtes et les jurisconsultes qui s'intressaient

    cette question par rapport au texte coranique.

    Cette question comme nous l'avons dj mentionn avait t traite

    au bon moment, et comme la plupart des questions traites dans la culture

    musulmane, elle avait t dveloppe la lumire du texte coranique.

    Une lecture, des crits des savants anciens, montre malgr l'absence

    d'unanimit sur sa prsence dans la langue du Coran, qu'il y avait sur ce

    sujet une abondante littrature6. Les savants arabes musulmans pour

    diverses raisons se diffrenciaient sur la prsence de mots d'origine non-

    arabe dans le Coran : certains savants de grande importance et de' grande

    3 Al-kitb, V. 3. p. 234. V. 4. p. 303

    4 Ibid., V. 4. p. 303-304

    5 Voir, Hassan Hamz, De la racine au mot ou du mot la racine : problmatique de la

    cration d'une nouvelle mmoire de l'emprunt en arabe , in Revue tunisienne des sciences sociales, 1998, 35e ann n117, pp. 65-69 6 En arabe pour diffrentes raisons, cette question de l'emprunt linguistique a t bien traite,

    il existe en effet une littrature bien dveloppe, plusieurs savants reprsentant plusieurs

    branches du savoir et des tendances thologiques et doctrinales exprimant leurs ides sur la

    question en gnral et pour l'emprunt dans le Coran en particulier. Dans sa thse de doctorat

    intitul Les Emprunts Lexicaux dans le Coran entre l'Approche Linguistique et l'Approche Idologique, [sous la dir. d'Ibrahim Ben Mrad et Hassan hamz], Fethi jmil a affirm que certaines opinions avances sur la question taient influences par des considrations

    sociales, religieuses et nationalistes.

  • L'emprunt linguistique dans le Coran

    521

    qualit dans la pense islamique acceptaient l'ide de l'existence de mots

    non-arabes, dans le Coran : parmi eux nous trouvons des savants anciens

    (al-fuqah') comme Ibn 'Abbas (m. 68/687) et ses disciples Mujhid,

    Ibn Jubyr, (m. 104/ 722) I'krima al-Barbar, (m. 105/ 723) et Ata Ibn

    Abi Rabah (m. 114/ 732) et d'autres7. Certains savants qui reprsentaient

    plusieurs tendances refusaient d'admettre l'existence de termes non-

    arabes dans le Coran. Telle tait la position de l'imm al-fi8 (m. 204/

    820), qui avait trait la question dans son livre intitul al-Risla, il avait

    indiqu que l'arabe tait de toutes les langues, la plus riche ; seul un

    prophte pouvait en embrasser l'tendue, il avait ajout : si certains ont

    pu dire qu'il y avait des termes non-arabes, dans le Coran, c'tait qu'il

    comportait des mots particuliers ignors par certains Arabes. Que le

    Coran ne renferme aucun mot tranger, c'tait ce que montraient les nombreuses dclarations de Dieu sur la langue de ce livre. Si l'on trouvait

    des termes semblables ceux d'autres langues, c'tait par concidence :

    Nous ne nions pas que des termes aient t acquis ou qu'ils

    aient t tablis, qu'il puisse y avoir une correspondance entre

    une langue ou une partie de cette langue, et une partie de la

    langue arabe. De mme il peut y avoir des similitudes entre

    des parties de certaines langues trangres, bien que ces langues

    soient parles dans des rgions loignes les unes des autres et

    n'aient aucun lien de parent, en dpit des correspondances

    entre certains termes9 .

    : - )

    (.

    Parmi ceux qui refusaient la prsence de mots d'origine non- arabe

    dans le Coran, nous mentionnons une autre figure, qui avait lui aussi

    toutes les qualits, c'tait Ab Ubyda Mamar Ibn al-Muan (m. 208 /

    824)10

    ; celui-ci niait l'existence de mots d'origine non-arabe en dclarant :

    7 Al-Muzhir, V. 1, pp. 211-216

    8Al-Risla, P, 44, 45. 9 La Risla, p. 71. Passage, 148

    10 Al-'Itqn, V. 1. p. 393

  • Norsud N 7 Juin 2016

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    (celui qui prtend qu'il y a dans le Coran autre chose que de l'arabe

    dit quelque chose de grave contre Dieu)11

    . Donc, selon ces deux

    contemporains, al-fi12

    et Ab Ubydat M amar Ibn al-Muann, les

    mots en question taient authentiquement d'origine arabe et trangers :

    c'tait donc la thse du pur hasard mais concidant avec des mots'. Il est

    trs clair aussi que leurs opinons tait en opposition avec celles d'Ibn

    Abbs et des autres. Cet tat de recherche d'une manire tout fait

    logique avait ouvert vraiment le chemin et prpar les esprits pour qu'une

    autre opinion13

    apparaisse, ''reprsente par un autre savant d'importance,

    dans ce dbat : Ab Ubayd al-Qsim Ibn Sallm (m.224/838), Celui-ci

    avait tent de concilier les deux positions en prsence, en admettant les

    deux opinions comme tant valables, et en mettant en avant son explication

    personnelle : en effet l'origine de ces termes est trangre, comme

    l'avaient dit les anciens savants