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1 Le réseau « ongulés sauvages ONCFS-FNC-FDC » et le suivi de la progression numérique et spatiale de ces espèces en France Le réseau « Ongulés sauvages ONCFS- FNC- FDC » a pour mission le suivi patrimonial du grand gibier en France à l'échelle communale, départementale, régionale ou nationale. Il contribue à la connaissance des types de milieux occupés, des modes de gestion pratiqués, et des problèmes rencontrés (impact sur le milieu agricole ou forestier, fragmentation de l'espace, collisions). L’existence même du réseau est justifiée par son objectif principal, à savoir produire chaque année des statistiques sur les tableaux de chasse qui servent de références nationales. Les principales enquêtes seront présentées dans ce rapport. Les questions scientifiques qui en découlent sont principalement à l’heure actuelle de savoir si ces statistiques de chasse sont représentatives de l’évolution des populations. Des réflexions en cours sur ce sujet, élaborées avec des statisticiens, seront présentées. Un bref rappel sur l’historique du réseau est tout d’abord indispensable pour bien comprendre comment s’est construit en 25 ans ce réseau national d’observation des ongulés sauvages. 1 Historique Ce réseau tout d’abord appelé « réseau des correspondants Cervidés-sanglier » a été constitué en 1985 lors de la mise en place de l’inventaire zoo-géographique des populations de cerf élaphe en France. Un comité de coordination, présidé par le président de l’ANCGG regroupait des représentants des différents organismes impliqués dans la gestion des cervidés-sangliers et de leurs habitats (ONC, FDC, ANCGG, Muséum d’Histoire Naturelle…). Les correspondants départementaux étaient recrutés parmi les agents de l’ONCFS et des FDC, les délégués ANCGG ou les administrateurs de FDC. Il n’y avait qu’un correspondant par département. En 1998, lors de la séparation des services de police de l’ONCFS et des FDC, il a été mis en place le système de deux correspondants par département, un pour chaque organisme. De 1988 à 2001, 7 techniciens se sont succédés sur des contrats à durée déterminée pour assurer les enquêtes du réseau. Les données étaient traitées par le Muséum d’Histoire Naturelle.

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Page 1: Le réseau « ongulés sauvages ONCFS-FNC-FDC » et … · - Une nouvelle population de cerf n’est pas forcément identifiée l’année de l’enquête, et il peut se passer plusieurs

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Le réseau « ongulés sauvages ONCFS-FNC-FDC » et le

suivi de la progression numérique et spatiale de ces

espèces en France Le réseau « Ongulés sauvages ONCFS- FNC- FDC » a pour mission le suivi patrimonial du

grand gibier en France à l'échelle communale, départementale, régionale ou nationale. Il

contribue à la connaissance des types de milieux occupés, des modes de gestion

pratiqués, et des problèmes rencontrés (impact sur le milieu agricole ou forestier,

fragmentation de l'espace, collisions).

L’existence même du réseau est justifiée par son objectif principal, à savoir produire

chaque année des statistiques sur les tableaux de chasse qui servent de références

nationales. Les principales enquêtes seront présentées dans ce rapport.

Les questions scientifiques qui en découlent sont principalement à l’heure actuelle de

savoir si ces statistiques de chasse sont représentatives de l’évolution des populations.

Des réflexions en cours sur ce sujet, élaborées avec des statisticiens, seront présentées.

Un bref rappel sur l’historique du réseau est tout d’abord indispensable pour bien

comprendre comment s’est construit en 25 ans ce réseau national d’observation des

ongulés sauvages.

1 Historique

Ce réseau tout d’abord appelé « réseau des correspondants Cervidés-sanglier » a été

constitué en 1985 lors de la mise en place de l’inventaire zoo-géographique des

populations de cerf élaphe en France. Un comité de coordination, présidé par le président

de l’ANCGG regroupait des représentants des différents organismes impliqués dans la

gestion des cervidés-sangliers et de leurs habitats (ONC, FDC, ANCGG, Muséum

d’Histoire Naturelle…). Les correspondants départementaux étaient recrutés parmi les

agents de l’ONCFS et des FDC, les délégués ANCGG ou les administrateurs de FDC. Il n’y

avait qu’un correspondant par département.

En 1998, lors de la séparation des services de police de l’ONCFS et des FDC, il a été mis

en place le système de deux correspondants par département, un pour chaque

organisme. De 1988 à 2001, 7 techniciens se sont succédés sur des contrats à durée

déterminée pour assurer les enquêtes du réseau. Les données étaient traitées par le

Muséum d’Histoire Naturelle.

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En 2001 il a été crée un poste d’ingénieur « responsable du suivi patrimonial » au sein du

CNERA « cervidés-sanglier ». Un poste de technicien a également été entièrement dévolu

à cette mission. L’ensemble du réseau a été recentré sur l’implantation de Gerstheim en

Alsace. A partir de cette période les enquêtes ont été entièrement menées par cette

équipe, de la conception à l’interprétation en passant par la saisie.

Le réseau est alors devenu un véritable outil de travail. Les changements fréquents de

technicien au cours des années précédentes et la séparation des tâches (saisie et

traitement des données par le Muséum) ne permettaient pas d’avoir un suivi et la

validation correcte des enquêtes.

En 2003 il a établi une convention cadre entre la FNC et l’ONCFS afin de fixer les

principes généraux de fonctionnement des réseaux nationaux d’observation de la faune

sauvage communs à l’ONCFS et aux Fédérations départementales, régionales et

nationale des chasseurs. Cette convention, encore d’actualité, précise l’organisation et le

fonctionnement des réseaux, ainsi que les règles d’exploitation et de diffusion des

données, qui n’étaient pas toujours très claires auparavant.

Le réseau a changé de dénomination et de logo en 2005 afin que la problématique

ongulés de montagne soit intégrée. En effet toutes les espèces d’ongulés sauvages de

plaine et de montagne présentes en France sont concernées, à savoir le cerf (Cervus

elaphus), le chevreuil (Capreolus capreolus), le sanglier (Sus scrofa), le daim (Dama

dama), le cerf sika (Cervus sika nippon), le chamois (Rupicapra rupicapra rupicapra),

l’isard (Rupicapra pyrenaica pyrenaica), le mouflon de Corse (Ovis gmelini musimon), le

mouflon méditerranéen (Ovis gmelini musimon x Ovis sp.) et le bouquetin (Capra ibex

ibex).

Depuis 2003 les informations sont récoltées dans chaque département par deux

interlocuteurs techniques, un de la Fédération départementale des chasseurs et un du

service départemental de l’ONCFS (soit environ 180 personnes). Dans la mesure du

possible il est demandé aux interlocuteurs des deux services concernés dans un même

département de remplir les fiches d’enquête en concertation afin de garantir une

meilleure information. Elles sont ensuite saisies, traitées et cartographiées par

l’administrateur et le responsable scientifique. Chaque année les enquêtes tableaux de

chasse départementaux de tous les ongulés et tableaux de chasse communaux du

sanglier sont réalisées. D’autres enquêtes ont une périodicité plus grande comme les

tableaux de chasse communaux chevreuil, les inventaires de répartition en France du cerf

ou des ongulés de montagne, la répartition communale des espèces marginales (cerf

sika, daim), les modalités de gestion des ongulés par la chasse, les couloirs de libre

circulation entre les massifs forestiers. Certaines enquêtes peuvent être ponctuelles pour

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répondre à des problématiques d’actualité. Par exemple l’enquête mortalité extra-

cynégétique du grand gibier a mesuré l’évolution des collisions sur une vingtaine de

départements entre 1983 et 1994.

Le réseau tente de répondre principalement à deux grandes questions :

1- quelle est la progression géographique des ongulés sauvages en France ?

2- quelles sont les progressions numériques des effectifs d’ongulés en France ?

Différentes enquêtes ont été mises en place au cours du temps pour suivre

géographiquement l’évolution des ongulés en plein développement sur le territoire

national, aussi bien au niveau des aires occupées que des effectifs estimés.

2 Progression géographique des espèces : les enquêtes de répartition

2.1 Enquête « inventaire zoo-géographique des massifs à cerfs » :

Problématique :

Depuis la généralisation du plan de chasse en 1979 les populations de cerf sont en pleine

expansion sur le territoire national. Les tableaux de chasse départementaux récoltés

depuis 1973 montrent bien cette progression mais ils ne permettent pas de caractériser

les populations de cerf, et les types de milieux concernés par l’apparition ou le

développement des populations de cerf élaphe.

Historique :

En 1985 une enquête a été mise en place 1985 afin de caractériser les populations de

cerf et de décrire les unités géographiques dans lesquelles ils vivent. Pour rendre compte

de l’évolution des populations il a été choisi un pas de temps de 5 ans entre deux

enquêtes.

Les données relatives à cet inventaire ont été traitées de 1985 à 2000 par le Service du

Patrimoine Naturel (SPN) du Muséum national d’histoire naturelle au travers d’une

« convention particulière à des fins d’études et de recherches » entre l’ONCFS et le

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MNHN. Depuis cette date, le réseau cervidés-sanglier assure seul l’exploitation et

l’analyse des données.

Méthodologie :

Le travail est réalisé par unité de population ou « zone à cerf », c’est-à-dire une aire

occupée par au minimum une dizaine de cerfs et biches susceptibles de se rencontrer et

d'établir entre eux des rapports sociaux et génétiques (reproduction). Pour des raisons

administratives l’inventaire est fait par département. Ainsi pour une population à cheval

sur plusieurs départements chaque portion départementale constitue une zone. Un

département peut abriter plusieurs zones. Sur chaque zone sont récoltées des

informations sur le statut et la gestion de cette espèce.

Si un changement est apparu par rapport à la situation précédente, les zones impliquées

doivent être à nouveau cartographiées au 1/100000ème sur les cartes IGN. Les zones

peuvent apparaître, disparaître, fusionner ou avoir des modifications de leurs contours.

L'origine des populations est également renseignée, trois cas de figures peuvent être

rencontrés. Les populations peuvent être d’origine naturelle (aucun lâcher effectué),

introduite ou réintroduite (lâchers volontaires ou animaux échappés de captivité) ou

mixtes.

Résultats :

Les données sont saisies sur Access et cartographiées sur Arcview. Les résultats se

présentent sous la forme d’un fichier national sous Système d’Information Géographique

(ARCVIEW). Dans ce fichier chaque zone est associée à des informations

complémentaires concernant soit les populations (effectifs estimés, tableaux de chasse,

origine des populations…) soit les milieux (superficie totale, boisée…)

En 20 ans la progression du cerf a été spectaculaire, tant du point de vue de la superficie

occupée que des effectifs présents ou des prélèvements effectués par les chasseurs. En

2005 plus de 29% du territoire national sont occupés par le cerf, cette superficie ayant

été multipliée par 1.9 en 20 ans. Les effectifs estimés au niveau national ont été

multipliés par 3.9 au cours de cette même période. Le nombre de zones à cerf n’évolue

pas proportionnellement à l’expansion de l’espèce : en 20 ans, il n’a augmenté que de

14%. On assiste plutôt à une extension des zones existantes qu’à l’apparition de

nouvelles zones, surtout dans les milieux fortement boisés où le continuum forestier

favorise la jonction entre les zones voisines.

En 1985, le cerf occupait 25% du territoire boisé national, et 45% en 2005. 33

départements ont plus de 50% de leur territoire boisé occupé par le cerf. Sur 17

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départements la densité estimée de cerfs aux 100 ha boisés est supérieure à 4, en 1985

un seul département était dans cette situation.

La colonisation du cerf est surtout spectaculaire dans les milieux montagnards (fig. 1). En

20 ans les effectifs ont été multipliés par 9 dans le Massif central, les Alpes et les

Pyrénées et par 3 dans le reste de la France. Le cerf occupe plus de 40% de le surface

totale au-dessus de 1500m d’altitude (Pfaff et al.2008).

Figure 1 : Evolution de la surface colonisée par le cerf entre 1985 et 2005

L’utilisation des différents habitats disponibles varie suivant la classe altitudinale

concernée. Ainsi, en dessous de 600m d ‘altitude, le cerf est nettement inféodé aux

forêts de feuillus ou de résineux. En moyenne et haute montagne, il sélectionne moins

les habitats et les utilise proportionnellement aux disponibilités.

Les difficultés rencontrées:

- L’estimation des effectifs est une donnée très subjective et tient dans une

fourchette très large. Pour calculer des effectifs nationaux et des densités nous

utilisons la moyenne entre les effectifs minimaux et maximaux estimés, ce qui

reste très approximatif. Cependant la validité de ces estimations est vérifiée d’une

enquête à l’autre. En effet le nombre de cerfs réalisés par le plan de chasse est

une donnée beaucoup plus fiable. Partant du principe qu’une population devrait

être en augmentation si les prélèvements sont inférieurs à 25% des effectifs

estimés, et qu’elle devrait diminuer si les prélèvements sont supérieurs à 35%,

toutes les zones dont les données ne sont pas cohérentes sont vérifiées et les

estimations revues avec les interlocuteurs techniques des départements

concernés.

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- La délimitation des zones était sans doute plus facile à réaliser il y a 20 ans que

de nos jours où la plupart des populations de cerfs sont potentiellement en

contact. En dehors des limites administratives départementales, ce sont

maintenant le plus fréquemment les infrastructures linéaires, les vallées ou les

sommets qui permettent d’identifier des zones distinctes. Les zones à cerfs

censées abriter des populations de cerfs bien individualisées correspondent plus

aujourd’hui à des unités de gestion cynégétique. Jusqu’en 2000 les zones étaient

ensuite agrégées en « massifs à cerfs » correspondant à une ou plusieurs unités

de population interdépartementales. Lors du traitement des données de l’enquête

2005, il est apparu qu’il était difficile voire impossible de continuer à agréger les

zones en massifs distincts. En effet, avec le développement des populations de

cerfs, les liaisons entre les massifs sont de plus en plus fréquentes et la

séparation des massifs devient une notion très arbitraire. En 1985, on recensait

396 zones à cerfs regroupées en 316 massifs, en 2000, les 439 zones étaient

regroupées en 309 massifs.

- Une nouvelle population de cerf n’est pas forcément identifiée l’année de

l’enquête, et il peut se passer plusieurs années avant qu’elle figure dans

l’inventaire. Cependant si la population se développe, elle finira forcément par

apparaître.

- La notion d’ « une dizaine d’animaux » présents pour définir une nouvelle

population est à revoir. Il pourrait être plus judicieux de définir une nouvelle

population par exemple dès que la présence de biches est avérée sur un massif ou

lorsque de la reproduction a été constatée.

Intérêts et limites de cette enquête:

L’augmentation des tableaux de chasse annuels montre qu’ils sont globalement

insuffisants pour stabiliser les effectifs nationaux et plus encore pour réduire

significativement les populations les plus importantes. Toutefois l’amorce d’une

stabilisation des effectifs dans les massifs les plus fortement boisés montre qu’il est

possible de contrôler les populations par le plan de chasse, en attribuant un nombre

important de bracelets et en faisant respecter les minima obligatoires.

A partir de cette enquête une autre étude (espaces de libre circulation du cerf élaphe)

avait été réalisée en 1996 afin de voir si les cerfs pouvaient encore se déplacer d’un

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massif à l’autre malgré les infrastructures qui se développaient (autoroutes ou lignes TGV

clôturées, urbanisation…). L’objectif étant de disposer d’informations nationales

permettant de tenir compte des besoins de circulation de la grande faune dans les

schémas d’aménagement du territoire, et de créer ou de rétablir ces espaces de libre

circulation. Une base de données avec les aires de répartition des cervidés, les voies de

déplacement, les zones de collisions et les contraintes de cloisonnement a été intégrée

aux systèmes d’information géographiques de la région Ile de France en 1999 ( LANDRY

P.). Le renouvellement de cette enquête en 2009 permet aux régions d’intégrer ces

données dans les projets de trames vertes et bleues.

La notion de « zone à cerfs » devra être redéfinie à l’avenir, ainsi que la notion « d’unité

de gestion cynégétique ». Comment définir et gérer une entité de population homogène

alors que les massifs identifiés deviennent de plus en plus vastes ?

2.2 Enquête « ongulés de montagne» :

Cette enquête de répartition des ongulés de montagne s’intéresse aux chamois, isards,

mouflons et bouquetins. Réalisée en 1990 puis en 2006, elle sera maintenant

quinquennale, la prochaine est programmée pour 2011.

Historique :

Le premier inventaire des populations françaises de Chamois, d’Isard, de Mouflon de

Corse et de Mouflon méditerranéen a été réalisé en 1989 par le CNERA Faune de

montagne, avec le concours du Service du patrimoine naturel du Muséum national

d’histoire naturelle. L’objectif était de dresser la carte de répartition de ces espèces et de

recueillir, pour chacune de leurs populations, des informations sur leur origine (naturelle,

renforcée par des lâchers, totalement introduite), les lâchers éventuels (lieu,

responsable, date, nombre et sexe des animaux lâchés, provenance), leur statut

cynégétique (chassée ou non chassée, modes de chasse) et les prélèvements par la

chasse (attributions et réalisations).

Deux mises à jour ont été effectuées depuis : une première fois en 1995, par les mêmes

opérateurs, en étendant l’enquête à une espèce prestigieuse et en plein développement,

le Bouquetin des Alpes ; une seconde fois en 2006, par le réseau Ongulés sauvages

ONCFS - FNC - FDC.

Objectifs de la dernière mise à jour :

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Dans la continuité des deux précédents inventaires, la mise à jour 2006 avait pour

objectifs de :

- dresser la carte de répartition du chamois des Alpes, de l’isard des Pyrénées, du

mouflon de corse, du mouflon méditerranéen et du bouquetin des Alpes par unité de

population,

- analyser l’évolution de leur distribution spatiale, en référence aux données antérieures,

obtenir des informations sur le statut, la gestion, la situation sanitaire et le suivi de leurs

populations.

Méthode :

Les données sont recueillies par unité de population, définie comme étant l’aire vitale

d’une population ou ensemble des individus de la même espèce – au minimum 5 –

susceptibles de se rencontrer et d’établir entre eux des liens sociaux et génétiques. Ses

contours doivent inclure au plus près les terrains régulièrement fréquentés durant tout ou

partie du cycle annuel, à l’exclusion des sites de présence sporadique ou accidentelle.

Cependant, l’enquête étant réalisée par département, la notion de « zone de présence »

a été introduite pour désigner l’unité de population, lorsque cette dernière est

entièrement située dans un département ou la portion départementale d’une unité de

population, quand cette dernière est à cheval sur plusieurs départements.

Les interlocuteurs techniques doivent consulter tous les organismes (Office national des

forêts, Parcs nationaux, Parcs naturels régionaux, Laboratoires vétérinaires

départementaux, etc.), associations ou particuliers susceptibles de posséder des

informations sur les populations de ces espèces.

Pour chaque zone de présence, les informateurs devaient renseigner les documents

suivants :

- un extrait de carte IGN au 1/100 000e, portant les contours des zones de présence

inventoriées en 1995 et leur numéro d’identification, destiné à recevoir les modifications

survenues depuis l’inventaire précédent, les zones de présence nouvelles devant être

reportées sur des cartes vierges à la même échelle.

- un formulaire DESPRIPTIF DE ZONE comportant cinq rubriques : Auteurs de la fiche –

Identification de la zone – Statut de la zone (nouvelle, périmée, inchangée, modifiée) –

Localisation géographique de la zone (numéro INSEE et libellé des communes

concernées) – Origine de la population (naturelle, naturelle renforcée, totalement

introduite).

- un formulaire DESCRIPTIF DE POPULATION destiné à recueillir les informations concernant

les effectifs, les prélèvements par la chasse, la situation sanitaire et le suivi des

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populations inventoriées. Ceux dédiés au Chamois, à l’Isard et aux deux espèces de

mouflons comportent six rubriques : Auteur de la fiche – Identification de la zone –

Effectif de la population et évolution – Statut cynégétique et prélèvements – Modalités de

suivi – Situation sanitaire de la population. Celui destiné au Bouquetin des Alpes n’en

compte que cinq, l’espèce n’étant pas concernée par la chasse.

Les données cartographiques de l’inventaire 2006 ont été saisies sur ArcGis/Arcview. Les

analyses concernant la répartition altitudinale de l’aire de distribution de chaque espèce

ont été réalisées avec le STRM 90m, modèle numérique de terrain de 90 mètres de

résolution développé par la NASA. Les milieux occupés ont pu être décrits au moyen des

bases de données géographiques CORINE Land Cover 1990 pour les années 1988 et 1994 et

CORINE Land Cover 2000 pour l’année 2005.

Résultats :

L’inventaire a été réalisé dans tous les départements où la présence d’au moins une

espèce était avérée ou possible (n=40).

Les principaux résultats obtenus pour chaque espèce sont les suivants (Corti 2009) :

- surface totale de l’aire de distribution et évolution, répartition par région administrative

et par département, nombre de communes concernées,

- répartition altitudinale de l’aire de distribution et évolution,

- répartition de l’aire de distribution par types d’occupation du sol et évolution,

- effectif minimum national estimé et évolution, répartition par massif et/ou par

département,

- nombre de populations et évolution,

- répartition des populations suivant l’origine (naturelles, renforcées par des lâchers,

totalement introduites),

- bilan des translocations d’animaux réalisées (nombre total, répartition par sexe et

provenance des animaux)

- répartition des populations suivant l’étendue de l’aire vitale, l’effectif minimum et la

densité.

- état des populations faisant l’objet d’un suivi démographique et des méthodes mises en

œuvre (estimation des effectifs par enquête, dénombrement par approches et affûts

combinés, pointage-flash, estimation annuelle de l’indice de reproduction, indicateurs de

changement écologique),

bilan des pathologies (surtout de nature épizootique ou enzootique) ayant affecté les

populations de chaque espèce depuis le précédent inventaire (1995).

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L’aire de répartition du Chamois couvre aujourd’hui près de 21 000 km2 sur 19

départements, soit 3,8 % du territoire national métropolitain (Fig. 2). En 1988, le

Chamois n’était présent que dans 15 départements. En 17 ans, l’espèce a colonisé 7 362

km2, soit 433km2 par an en moyenne. L’aire de présence du Chamois s’étage de 86 m

(minimum observé dans le Vaucluse) à 3 699 m d’altitude (maximum atteint en Savoie).

73% de la surface occupée par l’espèce sont situés en-dessous de 2 000 m. Le reste,

constitué par les terrains de plus de 2 000 m d’altitude, est rassemblé dans les Alpes.

La comparaison des données de 1988 et 2005 montre un accroissement de l’aire de

présence dans toutes les tranches altitudinales. Cependant, cette progression est

beaucoup plus marquée dans les classes correspondant aux basses et moyennes

altitudes. Le nombre minimum de chamois présents en France en 2005 a été estimé à

près de 98 700 individus avant chasse, répartis au sein de 217 populations. Il était de 31

680 en 1988. Les effectifs de l’espèce ont ainsi été multipliés par 3,1 depuis 1988.

L’augmentation s’observe dans tous les massifs à l’exception des Vosges où, depuis un

peu plus d’une décennie, les gestionnaires locaux ont souhaité les stabiliser.

:

Figure 2 : Aire de répartition du Chamois en France en 2005

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L’aire de distribution actuelle de l’Isard s’étend sur 5 457 km2, soit environ 1% du

territoire national métropolitain sur 6 départements pyrénéens (Fig. 3). La superficie

occupée par l’espèce qui a colonisé 200 km2 chaque année en moyenne, a presque

doublé depuis 1977. L’aire de distribution actuelle de l’Isard sur le versant français des

Pyrénées s’étage de 257 m à 3 239 m d’altitude. Plus des deux tiers de la surface

occupée par l’espèce sont situés en-dessous de 2 000 m. Le nombre minimum d’isards

présents après naissances et avant chasse sur le territoire national en 2005 a été estimé

à 27 000 têtes réparties au sein de 37 populations, soit presque 2 fois l’effectif estimé de

1988.

Figure 3 :Aire de répartition de l’isard en France en 2005

L’aire de distribution du Mouflon méditerranéen s’étend sur 4 352 km2 ou 0,8% du

territoire national métropolitain. Elle est entièrement située en France continentale

(Haute-Corse) et se compose de 84 zones de présence réparties sur 25 départements. Le

Mouflon méditerranéen est présent depuis le niveau de la mer (dans la Somme) jusqu’à

3061 m d’altitude (maximum observé en Savoie). On estime à près de 14 350 le nombre

minimum de mouflons méditerranéens présents en France après naissances et avant

chasse en 2005. Il était de 6 140 en 1988. Les effectifs de l’espèce ont ainsi été

multipliés par 2,3 depuis 1988. Parmi les 67 populations de Mouflon méditerranéen

inventoriées en 2005, 60 sont directement issues d’une introduction officielle (51 cas),

non officielle (3 cas) et accidentelle (6 cas). Les sept autres se sont constituées de façon

spontanée, par essaimage d’une colonie introduite.

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D’une superficie totale de 897 km2, l’aire de répartition actuelle du Mouflon de Corse se

compose de six zones de présence. Quatre d’entre- elles, couvrant 828 km2 au total

répartis sur 13 communes de la Corse du Sud (2A) et 15 de la Haute-Corse (2B),

forment les deux populations naturelles interdépartementales du Cinto et de Bavella. Les

deux autres sont situées sur le continent. L’aire de distribution du Mouflon de Corse

s’étage de 19 m (minimum observé à Bavella) à 2 650 m d’altitude. Estimés à un bon

millier d’individus les effectifs ont été multiplié par 2 depuis 1988.

Présent seulement en Savoie – quelques individus dans le massif de la Vanoise – au

début des années 1950, le Bouquetin des Alpes occupe aujourd’hui près de 2 300 km2

dans sept départements alpins et compte près de 8 700 représentants. Les

réintroductions ont constitué pour cette espèce le facteur quasi exclusif de son extension

puisque seules les populations du Grand Paradis (Italie) et de la Vanoise (France) sont

autochtones. Si les deux dernières décennies ont vu l’amorce d’un comblement du vide

existant jusqu’alors dans la partie centrale des Alpes françaises, l’aire de distribution de

l’espèce demeure éclatée et très en deçà de sa répartition historique. En outre, bien que

l’effectif national soit relativement important, le peuplement demeure encore fragile car

plus de la moitié des populations sont composées de moins de 200 individus. Sa stratégie

d’occupation de nouveaux territoires, extrêmement lente et sensible aux perturbations

d’origine humaine confère au Bouquetin des Alpes un faible pouvoir colonisateur. Pour

cette raison, son extension géographique a été et demeure presque totalement

dépendante de l’intervention directe de l’Homme au moyen des réintroductions.

Intérêts et limites de cette enquête:

Ce type d’enquête permet de recueillir, dans un délai assez court et avec des moyens

relativement limités, toute une série de données grâce auxquelles il est possible de décrire

le statut patrimonial d’une ou plusieurs espèces à l’échelle nationale et, au fil des mises à

jour, son évolution. Répétées régulièrement, ces enquêtes permettent en outre de rassembler

et de conserver des informations sur le peuplement des espèces concernées jusque là

dispersées et susceptibles d’être perdues au gré du renouvellement des personnes ressources,

de relocalisations ou de défauts d’archivage. Elles peuvent aussi permettre de répondre à

des problématiques ou à des demandes spécifiques. Ainsi, la mise à jour 2006 de

l’inventaire des populations d’ongulés de montagne a permis, entre autres, l’élaboration

des fiches concernant le Chamois, l’Isard, le Mouflon de Corse et le Bouquetin des Alpes

dans le cadre de l’évaluation de l’état de conservation des habitats et des espèces d’intérêt

communautaire 2006-2007 confiée au Muséum national d’histoire naturelle par le

ministère chargé de l’environnement.

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Cependant, et par nature, ce type d’enquête repose sur des informations obtenues le

plus souvent de façon empirique. Ce sont surtout les estimations d’effectifs, plus ou

moins subjectives suivant qu’elles s’appuient ou non sur des comptages réguliers, qui

peuvent être sujettes à critique. En règle générale, nous ne disposons pas d’éléments

permettant d’en apprécier la fiabilité. Seuls les cas d’informations manifestement

incohérentes ou contradictoires peuvent être décelés et revus avec les informateurs

concernés. Elles ne peuvent et ne doivent donc être considérées que comme un ordre de

grandeur de la taille des populations.

Plus que le statut patrimonial d’une espèce à un moment donné, c’est l’évolution de ce

dernier qui nous semble intéressant dans le cadre d’un management à grande échelle. Ce

a quoi ce type d’enquête répond parfaitement même si la précision des données, surtout

quantitatives, n’est pas connue.

2.3 Enquête « espèces marginales » :

Problématique :

Introduits en France dans des parcs à des fins ornementales, le daim et le cerf sika ont

peu à peu colonisé de nouveaux territoires en milieux ouverts après s’ être échappés

d’enclos. Le développement du cerf sika est indésirable du fait des risques de pollution

génétique du cerf élaphe, leur hybridation étant rare mais possible. Le daim pose

également des problèmes de gestion du fait qu’il écorce beaucoup les peuplements

forestiers et qu’il se superpose aux cervidés locaux, cerf et chevreuil. Dans la plupart des

départements l’objectif est d’éradiquer les individus en liberté. En 1991 on avait

également de l’hydropote à l’état libre en France sur deux communes de la Haute-Vienne

où il était inscrit comme espèce protégée. Actuellement, plus aucun suivi de cette espèce

n’est effectué et il n’y a plus d’information relative à d’éventuelles observations

d’individus en liberté depuis une dizaine d’années. L’enquête annuelle « tableaux de

chasse » montre que le daim et le cerf sika sont présents de façon épisodique ou

permanente dans de nombreux départements français. Toutefois, la maille

départementale n’est pas adaptée à l’examen de la situation réelle des espèces présentes

en effectifs faibles et sur un nombre très limité de communes.

Historique :

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En 1991, une enquête « Espèces marginales d’ongulés en milieu ouvert » avait permis

d’établir la liste des communes françaises où l’hydropote le daim et le cerf sika étaient

présents à l’état libre. L’évolution rapide des tableaux de chasse nationaux et la

progression du nombre de départements concernés par les deux dernières espèces

(Saint-Andrieux et al. 2006) ont montré la nécessité d’actualiser nos connaissances sur

leur répartition à l’échelle communale et elle a été renouvelée en 2006.

Méthodologie :

On recense les populations de daim ou de cerf sika, le terme de « population »

caractérisant un groupe d’individus libre depuis au moins 1 an ( on considère que la

récupération par leur propriétaire est alors impossible), séjournant sur une aire

déterminée (de 1 à n communes). Chaque commune sur laquelle les animaux sont

observés est indiquée. L’estimation des effectifs par classe (1 à 5 ; de 5 à 20 ; de 20 à 50 ; >

50), les tableaux de chasse communaux et l’origine des animaux (inconnue,

volontairement introduite, échappée d’enclos, ancienne), la tendance d’évolution

(diminution, stable, augmentation, inconnue) sont également renseignés. Les données

sont saisies sur Access. Cette enquête sera renouvelée tous les 5 ans afin de mieux

suivre l’évolution quelquefois problématique de ces ongulés en France.

Résultats :

Le daim était présent sur 244 communes réparties sur 38 départements en 1991, il se

trouve à l’état libre en 2006 sur 446 communes réparties sur 53 départements (Fig. 4).

Cette enquête permet également de connaître l’origine des 125 populations présentes,

pour la plupart issues d’animaux échappés de captivité (Saint-Andrieux et al.2006,

2009).

Pour le cerf sika l’expansion géographique est plus limitée, mais il est tout de même

passé d’une présence sur 30 communes réparties dans 9 départements en 1991, à 67

communes sur 15 départements en 2006. Les 22 populations sont là aussi

majoritairement issues d’animaux échappées de parcs ou enclos.

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Figure 4 : Répartition communale du daim à l’état libre en 2006

Difficultés :

Les populations peuvent être très éphémères et il n’est pas toujours facile de les

identifier. La moitié des populations de daim comporte moins de 5 individus, ce qui rend

difficile les observations. Adaptés aux habitats fermés, le daim et le cerf sika peuvent

passer facilement inaperçus, surtout en faible densité.

Intérêts :

Cette enquête montre que les populations sont essentiellement issues d’animaux

échappés de parcs ou d’enclos (96 populations de daim sur les 125 entités existantes, 15

populations de cerf sika sur les 22 existantes). En vingt années, la distribution

géographique hors enclos des deux espèces a fortement progressé mais il existe une

différence sensible entre le daim et le cerf sika. Au niveau national les populations de

daim sont majoritairement stables ou en progression. Celles du cerf sika sont stables ou

en diminution et il existe une réelle volonté de stopper l’avancée de l’espèce en raison

des risques de pollution du cerf élaphe. Ces deux espèces de cerf partageaient tout de

même en 2007 le territoire sur 34 communes de France et 17 zones à cerf sont

concernées sur 9 départements. L’attention des responsables départementaux doit rester

mobilisée, d’autant plus que des faibles densités, ainsi que leur capacité à échapper à la

chasse les rend difficilement contrôlables.

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La simple analyse des tableaux de chasse départementaux (attributions et réalisations)

ne permet pas de rendre compte de l’évolution des espèces en raison d’une part de

l’importance du niveau des attributions (lorsque des animaux sont échappés il y a

attributions de bracelets en grande quantité dans les communes environnantes pour être

certain d’éliminer les animaux), d’autre part que dans certains départements il n’y a pas

de plan de chasse pour ces espèces considérées comme nuisibles. Une enquête régulière

à une échelle fine est donc nécessaire pour suivre en temps réel l’évolution de ces deux

espèces.

3 Progression géographique des espèces : les enquêtes tableaux de chasse communaux

Problématique : Lorsqu’une espèce chassable apparaît, puis se développe, dans une commune, elle finit

par figurer au tableau de chasse.

Suivre les tableaux de chasse communaux chevreuil et sanglier sur l’ensemble du

territoire français depuis les années 1980 a permis de visualiser la progression

géographique de ces espèces au niveau national. Pour le chevreuil des informations sur

les milieux bioclimatiques occupés ont permis de montrer l’évolution de l’espèce sur

chaque type de milieux.

Historique :

L’enquête communale chevreuil a débuté en 1985 avec une périodicité approximative de

5 ans. Celle du sanglier est annuelle depuis 1987.

Conçue au départ pour suivre la progression géographique des espèces au niveau

national, cette enquête a été remise en cause en 2000 puisque le chevreuil et le sanglier

sont maintenant présents partout. De plus les chasseurs sont souvent organisés en

unités de gestion recouvrant plusieurs communes, et les réalisations sont alors difficiles à

attribuer à l’une ou l’autre commune. Un sondage avait été fait auprès des interlocuteurs

techniques et plus des 2/3 souhaitaient tout de même continuer ces enquêtes qui

peuvent être utilisées à d’autres fins comme par exemple l’étude des dégâts agricoles au

niveau communal.

Méthodologie :

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Pour chaque département la liste des communes du département avec leur code Insee

est envoyée par messagerie électronique sur fichier Excel. Depuis deux ans il n’y a plus

d’envoi papier. Les fichiers Excel transmis sont verrouillés de façon à ce qu’aucun code

Insee ne puisse être ajouté ou supprimé.

L’interlocuteur technique de la FDC rempli le listing en indiquant par commune le nombre

d’animaux réalisés. Ce travail est impossible pour l’interlocuteur de l’ONCFS qui n’a pas

les informations à son niveau. A plus de 90 % les retours se font également par mail.

Seuls quelques rares départements (entre 4 ou 6 par an) continuent de faire des retours

papier.

Les informations sont saisies par l’administratrice du réseau sur la base de données

Access, ou transférées du fichier transmis (Excel) à la base de données. Avant de

transférer les informations reçues sur la base de données du réseau, les données de tous

les départements sont copiées sur une base de données qui vérifie l’absence de doublon

et l’existence des codes Insee transmis.

Pour la saison 2009-2010, parmi les retours de l’enquête des prélèvements communaux

sangliers, seuls 6 départements ont transmis leurs données par unités de gestion et non

par communes.

Des résultats :

Le chevreuil est absent ou non chassé dans 5 départements : la Corse-du-Sud (2A), la

Haute-Corse (2B), Paris (75), les Hauts-de-Seine (92) et Seine-Saint-Denis (93), et 6

départements n’ont pas répondu à l’enquête : la Meurthe-et-Moselle (54), les Pyrénées-

Atlantiques (64), les Pyrénées-Orientales (66), le Bas-Rhin (67), le Haut-Rhin (68), la

Sarthe (72) (Fig. 5).

en 2007, sur 36 570 communes en France métropolitaine (d'après les données de

l’INSEE) 28 523 communes sont renseignées, ce qui équivaut à 78 % de réponses.

Si on exclue les communes de tous les départements non renseignés, on obtient 28 523

communes renseignées (non vides) sur un total de 33 486 communes ce qui représente

donc un taux de 85 % de communes sur lesquelles il y a au moins un chevreuil prélevé.

Sur 62 départements le chevreuil est chassé en 2007 sur 75 à 100% des communes, et

sur 7 départements sur la totalité des communes (les Alpes-de-Haute-Provence (04),

l’Ardèche (07), la Corrèze (19), la Haute-Marne (52), la Meuse (55), la Vienne (86) et la

Haute-Vienne (87)).

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Sur les communes où l’espèce est chassée, il y a en moyenne 15 chevreuils prélevés par

commune en 2007. La moitié des communes prélève moins de 9 chevreuils.

Figure 5 : Prélèvements communaux chevreuil saison 2007-2008

En 1994 le chevreuil occupait déjà tous les milieux, de la plaine à l’étage montagnard, en

passant par les garrigues et les maquis méditerranéens. La présence du chevreuil de

plaine était plus importante dans le Nord- Est de la France (Alsace) et dans le Bassin

parisien.

Le sanglier est absent ou non chassé dans 3 départements : Paris (75), les Hauts-de-

Seine (92) et Seine-Saint-Denis (93), et 12 départements n’ont pas répondu à la

dernière enquête : l’Ariège (09), la Charente-Maritime (17), la Corse-du-Sud (2A), la

Haute-Corse (2B), les Pyrénées-Atlantiques (64), les Pyrénées-Orientales (66), le Bas-

Rhin (67), le Haut-Rhin (68), les Yvelines (78), l’Essonne (91), le Val-de-Marne (94) et le

Val-d’Oise (95) (Fig. 6).

Sur 36 570 communes en France métropolitaine, 23 329 communes sont renseignées (ce

qui équivaut à 64 % de réponses).

Si on exclue les communes de tous les départements non renseigné, on obtient 23 329

communes renseignées sur un total de 32 961 communes ce qui représente 71 % de

communes sur lesquelles au moins un sanglier est prélevé.

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37 départements ont du sanglier prélevé sur plus de 75% des communes du

département, et seulement 2 départements renseignent la totalité des communes : la

Haute-Marne (52) et la Meuse (55).

Sur les communes où l’espèce est chassée, il y a en moyenne 20 sangliers prélevés par

commune en 2009, et 55% des communes prélèvent moins de 10 sangliers.

Figure 6 : Prélèvements communaux sanglier saison 2007-2008

Les difficultés rencontrées : Lorsqu’une fédération départementale ne souhaite pas fournir l’information demandée,

l’interlocuteur de l’ONCFS ne peut accéder à l’information exclusivement détenue par les

FDC. Certains départements sont donc régulièrement non renseignés.

Lorsque l’information est fournie par unité de gestion cynégétique, le nombre d’animaux

prélevés par commune est calculé au prorata de la superficie de la commune sur l’unité

de gestion. Cette information reste très approximative, mais il n’est pas possible de faire

mieux. Il avait été envisage de travailler plutôt par unité cynégétique, mais c’est une

donnée qui n’est pas fixe dans le temps. Seule la commune est au fil des années une

donnée stable, malgré quelques regroupements ou disparition de certains numéros

Insee.

Le chevreuil et le sanglier étant maintenant présents sur la quasi totalité du territoire

métropolitain ces enquêtes ne sont plus réellement utilisées pour montrer la progression

spatiale des espèces. Elles sont plutôt utilisées actuellement pour des problématiques

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particulières (dégâts agricoles, questions sanitaires etc) mais sont considérées comme

indispensable par les interlocuteurs techniques qui tiennent à ce qu’elles perdurent,

d’autant plus que la plupart des FDC sont maintenant organisées pour fournir

immédiatement les fichiers qui sont déjà structurés sous la forme demandée dans leurs

services.

Le nombre total de communes en France n’est pas fixe et continue à évoluer, soit à la

hausse par fractionnement de communes existantes, soit à la baisse par fusion de

communes. Il est aussi arrivé qu’une commune change de département. Le fichier de

base communal n’est pas un fichier immuable, et cela pose quelques problèmes dans la

base de données.

Lorsque l’on fait le total des tableaux de chasse communaux sur un département on

devrait logiquement obtenir le tableau de chasse départemental. Pour la plupart des

départements le tableau de chasse départemental est de toutes façons calculé par les

FDC à partir du total communal. Pour d’autres ce n’est pas le cas. Ainsi pour le sanglier

en 2008 sur les 77 départements qui ont renseigné l’enquête communale, 80% ont

moins de 1% de différence entre le tableau départemental et le communal, 17% ont de 1

à 10% de différence, et 3% ont plus de 10% d’écart. Pour le chevreuil en 2007, sur 85

départements qui ont renseigné l’enquête communale, 69% ont moins de 1% d’écart

entre le tableau de chasse départemental et le communal, 35% de 1 à 10%, 6% plus de

10%.

Ces différences viennent le plus souvent du fait que pour certains prélèvements la

commune sur laquelle a eu le tir n’est pas identifiée.

Intérêts et limites: Les données communales sont plus fréquemment utilisées dans le cadre d’autres études

que pour suivre actuellement la progression de ces espèces en France. Elles sont très

demandées dans le cadre de la réalisation d’Atlas départementaux ou régionaux sur les

espèces animales, les synthèses pour les schémas cynégétiques, des comparatifs avec

les données indemnisations des dégâts agricoles ou des données collisions (Saint-

Andrieux 2009). Elles sont fréquemment demandées dans le cadre des problèmes

sanitaires par le réseau SAGIR. Elles sont très utilisées actuellement pour la création des

trames vertes, et l’élaboration du Plan national de maîtrise du sanglier. Elles sont aussi

utilisées dans le cadre des réflexions sur l’équilibre forêt-gibier, de la cohabitation entre

différentes espèces d’ongulés (Fig. 7), de la prédation par le loup.

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21

0 ongulé

1 ongulé

2 ongulés

3 ongulés

4 ongulés

5 ongulés

6 ongulés

Figure 7 : La cohabitation des différentes espèces d’ongulés en France- résultats présentés par commune

Dans le cadre d’études réalisées à une échelle plus fine que le département (massifs

montagnards, forêts domaniales, zones littorales, réserves, Parcs Nationaux...) ces

données communales sont indispensables.

Ces données ont été utilisées par exemple pour relier l’abondance du sanglier aux

niveaux de dégâts agricoles ou l’abondance des ongulés aux niveaux de dégâts

forestiers. Les zones à risque au niveau des collisions peuvent également être reliées aux

densités locales, ainsi que les risques sanitaires.

4 Progression numériques des espèces : les enquêtes tableaux de chasse départementaux

Problématique :

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22

Les plans de chasse sont accordés par le Préfet après examen des demandes par la

commission départementale de la chasse et de la faune sauvage. Cette base

administrative départementale sert de support à cette enquête qui permet de suivre

l’évolution des populations de grand gibier soumis à plan de chasse (cerf, chevreuil, daim

et ongulés de montagne). Le sanglier n’est pas soumis à un plan de chasse obligatoire

mais il fait tout de même parti des espèces suivies par le réseau, même si dans ce cas

les données sont plus difficiles à récupérer.

Historique : L’enquête annuelle « tableau de chasse départemental cervidés et sanglier » permet de

suivre l’évolution des populations au travers des tableaux de chasse départementaux,

hors parcs et enclos et dans les parcs et enclos. Les données, collectées auprès des FDC,

avec l’aide des SD le l’ONCFS pour certains départements, sont disponibles depuis 1973.

Méthodologie :

Chaque année un questionnaire est envoyé par courrier et/ou messagerie électronique à

l’ensemble des interlocuteurs techniques FDC et ONCFS dès la fin de la saison de chasse

(mars). Les retours sont demandés pour le mois de septembre avec une diffusion dans

Faune sauvage prévue le dernier trimestre de l’année.

Le questionnaire concerne cerf élaphe, cerf sika, chevreuil, daim, sanglier, mouflon,

chamois et isard. Il différencie les attributions et réalisations en et hors parcs et enclos.

Des classes de bracelets sont identifiées : mâles, femelles, jeunes de l’année,

femelles+jeunes, indéterminés. Depuis 2 ans une estimation de la fiabilité de

l’information est demandée pour chaque espèce : -80 %, de 80 à 90 %, plus de 90%.

La plupart des informations sont directement accessibles dans les FDC. En cas de refus

de participation des FDC à cette enquête les données sont disponibles à la DDT et les

interlocuteurs techniques de l’ONCFS peuvent se les procurer. Il est impossible d’obtenir

les réalisations sanglier si le sanglier n’est pas soumis à plan de chasse et que les FDC

refusent de participer à l’enquête, ce qui est le cas régulièrement pour quelques

départements. Dans ce cas les données du département manquant sont estimées à partir

du taux de progression des tableaux de chasse de l’espèce considérée sur les

départements de la région. Ils peuvent ensuite être corrigés a posteriori si le jeu de

données est récupéré plus tard.

Résultats :

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23

Depuis 1973 les données sont disponibles chaque année (avec quelques vides pour le

daim et le cerf sika dans les années 70),ce qui fait de cette enquête une base de données

exceptionnelle. La progression spectaculaire des tableaux de chasse sur cette période

montre bien l’évolution de toutes les espèces d’ongulés au niveau national (Saint-

Andrieux et al.2010). En effet entre 1973 et 2009 les tableaux de chasse du cerf élaphe

ont été multiplié par 9 (Fig. 8), le chevreuil par 10 (Fig.9), le sanglier par 13.6 (Fig. 10),

le chamois par 4, l’isard par 3.7, le daim par 2, le cerf sika par 3 et le mouflon par 35.

0

10000

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30000

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1997

2000

2003

2006

2009

Attributions hors enclos parcs

Réalisations hors enclos parcs

Figure 8 : Progression des tableaux de chasse du cerf élaphe de 1973 à 2009

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100000

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700000

1973

1976

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1982

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1991

1994

1997

2000

2003

2006

2009

Attributions hors enclos parcs

Réalisations hors enclos parcs

Figure 9 : Progression des tableaux de chasse du chevreuil de 1973 à 2009

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500000

600000

1973

1976

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1982

1985

1988

1991

1994

1997

2000

2003

2006

2009

Réalisations hors enclos parcs

Figure 10 : Progression des tableaux de chasse du sanglier de 1973 à 2009

Difficultés rencontrées :

Les chiffres fournis par le réseau constituent à l’heure actuelle la référence nationale, et

ils sont donnés à l’unité près. Cependant il existe de nombreuses sources d’erreur

possibles sur ces données, et les chasseurs ne voient pas toujours l’intérêt de connaître

précisément les tableaux de chasse réalisés.

- Pour les espèces soumises à plan de chasse un nombre de bracelets est attribué.

Les bracelets non utilisés doivent légalement être retournés mais dans la plupart des cas

les chasseurs ne les retournent pas, en particulier pour les chevreuils. Plusieurs raisons

expliquent ce comportement : la crainte de ne pas avoir autant de bracelets l’année

suivante s’il est constaté qu’ils n’arrivent pas à tirer tous les chevreuils demandés ou le

souci que le territoire de chasse soit considéré comme un territoire riche en faune et

puisse être loué plus cher (Sologne). Certains départements imposent le retour des

bracelets non utilisés en mettant en place des sanctions si les consignes ne sont pas

respectées. Pour l’Hérault il y a obligatoirement une fiche de prélèvement ou un retour

de bracelet, et en cas de non-retour de bracelets non utilisés il y a autant de bracelets

attribués en moins l’année suivante.

- Pour le sanglier, en plan de chasse dans seulement 17 départements en 2009, et

sans modalité de gestion dans 36 départements, il est très difficile d’obtenir des données

si il n’y a aucun système de contrôle des réalisations et en particulier si les FDC ne

souhaitent pas participer aux enquêtes.

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- La récupération des données :

Les enquêtes « tableaux de chasse départemental » sont envoyées mi-mars pour un

retour au 30 juin. Mais seulement les 2/3 des départements ont répondu dans les délais

en 2010. Ensuite il faut de nombreuses relances de l’administrateur du réseau pour

obtenir le reste, et cette année les derniers retours ont été obtenus dans la 2ième

quinzaine de septembre. En 2009 les derniers retours avaient eu lieu en novembre et

seulement le moitié des enquêtes étaient parvenues à la date limite prévue, ce qui

montre tout de même une amélioration ! Il subsiste aussi régulièrement des

départements qui refusent de répondre à l’enquête pour diverses raisons politiques. Pour

les espèces soumises à plan de chasse les données peuvent être obtenues dans les DDT,

mais pour le sanglier il est parfois impossible d’avoir les données. Dans ce cas plusieurs

solutions ont déjà été envisagées : soit laisser le département non rempli, soit faire une

approximation du nombre d’animaux tués en appliquant sur le département manquant le

taux de progression moyen des réalisations sanglier des départements de la même

région. Le plus souvent avec quelques années de recul a base de données peut être

rectifiée ensuite.

- Des analyses pourraient être faites au niveau qualitatif sur les classes d’âge et le

sexe des animaux tirés. Mais la plupart des départements ont des bracelets très

hétérogènes. Par exemple pour le cerf, dans certains départements les bracelets

« jeunes » sont utilisés aussi pour les bichettes et quelquefois même aussi sur des

biches, des bracelets « mâles » peuvent être posés sur des femelles ou des jeunes, des

bracelets « biches » sur des jeunes cerfs. Seulement 31 départements ont des bracelets

bien différenciés « mâle » « femelle » ou « jeune de moins d’un an » pour le cerf. Pour le

chevreuil les deux tiers des réalisations sont classées en bracelets indéterminés, et pour

le sanglier il n’y a aucune distinction entre âge et sexes dans la base de données.

- L’estimation de la fiabilité des chiffres « réalisations » :

Tout d’abord un petit rappel sur le plan de chasse. Obligatoire sur tous les ongulés depuis

1989 et facultatif pour le sanglier, c’est une mesure administrative avec un arrêté

préfectoral. Un minimum obligatoire d’animaux à tirer peut être imposé (c’est dans

l’arrêté préfectoral mais pas toujours appliqué).

Comme le chasseur fait annuellement sa demande de tableau de chasse (en fin de saison

précédente), il est tenu de donner ses résultats de l’année écoulée. Il demande souvent

le même en déclarant qu’il a réalisé 100% du plan attribué.

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Le bracelet est la preuve matérielle que le chasseur a le droit de tuer l’animal. L ‘arrêté

ministériel dit que le chasseur est censé retourner les bracelets non utilisés en fin de

saison.

Le contrôle des tirs effectivement réalisés se fait au minimum par la déclaration sur

l’honneur du chasseur de ce qu’il a réalisé. D’autres systèmes de contrôle sont mis en

place comme (dans l’ordre de la rigueur croissante du contrôle), les carnets de battue, la

déclaration immédiate (carte T à renvoyer dans les 48h, déclaration par internet etc) ou

présentation et contrôle de l’animal ou d’une partie de l’animal.

Sans plan de chasse il n’y a pas de contrainte administrative. L’estimation des

réalisations se fait soit par simple avis de l’interlocuteur technique, soit par déclaration

des chasseurs, analyse des carnets de battue ou carnet de tir, présentation des animaux

tirés.

Pour le cerf :

En 2008 sur 82 départements avec tableau de chasse cerf, les interlocuteurs techniques

déclarent que pour 88% d’entre eux la fiabilité des données fournies sur les réalisations

est supérieure à 90%. Sur 11% des départements la fiabilité des informations est de 80

à 90%, et seulement sur 1% des cas la fiabilité est de moins de 80% (tableau 1).

Fiabilité estimée par l’IT de l’information fournie

<80% 80 à 90% > 90% Système de

contrôle Nbre

dépts

% de

dépts

Nbre

dépts

% de

dépts

Nbre

dépts

% de

dépts

Aucun (estimation

par l’IT) 2 22% 1 2%

Déclaration en fin

de saison 1 100% 2 22% 18 25%

Carnet de battue 1 11% 8 11%

Déclaration

immédiate 4 45% 24 33%

Présentation de

l’animal 21 29%

TOTAL 1 100% 9 100% 72 100%

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27

Tableau 1 : répartition des départements en fonction de la fiabilité estimée des données

réalisations cerf et du système de contrôle mis en place

60% des départements déclarant une fiabilité de leurs données supérieure à 90% ont les

systèmes de contrôle les plus performants (déclaration immédiate, présentation de

l’animal).

Pour le chevreuil :

En 2008 sur 88 départements renseignés, les interlocuteurs techniques déclarent que

pour 67% d’entre eux la fiabilité des données fournies sur les réalisations est supérieure

à 90%. Sur 23% des départements la fiabilité des informations est de 80 à 90%, et sur

10% des cas la fiabilité est de moins de 80% (tableau 2).

Fiabilité estimée par l’IT de l’information fournie

<80% 80 à 90% > 90% Système de

contrôle Nbre

dépts

% de

dépts

Nbre

dépts

% de

dépts

Nbre

dépts

% de

dépts

Aucun (estimation

par l’IT) 2 25% 1 5%

Déclaration en fin

de saison 5 63% 9 42% 20 34%

Carnet de battue 5 24% 7 12%

Déclaration

immédiate 1 12% 5 24% 28 47%

Présentation de

l’animal 1 5% 4 7%

TOTAL 8 100% 21 100% 59 100%

Tableau 2 : répartition des départements en fonction de la fiabilité estimée des données

réalisations chevreuil et du système de contrôle mis en place

Plus de la moitié des départements déclarant une fiabilité des données supérieure à 90%

ont là aussi mis en place des systèmes de contrôle performants. Pour 1 département le

système de déclaration immédiate ne garantit pas une bonne fiabilité. Il y a sans doute

une mauvaise interprétation de la question, à savoir que la réponse à été faite sur le

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28

qualitatif (reconnaissance des classes d’âges), pas toujours correctement faite même

avec présentation de l’animal.

Pour le sanglier :

En 2008 sur 90 départements renseignés, les interlocuteurs techniques déclarent que

pour 60% d’entre eux la fiabilité des données fournies sur les réalisations est supérieure

à 90%. Sur 36% des départements la fiabilité des informations est de 80 à 90%, et sur

4% des cas la fiabilité est de moins de 80% (tableau 3).

Fiabilité estimée par l’IT de l’information fournie

<80% 80 à 90% > 90% Système de

contrôle Nbre

dépts

% de

dépts

Nbre

dépts

% de

dépts

Nbre

dépts

% de

dépts

Aucun (estimation

par l’IT) 2 50% 4 13% 5 10%

Déclaration en fin

de saison 1 25% 7 23% 8 14%

Carnet de battue 10 32% 16 29%

Déclaration

immédiate 1 25% 10 32% 23 42%

Présentation de

l’animal 3 5%

TOTAL 4 100% 31 100% 59 100%

Tableau 3 : répartition des départements en fonction de la fiabilité estimée des données

réalisations chevreuil et du système de contrôle mis en place

La présentation de l’animal est rare mais elle se pratique tout de même au sein des ACCA

comme en Savoie où les chasseurs doivent présenter le soir de chaque journée de chasse

les animaux tirés devant une commission de chasseurs réunie dans un lieu publique.

Si l’on regarde l’estimation de la fiabilité des informations fournies en fonction des

niveaux de prélèvements en 2008 (réalisations inférieures à 3 000 sangliers, comprises

entre 3 000 et 10 000, supérieures à 10 000), on voit que la fiabilité des informations est

nettement meilleure quand les tableaux de chasse sont moins élevés (68% des

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29

départements ayant moins de 3 000 sangliers tirés estiment la fiabilité des données à

plus de 90% contre 47% pour les départements ayant plus de 10 000 sangliers au

tableau de chasse). Il est effectivement plus facile de mettre en place des systèmes de

contrôle performants lorsqu’il y a moins d’animaux à contrôler que lorsque le nombre de

sangliers prélevés est compris entre 10 000 et 20 000 pour un département. Pour plus de

10 000 sangliers prélevés il n’y a que 21 % des départements qui ont un système de

contrôle par déclaration immédiate (et aucun avec présentation de l’animal) alors que

pour moins de 10 000 sangliers près de la moitié des départements ont mis en place ces

deux systèmes de contrôle.

- Utilisation de ces données pour la gestion :Tableaux de chasse et suivi des populations

Les statistiques de chasse sont les seules données disponibles à grande échelle

permettant sur le long terme d’apporter des indications sur les tendances d’évolution des

populations d’ongulés chassées et d’estimer leurs effectifs. Elles sont donc très utilisées

par les gestionnaires, mais sont-elles vraiment représentatives de des niveaux réels des

populations?

La chasse est sans aucun doute la première cause de mortalité des cerfs, chevreuils et

sangliers en France, même si les collisions avec les véhicules deviennent une source de

plus en plus importante de mortalité, et que la prédation n’est sans doute pas

négligeable dans les régions montagneuses.

Aux Etats-Unis un index (Sex-Age-Kill Model Performance) est développé pour estimer

les populations à partir du nombre d’individus tués par âge et par sexe. Cet index est

établi sur la base d’une enquête auprès de 70 000 chasseurs, et 60% de retours. Dans

cet indice largement utilisé aux U.S.A il y a une hypothèse de constance des paramètres

(proportion de mâles et pas de croissance de la population) qui rend la méthode

inutilisable. Il faut de plus connaître exactement le nombre de mâles prélevés, le taux de

mortalité des mâles, le sex-ratio mâles adultes/femelles adultes et juvéniles/femelles

adultes de la population, ce qui est impossible dans la réalité sur le terrain.

Il existe de nombreuses incertitudes quant à la possibilité d’utiliser le tableau de chasse

d'une espèce comme un indicateur de l'abondance et des tendances d'évolution de

l'espèce sur une zone donnée. La littérature reporte de nombreux facteurs affectant le

tableau de chasse d'une espèce donnée (Myrberget, 1988;Nichols et al., 2001), incluant

notamment :

1. Le nombre de chasseurs de l'espèce présents sur une zone, qui peut varier à la

fois dans l'espace (d'un département à l'autre, d'une commune à l'autre, etc.) et

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dans le temps (d'une année à l'autre), ce qui peut rendre difficile les

comparaisons des tableaux de chasse entre deux zones ou deux années ;

2. L'existence de différents modes de chasse de l'espèce (battue aux grands chiens

courants ou aux petits chiens, tir à balle ou à plombs, etc.), qui peuvent varier

dans le temps et dans l'espace, ce qui peut également handicaper les études de

l'évolution temporelle et des variations spatiales de la population ;

3. L'existence d'erreurs dans la collecte des données : il est possible que tous les

animaux prélevés ne soient pas renseignés, ou que plus d’animaux soient déclarés

prélevés que la réalité ;

4. L'existence ou non de plan de chasse pour l'espèce étudiée : En effet, lorsque la

législation impose la définition a priori d'un plan de chasse par les chasseurs,

l'importance du tableau est souvent proportionnelle au plan de chasse défini. En

effet, la législation impose souvent que le plan de chasse défini soit réalisé. Le

tableau reflète alors non plus la taille de la population, mais une opinion des

chasseurs concernant la taille de la population (un avis d'expert). Cela suppose

naturellement une gestion raisonnée de l'espèce ;

5. L'abondance de l'espèce sur la zone étudiée. Notons que cette abondance dépend

d'autres facteurs, tels que l'habitat (un département très forestier contiendra

probablement plus de cerfs qu'un département agricole, ce qui peut rendre

difficile les comparaisons de l'importance du tableau dans l'espace).

Cependant plusieurs analyses ont été faites afin de tenter de relier les statistiques de

chasse disponibles au réseau ongulés sauvages et l’évolution des populations d’ongulés.

Christophe Bonnenfant et al se sont intéressés à l’évolution des statistiques de

chasse du cerf élaphe à l’échelle européenne, en analysant le taux de croissance des

prélèvements, noté Hr. Il correspond au logarithme du rapport des prélèvements au

temps t+1 sur les prélèvements au temps t (Hr = ln(Ht+1 / Ht) où H représente le

prélèvement réalisé). On peut assimiler Hr à l'accroissement relatif des réalisations en

l'espace d'une année. Lorsque Hr vaut zéro, alors les prélèvements sont stationnaires.

Inférieur à zéro, il indique alors que les prélèvements diminuent. Inversement, lorsque

Hr est positif, alors les prélèvements sont en augmentation. Cette variable à l'avantage

d'être relative et est donc influencée ni par la valeur initiale, ni par l'importance des

prélèvements. La moyenne des Hr sur l'ensemble des années donne la tendance à long

terme des réalisations de tirs. Les détails des analyses statistiques peuvent être trouvés

dans Milner et al. (2006).

Le taux d’accroissement des prélèvements n’est pas statistiquement différent

entre les pays européens étudiés mais il est significativement plus fort dans les pays

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comme la France où la gestion est de type « permis de chasse ou propriétaire ». Le taux

d’accroissement est plus faible lorsque la proportion de femelles dans les prélèvements

est plus forte, et positivement corrélé avec la proportion de chasseurs dans le pays. Par

contre en France le tableau de chasse annuel continue d’augmenter malgré la diminution

du nombre de chasseurs.

Il existe des variations importantes du taux d’accroissement des prélèvements

d’un département à l’autre, les valeurs les plus fortes de Hr étant retrouvées dans les

zones de colonisation récente (ou zones « non-traditionnelles »), le plus souvent à la

périphérie de l'aire de répartition du Cerf à l'échelle du pays. Au contraire, les zones

qualifiées de « traditionnelles » présentent, en moyenne, les valeurs de Hr les plus

faibles. Ce résultat est conforme au fait que les populations en colonisation présentent

des taux d’accroissement proches du maximum possible pour l’espèce, eux-égards aux

faibles densités et conditions environnementales favorables, ce qui n’est pas le cas pour

les populations installées depuis des décennies sur un même site.

Les augmentations du taux d'accroissement des prélèvements observées pour de

nombreux départements diffèrent aussi dans leurs origines. Ainsi, dans les zones

traditionnelles du cerf, l'augmentation des prélèvements est essentiellement due à un

accroissement du nombre d'animaux tirés par unité de surface. Au contraire, dans les

zones « non-traditionnelles », l'augmentation des prélèvements s'explique à la fois par

davantage d'animaux tirés par unité de surface, mais aussi et surtout par un nombre plus

important de départements colonisés par le cerf. Par exemple, en France et pour l'année

2002, le nombre de départements « non-traditionnels » étaient 25% plus nombreux

qu'en 1970 et leur contribution au tableau de chasse annuel est passée, au cours de la

même période de temps, de 26% à 50%.

L'accroissement des prélèvements que l'on observe, et tout particulièrement dans

les zones dites « non-traditionnelles », est fréquemment plus important que le taux

d'accroissement maximum que l'on peut attendre d'une population de cerfs ( rm < 0,35).

Biologiquement, un recrutement plus fort que rm pourrait se produire grâce à la

dispersion, mais pour le cerf, on sait que cette hypothèse est très improbable (Clutton-

Brock et al. 2004) et il faut donc chercher du côté des facteurs culturels. Il n'est pas

possible de distinguer lesquels sont prédominants, mais on retrouve plusieurs facteurs

explicatifs. Tout d'abord, il se produit certainement un retard entre le moment où une

population de cerf a colonisé un nouveau secteur et le moment où les plans de chasse

sont mis en œuvre et effectifs (Bonenfant & Klein 2004). Ensuite, associé à des plans de

chasse plus important, les chasseurs peuvent parvenir à une plus grande efficacité avec

le temps passant. Concernant les zones « traditionnelles », il existe un contexte

écologique où la présence du cerf est avérée depuis plusieurs décennies. Les plus faibles

taux d'accroissement des prélèvements que l'on observe peuvent donc être la

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conséquence d'effets densité-dépendants. En diminuant les taux de reproduction et de

survie, l'accroissement de la population est plus faible et celui des prélèvements

également.

En conclusion les auteurs montrent que l’évolution des prélèvements au cours du temps

indique tout de même une progression des populations de cerf même si elle ne reflète

pas parfaitement l’évolution des populations, et que la croissance des populations de cerf

apparaît supérieure à celle des prélèvements.

Caractérisation de l’évolution des tableaux de chasse

Nous avons essayé en 2009 avec Clément Calenge d’identifier les patrons d'évolution du

tableau de chasse du chevreuil, du cerf et du sanglier en France, de 1973 à 2007. Il

s'agissait de définir une typologie de courbes pour chaque espèce, c'est-à-dire, de définir

des groupes de départements au sein desquels l'évolution du tableau de chasse serait

similaire.

La question centrale étant toujours de savoir si il serait alors possible de tirer de cette

typologie, construite en analysant l'évolution des tableaux de chasse, des informations

sur l'évolution des populations d'ongulés. Dans le cas présent, les écueils sont nombreux.

Les différences de tableaux de chasse entre deux départements peuvent être causées par

une différence du nombre de chasseurs entre ces deux départements, une différence du

mode de chasse pratiqué, etc. De même, les différences entre deux années ne seront pas

nécessairement causées par des différences d'abondance (changement du mode de

chasse, mise en place du plan de chasse). Il peut exister aussi des erreurs dans la

collecte des données, volontaires ou non (falsifications des informations données par les

chasseurs). Pour une espèce soumise à plan de chasse le tableau ne reflète pas

forcément la taille de la population, mais une opinion des chasseurs concernant la taille

de la population. Enfin l’abondance de l’espèce sur la zone étudiée dépend de facteurs

comme l’habitat, variable d’un département à l’autre.

Il devient dès lors difficile de tirer des conclusions fiables sur la population avec de telles

données, dans la mesure où ces données ne constituent pas vraiment un échantillonnage

probabiliste de la population, et où la question biologique est elle-même relativement

floue.

Cependant, l'existence de structures dans ce jeu de données peut permettre de générer

des hypothèses sur le fonctionnement de la population, et/ou sur les variations

interdépartementales et/ou interannuelle du mode de gestion des espèces.

Le travail a été fait espèce par espèce (chevreuil, cerf, sanglier).

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Le chevreuil :

Un premier résultat important sur cette espèce est que le nombre de prélèvements

augmente d'année en année dans tous les départements. L’utilisation de données

transformées en log2(x+1)montre que la variance diminue lorsque l’on s’approche de la

fin de la période considérée ce qui n'est pas surprenant: sur la fin de la période on arrive

à une certaine saturation (il est plus difficile pour des chasseurs qui prélèvent déjà 3000

chevreuils par an d'augmenter leurs prélèvements de 10% que lorsque le prélèvement

est de 100 chevreuils).

Cette saturation peut s'expliquer soit par une saturation du nombre de chasseurs (On ne

peut pas demander à un nombre de chasseurs en diminution d'augmenter de 30% un

nombre déjà très élevé), soit par une saturation du nombre de chevreuils (les chevreuils

ne peuvent pas augmenter leurs effectifs indéfiniment). Ainsi, le niveau de saturation va

très probablement être différent d'un département à un autre.

Une typologie des départements a été établie en fonction de la forme de l’évolution du

tableau de chasse du chevreuil, cette forme étant établie à partir d’une courbe spline

(fonction composée de polynômes par morceaux, sur lesquels des contraintes de

continuité ont été définies). L’objectif est de définir des groupes de départements ayant

le même type de déviation par rapport à la courbe moyenne nationale. Cette étude de la

variabilité est effectuée à l’aide d’une analyse en composantes principales fonctionnelle.

La croissance moyenne semble pouvoir se formaliser sous la forme d'une courbe

sigmoïde : de 1975 à 1980, le tableau de chasse a été de plus en plus important chaque

année. En 1991, il semble y avoir un point d'inflexion, et après cette date, le pourcentage

d'augmentation du tableau de chasse a diminué jusqu'à atteindre un plateau à la fin de

la période (Fig. 11).

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Figure 11 : Fonction moyenne sur tous les départements du tableau de chasse chevreuil

L'ACP fonctionnelle a permis de préciser la façon dont cette croissance s'est effectuée. Le

premier axe de l'ACP donne une mesure de la précocité de cet accroissement. Alors que

la Bretagne, les Pays de la Loire, et le sud-est de la France sont caractérisés par une

croissance tardive (après 1990), les départements du nord-est et du sud-ouest de la

France sont en général caractérisés par une croissance précoce (avant 1990). Notons

qu'il n'existe aucune relation entre la précocité de cet accroissement et l'importance du

tableau de chasse dans les départements. La relation entre la précocité de croissance

dans un département et l’importance du tableau de chasse en 1973 est presque

inexistante.

Tous les départements présentent une forte augmentation du tableau de chasse. Cette

augmentation n’est pas uniforme : il y a eu des périodes stables et des périodes

d'augmentation. Deux types de croissance sont distingués : le type le plus courant est la

croissance sigmoïde (plateau en début de période, puis brusque augmentation, puis

plateau), mais d'autres types de croissance sont également identifiés (augmentation

brusque en début de période puis stabilisation ; long plateau au début, suivi par une

augmentation qui se poursuit encore de nos jours; augmentation puis plateau puis

augmentation).

Qu'il s'agisse de la précocité de croissance ou de sa forme, le processus étudié est très

fortement spatialisé.

Si l’on pouvait expliquer biologiquement la spatialisation très nette de la précocité ou de

la forme de croissance ces analyses constitueraient un fort plaidoyer en faveur de

l'utilisation de ces tableaux de chasse en tant qu'indice de l'évolution de la population

(qui ne peut bien sûr pas être utilisé seul, mais en conjonction avec d'autres indices).

Le cerf : Les mêmes analyses ont été réalisées que pour le chevreuil. On observe pour le cerf lune

augmentation du tableau de chasse pour la majorité des départements. La courbe

moyenne illustre une croissance continue du tableau de chasse du cerf : de 1975 à 1980,

le tableau moyen du cerf a augmenté de façon linéaire. En 1977, cette croissance, bien

que toujours positive, a amorcé un ralentissement jusqu'en 1982. En 1982, la croissance

s'est accélérée pour atteindre son maximum en 1995, puis ralentie (sans jamais cesser

d'être positive), et ce jusqu'à la fin de la période (Fig 12).

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Figure 12 : Fonction moyenne sur tous les départements du tableau de chasse cerf

Contrairement au chevreuil, pour lequel les courbes d'évolution du tableau de chasse

étaient relativement similaires, il semble y avoir ici une grande variabilité entre les

courbes. Tous les départements ne présentent pas le même type d'évolution, même si un

patron général de croissance peut être distingué.

C’est principalement l’axe 1 de l'ACP fonctionnelle qui met en évidence une forte

structure sur l'axe, et comme pour le chevreuil, c'est la précocité de la croissance du

tableau de chasse qui est mise en évidence. Contrairement au chevreuil, les scores des

départements sur le premier axe de l'analyse ne sont pas spatialisés du tout.

Ainsi, un département présentant une croissance rapide ne sera pas nécessairement

voisin de départements présentant une croissance rapide. La rapidité de croissance dans

les départements semble distribuée complètement aléatoirement spatialement.

Ces analyses mettent en lumière des structures très faibles dans les données cerf, bien

que l'on puisse discerner une croissance générale du tableau de chasse cerf dans tous les

départements. Il y a une très forte variabilité du tableau de chasse autour de la courbe

de croissance moyenne. Par ailleurs, cette variabilité semble très peu structurée. On

observe malgré tout un certain gradient de rapidité de croissance, principalement

déterminé par la présence ou l'absence d'une décroissance du tableau de chasse en

début de période d'étude. Cette structure de précocité est la seule qui apparaisse

clairement dans les données. Les analyses montrent ensuite quelques cas particuliers,

des groupes constitués d'un petit nombre de départements et caractérisés par une

structure mineure (mais commune à tous les départements du groupe) au niveau de

l'évolution du tableau de chasse (présence d'une bosse" au début de la période d'étude,

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tableau de chasse stable en 1990, etc.). En réalité, seule la rapidité de croissance

apparait clairement dans les résultats.

Le sanglier :

Le nombre de prélèvements augmente clairement d'année en année dans tous les

départements. Les courbes semblent très approximativement parallèles, illustrant une

certaine similarité de comportement. La courbe moyenne illustre une croissance continue

du tableau de chasse sanglier : de 1975 à 1980, le tableau moyen du sanglier a

augmenté de façon linéaire. A cette date, la croissance du tableau a très fortement

augmenté pour atteindre un maximum en 1990. Puis la croissance a amorcé un

ralentissement jusqu'à la fin de la période d'étude. La forme de cette courbe est très

clairement sigmoïde (Fig. 13).

Figure 13 : Fonction moyenne sur tous les départements du tableau de chasse sanglier

L'ACP fonctionnelle indique la présence d'une très forte structure sur le premier axe de

l'analyse (66% de la variabilité expliquée par le premier axe). Il oppose les départements

présentant une augmentation en début de période d'étude suivie par une stabilisation à

la fin ( Savoie, Haute-Savoie, Calvados, etc.) et ceux dont le tableau a commencé par

décroître en début de période, puis à croître de façon tardive (Haute Marne, Ardennes,

etc.). Notons que pour certains de ces départements, le tableau n’est toujours pas

stabilisé (Côtes d'Armor, Loire Atlantique). Cet axe est donc, comme pour le chevreuil un

axe mesurant la précocité de croissance du tableau de chasse. On retrouve, comme dans

le cas du chevreuil, une croissance très fortement spatialisée, plus précoce dans les

Pyrénées, et le long d'une bande passant par le massif central, et on peut identifier une

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bande très nette, dans le sud de la France, sur laquelle les départements montrent une

croissance très précoce. Par contre, contrairement au chevreuil, les départements alpins

sont caractérisés par une croissance très précoce du tableau de chasse sanglier. En

outre, alors que le chevreuil montrait une croissance précoce dans le nord-est de la

France, elle est ici tardive. La Bretagne et l'extrême nord de la France sont également

caractérisés par des croissances plutôt tardives.

Le deuxième axe de l'analyse (21% de la variabilité) différencie les départements en

fonction de l'évolution du tableau de chasse en tout début de période d'étude. Alors que

certains départements sont caractérisés par la présence d'une "petite bosse" couvrant

jusqu'au milieu des années 1980 (croissance puis légère décroissance, d'autres sont

caractérisés par une croissance plus sigmoïde. Comme pour le chevreuil, ce deuxième

axe mesure la proximité du département à un modèle de croissance sigmoïde. Il est

également très spatialisé. On observe une claire opposition entre l'est de la France (en

particulier les départements limitrophes de la Suisse) et le sud de la France. Alors que les

départements de l'est sont caractérisés par des croissances très sigmoïdes, les

départements du sud de la France (y compris les Pyrénées) sont tous caractérisés par la

présence d'une "bosse" en début de période d'étude : Le tableau augmente en 1973, puis

diminue à partir de 1980 et augmente à nouveau à partir de 1985.

Intérêts et limites de cette enquête :

En 2004 BirdLife International et la FACE (Fédération des Associations de Chasse et

Conservation de l'UE), en présence de la commissaire Wallström, ont signé un accord

permettant de pratiquer la chasse dans un cadre bien réglementé. Il a été précisé que les

appréciations doivent être fondées sur les meilleures données disponibles et fiables. Il a

été également conclu que la collecte des statistiques de chasse, ainsi que leur

interprétation scientifique étaient nécessaires. Le projet Artemis a été mis en place afin

de centraliser les tableaux de chasse de l’Europe et fournir une plateforme pour le

partage d'expertise sur les méthodologies utilisées pour collecter les données.

Une conférence a été organisée par la FACE en automne 2009 pour présenter ce qui se

fait en Europe sur la collecte des données tableaux de chasse, puis de réfléchir à la mise

en place d’un observatoire Européen des espèces chassables (Artémis ou autre). Il est à

souligner que le développement de statistiques tableaux de chasse par les chasseurs

permet de légitimer leur rôle et leur crédibilité.

Alors que nous nous interrogeons actuellement sur les moyens d’estimer et d’améliorer la

fiabilité des données récoltées par le réseau ongulés sauvages, il est intéressant de voir

comment les autres pays d’Europe procèdent.

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38

Il existe une longue tradition volontaire d’enregistrement des données par les chasseurs

dans les pays nordiques. En France nous sommes bien loin de ces possibilités et de cette

fiabilité d’information. Malgré tout nous disposons d’une base de donnée exceptionnelle

qu’il faut absolument préserver et améliorer.

5 Le fonctionnement du réseau

5.1 Problèmes rencontrés :

- Collecte des infos tableaux de chasse : La première source d’erreurs est possible au moment de la déclaration du chasseur du

nombre d’animaux qu’il a tués. Si une simple déclaration sur l’honneur est faite à la fin

de la saison de chasse, les moyens de contrôle sont impossibles. En cas de plan de

chasse, le chasseur est tenu de restituer les bracelets non utilisés mais peu de

départements l’imposent et de toutes façons aucun moyen de contrôle n’existe sur cette

restitution.

Les carnets de battue permettent l’enregistrement des informations au fur et à mesure,

et sont souvent très fiables. La liste des participants aux battues est notée, certains sont

informatisés et enregistrés par lecture optique à la fin de la saison de chasse (30), ou

même chaque semaine (83). Dans certains départements 95 à 98% des cerfs-chevreuils-

sangliers sont tirés en battue (06) et le carnet de battue permet donc un suivi précis.

Le système de déclaration immédiate par carte T, envoyée dans les 48h ou 72h après le

tir d’un animal, ou la déclaration immédiate par intranet, donnent de très bons résultats

de retour d’informations, bien que de fausses déclarations ou un oubli soient toujours

possibles. Associé à une possibilité de contrôle de l’animal tiré (par exemple pendant 72h

comme dans le 61 sur cerf), la fiabilité est encore meilleure.

La présentation systématique et obligatoire des animaux tirés aux points de contrôle

permet le meilleur contrôle des réalisations, et donne aussi la possibilité de prendre des

mesures de poids, de vérifier le sexe et l’âge des animaux. La présentation d’une partie

de l’animal seulement donne la possibilité aux chasseurs malhonnêtes de présenter le

même animal plusieurs fois.

Dans certains départements (67-68) il n’existe absolument aucun système de contrôle

pour le sanglier, espèce classée nuisible. Les estimations des réalisations sont très

approximatives, elles sont faites par exemple au prorata des surfaces chassées, en

appliquant le nombre connus d’animaux tués sur une surface donnée au reste du

département (par exemple le nombre de sangliers tués sur la zone classée peste porcine

avec récupération des animaux par la DDSV).

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De plus en plus de FDC mettent en place des systèmes informatisés avec lecture optique

pour la récupération des données des chasseurs. Certaines FDC (34) ont même mis en

place un système de saisie accessible directement aux chasseurs sur un site web. Ce

service rencontre un vrai succès auprès des chasseurs qui peuvent en plus accéder

directement aux retours d’informations concernant leur territoire de chasse.

- Envoi des enquêtes :

Les enquêtes sont envoyées par mail. Une demande de confirmation de réception ne

suffit pas, en effet en FDC c’est souvent la secrétaire qui réceptionne les mails, mais cela

ne prouve pas que le technicien concerné ait bien eu connaissance du message. Quand le

technicien a une boîte mail personnelle il accède plus facilement aux informations du

réseau.

A l’ONCFS l’interlocuteur technique n’a pas de boîte personnelle, c’est à l’adresse du

service départemental que les mails sont envoyés. Il serait sans doute plus efficace

d’avoir une boîte perso pour l’IT, et les messages seraient alors envoyés en copie au chef

du SD.

- Transmission des informations : La plupart des informations sont transmises maintenant sur fichier par messagerie

électronique, mais pour les enquêtes de répartition par exemple ce sont encore des

fichiers papiers (cartes etc) avec saisie et cartographie manuelle.

Les moyens de contrôles sont divers. Tout d’abord il est fortement recommandé aux

deux interlocuteurs techniques d’un même département de travailler en concertation ce

qui limite les risques d’erreurs. Les derniers résultats enregistrés concernant la

participation des deux services aux enquêtes montraient que 88% des IT FDC et 74%

des IT ONCFS avaient participé à l’enquête « massif à cerfs ». Pour les enquêtes

« tableaux de chasse » la participation des FDC avoisine 80%, celle de l’ONCFS 40% pour

les enquêtes départementales et 30% pour les enquêtes communales. Ensuite il y

recoupements d’informations entre plusieurs enquêtes (tableaux de chasse communaux

et départementaux, massifs à cerf et tableaux de chasse, évolution logique d’une année

à l’autre et repérage des anomalies…).

Lorsque les deux IT fournissent des informations séparées, il est fréquent que ces

informations soient différentes. Cela rend le travail de l’administrateur du réseau délicat.

Il faut bien sûr contrôler les deux sources d’information et si chacun maintient sa

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position, trancher, au risque d’en vexer un, qui ne voudra plus participer aux enquêtes

dans l’avenir.

- Saisie des données La saisie manuelle est une source d’erreur possible mais aussi une possibilité de

vérifications. Dans tous les cas à la diffusion de résultats sur papier ou lors des réunions

réseau il est demandé aux interlocuteurs de bien vérifier les données présentées afin de

rectifier les erreurs éventuelles.

5.2 Diffusion et consultation des données du réseau

Historique :

Jusqu’en 2001 les bordereaux d’enquête étaient réalisés par le SPN et fournis à l’ONCFS

(CNERA Cervidés-sanglier). Les enquêtes étaient envoyées aux coordinateurs

départementaux du réseau, qui pouvaient être techniciens ou administrateurs des FDC,

ou gardes de l’ONCFS. Le coordinateur recueillait les données de son département, avec

l’aide de correspondants ou informateurs, et les transmettait à l’animateur du réseau ou

au SPN.

La saisie informatique des données et leur exploitation étaient réalisés par l’animateur du

réseau, le SPN et le responsable du service informatique de l’ONCFS (LANDRY P.), sous

Excel ou SIG.

La convention avec le MNHN a pris fin en 2001. En 2002 le réseau « cervidés-sanglier » a

été restructuré par l’arrivée d’un animateur permanent et d’un responsable scientifique.

Toutes les bases de données ont été transférées sous Access grâce au travail de l’équipe

informatique de l’ONCFS ( DEJ F. et THURION C.). Les données sont maintenant stockées

et gérées à Gerstheim, siège du réseau « ongulés sauvages ». Les cartographies sont sur

Arcview.

Cadre général sur la réglementation de diffusion des données :

Signée le 25 juin 1998 par 39 États, la convention d'Aarhus sur l'accès à l'information

et la participation du public au processus décisionnel en matière d'environnement, est un

accord international visant à améliorer l'information délivrée par les autorités publiques

vis-à-vis des principales données environnementales et à favoriser la participation du

public à la prise de décisions ayant des incidences sur l’environnement.

En France, les principes de la convention d'Aarhus ont été repris dans l’article 7 de la

charte de l'environnement.

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Au niveau européen, la directive Inspire du 14 mars 2007 vise « à fixer les règles

générales destinées à établir une infrastructure d’information géographique dans la

Communauté européenne aux fins des politiques environnementales communautaires et

des politiques ou des activités de la Communauté susceptibles d’avoir une incidence sur

l’environnement. »

A l’échelle nationale le SINP « Système d’Information sur la Nature et les Paysages » est

la structure qui vise diffuser et organiser la connaissance scientifique pour une meilleure

gestion de la biodiversité en France

Lancée en 2007 sous la tutelle du Ministère de l’Environnement, cet outil tente de

répondre aux engagements internationaux de la France en structurant et en mutualisant

les connaissances de l’ensemble des acteurs (établissements publics, associations

naturalistes, etc.) travaillant dans le domaine de l’environnement en France.

Les adhérents du SINP bénéficient des applications du logiciel CARMEN (cartes du

Ministère en charge de l’environnement) qui permet de publier les données

géographiques environnementales superposées aux fonds cartographiques tels que les

fonds topographiques ou les photographies aériennes via une technologie de cartographie

interactive sur internet.

Publications écrites des données du réseau :

Pour répondre à ces différents engagements, tous les ans le réseau publie un certain

nombre de documents synthétisant ces travaux (la lettre du réseau, les fiches tableaux

de chasse, des synthèses d’enquêtes, des articles dans Faune Sauvage, etc.).

Il est intéressant de noter que la plupart de ces documents sont régulièrement repris,

partiellement ou intégralement, par différents partenaires qui contribuent ainsi à la

diffusion de l’information (revues de chasse nationales ou régionales, périodiques à

destination d’adultes ou d’enfants etc).

Des livres ont été édités récemment (Atlas de la Faune sauvage, gerfaut, « Ungulate

status and management in France » Daniel Maillard, Jean-Michel Gaillard, Mark Hewison,

Philippe Ballon, Patrick Duncan, Anne Loison, Carole Toïgo, Eric Baubet, Christophe

Bonenfant, Mathieu Garel Christine Saint-Andrieux.

Les données du réseau ont également été utilisées pour la rédaction de brochures

techniques (la gestion du sanglier en 2007 par exemple).

Enfin les colloques sanglier 2007 et cerf 2008 ont largement utilisé les données du

réseau.

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Diffusion des données du réseau sur Internet :

Afin de transmettre encore davantage les données environnementales publiques

collectées par le réseau, les données du réseau sont publiées sur de nombreux sites

internet.

Sur le site de l’ONCFS, une page web est entièrement consacrée au réseau

http://www.oncfs.gouv.fr/Reseau-Ongules-sauvages-download104.

On y retrouve en téléchargement au format PDF :

- l’ensemble des fiches présentant les tableaux de chasse nationaux (depuis la saison

1993-1994 pour les ongulés de plaine et depuis la saison 2003-2004 pour les ongulés de

montagne),

- les dernières lettres d’information du réseau (n°11, 12, 13 et 14),

un grand nombre d’articles et de publications (par exemple : la situation du cerf élaphe

en France Résultats de l’inventaire 2005 ou la mise à jour de l’inventaire des populations

françaises d’ongulés de montagne)

Sur le site CARMEN, deux cartographies résultant du travail du réseau sont mises en

ligne

http://www.oncfs.gouv.fr/Cartographie-ru4/Le-portail-cartographique-de-donnees-ar291

Il s’agit de la carte inventaire des massifs de cerf élaphe (1985, 1988, 1991, 1995, 2000

et 2005) et des espaces de libre circulation (1996) et de la carte de répartition des

ongulés de montagne (1988, 1994 et 2005).

Ces cartographies permettent de visualiser les informations sur un fond de carte au

1/100 000ème .ou au 1/25 000ème.

L’impression est possible mais le téléchargement non autorisé.

Sur le site de l’Observatoire et Statistiques de l’Environnement du Ministère,

http://www.statistiques.developpement-

durable.gouv.fr/lessentiel/ar/259/1115/cervides.html

on retrouve en téléchargement au format PDF ou Excel :

l’estimation du nombre de cerfs par département en 1985 et en 2005

le tableau de chasse national actualisé pour le cerf

le tableau de chasse national actualisé pour le chevreuil

la répartition en France du chamois, de l’isard et du mouflon en 2005

le tableau de chasse national actualisé du chamois

le tableau de chasse national actualisé du mouflon

le tableau de chasse national actualisé de l’isard

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Transmission des données du réseau sur simple demande :

Pour les personnes désirant obtenir davantage d’information, il est également possible

d’obtenir des données sur simple demande auprès du responsable ou de l’administrateur

du réseau.

Par ce biais, l’information peut s’avérer plus complète, plus détaillée et plus adaptée à

une question donnée.

Les fichiers de données sont systématiquement fournies à la FNC, aux délégations

régionales de l’ONCFS pour leur région, aux FRC et FDC sur simple demande. L’analyse

des données au sein de chaque région et la comparaison avec les données nationales ou

d’autres régions permet d’identifier les caractéristiques telle qu’une augmentation rapide

des prélèvements ou une maîtrise des populations, et de cerner les problèmes ou les

atouts spécifiques à cette région (ou à un département).

En 2006 le réseau a répondu à de nombreuses demandes émanant de DDT, DREAL, ONF,

FRC et FDC, DR et SD de l’ONCFS, Bureaux d’études, SETRA et CTE du Ministère de

l’Equipement, étudiants, naturalistes, collègues étrangers etc.

Les thèmes traités étant les suivants :

- Etudes d’impact pour la construction de routes

- Schémas d’aménagements régionaux

- Schémas départementaux de gestion cynégétique

- Recherches de statistiques sur le grand gibier

- Projet INTERREG

- Préparation de séminaires ou de colloques sur les ongulés sauvages

- Rédaction de thèses ou de rapports

La base de données principale du réseau recense :

les tableaux de chasse départementaux (30 862 données au 1er octobre 2010)

cerf élaphe depuis 1973 avec selon les départements et les années le détail mâle, mâle

vénerie, femelle, adulte, jeune, femelle/jeune, indéterminé et autres bracelets en parcs

et enclos et hors parcs et enclos

cerf sika depuis 1988 avec selon les départements et les années le détail mâle, femelle,

adulte, jeune, femelle/jeune, indéterminé et autres bracelets en parcs et enclos et hors

parcs et enclos

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chamois depuis 1973 avec selon les départements et les années le détail mâle, femelle,

adulte, éterle/éterlou, jeune, femelle/jeune, indéterminé et autres bracelets en parcs et

enclos et hors parcs et enclos

chevreuil depuis 1973 avec selon les départements et les années le détail mâle, femelle,

adulte, jeune, femelle/jeune, indéterminé et autres bracelets en parcs et enclos et hors

parcs et enclos

daim depuis 1983 avec selon les départements et les années le détail mâle, femelle,

adulte, jeune, femelle/jeune, indéterminé et autres bracelets en parcs et enclos et hors

parcs et enclos

mouflon depuis 1973 avec selon les départements et les années le détail mâle, femelle,

adulte, jeune, femelle/jeune, indéterminé et autres bracelets en parcs et enclos et hors

parcs et enclos

isard depuis 1973 avec selon les départements et les années le détail mâle, femelle,

adulte, éterle/éterlou, jeune, femelle/jeune, indéterminé et autres bracelets en parcs et

enclos et hors parcs et enclos

sanglier depuis 1973 avec selon les départements et les années le détail mâle, mâle

vénerie, adulte, indéterminé et autres bracelets en parcs et enclos et hors parcs et enclos

les tableaux de chasse communaux (998 703 données au 1er octobre 2010)

chevreuil pour les saisons 1985 - 1993 - 1998 - 2002 – 2007

sanglier depuis 1987

Des requêtes préétablies permettent d’interroger rapidement la base en sélectionnant

certains critères prédéfinis (bracelets, attributions/réalisations, parcs et enclos/hors parcs

et enclos, espèces, année de campagne, départements ou régions)

De façon quasi-exhaustive, la liste des données disponibles au sein du réseau

« Ongulés Sauvages » est la suivante :

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espèces dates

format détails échelle

d’utilisation

Enquête Zones à cerfs

cerf élaphe

1985 - 1988 - 1991 - 1995 - 2000 - 2005 - 2010

Excel -Shape

aires de répartition, estimations d'effectifs, tableau de chasse

25 000ème

Enquête communale chevreuil

chevreuil 1985 - 1993 - 1998 - 2002 - 2007

Access -Excel

attributions et réalisations

commune

Enquête communale sanglier

sanglier depuis 1987 Access -Excel

attributions et réalisations

commune

Enquête Couloirs de libre circulation du cerf

cerf élaphe 1996 - 2009 Excel -Shape

cartographie, infrastructures traversées etc.

25 000ème

Enquête Etablissements clos

toutes espèces 1991 - 2009/2010 ? ? commune

Enquête Modalité de gestion du sanglier

sanglier 2002 - 2007 - 2009

Excel - Shape

statut du sanglier, modalités de gestion

département

Enquête Tableaux de chasse départementaux

cerf, chevreuil, sanglier, chamois, isard, mouflon, daim, sika

depuis 1973 Excel attributions et réalisations

département

Enquête Espèces marginales

daim et sika 2006 Excel -Shape

Répartition par commune, estimations d'effectifs, tableau de chasse

commune

Enquête Ongulés de montagne

chamois, isard, mouflon méditerranéen, mouflon corse, bouquetin

1989, 1995, 2006Excel, Shape

Aires de répartition, estimations d'effectifs, tableau de chasse

25 000ème

Hormis pour l’enquête « ongulés de montagne », tous les résultats de ces différentes

enquêtes sont compilés dans des bases de données Access.

Pour les enquêtes zones à cerfs, couloirs de libre circulation du cerf, établissements clos,

modalité de gestion du sanglier, espèces marginales et ongulés de montagne, des projets

créés sur ArcView permettent en plus de fournir des documents cartographiques.

6 Questions posées :

Concernant la fiabilité des données « tableaux de chasse » :

- La première question qui se pose est « comment inciter les chasseurs à mettre en place

des systèmes de contrôle efficaces des réalisations ?», en particulier sur le chevreuil et le

sanglier. Alors qu’il existe un Plan national de maîtrise du sanglier, il existe encore trop

de départements qui ne savent pas exactement le nombre de sangliers tirés ! Même s’il

est obligatoire de rapporter les bracelets non utilisés ce n’est pas pratiqué dans tous les

départements. Nous n’avons en fait aucun moyen de contraindre les FDC à mettre en

place des systèmes souvent contraignants et nécessitant des moyens humains

importants ou coûteux. Par le réseau nous pouvons informer (par exemple article dans la

lettre réseau de janvier 2010 sur la saisie par internet des carnets de battue dans

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l’Hérault) et inciter ainsi d’autres départements à progresser. Il est clair que le système

minimum qui devrait exister dans tout département est la déclaration immédiate par

internet ou carte T.

- Ne serait-il pas plus judicieux de travailler par échantillonnage de départements fiables,

plutôt que de faire de l’exhaustif national ?

Les départements ont besoin de l’information « réalisations » des espèces soumises au

plan de chasse pour demander les attributions de l’année suivante. Cette information

n’est pas collectée juste pour les besoins du réseau. De plus chaque département utilise

les données pour suivre la gestion des espèces dans son département. Un

échantillonnage national pourrait être envisagé pour des résultats peut-être plus fiables à

cette échelle, mais ces données ne pourraient pas être utilisées à une échelle

départementale ou communale.

Une enquête nationale tableaux de chasse par échantillonnage a été réalisée à la

demande de l’ONCFS et la FNC par une société de Marketing et une entreprise de télé-

enquêteurs en 2009. Les résultats trop discutables de cette enquête n’ont pas été

retenus. Dans le futur une nouvelle enquête mieux préparée sera réalisée. Les résultats

pourront être comparés avec ceux plus exhaustifs du réseau.

Concernant les systèmes de contrôle des erreurs lors de la saisie :

Le plus souvent les erreurs sont constatées lors de la synthèse des résultats. Sur la base

de données Access il serait utile de mettre en place un système de contrôle automatique

des données lors de la saisie, afin de détecter des erreurs dès ce stade. Par exemple un

message d’alerte devrait avertir d’un écart trop important des attributions et réalisations

par rapport à la saison précédente, d’un taux de réalisation trop fort ou trop faible, de

l’absence de données sur un département ou une commune etc.

Concernant l’actualisation de la liste des communes Insee :

Les solutions ne sont pas simples concernant le fichier de référence des communes.

Comment actualiser le fichier en gardant tout de même l’historique des tableaux de

chasse communaux après fusion ou disparition des communes. Pour l’instant il n’y a pas

de méthode clairement établie, mais il est urgent de résoudre ce problème.

Concernant la participation aux enquêtes des interlocuteurs techniques :

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Une grande partie du travail de l’administrateur du réseau consiste à relancer de façon

incessante les interlocuteurs techniques pour obtenir l’information, et en plus dans les

temps impartis ! Il n’est souvent pas possible à notre niveau de résoudre les problèmes

politiques de blocage des FDC quand ils existent, et quelques départements qui ne

répondent pas bloquent rapidement l’ensemble. La collaboration entre FDC et ONCFS est

un atout important pour la rapidité et la fiabilité des données, mais elle n’est pas toujours

possible dans certains départements du fait de problèmes humains. Une bonne animation

du réseau avec un administrateur compétent permet en tous cas d’améliorer la rapidité

des retours. Si le réseau fournit rapidement les informations demandées par les

interlocuteurs techniques, les nombreuses sollicitations sont mieux acceptées. Tout ce

qui peut rendre le réseau plus vivant est un gage de réussite pour la collecte des

informations.

Concernant les tableaux de chasse comme indice d’évolution des populations :

Il serait judicieux de pouvoir disposer d’une estimation de l’effort de chasse (pour faire la

part entre le manque d’animaux et le manque de pression de chasse). En Italie, depuis

1992 les chasseurs doivent remplir un livret pour chaque journée chassée, dès le départ

en action de chasse, même si aucun animal n’a été tiré. Un chasseur contrôlé en action

de chasse avec le livret non rempli est en infraction. Un animal tiré est noté

immédiatement sur le livret. Ce livret journalier est à retourner au district concerné

avant le 31 mars sous peine d’amende. Ce système semble assez simple et efficace et

correspond bien aux pays latins où il est la plupart du temps nécessaire d’avoir une

contrainte pour obtenir un résultat.

Il a été montré que le tableau de chasse traduisait bien à long terme l’évolution des

populations, mais quel est le pas de temps minimal pour pouvoir interpréter cette

donnée ?

Il est admis que le taux de réalisation dépend du nombre de chasseurs. Cette relation

pourrait être vérifiée sur certains départements avec carnets de battue indiquant le

nombre de chasseurs présents à chaque battue, et sur lesquels une espèce est presque

exclusivement tirée par battue.

Et l’impact des ongulés sur les milieux ?

Jusqu’alors les enquêtes du réseau concernaient quasiment exclusivement les espèces

animales. Une enquête jointe à l’enquête « massifs à cerfs » avait été réalisée en 2000

sur l’intensité de l’écorçage par essence forestière pour chaque massif à cerfs. Il serait

intéressant de développer cette problématique « impact sur les milieux » aussi bien au

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niveau agricole que forestier permettant de fournir des indices d’équilibre de gestion

durable ongulés-milieux forestiers-milieux agricoles.

7 Références bibliographiques

Bonenfant, C. & Klein, F. (2004). - Évolution de la population de Cerf (Cervus elaphus L.) du Parc national des Cévennes. Rapport d'expertise de l'ONCFS, pp. 71. Clutton-Brock, T., Coulson, T.N. & Milner, J. – (2004). Red deer stocks in the Highlands of Scotland. Nature, 429, 261-262. Corti R. (2009). – Inventaire des populations françaises d’ongulés de montagne. Mise à jour 2006. Rapport disponible sur intranet. Milner, J., Bonenfant, C., Mysterud, A., Gaillard, J., Csányi, S. & Stenseth, N.C. (2006). - Temporal and spatial development of red deer harvesting in Europe: biological and cultural factors. Journal of Applied Ecology, 43, 721-734. Myrberget S. (1988). - Hunting statistics as indicators of game population size and composition. Statistical Journal of the United Nations ECE, 5 : 289-301. Nichols J., Lancia R., Lebreton J. D., Taran E., et Birkan M. (2001). - Hunting statistics : What data for what use ? an account of an inter- national workshop. Game and Wildlife Science, 18 : 185-205. Pfaff E., Klein F., Saint-Andrieux C. (2008). - La situation du cerf élaphe en France, résultats de l’inventaire 2005. Faune Sauvage n°280, p40-50. Saint-Andrieux C., Barboiron A., (2010). -Tableaux de Chasse ongulés sauvages Saison 200-2009. Faune Sauvage n°287, 8 p., encart central. Saint-Andrieux C., Klein F., Leduc D., Guibert B. (2006). -Le Daim et le cerf sika : deux cervidés invasifs en France. Faune Sauvage, 271: 18-22. Saint-Andrieux C., Pfaff E., Guibert B. (2009).– Le daim et le cerf sika en France : nouvel inventaire. Faune Sauvage, 285 : 10-15. Saint-Andrieux C. (2009).- La superposition des espèces d’ongulés sauvages en France. Rapport scientifique 2008 de l’ONCFS. p 29.