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HISTOIRE ET SYMBOLISMEPOTAGER EN CARRÉS

FICHES PLANTES

moines potager

Le

des

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9 Avant-propos

10 Introduction

15 À l’aube du monachisme

23 Jardins monastiques : premières données

35 Le visage des jardins monastiques

59 Pratiques culturales

75 Créer un jardin de moines

Sommaire

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83 Plantes monastiques

84. Ail

86. Artichaut

88. Bette

90. Betterave potagère

92. Cardon

94. Carotte

96. Céleri

98. Chou pommé

100. Chou-rave

102. Courge, courgette, potiron

104. Épinard

106. Fenouil

108. Fève

110. Haricot

112. Maceron

114. Melon

116. Mongette

118. Navet

120. Oignon

122. Panais

124. Poireau

126. Pois

128. Rue

130. Salsifis

132. Tomate

136 Bibliographie

138 Index

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LE POTAGER DES MOINES

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Une grande simplicité, un plan géomé-trique, en carrés ou en rectangles, des cultures ordonnées et bien tenues, des al-lées nettes, des plantes potagères et aro-matiques saines, sagement alignées sous le soleil. Un potager somme toute banal… et en même temps s’en dégage un par-fum d’éternité, une belle sérénité, dans le silence, la solitude et la paix… C’est tout le paradoxe, et tout le charme, d’un jardin monastique. Une organisation conçue au mieux pour produire la nourriture quoti-dienne d’une communauté, et une autre dimension, une spiritualité immanente.

La découverte de ces jardins médiévaux, des monastères et des abbayes du temps de Saint-Louis ou de Charlemagne, ou même des premiers siècles du chris-tianisme, est une entreprise fascinante,

et en même temps difficile puisque les documents et les données sont rares. Ils sont enfouis dans un passé profond et en grande partie mystérieux – ce qui les rend d’autant plus envoûtants.

Imaginons les moines et les moniales affai-rés à semer, à planter, à arroser, effectuant des gestes humbles, prosaïques – les tra-vaux et les jours –, mais la tête dans les cieux, avec des songes de paradis, et s’entourant d’une profusion de symboles mystiques.

Un tel jardin conserve aujourd’hui sa sé-duction et il est possible d’en créer un chez soi, sans grande difficulté, non dans un souci de stricte authenticité historique, mais pour en goûter la beauté, le calme et la douceur, tout en obtenant de belles récoltes de légumes sains et savoureux.

Avant-propos

michel beauvais

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LE POTAGER DES MOINES

ue reste-t-il des jardins mo-nastiques du Moyen Âge  ? La réponse est simple mais guère encourageante  : il ne

reste rien. Du moins, aucun jardin réel. Pas un seul n’a perduré tel qu’en lui-même et ne nous est parvenu intact. C’est d’ailleurs le contraire qui eût été étonnant, du moins pour les jardins d’avant le XIVe siècle, puisque les monastères et les abbayes n’ont pas été épargnés par les guerres, les invasions et le pillage, et qu’il reste même, en fin de compte, très peu de chose des murs, des bâtiments, des éléments archi-tecturaux. Mais même ceux des XIVe et XVe siècles ont tous disparu, là encore à cause d’événements souvent violents et de bouleversements politiques, et aussi des épidémies à répétition, notamment de peste, qui ont décimé les moines et les moniales. Les jardins des trois siècles suivants, du XVIe au XVIIIe, n’ont guère lais-sé beaucoup de vestiges. Ils ont été pris dans la tourmente des guerres de Religion et ont été profondément modifiés, défi-gurés et même purement et simplement supprimés par les effets de ce que l’on appelle le régime de la « commende »,

c’est-à-dire la désignation par le roi de France de personnalités, qui ont eu, le plus souvent, pour seul objectif de tirer des bé-néfices financiers des abbayes, au détri-ment de l’entretien des lieux et du respect de la règle monastique. Bien entendu, la Révolution française a entraîné la destruc-tion de beaucoup de monastères et d’ab-bayes, et la dispersion d’un grand nombre de religieux.

On peut citer l’exemple de la prestigieuse abbaye cistercienne de Royaumont. Fon-dée par Louis IX (Saint Louis) en 1228, à une trentaine de kilomètres de Paris, elle connaît rapidement un grand rayonne-ment, avec une importante communauté de moines jusqu’au milieu du XIVe siècle. Mais elle subit alors les effets de la guerre

Q

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INTRODUCT ION

de Cent Ans et connaît un déclin assez ra-pide. Après un certain renouveau, dans la première moitié du XVIe siècle, elle passe par des périodes difficiles, avec le régime de la « commende  ». Pendant la Révolu-tion, les ordres sont dissous, en 1790, par l’Assemblée nationale, et l’abbaye et ses propriétés sont vendues comme biens na-tionaux en 1791. Par la suite, l’abbaye de Royaumont devient une filature de coton.

Et Royaumont n’est pas une exception. Les monastères et les abbayes ont prati-quement tous connu une histoire agitée et les fragiles jardins ont été les premiers à disparaître, même s’ils ont été rétablis, parfois à plusieurs reprises, au cours des siècles. Et ce n’est en fait qu’à l’époque récente, à la faveur des reconstitutions,

menées sur la base de documents parcel-laires, que des jardins monastiques, tels qu’ils ont peut-être pu exister entre le IXe et le XVe siècle, ont fait leur réapparition. Ainsi, à l’abbaye de Royaumont, on peut voir le jardin des « neufs carrés », de type médiéval et remarquablement conçu, créé en 2004, mais qui ne se trouve pas à l’en-droit où les moines cultivaient la terre.

Ainsi, tous les jardins monastiques – et ils sont heureusement assez nombreux – que l’on peut admirer aujourd’hui sont des re-constitutions, plus ou moins fidèles, des jardins d’autrefois. Pour certaines, de gros efforts de recherche et de documentation ont été fournis. Toutefois, la tâche est dif-ficile. En effet, les jardins des monastères ont le plus souvent beaucoup évolué entre

La cueillette au monastère. Enluminure de Sano di Pietro (1405-1481), du Bréviaire à l’usage des frères mineurs, conservé à la Bibliothèque communale de Sienne.

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LE POTAGER DES MOINES

le haut Moyen Âge et l’époque classique : les surfaces exploitées ont varié en fonc-tion des effectifs des moines et des mo-niales, et le nombre d’espèces cultivées a augmenté, avec des introductions de plantes « venues d’ailleurs ». D’une part, ils différaient sans doute énormément entre les établissements religieux, les riches ab-bayes étant propriétaires de vastes do-maines agricoles et de fermes qui les dis-pensaient de cultiver la terre pour leurs propres besoins alimentaires. D’autre part, à certaines périodes et dans certains mo-nastères, la règle monastique s’est beau-coup relâchée, les religieux s’écartant du régime quasi végétarien, pourtant obli-gatoire dans un certain nombre d’établis-sements, pour se tourner vers les plaisirs carnés. Ainsi, à Royaumont, vers le milieu du XVe siècle, les moines s’adonnent à la chasse et consomment sans doute da-vantage de gibier que de potage. Finale-ment, l’abbé réussit à leur faire accepter un compromis pour qu’ils ne mangent de la viande que trois fois par semaine. Or, la maison disposait de nombreux étangs et mares pour alimenter la table en pois-son les autres jours ! Dans ces conditions, il n’était guère nécessaire de cultiver des poireaux et des navets.

Toutefois, la principale difficulté pour re-constituer « fidèlement » un jardin monas-tique tient au manque d’informations. S’il existe, dans certains cas (assez rares), suf-fisamment de sources pour savoir, concer-nant tel ou tel établissement, quels étaient la taille et l’emplacement des jardins à une époque donnée, on ne connaît avec pré-cision ni la disposition et l’organisation exacte des parcelles, ni les méthodes de culture. Il existe certes des documents pré-cieux et des listes de plantes – notamment le capitulaire De Villis (fin du VIIIe siècle), le plan de l’abbaye de Saint-Gall (début du IXe siècle) et les espèces médicinales décrites par Hildegarde de Bingen (XIIe siècle) –, ainsi que des textes plus tardifs et un certain nombre de gravures, de mi-niatures, de peintures et de tapisseries, mais aussi de vitraux, qui permettent de se faire une idée de l’aspect d’un jardin monastique vers le XIIe ou le XIIIe siècle. Toutefois, ces éléments sont insuffisants pour que les reconstitutions, aussi minu-tieuses soient-elles, puissent être consi-dérées comme parfaitement exactes d’un point de vue historique. Néanmoins, elles réussissent en général à rendre l’esprit de ces jardins, leur dimension spirituelle et leur beauté à la fois humble, profonde et

Travaux de préparation du sol à la houe et à la bêche, Psautier cistercien dit « de Bonmont », du début du XIIIe siècle, conservé à la Bibliothèque municipale de Besançon.

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INTRODUCT ION

émouvante. Elles restituent un passé fasci-nant et en grande partie enfoui, peut-être difficile à comprendre pour un esprit mo-derne. Pour cela, il faut essayer d’imaginer la réalité du monachisme, de ce phéno-mène surprenant et singulier des premiers temps du christianisme, avec ces hommes et ces femmes, très nombreux, habités d’une foi fervente et désireux de se reti-rer dans l’intimité de Dieu, qui cultivaient, avec abnégation et humilité, des parcelles

de terre soigneusement clôturées, afin de se nourrir sans avoir besoin du monde extérieur.

Aujourd’hui, au-delà même de leur dimen-sion religieuse, ces jardins millénaires, tirés comme par miracle des profondeurs du passé, exercent une étrange fascination par leur fraîcheur inaltérée, par la sérénité qui émane de leurs carrés de cultures et par leur parfum d’éternité.

Les planches de culture entourées de plessis des jardins médiévaux reconstitués de l’abbaye de Royaumont (Asnières-sur-Oise).

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à l’aube onachismeMdu

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sint apisincia sum, qui delitat et idus. Ictorat empore n

La Thébaïde (v. 1410), peinture attribuée alternativement à Gherardo Starnina et à Fra Angelico. Le tableau montre la vie et les travaux des moines dans un monastère imaginé de la vallée du Nil, non loin de Thèbes.

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À L’AUBE DU MONACHISME

L’origine du monachisme chrétien est complexe et incertaine. Dans les premiers siècles, ceux qui entendaient mener une vie de sainteté et de prière, dans le re-noncement au monde, étaient surtout des ermites, au Moyen-Orient et en Égypte. Cette tradition érémitique n’a pas été in-troduite par le christianisme et elle vient sans doute d’Inde. Elle s’est largement dé-veloppée dans les premiers siècles de l’ère chrétienne avec ce que l’on appelle les pères du désert, des figures à la réalité his-torique discutée comme Paul de Thèbes, qu’on appelle aussi saint Paul Ermite, et qui, dit-on, se nourrissait du pain que lui apportait chaque jour un corbeau – ce qui laisse penser que ces ermites vivaient d’offrandes et de dons. On peut aussi ci-ter Antoine le Grand, le saint Antoine que l’on connaît par les tableaux illustrant ses « tentations », comme celui de Jérôme Bosch. La tradition chrétienne mentionne

également des femmes, les mères du dé-sert (Amma), qui se retiraient dans des lieux isolés, comme Synclétique, qui aurait passé plusieurs dizaines d’années dans le désert égyptien et qui a eu, dit-on, de nombreuses femmes disciples. Toutefois, peut-être devant la difficulté de survivre inhérente à une vie solitaire, cette tradi-tion va évoluer. Des ermites se regroupent, passant à un mode de vie cénobitique – c’est-à-dire en communauté.

Les premières communautés

L’initiateur des communautés chrétiennes, du cénobitisme, serait Pacôme le Grand (IVe siècle) : après avoir commencé à me-ner la vie d’un ermite, il entend une voix qui lui demande de fonder une communauté.

Si au cours du Moyen Âge les monastères ont été des hauts lieux du travail intellectuel,

les règles établies par les fondateurs, notamment par saint Benoît, ont insisté

sur l’importance du travail manuel, pour assurer l’indépendance matérielle

de la communauté.

MOINES ET JARDINIERS

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LE POTAGER DES MOINES

Une montagne pierreuse et fort élevée, laquelle a environ mille

pas de circuit, pousse de son pied des eaux dont le sable boit une partie, et le reste, tombant plus bas, forme peu à peu un petit ruisseau. Il y a au-dessus un nombre infini de palmiers qui contribuent

extrêmement à la beauté et à la commodité du lieu. » Les disciples de saint Antoine montrent le jardin à Hilarion : « Voici où il travaillait, et voici où il se reposait lorsqu’il était las. Lui-même a planté cette vigne et ces arbrisseaux […] ; lui-même, avec beaucoup de sueur et de travail, a creusé ce réservoir pour arroser son petit jardin, et cette bêche que vous voyez lui a servi plusieurs années à labourer la terre. […] Voyez-vous ce jardin planté de petits arbres et plein de légumes ? Il y a environ trois ans qu’une troupe d’ânes sauvages le ravageant tout, le saint commanda à l’un de ceux qui conduisaient les autres de s’arrêter, et, lui donnant de son petit bâton par le flanc, lui dit : “Pourquoi mangez-vous ce que vous n’avez pas semé ?” Depuis ce jour-là, ces animaux n’ont jamais touché ni à aucun arbrisseau ni à aucun herbage ».

(Tiré de « La vie de saint Hilarion », de Jérôme de Stridon, du ive siècle, dans Œuvres de saint Jérôme, publiées par Benoît Matougues, Paris, 1838)

LE JARDIN DE SAINT ANTOINE

Saint Hilarion, moine du IVe siècle.

«

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Simple, en carrés, avec des cultures ordonnées

et bien tenues de plantes potagères et aromatiques…

Du potager des moines, il se dégage un parfum d’éternité, dans une sérénité absolue… Partez à la découverte de ces jardins nourriciers

et goûtez, vous aussi, au plaisir de récolter des légumes sains et savoureux

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