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LE THÉÂTRE EST-IL UN MÉDIA ? cahier spécial

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Page 1: LE THÉÂTRE EST-IL UN MÉDIA? - Mouvement · le théâtre, nécessairement, a besoin d’un temps retard, d’un délai pour rapporter ce qui a eu lieu. L’homme qui rapporte les

LE THÉÂTRE EST-IL UN MÉDIA ?

cahier spécial

Page 2: LE THÉÂTRE EST-IL UN MÉDIA? - Mouvement · le théâtre, nécessairement, a besoin d’un temps retard, d’un délai pour rapporter ce qui a eu lieu. L’homme qui rapporte les

En couverture : Les Témoins, de JulienBouffier (étape de travail, juillet 2010).Photo : Marc Ginot.

Cahier spécial / MOUVEMENT n° 59 (avril-juin 2011) réalisé en coédition avec le festival Hybrides3, avec le soutien du Centre national des écritures du spectacle / LaChartreuse de Villeneuve lez Avignon, et du Médiator - Scène conventionnée à Perpignan.

Coordination : Jean-Marc Adolphe et Charlotte Imbault Conception graphique : SébastienDonadieu Edition : Pascaline Vallée Partenariats/publicité : Alix Gasso

Ont participé à ce numéro : Jean-Marc

Adolphe, Eric Demey, Charlotte Imbault, Claire Kueny, Bruno Tackels,Dominique Vernis

MOUVEMENT, la revue indisciplinée6, rue Desargues - 75011 Paris - Francetél. +33 (0)1 43 14 73 75;www.mouvement.net

Mouvement est édité par les Editions du Mouvement, SARL de presse aucapital de 4 200 €, ISSN 125 26 967Directeur de la publication : Jean-MarcAdolphe. © mouvement, 2011. Tousdroits de reproduction réservésCahier spécial Mouvement n° 59. Ne peut être vendu.

Le festival Hybrides3 est proposé par lacompagnie Adesso e sempre encollaboration avec le Théâtre Jean Vilar,L'Agora - cité internationale de la danse,le Centre chorégraphique national de Montpellier Languedoc-Roussillon, la Chapelle, Kawenga, le Trioletto, le Rockstore, le Café de l'esplanade, la Salle 3, le Centre national desécritures du spectacle / la Chartreuse deVilleneuve lez Avignon, le TILT festival/Théâtre de l’Archipel Perpignan.Le festival Hybrides est soutenu par laVille de MontpellierF.Numéros de Licences : 2-1038343 / 3-1038344

Directeur : Julien BouffierAdministratrice : Nathalie Carcenac Coordination : Fatiha Schlichttél. 06 33 37 18 81 /

AU THÉÂTRE, TOUT ESTEN TRAIN D'ARRIVERC'est arrivé (la chose qui). Ça arrive (la choselà). Cela va arr iver (la chose inconnue). Lethéâtre est un art de la conjugaison. Ce quesoupèse la mémoire, ce que vit l'instant, ce queprévoit confusément l'action. Le théâtre n'estpas un média, au sens où il ne ferait que repor-tage de l'événement ayant eu lieu. Le théâtreest un média, au sens où il fait chronique d'unpassé et d'un devenir, dans le présent de la(re)présentation. Une archive vivante, quoi.Qui, parfois, anticipe sur le cours des choses.Vendredi 21 janvier 2011, au théâtre de l'Agorad'Evry, en région parisienne, Fadhel Jaïbi etJalila Baccar présentaient avec leur compagnie,Familia Productions, le spectacle Amnésia, crééun an plus tôt à Tunis. Lequel s'est avéré parfai-tement prémonitoire, et résonne étrangement,en ces jours de janvier 2011, quand le soulève-ment tunisien a fait fuir Ben Ali et invente sa propre révolution. Sans aucun artifice scéno-

graphique (ni vidéo, ni nouvelles technologies),le spectacle de Fadhel Jaïbi et Jalila Baccarréfléchit la situation d'un pays que nos dirigeants, pressés d'y passer leurs vacances,refusaient de voir comme une « dictature univoque ». Le théâtre, dans sa fonction dramaturgique,vaut donc comme média, ou, peut-être, commecontre-média (il n'est pas indif férent que, laplupart du temps, la représentation théâtralecommence quand s'achève la grand-messe desjournaux télévisés de 20h). Il n'est pas, pourautant, un média de l'immédiat. Le f iltre del'écriture, de la composition, des répétitions, dela mise en scène, permet de distiller la pré-gnance de l'événement. Le théâtre joue un peule rôle qui fut celui, jadis, des colporteurs. Maisnotre perception du monde est aujourd'huicontaminée par la multiplicité des écrans et dessources d'information qui nous arrivent. Sans

céder à la tentation du zapping, le théâtre doitr ivaliser avec cette arborescence éclatée quiconstitue notre quotidien de citoyens-consom-mateurs. Hybr ides, forcément hybr ides, lesscènes contemporaines se sont mises à mélan-ger le texte, le mouvement, le son, les images,pour impliquer le spectateur dans ce qu'onpourrait qualif ier d'action du sens (après uneconception dramaturgique qui donnait la pri-mauté absolue au sens de l'action).Nous en sommes là, à tenter de reconnaître ceque nous ne connaissons pas encore, qu'impar-faitement. Cela tombe bien : le monde estinachevé.A Montpellier et à l'initiative du metteur enscène Julien Bouff ier, faisant extension jus-qu'à Villeneuve lez Avignon (à l'est) etPerpignan (au sud) en étroite connivence avecle TILT festival, le jeune festival Hybrides s'at-tache à pister les voies d'un « théâtre docu-mentaire », en pr ise avec le monde. « Revueindisciplinée », Mouvement s'est donné en sous-titre ces quelques mots : « artistes, créations,esthétique et politique. » Autant dire que larencontre entre Hybrides et Mouvement allaitde soi. Elle se matérialise par cette premièreédition d'un cahier spécial, dans le croisementet la continuité de nos chemins respectifs,médias séparés, mais unis d'une même volontéde capter le réel dans l'épaisseur (et parfois lalégèreté) de ses représentations.Mais alors, de quoi le théâtre est-il le média ? Delui-même. De nous-mêmes. Du monde même.D'un espace-temps où tout (mémoire, présent,avenir) serait en train d'arriver.

Jean-Marc Adolphe

adessoesempre.com

Le festival Hybrides remercie les artistesde la Cie Adesso e sempre et lesbénévoles présents au festival.

La Compagnie Adesso e sempre estsubventionnée par le ministère de laCulture / Drac Languedoc-Roussillon autitre des compagnies conventionnées, laRégion Languedoc-Roussillon, leDépartement de L'Hérault, la Ville deMontpellier.

Partenaires :

Le théâtre, dans sa fonctiondramaturgique, vaut comme média, ou,peut-être, comme contre-média.

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Dès son origine, le cinéma s’est préoccupé deproduire des documents qui relayent la réalitéambiante qui l’entoure, au point d’en faire ungenre, le documentaire, qui n’a cessé de gagnerses lettres de noblesse aux côtés de la productionde f ictions. Le travail des frères Lumière estmême intégralement fondé sur ce travail de col-lectage de documents immédiats. Leur visiongéniale, qui consiste à faire rentrer dans le champde la caméra la vie qui l’entoure, a largementnourri la manière de « rapporter les faits » dansle journalisme du XXe siècle. Dans la Grèce antiquedéjà, les premiers « histor iens » étaient destémoins directs qui racontaient ce qu’ils avaientvu. Ils étaient en effet sur les champs de bataille,comme guerriers (tout citoyen l’était), et rap-portaient les événements auxquels ils avaientassisté, en les consignant par écrit. Mais pourles consigner, il faut bien que s’écoule le tempsde la consignation. On ne peut écrire l’horreurdans le temps même où on la vit. C’est ce délai,ce déplacement qui crée la f iction. Le poète est celui qui s’empare des matièresbrutes. Son travail consiste en un détour, quis’éloigne de la réalité immédiate, par la média-tion du récit. Mais derrière cette nécessité de lamédiation et du détour, revient souvent, lanci-nante dans l’histoire, la tentation de la restitu-tion directe : Parler de l’événement en tempsréel, à mesure qu’il se produit. Réintégrer le jour-naliste dans le travail du dramaturge. Ce fantasmea toujours été à l’œuvre dans l’esprit des arti-sans du théâtre. Dès l’origine. Les dramaturgesgrecs écrivent ce qui vient d’arriver à la cité,pour qu’elle le comprenne mieux. En mêmetemps, ce fantasme est un tabou. Un tabou etun rêve impossible. Un rêve impossible parce quele théâtre, nécessairement, a besoin d’un tempsretard, d’un délai pour rapporter ce qui a eu lieu.L’homme qui rapporte les histoires humaines,l’historien, est d’abord le témoin de ces histoires– c’est d’ailleurs le même mot en grec… Les tragédies rapportent les événements par labouche du messager, personnage central duthéâtre. Il vient dire, ici et aujourd’hui, sur scène,les bruits et les fureurs de ce qui s’est passé, là-bas, hier. Ce décalage est nécessaire, incompres-sible. Plus grave, plus pressant : il est nécessaire,politiquement nécessaire. La seule fois où unpoète s’est autorisé à le réduire à néant, ce fut laguerre civile. Le poète Phrynichus a mis en scèneun dramatique épisode qui venait juste d’avoirlieu – le « sac de Millet », une ville d’Ionie colo-nisée par les Athéniens, et réduite en cendrespar les Perses, avec un art de la barbarie poussantla cruauté jusqu’aux limites de l’imagination. Enréveillant cette douloureuse humiliation, la tra-

gédie eut un effet terrible : « Tout le théâtre fon-dit en larmes », et la cité sombra dans le désordre.Pour le punir, les Athéniens lui infligèrent uneterr ible amende, et interdirent aux poètesd’écrire sur l’actualité chaude et immédiate. Tousles dramaturges ont obéi à cette prescription, y compris Shakespeare, qui écrit ses tragédieshistoriques trente ans après la f in de la guerredes Roses.Nous sommes encore aujourd’hui sous le coupdu « syndrome de Millet ». L’actualité pure estun tabou pour la scène, et malheur à ceux quitransgresseraient la règle… C’est que le théâtrea besoin de temps pour digérer ce qui advient. Enle faisant passer sur la scène sans médiation, ilse condamne lui-même à disparaître. Il y a bien sûr quelques heureuses exceptions.Le Groupov, avec Rwanda 94, raconte le géno-cide des Tutsis sous toutes ses coutures, y com-pris en conviant une « vraie » rescapée sur lascène. Dans ses « Journaux Théâtraux » (JT),Julien Bouf f ier, avec sa compagnie Adesso esempre, aborde frontalement cette question :« comment le théâtre peut-il parler de ce qui sedéroule dans le monde au moment de sa repré-

sentation ? » Il répond en affirmant la nécessitéde s’approprier la forme du « journal » quoti-dien, pour le faire muter sur la scène, lui hybridequi peut tout accueillir : l’écrit, le témoin direct,l’écrit construit à partir du témoin direct, lesimages satellites en temps réel, les réseauxsociaux et tous les dispositifs technologiquesqui permettent de rapprocher la parole de tousceux qui sont loin (1). Comment rendre compte,et en temps réel, par exemple de la catastrophequi ébranle Haïti ? Le metteur en scène ElieCommins reprend cette question à son compteen s’emparant de la parole développée sur Twitterà l’occasion de catastrophes naturelles ou decrises sociales. Il a notamment construit un spec-tacle sur les émeutes de Téhéran, au moment desélections de juin 2009, en s’appuyant sur lesinnombrables messages que les Iraniens s’en-voyaient durant les événements. Mais remar-quons au passage que ces messages écrits endirect sont mis en scène de façon différée ! Ilsemble bien que le théâtre résiste encore à cettelogique de « duplex théâtral » généralisé. Pour contrer cette diff iculté, les artistes peu-vent également quitter la scène et rejoindre la

L’actualité pure reste un tabou pour la scène : le théâtrea nécessairement besoin d’un temps retard pourrapporter ce qui a eu lieu. Mais comment la réalité dumonde peut-elle documenter le plateau ?

OÙ ÉTIEZ-VOUS LE11 SEPTEMBRE 2001?

Comment le théâtre peut-il parler dece qui se déroule dans le monde aumoment de sa représentation ?

Haïti, janvier 2010.Photo : Frédéric

Sautereau.

Who’s Afraid ofRepresentation? deRabih Mroué. Photo :

Samar Maakaroun.

Un homme debout, deJean-Michel Van denHeyden. Photo : Loupix.

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rue, pour en faire leur miel théâtral. C’est ce quefait depuis des années Sébastien Barr ier, enmarge du collectif GdRA, en traînant les guêtresdu céleste Ronan Tablantec, un navigateur bre-ton improbable qui bourlingue dans les mots etsort de sa malle cabossée les objets témoins deses multiples tours de monde. Ce conteur destemps urbains fait rentrer dans son histoire tousles événements qui affectent l’espace public oùil se pose. Sa capacité à intégrer l’imprévu, sonsens de la répartie, son incroyable capacité à fairevivre les (fausses) histoires de ceux qui l’écoutent(vraiment) en font un véritable écrivain public.Sa gouaille provocante et tendre à la fois trans-forme la grisaille du monde en récit fabuleux.Ses apparitions font de lui un grand poète de

l’immédiat, doublé d’un clown politique qui sejoue de toutes les cruautés de la réalité.Vouloir faire du théâtre un média est une gageureimpossible, mais nécessaire. Plus que jamais lesartistes d’aujourd’hui sont conscients de ce para-doxe et l’éprouvent sans cesse dans leur travail.Saisir le monde au ras du réel, tout en sachantqu’il passe à la scène, et qu’il faudra donc com-poser avec ses lois, ses exigences, qui suppo-sent détour et patience du temps.Sur un plateau en effet, il est des choses que l’onn’a jamais pu montrer : le combat, le crime, lacatastrophe – autant de drames qui affectentles hommes, mais qui ne peuvent être livrés qu’encoulisses, hors-champ, sur les champs debatailles, à moins que ce soient les champs

d’épandage, ou de ruines. Porter sur la scène ledrame humain comme jamais il ne s’est montré,cela porte un nom : c’est l’obscène – la tâche quese donnent aujourd’hui de plus en plus d’artistes.L’obscène au théâtre, comme dans la vie, fait cequi ne se fait pas : montrer là, devant nous quisommes rassemblés, ce qui ne se montre pas,mais qui se raconte, avec force tours et détours.L’obscène au XXe siècle connaît un cas limite, quel’on a pu voir au Festival d’Avignon, et qui a prisle nom de « syndrome de Rwanda 94 » : dans unspectacle du Groupov, une femme rescapée dugénocide vient raconter son histoire, son sau-vetage, son miracle. Sur scène, elle ose l’obs-cène absolu et vient la dire, cette histoireimpossible, cette histoire négation de l’histoire ;elle vient la redire, tous les soirs que Dieu fait etdéfait, à l’écoute de son témoignage.Limite absolue de l’obscène : l’acteur-témoin,le témoin acteur de sa propre vie, qui vient redire,rejouer, relancer, balancer, dénoncer, invoquer,exorciser une vie impossible sur le plateau duthéâtre. Quels sont ces mots obscènes qu’elleose dire sur la scène ? Les siens (de femme res-

capée) ? Ceux d’une autre (cette femme quirevient d’un monde dont on ne revient pas) ?L’obscène, on le voit, est un défi, un cri inau-dible lancé au théâtre. Que bien peu osent rele-ver tant il est dangereux.Dans notre monde alentour, l’obscénité rode,elle est là, partout, mais elle n’apparaît commeobscène qu’à partir du moment où quelqu’un larapporte, et ne la réduit pas au silence assourdis-sant de l’événement. Quand ce dernier passedans la parole du plateau, les choses arriventnécessairement du mauvais côté, du gauche –sinistre apparition d’une parole incarnée qui osemontrer sur la scène ce que l’image seule réussitaujourd’hui à nous cacher de partout. Fiction télévisuelle obscène : imaginons, un seulinstant, des mots, des vrais mots posés sur cequi se montre à vingt heures, dans tous les foyerstélévisuels du monde. Rêvons d’un journal télé-visé qui dise le nom de ce qu’il montre, à com-mencer par les noms gommés des cadavres, detous ceux dont on informe prétendument lesimages, sans en oublier un seul. Alors arrive l’obs-cène sur la scène. Même la liste complète desnoms propres des otages français retenus dans lemonde, nous ne la possédons pas.Dès sa première édition, le festival Hybrides s’estposé ces questions. Comment la réalité du mondepeut-elle documenter la scène du théâtre ? Laréponse en passe nécessairement par le choixdes thèmes, et par la volonté de ne pas les trai-ter par métaphore. L’enjeu est bien d’affronter,d’endurer la réalité, et de trouver la juste façonde traiter les questions délicates, au cœur sen-sible de notre société : l’expérience de la pri-son, la puissance du phénomène télévisuel, letrouble des nouvelles communautés qui pren-nent corps dans la valeur du travail à l’ère tech-nologique, le drame de l’immigration et le mythedu retour au pays, la place des artistes au Moyen-Orient, les catastrophes dites « naturelles », ouencore les émeutes et les révoltes de la jeunesse.Autant de thèmes qui collent en effet à nos pré-occupations actuelles. Avec cette nouvelle diffi-culté : la définition qui commande à l’actualitésuppose la réactivité, mais aussi la fragilité del’événement, qui n’a pas vocation à durer, maisà laisser la place à l’événement du lendemain.Pour les artistes qui s’emparent de cette questiondu théâtre documentaire, il va de soi (mais il estimportant de le redire) que le répertoire duthéâtre passé ne permet pas d’être à la hauteurdes questions posées par notre époque. Hamletest un chef-d’œuvre, mais il ne permet (vrai-ment) pas de parler de Wikileaks, de la révolutiontunisienne, des guerres ethniques, de l’islamismeou de la crise f inancière mondiale.

Tout l’enjeu d’un théâtre documentaire est biende réagir vite, mais aussi de durer, et de tenir lefil des questions soulevées. C’est ce que propo-sent les acteurs et performeurs Yan Duyvendacket Omar Ghayatt, respectivement suisso-hollan-dais et égyptien, avec Made in Paradise, un spec-tacle puissant qui fait bouger les lignes et grincernos préjugés, même inconscients. Au f il d’une vingtaine d’épisodes, les deuxhommes racontent l’histoire de leur rencontre,la violence des clichés qui empoisonnent forcé-ment la relation de travail, et les difficultés chro-niques d’un lien forcément conflictuel. Nous nepourrons en voir que cinq, il s’agit donc de voter,à la suisse, et comme personne n’est d’accord,c’est la version d’autorité, à l’égyptienne, quifinit par compléter le choix. L’épisode en tête de toutes les sélections s’inti-tule : « Où étiez-vous le jour du 11 septembre2001 ? » Après le récit du Suisse, banal et empa-thique, l’Egyptien raconte la liesse qui s’emparede son quartier du Caire, avec moult détails,criants de vérité. Brutalement, il décroche, dévi-sage les spectateurs massés en cercle autour delui : « Vous m’avez cru ? Vous m’avez cru. Vousavez cru que je vous racontais mon histoire ? Cettehistoire est la seule que vous pouvez croire, venantd’un musulman. »Chaque spectateur prend sa question dans l’es-tomac, perçante comme un couteau. Quelquesminutes plus tard, les deux acteurs nous deman-dent ce que nous savons de l’Islam… Et les gensparlent, vraiment, de cette question centraledont nous savons si peu de choses, ici au nordde la Méditerranée.

Tapi dans l’ombre de la programmationd’Hybrides, il y a ce doute réel, lancinant : pour-quoi – pour quel sens – faire encore du théâtre ? Etil y a cette proposition de travail, qui n’est pasune réponse, mais plutôt cette évidence : l’huma-nité meurt un peu moins à se raconter, à se por-ter sur les scènes, par le mauvais côté. Ce n’estpas l’évidence du théâtre, mais la certitude, jus-tement, que le théâtre n’est pas évident, sansréelle transparence, jamais acquis, toujours entrain de se perdre, pour le pire, avec cette insis-tance impérieuse : il faut y revenir, y résister,reconquérir encore aujourd’hui ce monde du fauxet y camper, provisoirement, pour un instant,les détresses de chacun de ceux qui font le monde– le vrai, dit-on.Regarder la modernité en face, c’est accepter saredoutable obscénité. La représentation dudéchirement humain oblige au déchirement desreprésentations. Si la scène prend la responsa-bilité de parler vraiment de la guerre et de noscatastrophes continues, elle doit assumer quela guerre pénètre dans nos phrases, dans nosformes et nos manières de dire. La modernitéentendue de cette oreille arrive encore une foisdu mauvais côté. Elle nous fait entendre le mondecomme après un bombardement. Il est obscène,et il faudra bien l’entendre, et s’en faire lesreporters. Au plus près de l’événement, au plusprès de la scène.

Bruno Tackels

1. Remarquons au passage que nous avons affaire ici à l’exact contraire dela définition de l’aura du théâtre telle que Benjamin l’avait magnif ique-ment saisie : l’apparition d’un lointain, aussi proche soit-il.

Entretien autour des Témoins, avec Julien Bouffier.

Depuis plusieurs années, vousvous intéressez à ce que l’onnomme « l’actualité », auxévénements du présent le plusimmédiat, et à la manière dont lethéâtre peut s’en emparer. Vousen venez donc à vous interrogersur le journalisme, et sur le lienqu’il peut y avoir entre ce travailet celui des fabricants de fiction...« A l’origine de ce processus, il y acette volonté d’en finir avec leshistoires anciennes pourconstruire notre théâtre, et pourfaire vivre une scène qui parlevraiment la langue d’aujourd’hui.J’ai beaucoup de mal avec l’idéeque les auteurs classiques révèlentles questions de notre société

actuelle. J’y vois des détours etdes circonvolutions inutiles,malgré la beauté de ces langues.

On pourrait vous objecter qu’ilexiste des textes contemporainsqui s’emparent pleinement desquestions de notre temps.« J’y ai cru un temps, mais il n’y ena pas tant que cela ! En France,peu de dramaturges écrivent enserrant au plus près lesévénements qui nous entourent. Etil y a sans cesse la tentation de lescontourner par un travail formel etstylisé sur la langue. D’où mondésir de travailler avec d’autressupports, pour retrouver plusd’immédiateté, et gagner enprécision sur ce que je veuxraconter de notre société. Dans LesVivants et les morts, un romancier

et cinéaste, Gérard Mordillat,s’empare de la question ouvrière etdécrypte le drame d’une usine quiferme ses portes. Je chercheailleurs, en puisant dans l’actualitédirecte, qui ne cesse de nousraconter des histoires. Avec lesquestions qu’elle soulève : quelévénement fait l’actualité ? Quesignifie l’actualité ? Commentenvisager son caractère mouvant ?A-t-elle un sens, puisqu’ellechange en permanence ?

Contrairement au journalisme de reportage, qui produit des« papiers chauds » (contrairementaux « froids », écrits avec le reculde l’analyse), le théâtre ne peutavoir lieu dans le feu de l’action. « Oui, comme s’il fallait attendreque le corps soit froid pour enparler sur une scène…

Tout l’enjeu est de se donner les moyens d’un véritable travailthéâtral tout en étant dans l’immédiateté.« C’est bien ce défi que nousavions relevé à la Chartreuse de

Villeneuve-lez-Avignon, les deuxannées précédentes, en proposantdes “Journaux Théâtraux”. Chaquejour, pour ces “JT”, il s’agissait de trouver de l’information, de créer une histoire et de la restituer le soir sur le plateau.Nous avons prolongé cetterecherche avec Les Témoins, dont une première version a étéprésentée à la Chartreuse durant le Festival d’Avignon 2010,et que nous déclinerons durantcette 3e édition d’Hybrides. Dansnotre projet, cette mise en perspective à travers le tempsqui passe est essentielle. LesTémoins n’ont pas pour vocationde se focaliser exclusivement sur cet événement. Il s’agit plutôtd’une sorte de média qui sedécline en différents épisodes,traitant de multiples questions quise constituent en feuilleton. Par exemple, l’arraisonnement dela flottille au large de Gaza par lesIsraéliens montrent bien quel’image devient rapidement unearme. Comment le théâtre peut-illa relayer ? »

UN THÉÂTRED’ACTUALITÉ

L’enjeu d’un théâtre documentaire estde réagir vite, mais aussi de durer, detenir le fil des questions soulevées.

Who’s Afraid ofRepresentation? deRabih Mroué. Photo :

Houssan Mchaiemch.

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« La guerre a toujours existé. Elle est destinée à être lacompagne de l’homme », écrit Le Clézio. Elle est mêmedevenue un spectacle mondial, face auquel le théâtre,entre mythe et histoire, s’inscrit dans la chair du monde.

LA CATASTROPHEPERMANENTE

Vingt ans déjà. Le 17 janvier 1991, un déluge debombes américaines pleuvait sur Bagdad. Et CNN,lucarne du « in real time », en assurait mondia-lement la diffusion simultanée. Même plus besoindes écrans du cinéma, ni même d’acteurs, pour cescénario post-hollywoodien au titre accrocheur :Tempête du désert. Un f ilm d’action qui fut à Lawrence d’Arabie ce que le cinéma parlant futau muet. La naissance d’une industrie. Le story-telling de la guerre, avec produits dérivés surconsoles vidéo. Plus besoin de dialogues, mêmeles images sont de synthèse, le nouvel ordre mon-dial est binaire : le premier qui ne tue pas estmort. Depuis que les grands enfants duPentagone ont sacrif ié leurs soldats de plombau profit des effets spéciaux, le laser game de laguerre a ses fabricants d’images, recrutés parmiles scénaristes de La Guerre des étoiles. C’est qu’ilfaut vendre le spectacle et ses colif ichets. Bataille des quotas. Le tiers-monde a aussi sapropre industrie cinématographique, et veut sonquart d’heure de gloire sur CNN. En pleine fré-nésie technologique, l’âge des cavernes profitede la démocratisation de la vidéo et se découvreun scénariste hors pair, Oussama Ben Laden. A lasurprise générale, c’est un f ilm afghan, TwinTowers, qui rafle le prix de la mise en scène enseptembre 2001, premier acte d’un long feuille-ton planétaire, Al-Qaida. Comme le disait RégisDebray, « l’art militaire suppose une visibilité, etexige un public. Notre nouveau milieu techniqueoptimise les retombées publicitaires de l’acte meur-trier, avec le lignage de l’instant, la dramatisa-tion, l’effacement du collectif, le manichéisme.

On ne joue pas devant une salle vide, et un poseurde bombes sans preneurs de vues, c’est un épisto-lier sans timbre, ou un acteur sans public. Quandc’est le simulacre qui fait l’acte, et la caméra, lamanifestation, le monde entier s’offre en théâtred’opérations, pourvu qu’il soit câblé. » (1)

Illusion, cependant, que dans ce théâtre d’opé-rations, tout serait à vue. Comme l’écrivait déjàHenri Barbusse après la Première Guerre mon-diale : « La pleine bataille est trop grande pourqu’on la voie autrement que par les signes qu’onlit. » (2) A une époque où n’existaient ni cinéma,ni télévision, ni Internet, la tragédie grecque,ce « théâtre d’avant la psychologie », « au carre-four du mythe et de l’histoire » (3), assurait déjà lachronique des conquêtes et défaites, en person-nifiant l’action. S’il s’agit « d’inscrire la politiqueet l’histoire dans la chair du monde » (4), le théâtrepeut bien rivaliser avec les mass-medias. La fin duXXe siècle ne manque pas de pièces nées du fracasdes bombes. Napalm, d’André Benedetto, et Vcomme Vietnam, d’Armand Gatti, créés en 1967,s’inscrivaient ainsi dans un théâtre de l’enga-gement, en lien avec les luttes anti-impérialistesde l’époque. On pourrait encore citer Rwanda 94,du Groupov ou Les Cercueils de zinc (1992), « essai

d’effraction » magistralement adapté par Didier-Georges Gabily des témoignages recueillis parSvetlana Alexievitch sur la guerre d’Afghanistan. Les guerres sont multiples, leur théâtre inces-sant, et pas toujours sous les projecteurs. Neparlons pas même des coulisses politiques de ces« ballets diplomatiques » dont on sait combien ilssont ourdis par de piètres intrigues. Parlons dece qui est tu, dans la permanence de conflits quin’en finissent jamais vraiment, comme au Moyen-Orient. Invitée à Hybrides3 en partenariat avecKawenga , la compagnie franco-belgo-libanaiseArcinolether s’attèle depuis 2006 à un ProjetLiban qui se nourrit d’archives vidéos et sonorespour révéler autant les stigmates du conflit dansune ville comme Beyrouth que la vanité des per-ceptions iconographiques qui en sont issues.Loin des clichés s’écrivent des humanités bles-sées. Dans Alger Terminal 2, Rachid Akbal etJulien Bouffier évoquent l’horreur des « annéesnoires » en Algérie à travers le périple de Kaci,venu à Alger retrouver son fils, sans cesser d’êtrehanté par le souvenir d’Aïcha, son amour de jeu-nesse tuée dans un massacre à Relizane. Nous sommes entrés dans un monde de « catas-trophe permanente » : « La guerre a commencé,personne ne sait où ni comment. En fait, elle atoujours existé, il y a eu des trêves, l’illusion de lapaix, mais elle est destinée à être la compagne del’homme », écrit Jean-Marie Gustave Le Clézio (5).La guerre n’a même plus besoin d’être ouverte-ment guerrière. Dans War is War, la compagnieThe Erasers mixe le cinglant jonglage des méta-phores de la guerre contemporaine, qu’ellessoient langagières (la propagande commerciale),visuelles (le choc des images), scientifiques (lesarmes biologiques), ou tout simplement… diver-tissantes (les jeux vidéo). La guerre est hybride,mais le festival Hybrides, lui, n’est pas en guerre.Il en dévisage juste les leurres.

Jean-Marc Adolphe

1. Régis Debray, « La juste mise en scène », allocution lors du colloqueMises en scène du monde, au TNB de Rennes, en novembre 2004. Mises enscène du monde, édition Les Solitaires Intempestifs, 2005.2. Henri Barbusse, Ce qui fut sera, 1930.3. Georges Banu, Avant-propos. Tragédie grecque. Défi de la scène contem-poraines. Etudes théâtrales n° 2, 2001.4. Myr iam Revault d’Allonnes, Merleau-Ponty, La chair du politique,Michalon, 2001.5. J.M.G Le Clézio, La Guerre, Gallimard, 1970.

« Notre nouveau milieu techniqueoptimise les retombées publicitairesde l’acte meurtrier. » (Régis Debray)

Alger Terminal 2 deRachid Akbal, mise enscène Julien Bouffier.Photo : Régine Abadia.

La compagnieArcinolether à Beyrouth. Photo : D. R.

War is War, de TheErasers. Photo : D. R.

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Plus d’une décennie après l’entrée dans le siècleInternet, les formes théâtrales se font à peine l’écho de cette révolution technologique à laquelle les pouvoirspublics portent avant tout un intérêt industriel.

PLATEAUXHORS LIGNE

Comment nier aujourd’hui que l’essor d’Interneta modifié nos vies, nos rythmes, nos comporte-ments, notre langage, les représentations del’intime, des structures sociales, du pouvoir poli-tique, etc. ? Pour autant, le théâtre semble s’êtreassez peu transformé au contact d’Internet.Comme s’il lui opposait une certaine indif fé-rence, ou plus encore, une forme de résistance. Franck Bauchard est directeur artistique de laChartreuse de Villeneuve-lez-Avignon et respon-sable du Centre national des écritures du théâtredepuis 2007. Avec Emmanuel Guez, il a initié ledispositif des « sondes », qui explore les effets del’environnement numérique sur le théâtre, avec,en son centre, la question de l’écriture. « Ce pro-jet a suscité des effets contradictoires d’enthou-siasme et de vives résistances. Le théâtre est encoretrop souvent considéré comme une réserve d’in-diens, alors que la scène se renouvelle de plus enplus grâce aux arts, aux technologies et pratiquesculturelles de notre époque. Si l’on prenait la mesure de ce phénomène, on pourrait plus acti-vement défendre la nécessité d’un théâtre publicdans une société en mutation », avance-t-il.Renaud Cojo présentera à Hybrides Suite Empire,spectacle écr it pour partie en résidence à laChartreuse, prolongation de Et puis j’ai demandéà Christian de jouer l’intro de Ziggy Stardust (pré-senté au festival TILT à Perpignan), qu’il appro-fondit en mettant l’accent sur le développementdes réseaux sociaux. Il conf irme au sujetd’Internet : « Le théâtre a du mal à se saisir de ce phénomène. Il y fait parfois allusion, mais de manière anecdotique. A l’inverse, les danseursse sont rapidement approprié la nouvelle languequ’il génère. » Penser, par exemple, aux Mortspudiques de Rachid Ouramdane, qui s’appuyaitsur les représentations de la mort issues de laToile, au travail technologico-médiatique d’AnnieAbrahams, ou encore aux expériences interactivesimprégnées de « Youtube » de Mette Ingvartsen.Bien sûr, il n’y a pas d’obligation – pour plagierRimbaud – d’être « absolument moderne ». « Maisil s’agit de susciter des rapports de conscience vis-à-vis des mutations de notre environnement et deréhabiliter le théâtre comme un lieu fort de l’ex-périmentation, poursuit Franck Bauchard.Aujourd’hui, l’ordinateur et Internet agissent surla pratique de l’écriture. Beaucoup d’auteursrèglent eux-mêmes la question du passage du texteà la scène. On ne peut pas faire comme si celan’existait pas. » En effet, sans que cela suscite pour autant uneforme ou une esthétique particulière, le théâtrecontemporain ne peut échapper aux mutations de son temps, et aucun auteur, acteur, metteur enscène, aff irmer qu’il pratique son art aujour-

d’hui comme hier. « C’est comme si on le savaitmais qu’on ne le savait pas intellectuellement »,analyse Franck Bauchard. Renaud Cojo, lui, a conscientisé ces mutations : « Je ne cherchepas à produire de commentaire définitif sur lesréseaux sociaux mais plutôt à faire entrer la langueInternet sur le plateau. » Suite Empire proposeainsi au spectateur d’ouvrir des fenêtres succes-sives, comme l’internaute sur un écran d’ordi-nateur, dans une navigation aléatoire qui rejointle goût naturel du metteur en scène pour le hasard, la spontanéité, les associations d’idéessurréalistes ou burlesques, le fragmentaire...Prendre en compte Internet n’oblige donc pas à peupler le plateau d’ordinateurs, à créer un cyber-théâtre. Mais au moins à ne pas fairecomme si le phénomène n’existait pas.« En 2005, s’est opérée au festival d’Avignon unecristallisation d’un conflit supposé entre le théâtrede texte et le théâtre d’image, constate FranckBauchard. Et le texte reste aujourd’hui le levierde la résistance au numérique. » Renaud Cojoappuie : « Le théâtre français a une histoire quiaccepte mal cette idée de rupture : on éduque noscomédiens dans des conservatoires. Le terme est

fort. Les théâtres flamands et nord-américains,qui sont plus jeunes, intègrent mieux ces muta-tions. » Mais au-delà de la traditionnelle oppo-sition entre tradition et modernité, lacompatibilité du théâtre et d’Internet pose ques-tion. « En dehors des performances, Internet mènedavantage à la présentation qu’à la représenta-tion et l’immédiateté et peine à rentrer sur scène.La question du participatif, la constitution d’undiscours fragmenté, l’absence du corps dans le virtuel posent également problème. »Pourtant, Internet pourrait aussi permettre deretourner à un mode de création plus collectifet de retrouver des énergies antérieures à l’ap-parition de l’imprimé. Ou encore de donner nais-sance à des pièces qui pourraient ne pas êtreimprimées. « L’ordinateur induit une matérialitédifférente de l’écrit, reprend Franck Bauchard,de nouvelles formes de narration, un autre apportdocumentaire à l’écriture… » Autant de champsà investiguer qui exigeraient des pouvoirs publicsqu’ils ne concentrent pas exclusivement leur sou-tien sur les industries numériques.

Eric Demey

« L’immédiateté d’Internet, en dehors des performances, peine à rentrer sur scène. » (Renaud Cojo)

Where is My Privacyde Mette Ingvartsen.Photo : Great investment.

Plus tard j’ai frémi auléger effet de reverbesur « I feel like a groupof one » [Suite Empire]de Renaud Cojo. Photo :

Pierre Planchenault.

Les Morts pudiques deRachid Ouramdane.Photo : Patrick Imbert.

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La complexité du réel appelle des compositions scéniques qui échappent à la dictature univoque du sermon théâtral. Le festival Hybrides, tout comme le TILT festival, portent témoignage d'un monde priscomme work in progress.

DES MÉLANGES QUI CARBURENT

« A quoi bon venir au monde si ce n'est pour ten-ter d'accroître la conscience de l'humanité ? »,écrivait Hannah Arendt. Le théâtre est l'un deces palimpsestes où les écritures du monde s'ef-facent et se réécrivent, work in progress de noshumanités agissantes. Le théâtre, sans doute,est un laboratoire où des choses se racontentautant qu'elles s'éprouvent, dans un jeu qui des-sine sans cesse une frontière entre f iction etréel. Julien Bouffier, metteur en scène de la com-pagnie Adesso e sempre et instigateur àMontpellier du festival Hybrides, est d'une géné-ration contemporaine d'un temps qui a vu se dis-loquer les grands blocs idéologiques, et où, dansl'ébrèchement des fables qui leur servaient dedigues, les vagues du capitalisme outrancier onttenté de réduire l'individu à une part de marchémondialisé. Sans doute ne s'agit-il plus, pourqui est de cette génération et voudrait cepen-dant résister au nouvel ordre planétaire, de neplus se fier aux grands sermons révolutionnaires,mais de venir témoigner, dans l'engagementd'un acte théâtral et citoyen, d'une complexitédu réel qui est simultanément porteuse de pro-messes et de régressions. Alors, dans LesTémoins, Julien Bouf f ier met en scène « descitoyens bouleversés par l'état du monde ». Ceux-ci sont acteurs, auteurs, vidéastes, plasticiens,musiciens, chercheurs. Ils se regroupent pourfonder un journal af in de « comprendre lemonde ». Dans la dynamique d'un théâtre-média,la chaîne de l'information est ici le levier quipermet de « réinterroger la représentation et sonmode de fabrication ». L'auteur ne remet plus son autorité dans le seulmarbre du texte livré à la scène, il devient com-positeur-monteur de fragments hybrides. SiJulien Bouffier utilise depuis quinze ans la vidéodans ses spectacles, c'est, dit-il, parce que« l'écran est une peau morte qui sait, malgré tout,faire croire. Le mariage entre théâtre et vidéoinduit deux espaces poétiques différents, et doncdeux temporalités différentes. » Cet écho qui peutfaire caisse de résonance est encore à l'œuvreet à la manœuvre dans Un homme debout, témoi-gnage de vérité sur la vie carcérale de Jean-MarcMaty, mis en scène par Jean-Michel Van denEyden, que redouble, en lui adjoignant d'autrespoints de vue et d'autres regards, le vidéaste

Kurt d'Haeseleer. Et, dans La Mystérieuse Histoirede Lambert le leptosome, Anne-Sophie Dionotdit avoir recours à la vidéo et à l'immersionsonore « pour interroger le monde dans lequelnous vivons autant que la place du public dansune salle de théâtre ». Voulant questionner « la matérialité de l'image »en proposant sur scène un véritable « cinéma dudirect », la compagnie grecque The Erasers (dontles interventions passées se sont affichés sousdivers pseudonymes, tels The Instructors, TheSpectors ou encore The Curators) mêle aussi,dans le but de « créer une expérience globale »,musique improvisée, performance, Internet,techniques d'installation… : « Nous sommes allésau-delà des champs du soundscaping (paysagesonore) et du VJing (performance visuelle entemps réel) et nous travaillons sur le flux d'imagesvidéo en temps réel. » On verra cependant que,grâce à l'action de la performance, cette immé-diateté joue sur bien des couches mémorielles,loin de « l'info-spectacle » ! Si une vérité s'y cherche, la scène reste un espaceà métamorphoses. « Ce que captent les camérasse transforme avec un logiciel spécifique de façonà ce que la projection qui en résulte acquière unnouveau signifiant », explique ainsi la compa-gnie catalane Agrupación Señor Serrano, quiprésente à Montpellier et Perpignan Katastrophê,qui mélange allègrement la performance, ladanse, le théâtre physique et le théâtre d'ob-jets avec des vidéoprojections et l'usage de tech-nologies interactives. Cette « fable infantile »,qui narre l'histoire d'une vallée et des tribus quil'occupent, se propose de mettre en tension vio-lence naturelles et violences humaines. Selon lemetteur en scène Álex Serrano Tarragó, initia-lement formé au design industriel afin de fonderà Barcelone une fameuse plate-forme de créa-tion contemporaine (Area Tangent), « les catas-trophes sont une des clés qui permettentd'interpréter le monde moderne, ses gloires, sespeines, ses nécessités, ses peurs et espérances ».Outre Julien Bouffier, le travail de la compagnieAgrupación Señor Serrano a retenu l'attention dela Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon (où unepremière étape de création a été accueillie enjuillet 2010) et de TILT à Perpignan, partenairesde la troisième édition du festival Hybrides.

Cette évolution des formes scéniques recoupeen effet l'intérêt de programmateurs attentifset curieux. Maurice Lidou, directeur adjoint délé-gué aux musiques actuelles et arts numériques duthéâtre de l'Archipel de Perpignan, qui dirigeaitauparavant elmediator, scène conventionnéepour les Arts croisés dont est issu le festival TILTen témoigne : « Lorsqu’on m’a demandé en 1995de travailler sur le projet Médiator dans la conti-nuité de mon expérience aux Transmusicales deRennes, j'ai tout de suite intégré la notion d'artsnumériques. J’en suis venu assez naturellement àm’intéresser à d’autres formes de création, d’abordchorégraphiques. Et puis en accueillant, lors dela première édition du festival TILT en 2001, unspectacle de Julien Bouff ier, j'ai commencé à m'intéresser à ces formes théâtrales où le texten'occupe plus la place centrale, mais est un des éléments de la dramaturgie. En discutant avec Franck Bauchard (responsable du Centrenational des écritures du spectacle à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon) et Julien Bouffier, je me suis décidé cette année à sauter le pas, en associant TILT au festival Hybrides. Cette dyna-mique prend tout son sens alors que va ouvrir, à l'automne prochain, le théâtre de l'Archipel à Perpignan, qui a vocation à devenir une scènenationale, et dont la programmation sera pluridisciplinaire. »

Dominique Vernis

Avec la vidéo, l’auteur de théâtredevient compositeur-monteur de fragments hybrides.

Katastrophêde l’Agrupación Señor Serrano.Photo : Agrupación

Señor Serrano.

Les Témoins de JulienBouffier (étape detravail, juillet 2010).

Photo : Marc Ginot.

Katastrophê d’AlexSerrano et Pau Palacios(répétition).Photo : Agrupación

Señor Serrano.

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JOURNALChaque jour (sauf 27 mars et 1er avril), KawengaLe journal Empreinte, réunions, sousla houlette de Bruno Tackels, pourélaborer le journal d'Hybrides3.

RENCONTRESLe 26 mars à 13h, FnacOuverture du festival.

Le 27 mars à 14h, salle Béjart, L'AgoraConférence Le théâtre est-il unmédia ?

Le 1er avril à 9h30 à 13h, KawengaRencontre professionnelle autourde arts numériques. Présentationdu projet Ahlan Wa Sahlan / CieArcinolether (chantier de création).

Le 1er avril à 9h30 à 15h à 18h,Café BabelJournée professionnelle autourd'un théâtre hybride documentaire.

Le 2 avril à 15h, Café BabelLes langues minoritaires.

AFTERSLe 26 mars à 23h, Café BabelAfter d'ouverture avec ForgetMarilyn de Vanessa Liautey.Fête de lancement du numéro 59de la revue Mouvement.

Le 31 mars à 22h30, La ChapelleLe 1 avril à 23h30, Théâtre J. VilarSolo de Margarida Guia.

Le 1er avril à 23h, Café BabelForget Marilyn de Vanessa Liautey.

ATELIERSDu 28 mars au 1er avril, de 10h à 13h, studio MauriceFleuret, à L'Agora, Cité nationalede la danseEmulation par The Erasers. Ateliersde pratique, ouverts à tous pourdécouvrir ces artistes au travail.

INFOS PRATIQUESLocation et réservationOuverture de la billetterie le 1er mars

Bureau du festival - 1, rue Joubert,Montpellier - tél. 04 67 66 69 40Théâtre Jean Vilar - 155, rue de Bologne, Montpellier - tél. 04 6779 56 99

Tarifs

Pass Festival (5 spectacles)Plein tarif : 50 € / Tarif réduit : 35 €

Place à l’unitéPlein tarif : 13 € / Tarif réduit : 10 €Tarif réduit : groupes ou comitésd’entreprises à partir de 10 personnes, retraités et demandeursd’emploi sur présentation d’un justif icatif récent.

Tarifs particuliers26 mars, 20h, et 27 mars, 16h, Agora, StudioCunningham, Rabih Mroué et Lina Saneh, 9 €,Réservations uniquement sur montpellierdanse.comou billetterie au 0 800 600 740 (appel gratuit)30 mars, 18h45, Université Montpellier 2, Amphi5.06, Primesautier Théâtre, Entrée libre, Jaugelimitée ; réservation conseillée au 04 67 41 50 092 avril, 20h00, CCN de Montpellier Languedoc-Roussillon, Studio Bagouet, I-Fang Lin et ChristianRizzo , 6 €, Réservations uniquement surmontpellierdanse.com ou billetterie au 0 800 600740 (appel gratuit)

Lieux

CCN de Montpellier - LesUrsulines, boulevard Louis BlancStudio Bernard Glandier -Compagnie Didier Theron,, 155, rue de BologneTrioletto,75, avenue Augustin FlicheSalle 3, 5, rue Reynes La Chapelle,170, rue Joachim du BellayStudio Cunningham - l’AgoraLes Ursulines,18, rue Sainte Ursule Kawenga,21, boulevard Louis Blanc Théâtre Jean Vilar / café Babel, 155, rue de Bologne Lycée Mermoz,717, avenue Jean MermozFaculté des sciences - UniversitéMontpellier II,place Eugène Bataillon Rockstore, 20, rue de VerdunFNAC, Centre commercial lePolygone, 1, rue Pertuisanes Café de l’Esplanade,21, boulevard Sarrail

SPECTACLESLe 26 mars à 18h, les 28 et 31 à21h, et le 2 avril à 21h, Salle 3Allumagede Marc Baylet-Delperier / Cie Immatérielle ProductionSur scène, un seul interprète, unseul chanteur : Philippe Hérisson.L’auteur part du récent Eloge ducarburateur de Matthew B. Crawfordpour emmener le spectateur.L’espace sera métallurgique, lesmoteurs vrombiront, des rêveriesfilmiques opéreront autour de lalégende de la route.

Le 26 mars à 20h et le 27 à 16h,Studio Cunningham - L’AgoraWho’s Afraid of Representation ?de Rabih Mroué et Lina SanehPartir d’un fait divers libanais : un homme qui tue un matin un de ses collègues et l’associer à la mutilation, à l’exhibition desartistes du body-art. Rabih Mrouéconfronte individu et communautépour mieux affirmer la position del’« artiste », mot qui au Liban estsouvent employé comme une injure.

Le 26 mars à 22h, Théâtre duHangar et le 29 à 21h, RockstoreWar is Warpar The ErasersFaire du cinéma en direct : voilàtoute l’ambition de The Erasers,une compagnie grecque invitéepour la toute première fois enFrance. Utilisant l’audio commenouveau langage visuel, ilsperforment la guerre et ladéclinent en cinq champs. Guerredes mots, de l’image, biologique,technologique et enfin de notrepropre présence physique.

Le 27 mars, lieu à confirmer, le 28 à 21h, Lycée Mermoz et le 30 à 22h, Fac de sciences, le 2 avril à 22h30, cour du ThéâtreJean VilarMANIFESTEmentmes. Julien Bouffier Pilote de l'épisode 1 des Témoins,ce projet ausculte l'actualité pourtenter de la représenter sur unplateau. Le sujet est choisiquelques semaines avant lesreprésentations. Ce premierépisode nous interroge sur le réelpouvoir du peuple, à la lumière desévènements en Côte d'Ivoire, enTunisie et des grèves contre laréforme des retraites.

Les 28 et 29 mars à 19h, La ChapelleSide effectsde Yan DuyvendakYan Duyvendak interroge une foisde plus les images télévisées. Sa performance autour du zapping– sur scène, quatre chambreséquipées de téléviseurs présentantchacun une émission différente –expose le réel désenchanté.L’impact des mythes télévisés –néfaste – sur l’intimité et la vie dechacun est pointé.

Les 29 et 30 mars à 19h, ThéâtreJean VilarAlger terminal 2de Rachid Akbal, mes. JulienBouffier / Cie le Temps de vivre Des sacs pleins de terre, unelumière crue, la voix grave deMarguarida Guia : la scénographietransporte dans l’imaginaire deKaci, franco-algérien. Bloqué àl’aéroport d’Alger, il convoque sessouvenirs. Un message d’amour etd’espoir pour l’Algérie.

Le 30 mars à 18h35, Amphi 5.06 -Université des sciencesUn ou Une qui de loinvoit ton regard et devinel'odeur hypothétiqued'un chou-fleurontologique Primesautier Théâtre C'est quoi un étudiant en scienceaujourd'hui ? C'est par cettequestion, volontairementouverte et naïve que AntoineWellens (auteur-metteur en scène), Virgile Simon (acteur-metteur en scène) et Jean Constance (sociologue)abordent cet atelier de théâtredocumentaire.

Le 30 mars à 20h30, TriolettoLa Merveilleuse Histoirede Lambert le leptosomede Anne-Sophie Dionot / Cie del’Ecobalisse / Crous de MontpellierLeptosome : du grec leptos, étroitet soma, corps. Le morphotype du leptosome serait associé auxcas de schizophrénies. A partirde ces données, les étudiants de l’atelier théâtre du Crousconstruisent l’histoire deLambert, jeune homme un peutrop grand, un peu trop maigre,qui découvre un jour la classif i-cation par morphotypes dupsychiatre Kretschmer.

Le 31 mars et le 1er avril à 19h,espace Bernard GlandierUn homme deboutde Jean-Michel Van den Eyden /L’AncreJean-Marc Mahy n’est oascomédien. Il a 36 ans et est unancien détenu. Le metteur en scèneJean-Michel Van den Eyden lui donne la parole dans une formeproche de la performance. Raconterdes instants vécus, faire voir la réalité des prisons, interroger le parcours d’un délinquant. Jean-Marc Mahy reste debout et parle.Cette parole singulière etgénéreuse est accompagnéed’autrespoints de vue et regards,grâce autravail du vidéasteflamand Kurt d’Haeseleer…

Le 31 mars et le 2 avril à 21h, La ChapelleKatastrophê d’Àlex Serrano et Pau Palacios /Agrupación Señor SerranoTremblement de terre ? Eruptionsvolcaniques ? Des maquetteshabitées par des oursons Haribofont l’objet d’expérimentationschimiques pour donner corps aux catastrophes. Peut-onassimiler violence humaine etviolence naturelle ? A vous dejuger ! Basée à Barcelone.L’Agrupación Señor Serrano misesur l’innovation dans ses créationsscéniques. Elle a recours à ladanse, au théâtre visuel, à laperformance et à la vidéointeractive, autour dedramaturgies basées surl’expérimentation et le mélangedes langages.

Le 1er à 21h et le 2 avril à 19h,Théâtre Jean VilarPlus tard j’ai frémi au léger effet de reverbesur « I Fell Like a Groupof One » [Suite Empire] de Renaud Cojo Je est un autre, en pire. RenaudCojo, dans sa nouvelle pièce, prendà bras-le-corps les troubles del’identité et le voyeurisme généréspar les nouvelles technologies.Entrent en scène le masque decatch mexicain, la Lucha libre et le site Chartroulette (service enligne de chat vidéo connectantdeux utilisateurs au hasard). Prêtspour une «google fight»?

Le 2 avril à 20h, CCN de Montpellier]domaines[ d’I-Fang Lin et Christian Rizzo - rencontre performativeDepuis 2008, année de leurpremière collaboration, I-Fang Linet Christian Rizzo sont liés par legoût. Après Mon amour et I-FangLin / Christian Rizzo, les deuxdanseurs-chorégraphes seréunissent autour de la cuisine. Dumarché à la table, il y a plus d’unpas : une danse joviale etconviviale. A vos assiettes !

HYBRIDES3À MONTPELLIER

SPECTACLESLe 17 mars à 21h, Elmediator,Et j'ai demandé àChristian de jouer l'introde Ziggy Stardust de Renaud CojoRenaud Cojo, fan de Bowie et particulièrement de l'album-concept Ziggy Stardust, manie avec humour et dextérité l'image de la rock star, son double et ses clones.

Le 18 mars à 19h, la Casamusicale,Breaking MirandaWarning de Eli Commins et StéphanePerraudA partir de témoignagesaccessibles sur les réseaux sociauxd'Internet, Breaking tisse le récitd'un événement de l'actualité, surla base des expériences de ceuxqui en sont les témoins directs ou les protagonistes.

Le 19 mars à 19, la Casa musicale,Katastrophê de la compagnie Señor SerranoRetrouvez pour un soirla pièce de la compagnieespagnole, conte aux faux-airsenfantins sur l'homme et les catastrophes dites« naturelles ».

INSTALLATIONSDu 10 février au 19 mars, Forum de la Fnac, Station to station de PhilippeAuliac, Chansons contestataires :borne multimédia du Hall de la Chanson

CONCERTSLe 18 mars, ElmediatorJune et Lula / Stromae / Crookers

Le 19 mars, ElmediatorWe Have Band / Toxic Avenger /The Subs / The Japanese Popstars/ Kavinsky + guests Bang My Tilt

RENCONTRES Dès le 1er février surwww.myspace/tiltfestival« La vie qu'on vit », Clip'n'Remix2011.

Le 18 mars à 14h30, Forum de laFnac, « A quoi sert une chanson sielle est désarmée ? »

INFOS PRATIQUESBilletterie et accueil à Elmediator,du mardi au vendredi de 14h30 à18h30 et les samedis de 16h à 19h. Elmediator, Avenue du GénéralLeclerc, 66000 Perpignantél. 04 68 51 64 40 / elmediator.org

ET AUSSI...LE TILT FESTIVALÀ PERPIGNAN

du 26 mars au 2 avril 2011

du 17 mars au 19 mars 2011

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