le sacrement de l’ordre - exultet · 2015. 8. 26. · le baptême la confirmation, une...

LeSacrementdel’ordre

Dumêmeauteur(Débutdulivre):DumêmeauteurchezF.-X.deGuibert:

Vousn’avezqu’unseulMaîtreleChrist,Paris2005Leministèrediaconaldelaréconciliation,Paris2005JecroisenDieu,Paris2006LeBaptêmelaConfirmation,uneintroductionauxSacrements,Paris2008LePardonoulajoiedeDieu.RéconciliationetOnctiondesmalades.Histoireetthéologie,Paris2010

CollectionBonneNouvelleJésusestmonami–Cahierenfant–Livretdesparentsaccompagnateursoucatéchistes2eannéedecatéchismeCM1-CM2:JesuisenfantdeDieu–Cahierenfant–Livretdesparentsaccompagnateursoucatéchistes3eannéedecatéchismeCM2-6e-5e:J’aimetaParole–Cahierenfant–Livretdesparentsaccompagnateursoucatéchistes

©GroupeArtège,2014François-XavierdeGuibert

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Paul mentionne aussi l’imposition des mains, d’uneautrenature,qu’ilaconféréeàTimothéeenvuedesonministère(IITim.1,6).

7-Prêtresouanciens

PresbuéteroÒ (comparatif depresbuéthÒ, ancien),termeempruntéau judaïsme,désigneunefonctionouuneresponsabilité45.Dès son premier voyage apostolique, Paul établit despresbytres ou anciens comme responsables desnouvelles Églises : « Ils leur constituèrent(xeirotonhésanteÒ) des anciens (presbuéteroi) danschaque Église, et, après avoir prié et jeûné, ils lesconfièrentauSeigneurenquiilsavaientmisleurfoi»(Ac.14,23).C’estPauletBarnabéquilesétablissentdans cette fonction. La prière et le jeûne, quiaccompagnentcettedémarche,indiquentsoncaractèrereligieuxetsuggèrentqu’unegrâceestattachéeàcettecharge.Le verbe xeirotonein peut être compris ici dans sonsenshabituelengrecclassique:«Nommer(voter,élireoudécréter)àmain levée » pour un emploi ou pourune charge (cf. II Cor. 8, 19). L’emploi du verbexeirotonein n’implique pas, à lui seul, que les deuxApôtresaientfaituneimpositiondesmains46;cequ’ilsignified’unefaçoncertaine,c’estqu’ilslesontétablis

dans la charge d’anciens47. Cependant, lacomparaisonavecd’autrespassagespermetdepenserque le geste le plus probable pour signifier leurdécisiondevantl’assembléeaétéune«impositiondesmains(e)piéqesiÒt‹nxeir‹n)48.»

Les anciens sont choisis et établis dans leurfonctionpar lesApôtres,et ils semblentgénéralementêtre sous l’autorité des Apôtres. Cependant, leursfonctions ne semblent pas différer essentiellement decelles des Apôtres. Ils ont la charge de l’Église : ilsprésident49, enseignent laParole, et eux-mêmesont lepouvoir d’imposer les mains pour transmettre cettecharge. Timothée a reçu l’imposition des mains du«presbyterium»(ITim.4,14).CequelalettreàTimothéeappelle«presbyterium»nedoitpasêtrecompriscommeuncollègedeprêtresausens actuel du terme, mais comme un collègeépiscopal50.

S’ilestvraiqueTimothéea reçu l’impositiondesmains de Paul (selon II Tim. 1, 6), et du«presbyterium»(selonITim.4,14),ilfautsupposerque Paul, même s’il préfère le titre d’Apôtre, seconsidèrecommel’undesmembresdupresbyterium.EncequiconcernePierre,ilsedonneaussibienletitred’Apôtre(IPi.1,1:«Pierre,ApôtredeJésusChrist»)

queceluidepresbytre :« J’exhortedonc lesanciens(presbuteérouÒ) qui sont parmi vous, moi qui suisancien avec eux (o( sumpresbuéteroÒ)… » (I Pi. 5,1)51.Quant à Jean, qui ignore, dans ses épîtres, le titred’Apôtre, il se présente par deux fois comme«l’Ancien»:(OpresbuéteroÒ52.

NoterquesiPierreetJean(etPaul,indirectement)se désignent du même titre de « presbytre » que lesresponsables des communautés locales, cela laisseentendre que les « presbytres » ou « épiscopes » desépîtrespastorales etdesActesont reçu l’essentieldesfonctionsapostoliques.Paul le suggère également : dans ses adieux auxpresbytres d’Éphèse, il leur annonce qu’ils ne lereverrontplus,cequisupposequerienneleurmanque«pourpaîtrel’ÉglisedeDieu.»(Ac.20,28)

8-Presbytresetépiscopes

L’e)piéskopoÒest«celuiquiaunregardsur»:« surveillant », « inspecteur », « intendant » ou«responsable»53.Dans les Actes des Apôtres comme dans les lettrespastorales, les termes « anciens » (presbuéteroi) ou« épiscopes » (e)piskoépoi) sont équivalents : ilsdésignent les mêmes personnes54. Leur ministère est

réserves ou restrictions, instituant desministres sansleurtransmettrelatotalitédeleurpouvoirapostolique.Le mot « presbytre » prend alors une significationnouvelle, désignant un nouveau degré subalterne duSacrement, intermédiaire entre les évêques et lesdiacres.Quantaumot«diacre»,ilatoujoursdésignéun degré subalterne de l’ordre, dès l’époque duNouveauTestament83.

On peut considérer que la hiérarchie au senssacramentel apparaît avec les premières ordinationsfaitesavecréservesourestrictions…etelleapparaîtdès le Nouveau Testament en ce qui concerne lesdiacres.Cette hiérarchie découle de la nature même del’ordination conférée, c’est-à-dire de l’intention decelui qui la confère : elle suppose une ordination neconférantqu’unepartiedespouvoirsapostoliques.

L’autorité reconnue auxDouze ou à Paul par lespremiers presbytres ne semble pas découler d’unedifférencedans lanaturede l’ordination,maisde leurprestige personnel ou du fait qu’ils avaient vécu enprésenceduChrist.Parlasuite,l’autoritédel’évêquesurlepresbyteriumviendra de ce que lui seul aura la plénitude duSacrement.

14-Lafonctiondeprésidence

QuandonparcourtlesécritsdesPèresdel’Église,on est frappé par leur insistance sur la fonction deprésidence de l’évêque, ou du prêtre, dansl’Eucharistie, mais surtout dans la vie de lacommunautéengénéral.Quant au Nouveau Testament, il comporte quelquesallusions à la fonction de présidence de la liturgie…mais il traite essentiellement de la présidence sur lacommunautéchrétienne.Cela va de soi pour les Douze qui seront bientôtqualifiés d’Apôtres,mais aussi pour les « presbytres-épiscopes » ; tous les termes qui les désignentexpriment ce pouvoir de présider la communauté :Apôtre, prophète, docteur84, épiscope85, presbytre86,évangéliste,pasteur87,celuiquipréside88,higoumène89,intendant90.

On a relevé et commenté, dans ces chapitres, lespassagesquifontallusionà leurpouvoirdeministresdesSacrements…mais la grandemajorité des textesdu Nouveau Testament relatifs aux qualités requisesdes « presbytres-épiscopes » et à leurs fonctions,traitent uniquement de leur autorité dans lacommunautéchrétienne.C’estdoncunaspectessentieldelathéologieduSacrementdel’ordre.Le Nouveau Testament ne distingue pas épiscope et

presbytre,maislesPèresquilesdistinguentpréciserontgénéralement que la fonction de gouvernement faitégalementpartiedelamissiondespresbytres.

LaIreépîtreauxThessaloniciens,quiestlepremierécritdePaulet leplusanciendocumentduNouveauTestament(sarédactionfinaleétantsituéeversl’an51,vingt ans après la résurrection) mentionne déjà lamissiondelahiérarchieecclésiale,quiprésideaunomduChrist,etleségardsquiluisontdus:

Nousvousdemandons,frères,d’avoirdeségardspourceuxquiparmi vous se donnent de la peine, qui président(proïstameénouÒ)survousdansleSeigneuretvousreprennent;ayez pour eux une charité particulière, en raison de ce qu’ilsfont.Vivezenpaixentrevous(ITh.5,12-13).

15-L’autoritéexercéecommeunservice

À Jacques et Jean qui veulent partager sa gloire,Jésusrépond:«Celuiquivoudradevenirgrandparmivous se fera votre serviteur. »91 Réponse qui a deuxsenspossibles :celuiquiveutêtregranddevantDieudoit renoncer à toute autorité… ou bien : celui quidétientl’autorité,parmilesdisciples,doitsecomportercommeun serviteur : ilnedoitpas faire leSeigneur(kurieuéw).C’estcedernier sensquidoitêtre retenu.Jésus lui-même, qui « n’est pas venu pour être servi,

pourtransmettreceministère.Ilsexercentcependantcepouvoirsousl’autoritédesfondateursd’Églises(Paul,Tite,Timothée)auxquelsilsreconnaissentuneautoritésupraépiscopale. On voit ici que la seule autoritésupraépiscopalequisoitstrictementde«droitdivin»estcelledePierre116.

AutrestextesdesSynoptiques

LerécitdeMatthieun’apasdeparallèledans lesautresÉvangiles,maissonenseignementsurlerôledePierren’estpasisolé.«Voici les noms des douze apôtres :premierSimonappelé Pierre… pr‹toÒ Siémwn o( legoémenoÒPeétroÒ»(Mt.10,2)LaprioritédonnéeàPierren’estpasfortuite:toutesleslistesd’ApôtrescommencentparPierreetfinissentparJudas117.DanslesrécitssynoptiquesdelavocationdesApôtres,Pierreestlepremierappelé118.

Le Seigneur dit : Simon, Simon, Satan vous a réclamés pourvous secouer dans un crible comme on fait pour le blé.Maismoi, j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Et toi,quandtuserasrevenu,affermistesfrères(Luc22,31-32).

LafoidePierreserasansdéfaillanceetelleseraunpoint d’appui pour la communauté des disciples : cequi signifie que la foi de Pierre a une dimension

ecclésiale.

Si l’on suppose qu’il existe un certain parallèleentrecetextedeLucetMt.16,onpeutlevoircommeunefaçondemettreenreliefcettedimensionecclésialedelafoidePierre:

Mt.16,18 Luc22,31-32

Lesportesdel’Hadès… Satanaobtenudevouscribler…

Moi,jetedis: J’aipriépourtoi…

TuesPierre(cf.16,17surlafoidePierre) Quetafoinedéfaillepas

EtsurcettePierre Toidonc,quandtuserasressaisi

JebâtiraimonÉglise. affermistesfrères.

AutrestextesduNouveauTestamentICor.15,3-5:«Jevousaidonctransmisd’abord

ceque j’avaismoi-même reçu, à savoirque leChristest mort pour nos péchés… qu’il est ressuscité letroisième jour selon les écritures, qu’il est apparu àKèphaspuisauxDouze.Ensuite, ilestapparuàplusde500frèresàlafois.»119Cet ordre des apparitions est plus qualitatif quechronologique120 : il veut marquer la primauté dePierrecommetémoindelarésurrection.121

Jn.21,15-17 :Dansunautre langageetdans lecontextedelarésurrection,l’ÉvangiledeJeanaffirmelaprimautédePierre122.Yahvéétaitlevéritablepasteurd’Israël,maisildevait

confiersontroupeauaufilsdeDavidattendu(Mi.5,1-5–Mt.2,6).Prenant,àlafois,lerôlequiétaitceluideYahvédansl’AncienTestament et celui duMessie attendu, Jésusestle«bonpasteur»(Jn.10–cf.Lc.12,32),maisilconfiesontroupeauàPierre.«Pais (boéske… poiémaine)mesbrebis. » Dans cerécit,Pierren’estpasqualifiéde«pasteur»,illuiestdemandé de paître des brebis qui ne sont pas lessiennes,maiscellesduChrist.Cependant,sonpouvoir,conférépartroisfois,concernel’ensembledutroupeauduChrist.

Après le repas, Jésusdit àSimon-Pierre :Simon, filsde Jean,m’aimes-tuplusqueceux-ci?Ilrépondit:Oui,Seigneur,tusaisquejet’aime,etJésusluiditalors:Pais(Boéske)mesagneaux(a)rniéa). Il lui dit denouveau :Simon, fils de Jean,m’aimes-tu?Ilrépondit:Oui,Seigneur,tusaisquejet’aime.Jésusdit:Pais(poiémaine)mesbrebis(probaétiéa).Unetroisièmefois,ildit :Simon, filsde Jean,m’aimes-tu?Pierre fut attristédecequeJésusluiavaitditunetroisièmefois:M’aimes-tu?etilluidit:Seigneur,toiquiconnaistouteschoses,tusaisbienquejet’aime.Jésusluidit:Pais(Boéske)mesbrebis(probaétiéa).(Jn.21,15-17)

Actes15:Pierrepréside,selève,parle(Ac.1,15–2,14–15,7).C’est lui quidécided’accueillir lespaïensdansl’ÉglisesansleurimposerlefardeaudelaLoi (Ac. 15, 7-11). Après un débat mouvementé du

Testamentnedisentriend’unsacerdocedesprêtres153.

On dira qu’un prêtre célèbre ce sacrifice : il estsigne (ou garant) ecclésial de la présence, dansl’Eucharistie, du Christ victime du sacrifice de laNouvelleAlliance, afin que les fidèles communient àce sacrifice. Dans l’Eucharistie, le Christ-victime estprésentetagissant:ilserendprésentsouslaformedupainetduvin,etilsedonneàsesdisciplespourqu’ilscommunientàsonsacrifice.

LaconfigurationauChrist-Pasteur.La Ire lettre de Pierre donne au Christ le titre dePasteur (I Pi. 2, 25 & 5, 4) : titre divin que luireconnaît tout le Nouveau Testament… elle inviteaussilespresbytresàêtredespasteursgénéreux(IPi.5,2).Onpeutdoncparlerd’uneconfigurationdesprêtresauChrist-Pasteur.Si«êtrepasteur»estcompriscommelefaitd’avoirlestriamunera,unetelleconfigurationrésulte duSacrement de l’ordre, c’est-à-dire de l’agirdu Christ qui confère les charismes nécessaires à lamiseenœuvredecescharges…maiscelaenfait-ildessacrificateurs?

Deuxièmepartie

Lapatristiquepré-nicéenne

1-Doctrine(didaxh)desdouzeApôtres154

La Didachè s’adresse à des communautés quin’ontpasdehiérarchielocale.Lesch.11à13traitentdel’accueildesministresitinérants.Ceschapitresprécisentlaplacequidoitêtrefaiteauxapôtres, aux prophètes et aux docteurs dans lescommunautés primitives. Le contexte est celui desActes(13,1)etdesépîtresdePaul(ICor.12,29).

Pour les apôtres et les prophètes, selon le précepte del’Évangile, agissez de cette manière : Que tout apôtre155 quivientchezvoussoitreçucommeleSeigneur.Maisilresteraunseuljouret,sibesoinest,lejoursuivant;s’ilrestetroisjours,c’estunfauxprophète(Didachè,11,3-5)156.

Lemot«apôtre»aicisonsensinitiald’envoyé.Ilest précisé qu’il doit être traité commeun envoyéduChrist…mais le terme a encore un sens large, avantque, sous l’influence de Paul, il ne devienne un titreréservé aux Douze et à quelques personnages de

premierplan.

Par ailleurs, vous n’éprouverez aucun prophète qui parle sousl’inspirationdel’Espritetvousnelejugerezpasnonplus.Touthommequiparlesousl’inspirationdel’Espritn’estprophèteeneffetques’ila les façonsdevivreduSeigneur.Onreconnaîtradonc à leurs façons de vivre le faux prophète et le prophète(Didachè,11,7-8)157.Et toutprophètequienseignelavérité,sansmettreenpratiquecequ’ilenseigne,estunfauxprophète(Didachè,11,10).

Les prophètes aussi sont itinérants, mais ilss’établissent (13, 1) pour un certain temps dans lescommunautés où ils exercent un ministère qui estliturgiqueetprophétique. Ilsenseignent (11,10) sousl’inspirationdel’Esprit(11,7.8.9.12),cequidoitêtreentendu d’un enseignement didactique donné avecautorité,plutôtqued’uneparoleextatique.Ils prononcent les prières d’action de grâces158 etprésidentprobablement les«eucharisties».S’ils sontqualifiés d’a)rxiereîÒ ou « archi-sacerdotes », c’estdans la mesure où ils reçoivent les prémices desproduitsdelaterre(13,3)àl’instardessacerdotesdel’AncienTestament:

Mais toutvraiprophète,quiveuts’établirchezvous,méritesanourriture. De la même manière, le vrai docteur(didaéskaloÒ)159 mérite, lui aussi, comme l’ouvrier sanourriture.Parconséquent, tuprendras toutes lesprémicesdes

local),etilfautadmettrequeClément,qu’ilaitétéle1er,le2eoule3esuccesseurdePierre,luiasuccédédanssafonctiondeprésidentdupresbyteriumromain.

Jean Colson suppose que la plupart des évêquesmonarchiquesmentionnésparsaintIgnacenesontpasdes«successeursd’Apôtres»,maisdesimplesprêtres,présidentsd’unpresbyteriumlocal194.Comme saint Jérôme, J. Colson estime que lespresbytres-épiscopes du Nouveau Testament sont desimplesprêtres,maisàladifférencedeJérôme,ilpenseque la fonction épiscopale remonte aux Apôtres, desorte que les trois degrés de l’ordre auraient existédepuis l’origine : les «Successeurs d’Apôtres » (lesévêques au sens actuel du terme), les presbytres-épiscopes (les simples prêtres) et les diacres. Ignacelui-même,quin’estpasseulementévêqued’Antioche,maisseprésentecomme«évêquedeSyrie»(Rom.2,2), serait un évêque au sens actuel,mais les évêquesmonarchiquesauxquels iladressesesépîtres,seraient,pourlaplupart,desprêtresmonarchiques!Une telle position est évidemment paradoxale. Si lespresbytres-épiscopesduNouveauTestamentavaientlepouvoir d’imposer les mains, rien, dans les lettresd’Ignace,nepermetdesupposerqu’ilsl’aientperdu.Son insistance sur le rôle de l’évêque et son autoritéuniverselle est sans équivoque… et la primauté qu’il

lui reconnaîtsur lepresbyteriumsuppose laplénitudedupouvoirapostolique.

Faute de documents, comment peut-on sereprésenter la transition entre l’épiscopat collégial etl’épiscopatmonarchique?Initialement,lesÉgliseslocalesétaientdirigéesparunpresbyterium dont chaque membre avait le pouvoird’imposerlesmainsauxnouveauxmembresducollège(I Tim. 4, 14). Ces presbytres-épiscopes étaient dessuccesseurs des Apôtres, c’est-à-dire des évêquesexerçant un pouvoir collégial, l’un d’eux ayant peut-êtreunefonctiondeprésidence.L’autorité supraépiscopale initialement reconnue auxApôtres,auxfondateursd’Églisesetautres«hommeséminents » (I Clém. 44, 3) a toujours existé dansl’Église sous des formes diverses (patriarches,archevêques),etenparticuliercelledePierrequiestdedroitdivin.Les évêques étaient généralement élus par leurcommunauté, mais il revenait à ces « hommeséminents»d’entérinerounoncesélections.Danschaquepresbyterium,unefonctiondeprésidenceestapparueet/ous’estrenforcée…desortequelerôledes«hommeséminents»apuselimiteràl’institutionde l’épiscope-président, lui laissant le soin de choisirlesépiscopessubalternes.Decefait, leprésidentd’unpresbyteriumseraitdevenuunépiscopemonarchique.

On peut également supposer que ces épiscopesmonarchiques, héritant du pouvoir de choisir lesépiscopes subalternes, se seraient aussi réservé lacélébrationdeleurordination.Les autres membres du presbyterium ayant perdu ledroitd’imposerlesmains,c’estleurpropreordinationqui changeait de signification, de sorte qu’ils n’ontplus été ordonnés en vue de ce qu’ils ne pouvaientpasfaire.Ilsontreçuuneautreordination,quin’étaitpasunautreSacrement,maislemêmeSacrementaveccertaines réserves… des réserves toutefois moindresquepourlediaconat.On peut imaginer que la transition s’est faiteprogressivement : les plus âgés étant encore desévêques, à la différence des prêtres nouvellementordonnés… sans que cela crée, entre eux, unedifférence sensible, dans la mesure où les uns et lesautresexerçaient,enfait,lemêmeministèresubalterne.Ainsi, l’épiscopatmonarchique aurait été la cause, etnonpasl’effet,del’ordinationdes«simplesprêtres».Leplusvraisemblableestquel’épiscopatmonarchiqueestapparualorsquechaquepresbyteriumétaitencoreuncollègeépiscopallocal.Dès lors, ordonner des évêques subalternes pour desfonctions réservées, de fait, à l’évêque monarchique,n’avaitplusdesens.Onpeutdoncsupposerqu’àpartirde ce moment, d’une façon plus ou moins tacite,

Une Église n’est apostolique que si ses évêquessuccessifs procèdent d’une succession ininterrompueremontantauxApôtres.D’autre part, pour Tertullien, comme pour Irénée,l’apostolicitéestgarantedelafidélitéaumessagevenuduChrist:

NotreSeigneuraenvoyélesApôtresprêcher,ilnefautdoncpasaccueillird’autreprédicateurqueceuxqueleChristainstitués.(XXI,1) [De ce fait], il faut nécessairement s’adresser à cesmêmes Églises que lesApôtres ont fondées et qu’ils ont eux-mêmesinstruites(Laprescriptioncontreleshérétiques,XXI,3).

Quant à Pierre, en vertu des pouvoirs reçus duChrist, plus que tous les Apôtres, il ne pouvait rienignorerdesonenseignement:

Pierreaurait-ilignoréquelquechose,luiquifutappelélapierresur laquelle l’Église devait être édifiée, qui reçut les clefs duRoyaumedes cieux, et le pouvoir de lier et de délier dans lescieux et sur la terre ? (La prescription contre les hérétiques,XXII,4).

Ainsi, pendant sa période catholique, Tertullien,comme Irénée, voit, dans l’origine apostolique desÉglises, le garant de leur orthodoxie. Devenumontaniste, il tournera en dérision l’apostolicitérevendiquéeparsonévêqueetsaprétentionderemettreles péchés. Désormais, Tertullien ne reconnaîtra ce

pouvoirquedansuncharismepersonneldesprophètes,etnonplusdanslefaitqu’ilestexercéparlesévêques:

C’estpourquoi l’Église remettrabien lespéchés,mais l’Églisede l’Esprit, par l’intermédiaire d’un homme spirituel, et nonl’Églisecollectiond’évêques(Surlapudicité,21,17).

D’une façon indirecte, cependant, cet écritmontaniste atteste que, dans l’Église catholique, lesévêquesexercentleurpouvoircommeunministèreouun « service à rendre » (et non comme un charismepersonnel) etosentpardonner les péchés en tant quesuccesseursdesApôtres216.

Avec Tertullien (catholique), les termes« ordination » et « ordonner » prennent le senstechniquequ’ilsgarderontdansl’Église.Il dénonce les « ordinationes » non définitives deshérétiques:

Leurs ordinations sont téméraires, sans sérieux, sans suite(inconstantes) ; ils installent tantôt des néophytes, tantôt deshommesengagésdanslesiècle,tantôtnosapostats…Aussiont-ils aujourd’hui un évêque, demain un autre ; aujourd’hui estdiacretelquidemainseralecteur;aujourd’huiestprêtretelquidemain sera laïc ; ils chargent même des laïcs de fonctionssacerdotales (sacerdotalia munera) (De præscriptionehæreticorum,41,6).

Ces reproches faits aux hérétiques supposent que,

selon la foi de l’Église, les fonctions cléricales ouecclésiales sont reçues de l’ordination, et qu’elles nepeuvent pas être perdues217. On verra que, devenumontaniste,ilprofesseracequ’ildénonceici.À propos du Baptême, il insiste sur la primauté del’évêqueetmentionnelesdeuxautresdegrésdel’ordresubordonnésàl’évêque218.Tertullien,quiétaitpeut-êtreunlaïc219,avaitplusieursfois traité,danssesécritsde lapériodecatholique,dusacerdocedesbaptisés220.Par la suite, sous l’influence dumontanisme quimetl’accent sur les prérogatives du chrétien face à lahiérarchie,ilsupposeraqu’unlaïcpeutexercer,encasde nécessité, les fonctions des prêtres… à conditiontoutefoisque,devenuveuf,ilnesesoitpasremarié!Partantdufaitqu’«onnepeutadmettredansl’ordresacerdotal que ceux qui n’ont contracté qu’un seulmariage»221etestimantqu’unprêtre«digame»(veufremarié) est indigne de baptiser ou de « fairel’offrande », il invite les laïcs à ne pas se remarier,parcequ’encasdenécessité:222

Dieuveutquenoussoyonstousdansdesconditionstellesque,entoutecirconstance,noussoyonsenmesured’administrersessacrements223.

Les « sacrements » sont ici le Baptême et

corps.De toutesceschoses l’évêquerendracompteàceuxquireçoiventleBaptême.Quandl’évêquearompulepain,qu’ilendonne unmorceau à chacun en disant :«Ceci est le pain duciel, lecorpsduChristJésus.»Celuiqui le reçoit répondra :« Amen. »239 Si les prêtres ne suffisent pas, que les diacresportentlecaliceetsetiennentenbonordre:lepremierceluiquitientl’eau,ledeuxièmeceluiquitientlelait,letroisièmeceluiqui tient le vin. Et [l’évêque] leur donnera le sang du ChristJésusnotreSeigneur, et l’un [aura] le lait, etunautre lemiel.Celui qui donne le calice dira : «Ceci est le sang de notreSeigneur Jésus Christ. » Et celui qui le reçoit répondra :« Amen. »240. Quand ce sera terminé, chacun s’appliquera àfairedesbonnesœuvres,àplaireàDieuetàsebienconduire,àêtre zélé pour l’Église, faisant ce qu’il a appris et progressantdans lapiété.Nousvousavons transmisceschosesbrièvementsurlesaintBaptêmeetlasainteOblation,carvousavezdéjàétéinstruits de la résurrection de la chair et des autres[enseignements] selon ce qui est écrit. Mais s’il convient derappelerquelqueautrechose, l’évêqueledirasous lesceaudusecretàceuxquiontreçu[l’eucharistie].Quelesinfidèlesn’enaient pas connaissance si ce n’est quand ils auront reçul’eucharistie.C’estlecailloublancdontJeanadit:«Unnomnouveau y est écrit, que personne ne connaît sinon celui quirecevralecaillou(Apoc.2,7).»(S.Chr.11bis,p.90-95)241

Ch.22.Lacommunion

Ledimanche, l’évêque, sipossible,distribuera [lacommunion]de sa main à tout le peuple, tandis que les diacres font lafraction ; les prêtres rompront également le pain. Quand lediacreapporte[l’eucharistie]auprêtre,ilprésenteraleplateauet

leprêtreprendralui-mêmeetil[leprêtre]distribueraaupeuplede sa main. Les autres jours on communiera suivant lesinstructionsdel’évêque(id,p.96-97)242.

Leriteetlagrâcedel’ordination

Hermas et Irénée utilisaient indifféremment lestitresd’«évêque»etde«prêtre»:leurlangageétaitencore celui du Nouveau Testament. La Traditionapostolique témoigne d’un langage nouveau.Désormais, lestitresd’«évêque»etde«prêtre»nesontpluséquivalents.L’évêque est celuiqui reçoit laplénitude de la succession apostolique. Les prêtresreçoivent manifestement une autre ordination.L’évêque est qualifié de i(ereuéÒ, mais sans laconfusion, rencontrée chez Tertullien, avec lesacerdocedesfidèles.Par l’ordination, un homme est fait pasteur ousuccesseur des Apôtres, il reçoit le même Esprit desouverainetéquelespremiersApôtres:

Dieu et Père de Notre-Seigneur Jésus Christ… répands lapuissancequivientdetoi,celledel’Espritdesouverainetéquetuasdonnéàtonenfantbien-aiméJésusChrist,qu’ilaaccordéà tessaintsapôtresquiont fondé l’Égliseen tout lieu (Ch.3.Prièredel’ordinationépiscopale).

L’évêque devient manifestement successeur desApôtres…mais l’ordination ne doit pas, pour autant,

être réduite à un simple rite ecclésial de succession :c’estl’EspritSaintquiconfèreactuellement,aunouvelévêque, la même grâce et le même charisme qu’auxApôtres243.Cequ’onpeuttraduireendisantquecen’estpasleritecommetel(ritedesuccessionapostolique)quiconfèrelagrâcedel’épiscopat,maisl’EspritSaintquivientduPèreetquiest«accordé»parleChrist.L’évêquequiimposelesmainsetprononcelesparolesne doute pas que « l’Esprit de souveraineté » soitactuellementconféréparleChristaunouvelévêque,etqu’ilneleseraitpassanscetteimpositiondesmains.

10-CypriendeCarthage244

IlécritaupapeCorneille:«Nousdevonstravailleràgarder l’unitéque leSeigneurnousa transmiseparsesapôtresànousleurssuccesseurs.»245Si l’Église catholique estune, c’est en raison de sonapostolicité:elleest«unieparlecimentdesévêquesquisontattachésl’unàl’autre.»246Leurmission est collégiale : c’est le « corps » ou le«collège»épiscopalquia reçuduChristmissiondegarderl’unitédel’Églisedansunemêmefoi:

Le corps des évêques (sacerdotum) est nombreux, uni par lecimentdelaconcordemutuelleetleliendel’unité,desorteque

J’apprends que certain personnage a fait éruption en une tellefolie qu’il a déclaré les diacres supérieurs auxprêtres, c’est-à-direauxévêques.Alorsquel’Apôtreenseigneclairementquelesprêtres et les évêques sont lamêmechose…par la suite, pourremédierauschisme,unseulfutélupourêtrepréposéàtous…Enfait,àAlexandrieaussi,depuisl’évangélisteMarcjusqu’auxévêques Héraclas († 247) et Denys († 264), constamment, lesprêtres élisaient l’un d’entre eux, le plaçaient à un degré plusélevé et le nommaient évêque. C’était comme quand l’arméeproclame un empereur, ou comme si les diacres élisaient l’und’entre eux qu’ils sauraient plus habile, et l’appelaientarchidiacre(Lettre146,1)294.

Jérômeécritunsiècleaprès lesévénements.Or, ilestsurprenantquepersonnen’aitmentionnéavant luiune particularité aussi étrange : ni La Traditionapostolique,niOrigène,niAthanased’Alexandrie,niEusèbedeCésarée295.

Sévèred’Antioche, dansune lettredatantde sonexil en Égypte (518-538), parle de cette désignation(ouélection)del’évêqueparlesprêtres…etilopposecette pratique à celle qui a prévalu partout, selonlaquelle seuls des évêques peuvent instituer unévêque:

L’évêque de la ville réputée pour sa foi orthodoxe, la cité desAlexandrins, était, dans les temps anciens, désigné par lesprêtres.Maisdansletempsprésent,enaccordaveclecanonquia prévalu partout, l’institution solennelle de leur évêque est

réaliséepardesévêques,etnulneprendàlalégèrelapratiquebienprécisequiaprévalupartoutdansleséglisessaintes,pourretournerauprécédentétatdeschoses296.

Sévère semble embarrassé par ce qu’il considèrecommeune tradition locale,et lecontextedesa lettremontre que, pour lui, une telle ordination étaitcontraireàlatraditionreçuedesApôtres297.

SelonEutychius,évêquemelchited’AlexandrieauXe siècle (933- 940), le patriarche étaitordonné parlesprêtres.Douzepresbytreschoisissaientl’und’entreeuxetlesonzeautresluiimposaientlesmains:

Marcl’évangéliste,enaccordaveclepatriarcheHanania,établitdouze prêtres, qui demeureraient avec le patriarche, de sortequ’en cas de vacance du patriarcat, ils puissent élire l’un desdouze prêtres que les onze autres feraient patriarche en luiimposant lesmains sur la tête.Ensuite, ils éliraientunhommede renomqu’ilsétabliraientprêtreaveceuxà laplacedeceluiqui avait été fait patriarche, de sorte qu’ils soient toujoursdouze. À Alexandrie, cette institution relative aux prêtres,consistant à créer le patriarche à partir de douze prêtres, durajusqu’autempsdupatriarcheAlexandre,quifutl’undes318[auconciledeNicée].(PL.111,982b)298.

Joseph Lécuyer conclut ainsi l’étude qu’il a faitesurcettequestion:«Cesdocumentsseheurtentàtantde difficultés et d’invraisemblances que l’on ne peut,semble-t-il,leuraccorderaucunecréance.»299

Enoutre,letémoignaged’Eutychius(commeceluide Jérôme) est infirmé par celui d’un autre évêqueégyptien de la deuxièmemoitié duXe siècle,Sévèreibn-al-Muqaffa,évêquedeal-Asmunain,auteurd’unehistoiredespatriarchesd’Alexandrie,dont lavaleurhistoriqueestreconnueparailleurs300.

15-ConciledeCarthage(251)

Pendantlespersécutions,lesassembléesd’évêquesétaient pratiquement impossibles dans l’empireromain… mais les persécutions n’ont pas étécontinuelles ni universelles, et de nombreux concilesprovinciauxeurentlieuauIIeetauIIIesiècle.Novatien est condamné par un concile réuni àCarthageparCyprienenmai251et, lamêmeannée,parunconcileromainde60évêques.Le pape Corneille comme Cyprien excommunientNovatien et en avertissent les principaux évêquesd’Orient.

16-Conciled’Antioche(268)

Aprèsunpremiersynodeen264,lesecondsynoded’Antioche est le plus important avant Nicée.Convoqué par Helenus de Tarse pour condamnerl’évêqued’AntiochePauldeSamosate,ilrassembla80

l’évêque dont s’est séparé celui qui est astreint à la règle,l’ordinationseraillicite.(a!kuroÒe!stwh(xeirotoniéa)326.Canon18.(Lesdiacresnedoiventpasdonnerl’Eucharistieauxprêtres) Ilestvenuà laconnaissancedusaintetgrandconcileque,danscertainsendroitsetdanscertainesvilles,desdiacresdistribuaient l’Eucharistie aux prêtres (toîÒ presbuteéroiÒ),quoiqu’il soit contraire aux canons et à la coutume de fairedistribuerleCorpsduChristàceuxquioffrentlesacrificeparceuxquinepeuventpasl’offrir ; leconcileaappriségalementque quelques diacres recevaient l’Eucharistie même avant desévêques.Toutceladoitcesser.Lesdiacresdoiventsetenirdansles limites de leurs attributions, se souvenir qu’ils sont lesserviteursdesévêques,etneviennentqu’aprèslesprêtres…327.Canon 19. (Baptêmes et ordinations des paulianisants sontinvalides)À l’égard des Paulianisants qui veulent revenir à l’Églisecatholique, il fautobserver l’ordonnanceportantqu’ilsdoiventêtre,detoutesmanières,rebaptisés.Siquelques-unsd’entreeuxétaientauparavantmembresduclergé,unefoisrebaptisés,qu’ilssoientordonnés(xeirotoneiésqwsan)328parl’évêquedel’Églisecatholique, à la condition toutefois qu’ils aient une réputationintacte…Nous rappelons auxdiaconesses qui sont dans cettesituationqu’ellesn’ontaucuneimpositiondesmains(oude lamainxeiroqesiéan)etqu’ellesdoiventêtresimplementcomptéesparmileslaïcs329.

Selon Vogel et Schebler cette obligation deréordonner ne se limite pas aux paulianisants, maiss’appliqueaussiauxnovatianistes (canon8)330.SelonL.Ott, lesauteursdecetteépoqueneconcevaientpas

que l’on puisse recevoir le Saint Esprit en dehors del’Église catholique. Il en conclut que les pères duconcile ne pouvaient pas admettre qu’une ordinationsoit valide en dehors de l’Église331. Si cet argumentétaitvalablepourl’ordination,ilvaudraitaussipourleBaptême.Or,onavuquelepapeÉtienneneselaissepasconvaincreparlesargumentsdeCyprien332.Mêmesi de nombreux auteurs de cette époque estimaientqu’on ne peut pas recevoir l’Esprit en dehors del’Église,leconcilen’enconclutpasquelesordinationssontinvalidesendehorsdel’Église.LespèresdeNicéenedemandentpasqu’onrebaptiselesconvertis(àl’exceptiondespaulianisants).Onpeutdonc supposer qu’ils ne veulent pas non plusréordonner les novatianistes, mais simplement leurimposerlamainpourleurdonnerl’Espritetlepardon.Leconcileemploiedestermesdifférentsselonlecas:les paulianisants doivent recevoir l’ordination(xeirotoniéa) après avoir été rebaptisés… lesnovatianistes ne sont pas rebaptisés et ils reçoiventseulementuneimpositiondelamain(xeiroqesiéa)333.SelonJ.LécuyeretL.Ligier,cettechirothésien’estpasl’impositiondesmainsdel’ordination,maisunritederéconciliation334.

Toute«impositiondesmains»n’estdoncpasune

ordination, mais il est également possible que toute«chirotonie»nesoitpasuneordination.La question se pose pour les disciples deMélèce deLycopolis : le concile décide qu’ils doivent recevoirunenouvellexeirotoniéa335.Leurcasn’estpastraitédanslescanons,maisdansla«lettresynodale»adresséeparlespèresduconcileàl’Églised’Alexandrie:336

Ilrestaitl’affairedelatéméritédeMélèceetdeceuxquifurentordonnés(xeirotonhqeéntwn)parlui…Ilfutdécrété,leconcileétantportéàlaclémenceenversMélèce…qu’ildevaitdemeurerdans sa ville, sans avoir aucun droit pour imposer les mains(xeiroqeteîn)oupourélire…ilconserveraseulementlenomdeson ordre (d’évêque). Ceux qui ont été établis par lui, aprèsavoir été confirmés par une ordination plus mystique(mustikwteéra’xeirotoniéabebaiwqeéntaÒ)pourrontêtreadmisàlacommuniondanslesconditionssuivantes: ilsauront[leurdignitéet]leurministèreliturgique,maiscéderontpartoutlepasà ceux qui en chaque diocèse et église ont été précédemmentordonnésparnotretrèsvénérécollègueAlexandre.

Mélèce n’aura plus le droit d’ordonner, mais lesclercsordonnésparluipourrontconserverleurpositionet leur service, après « avoir été confirmés par uneordination(xeirotoniéa)plusmystique.»337

Rienn’estditdesBaptêmesconférésparcegroupeschismatique.Encequiconcernelesordinationsfaites

quiontétéordonnés(xeirotonhqeéntaÒ)parluiàquelquedegréduclergéquecesoit,cartoutcequis’estfaitàsonsujet,ettoutcequ’ilafait,estsansvaleur(ouillicitea)kyrwqeéntwn).

Nicéeemploielemêmetermepourdéclarerillicitetout changement de diocèse pour les clercs. Dans cecas,ilallaitdesoiqueleurdéplacementneleurfaisaitpas perdre leur qualité de prêtre ou d’évêque : ilsdevaient revenir dans leur diocèse pour exercer leurministère379. Si vigoureuse que soit cettecondamnation, le concile de Constantinople parle lemême langage et n’entend pas annuler, ou déclarernulle, l’ordinationdeMaxime : ildéclare sansvaleursa nomination au siège de Constantinople, et doncilliciteslesordinationsfaitesparlui.Ilfautcomprendreque Maxime le Cynique « n’est jamais devenuévêque»…deConstantinople 380.Les contemporainsdecesévénementsl’ontcomprisdecettefaçon.Qu’ilsaientétéadversairesoupartisansdeMaxime,ilsn’ontpas contesté son épiscopat. Grégoire de Nazianze,pourtant très sévère à l’encontre de Maxime, admetqu’ilaétémarquédusceaudespasteurs381.QuantàAmbroisedeMilan,quiprendralepartideMaxime,ilrappellera qu’il « a été ordonné par des évêquescatholiques»382.

La difficulté de ce canon tient au fait que l’on

n’emploierait plus aujourd’hui un tel langage pourdénoncer une ordination illicite.Mais les théologiensduIVesièclenedistinguentpasaussinettementlicéitéetvalidité.Pourcomprendrecetexte,ilfautexaminercomment ilaétécomprisparsescontemporains :parGrégoire de Nazianze qui condamne Maxime, parAmbroise qui le soutient, et par le papeDamase lui-même,quiatenté,unmoment,delefaireinstallersurle siège de Constantinople. Aucun d’eux ne met endoutelavaliditédesonépiscopat.

9-ÉpiphanedeSalamine383

Danstouteslesénumérationsanciennesdesdegrésdel’ordre,ontrouvel’évêqueaupremierrang.VerslemilieuduIVesiècle,cetteprééminencedel’évêquesurles prêtres avait été contestée par le prêtreAerius deSébaste. Épiphane réfute cette opinion, fondant laprééminence de l’évêque sur le pouvoir d’ordonner.L’impositiondesmains pour l’ordination (xeiroqesiéatoû xeirotoneîn) n’est pas l’affaire du prêtre, maisexclusivementdel’évêque384.

Épiphanereprocheauxmontanistesd’accepterdesfemmesdansl’ordreépiscopaletsacerdotaletdanslesautresdegrésduclergé385.«Ilyabiendansl’Égliselaclasse(tagma)desdiaconesses,maiscen’estpaspour

exercer des fonctions sacerdotales (ei)Ò toèi(erateuéein), ni pour lui confier quelque entreprise,maispour ladécencedusexeféminin,aumomentdubaptême. » (Hæreses, 79, 3 – PG. 42, 744)386. Ellesassurent également la visite des femmes malades oudémunies.

Comme Irénée, Épiphane donne la liste dessuccesseursdePierre ;cependant, ilsituelesApôtres,non plus à l’extérieur de la série, mais à l’intérieur,comme les premiers évêques de la liste épiscopaleromaine:

Ceux qui devinrent les premiers évêques de Rome furent lesapôtres Pierre et Paul eux-mêmes… ]En [Rwémh’ gaèrgegoénasi pr‹toi PeétroÒ kaiè PaûloÒ oi( a)poéstoloi au)toièe)piéskopoi(Hæreses,27,6–PG.41,372).

Épiphane dénonce ceux qui exigent la réitérationdu Baptême des ariens qui viennent à eux, sans quecette règle ait été imposée par un concile universel(sunoédouoi)koumenikÌÒ)387.

10-LesConstitutionsapostoliques

Les«Constitutions»sontun témoinde laviedel’ÉglisesyrienneàlafinduIVe siècle.Ellessontunecompilationmorale et disciplinaire, en huit livres, de

l’absence de consentement… mais on retiendra que,poureux,uneordinationn’estjamaisréitérable440.

Selon Théodoret, Pierre a reçu la xeirotoniéa duChrist-Pasteur lorsqu’il lui a dit : « Pais mesbrebis »441. L’idée est moins naïve qu’il pourraitsembler:ellemérited’êtreretenuesil’oncomprendlaxeirotoniéadanssonsensprimitifdedésignationpourune fonction. Pierre a reçu du Christ cette fonction,mêmes’ilnel’apasreçueparunrite.L’importantestquecetteinvestitureaitétésignifiée,mêmesiellen’apasétésignifiéedansunrite.

15-L’EuchologedeSérapion

L’Euchologedit deSérapionestun sacramentaireou une collection, du IVe siècle, de textes liturgiqueségyptiens,dontcertainsremontentausiècleprécédent.Antérieur à la fixation des liturgies orientales, ilcomporte trente formules pour les différents actes duculte.Lestroisprièresd’ordinationcommencentparcetitre : « Imposition des mains (xeiroqesiéa) pourl’installation (katastaésewÒ) des diacres, ou despresbytres, ou de l’évêque. » Dans la prièred’ordinationdel’évêque,ilestditqueDieului-mêmeordonnelesévêques.Cependant,ilnelesordonnepasen dehors « de la succession des saints Apôtres ».

Remarquable théologie :celasignifieque lesévêquesqui célèbrent le rite d’ordination ne sont que lesministres de l’agir divin.Cela signifie également queces ministres doivent appartenir à cette successionininterrompuedepuislesApôtres:

Toi qui as envoyé le Seigneur Jésus pour le profit de toute laterre,toiquiaschoisi,parlui,lesApôtres,toiqui,degénérationengénération,ordonnes(xeirotonwn)desaintsévêques,fais,ôDieudevérité,decethommeunévêquezélé,unévêquesaintdelasuccessiondessaintsApôtres, etdonne-luiunegrâce etunespritdivin, ce que tu as accordé à tous tes vrais serviteurs etprophètes et patriarches. Rends-le digne de faire paître tontroupeau,etqu’ilpersévèresansreprocheetsansdommagedansl’épiscopat, par ton Fils unique… (PrièreXXVIII, F.X. Funk,Didascaliaetconstitutionesapostolorum, II,Paderborn,1905,p.190).

La prière d’ordination du prêtre mentionne lepouvoirdegouvernerunecommunauté,leministèredelaParoleetceluidelaRéconciliation:«qu’ilaitenluil’Espritdivinpourqu’ilpuissegouvernertonpeuple,dispensertesdivinsoracles,etréconciliertonpeupleavectoi,Dieuincréé.»(PrièreXXVII,p.188-190)

16-LePseudoDenys442

Dieuestl’auteurdela«hiérarchiecéleste»,maisaussi de la hiérarchie de l’AncienTestament et de la

hiérarchiedel’Église.Jésusest«ledivinfondateurdenotreproprehiérarchie»:aveclePèreetl’Esprit,ilest«leprincipedetoutsacrement».Par son ordination, l’évêque est « rendu parfait »(a)poteleioûtai),leprêtreest«sanctifié»(a(giaézetai)et le diacre est « consacré » (teleiouémenoÒ)…« chacun d’eux est marqué (e)nshmaiénetai) par lehiérarquequileconsacre,dusceau(sfragiéÒ)enformedecroix.»(LaHiérarchieecclésiastique,V,2–PG.3,509).Parcettesignationliturgique,c’estleChristlui-même qui marque ainsi (e)nshmaiénontoÒ) lesministres de l’empreinte (ou du sceau sfragiéÒ) enformedecroix(PG.3,512).

17-Cyrilled’Alexandrie443

EnlesfaisantApôtresetenleurdonnantl’Esprit,leChrist a transformé ses disciples « en quelque chosed’autre»444.Et,dans l’ordination,c’est luiégalementqui«faitlesprêtres»,reforgeantleurnaturehumaineen une réalité glorieuse et surhumaine445. Dans lesdeuxcas,cependant,l’efficacitéduSacrementnevientpasduministre,maisdel’agirdivinquidonnel’Esprit.Sur ce point, Cyrille rejoint l’enseignement de JeanChrysostome(contre lamémoireduquel ilnecessera,par ailleurs, de s’acharner) sur l’efficacité purementdivinedesSacrements:

Cequi,pourlui,semblerestervrai,mêmehorsdel’Église catholique,puisqu’il acceptedans sonclergé,sans réordination, des clercs ordonnés par sonprédécesseur,l’arienAuxence464.

3-L’Ambrosiaster

L’auteur inconnud’uncommentairedes lettresdePaul465 a une formule qui exprime remarquablementl’unicité et la pluralité du Sacrement de l’ordre :«Dansl’évêque,sontcontenustouslesordres.»Cependant, il n’existe, selon lui, que deux degrésvéritables de l’ordre, l’évêque n’étant que le premierdes presbytres, et le seul ordre subalterne étant lediaconat. Il suppose qu’à l’origine l’évêque était leplusanciendespresbytres.Parlasuite,onrecourutàl’élection,et il futdécidéquec’est« lemériteattestéparlesuffragedeprêtres…quicréeraitl’évêque»:

Dansl’évêquesontcontenustouslesordres(inepiscopoomnesordinessunt):ilestlepremierprêtre(primussacerdos),c’est-à-dire leprincedesprêtres, et aussiprophèteet évangéliste, ettoutes les autres fonctions qui doivent être accomplies dansl’Église pour le service des fidèles… Ce que dit l’Apôtre necorrespond pas entièrement à l’organisation qui existeaujourd’huidansl’Église,carceslignesontétéécritesdanslesdébuts.Eneffet,ildonnelenomd’évêqueàTimothéequ’ilavaitcréé presbytre, car les premiers presbytres portaient le nomd’évêques, de telle sorte que, l’un disparaissant, le suivant lui

succédait. D’ailleurs, en Égypte, en l’absence de l’évêque, lespresbytres font laconsignation.Maiscomme,dans lasuite,oncommença à trouver des prêtres qui n’étaient pas dignesd’occuper les plus hauts rangs, on changea de méthode… desorte que ce ne soit plus l’ordre (d’ancienneté) qui créel’évêque, mais le mérite attesté par le suffrage (judicioconstitutum)deprêtresnombreux…(SurÉphésiens,ch.IV,11-12–P.L.17,388).

Ilveutdire,parlàque«l’ordinationdel’évêqueetdupresbytreestlamême.»Cequifaitl’évêque,cen’est pas une ordination différente, c’est son électionparmilesprêtres:

Les diacres sont les serviteurs des prêtres (ministrossacerdotum)… Après avoir parlé de l’évêque, Paul passe àl’ordination du diaconat. Pourquoi ? Sinon parce quel’ordinationdel’évêqueetdupresbytreestlamême(episcopietpresbyteriunaordinatioest).L’unetl’autre,eneffet,estprêtre(sacerdos),maisl’évêqueestlepremier;detellesortequetoutévêque est presbytre, mais tout presbytre n’est pas évêque ;celui-là, en effet, est évêque, qui est le premier des presbytres(episcopus est qui inter presbyteros primus est). Ainsi, PaulindiquequeTimothéeaétéordonnépresbytre,mais,comme iln’avait aucun presbytre avant lui, il était évêque. C’estpourquoi il lui enseigne aussi comment il doit ordonner unévêque ; or, il n’était pas possible ni permis qu’un inférieurordonneun supérieur ; car nul ne donne ce qu’il n’a pas reçu(SurI.Tim.3,8-10–PL.17,470).

Partant du principe qu’un inférieur ne peut

ordonner un supérieur, et que Timothée, qui étaitprêtre, ordonnait des évêques, il en conclut que« l’ordination de l’évêque et du presbytre est lamême ».Cet auteur a bien vu que, dans leNouveauTestament, presbytres et épiscopes reçoivent lamêmeordination, mais il n’envisage pas qu’il s’agisse del’épiscopat, et que l’ordination « avec réserves » dessimplesprêtressoitpostérieureàl’époqueapostolique.

Dans les « Quæstiones Veteris et NoviTestamenti », l’auteur s’oppose aux prétentions desdiacresromainsquiseveulentégauxauxpresbytresetestiment que seul l’évêque leur est supérieur. Il faitremarquer qu’un diacre peut recevoir le presbytérat,maisnonpasunprêtrelediaconat,carilpossèdedéjàtouslespouvoirsdudiacre.Ilestime,quantàlui,quelesprêtresnesontpaségauxauxdiacres,maisqu’ilslesontauxévêques.CesidéesserontreprisesparJérôme,quidépenddel’Ambrosiaster.

Que le presbytre doive être compris comme l’évêque, l’apôtrePaul le prouve, lorsqu’il enseigne àTimothée, qu’il a ordonnépresbytre, comment il doit créer un évêque. Qu’est, en effet,l’évêquesinonlepremierpresbytre,c’est-à-direleprêtreleplusélevé (Quid est enim episcopus nisi primus presbyter, hoc estsummussacerdos)?…ÀAlexandrieetdans toute l’Égypte, siunévêquen’estpasprésent,unpresbytredonnelaconsignation(laConfirmation). (Quæstiones Veteris et Novi Testamenti, Q.

«elleestreconnueetapprouvée.»(ContrelalettredeParménien,II,13,29)Ainsi, celui qui a été baptisé hors de l’Église,mêmes’iln’apasreçulagrâce499,areçuunemarqueouun«caractère » ineffaçable…et s’il vient à l’Église, iln’est pas rebaptisé : son Baptême est simplementreconnu. Serait-il possible, demande-t-il, « que lessacrements du Christ tiennent moins bien que cettemarquecorporelle?»(ContrelalettredeParménien,II,13,29–vers400)

Augustinétablitunparallèleentrel’ordinationetleBaptême, montrant que l’un et l’autre peuvent êtrereçushorsdelacommuniondel’Église,ets’ilsontétévraiment reçus, ni l’un ni l’autre ne doivent êtrerenouvelés.Unetelleordinationdoitêtrereconnueparl’Église:

Certainsdonatistes,confonduspar lavérité,semettentàdire :« Si on ne perd pas le Baptême en se retirant de l’Église, onperddumoinsledroitdeledonner.»Réponseinutileetvaineàbien des titres.On ne présente aucune raison d’après laquellecelui qui ne peut perdre le baptême peut perdre ledroit de ledonner.L’unet l’autre, eneffet, estunsacrement500 et l’un etl’autreestdonnéàl’hommeparunecertaineconsécration, soitquand il est baptisé, soit quand il est ordonné ; et c’estpourquoidansl’églisecatholiqueiln’estpermisderéitérernil’un ni l’autre. En effet, si parfois, même des évêques(præpositi)venantdudonatisme,aprèsavoircorrigéleurerreur

duschismeontétéreçuspourlebiendelapaix,mêmesil’onajugénécessairequ’ilsexercentlesmêmeschargesqu’ilsavaientexercées, ils n’ont pas été réordonnés ; mais, comme lebaptême,l’ordinationeneuxestrestéeintacte(sicutbaptismusineis, itaordinatiomansit integra).Leviceconsistaitdans laséparation,quiaétécorrigéeparlapaixdel’unité501,nondansles Sacrements qui, partout où ils existent, sont ce qu’ilssont502. Et quand l’Église juge expédient que leurs évêquesvenant à l’unité catholique, n’y administrent pas leur charge,lessacrementsdel’ordinationneleursontpourtantpasretirés,mais demeurent en eux503. Aussi ne leur impose-t-on pas lamain dans l’assemblée, de peur de faire injure, non pas àl’homme,maisausacrementlui-même504…Demêmequedanslebaptêmeilsontcequipeutêtredonnépareux,demêmedansl’ordination ilsont ledroitde ledonner, l’unet l’autre,hélas,pour leur ruine tant qu’ils n’ont pas l’amour de l’unité505.Toutefois autre chose ne pas avoir le sacrement, autre choseavoir le sacrement pour sa perte506, autre chose l’avoir pourson salut. Si quelqu’un n’a pas le sacrement, il faut le luidonner quand il est nécessaire de le donner ; s’il l’a pour saperte il faut s’ingénier de supprimer, en la corrigeant, la causedu mal, afin qu’il l’ait pour son salut (Contra EpistulamParmeniani,II,13,28)507.Qu’ils expliquent [les donatistes] comment le sacrement dubaptisé ne peut pas être perdu, et le sacrement de l’ordonnépeut être perdu…Si l’un et l’autre est un sacrement, ce dontpersonnenedoute, pourquoi celui-làn’est-il pasperdu,alorsquecelui-ciestperdu? Ilne fautporteratteintenià l’unniàl’autre(ContrelalettredeParménien,II,13,30)508.

Augustin établit également un parallèle entre lemariage et l’ordination. De même que le lien dumariage demeure tant que vivent les conjoints, leSacrement de l’ordination demeure en celui qui l’areçu,indépendammentdel’exercicedesonministère:

Le lien dumariage n’est rompu que par la mort de l’un desconjoints. Il en serait de même de l’ordination conférée à unclercenvuederassemblerunpeuple.Mêmesilerassemblementdu peuple n’a pas lieu509, le Sacrement de l’ordination n’endemeure pas moins en ceux qui ont été ordonnés ; et si l’und’entreeuxétaitrelevédesonministère(officio),ilneperdraitpas le Sacrement du Seigneur reçu une fois pour toutes, bienqu’ildemeureenluipoursacondamnation(Debonoconjugali,XXIV,32).

LesSacrements peuvent être vraiment donnés pardes schismatiques, dans la mesure où ce ne sont pasleursSacrementsqu’ilsdonnent,maislesSacrementsduChristetde l’Église (Sur leBaptême, I,10,14).Les donatistes ne donnent pas leur Baptême,mais leBaptêmeduChrist.Leurordinationn’estpasfaiteaunomdeDonat,maisdeDieu:

Beaucoup de gens… posent la question : « S’ils sontschismatiques, s’ils sont hérétiques, pourquoi les admet-onainsi?»…Nousne lesadmettonspas telsqu’ilssont, loindelà ! Ce sont des hérétiques : nous les admettons (une foisdevenus) Catholiques. Ils changent, on les admet ! Toutefoisnousn’avonspas ledroitdenousattaquerauxbiensquenous

Après l’éclatement du schisme acacien en484, lepape Gélase, comme son prédécesseur Félix II (483-492), accepte, pour le biende la paix, de reconnaîtrelesordinationsfaitesparAcaceaprèssadéposition552.

11-AnastaseII(496-498)

Après lui, Anastase, reprenant le langaged’Augustin,admetquelesBaptêmesoulesordinationsconférés parAcace produisaient leur effet. En faisantusagedesonpouvoirépiscopal,ilsefaisaittortàlui-même, mais non pas à ceux qu’il baptisait ouordonnait:

Enadministrantmal des choses bonnes, il ne nuisait qu’à lui-même, car, pour les autres, le sacrement invulnérable qu’ildonnait,parvenaitàlaplénitudedesonefficacité553.

Ce qui signifie que, même après sa déposition,Acaceafaitusagedesonpouvoirépiscopal,etquelesSacrementsqu’ildonnaitétaientvalides.Cettedoctrinen’aura,malheureusement,pasdesuiteimmédiate.Loindefairel’unanimitéàRome,elleseracombattuedansson propre clergé, comme en témoigne la notepéjorativequeluiréserveleLiberPontificalis,quivoitdanssamortprématuréeunchâtimentdivin554.

12-PélageIer(556-561)

L’attitude du pape Pélage dans la querelle des«Troischapitres»suscite l’oppositiondesÉglisesdeMilan et d’Aquilée. En 557, le moine Paulin se faitordonnerparVital,àMilan,pourlesièged’Aquilée.Pélagecondamnecetteordinationen termesvirulents.Ces débordements verbaux seront exploités par lescanonistes duMoyen-Âge à l’encontre de la validitédesordinationsdesschismatiques:

Dans sonordination, ou plutôt dans sa destruction, qu’est-cequipourraprétendreêtre fait selon ledroit légitimeou l’usagecanonique?…Par une honteuse rapine, il n’est pas consacré évêque, maisexécré(nonestconsecratus,sedexecratusepiscopus).Sinousexaminons le terme lui-même de « consécration »rationnellement et strictement, celui qui refuse d’être consacrédansl’Égliseuniverselle,nepourraenaucunefaçonêtreditniêtre [de fait] consacré (is qui cum in universali consecraridetrectet Ecclesia, consecratus dici vel esse nulla poteritratione).Consacrer,c’estsacreravec.Maisceluiquiestcoupédes entrailles de l’Église et séparé des sièges apostoliques, ildissacre, plutôt qu’il ne consacre (dissecrat potius iste, nonconsecrat)…(Jaffé,Regestapontificumromanorum,983)555.

N’ayantpasl’Esprit,[lesschismatiques]nepeuventpasavoirlesacrifice du corps du Christ… Tu ne peux vouloir t’associerindifféremmentauxsacrificesdesunsetdesautres,commesiladifférencen’existaitpasentre lesschismatiqueset l’Église.Ceque fait le schismatique n’est pas le corps duChrist (Non estenim Christi corpus quod schismaticus conficit), si nous

sommesguidésparlavérité.Personnenepourraprétendre,sansêtreréprouvéparl’Apôtre,queleChristestdivisé.L’Église,quiestlecorpsduChrist,estune,commeilestditsouvent:ellenepeutêtrediviséeendeuxouplusieurs(PL.69,412)556.

Prisesà la lettre,de tellesaffirmationsseraientencontradictionaveclatraditiondel’ÉgliserelativeauxSacrements. Mais, Pélage lui-même nous invite à nepasprendrecesoutrancesausérieux.IlécritaucomteJeanquil’inviteàaccueillirunclerctransfugedel’Églised’Aquilée:

Jel’aireçu,etj’aidonnél’ordredeleréuniràlacommuniondelafoicatholique;car,commetu l’asditavecscienceetvérité,l’Église, en lui, ne s’affligeait de rien, si cen’est surtout d’enêtre séparée.Eneffet, la foidans les symbolesest lamême, laformeest lamêmedans lesacrementduBaptême, lesmystèressont les mêmes dans la consécration du corps du Seigneur(Gasso-Battle,PelagiiIpapæepistulæ,p.110s.).

13-GrégoireleGrand557

Grégoire qui était moine, devint diacre, puisdirectementpape558. Ildonne la règle suivante : siunlaïcestpressenticommeévêque,ildoitdevenirclercetêtretonsuré,puismoineousous-diacre,puisévêqueaubout de quelque temps (Registri epistolarum, livreXII,lettre12–PL.77,1226-27)559.Le sous-diaconat est considéré comme le degré

régulariser la situation et fait appel aux Francs : ildemande à Pépin le Bref de lui envoyer des évêques« savants dans toutes les divines Écritures et lesinstitutionsdessaintscanons.» (LiberPontificalis, I,p. 473). Arrivent à Rome Vulchard de Sens,archevêquedesGaules,etdouzeévêques,auxquelssejoignentunequarantained’évêquesitaliens.LesynodedéclareinvalideslesordinationsfaitesparConstantin:lesévêquesordonnésparluidevrontêtreréordonnés.

Il fut décidé que les évêques (consacrés par Constantin), quiétaientauparavantprêtresoudiacres,seraientréduitsàleurétatantérieur ; et s’ils trouvaient grâce auprès du peuple de leurville, le procès-verbal de leur élection étant établi de la façonhabituelle avec le clergé et le peuple, ils viendraient au siègeapostolique et recevraient la consécration par le saint papeÉtienne. Quant aux prêtres ou aux diacres consacrés par lemême Constantin, ils seraient également réduits à leur étatantérieur. Et si certains, ensuite, trouvaient grâce devant lebienheureuxpontife,illesordonnerait(consecrasset)prêtresoudiacres… Ces décisions une fois promulguées, les évêquesconsacrésparConstantinayantétéréduitsà leurétatantérieur,furent élus de nouveau par le clergé et le peuple. Le procès-verbalétantétabli,ets’étantprésentésausiègeapostolique,ilsfurentconsacrésparleSaint-Père…Danscemêmeconcile,ondécida que tout ce que Constantin avait fait concernant lessacrements ecclésiastiques et le culte divin serait refait, àl’exception du baptême et du saint chrême (Duchesne, LiberPontificalis,I,p.476).

Cettedécisionsansprécédentdansl’Égliseromainepeut s’expliquer par le faible niveau des étudesthéologiquesàRome,etplusencoredans le royaumefranc, mais aussi par l’influence considérable, dansl’Église d’Occident au VIIIe siècle, des clercs anglo-saxons héritiers de la théologie de Théodore deCantorbery.Lesactesduconcile,insérésdansleliberpontificalis, chronique pontificale qui eut un grandcréditauMoyen-Âge,nepourrontplusêtreoubliés.Ilsseront souvent invoqués pour résoudre des situationsde dissidence au détriment d’une saine théologie desSacrements.

3-LeschorévêquesenOccident

On s’est interrogé sur la validité des ordinationsfaites par les chorévêques qui ont joué un rôleimportant dans l’Église latine au VIIIe siècle, avecBoniface et l’évangélisation de la Germanie. Lepremier capitulaire d’Aix-la-Chapelle précise qu’ilssont soumis aux évêques. Cependant, à la suite deplaintes,Charlemagnefaitsolliciterl’avisdeLéonIII.Uneprétendueréponsepapaledéclarelanullitédetousles actes épiscopaux des chorévêques. Vers 847, unefausse décrétale attribuée à Damase nie le caractèreépiscopal des chorévêques, du fait qu’ils reçoiventl’ordination d’un seul évêque : « ab uno episcopo

ordinarisolent.»(PL.130,670…).

Cependant, Raban Maur prend leur défense. ÀDrogon, archevêque deMetz, qui, vers 842-847, luipose la question suivante : « Est-il permis auxchorévêquesd’ordonnerdesprêtresetdesdiacresavecl’accorddeleurévêque?»,ilrépondencitantlecanon10duconciled’Antioche:573

Puisqu’il dit que les chorévêques reçoivent l’imposition desmains des évêques, et donc qu’ils sont comme des évêques,pourquoi ne leur est-il pas permis, avec le consentement desévêquesauxquelsilssontsoumis,defairelesconsécrationsdessaints ordres, et de signer les fidèles avec le saint chrême ? Ilseraitvainpourquiconqued’avoiruneconsécrationépiscopale,s’ilneluiestpaspermisd’exercerleministèred’unévêque(PL.110,1198).

En 864, le pape Nicolas Ier, dans une lettre àl’archevêque de Bourges, interdit la réordination desclercs ordonnés par des chorévêques, et affirmenettementleurcaractèreépiscopal:

Dans vos régions les chorévêques ont fait de nombreusesordinations de prêtres et de diacres, que certains évêquesdéposent et que d’autres consacrent de nouveau. Or nousdéclaronsquedesinnocentsnedoiventpasêtrejetésàterre,etqu’on ne doit faire aucune réordination ou consécrationréitérée. Les chorévêques ont été faits sur le modèle dessoixante-dix, et quipeutdouterque leur charge soit celle des

4. Or Augustin parle de ceux qui se coupent de l’unité del’Églisecatholiqueaprèsavoirreçulepouvoirsacerdotal,etnonpasdeceuxquireçoiventl’onctionsacerdotaleenétantdansleschismeoul’hérésie.Autrement, ilseraitenoppositionavecleconciledeChalcédoinequijugequeceuxquisontordonnéspardes simoniaques n’en obtiennent rien, et avec Innocent quiaffirmequeceuxquisontordonnésparlesautreshérétiquesnereçoivent de cette imposition des mains dépravée que ladamnationetuneblessuredeleurtête607.[LasuitedutextecitedenouveauAlgerdeLiège,Demisericordiaetjustitia:]5. Cependant, on peut dire, d’une façon générale, que lesSacrements qui, chez les hérétiques, ne sont pas célébrésautrementquedansl’ÉglisedeDieu,sontvraisetratifiés(rata=invariablesouvalides)eneux-mêmes,maisfauxetsansvaleur(inania)quantàleureffet[lagrâce],aussibienenceuxquilesadministrent mal, qu’en ceux qui les reçoivent mal… Il fautsavoir que les Sacrements des hérétiques sont dits sans effet(irrita)etmêmecondamnables,noneneux-mêmes,étantsaintset vrais, même célébrés par des hérétiques, mais parcequ’aboutissantau jugement [oucondamnation]deceuxqui lesdonnentillicitement(illicite),ilsnedonnentpasl’EspritSaintàceuxquilesreçoiventillicitement(illicite).Onlesditsanseffet(irrita) et sans vérité parce qu’ils ne donnent pas ce qu’ilspromettent et ce qu’on croit qu’ils donnent [la grâce duSacrement]. C’est pourquoi ils sont condamnables, de sortequ’il n’est pas autorisé,mais interdit, qu’ils soient donnés oureçuspardeshérétiques.Ilsnesontpassouilléseneux-mêmes,quoiqu’on les dise souillés par les hérétiques. C’est pourquoiGégoirequalified’exécrationlacommuniond’Arius,etInnocentqualifiedecondamnation l’ordinationdeBonose,nonqu’ellessoient telles en elles-mêmes, mais parce que c’est ce qu’elles

produisentpour ceuxqui lesdonnentou les reçoiventmal (IIaPars,CausaI,Q.1,c.97).

On a donné de ce chapitre des interprétationsmultiples. SelonLouis Saltet, il est une juxtapositiondetextescontradictoires608.SelonLudwigOtt,Gratienveut dire qu’un évêque déposé ne peut plus célébrerl’Eucharistieniordonnervalidement609.

Ladistinction,faiteau§3,entreceuxquiontétéordonnés dans l’Église et ceux qui l’ont été par deshérétiques, suggère que les premiers sont déposés ouexcommuniés, et que les autres sont non seulementexcommuniés, mais qu’ils n’ont rien reçu. C’est ladoctrineditedel’écoledeBologne.Cependant, cette doctrine n’est pas explicite dans letextedeGratien,etG.Fransencomprendqueceluiquiest ordonné par un évêque simoniaque est vraimentordonné et reçoit lapotestas qui lui permet de poserdesactesvalides,mêmes’iln’apasl’executioquilesrendraitlicites.Ilciteuncanon(IIaPars,Ca.XVI,Q.1,c.19)relatifauxmoines-prêtres:

Les moines, bien que, comme les autres prêtres, ils reçoiventvraiment, dans la consécration de leur presbytérat (indedicatione sui presbyteratus : leur ordination), le pouvoir(potestatem)deprêcher,debaptiser,dedonnerlapénitence,deremettrelespéchés…cependant,ilsn’ontpasl’exercicedeleur

pouvoir(executionemsuæpotestatis)àmoinsd’êtreélusparlepeuple, et, avec le consentement de leur abbé, nommés(ordinati) par l’évêque610. Du reste, sans la permission(licentia) des évêques, l’exercice (executio) du pouvoir estinterdit,nonseulementauxmoines,maisauxprêtresengénéral(Decretum,IIaPars,CausaXVI,Q.1,c.40).

LespouvoirssacerdotauxsontdoncconférésparleSacrement de l’ordre ; quant à l’exercice du pouvoir(executio potestatis), il découle de la permission del’évêque(lamissioncanonique).

Commentfaut-ilcomprendrelecanon97?Dans le § 2, il semble que les termespotestas et jussoient interchangeables et qu’ils concernent lalégitimitédesSacrements.L’idéedeGratienseraitquele Baptême, à la différence de l’Eucharistie ou del’ordination,esttoujourslégitime,mêmes’ilexigeuneRéconciliationquandilaétéreçuhorsdel’Église.Parcontre, l’Eucharistie ou l’ordination célébrées par unhérétiquesonttoujoursillégitimes.Dansnotrelangageactuel, on ne les dirait pas invalides, mais illicites.L’affirmation selon laquelle « un prêtre suspens oudéposénegardeaucunpouvoirdesacrifier»signifiequel’Égliseneluireconnaîtpascedroit,alorsqu’elleluireconnaîtledroitdebaptiserencasdenécessité.Ilestditdeceluiquiareçuuneordinationnulle(faitepar un laïc) qu’on ne peut le « compter parmi les

l’ordre,letermede«caractère»danslesensquiseradésormaisretenuparlascolastique.Lecaractèren’estpas identifié au Sacrement lui-même, comme pourAugustin, ni au rite sacramentel, comme chez PierreLombard,maisàl’unedescomposantesduSacrement,quiestla«marque»permanenteimpriméeparlerite.Comme le Baptême et la Confirmation, l’ordinationimprimeuncaractèrequilarendnonréitérable636.

Pour son disciple,Robert Courson, le caractèrebaptismalestconféréàceuxquientrent[dansl’Église],le caractère de la Confirmation à ceux qui vontcombattre, le caractère de l’ordre étant un signe deprééminenceconféréenvuedemarcherentêtecommechefs637.

Robert Courson, Guy d’Orchelles, Prévostin deCrémoneetGuillaumed’Auxerretiennentpourvalidestouteslesordinationsdonnéeshorsdel’Église,pourvuqu’ellessoientdonnées«danslaformedel’Église».

15-Guyd’Orchelles638

CommemaîtreSimon,ildéfinitl’épiscopatcommeun ordre et non comme une simple dignité.L’ordination épiscopale comportant une onction dusaint chrême, il en conclut qu’elle imprime un

caractère durable, comme le Baptême et laConfirmation639.

16-Guillaumed’Auxerre640

Guillaume reconnaît la sacramentalité del’épiscopat : il l’ajoute aux sept degrés de l’ordregénéralement reconnus. L’évêque est au-dessus duprêtre comme le prêtre est au-dessus du diacre. Ilconcède que rien n’est plus élevé que le pouvoir deconsacrerleCorpset leSangduSeigneur,cependant,l’évêque est plus digne dans la mesure où il peutdonner à d’autres le pouvoir de consacrerl’Eucharistie641. L’ordination de l’évêque est unSacrement parcequ’ellecomporteun« signe sacré»qui est l’onction, et qu’elle confère un pouvoirspirituel.

17-Huguccio(†1210)

Théologienetcanonisteremarquable,auteurd’uneSomme sur le Décret, il est conscient de la relativenouveautéde l’onctionpour lesordinations. Il estimecependant que ce rite (avec les paroles) appartientdésormaisàlasubstanceduSacrement,l’Égliseayantle pouvoir de modifier la forme ecclésiastique d’unSacrement642.

18-Guillaumed’Auvergne

Il croit qu’un clerc dégradé est entièrementdépouillédusacerdoce,etqu’encasderéhabilitation,il faut le réordonner. Il appartient à l’Église romained’expliquerl’intentiondel’Églisesurcepoint;maissil’Église a l’intention de retirer l’ordre complètement,cetteintentionseréalise643.Le mérite de Guillaume est d’aller au bout desconséquences logiques d’une théologie qui est lanégationducaractèredel’ordination.

19-AlexandredeHales644

Voulantmontrerquelafinalitédechaquedegrédel’ordre est l’Eucharistie, Alexandre modifie ladéfinition de Pierre Lombard : « L’ordre est lesacrementd’unpouvoir spirituel,donnéenvued’unefonction qui est ordonnée, dans l’Église, ausacrementdelacommunion.»645Lepouvoirqui revientauprêtreétantdeconsacrer lecorps et le sang du Seigneur, le presbytérat est lesommet des sept degrés de l’ordre. L’épiscopat neconférant aucun pouvoir nouveau par rapport àl’Eucharistie, ilenconclutqu’ilne faitpaspartiedesdegrésdel’ordre.ÀladifférenceducaractèreconféréparleBaptêmeou

L’ordre confère le pouvoir ecclésial de responsabledelacommunautéetdeministredelaParoleetdesSacrements… et, de ce fait, les dons de l’Espritnécessaires à l’accomplissement de ce ministèreecclésial.

Laremisedesinstruments

Comme la plupart de ses contemporains, saintThomasfaitdelaremisedesinstrumentsla«matière»duSacrement,qu’ils’agissedesordresmajeursoudesautres. Un tel rituel satisfait le désir des théologiensscolastiques de trouver, pour chaque Sacrement, une«matière»etune«forme»673.

Selon saint Thomas, le diacre est ordonné par laremisede l’évangéliaire, et leprêtrepar la remiseducaliceaveclevinetdelapatèneaveclepain.Quantàl’imposition des mains, tout comme l’onction et labénédiction,illesrangeparmilesactespréparatoiresàl’ordination.Laremisedelapatèneetducalice,pourl’ordination des prêtres, illustre la dérive de lathéologie occidentale qui tend à réduire leur fonctionau ministère des Sacrements et en particulier del’Eucharistie.Cependant,quellequesoitlavaleurdecesymbolisme,sidesthéologiensduMoyen-Âgeontestiméqu’untel

rite,aveclaformulequil’accompagne,étaitessentiel,il faut supposer que cette opinion était partagée parnombred’évêquesetparceuxqu’ilsordonnaient…etsic’estparceritequ’ilsavaientl’intentiond’ordonner,ilfautadmettrequec’estparluiqu’ilsontordonné.

En fait, la remise des instruments coexistait avecl’imposition des mains674. Plusieurs décrétalesprévoient le cas où l’un des rites a été omis :l’ordinationn’étaitpas refaite,mais le ritedevaitêtresuppléé.SelonInnocentIII:«Lorsqu’onaconférélediaconaten omettant l’imposition des mains, il n’y a rien àréitérer,maisondoitsuppléerprudemmentàcequiaétéomisparinadvertance.»675Innocent IV remarque que le Nouveau Testament neconnaît que l’imposition desmains. Il faut cependantrespecter lesritesquiontété,par lasuite,ajoutésparl’Église:

Au sujet du rite apostolique, onvoit dans la lettre àTimothéequ’ils imposaient les mains aux ordinands en prononçant desprières sur eux. Nous ne voyons pas qu’ils aient observé uneautreforme.Nouscroyonsdoncquesid’autresformesn’avaientpas été créées par la suite, il suffirait à celui qui ordonne dedire:«Soisprêtre»,oud’autresparoleséquivalentes.Maisparlasuite,l’Églisedéterminalesformesquisontobservées;etcesformessontd’une tellenécessitéquesiquelqu’unestordonné

sans qu’elles soient observées, il faut suppléer ce qui a étéomis ; et, si les formes sont observées, le caractère est inscritdansl’âme676.

Leprêtre,signedelagrâce

IlestévidentquetouslesSacrementsdel’Église,c’estleChristqui lesaccomplit.C’est luiquibaptise, c’est luiqui remet lespéchés…pourtant,parcequ’ilnedevaitpasêtrecorporellementprésentàtoussesfidèles,leChrists’estchoisidesministresquiauraientpourchargededistribuerauxfidèlescesSacrements…(SurlapremièrelettreàTimothée,4,14).

Saint Thomas reprend ici la pensée de saintAugustin. Il a aussi cette formule admirable quen’aurait pas reniée saint Jean Chrysostome… quiaurait pu être le fondement d’une autre théologie desSacrements et d’une autre définition du pouvoirecclésialdesministresordonnés:

Cetteimpositiondesmainssignifielacollationd’unegrâce,nonpointquelesministresdonnent lagrâce,maisilssignifient lagrâce qui est donnée par le Christ. C’est pourquoi seulsl’accomplissent ceux qui sont ministres du Christ (Sur lapremièrelettreàTimothée,4,14).

21-JeanDunsScot677

Il distingue l’ordre comme degré hiérarchique etl’ordination,quiestl’ordreentantqueSacrement.

serareprisparlepremierconcileduVatican.

26-Ordinationsdéléguéesàdesprêtres

Les théologiens scolastiques admettent qu’unprêtre puisse recevoir délégation pour faire uneordination… mais ils limitent généralement cettepossibilitéauxordresmineurs700.SelonsaintThomas,seul un prêtre peut être ministre extraordinaire de laConfirmation701oudesordresmineurs702.

Les canonistes, par contre, admettent d’autrespossibilités. Leur attitude se fonde sur l’idée, alorsdominante,quel’épiscopatneconfèrepasuncaractèreautrequelaprêtrise…ellesefondeégalementsuruneconception optimiste des pleins pouvoirs du pape.Ainsi, dans la Glossa ordinaria, Jean leTeutonique703 suppose que « Sur mandat du papechacunpeutconférercequ’ilpossèdelui-même;c’estpourquoi, celui qui est ordonné peut conférer l’ordrequ’il possède et le confirmé la confirmation. »704 Cegenre de considérationmontre qu’il arrive égalementaux canonistes d’envisager des cas purementthéoriques. En ce qui concerne le pouvoir desconfirmés,lapositiondeJeann’apasétésuivie…maisquelques canonistes reprendront l’idée que des clercspeuventconférerl’ordrequ’ilspossèdent705.

Ces hypothèses semblent avoir été sans relationaveclapratiquedel’Églisedecetteépoque,maisellesontprobablementinfluencélapratiqueultérieure…etl’onconnaîttroiscas,auXVesiècle,oùdespapesontdéléguéàdesprêtreslepouvoirdeconférerlaprêtriseetlediaconat.Onnoteracependantquelespapesn’ontpasfait toutceque lescanonistescroyaientpossible :c’est exclusivement à des prêtres qu’ils ont donné detellesdélégations.

Boniface IX (1389-1404) par la bulle « Sacræreligionis»dupremier février1400donneàOsytha,abbé du monastère augustinien d’Essex (dans lediocèsedeLondres), et à ses successeurs, leprivilègede conférer aux profès de son couvent tant les ordresmineurs que les ordresmajeurs du sous-diaconat, dudiaconat et du presbytérat706. Sur réclamation del’évêque de Londres, ce privilège fut révoqué le 6février 1403. Cependant, les ordinations faites envertu de ce privilège ne furent pas déclaréesinvalides.

MartinV(1417-1431),parlabulle«Gerentesadvos » du 16 novembre 1427, concède à l’abbé ducouventcisterciend’Altzelle(danslediocèsesaxondeMeissen),pouruneduréedecinqans, leprivilègedeconféreràsesmoinesetsujets,touslesordresmineurs

etlesordresmajeurs,ycomprislaprêtrise707.

Innocent VIII (1484-1492), par la bulle«Exposcittuædevotionis»du9avril1489,concèdeàl’abbégénéraletauxquatreabbésprimatsdel’ordrecistercien ainsi qu’à leurs successeurs, le privilègedeconférer le sous-diaconat et le diaconat, avec cetteprécision que l’abbé général de Citeaux peut le fairepour tous lesmoinesde l’ordre, lesabbésdelaFerté,Pontigny, Clairvaux et Morimond, pour les seulsmoinesdeleurcouvent.Cettedélégationestnettementconçuecommeunpouvoir«extraordinaire»,c’est-à-direlimité,d’unepartauxabbésdecesmonastèreset,d’autre part aux profès qui étaient sous leur autoritédirecte…et,danslesecondcas,limitédansletemps708.

Certains voient dans ces décisions une pratiqueaberranterestéesanssuitedansladisciplineultérieuredel’Église.Le théologien écossais, JohnMajor (1469-1550) quienseignaàParisjusqu’en1531,estl’undespremiersàmentionnerceprivilègedesabbéscisterciens.Sansêtrecatégorique, ildouteque lepapeaitun telpouvoiretestime plus sûr de se faire ordonner par un évêque(Sent.IV,d.7,quæstiounica).

On peut également admettre qu’un prêtre a une

pourqu’ilyaitSacrement.Paulatteste(I.Tim.4,14&II.Tim.1,6)qu’elleestsignedelagrâce739.

Les successeurs des Apôtres ont missiond’annoncer l’Évangileetdedonner lesSacrements,etenparticulierl’Eucharistie:successionapostoliquequidoit durer perpétuellement, bien qu’elle suppose lafidélité de chaque successeur à sa mission. À ladifférence d’Augustin, Calvin ne voit pas que lasuccessionapostoliquenepeutêtregarantieàl’Égliseque si elle est indépendante de la sainteté desministres:

NostreSeigneurenvoyantsesApostres,leurcommanda,commeditaesté,deprescherl’Évangile,etdebaptisertouscroyans,enlaremissiondespechez(Mt.28,19).Orauparavant il leuravoitordonnédedistribueràsonexemplelesacrementdesoncorpset de son sang (Luc 22,19). Voila une loy inviolable qui estimposée à tous ceux qui se disent successeurs des Apostres,laquelle ils doyvent observer à perpétuité : c’est de prescherl’Évangileetadministrerlessacremens.Dontjeconcluqueceuxqui negligent l’un et l’autre, faussement pretendent d’estre enl’estatapostolique(Institutio,IV,3,6).

L’Écriture atteste que ce n’est pas toute lacommunautéquiimposelesmainsauxministres,maisseulementles«autresministres»740.CettethéologieduSacrementdel’ordre,quiréservelesordinations aux successeurs des Apôtres, prend ses

distances avec celle de Luther… mais des questionsdemeurent.Quiaordonnélespasteursréformés?QuiestsuccesseurdesApôtres?Luther,ensupposantquel’ordination peut être faite par la communauté, a leméritedelacohérence.Lepointderuptureaveclafoicatholiquesembleêtrele rejetde lanotiondecaractère :«Voyla leurbellehuile sacrée,qui imprimeuncaracterequine sepeuteffacer,etqu’ilsappellentIndelebile.»(Institutio, IV,19,31)

À propos de l’ordination des prêtres, il remarqueavec raison que les rites de remise de la patène avecl’hostie, du calice rempli de vin et de l’onction desmains sont inconnus de l’Écriture. Il reproche àl’Églisecatholiqued’avoircrééunereligioncomposéedechristianisme,de judaïsmeetdepaganisme.Ainsi,la cérémonie de l’onction, reprise de l’AncienTestament(Ex.28,41&30,30),est«plusdangereuseetpernicieusequelacirconcision»741.SelonCalvin, l’Esprit ne saurait être conféré par uneonction.Parcontre,ceuxquireçoiventl’impositiondesmains reçoivent lesdonsde l’EspritSaint :«cen’estpasunsignevainetsansvertu[pouvoir].»742

5-ConciledeTrente

7e session (3 Mars 1547) : Décret sur lesSacrements

1.Siquelqu’unditquelessacrementsdelaLoinouvellen’ontpastousétéinstituésparJésusChristnotreSeigneur;ouqu’ily en a plus ou moins que sept, à savoir : le baptême, laconfirmation, l’eucharistie, la pénitence, l’extrême-onction,l’ordre et lemariage,ouencoreque l’undeces septn’estpasvraimentetproprementunSacrement,qu’il soitanathème(Dz.1601).

8. Si quelqu’un dit que ces sacrements de la Loi nouvelle neconfèrentpaslagrâce,l’acteétantaccompli,maisqueseulelafoi dans la promesse divine suffit pour obtenir la grâce, qu’ilsoitanathème(Dz.1608)743.

9.Siquelqu’unditquelestroisSacrementsduBaptême,delaConfirmation et de l’Ordre, n’impriment pas dans l’âme uncaractère (marque, empreinte), c’est-à-dire un certain signespiritueletindélébilequinepermetpasdelesréitérer,qu’ilsoitanathème(Dz.1609)744.

10.Siquelqu’unditque tous les chrétiensontpouvoir sur laparole et sur l’administration des sacrements, qu’il soitanathème(Dz.1610)745.

11.Siquelqu’unditquel’intention,aumoinscelledefaireceque fait l’Église, n’est pas requise des ministres lorsqu’ilsréalisent et confèrent les sacrements, qu’il soit anathème (Dz.1611)746.

sans exclure pour autant qu’elle soit désormais laformedéterminéeparl’Église781.C’estaussidepuisleXIIIe siècleque laconsécrationépiscopaleassocie lesparoles « Reçois le Saint Esprit » à l’imposition desmains. Selon Morin, elles n’appartiennent pas à lasubstancedel’ordination,laformesacramentelleétantl’antiquepréfaceconsécratoirecommuneauxGrecsetauxLatins782.

Le dominicain Jean Baptiste Gonet a bien vuégalement que le rite de l’ordination des diacrescommedesprêtresn’avaitpastoujoursétélemême.Ilexplique qu’il a changé materialiter, mais non pasformaliterousignificative,etiladmetqueleChristalaissé à l’Église la détermination du signe sensible etdesparolesduSacrement783.

8-Lesordinationsanglicanes

En1534,HenriVIII seséparedeRomeet se faitproclamer, par le Parlement, chef de l’Églised’Angleterre.Dans un premier temps, ni la théologiede l’ordre, ni le rite d’ordination ne sont remis enquestion.Mais sous le règne de son fils Edouard VI(1547-1553), theBookof commonprayer, en 1549,réformelaliturgie,complétéen1550parl’Ordinalquiestutilisépourlesnouvellesordinations.SousMariela

Catholique (1553-1558), on revient au Pontificalromain et les ordinations faites avec l’Ordinal sontdéclarées invalides. Avec la mort deMarie Tudor etl’avènement d’Élisabeth (1558-1603), fille d’HenriVIII et d’Anne Boleyn, l’Église d’Angleterre seretrouveensituationdeschismeet,en1559,MatthieuParker,nouvelarchevêquedeCantorbery,estconsacréavecl’Ordinalanglican784.

SousMarieTudor, lepapeJulesIII (1550-1555),dans son bref Dudum cum charissima, du 8 mars1554, donne à son légat, le cardinal Pole, les pleinspouvoirs pour réconcilier les schismatiques. Pour lesclercsordonnésrégulièrementetselonleriteavantleurapostasie, ilestpréciséqu’ilspourrontêtremaintenusdans leurministère. Pour les autres, le bref n’affirmepas explicitement la nullité de leur ordination. À ladifférencedestreizeévêquesordonnésaprèsleschismeselon le rite romain, les six évêques ordonnés avecl’Ordinal seront déposés et considérés comme deslaïcs, etuncertainnombredeprêtres serontordonnésdenouveauselonleritecatholique.LapratiqueducardinalPoleseraconfirméele19juin1556parlabullePræclaracharissimidePaulIV:

Ceuxquiontétépromusauxordresparquelqu’und’autrequ’unévêqueouunarchevêqueordonnérégulièrementetselonlerite,

devrontrecevoirdenouveaulesmêmesordresdeleurOrdinaire(leur évêque), et ils ne devront pas exercer ces ordres dansl’intervalle.

LebrefRegiminiuniversalis du30octobre1555préciseque:

Ces évêques qui n’ont pas été ordonnés et consacrés dans laformede l’Église, on ne peut pas dire qu’ils ont été ordonnésrégulièrement et selon le rite, c’est pourquoi les personnespromuesauxordrespareuxn’ontpasreçulesordres,maisellesdoivent recevoir de nouveau, de leur Ordinaire, les mêmesordres,etellesysonttenues.Lesautres,auxquelscesordresontété conférés par des évêques et des archevêques ordonnés etconsacrésdans la forme de l’Église, bien que ces évêques etarchevêquesaientétéschismatiques…ontreçulecaractèredesordresconférés.

Dans la polémique qui a suivi ces décisions, lescatholiques ont soutenu que la forme sacramentelleanglicanen’étaitpasassezexplicite.Lesanglicansontcontesté ces arguments en s’appuyant sur les anciensrituels dont les formules ne sont pas toujours plusexplicites. Il sembleque la raisonde lanullitédecesordinations ne doive pas tant être cherchée dans lecontenu de l’Ordinal, que dans les raisons qui ontprésidé à sa création, et dans la profession de foi del’Égliseanglicane785.Onpeutestimerquecen’estpasle contenu de l’Ordinal comme tel qui est cause de

Pouvoirordinaireetimmédiat

Unpouvoirordinaireestunpouvoirquelepape,commelesautresévêques,détientenvertudesacharge(rationemuneris,ouencoreexofficio) etnonpasenvertu d’une délégation.Un pouvoir immédiat est unpouvoir qui peut s’exercer sans médiation, ou sansl’autorisationd’unintermédiaire.Lesdeuxsenssontproches:sansdélégationousansautorisation.Le concile entend rejeter l’erreur des gallicans et deTamburini809 qui dénient au pape le pouvoird’intervenirordinarieetimmediatedanstoutdiocèse.Cependant, les pères du concile se sont demandé enquoilepouvoirordinairedupapedifféraitdeceluidesévêques. Certains souhaitaient introduire le terme«extraordinaire».Ilaétérejetédanslamesureoùilpouvait exprimerune limitationqui se serait imposéeaupape.Cen’estpasunpouvoir«extraordinaire»quinepourraits’exercerquedanscertainscasdéterminésàl’avance.

«Unanimement… lespères rejettent l’idéeque lepontife romain interviendrait dans leur diocèseordinarie,àleurmanièreàeux:pourlegouvernementquotidien,habituel,ordinairedetoutlediocèse.»810Sa façon d’intervenir ordinairement est différente de

celledesévêques.Autrementdit,lepapeaunpouvoirordinaire, bien qu’il ne l’exerce pas habituellement.Même s’il exerce rarement son pouvoir ordinaire, ilpeutl’exercerdanstouslescasoùillejugebon.Unpouvoirordinaireestlepouvoirauquelchacunesthabilité en vertu de son épiscopat, les évêques dansleur diocèse, et le papedans tout diocèse.Un évêquediocésain l’exercehabituellement, lepape,s’il le jugebon.Même si le pape exerce ce pouvoir d’une façonoccasionnelle, il reste que le pouvoir ordinaire d’unévêqueestsubordonné811.

Pouvoirvraimentépiscopal

Enquelsenslepouvoirdejuridictiondupapeest-il« vraiment épiscopal » (Dz. 3060) ? SelonMonseigneurZinelli,rapporteurdelaDéputationdelafoi lors du premier concile du Vatican, il fautcomprendreque«lepouvoirdupapeestvraimentdelamêmeespècequeceluidesévêques.»(Mansi,52,1104).

Certains évêques admettaient que le pouvoir dupape soit ordinaire et immédiat, mais ils rejetaient«épiscopal»,estimantquecepouvoirétaitlimitéparlepouvoirépiscopaldesévêques.Letermeaétéajoutépourexclureunetellelimitation812.

Il est de foi que le pouvoir du pape dans chaquediocèse n’est pas moins ordinaire que celui del’évêque propre, mais on s’est demandé si celaimpliquait que ce pouvoir soit proprementépiscopal813?

Onverra,àlalumièredeVaticanII,quelaformulevere episcopalis était prophétique. Si les évêquestiennent de leur ordination les trois pouvoirs qu’ilsexercent sur leur diocèse, et si le pape exerce d’unefaçon légitime ces mêmes trois pouvoirs sur l’Égliseuniverselle, il faut supposer qu’il les tientprincipalementdesonordination…étantentenduquec’est en vertu de sa fonction de successeur de Pierrequecepouvoirépiscopaln’estpaslimitéàundiocèse.Ce«pouvoirvraimentépiscopal»étantexercéparlepape sur toute l’Église, on peut dire, avec Léon leGrand, qu’il est l’ « évêque de Rome et de l’Égliseuniverselle. »814 Ce qui n’implique pas qu’il soitl’évêquepropredesautresdiocèses.

L’infaillibilitépontificale

Lorsqu’il entend se prononcer infailliblement, les« définitions du Pontife romain sont irréformablesparelles-mêmesetnonenvertuduconsentementdel’Église.»(Dz.3074).

sesvœuxde louange,d’impétration,d’expiationetd’actiondegrâcesauxvœuxou intentionsmentalesduprêtre,etmêmeduSouverainPrêtre,afindelesprésenteràDieulePèredansleriteextérieurmêmeduprêtreoffrantlavictime.Leriteextérieurdusacrifice,eneffet,doitnécessairementparsanature,manifesterle culte intérieur ; or, le sacrifice de la Loi nouvelle signifiel’hommage suprême par lequel le principal offrant, qui est leChrist, et avec lui et par lui tous ses membres mystiques,rendent à Dieu l’honneur et le respect qui lui sont dus(MediatorDei,II,LeculteEucharistique,II,1,d).

LeChristnes’estpasimmolé:sonsacrificen’estpasunsuicide…ilafaitl’offrandedesavie,cequiestdifférent. Si le sacrifice du Christ n’est pas, au senspropre, une immolation, en quel sens l’Eucharistiepeut-elleenêtreune?Il reste que l’Eucharistie « par lemoyen de laquelle,aprèslesparolesdelaconsécration,leChristestrenduprésent sur l’autel enétatdevictime, estaccompliepar le seul prêtre ».Le papeveut dire par là que leprêtreseulenestleministre.Onpeutestimerquec’estle point important qu’il entend enseigner dans cechapitre. On retiendra également que ce n’est pas leprêtre seul qui « présente à Dieu le Père en tantqu’offrande » le Christ-victime. En effet, « cetteoblation au sens restreint, les chrétiens y prennentpart.»

ConstitutionapostoliqueSacramentumOrdinis(1947)

3.Nuln’ignorequel’Égliseromaineatoujourstenupourvalidel’ordination conférée dans le rite grec sans la tradition desinstruments,ensortequ’auconciledeFlorenceoùaétéconcluel’uniondesGrecs avec l’Église romaine, il n’a pas été imposéaux Grecs de changer le rite de l’ordination ni d’y insérer latraditiondesinstruments…Delà,ilressortqueselonlapenséedu concile de Florence lui-même, la tradition des instrumentsn’est pas requise de par la volonté de notre Seigneur JésusChristpourlasubstanceetpourlavaliditédecesacrement.Etmême si, à un moment, elle a été nécessaire, même pour lavalidité, depar la volonté et le commandement de l’Église, onsait quece qu’elle a établi, l’Église peut aussi le changer oul’abroger(Dz.3858)839.

4. C’est pourquoi, après avoir invoqué la lumière divine, envertudenotreautoritéapostoliqueetdesciencecertaine,nousdéclarons,etautantqu’ilenestbesoin,décidonsetdécrétons:la matière, et la seule, des saints ordres du diaconat, dusacerdoceetdel’épiscopatestl’impositiondesmains.Demêmelaforme,et laseule,sont lesparolesdéterminant l’applicationdecettematière…Ils’ensuitquenousdéclarons…envertudenotre autorité apostolique, et que nous décidons… que latradition des instruments, du moins à l’avenir, n’est pasnécessaire à la validité des ordres sacrés du diaconat, dusacerdoceetdel’épiscopat(Dz.3859).

5.Pourlamatièreetlaformedanslacollationdechacundecesordres, nous décidons et décrétons en vertu de notre suprêmeautoritéapostolique,cequisuit:Dansl’ordinationaudiaconat,lamatièreestl’impositiondelamain de l’évêque, qui est l’unique imposition dans le rite decetteordination840.Laformeestconstituéeparlesparolesdela

Préface, dont voici celles qui sont essentielles et, par le fait,requises pour la validité : « Envoie sur lui, nous t’en prions,Seigneur,l’EspritSaint,afinquepouraccomplirfidèlementtonministère,ilsoitfortifiéparledonseptiformedetagrâce».Dans l’ordination presbytérale, la matière est la premièreimposition des mains de l’évêque qui se fait en silence… Laforme est constituée par les paroles de la Préface, dont lessuivantes sont essentielles et donc requises pour la validité :«Donne,noust’enprions,Pèretout-puissant,àtonserviteuriciprésent la dignité du presbytérat ; renouvelle en son cœurl’espritdesainteté,afinqu’ilgardeleministèredusecondordrereçude toi, etquepar l’exemplede sa conduite il favorise lesbonnesmœurs.»Enfin,dansl’ordinationouconsécrationépiscopale, lamatièreest l’impositiondesmainsde l’évêqueconsécrateur.La formeest constituéepar lesparolesde laPréface, dont les suivantessontessentiellesetdoncrequisespourlavalidité:«Accomplisdans tonprêtre laplénitudede tonministère, et sanctifie celuiquiestparédesornementsdel’honneurleplushautparlaroséedel’onctioncéleste.»(Dz.3860).

Il est demandé que l’imposition des mainscomporte un contact physique de la tête, mais il estadmisquel’ordinationestvalidesanscela(Dz.3861).

L’enseignementdePieXII

Le pape remarque avec raison que le concile deFlorence qui, à la suite de saint Thomas d’Aquin,voyait dans la remise des instruments la matière du

souhaitait intervenir, il avait le pouvoir de confier undiocèseàunévêque,commederetireroudelimitersajuridiction.Onpeutconsidérerque«ladéterminationcanoniqueoujuridique»dupouvoirépiscopalrelève,dans tous les cas, de l’autorité du pape…mais qu’iln’a pas toujours exercé cette autorité d’une façonpréalable847. Ce qui signifie que l’autoritéhiérarchique est celle du collège (avec son chef) etqu’ellepeuts’exercersansquelechefintervienne848.

Déterminer la juridiction d’un évêque, c’estdélimiterledomainesurlequelilexerceralespouvoirsapostoliques reçus de son ordination : gouverner,transmettre l’Évangile et être ministre desSacrements849.LasourcedecepouvoirestleChristetnon le pape, mais c’est l’autorité hiérarchique engénéral et/ou le pape en particulier qui décident dudomaine qui sera irrigué par le cours d’eau issu decette source : le domaine où s’exercera le pouvoirépiscopalreçudel’ordination.

Lajuridictiondupapes’étendàtoutel’Église:lepouvoir épiscopal qu’il reçoit à son ordination, degouverner,detransmettrel’Évangileetd’êtreministredes Sacrements, n’ayant pas de limitation. Ce quidifférencielepapedesautresévêquesestl’étenduedesa juridiction. C’est une juridiction non limitée en

extension, mais aussi en compréhension, de sortequ’elle lui confère la primauté sur la juridiction desévêqueslocaux.

Conformément à l’intention du concile, lesdéclarations de la Constitution sur la sacramentalité,leseffetsetleministredelaconsécrationépiscopalenesont pas des définitions infaillibles duMagistère. Onpeut lesqualifierde«doctrinecertaine».Quantà la« note préliminaire », son autorité est moindre quecelleduconcile.Ilestdoncpermisdes’interrogersurlebien-fondédeladistinctionentremunusetpotestas.DanslesautrespassagesdelaConstitutiondogmatiquesurl’Église,cesdeuxtermessontinterchangeables.D’autrepart, faut-il comprendreque la déterminationcanonique confère «unpouvoirapte à s’exercer enacte » (selon la traduction française habituelle) ou« libre de s’exercer actuellement » (ad actumexpedita)?Il est vrai qu’un évêquen’est pas libre (il n’a pas ledroit) d’exercer ses pouvoirs sans la déterminationcanonique,c’est-à-diresansêtreencommunionaveclecollègeetsonchef;maisparlerd’uneinaptitudedecepouvoir à s’exercer suggère une impossibilité ou uneinvalidité.Il est vrai que la distinction entremunus et potestassemble autoriser la première traduction. La formule

«Pourqu’existeuntelpouvoir(Utverotalisexpeditapotestas habeatur) » laisse entendre que le pouvoirépiscopal n’existe pas s’il n’est pas concédé parl’autorité hiérarchique ; seule existerait une charge.Cela suppose que les évêques recevraient, de leurordination,une fonctionouunechargemaisnonpasunpouvoirapteàs’exercer.

La « note préliminaire » traduit-elle vraiment lesintentions du concile ?Si le caractère de l’ordinationest un pouvoir, il faut supposer qu’il comportel’aptitude à s’exercer. Ce que les évêques n’ont pas,c’estledroitoulalibertéd’exercerleurpouvoirs’ilssontendehorsdelacommunionaveclecollège(etsonchef).Siunévêquedonnait lesSacrements sans cettedétermination canonique, ils ne seraient pas invalidesmais illicites, et son ministère en général seraitillégitimeouschismatique,maisnonpasinexistant.

Le décret « Presbyterorum ordinis » (7décembre1965)

[Le ministère des évêques, successeurs des Apôtres] a ététransmis auxprêtres dans un degré subordonné… ils sont lescoopérateurs de l’ordre épiscopal pour accomplir la missionapostolique confiée par le Christ. La fonction des prêtres, entant que liée à l’ordre épiscopal, participe à l’autorité parlaquelle leChrist fait croître, sanctifie etgouverne son corps.

Réconciliation décrite parCyprien ne peut être reçueque d’un évêque, d’un prêtre ou d’un diacre. On nesaurait en aucun cas la rattacher à la pratiquemédiévale de la « confession aux laïcs ». Il estparfaitementclair,danscetécrit,queleprêtre,commelediacre,agitaunomdel’évêquepourdonnerlapaixdel’Église.

Dans la continuité de Cyprien, aucun desdocuments conciliaires ou canoniques quireconnaissentcepouvoirauxdiacresneleconfondentavec la confession aux laïcs. Ils manifestent, aucontraire, que le diacre représente l’ultime degréhiérarchique susceptible d’exercer un tel droit ou untelpouvoir.Cequ’ilsconcèdentauxdiacres,avectantderéserves,danslescasextrêmes,onnepeutsupposerqu’ilsl’auraientconcédéàdeslaïcs.Lepouvoirquiestreconnuauxdiacres,dansces textes,estdoncbiencequenous appelons laRéconciliation sacramentelle, etnon pas celui d’exercer la pieuse pratique de laconfessionentrelaïcs.

8-VaticanIIetlediaconatpermanent

Lors des débats conciliaires, la majoritéreconnaissait le diaconat comme un Sacrement, enparticulier ceux qui souhaitaient le rétablissement du

diaconat permanent. Il ne fait pas de doute que lasacramentalité du diaconat est un enseignement duconcile.

29.Audegrésuivantdelahiérarchiesetrouventlesdiacresquireçoivent l’imposition des mains « non en vue du sacerdoce,mais du ministère ». En effet, soutenus par la grâcesacramentelle,deconcertavecl’évêqueetsonpresbyterium,ilsservent lePeupledeDieudans l’office liturgique, leministèredelaprédication, lessecoursdelacharité.Il revientaudiacre,après détermination de l’autorité compétente, d’administrersolennellement le baptême, de conserver et de distribuerl’Eucharistie,d’assister àunmariageetde lebénir aunomdel’Église, deporter leViatique auxmoribonds, de lire la sainteEcriture aux fidèles, d’instruire et d’exhorter le peuple, deprésider le culte et la prière des fidèles, d’administrer lessacramentaux, d’accomplir les rites des funérailles et de lasépulture. Voués aux œuvres de charité et d’assistance, lesdiacres se rappelleront l’avertissement de saint Polycarpe :« Miséricordieux, empressés, marchant dans la vérité duSeigneur, qui s’est fait le serviteur de tous »… Le diaconatpourra donc à l’avenir être rétabli comme degré distinct etpermanentdelahiérarchie…AvecleconsentementduPontiferomain,cediaconatpourraêtreconféréàdeshommesd’âgemûr,mêmes’ilsviventdanslemariage,etaussiàdesjeuneshommesjugésaptesàcettefonction,laloiducélibatdemeurantpoureuxenvigueur(Lumengentium,29).

LàoùlesConférencesÉpiscopaleslejugerontopportun,l’ordredu diaconat devra être rétabli comme état de vie permanent,selonlesdispositionsdelaConstitutionsurl’Église.Ilestutile,

en effet, que les hommes qui accomplissent un ministèrevraiment diaconal, ou en prêchant la parole de Dieu commecatéchistes,ouengouvernantaunomducuréetdel’évêquelescommunautés chrétiennes éloignées, ou en exerçant la charitédans les œuvres sociales ou caritatives, soient fortifiés parl’imposition des mains transmise depuis les Apôtres, et plusétroitement unis à l’autel, pour qu’ils s’acquittent de leurministèreplusefficacement,aumoyendelagrâcesacramentelledudiaconat(AdGentes,16)873.

Tout en rappelant que l’on impose lesmains auxdiacres«nonadsacerdotium,sedadministerium »,ces documents n’hésitent pas à parler de « la grâcesacramentelle»dudiaconat874.

LemotupropriodePaulVI,Sacrumdiaconatusordinem(1967)prolongeVaticanIIenprécisantquelediaconatcomporteun«caractèreindélébile»quienfait un « degré distinct et permanent de lahiérarchie»(cf.Lumengent.29):

De cette manière, sera merveilleusement mise en lumière lanature propre de cet ordre, qui ne doit pas être considéré,purementetsimplement,commeundegréd’accèsausacerdoce;aucontraire,ilesttellementenrichiparsoncaractèreindélébileetsagrâceparticulière,queceuxquiysontappeléspeuventdefaçon stable s’adonner aux mystères du Christ et de l’Église(Introduction).

Ilrevientauxassemblées,ouconférenceslégitimesdesévêques

être donné par un chrétien consistant à se faireserviteur de ceux qu’il évangélise. Tout pasteur(évêque,prêtreoudiacre)doit,pourlamêmeraison,sefaire serviteur de ses frères : c’est ce que Jésus leurdemande:«C’estunexemplequejevousaidonné:cequej’aifaitpourvous,faites-levousaussi.»(Jn.13,15).C’estlabonnefaçond’exercerlemunusregendi.

LeChrist s’est fait serviteurdeshommes,mais (àladifférencedesprêtres) iln’est serviteurouministreni de la Parole (il est, en personne, le Verbe ou laParole : celui qui « parle avec autorité »), ni desSacrements(ilenestlasourceetleprincipeactif).Direquel’ordinationconfigureauChrist-Prêtre,comprisausens de Christ-Serviteur ou ministre, n’aurait pas desensacceptable.Celangagen’auraitpasdefondementbibliquenidesignificationpertinente.

Tous les Sacrements configurent au Christ-Sacerdote

Onpeut dire que tous les Sacrements configurentau Christ-Sacerdote, dans la mesure où touscomportentunegrâceouuncharismequicontribueàla filiation adoptive, aboutissement de toute grâce.C’estseulementencesens,semble-t-il,quelaprêtriseest, pour sa part, une configuration au Christ Grand

Sacerdote.

2-LadimensionecclésialedesSacrements

LeflouconstatéchezGratienestlesymptômedelatransition,àcette époque, d’une théologie à une autre, qui se verrafinalementcanoniséejusqu’ànosjours.Lapremièrerefusaitdereconnaîtrelessacrementscélébréshorsdel’Église,faisantainside l’appartenance ecclésiale une condition sine qua non del’existencemêmedusacrement.Lasecondeadmettraque,bienqu’illicite, un sacrement célébré par un prêtre ou un évêquevalidement ordonné, mais séparé de la véritable Église, estvalide… Comment concilier cette manière de voir avec laredécouverte de la dimension ecclésiale du sacrement dans lathéologieactuelle?Lessacrementssontsacrementsdel’Église,et ils ont pour but de renforcer l’appartenance à l’Église;commentconcevoirqu’ilsaientunequelconqueconsistanceendehorsdel’Église?(L.Villemin,Pouvoird’ordreetpouvoirdejuridiction,p.56-57)

UnSacrementestunagirduChristsignifiédansl’Église:ilestsignifiéàunmembredel’Égliseparunriteecclésialetunministreecclésial.Ilnepeutavoirdeconsistanceendehorsdel’Église.Et pourtant, la théologie augustinienne s’est imposée,selonlaquelleunSacrementpeutêtrevalideendehorsdel’Églisecatholique.UnévêquevalidementordonnépeutconférervalidementlesSacrements,mêmes’ilseséparedel’Églisecatholique.

Enquelsensl’Églisecatholiqueest-ellelavéritableÉglise ?Nombre d’Églises se sont séparées d’elle aucours de l’histoire. L’Église catholique n’est pas uneÉglise « séparée » : elle est l’Église originelle,gardienne et servantede laplénitudede l’héritageduChrist:elleestl’Église«selonletout»:intégraleoucatholique.Cependant, les Églises séparées sont l’Églisedans lamesureoùellesontgardéunepartdecethéritage.Entant que séparées, elles ne sont pas l’Église une, nil’Église catholique. Certaines ne sont pas même desÉglises apostoliques. Mais, dans la mesure où ellessontsanctifiéesparleChrist,ellessontl’Églisesainte.Ellessontl’Égliseàlamesuredecequ’ellesontgardéde la foi de l’Église et de ses Sacrements. Toutes lesÉglises,oupresque,ontunBaptêmevalide,et,encela,ellessontl’Église.LesÉglisesdites«orthodoxes»sontapostoliques :ellesontdesordinationsvalides,et,decefait,ellesonttouslesSacrementsdel’Église.

Il est vrai qu’un Sacrement ne peut avoir deconsistanceendehorsdel’Église;maisilestvraiaussiqu’une communauté qui a gardé un Sacrement estecclésiale:elleestecclésialedanslamesure(partielle)oùelleagardéneserait-cequ’unSacrement.

Saint Augustin a bien vu que l’existence des

qu’ils considéraient comme essentiel… les autresordonnaientdufaitqu’ilsavaientl’intentiondefairecequefaitl’Église.

La variabilité du rite n’autorise pas à improviserdesritesnouveaux.Ilimportequeleritesoitecclésial,etnonleritepersonnelde telministre.Danslepassé,quand un rite évoluait, c’est l’Église qui évoluait etreconnaissait un rite nouveau comme le signe certainde l’agir divin. Généralement, elle n’avait pasconsciencedecettenouveauté.Il est probable qu’un rite d’abord considéré commesecondairedevenait,auxyeuxdesministrescommedescroyants,leriteprincipal…etilétait,decefait,leriteprincipal, puisque c’est par ce rite qu’ils avaientl’intentiondeconférerouderecevoirleSacrement.

IlimportequeleritesoitsignifiantpourceluiquiconfèreleSacrementcommepourceluiquilereçoit.Siun évêque actuel inventait un nouveau rite, avecl’intention d’ordonner par ce rite, celui qu’ilordonnerait ne serait pas certain d’avoir reçu leSacrement,ceritenouveaun’étantpassignifiantpourlui.Onavuqu’entoutétatdecause,leriteétabliparPaulVI est actuellement requis pour la validité. Uneordination faite avec un rite différent serait invalide

dansl’Églisecatholiquederitelatin.

6-L’ordredansl’organismesacramentel

Les Sacrements autres que le Baptême et lemariage n’existeraient pas sans l’ordre. Une partimportante de l’organisme sacramentel dépend del’ordination.Mais cela n’implique pas que, dans unehiérarchie des Sacrements, l’ordre soit en premièreplace, dans lamesure où les autres Sacrements sont,pourunegrandepart,saraisond’être.

Sans les charismes de gouvernement et detransmissionde laParole confiés aux successeurs desApôtres, une communauté chrétienne n’aurait pas laplénitude de la vie ecclésiale. Celui qui gouverne etenseigneaunecertaineprimauté…maiscelaresteunministère ou un service. La raison d’être del’enseignementest la foide la communauté, et,decefait,sasanctification.Cequiestaussi laraisond’êtredesSacrementscommedupouvoir etducharismedegouvernement.

Le pouvoir d’administrer les Sacrements est unpouvoir ecclésial, mais cela n’implique pas uneprimauté du Sacrement de l’ordre. L’Église est unecommunion et une hiérarchie : elle est une

communion des fidèles avec le Christ et, de ce fait,entre eux… et la hiérarchie est au service de cettecommunionetdecetteunité.Lapleinecommunionnepeut pas exister sans la hiérarchie, mais elle estégalement la raison d’être de la hiérarchie. LeSacrement qui crée la hiérarchie a donc une positionsubalterne par rapport aux Sacrements dont lahiérarchieestlaservante.

Onconsidèregénéralementl’Eucharistiecommelesommet de l’organisme sacramentel. On peut estimerque le Baptême vient en deuxième place. Il est plusdifficile d’attribuer une place relative à laConfirmation, au Pardon et à l’Onction desmalades,mais on peut dire qu’avec l’Eucharistie, cesSacrementsontuneprimauté sur l’ordinationdont ilssontlaraisond’être.Eneffet,cen’estpaslagrâcedel’ordinationquiestlaraison d’être première de ce Sacrement, mais lecaractère et le pouvoir ecclésial qu’il confère. Laraison d’être première du Sacrement de l’ordre n’estpas lagrâce reçueparceluiquiestordonné,mais lesgrâces, sacramentelles et autres, dont il est devenu leministre.

7-Lestroisdegrésd’unSacrementunique

divin originel, en vertu de leur ordination, d’exercerlestriamunera920.Commentlahiérarchiepourrait-elleautoriser un évêque à faire ce que le Christ luicommandedefaire?Unechargenesauraitêtreconféréesansledroitdelamettreenœuvre.Les tria munera sont, à la fois, des pouvoirs et deschargesoudesmissions:cesontdespouvoirsquel’onreçoit avec l’obligation ou le devoir de lesmettre enœuvre.Les recevoir de l’ordination, c’est recevoir duChrist l’obligation, et donc le droit de les mettre enœuvre921.

Un évêque reçoit donc de son ordination le droitdivin originel d’exercer les triamunera, à conditiondenepasalleràl’encontredudroitdivinecclésialquiluidemandedenepaslesexercersansautorisationendehorsdudomainequiluiestaffecté.Ledroitorigineln’est pas inconditionnel : il n’existe que s’il nes’opposepasaudroitdivindesautresévêques,etdoncaudroitecclésial.

Quant au successeur de Pierre, aucun pouvoirecclésial ne pouvant limiter son domaine niconditionner son pouvoir, il exerce sur toute l’Égliseles triamunera reçus de son ordination, purement etsimplementenvertududroitdivinoriginel.

L’Églisepeutrefuseràchaqueévêque(autrequelepape) le droit d’exercer, en dehors de son domainepropre,lespouvoirsreçusdesonordination:ellealepouvoir de délimiter ce droit, ou de le limiter à uncertain domaine… cela n’implique pas qu’elle luiconfère le droit d’exercer ces pouvoirs dans ledomainequ’elleluiassigne.Aucunévêquenepeutdireà un confrère : « je t’autorise à exercer tes pouvoirsdans ton diocèse »… et si aucun ne peut le faire, lecollègenelepeutpas.

La hiérarchie ne confère pas le droit originel : ledroitecclésialnepeutqueréglementerouencadrer ledroitoriginel.Cependant,l’Égliseayantlepouvoirdelier et de délier au nom deDieu, le droit originel nepeut pas s’opposer au droit ecclésial. S’il va àl’encontredudroitecclésial, ledroitoriginel n’existeplus…lepouvoirpeuts’exercer,maissansledroit.La hiérarchie peut interdire (rendre illégitime)l’exercicedespouvoirsreçusavecl’ordination…maiselleneconfèrepasledroitorigineldelesexercer:ellel’entérine en lui conférant un domaine. La hiérarchiepeutdéposerunévêqueenluiretiranttoutdomaine…ellepeutaussiluidemanderdeprendresaretraite.

Parcontre,personnenepeutdemanderaupapedeprendresaretraite:luiseulpeutledécider.

C’estparl’ordinationquelahiérarchieconfèrelestrois pouvoirs et le droit de les exercer, et par ladétermination juridiqueelleendélimite ledomaine…mais dire qu’elle confère ce droit par l’ordinationrevient à dire que c’est le Christ qui le confère. Cen’est pas la hiérarchie qui autorise ou rend légitimel’exercicedudroitoriginel,c’estleChrist922.

11-Lajuridiction,droitdivindélimitéparl’Église

Un évêque ne vient à l’existence que dans uncollège, et sonministère ne doit pas empiéter sur lesÉglises confiées aux autres membres… ce quidétermineoudélimiteledomaineoùpeuts’exercersonpouvoird’ordre.Unévêquen’estpas lecollège,maisunélémentd’unensemblestructuré:ildoitœuvrerencommunionaveclecollège,c’est-à-diredanslerespectdelamissiondesautresmembres,etdelaprimautédusuccesseurdePierre.Du fait même de l’existence des autres évêques, lespouvoirs reçus de l’ordination ne peuvent s’exercerlégitimementquedanscertaineslimites.Toutmembredu collège (autre que le successeur de Pierre) ayantunemissionlimitéeenraisondel’existencedesautresmembres et de leurs missions respectives, le collège(et/ou le pape) a une fonction de régulation de la

Munussanctificandi

Le pouvoir d’un évêque d’être signe sacramentelde l’agir divin (munus sanctificandi) peut êtreillégitime : sonpouvoir sacramentelpeut exister avecou sans le droit. Un Sacrement peut être valide sansêtre licite. Un pouvoir qui peut être illégitime est unpouvoirlimité.Lepouvoirsacramenteldupapen’estpaslimité:ilnepeut pas donner un Sacrement valide sans qu’il soitlicite.

Munusdocendi

Le pouvoir d’annoncer la Parole de Dieu peut-ilêtreillégitime?Les évêques ont reçu le pouvoir (mission, charge,munus) et le charisme d’annoncer la Parole… etl’Église reconnaît leur droit de mettre en œuvre cecharisme dans leur domaine… mais ce pouvoir estlimité et ce droit localisé du fait qu’il existe d’autresévêques responsables de leur domaine. Le pouvoird’annoncer la Parole que le pape tient de sonordinationestpartoutlégitime.

Pouvoird’enseignertoutel’Église

Les évêques ont aussi le pouvoir (et donc uncertaindroit)d’enseignertoutel’Église,maisluiaussiest restreint ou conditionné par le fait qu’il existe uncollège (avec son chef). Ils ne peuvent exercer cepouvoirquecollégialementetaveclepape,engénéraldanslecadred’unconcile.Ilsnepeuventpasenseignerl’ensembledesdiocèsessanss’entendreaveclesautresévêquesetaveclepapequiaunemissionuniverselle.Lepapealepouvoiretledroitdemettreenœuvresansrestriction ce charisme reçu de son ordination. Il amissiond’enseignertoutel’Église.

Pouvoirdedéfinirlafoidel’Église

C’estl’Églisequiestinfaillible:elleamissiondetransmettre infailliblement le message du Christ(tradition)et le collègeépiscopal (avec sonchef) a lepouvoirdedéfinirinfailliblementcequecroitl’Église.Chaqueévêqueareçudesonordinationlepouvoiretle droit de définir infailliblement la foi de l’Église,mais ce droit est conditionné : il peut seulements’exerceraveclecollègeetsatête.Desévêquesisolésne sauraient donner un enseignement infaillible s’ilssontendésaccordentreeuxetaveclepape.

L’autorité du pape en matière de foi n’a pas ceslimitations. Son pouvoir d’enseigner est illimité en

extensionetencompréhension.L’autoritédel’Égliseenmatièredefoinesauraitêtrelimitée:elleestdépositairedumessageduChrist.Lafoi de l’Église est le critère de la foi. On peut doncparlerdel’infaillibilitédel’Église.Sil’autoritédupapeenmatièredefoin’estpaslimitée,ilpeutmettreenœuvreseulcettemêmeinfaillibilité:« Le Pontife romain, lorsqu’il parle ex cathedra…jouit…decetteinfaillibilitédontledivinRédempteuravouluquefûtpourvuesonÉglise»(Dz.3074).Ayantmissiond’enseignertoutel’Église,lesuccesseurdePierrepeutdéfinirlafoiavecousanslecollège.Ilareçu du Christ le pouvoir (et le droit) de mettre enœuvre sans restriction ce charisme reçu de sonordination… il en résulte un pouvoir (et un droit)personnel (ou fonctionnel) de définir ce que croitl’Église930.

Pouvoirépiscopallimitéounon

Onpeutconsidérercommerelevantdel’institutionparleChrist lefaitquepersonneencemonden’a lepouvoirde limiteràundomaineparticulier l’exercicelégitime des pouvoirs dePierre et de ses successeurs.Aucun évêque n’a le droit de refuser au paped’intervenirdanssondiocèsepropre.Untelrefusseraitilliciteouschismatique.Lepapea,dedroitdivin,une

nécessaire, n’est pas illégitime. Elle n’est pas plusillégitimequecelledes évêques auxiliairesdes autresdiocèses.

Lesévêquesmonarchiques,ordonnésautitred’undiocèse, ne sont pas la seule forme légitime del’épiscopat. Ce qu’on peut considérer comme unmanque de pertinence, c’est le fait d’ordonner lesévêquesauxiliairesautitred’uneÉglisedisparue944.Lesauxiliairesetlescoadjuteursdiocésainspourraientêtreordonnésautitredeleurdiocèseréel,maisàtitrede coadjuteurs (ayant droit de succession) oud’auxiliaires (sans droit de succession), et lesauxiliaires pontificaux pourraient être ordonnés,semble-t-il,autitredel’Égliseuniverselle,maisàtitred’auxiliaires945. Comparés aux évêques locaux, cesévêques de curie ne seraient que des évêquesauxiliaires ; ils auraient cependant, sur les évêqueslocaux,unecertaineautorité,reçuedupapeetsoussoncontrôle, étant ses auxiliaires au titre de l’Égliseuniverselle.

De même que les Apôtres ont été membres ducollège apostolique sans être titulaires d’une Égliseparticulière, Pierre a été chef de l’Église avant dedevenir l’évêque d’une Église particulière. On peutconsidérer qu’il était évêque au titre de l’Église

universelleavantdel’êtreautitredel’ÉglisedeRome.Il semble, de la même façon, que le pape soitactuellement évêque à un double titre : au titre del’Égliseuniverselle,etautitredel’ÉglisedeRome946.S’il estvraiquesonpouvoiruniverselest«vraimentépiscopal » (Dz. 3060), cela implique qu’il est, dedroit, évêque en titre de l’Église universelle. Cettetitulatureest,d’ailleurs,laseulequiremonteauChrist.

De même que les Apôtres ont été membres ducollège apostolique sans être titulaires d’une Égliseparticulière, un évêque auxiliaire, ou un coadjuteur,pourraitaussi,semble-t-il,nepasêtreordonnéautitred’un diocèse ; il n’en serait pas moins membre ducollège épiscopal. On peut concevoir un évêque quiserait (comme les Apôtres) sans titulature, et,inversement, plusieurs évêques au titre d’une mêmeÉglise.

H.Legranddéplorelenombred’évêquesordonnéssans être titulaires d’un diocèse : il y voit unedécadencecommencéeauMoyen-Âge947.Ilsemble,aucontraire, que les évêques non titulaires d’un diocèseaient été relativement nombreux dans l’Égliseancienne.

LeNouveauTestament ne connaît pas les prêtres

desecondrang: ilneconnaîtquedesévêques(qu’ilssoientappelésépiscopesoupresbytres)etdesdiacres.Ilfautdoncsupposerquetouteslestâchesactuellesdesprêtres,même les plusmodestes, étaient assurées pardes évêques. Ces évêques n’étaient pas« monarchiques » ; ils avaient une responsabilitécollégiale dans leur communauté, structure qui, danscertainesÉglises,semaintiendraprèsd’unsiècleaprèslesApôtres.Par la suite, les évêquesmonarchiques titulairesd’undiocèse ne semblent pas avoir été majoritaires, aumoinsdanscertainesrégions.GrégoiredeNazianze rapportequeBasiledeCésaréeétait à la tête de 50 chorévêques, qui étaient desévêquesauxiliairesterritoriaux948.Quatorze chorévêques étaient présents au concile deNicée.

Au VIIIe siècle, dans l’Église latine, leschorévêques ont joué un rôle important dansl’évangélisation de la Germanie. En 864, le papeNicolas Ier écrit à leur sujet : «Qui peut douter queleurchargesoitcelledesévêques?»(PL.119,884)Leministèredeschorévêques,mêmes’ilsupposaitdespouvoirs limités et un domaine restreint à l’intérieurd’un diocèse, était véritablement un ministèreépiscopal.Dansleurcas,commedanslecasactueldes

Lespouvoirssacramentelsd’unprêtresontdedeuxsortes : tout prêtre reçoit un pouvoir de célébrerl’Eucharistie et l’Onction des malades… et unehabilitationàrecevoird’autrespouvoirssacramentels,quipeuventluiêtredéléguésounon…desortequecesSacrementsdonnéssansdélégationsont invalides : ilsn’existentpas.L’habilitationàrecevoirdélégationestunpouvoirsacramentel:unpouvoirquin’existepassans l’ordination… mais ce n’est pas, comme celuid’unévêque,unpouvoirpuretsimpledecélébrer.

L’aptitude d’un prêtre à recevoir délégation n’estpasunpouvoirradicalouunepuissanceactive,maisune puissance passive ou une capacité à recevoireffectivement ce pouvoir… puissance passive qui nepeut être conférée que par l’ordination966. Ladélégation épiscopale ne consiste pas à « délier » unpouvoirradical,elleconfèrecepouvoiràunsujetquiesthabilitéàlerecevoir967.Àladifférenced’unévêque,unprêtreestordonnéavecréserve.Lorsqu’ilreçoitdélégation, laréserveinitialeest levée par l’Église, mais seulement pour autant etpourletempsquel’Égliseentendlalever.Lepouvoirpresbytéral d’être signe de la Réconciliation et de laConfirmation est une réalité sacramentelle, même sielle ne crée pas une situation ecclésiale (caractère)définitive,maisconditionnelle(caractèreconditionnel).

L’ordination d’un prêtre lui confère une puissancepassiveparrapportàcepouvoirecclésial…etavecladélégation,ilestenpuissanceactived’êtreministre :il peut être signe de la Réconciliation quand il leveut968.

Lapratiquedel’Église

Les évêques possèdent un pouvoir (puissanceactive)dedonnertouslesSacrements,etenparticulierl’ordination. Toutes les tentatives pour leur dénier cepouvoirontfinalementétédésavouéesparlatraditionvivantede l’Église,et ilafalluadmettre,malgré tousles inconvénients d’une telle concession, que cepouvoirdemeuredans le schisme.Unévêque tient cepouvoir de son ordination, c’est-à-dire du Christ. Ilpeutl’exercerd’unefaçonillicite,maisaucuneautoritéecclésialenepeutlerendreinvalide.Par contre, si un prêtre fait une ordination sansdélégation, personne, dans l’Église, n’a jamais doutédelanullitéd’untelrite.Ilenvademêmedesonpouvoirderéconcilieroudeconfirmer : il est seulement habilités à en recevoirdélégation.La traditionde l’Église est également unanime sur lefait quedes laïcsne sont pashabilités à recevoir unetelledélégation.

Si tout prêtre reçoit l’habilitation à célébrerl’Eucharistieetl’Onction,c’estparcequel’évêquequil’ordonne a, dans tous les cas, l’intention de donneractuellement ces pouvoirs. Si l’évêque a l’intention,par la suite, de conférer d’autres pouvoirssacramentels, il doit exprimer cette intention par unedélégationdonnéedanslesformesrequises.Cela signifie qu’en ordonnant un prêtre, un évêque al’intention de l’habiliter à transmettre la Parole, àcélébrer l’Eucharistie et l’Onction des malades, et àêtre(co)responsabledugouvernementdel’Église.Il veut également l’habiliter à recevoir délégationpourd’autresSacrements, telsque laRéconciliation,la Confirmation (et éventuellement l’ordination deprêtres oude diacres).Mais il a toujours été entenduque les prêtres n’avaient pas ces autres pouvoirssacramentelsenvertudeleurseuleordination.

Au cours de l’histoire de l’Église, le pouvoir deréconcilieraétédonnéàdesdiacres,maisjamaisàdeslaïcs. Le pouvoir de confirmer a été donné à desprêtres,mais jamais à des diacres ni à des laïcs. Cespouvoirs ont toujours été conférés à des ministresordonnés.Depuis l’origine, les seuls pouvoirs sacramentelsdétenuspardeslaïcssontceuxdesemarieret,encasd’urgence,debaptiser.

conclure qu’un évêque ne peut déléguer qu’à unministreordonnélepouvoirproprementpastoral…desortequ’unprêtreouundiacrel’exerce(dedroitdivin)envertudelacapacitéàenrecevoirdélégationreçuedesonordination.Prêtres et diacres sont donc habilités à recevoir unecharge pastorale, avec cette différence que seulel’ordinationpresbytéralehabiliteàdevenirle«pasteurpropre»d’unecommunautéecclésiale.

En ce qui concerne les diacres, le Code de droitcanoniquesupposeque,selonleurdegré, ilsreçoiventdeleurordinationlestriamuneraetsontpasteursdupeupledeDieu979.Leconcileenseignequ’ilspeuventgouverner « au nom du curé et de l’évêque lescommunautés chrétiennes éloignées. » (Ad Gentes,16).Lecanon517précisequecemunus regendi desdiacresest«uneparticipationàl’exercicedelachargepastorale»exercéeparle«pasteurpropre»quiestunprêtre.Selon lecanon519,undiacrepeutcollaboreraux triamunera exercés par le pasteur propre, alorsqu’unlaïcpeutseulementapportersonaide.

Il existeun«pouvoir apostolique»degouvernerl’Églisequiappartientfondamentalementauxévêques,le pape ayant une primauté qui tient au fait que sonpouvoir épiscopal n’est pas limité, et non pas au fait

qu’il aurait reçu une ordination différente des autresévêques.Les évêques, par contre, ont sur les prêtres ou lesdiacres une primauté qui est proprement«sacramentelle»:uneprimautéquitientaufaitqu’ilsontreçuuneautreordination.Ilresteque,danstouslescas,lepouvoirdegouvernerl’Église (comme celui de réconcilier) relève duSacrementdel’ordre,mêmesiunprêtrelereçoitd’unefaçonmoinsimmédiatequ’unévêque980.

Quantaumunusdocendi,ilsembleêtrereconnuàtoutprêtrecommeà toutdiacre,dans lamesureoù ilneluiapasétéretiréparunemesuredisciplinaire.Lepremierdes triamunera semble être reçude la seuleordination,etnonpasd’unedélégation.

21-Lesprêtres,ministresdel’Onction

DanslalettredeJacques,l’Onctionestdonnéeparles«presbytres»,quinesontautresquelespremiersévêques. C’est, semble-t-il, au début du deuxièmesiècle que des prêtres ont été ordonnés pour unministèresubalterneàceluidesévêques,necomportantpluslatotalitédespouvoirssacramentels.

S’ils détiennent le pouvoir de présider

l’Eucharistie,c’estenvertudeleurseuleordination,etaucune autorité ne peut invalider ce pouvoir. Lesdocuments anciens relatifs à l’Onction des maladesindiquentque lesprêtresont également lepouvoir deconférer ce Sacrement. Actuellement, le droit del’Église reconnaît sans restriction ce pouvoir à toutprêtre : « Tout prêtre, et seul le prêtre, administrevalidement l’onction des malades. » (Canon 1003 -§1)981

Il n’en va pas de même pour la Réconciliation :seul un évêque a un pouvoir universel de réconcilierquepersonnenepeutinvalider982.Unprêtreayantreçude son évêque (ou de son office) la faculté deréconcilier peut normalement exercer partout cepouvoir. Cependant, si un évêque lui refuse cettefaculté dans son diocèse, il n’a plus le pouvoir deréconcilier validement dans ce diocèse. Il n’a pas cepouvoirenvertudesa seuleordination : ildoitavoirégalement la faculté de l’exercer, d’une part, de sonévêque,etd’autrepartdel’évêquelocals’ill’exerceendehorsdesondiocèse983.

Àqueltitrelesprêtresont-ilslepouvoirdeconférerl’Onctiondesmalades?Ilfautsupposerqu’ilstiennentcepouvoirde leurseuleordination.Ilsn’ontpas tousles pouvoirs sacramentels : leur ordination comporte

Troiscaractères

Le caractère baptismal est la situation ecclésialedéfinitive de celui qui a reçu le rite baptismal (rited’incorporationàl’Église).Ilest,commelerite,signeetgarantdelagrâce,avecladurée en plus.Comme le rite, il peut exister avec ousansl’étatdegrâce.Lecaractèrebaptismalestl’appartenanceàl’Égliseet,de ce fait, il comporte la capacité ou le pouvoir derecevoird’autresSacrements.Encasdepéchégrave,ilne donne plus le pouvoir d’accéder à l’Eucharistie ;cependant, il donne celui d’être réconcilié avecl’Église.

Lecaractèredeconfirméestlasituationecclésialedéfinitivede celui qui a reçu le ritedeConfirmation,quiestunrited’envoienmission.Ilest,commelerite,signeetgarantdelagrâce,avecladurée en plus.Comme le rite, il peut exister avec ousansl’étatdegrâce.Le confirmé est « un envoyé enmission » : il est untémoin ou un apôtre, non pas comme un ministreordonné,maisausenspremierduterme.Onpeut,encesens,parlerd’unapostolatdes laïcs.Lecaractère dela Confirmation inclut l’apostolat ou la missiond’évangéliser.

Le caractère épiscopal est la situation ecclésialedéfinitive de celui qui a reçu le rite d’ordination, quiestunrited’investiture.Ilest,commelerite,signeetgarantdelagrâce,avecladurée en plus.Comme le rite, il peut exister avec ousansl’étatdegrâce.Le rite épiscopal est signe et garant du pouvoirecclésial d’administrer cinq Sacrements que les laïcsne peuvent pas administrer. L’épiscopat ou lecaractère épiscopal inclut le pouvoir de lesadministrer.

L’investiture épiscopale (ordination) reçue del’ÉglisesignifiequelestriamunerasontconférésparleChrist.Lerited’investitureneconfèrepaslepouvoirdefairegrâce(Dieuseulpeutfairegrâce),maisilestlegarant de la grâce sacramentelle (de l’agir divin quifaitgrâcedanslesSacrements):ilestsigneetgarant,d’une part, de la grâce de l’ordination offerte auministre,etd’autrepart,desgrâcessacramentellesdontilseraleministreoulesigne.Lerited’ordinationestuneinvestiturequiinaugurelasituationecclésialedeministre(lecaractèreoul’étatépiscopal, presbytéral ou diaconal), qui consiste àdétenir trois pouvoirs ecclésiaux définitifs993. Cecaractèreministérielestsigneetgarantdelagrâcedel’ordination (charismesetgrâcesanctifiante)qui reste

toujours offerte au ministre, et des grâcessacramentellesdontilestleministre.Commel’incorporationàl’Égliseoul’apostolatlaïc,lecaractère épiscopal n’est pas une grâce, mais unesituationecclésialeconféréeparleChristquiavouluetinstitué une fois pour toutes la condition d’Apôtre.AyantétéinstituéeparleChrist,cetteréalitésignifianteetdéfinitiverelèvedudroitdivin.

27-Lecaractèrecommeréalitésociale

Le« caractère» est une situationecclésiale : unétat dans l’Église du Christ qui est le lieu desSacrementsoulelieudel’agirdivinsacramentel,c’est-à-dire de l’agir divin signifié et garanti par cetteÉglise : l’agir divin signifié et garanti par les signessacramentels(ritesetcaractères).Uncaractèreestunesituation ecclésiale qui, au-delà du rite, reste le signeou le garant permanent de l’agir divin sacramentel.Cettesituationecclésiale est une réalité relationnelleinstituée par le Christ, mais elle n’a pas, par elle-même, une efficacité surnaturelle. La situationecclésiale de baptisé ou de membre de la sociétéecclésialeestsigneetnoncausedelagrâce.

Maislerite,commelasituationecclésialequienrésulte, est sacramentel : il est signe et garant de la

intention autre qu’administrer l’ordination à uncandidat choisi pour cette mission. L’importancedonnée au rite et la prudence avec laquelle il estconféré signifient précisément que l’essentiel estl’intention d’êtreministre duSacrement qui transmetcettefonction…leriteétantlesigneoul’expressiondecetteintention.

Le ministre n’est pas cause de la grâce, mais lepouvoird’êtreministreousignesacramentelde l’agirdivinnepeutvenirqueduChrist.Commentunhommepourrait-il être le signe certain ou le garant de l’agirdivinsicelan’avaitpasétéinstituéparleChrist?

Toutcequiconcernelesigne(leministreetleritequi est l’expression de son intention) vient del’institutionpar leChristquiaeu lieuune foispourtoutes…à la différence des charismes et de la grâcesanctifiante qui supposent un agir divin actuel touteslesfoisqu’unetellegrâceestconférée.Le Christ confère actuellement la grâce duSacrement…mais ila instituéunefoispour toutes lesigne sacramentel, c’est-à-dire le ministre et le faitqu’il doit signifier dans un rite son intention d’êtreministre.

Leministreetsonintentiond’êtresigneougarant

delagrâceduSacrementconstituentlesigneponctuelnonmodifiable par l’Église. C’est ce que le Christ ainstitué en instituant chaque Sacrement. Le rite lui-même est modifiable par l’Église. Certains ritesviennentenpartieduChrist,d’autresnon,mais il estnécessairequeleministresignifiesonintentiondansunrite:cepoint-làn’estpasmodifiable.

Leministren’apaslepouvoirdefairegrâce,ilalepouvoir ecclésial d’être signe de la grâce. Mais cepouvoir ecclésial n’existerait pas sans l’institution duSacrementparleChrist.LeChristarévéléouinstituéquecepouvoirecclésialseraitgarantdelagrâcequ’ildonneraitàtouthommerecevantleSacrementaveclesdispositions voulues. Ce que le Christ a institué unefois pour toutes, ce sont les signes, non la grâce. Sil’institutionparleChristconcernelagrâce,c’estencesens qu’un ministre célébrant le rite est signe de lagrâceactuellementconférée.

Celaimplique-t-ilqueseulelagrâceduSacrementestreçuedeDieu,etquelestriamunerasontreçusdel’Égliseouduministrequiordonne?Ilfautsupposerque l’institution par le Christ concerne également latransmissiondupouvoirecclésialdesministres.En donnant leur mission (leurs charges ou leurspouvoirs) aux Apôtres, le Christ a voulu que cette

missionsoittransmiseparl’ordination.Onpeutconsidérerqu’uneordinationn’estautrequelatransmission (outradition)despouvoirsapostoliques.CettetransmissionacommencéaveclesApôtresetn’ajamais été interrompue. Celui qui n’appartient pas àcette chaîne continue n’est pas évêque. Cette chaîneininterrompue depuis les Apôtres est un signenécessaire;sanselle,l’ordinationn’estpassignifiante:ellen’existepas.

Unemissionreçued’unSacrementestunemissionreçueduChrist.Celuiquiestordonnéalacertitudederecevoir, aveccettemission, lescharismesnécessairespourlamettreenœuvreetlagrâcedesesanctifierenla mettant en œuvre… si toutefois il ne fait pasobstacleàcettegrâcedivine.Il reçoit cette mission en vertu de la successionapostolique, qui est une composante nécessaire(voulueparleChrist)dusignesacramentel.Dans la mesure où le Christ n’a pas institué lafonction apostolique pour la limiter à une seulegénération, on peut dire que la successionapostolique fait partiede l’institutionduSacrementparleChrist.

Un évêque reçoit de son ordination, et donc duChrist, les triamunera, avec la grâce du Sacrement

l’ÉglisecorpsduChrist.

La rédemptionest leSacrementprimordial : c’estl’agir du Christ qui sauve le monde d’une façonsignifiante… il l’a signifié ponctuellement par sonincarnation (et sa passion), et d’une façon définitivepar l’Église visible… la grâcede la rédemption étantnotreincorporationàl’ÉglisecorpsduChrist1016.Demême que la situation ecclésiale qui résulte d’unrite sacramentel est un signe durable de la grâce,l’Église visible, qui résulte de l’incarnation (et de lapassion),estlesignedurabledenotreincorporationauChrist1017.LeVerbeincarnéainstituélesmissionsdePierreetdesApôtres, fondements de son Église, et les diversesréalités ecclésiales et sacramentelles, pour qu’ellessoientleprolongementdurabledesonincarnation.

34-Ritessubordonnés

Onpeutdirequeleprêtrefaitpartiedeladéfinitiondel’Eucharistieetdel’Onctiondesmalades,encesensqueleriteeucharistique,commel’Onction,cesseraientd’être des rites signifiants s’ils n’étaient pas célébréspar un ministre ordonné (et baptisé), c’est-à-diresuccesseur des Apôtres. L’évêque fait partie de ladéfinition de laRéconciliation, de laConfirmation et

de l’ordination, aucun de ces Sacrements ne pouvantexistersansunministreordonné(etbaptisé).Aucun Sacrement ne peut exister sans le Baptême.Seul le Baptême suppose un rite unique. Lemariagesuppose trois rites : le contrat et le ritebaptismaldesdeux contractants ; il est le contrat conjugal de deuxbaptisés. Les cinq autres Sacrements supposent aumoins quatre rites : un rite propre et le Baptême decelui qui reçoit le Sacrement, et naturellement leBaptêmeetl’ordinationduministre.

Ces cinq Sacrements sont subordonnés auBaptême et à l’ordination, de sorte que leurs rites nesontsignifiantsquepourunbaptiséquilesreçoitd’unministrebaptiséetordonné.LesritesdecescinqSacrementssontdonc,eux-mêmes,subordonnésauxritesduBaptêmeetdel’ordination.Considéré isolément, le ritede ces cinqSacrementsneseraitpassignifiant.

Par contre, l’ordination presbytérale n’est passubordonnée à l’ordination diaconale : un simplebaptisé pourrait être ordonné prêtre. De même,l’ordination épiscopale n’est pas subordonnée àl’ordinationpresbytérale:undiacreouunlaïcpourraitêtre ordonné évêque. Ambroise, qui était seulementcatéchumène quand il a été choisi pour le siège de

Milan, a été simplement baptisé avant d’être ordonnéévêque(Théodoret,HistoireEcclésiastique,IV,7–S.Chr.530,p.202).

35-Sacerdosinæternum

LeSeigneur l’a juré, il ne s’en repentirapas :Tues sacerdotepour toujours, à la façon (kataè thèn taécin) deMelchisédech(Ps.110,4).

DanscePsaumed’intronisationdel’époqueroyale,c’est le nouveau roi-messie d’Israël qui devient, parl’onction, à la fois fils (adoptif) de Dieu, roi etsacerdote.

Tu es Sacerdote pour toujours à la façon de Melchisédech(Hé.5,6). C’est à la ressemblance (kataè thèn o(moioéthta) deMelchisédechqu’estsuscitél’autreSacerdote(Hé.7,15).

Dans cette réinterprétation, la lettre aux Hébreuxapplique lePsaume110 auChrist et à son sacerdoceéternel. Elle ne fait pas mention d’un sacerdoce desbaptisésetelleneditriendesprêtresnidelaprêtrise.La messianité du Christ est à la fois royale etsacerdotale : sacerdoce unique et définitif quitranscendeceluidesfilsd’Aaron.

On a vu, cependant, à la lumière de la premièreépître dePierre et aussi deHé. 10, 19-20, qu’il était

sacramentel.

LesuccesseurdePierretientdesonordinationlescharismes associés aux fonctions (tria munera)apostoliques, avec cette particularité qu’elles ne sontpaslimitéescommecellesdesautresévêques.Étantlatêteducollège,lajuridictiondupapeestuniverselle;ilest donc supposé recevoir les charismes nécessaires àl’accomplissementdesamissionparticulière…maisilpeutaussinepaslesmettreenœuvre.

SelonVaticanII,lesmissionsdesconfirmésetdesministresordonnés,étantconféréesparunSacrement,sontreçuesduChrist…cequipeuts’appliqueràtroisSacrements : la Confirmation, le mariage et l’ordre.Pour ces trois Sacrements, la situation ecclésialepermanenteconféréeparleSacrementalaparticularitéd’impliquer une mission ecclésiale… signe d’unegrâce offerte non seulement à ceux qui reçoivent leSacrement,maisauxbénéficiairesdeleurmission.

La raison d’être première de ces Sacrements estunemissionauprèsdesautres,envuedelessanctifieret,seulementdecefait,sanctifierleconfirmé,lemariéouleministreordonné.C’estpourquoilagrâcedecestrois Sacrements est double : charismes et grâcesanctifiante, les charismes étant la raison d’êtrepremièredecesSacrements.

L’ordinationconfèrelestriamuneraet,decefait,lescharismesnécessairesàleuraccomplissement.Elleconfèreaussilagrâcedesesanctifierenlesmettantauservicedel’Église.Demême,laConfirmationconfèrela mission d’évangéliser et, de ce fait, les charismesnécessaires à son accomplissement.Elle confère aussilagrâcedesesanctifierenlesmettantenœuvre.

DansleBaptêmeoulaRéconciliation,lecaractère(absoluourelatif)estd’abordsigneetgarantd’undonfait à la personne qui reçoit le Sacrement. Dansl’ordre,laconfirmationetlemariage,lecaractèreétantunemissionecclésialeestd’abord signeetgarantdelagrâcenécessaireàcettemission.

DanslecasduBaptêmeoudelaRéconciliation,ilest relativement simple de circonscrire la grâce duSacrement : l’incorporationauChristoulepardondeDieu, dons qui relèvent de la grâce sanctifiante etconcernent directement la personne qui reçoit leSacrement1023.On peut considérer que, pour quatre Sacrements, lagrâceduSacrementestunegrâcesanctifiante.Pourlestrois Sacrements qui comportent une mission : laconfirmation, l’ordre et le mariage, le Sacrementconfère, avant tout, les charismes nécessaires à cettemission.

Onpeutdéfinirlagrâcedumariagecommeledonde l’unité (« Ce que Dieu a uni »), ou encore de lafidélité et des charismesnécessaires à l’éducationdesenfants. Ces dons de l’Esprit sont pour le bien de lafamille et de l’Église…mais ils ne sont pas toujoursliésà l’étatdegrâce,mêmesi lesépouxsontappelés,envertuduSacrement,àsesanctifierenlesmettantenœuvre.LagrâcedelaConfirmation:letémoignagedelafoietles charismes qu’il suppose peuvent exister sans lacharité1024…ilssontdonnés,avanttout,pourlebienetla croissance de l’Église. Il est vrai que la mise enœuvredescharismesdelaConfirmationestundespluspuissants moyens de grandir dans la foi et dans lacharité, mais leur finalité première est de construirel’Église. La grâce sanctifiante n’est pas la finalitépremièredecestroisSacrements.

Cela explique que la grâce duBaptême ou de laRéconciliationait été formuléed’une façonclaireparlatradition,alorsquepourcestroisautresSacrements,la traditionde l’Égliseaétérelativementembarrasséepour préciser la nature de la grâce intérieure oupersonnellequ’ilsimpliquent.Parcontre,cettemême traditiona formuléclairementla fonction relationnelle-ecclésiale de ces troisSacrements. Dans le prolongement de la pensée de

1. « Ayant fait venir ses douze disciples, Jésus leur donnaautoritésurlesespritsimpurs,pourqu’ilsleschassentetqu’ilsguérissent toutemaladie et toute infirmité.Voici les noms desdouzeapôtres…Cesdouze, Jésus les envoya enmission avecles instructions suivantes : “… En chemin, proclamez que leRègne des cieux s’est approché. Guérissez les malades,ressuscitez lesmorts,purifiez les lépreux, chassez lesdémons.Vousavezreçugratuitement,donnezgratuitement”.»(Mt.10,1-8)2. Les trois synoptiques indiquent que Jésus les instruit dessecretsduRoyaumedeDieu.«Lesdiscipless’approchèrentetluidirent:“Pourquoileurparles-tuenparaboles?”Ilrépondit:“Parce qu’à vous il est donné de connaître les mystères duRoyaumedescieux, tandisqu’àceux-làcen’estpasdonné”.»(Mt.13,10-11–cf.Mc.4,11&Lc.8,10)3. « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre, allezdonc:detouteslesnationsfaitesdesdisciples,lesbaptisantaunom du Père et du Fils et du Saint Esprit, leur apprenant àgardertoutcequejevousaiprescrit.Etmoijesuisavecvoustouslesjoursjusqu’àlafindumonde.»(Mt.28,18-20–cf.Mc.16,16)4. La koinè (koinhè) est le grec « commun » devenu languevéhiculairedanslemondegréco-romain.5. Cette idée se retrouve en Jn.13,20 : « Celui qui reçoitquiconquej’enverraipeémvw,mereçoit,etquiconquemereçoit,reçoitceluiquim’aenvoyétoènpeémvantaéme.»6.UnShaliahdanslaHalakha(lapartielégislativeduTalmud)est un émissaire ou un agent légal. On notera cependant quel’existence du Shaliah-Apôtre juif n’est connue que par dessources chrétiennes qui ne sont pas antérieures au IIe siècle.(J.B. Frey, Corpus Inscriptionum Judaicarum, 1, Città del

Vaticano, 1936, p.440). Une étude de K. Walf (Das jüdischeSchaliach-Institut. Rechtsinstitut und Vorbild desApostelamtes ? Dans Cristianesimo nella Storia, I, 2, 1980,p.391-399) montre que l’on ne peut expliquer l’apostolatchrétienparl’institutionduShaliah juif.LeShaliahn’apas lestatut juridique ni le rôle missionnaire de l’Apôtre chrétien.EnvoyésdanslescommunautésdeladiasporaparlesrabbinsdeJudée, le rôle des Shelihim est le maintien de la cohésion dujudaïsmeaprèsladestructiondutemple.Reste que l’usage néotestamentaire du mot a)poéstoloÒconstitueuntémoignageanciend’unesignificationapparentéeàcellequel’onretrouvedanslejudaïsmeduIIesiècle.7.SelonLc.6,13c’estJésusquileurdonnelenomd’Apôtres:«Encesjours-là,Jésuss’enalladanslamontagnepourprieretil passa la nuit à prier Dieu; puis, le jour venu, il appela sesdisciples et en choisit douze, auxquels il donna le nomd’Apôtres. » Ce qu’on peut considérer comme une façon demettrecetitresousl’autoritéduChrist…etsurtout,unefaçondedirequeleurfonctionremonteauChrist.8.Encomptant:Hé.3,1,oùils’agitduChrist.9. Certainsmanuscrits deMarc ont une version probablementinspirée de Lc. 6,13 :« et il en établit douze (qu’il a appelésapôtres) pour être avec lui et pour les envoyer prêcher » (Mc.3,14).10.Pauldoitsedéfendre:«Nesuis-jepasApôtre?N’ai-jepasvuJésus,notreSeigneur?»(ICor.9,1)–«Cequejefais,jeleferai encore pour ôter tout prétexte à ceux qui voudraient seprévaloir desmêmes titres que nous.Ces gens-là sont de fauxapôtres, des faussaires déguisés en apôtres du Christ » (IICor.11,12-13).

11. Luc, pourtant disciple de Paul, ne lui donne pas le titred’Apôtre,sicen’estdanslerécitdesamissionàLystre,où,partrois fois, il donne ce titre simultanément à Paul et Barnabé(Ac.14,4-5 & 14). Est-ce parce qu’il ne remplit pas lesconditionsmentionnées enAc.1,21-24 (il n’a pasmarché avecJésusenPalestine)?12.Le titred’Apôtre traduitbienunemissionquePauldéfinitcomme une ambassade : « C’est au nom du Christ que noussommesenambassade,etparnous,c’estDieului-mêmequi,enfait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous ensupplions,laissez-vousréconcilieravecDieu.»(IICor.5,20)13.Paullui-mêmelelaisseentendre:«Nesuis-jepasApôtre?N’ai-jepasvuJésus,notreSeigneur?»(ICor.9,1)14.Onpeutajouteràcelalestitresdeprophètesetdocteurs.Onverra, dans laDidachè, que les évêques et les diacres ont lesmêmesfonctionsqueceuxqu’onappelaitinitialementprophètesetdocteurs (Didachè,15,1-2). Or, Barnabé et Saül, qui serontégalementqualifiésd’Apôtres (Ac.14,4) faisaientpartie,danslespremierstempsdeleurministère,dugroupedesprophètesetdocteurs(Ac.13,1-2).15. Si les Douze n’avaient pas été institués par Jésus, onn’expliquerait pas la mention de Judas comme « l’un desdouze»(Mc.14,10&43),nil’électiondeMatthias(Ac.1,25-26),ni l’énumérationde ICor.15,5 (« Il est apparuàCéphas,puisauxDouze»).16.«Pierreselevaaumilieudesfrères…etildéclara:«…àproposdeJudas…Ilestécrit(Ps.109,8)qu’unautreprennesacharge (e)piskophén). »… Il y a des hommes qui nous ontaccompagnésduranttoutletempsoùleSeigneurJésusamarchéànotretête,àcommencerparlebaptêmedeJeanjusqu’aujouroù il nous a été enlevé : il faut donc que l’un d’entre eux

Mêmes’ilssontsubordonnésauxApôtres,ilsont,commeeux,le pouvoir d’imposer les mains. Pour employer un langageactuel, on peut dire que s’il existait une différence de niveauhiérarchique, elle ne relèverait pas d’un degré différent duSacrementdel’ordre,maisd’unepréséanceecclésiale.52.«L’Ancien,àlaDameélueetàsesenfants,quej’aimedanslalumièredelavérité»(IIJn.1).«L’Ancien,àGaïus,trèsaimé,quej’aimedanslalumièredelavérité»(IIIJn.1).53.Dans lemondegrec, lese)piskoépoiexercentune fonctionde surveillance au service de l’État ou d’une communauté :gouverneurs, officiers, inspecteurs, préposés, policiers dutemple.J.Colson(Lesfonctionsecclésiales,p.109-112)supposequel’emploichezleschrétiensdutitree)piskoépoÒestd’abordapparudanslescommunautésdelanguegrecque,maisilsignaleque,dans lemonde juif, leDocumentdeDamas,X,4, connaîtaussiune fonctiondeMebaqqer (surveillantouépiscope).Luc(dans les Actes) et les lettres pastorales emploient les deuxtermes:presbuéteroÒete)piskoépoÒ.54. Dans les épîtres pastorales les deux termes désignentsuccessivement les mêmes personnes : « Si je t’ai laissé enCrète, c’est pour que tu y achèves l’organisation et que tuétablisses dans chaque ville des anciens (presbuteérouÒ),suivant mes instructions. Chacun d’eux doit êtreirréprochable…Ilfauteneffetquel’épiscope(e)piéskopon)soitirréprochable,ensaqualitéd’intendantdeDieu…»(Tite1,5-7).MêmeéquivalencedanslapremièrelettreàTimothée:«Aussifaut-il que l’épiscope soit irréprochable » (I Tm. 3,2) – « Lespresbytres qui exercent bien la présidence méritent doublehonneur…»(ITim.5,17).Leur fonction est semblable à celle qui est attribuée aux

presbytresenAc.14,23–I.Tm.5,17–Jc.5,14–IP.5,1…etprobablement à celle des « préposés » (proïstameénoi) enRm.12,8&I.Th.5,12…etdes«chefs»(h(goumeénoi)enHé.13,7-17&24.55. « Si quelqu’un aspire à l’épiscopat, c’est une belle tâchequ’ildésire.Aussifaut-ilquel’épiscopesoitirréprochable,marid’uneseulefemme,sobre,pondéré,debonnetenue,hospitalier,capable d’enseigner… Qu’il sache bien gouverner sa propremaison…quelqu’un,eneffet,quinesauraitgouvernersapropremaison, comment prendrait-il soin d’une Église de Dieu ? »(I.Tm.3,1-5)56. « Soyez donc vigilants, vous rappelant que, nuit et jourpendant trois ans, je n’ai pas cessé, dans les larmes, deconseillerchacund’entrevous.Etmaintenant,jevousremetsàDieuetàsaparoledegrâce,quialapuissancedebâtirl’édificeetd’assurerl’héritageàtouslessanctifiés.»(Ac.20,31-32)57. Voir plus haut : Ac.13,3-4. Le fait d’être « constituésintendants (e)piskoépouÒ) » de l’Église par l’Esprit Saint nesignifiedoncpasquecepouvoirnesoitpasreçudel’Église…ilva de soi que ce pouvoir a été transmis par l’imposition desmainsdePauloudupresbyterium.CequiestvraidePaul lui-même:lefaitqu’ilsoitApôtre«parJésusChrist»nesignifiepasquesonpouvoiraituneorigineextra-ecclésiale.58.«J’exhortedonclespresbytresquisontparmivous,moiquisuispresbytreaveceuxet témoindessouffrancesduChrist,etquiprendraipartaveceuxàlagloirequidoitêtremanifestée:paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, en veillant(e)piskopouénteÒ)sur luinonparcontrainte,maisdebongré,selonDieu; nonpar cupidité,mais par dévouement.N’exercezpas un pouvoir autoritaire sur ceux qui vous sont échus enpartage, mais devenez les modèles du troupeau. Et quand

paraîtra le souverain pasteur (a)rxipoiémhn), vous recevrez lacouronnedegloirequineseflétritpas.»(IPi.5,1-4)Letermee)piskopouénteÒn’estprésentquedansunepartiedesmanuscrits. Mais, même sans cela, la lettre de Pierre laisseentendre que les fonctions de « pasteur », « épiscope » et«ancien»sontéquivalentes.59.J.Colson(Lesfonctionsecclésiales,p.142).60.Mêmeensupposantqueles«Sept»(Actes,6à8)aientétédes successeurs des Apôtres à part entière au service des«Hellénistes», le termede«diacre»qui apparaît icidésignedesministressubalternes.Lamiseengardecontrelarecherchede«bienshonteux»,faiteenparticulierauxdiacres, suggèrequ’ilsavaientenchargedesbiens d’Église, probablement au service des pauvres : « Lesdiacres,pareillement,doiventêtredignes,n’avoirqu’uneparole,ne pas s’adonner au vin ni rechercher des gains honteux. » (ITim.3,8)61. J.Jeremias (« Presbuterion ausserchristlich bezeugt » :Zeitschrift für die neutestamentliche Wissenschaft, 48 [1957],p.127-132.et«ZurDatierungderPastoralbriefe» :ZNW,52[1961],p.101-104.),voitdansl’expressione)piqesiÒt‹nxeir‹ntoû presbuteriéou une reprise de l’expression rabbinique pourl’ordinationdesdocteurs:semikhatzeqenim:«appuidesmainsdesAnciens»,ouplusexactement«appuidesmains,parlequelon installeAncienset rabbins». Il faudraitdonc traduire I.Tm4,14 : « par l’imposition des mains pour conférer la dignitéd’ancien».Presbuteérionneseraitpasle«collègedesanciens»qui aurait imposé les mains à Timothée… mais la « dignitéd’ancien » que Timothée aurait reçue par l’imposition desmains…etonsupposerait,enréférenceàII.Tm.1,6,qu’ils’agitdesmainsdePaul.Ainsidisparaîtle«collègedesanciens»,ou

Kaiaphasàl’araméenKèpha).Noter qu’au v. 16, Matthieu ajoute « Simon » au nom de« Pierre », alors que Marc (qui n’a pas l’équivalent de Mt.16,17-19)dit simplement«Pierre» (Mc.8,29).Matthieuveutprobablementintroduirelesv.17-18.Auv.23,ilajoute:«Tuesunscandalepourmoi.»…orunskaéndalonestunepierrequifaittrébucher!109.Faut-ilvoiriciuneallusionàlacroyanceessénienneselonlaquelleun tempsviendraitoùSatanaurait licencede tenteretd’ébranlerlacommunautémessianique.LapromessedeJésusàPierresignifieraitqueSatanseraitimpuissantcontrel’Église.Mais les « portes » semblent évoquer une puissance défensiveplutôtqu’offensive…et,danslaBible,l’Hadèsestleséjourdesmorts(bonsoumauvais)plusqueledomainedeSatan.110. Isaïe annonce la destitution de Shebna, maître du palaisd’Ezéchias, qui sera remplacéparElyaqim : «Ainsi aparlé leSeigneurYahvédesarmées:Vatrouvercegouverneur,Shebna,lemaîtredupalaisquicreusesontombeausurlahauteur,quisetailleunedemeuredans le roc :«Quepossèdes-tu ici?Quelsparentsyas-tupourtecreusericiunsépulcre?Ehbien,Yahvéva te secouer, homme, il va t’empoigner et t’envoyer roulercommeunebouleversunpaysauxvastesétendues.C’estlà-basquetumourras:là-basaveclescharsquifonttagloire,Ohontede lamaison de tonmaître. Je vais te chasser de ton poste, tedélogerdetaplace.Etcejour-là,jeferaiappelàmonserviteurElyaqim,filsdeHilqiyahou:jelerevêtiraidetatunique,jeluiattacheraitaceinture, jeremettraitonpouvoirentresesmains.IlseraunpèrepourleshabitantsdeJérusalemetpourlamaisonde Juda. Jemettrai la cléde lamaison (ladynastie royale)deDavidsursonépaule:ilouvriraetnulnefermera,ilfermeraetnuln’ouvrira.»(Is.22,15-22)

111. Lorsque Jésus accepte le titre de roi (c’est-à-dire deMessie),c’estenprécisantquesonrègnen’estpasdecemonde(Jn.18,36):sonrègneestlerègnedeDieu.C’estcequ’ilfaitensedéfinissantlui-mêmecommele«Filsdel’homme».Le«Filsd’homme»deDaniel(7,13-14)reçoitdeDieuunrègneéternelet universel…qu’il faut donc identifier au « règne deDieu ».LorsqueJésusaccepteletitredeMessie,c’estenprécisantqu’ill’estàlafaçondu«Filsdel’homme»:qu’ilestunmessieouun roidont le règneest le règnedeDieu…etdoncunmessiedivin(Mt.26,64-66).Cesujetseradéveloppédansuntraitédel’Incarnation.112. Celui qui détient la clef du royaume est une sorte depremierministre:sonpouvoirestsansappeldansleroyaume…C’est le langage imagé mais explicite du livre d’Isaïe : « Jemettrai la clé de la maison (du royaume) de David sur sonépaule : il ouvrira et nul ne fermera, il fermera et nuln’ouvrira.»(Is.22,22)113.«caril lesenseignaitenhommequiaautoritéetnonpascommeleursscribes»(Mt.7,29).114. «Dans l’Égypte antique, le vizir du pharaon était appelé«leprincequidéliecequiestlié»(E.Suys,ÉtudesurleconteduFellahPlaideur,p.154).Étantpremierministre,ilestrevêtud’un pouvoir tel qu’il peut toujours faire une chose ou soncontraire:ilatoutpouvoir.D’autrepart,siviziretmagistratsdehaut rang«délient cequi est lié», ils sont seuls àpouvoir lefaire, d’autres ne le peuvent pas. Et c’est ce que le FellahPlaideurditaugrandintendantsonjuge:Cequetudélies,quilelie?»(G.Lambert,Revuebiblique,1945,3esérie,p.100)115.BenoitetBoismard(SynopsedesquatreÉvangiles,TomeII, Cerf, 1972, p.267) voient dans ces deux logia, qui sontpropres à Matthieu (Mt.18,15-17 et Mt.18,18), la main du

rédacteurfinal.Lepremier logion s’inspirede la«Règlede lacommunauté » essénienne : « Que personne n’introduise unecause contre son prochain devant la communauté (lesNombreux)sansl’avoirréprimandédevanttémoins.»(LestextesdeQumran, vol. I, Letouzey, 1961, p.44). Le second logion apourparallèleMt.16,19.Dans la mesure où ces logia semblent avoir été initialementindépendants, peut-on supposer que le premier (Mt.18,15-17)s’adressait aux simples disciples, et le second (Mt.18,18) auxApôtres?Encequiconcerneletextedanssonétatfinal(celuiquel’ÉglisenousdonnecommeParoledeDieu),danslamesureoùilassociecesdeuxlogia,onpeutestimerqu’ilreconnaîtcepouvoir,d’unefaçondirecteàl’Église,etd’unefaçonindirecteaux Apôtres qui, avec Pierre, sont l’autorité suprême dansl’Église.116.Onverraplusloinquelanotiond’autoritésupraépiscopaledoitêtrebiencomprise:ellesignifiequelesuccesseurdePierreaautoritésurlesautresévêques,maiscen’estpasuneautoritéd’une autre nature que celle des évêques. Son pouvoir est« vraiment épiscopal » (Dz. 3060), mais il n’est pas, commeceluidesautresévêques,limitéàuncertaindomaine.117.Mt.10,2-4–Mc.3,16-19–Lc.6,14-16–Ac.1,13.Pierreestnommé114foisdanslesÉvangileset57foisdanslesActes.Jean,quiest lepluscitéaprès lui,estnommé38foisdans lesÉvangileset6foisdanslesActes.118. « Comme ilmarchait le long de lamer deGalilée, il vitdeuxfrères,SimonappeléPierreetAndré,sonfrère,entraindejeter le filet dans lamer : c’étaient des pêcheurs. Il leur dit :« Venez à ma suite et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »Laissantaussitôtleursfilets,ilslesuivirent.Avançantencore,il

pourdevenircorpsduChrist,c’est-à-direfilsdeDieuavecluietenlui.S’ilyauneconfiguration,c’est,avanttout,àlafiliationdivineduChrist.151. La notion de communion au sacrifice n’implique pas unsacerdocedesfidèles.Dans l’AncienTestament, l’offrandedessacrifices était le privilège des sacerdotes, mais non pas lacommunion, qui était, au contraire, la partie du sacrifice àlaquelletousavaientaccès.L’imaged’unpeuple sacerdotal (Hé.&Apoc.) ne résulte doncpas de la notion de communion au sacrifice…bien qu’elle nesoit pas incompatible : les sacerdotes aussi communiaient auxsacrifices.152.Lanotiond’immolation«nonsanglante»sembleêtreunartificepourfonderlanotiond’unsacerdocedesprêtres,quilesconfigurerait auChrist-Sacerdote offrant sa vie en sacrifice. Iln’existe aucun texte dogmatique sur ce sujet, pas même auconciledeTrente.Lecanondogmatique(Dz.1751)neparlepasde«sacrificenonsanglant»;ilditseulementquelaMesseestun sacrifice, et que l’affirmation selon laquelle, dansl’Eucharistie,leChristest«offert»,nepeutpasêtreréduiteaufaitqu’ilestdonné(ouoffert)ennourriture.Le Christ n’est pas « offert » en ce sens qu’il est offert ennourriture, mais parce qu’il est la victime ou l’hostie del’uniquesacrificedelaNouvelleAlliance…desortequenotrecommunion n’est pas une communion à un nouveau sacrifice,maisàl’uniquesacrificedelacroix.Onpeutdireque leChristest«offert»dans l’Eucharistie,dufait que le Christ offert sur la croix est présent dansl’Eucharistieetsedonneencommunion;maiscen’estpasuneautre offrande. On ne saurait supposer qu’il soit offert denouveau en sacrifice : cela irait à l’encontre de la lettre aux

Hébreux(7,27–9,12–9,26).153.Dans la lettreauxRomains,Paulqualifie l’évangélisationd’exercicedusacerdoce.Colson(MinistredeJésusChristoulesacerdoce de l’Évangile, p.183-185) veut fonder sur ce textel’idée d’un sacerdoce propre aux ministres du NouveauTestament : « Je vous ai écrit par endroits avec une certainehardiesse, envertude lagrâcequeDieum’adonnéed’êtreunofficiant (leitourgoèn) de Jésus Christ auprès des païens,exerçant le sacerdoce (i(erourgoûnta) de l’Évangile de Dieu,afinque les païensdeviennent uneoffrandequi, sanctifiéeparl’EspritSaint,soitagréableàDieu.»(Rom.15,15-16)Il y a là, effectivement, un point commun entre les sacerdotesd’Israël, dont la mission première était l’enseignement de laParoledeDieuetdesaLoi(Deut.33,10–Os.4,6–Mal.2,5-8– II Chr. 17,7-9), et les Apôtres de l’Évangile. Faut-il enconclureque lesprêtresduNouveauTestament sontégalementsacerdotes, ou en conclure simplement qu’ils ont ce pointcommunaveclessacerdotesdel’AncienTestament?Enfait,ledébatneportepassurcesujet.Laquestionest:sont-ils sacrificateurs de l’Eucharistie, de sorte que l’Eucharistiepuisseêtreconsidéréecommeunsacrifice?Il semble que l’Eucharistie n’a pas besoin, pour être unsacrifice, que les prêtres soient des sacrificateurs. Elle est unsacrifice parce qu’elle est notre communion au sacrifice duChrist : sacrifice unique dont le Sacerdote est unique et sanssuccesseurs.Unsacrificedecommunioncomportaitdeuxparties:l’offrandesacrificielleetlacommunion.Untelsacrificeétaitunévénementdont la durée s’étendait jusqu’au terme de la communion. Lesacrifice du Christ est un événement dont la durée s’étendrajusqu’au terme de l’histoire. Cet événement est actualisé dans

chaqueEucharistie.Cen’estpaslesacrificedelacroixquiestactualisé : iln’estpasrenouvelable(Hé.9,26),mais lesacrificeest actualisé, dans la mesure où la communion est unecomposantedusacrifice.L’offrande que le Christ fait de sa vie sur la croix estprécisément la partie du sacrifice qui n’est pas renouvelable,mais la communion est renouvelable… elle est présence dusacrificeduChrist.154.L’attributionauxdouzeApôtresdecetouvragerelèvedelapseudépigraphie, un procédé littéraire fréquent dans l’AncienTestament (Loi de Moïse, Psaumes de David, Sagesse deSalomon)…mais leshistorienset lescritiquesestimentque ledocumentdanssonensembleremonteàl’âgeapostolique.LaDidachè était connue sous sa forme actuelle jusqu’au IVesiècle,et son influencesur la littératurede l’Égliseancienneaété plus grande que celle de tout écrit autre que le NouveauTestament. Oubliée, elle a été retrouvée en 1873, dans laBibliothèquedel’HospiceduSaint-SépulcredeConstantinople.Le plus ancien document patristique a eu lamauvaise fortuned’êtreparfoisconsidérécommeuntextescripturaire…desortequ’ayant été écarté duCanon biblique au IVe siècle, il tombadansl’oubli!C’est peut-être l’œuvre d’un prédicateur ambulant dans lesmilieux ruraux de Syrie ou de Palestine. Le rédacteur final arassemblé, dans un manuel, des documents catéchétiques,liturgiques et disciplinaires.La rédaction finale de laDidachèest probablement contemporaine de la rédaction finale desÉvangiles.Lech.15sembleapparteniràcettepériode.Lesch.11à13sontplusarchaïques, ilspourraientêtrecontemporainsdespremièresmissionsdePaul.(Sourceschrétiennes,Cerf,N°248bis)

raison de sa sympathie pour l’hérésie arienne.Cependant, sonHistoire ecclésiastique est un document capital pour laconnaissancedestroispremierssiècles.198. « Seuls certains épiskopes, tels Ignace à Antioche,Polycarpe à Smyrne, Denys à Corinthe, avaient rang dans lasuccession apostolique, étaient à proprement parler« successeurs des Apôtres », les épiskopes des autres Églisesétant simplement présidents de l’Église locale, et trèsspécialement du presbyterium. Nous aurions, avec Ignace àAntioche,avecPolycarpeàSmyrne,un«successeurd’Apôtre»fixé dans une communauté dont il serait l’épiskope en mêmetemps que « l’installateur et surveillant apostolique » desépiskopes de toute une région. » (J. Colson, Les fonctionsecclésiales,p.244)L’hypothèse selon laquelle des « installateurs et surveillantsapostoliques » auraient eu lamission de choisir les épiscopes(ou plutôt d’entériner ou d’infirmer leur élection par l’Égliselocale)estplausible,maisellen’impliquepasquelesépiscopeslocauxaientétédesimplesprêtres.199.Hermas est un homme simple qui se sent appelé à unenseignement prophétique. Le Pasteur, considéré comme untexte inspiréparcertainsPères(Irénée,Clémentd’Alexandrie),aura une influence considérable dans les premiers siècles del’Église(Hermas,LePasteur,Sourceschrétiennes,N°53).200. « La tour que tu as vue construire, c’est moi l’Église. »(VisionIII,3,3–Sourceschrétiennes,N°53)201. Les apôtres et docteurs appartiennent au passé : « cesapôtresetcesdocteursquiontprêchélenomduFilsdeDieu,après êtremorts dans la vertu et la foi du Fils deDieu, l’ontprêchéaussiàceuxquiétaientmortsavanteux…»(SimilitudeIX,16,5–cf.SimilitudeIX,15,4)

202.Lesdiacressontchargésdelasubsistancedesveuvesetdesorphelins :«Ceuxquiontdes tachessontdesdiacresquiontmal agi dans leurministère, qui ont dérobé la subsistance desveuves et des orphelins et qui se sont enrichis des ressourcesqu’ilsavaientreçuespoursecourir.»(SimilitudeIX,26,2)Ce qui est également une charge des évêques : «Ces évêquese)piésxopoi,dansleurministère,ontcontinuellementprotégélesindigents et les veuves et ont toujoursmené une vie sainte. »(SimilitudeIX,27,2)203.Altaner,Patrologie, Paris 1961, suppose que la premièrepartie duPasteur, incluant ce passage, remonte à l’époque deClément… ce qui expliquerait cette structure archaïque del’Église, semblable à celle que l’on trouve dans la lettre deClémentauxCorinthiens.On peut aussi supposer que l’auteur se donne faussementcommecontemporaindeClément.S.Giet (Hermas et lesPasteurs.Les trois auteurs duPasteurd’Hermas, Paris. 1963) distingue trois auteurs. Quoi qu’il ensoit, ce Clément semble avoir une mission qui dépasse leslimitesdel’Égliselocale.204.«DemêmequeparlavertuduVerbedeDieu,JésusChristnotre sauveur a pris chair et sang pour notre salut, ainsil’aliment eucharistié (eu)xaristhqeîsan trofhén) par la prièrequi vient de lui (Jésus), cet aliment qui doit nourrir parassimilationnotresangetnoschairs,nousavonsapprisqu’ilestlachairetlesangdeJésusincarné.»(PremièreApologie,66,2—Sourceschrétiennes,Cerf,N°507)«NousappelonscetalimentEucharistie.»(PremièreApologie,66, 1).Lemot «Eucharistie » ne désigne donc pas seulementune « action de grâces », mais aussi un aliment. Ce sens

nouveau,proprementchrétien,estdonccourantaumilieuduIIesiècle.205.SaintIrénée :originaired’AsieMineure,prêtrevers157,ildevientévêquedeLyonen177(†vers202).206.« lespresbytres antérieurs àSoter, quiontdirigé l’Égliseque tu diriges aujourd’hui, c’est-à-dire : Anicet, Pie, Hygin,Télesphore et Xyste… » (Lettre d’Irénée au pape Victor Ier,citée par Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique, V, 24,14…).Cf.Adv.Hær.II,22,5,surles«presbytresd’Asiequiontété en relation avec Jean, le disciple du Seigneur. » (S.Chrétiennes,Cerf,N°263,264,293,294,210,211,100,152,153)207.«Cesopinions(desdisciplesdeValentin),Florinus,pourparler avecmodération,ne sontpasd’unedoctrine saine… lespresbytres qui ont été avant nous et qui ont vécu avec lesapôtres,ne te lesontpas transmises. Je t’aivueneffet,quandj’étais encore enfant, dans l’Asie inférieure, auprès dePolycarpe… et je puis témoigner en face de Dieu que si cepresbytre bienheureux et apostolique avait entendu quelquechosedesemblable,ilauraitpoussédescrisetseseraitbouchélesoreilles…»(Lettred’IrénéeàFlorinus:citéeparEusèbedeCésarée,HistoireEcclésiastique,V, 20, 4-8—S.Chr.N° 41).On voit qu’Irénée se considère lui-même comme un«presbytre».208.«Ainsidonc,latraditiondesapôtres,quiaétémanifestéedans le monde entier, c’est en toute Église qu’elle peut êtreperçuepartousceuxquiveulentvoirlavérité.EtnouspourrionsénumérerlesévêquesquifurentétablisparlesapôtresdanslesÉglises, et leurs successeurs jusqu’à nous. Or ils n’ont rienenseignéniconnuquiressembleauximaginationsdélirantesdeces gens-là (les gnostiques). Si pourtant les apôtres avaient

verslafinduVesiècle,quis’appuieétroitementsurlaTraditionapostolique : leTestamentdeNotreSeigneurJésusChrist (cf.J.E.Rahmani,Mainz,1899).On pourrait enfin concevoir que des évêques aient pureconnaîtrecommeprêtresdesconfesseurs,sansleurimposerderite particulier… pour cela, il faudrait pouvoir établir quel’Église ou des évêques ont reconnu ce qui serait une autreforme de l’ordination ! Mais ce passage de la « Traditionapostolique » est une base trop fragile pour fonder une tellehypothèse.237. B.Botte (Sources chrétiennes, N° 11 bis, p.91) fait cecommentaire : « Il sembleque le textegrecemployait leverbeeu)xaristeéwdanslesenstransitif:«eucharistierlepain…»238. Un « antitype » n’est pas un symbole. Dans le contexted’uneontologieinspiréeduplatonisme,c’estlareproductionencemonde d’un « type » (ou archétype) appartenant aumondedesêtresvéritables.Cetteontologiesupposequelesréalitésdece monde sont une participation des êtres véritables (lesarchétypesdumondedesFormes).Ainsi,leChristseraitletype(ou l’archétype),et l’Eucharistie l’antitype.Ce langagenemetpasendouteleréalismeeucharistique,commeonlevoitdanslasuitedutexte.239.Versions sahidique, arabe et éthiopienne.Dans la versionlatine:«lepainducieldansleChristJésus.»240. Versions sahidique, arabe et éthiopienne. Dans satraduction, B.Botte n’a retenu que la version latine, selonlaquellelelaitsembleêtredonnédansleSeigneurJésusChrist,et le vin, dans l’Esprit Saint : « Ceux qui les reçoiventgoûterontdechacun[descalices],tandisquepartroisfois,celuiquidonnedira:«EnDieulePèretout-puissant.»Etceluiquireçoitdira :«Amen.»–«Eten leSeigneurJésusChrist.»–

«Etenl’EspritSaintetlasainteÉglise.»Etildira:«Amen».Onferaainsipourchacun.»On donnait aux néophytes, après la communion, du lait et dumiel, ou du lait mélangé de miel. Ce n’était pas un riteeucharistique habituel, mais un rite propre à l’EucharistiecélébréelorsduBaptême.241. Il est possible que cet enseignement plus explicite donnésous le sceau du secret à ceux qui viennent de recevoirl’EucharistieportesurlaprésenceeucharistiqueduChrist.242. Le prêtre se communie lui-même… le peuple reçoit lacommuniondesamainoudecelledel’évêque.243.«Les référencesauxapôtresdans laprière [d’ordination]permettent facilement de suggérer au chercheur moderne cetteparticulière notion d’une « transmission » de l’Esprit d’unegénération d’évêques à la suivante par le simple contact del’imposition sacramentelle des mains « comme unecontagion»…Àl’analyse,cependant,ilmesembleparfaitementclair qu’il n’y a pas trace de cette idée en quelque sortemécaniquedans laprièred’Hippolyte.«Répandsmaintenant»indique que ce qui est attendu ici est un acte créateur toutnouveau du pouvoir divin faisant de l’élu un évêque…L’idéen’estpascelled’évêques«successeurs»desapôtres,maisquechaque nouvel évêque est une addition actuelle au collègeapostolique originel faite par le Christ… » (G. Dix, Theministry in the early Church, p.200, cité par J.Colson, Lesfonctionsecclésiales,p.286)Gregory Dix, qui est anglican, est probablement mal à l’aiseaveclanotiondesuccessionapostolique,maissesremarquesnemanquentpasdepertinence.Ilvadesoiquel’EspritSaintn’estpas transmis par le rite d’imposition desmains,mais qu’il estactuellement conférépar leChrist.À l’encontredeG.Dix,on

préciseraquecedondel’Espritétantsacramentel,ilestsignifiéougarantiparlerite.UnSacrementétantunagirduChristsignifiéougarantidansunsigneecclésial, avec laTraditionapostolique, on peut direque ce qui est signifié par le rite est le don de « l’Esprit desouveraineté » qui vient du Père et qui est conféré par leChrist…leritedel’impositiondesmainsn’étantpasunritede« contagion », mais précisément un rite de successionapostolique. L’épiscopat (le caractère épiscopal) n’est pas unegrâce,maislesignepermanentdelagrâceofferte…etc’estunpouvoirecclésiald’êtresignede lagrâcedesSacrementsdontl’évêqueestdevenuleministre.S’ilyaun«actecréateur»cen’estpasseulementauniveaudel’«additionactuelleaucollègeapostolique»,maisplusencoreauniveaududonde«l’Espritdesouveraineté».244.Cyprien, élu évêque de Carthage vers 248-249, estmortmartyren258.245.«DanslesActesdesApôtres…Pierreparleaupeupleausujetd’unévêqueànommeràlaplacedeJudas»(Lettre67,4,2–Éd.Lesbelleslettres,Paris).Cyprienqualified’«évêque»lepremiersuccesseurdesApôtres,Matthias,dontlesActesdisentqu’ilfut«adjointauxonzeApôtres»…cequisupposequ’ilnevoit pas de différence essentielle entre les Apôtres et lesévêques,sicen’estquelesApôtresontétélespremiers.246. « Par là, vous devriez comprendre que l’évêque est dansl’Égliseetl’Églisedansl’évêque,etquesiquelqu’unn’estpasavecl’évêque, iln’estpasdansl’Église…puisque l’Églisequiestcatholiqueestune,etnonpascoupéenidivisée,maisuniepar le ciment des évêques qui sont attachés l’un à l’autre. »(Lettre66,8)247.«Aussifaut-ilgardersoigneusementlatraditiondivine,la

Dieu. » (Didascalie, [40-41] Ch. 9 – cf. Constitutionsapostoliques,II,34,4-5)286.Lesdiacres doivent être soumis à l’évêque (Didasc. [48]Ch. 11), ils veillent sur la bonne tenue de l’assembléeeucharistique(Didasc.[56-57]Ch.12),secourentlesmaladesetles personnes âgées.Quant auxdiaconesses, elles assurent lesvisites aux femmes, en particulier les malades, et, dans lacélébration du Baptême, ce sont elles qui leur font l’onctiond’huile(Didascalie,[70-71]Ch.12).287.Origène,néenÉgyptevers185,estàlatêtedel’écoledescatéchumènesd’Alexandrievers203.Ilenseignelathéologieetl’exégèse à Alexandrie jusque vers 230, puis à Césarée dePalestine.†vers253.288.«Simoi,quetuconsidèrescommetamaindroite,quiporteletitredeprêtreetquisembleprêcherlaparoledeDieu,j’agiscontreladisciplinedel’Égliseetlarègledel’Évangile,aupointdefairevenirlescandalesurtoi,Église,quel’Égliseuniverselle,dansunconsentementunanime,me retranche,moi, samain,etme rejette loind’elle (excidatmedexteramsuametproiciatase…cf.Mt5,30).Oui,ilvautmieuxpourtoi,Église,teséparerdemoi, tamain, instrumentdescandale,etentrerainsidans leroyaume des cieux que d’aller avec moi dans la géhenne. »(HoméliesurJosué,VII,6—S.C.N°71,p.212-215).HoméliesécritesàCésaréevers239-242…oùOrigèneavaitétéordonnéen232!289.L’expressionestdePhotius(citéparNautin:Origène, savie, ses œuvres, Paris, 1977, p.428-429). Origène, qui étaitalexandrin, avait été ordonné en 232 parThéoctiste évêque deCésarée de Palestine. Démétrius, l’évêque d’Alexandrie, quin’avait pas été consulté, « bannit Origène du sacerdoce » etl’exila d’Alexandrie, avec l’approbation de l’évêque deRome.

Cette discipline sera confirmée, un siècle plus tard, par leconcile de Nicée qui réservera à l’évêque du lieu d’origine ledroitd’ordonnerunprêtre.290. Dans son commentaire de Jérémie, écrit après sadéposition,Origènefaitallusionàsaprêtrise:«Cetteparole…sera profitable à vous comme à nous qui semblons être parfonctiondesgensassisplushautquevousaupointquecertainsdésirentparvenir à cette fonction.Mais sachezque la fonctionne sauve pas nécessairement, car beaucoup même parmi lesprêtres se perdent et beaucoup même parmi les laïcs serontdéclarésbienheureux…Carcequiestprofitable,cen’estpaslefaitdesiégerdanslepresbyterium,maisdevivred’unemanièredigne de cette place comme le demande le Verbe… Il m’estdemandé à moi plus qu’au diacre, au diacre plus qu’au laïc;quant à celui qui a été chargé d’exercer le commandementecclésiastique sur nous tous, il lui est demandéplus encore. »(SurJérémie,XI,3–SC.232,p.421)291. Ce témoignage de Pamphile est rapporté par Photius(Bibliothèque,118–P.G.103,397BC.–Cf.Nautin:Origène,savie,sesœuvres,Paris,1977,p.103-105).292.Lécuyer,LeSacrementde l’ordination,Paris1983,p.33-34.293. « Il existe une dignité (a)ciéwma) de l’âme, celle quepossède l’apôtre; car c’est une dignité que d’être apôtre duChrist Jésus et de garder le caractère (toèn xaraktÌra) del’apôtre;cesontaussidesdignités(a)ciwémataé)quelesordres(taégmata) ecclésiastiques, être évêque, par exemple, oupresbytre, ou avoir l’une des autres charges suivantes. »(Commentaire du Ps. 118, 170 – cf. M. Harl, La chaînepalestiniennesurlePsaume118,Sourceschrétiennes,N°189,p.460). C’est une dignité de garder cette marque. Faut-il

comprendre qu’on peut ne pas la garder ? Le mot xarakthér(empreinte) évoque plutôt une marque indélébile, que l’on nepeutpasnepasgarder.294. Saint Jérôme (± 350-420), en bon exégète, montre que,dansl’Écriture,lestermes«prêtre»et«évêque»désignentlesmêmespersonnes,mais iln’envisagepasqu’unchangementaitpuavoirlieuàlafinduIersiècleouaudébutduIIesiècle.Ilneconçoit pas que les évêques aient pu prendre l’initiatived’ordonnerdescollaborateurs (autresque lesdiacres)avecdespouvoirslimités,auxquelsonaréservéletitrede«prêtres».Il en conclut qu’à son époque, commeà l’époqueduNouveauTestament : « l’épiscopat et le presbytérat sont une mêmechose.»(Lettre146,1).Ilestcependantconscientdesdifficultésdesaposition…maisilleséludeparcetteformule:«Quefait,du reste, l’évêque, hormis l’ordination, que le prêtrenepuissefaire?»(Lettre146,1)295.Onavuque le texteattribuéàHippolytesous lenomde« Tradition apostolique » est probablement d’originealexandrine. Or ce texte infirme explicitement la théorie deJérôme.OrigènedonneenexempleMoïsequiimposelesmainsàJosué:c’est lemodèle de « l’ordination du chef du peuple » : « ici,aucune acclamation populaire, aucune considération deconsanguinité ou de parenté. » (Hom. sur les Nombres, 6,3 –S.Chr. 461, p.97) Ce qui laisse entendre que la pressionpopulairepouvaitjouerunrôledanslechoixdesévêquesetquecertains évêques ordonnaient desmembres de leur famille… Iln’est donc pas question, pour Origène, d’un groupe de douzepresbytres choisissant l’un d’entre eux. Origène dit égalementquel’évêque(sacerdos)estchoisi«exomnipopulo»…etnonpasparmiungroupefermédepresbytres(Hom.surleLévitique,

signifierait la nullité du Baptême qu’ils avaient reçu dansl’Église!346.Athanase:évêqued’Alexandriedejuin328àmai373.EnraisondesafidélitéàlafoideNicée,ilseraexilécinqfoisparl’empereurConstance II, sous lapressiondesévêquesdupartiarien.347.ExiléparConstanceen355,ilrefusedequitterAlexandriesansunelettredel’empereur:«Àsupposerquej’aiefui,quelleexcuse présenter aux yeux des vrais évêques (les évêquescatholiques), quelle excuse surtout aux yeux de Celui quim’avait confié son troupeau ?… C’est là le reproche quereçurentd’Ezéchiellespasteursd’autrefois(Ez.34,2);c’estlàlapensée du bienheureux Apôtre Paul quand, par-delà sondisciple,ilnousditàchacunenparticulier:«Nenégligepaslecharismequiestentoi,quitefutconféréavecl’impositiondesmains du presbyterium». » (Apologie àConstance, 26 –S.C.56,p.117-118)348.Vers354-55,Dracontius,quivientd’êtreordonnéévêque,adésertésonministère:«Cartudoislesavoir…avantd’êtreordonnétuvivaispourtoi,maisunefoisordonné,tuvispourceuxpourlesquelstuasétéordonné.Et,avantderecevoir lagrâce (xaérin)de l’épiscopat,nul ne te connaissait; mais, une fois que tu l’as reçue, lespeuples attendent que tu leur apportes la nourriture qui estl’enseignementdesÉcritures…Situn’avaispasreçulestalents,leChristnet’auraitpasfaitdereproches;maistulesasreçusetenfouisetcachés…»(LettreàDracontius,2–P.G.25,525)«Dieu te réclamera cequ’il t’adonné.N’as-tupas entendu lemotde l’Apôtre :«Nenégligepas lecharisme (xaérisma)quiestentoi»?N’as-tupasluqueceluiquiadoublé(sestalents)aétéaccueilliavecfaveur,tandisqueceluiquiaenfouilesiena

étécondamné?»(LettreàDracontius,4–P.G.25,528)349.«Sil’organisationdeséglisesneteplaîtpas,situpensesque la charge épiscopale n’a pas de récompense, alors tonméprisva jusqu’auSauveurqui l’aainsiorganisée…Eneffet,cequeleSeigneurafaçonnéparlesApôtres,celademeurebonetvalable.»(LettreàDracontius,3–P.G.25,525)350. Athanase cite une lettre de l’empereur Constance auxpréfetsdelavilled’Axoum:« Veuillez donc envoyer au plus vite en Égypte votre évêqueFrumentius:ilseprésenteraautrèsvénérableévêqueGeorgesetauxautresévêquesd’Égyptequiontautoritépourordonner(oçitoû xeirotoneîn… kyérioi mâlloén ei)sin) et juger de cesquestions.Carvoussavez…queceFrumentiusaétéélevéàcetétatdevieparAthanase,unhommechargédetouslescrimes…qui a été déchu de son siège…Si donc Frumentius est prêt àobéir…examinésurtoutesavieetaprèsenavoirrenducomptedevant des juges compétents, il recevra ensuite leur investitures’ilsemblevéritablementdevoirêtreévêqueen toute justice.»(ApologieàConstance,31—P.G.25,636—S.Chr.56,p.125-126)Un document des années 380-84 confirme que Georges (356-363)et les évêquesariensd’Égypte, réordonnaient les évêquescatholiques. (Faustinus et Marcellinus, De Confessione VeræFidei,n.48et94.CollectioAvellana,éd.Günther,CSEL,35,1,p.19et33;CCL,LXIX,p.372-373et383)351.Dansunpremiertemps,AthanaseavaitrejetélavaliditéduBaptêmedonnéparlesariens:«Carlorsquel’Achèvement(leBaptême)estdonnéaunomduPèreetduFils,maisqu’ilsnenommentpaslevéritablePère…commentn’est-cepascomplètementvain…cequiestdonnépareux?Carcen’estpasaunomduPèreetduFilsquelesariens

donnent le Baptême, mais au nom du Créateur et de lacréature. » (IIeDiscours contre lesAriens, 42 : P.G. 26, 236-237)Par la suite, il fera un séjour auprès du pape Jules Ier et seraprobablement influencé par la doctrine romaine. En 362, ilconvoqueunconcileàAlexandriequireconnaîtlesBaptêmesetles ordinations des ariens : les chefs responsables du schismeseront réduits à la communion laïque… mais ceux qui ontaccepté l’épiscopatpar faiblesse, par ignorance, oupour éviterunplusgrandmal,sansadhérervraimentà ladoctrinearienne,serontpardonnésetadmisdansleclergé(cf.LettreàRufinianus–P.G.26,1180-1181).352.Onreprocheàdespartisansd’Athanased’avoirinterrompuuneEucharistie célébrée par Ischyras… la réponse d’Athanaseestquecen’étaitpasuneEucharistie:«Maisenfin,quelcaliceaétébrisé,oùetdevantquelstémoins?LesaccusateurssontlesMéléciens,auxquelsonnepeutdonneraucuncrédit,carilsontété schismatiques et ennemis de l’Église, non pas seulementmaintenant mais depuis le saint évêque Pierre qui est mortmartyr…Le lieudans lequel ilsdisentqu’onabrisé lecalicen’était pas une église; celui qui y habitait n’était pas prêtre…Par conséquent, puisqu’il n’y avait là ni église, ni prêtrecélébrant, ni jour de célébration, quel calice mystique a étébrisé, quand et où l’a-t-il été ?… Le calicemystique, dont larupturevolontairerendraitsacrilègeceluiquiyporteraitlamain,nesetrouvequechezceuxquiprésident légitimement…Iln’yavait là absolumentpersonnede tel… Il s’agit du trop fameuxIschyras,lequeln’aéténiordonné(xeirotonhqeiÒ)parl’Église,ni compté parmi les presbytres établis par Mélèce et dontAlexandre a reçu la liste; ainsi il n’amêmepas été établi parMélèce. D’où vient donc à Ischyras son presbytérat ? Qui l’a

signifielasubordinationdel’évêqueàlaloidivine:«onplacele livre de l’Évangile sur la tête de celui qui est ordonné afinqu’il apprenne aussi que, bien qu’il soit la tête de tous, il estpourtantsoumisàceslois,commandantàtous,maiscommandélui-mêmepar laLoi, légiférant sur toutmais légiféré lui-mêmeparlaParole.»(Homélie«SurleLégislateur»—PG.56,404)396. L’Esprit Saint est dit « ministre » ou « serviteur »(diakoneîtai)duChrist…cequi constitueunnouvel indicedel’arianismeducompilateur.397.«Nousteprionsencore,Seigneur…pourtoutl’épiscopatqui dispense avec rectitude la doctrine de vérité. »(Constitutions apostoliques, VIII, 12, 40 — Sourceschrétiennes,336,p.201)398. « le premier, grand-prêtre (a)rxiereuèÒ) par nature, leChrist…s’est faithommeàcausedenouset,enoffrantà sonDieu et Père, avant sa Passion, le sacrifice spirituel(l’Eucharistie), il nous prescrivit à nous seuls (les Apôtres)d’accomplircela,bienqu’ilyenaiteud’autresavecnousquicrurent en lui. Donc il ne s’ensuivit nullement que chaquecroyant fut aussitôt institué prêtre (i(ereuèÒ) ou obtint ladignité pontificale (h! a)rxieratikÌÒ a)céiaÒ… c’est-à-direl’épiscopat).»(Constitutionsapostoliques,VIII,46,14).399.«L’évêqueestdoncordonnépardeuxoutroisévêques,lepresbytre par un seul évêque, demême le diacre et les autresclercs. » (Constitutions apostoliques, VIII, 47, 1 — Sourceschrétiennes,336,p.275)La prière consécratoire est un développement de celle de la«Traditionapostolique»…maisàladifférencedecelle-ci,lesConstitutionsneparlentpasd’uneimpositiondesmainsparlesprêtres : « Pour l’ordination (xeirotoniéaÒ) du presbytre, ôévêque, toi-même, assisté du presbyterium et des diacres,

impose-lui la main (thèn xeîra) sur la tête et prie ainsi :Seigneurtout-puissant…considèretonserviteurquevoicietquiaétéagrégéaupresbyteriumparlevoteetlejugementdetoutleclergé,remplis-ledel’Espritdegrâceetdeconseilpourqu’ilprennetonpeupleenchargeetparticipeàsongouvernement…qu’il enseigne ton peuple avec humilité. » (Constitutionsapostoliques,VIII,16,2-5)400.«Lediacrenebénitpas;ilnedonnepasl’eulogiemaislareçoitdel’évêqueoudupresbytre;ilnebaptisepas,n’offrepas(l’Eucharistie); quand l’évêque ou le presbytre offre(l’Eucharistie), il distribue au peuple, non commeprêtre,maisentantqueserviteurdesprêtres.»(VIII,28,4).«iln’estpaspermisaudiacred’offrirlesacrifice,debaptiser,de faire une bénédiction petite ou grande, ni au presbytre deprocéder à des ordinations, car c’est une impiété que debouleverserl’ordre.»(VIII,46,11)401. « Pour l’ordination (xeirotoniéaÒ) du diacre, moi,Philippe,jeprescrisceci:lediacre,tul’établiras,ôévêque,enlui imposant les mains (e)piqeièÒ au)t‹’ taèÒ xeîraÒ). »(Constitutionsapostoliques,VIII,17)402.«Ausujetde ladiaconesse…ôévêque, tu lui imposerasles mains (e)piqhéseiÒ au)tÌ’ taèÒ xeîraÒ) en présence dupresbyterium, des diacres et des diaconesses » (Constitutionsapostoliques,VIII,19).Commelelecteur(VIII,22),ellereçoitune imposition des mains qui n’est pas qualifiée d’« ordination » (xeirotoniéa), alors que le sous-diacre est ditrecevoir une « ordination » (VIII, 21). Dans lesConstitutionsapostoliques, elles sont habituellement citées après tous lesautresordres(VIII,31,2.cf.VIII,28,7-8),maisavantlesveuveset lesvierges(Constitutionsapostoliques, II,26,3).Elles sontchoisies parmi les vierges ou les veuves non remariées

(Constitutionsapostoliques,VI,17,4).403.«Oévêque…choisisaussiunediaconessefidèleetsaintepour le service auprès des femmes. Car il arrive parfois danscertaines maisons que tu ne puisses envoyer aux femmes undiacre homme, à cause des incroyants; tu enverras donc unefemme diaconesse, à cause de l’opinion des malveillants. Eneffet pour bien des services nous avons recours à une femmediaconesse.Enpremierlieu,pendantl’illuminationdesfemmes;lediacre leurenduiraseulement lefrontd’huilesainteetaprèsquoiladiaconesselesoindra;carilnefautpasquelesfemmessoientobservéesparleshommes.»(Constitutionsapostoliques,III,16,1-2)404. « Ce qui s’est passé de notre temps [celui desApôtres],vousnel’ignorezcertainementpas;carvoussavezparfaitementquedesévêques,despresbytresetdesdiacresontéténomméspar nous (les Apôtres), avec prière et imposition desmains…S’il n’y avait ni législation, ni distinction des ordres, il auraitsuffi de grouper le tout sous une seule dénomination; maisinstruits par le Seigneur de la hiérarchie des fonctions, nousavons attribué aux évêques celle du pontificat, aux presbytrescelledusacerdoceetauxdiacres,leservicedesdeuxfonctionsprécédentes… » (VIII, 46, 9-10) « … notre Sauveur nousinstitua, nous les treize apôtres, puis les apôtres nousinstituèrent, moi Clément et moi Jacques et d’autres avecnous… enfin tous ensemble nous instituâmes des presbytres,des diacres, des sous-diacres et des lecteurs. » (Constitutionsapostoliques,VIII, 46, 13—Sources chrétiennes, 336,p.269-271)405.«Parmilescélibatairesentrésdansleclergéetquiveulentsemarier,nousnepermettonsdelefairequ’auxlecteursetauxchantres. » (Constitutions apostoliques, VIII, 47, 26 — S.

unique,maisqu’elleaétésignifiéeparunetripleformule.442. Le Pseudo-Denys l’Aréopagite est probablement unmoinesyriendelafinduVesiècle,dontlapenséeestinfluencéeparl’écoled’Alexandrie,parGrégoiredeNysseetparlesécritsnéoplatoniciensdeProclus.443.Cyrille, neveu et successeur de Théophile d’Alexandrie,patriarchede412à444.SononcleThéophileavaitparticipéau«conciliabuleduChêne»quiavaitdéposéJeanChrysostome.444.«Aprèsleuravoirconférél’éclatantedignitédel’apostolatet les avoir faits, comme je l’ai dit, intendants et prêtres(i(erourgouéÒ)des divins autels, il les sanctifie aussitôt, leurdonnant sonpropreEsprit…Ilmanifestaainsiqu’àceuxqu’ilchoisissait pour le divin apostolat, le don de l’Esprit étaitnécessairementconféré.Etpourquoi?Parcequ’ilsnepourraientrien faire d’agréable àDieu, ni se dégager des liens dupéché,s’ilsn’étaientd’abord revêtusde la forced’en-haut (cf.Lc24,49) et transformés (metastoixeiouémenoi) en quelque chosed’autre que ce qu’ils étaient. » (In Joannis Evangelium, XX,22-23,1095–P.G.74,709-712)445.«Notre-SeigneurJésusChristayantfaitpasserlesfiguresdelaLoidanslapuissancedelavérité,c’estparlui-mêmequ’ilfait[donnel’achèvement]lesprêtresdesautelsdivins,carilestlui-même la victime qui opère l’achèvement. Il l’accomplit parune vraie sanctification, en les faisant participer à sa proprenature par la communication de l’Esprit, et en reforgeant(metaxalkeuéwn)pour ainsi dire la nature de l’homme en unepuissance et une gloire qui dépassent l’homme. » (In JoannisEvangelium,XX,22-23,1096–P.G.74,711-712)446.L’évêquemonophysitePhiloxènedeMabboug(†vers323)raconte que, sous l’empereur Théodose, on accueillait sansrestriction les ariens et les macédoniens qui rejoignaient

l’Église,reconnaissantleurBaptêmeet leursordinations.Cettetendancebienveillantenes’estpasimposée.DèslemilieuduVesiècle,lapratiques’établit,dansl’ÉglisedeConstantinople,dereconnaîtrelesBaptêmesdelaplupartdeshérétiques,maisnonpas leurs ordinations. C’est la règle que le patriarche deConstantinople, Jean le Scholastique (565-577) appliqueimpitoyablementàl’égarddesmonophysites:évêquesetprêtressont déposés et réordonnés. Un siècle plus tard, l’archevêqueThéodoredeCantorbery(668-690),unGrecoriginairedeTarse,appliquera encore les mêmes principes en Grande-Bretagne.Cependant, le retour à unepratique indulgente avait eu lieu, àConstantinople,dèsledébutduVIIesiècle:lesSacrementsdesmonophysitesetdesnestoriensétaientdésormaisreconnus…et,en692,leconcileintrullo,tenuàConstantinople,neparleplusdeleurréordination.447.SaintThéodore (758-826), higoumène deSaint-Jean-du-Stoudios, dit aussi monastère du Stoudion, à Constantinople,moineaustère,subirapersécutionsetexilspouravoircondamnéle remariagede l’empereurConstantinVI,etpouravoirpris ladéfenseducultedesicônespendantlapériodeiconoclaste.448. « Le prêtre, placé comme intermédiaire entreDieu et leshommes,danslesinvocationssacerdotales,estuneimitation(oucopiemiémhmaé)duChrist…Puisqu’ilestuneimage(ei)kwén)duChrist,nécessairement ilne se sertpasd’une icône…maisdu signe (tuépoÒ) de la Croix, imitant encore en cela leChrist…Ainsi leprêtre sesertdusigne(tuépoÒ)de laCroix,étant lui-mêmeun signe (tuépoÒ)duChrist – car tuépoÒ etei)kwénnefontqu’unparcequ’ilsreprésentent–pouropérerlesalutdel’enfant;de tellesorteque, iciaussi,onutiliseuneicône du Christ, c’est-à-dire la dignité sacerdotale (toèi(eratikoèna)ciéwma).»(AdversusIconomachos,IV—P.G.99,

493d)449. La décrétale « Ventum est » d’Innocent Ier (402-417)semblaitjustifiercertainesréordinations.450. Anastase le bibliothécaire, le traducteur des actes duconcile,àproposdelaphrase:«promulgantesnunquamfuisseprius aut nunc esse episcopum », explique en note qu’il fautcomprendre : «episcopum legitimum ». Interprétation qui seraconfirméeparlaréconciliationprovisoiredupapeJeanVIIIavecPhotius.AnastasecomprendquePhotiusétaitévêque,maisnonpasunévêquelégitime.451.H.Leclercqproposecettehypothèse:«Audébut,iln’yeutquedesévêques, touségauxentreeux.Maiscette égalité étaitcontraire à la nature des choses. Au point de vue politique etadministratif, il existait une subordination manifeste entre lesvillesetlescampagnes;ilnepouvaitenêtreautrementaupointde vue religieux. » (Hefele-Leclercq, Histoire des conciles,II,1199)452.LeNouveauTestament ne distingue pas « presbytres » et« épiscopes » : deux noms équivalents donnés à des évêquesayant un pouvoir plus ou moins collégial, dans descommunautésparfoismodestes.Àlamêmeépoque,laDidachètémoignede l’évangélisationdescampagnes,enSyrie.Onpeutsupposerquedese)piskoépoithÒxwraÒontexistéàpartirdumomentoù l’épiscopatn’aplusétécollégialetoù l’ordinationdesprêtress’estdistinguéedecelledesévêques.AlorsquelesScythes,écritSozomène,n’ontqu’unseulévêquepourl’ensembledeleursvilles,«dansd’autresprovinces,c’estparfoisjusquedansdesvillages(e)nkwémaiÒ)quedesévêquesexercentleculte,commechezlesArabesetàChypre…etchezlesnovatiensetmontanistesdePhrygie.»(Sozomène,Histoireecclésiastique, VII, 19 – S.Chr. 516, p.169). On a vu que

491.L’accueildecesclercsétaitunedérogation:«Nousavons,jepense,surmontécetteambiguïté.Désormaisilestclairquecequi avait été statué pour remédier à la nécessité de ce temps,n’estpaslacoutumeprimitive,etqu’ilyadesrèglesanciennes,transmisesparlesApôtresoupardeshommesapostoliques,quel’Église romaine conserve et qu’elle commande de conserver àceux qui habituellement la suivent. Mais la nécessité de cetemps exigeait grandement qu’on agisse comme on l’a fait.Donc,cequelanécessitéatrouvécommeremède,doit,unefoisla nécessité passée, cesser pareillement d’urger. Car autre estl’ordre conforme à la loi, autre est la dérogation que descirconstancesdumomentimposent.»(Lettre17,V,9)492. Le raisonnement semble être le suivant : si on exige unepénitencedes laïcs, il faut l’exigerdesprêtres.Or lapeinedesclercs est la déposition de leur ministère… de ce fait, leshérétiques repentis ne peuvent recevoir les honneurs de leurministère.Ilneseraitpasquestion,ici,deréordination,maisdedéposition.493. Cyrille Vogel voit, dans la lettre 17 d’Innocent Ier, unargument décisif contre l’existence d’un « caractèreinamissible»conféréparl’ordination.En fait, les décisions d’Innocent ne sont la négation d’uncaractèrepermanentdel’ordinationquedanslamesureoùellessont incohérentes…cequiestpossible…etsic’est lecas,onpeut seulement en conclure qu’elles représentent un épisodeindécis et peu exploitable de l’enseignement pontifical.On segardera, en tout cas, de conférer à ce document obscur uneautorité qui irait à l’encontre de la tradition quasi-unanime del’ÉgliserelativementaucaractèreinamissibleduSacrementdel’ordre.Cf. Cyrille Vogel (Laica communione contentus, le retour du

presbytreaurangdeslaïcs,RevuedesSc.Rel.47,1973,p.92-92–Chirotonieetchirothésie, Irenikon45,1972,p.217-219–Vulneratumcaput,Positiond’InnocentIersurlavaliditédelachirotonie… Rivista di archeologia cristiana, 49, 1973, p.375-384).494.LouisSaltet (Lesréordinations, Paris 1907), et après luiG.Bardy (Catholicisme, II, 1096-1097) et H.Rahner (LThK, II,602) estimentqu’Innocent admettait lavaliditédesordinationsdesdisciplesdeBonose.«Ilsepeutquesaprudenteréserveàdonnerunedécisiondogmatiquedanslaquestiondelavaliditésoit motivée par sa connaissance de la doctrine d’Augustin. »(L.Ott,Lesacrementdel’ordre,p.80)495.Augustin(354-430),originairedeThagasteenAfrique,estbaptisé à Milan en 387 par saint Ambroise. De retour enAfrique, ilestordonnéprêtre (391)etévêqued’Hippone(392-430).496. « Jurisprudence de la réception des ministres donatistesrevenantàl’unité:Le concile d’Hippone du 8 octobre 393 avait décidé qu’onadmettrait lesministres donatistes avec leur rang de prêtre oud’évêque s’ils n’avaient pas rebaptisé des catholiques ou s’ilsrevenaientavecleurcommunauté(PL.11,1185).AprèsquoileconcileavaitenvoyéunedélégationàRomeetàMilan,lesdeuxmétropoles italiennes, pour solliciter leur avis et, si possible,leur accord sur cette façon de faire. L’accord fut acquis.Augustin désirait par surcroît que les donatistes baptisés dèsl’enfancedans leschismepussentdevenirprêtresdans l’Églisecatholiquemaisunconcileitalienn’agréapointcetteperspective(PL. 11, 1195-1197). Le 13 septembre 401, c’est-à-dire peuaprèslarédactionduContraEpistulamParmeniani,unconcilegénéral des évêques africains décida qu’en principe le clergé

donatistedevaitêtreréduitàl’étatlaïc,maisquechaqueévêquepourrait faire des exceptions (PL. 11, 1197-1199). Lesexceptionsfurent,enfait,larègle.(cf.Lettre61,1-2)»(ŒuvresdesaintAugustin,DDB.vol.28,Notecomplémentaire28,parYvesCongar).497.Donat,évêquerigoristedeNumidieaudébutduIVesiècle,s’était opposé à l’évêque de Carthage. Le schisme donatiste adivisé l’église d’Afrique jusqu’à la conférence de Carthagedirigée par Augustin en 411. Les donatistes se considéraientcomme l’Église pure ou l’Église des saints : seuls les prêtressans péchépouvaient administrer validement unSacrement. Ilsrebaptisaientceuxquivenaientdel’Églisecatholique.498. Il s’agit d’un tatouage indélébile en usage dans l’arméeromaine à partir du IVe siècle. (cf. F.J. Dolger, SacramentumMilitiæ. Das Kennmal der Soldaten, Waffenschmiede undWasserwächter nach Texten frühchristlicher Literatur, dansAntikeundChristentum,2,1930,p.268-280).FlaviusVegetiusRenatus,uncontemporaind’Augustin,précisequelessoldatsnouvellementrecrutésnesontmarquésques’ilsontfaitleurspreuves(Vegetius,Epitomareimilitaris,I-8).499.Aveclaplupartdesescontemporains,Augustinestimequecelui qui reçoit le Baptême hors de l’Église ne reçoit pas lagrâcebaptismale,mais la reçoitquand il seconvertitetvientàl’Églisecatholique.500.Onsaitqu’Augustindonneaumot«sacrement»unsenspluslargequelesensactuel…maiscelan’enlèverienàlaforcedel’argumentquitienticitoutentièredanslacomparaisonentrel’ordinationetleBaptême.501.La«paix»oula«réconciliation»donnéeàceluiquiestrevenuàl’unitédel’Églisecatholique.

ordinationsdesprêtresetdesdiacres(Lettre6,6–P.L.54,620a).542.CyrilleVogel,Rata Sacerdotia.Position deLéon Ier surles ordinations conférées irrégulièrement, dans : ÉtudesoffertesàR.Metz(RevuedeDroitCanonique,25,1975,p.19-27). On a vu que C.Vogel remet en question l’existence d’uncaractèrepermanentduSacrementdel’ordre.543.Timothée, ditAelure (le chat) en raison de samaigreur,était l’un des adversaires les plus décidés du dogmechalcédonien des deux natures du Christ. Ses persécutionscontre les catholiques et ses attaques contre Léon le Grandpeuventexpliquerlestyledelalettre.LepapeSimplicius(468-483)auraunlangagesemblableàproposdesordinationsfaitespar Timothée après sa déposition. (Simplicius, Lettre 7,2 s –Thiel,Epistolæromanorumpontificum,Aalen,1963,p.190s.)544.«Ceuxqui,n’ayantpasétébaptisésauparavant,ontreçulebaptême des hérétiques, doivent seulement être confirmés parl’invocation de l’Esprit Saint et l’imposition des mains (perimpositionem manuum), car ils n’ont reçu que la forme dubaptême (formam tantum), sans le pouvoir de sanctification(sine sanctificationis virtute). Et, comme vous le savez, nousavonsdécidéque cette règle doit être observéedans toutes lesÉglises : qu’aucune réitération ne viole le baptême une foisreçu (ut lavacrum semel initum nulla iteratione violetur),l’Apôtre disant : « Un seul Seigneur, une seule foi, un seulbaptême.»Cebainnedoitêtreprofanéparaucuneréitération,mais,commenousl’avonsdit,seulelasanctificationdel’EspritSaint doit être invoquée : ainsi, cequepersonnene reçoit deshérétiques sera reçu des évêques (sacerdotibus) catholiques. »(Lettre159,7–PL.54,1138-1139)545. « Donat de Salicine, converti, comme on le sait, du

novatianisme avec son peuple, nous voulons qu’il préside letroupeauduSeigneur,s’ilserappellequ’ildoitnousadresserunexposédesafoi,danslequelilcondamneledogmenovatienetprofesse intégralement la vérité catholique. Maxime, bienqu’ordonnéd’unefaçonirrégulièrealorsqu’ilétaitlaïc,danslamesure où il n’est plus donatiste et rejette l’esprit dedépravation schismatique, nous ne l’écartons pas de la dignitéépiscopale, quelle que soit la façon dont il l’a obtenue, àcondition qu’il nous adresse un exposé manifestant qu’il estcatholique.»(Lettre12,6–PL.54,653)546.«Qu’est-cequ’imposerlesmainshâtivement(ITim.5,22),sicen’estconférerl’honneursacerdotalàceuxquin’ontpasétééprouvésavantl’âgedelamaturité,sansavoireuletempsd’êtreexaminés, sans avoir le mérite de l’obéissance ni faitl’expériencedeladiscipline.»(Lettre12,2)«Selonlaparoledel’Apôtre,unedesrèglesdel’électionveutque soit ordonné évêque celui qui a été ou est le mari d’uneseule épouse (I Tim.3,2). Ce précepte a toujours été si sacréqu’ilfautcomprendrequ’ildoitêtreégalementobservédanslechoixdelafemmedel’évêque(sacerdotis)…Qu’enaucuncassoitélevéaudegrédudiaconat,ouà l’honneurdupresbytérat,ou à la dignité de l’épiscopat, celui qui n’est pas lui-même lemari d’une seule épouse, ou si son épousene l’apas étéd’unseulhomme.»(Lettre12,3)«Etmoins encore celui qui…selon cequi nous a été dit, estsimultanémentlemaridedeuxfemmes,ouceluiqui,séparédesafemme,enaprisuneautre.»(Lettre12,5–PL.54,647-652)547. « Nous n’autorisons aucunmétropolitain à ordonner quiquecesoitévêque(quemquamordinetsacerdotem)desaseuleautorité(suotantumarbitrio)sansl’assentimentduclergéetdupeuple.»(Lettre13,4–PL.54,665)

548. Ch.Munier (Les Statuta Ecclesiæ antiqua, Bibliothèquede l’institut de droit canonique de Strasbourg) voit « dans lesStatuta Ecclesiæ antiqua une règle réformatrice destinée àl’épiscopatprovençal»(p.238)etnonpasunedescriptiondelaliturgieenusagedanslesuddelaGaule.L’auteur,qu’ilidentifieàGennade,prêtredeMarseille, à la finduVe siècle, s’appuiesur les « Constitutions apostoliques » et, de ce fait, sur la« Tradition apostolique », donnant à son ouvrage une allurearchaïsante.Bienquen’ayantpas l’autoritéd’un texteofficiel,cedocumentauraune influenceconsidérable,étant reprisdansles collections canoniquesmédiévales, les sacramentaires et lePontificalromain.549. Avec la Tradition apostolique, l’auteur mentionnel’imposition des mains des évêques, que les Constitutionsapostoliques avaient omise. Par contre, il ne mentionne pasl’imposition des mains de l’évêque qui prononce la prièred’ordination. Ce ne sont plus des diacres, comme dans laTradition apostolique, qui tiennent l’évangéliaire : expressionprobabledelatendanceanti-diaconaledel’auteurdesStatuta.Lecanon2manifestesatendancepresbytérale:«Dansl’Église,que l’évêque siège, dans l’assemblée des prêtres, dans uneposition éminente. Mais, dans la maison, qu’il sache être uncollèguedesprêtres.»550.[93]«Quandunsous-diacreestordonné,nerecevantpasl’impositiondelamain,qu’ilreçoivedelamaindel’évêquelecaliceetlapatènevides,etdelamaindel’archidiacrelaburetteavecl’aiguièreetlemanuterge.»L’acolyte,aprèsavoirétéinstruitparl’évêquedesdevoirsdesacharge, reçoitde l’archidiacre lechandelieravec leciergeet laburette vide (canon 94), l’exorciste reçoit, de la main del’évêque, le livre des exorcismes (c. 95), le lecteur reçoit le

explique que la transmission du pouvoir d’ordre dépend de lajuridiction quedétient l’évêquequi ordonne.S’il n’apas reçujuridiction du pape légitime, il ne peut pas ordonnervalidement!593.En1401,lepaperomainBonifaceIXreçoitunesuppliquedeJacquesdeDonadieu,quiavaitéténomméévêqued’AquilaparClémentVIId’Avignonen1394,etavaitfait,peuaprès,sasoumission à Boniface qui l’avait maintenu sur son sièged’Aquila.Cependant,cetesprit inquieta l’impressionqu’il luimanque l’administratio ordinis episcopalis, et il demande àBoniface IX l’autorisation de se la faire concéder par uneimposition de la main d’un évêque légitime. Ce que le papeautorise,sansenfaireuneloigénérale.Quelleaété laportéedecette impositiondelamain?CommeBoniface le lui fait remarquer, JacquesdeDonadieu avait déjàété pardonné et réintégré, ce qui signifie qu’il avait reçu unejuridiction légitime.Lepape lui fait également remarquerqu’ilavaitétéordonnéparlesschismatiquesinformaEcclesiæ.Ilestdoncprobablequec’estuneréordinationqu’ilsollicite,etquelepapen’osepas la lui refuser.Quoiqu’ilensoit,cetépisodeillustre la confusion qui régnait encore dans les esprits. Lesscrupules de Jacques de Donadieu et l’attitude du pape nes’expliquentqueparl’influencedescanonistes,etenparticulierdel’écoledeBologne.594. On verra que le cas particulier des protestants tient auproblèmedel’intention.Onsaitqu’àdéfautdesainteté,etmêmed’unefoitrèsexplicite,leministred’unSacrementdoitavoiraumoins l’intention de faire ce que fait l’Église. Or, la«protestation»denosfrèresluthériensetcalvinistesporteavanttoutsurlanatureetl’existencedesSacrements.Ayantremisenquestion la sacramentalité de l’ordre, les évêques devenus

protestantsnepouvaientpasavoir l’intentionde transmettreceenquoiilsnecroyaientplus.595.LesOrdinesRomanisontdesdirectoiresliturgiques,dontles plus anciens étaient en usage dans les Églises romaines àpartir du VIIIe siècle. Par la suite, après avoir été diffusés etremaniés, ils contribuèrent à introduire les usages francs etgermaniquesdanslaliturgieromaine.596.Àl’archevêqueRodolphedeBourgesquiluidemande,en864,s’ilfautfaireauxdiacres,commeauxprêtres,l’onctiondesmainsaveclechrême, lepapeNicolasIer répondqu’aucunedecesonctionsn’estenusagedansl’ÉglisedeRome(NicolasIer,Lettre117—PL.119,884).597. « Celle-ci [la consécration du prêtre] achevée, que lepontifeluimettel’étoleautourducouetluifassel’onctiondesmains avec le chrême en disant : Que ces mains soientconsacrées et sanctifiées par cette onction et par notrebénédiction de sorte que tout ce qu’elles béniront etsanctifierontsoitsanctifiéetbéni.Amen.»(OrdoRomanus,35,n.31–M.Andrieu,LesOrdinesRomani,IV,p.39-40–cf.p.13-20)598.«Ici,qu’il[lepontife]luiimposelechrêmesurlatêteenformedecroixetdise:Quetatêtesoitointeetconsacréeparlabénédictioncéleste,dansl’ordrepontifical,aunomduPère,etduFils, et de l’Esprit Saint. » (OrdoRomanus, 35B, n.29 –M.Andrieu,LesOrdinesRomani,IV,p.106).L’onction des mains fait désormais partie de l’ordination del’évêque, qu’il l’ait reçue ou non précédemment : «Que cesmains soient ointes de l’huile sainte et du chrême desanctification. De même que Samuel a oint David roi etprophète,qu’ainsiellessoientointesetconsacrées,aunomdu

Père et duFils et de l’Esprit Saint. » (OrdoRomanus, 35B,n.31)599.Yves deChartres,Sermon 3 (PL. 162, 526) – Yves, névers1040,ordonnéévêqueparlepapeUrbainII,†vers1116,aétéunpartisanactifdelaréformegrégorienne.600. Une décision du pape Urbain II (1088-1099) supposequ’il regarde déjà l’onction comme le rite principal del’ordination : il décide, en effet, pour la Réconciliation desclercsordonnéspardesévêquesexcommuniés,derenouvelerlesritesd’ordination,àl’exceptiondel’onction.(Lettre74—PL.151,358).Ilfautdoncsupposerqu’ilreconnaîtlavaliditédecesordinations,etdemandedenepasrenouvelerleriteprincipal.Selon leDécret deGratien (1140-50), une ordination donnéeparunhérétiquenedoitêtreconsidéréecommevalidequesiellea été conférée avec une onction. (IIa Pars, Causa I, Quæst. 7,canon23)601.JeanGratien,le«pèredudroitcanonique»,estunmoinecamaldulequienseigneàBologneauXIIesiècle.Soninfluenceseraconsidérablesurlapratiquepastoraleetsurlathéologiedel’Églised’Occident.Ilestl’auteurd’unecollectioncanonique,publiéeentre1140et1150 : le « Decretum », appelé aussi : « Concordantia (ouconcordia) discordantium canonum », titre qui indique ladiversité des sources… la concordance ne parvenant pastoujoursàsurmonterladiscordance!602.«Presbiter idemest qui episcopus, ac sola consuetudinepræsuntepiscopipresbiteris.»(Decretum,Primapars,TitredelaDistinction95,canon5).Suitlacitationducommentaireparsaint Jérôme de la lettre à Tite, cité plus haut (Sur la lettre àTite,1,5).Gratienn’apascherchéàétablirune«concordance»

la remise des instruments, du signe sacramentel (CommentairedesSentences,IV,d.24,p.2,a.1,q.4—616a).649.«Toutordreestsacré,puisqu’ilestunsacrement»,cequivautpourlesseptdegrésdel’ordre;cependant,sionconsidèrelesordresquiexercent«unactesurunechosesacrée,ilexisteseulementtroisordressacrés:leprêtre,lediacre…etlesous-diacre»quisontlestrois»ordresmajeurs»(InIVSententiarum,d. 24, q. 2, a. 1, sol. 3). On peut regretter que saint Thomass’écartesurcepointdutextedePierreLombardquiconsidéraitcommenonsacramentelslesous-diaconatetlesordresmineurs.650. De Articulis Fidei et Sacramentis Ecclesiæ, Opusculatheologica,Marietti,Rome,vol.1,p.151,N°626.651.InIVSent.d.24,q.3,a.2,sol.2,ad2–Sommethéologique,Suppl.Q.40,a.5,ad2.652. « Et quod ipsam habeat quasi participative Dyonisiusdicit…»(InIVSent.d.13,q.1,a.1,sol.2,ad2).«Lepouvoirsacerdotal lui-même,découle (derivatur)deceluidel’évêque.»(Contregentes,IV,ch.76)653.SelonsaintThomas,lajuridictionfournitunematière (ouunsujet:homosubditus)surlaquellepeuts’exercerlepouvoirdesclefsreçudel’ordination(InIVSent.d.19,q.1,a.2,sol.3).654. Pour saint Thomas, on a vu que ces trois ordreshiérarchiquesnesontpasdesordressacramentels.IlvadesoiquesathéorienetraduitpaslapenséeduPseudo-Denys.655.(Deperfectionevitæspiritualis,24–Opusculatheologica,Marietti,Rome,1954,vol.2,p.150,N°715–ouvrageécritvers1269). Ildisaitdéjà,dans lecommentairedesSentences :«Lepouvoirépiscopaln’estpasseulementunpouvoirdejuridiction,maisaussiunpouvoird’ordre»(InIVSent.d.24,q.3,a.2,sol.2,ad3).

656. (In IV Sent. d.25, q.1, a.2 – Somme théologique, Suppl.q.38, a.2). Saint Thomas ignore que le rite d’onction ou deconsécration n’a pas toujours existé. Partant du fait quel’épiscopat n’est pas réitérable et qu’il comporte uneconsécration… il suppose, faute d’une autre raison, que celaconstitueuneexplication!657.Cequisupposequelesordresinférieursàlaprêtrise,àladifférencedel’épiscopat,sontsacramentels.Laformuleapparaîtdans une objection qui veut prouver qu’un degré supérieur del’ordren’impliquepasunesaintetéplusgrande(Deperfectionevitæ spiritualis, ch. 21, N° 689), ce qu’il réfute (Ch. 24, N°715).Maisilneremetpasenquestionlesseptdegrésdel’ordreénumérés dans son commentaire des Sentences (In Sent. IV,d.24,q.2,a.1,sol.2),aveccetteconclusion:«Telleestlaraison,le nombre et les degrés de l’ordre. » Tous les théologiensn’auront pas ce culte du chiffre sept, et moins encore lescanonistes.658. Dans sa décrétale « Veniens », le pape Innocent IIIdéveloppe longuement l’opinion selon laquelle un non-baptisépourraitêtreordonnévalidement…maisiljugefinalementque,dans un tel cas, le plus sûr est de réitérer tous les ordres. (cf.Friedberg,CorpusIurisCanonici,Leipzig,1881,p.648s.)659. Le caractère baptismal est requis de necessitate àl’ordination… le caractère de la Confirmation est requis decongruitate.(InSent.IV,d.24,q.1,a.2,sol.4)660.«præcedensordononestdenecessitate sequentis. » (InSent.IV,d.24,q.1,a.2,qc.5,sedcontra1).Cequiseréfèreàladécrétale«Tuæ litteræ»dupapeInnocentIII, selon laquelleunordreomisserasupplééparlasuite,sansqu’ilsoitnécessairederefairel’ordination.661.«nulluspotestrecipereepiscopalempotestatemnisiprius

habeat sacerdotalem. » (In Sent. IV, d.24, q.3, a.2, qc. 2, sedcontra 1). On a vu que plusieurs papes, dans les premierssiècles,n’ontpasreçul’ordinationpresbytérale:lapratiquedel’Églisevadoncà l’encontredecetteaffirmationetdetoutelathéoriequiendécoule.662.«Onnepeutselibérertoutefoisd’uneimpressiondegênedans le vocabulaire de l’auteur. » (J.Lécuyer, Les étapes del’enseignement thomiste sur l’épiscopat, Revue thomiste,janvier-mars1957,p.34)663.LeSacrementdel’ordresedéfinitd’abordcommelaremised’unpouvoir(Sent.IV,d.24,q.1,a.1,sol.4-5).Onreviendrasurce point intéressant. Cependant, il va de soi qu’en toutSacrement,c’estlemêmeritequiestsigneàlafoisdelagrâceetdu caractère, ou plutôt : qui signifie la réception du caractère,signepermanentdelagrâce.664.(cf.Sent.IV,d.24,q.2,a.1,sol.1.ad2—34b).C’estlasolution proposée par Albert le Grand (1206-1280),(Commentaire des Sentences, IV, d. 24. a. 3— 33 b-34 a) etBonaventure(CommentairedesSentences,IV,d.24,p.1,a.2,q.4—606b).Un tout intégral est faitdepartiesdont aucunenepossède laréaliténilenomdutout(ainsi:unemaisonetsesparties).Untoutuniverselestfaitdepartiesdontchacunepossèdelaréalitéet lenomdu tout (ainsi legenreetsesespèces).Dansuntoutpotentiel,unepartiepossède l’intégralitédu tout,et lesautresuneparticipation(l’ordreestuniqueparcequ’unedesespartiespossèdelaplénitudeduSacrement).Enaffirmantque«touslesordres»sont«unseulSacrement»,saintThomassupposequetouslesordresinférieursàlaprêtrisesontsacramentels:lesordresmineurscommelediaconat.665.SaintThomasréfutel’affirmationdeJérômeselonlaquelle

Sacrementsvalides,bienquecesoitpoursacondamnation.715. Martin Luther (1483-1546) : moine augustin, estexcommunié le 3 janvier 1521 par la bulle Decet romanumpontificem. Convoqué par Charles Quint devant la diète deWorms en 1521, il refuse de se soumettre. Mis au ban del’empire, il trouve refugedans lechâteaude laWartburg, chezsonamil’ÉlecteurdeSaxe,FrédéricleSage,oùilcomposesesœuvres maîtresses. Par sa traduction de la Bible en languevernaculaire,ilestàl’originedel’allemandclassique.716. Luther, De captivitate babylonica ecclesiæ (publiée en1520),Werke,6,563–Pléiade,p.810.717. (Werke, 6, 564-566). On retrouve ici chez Luther laconfusionhabituelleentre«prêtre»et«sacerdote».718.DeinstituendisministrisEcclesiæ(publiéen1523)Werke,12,191.719.Luther,Decaptivitatebabylonica,Werke,6,564-567–cf.L.Ott,Lesacrementdel’ordre,p.284-285.720. H.Lieberg, Amt und Ordination bei Luther undMelanchton,p.29&168-171.721.Luther,DeinstituendisministrisEcclesiæ,Werke,12,173s. –VomMissbrauch der Messe (1521), Werke, 8,477-563 –VonderWinkelmesseundPfaffenweihe(1533),Werke,38,171-256.Lutherqualifielesprêtrespapistesde«sacrificulosquimissassacrificent ». Il n’a pas vu que le terme biblique de« communion » (I Cor.10,16-18) appartient au vocabulairesacrificiel.Ilestvraicependantqueleprêtren’estpasun«sacrificateur».Un sacrifice comporte deux parties ou deux moments :l’offrande sacrificielle de la victime, et la communion au

sacrifice.L’Eucharistienerenouvellepasl’offrandesacrificielledu Christ, qui est unique (Hé.7,27 – 9,12;26;28 –10,10;12;14;18),maisellepermetàl’Églisedecommunieràcetuniquesacrifice:elleestsacrificielleencesensqu’unsacrificeserait incomplet sans lacommunionau sacrifice.Paulparlede«communion»ausacrifice,nonderenouvellementdusacrificedelacroix.LeChrist,GrandSacerdotedelaNouvelleAlliance,s’est offert en sacrifice. Un prêtre célèbre ce sacrifice : il estministre de l’agir du Christ qui se rend présent dansl’Eucharistiepourquefidèlescommunientàsonsacrifice.722.Lapremièreordinationquel’onrapporteestcelledemaîtreGeorgesRorer en l’église paroissiale deWittenberg le 14mai1525. Au cours du service divin et en présence de lacommunauté, Luther l’introduisit dans sa fonction deprédicateurde laParolepardesprièresetpar l’impositiondesmains. (H. Lieberg, Amt und ordination bei Luther undMélanchton,FKDG11,Göttingen,1962)723. (L.Ott,Le sacrement de l’ordre, p.287 –Werke, 38,401-433 – cf. H.Lieberg, Amt und Ordination bei Luther undMelanchton,p.191-207).Luther revient sur l’ordination dans son Commentaire de laGenèsequiestuneœuvretardive,lesch.12etsuivantsétantdesnotesdesesauditeursnonpubliéesparLuther.ÀproposdeGn.28,17, il fait un parallèle entre l’imposition des mains dansl’ordinationetlesélémentsextérieursduBaptêmeetdelaCène,aprèsquoiilremarquequel’impositiondesmains,enlaquelleilfautprobablementvoir toute l’actionordinatoire,n’estpasunetradition des hommes, mais que c’est Dieu qui prépare etordonne ses ministres. C’est en cela que l’ordination serapprochedesSacrementsproprementdits.(L.Ott,Lesacrementde l’ordre, p.287 – Werke, 43,599 – cf. H.Lieberg, Amt und

OrdinationbeiLutherundMelanchton,p.210-212)L’impositiondesmains,seloncecommentaire,estunetraditionvenuedeDieupourordonnerdesministresde laParoleetdesSacrements… cette ordination, proche des Sacrements,communique le Saint Esprit. Même si ce texte dénote uneévolution de sa pensée, il exclut toutefois que la charge deministre de laParole et desSacrements soit unehabilitation àcélébrer le sacrifice eucharistique… ou qu’elle comporte uncaractèredéfinitif…etilnecroitpasqu’ilsoitnécessaired’êtreévêquepourfaireuneordination.724.PhilippMelanchton(traductiongrecquedesonvrainom:Schwartzerdt) (1497-1560), humaniste et disciple de Luther,auteurdelaConfessiond’Augsbourg(1530)etdel’Apologiedelaconfession(1531).Article 10 : « Quant à la Sainte Cène du Seigneur, nousenseignons que le vrai corps et le vrai sang de Christ sontréellement présents, distribués et reçus dans laCène, sous lesespècesdupainetduvin.»Cependant,Melanchton sera en conflit sur cette question avecLuther qui souhaitait une déclaration claire sur la question desavoir « si le vrai corps et le vrai sang étaient reçusphysiquement».725. Dans ses « Loci » de 1521, Mélanchton nie lasacramentalitéde l’ordre,mais il la reconnaîtdans les2e et3eéditions,en1535et1543.IlprolongeainsilapositiondeLutherdanssonCommentairedelaGenèse.726.Apologiaconfessionis,Art.13,n.7-13.727.(Locide1535,Wittenbereg,1541,fol.104–Locide1543,Werke in Auswahl - II / 2,504,26-30;Corpus Reformatorum,Berlin,21,852).

782. P. Gasparri admettra que l’une ou l’autre formule peutconstituer, à elle seule, une forme sacramentelle suffisante(Tractatuscanonicusdesacraordinatione,1893,II,278).783. Pour Jean Baptiste Gonet (1616-1681) (Manualethomistarum, seu brevis théologiæ cursus, T.6), le rite n’estautre que le Sacrement (sacramentum tantum); il faut doncpouvoirdirequ’ilrestelemêmeformaliter,etquesesvariantessontpurementmatérielles.Direqu’ilrestelemêmesignificativenemanquaitpasdepertinence:ilrestelemêmedanslamesureoùilsignifielamêmegrâcesacramentelle.S’ilestvraiqueleSacrementn’estpaslerite,maisl’agirdivinsignifié dans le rite ecclésial (et son ministre), on comprendd’autant mieux que le rite peut devenir autre et le Sacrementresterlemême.784.Matthieu Parker est à l’origine de la nouvelle hiérarchieanglicane.UnelégendecirculeraauXVIIesiècle,selonlaquelleParker et d’autres évêques ont été ordonnés dans une aubergelondonienne à l’enseigneNag’s Head, par Jean Scory, moinedéfroqué,quin’étaitpasévêque.Cerécitestsansfondement.785. LéonXIII estime que la forme initiale « Reçois le SaintEsprit»étaitinsuffisante.«Sansdoute,onaajoutéplustardàcetteformelesmots:Pourl’officeetlachargedeprêtre;maisc’est là une preuve de plus que les anglicans eux-mêmesconsidéraientcetteformecommedéfectueuseetimpropre.Cettemêmeaddition,étantsupposéqu’elleeûtpudonnerà la formelasignificationrequise,aété introduite trop tard;carunsiècles’étaitdéjàécoulédepuisl’adoptiondel’Ordinald’Édouardet,par suite, la hiérarchie étant éteinte, le pouvoir d’ordonnern’existait plus. » (Léon XIII, Lettre apostolique Apostolicæcuræ,de1896)On peut regretter que Léon XIII n’ait pas renoncé à cet

argument. Si la hiérarchie anglicane s’est éteinte, ce n’est pasuniquement en raison d’une formule d’ordination supposéedéfectueuse, mais, comme l’indique la suite de la lettreapostolique, en raison des intentions qui ont motivé cetteformulation.Undébatquiselimiteraitaucontenudel’Ordinalet à la forme sacramentelle ne peut aboutir. Si la formesacramentelle contenue dans l’Ordinal est cause d’invalidité,c’estenraisondel’intentionqu’elleexprime.786.Les39articlespromulguésparÉlizabethetleParlementen1571 reprennent les 42 articles établis par Thomas Cranmer,archevêquedeCanterbury,en1553,souslerègned’EdouardVI.L’article 25 nie la sacramentalité de l’ordre : «There are twoSacramentsordainedofChristourLordintheGospel,thatisto say, Baptism and the Supper of the Lord. Those five,commonly called Sacraments, that is to say, Confirmation,Penance,Orders,Matrimony,andExtremeUnction,arenot tobecountedforSacramentsof theGospel,beingsuchashavegrownpartlyofthecorruptfollowingoftheApostles,partlyarestatesoflifeallowedintheScriptures;butyethavenotthelikenatureofSacramentswithBaptismandtheLord’sSupper,forthat they have not any visible sign or ceremony ordained ofGod.»« La Confirmation, la Pénitence, les Ordres, le Mariage etl’Extrême onction ne doivent pas être considérés comme desSacrementsdel’Évangile…»787. «À ce vice de forme se lie ledéfaut d’intention : or laformeetl’intentionsontégalementnécessairesàl’existencedusacrement. La pensée ou l’intention, en tant qu’elle est unechose intérieure, ne tombe pas sous le jugement de l’Église;mais celle-ci doit en juger la manifestation extérieure. Ainsi,quelqu’un qui, dans la confection ou la collation d’un

sacrement,emploiesérieusementetsuivantlerite,lamatièreetla forme requises, est censé, par le fait-même, avoir eul’intentiondefairecequefaitl’Église.C’estsurceprincipeques’appuie la doctrine selon laquelle est valide tout sacrementconféréparunhérétiqueouunhommenonbaptisé,pourvuqu’ilsoitconféréselon le ritecatholique.Aucontraire, si le riteestmodifiédans ledesseinmanifested’en introduireunautrenonadmisparl’Égliseetderejeterceluidontellesesertetqui,parl’institution du Christ, est attaché à la nature même dusacrement, alors, évidemment, non seulement l’intentionnécessaireausacrementfaitdéfaut,maisilyalàuneintentioncontraire et opposée au sacrement. » (Léon XIII, LettreapostoliqueApostolicæcuræ)Onpeutajouterquelaprincipale«manifestationextérieure»dece défaut d’intention n’est pas tant la modification du rited’ordinationquel’article25delaprofessiondefoianglicane.788. «L’ordinariat est composé des fidèles laïcs, des clercs etdesmembres d’instituts de vie consacrée et de sociétés de vieapostolique, qui appartenaient à l’origine à la Communionanglicane et qui sont désormais en pleine communion avecl’Églisecatholique.»(AnglicanorumCœtibus,I,§4)789.«Sansexclure les célébrationsde la liturgie selon le riteromain, l’ordinariat a la facultéde célébrer l’Eucharistie et lesautres sacrements, la liturgie des heures et les autrescélébrations liturgiquesselon les livres liturgiquespropresà latraditionanglicanequiaurontétéapprouvésparleSaint-Siège,de manière à ce que soient maintenues au sein de l’Églisecatholiquelestraditionsliturgiques,spirituellesetpastoralesdelaCommunionanglicane,commeundonprécieuxquinourritlafoidesmembresdel’ordinariatetcommeuntrésoràpartager.»(AnglicanorumCœtibus,III)

légitime des tria munera) de la détermination canoniqueconférée par l’Église et/ou le pape (qui est ladélimitation dudomaineoùcetexerciceestlégitime).AvecVatican II, on verra que les trois pouvoirs sont reçus del’ordination,etdoncduChrist…maisonsedemanderacequele papepeut conférer aux évêques : oubien ledroit d’exercerleur pouvoir, ou bien le domaine où ils ont le droit del’exercer…leurdroitétantdoublementlimité:enextensionparle domaine des autres évêques et en compréhension par lespleinspouvoirsdusuccesseurdePierre.835.G.Vasquez,JB.Gonet,H.Tournély.Àl’époquemoderne,P.Gasparri.(cf.Ott,p.412-413,notes1&3)836. André de la Mère de Dieu, HR. Drouin, JL. Berti, CR.Billuart.Àl’époquemoderne,C.Pesch,L.Atzberger,N.Gihr,J.Pohle-J.Gummersbach,L.Eisenhofer.(Ott,LeSacrementdel’ordre,p.413,notes2&3)837. On retrouve ici la confusion entre prêtrise et sacerdoce,dansletextedePieXII,commechezceuxqu’ilréfute.Ilestvraiquelesacerdoce,telquelecomprendleNouveauTestament,estcommun aux baptisés, mais cela n’implique pas qu’ilsparticipentàlaprêtrisedesministresordonnés.Leprêtren’estpasun«déléguéde la communauté»,maisun successeurdesApôtres : condition nécessaire pour être ministre del’Eucharistie.Latraditiondel’Égliseestunanimesurcepoint.838.Leprêtreest le seulministredu ritedeconsécration.Onpeut se demander, cependant, si cette consécration doit êtredéfiniecommeune«immolationnonsanglante».Immolerunevictime est une chose, être le ministre du rite qui signifie (etgarantit)quecettevictimeserendprésenteestuneautrechose.Noter que, dans l’Ancien Testament, l’immolation étaitnormalement faite par les fidèles. Les sacerdotes offraient le

sacrifice en ce sens qu’ils versaient le sang sur l’autel etbrûlaient les parties réservées à Dieu. Un sacrifice consistaitmoinsdans l’immolationquedans l’offrandede lavictimeparlessacerdotes.Sur la croix, le Christ ne s’est pas immolé; il a fait, une foispour toutes, l’offrande de sa vie. En présentant au Pèrel’Eucharistie, lepeuple sacerdotal (prêtreset fidèles) fait aussiune « oblation au sens restreint ». Il faut ajouter que, sil’Eucharistie est une réalité sacrificielle, c’est d’abord parcequ’elle est la communion de l’Église à l’unique sacrifice duChrist.839.L’Église,ayantlepouvoirdechangerlesritessacramentels,amodifiéautrefoislerited’ordination,enfaisantdelatraditiondes instrumentsun rite obligatoire.C’est envertude cemêmepouvoirqu’ellerétablitdésormaisleriteanciendel’impositiondesmains.840. Imposition d’une seule main (la main droite), à ladifférencedesordinationspresbytéraleetépiscopale.841. F. Hurth, Constitutio Apostolica de Sacris OrdinibusDiaconatus, Presbyteratus, Episcopatus. Textus etCommentarius cumappendice. (PerRMCL37, 1948, p.5-58 –cf.L.Ott,p.419,note9)842.«LamissiondivineconfiéeparleChristauxApôtresestdestinée à durer jusqu’à la fin des siècles (cf. Mt 28, 20)…C’est pourquoi lesApôtres prirent soin d’instituer, dans cettesociété hiérarchiquement ordonnée, des successeurs… Ilsinstituèrentdoncdeshommesdecegenre,etdisposèrentparlasuite qu’après leur mort d’autres hommes éprouvésrecueilleraient leur ministère…Ainsi selon le témoignage desaintIrénée,latraditionapostoliquesemanifesteetseconservedanslemondeentierparceuxquelesApôtresontfaitsévêques

etparleurssuccesseursjusqu’ànous.»(L.G.3,20–Dz.4144)843.Lesévêquesreconnaissent laprimautédupape…mais ilsnesontpaslesauxiliairesdupape…ilsgouvernent«aunomdeDieu»,etnonpasaunomdupape.Lesprêtres,parcontre,sontleurs auxiliaires : « Ainsi donc, les évêques ont reçu, pourl’exerceravecl’aidedesprêtresetdesdiacres,leministèredelacommunauté.IlsprésidentàlaplacedeDieu le troupeaudontilssontlespasteurs,parlemagistèredoctrinal,lesacerdoceducultesacré, leministèredugouvernement.»(L.G.3,20–Dz.4144)844.«C’estenvertudelaconsécrationsacramentelleetparlacommunionhiérarchiqueaveclechefducollègeetsesmembresquequelqu’unestfaitmembreducorpsépiscopal.Cependant,lecollègeoucorpsépiscopaln’ad’autoritéquesion l’entendcomme uni au Pontife romain, successeur de Pierre, comme àson chef et sans préjudice pour le pouvoir de ce primat quis’étendàtous,pasteursoufidèles.Eneffet,lePontiferomainasur l’Église, en vertu de sa charge de vicaire du Christ et depasteur de toute l’Église, un pouvoir plénier suprême etuniversel qu’il peut toujours exercer librement. L’ordre desévêquesquisuccèdeaucollègeapostoliquedanslemagistèreetlegouvernementpastoral,bienmieuxdanslequelseperpétuelecorpsapostolique,constitue,luiaussi,enunionaveclePontiferomain… le sujet d’un pouvoir suprême et plénier sur toutel’Église,pouvoirquinepeuts’exercerqu’avecleconsentementduPontiferomain.»(L.G.3,22–Dz.4146)845.L’histoire anciennemontreque les concilesœcuméniquesn’ontpastoujoursétéconvoquésparlepape…Dumoinsfaut-ilqu’ils soient reconnus par lui : « Il n’y a point de concileœcuménique s’il n’est comme tel confirmé ou tout au moinsaccepté par le successeur de Pierre : au Pontife romain

tradition et de l’Écriture. Mais l’Église, avec l’assistance del’Esprit, a toujours su, à plus oumoins long terme, revenir aumessage du Christ. Les vérités de foi qu’elle a ainsi définiesconstituentungarde-fouquiévitederetomberdansdeserreurspassées,etquimanqueàbeaucoupd’Églisesséparées.894. La tradition est l’ensemble de ce que l’Église a reçu duChrist, et qu’elle transmet avec l’assistance de l’Esprit Saint.L’Écritureestla«traditionécrite»,lamiseparécritinitialedeceque l’ÉgliseareçuduChrist.La traditiondite«orale»esttoutcequel’Égliseatransmisendehorsdel’Écriture,laplupartde ces vérités ou de ces pratiques ecclésiales étant égalementprésentesouayantleurfondementdansl’Écriture.895. Dans ce Pontifical, l’évêque qui préside l’ordinations’interromptaumilieudelapréface:« Ici qu’il impose le chrême sur sa tête en forme de croix, etqu’il dise : Que ta tête soit ointe et consacrée par labénédictioncéleste,pourl’ordrepontifical,aunomduPère,etduFilsetdel’EspritSaint.Amen.»Après lapréface a lieu l’onctiondesmains : «Que cesmainssoient ointes de l’huile sainte et du chrême de sanctification.De même que Samuel a oint David roi et prophète, qu’ainsiellessoientointesetconsacrées,aunomduPèreetduFilsetdel’EspritSaint,pourfairelesignedelasaintecroixdenotresauveurJésusChrist,quinousarachetésdelamortetnousaconduits dans le règne des Cieux. » (Vogel et Elze, LePontifical romano-germaniquedudixième siècle, vol.I, p.218-220).CesformulesseretrouventdanslesOrdinesromanidelafinduXesiècle.896.LeMessie (Ìøy‹imâMashiah) ou leChrist (xristoéÒ) est«celuiquiareçul’onction»: le«consacré».Lemotpouvaitdésigner le grand sacerdote, mais il désignait normalement le

roi.JésusnedonnepastortàceuxquilereconnaissentcommeleMessie…maislesSynoptiquesmontrentqu’ilévitecetermeporteur d’espérances nationalistes. C’est le « secretmessianique ». Face aux Juifs qui le provoquent au sujet del’impôt auxRomains, il ose dire, au risque de passer pour uncollaborateur de l’occupant, que cet impôt n’est pasincompatibleavecleservicedeDieu.Enprenantuntelrisque,ilmontreàquelpoint il veut éviter toute interprétationpolitiquedesonmessagedesalut.897. « Étant donc réunis, ils l’interrogeaient ainsi : Seigneur,est-ce maintenant le temps où tu vas restaurer la royauté enIsraël?» (Actes1,6).Jésusnerépondpas.Onpeutsupposerquec’est l’Esprit de laPentecôtequiouvrira leur intelligence.« Il leur dit : Vous n’avez pas à connaître les temps et lesmoments que le Père a fixés de sa propre autorité;mais vousallez recevoir une puissance, celle du Saint Esprit qui viendrasurvous;vousserezalorsmestémoinsàJérusalem,danstoutelaJudéeetlaSamarie,etjusqu’auxextrémitésdelaterre.»(Actes1,7-8)898. Dans l’Ancien Testament, l’Oint ou le Messie estnormalement le roi…mais, commeAaron (Ex. 29,7), le grandsacerdoteest«lesacerdoteconsacréparl’onction»(Lév.4,3-5–6,22– 16,32). «Le grand sacerdote, celui qui a la primautéparmi ses frères, celui sur la tête duquel a été versée l’huiled’onction.»(Lév.21,10).Lesointssontaussilesfilsd’Israël:« Ne touchez pas à mes oints, ne faites pas de mal à mesprophètes.»(I.Chr.16,22),maisici,lelangageestallégorique:ilexprimel’électiondupeupledeDieu.899.«OnluidonnalelivreduprophèteIsaïe,etenledéroulantiltrouvalepassageoùilétaitécrit:«L’EspritduSeigneurestsur moi parce qu’il m’a conféré l’onction pour annoncer la

BonneNouvelle auxpauvres…» (Is. 61,1) Il roula le livre, lerendit au servant et s’assit; tous dans la synagogue avaient lesyeuxfixéssurlui.Alorsilcommençaàleurdire:Aujourd’hui,cette Écriture est accomplie pour vous qui l’entendez. » (Luc4,18-21)Jésus, qui n’avait reçu aucune onction corporelle et évitait letitre royal de Messie (Oint ou Consacré par l’onction),revendique pour lui-même une onction « prophétique »semblable à celle d’Isaïe, qui n’était pas une onction d’huile,maisuneonctiondivineetundondel’Espritenvued’annoncerlaBonneNouvelle.900. Dans le livre de Daniel, le « fils d’homme » est unereprésentationallégoriqued’Israël,héritierdurègnedeDieu.Lemessie,enIsraël,n’étantautrequeleroi,le«filsd’homme»estmessie, puisqu’il hérite d’un règne éternel et universel (Dan.7,14), et qu’il le reçoit de Dieu : il représente Israël, peuplemessianique.En s’identifiant à ce personnage, Jésus fait une«réinterprétation»dulivredeDaniel,quiluipermetd’exprimeret de révéler le caractère non temporel de son messianisme…sonrègneétantlerègnedeDieu.JésusestleMessie,maissonmessianismeousonrègneestdivinetéternel,surlemodèledeceluidu«Filsd’homme»dulivredeDaniel.901. Les remarques relatives à Is. 61,1 s’appliquent à laConfirmation.Laliturgiedel’Égliseachoisidesymboliserparuneonctiond’huilecetteonctiondel’EspritqueJésus,commeIsaïe, opposait aux onctions d’huile ! Pourquoi pas ?… Lelangage des symboles peut varier sans que la foi et lesmœurssoientencause!Cependant,cetteréformeinspiréedelaliturgieorientale n’est pas un retour aux sources… et une réforme àvenirpourraitaussibienfairedel’onctionunritesecondaire,et

prendreenchargeleurclientèle.Onsupposera,cependant,qu’ildoit veiller à ce que chaque médecin exerce son pouvoir deguérir :unpouvoirque lesmédecins locauxn’ontpas reçudumédecin-chef,maisdel’opérationmentionnéeplushaut.1) Le médecin-chef a eu la même opération que les autresmédecins… et il en a reçu les mêmes pouvoirs. La différencetientàsonélectionquinelimiteplussondroitd’interventionàundomainedéterminé…àpartirdesonélection,iln’existeplusdedomaineréservéoùsoninterventionseraitillégitime.1)Lepapeaeulamêmeordinationquelesautresévêques…etilenareçulestroismêmespouvoirs.Ladifférencetientàsonélection qui ne limite plus son droit d’intervention à undomaineparticulier…àpartirdesonélection,iln’existeplusde domaine réservé où son intervention serait illégitime. Ilintervient partout de plein droit. Rien ne limite son pouvoirépiscopal.2)Cependant, lemédecin-chef ne peut pas soigner plus de 20maladespar jour : ilnepeutpassepasserdudondeguérisondesmédecins locaux…samissionestde s’assurerquechaquemédecinexerce,chezlui,ledonreçudesonopération…Ilest,de droit, lemédecin de tous…mais il n’est lemédecin attitréquedesonquartier…iln’estpas lemédecinattitrédesautresquartiersoudesautresvillages.2)Cependant,lepapenepeutpasmettresesdonsauservicedetous les fidèles : il ne peut pas se passer du charisme desévêques locaux… sa mission est de s’assurer que chaqueévêque exerce, chez lui, les dons reçus de son ordination… Ilest,dedroit,l’évêquedetous…maisiln’estl’évêquepropreouattitré que de son diocèse… il n’est pas l’évêque en titre deCologne,nideBreslau.934.LéonleGrand,LettreàEudoxie(Mansi,52,698).

935. Si l’on suppose, avec l’Ambrosiaster et Jérôme quel’évêquen’apasuneautreordinationqueleprêtre,l’originedesonpouvoirépiscopaln’estpassacramentellemaisecclésiale.936.«Lesfidèlesnesont-ilssoumisàleursévêquesqueparceque le pape les place sous leur autorité ? Une réponseaffirmative n’est pas sans soulever de graves difficultés…l’histoire de l’Église, pendant de très longs siècles, ne permetaucunement de penser à une intervention du pape; pendantdouzesièclesenviron,celui-cin’eutaucunepartdansl’électionet l’installation des nouveaux évêques. » (J. Lécuyer,Orientations présentes de la théologie de l’épiscopat, dansL’épiscopatetl’Égliseuniverselle,1962,p.807)937. « On ne peut concevoir l’Église universelle comme lasomme des Églises particulières ou comme une fédérationd’Églisesparticulières.»(Jean-PaulII,Apostolossuos,12)938. L’Église de Jérusalem était à la fois « particulière » et«universelle».(Jean-PaulII–DC,82,743–1985).B.SesboüéestimequelaLettredelacongrégationpourladoctrinedelafoi du 28 mai 1992 tente d’appliquer ce modèle à l’Égliseromaine. (Le ministère des évêques au concile Vatican II etdepuis,p.127)939.«C’est, eneffetpar la seuleÉglisecatholiqueduChrist,laquelleest lemoyengénéraldesalut,quepeuts’obtenir toutela plénitude des moyens de salut. Car c’est au seul collègeapostolique, dontPierre est le chef, que furent confiées, selonnotre foi, toutes les richesses de laNouvelleAlliance, afin deconstituersurlaterreunseulCorpsduChristauquelilfautquesoient pleinement incorporés tous ceux qui, d’une certainefaçon,appartiennentdéjàauPeupledeDieu.»(ConcileVaticanII,Décret sur l’œcuménisme, ch. 3).Onpeut direque l’Égliseest«catholique»parcequ’elleestpleinement«apostolique»:

le collège des évêques, avec le successeur de Pierre, ayanttransmistoutl’héritagereçuduChrist.940.LesChrétiensdeSmyrne,vers160,fontlerécitdumartyrede leur évêque « Polycarpe qui fut… l’évêque de l’ÉglisecatholiquedeSmyrne»(XVI,2–S.Chr.10,p.231).Ilvadesoique l’ « Église catholique de Smyrne » n’est pas l’Égliseuniverselle,maisplutôt lavéritableÉglise, paroppositionauxcommunautés séparées. Selon G. Bardy (La théologie del’ÉglisedesaintClémentdeRomeàsaint Irénée,p.65-67), ilfaut comprendre ici Église catholique par opposition auxcommunautés hérétiques. Selon P.Galtier (« Ab his qui suntundique»,Rev.Hist.Eccl.44,p.417-418),letermeapassé,dèsavantsaintIrénéedusensgéographiqueausensdogmatique(cf.Harnack,MissionundAusbreitung,I,3,p.422-423).On retiendra que, dans ce passage, le sens géographique n’estpas premier. Il ne l’est sans doute pas non plus dans lesallusions précédentes aux : « communautés de l’Églisecatholiquequiséjournententoutlieu»(S.Chr.10,p.211)età« l’Église catholique répandue par toute la Terre » (VIII,1 –S.Chr.10,p.211).La formule veut dire que l’Église catholique est partoutprésente, et non pas que « catholique » signifie « partoutprésent».Si«catholique»signifiaitsimplement«universel»,cesdeuxformulesseraientredondantes.Cependant,comprendre« catholique » en un sens purement dogmatique seraitprobablement réducteur. Il faut le comprendre d’une Église àlaquelle rien ne manque : un évêque et une communauté surlaquelleilexercelestriamunera,encommunionaveclecollègeetsonchef.941.Direquel’ÉgliseuniverselleestprésenteenchaqueÉglise,c’estdirequ’unensembleestcontenudansseséléments:cequi,

d’autant que nombre de théologiens anciens ont contesté lasacramentalitédudiaconat.Unetellehypothèseestévidemmentcontraireàtoutelatraditionde l’Église… et pourtant, s’il fallait accepter les argumentsprécédents,elleexpliqueraitledroitdonnéautrefoisauxdiacresderéconcilierparun«pouvoirradical»quiserait«lié»depuisleXIIIesiècle!976.C’estpourtantunethéoriequiaétésoutenue,mêmeaprèsleconcileVaticanII,parJeanGalot :«Il resteàsupposerqueces bulles impliquent un pouvoir d’ordonner radicalementprésentdansleprêtre,pouvoirquiestnormalementliéetquinepeut être exercé validement qu’en vertu d’une concessionjuridictionnelle de l’autorité » (Teologia del Sacerdozio,Florence,1981,p.201).JosephLécuyer,poursapart,pensequecettethéories’appliqueau pouvoir de réconcilier : « Bien que tout prêtre ait reçu lepouvoirradicald’absoudredespéchésdanssonordination,ilnepeut l’exercer que s’il a unematière sur laquelle s’exerce cepouvoir… Or cette matière apte à recevoir l’absolution estdonnéeauprêtrepar l’évêque lorsqu’il luidonne juridiction »(LeSacrementdel’ordination,p.245).Une telle « juridiction », conférant un pouvoir de réconciliervalidement, n’aurait évidemment rien à voir avec la juridictionactuellement reconnue aux évêques, qui les habilite à exercerlicitement, sur un certain domaine, les pouvoirs sacramentelsqu’ilstiennentdeleurordination.977. Pour mettre fin aux mariages clandestins le concile deTrente décide qu’à l’avenir de tels mariages seront, nonseulement illicites,mais invalides.Ceux qui n’accepteront pasd’échanger leurs consentements en présence de leur curé (oud’un autre prêtre désigné par le curé ou l’évêque) et de deux

témoins, seront inaptes à semarier et le contrat sera nul (Dz.1816).978. Par le Sacrement de l’ordre et la mission canonique, lesprêtres reçoiventune«participationauministèreépiscopal. »(Presbyterorumordinis,II,7)Canon519:«Lecuréestlepasteurpropredelaparoissequiluiestremiseenexerçantsousl’autoritédel’évêquediocésaindontilaétéappeléàpartagerleministèreduChrist,lachargepastoraledelacommunautéquiluiestconfiée,afind’accomplirpourcettecommunautélesfonctionsd’enseigner,desanctifieretdegouverneraveclacollaboration(cooperantibus)éventuelled’autresprêtresoudediacres, et avec l’aide apportée (operamconferentibus)pardeslaïcs,selonledroit.»979.Lecanon1009précisequelediaconatestuneordination,et le canon 1008, que cette ordination est sacramentelle etconfère un caractère. Il précise également que les différentsministres ordonnés sont consacrés « pour être pasteurs dupeupledeDieu,chacunselonsondegré»etaccomplissent lestriamuneraaunomduChrist.980. PieXII (Mystici corporis, 1943) suppose que le pouvoirépiscopaldegouvernervientduChristd’unefaçonmédiate,etdupaped’unefaçonimmédiate.Cettehypothèseaétéinfirméepar le concile Vatican II, mais elle semble s’appliquer auxprêtresqui reçoiventcepouvoird’unefaçon immédiatede leurévêque.981.Laformule« toutprêtre» inclutévidemment lesévêques,parcequ’ilsdétiennent touslespouvoirssacramentels,etparceque les«presbytres»mentionnéspar la lettredeJacquessontdesévêques.982. Si un évêque donne la Réconciliation en dehors de sondiocèse,malgrélerefusdel’ordinairedulieu,leSacrementest

illicite,maisiln’estpasinvalide(Canon967).983.«Pourquel’absolutiondespéchéssoitvalide,ilestrequisque le ministre, en plus du pouvoir d’ordre, ait la faculté del’exercer[cepouvoird’ordre]àl’égarddesfidèlesàquiildonnel’absolution.»(Canon966)984. Peut-on supposer que les prêtres reçoivent le pouvoir dedonner l’Onction en vertu d’une faculté semblable à celle quileurestconcédéeparl’Églisepourréconcilier?Ondevraitalorssupposer que cette faculté, à la différence de la faculté deréconcilier, leur est concédée sans restriction. Mais une telleconcession serait sans autre exemple. Dans ce cas, on devraitadmettre qu’il fut un temps où les évêques, d’une façon oud’uneautre,ontdéléguéauxprêtrescepouvoirsacramentel.Onsaitdéjàpeudechosedel’histoireduSacrementdel’Onction,maisunetelledélégationn’alaisséaucunetrace.985. J-C. Pompanon, Le Baptême, la Confirmation, uneintroductionauxSacrements.986.Commeonleverradansuneétudeàparaître,leSacrementdemariageaconnudemultiplesvariantes,maisilatoujoursétél’engagementmutueldedeuxbaptisés.Lecontrataétémodifié,enparticulierparleconciledeTrente,maisilatoujoursétéuncontratmatrimonialindissolubleenvued’avoirdesenfantsetdeleséduquer.987. PourAthanase, la chose ne fait aucun doute : Colluthosn’étant pas évêque, les ordinations qu’il prétendait fairen’étaient pas des ordinations : « Colluthos n’était que prêtrequand il est mort, et donc sa main n’a jamais eu aucunpouvoir », et Ischyras qu’il a ordonné n’est pas prêtre etl’Eucharistie qu’il prétend célébrer n’est pas une Eucharistie(ApologieII,Contrelesariens,11-12—P.G.25,265).988.L’ÉglisenereconnaissantpaslesBaptêmesdonnésparles

1-Jésusest-illeGrand-PrêtredelaNouvelleAlliance?

2-LadimensionecclésialedesSacrements

3-Lerited’ordination

4-Surleritedel’onction

5-Leriteessentiel

6-L’ordredansl’organismesacramentel

7-Lestroisdegrésd’unSacrementunique

8-Juridictionetmunusregendi

9-Lajuridictionetl’exercicedestriamunera

10-LedroitépiscopalestreçudeDieu

11-Lajuridiction,droitdivindélimitéparl’Église

12-Lepouvoirépiscopaldupape

13-L’évêqueuniverseln’estpasl’évêquedeCologne

14-C’estl’Églisequidélimitelajuridiction

15-Lecollège,principesacramenteldel’unité

16-Latitulaturedesévêques

17-L’exercicedelacollégialité

18-L’habilitationàrecevoirdélégation

19-Lecaractèreetlespouvoirssacramentels

20-Lepouvoirpastoraldesprêtres

21-Lesprêtres,ministresdel’Onction

22-Lesdiacres,ministresdel’Onction?

23-Leministre:signesacramentelnécessaire

24-Lasituationecclésiale:signenécessaire

25-Lecaractère

26-Caractèrescomparés

27-Lecaractèrecommeréalitésociale

28-L’ordination,rited’investiture

29-Lasuccessionapostoliqueetlecaractère

30-L’institutiondusigneecclésial

31-Lepouvoird’êtreministre

32-Lerite,principedelasituationecclésiale

33-L’Égliseetlescaractèressacramentels

34-Ritessubordonnés

35-Sacerdosinæternum

36-Lepouvoirecclésialest-ildedroitdivin?

37-L’ordination:devenirontologique

38-Charismesfonctionnelsetgrâcesanctifiante

39-Lagrâceetlecaractèredel’ordre

40-Ministresdelaplénitudeecclésiale

41-LagrâceduSacrementdel’ordre

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