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Norsud N 7 Juin 2016
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L'emprunt linguistique dans le Coran
et la position d'Ab ayyn al-Nawi
Salem Aiblu
Universit de Misurata - Libye
T r a n s l i t r a t i o n
Pour raliser ce travail, nous avons adopt le mode de translittration de
l'arabe suivant :
A- Consonnes
r '
f z b
q s t
k
l j
m
n
h d
w
y
L'emprunt linguistique dans le Coran
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B- voyelles :
Les trois voyelles longues sont transcrites avec l'accent circonflexe.
Les trois voyelles courtes a i u sont transcrites sans l'accent circonflexe.
L'emprunt linguistique est un phnomne linguistique bien connu, bien
tudi, il a t considr par les linguistes modernes comme le phnomne
sociolinguistique le plus important dans tous le contact de langues. Ce
phnomne a t dtermin par les linguistes modernes, ils ont dit : (il y a
emprunt linguistique quand un parler A utilise et fini par intgrer une unit
ou un trait linguistique qui existait prcdemment dans un parler B (dit
langue source) et qui A ne possdait pas ; l'unit ou le trait emprunt sont
eux-mmes qualifis d'emprunts1). Et pour ce phnomne qui est l'emprunt,
les savants n'ont pas la mme position, pour certains, ce phnomne est
un enrichissement de la langue ; mais pour des autres, il en est une
altration regrettable.
Par ailleurs, l'emprunt a t effectu selon des raisons diffrentes, et
il a t galement tudi selon des angles et pour des raisons diffrentes
concernant souvent les manires et les circonstances o l'emprunt se fait
ainsi que l'intgration et les modifications qui peuvent toucher les aspects et
la structure des langues. Et dans un texte secret comme le Coran, le
phnomne a t tudi par les savants anciens dans l'objectif de montrer que la parole par excellence, celle qui est inimitable est la Parole de Dieu, telle qui tait donn dans le Coran
2
C'est ainsi et dans l'objectif de montrer les opinions et les postions de
certains savants et chercheurs que nous allons dans les pages qui vont suivre
donner des informations sur ce phnomne et particulirement celles
labores par Ab ayyn al-Nawi dans ses livres d'exgses et de grammaires.
1 Voir le Grand dictionnaire Linguistique et Sciences du langage, Paris, Larousse, Dubois,
Jean et autres, 2007 2 Claude Gilliot, Exgse, langue et thologie en islam, l'exgse islamique de Tabari, p. 70
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Comme la plupart des langues, l'arabe a t certes soumis depuis son
apparition, l'influence d'autres idiomes parls par les populations avec
lesquelles les Arabes avaient des contacts. C'est pour cela que les
grammairiens anciens de la langue arabe observaient qu'il y avait dans
leur langue l'intrusion de mots venus d'ailleurs ; les philologues arabes
ds le premier sicle de l'islam se sont souvent intresss ce problme,
parmi ceux-ci, Sbawayhi (m. 180/769) dans son livre intitul (al-kitb),
qui est le plus 'ancien livre qui nous soit parvenu ; Sbawayhi avait ddi
plusieurs chapitres cette question3, il l'avait dgage plusieurs fois, en la
traitant selon des points diffrents4. Il avait consacr un chapitre la
procdure utilise par les Arabes pour arabiser les mots 5; chapitre dans
lequel l'auteur avait dcrit la mthode en donnant des exemples. Sbawayhi
tait intress plus par l'tablissement d'un modle thorique de la langue
arabe que par la prsence ou non des mots non arabes dans le Coran.
Mais, c'taient surtout les exgtes et les jurisconsultes qui s'intressaient
cette question par rapport au texte coranique.
Cette question comme nous l'avons dj mentionn avait t traite
au bon moment, et comme la plupart des questions traites dans la culture
musulmane, elle avait t dveloppe la lumire du texte coranique.
Une lecture, des crits des savants anciens, montre malgr l'absence
d'unanimit sur sa prsence dans la langue du Coran, qu'il y avait sur ce
sujet une abondante littrature6. Les savants arabes musulmans pour
diverses raisons se diffrenciaient sur la prsence de mots d'origine non-
arabe dans le Coran : certains savants de grande importance et de' grande
3 Al-kitb, V. 3. p. 234. V. 4. p. 303
4 Ibid., V. 4. p. 303-304
5 Voir, Hassan Hamz, De la racine au mot ou du mot la racine : problmatique de la
cration d'une nouvelle mmoire de l'emprunt en arabe , in Revue tunisienne des sciences sociales, 1998, 35e ann n117, pp. 65-69 6 En arabe pour diffrentes raisons, cette question de l'emprunt linguistique a t bien traite,
il existe en effet une littrature bien dveloppe, plusieurs savants reprsentant plusieurs
branches du savoir et des tendances thologiques et doctrinales exprimant leurs ides sur la
question en gnral et pour l'emprunt dans le Coran en particulier. Dans sa thse de doctorat
intitul Les Emprunts Lexicaux dans le Coran entre l'Approche Linguistique et l'Approche Idologique, [sous la dir. d'Ibrahim Ben Mrad et Hassan hamz], Fethi jmil a affirm que certaines opinions avances sur la question taient influences par des considrations
sociales, religieuses et nationalistes.
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qualit dans la pense islamique acceptaient l'ide de l'existence de mots
non-arabes, dans le Coran : parmi eux nous trouvons des savants anciens
(al-fuqah') comme Ibn 'Abbas (m. 68/687) et ses disciples Mujhid,
Ibn Jubyr, (m. 104/ 722) I'krima al-Barbar, (m. 105/ 723) et Ata Ibn
Abi Rabah (m. 114/ 732) et d'autres7. Certains savants qui reprsentaient
plusieurs tendances refusaient d'admettre l'existence de termes non-
arabes dans le Coran. Telle tait la position de l'imm al-fi8 (m. 204/
820), qui avait trait la question dans son livre intitul al-Risla, il avait
indiqu que l'arabe tait de toutes les langues, la plus riche ; seul un
prophte pouvait en embrasser l'tendue, il avait ajout : si certains ont
pu dire qu'il y avait des termes non-arabes, dans le Coran, c'tait qu'il
comportait des mots particuliers ignors par certains Arabes. Que le
Coran ne renferme aucun mot tranger, c'tait ce que montraient les nombreuses dclarations de Dieu sur la langue de ce livre. Si l'on trouvait
des termes semblables ceux d'autres langues, c'tait par concidence :
Nous ne nions pas que des termes aient t acquis ou qu'ils
aient t tablis, qu'il puisse y avoir une correspondance entre
une langue ou une partie de cette langue, et une partie de la
langue arabe. De mme il peut y avoir des similitudes entre
des parties de certaines langues trangres, bien que ces langues
soient parles dans des rgions loignes les unes des autres et
n'aient aucun lien de parent, en dpit des correspondances
entre certains termes9 .
: - )
(.
Parmi ceux qui refusaient la prsence de mots d'origine non- arabe
dans le Coran, nous mentionnons une autre figure, qui avait lui aussi
toutes les qualits, c'tait Ab Ubyda Mamar Ibn al-Muan (m. 208 /
824)10
; celui-ci niait l'existence de mots d'origine non-arabe en dclarant :
7 Al-Muzhir, V. 1, pp. 211-216
8Al-Risla, P, 44, 45. 9 La Risla, p. 71. Passage, 148
10 Al-'Itqn, V. 1. p. 393
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(celui qui prtend qu'il y a dans le Coran autre chose que de l'arabe
dit quelque chose de grave contre Dieu)11
. Donc, selon ces deux
contemporains, al-fi12
et Ab Ubydat M amar Ibn al-Muann, les
mots en question taient authentiquement d'origine arabe et trangers :
c'tait donc la thse du pur hasard mais concidant avec des mots'. Il est
trs clair aussi que leurs opinons tait en opposition avec celles d'Ibn
Abbs et des autres. Cet tat de recherche d'une manire tout fait
logique avait ouvert vraiment le chemin et prpar les esprits pour qu'une
autre opinion13
apparaisse, ''reprsente par un autre savant d'importance,
dans ce dbat : Ab Ubayd al-Qsim Ibn Sallm (m.224/838), Celui-ci
avait tent de concilier les deux positions en prsence, en admettant les
deux opinions comme tant valables, et en mettant en avant son explication
personnelle : en effet l'origine de ces termes est trangre, comme
l'avaient dit les anciens savants