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xxx 3:HIKLKJ=XUYUU\:?m@i@c@m@a; M 01093 - 2822 - F: 4,00 E 4 s N° 2822 65 e année Du 4 au 31 août 2011 Paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois www.actionfrancaise.net LE R LE R OI, OI, POUR POUR Q Q UOI P UOI P AS ? NUMÉR AS ? NUMÉR O SPÉCIAL O SPÉCIAL A A OÛT 2011 OÛT 2011 2000 L'ESSENTIEL ÉCONOMIE L'or bat des records : inaltérable métal jaune . . . . . . . . p. 2 POLITIQUE Borloo & Cie : la farce centrifuge . . . . . . . . . . . . p. 4 SOCIÉTÉ Décolonisation et immigration : intégrer dans une Europe atomisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 5 Les vacances, une affaire d'État . . . . . . . . . . . . . p. 6 MONDE Luxembourg : une monarchie en danger . . . . . p. 7 Belgique : le roi a parlé . . . . . . . p. 7 Norvège : les larmes du roi . . . p. 8 Restaurer les monarchies en Orient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 8 Le désenchantement arabe . . . . p. 9 ARTS & LETTRES Islande : un polar identitaire ? . . . . . . . . p. 10 Des livres pour ne pas bronzer idiot . . . . . . . . . . p. 11 HISTOIRE La monarchie iranienne, un cas d'école . . . . . . . . . . . . . . p. 12 Jacques Bainville, un cosmopolite français . . . . . p. 16 IDÉES Souverainisme et monarchie . . p. 13 POUR UN JEUNE FRANÇAIS Le 14 juillet 1790, une fête royale ! . . . . . . . . . . . . p. 14 Charles Maurras et le nationalisme intégral . . . . p. 14 « « T OUT CE Q OUT CE Q UI EST N UI EST NA TION TION AL EST NÔTRE » AL EST NÔTRE » L’ACTION FRANÇAISE Parade pour une infante IL EXISTE des espaces vraiment oubliés, où pourtant se joua le sort du monde. Ainsi, l'île des Faisans, sur la Bidassoa, près d'Hendaye, n'est pas, je vous le concède, une destination en mesure de rivaliser avec la côte basque toute proche. Je lui rends le plus mauvais ser- vice en évoquant la vase à marée basse, quelques miasmes putrides et des rats de rivière qui l'environnent. Une personne un peu "espritée" balayera ces mesquines considérations. Si vous pas- sez entre France et Espagne ce mois d'août, arrêtez-vous sur le pont interna- tional qui vous mène à Fontarrabie. Là, sur votre droite, il existe encore un îlot de 2 000 m 2 , au milieu du petit fleuve de la Bidassoa. Ce dépôt d'alluvions aurait sans doute disparu si on n'avait pas pris la précaution de l'entourer de palissades de bois et de pierre. Car ce fut là que s'échangèrent en 1615 Élisabeth de France, future épouse de Philippe IV d'Es- pagne, et Anne d'Autriche, promise à Louis XIII. Car ce fut là en 1659 que Ma- zarin et Don Luis de Haro négocièrent la paix des Pyrénées. On parlera alors de l'île de la Conférence ou d'Isola della Pace alors que les Basques, eux, la désignaient comme la Grande Île, Insura Haundia. Un an plus tard, Louis XIV y rencontra Marie- Thérèse avant que de l'épouser à Saint- Jean de Luz, scellant à nouveau symboli- quement, sur cette île, l'amitié franco-es- pagnole. À chaque événement, deux ponts de bateaux étaient dressés sur chaque rive. L'île disparaissait sous les décorations, peintures, tapisseries éphé- mères et qui ornaient la tente centrale. Aussi, pour la paix des Pyrénées, c'est Vé- lasquez qui s'en chargea. En 1861, on y dressa un monument commémoratif. C'est à présent le plus petit condominium du monde, géré six mois par la France, six mois par l'Espagne. Deux vice-rois, tou- jours anciens officiers de marine, com- mandent par alternance ce bout de terre - Pierre Loti fut l'un de ces vices-rois. Vous conviendrez donc de la nécessité de s'at- tarder devant l'île des Faisans que tout le monde ignore aujourd'hui. Marc Savina La monarchie, une nécessité Prochain numéro le jeudi 1 er septembre

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Page 1: LE ROI, POURQUOI PAS ? NUMÉRO SPÉCIAL AOÛT 2011 xxx L ...€¦ · xxx 3:HIKLKJ=XUYUU\:?m@i@c@m@a; M 01093 - 2822 - F: 4,00 E 4 s N°2822 65e année Du 4 au 31 août 2011 Paraît

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4 s y N° 2822 y 65e année y Du 4 au 31 août 2011 y Paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois y www.actionfrancaise.net

LE RLE ROI,OI, POURPOURQQUOI PUOI PAS ? NUMÉRAS ? NUMÉRO SPÉCIAL O SPÉCIAL AAOÛT 2011OÛT 2011

2 0 0 0

L'ESSENTIEL

3 ÉCONOMIE

L'or bat des records : inaltérable métal jaune . . . . . . . . p. 2

3 POLITIQUE

Borloo & Cie : la farce centrifuge . . . . . . . . . . . . p. 4

3 SOCIÉTÉ

Décolonisation et immigration :intégrer dans une Europe atomisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 5

Les vacances, une affaire d'État . . . . . . . . . . . . . p. 6

3 MONDE

Luxembourg : une monarchie en danger . . . . . p. 7

Belgique : le roi a parlé . . . . . . . p. 7

Norvège : les larmes du roi . . . p. 8

Restaurer les monarchies en Orient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 8

Le désenchantement arabe . . . . p. 9

3 ARTS & LETTRES

Islande : un polar identitaire ? . . . . . . . . p. 10

Des livres pour ne pas bronzer idiot . . . . . . . . . . p. 11

3 HISTOIRE

La monarchie iranienne, un cas d'école . . . . . . . . . . . . . . p. 12

Jacques Bainville, un cosmopolite français . . . . . p. 16

3 IDÉES

Souverainisme et monarchie . . p. 13

3 POUR UN JEUNE FRANÇAIS

Le 14 juillet 1790, une fête royale ! . . . . . . . . . . . . p. 14

Charles Maurras et le nationalisme intégral . . . . p. 14

« « TT O U T C E QO U T C E Q U I E S T NU I E S T N AA T I O NT I O N A L E S T N Ô T R E »A L E S T N Ô T R E »

L’ACTION FRANÇAISE

Parade pour une infanteIL EXISTE des espaces vraiment oubliés,où pourtant se joua le sort du monde.Ainsi, l'île des Faisans, sur la Bidassoa,près d'Hendaye, n'est pas, je vous leconcède, une destination en mesure derivaliser avec la côte basque touteproche. Je lui rends le plus mauvais ser-vice en évoquant la vase à marée basse,quelques miasmes putrides et des rats derivière qui l'environnent. Une personne un peu "espritée" balayeraces mesquines considérations. Si vous pas-sez entre France et Espagne ce moisd'août, arrêtez-vous sur le pont interna-

tional qui vous mène à Fontarrabie. Là,sur votre droite, il existe encore un îlotde 2 000 m2, au milieu du petit fleuve dela Bidassoa. Ce dépôt d'alluvions auraitsans doute disparu si on n'avait pas pris laprécaution de l'entourer de palissades debois et de pierre. Car ce fut là ques'échangèrent en 1615 Élisabeth deFrance, future épouse de Philippe IV d'Es-pagne, et Anne d'Autriche, promise àLouis XIII. Car ce fut là en 1659 que Ma-zarin et Don Luis de Haro négocièrent lapaix des Pyrénées. On parlera alors del'île de la Conférence ou d'Isola della Pacealors que les Basques, eux, la désignaientcomme la Grande Île, Insura Haundia. Unan plus tard, Louis XIV y rencontra Marie-Thérèse avant que de l'épouser à Saint-Jean de Luz, scellant à nouveau symboli-

quement, sur cette île, l'amitié franco-es-pagnole. À chaque événement, deuxponts de bateaux étaient dressés surchaque rive. L'île disparaissait sous lesdécorations, peintures, tapisseries éphé-mères et qui ornaient la tente centrale.Aussi, pour la paix des Pyrénées, c'est Vé-lasquez qui s'en chargea. En 1861, on ydressa un monument commémoratif. C'est à présent le plus petit condominiumdu monde, géré six mois par la France, sixmois par l'Espagne. Deux vice-rois, tou-jours anciens officiers de marine, com-mandent par alternance ce bout de terre -Pierre Loti fut l'un de ces vices-rois. Vousconviendrez donc de la nécessité de s'at-tarder devant l'île des Faisans que tout lemonde ignore aujourd'hui. q

Marc Savina

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une nécessitéProchain numéro

le jeudi

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z 2 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2822 – Du 4 au 31 août 2011

Économie

Directeur de 1965 à 2007 : Pierre Pujo (?)

Directeur de la publication : M.G. Pujo

Rédacteur en chef : Michel Fromentoux

Rédacteur graphiste : Grégoire Dubost

Politique : François Marcilhac (éditorialiste),

Guillaume Chatizel, Jean-Philippe Chauvin,

Aristide Leucate, , Marc Savina

Société : Stéphane Blanchonnet,

Jean-Pierre Dickès, Michel Fromentoux,

Stéphane Piolenc

Économie & Social : Guy C. Menusier

Europe : Charles-Henri Brignac,

Grégoire Dubost, Guy C. Menusier

Monde : Philippe Maine, Pascal Nari

Arts & Lettres : Anne Bernet, Monique

Beaumont, Charles-Henri Brignac,

Louis Montarnal, Alain Waelkens

Histoire : Michel Fromentoux,

Yves Lenormand, René Pillorget,

Frédéric Winkler

Chroniques : Jean-Baptiste Morvan

Idées : Stéphane Blanchonnet,

Dimitri Julien, François Marcilhac

Abonnements, publicité, promotion : Monique Lainé

10 rue Croix-des-Petit10 rue Croix-des-Petits-Champs-Champs s

75001 Paris75001 Paris

Tél. : 01 40 39 92 06 - Fax : 01 40 26 31 63

wwwwww.actionfrancaise.net.actionfrancaise.net

[email protected]

[email protected]

[email protected]

ISSN 1166-3286

L’ACTION FRANÇAISE 2000

Il y aura bientôt quarante ans,le président Richard Nixon met-tait fin à la parité dollar-or con-

venue en 1944 à Bretton-Woods,localité du New Hampshire. Dumême coup étaient pratiquemententerrés les accords éponymescensés établir un ordre monétaireinternational, même si l'illusiond'une possible restauration du sys-tème dura jusqu'en 1976. L'his-toire ne se répète pas. Il n'em-pêche, les difficultés budgétairesde l'administration Obama dé-coulent pour partie d'une gestiondésinvolte du billet vert. Pendantce temps, l'or prend sa revanche.

Le coup de Nixon

La décision de Richard Nixon, le15 août 1971, résultait d'une si-tuation devenue intenable pourles États-Unis depuis une dizained'années quand, pour soutenir laparité prévue initialement de35 dollars pour une once, il avaitfallu créer le London Gold Poolrassemblant huit nat ions :Royaume-Uni, France, États-Unis,Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas et Suisse. L'objectif de ce poolétait d'intervenir sur le marchépar des ventes ou des achats d'orafin de maintenir la parité du dol-lar par rapport au métal jaune.Le système rencontra ses limiteslorsque la Suisse puis la Franceréclamèrent aux États-Unis l'orcorrespondant aux dollars accu-mulés ; l'administration Nixon ob-tempéra avant de "suspendre" uni-latéralement la convertibilité ordu dollar US.À partir de ce moment-là, lesÉtats-Unis purent créer de la mon-naie – et une monnaie de réfé-rence – à volonté. Devant cetteprofusion de dollars dont la va-leur est problématique, « la seuleparade pour une autre deviseconsiste à lier son sort à celui dudollar », note l'économiste et an-thropologue Paul Jorion, qui pré-

cise : « C'est ce qu'a fait la Chineavec le yuan. En réponse, les Amé-ricains se sont braqués sur la va-leur de celui-ci. »

Politiques de change

Depuis la rupture effective du liendollar-or, les pays peuvent en prin-cipe choisir toute politique dechange qu'ils souhaitent ; le choixva des changes purement flot-tants, le marché faisant la déci-sion, aux changes fixes (par rap-port à une devise ou un panier deplusieurs devises). C'est ce quecertains économistes appellent unsystème d'"anarchie limitée".À ce stade, le Fonds monétaireinternational trouve une nouvelleutilité. Fondé en 1945 en appli-cation des accords de Bretton-Woods, afin de régir le fonction-nement d'un système monétairepromis à l'impasse, le FMI assuredésormais la surveillance des po-

litiques de change et suit l'évo-lution des situations économiquesdes pays membres, et pas seule-ment des pays emprunteurs, aux-quels il soumet chaque année sesévaluations et recommandations.À quoi s'ajoute un rôle beaucoupplus connu qui consiste à gérerl'octroi de crédits aux pays en dif-ficulté, en y mettant évidemmentdes conditions qui peuvent par-fois paraître exorbitantes. Mani-festement, le système de sur-veillance du FMI ne fonctionnepas toujours de manière optimale.Pas plus que la Commission euro-péenne, l'organisme naguère di-rigé par Dominique Strauss-Kahnn'a vu venir la crise grecque ettoutes les autres qui s'en sont en-suivies. D 'où un manque deconfiance dans l'institutionnel etle repli des investisseurs, commedes épargnants lambda, sur desvaleurs réputées sûres, les ma-tières premières et singulièrement

l'or. Valeur refuge par excellenceen temps de crise, le métal jaunen'a d'ailleurs pas épuisé son po-tentiel haussier – du moins s'il fauten croire les analystes financiers.De fait, l'or a depuis longtempsdépassé les 35 dollars l'once fixésarbitrairement à Bretton-Woods.Valant 250 dollars l'once il y a en-core dix ans, il atteint aujourd'huiles 1 500 dollars. Au risque d'unebulle, que les spécialistes jugenttoutefois peu probable dans unavenir prévisible. En raison de ladétérioration de la situation bud-gétaire de la plupart des pays oc-cidentaux, à commencer par lesÉtats-Unis, et de l'assouplissementdes politiques monétaires, l'orsemble être (re)devenu la mon-naie ultime pouvant faire officed'assurance-risque, non seulementpour les particuliers mais aussipour les gouvernements.

Reconstitution des stocksAlors que, ces dernières décen-nies, les banques centrales occi-dentales avaient vendu une par-tie de leurs stocks d'or, un mou-vement inverse se dessine,accentué par les pays émergentsà forte croissance et qui, dans laconjoncture présente, découvrentles avantages du métal jaune.Après avoir jeté leur dévolu surles bons du Trésor américains, lespays émergents s'alarment desembarras washingtoniens et de ladévaluation de fait du dollar. Pourse prémunir contre les risques dechange, les banques centrales deces pays se sont mises à accroîtresensiblement leurs réserves d'or.Cela étant, rien n'est définitive-ment acquis. La hausse de l'or aété soutenue notamment par lebas niveau des taux d'intérêt.Quand la Fed états-unienne ré-orientera sa politique, à l'instarde la Banque centrale euro-péenne, le prix du métal précieuxdevrait se stabiliser. Lingots oumonnaie scripturale, les investis-seurs n'ont pas la tâche facile...Restent, outre les matières pre-mières classiques, les terres rares,mais 95 % des réserves de cesterres miraculeuses (pour les nou-velles technologies) sont détenuespar la Chine. Une chose est sûre,la richesse ne se calcule plus endollars. n

Guy C. Menusier

o OR ET DOLLAR

Inaltérable métal jauneQuarante ans après que la parité dollar-or eut volé en éclats, le billet vertdemeure une monnaie de référence, mais il se trouve dévalué de fait, confortant l'attractivité du métal jaune.

» NOUVEAU MCDO

Présent en France depuisbientôt trente ans, McDonal-d's se lance enfin dans la ba-guette. Dès la rentrée, sesrestaurants proposeront despetits déjeuners "a la fran-çaise", annonce Le Figaro.L'année prochaine, des sand-wichs devraient être ajoutéségalement à la carte hexago-nale. La chaîne de fast foodse devrait d'« ajusterconstamment les produitsvendus en fonction des cul-tures nationales », comme leremarquait la sociologueaméricaine Saskia Sassen dansun Atlas des mondialisations(coédition La Vie & LeMonde, 2010-2011). Nouvelleillustration des paradoxes ac-compagnant l'édification du"village global".

» PRIX CONTRÔLÉS

Signe des temps, les respon-sables politiques revendiquentune immixtion croissante dansle contrôle des prix. Ainsi Sé-golène Royal a-t-elle proposé« le blocage des prix de cin-quante produits de premièrenécessité ». Quoique moinsambitieuse, la majorité n'estpas en reste. Tandis que legouvernement prétend sur-veiller les répercussions à lapompe des fluctuations du ba-ril de pétrole, Christian Es-trosi a déposé une propositionde loi censée plafonner lesmarges des grands distribu-teurs – dont l'ampleur estd'ailleurs sujette à contro-verse. Reste à traduire enactes ces velléités dirigistes. «En réalité, cette mesure [….]est quasiment inapplicable,tant elle remettrait en causela concurrence et les négocia-tions entre distributeurs »,jugent, sans surprise, nosconfrères de La Tribune.

CRISE

Sur le front de l'euroUn nouveau répit vient d'être arraché aux marchés en faveur de la Grèce, mais la crise perdure.

LES CHEFS D'ÉTAT ou de gouvernement de lazone euro l'ont répété à l'issue du sommet du21 juillet : ils sont « résolus à faire tout cequi est nécessaire pour assurer la stabilitéfinancière de la zone euro ». Leur accords'inscrit, nous semble-t-il, dans la continuitédes précédents. En résumé : la France, l'Al-lemagne et leurs partenaires repassent à lacaisse. Mais, cette fois-ci, les prêts accordésà la Grèce le sont à des conditions plus fa-vorables. Aussi s'agit-il « d'un transfert de ri-chesses et d'une vraie solidarité entre contri-buables européens », selon Dominique Seux,le rédacteur en chef des Échos, à nos yeuxtrop enthousiaste.

Alors que les banques sont mises à contribu-tion, l'imminence d'un défaut partiel et tem-poraire de la Grèce n'est plus contestée, sanssusciter d'inquiétude. « La réduction des tauxd'intérêt et l'allongement des maturités dela dette offrent potentiellement à la Grècel'opportunité de retrouver la solvabilité, mal-gré les défis gigantesques auxquels elle estconfrontée », souligne David Riley, respon-sable de la notation des États chez Fitch, citépar La Tribune.

Verre à moitié plein...

Une décision du sommet porte sur le Fondseuropéen de stabilité financière (FESF), ha-bilité, notamment, à intervenir sur le marchésecondaire de la dette. Ce faisant, il se sub-stituera à la BCE dont la crédibilité – voire lasolvabilité – ont été fragilisés par ses rachatsde titres obligataires. De part et d'autre duRhin, on a présenté cette innovation sous unjour différent : « c'est un véritable Fonds mo-

nétaire européen que nous avons l'ambitionde construire », proclame le président de laRépublique ; de son côté, le chancelier alle-mand souligne que l'intervention du FESF re-querra le feu vert de la BCE ainsi que l'accordunanime des dix-sept États membres de lazone euro. À condition, bien sûr, que l'accordait été préalablement ratifié par chacune desparties... À cet effet, le gouvernement a d'oreset déjà convoqué une session extraordinairedu Parlement en septembre.Pour la Grèce, la priorité n'en demeure pasmoins de redresser sa compétitivité. Ses in-vestissements bénéficieront d'un assouplis-sement des règles d'octroi des fonds struc-turels européens. Pas de quoi bouleverser ladonne. D'où la tentation de dévaluer, quitteà sortir de l'union monétaire. Une opérationdélicate, puisqu'il faudrait convaincre toutun chacun d'échanger ses euros contre desdrachmes promis à une moindre valeur...Athènes parviendra-t-il à résoudre la qua-drature du cercle ? n G.D.

Les cours de l'or battent des records

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L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2822 – Du 4 au 31 août 2011 3 z

Éditorial

z NOTRE SOUSCRIPTION POUR L'AF

VOUS TROUVEREZ dans ce numéro spécialdu mois d'août, traditionnellement consacréà la monarchie, une série d'articles sur :3 les bienfaits de la monarchie en Bel-gique, en Norvège, au Maroc, l'importancede la fonction arbitrale du roi, garant del'unité de la nation,3 le regain d'intérêt pour les institutionsmonarchiques, un antidote des déstabilisa-tions actuelles au Proche-Orient,3 une réflexion nationaliste conduisant à lanécessité de la monarchie, l'institution laplus apte à servir le bien commun,3 le danger au Luxembourg d'une soi-disant "modernisation" des institutions

conduisant à la réduction du rôle du grand-duc régnant,3 le 14 juillet 1790, une fête royale,3 l'Iran, un cas d’école.En France :3 le ras-le-bol de la présidentielle permanente,3 la course à la présidentielle avec unepléthore de candidats du centre.

Voilà un numéro qui devrait intéresserbeaucoup de monde.Pour nous permettre de continuer notre ac-tion, aidez-nous en participant à la sous-cription : un billet pris sur vos dépenses de

vacances pour nous aider à faire connaîtrele journal et à diffuser nos idées serait lebienvenu. C'est à la portée de tous.Diffusez ce numéro autour de vous en nouscommandant des exemplaires (4 ex. 10 s,6 ex. 15 s, 10 ex. 25 s franco).

Merci d'avance.Marielle Pujo

3 Merci d'établir vos chèques à l'ordre deMme Geneviève Castelluccio et de les lui en-voyer à L'Action Française 2000, 10 rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris.

La monarchie, une chance face aux événements actuels

Liste n° 10Virements réguliers : Mlle AnniePau l , 15 ,24 ; M me du P le s s i s Argentré, 25.

« Soutien à l'AF de tout cœur »,Mlle Renée Raufast, 300 ; « Soutienà l'AF », Robert Thomas, 50 ; ventede livres d'occasion, 205 ; Jean-Pierre Lopez, 6 ; Mlle Mazartz, 4.Total de cette liste 605,24 sListes précédentes 5 445,48 s

Total 6 050,72 s

Préserver l'héritage, en attendant le roi

Alors que les juilletistes étaient condamnés de-puis trois semaines à grelotter sur les plagesentre deux averses, l'actualité internationale,

qui s'est imposée avec son lot de cadavres, est ve-nue leur rappeler que la trêve estivale est une in-vention journalistique. À l'heure où ces lignes, quidevront durer un mois, seront lues, tout ou presqueaura été dit sur un carnage commis par un détra-qué en Norvège et on sera certainement passé àautre chose. En revanche, on ne saurait trop dé-noncer son exploitation politicienne en France pardes media et des partis politiques également peuscrupuleux, car cette exploitation révèle une atti-tude de fond qui dépasse l'événement immédiatpour préfigurer une dérive dont le débat politiquepourrait faire les frais l'an prochain.

Nous avons été les premiers, sur le blog de l'AF 1, ànous interroger sur le risque que la double tuerienorvégienne pourrait faire courir à la liberté d'ex-pression en France à titre de dommage collatéral.Les media officiels, écrits et audiovisuels, se sontimmédiatement plu à dénoncer, dans un discours àusage national, la responsabilité d'une "extrêmedroite" européenne en pleine phase ascendante,qui demeure un ennemi d'autant plus aisé à dénon-cer qu'il est difficile d'en délimiter les contours. LeParti socialiste, dans le sillage du MRAP, a mêmedemandé la dissolution de la pâlotte Droite popu-laire, laquelle, de l'aveu même des députés qui lacomposent, ne constitue qu'une mouvance infor-melle interne à l'UMP, destinée à rafler des voix àla droite nationale tout en rentrant dans le rang aupremier coup de sifflet. Quant à la presse offi-cielle, qui, de Libération au Figaro en passantLe Monde, ou, pour les "niouzes", de Marianne àL'Express, en passant par Le Point ou Le NouvelObs, couvre le champ électoral de l'UMPS, elle aété unanime à présenter le tueur fou comme undangereux « extrémiste », c'est-à-dire comme lemilitant d'une cause politique. Les communistespsychiatrisaient l'opposition politique, les mediamilitants du mondialisme politisent la folie meur-trière : la démarche est la même, qui vise, dansune logique totalitaire, à discréditer toute opposi-tion au discours politiquement correct.

Assurément, certains intellectuels d'ordinairemieux inspirés (Laurent Ozon, Dominique Venner)ont accrédité, on veut le croire à l'insu de leurplein gré, cette lecture abusivement "politique" del'événement, alors même que l'immigration incon-

trôlée et le multiculturalisme ne sauraient être lescauses d'un acte de folie meurtrière qui a pourseule explication la logique aberrante du déséquili-bré lui-même. Prendre pour prétexte un fait objec-tif ne saurait transformer celui-ci en cause objec-tive ! Mais aucune faute de raisonnement de lapart de commentateurs pressés tombant dans lepiège de leurs adversaires ne saurait justifier ceuxqui, à droite comme à gauche, cherchent à hypo-théquer le débat national en transformant ledouble refus de l'immigration incontrôlée et dumulticulturalisme en autant d'idées tueuses. L'arse-nal juridique qui bride la liberté d'expression esten France déjà suffisamment impressionnant pourqu'on ne dénonce pas toute tentative, pour l'heureseulement médiatique, de présenter des optionspolitiques comme étant a priori criminelles. Or, àquelques mois de la présidentielle, c'est bien lepiège dans lequel le système politico-médiatiquevoudrait enfermer la dynamique nationale apparuelors des élections cantonales.

Le véritable enjeu de 2012

Car le véritable enjeu de 2012 ne se situera pasentre une droite et une gauche également euro-péistes et mondialistes, puisque leurs tenants (re-joints par des "identitaires" qui ne croient plus enla France) sont d'accord sur l'essentiel : l'efface-ment des nations au profit de logiques supranatio-nales. Il se jouera entre ceux qui pensent que lesnations et les peuples ont encore un rôle à jouerdans l'histoire de l'humanité et ceux qui veulentleur dissolution. La bataille médiatique en vue decriminaliser toute opposition à l'immigration incon-trôlée et au multiculturalisme est à cet égard es-sentielle. Avant d'être économique ou financière,elle est d'ordre culturel et politique.

Le multiculturalisme au pays des Bisounours : tellefut la description volontairement mensongère faitepar des media complaisants de la situation norvé-gienne, au lendemain du double carnage, des me-dia pourtant incapables d'expliquer pourquoi, dansces conditions, le deuxième parti du pays est unméchant parti populiste. Maurras aimait à répéter,pour dénoncer la mauvaise foi de ses adversaires,que le papier souffre tout : il a tout souffert, cesjours derniers, et souffrira tout dans les mois quiviennent. Nous devrons donc être particulièrementvigilants à la pertinence et à la qualité des argu-

ments que nous opposerons aux adversaires de l'in-dépendance nationale et de la liberté du peuplefrançais : s'il convient toujours de dénoncer la Ré-publique pour ses effets mortifères, il s'agira avanttout de repérer les faux-semblants et les attitudesmensongères, alors que les postulants à la prési-dence de la république auront passé l'été (du côtédu PS) à chercher des voix pour gagner les pri-maires ou, au contraire, (du côté du château) à sefaire oublier pour présenter un nouveau visage auxFrançais en septembre.

Jouer au président

En effet si on en croit Le Figaro du 1er août, « à larentrée, Sarkozy sera plus que jamais président etnon candidat », c'est-à-dire qu'il sera d'autant pluscandidat qu'il jouera au président. « De ce pointde vue, ajoute le journaliste servile qui ne se rendpas compte de l'obscénité du propos, l'hommagerendu aux soldats morts en Afghanistan, le19 juillet dernier, est considéré à l'Élysée commeun modèle du genre. Dans la cour d'honneur desInvalides, sous une pluie battante, le président"avait l'air et la manière", résume un conseiller,enchanté. » Est-il besoin d'insister sur l'ignominiede la situation ? Et de la comparer aux larmes,vraies, du roi de Norvège, lors de l'hommage natio-nal rendu aux victimes du tueur fou ?

Telle est la vérité de "notre" république. Et ce sontces politiciens et ces media d'un régime qui déva-lue tout ce qu'il touche, jusqu'à l'hommage natio-nal rendu à des "morts pour la France" en pré-sence des familles, qui osent donner des leçons demorale politique aux patriotes et veulent interdirele débat sur les plus graves questions de société ousur l'avenir même d'une nation dont ils veulent fi-nir d'hypothéquer la souveraineté, par exemple enfaisant adopter à la rentrée dans la constitutionune "règle d'or" budgétaire qui compléterait notreasservissement aux diktats des marchés (ou plussimplement à ceux de Berlin) ! Il conviendra, l'anprochain, de privilégier tout compromis nationalpermettant de sauver l'essentiel : à quoi bon, eneffet, combattre pour l'héritier s'il n'y a plus d'héri-tage à lui transmettre ? q

François Marcilhac

1 - « La liberté d'expression, victime collatérale dudouble carnage d'Oslo ? » www.actionfrancaise.net

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Borloo, le Nouveau Centre d'HervéMorin, la Gauche moderne de l'an-cien ministre ex-socialiste,Jean-Marie Bockel et la Convention dé-mocrate du chouan déchu Hervéde Charrette. Bref, zéro partout,la balle au centre ! En mathé-matique, on appelle cela la loi dumilieu.C'est qu'au centre, les premiersrôles sont nombreux et les outsi-ders plutôt rares pour remporterle trône élyséen. Seul Bayrou, quiavait atteint 18,5 % à la prési-dentielle de 2007, pourrait espé-rer réitérer, sinon un résultat si-milaire (à cause, précisément, dela concurrence centrifuge), dumoins honorable. Reste, toute-fois, que les idées du centre sontégalement partagées par le Partisocialiste et l'UMP, ce qui rendproprement inutile la présence deleurs porte-drapeaux. La "nouvellesociété" de Chaban-Delmas et De-lors s'est concrétisée avec et sous

Giscard et sa "société libéraleavancée". L'avortement, le jeu-nisme électoral (par abaissementde l'âge de la majorité à dix-huitans), le regroupement familial,pour ne citer que les plus arché-typiques, sont autant de jalonsqui allaient respectivement con-duire la gauche à se couper dupeuple et la droite à se couperde la France.

Au centre de nulle part

Il faut remonter au début des an-nées quatre-vingt et au bradageidéologique du gaullisme (et desvaleurs de "droite" qui semblaientlui être attachées) par Chirac etson ralliement opportuniste et dé-complexé à l'européisme et à lasocial-démocratie. Il suffisait alorsà la gauche d'enfoncer le clou,d'une part, en paralysant les vel-léités d'alliance de la droite avecle Front national, d'autre part, en

aggravant la déliquescence de l'É-tat par son libertarisme moral, sonimmigrationnisme social et son eu-ropéo-mondialisme politique etéconomique. Aujourd'hui, le"centre" est polycentré. Ses mul-tiples chapelles font qu'il se trouveà peu près partout. Son mitageest d'ailleurs et paradoxalementsa seule force. Il divise la droiteparlementeuse au risque de lafaire perdre et fragilise unegauche modérée déjà menacéesur ses extrêmes. Dès lors, les cen-tristes n'ont d'autre choix que d'al-ler à la soupe ou trahir. C'est leurunique mais remarquable con-stante : la fidélité à leurs mes-quines ambitions personnelles. Ces« crapauds du marais », selon lacruelle formule de leurs ennemisd'alors, les sanguinaires Monta-gnards, n'ont rien perdu de leurindétermination de ventres moustoujours entre deux eaux, affec-tionnant l'innocuité des bavardagesstériles à l'efficacité de l'action.

Partout et nulle part

En outre, le "centre" est aussi tel-lement partout, que la gauche etla droite ne sont, quant à elles,plus nulle part. Rien ne distinguesensiblement Bayrou d'un Hollandeou Morin d'un Borloo. Le social-li-béralisme des pays du Nord del'Europe et son esprit parpaillotont désormais conquis les men-talités latines. Le "socialisme à lasuédoise", envié par Giscard dansles années soixante-dix, est de-venue la référence obligée d'uneSégolène Royal qui en vante lesincommensurables mérites à lon-gueur de radios et de télévisions.Finalement, si leurs idées onttriomphé, les centristes, eux, ontperdu. Faiseurs incontestés degouvernements sous les IIIe (où leParti radical était tout-puissant)et IVe, rompus qu'ils étaient auxsavantes combinaisons politi-ciennes et à l'équilibrisme des al-liances précaires, les centristesde la Ve République sont inca-pables de rassembler (sauf de fa-çon occasionnelle et évanescente)au-delà de leurs groupuscules.L'explication tient dans la dési-gnation du chef de l'État au suf-frage universel direct, procédureinconnue sous les républiques an-térieures. Allons, Messieurs, en-core quelques efforts et vous se-rez royalistes ! n

Aristide [email protected]

Dès la rentrée de septembre,en attendant la trêve desconfiseurs de fin d'année,

qui ouvrira le feu de la compéti-tion présidentielle de 2012, lespartis politiques vont redoubleren ratiocinations tactiques et stra-tégiques et autres élucubrationsprédictives. Tous les régimes ontleurs rituels. Le nôtre ne fait évi-demment pas exception. Parmiles grands prêtres, les leaders departis, de grands-messes lyriquesen confessions télévisuelles, se li-vrent à l'habituelle surenchère desclercs (au sens premier du terme)qui se mue, une fois les échéancespassées, en inévitable trahisondes promesses non tenues.

La loi du milieu

La campagne n'a cependant pasencore commencée que, déjà, les egos centristes se pavanentcomme des paons et frottent leursmiroirs aux alouettes. C'est à ce-lui qui brillera le plus dans la va-cuité conceptuelle, le robinetd'eau tiède idéologique et lalangue de coton. D'abord, lecentre, combien de divisions ? Àelle seule, selon la théorie descercles concentriques, cette né-buleuse constitue un microcosmede l'échiquier politique. Ainsi, àl'extrême centre-gauche, FrançoisBayrou, UDF canal hystérique,courrant toujours après un "grandcentre" balladuro-deloriste, sepose en MoDem de vertu républi-caine, distribuant les claquescomme les mauvais points. Puisvous avez le "centre-vert", repré-senté par Jean-Louis Borloo quisurfe sur un gaullo-radicalisme al-ternatif, comme le courant dumême nom. Hervé Morin, suprê-mement nullissime, essaye d'exis-ter comme alternative au précé-dent. L'homme du Château si peubrillant (Chirac se souvient en-core de son judicieux conseil dedissolution de la chambre basseen 1997), Dominique de Villepin,quant à lui, se voit rien moinsqu'en successeur du généralDe Gaulle. Mais si celui-ci sem-blait quelque peu allergique à uneimmigration dont il redoutaitqu'elle ne transformât Colombey-les-Deux Églises en « Colombey-les-Deux-Mosquées », celui-làsemble, au contraire, parfaite-ment à l 'a ise au mil ieu desyouyous, djellabas et autres ex-halaisons de semoules épicées.Enfin, à l'extrême centre-droit,subsiste une improbable mais au-thentique pièce de musée issuede la IVe République, le Centrenational des indépendants et pay-sans (CNIP), dont Antoine Pinayfut l'un des membres influents.Actuellement présidé par le dé-puté-maire de Chollet, GillesBourdouleix, il vient de rejoindrel'Alliance républicaine, écologisteet sociale (ouf !), elle-même agré-geant les radicaux valoisiens de

z 4 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2822 – Du 4 au 31 août 2011

Politique

o COURSE PRÉSIDENTIELLE

La farce centrifugeAu centre de l'échiquier politique, François Bayrou, Jean-Louis Borloo, Hervé Morin et Dominique de Villepin jouent des coudes. Mais sous la Ve République, ils auront du mal à percer.

ÉDUCATION

Bernard Debré contre le "gender"Des voix s'élèvent pour dénoncerl'immixtion des gender studies

dans les manuels scolaires.

NOUS AVONS MONTRÉ dans le dernier numérode L'AF 2000 la stupidité de la théorie du "gen-der ". Parmi les nombreux penseurs, hommespolitiques, sociologues et éducateurs, qui de-mandent que l'on retire cette ineptie contrenature des manuels scolaires, le professeurBernard Debré, député de Paris, mérite uneattention toute particulière. Il dénonce surson site « la confusion des idéologues fous » :« Que viennent faire maintenant ces bavar-

dages sur le genre, sur l'idée que l'homme etla femme ne seraient différents que par l'ap-port sociétal ? [...] Au lieu d'affirmer la dif-férence entre "elle" et "lui" (et les enrichis-sements réciproques qu'apportent ces diffé-rences), de la comprendre, tout en défendantune légitime égalité de traitement [...], voicique ces destructeurs du réel affirment qu'ondevient femme ou homme selon son éduca-tion. Quelle grave stupidité !

Pseudo-féminisme

Voici un pseudo-féminisme complètement dé-lirant. Vouloir aller contre le fait génétiqueet le fait phénotypique est extrêmement dan-gereux ! Être femme totalement, être hommetotalement, c'est ainsi que s'est construit lemonde, c'est comme cela qu'il perdurera ! Onenvisage maintenant de modifier les pro-

grammes scolaires pour apprendre ces théo-ries ubuesques à nos "charmantes têtesblondes" ! Ce ne sont pas des philosophes enmal de reconnaissance qui changeront lemonde. L'éducation ne doit pas commencerpar des mensonges. Va-t-on créer une géné-ration de jeunes à qui l'on apprendra à nierla différence entre femme et homme ? Va-t-on obliger les petites filles à se sentir hommesou le contraire ? Ces philosophes sont dé-biles, pourquoi écoute-t-on de telles inep-ties ? Ce qui me révolte c'est qu'on ait pufaire passer le message idiot et ravageur dansnos livres de classe. Je demande solennelle-ment qu'ils soient modifiés, que la vérité soitaffirmée, que l'égalité résultant de cette vé-rité soit proclamée ! Ne rendons pas psycho-pathe une génération parce que des philo-sophes stupides ou des idéologues dérangésveulent faire parler d'eux. » n M.F.

Jean-Louis Borloo qui surfe sur un gaullo-radicalisme alternatif

EXPOSITION

Pompidou en archivesLES ARCHIVES nationales sonten ébullition depuis des se-maines. Elles s'opposent àl'établissement de la "Maisonde l'histoire de France" à l'hô-tel de Soubise. Elle n'ont riencontre le projet en soi, maispas dans les lieux qu'elles oc-cupent depuis deux cent vingtans. Le bras de fer avec l'Ély-sée persiste. En attendant,elles organisent des expositions qui retiennentl'attention.Après celle d'un grand intérêtsur l'histoire des Templiers,voici jusqu'à fin août uneillustration de la vie deGeorges Pompidou, à l'occa-sion du centième anniversairede sa naissance. Des annéesde khâgne où il eut pour com-pagnon de thurne Léopold Sé-dar Senghor, à celles où il futle Premier ministre du généralDe Gaulle avant de devenirson successeur, nombre delettres, documents, photogra-phies, illustrations sonores re-tracent son parcours. Celui d'un grand commis del'État avant d'être un poli-tique, même s'il occupa lesplus hautes fonctions. Ce quin'est pas mentionné, mais de-meure dans nos mémoires,c'est la grâce de Jouhaud qu'ilarracha au Général. Ici, laraison d'État a dû céder lepas... q Ch.-H.B.

3 Georges Pompidou 1911-2011,jusqu'au 29 août aux Archives na-tionales, 60 rue des Francs-Bour-geois, Paris 3e ; du lundi au ven-dredi de 10 heures à 12 h 30 etde 14 heures à 17 h 30, samediet dimanche de 14 heures à17 h 30 ; fermée le mardi et lesjours fériés ; plein tarif : 4 eu-ros, tarif réduit : 2 euros.

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Dans bien des cas, les fluxmigratoires suivent lesroutes des anciens empires

coloniaux. Les habitants des an-ciennes colonies anglaises ont ten-dance à migrer en Angleterre,ceux des anciennes colonies fran-çaises en France, et les lecteursde L'AF 2000 n'ont sans doute ja-mais rencontré de Papous dansleur vie à moins qu'ils ne se soientdéjà rendus dans certaines ban-lieues des Pays-Bas. Ce qui ne si-gnifie d'ailleurs pas que ces routessoient les seules empruntées etque des États sans passé colonialne connaissent pas comme lesautres des problèmes d'intégra-tion de populations immigrées.

Deux modèles conduisant à l'échecLe poids de l'histoire joue aussi,dans ce domaine, à un autre ni-veau. Les modèles de colonisationà l'œuvre dans le passé se sont re-produits dans des modèles d'inté-gration, qui prennent, en gros,deux formes : l'une dite commu-nautariste, l'autre assimilation-niste. L'objet de cet article est demontrer que si l'un et l'autre mo-dèle ont échoué à créer une vé-ritable communauté entre mé-tropoles et colonies, et donc à évi-ter l'effondrement des empiresconstitués, ils ne prennent ni l'unni l'autre la voie d'un plus grandsuccès en termes d'intégration despopulations immigrées. Tout d'abord, il convient de re-marquer que certains liens privi-légiés subsistent entre anciennesmétropoles et anciennes colonies.Le phénomène décrit au premierparagraphe l'atteste, ainsi que laconstitution d'ensembles écono-miques, tels que le Common-wealth britannique ou la com-munauté du franc CFA, l'un etl'autre cependant de plus en plusobsolètes. En outre, même lesnouveaux États les plus nationa-listes et les plus désorbités de lasphère d'influence impériale, l'É-gypte, l'Inde, le Pakistan vis-à-visde l'Angleterre, l'Algérie vis-à-visde la France, conservent (saufl'Egypte, en l'occurrence, qui aentendu jouer un rôle préémi-nent dans l'affirmation d'un nou-veau nationalisme arabe) l'em-preinte culturelle de la métro-pole, par le biais de la langue.Les mêmes politiciens qui, cheznous, se sont véhémentement op-posés à une reconnaissance pu-blique des "bienfaits de la colo-nisation" rappellent régulièrementl'intérêt de l'ouverture sur lemonde que représente la franco-phonie, comme si la francopho-nie n'était pas un bienfait de lacolonisation. Mais il est vrai quecette si enviable ouverture sur lemonde est surtout invoquée pareux pour ouvrir toujours plus nosfrontières.

Toujours est-il que le mouvementde décolonisation a été généralet n'a épargné aucun empire co-lonial européen, mis à partquelques résidus, le plus souventinsulaires, qui ne trouvaient vrai-semblablement à se rattacher àaucune entité politique (encoreque plusieurs États du Pacifiquene soient guère plus étendus quecertains de nos DOM). Les causeshistoriques de ce mouvement n'en-trent pas dans le cadre de la pré-sente étude. Qu'il nous suffise deconstater que ni le modèle de co-lonisation britannique, commu-nautariste, ni le modèle français,assimilationniste, n'ont pu empê-cher la décolonisation. Le modèlecommunautariste s'est retrouvédans la politique du gouvernementanglais vis-à-vis de ses populationsimmigrées. Ce modèle est re-poussé en France pour ses consé-quences en termes de ghettoïsa-tion, et l'actuel gouvernementconservateur anglais en a lui-même reconnu les limites, ayantconstaté le développement d'idéo-logies jugées non acceptables. Lemodèle assimilationniste français,

celui-là même qui ne craignait pasle ridicule lorsqu'il prétendait en-seigner aux indigènes l'histoire deleurs ancêtre gaulois, parvient-ilavec plus de succès à endiguer detelles idéologies ou à éviter laghettoïsation ? La présence lanci-nante des "quartiers" dans le dé-bat politique et les médias té-moigne que non.

Déculturation

Et pour cause, les valeurs qu'offreà ces populations la Républiquefrançaise sont purement néga-tives et dépourvues de contenu.Le modèle assimilationniste esten réalité un impératif de dé-culturation, celui-là même qu'ontsubi au cours de l'histoire les po-pulations européennes de souchepour devenir ces "hommes mo-dernes" privés de racines, privésd'histoire, privés d'une identitécol lect ive et atomisés, enéchange, apparemment, d'un cer-tain niveau de civilisation maté-rielle. Une civilisation matériellequi, telle qu'elle s'organise, créeautant de problèmes, écologiques

ou autres, qu'elle n'en résout. Cesocle de valeurs négatives n'estrien d'autre que l'instrument d'unprocessus d'atomisation. La laï-cité n'a aucun contenu propre :elle se borne à une indifférenceenvers différents cultes. Étenduà d'autres domaines de la vie so-ciale ou privée, le principe de to-lérance n'a guère plus de contenuen soi. Les droits de l'homme, parle biais des juridictions nationaleset internationales chargées de lesdéfendre, et qui le font avec fran-chement peu de discernement,contribuent à l'atomisation de lasociété en réduisant à peau dechagrin les prérogatives de lapuissance publique. La liberté,en dehors de l'effet oratoire dumot, est une notion relative ;toute société définit un cercleplus ou moins étendu d'activitéspermises, et la notion gagneraità être envisagée de manièrequantitative : ainsi constaterions-nous que le coefficient de libertéest plus élevé dans telle démo-cratie que dans telle autre. Quelleest la liberté d'un chef d'entre-prise sur qui l'administration a

toujours un œil pour s'assurer qu'ilrecrute suffisamment de minori-tés, de femmes, de personneshandicapées ? Le seul contenu po-sitif, dans ces valeurs, est à la ri-gueur l'insistance de plus en plusmarquée pour les droits desfemmes, c'est-à-dire pour uneconception ultramoderne de lasociété dont nous n'avons aucunexemple historique connu parmiles civilisations marquantes et quin'a été permis en Europe que parla déculturation préalable des na-tions. Les libéraux qui défendentl'identité européenne d'aujour-d'hui sont les avocats d'une ato-misation sans contenu collectif,d'une situation qui peut être qua-lifiée d'anomie, qui ne sauraitperdurer et qui a de plus en plusde mal à faire face aux revendi-cations de populations immigréessur lesquelles le modèle colonialn'a laissé que peu de traces, quiretournent avec force à des mo-dèles culturels traditionnels etont d'autant moins de scrupulesà les assumer qu'ils peuventconsidérer que ces modèles n'em-pêchent pas les commodités dela civilisation matérielle.

En finir avec l'utopie

On voit mal comment une Répu-blique anomique pourrait assimi-ler des populations, quellesqu'elles soient. La tendance aucommunautarisme des popula-tions immigrées en Angleterre n'aété en réalité qu'une conséquencedu "laisser-faire" britannique : cesont ces populations elles-mêmesqui se sont constituées en ghet-tos, face à une société où le liencollectif se dissout au profit desseules relations monétaires. Si legouvernement britannique entendaujourd'hui réagir, il n'a guère plusde chances de réussir que la Ré-publique française, qui chercheà assimiler depuis des décennies.Ce n'est pas l'école de la Répu-blique qui y pourra quelquechose, même si sont triplés ouquadruplés les effectifs de pro-fesseurs militants, car son rôlehistorique a été d'appuyer cetteatomisation de la société qui em-pêche aujourd'hui toute intégra-tion. On ne s'intègre pas au néant,on ne peut que disparaître de-dans. Un contenu collectif n'estpas à chercher dans de vainesutopies mais dans les données po-sitives de notre histoire. n

Étienne Chamberlan

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2822 – Du 4 au 31 août 2011 5 z

Société

o DÉCOLONISATION & IMMIGRATION

Intégrer dans l'Europe atomiséeDans une Europe en manque de repères collectifs, l'intégration des populations immigrées suscite une inquiétude grandissante. De part et d'autre de la Manche, sans doute a-t-on reproduit les erreurs héritées des vieux modèles coloniaux.

FAMILLE

Moins on est de fous,plus on rit ?Deux nouvelles relevées en quelquesjours par le site du Salon Beige ont misen lumière les menaces qui ne cessentde peser sur la famille.

D'ABORD, « le gouvernement finalise la ré-forme du supplément familial de traitement(SFT), qui sera annoncée à la rentrée ». Cequi veut dire que les fonctionnaires avec unenfant toucheront 30 euros par mois, contredeux euros actuellement. Les sommes ver-sées à partir de deux enfants seront forfaiti-sées. « Annoncée à "budget constant", la ré-forme fera donc en contrepartie des per-

dants parmi les parents de deux enfants ouplus. » Selon Les Échos, « le gouvernementva ainsi atténuer la logique nataliste duSFT, qui concentre les aides sur les famillesà plusieurs enfants, pour en faire aussi unoutil de rémunération complémentaire ».Cela signifie : l'enfant voilà l'ennemi !Le mauvais coup contre la famille apparaîtdans toute son horreur quand on rapprochecette information de celle-ci, citant Ouest-France : « La naissance d'un quatrième en-fant des Beckham (famille d'un footballeranglais) n'enchante pas tout le monde. Etsurtout pas une poignée de militants écolo-gistes. [...] Le PDG de l'association Pour unfutur durable Simon Ross appelle le gouver-nement à lutter contre les taux de nais-sances élevées au Royaume-Uni en ne don-nant des prestations sociales que pour lesdeux premiers enfants. Il ajoute : "Nous de-

vons changer notre discours pour que lesgens comprennent que un ou deux enfantsc'est bien, mais trois ou quatre, c'est toutsimplement égoïste." »Il semble peu probable que les écolos de cecôté-ci de la Manche pensent différem-ment. Trop souvent l'écologie se ratatinesur le bonheur de n'être que quelques-uns àjouir égoïstement des bienfaits de la na-ture. Les Quatorze-Juillet totalitaires rêvéspar Eva Joly risquent fort d'être peu à peudes défilés de vieillards... À la Pentecôte, àl'arrivée de Pèlerinage de tradition deChartres à Paris, six cents enfants de chœuravaient envahi la capitale tout à fait pacifi-quement, et cela redonnait confiance en laFrance bien plus que la bible naturiste desécolos de tout (vieux) poil... q

Michel Fromentoux

Le délabrement des "quartiers", symbole de l'échec républicain

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z 6 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2822 – Du 4 au 31 août 2011

Société

o À en croire l'économiste an-thropologue Hervé Juvin, quivient de publier Le Renverse-ment du monde - Politique dela crise (Gallimard, 2011), lacrise actuelle « est d'abordcelle du modèle anthropolo-gique qui a placé les sociétésoccidentales en état d'apesan-teur en les focalisant sur la fa-brication d'un hommenouveau : l'homme bulle,l'homme totalement indéter-miné, sans origine, sans liensethniques et familiaux,l'homme qui n'est que le pro-duit de sa volonté, de ses dé-sirs et de ses intérêts » (entre-tien au Spectacle du monde,juillet-août 2011). La théoriedu "genre", l'immigration demasse, l'éclatement de la cel-lule familiale, la féminisationdes mœurs, contribuent à arra-cher l'homme tant à lui-mêmequ'à ses racines vitales.

o Le tueur d'Oslo, cet autre"homme bulle", Anders BehringBreivik, « fasciste, cinglé etfranc-maçon » (Minute,27 juillet), était vraisemblable-ment très éloigné de ces ré-flexions. Qu'importe, le lander-neau médiatique balance lemouvement national européendans le même opprobre. DansLibération (26 juillet), BrunoGollnisch, rappelant les précé-dents de la rue Copernic et deCarpentras, s'insurge contre cesconfusions : « Doit-on direaprès l'affaire Strauss-Kahn,que tous les socialistes sontdes agresseurs de femmes ? »L'Express (26 juillet) nous ré-vèle que la "fachosphère" fran-çaise et européenne est désor-mais placée sous étroite sur-veillance policière, de façon àtraquer « les loups solitaires »néo-nazis sur Internet. Lesloges maçonniques font-ellesl'objet de cette même « veillepermanente », quand on saitque Breivik était un honorablefrère de la Grande Loge deNorvège dont il a été exclu ?(Daoudal Hebdo, 25 juillet) Surle prétendu christianisme dutueur, Jean-Pierre Denis ex-plique, dans La Vie (26 juillet),qu'il « n'est pas plus "chrétien"qu'il n'est fondamentaliste » etque « par son comportement ilse rapproche de ces tireursfous qui massacrent sur lescampus américains ».

o Par ailleurs, nos bonnesconsciences ont la mémoire sé-lective. N'avaient-elles pas hé-sité à se désolidariser du nervissocialo-écolo, visiblement hal-luciné, Richard Durn, qui avaitouvert le feu sur ses collèguesdu Conseil municipal de Nan-terre, dans la nuit du 26 au27 mars 2002, Libération ex-hortant à l'époque à ne pas« exploiter Nanterre » ? (Mi-nute, 27 juillet) Le MRAP s'en

fout, qui a décidé de porterplainte contre un blogueurfrontiste pour son soutien aucinglé norvégien. En réaction,Bernard Carayon, député ducollectif UMP de la Droite po-pulaire, a demandé à l'État dene plus subventionner cet or-ganisme « issu historiquementd'un Parti communiste qui nes'est jamais repenti des centmillions de victimes de sonidéologie totalitaire [...] enutilise les mêmes méthodes :exploitation de l'horreur, dé-nonciation, amalgame »(Le Parisien, 25 juillet). Lau-rent Joffrin y va, lui aussi, deson gestapisme vengeur en dé-signant à la vindicte publiqueles identitaires (François De-souche et Bloc identitaire) etautres anti-islamistes (Ripostelaïque), dont les sites seraientémaillés de propos à la « sé-mantique de guerre civile »(Novopres, 26 juillet).

o Quoi qu'il en soit, on peut ti-rer quelques enseignements dece drame. D'une part, « lesmédias qui refusent la notiond'Européens de "souche", la re-découvrent quand il s'agit d'unterroriste » (Metamag.fr,25 juillet). D'autre part, ainsique l'analyse un journalisteaméricain, « les conservateursdes deux côtés de l'Atlantiqueont le devoir de reconnaîtreque Breivik est sans ambiguïtéun monstre de droite. [Mais]sur les grands enjeux, lesconservateurs culturels euro-péens ont raison : l'immigra-tion de masse a en effet laisséleur continent plus diviséqu'enrichi ; l'islam et la démo-cratie libérale ne se sont pasmontrés naturellement compa-tibles ; et le rêve d'une Unioneuropéenne postnationale etpostpatriotique gouvernée parune élite politique bien-veillante parait chaque jourplus insensée » (Ross Douhat,New York Times, 25 juillet).

o Même écho chez l'historienDominique Venner pour qui l'in-sensé d'Oslo est « un espritsommaire et violent comme ilen surgit toujours dans les pé-riodes de trouble. Et d'où estvenu ce trouble sinon d'abordd'une politique d'immigrationqui ébranle une civilisationdéjà fragilisée ? Une politique– faut-il le rappeler ? – pour-suivie avec obstination par lesclasses dirigeantes de Norvègecomme par celles de toutel'Europe. C'est ce qu'un regardhistorique retiendra avanttoute autre considération. »(Novopress, 26 juillet). La mé-thode de l'empirisme organisa-teur est, en effet, la seule quipeut instruire l'avenir à la lu-mière du passé.

Aristide Leucate

Au fil de la presseOù l'on est bien d'accord que si les vacances incitent au repos et aux saines lectures méditatives, il importe de poser un regard alerte sur les évènements tout en sachant raison garder.

Parmi les Français, 62 %étaient partis en vacancesau cours de l'année passée.

Du moins, au sens où l'entend l'Or-ganisation mondiale du tourisme(OMT), qui définit les vacancescomme un déplacement d'agré-ment d'au moins quatre nuitsconsécutives hors du domicile.Quoique supérieure à la moyennenationale, cette proportion estjugée insuffisante par le Centred'analyse stratégique (CAS). Dansune note d'analyse publiée le moisdernier, celui-ci promeut le dé-veloppement d'« une politiqueglobale de soutien au départ envacances pour tous ». Cela confor-mément à la loi selon laquelle,depuis 1998, « l'égal accès detous, tout au long de la vie, à laculture, à la pratique sportive,aux vacances et aux loisirs consti-tue un objectif national ».

Psychologie

Les rapporteurs escomptentquelque bénéfices de la multipli-cation des vacanciers, « tant enmatière de bien-être que d'auto-nomisation, de lien social, de sou-tien à la parentalité ou de luttecontre l'exclusion ». Autant depréoccupations auxquelles les pou-voirs publics pourraient répondresans prendre par la main tout unchacun. Les auteurs vont jusqu'àtraiter des « barrières psycholo-giques » faisant obstacle au dé-part chez les personnes souffrantd'anxiété. C'est dire les dérives

auxquelles se prête la politiquesociale. Dans le cas présent, elleinvestit un domaine que nous ré-serverions à la Santé. Constatant,par ailleurs, que « les proprié-taires d'une maison apprécient d'yrester pour faire des travaux oupour inviter des proches », lesrapporteurs en concluent que « laqualité de vie quotidienne influe[...] fortement sur le choix departir ou non, ce qui pourrait ex-pliquer que les Corses restentdeux fois plus chez eux que la po-pulation générale ». Le caséchéant, l'État ne devrait-il passe concentrer sur l'urbanisme etl'organisation du territoire ?

Européisme

Le CAS lui assigne une autre prio-rité : « développer le sentimentd'appartenance à un collectif eu-ropéen », en s'assurant que lesjeunes Français aient voyagé aumoins une fois dans l'Union euro-péenne avant leurs vingt ans. Peut-être pourrait-on commencer parfaire visiter Versailles aux éco-liers, quitte à inscrire dans un ju-melage ce genre d'initiatives...L'observation suivante nous est ap-parue plus pertinente : « Indé-pendamment des structures mar-chandes, d'autres systèmes se dé-veloppent grâce à l'internet, àl'image des échanges de maisonset d'appartements entre particu-liers. » Un dispositif jugé parti-culièrement intéressant dans lechamp du handicap, où seraient

échangés des logements acces-sibles. Au-delà, on évite l'écueilaffectant les infrastructures ex-ploitées en marge des activités lu-cratives. En effet, « face aux ef-fets d'usure mais aussi à l'évolu-tion des standards de qualité, lesstructures du tourisme associatifrépondent de moins en moins auxattentes de leurs clients : ce se-rait ainsi près de 40 % du parc im-mobilier qui nécessiterait des tra-vaux pour un montant estimé à500 millions d'euros. »Parmi les dispositifs sociaux cen-sés favoriser les départs en va-cances, on relève les chèques va-cances, les aides des caisses d'al-locations familiales, des réductionsoffertes par la SNCF et de mul-tiples initiatives locales et asso-ciatives. Or, « cette diversité desources de financement et d'offresd'accompagnement [...] présenteinévitablement un certain nombrede limites en termes d'accès à l'in-formation et à l'ensemble desdroits disponible ». C'est d'ailleursun problème récurrent en matièresociale. Plusieurs initiatives visentà pallier ces difficultés. Tel le pro-jet "Espace vacances aides au dé-part" (EVAD), porté par trois as-sociations en Poitou-Charentes,qui devrait se concrétiser par lamise en ligne d'un site Internet,l'installation d'une permanence té-léphonique et des campagnes decommunication et de formationcommunes.

Usine à gaz

Entretenue de la sorte, l'usine àgaz continuera peut-être à tour-ner des années durant, mais auprix d'une énergie largement dis-sipée en chaleur. Or, en pleinecrise de la dette souveraine, l'É-tat-providence subira vraisem-blablement de multiples assauts.Jadis en pointe sur les questionssociales, les royalistes devront sesaisir du débat. Peut-être trou-veront-ils quelque source d'inspi-ration dans les propositions de"revenu familial minimum garanti"ou autres "impôt négatif" censéssubstituer aux minima sociaux uneallocation dégressive servie auxplus modestes. Si l'on en croit sespromoteurs libéraux, l'idée fut po-pularisée dans les années soixantepar le cercle des économistes deChicago, autour de Milton Fried-man, le chantre du monétariste.C'est un lourd passif, dont le rap-pel ne devrait pas faciliter sa dif-fusion dans l'Hexagone... De toutefaçon, le gouvernement vientd'annoncer la mise en place im-minente d'un tarif social pour l'in-ternet haut débit. Quant aux po-liticiens en campagne, peut-êtremontreront-ils la Belgique enexemple : là-bas, l'assurance chô-mage contribue à financer lescongés des jeunes actifs. n

Grégoire Dubost

o AIDES SOCIALES

Vacances, une affaire d'ÉtatLes services gouvernementaux veillent sur le bonheur des Français. Pour preuve, ils se soucient de les faire partir en vacances.Cela donne à réfléchir sur les modalités de l'aide sociale.

Nos lecteurs les plus casaniers sont prévenus : rester chez soi sera-t-il bientôt puni par la loi ?

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L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2822 – Du 4 au 31 août 2011 7 z

Monde

Dans un entretien accordé aujournal luxembourgeoisLe Quot id ien daté du

18 juillet, Paul-Henri Meyers, pré-sident de la commission des Ins-titutions et de la Révision consti-tutionnelle, affirme sa volonté etcelle de ses collègues parlemen-taires de « moderniser » la consti-tution du Grand-Duché. Nos lec-teurs savent en quelle estime noustenons ce mot d'ordre de la "mo-dernisation" qui dispense ceux quile promeuvent de toute réflexionrationnelle puisque la "moderni-sation" est bien entendu et parnature l'alpha et l'oméga de toutechose, la panacée, le nec plus ul-tra en matière de droit, de poli-tique, de morale, de mœurs, etc.

Modernisation à tout-va

En l'espèce, il s'agit notammentde rogner un peu plus les préro-gatives du monarque luxembour-geois, déjà sérieusement enta-mées par une première réformeconstitutionnelle datée de 2008.Comme son voisin belge le roi Bau-douin en son temps sur l'avorte-ment, le grand-duc Henri avait refusé de sanctionner une loi sur l'euthanasie... Qu'à cela netienne ! Le gouvernement luxem-bourgeois de l'époque avait doncmodifié la constitution en retirantau "souverain" le rôle de sanc-tionner la loi pour lui conserveruniquement celui de la promul-guer. L'actuel projet de réformelui enlèvera certainement cettedernière fonction. Mais les politiciens luxembour-geois ne sont pas les seuls dansle Grand-Duché à rendre à l'idolede la "modernisation" le culte quilui est dû. En effet, le 20 juin der-nier, le maréchalat de la courgrand-ducale annonçait que « surordre de Son Altesse Royale le

grand-duc [...] la réglementationinterne de la maison de Luxem-bourg-Nassau [avait] été modi-fiée à l'effet d'introduire l'éga-lité entre hommes et femmes enmatière de succession au trône.Ce nouvel ordre successoral s'ap-plique pour la première fois à ladescendance du grand-ducHenri. » Après la Suède en 1980,les Pays-Bas en 1982, la Norvègeen 1990 et la Belgique en 1991(et avant le Royaume-Uni, où lePremier ministre s'y est déclaréfavorable), le Luxembourg aban-donne donc la préférence mas-culine dans la dévolution de la

couronne (principe plus ou moinsmarqué selon les monarchies maisrelativement universel). On saitque sa forme française, la fa-meuse loi salique, qui exclut com-plètement non seulement les fillesmais aussi leurs descendants dela succession au trône, a permisà la France de se constituer, d'évi-ter de tomber en des mains étran-gères (notamment anglaises), defaire l'économie des cruellesguerres de dévolution qui ontémaillé l'histoire de la plupart desmonarchies européennes, et deconserver durant des siècles lamême dynastie nationale (à tel

point que les révolutionnaires ontpu donner à Louis XVI le patro-nyme de Capet !). Dans les autresÉtats, la préférence masculine,même si elle était moins impor-tante, rappelait que le roi étaità l'origine le premier chevalier deson royaume, capable le caséchéant de le défendre lui-même,l'épée ou la lance la main. Àl'époque où les rois régnaient etgouvernaient cela avait son im-portance... Il ne reste plus au grand-duc hé-ritier Guillaume, âgé de trenteans, qu'à épouser une belle rotu-rière pour que le tableau soitcomplet. Les récents mariagesprinciers (à Monaco, en Grande-Bretagne, en Espagne) manifes-tent en effet, sur un autre plan,le déclin du rôle politique des mo-narchies européennes et leur évo-lution vers un statut purement"protocolaire" de VRP couronnés.Toujours à l'époque ou les roisgouvernaient, les mariages dansles familles souveraines étaientdes actes de gouvernement et correspondaient à des choix di-plomatiques. Cela est si vrai que la descendance des mariagesmorganatiques, c'est-à-dire in-égaux, était exclue de la succes-sion dans de nombreux royaumeset empires.

Fonction arbitrale

La disparition progressive de toutce qui dans les royautés euro-péennes contemporaines pouvaitrappeler qu'elles furent de véri-tables monarchies ne peut quenous préoccuper. Le fait notam-ment que le roi ou le prince sou-verain ne sanctionne plus les loisdétruit complètement la princi-pale justification de l'institutionmonarchique : sa fonction arbi-trale. Quant à l'abrogation des loissaliques ou semi-saliques, elle ma-nifeste que la sacralité des loisde dévolution et leur importancene sont plus comprises. Si les pré-jugés égalitaires ont raison de laprimogéniture mâle aujourd'hui,pourquoi n'auraient-ils pas demainou après-demain raison du prin-cipe héréditaire lui-même ? n

Stéphane Blanchonnetwww.a-rebours.fr

o LUXEMBOURG

Une monarchie en dangerMoindres prérogatives du grand-duc, nouvelles règles de succession : le cas luxembourgeois illustre le déclin du rôle politique des monarchies européennes et leur évolution vers un statut purement "protocolaire".

BELGIQUE

Le roi a parléS'exprimant sur un ton inhabituel, Albert II a suscité une réaction positivedes démocrates-chrétiens : ceux-ci vontparticiper aux négociations, non sansquelque arrière-pensées électorales.

LES CHOCOLATS pour l'entracte ! C'est le CD&V(démocrates-chrétiens flamands) qui les offre.Pas de bon cœur. Il a fallu un discours jupi-térien d'Albert II pour le 21 juillet, la fête na-tionale. On n'avait jamais vu ni entendu leroi dans ce rôle. Il y a ce qu'il a dit ; il y asurtout le ton sur lequel il l'a dit. Il a souli-gné « les risques qu'une longue crise fait cou-rir à tous les Belges », enjoint chacun à« prendre ses responsabilités », pour trouver« rapidement une solution équilibrée ».Ailleurs dans le texte royal, on trouve mêmele terme d'« obligation ».Dans la nuit même qui a suivi ce discours,Wouter Beke, président des démocrates-chré-tiens, a dit accepter de prendre sa place à la

table des négociations. Pour la première fois.D'où la fureur de Bart De Wever et de la NVA.Il suffit que le roi fronce les sourcils, haussele ton, et voilà le CD&V qui se couche, clame-t-il. En fait, au "banquet de la négociation",le huitième convive ne prendra pas sa placeavant le 16 août. Les négociateurs sont fati-gués. D'un commun accord entériné par uncommuniqué du Palais, il y aura un entracte.Lorsqu'à la mi-août les uns et les autres se se-ront refait des forces, on reprendra. Toujoursavec Elio Di Rupo, et cette fois en vue de for-mer un gouvernement. À condition que les dé-mocrates-chrétiens tiennent et ne succom-bent pas aux cris d'orfraie de la NVA.

Les spéculations du CD&V

Peut-on penser que le seul discours royal aitsuffi pour décrocher le CD&V de la NVA ? Il ya certainement contribué. Mais d'autres rai-sons s'ajoutent. Plus que tout autre, le CD&Vne voulait à aucun prix des élections législa-tives. Déjà très affaibli, il serait laminé. Enpoint de mire, il y a les communales de fin2012. Elles s'annoncent redoutables. Il reste

un an pour se refaire une santé... WouterBeke et ses amis jouent le tout pour le tout.Ils n'oublient pas que les agences de notationsont derrière la porte avec leur gros bâton.En outre, si en négociant ils obtient la scis-sion de BHV (l'arrondissement jusqu'ici bi-lingue de Bruxelles-Hal-Vilvorde) et, par cefait, désembourbent la négociation, ils pour-ront afficher un bilan positif devant la Flandreet faire valoir qu'ils ont réussi là où la NVAn'avait fait que parler et admonester. Maiscela suppose que les francophones marchentdans la combine. Qu'en sera-t-il du flanc fran-cophonissime des libéraux ? Des voix s'élèventdéjà pour avertir : « Ce ne sont pas les com-munes à facilités que vous bradez, c'estBruxelles que vous livrez ! » En coulisses, selon des échos recueillis rue dela Loi (celle des ministères), on murmure queWouter Beke parle d'une éventuelle cure d'op-position pour le CD&V. Ce qui ruinerait toutplan et ferait s'effondrer l'édifice. Vraie ru-meur, fausse information ? À chaque jour suf-fit sa peine. Bonnes vacances et au 16 août ! n

Charles-Henri Brignac

Le grand duc Henri de Luxembourg en compagnie de la grande-duchesse María Teresa

» ESPACE SCHENGEN

Les brèches se multiplientdans l'espace Schengen, où leDanemark a rétabli descontrôles permanents à sesfrontières. Pour l'heure, endépit des remontrances de laprésidence polonaise duConseil de l'UE, Bruxelles aexprimé des « inquiétudespersistantes » sans engagerde poursuites à l'encontre deCopenhague. Par ailleurs, re-venant sur la gestion contro-versée de l'immigration tuni-sienne, qui avait suscité undifférend franco-italien, Ceci-lia Malmström, le commissaireeuropéen en charge des Af-faires intérieures, a pointéune atteinte à « l'esprit » destraités ; cependant, a-t-ellereconnu, « les informationscollectées ne permettent pas[...] de conclure que laFrance aurait procédé à descontrôles systématiques dansla zone de la frontière inté-rieure avec l'Italie ». Au-delàde l'espace Schengen, c'est,plus généralement, la libertéde circulation et d'installationqui semble avoir du plombdans l'aile : alors qu'ils enétaient dispensés depuis deuxans, les Roumains sont denouveau tenus d'obtenir unpermis pour travailler en Espagne.

» REMONTRANCES

La recapitalisation de Sea-France par la SNCF, ainsi quele soutien public apporté à laconstruction d'un terminal àl'aéroport de Marseille, fontl'objet d'une enquête diligen-tée par la Commission euro-péenne ; Bruxelles suspectedes aides d'État contraires audroit de l'Union. Paris est misen cause, également, pour nepas avoir transposé diversesdirectives portant sur la sécu-rité maritime, les télécommu-nications et le règlement deslitiges transfrontaliers.

» EMPRESSEMENT

Selon Jean Leonetti, nouveauministre des Affaires euro-péennes, il est « essentiel quetous les moyens soient mis enœuvre pour transposer les di-rectives dans les délais impar-tis ». « En 2010, la France aété condamnée deux fois enmanquement pour défaut detransposition », a-t-il soulignéle 27 juin. « Si le traité deLisbonne avait été appliqué,les conséquences pécuniairespour la France auraient pu sechiffrer à près de 90 millionsd'euros. » Implicitement, leministre semble pointer l'in-conséquence d'un gouverne-ment récusant à Paris ses en-gagements souscrits àBruxelles. En effet, M. Leo-netti se donne pour objectif« de peser davantage dans lanégociation de l'acte euro-péen » et « de mieux antici-per son impact en France ».Sa conception de l'intérêt na-tional reste sujette à caution.

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z 8 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2822 – Du 4 au 31 août 2011

Monde

La dignité et l'humanité dupeuple norvégien, dansl'épreuve tragique qui lui est

imposée par le combat d'un loupsolitaire perdu d'avance, ne laissed'impressionner. Un chagrin im-passible, les dents serrées à cas-ser, les fils d'Odin ne plieront passous l'assaut d'un mythomane etde ses imitateurs possibles. Ils ai-ment leur société ouverte et fra-ternelle, ils en assument les ri-chesses, les peines, les soinsqu'elle réclame et aussi de nom-breux inconvénients. Mais ils sontchez eux et nous le disent, et s'or-ganisent comme ils l'entendent.La Haine ne passera pas. C'est ceque nous montre le champ defleurs et de bougies déposées parles Osloïtes devant la cathédraleoù fut célébrée la messe de re-

quiem pour les victimes du car-nage d'Utoeya, sous la présidencedu chef de l'Église de Norvège, SMle roi Harald V.

Mesure, étiquette et affabilitéL'office du dimanche 24 juilletrestera dans les mémoires. À côtéd'un roi aux yeux rouges delarmes, d'une reine en sanglots,le Premier ministre, la gorgenouée d'émotion, parvint à arti-culer les mots de leur détermi-nation à tous : « Nous sommes unpetit pays mais nous sommes unpeuple fier. La Norvège n'aban-donnera jamais ses valeurs. » Ilaurait pu ajouter que ce n'est pasle nombre de ses enfants qui faitune grande nation mais s'en est

retenu pour ne pas être immo-deste, travers d'usage généraldans nos contrées latines. C'esttoute la différence, mesure, éti-quette, affabilité.

Le roi Harald V

Le roi Olav V, père du roi d'au-jourd'hui, avait l'habitude de dé-gourdir ses chiens au petit matinsur l'esplanade du palais et ren-dait leur salut aux passants dansune simplicité royale. SM Harald Vest le modèle des monarques duNord. Autorité naturelle permet-tant d'ouvrir une accessibilitévraie. Scolarité à l'école publique,service militaire dans la cavale-rie, troisième cycle à Oxford (his-toire, économie, sciences so-ciales), il sera l'ambassadeur infatigable de l'industrie norvé-gienne. Excellent dans les activi-tés sportives, il communie commetous ses sujets avec la nature tantà la chasse qu'à la régate puisquele Norvégien est d'abord un ma-rin. À soixante-quatorze ans, ilenchaine les voyages diploma-tiques et assure sa charge pour lemeilleur bénéfice de son pays.C'est le job ; et ce pays marchebien, malgré de sévères con-traintes climatiques et une géo-graphie coupée en tous sens, sidifficile à exploiter. Mais le défirépond au défi, à pays dur, crânesincassables. La vigueur nordiquen'est pas célébrée pour rien, etcela depuis des siècles.Il serait facile et cruel d'établirdes comparaisons avec les condot-tieri de rencontre qui viennent àdate fixe "réussir" leur vie cheznous dans des palais qu'ils n'ontjamais construits. Quels quesoient leurs mérites, élus d'unefaction, ils ne feront jamais l'ex-ploit de réunir toute le pays der-rière eux de manière spontanée.Ce "précipité" va de soi en Scan-dinavie. Le roi de tous appartientà chacun et il est infiniment plusque le chef du gouvernement desdisputes courantes. Il est l'hor-loge pacificatrice de la républiqueet l'âme visible de la nation. Nousne savons comprendre. n

Catoneo

o MONARCHIE

Norvège : les larmes du roiÉbranlées par les assauts du modernisme, les monarchies européennescontinuent néanmoins de présenter quelque vertus. Hélas, ce sont souvent les drames qui rappellent la force des symboles.

LE 24 AVRIL 1986, en pleineguerre fratricide du Liban, ÉlieHatem publiait un article dansnotre journal, intitulé àl'époque Aspects de la France,où il préconisait une solutionpour le pays du Cèdre : la res-tauration de la principauté.Celle-ci avait été abolie auXIXe siècle par les intrigues desOttomans qui régnaient sur larégion. Descendant direct ducheikh Eid Hatem, notre colla-borateur reprenait l'initiativede son ancêtre qui était devenuen 1861, grâce à l'interventionde Louis-Napoléon Bonaparte,administrateur général duMont-Liban (l'appellation don-née alors au Liban). Après desmassacres entre les Maronites(catholiques du Liban) et lesDruzes, les deux principalescommunautés libanaises d'au-trefois, et la destitution du der-nier prince Béchir Chehab II, lecheikh Eid Hatem tenta de res-taurer le régime monarchiquede principauté. Mais il fut as-sassiné, probablement empoi-sonné par les Ottomans. Les dé-chirements actuels en Orient,ainsi que la menace qui pèsesur le modèle national au profitdu fondamentalisme religieux,amènent Élie Hatem à relancerle débat sur la restauration desmonarchies abolies. q

LE SPECTRE révolutionnaire quisurgit en Irak, en Tunisie, enLibye, en Égypte, au Yémen eten Syrie est manigancé par lapropagande pour l'instaurationde régimes démocratiques ré-publicains. Cela suscite l'émer-gence d'une pléthore de partispolitiques, y compris des mou-vements religieux radicaux,conduisant les communautésvers des heurts sanglants quipeuvent se perpétuer durantdes décennies. En Tunisie, enLibye et au Yémen, pays majo-ritairement musulmans sun-nites, la cacophonie des partisprovoquera une instabilité ins-titutionnelle ainsi que desluttes pour le pouvoir, non sansviolence, à l'instar de ce qui sepasse sporadiquement en Tuni-sie. En Irak, en Égypte, en Sy-rie voire au Liban, la multitudedes communautés entreront enguerre sans merci, en vue d'im-poser leur hégémonie ou dedéfendre leur existence. Cettesituation inextricable sonnerale glas des modèles nationauxen place depuis plusd'un siècle.Les régimes, instaurés la plu-part du temps à l'issue du ren-versement des monarchies ré-gnantes (en Irak, en Egypte, enTurquie, en Tunisie, en Libye,au Yémen), ont gardé uneteinte monarchique inhérente àces sociétés ou le pater fami-

lias détenait la potestas de l'É-tat. Ainsi, l'exercice voire ladévolution du pouvoir se faisaità l'instar des monarchies héré-ditaires : en Syrie, le présidentHafez el-Assad préparait sonfils aîné, Bassel, afin de luisuccéder. À la mort de ce der-nier par accident de voiture, ilpropulsa son cadet, Bachar, ac-tuellement à la tête de l'État.En Égypte, le président HosniMoubarak prépara égalementson fils, Gamal, à l'exercice dupouvoir. Saddam Hussein fit demême avec Oudaï puis Qousayquand celui-ci fut blessé. En Libye, Kadhafi voulait que Seif lui succède.

Besoin d'un fédérateur

Les sociétés orientales, pour laplupart tribales et rivales, aspi-rent à un monarque capable deles fédérer. En Iran, plus detrente ans après la révolution,l'aspiration à la restaurationmonarchique et la nostalgie dece régime millénaire ressortdans les derniers discours duprésident Ahmadinejad quin'hésite pas à rappeler la gran-deur de l'empire perse. Aprèsl'invasion de l'Irak et la destitu-tion de Saddam Hussein, lechérif Ali ben Hussein, fils duroi Fayçal II assassiné en 1958et prétendant au trône de sonpays, n'a pas hésité à affirmerque la restauration de la mo-narchie était le moyen d'unifierles Irakiens. Rentré dans sonpays en 2003, il œuvre danscet objectif. Le neveu du der-nier roi de Libye, Idris Ier, leprince Mohamed el-Senoussi,devenu héritier du Trône depuisla mort de son oncle en 1983, aproposé la restauration de lamonarchie dans son pays pourmettre un terme à la guerre ci-vile. Sa proposition a été pré-cédée par une initiative du roiFouad d'Égypte (fils du roi Fa-rouk) qui, à l'occasion de l'at-tentat dont une église copte aété victime, a condamné cetacte, faisant de lui un symbolefédérateur des Égyptiens. Larestauration des monarchiesorientales permettrait-elle leretour à la stabilité dans cetorient compliqué ? q

Élie Hatem

Restaurer les monarchies en OrientConfronté à des déstabilisations récurrentes, en proie à des guerres civiles ainsi qu'au fondamentalismereligieux, les États d'Orient pourraient se mettre en quête d'une restauration monarchique. Tour d'horizon.

OSLO

Un terrorismenarcissiqueLe drame d'Oslo a projeté l'at-tention sur le populisme norvé-gien. Celui-ci est incarné par leParti du progrès – le secondparti du pays. Mais la luttecontre l'immigration ne seraitapparue que récemment dansson discours. À l'origine, c'était« une sorte de parti libertarienconservateur », souligne Olivier

Kempf (Egea, 25/07/2011).Maître de conférences àSciences Po Paris, ce dernierjuge « symptomatique que cetattentat soit le fait d'un indi-vidu seul ». Et de pointer le« narcissisme contemporain » :« Contrairement à autrefois,écrit-il, un attentat n'est pas lefait d'une "organisation" doncd'une "société secrète". La nou-velle menace sera-t-elle celledu "terrorisme individuel" ? Enfait, Al Qaida nous l'avait déjàenseigné : ce n'était pas uneorganisation, ce n'était même

pas un réseau, mais une fran-chise laissant libre cours auxinitiatives localisées de "lancerdes actions" pour les faire par-rainer, ensuite, par la "marquede fabrique". Et la plupart dutemps, les candidats étaientdes individus, perdus dans la modernité occidentale, quise refabriquaient une identitéau moyen d'un attentat. J'ail'impression que dans le casd'Anders Behring Breivik, on reproduit le même schéma.Oslo, c'est comme Londres ou Madrid. » q

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Le roi Harald V est le modèle des monarques du Nord.

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L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2822 – Du 4 au 31 août 2011 9 z

Monde

GAZA

Une flottille sous pression Arraisonnement dans les eaux internationales : l'Unioneuropéenne baisse pavillon.

ISRAËL a gagné, l'Europe aperdu. Elle a perdu parce quel'Union européenne s'est inclinée,couchée même, devant les exi-gences israéliennes. La flottillepour Gaza, à l'exception du Di-gnité al-Karama, est demeurée àquai. Nos avons rencontré à leurretour certains des passagersfrançais du seul navire à avoirréussi à quitter la Grèce. Ils nousont raconté comment la marineisraélienne les avait interceptésdans les eaux internationales.Les pavillons arborés, dont celuide la France, ont été arrachés etfoulés aux pieds. Conduits à Ash-dot, les passagers et l'équipageont été interrogés, dépouillés,expulsés et le navire saisi. Pour condamnable que ce fut,c'est là pratique connue, réédi-tée et qui était prévisible. Israëlici n'a pas varié. Ce qui a variéet aggrave la situation, c'est cequi s'est passé avant. La Grèce,dans l'état où elle est, n'a pu ré-sister aux pressions israéliennesrelayées ou ayant l'aval, semble-t-il, de l'Union européenne. Laflottille s'est vue "assignée àquai" dans le port d'Athènes. Lesmembres de l'équipage du Di-gnité ont raconté comment les

fonctionnaires chargés de l'exé-cution des ordres s'en excusaientauprès d'eux, les invitaient à dé-jeuner et leur donnaient de pe-tits présents, honteux de ce quileur était ordonné. Parallèle-ment, le capitaine du navire etun de ses officiers se sont vusagressés sur les quais. L'officiera eu deux dents cassés et le ca-pitaine a failli perdre un œil.Les agresseurs n'ont pas étéidentifiés. Un épisode qui res-semble à celui mis en scènedans le film de Costa Gavras,Z... Malgré interdictions et vio-lences, le navire a pu tromper lavigilance qui l'entourait et ga-gner le large. Avec l'épilogueque l'ont sait.Reste qu'au-delà du problèmepalestinien, cet épisode projetteune lumière crue sur les rela-tions entre l'Union européenneet Israël. Personne de respon-sable en Europe n'aspire à la dis-parition d'Israël. Mais que l'Eu-rope soit son auxiliaire dans unepolitique contestable pose unproblème majeur. q

Charles-Henri Brignac

FAMINE

Le problèmesomalienL'appel à l'aide humanitaireinspire quelque circonspectionà Bernard Lugan.

LA SOMALIE étant encore frappéepar une famine, une nouvellefois les médias déversent desimages atroces accompagnées decommentaires dégoulinants debons sentiments et chargés dereproches culpabilisateurs.Comme si nous, Européens,avions la moindre responsabilitédans ce drame dont les princi-pales causes répétitives sontclairement identifiées... Au moment où une intense cam-pagne vise à préparer les espritsà une intervention, il est impé-ratif de donner les clés du pro-blème somalien. La Somalie esten guerre depuis 1978. Le pro-blème n'y est pas ethnique maistribal. Le grand ensemble eth-nique somali qui occupe unevaste partie de la Corne del'Afrique est en effet divisé entrois grands groupes (Darod, Iriret Saab), subdivisés en tribus, enclans et en sous clans qui se sonttoujours opposés. Hier pour despoints d'eau et des vols de cha-meaux, aujourd'hui pour des tra-fics plus "modernes".À l'heure actuelle, à l'exceptiondu Somaliland et dans une me-sure moindre du Puntland, les is-lamistes contrôlent la majeurepartie du pays. Or, pour eux, la

famine est une véritable au-baine, car : elle va leur per-mettre d'être reconnus par la"communauté internationale"qui devra traiter avec eux pourl'acheminement de l'aide alimen-taire ; elle va leur permettred'achever la prise de contrôle dupays ; elle va leur permettre detirer de juteux profits des dé-tournements de cette aide,comme cela avait été le cas lorsde la grande famine d'Éthiopiedans les années 1984-1985. q

Le chaos en Somalie constitue ungrave problème qu'il faudra bienrésoudre un jour. D'autant qu'ilnourrit la piraterie en recrudes-cence dans l'océan Indien, où leséquipages occidentaux naviguentsous la menace permanented'une prise d'otages.

3 D'après Bernard Lugan, 29 juillet2011 ; L'Afrique Réelle est diffuséepar Internet le 15 de chaque mois ;www.bernard-lugan.com

Ce qui se passe actuellementen Égypte et en Tunisie (sansoublier la Syrie et la Libye,

dont nous avons parlé ces der-nières semaines, ni le pauvre Irakruiné et en proie à une guerre ci-vile quasi permanente), est d'uneextrême gravité pour le mondearabe et même pour l'ensembledes pays civilisés. Car, tout sim-plement, par suite du "Printempsarabe", encouragé, applaudi, plusou moins financé et parfois orga-nisé par certains intérêts occi-dentaux, ces pays risquent, à plusou moins brève échéance, de pas-ser sous la domination des isla-mistes radicaux. N'ayons pas peurde le dire.

Situation chaotique

Les autorités politiques, les ve-dettes des programmes audio-vi-suels et les intellectuels autopro-clamés nous avaient annoncé desrévolutions laïques, progressistes,authentiques dans ces deux pays.Une marche irréversible vers cettedémocratie idéale dont on se gar-garise dans les dîners mondainsde Paris et d'ailleurs et notam-ment... à Saint-Germain des Prés.Désormais, on fait le silence oupresque. On détourne le regard.Les « intellectuels faussaires » –reprenons l'expression de PascalBoniface qui titre ainsi son der-nier opus, refusé par quatorze édi-teurs avant d'être publié par unepetite maison et dont on ne peutque conseiller la lecture –, se sontune fois de plus trompés honteu-sement. On nous avait promis unerévolution laïque. Voilà que lesexperts autoproclamés, voyant

que, dans ces deux pays, les Frèresmusulmans sont en train deprendre le pouvoir, tout minori-taires qu'ils soient, optent pourune nouvelle « lecture » (sic) desrévolutions arabes : certes, les is-lamistes pourraient prendre lepouvoir, mais ce sont des « mo-dérés ». I l n 'y aurait r ien àcraindre. Exactement le même re-frain que celui entendu à proposd'un certain Khomeyni et de la ré-volution iranienne, entonné parces mêmes "maîtres à penser" ouleurs prédécesseurs, les Sartre,Simone de Beauvoir et autres Mi-chel Foucault. Imaginons un ins-tant l'Égypte et la Tunisie bascu-ler dans l'islamisme radical, en-traînant d'autres pays arabes, voiremusulmans. Imaginons la chariarégner dans les pays du Nord del'Afrique et les conséquences quecela pourrait avoir.

La rue résisteaux islamismesOn vous cache également la ré-action de la rue, du pays réel onpourrait dire, la majorité dont lesmédias occidentaux ne parlentpresque pas. Les récentes mani-festations de la place Tahrir auCaire, pour réclamer une purgerévolutionnaire dans le pays, leprocès et la mise à mort du pré-sident Hosni Moubarak, ont attirépeu de monde, des activistesfrères musulmans mêlés à des ex-trémistes gauchistes – la fameusealliance du Noir et du Rouge. Lesmédias, lorsqu'ils en ont parlé,ont évoqué des « dizaines de mil-liers » de manifestants, images...d'archives à l'appui. Supercherie

habituelle. Des contre-manifes-tations ont été imposantes etspontanées. Les gens en ont as-sez de l'insécurité, du marasmede l'économie, des règlements decomptes. Ce sont des "contre-ré-volutionnaires", des "nervis" ! In-dignes de l'intérêt des bien-pen-sants... Pareillement, les mani-festations violentes contre lesrévolutionnaires se multiplient enTunisie. Mêmes causes, mêmes ef-fets. On parle des casseurs payéspar le parti de Ben Ali, lequel avolé en éclats et n'existe plus !Le Premier ministre a à peine oséstigmatiser El Nahda, la sectiontunisienne des Frères musulmans.Il n'a même pas eu le courage deles nommer. On se fâcherait à Pa-ris et à Washington !Tant en Égypte qu'en Tunisie, desélections, déjà retardées, sontannoncées pour le mois de sep-tembre. Face à la désorganisationprovoquée par le Printemps arabeet l'ambiance de terreur intel-lectuelle et physique que les is-lamistes, ultra-minoritaires, fontrégner, la "victoire" de ceux-cisemble faire peu de doute. LePrintemps arabe se terminera dansle chaos et le cauchemar, commela révolution bolchevique, commela révolution nazie, comme cellede Khomeyny.

La chance du Maroc

Le Maroc reste fort heureusementà l'écart. Surtout grâce à la soli-dité de la monarchie et à la sa-gesse du roi Mohammed VI. Es-pérons qu'il puisse agir avec cetesprit de fermeté éclairée, évi-demment adaptée à la situationactuelle, qui caractérisait sonpère le roi Hassan II, grand sou-verain s'il en est. Mais le Maroc aeu une autre chance. Aux États-Unis, de nombreux milieux,constatant les conséquences dé-sastreuses de la politique améri-caine en Égypte et en Tunisie, ontpréféré freiner les tendances do-minant à la Maison Blanche et auDépartement d'État. Le même re-tour à une certaine prudencesemble prévaloir à Paris, où onne veut pas pousser la rue maro-caine aux excès comme on l'a faitpour la Tunisie et l'Égypte.En outre, étrange constatation,très nombreux sont les "décideurs"et les "maîtres penseurs" parisiensà posséder des "riads" au Maroc età apprécier des vacances dans cebeau pays sûr et prospère. Ils ima-ginent mal ce pays basculer dansla barbarie islamiste... La conni-vence entre "Mamounia" et Saint-Germain des Prés ne devrait pasêtre négligée. Félicitons-nous-enpour une fois. Le sort de touteune région est en train de se jouerdans l'indifférence à peu près générale. Nous reviendrons sur ce sujet à la rentrée. n

Pascal Nari

o ÉGYPTE & TUNISIE

Le désenchantement arabeLes promesses du Printemps arabe se sont-elles envolées ? Insécurité,désordre économique, et menace islamiste semblent avoir balayé l'espoir d'un monde meilleur. Mais, au Maroc, la monarchie tient bon.

Mohammed VI est parvenu à maintenir le Maroc à l'écart des révolutions.

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Arts & Lettres

Les éditeurs surferaient-ils surla vogue du roman policiernordique ? Ce serait injuste

de le prétendre en raison de lagrande originalité du polar islan-dais. Depuis la sortie de L'Hommedu lac, en 2008, le succès de lasaga policière d'Arnaldur Indriða-son ne se dément pas – sept titresparus, avec une adaptation par-ticulièrement réussie de l'und'entre eux, La Cité des Jarres,stupidement "traduit" sur nosécrans par... Jar City.

Un trio récurrent

De roman en roman, avec Arnal-dur, c'est un trio qu'on retrouve -le commissaire Erlendur Sveins-son et ses deux adjoints, Elínborg,passionnée par la cuisine autantque par son métier, et SigurðurÓli, un trentenaire fier de sesétudes aux États-Unis et qui n'ar-rive pas à se décider à fonder unvrai foyer. Son foyer, en revanche,Erlendur l'a délibérément détruitpeu de temps après la naissancede son second enfant, ce qui luia attiré la haine inassouvie de safemme. D'où, en face de ce fils,qu'il ne reconnaît pas au débutde L'Homme du lac, et qui na-vigue de petits boulots en petitsboulots, et de sa fille, qui estplongée dans la drogue jusqu'à seprostituer pour se payer sa cam,un sentiment de culpabilité quise nourrit de lui-même : avantses enfants, n'a-t-il pas lâché, àdix ans, dans une tempête deneige, la main de son frère, âgéde huit ans ? Interrogé sur son personnage prin-cipal, Arnaldur précise : c'est « unhomme qui vient de la campagne,et qui déménage en ville dans sajeunesse. Car c'est la grande mu-tation qu'a connue la société is-landaise, cet exode rural. Toutesces populations qui ont quitté lacampagne pour venir à Reykjavík.Cela a laissé beaucoup de gensderrière, comme suspendus enl'air, sans racines. En fait, Erlen-dur fait partie de ces gens déra-cinés, qui n'arrivent pas à prendreracine dans l'époque moderne, nidans la ville de Reykjavík. » 1 Dureste, que ce soit chez Arnaldur,ou (ci-après) Árni Thórarinsson etJón Hallur Stefánsson, le person-nage principal, mâle quadragé-naire, demeure dans une ruptureaffective et sociale que com-pense, fort heureusement pourlui, une activité professionnellequi ne laisse guère le temps à l'in-trospection. Après les chefs-d'œuvre sur fondhistorique que sont La Cité desJarres, La Voix, La Femme en vertou L'Homme du lac, on regretteraque, dans le dernier Arnaldur,La Rivière noire, plutôt fade, lecommissaire soit parti en va-cances, laissant toute la respon-sabilité de l'enquête à Elínborg.Erlendur et Sigurður Óli sont bien,

en effet, deux métaphores d'uneIslande qui se cherche face autriomphe de la modernité et quis'interroge sur sa propre trans-mission – il n'est pas sans signifi-cation qu'alors que Sigurður Ólise décide enfin dans L'Homme dulac à faire un enfant à son amie,celle-ci n'arrive plus à concevoir ;et que notre policier refuse defranchir le pas de l'adoption d'unenfant "exotique", dans Hiver arc-tique, consacré aux problèmes del'immigration.

Une jeunesse fragile

Quoi de commun, dès lors, entreles enquêtes glauques du com-missaire de Reykjavík, sur des"meurtres typiquement islandais"et celles, tout aussi localisées,mais dans le Nord, à Akureyri,deuxième ville du pays - 17 000habitants -, du journaliste Einaret de son équipe du Journal duSoir ? Peut-être, par-delà la dif-férence de ton, l'essentiel, quantà la perception d'un pays désor-mais en proie aux fléaux occi-dentaux ressentis avec une par-ticulière acuité en raison dunombre réduit d'habitants – unpeu plus de 300 000 –, qu'il s'agissede la drogue ravageant la jeu-nesse, d'une sexualité "libérée",c'est-à-dire aussi violente quetriste (le viol et... le laxisme dela justice islandaise sont deux leit-motive de la littérature islan-daise), des rapports difficilesentre les générations dans un paysqui connaît le plus haut taux denaissance hors mariage, ou d'uneimportante immigration non nor-dique, voire non européenne, quenos romanciers traitent, il fautbien l'avouer, non sans une cer-taine bien-pensance (Hiver arc-tique prend parfois l'allure d'un

pensum antiraciste qui, fort heu-reusement, ne tient pas ses pro-messes). Einar, dans Le Temps dela sorcière, d'Árni Thórarinsson,est confronté à quelques jeunespaumés-racistes-fils de notablesdes fjords de l'Est tandis que dansLe Dresseur d'insectes, il héberge,sur fond de fête des commerçants– une fête nationale en Islande –sa fille de seize ans et « son pe-tit copain noir comme du char-bon ». Mais de quoi ce père mo-derne, en cure perpétuelle dedésintoxication, se plaindrait-il ?Sa fille, plus souvent ivre qu'à sontour comme son père naguère,est à l'image d'une certaine jeu-nesse du pays : « Sa virginité àelle s'est envolée il y a deux anset, chose remarquable, elle s'ensouvient. »

Industrie en berne

Dans Le Septième Fils, Einar, queson rédacteur en chef délocalisedans le port d'Isafjörður, la capi-tale des fjords de l'Ouest, ren-contre les problèmes économiqueset sociaux d'une Islande confron-tée à la mondialisation : les pers-pectives de l'industrie du poissonne sont pas « encourageantes »,et « même si le nombre d'étran-gers augmente, celui des Islan-dais de souche diminue ». Maté-rialisme, perte des repères an-cestraux, culte de l'argent : lepolar islandais reflète la crise decivilisation d'une société qui n'ajamais connu, sur le plan cultu-rel, de solution de continuité de-puis l'an mil. Et le journalistebobo, qui se moque du réac' unpeu beauf qui l'hégerge, sent bien,au moment de le quitter, que celui-ci détient une part de la vérité de l'Islande comme de toute société.

Un envoûtement, plus ou moinssatanique, prend alors le relaischez une jeunesse déboussolée,que ce soit dans Le Septième Fils,à l'Ouest, ou dans L'Incendiaire deJón Hallur Stefánsson, dont l'ac-tion se déroule dans la petite villede Seyðisfjörður, dans les fjordsde l'Est. Dans Brouillages, son pre-mier roman traduit, il nous dé-peignait un Reykjavík contempo-rain et multiple : l'humour noir ledisputait alors au suspens le plushaletant, voire échevelé. L'atmo-sphère de L'Incendiaire est plusépaisse et, surtout, l'espoir sembleavoir déserté la petite société vil-lageoise. Quant à Ultimes Rituels,premier roman traduit en français(malheureusement de sa versionanglaise) d'Yrsa Sirgurðardóttir, ausuccès par ailleurs mérité, l'in-fluence satanique d'un étudiantallemand ne fait que servir de ré-vélateur, au sens chimique duterme, au nihilisme d'un grouped'étudiants qui a perdu toute no-tion du bien et du mal.

Cinq siècles d'occupation

Pourtant, nourrissant son courage,c'est bien une farouche volontéde persévérer dans l'être qui per-mit au peuple islandais de dé-fendre, durant une occupation decinq siècles, son identité avecune détermination qui s'est par-ticulièrement manifestée dans lerespect scrupuleux de la langue,au point que, comme aime à lesouligner Régis Boyer, « les dif-férences entre l'islandais parléet écrit du Moyen Âge et celuiqui a cours à présent sont prati-quement négligeables » 2. Aussiles auteurs contemporains – etleurs personnages –, toutes sen-sibilités confondues – le commis-saire Erlendur n'étant pas le der-nier –, sont-ils unanimes à re-gretter le lent effritement de lalangue sous les assauts des amé-ricanismes. Mais ce peuple peunombreux paraît aujourd'hui bienfaible face aux multiples cadeauxempoisonnés de la mondialisa-tion. Comme le remarque Valdi-mar, un jeune mécanicien de LaRivière noire, qui refuse l'appelde Reykjavík : « C'est tout justesi les gens parlent encore notrelangue, ils passent leur temps àtraîner dans les chaînes de res-tauration rapide et à engraisser.Je ne suis pas sûr que tout ça soittrès islandais. Je crois que noussommes en train de nous noyerdans de mauvaises habitudes im-portées de l'étranger. » n

Axel Tisserand

1 Chemins d'Islande, entretien du10 février 2008, propos recueillispar Claudine Despax.2 L'Islande médiévale, pp. 39-40. 3 Arnaldur Indriðason, La Cité desJarres (2005), La Femme en vert(2006), La Voix (2007), L'Homme duLac (2008), Hiver arctique (2009),Hypothermie (2010) et La Rivièrenoire (2011) sont tous publiés chezMétailié moir ; Árni Thórarinsson,Le Temps de la sorcière (2007), LeDresseur d'insectes (2008), Le Sep-tième Fils (2010) également chezMétailié Noir ; Jón Hallur Stefáns-son, Brouillages (2007), L'Incendiaire(2010) chez Gaïa Polar ; Yrsa Sir-gurðardóttir, Ultimes Rituels (2011)chez Anne Carrière.

o LIVRES

Islande : un polar identitaire ?Matérialisme, perte des repères ancestraux, culte de l'argent : le polar islandaisreflète la crise de civilisation qui hante le pays qui peut sembler bien faible face aux multiples cadeaux empoisonnés de la mondialisation.

PÉRIPLELITTÉRAIREÀ CHACUN son "Tour deFrance". Le mien fut litté-raire. À Sète vit le souvenirde Paul Valéry... À Lourmarin,j'ai été me recueillir sur latombe d'Albert Camus. Unpeu plus loin sur celle d'HenriBosco. Ce sont les poèmes deBosco qui amenèrent Camus àLourmarin en décembre 1958.De sa terrasse il avait vue surles montagnes du Lubéron.Elles lui rappelaient son Algé-rie... Jusqu'en septembre setient à la bibliothèque muni-cipale une exposition évo-quant Albert Camus. Desécrits, des livres, des photos,des coupures. Parmi les ar-ticles on en trouve de JeanMéningaud parus dans Aspectsde la France. Ces temps-ci,sur la place du village, unetroupe d'amateurs, le Théâtrerural d'animation culturelle adonné Les Justes, mais sur-tout Révolte dans lesAsturies, jusqu'ici jamais in-terprétée. Je me suis toujourssenti "camusien", par opposi-tion à Sartre. Il aimait laFrance, il aimait l'Algérie.Passionnément.Disant adieu au soleil du Lu-béron, je suis remonté vers leLimousin. À Bellac, j'avaisrendez-vous avec la mémoirede Jean Giraudoux 1. Il y estné le 29 octobre 1882.L'avouerais-je, davantage quel'auteur d'Ondine, deLa Guerre de Troie n'aura paslieu et La Folle de Chaillot,ce sont ces interprètes quej'ai entendus, applaudis etpour certains rencontrés. Une très belle exposition Li-moges révélée, est consacréeà l'histoire de la photographieentre 1839 et 1914. Elle setient jusqu'à fin septembre àla Galerie des Hospices 2.L'agencement des salles estréalisé avec goût. Les nomsde Louis Daguerre, BernardLassimone, Martial Bonnaud,sans parler de Paul Burty Ha-viland parleront aux connais-seurs. Les thèmes évoquéssont variés. Photographies dela guerre de Crimée, vues deLimoges dévasté par l'incendiede 1864 et des barricades en1905... À côté de cela, l'ex-position est un étonnant al-bum qui ressuscite le vieux Li-moges et les personnages,humbles ou grands, qui ontpeuplé le passé. Autant de vi-sages, de présences qui s'ac-cordent à la pensée d'AugusteComte lorsqu'il écrivait quel'humanité est gouvernée «par plus de morts que de vi-vants ». q Ch-H.B.

1 - De 14 h 30 à 17 h 30 sauf lemardi ; samedi, dimanche etfêtes d'octobre à juin ; ferme-ture en septembre ; 54 avenueJean-Jaurès ; 05 55 68 03772 - Jusqu'au 25 septembre de10 heures à 19 heures, lundi ex-cepté ; 6 rue Louis Longequeue ;05 55 45 60 49.

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Arts & Lettres

Robert Harris réussit le tourde force de séduire le pu-blic anglo-saxon avec des

romans historiques très éloignésdes facilités ordinaires du genrepuisqu'il s'agit de raconter, par lemenu, la vie et l'œuvre de Cicé-ron. Hormis l'artifice consistant àprêter sa plume à Tiron, secré-taire, affranchi, ami et exécuteurtestamentaire de Marcus Tullius,auquel on doit d'avoir sauvegardél'essentiel de l'œuvre de sonmaître, Harris ne se permet au-cune fantaisie. Certes, le stylemoderne, unique concession auxgoûts du public, ne saurait êtrecelui des authentiques Mémoiresde Tiron, hélas perdus, mais toutle reste, du déroulement des évé-nements jusqu'aux commentairesdu Grec et son regard désen-chanté sur les ultimes années dela République romaine, sonneétonnamment juste. Comme lesparallèles, évidents, entre notreépoque et le Ier siècle avant notreère, révélateurs d'une déliques-cence comparable. O tempora, omores !

Machination dans la Rome antiqueC'est justement à l'épisode de laconjuration de Catilina que Har-ris s'attaque avec ce second vo-lume. Si, dans Imperium, il dé-crivait l'habile cheminement deCicéron, homo novus, vers leConsulat, avec Conspirata, voicile politicien aux affaires. Harrisest assez fin pour saisir ce qu'il ya de définitivement étrange dansla prétendue conspiration de Lu-cius Sergius, et que l'affaire res-semble à s'y méprendre à une ma-chination suprêmement adroitedu parti des Optimates contreleurs vieux ennemis Popularesdont le brillant Catilina était chefde file. Tiron, bien sûr, attachéau souvenir de son maître, ne sau-rait pousser si loin ses doutes,mais... Comment s'étonner quenos hommes politiques, aujour-d'hui, soient si peu désireux defavoriser l'étude du latin et del'histoire romaine ? On y appre-nait à réfléchir. Et c'est bien ledernier souhait de nos démocratestotalitaires...Si l'histoire romaine est bannie,que dire de celle de Byzance, can-tonnée à un cénacle de spécia-listes ? Elle compte pourtant uneétonnante galerie de personnagesqui mériteraient d'être tirés del'oubli. Marina Dédayan s'y em-ploie en allant y chercher Andro-nic Comnène. Cadet de la dynas-tie, écarté de la pourpre, ce cou-sin du grand Manuel fut, desdécennies, le rival déclaré et ja-loux du Basileus. Faussement oc-cupé d'amours scandaleuses quiempêchaient de voir derrièrecette façade ses agissements po-litiques, Andronic, pour devenir

empereur, ne recula devant au-cune bassesse, aucune trahison,aucun forfait, et monta en effetsur le trône, pour y laisser le sou-venir du plus cruel usurpateur queConstantinople eût subi. Lepeuple, excédé, l'assassina aucours d'une de ses émeutes dontil avait le secret. Séducteur invé-téré mais homme haïssable, An-dronic n'est pas de ces héros quiattirent la sympathie. Il fallait àMarina Dédéyan une certaine au-dace pour s'y risquer, avec un in-contestable talent. L'Aigle deConstantinople est un roman quibrille par la qualité de la recons-titution historique, le sens de lapsychologie, l'habileté du récit.Et la discrète érudition distilléeau lecteur.

Un nouveau Rabelais

Le Mystère Rabelais d'HenrietteChardak suscite de prime abordun vague agacement : quoi, en-core une histoire de secrets en-fouis et de mystères anciens à ré-soudre au terme d'une course autrésor plus ou moins ésotériquedestinée à dévoiler les mensongesintéressés des puissants ? Depuisle Da Vinci Code, on a tellementusé de la ficelle qu'elle devraitavoir rompu et les auteurs qui s'yaccrochent encore sont soupçon-nables d'opportunisme, ou d'ab-sence d'imagination... Il serait in-juste d'imputer ces défauts tropcommuns à Mme Chardak. Certes,elle se sert de ce schéma éculé,mais le résultat s'avère incon-testablement différent, et re-marquable. Prenez une journa-liste répondant au doux nom

d'Agathe Belladone, travaillant àl'improbable Lanterne de l'Oise ;une édition rarissime de Rabelais,annotée de la main de l'auteur encette langue des Oiseaux qui luiservait à se rire des imbéciles ;un collectionneur américain mil-lionnaire décidé à comprendre ceque cachent ces annotations ; untrou de trois ans dans la vie duChinonnais. Supposez une ren-contre, et plus si affinités, aveccelle que l'on nommait « la Perledes Perles », la belle Marguerite,sœur de François Ier, reine de Na-varre. Supposez que, de cette ren-contre, soient nées deux ju-melles... Supposez... Au vrai, peuimporterait que Rabelais fût lepère de Jeanne d'Albret, puisquece n'est point d'elle, mais de sonépoux, Antoine de Bourbon, queHenri IV tenait ses droits à la cou-ronne de France. La bombe n'ex-ploserait pas bien fort. Reste unjoli travail d'érudition et un jeulittéraire à trois niveaux : la viede Rabelais, ses confessions tar-dives à sa fille religieuse, les re-cherches d'Agathe et de l'Améri-cain. Le tout dans des styles va-riés mais également remarquablespar le travail d'écriture qu'ils sup-posent : étonnant.

Rapatriés en Corse

Juillet 1962 : trahis par De Gaulle,les Français d'Algérie, pris entrela valise et le cercueil, devien-nent, dans l'indifférence, voirel'hostilité de leurs compatriotesde métropole, des "rapatriés". Pas-quale et Chantal, un couple deviticulteurs, s'estiment moins àplaindre que leurs amis : il leur

reste la maison familiale en Corse,l'espoir de replanter des vignessur l'île de leurs aïeux. Mais lesprojets optimistes se heurtent àune réalité si douloureuse queleur union manque s'y briser et,quand leur fils unique, jeune avo-cat brillant, décide de se lanceren politique afin de faire entendreà une France frappée d'amnésieun autre langage, tous deux ontaussitôt la conviction de s'ache-miner vers un nouveau drame, in-évitable... La tragédie de l'Algé-rie française en toile de fond,Louis Pozzo di Borgo propose, avecLa Gloire des vaincus, une lec-ture intelligente de la crise corse,de la tentation indépendantisteà travers les rêves et les dérivesde personnages attachants. Cetteanalyse très fine du climat poli-tique du demi-siècle écoulé et deses conséquences n'incite pas àun optimisme délirant, mais la foide l'auteur et de ses héros trans-cende, heureusement, toute ten-tation de découragement.

Enquête à Besançon

Besançon, un mois de décembredu début des années soixante. LeNégus, clochard sympathique, estretrouvé noyé dans le Doubs. Ba-nal accident dû au verglas et àl'alcool, sauf pour un journaliste.Sortant de chez sa maîtresse,« une jeune fille », il a vu le Né-gus s'assommer en tombant d'unmur, très loin de la rivière. À l'évi-dence, le pauvre type, dans l'étatoù il se trouvait, n'est pas allé sejeter à l'eau tout seul... Coupablede non-assistance à personne endanger, le Rouletabille local ne

saurait faire de confidences à lapolice, mais cela ne lui interditpas de jeter le doute sur les cir-constances exactes du décès. Aurisque de provoquer une impré-visible série de catastrophes... Lecommissaire Roland Pidoux de laPJ bisontine eut son heure degloire grâce au Prix du Quai desOrfèvres 1963. Puis il écrivit cesecond roman, Les Clochards d'As-modée, chronique étonnammentféroce d'une bourgeoisie de pro-vince bien pensante d'il y a cin-quante ans. Et son œuvre litté-raire s'arrêta là, ce qu'on peut dé-plorer en se plongeant dans cebref récit caustique, noir, tendreet désabusé dont l'univers paraî-tra bientôt aussi lointain que ce-lui de Balzac...

Roman noir en Ulster

La vie de Paul Goodman, vingt ans, n'a jamais été rose. Riend'agréable à grandir dans les quar-tiers catholiques de Belfast, sur-tout quand votre père, militantde l'IRA, a disparu dans des cir-constances non élucidées. Pours'en sortir, Paul a ses poings, etses talents de joueur de billarddont il s'imagine qu'ils lui per-mettront de faire fortune. En at-tendant, il travaille à RedemptionFactory, un drôle de nom pour leplus grand abattoir d'Ulster... Undrôle d'endroit aussi, avec un pa-tron truand et assassin notoire,flanqué de ses filles, Violet, dé-figurée dans un accident de voi-ture, Geordie, infirme de nais-sance qui met à vaincre son han-dicap une telle rage que Paul,effaré, se rend compte qu'il enest tombé amoureux. Définitive-ment une mauvaise idée et quipourrait lui coûter la vie si la Pro-vidence ne le conduisait à la bou-tique de Philip Kennedy, un hommehanté de remords depuis ce jourlointain où il a abattu un de sescamarades accusé de trahison, uncamarade qui, finalement, s'estrévélé innocent, un camarade qui,justement, s'appelait Goodman.Et Dieu sait que Philip Kennedydonnerait n'importe quoi pour selaver de ce péché...Sam Millar signe là un roman tel-lement noir, tellement terrifiant,tellement cauchemardant qu'onen émerge épouvanté, cherchantson souffle, comme d'un délire deJérôme Bosch. Et, en mêmetemps, bouleversé parce que,chose impensable dans la littéra-ture actuelle, Redemption Fac-tory, cette histoire baignée desang et d'horreur, de chagrin, dedésespoir et de folie, est d'abord,est surtout, et véritablement, unemagnifique histoire de rédemp-tion, de pardon, d'amitié, d'amouret d'espérance. n

Anne Bernet

3 Robert Harris, Conspirata, Plon,430 p., 23 s ; Marina Dédeyan,L'Aigle de Constantinople, Flam-marion, 580 p., 21,90 s ; HenrietteChardak, Le Mystère Rabelais,Le Rocher, 520 p., 23,90 s ; LouisPozzo di Borgo, La Gloire des vain-cus, 160 p., à commander chez l'au-teur, 7 rue Nungesser et Coli. 25200Montbéliard ; Roland Pidoux,Les Clochards d'Asmodée, PhébusLibretto., 152 p., 6,90 s ; Sam Mil-lar, Redemption Factory, FayardNoir, 335 p., 19 s.

o LIVRES

Pour ne pas bronzer idiotLes grands médias mettent en avant leurs "romans de l'été". Le pavé indigeste y côtoie le fasciculeinsipide.... Ces ouvrages ont en commun un vide intellectuel abyssal et une complaisance sans limitesenvers la pensée unique. Pourtant, en cherchant un peu, il est facile de trouver mieux. La preuve !

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Histoire

CURZIO MALAPARTE fait partiede ces écrivains illustres du XXe

siècle qui ne sont plus beau-coup lus, du moins en Italie,son pays natal. Reste un halode mystère et de scandale. Lesesprits curieux d'histoire, peuou prou trafiquée par le talent,connaissent Kaputt (1944) etLa Peau (1949), deux œuvresfortes tout imprégnées du dé-sastre de la guerre, puis de lamisère matérielle et morale del'après-guerre. Mais l'auteur, lepersonnage, qu'en savons-nousplus de cinquante ans après samort à Rome ?

L'horreur démocratique

Peut-être se souvient-on de lamaison bâtie sur un éperon ro-cheux de Capri (et qui servit dedécor au Mépris, film de Jean-Luc Godard inspiré d'un romande Moravia), la Casa come me,conçue, réalisée et meubléepar Malaparte qui, en 1945, dutjustifier de ses ressources de-vant le Commissariat pour lesprocédures contre les profitsdu régime fasciste. Car avantde rompre avec le Parti natio-nal fasciste, devenu à ses yeuxconservateur et embourgeoisé,Malaparte en fut l'un deschantres, un proche de Musso-lini et du comte Ciano. Il estvrai que, par un de ces retour-nements dont l'Italie post-fas-ciste fut féconde, Malapartebénéficia alors de la discrèteprotection du communiste To-gliatti de retour d'URSS, ce quilui valut la relative indulgencedes comités d'épuration.« Fascisant, mais aussi marxi-sant, anarchisant, toujours re-belle, Malaparte l'est et le res-tera également par méfiance,voire répugnance envers la dé-mocratie parlementaire », pré-cise Maurizio Serra, écrivain etambassadeur d'Italie à l'Unesco,dans une savante et passion-nante biographie retraçant lavie et l'œuvre de cet aventu-rier de l'esprit. Lui-même francdu collier, Maurizio Serra avaitpublié il y a trois ans àLa Table Ronde un essai remar-qué, Les Frères séparés, DrieuLa Rochelle, Aragon et Malrauxface à l'histoire.

Dans son Malaparte, vies et lé-gendes, Maurizio Serra fait tou-jours preuve d'indépendanced'esprit, évitant tout mani-chéisme et témoignant mêmed'une évidente empathie àl'égard de son sujet poly-morphe, intellectuel et conspi-rateur, mondain et hommed'action, caméléonesque assu-rément, mais avec une con-stante, son « horreur phobiquede la décadence ».Né de père allemand et demère lombarde en 1898, enToscane, celui qui s'appelle en-core Kurt Suckert fait montretrès jeune d'une force de ca-ractère peu commune, en s'en-gageant en 1914 dans l'arméefrançaise alors que l'Italie n'en-trera dans la guerre que l'an-née suivante. Une expériencehumaine et virile qui le mar-quera durablement. De retourà la vie civile, c'est tout natu-rellement qu'il s'inscrira auParti national fasciste, et seramême un compagnon de routedes redoutables squadristi.Mais sa vocation est l'écritureet le combat des idées.

RencontresmaurrassiennesLors des nombreux séjours qu'ileffectue en France dans les an-nées vingt, Curzio Malapartefréquente les milieux maurras-siens, s'intéresse aux Camelotsdu Roi et accompagne à Romeune délégation de l'Action fran-çaise reçue par Mussolini.C'est toutefois son "fascismerouge", son goût immodéré dela force, qui par la suite pren-dra le dessus – allant jusqu'àadmirer, une fois refroidi le« cadavre sacrificiel » de Be-nito Mussolini, le communismede guerre et la Chine de Mao.Somme toute, le parcours ba-lisé d'un intellectuel "engagé"au mitan du XXe siècle, maisd'un intellectuel qui eut plu-sieurs vies et forgea sespropres légendes. q

Guy C. Menusier

3 Maurizio Serra, Malaparte, vieset légendes, éditions Grasset,634 p., 23 euros.

BIOGRAPHIE

Malaparte,illustre inclassableCompagnon de Mussolini, Curzio Malaparte n'en fut pas moins marxisant et toujours rebelle... Portrait d'un aventurier de l'esprit.

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Nous avons déjà, dans cescolonnes, évoqué la soi-di-sant révolution roumaine de

décembre 1989 et, après d'autres,démonté son caractère fausse-ment spontané. Sans vouloir por-ter en système cette analyse, larévolution iranienne correspondégalement à ce gros mensongeuniversel. Mais alors que Bucarestvit la chute d'un dictateur quiavait ruiné son pays, l'Iran brûlace qu'il avait de meilleur en luien renversant le shah.

Efficacité de la monarchie

Parmi les Français de vingt ans oude trente, combien sont en me-sure de se rappeler ceux qui pré-sidèrent au destin de l'Iran avantle règne de l'intégrisme musul-man ? Les plus informés s'en tien-nent à la lecture talentueuse maisréductrice du Persepolis de Mar-jane Satrapi où le roi Reza Kahnet son fils Mohammad Reza sontperçus comme d'affreux tyrans. Ilest vrai que la petite Marjane évo-lue dans le milieu des intellec-tuels marxistes de Téhéran, anti-shah sectaires. Le grand publics'en tiendra donc là. Il n'ira pasvoir, pas même sur Wikipedia, ceque l'Iran doit aux Palavi, la der-nière maison royale. Disons-led'emblée : l'histoire des deux der-niers shah est un manifeste écla-tant en faveur de l'efficacité dela monarchie, et il nous plaît dele souligner pas seulement pourla France.L'Iran – désigné comme Perse jus-qu'en 1935 – a bien failli dispa-raître sous les coups des ambi-tieux colons anglais ou russes. Ré-duit à une population de septmillions d'habitants en 1914, anal-phabètes et affamés, incapablesde défendre leurs atouts, à com-mencer par les sources d'énergienaturelles dont ils sont abon-damment pourvus, comme le pé-trole et le gaz, les descendantsde Cyrus et de Darius semblaientn'avoir survécu si longtemps quepour disparaître finalement àl'aube du XXe siècle. À coup sûr,les civilisations sont mortelles,mais le génie des peuples, par-fois, dresse une pierre ultime,comme un obstacle à l'anéantis-sement. Ce fut le rôle joué parle général Reza Khan, personnagesans génie mais au bon sens vrai-ment capétien, terrien impatientet têtu, qui prit le pouvoir en 1921par un coup d'État. Il n'avait demodèle qu'Atatürk ; Mustafa Ke-mal si vous préférez, qui menaittambour bâtant la Turquie vers lamodernisation occidentale : dé-veloppement économique, laïci-sation du pays, émancipation desfemmes auxquelles Kemal accordale droit de vote dix ans avant laFrance en 1935. La même année,Reza Khan fit le voyage officiel àAnkara pour rencontrer son idoleet découvrir, ébloui, les bienfaits

du rail en traversant l'Anatolie.De chemin de fer, l'Iran en étaittoujours dépourvu. Des écoles,pas davantage. Des hôpitaux ?Néant. Un état proche de la dé-composition, tenu surtout par l'An-glo-Persian Oil Company qui com-mençait à confisquer le pétrole.Tout était à faire.

Un immense chantier

Reza Khan s'identifia au pays.L'iran, c'était lui. La monarchie,donc. Presque naturellement, maispeut-être un peu contraint par leclergé, il se fit couronner le 25avril 1926 Reza Shah Palavi. Dèslors, tout se mit en marche : ré-appropriation des dividendes pé-trolifères, construction d'un che-min de fer national, le Transira-nien, création d'une éducationpublique, réforme de la justiced'où sera exclu le clergé chiite,promulgation d'un code civil etd'un système de santé, enfin neu-tralité diplomatique. Devant lesinsupportables succès de la mo-narchie iranienne, les alliés oc-cupent l'Iran en 1941 et reversentReza Shah pour le remplacer parson fils Mohammad Reza, qu'ils es-pèrent plus docile. Ce dernierpoursuivra l'œuvre de son pèredans le chaos de la Guerre froide,contre deux minorités, quelquesayatollahs et le Tudeh, le particommuniste iranien. En 1953, lanationalisation du pétrole ac-compagne des réformes laïques.En 1960, le shah fonde l'Opep avecle roi Fayçal d'Arabie, l'Irak, le Ve-nezuela et le Koweit pour pallierla baisse du baril, et maîtriser lesprix indispensables à la moderni-sation du pays, qui se poursuit demanière fulgurante. 70 millions d'iraniens assistent en1971 à la commémoration des

2 500 ans de la monarchie perse.L'Occident frémit. Jusqu'où l'Iranne montera-t-il pas ? Quelle re-vanche après des décennies d'hu-miliation ! Une espérance de vieen constante amélioration, un dé-veloppement technique impres-sionnant, la révolution blancheentamée en 1961 multiplie tousles succès : autoroutes, grandsbarrages permettant d'immensesréseaux d'irrigation et l'électrifi-cation du pays entier, ce qui coû-tera à l'Iran un milliard de dol-lars. Qu'à cela ne tienne, la mo-narchie iranienne imposera lacréation de 2 500 écoles rurales,des logements sociaux toujoursplus nombreux et une égalité en-tière des droits entre les hommeset les femmes. En l'espace dedeux règnes, la monarchie ira-nienne était en mesure de fairetrembler le monde.

L'inusable scénario de la révolutionLa monarchie des Palavi, propul-sée au rang des grandes puis-sances, faisait sentir son poids.Le shah protestait contre l'équi-pement militaire que lui vendaientles États-Unis, contestait la pré-sence américaine dans le golfePersique, appelait à sa dénucléa-risation. Il se permettait une po-litique diplomatique d'équilibriste.Ami de tous, des États-Uniscomme de l'URSS, des Anglaiscomme des démocraties popu-laires, d'Israël comme des Pales-tiniens ou des Égyptiens, l'Iran sepermettait le grand écart per-manent et avançait avec la tran-quille assurance des géants.La crise pétrolière de 1973, liéeaux décisions de l'Opep d'aug-menter le prix du baril, fut la pre-mière condamnation à mort

o MONARCHIE

L'Iran, un cas d'écoleAprès le coup d'État du général Reza Khan et son couronnement le 25 avril 1926, en l'espace de deux règnes, la monarchie iranienne fut en mesure de faire trembler le monde.

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Mohammad Reza Palavi régna sur l'Iran de 1941 à 1979

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Al'occasion de l'niversité d'été2005 de l'Action française,Pierre Pujo, alors directeur

du journal, avait prononcé une al-locution dans laquelle il opposaitsouverainisme et nationalisme, lepremier terme constituant uneétape dont seul le second étaitl'aboutissement : « Le réflexe pa-triotique ne suffit pas. Il nous ap-partient d'inciter les souverai-nistes à approfondir leur réflexionpolitique. Nous devons travaillerà réhabiliter le nationalisme [qui]est à l'origine du mouvement d'Ac-tion française. C'est à partir d'uneréflexion nationaliste que l'Actionfrançaise est devenue royaliste etqu'elle a rénové un royalisme quis'étiolait car il ne reposait plusque sur de vieilles fidélités fa-miliales ou sur le snobisme. »(L'AF 2000, n°2684)

Un faux-nez

En d'autres termes, Pierre Pujoconsidérait que le souverainismeétait condamné à n'être que lefaux-nez d'un nationalisme fran-çais, qui ne s'assume plus depuisla reductio ad hitlerum dont ilest systématiquement l'objet de-puis la Libération. Il faut bien re-connaître que ce terme, importédu Québec par Paul-Marie Coû-teaux, fait florès, aussi bien àgauche (chez Chevènement voirechez Mélanchon), qu'à droite (Du-pont-Aignan, Le Pen et certainsdu collectif UMP de la Droite po-pulaire). Mais, c'est précisémentlà que le bât blesse. Oriflammede tous les patriotes sincères, lesouverainisme s'en tient exclusi-vement à l'objectif (recouvrer lasouveraineté nationale) sans au-cunement poser la question desconditions politiques pour l'at-teindre. Or, le résultat seul nesuffit pas. Sortir du carcan euro-péen, que nombre de "souverai-nistes" présentent comme l'acméde la restauration de la souve-raineté, est certes nécessaire,mais absolument pas suffisant.C'est négliger la règle du "poli-tique d'abord" en avisant la cible

avant que de tendre la corde del'arc. Être au bout du chemin,avant que de l'emprunter. Oui, lesouverainisme est un état poli-tique infantile que seul le natio-nalisme peut faire accéder à lamaturité.

Nationalisme intégral

Ce nationalisme est cependant dit"intégral", en ce sens qu'il est in-dissociable des institutions poli-tiques qui le servent. Résolumentcentré sur l'intérêt général, rai-son d'être de ces dernières, lapréservation du bien commun luiest consubstantielle. Dit autre-ment, l'État sera national parceque son appareil le sera égale-ment. Le nationalisme d'Actionfrançaise est donc moins une doc-trine qu'une méthode d'action po-

litique. Il ne s'agit pas de "fairedu nationalisme", comme d'aucuns(avec les ravages que l'on sait) fi-rent jadis du collectivisme ou dunational-socialisme, mais d'assu-rer uniment la préséance des in-térêts de la France en tout et par-tout. Dès lors, si l'adhésion decœur à la patrie est, bien sûr, ar-demment souhaitable, elle doitnonobstant, pour être solide, êtresubsumée rationnellement par lesouci ne varietur de la sauvegardede la res publica. Or, la monar-chie, sans être la panacée, est leseul régime naturel de la France(comme le fédéralisme l'est pourla Suisse, l'Allemagne ou les États-Unis, chacun, d'ailleurs, le prati-quant selon ses propres prémissesphilosophiques), qui puisse réali-ser le moins imparfaitement cetteentreprise.

Dans le premier numéro de L'Ac-tion Française quotidienne du21 mars 1908, les membres ducomité directeur (parmi lesquels,notamment, on retrouvait, autourde Charles Maurras, Léon Daudet,Jacques Bainville, Maurice Pujoet Henri Vaugeois) signèrent, enguise de manifeste, ces quelqueslignes : « Pas de roi, pas de puis-sance nationale, pas de garantiepour l'indépendance de la nation.[...] C'est en cela précisément queréside le nationalisme intégral.Il met en ordre les problèmesfrançais, il permet de les com-prendre, et ce qu'ils peuvent of-frir de contradictoire sans lui s'ac-corde en lui parfaitement ; parexemple, un pouvoir central trèsfort et des villes, des provinces,des corporations entièrementlibres, au lieu de se détruirecomme en République, se prêtentun appui réciproque et se conso-lident par l'opération de la mo-narchie. » Rien à rajouter ou àretrancher.

Les moyens occultés

C'est dire que le souverainismemilitant, aveuglé qu'il est par sonobjet de passion, occulte la ré-flexion sur les moyens de conser-ver et de pérenniser la souverai-neté (théorique) qu'elle appelleà recouvrer. Il ne voit pas ou feintde ne pas voir qu'au prix d'unedangereuse économie de moyens,son axiome républicain implicites'épargne la purge de ses fermentsde divisions et de dispersions fu-tures. La souveraineté doit de-meurer cette indivision intangibleet non faire l'objet d'incessantspartages successoraux entre lesmembres hétéroclites de ces fa-milles décomposées que sont lespartis politiques. n

Aristide [email protected]

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2822 – Du 4 au 31 août 2011 13 z

Idées

o DÉBAT

Souverainisme et monarchieLe souverainisme est un premier pas vers le nationalisme. Il est présenté ici comme « un état politique que seul le nationalisme peut faire

accéder à la maturité ».

INSTITUTIONS

Pour en finir avec la présidentiellepermanenteDOIT-ON se résigner à cette "présidentielle permanente"qui paralyse l'action de l'État depuis de trop longs moiset qui se déroule même au sein du gouvernement,comme si l'élection de 2012 était le seul horizon ? Jevois dans cette "présidentielle permanente" l'un desdrames de notre vie politique, car les vrais débats, lesplus importantes confrontations d'idées se réduisenttoujours à cette question : « À qui la place, la pre-mière place dans notre République ? » C'est d'ailleurs, acontrario, l'une de mes fortes raisons d'être royaliste :pour libérer notre vie publique de cette question entê-

tante, confions la première place, la magistrature su-prême de l'Etat, à qui ne la demande pas, ne la désirepas, mais la trouve, en possible et potentiel héritage,dans son berceau, par le simple fait de sa naissance etde la mort, un jour ou l'autre, de son prédécesseur. Laformule « le roi est mort, vive le roi » symbolise la plusnaturelle et la plus rapide des transmissions politiques,sans jeu de partis ni de clientèles : c'est un avantagecertain et une économie non moins certaine, en parti-culier de promesses et de démagogie...

Préserver l'arbitrage

Cela n'empêche pas, bien au contraire, une vraie viepolitique, de vrais confrontations et de belles empoi-gnades, mais cela n'affecte pas l'existence même de l'État et "libère" la magistrature suprême des forcesconcurrentes sur le plan électoral : en cas de crise poli-tique ou de conflit extrême, cela autorise un arbitrage

qui n'est pas un arbitraire, comme on a pu le voir, parexemple, en Espagne en février 1981 lorsque des put-schistes ont tenté de renverser par les armes le coursnormal de la confrontation politique et électorale.Dans le cadre de la monarchie active que je souhaitepour la France, cet arbitrage royal serait aussi lemeilleur moyen pour aller le plus loin possible dans ladiscussion et dans l'audace politique sans risquer demettre en péril l'unité de la France, aujourd'hui affai-blie par les guéguerres politiciennes et les tentationscommunautaristes...« On finira bien par y penser », me disait, il y aquelques jours, un fin observateur de la vie politiquefrançaise, avec un large sourire : oui, il faut le souhai-ter, et vite car cette "présidentielle permanente" me fa-tigue déjà par ses faux suspenses et ses manœuvres di-latoires, y compris au plus haut lieu de l'État... Alors,vite, la monarchie ! q

Jean-Philippe Chauvin

de la monarchie iranienne.Cette fois, le shah allait trop loin.Et même son ami l'américain Kis-singer tenta de l'en avertir. Mo-hammad Reza devient victime deson succès. « L'Iran est un îlot destabilité dans une des régions dumonde les plus troublées », af-firmait le président américain Car-ter. Mais c'était pour mieux, ensous-main, contribuer à la désta-bilisation du régime monarchique.Les États-unis finançaient tous lesopposants au shah, y compris lesreligieux chiites. « Pour atteindreun moyen à court terme, on a crééun monstre », résume HouchangNhavandi. Les médias vont contri-buer à ternir l'image du shah enévoquant sa mégalomanie, enn'ayant de regard que pour ses op-posants et en ignorant le plus sou-vent ses partisans.

La révolution en marche

Pour qu'opère une bonne révolu-tion, c'est indispensable, il faut lafa i re au nom des dro i t s del'homme. On parlera donc du des-potisme de la police politique, laSavak. Il faut aussi un objet descandale qui sert de détonateur.Ce sera un article commandé mal-adroitement par le gouvernementpour discréditer un opposant re-ligieux. Il faut enfin un massacreet des victimes pour avancer lenom des martyres de la cause. Ceseront les tirs de la place Jaleh le8 septembre 1978 provoquant 121morts civils et 70 morts militaires.Naturellement, la plupart des ti-reurs de cet acte irréversible sontencore non identifiés.Après cela, que reste-t-il au shah ?Devenir un tyran sanguinaire ? Lecri de "mort au shah" soufflé dansles oreilles des opposants à la mo-narchie par les puissances occi-dentales, États-Unis, Grande-Bre-tagne, France, Israël, résonnadans le cœur du shah comme le"dix ans ça suffit" qui éclaboussal'orgueil du général De Gaulle en1968. En politique, il faut mépri-ser l'événement et ne pas suc-comber aux sentiments. Mais lamonarchie, ce n'est pas de la com-bine politique, c'est de la mys-tique familiale, où le shah est cepère effondré, anéanti, qui clameson désarroi : « Mais que leur ai-je donc fait ? » Ce qu'il leur avaitfait ? Il leur avait fait faire ungrand bon en avant vers la mo-dernité. L'Occident préféra unerépublique retardataire à un des-potisme éclairé.n

Marc Savina

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z 14 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2822 – Du 4 au 31 août 2011

Pour un jeune Français

LE NATIONALISME intégral estune valeur purement maurras-sienne. Pour la comprendre, ilest tout d'abord nécessaire depréciser ce qui différencie lenationalisme du patriotisme. Lepatriotisme est l'amour du solnational, de la terre des an-cêtres, du territoire historiquedu peuple, c'est aussi la vo-lonté de défendre ce territoirecontre l'étranger qui voudraitle conquérir et s'y installer. Lenationalisme est la sauvegardede l'œuvre des pères de la na-tion. Héritage culturel quipeut-être menacé sans quel'étranger ait passé les fron-tières ou que le territoire soitphysiquement envahi. Le natio-nalisme est la défense del'identité du peuple, la défensede la nation contre l'étranger,ennemi de l'intérieur.La nation est la représentationen termes abstraits d'une réa-lité faite de traditions, c'est leplus vaste des cercles commu-nautaires. Elle est au-delà despartis, des groupes et des inté-rêts individuels. La nation estavant les classes, avant les af-faires, elle occupe le sommetde la hiérarchie des idées poli-tiques. Les classes peuventêtre hostiles, mais au fondelles sont solidaires, les uneset les autres ont un même in-térêt à la prospérité d'un com-posé qu'elles forment et qu'onappelle nation. Barrés la voyaitcomme une chose éternelle,non pas comme un groupe d'in-dividus qui votent mais commeun corps de familles qui vivent.

Un fait de nature

La patrie est un fait de nature,écrivait Maurras. Elle n'est pasnée d'un contrat, elle n'est pasle fruit d'un pacte consentientre ses enfants. Ce n'est pasnotre volonté qui nous a faitfrançais ; pas plus qu'on nechoisit son père et sa mère, onne choisit sa patrie. On naitfrançais par le hasard de lanaissance, c'est avant tout unphénomène d'hérédité. Mon-taigne, à qui on demandaitd'expliquer son amitié pourLa Boétie, répondit : « parceque c'était moi et parceque c'était lui ». L'homme est, par nature, unêtre social. Il ne peut pas vivreisolé aussi bien matériellementqu'intellectuellement. Dans lanation, il trouve le groupe, lesrègles et la morale, fruits degénérations de maîtres, de tra-vailleurs, de héros, d'artistes etde saints qui vont lui permettrede vivre en société et de s'yépanouir. La nationalité est unedes modalités de cet état natu-

rel, elle dérive de la naturehumaine telle que définie etqualifiée par la société.La nation est faites de ceux quisont nés et qui ont été éduquésdans sa tradition. Le motmême vient du latin natio, lanaissance. Le nationalisme estbasé sur l'hérédité alors que ladémocratie, surtout la nôtre is-sue de 1789, a été établie surun égal mépris du passé char-nel et du passé spirituel.

Deux nationalismes

Au nationalisme, qui a souventengendré des débordements,comme l'hitlérisme, le fascismeou le bolchevisme, bien loinde la pensée maurrassienne,Maurras a ajouté l'adjectif "in-tégral". Que veut-il dire parlà ? Dans un article du 7 mai1901 paru dans Le Soleil ilécrit : « Nous ne sommes pasun parti. Nous sommes le salutpublic. Il n'y a que le salut pu-blic qui puisse émouvoir, orien-ter les défenseurs d'un natio-nalisme intégral. » Un peu plustard, en 1909, il ajoute : « Iln'y a pas une vraie et unefausse doctrine du nationa-lisme. Il y a un nationalismesuperficiel et peu conséquent,c'est le nationalisme républi-cain. Il y a un nationalisme co-hérent et complet, c'est le na-tionalisme intégral. » C'est toutefois dans L'ActionFrançaise du 21 octobre 1926qu'il en donne une explicationsimple et directe : « Le natio-nalisme intégral, c'est la mo-narchie. » Il poursuit dans l'ar-ticle : « Quand nous avonsécrit [...] que la monarchieétait "le nationalisme inté-gral", nous avons pris soin del'expliquer aussitôt en disantque la monarchie correspon-dait, trait pour trait, à tousles vœux, tous les besoins, àtoutes les tendances, à tous lesintérêts moraux, politiques,économiques manifestés par lemouvement nationaliste. » Le26 mai 1930, toujours dansL'Action Française, il expliciteencore plus clairement sa pen-sée : « Nationalisme dira dé-sormais fidélité au service dela nation. [...] Nous y ajou-tons, vous le savez, une épi-thète : intégral. Ce qui veutdire que tout ce que désire,recherche, souhaite et peutraisonnablement exiger un na-tionalisme français se trouveréalisé par la monarchie. »Aujourd'hui, au lieu de vilipen-der le nationalisme, nos diri-geants feraient bien d'inciter lajeunesse à lutter contre l'en-nemi de l'intérieur, que dénon-çait déjà Maurras il y a plusd'un siècle. q

Louis de Galice

MAURRAS

Le nationalisme intégralPar la défense d'unnationalisme "intégral", l'Action française veutpromouvoir les institutionsles plus aptes à servir le bien commun.

Le 14 juillet est devenu fêtenationale au début de laIIIe République, après un dé-

bat fort animé le 8 juin 1880. Ilest savoureux de lire, avec le re-cul, les propos du rapporteur dela proposition de loi, AntoineAchard, député radical de la Gi-ronde : « Les grands, les glorieuxanniversaires ne manquent pasdans notre histoire. Celui qui vousest désigné est mémorable àdouble titre ; il rappelle en ef-fet la prise de la Bastille le14 juillet 1789 et la grande fêtede la Fédération célébrée le14 juillet 1790. La prise de la Bas-tille qui fut le glorieux prélude,le premier acte de la Révolutiona mis fin au monde ancien et, enouvrant les portes de la rénova-tion sociale, a inauguré le mondenouveau, celui dont nous voyonsl'aurore, [...] le monde de la jus-tice et de l'humanité, de l'égalitédes droits et des devoirs. La fêtede la Fédération a fait le mondemoderne. En mettant en contactsympathique des populations jus-qu'alors étrangères les unes auxautres, [...] en leur apprenant enun mot à se connaître et à s'ai-mer, la fête de la Fédération afondé, sur des bases indestruc-tibles, l'unité de la patrie. » Quelques décennies plus tard,l'été 1939, l'historien monarchistePierre Gaxotte (1895-1982) répli-quait par un texte ironique : « Le14 juillet est devenu la fête del'unité française. Devenu, ou plu-tôt redevenu. Historiquement etlégalement en effet, notre14 juillet ne commémore pas ladélivrance des faux-monnayeurset des satyres qui étaient empri-sonnés à la Bastille, mais bien la

fête de la Fédération. [...]Quoique agrégé d'histoire, M. Da-ladier avait, par prudence, re-couru à la science de M. le di-recteur des Archives nationales.[...] Je ne m'explique pas com-ment, à eux deux, ils ont pu com-mettre, dans leur reconstitution,deux énormes oublis. 1° La fêtede la Fédération consista d'aborden une messe solennelle chantéepar un évêque. Cette année, pasde messe. 2° Pour la présider, ily avait un roi, circonstance im-portante et nécessaire. Un roi,Monsieur le président, un vrai roià fleurs de lys, avec sa femme,son fils, sa fille et sa sœur.Puisque vous vouliez que votrefête révolutionnaire et commé-morative de l'unité française fûtexacte, il fallait y mettre le roi.Il fallait rétablir la monarchie.Sinon, ce n'est plus de l'histoire,c'est du roman. »

Secrets de la Bastille

Il est vrai que ces deux "14 juillet"se sont déroulés quelques annéesavant la République, en un tempsoù cette idée même apparaissaitincongrue en France... Malgré lesaccents lyriques du député Achard,le 14 juillet 1789 ne fut pas vrai-ment glorieux. Il est d'ailleursamusant de constater que nos of-ficiels de la République célèbrentune émeute dont ils se seraienteffrayés à l'automne 2005. Com-ment dénoncer les désordres desbanlieues quand on glorifie un épi-sode d'une violence aveugle et, àl'origine, si peu politique ? Il fautrelire Les secrets de la Bastille ti-rés de ses archives, écrit par l'his-torien Frantz Funck-Brentano dans

les années trente. Après le pillagedes dépôts d'armes des Invalides(28 000 fusils et vingt-quatre ca-nons), l'émeute se déplaça vers laBastille pour aller chercher lapoudre qui s'y trouvait, et nonpour libérer les sept prisonniersqui y étaient enfermés. Funck-Brentano appelle à « distinguerles deux éléments dont se com-posa la foule qui se porta sur laBastille. D'une part une horde degens sans aveu, ceux que les do-cuments contemporains ne ces-sent d'appeler "les brigands" et,d'autre part, les citoyens honnêtes– ils formaient certainement laminorité – qui désiraient desarmes pour la constitution de lagarde bourgeoise. La seule causequi poussa cette bande sur la Bas-tille fut le désir de se procurerdes armes. [...] Il n'était pas ques-tion de liberté, ni de tyrannie, dedélivrer des prisonniers, ni de pro-tester contre l'autorité royale. Laprise de la Bastille se fit aux crisde : Vive le Roi ! »

Des brigands à l'œuvre

L'historien relate cet épisode :« Une jolie jeune fille, Made-moiselle de Monsigny, fille du ca-pitaine de la compagnie d'inva-lides de la Bastille, avait été ren-contrée dans la cour des casernes.Quelques forcenés s'imaginèrentque c'était Mademoiselle de Lau-ney (M. de Launey, ou Launay,était le gouverneur de la Bastille).Ils la traînèrent sur le bord desfossés, et, par gestes, firent com-prendre à la garnison qu'ils al-laient la brûler vive si la place nese rendait. [...] M. de Monsignyvoit le spectacle du haut destours, il veut se précipiter versson enfant et est tué par deuxcoups de feu. [...] Un soldat, Au-bin Bonnemère, s'interposa aveccourage et parvint à sauver la mal-heureuse enfant. » La Bastille serendit sans vraiment combattreet le gouverneur, malgré les pro-messes, fut massacré et sa têtefichée au bout d'une pique : c'étaitla première à tomber, la premièred'une liste fort longue... Quant àla liste définitive des "vainqueursde la Bastille", elle comptera unpeu moins de neuf cents noms, cequi est loin de représenter le"peuple de Paris".Le dramaturge Victorien Sardous'interroge dans sa pièce Rabagas :« À quoi distingue-t-on uneémeute d 'une révo lut ion ?L'émeute, c'est quand le populaireest vaincu..., tous des canailles.La révolution, c'est quand il estle plus fort : tous des héros ! »Si, dans cette affaire, le "popu-laire" fut en définitive peu pré-sent et représenté le jour même,la formule n'en donne pas moinsune leçon à méditer. n

Jean-Philippe Chauvinhttp://nouvelle-chouannerie.com

o HISTOIRE

Le 14 juillet, une fête royale !Érigée en mythe, la prise de la Bastille n'en fut pas moins le fait de vulgairesémeutiers. C'est d'ailleurs la fête de la Fédération, organisée un an plus tard en présence du roi, que la République est censée célébrer le 14 juillet.

Les origines du 14 juillet sont méconnues.

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L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2822 – Du 4 au 31 août 2011 15 z

Combat

Président du Comitédirecteur d'AF

Stéphane BlanchonnetSecrétaire général

Olivier PercevalSecrétaire général

adjointRomain Hellouin

TrésorierGiovanni Castelluccio

SecrétaireadministratifMarie-Suzanne

de Benque d'AgutFormationMarc Savina

ProvincesPhilippe Castelluccio

MilitantismeJean-Baptiste

de l'AviathResponsableopérationnel

François Bel-Ker

Centre royaliste d'Action française10 rue Croix-des-Petits-Champs 75001 PARIS

[email protected]

o L'insigne blanc est le nouvelinsigne officiel du mouvement.Son prix de vente est de 10 eu-ros (chèque établi à l'ordre duCRAF, 10 rue Croix des PetitsChamps, 75001 Paris).

o L'insigne bleu est celui desvendeurs volontaires et des mi-litants méritants. Il peut êtreremis, de manière officielle, parun cadre du mouvement lorsd'un évènement de section (fêtede Jeanne d'Arc, 11 novembre,etc.), fédération (meeting, ses-sion, etc.) ou national (banquet,fête de Jeanne d'Arc, CMRDS,etc.). Cet insigne ne peut êtrevendu.

o L'insigne rouge est celui descadres du mouvement. Le se-crétaire-général est le seul àpouvoir donner cet insigne.

Le nouvel insigne de l'AF est disponibleVous pouvez le commander dès maintenant.

o CMRDS

L'université d'été d'AFDispensant une formation intellectuelle et militante, le Camp Maxime Real del Sarte se déroulera cette année en Vendée, du dimanche 21au dimanche 28 août (journée portes-ouvertes le samedi 27).

o INSCRIPTION - Le Camp MaximeReal del Sarte se déroulera cetteannée en Vendée, au Logis Sourdy(85130 La Gaubretière), du 21 au28 août. Retenez dès à présentvotre place. Participation : 20 eu-ros par jour ; 160 euros pour lasemaine. Inscriptions au Centreroyaliste d'Action française,CMRDS 2011, 10 rue Croix-des-Pe-tits-Champs, 75001 PARIS (chèquesà l'ordre du CRAF). Renseigne-ments : [email protected], 06 88 97 00 40.

o PROGRAMME - Le 58e CMRDSsera consacré à la critique de ladémocratie. Parmi les interve-nants : Stéphane Blanchonnet,Jean-Philippe Chauvin, Xavier Che-neseau, Gabriel Dubois, MaxenceHecquart, E. Marsala, Michel Mi-chel, Bernard Pascaud, Olivier Per-ceval, Marc Savina, Guillaume deTanoüarn, Axel Tisserand, FrancisVenant. Au programme des confé-rences : la démocratie équitable,la crise de la démocratie, la cri-tique maurrassienne de la démo-

cratie, Tocqueville et la démo-cratie, démocratie et christia-nisme, démocratie et morale. Desateliers porteront sur les sujetssuivants : l'histoire de l'AF, le com-promis nationaliste, la monarchieaujourd'hui ; la communication,la prise de parole, les questionsjuridiques et stratégiques. Destables rondes seront organiséessur l'universalisme démocratique,l'AF aujourd'hui. Aux études s'ajou-teront des activités sportives, unesortie au Puy-du-Fou...

NAISSANCES

o Nous avons appris avec joie lanaissance de Jeanne, le 5 juin2011, suivie de son baptême le25 juin. Nous présentons toutesnos félicitations aux heureuxparents, Jean-Baptiste Favier etson épouse Clotilde, avec tousnos vœux de bonheur pourJeanne.

o Nous adressons nos félicita-tions à Laurent Besombes Sin-gla, ancien des camp MaximeReal del Sarte, et à son épouseLaurence, qui nous font part dela naissance de Philippine le 20mai dernier. Nous formulonspour elle tous nos vœux de

belle croissance à la suite deses frère et sœurs, Pauline,Diane, Charles et Faustine.

DÉCÈS

o Nous apprenons avec tristessele décès de M. Paul Cuny, notrefidèle abonné, dans sa 92e an-née, domicilié 37 bis rue Fabreà Besançon. Il a marqué tousceux qui l'ont approché par soncourage, sa gentillesse, son ap-pétit de vivre... Discret, pré-sent à tous dans ses fonctionsde conciliateur de Justice du-rant de nombreuses années desa retraite. Il était d'une insa-tiable curiosité pour les re-cherches généalogiques de ses

ancêtres de papier. Il est partisans revoir les volumineux dos-siers où figure son travail assidude plus d'un demi-siècle. Mutua-lisé dans plusieurs associations,il était et il reste une mine pré-cieuse de renseignements pourles adhérents ou pour toutautre, désireux de s'intéresser àson œuvre. Il s'est endormi,confiant, dans la Paix du Sei-gneur le 16 juin 2011. C'estdans la tombe familiale qu'il re-pose à Gérardmer. Dans cetteépreuve douloureuse, nous pré-sentons nos très sincères condo-léances à son épouse, Mme Mi-chelle Cuny, à son fils et sa fa-mille, et les assurons de nosprières.

Un blog incontournablePlusieurs articles sont publiéstous les jours sur le blog duCentre royaliste d'Action fran-çaise. S'ajoutent à des renvoisvers d'autres médias, des contri-butions originales viennent com-menter l'actualité. Vous y retrou-verez en outre un compte rendudes activité du mouvement d'AF.Rendez-vous à cette adresse :www.actionfrancaise.net

À lire et à offrirLivres reliés de Charles Maurras,Léon Daudet,Jacques Bainville

Éditions originales brochées

Demandez la liste à nos bureaux : 10 rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 ParisTél. : 01 40 39 92 06

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Dès l'adolescence, JacquesBa inv i l l e découv re l echarme et la richesse in-

tellectuelle des voyages. Son pre-mier ouvrage, Louis II de Bavière,est un hommage à Maurice Bar-rès et à son roman L'Ennemi deslois dont toute une partie se si-tue dans cette Allemagne du Sudque Bainville souhaite à son tourdécouvrir en suivant les pas dujeune roi romantique.

Nature du paysage

Aussi littérature et voyage sont-ils indissociables : « Un paysagerésulte d'une élaboration histo-rique et littéraire. C'est une ex-pression de l'intelligence et del'art », écrit-il 1. Bainville sembleainsi s'écarter des mouvementstouristiques qui, venus d'Angle-terre, se répandent en Europegrâce notamment au développe-ment des chemins de fer et à ladémocratisation des transportsmaritimes. Polyglotte 2, il voyageà la rencontre de ses amis ou deses relations mais fréquente aussi,en tant que journaliste et repor-ter, les princes, les hommes po-litiques et les milieux intellec-tuels européens. Lui qui donne àla psychologie des peuples, à l'his-toire des hommes et à la géogra-phie toute leur importance, il cô-toie à la fois les élites du paysqu'il visite mais observe tout au-tant la vie quotidienne des habi-tants. Il ne faut pas chercher plusloin les raisons qui ont poussé Aris-tide Briand à l'envoyer en Russiependant la guerre, en 1916. Bain-ville quitte la France au mois dejanvier avec son épouse pour une

durée de quatre mois. Logique-ment, il doit contourner le frontpar le nord et traverse l'Angle-terre, la Norvège et la Suède pourfinalement s'engager dans l'im-mense empire russe par l'actuelleFinlande : « Qui pourrait se flat-ter de rassembler d'un coup d'oeille labeur de l'énorme empire ? Laguerre serait peut-être finie avantl'enquête. » Il tire de ce voyageun rapport diplomatique et denombreux articles dont deux se-ront publiés dans La Revue desdeux mondes dans laquelle il avaitdéjà écrit l'année précédente, àla suite de son voyage en Italie,alors que le pays s'engageait dansla guerre aux côtés de la Franceet de l'Angleterre 3.

Passage obligé

Autre récit d'importance : celuide son "pèlerinage" en Grèce, pas-sage obligé pour tout intellectuelqui se respecte et où il se rendavec son jeune fils Hervé, âgé dehuit ans. Il emporte avec lui deuxguides mais aussi une biographiede Démosthène, le grand adver-saire de Philippe II de Macédoine,et les œuvres du poète grec, sa-tiriste et pamphlétaire, Aristo-phane. Le biographe DominiqueDecherf a décrit admirablementla déception de Bainville qui « fi-nit par là où Maurras avait com-mencé » 4. Les Sept Portes deThèbes, récit du périple bainvil-lien, est un texte rare parce quel'écrivain a souhaité l'éditer àmoins de quatre cents exem-

plaires... Non pour faire monterles enchères des bibliophiles, maisbien parce que la Grèce a été unedésillusion. Dans l'antiquité, au VIe siècle av.J.-C., Thèbes prend la tête de plu-sieurs cités béotiennes, mais nefut jamais assez forte pour les uniren un seul État : « Thèbes meplaît mieux qu'Athènes et Sparte,parce qu'elle a failli être aussigrande que ses rivales, qu'elle aeffleuré l'hégémonie et l'a man-quée. Thèbes dépasse toutes lesautres cités grecques, mais parl'acharnement des divinités ven-geresses et par ses malheurs. C'estle symbole de toutes les causesperdues, de la fortune ennemie.À la fin, elle s'écroule. » Des motslourds de sens pour leur auteuralors que, à la fin des années 1920,il avoue lutter contre sa misan-

thropie et cacher son nihilismedans un journal privé. Tout un sym-bole qui renvoie aussi à une autredécadence, celle de l'Empire ro-main mis en scène dans un de sescontes. Bainville, par ce passageen Grèce « où l'on ne voit rien,sinon par la magie du souvenir »,s'écarte de l'adage maurrassien af-firmant que tout désespoir en po-litique est une sottise absolue.

Légèreté d'esprit

Se pose néanmoins la question d'unBainville cosmopolite. Dans le sensaristocratique du terme, il le fut certainement, même si sa pu-deur extrême et son humilité l'au-raient amené à rejeter le com-pliment qu'il réservait lui-mêmeaux grandes familles européennes.André Rousseaux a écrit à ce pro-

pos : « Quand les hommes de laRenaissance ont posé les grandeslois de leur culture, ils ont in-venté le beau mot d'humanisme.C'est par une démarche du mêmesens, vers les plus larges horizonsde l'esprit, que M. Bainville, fon-dant une revue, a voulu qu'ellefût appelée la Revue univer-selle. » 5 Derrière le voyage, Bain-ville cherche sans nul doute la ci-vilisation mais aussi et surtout l'in-fluence française. Ceci est net àl'occasion de son séjour en Russieou en Italie, mais aussi à Vienneen 1905. Il retrouve dans les ruesde la capitale autrichienne les« plaisirs, les mœurs et les modesde Paris ». Il ajoute sans honte :« Ainsi les Viennois compteraientparmi les civilisés ? Nous ne se-rions plus en Allemagne ? » On re-trouve le même ton dans ses notesde voyages à Budapest et àPrague. L'Allemagne domine doncses perceptions et ses préoccu-pations de voyage. Mais il metdans celles-ci une certaine légè-reté d'esprit : il s'amuse et sym-pathise avec des hommes delettres hongrois, s'exprime en fran-çais pour ne pas être maltraitépar des Tchèques... Bainville voyageur et curieux estde fait l'ambassadeur de cette ci-vilisation française dont Valérycraignait qu'elle disparût. Il fautenfin noter que Bainville n'est ja-mais allé en Espagne, le seul payslatin qu'il n'aura pas connu et qu'ilaurait pourtant aimé découvrir.Son fils Hervé émet d'ailleurs l'hy-pothèse que la catastrophe de1940 eût été une opportunité des'y rendre afin de fuir la menaceallemande qui pesait sur lui et surson oeuvre. Londres, qu'il connais-sait très bien, eût pu être uneautre option. Nul ne le saura. n

Christophe Dickès

1 - Cité par André Rousseaux dansl'ouvrage collectif Jacques Bainville,Paris, éd. de la Revue du Capitole,1927, p. 145. Il s'agit du premierouvrage consacré à Bainville.2 - Bainville parle couramment l'al-lemand, l'anglais, l'italien et com-prend l'espagnol.3 - Voir Christophe Dickès, « Notessur l'esprit public en Russie », Re-vue d'histoire diplomatique, Paris,Éditions A. Pedone, Tome IV, 1995.4 - Dominique Decherf, Bainville,l'intelligence de l'histoire, pp. 322-323. Au crépuscule du XIXe siècle,Maurras se convertit au royalismeen Grèce, alors qu'il réalise un re-portage sur les Jeux Olympiques.5 - Collectif, Jacques Bainville, Pa-ris, Le Capitole, p. 143.

Édité par PRIEP S.A. au capital de 59 880 euros – 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Imprimerie RPN – 93150 Le Blanc-MesnilNuméro de commission paritaire 0415I86761 – Directeur de la publication : M.-G. Pujo

Histoire

o VOYAGES

Bainville, un cosmopolite françaisAu cours de ses voyages, tout en côtoyant les élites des pays qu'il visitait, Jacques Bainville observaitla vie quotidienne des habitants. Fasciné par l'immensité de l'empire russe, déçu par la Grèce, obsédé par l'Allemagne, il cherchait la civilisation et l'influence françaises.

L'ACTION FRANÇAISE 2000

Bulletin à retourner avec un chèque à l'ordre de la PRIEP à :L'Action Française 2000 10 rue Croix-des-Petits-Champs 75001 PARISCCP Paris 1 248 85 A

3 Civilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3 Code postal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 Commune . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 Téléphone. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 Courriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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BULLETIN D'ABONNEMENT

» ANTHOLOGIE

o Ce texte est tiré de l'antho-logie consacrée à l'œuvre deJacques Bainville qui vientd'être éditée dans la collec-tion Bouquins chez RobertLaffont sous le titre JacquesBainville, la monarchie desLettres, histoire, politique etlittérature. Le lecteur retrou-vera dans cet ouvrage intro-duit par Christophe Dickèsune grande partie des œuvresdu journaliste et de l'historienJacques Bainville et notam-ment ses récits de voyages enRussie, en Grèce et dans plu-sieurs pays européens. Nousremercions les éditions RobertLaffont de nous en avoir auto-risé la publication.

3 Jacques Bainville, La monar-chie des lettres – Histoire, poli-tique et littérature, éd. établieet préfacée par Christophe Dic-kès, Robert Laffont, coll. Bou-quins, 1152 p., 30 euros (dispo-nible à nos bureaux).