le printemps arabe : entre débat de normes et renormalisation

T. HULIN

Le printempsarabe et les

normes

Introduction

PerspectivethéoriquePar delà lesdéterminismestechniques ethistoriques

Normes vitales etnormes sociales,réflexivité collective

Méthodologie

RésultatsLa fonction réflexivedu langage

Analyse de quelquesemblèmes du« printemps arabe »

Analyse

Perspectives

Conclusion

Le « printemps arabe »entre débat de normes et renormalisation

THIBAUD HULIN

Maître de conférencesLaboratoire LIRDEF

[email protected]

Communiquer dans un monde de normes 2012

L’information et la communication

dans les enjeux contemporains de la "mondialisation"

7-9 mars 2012

Roubaix (France)

mailto:[email protected]

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Méthodologie



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Perspectives

Conclusion

Plan

1 Introduction

2 Perspective théorique

3 Méthodologie

4 RésultatsAnalyse de quelques emblèmes du « printemps arabe »

5 Analyse

6 Perspectives

7 Conclusion

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Introduction

Rôle des réseaux sociaux numériques dans les soulèvementsarabes :

• rôle central, d’organisation ? Pourtant, pas vraiment deleaders, le mouvement n’est pas uni.

• Simple rôle d’information en direction de l’international ?Vraie guerre de pouvoir autour d’Internet.

• rôle à la fois de mobilisation et d’information : ces réseauxfavorisent des phénomènes de prises de conscience etdes identifications collectives, hypothèse de la réflexivitécollective.

• Problématique : créer un outil d’analyse de la rhétoriqueréflexive afin de mettre en évidence l’originalité des débatspublics.

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6 Perspectives

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Conclusion

Les déterminismes techniques et historiques nerendent pas compte du rôle des réseaux

• Rôle central des technologies : « Don’t be evil » (Google)avec vos « amis » (Facebook), liberté et démocratie...déterminisme technique ?

• Rôle supérieur des conditions historiques : luttes contrele colonialisme, développement de l’éducation...déterminisme historique ?

• Prendre en considération la marge de liberté humaineface aux technologies.

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Cette liberté se heurte aux contraintes techniques

• Les ordinateurs nous font écrire et penser différemment(influence de la raison computationnelle [Bachimont2007] sur nos raisonnements).

• Les « contraintes du dispositif » pèsent sur « toute prisede parole » [Monnoyer-Smith 2007].

• Les réseaux sociaux numériques ne sont pas desespaces de libre débat rationnel [Habermas 1998], maisde « débats de normes ».

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Normalisation et normativité

La norme tolère-t-elle le débat ? Oui car elle procède d’undouble effort :

• pour plier le fait à la norme, de normalisation (négatifpour [Foucault 1998]) ;

• de création et de révision des normes par le vivant, denormativité (positif pour [Canguilhem 1966]).

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La renormalisation

Les débats « publics » articulent :

• des normes vitales : internes, définies par l’individuvivant (la santé) ;

• des normes sociales : externes, définies par le collectif(les normes culturelles, professionnelles, etc.).

Ces débats engendrent des révisions des normes : c’est larenormalisation [Schwartz 2003], qui articule normativité etnormalisation.Notre hypothèse est que la réflexivité est le processus quifavorise cette renormalisation, en articulant les normesindividuelles et collectives.

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La réflexivité, état des travaux

Nous avons des travaux sur :

• la réflexivité individuelle des bloggueurs [Cardon 2006] ;

• l’« autoréflexivité » des médias [Romeyer 2004] ;

• la réflexivité collective des marchés financiers [Soros2008] ;

mais peu d’outils pour traiter de la réflexivité collective desréseaux numériques.

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Démarche méthodologique

Pour construire cet outil, nous :

• accèdons à un corpus de 12.000 ressources, à partir decelui d’Internet Archive Global Events, l’Université duMichigan, du Caire ;

• repérons dans le corpus les documentsincontournables en observant les liens entre ressourceset en effectuant des tests de popularité (Google Rank,Alexia, liens inter-ressources...) ;

• sélectionnons 130 blogs et médias sociaux (Égypte etTunisie essentiellement) et étude approfondie de 30objets sémiotiques numériques hétérogènes : blogs,fan pages sur Facebook, comptes Twitter, textes, vidéos...

• reconstruisons l’argumentation implicite ou explicite deces objets pour repérer les dimensions normatives etréflexives ;

• interrogeons les acteurs.

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La fonction réflexive du langage

Classement des formes sémiotiques en quatre catégoriesargumentatives organisés autour de deux pôles normatifs :

TABLE: La fonction réflexive du langage

Références Normes vitales Normes sociales

Acteurs Vie individuelle Existence sociale

Activités Éthique Politique

Objets techniques Contraintes techniques Industries

Condition humaine Espace privé Espaces publics

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L’activité de l’acteur

Exemple« Un jour mon blog a été censuré à cause de ce passage du livrel’Archéologie Du Chaos (Amoureux) de Mustapha Benfodil que j’ai insérédans le blog. Aujourd’hui je le re-publie pour dire non à la censure. J’ai déjàparlé de mon état après qu’on m’a demandée d’écrire un billet pour monblog tout en oubliant les lignes rouges et les censeurs. » (Lina Ben Mhenni,le 30/01/2011).

Cette éthique de l’écriture favorise un processus de proximitéentre lecteur et auteur, c’est la réflexivité individuelle.

ExempleRéflexivité collective (cf. cette vidéo syrienne) : fréquence des « camérassubjectives », où les personnes sont floues, sans souci de contrôle del’objectif, ce qui suscite en nous un sentiment de mise en danger dans uncadre politique.

https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=kDeJ_lOXyec

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L’identité de l’acteur

Exemple

« We are all Khaled Said »

Logique argumentative : Je suis K.S. (vie individuelle), doncje suis tous ceux qui sont K.S. (existencesociale). Or K.S. a été tué, je suis donc endanger. Que vais-je faire pour me protéger ?

Exemple« Le peuple veut la chute du régime ».

Valeur argumentative : la syntaxe permet au lecteur des’identifier au sujet (le peuple), ce que ne permet pasl’expression « Le Raïs veut la réforme du système ».

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Les objets techniques

Exemplesslim404, azyz405, ammar404...Ces « pseudos » dans Twitter font référence à :

• la Peugeot 404 ;• le « flic tunisien » nommé Ammar ;• le message « error HTTP 404 file not found ».

La censure du Web est un problème partagé par tous, ce n’estpas seulement une « anomalie individuelle » mais bien uneanormalité collective.Ces contraintes techniques peuvent alors mettre en jeu desresponsabilités collectives de types industries du Web, etc.

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La condition humaine

Référence à l’humain qui dépasse un espace privé technique(Internet Addict) pour prétendre accéder à l’universel de« Human », qui n’est pas pour autant neutre sur le plannormatif.Depuis son espace privé, le travail sur l’ordinateur, W. Ghonims’engage vers des espaces publics plus larges.

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Dimension référentielle de l’activité réflexive

Au niveau collectif, la rhétorique réflexive crée deux types deliaisons :

• un lien entre le sujet percevant, l’auditeur, et l’individuou le collectif « se décrivant », les orateurs ;

• une référence à une caractéristique de l’auditeur : sonidentité, à son activité, à son milieu technique ou à lacondition humaine en général.

[Jakobson 1963] isole la fonction méta-linguistique dulangage par rapport aux autres fonctions référentielles ouexpressives, alors qu’elles collaborent étroitement dans larhétorique réflexive.

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La rhétorique réflexive suppose un triple rapportaux normes

La rhétorique réflexive :

1 commence avec la prise en compte d’une anomalie : étatpathologique du pouvoir normatif sans contre-pouvoir ;

2 poursuit un processus d’identification entre deux individusou vis-à-vis d’un collectif, et suscite un débat de normes ;

3 entraîne des ajustements, création de nouvelles formeset normes vers tous les espaces publics, c’est larenormalisation.

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Perspectives

1 Dans notre corpus, calculer le rapport entre :

• le nombre d’arguments réflexifs dans chacune des quatrecatégories ;

• le nombre d’arguments non réflexifs.

2 La langue et la culture peuvent-elle favoriser lesprocessus réflexifs ? (prise en compte du problème desformes réfléchies depuis l’arabe [Hamida 2009]. Exemple :« la Tunisie laïque [se] mobilise » ).

3 Interroger les acteurs : présence d’une démarcheréflexive :

• avant l’apparition des réseaux sociaux ;• dans le champ des médias ;• dans le cadre de leur formation de bloggueur activiste s’il y

a eu lieu.

4 Problème de la réappropriation de ces analyses par lesacteurs eux-mêmes, de l’éducation aux médias.

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Conclusion

Conclusion

Par rapport aux acteurs médiatiques traditionnels, les militantsdu printemps arabe :

• développent une rhétorique réflexive ;

• créent des liens entre normativité individuelle et normescollectives.

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