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Edito

Le nombre de policiers est en diminution, le nombre de revues en constante augmentation. C'est toutefois évidemment sans lien de cause à effet, il ne faut pas rêver. Le surréalisme des songes a aujourd'hui pris place dans la mathématique binaire de l'informatique, laquelle ne nous dit rien du réel, mais transforme bel et bien ce dernier à son image. Le phénomène-monde se « matérialise » toujours plus abstraitement à l'aune des diverses fluctuations algorythmiques dont l'abreuvent les scientifiques, qui achèvent le plus souvent d'en diminuer la portée dans de longues séries de zéros et de uns - icelles séries nous séparent religieusement du politique et du poétique sans demander leurs restes : nos désœuvrements en découlent. L'interprétation génétique de l'humain n'est elle-même rien plus que le dernier résultat en date de cette partition mathématique dont la tyrannie veut signer la mort de tout réels qui lui serait étranger. Qu'une antique arithmétique en ait été réduite à présent de longtemps à subir le même sort en dit assez long déjà sur l'état d'avancement de l'infernal dispositif où cette misérable époque nous contraint d'exister, ou plutôt de sub-exister, c'est-à-dire de survivre. Pour le dire simplement, on ne nous voudrait plus qualifiable que quantitativement, comme des marchandises, et pire encore quantiquement, en tant qu'étant et simultanément n'étant-pas : la théorie quantique est à la physique ce que le capitalisme est à l'économie : une « science » de morts-vivants.* Le mort-vivant – ou le clone - est reconnaissable entre autres à ceci aujourd'hui qu'il a d'ordinaire pour mobile

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social un téléphone portable, en quoi au quotidien il se voue sans phrase à la plus grande asociabilité. Tout le scientisme actuel et ses finasseries théologiques tendent à réaliser cette séparation malheureuse, non pas seulement en reléguant au loin une quelconque métaphysique, mais aussi l'immanence même d'où celle-ci devant ça pouvait encore germer.

Une vie réellement vécue ne consent guère à souffrir plus longtemps une telle situation, d'où ceci que :

l 'emploi de la police augmente !

Lorsque le désœuvrement renoue avec l'écœurement, la survie renoue avec le désir de vivre et découvre aussitôt, parmi les divers moyens à sa disposition, l'impérieuse nécessité de l'émeute. C'est pourquoi en effet la domination, toujours assez peu prompt à ratifier sans mot dire l'exigeance radicale où nous sommes de la voir disparaître avec son monde, s'emploie à augmenter l'emploi de la police (publicitaire, administrative, scientifique, privée, technologique, bleu marine, communicante, littéraire, carcérale, culturelle, etc...), et laisse augurer dès lors pour quiconque est un tant soit peu lucide cet inéluctable :

la guerre civile !

L'organisation militarisée d'une lutte n'a jamais rien de la guerre, mais tout du carnage rationalisé, du massacre industrialisé et de l'oppression mortifère.

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La guerre véritable au contraire est le jeu passionné que la vie joue et rejoue si besoin est sans cesse contre tous les dispositifs de la mortification, volontaire ou non.

L'écœurement est de cette guerre, son bulletin veut en être, quoique la lecture des revues soit fort logiquement en constante diminution, et fort logiquement d'abord en tant qu'aussi futée soit-elle une revue ne peut guère se prévaloir d'agir pratiquement sur la situation : nous sommes pour la rue ses palabres et ses pavés plus que pour les revues et leurs commentaires ; sans toutefois négliger ceci que lire, aujourd'hui, s'avère plus que jamais « subversif » - et si partiel encore que soit ce « subversif », notre écœurement, lui, restera sans faille.

Léolo

*

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Quelques écœurèmessur la guerre civile en cours

« Pour détruire l'Indien, nous devons détruire sa nourriture. Afin d'établir une paix durable, massacrons, dépeçons et vendons jusqu'à ce que nous ayons

exterminé tous les bisons. Alors vos prairies seront couvertes de bétail moucheté et de joyeux cow-boys. »

Général Philip Sheridan (1831-1888)

- 01 -Les ennemis de notre liberté nomment le plus souvent « pacification » « paix » ou « sécurisation » l'oppression concrète qu'ils dirigent violemment contre nous.

- 02 -Nous nommons « guerre » « guerre civile » « révolution » ou « insurrection » toutes résistances actives à cette oppression.

- 03 -La guerre civile n'est pas le résultat d'un quelconque désir de violence de notre part, mais l'inévitable issue de notre écœurement face à l'intolérable de la situation où la domination voudrait nous maintenir. Il ne nous plaît guère de donner des coups, encore moins d'en prendre : la misère circonstancielle de notre temps seule nous y encourage.

- 04 -Le nerf primordial de cette guerre n'est pas l'argent : c'est la nourriture, qui se voit présentement possédée par l'argent – ce démon d'abstraction.

- 05 -Ainsi que l'avait bien compris le général Sheridan ; dépossédés des

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moyens nécessaires à sa sustentation, nul homme ne se trouve plus en position de subsister ici-bas en toute liberté. C'est pourquoi la domination tient toujours à nous séparer tant et plus des outils comme des aptitudes utiles à la « production » de notre pitance.

- 06 -La domination agit conséquemment de même à l'égard de tous les besoins humains, qu'iceux d'ailleurs soient profonds ou frivoles : culture, poésie, sexualité, habitat, festivités, politique, loisirs et activités diverses. Notre écœurement ne peut que grandir à l'aune de cette grandissante séparation qu'on nous impose – il n'est pas jusqu'au sens de l'orientation qui ne nous soit techno-religieusement retiré avec le GPS.

- 07 -L'argent est l'instrument principal employé par la domination pour provoquer créer augmenter cette séparation diabolique - la police et l'armée n'étant que (et c'est toujours déjà beaucoup trop) les principaux instruments qu'elle emploie pour en garantir la pérennité.

- 08 -Abolissons l'argent la police et l'armée : enfin les vaches seront bien gardées.

- 09 -En tant que simple exécuteur testamentaire du politique, la politique ne peut rien pour nous – sinon encore parfois de susciter

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nos rires.

- 10 -La résurrection du politique passe par notre écœurement ; la guerre civile n'étant qu'un moment particulier particulièrement visible de de sa manifestation pratique.

- 11 -Comme négation de la magie noire du néant actuel, l'écœurement engage à l'insurrection. Comme affirmation du vivant, il invite aux passions affinitaires les plus diverses, communément sororales et fraternelles. Et comme unité du tout, l'écœurement est l'al-fidâ-sans-dieu de l'immanence où la transcendance peut renaître de renouer avec le réel, c'est-à-dire avec la qualité d'un concret tangible dont nous sommes traversés et qu'aussi bien morbleu nous traversons pleinement.

- 12 -La guerre civile est à l'écœurement ce que la pâque fut prétendument au christ : un acte de renaissance ; auguste quoique absolument profane.

- 13 -Les règles du jeu de la guerre civile sont posées sur une table qu'aucune loi n'embarrasse.

- Ad Libitum -Nous avons vu parfois au fond d'une scène banale quelqu'un qui d'assurance n'étant fait que de chair terrassait cependant l'énorme léviathan.

La belle Brasseuse

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Nouvel acte : Balayer l’autoroute - - - - - - - - - - - - - - Voilà un véritable acte citoyen : enfin de la peau de fesse de bébé le matin pour aller au boulot. Une asphalte impeccable signifie des déplacements plus fluides, aucune excuse pour arriver en retard. Cette action volontaire devra s’effectuer en heures creuses, sur le temps de loisir accordé, afin de perturber le moins possible la circulation automobile. Égayez vos trop longues soirées familiales par un bon balayage de vos habitudes : sortez en famille ! (Portez de préférence des couleurs sombres afin de ne pas éblouir les camionneurs)

Objectif : ne pas s’éparpiller dans la tâche à accomplir.Matériel : un balai par personne, des sacs-poubelles (ramassage, camouflage, ramassage)

Aurélien

Des prostitués catalane sur l'autoroute obligées de porter des gilets jaunes fluos pour exercer, sous peine de recevoir une amende de 40 euros. (source : 20mn) / L'Empire tient donc bel et bien à protéger ses sujets-automobiles d'un éventuel accident dont nous devinerions la cause sans le moindre mal. Mais qu'en est-il de l'orgasme au volant ?

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D'un Point l'Autre

Nous partons d'un point A pour aller vers un autre, encore une fois, encore une fois d'un point de la ville vers un autre, et c'est toujours du même point premier que nous partons pour arriver vers un même point dernier, ou c'est presque toujours seulement. Il arrive que le parcours change mais indifféremment, c'est-à-dire que la nature de la modification soit de pure forme, vue d'en haut deux trois virages de plus et quelques angles aussi. Nous partons d'un point pour aller vers un autre, et l'autre à la fin nous échappe, et c'est toujours l'alpha du point premier qui nous revient dans la gueule au moment même où nous pensions avoir atteint le point dernier, qu'aussi bien nous avions fixé dès le départ comme objectif, et avec tant de soins. Cela fait des dizaines d'années que sans jamais dévier nous partons d'un point A pour aller vers un autre, et des dizaines d'années qu'impuissants nous voyons fuir cet autre, un peu plus loin chaque fois. C'est que se contenter d'avoir pour intention cet unique point de chute, c'est se condamner à régaler sans cesse l'appoint de notre chute. C'est l'ABC dèr des dèr de notre innocuité, l'ABC nerfs pointés de nos têtes abaissées.

Et pendant ce temps là ?, et pendant ce temps là le réseau nerveux du système s'est infiltré partout, partout, jusqu'au dernier coin d'ombre où la vie se planquait, jusqu'aux dernières traboules où les paroles tranchaient, et jusque sous les draps où les corps se touchaient. Nous avons tout perdu, nous avons tout perdu, l'enfer hier était en rodage et personne n'a rien vu, il n'était pas pavé d'une seule bonne intention. Aujourd'hui son empire nous contrôle et c'est sans exception. L'enfer est un état d'exception permanent qui contrôle tout sans exception. Un régime cellulaire et quelques circulaires : nul n'est censé ignorer la loi. Et pour s'assurer du respect de cette loi le régime a déposé la sienne en plein dans nos cellules, dans toutes nos cellules grises et de n'importe quelles couleurs. De n'importe quelles couleurs des ordres en lignes

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directes, directement de l'Empire aux écrans et des écrans à nos rétines. Nos corps entiers comme des rétines. Nous sommes tous des organismes génétiquement modifiés. Atomisés dans l'entrelacs furieux des fils électroniques nos nerfs finissent de s'épuiser – chaque nouveau flux de signaux invisibles est un fil barbelé moderne ajouté au dispositif de l'Empire, et c'est de pire en pire. Je ne sais pas ce qu'il faut faire, à peine ce qu'il ne faut pas taire. Alors.

Alors je pars d'un point A pour aller vers un autre, encore une fois, encore une fois d'un point de la ville pour aller vers un autre, et je voudrais que ce soit sans retour. Mais à la fin ?, à la fin je rentre chez moi – case départ - et j'ai perdu moins de vingt milles, puisque nul ne peut perdre ce qu'il ne possède pas. Encore que dans les banques. Encore que dans les banques on spécule sur la vie, les banquiers spéculent sur la vie, et quand ils l'ont vidée épuisée asséchée ils trouvent encore de quoi la dépouiller, ils prélèvent des agios. Et putain pourquoi personne ne se demande comment ils font pour nous prendre ce que nous n'avons pas, et même ce que nous ne sommes pas, pourquoi personne ne le dit que l'Empire est « irréel » et que c'est de gober « l'immatériel » de sa fiction que nous crevons. Je sais bien que les matraques impériales ont le goût du réel et que ça laisse des traces, mais la meilleur des polices est en nous, elle est dans les machines virtuelles ou pas qui nous machinent avec rage à nous « marchandiser » jusqu'au bout des ongles, et pièce après pièce, petit morceau par petit morceau. Je pars d'un point A pour aller vers un autre, et je retourne chez moi. Et pourtant chez moi ce n'est pas chez moi, l'Empire m'a délocalisé. Tous les hommes à présent sont parqués dans le lunapark mondial, mais comme des réfugiés. Diaspora intégrale. J'ai parfois le mal du pays, et puis, d'autres fois je ne l'ai pas, allez savoir pourquoi.

L'ennui de nos parcours n'est pas qu'ils ne nous mènent nulle-part, mais bien que partout ailleurs maintenant ce soit encore nulle-part. Nul ne peut dans l'Empire s'épargner l'anémie, pas même les

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paysages. Beaucoup d'entre-nous ont pensé s'en sortir en suivant des lignes de fuites, en devenant eux-mêmes ces lignes de fuites, et ils ont rebondi d'un bout à l'autre de chaque ligne en se cognant partout, comme des mouches dans un bocal vide. Ils se prenaient pour des voyageurs et c'est à peine s'ils étaient des touristes. Ils ont transporté ce qu'ils voulaient fuir aux quatre coins du monde, et pour finir ?, pour finir ils se sont étonnés de ce que fuir devenait impossible. Alors enfin ils se sont fuis eux-mêmes, et de révolutions moléculaires en révolutions moléculaires, dans le supermarché des virtualités d'eux-mêmes où ils se sont perdus, ils ont fini par tout acheter – pour oublier le non-sens devenu de leurs existences, ils ont fini par acheter tout ce qu'ils pouvaient acheter, jusqu' aux médicaments pour se suicider. Je ne sais pas ce qu'il faut faire, à peine ce qu'il ne faut pas fuir. Pourquoi continuer de faire semblant d'habiter quelque-part quand quelque-part est inhabitable. Autour de nous tout est transparent – le mensonge de la transparence. Il n'y a pas jusqu'à la boulangerie qui ne soit un mensonge dans la rue où je n'habite pas. L'Empire nous condamne à tout définir par la négative, sans quoi l'intégration viendrait. L'intégration est une arme de désintégrations massives employée par l'Empire. C'est de loin l'arme

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suprême de sa suprématie, même s'il doit l'enrichir d'uranium en barres pour assurer sa garde.

Onze septembre deux-mille-un : l'Empire nous saute aux yeux.

Onze septembre deux-mille-dix : face à nous l'Empire est partout.

On nous a appris des choses ; sur les chemins de nos enfances on nous a appris des choses, et d'abord à consommer ces choses à très très haute dose, à crédit et en intraveineuse. Vivre à crédit, avec du ciment dans nos veines, avec du ciment sur nos peines avec du ciment sur nos haines et sur nos amours aussi.

Cinquième lune de l'an cent-un : notre écœurement revient qui enfin nous invite aux écarts les plus beaux, à partir d'un point A pour en brûler un autre, à partir d'un point X pour en brûler mille autres : banques préfectures mairies supermarchés usines commissariats et nous en passons et repassons encore ; le temps vient de notre vengeance.

Murgeman

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Dès ses origines, le mouvement sioniste était le contraire de la solution révolutionnaire de ce qu'on appelait la question juive. Produit direct du capitalisme européen, il visait non le bouleversement d'une société qui avait besoin de persécuter les juifs, mais la création d'une entité nationale juive qui serait à l'abri des aberrations antisémites du capitalisme décadent ; non l'abolition de l'injustice, mais son transfert. Ce qui constitue le péché originel du sionisme, c'est d'avoir toujours raisonné comme si la Palestine était une île déserte. Le mouvement ouvrier révolutionnaire voyait la solution de la question juive dans la communauté prolétarienne, c'est-à-dire la destruction du capitalisme et de « sa religion, le judaïsme », l'émancipation du juif ne pouvant se faire en dehors de l'émancipation de l'homme. Le sionisme partait de l'hypothèse inverse. [...] Le succès du sionisme, et corollairement la création de l’État d'Israël n'est

qu'un avatar du triomphe de la contre-révolution mondiale. Au « socialisme dans un seul pays » pouvait faire écho « justice pour un seul peuple » et « égalité dans un seul kibboutz ». C'est avec les capitaux de Rothschild qu'on a organisé la colonisation de la Palestine, et c'est grâce à la plus-value européenne qu'on a lancé les premiers kibboutzim. Les juifs recréaient alors pour eux tout ce dont ils étaient victimes : le fanatisme et la ségrégation. Ceux qui souffraient de n'être que tolérés dans leur société, allaient lutter pour devenir, ailleurs, des propriétaires disposant du droit de tolérer les autres. Le kibboutz n'étaient pas un dépassement révolutionnaire de la « féodalité » palestinienne, mais une formule mutualiste d'auto-défense des travailleurs-colons juifs contre les tendances d'exploitation capitaliste de l'agence juive. Parce qu'elle était le principal propriétaire juif de Palestine, l'organisation sioniste se

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Une guerre localeArticle publié dans « Internationale Situationniste » n°11 – oct 1967 –

sous le titre « Deux guerres locales », qui évoquait les problèmes vietnamien et palestiniens. Nous avons choisi ici de ne garder que des extraits ayant trait à la Palestine et Israël, et cela pour des

raisons évidentes. Pour être plus complet, on voudra bien consulter le bulletin n°11 de l'I.S.

définissait comme l'unique représentant des intérêts supérieurs de « la nation juive ». Si elle a fini par céder le droit à une certaine autogestion, c'est qu'elle s'était assurée que celle-ci serait fondée sur le refoulement systématique du paysan arabe.

Quant à la Histadrut1, elle était, dès sa création en 1920, soumise à l'autorité du sionisme mondial, c'est-à-dire le contraire même de l'émancipation des travailleurs. Les travailleurs arabes en étaient statutairement exclus, et son activité consistait souvent à interdire aux entreprises juive de les employer.

Le développement de la lutte triangulaire entre Arabes, sionistes et Anglais, allait tourner au profit des seconds ; grâce à la paternité active des américains (à partir de la deuxième guerre mondiale) et à la bénédiction de Staline (qui voyait en Israël la constitution du premier bastion « socialiste » au Moyen-Orient, mais voulait par là même se débarrasser de quelques juifs encombrants), le rêve herzlien2 ne tarda pas à se concrétiser, et l’État

juif fut arbitrairement proclamé. La récupération de toutes les formes « progressives » d'organisation sociale, et leur intégration à l'idéal sioniste, permit dès lors aux plus « révolutionnaires » de travailler, la conscience tranquille, à l'édification de l’État bourgeois, militariste et rabbinique qu'est devenu l'Israël moderne. Le sommeil prolongé de l'internationalisme prolétarien a encore une fois engendré un monstre. L'injustice fondamentale commise contre les Arabes de Palestine se retourna aussitôt contre les Juifs eux-mêmes : l’État du peuple élu n'était rien d'autre qu'une vulgaire société de classes, où s'étaient reconstituées toutes les anomalies des vieilles sociétés (divisions hiérarchiques, oppositions ethniques entre Ashkenazes et Séphardites, persécutions racistes de la minorité arabe, etc.). [...]

Et comme l’État n'aurait jamais pu voir le jour sans l'intervention directe de l'impérialisme anglo-américain et l'aide massive du capitalisme financier juif, il ne peut aujourd'hui équilibrer son économie artificielle qu'avec l'aide des mêmes

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forces qui l'ont créé. [...] Israël est, de par son être, le bastion de l'Europe au cœur d'un monde afro-asiatique. Ainsi est-il devenu doublement étranger : à la population arabe, réduite à l'état permanent de réfugiés ou de minorité colonisée, et à la population juive qui y avait vu un moment la réalisation terrestre de toutes les idéologies égalitaires.

Mais ceci n'est pas dû aux seules contradictions de la société israélienne ; dès le début, cette situation n'a cessé de s'aggraver, du fait de son entretien par l'environnement arabe, incapable jusqu'à présent d'y apporter un début de solution effective.

Dès le début du mandat britannique, la résistance arabe en Palestine a été entièrement dominée par la classe possédante, c'est-à-dire par les classes dirigeantes arabes d'alors, et leurs protecteurs britanniques. L'accord Sykes-Picot3

a mis fin à tous les espoirs du nationalisme arabe naissant, et soumis la région, savamment morcelée, à une domination étrangère qui est loin d'être achevée.

Les mêmes couches qui assuraient la servitude des masses arabes à l'Empire Ottoman passèrent au service de l'occupation britannique, et se firent les complices de la colonisation sioniste (par la vente, à des prix très élevés, de leurs terres). Le retard de la société arabe ne permettait pas encore l'émergence de nouvelles directions plus avancées, et les soulèvements populaires spontanés retrouvaient chaque fois les mêmes récupérateurs : les notabilités « féodales-bourgeoises » et leur marchandise, l'union nationale.

L'insurrection armée de 1936-1939, et la grève générale de six mois (la plus longue de l'histoire) ont été décidées et exécutées en dépit de l'opposition de toutes les directions des partis « nationalistes ». Spontanément organisées, elles ont connu une vaste ampleur ; ce qui a obligé la classe dirigeante à s'y rallier et, du coup, à prendre la direction du mouvement. Mais c'était pour y mettre un frein, le conduire à la table des négociations et aux compromis réactionnaires. Seule la victoire de ce soulèvement dans ses

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ultimes conséquences aurait pu à la fois liquider le mandat britannique et le projet sioniste de constituer un État juif. Son échec annonçait, à contrario, les futures catastrophes, et en définitive la défaite de 1948.

Celle-ci a sonné le glas de « la bourgeoisie-féodalité » comme classe dirigeante du mouvement arabe. Elle a été l'occasion pour la petite-bourgeoisie d'émerger au pouvoir et de constituer, avec les cadres de l'armée défaite, le moteur du mouvement actuel. Son programme était simple : l'unité, une certaine idéologie socialiste et la libération de la Palestine (le Retour). L'agression tripartite de 1956 lui a fourni la meilleure occasion de se consolider en tant que classe dominante, et de découvrir un leader-programme en la personne de Nasser, proposé à l'admiration collective des masses arabes dépossédées de tout. C'était leur religion et leur opium. Seulement, la nouvelle classe exploiteuse avait ses intérêts propres, et ses buts autonomes. Les mots d'ordre qui ont fait la popularité du régime bureaucratique militaire d'Égypte, étaient mauvais

en eux-mêmes, et il était incapable de les réaliser. L'unité arabe et la destruction d'Israël (tour à tour invoquée comme liquidation de l’État usurpateur, et comme rejet

pur et simple de sa population à la mer) étaient au centre de cette idéologie-propagande.

Ce qui a inauguré la décadence de la petite-bourgeoisie arabe et de son pouvoir bureaucratique, ce sont tout d'abord ses propres contradictions internes, et la superficialité de ses options (Nasser, le Baas, Kassem et les partis dits communistes n'ont pas cessé de lutter les uns contre les autres, à travers les compromissions et les alliances avec les forces les plus louches).

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[...]La question palestinienne est

trop sérieuse pour être laissée aux États, c'est-à-dire aux colonels. Elle touche de trop près les deux questions fondamentales de la révolution moderne, à savoir l'internationalisme et l’État, pour qu'aucune force existante puisse lui apporter la solution adéquate. Seul un mouvement révolutionnaire arabe résolument internationaliste et anti-étatique, peut à la fois dissoudre l’État d'Israël et avoir pour lui la masse de ses exploités. Seul, par le même processus, il pourra dissoudre tous les États arabes existants et créer l'unification arabe par le pouvoir des conseils.

L'I.S.

Notes :

1 – Histadrut : syndicat fondé en 1920 pendant le mandat anglais pour la Palestine, à Haifa, dans le but d'unifier les travailleurs d'Israël. Histadrut est devenu l'une des plus puissantes institutions pro-sionistes israéliennes.

2 – herzlien : de Herzl Theodor (Ze'ev Benjamin de son nom hébreu), né en 1860 et mort en 1904. Herzl est le fondateur du mouvement sioniste au congrès de Bâle en 1897.

3 – Sykes-Picot : accords signés le 16 mai 1916 entre la France et la Grande-Bretagne, prévoyant le partage du moyen-orient à la fin de la guerre. (La carte présenté dans cet article montre le partage issu de cet accord). L'objectif était, au moins en partie, de contrer les revendications ottomanes.

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Si nous avons trouvé bon de faire à nouveau connaître un tel texte dans cette revue, c'est tout simplement parce qu'il nous a semblé, tant dans ses vues que dans ses perspectives, d'une qualité telle qu'elle s'avérait susceptible d'offrir encore aujourd'hui de quoi comprendre ce qui se joue au cœur du conflit israëlo-palestinien, et qui nous concerne encore au plus haut point. La situation a évidemment évolué depuis 1967, mais l'analyse situationniste permet de se saisir au moins partiellement des principaux faits à l'origine de la situation présente, et laisse voir aussi à quel point l'essentiel de la problématique israëlo-palestinienne à la fin des années 60 est encore essentiellement l'essentiel de la problématique israëlo-palestinienne en 2010. C'est avoir là suffisamment dit pour nous justifier. Seuls en effet un mouvement anti-impérialiste et anti-étatique, et « l'organisation » en communes qui lui est consubstantiel, permettraient aux palestiniens comme aux israéliens d'aller vers une solution valable.

Quelques écœurés

Telle une résurgence d’un passif enterré, la galette mondaine pourrait se substituer à d’autres formes de manifestation de mécontentement : un bon renard pourrait supplanter la banderole d’ici peu. Le tout est de choisir espace et temps avec précision, le contenu de la diatribe gastrique reste cependant à déterminer. Appliquons la théorie de la cité de la peur en retournant ses bases comme des chaussettes, enlevez le pyjama de votre œsophage pour en stopper la léthargie.

Objectif : le soldat inconnu.Matériel : tartes aux maquereaux, bière et café salé.

Vouvoyer son chien, ses amis, ses enfants, ses plantes vertes etc…Objectif : devenir grammairement insupportable.Matériel : un miroir pour signifier le point de rupture, un

chronomètre.Aurélien

(Réutiliser aussi du même livre : « Tous les êtres fonctionnaient avec le silence des

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Nouvel acte :Vomir en public

Nouvel acte : Excès de zèle

Pour une métaphysique écœurante de l’écœurement

Parce qu'il est l'amour et la guerre en même temps, notre écœurement est un affront. D'être affronté ne le surprend pas. Étant l'amour même, notre écœurement ne peut être aimé : il est le plérôme de l'amour, c'est d'ailleurs pourquoi aujourd'hui il admet notoirement la guerre, l'affrontement en présence. Notre écœurement est ennemi de l'Empire, absolument, et il sait qu'il l'est. Il n'a ni voulu ni choisi cette guerre, il y est seulement né de la reconnaître. Le désœuvrement le précède, non comme son géniteur, mais fratersororellement. Le scandale de notre écœurement, c'est son inceste avec l'univers, où nous renouons avec l'unité, bien que le séparé ne s'y perde point, il y a loin. Dans l’écœurement le séparé reste, mais comme uni : l'environnement y succombe ; le réel, au contraire, y renaît comme NOUS. En lui-même, notre écœurement n'est ni une tactique ni une stratégie quelconques à utiliser dans la guerre en cours ; il est un état, une situation, une puissance d'être en renouement avec le réel, et c'est seulement par là qu'il connaît l'impérieuse nécessité d'avoir à employer toutes ses forces à l'entière destruction de l'Empire et de ses dispositifs, tant tactiquement que stratégiquement. De ce qui peut rester de romantisme avarié chez les pseudo-révolutionnaires de son temps, notre écœurement ne retient rien, sinon l'avarié, lequel a toujours déjà au moins vécu plus intensément que le romantique – cette légère avarie. Notre écœurement ne connait ni héros ni martyr, il ne désire en connaître aucun.

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En s'éprouvant comme non-identique à soi-même et mû en lui-même avec lenteur, c'est-à-dire mû par et dans et avec la plasticité de l'espace-temps réel, notre écœurement conduit, n'étant dès lors plus simplement lui-même, à son autre, sans l'absorber. Il se détermine par ce qui est extérieur à lui parce que, de par son propre caractère, il ne s'épuise pas en soi-même. Notre écœurement est un passage au nord-ouest de l'étant, une traboule, une travée, traversé par la vie ; un passage au nord-ouest de la survie, où réellement la vie nous traverse aussi sûrement que nous la traversons. La vie vraie n'est ni hors de soi ni dans soi, elle est dans notre écœurement, par quoi nous entendons à la fois hors et dans soi, autrement dit dans NOUS.

Pour qu'un concept soit vrai, sans doute faut-il qu'il ait trait à notre nature : il doit avoir connu nos grandeurs et nos petitesses, nos besoins et nos désirs, nos souffrances et nos joies, et les raisons respectives de leur apparition. Qui mieux que notre écœurement ?, lequel sait la guerre ouverte entre les Hommes où chacun doit prendre parti, et se ranger nécessairement soit au dogme impérialiste soit à « l'anti-dogmatisme » exigé par une commune liberté. Car en effet qui pense demeurer neutre s'avère toujours inévitablement pour l'Empire, et par là même contre notre écœurement.

(A suivre...)

Émile Henry

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La retraite on s'en fouton veut plus bosser du tout !

(tract rédigé par la Cellule H1N1, et distribué lors des manifestations contre la réforme des retraites de nov. 2010)

Plus question pour nous de battre inlassablement en retraite ! Il s'agit bien au contraire une bonne fois pour toutes à nos yeux de n'employer la retraite qu'avec parcimonie, en cas d'extrême nécessité, et seulement à des fins tactiques et stratégiques. Nous n'avons pas plus à nous retirer d'une vie dont l'organisation actuelle du travail et des loisirs nous a d'ores et déjà si pleinement séparé, que du champ de bataille où nous commençons tout juste à renouer avec elle. Aucune réforme ne nous rendra à la poésie dont nous sommes faits ; seule une insurrection au cours de laquelle nous abolirons le travail salarié* l'argent le patronat la police et l’État, entre autres, nous offrira d'entrer à nouveau dans le jeu merveilleux du vivant ! La réalité d'un monde où l'on ne rêve plus guère que du moment de s'en retirer fait par là aussitôt l'aveu de sa propre nullité – c'est une réalité de morts-vivants, un néant consommable qu'il nous faut nécessairement anéantir, sans autre forme de procès. Aussi sûrement que l'urne où l'on dépose son bulletin de vote n'est que l'endroit où l'on enterre les cendres du politique, la retraite salariale n'est que le moment où l'on dépose misérable les cendres d'une misérable existence chômée ou salariée. Peu nous chaut de nous retirer à 60 ou 70 ans d'une vie qui n'était déjà pas là, et qu'aucune vieillesse même oisive ne nous rendra jamais. Cessons morbleu de perdre nos vies à les gagner :

! ABOLISSONS LE TRAVAIL !! MORT AU PATRONAT ET A L'ETAT !

VIVE LA COMMUNE

* Abolir le travail salarié reste à ce jour le meilleur moyen d'en finir avec le chômage, et aussi bien avec la question des retraites.

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Morts pour la FranceQuelques épitaphes qui font honneur à notre belle nation

Ma concession pour le caveau expire le 05/11/2004, placez vos dons dans l’urne à cet effet.

Dorothée fumait du crack depuis l’âge de 13 ans. Elle aimait beaucoup mettre du coton dans son soutif. Son abcès à la mâchoire fit qu’elle ne tira pas un coup après sa majorité.

Marie aimait la vie, ce n’était pas réciproque. On lui avait pourtant dit que les relations à sens unique ça ne marchait pas.

Il était un très bon mari, un père aimant, un parfait amant, l’ami de tous, et un violeur hors pair.

Sophie, à jamais dans les cœurs palpitants des cibles du désir de nos sexes turgescents.

Bernard était un gros con, tout le monde le pensait, personne ne le disait. Je le grave en ce jour dans la pierre pour que la vérité à jamais éclate sur la face du monde tel le furoncle gorgé de sa connerie légendaire.

Thierry à force de parler tout seul s’est lui-même coupé la parole. Profite du silence, mec.

Yvette n’avait pas changé de chaussettes depuis Juin 1987, je suis contente qu’elle ne soit plus sur notre palier, dommage qu’on ait mis trois mois à sentir qu’elle était morte.

Aurélien

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