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Leçon n° 2 : La ville de demain Introduction : Les défis ne manquent pas face au phénomène d’urbanisation que connaît le monde. Ils sont à la fois politiques, économiques, sociaux et environnementaux et les questionnements autour de la ville de demain doivent inviter à penser une ville où il fera bon vivre ensemble. Peut-on penser des villes qui corrigeront les déséquilibres sociaux et environnementaux des villes d’aujourd’hui ?

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Leçon n° 2 : La ville de demain

Introduction : Les défis ne manquent pas face au phénomène d’urbanisation queconnaît le monde. Ils sont à la fois politiques, économiques, sociaux etenvironnementaux et les questionnements autour de la ville de demain doivent inviterà penser une ville où il fera bon vivre ensemble.Peut-on penser des villes qui corrigeront les déséquilibres sociaux etenvironnementaux des villes d’aujourd’hui ?

I – La multiplication des défis liés à l’urbanisation

A – Des défis socio-économiques

Les taux d’urbanisation dans le monde en 2015

Manuel Lelivrescolaire

2016, p. 191

La population urbaine en 2050

Manuel Hatier 2016,

p. 223.

Des défis socio-économiques

Le sénateur Jean-Pierre Sueur a présenté le 16 juin 2011… un rapport intitulé "Villes dufutur, futur des villes : Quel avenir pour les villes du monde ?« En 2025, 40 villes (dont35 dans les "pays du Sud") devraient compter plus de 10 millions d’habitants etrassembler 65% de la population mondiale (contre 50% aujourd’hui), avec 1,5 milliard depersonnes vivant dans des "bidonvilles". Ce développement urbain accéléré pose denouveaux problèmes sociaux, écologiques, urbanistiques, sécuritaires, économiques, etc.Le rapport identifie ainsi 15 "défis" à relever pour combattre l’asphyxie qui menace lefutur de ces villes du fait de la surpopulation, de la pollution, de leur trop grandeétendue et des tensions provoquées par les fractures sociales grandissantes…Larecherche de la mixité sociale et de la mixité fonctionnelle (habitat-commerces-activités) est particulièrement mise en avant, alors que dans de nombreuses villesaujourd’hui des "ghettos de riches" ultra-sécurisés s’opposent à des zones de grandepauvreté, et que des cités dortoirs sans activités alternent avec des zones marchandesuniformes et sans habitants.

http://www.vie-publique.fr/

A – Des défis socio-économiques

Trace : L’ONU prévoit qu’en 2050 66% de la population mondiale vivra en ville contre54% actuellement, ce sont chaque semaine 1 million de personnes qui rejoignent lesvilles aujourd’hui. Les mégapoles (villes de plus de 10 millions d’habitants) voient leurnombre augmenter rapidement, surtout en Asie. Cet afflux de personnes dans lesvilles, notamment les plus grandes, pose des problèmes sociaux et économiques : ilfaut loger, employer, nourrir, éduquer et soigner ses personnes. Or, le nombre demal logés augmente (bidonvilles) et les tensions sociales liées à la ségrégation socio-spatiale se multiplient (pas de mixité sociale).

B - Des défis environnementaux

Les effets du mode de vie des New-Yorkais

Manuel Hatier 2016,

p. 223.

Embouteillages à Time Square

Vidéo

Les effets de l’étalement urbain

la croissance démesurée de la périphérie des villes est non seulement responsable d'une partsignificative de la disparition de la biodiversité, mais surtout elle détruit, année après année, lesterres agricoles les plus riches qui manqueront pour nourrir les générations futures. Les grandesvilles n'ont pu se développer que du fait de l'existence de ressources alimentaires et en eauabondantes à proximité. Les meilleures terres agricoles étaient donc celles de la périphérie desgrandes villes. La majeure partie de ces terres a aujourd'hui disparu. Construire des quartierséloignés des centre-ville implique de financer l'allongement des réseaux électriques,téléphoniques, d'assainissement ou d'eau potable, ou encore de construire des dessertesroutières et des parkings. Cet étalement, qui génère souvent des quartiers consacrés uniquementà l'habitation, conduit les habitants à multiplier les déplacements entre lieux de résidence,de travail ou de loisir. Ces déplacements se font le plus souvent en véhicule individuel carles transports en commun sont bien plus complexes à déployer dans cette situation que dansun contexte urbain plus dense. L'imperméabilisation d'immenses surfaces de sol par l'asphalte oule ciment conduit à aggraver les crues, à dégrader la qualité des eaux qui ruissellent.

Frédéric Melki, Biotope, in www.lemonde.fr/10 décembre 2012.

B - Des défis environnementaux

Trace : L’urbanisation a entraîné des problèmes de perte de diversité biologique, depollution ou encore d’embouteillages. L’étalement urbain pousse à l’utilisation devéhicules individuels polluants, génère des surcoûts liés à l’allongement des réseaux(téléphone, eau potable…) et l’asphalte des routes imperméabilise les sols ce quiaggrave les crues. Enfin la ville est un espace très gourmand en eau et en électricité.

II – Repenser la ville dans le sens d’un développement durable

A – Aménager des villes durables

Des éco-quartiers à Blagnac et Toulouse

Vidéo

Un Eco-Quartier est un projetd’aménagement urbain qui respecteles principes du développementdurable tout en s’adaptant auxcaractéristiques de son territoire.

39 Eco-Quartiers labellisés de 2012 à 2015

soit plus de 55 000 logements.

les Éco-Quartiers s’articulent autour des notions de la densité, de la nature en ville, de l’anticipation et de l’adaptation au changement climatique, et visent à les mettre en œuvre harmonieusement.

http://www.logement.gouv.fr/

La ville dense

Manuel Belin 2016, p. 182.

Le premier bus à « biberonnage » à Nice

http://www.presse.ademe.fr/7 novembre 2014

Depuis le 17 octobre dernier, le premier bus électrique à autonomie illimitée, dit « àbiberonnage », équipé du système WATT de PVI, effectue des essais sur l’Aéroport Nice Côted’Azur, ralliant les Terminaux 1 et 2…ce projet de système de recharge ultra-rapide, quialimente le bus sur son parcours, offre une solution respectueuse de l’environnement à faibleémission de CO2. D’un point de vue environnemental, WATT System permettra l’économie deplus de 43 tonnes de CO2 et la suppression totale des particules fines sur une ligne telle quecelle de l’Aéroport Nice Côte d’Azur, durant la seule période de l’expérimentation. A chaquearrêt, pendant le temps d’échange passagers – soit 20 secondes environ – un bras robotisésitué sur le toit du bus vient se connecter automatiquement à un totem accumulateur d’énergieintégré au mobilier urbain et alimenté par le réseau électrique existant. Une fois l’opérationeffectuée, le bus dispose d’une autonomie jusqu’à 800 mètres lui permettant de rejoindrel’arrêt suivant sur lequel le rechargement se fera à nouveau.

Vidéo

L’agriculture urbaine

Sur les toits de Paris, des chefs cuisiniers plantent leurs potagers

Manuel Belin 2016, p. 182 et www.lesoir.be/31 mai 2015

Les bâtiments à énergie positive

Ce bâtiment va devenir le premier bâtiment à énergie positive deTours en copropriété. La moitié de la consommation totale estimée dubâtiment proviendra d’une toiture solaire équipée de près de 1 000panneaux photovoltaïques.

Un bâtiment à énergie positive(BEPOS) est un bâtiment dont lebilan énergétique global estpositif, c'est-à-dire qu’il produit plusd’énergie (thermique ou électrique)qu’il n’en consomme.La baisse des consommationsénergétiques d'un bâtiment passenotamment par une architecturebioclimatique et par l'installationd'équipements thermiques etélectriques performants.

http://www.connaissancedesenergies.org/

A – Aménager des villes durables

Trace : Les villes, principalement dans les pays riches, prennent petit à petit desmesures pour atteindre l’objectif du développement durable et du « bien vivreensemble ». Des éco-quartiers voient le jour qui tentent de faire se côtoyer despopulations aux niveaux de vie différents, de faire coexister des activitésdifférentes (logements, commerces, écoles…) tout en préservant l’environnement(transports doux, recyclage des déchets…). De nombreux projets visent à densifierla ville pour éviter son étalement, à introduire l’agriculture en ville (potagerscommunautaires) pour participer à son approvisionnement ou encore à économiserl’énergie grâce aux bâtiments à énergie positive.

B – Les éco-cités, les « villes intelligentes » et les projets futuristes

L’éco-cité de Tianjin

Vidéo

L’éco-cité sino-singapourienne de Tianjin, lancéeen 2007, est une opération vitrine pour legouvernement chinois, qui entend mettre enœuvre une opération exemplaire sur le planenvironnemental et à terme réplicable ailleurs enChine Même si le projet en est encore à un stadepeu avancé (un quart de l’opération a été réaliséfin 2015), il présente une conception de la ville etdes réseaux largement novatrice en Chine : placeimportante consacrée à l’eau ; systèmes deproduction locale d’énergies renouvelables(solaire, éolien, géothermie), de réutilisation deseaux grises, de collecte pneumatique et devalorisation des déchets ; gestion intégrée de cesdifférents réseaux ; système d’indicateurs deperformance.

© Rémi Curien, 2013.

http://www.metropolitiques.eu/

Masdar, une « smart city »

Vidéo itunews.itu.int et Manuel Belin 2016, p. 189.

«Une ville intelligente etdurable est une villenovatrice qui utilise lestechnologies del'information et de lacommunication etd'autres moyens pouraméliorer la qualité devie, l'efficacité de lagestion urbaine et desservices urbains ainsi quela compétitivité tout enrespectant les besoinsdes générations actuelleset futures dans lesdomaines économique,social et del'environnement.»

Masdar, une « smart city »

www.franceinter.fr 2 janvier 2014.

La ville a bien surgi du sable, mais il lui manque donc leshabitants ! Depuis 2008, il n’y en a eu que quelquescentaines d’habitants, guère plus. Pourtant, lorsque leprojet a été lancé, les promoteurs tablaient sur 40 000habitants et 1500 entreprises. On est aujourd’hui loin ducompte. C’est la preuve qu’on ne peut pas faire surgir uneville ex nihilo, simplement parce qu’elle est écologique. Uneville, c’est aussi un tissu économique un tissu social et ça,personne, même avec le meilleur projet du monde, ne peuten faire abstraction.

Songdo, une « smart city »

Audio

Une « ville intelligente », c’est une cité ultra-connectée, parcourue de nombreuses caméras et de capteurs devant servir à optimiser la gestion de la ville, son trafic, sa consommation d’énergie et la communication entre ses habitants. La ville de Songdo est l’un des projets de « ville intelligente » parmi les plus aboutis au monde : il s’agit d’une cité entièrement nouvelle, construite sur 53 kilomètres carrés de terrains gagnés sur la mer Jaune et située à deux heures de la capitale Séoul.

savoirs.rfi.fr/

B – Les éco-cités, les « villes intelligentes » et les projets futuristes

Trace : Quelques états dans le monde ont décidé de créer des villes nouvellesappelées éco-cités et villes intelligentes et durables. A Tianjin en Chine ou à Masdardans l’émirat d’Abou Dabi, les projets visent à utiliser les nouvelles technologiespour améliorer la qualité de vie, l'efficacité de la gestion urbaine et des servicesurbains tout en respectant l'environnement. Cependant, ces projets extrêmementcouteux peinent à attirer les populations et paraissent difficilement généralisables.Ils peuvent même faire peur quand la technologie permet de surveiller lespopulations (Songdo en Corée).

Une ferme futuriste :l’immeuble Dragonfly« Dragonfly » (libellule)…l’édifice s’élève à 700 m au-dessus deRoosevelt Island, …un jour, la libellule nourrira la ville. C’est dumoins le rêve de l’architecte belge qui l’a dessinée, VincentCallebaut... Si jamais elle devait voir le jour, ses 132 étages seraientdédiés à la culture – tomates, champignons ou oranges – et àl’élevage – vaches, poules, poissons. De quoi nourrir quelque 150 000New-yorkais…On parle de « ferme verticale » ou d’agricultureverticale…Champs et pâturages ne doivent plus s’étendre à perte devue, mais en hauteur, dans un empilement d’étages au cœur de laville. Les défenseurs du concept misent sur une révolution del’agriculture et y voient une solution au problème : comment nourrirl’humanité ? Finis les transports gourmands en carburant ; àl’intérieur du bâtiment, les plantes seraient mieux protégées desnuisibles, de sorte que les produits phytosanitaires seraient utilisésavec parcimonie ; les déjections animales remplaceraient les engrais,tandis que les déchets des cultures nourriraient les animaux. Rien neserait perdu dans ce mode d’exploitation avec recyclage en boucle ;des procédés d’irrigation moderne, comme le goutte-à-goutte,permettraient d’économiser jusqu’à 70 % des besoins en eau. Lesexploitants urbains de l’avenir pourraient travailler 365 jours par anà l’abri du mauvais temps. Adieu les mauvaises récoltes – hautsrendements garantis grâce au contrôle global des nutriments, del’éclairage et de la consommation d’eau. http://future.arte.tv/fr

Earthscraper (gratte-terre)

http://www.ab-engineering.fr/ et Manuel Belin 2016, p. 188.

L’Earthscraper, que nous pourrions appeler« gratte-terre » par opposition au skyscraper(gratte-ciel), est destiné à être enfoui dans lecentre historique de Mexico. Cette pyramideinversée de 65 étages abriterait un musée sur les10 premiers étages souterrains…C’est une pyramideinversée de 300m de profondeur – soit près de lahauteur de la Tour Eiffel –La répartition desétages se ferait ainsi, de haut en bas : musée,logements, commerces, et bureaux. La toiture enverre serait conçue pour supporter toutes lesmanifestations culturelles ou politiques qui ontactuellement cours sur la place. Le plus grand défiqu’auraient à relever les ingénieurs est l’eau. Eneffet, les 165m inférieurs de la fosse seraient au-dessous du niveau hydrostatique de Mexico etdevrait donc flotter dans la boue… Uninvestissement très important dans la structuredevrait donc être réalisé ; gonflant le cout de lastructure de 30% par rapport à un gratte-cielconventionnel – un coût par ailleurs estimé àquelques 800 millions de dollars…

B – Les éco-cités, les « villes intelligentes » et les projets futuristes

Trace : Face aux défis de l’explosion urbaine, les architectes imaginent des projetsfuturistes particulièrement couteux. L’immeuble Dragonfly de l’architecte VincentCallebaut serait ainsi une ferme verticale au cœur de Manhattan à New-Yorkpermettant les cultures et l’élevage à l’abri du mauvais temps tout en économisantl’eau et l’énergie.Le projet Earthscraper serait quant à lui une pyramide inversée de 300 mètresenfouie sous le centre-historique de Mexico, accueillant musée, logements,commerces, et bureaux et permettant de compenser le manque de place en surface.