le pornographe

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Rétif de La Bretonne, Nicolas-Edme (1734-1806). Le pornographe, ou Idées d'un honnête homme sur un projet de réglement pour les prostituées, propre à prévenir les malheurs qu'occasionne le "publicisme" des femmes, avec des notes historiques et justificatives. 1769. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

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Rétif de La Bretonne, Nicolas-Edme (1734-1806). Le pornographe, ou Idées d'un honnête homme sur un projet de réglement pour les prostituées, propre à prévenir les malheurs

qu'occasionne le "publicisme" des femmes, avec des notes historiques et justificatives. 1769.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de laBnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 :  *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source.  *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produitsélaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit :  *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sansl'autorisation préalable du titulaire des droits.  *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèquemunicipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateurde vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de nonrespect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

LE GÉ! r

.0C0M0T1VE COMFÛUND1

A GRAND

de la Société hanovrienne

Fia. 1.relevaUon.latérale.

ÎJDËES SINGULIÈRES*

PREMIÈRE PARTIE.

É~

~ORNOGllAPH}z~

ou

IDÉES D'UN HONNÊTE-HOMME

SUR

UN PROJET DE RÈGLEMENT;

POUR

\ES PROSTITUÉES,

Propre à prévenir les Malheurs qu'occasionne

le Publicifme des Femmes:

AVECc

DES NOTES histoh^ues ET JUSTIFICATIVES.

Prenei lemoindre mal pour un bien.

V Machiavel,LivreduPrince cap.XXI

^ONDRES,Chez Jean Nourse, Libraire, dansle Strand,

A L AHAIE,

G o s s E junior, ,&Pinet, Librairesde S.A.Sa

M. DCC, LXI X,

A5

IDÉES SINGULIÈRES.

PRÉFACE DE l'Éditeur.

àJlDÉE de cet Ouvragenefi

pas nie dansuneteteFrançaifetil y a tout lieu de préfumer

qu'un Manufcrit anglais 9que

quelquesperfonnesde Londres

ont vu eft le typefur lequelon s'eflmodelé.LepremierAu-

teur fenommaitLewisMoore

yoicifon hijloire.

UN Anglais, jeune opu-

lent, bienfait, voulut voir le

monde&fe formerà l'école de

touteslesNations de l'Europeil vint à Paris. Cetteville lui

parut bien audejfus de fa zt~

nommée tout le convainquit,

que leParadisque

Mahomet

promet à fes Elus riejl rien

en comparaison de la Capitalede la France pour un homme

qui peut y répandre l'or a. plei-nesmains. Durant cinqannées,

il ne put fe réfoudre à quitterce féjour enchanteur. Cepen-dant fes revenus, quoiquecon-

jîdérables étaient bien infé-rieurs àfadépenfe: lesfantai-

sies d'une principale Maîtrejfeen abforbaicnt les trois quarts.

Ilfe vit enfindansla nécejjîtéde

faire une réforme illa commen-

çapar cette femmecapricieufe

A4

enfuite il s efforçade remplirlevide quecefacrifice laiffaitdansfon cœur par des plai-

firs faciles, variés, &qui coû-

taient moins. Cefut ce qui

acheva de le perdre. De hon-

teufes maladies Vaccablèrent

caduc à trenteans9, il retourna

dans fa Patrie gémir de fez

erreurs cefut-là qu'il entre-

prit de tracer un Plan de ré-

forme 9 dont il ne deyait pas

profiter. Il mit à la têtede fon

Projet ravis quan-valire.

Je fus libertin 5jene le fuisplus.

»» A peine au milieu de ma carrière,

» j'en aperçoisla fin. Des plaifirsfort

courts, font fuivisdé maladiesIon-

» guésëc cruelles.J'ai eu recours aux

» antidotes, à ceminéralpiaffant, qui

« porte le nom de la Planète la plus

*>prochedu Soleil aux Charlatans5-

a»hélasï envain. Ne voyantplusrien

v à faire pour moi-même, j'ai réfolu

*>d'être utile aux autres, en rendant

«publiquesmesidées fur lesmoyens

» de diminuer les inconvéniensd'un

certain état qui révolte la nature',» maisqueje fensbien qu'il eftimpoky fible d'anéantir. Puifîe-t-on,par un,

» Étabiiflementutile, prendre le mal

» à fa fource &préferver d'une ma-

s* nièreefficacenosjeunes Citoyensa? de ce venin deftrndeur qui va me

« faire defcendre au tombeau ï Je» déclare que je laiffela moitié de

» mon bien pour y contribuer, fi

» jamais Ton fe réfout a réalifermes

¥.i^ées.L!lw MQ.O!\t~

[ SuivaitfortProjet }prefqu%enmm

femblableà celui du Français il hterminait ainjz ]

«S'il eft quelquefois permisà un

« iîmple Citoyen de propofer fes

» idéespour le bien général ce n'eft

« fans doute que lorfqu'il le fait

» avec tout le refpe£fcdîl au Gou-

» vernement fous lequel il vit &

« quand il a fujet de craindre que>»les abus dont il defirela réforma-

is tion ne tendent à le priver de fa

»»plusdouce efpérance, d'avoir des

» enfansfains robujies& vertueux».

Tel cfl aujfz mon but 9en

donnantcetteEdition d'unPro-

jet femblablex que fin Auteur

allait enfevelirpour toujours.dans lobfcuritê. Les honnêtes-

gens%en regardantma dêmat-»

checommeuneffetdemon%ele&de monamourpour l'huma.

nité, neferont que me rendre

jujiice.

L Ouvragecompofédeonze

Lettres, trouvedïvifêencinq

lVmcLettre.parties, au § Dans le Pre-

mier, on avoueta ne'cejjitéde

tolérerles Projlituéesdans la

Capitale &les autres grandesVilles d'un Royaume.

Lettre. LeSecondrenfermeundétail

-desinconvéniensinféparabtesde la Proflitut'on,1 m'eme, -ende la Projlitution même en

fuivant le Plan tracé.Onparle

enfuitede ceuxqui l'accompa-

gnent aujourd'hui, & le Lee-

reur conviendra qu'il font ef

fiayans.

On propofe le remèdedans VImtLettf(!r.

le Troisième§ qui contient le

Règlement. On y verra qiiune

JMaifon publique, bien admi-

niflrèe qui ra/femblerait tou-nijlrée, 1 _femblera' tou-

tes ces malheureuf es le /cau-dale de la Société, pourrait fe

foutenir par elle-méme; dimi-

nuer l'abus que la fagejje des

Loix tolère fansamener aucun

desinconvéniensqu'uneréformed'un autre genre occajîonne-

rait & contribuer au rétablif-

fement de la décence&de l'hon-

nêtetépublique dont ilfemble

que les mœurs s'éloignent in-

fenjîhlement.

vn^JUttïe. Le S IV.merépondaux Ob-

jections; éclairc'a étendquel-

ques Articles.

Xl^Lettre. Dans le V.meon récapitule

la Recette S la Dépenfe.

Cejl par ces cinq §§, que

Fonprouvelapropofition, Que

rÉtabtiffement outre l'avan-

tage que les hommes en reti-

reront pour conferver leur

fanté, leurs biens, & même

leursmoeurs peut encore être

utile d'une autre manière.

Dans lecoursdeF Ouvrage,

onaplacé quelquesNotes peu

conjîdérables il s'en trouve

d'autres beaucoupplus impor-

tantes,queton a détachéespourles renvoyerà la fin; ellesfor-meront comme une Seconde

Partie. Les Lecteursy ver-

ront quelquestraits hijloriques

fur lesmœursdesAnciens; l'o-

rigine &l'état de la ProJîitU'

tionche^lespremiersPeuples

fon état aclutl des exemplesd'abus révoltansparmi nous

la manièredontlesfilles publi-

ques ont été gouvernéesdansle

moyenâge Onfe convaincra

que ces viles &malheureufescréaturesne furentpas toujoursabandonnéesà elles-mêmescom-

me aujourd'hui. Maisferait-

il pojfiblequeles foinsdudigne

t&vigilant Magifirat qui gou-

~ernela Capitale dela France~

defcendi~ent dans les détails

minucieux &dé~-oictansqu'exi-

ge le nombre trop confidérabledes Débauchées ?

Fautes à corriger.

Page *!4) ligne 17, foin, Zife~fein.

186, Iigne 9 le monde, li~'e~ton monde.

~6 ligne antépénultième, un,Corps-de-garde, lifet

un fécond Corps-de-garde.

s76, ligne 16,7.,74'3>/000, rctranche~ un o.

LE

L E

PORNOGRAPHE,OÙ LA

PROSTITUTION

RÉFORMÉE. e

Fragment d'une Lettre

de madame Des Ti anges

à fort mari,Paris, éayril i?6,t

» » \J? VI j'en fuis très-

contente 5 monélèvefoutienti'éprett-ve à merveille. L'honneurl'emporte

| I Partie, B

dans fon âme fur l'habitude du vice;

Il me difait hier, qu'il me trouvait

charmante, maisquefonattachement

pourmonfieur Des Tianges ne lui

permettait de voir dans la femme

d'un ami fi refpeftable fi vrai,

qu'une fœur chérie. Efpérons tout,

mon aimable ami, d'un coeur qui

fans doute était fait pour ne s'égarer

jamais. Les fuites fâcheufes qu'ont

eu fes premiers defordres, l'auront

dégoûté il eft certain, au moins,

qu'elles l'ont effrayé. Ses entretiens

roulent trop fouvent fur la réforme

qu'il defirerait qu'on mit dans les

mœurs fur cet article. Lorfqu'il ren-

contre quelqu'une de ces viles créa-

tures il friflbnne enfuite la rou-

teur couvre fon front. Il ne faudrait&

plus qu'un amour honnête légiti-

me, pour achever de l'affermirdans

le bien. Dès que je croiraile pouvoir

faire fansimprudence, je le condui-

rai au couvent &I/rfule. Ma fœur

t'efï auffichère qu'à moi; fon bon-

heur augmentera le nôtre, & je fuis

fûre que D'Ji{an le fera, s'il le

veut. °

a v 1 e e a v e e v s · v vv

• Jeferai, cher bon ami, toute ma

vie glorieufe du titre de ton époufe,

heureufe par celui de ton amante.

Adélaïde,

Bi

Seconde Lettre,

De D'Al 2, an,

à Des Ti an ges.

Paris, io avril i?6t>-

*5 aïs- tu, mon cher Des Tian-

ges, que ton abfenceeft trop longue?

Quoi nouvellement marié, à la plus

aimable. à la plus féduifante des

femmes, tu ne t'effraiespas de trois

grands mois! En vérité, mon cher

je trouve ique fi ce n'eft pas avoir

trop de confiance dans la vertu de

ta charmante époufe, c'efl au moins

en avoir beaucoup trop en ton me-

rite. Dans le fiècle où nous fom-

mes Mais y fonges tude notre tems Pénélope n'eût pastenu huit jours, & Lucrèce n'au-

rait été qu'une coquette des amans

B î

toujours à table toujours ivres, ob-

jets bien féduifans legroffierSextus

la menace à la bouche, un poignardà la main fi ce féroce attentat fe-

rait aujourd'hui trouver une Lucrèce

dans une fille de l'Opéra. Nos

mœurs polies font bien plus fatales

à l'honneur des maris nous avons

fecoué le joug des préjugés la

.fidélité conjugale n'était déjà plusla vertu de nosgrand's-mères on fe

marie comme on fait un compli«ment de la nouvelle année parce

que c'efl:l'ufage; mais, dansle fond,

l'on ne tient guère plus l'un à l'autre

qu'auparavant. Rien de plus com-

mode il faut avouer que la fociété

s'eft montée fur le meilleur ton;

dans un demi-fiècle les fingu-lièreschofesque l'cn pourra voirdans

un demi-fiècle Vous ne vous

êtes pas mariés de la forte, la belle

Adelaïde 8~ toi vous vous êtes

epoufés tout-de-bon j'en gémis en

vérité. Une femme, jeune plustouchante que les Grâces vive

enjouée, faite pourrie monde &

pour l'amour vit dans la retraite

parce que fon mari eft abfent fou-

haite imbécillement fon retour)

compte les femaines les jours) les

heures qui doivent s'écouler en-

core fansle voir, tandis qu'elle pour-rait. oui, qu'elle pourrait imiter

les autres, ne t'en déplaife. Je n'en-

treprendrai pas de la persuaderj je la

crois incorrigible. Mais, fi je le vou-

lais, que j'aurais de belles chofes à

lui dire Premièrement) je citerais

les Grecs, 8~je lui diraisavec em-

phâfe Les Lacédémoniens, ce peu-.

ple fier courageux, l'honneur &

l'exempledu genrehumain, penfaient

~ommea préfcnt, les femmes.

B 4

Sparte, étaient communesà tous;

Et je le prouverais un Plutarque à

la main. De-là je viendraisau fiècle

poli d'Augufteji je lui ferais voir

Livie, paffant, quoiqu'enceintedes

bras de fon époux dans le lit de

l'heureux tyran de Rome je lui

montrerais les Romains, cesconque-

rans du monde, fe fefant un jeu du

divorce & de l'adultère leurs fem-

mes s'élançant avec intrépidité par-

deffus les quatorzerangs defiêges de

rOrcheftre (*)>pouraller ramaflèrun

(*) Domina ufque ab orcheflrâ qua-

tuordecim tranfilit & in cxtremâ plèbe-

quant quod diligat. Ego adhucfervo num-

qucrnifuccubui. Viderint matronœ quce

fiagdlorum vejligia ofculamur egoetiatn ,Jî

ancilla fum umquam tamen nifi in eque-

jlribusfedeo Ne hocdiijînant^ ut am-

plexus meosin crucemmittam Petron.

faquindansla lie du peuple.Agrippi-

ne, Julie oubliant le titre demères.

Mais c'en eft trop, & la raillerie va

plus loin que je ne le voulais. Ta

chère Adélaïde ne verrait dans ces

exemples trop fameux, que l'huma-nité dégradée indignement avilie

fous les pieds fangeux de l'altière

impudence.Voila comme en tout tems les

hommes ont fubftitué une licence

injufte effrénée, à une généreufeliberté. Il eft cependant desfiècles

où les vices font plus gazés parce

qu'on enrougit encore d'autresoù on

lève fcandaleufementle mafque.D'oùvient donc aujourd'hui nos mœurs

fe raprochent-ellesplus ouvertement

de cet excès d'indécence où elles fe

montrèrent à la chute de la Répu-

blique romaine?5

Sans répéter ceepe

l'on a mille

Foisredit, que plus les hommes fe

trouvent raffemblésen grand nom-

bre, plus les fortunes deviennent

inégales & par une fuite néceffairee

plus les mœurs font molles, effémi-

nées, déréglées danslesuns baffes3

ferviles, facilesà corrompredans les

autres; j'en vois une caufe plus pro-

chaine Ceft la Proftitution, telle

qu'elle eft tolérée parmi nous.

Je te déveloperais davantage nia

penfée mais tu reviens & nous

cauferons.Je vaisemployerlereftede

mon papier à te parler de ta chère,

deta refpe&ableépoufe.Nous fommes prefque toujours en»

femble, comme tu nous l'as recom-

mandéj & le fruit que j'ai tiré de nos

fréquens entretiens, c'eft:que je fuis

enfin convaincu qu'il y a des fem-

mes dignes d'être adorées, moi qui

ne croyais,pas qu'il en fût de vrai-

ment eflimables. Injufte préventiondont je rougis, & que je veux expieren fefant un choix comme le tien.

Madame Des Tianges ne m'a pasconverti par des fyllogifmes des

raifonnemensj maispar fa conduite:

elle m'a ouvert fon cœur ô ciel

quel tréfor d'innocence de ten-

dreffe de générofité Ton bonheur

a excité mes defirs; mais je ne te l'ai

pas envié mon ami tu en es trop

digne. Et puis, pour te dire la vérité

fans aucune réferve, je viens d'ap-

prendre que ton époufe avait une

fœur aimable comme elle cela

m'a rendus clairs certains propos de

madame Des Tianges, où je n'avais

rien compris. Demain nous devons

aller au couvent de cette jolie Re-.

clufe je la verrai l'impatience où

je fuisde lavoir me furprend; je crois

cela d'un bon augure c'eft elle fans

doutequi doitme faire goûtercette

félicité dont je n'avaispas d'idée

avant d'être reçu chez ta vertueufe

epoufe. Hâte-toi de revenir, mon

bon ami je vais avoir befoin de

quelqu'un qui parle en ma fa-

veur. PuhTé je joindreunjour, au

nom d'ami dont tu m'honores, le

titre de frère Je fuis tout à toi9

mon cher.

D'Alz a n.

r--

Troisième LETTRE.

Du même.

ao avril.

EST-CE tout-de.bou, quetU ue..CI if st-ce tout-de-bon que tu ne

viens pas encore? Ah! mon ami,

peut-on vivre fi longtemséloigné de

ce que l'on aime? L'amour & l'ami-

tié reclament également leurs droits

violés. Des affaires tu asdes affai-

res 3dis-tu?Eh-bienj.onles laiflè-là

devenir ce qu'elles peuvent, & l'on

revient auprès de fa femme, & d'un

ami qui a befoin de nous. A-la di-

gnité avec laquelle tu parles de ces

affaires qui te retiennent, et dans

quel pays encore? en Poitou ne

femblerait-il pas qu'il s'agit de ta

fortune ou de ta vie?

J'ai vu la charmante Urfule. Ah t

DesTianges, je t'aurais accusé d'il1":

juAice de m'avoir caché unfi rare

tréfor, fi ma confcience ne m'avait

crié que j'étais indigne d'elle. Mon

bon ami, que j'ai eu de plaifirà cette

entrevue Des que nous avons été

arrivés, le tour s'en:ouvert, Urfule

eft venue, & les deux charmantes

foeurs ont volé dans les bras l'une

de l'autre i elles fe font carénées

longtems ainfi que detendrescolom-

bes. Enfuite ton aimable compagnem'a préfenté a fa faeur comme ton

ami & le fien. Je n'étais guère à

moi le trouble dont je n'ai pu me

défendre m'avertinait que je venais

de trouver mon vainqueur, & quele beau-fexe allait être vengé. J'ai

voulu faire un compliment je n'a-

vais pas le feus-commun. Madame

Des Tianges a ri de tout fon cœurs

& tu fais comme elle eit .jolie lorf-

L /J

qu'elle rit; Urfule rougiflait> &totî

ami déconcerté, a gardéle filence.Je

me fuispourtant remis au bout d'un

moment &dès que j'aicru pouvoir

laifTerparlermon cœur fansmontrer

d'efprit, jemefuisexprimédemanière

à fairehonneur à tousdeux: au moins

eft-ce-làce que m'adit obligeammentton incomparable époufe. Que dis-

je, incomparable! oh le mot n'eft

plus de mife je l'aurais dit hier en-

core fans fcrupule)maisà préfent.Mon ami Urfule lui reffembletrop

bien pour ne pas l'égaler Elle

parle de toi, cette charmante Ur-

fule, avec des éloges! je fuisfur

qu'elle déférera à tous tes avis. R.e^

viens donc, mon cher reviens pour

ladifpoferen ma faveur. Pour-

tant j'en aurais des remords. Car

ta petite fceur vient de m'aprendre

que tes occupations à Poitiers font ,

S dignes d'un cœur comme le tien3

qu'en vérité je me fais un fcrupulede priver de ton appui ces pauvresorfelins dont tu règles les affaires

dont tu défens les droits. Tu le

voisj je commence à marcher fur tes

traces. Voila le premier effet des

fentimensque m'ont infpiré les char-

mes de l'aimable Urfule.

Cependant, envelopé dans ta ver-

tu, tu t'ennuies, &je fuis fur quetu, nous fouhaiterais tous auprès de

toi. Nous le voudrions bien auffi.

Mais puifque les devoirs que ton

époufe remplit ici auprès de t-es-pa-

rens, rendent la chofe impolîîble?.a

je vais tâcher-de vaincre ma parefië

naturelle & de répondre à l'invi-

tation que tu me fais de traiter le

point de morale que j'entamai dans

ma dernière lettre.

Je te difais Çxje m'en râtelle

J

bien, que nos mœurs pourraient cle*

venir indécentes, & qu'elles font

ires-corrompues j'avançais que la

manière dont les fillespubliques &

entretenues vivent dans la capitale& dansnosgrandesvilles mêléespar-mi nous,en était une caufeprochaine.

Puifquej'écrispour te defennuyer jene ferai pas une DifTertation maisjetacherai de mettre de l'ordre dansma

Pôrnognomonie( i) autant qu'ilfaut pour en être entendu.

Je te vois fourire le nom demi-

barbare de Pornographe ( 2)errefur tes lèvres. Va, mon cher, il ne

m'effraiepas. Pourquoi ferait-il hon-

teux de parler des abus qu'on entre-

prend de réformer.

(1) Ce mot grec fignifie La Règle des

Lieux de débauche.

(2) C'eft-à-dire, Écrivain qui traite de

la Proflitution,

La

I Partie. C

LA PORNÔGNÔMÔMÏË*

J. Ulé fais, mon cher il eft une

maladie cruelle, aportec e.nx Europede 111eHaiti (*)par~r~ofe C'vlomb~

& qui fe perpétue dans ces mal-

heureufes que l'abord continuel des

Étrangers rend comme nécefTaires

(*) Haïti, à préfent Saint-Domingue

rune des Antilles, où la grojfefœur de la

petite-véroleeftendémique &ccommenatu»

telle foit par la qualité des alimens, là

chaleur du climat, ou l'incontinence des

anciens habitans. C'eft ainfique l'autre fléau

nommé petite-vérole eft propre à Y Arabie

il en fortit par les conquêtes de Mahomet}

les Croifés Importèrent en Europe en rêve-

nant de la Terre-fainte de tels font les

fruits que le genre humain a retirés des

Croifades& de la découvertedu Nouveau*

monde.r

w

dans les grandes villes.. Ceft ainfi

que la nature mère commune de

tous les hommes, fembla, dès les

premiers inftans d'une injufte ufur-

pation, vouloir venger les droits des

frères, fur des barbares qui dépouil-

laient d'un patrimoine facré leurs

propres frères. Punition auffi jufte

que terrible &qui doit faireregar-

der comme les fléaux du genre hu-

main, ces prétendus héros, à qui

notre hémifphère ne fuffifait pas.

Les anciens n'étaient pas moinsam-

bitieux que nousji mais ils furent

beaucoup plus fages ils avaient été

jetéspar lesgrostempsfur différentes

côtes de l'Amérique $ ils ne firent

pourtant aucun ufagede cettedécou-

verte Eh qui fait la vraie raifon

de cette maxime effrayante qu'ils

établirent enfuite, qu'on ne pouvait

pafler la Zone torride fans mourir î

Voye\ la

note (Aj à U

fin.

tl

Leur expérience, moins fatale quâ

la nôtre les avait fans doute inf-

truits ceux qui furent infe&ésdu

wirus vénérien foit dans les îles ou

dans le continent du nouveau-mon-

de, périrent fans le communiquer$

parce qu'ils eurent la bonne foi d'en

faire connaître à temps les horribles

ravages.Mais fût-ce un préjugé que

cette terreur qu'avaient les Anciens

il était heureux: plût au ciel que

dans ces derniers tems, il eût arrêté

le premier infenfé qui ofa traverfer

les mers 1

Puifque le mal eft fait, il ne s'a-

gît plus que d'y trouver le remède.

De deux moyens qui fe préfentent

celui deféparer delafociété^ comme

autrefoisleslépreux*r tous ceux que

h contagion a attagués n'était pra- }

ticable qu'à l'arrivéedu virus d'Haiti

en Europe 5lefecondqui confifterait

rtietrre dans un lieu oûl'ott puz~"e

répondre d'elles, toutes les FILLES

UBL1 g I7LS eft d'une exécution

moinsdifficile: il eft le plusefficace3

le plus important puifque ce ferait

prendre le mal à fa fource. Un Rè-

glement pour les ProÍ1:ituées)qui

procurerait leur féqueflration, fans

les abolir, fansles mettre hors de la

portée de tous les étais, en même

tempsqu'il rendrait leur commerce,

peut-être un peu trop agréable, mais

fûr, & moins outrageant pour la

nature un tel Règlement, dis-je,

aurait, a. ce que je pente, un effet

immancable pour l'extirpationdu vi-

rus & produirait peut-être encore

d'autres avantages qu'on eft loin

d'en attendre.. Faire naître un bien

du dernier degré de la corruption

dans les mœurs, ferait le chef-dceu-

vre de la fageffehumaine, une imi-

tation de la Divinité.

Ci

L'honnête-homme, citoyen des

grandesvilles, y voit à regret régner

l'abus des plaifirs les plus faints de

ces plaifirsdeftinés à réparer les per-

tes que fait chaque jour le genre

humain. Cet abus» toujours toléré,

quoique fes épouvantables ravages

enlèvent tant de fujets à l'état, eft

un écueil, où fe brife la fageffede

nos loix. Tous les foins & toute la

prudence d'un père fagene peuvent

garantir du péril un filsque fes pa-

reils entraînent, & que leur malheur

même n'inftruit qu'à demi s'il ne

le partage. Une jeuneffe débordée*

tu le fais, mon cher, court après le

plaifir & ne rencontre que les dou-

leurs, &fouvent la-mort. Du fond

de leurs provinces, de jeunes-gens

accourent à la capitale, attirés par

l'ambition, ou conduits par le de-

voir 5.&ces âmes, novices encore>

fe trouvent au milieu du grand

monde, au centre de la politeffe,

plus expofées qu'au milieu des bar-

bares & des bêtes fauvages.En effet, comment réfifteront-

ils? Une fille faiteau tour les agace:

un fourire charmant fe trace fur fon

minois trompeur fa gorge feule-

ment foupçonnée, tente également

la bouche &la main elle a la taille

fwelte & légère avec art, elle laiffe

entrevoir une jambe fine,& fon petit

pied que contient à demi une mule

mignone.Cependant ces attraits fé-

du&eursnefont prefque rien encore,s

auprès de ceux que leur- vante une

infâme vieille. Elle les aborde en

tapinois 3 elle leur parle, elle les re-

tient le miel eft fur fes lèvres le

poifon dans fes difcours, la conta-

gion s'exhale de fon âme impure

§5ils.çonfçntent à l'entendre ils font

C4

perdus. Elle a chez elle des filles

dont la figure enchanterefîè portedans tous les cœurs le trouble &

les brûlansdefirs vous ne ferezem-

barrafîe que du choix on y trouve

toutes les nuances de la jeunefle>

des tendrons, qui dans l'âge de l'in-

nocence, ont acquis déjà tous les

talens des malheureufes auxquelleson les a livrées. Semblablesà ces

jeunes Efclaves que le Géorgienou

l'habitant de la Tartane Circajjîenne

élève pour les ferrails de Perfe ou

de Turquie &qu'il inftruit dès l'en-

fance à câreffèr le maître qui doit

les acheter, elles ont à la bouche

tous les termes de la débauches

elles en ont les lubriques attitudes,

fans y rien comprendre. Ces apas

que la Nature a rendus le doux apa-

nage de leur fexe ne font point

encore formés }&déja un goût bru-

L a J

tal fe plaît à en abufer (*) d'inno-

(*) Il femble que les defordres les plus

révoltans, foient la tache des fièdes lesplus

éclairés.Voici le tableau que faitPétronede

la conduit? que tenait, dans la capitaledu

monde, l'impudique Quartilla.

Encolpe deAfcylu font chezQuartilla

avecGiton après que de vieux débauchés

les eurent fatiguésde careffeslafcives & ré-

voltantes, PJyché, fuivante de Quartilla,

s'aproçha de l'oreille de fa maitrefle & lui

dit en riant quelque chofe à l'oreille. Elle

répondit; Oui, oui, c'ejî fort bien avifé

pourquoi non ? Voila la plus belleoccajlon

quonpuifje trouverpour faire perdre le pu-

celageà Pannichis. Onfit aujjîtôtvenir cette

petite-fille, qui était fort jolie, & neparaifi

fait pas avoir plus defe.pt ans. ç était la

mêmequi un peu auparavant, était entrée

dans notre chambreavec Quartilla. Tous

ceux qui étaient préfens aplaudirent à cette

proportion &pourfatis faire à l'emprejfe-

rnent quechacun témoignait on donna les

ordres nécejfaim pour le mariage* Pour

tentes &malheureufescréaturesfont:

deftinées à ranimer dans des vieil-

lards libertins moins laids qu'ufés& corrompus, une volupté languif-

fante, des fenfations éteintes. Le

jeune homme même entraîné fé-

moi ( c'eft Encolpe qui parle ) je demeurai

immobiled'étonnement t &jeles ajfurai que

Giton avait trop de pudeur pour foutenir

une telle épreuve & que la petitefille n'était

pas aujflîdans un âge à pouvoir endurer ce

que les femmesfouffrent dans ces occajîons*

––Quoi! répartit Quartilla étais-je plus

âgée lorfque je fis le premier facrifice à

Vénus ? Je veux que Junon mepùnijfe fi

je mefouviens d'avoir jamais étévierge car

je n'étais encorequ'une enfant, queje folâ-

trais avec ceux de mon âge; & à mefureque

je croijjais je me divertijfais avec de plus

grands, jufqu'à ce queje fois parvenue à

l'âge où je fuis. Je crois que de-là ejl venu

ceproverbe

Qiuetuîeritvitulum5iilapotefl& tollereîaurura.

1duit quelquefois, pour ton coup

d'eHai, commence par violer toutes

les loix de la nature.

Mais fi la raifon & l'humanité ré-

gnant encore au fond de fon ceeur,

empêchent qu'il ne fe livre au bar-

bare plaifirde faner les boutons des

rofesavant que le foufflede Zéphyre

les ait épanouies, on fera bientôt-

paraitre â fes yeux tout ce que la

Nature a formé de plus parfait.C'eÍ1;

un jeune' objet, dont la beauté fit

le malheur trois lucres à peine

achevés gorge naiffante, 8c fraîche

encore teint de rofes &de lis.

Nonchalamment étendue fur une

bergère, la déeife a choifi la po~urela plus propre à faire fortir fes apas:

la neige eft moins blanche que le

deshabillé galant qui la couvre une

jupe trop courte) un peu dérangée,

laine voir la moitié d'une jambe faite

au tour mollement apuyé fur tîn

couffin un joli pied donne envie de

-le baifer, tandis que l'autre tombe

négligeamment fur le parquet la

féduifante fyrène donne à fon

fein que preffe un corfet raflem-

blant, collé fur fa taille fine ce

mouvement vif & répété, qui dans

une beauté naïve, efb l'avant-cou-

reur de là défaite les Grâces vont

ouvrir fa bouche mignone fousdeux

barrières de corail, on aperçoit l'i-

voire & la perle un fon de voix

plus flateur que celui de la lyre fe

fait entendre un bras, une main

blanche comme le lait fe déploie,elle fait figne à la vi&ime d'apro-cher ce mouvement enchanteur,

Pâme eft ébranlée on ne fe connaît

plus: le jeune imprudent s'avance:

déja la volupté l'ennivre les tu-

multueux defirsfont bouillonner ton

fang & la Beautémême le careflelâ

Beauté perfide qui faura paraître

tendre que dis je elle jouera

jufqu'à la pudeur, pour fe rendre

bientôt avec un emportementaf-

feéfcé,lorfque les tranfportsaveugles

Succéderont aux vœux craintifs.

O malheureux jeune-homme arrête1

» arrête un ferpent eft caché fous

ces fleurs {*).Hélas la vue du précipice,

n'eit

pas aflez puifiante pour le retenir:

féduit par fon cœur par la nature

même & par fon tempérament,ii

court à fa perte. Ah s'ilpouvait con-

naître le dangeri .fouhaits impuif-

fans il doit payer fes tardiveslumiè-

res du bien le plusprécieux après la

vertu de fa fanté.

(*) Elles ne font pas toujours auffidan*:

gereufes.Voyi^ la note (A).

Les loix de la fociété, ladécence,

la pudeur, &fur-tout laparure, en ai-

guifant les defirs font devenues le

principe fecret de la Proftitutionmo-

derne ainfi l'on verra des intem-

pérans &des fenfuels, tant que les

mets délicats & les liqueurs fines

chatouilleront agréablement un pa-lais friand c'eft donc à nos loix

non pas à détruire cet état vil 3il

fera tant qu'elles exifterontj mais à

en diminuer l'inconvénient & les

dangers phyfiques d'abord & par

contrecoup les moraux.

La Proftitution n'a pas àla vérité

produit la honteufe contagion quidefole l'univers mais elle la pro-

page> elle en eft le réfervoir, la

fource impure, & toujours renaif-

fante(*).Quand lescoupablesferaient

(*) Quoique cettemaladieterrible foit

fçuls 'punis par les fuites affreufes

d'une volupté brutale la juftice de

la peine n'empêcherait pas quece ne

fût toujours un grand mal pour le-

genre humain. ». Mais, ô mères fa*o.d d,'

ges, vous» qui durant tant d'années

cultivates avecfoincestendresfleurs,J

l'ornement de la patrie, & les chef.

d'ceuvresde la nature; qui par vos

exemples & vos leçons, infpira.tesà

vos fillesl'amour de la vertu & d'une

chafte décence quelles larmesamè-

res vous préparece jeune époux que

vous leur deftrnez Aveuglées par

des, vertus fadices, féduites par des

dehors brillans vous êtes bien loin

de penfer qu'il porte dans fon fein

la corruption & la mort; il ne s'eni

accompagnée de fymptômesmoins graves

qu'autrefois, il ne faut pas s'imaginerqu'elle

s'anéantiffejamais cTelie-même.

doute peut-être pas lui-mêmei Mbientôtunejeune,unetimideépoufe,tourmentéepar le poifondont elle

ignore la nature & la fource,périradouloureufement,endonnantlejourà un être innocent, infortunécom-

me elle qui va la fuivreau tom-

beau

Oui; la Proftitution eft un mal

néceflaire partout où il règnequel-

que pudeur; j'enconviensavectout

l'univers&touslesfièclesSparte(*)>

(*) Lesloix de Lycurguc font croire que

ce législateur ne regardait pas la pudeur

comme la confervatricede la chaftecé. Les

filles de Sparte étaient toujours indécetrH

ment vêtues il y avait même des occafions

où ellesparaiffaient en public dans une en-

tière nudité, pour disputer entr'elles le prixde la courfe « Mais en profcrivant la pu-« deur, il n'eft pas démontréque Lycurgm

v ait rétifii à con&rver la çhaftetéj l'unç ds

CA)Les notesde-

/ignéespar ceslettres majuf-cules, formentla fécondePartie.

où cette vertu était proscrite, eft le

feul endroit au monde que je con-

naifle où l'on ne dut point voir

de ces malheureufes qu'ordinaire-ment tous les vices réunis précipi-tent jufqu'au dernier degré de l'avi-

liifement& de la turpitude (A).

ces vertus eft la gardienne inséparable de

«'.l'autre.LesLacédémoniennesn'eurent pas

5=uneréputation irréprochable & parmi

» les vicesdont on accufaitle plus commu-

» nément cette nation leur libertinage ne

» fut pas oublié ».

Cantet libidinofe

LsedeasLacedemonispaleftras.Martial. Epig. i t L.1V:

Refte à favoir fi Lycurguene regarda pasla

cha&ztbpublique, comme plus nuifîbleque

néceflaire dans l'Écat qu'il voulait former.

'Je diflinguela chafletèparticulière de la cha-

ficté publique lesdefordresmomentanésdes

particulierspeuventdonner atteinte à la pre-

mière, maisjamais les loix, qui n'ont d'in-

fluence quefur la Seconde.

Un

ra~«

1Partie. D

Un homme qui parcourrait en

politique & en philosophe, tous les

lieux de débauche de cette Capitale

(avec la précaution néanmoins d'a-

voir, comme lesTriomphateurs Ro-

mains, quelqu'un à fes côtés chargé

de l'avertir à tout moment qu'il eft

un faible mortel) un tel homme,

dis-je ferait partout révolté en

voyant de grandes, de jolies filles,

.auxquelles de tous les avantagesde

leur fexe il ne manque que des

mœurs, perdues pour la fociété, à

laquelle elles auraient donné des

enfans robuftés bien conftitués, 6c

d'une agréable figure. –La débau-

che engloutit donc ce qu'il y a de

plus beau & de plus capable de plai-

re, fedirait-il à lui-même, à peu près

comme la guerre détruit les hom-

mes les mieux faits &, de la taille

la plus riche. Il s'enfuit delà nécef-

fairement, que le nombre des belles

perfonnes doit infenfiblementdimi-

nuer, èc que celles qui auront quel-

que figure doivent être plus vaines,9

plus fotes, &par conféquent plus

expofées à la fédu&ion Tu re-

garderas peut-être, mon cher, ce

que j'avance là comme hazardé &

deftitué de preuves mais jette un

coup-d'œil fur cette multitude de

figures prefque hideufes, qui inon-

dent nos villesj voi la laideur &les

taillespetites ou défe&ueujesfe pro-

pager de père en fils de mère en

fille; la nature ne travaille pas ainfi:

obferve les paysou le beau-fexen'eft

pas auffi-tôt enlevé que connu êc

dans lefquels la fille d'un payfan

quelque belle qu'elle foit eft pourle fils d'un payfan tu trouveras queles enfans fuccèdent aux traits de

ceux qui leur ont donné le jour.

Di

Je displusles mœurs contribuent X

la beauté des parens qui mènent

une vie molle doivent procréerdes

enfansdébiles, dont le teint délicat

ô£ la peau tendre ne font pas à l'ê>

preuve de l'air ÔCdes années auffi

Voit-on qu'à Paris où l'on veut des

fruits précoces, des talens précoces$

des beautés précoces, où l'on pré"

maturife tout la Nature gênée lert

les hommes fuivant leur goût •.les

Jolis enfans dans les deux fexes n'y

font pas rares mais leurs traits s'en-

laidiflent en fe dévelopant le co-

loris fin&:brillant de ces charmantes

poupées reffemble au goût fuper-

ficieldu peuple i c'eftune fleur qui

paraît à fon aurore avec quelqu'é-

clat maisqui fefane avant fon midi.

Au contraire, j'ai vu dans certaines

provinces, des figures dtmi-ébau-

'«gjiées,des efprits rien moins queT-N

pénétrans parvenusà l'adolefcence*

étonner, ou par la régularité de leurs

traits ou par la foiidité de leur génie.

Oui mon ami le genre humain a

*>perdude fesattraits: ici, par les caufes

particulièresque je viensdet'expoferj

dans toutes lespartiesdu monde, parle mêlange des peuples. Le Perfan

moitié Tartare, corrige, dit-on fa.

laideur naturelle en mêlant fou

fangavecceluides bellesEfclavesde

Téflis mais les enfans font moins

beaux que s'ils provenaient d'un

père & d'une mère nourris dans les

fertiles campagnes que le Kur

arrofe &que ii ces nouveaux rejet-tons recevaient l'influence du climat

des grâces. Le Géorgien lui-même,

en fe privant toujours de ce qu'il ade plus parfait, ne diminue-t-il pasla beauté de fon fang? Je ne crois

pasqu'on enpuiife douter. Nous n'a-

Dj

Tonsdonc plusdans le monde quede

demibeautés} ou s'il s'en trouve de

parfaites, elles font dans les can-

tonsjéloignés des grandesvilles où

règne, avec l'innocence des mœurs

une aisance honnête car la mifère

déforme le corps fes funeftes effets

vont jufqu'àl'âme & lui ôtentla moi"

tié defa vertu. Riende plusaifé, en

parcourant les provinces que de fe

convaincre de la vérité de ce que

j'avance. Les malheureux font tou-

jours laids à la longue l'abondance

& l'égalité ramèneraient avecles Ris,t

Vénus & les Grâces. En attendant,

les jolies perfonnes feront toujoursen fi petit nombre, qu'on doit bien

leurpardonner leurafféterie.Maïsquinefait pas que le poifondes Antilles

porte à la forme humaine d'irré-

parablesatteintes?.. Quels

motifs pluspuiflàns îmaginera-t-on ).

pour nous porter à defîref qu'on

mette de l'ordre dans un état qui

paraît à la vérité peu fait pour être

resté mais qui le fut autrefois, mais

que rien n'empêche qui ne le foit

encore (*) Lavie, la fanté des ci-

toyens} l'intérêt de nos filles, que

leur fageffene met pasà l'abri d'une

maladie, dont on ne peut fe con-

feflèr atteint fans rougir; les agré-

mens de la figure, la beauté, le fé-

cond des avantages de l'efpèce hu-

maine, que tant de perfonnesregar-

dent comme le premier

(*) On aabandonnélesProfanées à elles-

mêmes, à peu-près versle tems où il était

Je plus néceffaire de veiller fur elles par

une adminiftration fage c'eft-à-dire à l'ar-

rivée du virus véroliqueen Europe. Le mal

s'eft étrangement étendu; & cela ne doit

pas furprendre: ce qui m'étonne au contrai-

re ccft quela contagion ne foit pas gé»

ïiérale.

D4

Mais ce n'eft pas tout on pour-rait retirer des lieux de Débauche

fournis au bon ordre, un avantageréel. C'eft ce que je déveloperaidans

les Lettres fui vantes5 car celle-ci

n'eft déja que trop longue. Tu n'ai-"

mes pas ces faftidieufes Épî.tres quine contiennent que des phrafes fté-

riles je crois te fervir fuivant ton

goût, en foumettant à tes lumières

des idées qui peuvent être de quel-

qu'utilité pour le genre humain.

Quoïque ton aimable époufe

t'écrive âiiffi elle veut que je te fafle

mille amitiés de fa part &:de celle

de la belle Urfule. Je te falue mon

bon ami & fuis avec un plaifir inex-

primableTon cher D'AlZAN,

QuatrièmeLETTRE.

Du même.

3 mai.

T

<J/ E me fuis trouvé deux fois avec

la charmanteUrfule, depuisma der-

nière, moncher la première fois, il

y adeux jours3 madameDesTianges

était avec nous la féconde aujour-

d'hui,, &nous étions feuls. Oui,3

feuls. Cela t'étonne ? Eh bien

pour augmenter encore ta furprife,

je te dirai que nous avons cauféprès

d'une heure, & que je lui ai dit les

chofes les plus. furprenantes. Car

au lieu de lui parler de la feule dont

je defiraflTel'entretenir je n'ai paseu la hardiefled'en toucher un mot.

En vérité cette adorable fille m'in-

timide elle rend modefte &retenu

le pétulant Veffrontéd'Alzan &

puis il faut te dire, que nous étions

dans un parloir. Madame Des Tian-

ges m'avait prié d'avertir Urfule

qu'elle irait la prendre le foir, pouraller chez une parente, que la char-

mante foeurne connaît pas.Ma chère

Maîtrefle ( quine fedoute pasencore

que je lui donne de tout mon cœur

un nom fi doux) m'a queftioné fur

cette Dame, fur fon cara&ère}fur

fa..beauté. La converfation aurait

bientôt tari, car je n'avais pasgrand'chofe à en dire mais j'ai fait com-

me Pindare qui lorfque le platindividu qui le payait pour célébrer

fa victoire aux Jeux Olympiquesne lui offrait pas une matière affez

brillante louait Caftor & Pollux

fort adroitement j'ai tourné la con-

verfation fur Adélaïde Des Tianges)

reloge de ton cœur de fôn efprït >S

jailli de fources j'ai parlé longtemS& avec feu de fa tendreffepour toi }

j'ai peint fes moeurspures, & j'ai dit

quelque chofe de fa beauté. Mes

yeux étaient fixés fur l'aimable Re-

clufe, lorfque j'ai loué les grâcesde

ton époufe 5 & je t'avouerai, quefous le nom d'Adélaïde c'était le

portrait d*Urfule que je fefais. Elle

s'en efl aperçue fans doute, car elle

a prodigieufement rougi. Ce foir,

je dois les accompagner. Cônçois-tumon ami, combien je vais être heu.

reux 1. Je pafierai trois heures au

moins avec Urfule >c'eften atten-

dant cet inftant defiré que je t'écris.

Je reviens à mon Projet.

5 L

&ECES S ÏTÊ DES LïË'tfk

ïj è Prostitution,

*T'auas entrevu que mon deflèin

n'eft pasde faireregarderla Profti-

tution commeabfoiumentintoléra-ble politiquement, dans un État

bien règle i loin de-là je la croisd'unemalheureufè,maisabfoluené-ceflîtédanslesgrandesvilles,&fur-tout dansces abrégésde l'univers

qu'on nomme Paris Lan~.resRome &c*

Jemerappelled'avoiravancéque,parmiles anciens Spartefeuleavaitdû fe paflerde fillespubliques.Lesloix de Lycurgueôtaient, dit-on,la pudeur à la chaftetémême>i &

dès-lorslesdefirsdevaientêtremoins

violens(*). Maisce n'était pasafîezi

(*)«L'amourauraitpu produiredegrands

«ravages, fur-tout chez un peuple porté à

» l'enthoufiafine des loix févères des ob-

» ftaclesmultipliesn'auraientfervipeut-être

»,qu'à le rendre plus dangereuxLycurgue

» prit une voie toute opposée indépendant

» ment des exercicesoù les fillesétaient en-

tièreriienthues, il voulut que leurs habits

» ordinaires les laiflaflènt à moitié décou-

vertes il défendit le célibatfous peine

» d'infamie, permit auxmarisde prêter leurs

» femmes & autorifa les hommes à em/

»prunterles femmesles plus belles, ens'a-

» dréflantà leurs maris.Toutes ces loix, en.

»>attaquant la fidélité & la pudeur, ôtaient

» à l'amour prefque tout ce qu'il a de dcli-

«.cat &de féduifant mais en même-tems

pelles âfFaiblilTaientcette paffion, &:pré^

» venaientles fureursdela jaloufic. Diffère,

de m. Mathon de la Cour tfurles càttfes &

les degrésde la décadencedes loix deLycur*

gue couronnéepar f~(cad, des 7/z/cr~~

& Belles-Lettres i ?'&?•"

ce Légiflateur que la Grèce regarda

longtemscomme le plus fagede tous

leshommes, connaifiait trop le cœus

humain, pour ne pasfentir que, tant

qu'une femme ferait interdite à tout

autre que fon mari, cette impuiflancede la pofféderlégitimement, fuffirait

pour en faire naître le defir. Il vou-

lut que des citoyens, entre quî tout

était déjà commun, puffent fe de-

mander les uns aux autres & fe

prêter leurs femmes:il impofamême

l'obligation à celui qui ne pourraitavoir d'enfans de la fienne de la

céder pour quelque tems à un autre.

Dans une république où tous les

citoyensétaient égaux &mangeaienten commun où par conféquent le

luxe de la table, des habits, des bâ-

timens était impoffible) inutile ou

ridicule où le même homme enfin

pouvait prétendre à toutes les beau-

tes, & les femmesfuivre des goûts

que les loix ne réprouvaient pas(*),

Il Proftitution cet état aviMant

qui met une fille charmante audef-

(*) Voila pourquoi un Lacédémonien ré-

pondit à celui qui lui demandait,quelleétait

à Sparte la peinedesAdultères?que le cou-

pable était obligé de donner un bœuf affe^

grand pour boire du haut du mont Taygète

dans /'Eurotas. Mais, dit le queftioneur,

il ejlimpoflibUdetrouverun telboeuf-*<–Pas

plus que derencontrerun adultère à Sparte»

En effet, ce qui conftitue le crime, c'eil

l'oppofition aux loix: tousles forfaits contre

la fociété, fi févèrement&fi juftementpu-

nis, ne feraient plus que des actions indif-

férentes, fi la fociété était diffoute. Onfait

aufïï que les Pères derEglife trompes par

laréponfe du Lacédémonien, ont cité fort

fouyent aux Chrétiennesl'exemple des fem-

mes de Sparte il faut avouerqu'ilsne pou-

vaient plus mal choifir. Foye^ la note pré-

cédente.

fous des bêtes même* ne devait &

m pouvait pas exifter.

A Athènes, à Rome, &dans le

refte de l'univers où les mœurs

étaient beaucoup moins exa&esfur

l'article <hs mariages qu'elles ne

le font aujourd'hui parmi nous Il

y avait dès lieux de Débauche mais

je fuis per-fuadéque le nombre des

filles publiques des feules villes de

Paris ou de Londres, furpalfece qui

pouvait s'en trouver clans la Grèce

ou dans l'Italie entière lors de la

plus grande corruption des Grecs &

des Roniains.: parce,qtie omx§ te

divorce qui était permis, un maître

avait le droit de faire fervir fes Ef-

claves à fes plaifîrsC*).Ceft encore

(*) Le àimâ^jamiage., dont cei tains

petits fdgneurs Fmdois jouijSaicntencore

il y a cerît-cinquaateansa était m refte &

Voye^ la

note (A).

la raifon pour laquelle de nos jours,s

il ne fe trouve prefque point de Prof-

tituées Mufulmanes très-peuchez les

Indiens, & les habitans du Nouveau-

monde*.Lesdeuxgenresodieuxd'im.

pudicité, dont lesbarbaresEfpagnols

accufèrent ces derniers,pour donner

une ombre de juftice à leurs mafla-

cres, à leur tyrannie plus cruelle que

la mort étaient autant de calom-

nies, dont les juftirîa le pieux Evê-

que Las Cafas (*) qui avait par-JÆ

cette coutume barbare.Le terrier de ces no-

bles, à la fuite de leurs droits domaniaux

portait celui dedéflorerla mariéelejour dé

fes noces 3 &d'avoir la premièrenuit. Il a

fallu toutes les lumières qu'a répandu fur

l'Europe le renouvellementdelaphiiofophie,

pour faire rougir ces petits tyrans, d'un

prétendu droit qui avaitété prefquegénéral,

fous l'empiremêmedu Chriftianifme.

(*) Las-Cafas était évêquede La-Chiapa

dans la Nouvelle-Efpagne.couru

I Partie. E

couru toute l'Amérique Méridionale;Loin de moi la penféedeprofcrirela

pudeurjd'excujferledirorce,& decher*cher à diminuerla jufte horreur qu'in-

fpire Tufagebarbared'acheterunebel*,

le fillej comme fi cetréTorjplusgrandque toutes les richeffes des Monar-

ques pouvaitêtre misà prixd'argent& que l'empire defpotique qu'on fe

donnefurelle de cette manière, ne fût

pasaufficontraireà lanature,qu'auxlu-

mièresdela raifon.Nosmœurs 3toutes

dérégléesqu'ellesparaifîent font pré-férablesà cellesdesAnciens&des Mu-

fulmans(*).J'ofe direplus il vaudraic

(*) Pcèconife qui voudra les vertus des

Turcs. &de prefque tous les Afiatiquesen

général; pour moi, je ne regardeles hom-

mes de ces contrées que comme de lâches

eïclaves qui fe vengentde leur aviliffement

furie fexele plus faible: ce ne font pas des

époux ce font des maîtres dédaigneux

mieuxquenousviffionscroîtrelenom-

bredesfilles publiques &que nosfemmesceflTàflfentd'êtrechaquejour

entouréesd'uneffaimde méprifablesfédu&eurs.A cetteconditionfidure,

ou des tyrans jaloux. Quel pays grand

dieu où l'homme achète à la foire l'objet

de ton amour Non celui qui croit pou-

voir acquérir & vendre fon femblable &

qui regarde comme une action permife de

détruire un homme fans le tuer, ne peut

avoir Pidéede la véritablevertu.CesChinais

fi fameux, qui, dit-on, dans leSsConditions

même les plus baffes, s'entr'aident civile-

ment, ou fe difputent fhonneur de céder

dans des circonftancesoù les charretiers de

Paris & de Londres fe prennent aux che-

veux ces Chinois vantésnoient leurs filles

lorfqu'ils croient en avoir affez; fans parlerde leur fourberie, & des autresdéfauts, quele Voyagede lord Anfon a dévoilés. Heu-

reufeEurope,garde tesvertus plutôt même

tes vices que de rien envierà cesclimats!

E z

fmifTent-ellestoutes, fidellescomme

l'aimableAdelaïdeDesTianges,n'in-

trodaire jamais dansnos familles,

des enfansqui ufurpentnos droits,& volent notre nom L'expériencenous aprendqu'uneépoufequi s'effc

oubliéejufqu'à manqueraupremierde fes devoirs ne le viole jamaisfeul l'amourmaternels'effaced'une

âme adultère les biensquelquefoisfe diflïpent pour fournirà la dé-

penfed'unvilprocateur(*) & fou-

(*) Notre idiome manque d'un terme

propre pour rendre cette idée je me fuis

cru permis d'en emprunterun dans la langue

mère de la nôtre Procus, de l'ancienverbe

latin procare [ demandereffrontément]& au

figuré[ cajolerla femmed'autmi eftle terme

propre, que je rends par proçatçyr. On fe

fert du mot adultère mais outre que cettc

expreflioneft la même pourle crime ÔC

pour le criminel, l'amant d'une fe"ftimert'cft

pas toujoursfon adultère,

vent un mari de bonne-foi, ne fort

de fa longue fécurité que ruiné &

trahi. Maispour féduireune femme,

une fille d'honneur, il faut des pei-

nes desfoins &:quelquefois d'énor-

mes dépenfes 5cariebeau-fexecreufe

fous nos pasun goufre,qui fait égale-

ment disparaître les biens de celui

qu'il dupe & de l'amant qu'il favo-

rife. J'ai vu, mon cher Des Tian-

ges, beaucoup de ces hommes mé-

prifables, pour lefquels le crimeefc

un jeu, s'effrayerdes fuitesd'une in-

trigue & l'abandonner ils préféraientune de ces femmes, dont quelquechofe de pis que la galanterie eftîe

métier, parce que, difaient ils, elles

font fans conféquence, & qu'on les

quitte ou reprend lorfqu'on le veut.

Et s'ils n'en eufîent pas trouvé? C'en

était fait ils auraient tout facrifié,

pour fatisfairela première des paf-

E3

fions. Je conclus delà, que laProf-

tjtution eft un mal, qui en fait évitée

un plus grand.Effectivement dans l'Jtat a&uel

de nos mœurs §£ dans un fiècleou

le nombre des Célibataireseft fi fort

augmenté; où l'on voit mêmeceux

qui font engagés dans le mariageformer le projet criminelde ne vi-

vre que pour eux, & craindre de fe

donner une poftérité (1)5 où les Ec-

cléfiaftiquesont fi peu l'efprit de

leur état [parce qu'en effetil eft peud'hommes qui puiffent l'avoir ( z) J

( i ) Ce crimen' eftpas à notre fièclefeult

la femmed'un romain nommé Pannicus

prenait de coupablesprécautions contrela

grofleffeiCurtaatùmerjneuchoshabeàttuaÇalliaqusensPannice? Gallia nonvult parère.

Mart. Epig. 67 L. ri.

{2) L'Auteur de la Diprtation fur les

Loix deSparte fait .cette remarquefçnfée;

quelle eft la vertu qui pourrait fit

foutenircontreune fbole 4'çnnerni$

ïntéreflesà la (fcujrç Les loix

mêmelesplus,févqpes,,auî?a|eBr-elIes

afîès de forée,,goor garantir de la

violences un fexequimet fa gloireè feirenaîtrele ^érili; rnaisquicraint

le partager 2Unefoule d'Étran»

#Des loix paifaitemeçt conformesà lim-ss*Biaaitê loeodraieiit tous les joursunenou?

«veîle force, au, lieuque le taBsmine Sç:

» affaiblit les autres par degrés, Setôt on

» tard finitpar les abolira En-effet, com*:

saaader aux hpirtraes ce qu'ils ne peuvent

exeoitcrqu'ayeedegrandsefforts& <fesçomH-

liats.eojntiatjels c eft leur prefcrke ce qu'ils.

ne fetom joint du tout, ou pas loogKms.

Tout état q«itend à éleverïhamtm-avt-

§t&dela, nature çft l'écueiJdel'honiiêteté'ji.

car il ne pevtçfe fouteait que;dansTenthou*

feine de la- nouveauté il w. &r enfuite-

^ac des tartuffesj efpècedp m^-h.gmâ^h~

^mht plù? (&u»geïej£e:de toMes»

E4

geTsinondent les grandes villesj lis

ont quitté leurs connaifTancesSeleurs

maîtrefies.jmais lesdefirsles fuiveiit:

ils s'enflâment à la vue du premier

objet, avecd'autant plus de facilité>

que le beau-fexe. des Capitales eft

plus fédùifant, plus coquet ajoutez

que la privation fubite où fe trou-

vent Ces'Étrangers de tous leurs

amufemens ordinaires» laide dans

leurs coeurs un vide, qui les livre

tout entiers à l'amour. Tu fupplée-

ras, mon cher, à tout ce que je tais.

Eh combiende réductions de rapts,

de viols, la Proftitution fait éviter!

Qu'on prenne une route difficile,

pour ne pas dire impraticableSe

qu'on change nos moeurs au point

que le commerce cefîe prefqu'entie-

rement entre les deux fexesj qu'en

réfultera-t-il?Un mal plus grand en-

core d'infâmesgitons braveront im-

pudemment les loix & la naturel

nos enfansvont être expofésà tous.

tes les indignitésd'unepaffionbru-*

P) tale(B). -(\:

MadameDesTiangesme fait aver*

tir nousallonsprendreUrfule.Porte-

toi bien, mon bon ami. Je te fuis

tout dévoué.

D'Alzan,

Cinquième Lettre.

Du même.

t$ mai.

-£SL H mon cher Des Tianges I

cet inflant attendu avec tant d'im-

patience, il eft pafle. & je voudrais

être encore à le defirer. Urfule n'a

pas reçu l'aveu que je lui ai fait de

ma tendrefle, comme je l'efpérais-

Je n'ai jamais fouhaité ta préfenceavec plus d'ardeur. Aurais-je un ri-

val? quelqu'un aurait-il déja touché

ce coeur, dont la pofleffionexcite

tous mes defîrsî. Ah! Des Tian-

ges, que je ferais malheureuxî

J'étais auprès de cette fîère beau-

té; on nous laiflaitla liberté denous

entretenir je n'ai pas manqué de

faîfirune occàfionauflîfavôrablejpou**

ouvrir mon cœur.Urfule m'écoutait i

mais avec une froideur capable de

déconcerter un homme moinsamou-

reux que moi. Non, fi fon cœur

était libre elle n'aurait pu s'empê-

cher d'être attendrie de tout ce que

je lui difais. Madame Des Tiânges

partage ma douleur; elle me plaint:

mais, hélas fi fon adorable fœur eft

infenfible pour moi* Cette idée

m'accable & me fuit partout. Je n'y

connais point de remède, cher Des

Tianges^ Si tu voyais à préfentce

volage ce léger d'Alzanî cet infen-

fê, qui bravait un fexe qu'il n'eft pas

digne d'adorerj qui le dénigrait le

raillait, le -méprifaitj ne le jugéaiç

que d'après les Catinsqu'il ahantées,

& fa propre corruption; fitu le voyais

humilié, pleurant. je connais toa

cœur; il ferait touché, pénétré. Ne

pourïaisHu, hioh bonafriî* frater là

décifioncielautres qui te retiennent*

venir bien vîce.» Mais Urfole irfen

airaèrâkrelle davantage;?< Que té bs

heureùxy Des Tianges Si mèn;foit

pouvait un jour reffembler mtient

Ah!..je n'ai connu ni ie bonheur>

ni niêmele piaMr il faut p©at en

jouiîi,êtreaimé-d'itae Feiainieyhonâê»

te charmatnces&éê bien fi graîïd<5

qu'ai-je fait pour le mericet?

Je continue aujourd'hui a t'entre-

tenir de mon Projet, il faut te l'a-

vouer, autant ]foifrme diftraire que

pour m'acquitter de maçromèfTeon

ne doit donner;à fes^fÉûs^ieschofès

que pour ce qu'elles valent. Si j'é-crivaisà uti; k®mnie à préjugé-, 4

quelqu'un 'ée cos |»iffiftësqui fom

main-baflfefor les; memàmsfèccà*dilles des pauvresJhiaaiatns je

«e

me feraisîps expliqué' a"vecautarit

<3eFratichîfefur la Néceffitédes lieux

de Proftitution. Je craindrais avec

raifon, de pafler dans l'efprit d'un

tel homme pour un de ces Épicu-riens fans mœurs qui voudraient

pouvoir fe livrer en toute fureté à

leurs criminels panchans..Je n'ai pasa redouter cette injuftice de ta part,mon cher 5&les difpofitionsque je

montre aujourd'hui, te font un ga-rant fur queje. fuis change.

§;'i i.'In c on v en i en s

DE la Prostitution/

xi on monàmij jene mefuispoint

aveugléfur les inconvéniensdupu-

blicijmed'uncertainnombrede fem-

mes, mêmeavec la réformeque jedefireraisqu'on introduisît ils.font

encoretrès-grands»Parexemptej&-ne?.

puis m'ettJpêckcrde •Œ&y.œeeàrnoi-

mênaejI.s^Que6 Ter*me^fccfelarè*

gle danstes.liem infâmes jàfeïîble-

sait par-là*quele Qauvsr-nesçiênfleur

«formeraitune afteniioadbnsiîs fone

peu dignes,(*). HncQu^.(fcs,pJbîfîrSi,fûrs, faciles, aflexpeu çpûeeq^ pro-cureraient l'affottVjffeiseracd'unepaf-ûoa iHégitime5. (^minueïajenïpeut-

(^) Cette ob}cââa&%ïâ piiis fœte & la

plus fenfée4e fouies* a'éiùbaEfalT^aplw&a,» l'on fait attention à Êo^tes!.îesj. préx;àtî^tions que le R-ègkmentY^miç¥4^ ^.pouf;«endte la, Broôicutiaix ctwiè^emcntdiiFé-

Eentede ce que nous îar.voyo-»aBMIisœs

le mabeâ fi grapdv ifiMMm çrapioycE-juÇv

qu'aux poifoas, s'il gea&en-séftlte? des-

effets,feiittairês.1.. jp fe 4k;eaceWa,.le-aàafe-.

eft B^nd' ^'tt: «t; &«-.p8Seïïfi.àsiiK8&:

i».ies Eao|eas,dfe.îc.<&mîmtsg$.

être le nombre des unions honnéh

%es(*). IIL1'Qu'un Chrétien ne doit

pas regarder comme une chofe de

petite çonfidération, le crime quemon Projet; ne peut s'empêcher de

favorifer. IV.1!t Enfin quelques

gerfonnes pourront,croire que l'ef-

(*) Le premierinconvénient eft réel le

fécond me paraît peu fondé les gens&on-

îiêtesdes conditionsaiféesne s'enmarieront

pas moins,parce qu'il yaura un lieu public

les habitans des campagnes, dont la popu-

lation importe tant à l'État ne fongeront

guères a y aller. Il n'y aura donc que nos

libertins &nos célibatairesvolontaires; 8d

cesgens-là, commeon fait. font.déjaperdu?,

pour la patrie. l/Établiflèment peut feul âi~

tninuei;la lacune que laiffele dérèglement

|e leurs moeurs,8

pèced'approbationqu'ondonneraitàdes fillesperdues influeraitfur les

mœurs, en accoutumantinfenfîble-

ment à regarderavec moinsde mé-

prisce dernierpériodede laperver-fité humaine(*}.Ç'eft auffi à-peu-

près, à quoi fe réduifent lesobfer-

vationsquej'ailuesdansta lettre fur

le fiftèmepropofé.Je ne parle pasde ce que tu ajoutesencore Que

c'eji defarmerla jujliçe divine qui

punit l'impudicitêdèscetteviemême,

par des châtimensqui naiffëntin

désordreauquelfe livrentles débau-

chés. Tu ne t'es pas rapelé,. que

j'avaisprévucette objection.Examinonsmaintenantla foulede

dangersquenous éviterons,en nous

(*) Onn'aura plus cetteidée àh qu'osa

fé fera bien pénétré du motif qui aurait dé-

terminé l'établiflement des PanUnions,

expofant.à quatre inconvéniens, qui

exiftent même aujourd'hui indé-

pendamment de mon Projet.

I.ncL'affreufe maladie quela Prof

ùtutioru étend &propage fans inter-

ruption fans difcontinuité. Ses ra-

vages s'étendent fur plufieursgéné-

rations, fans que les individus s'im-

buent d\in nouveauvirus le mi-

néral qu'on emploie, le régime qu'on

obferve affaibliffentle tempérament:un levain que l'art ne parvientjamaisà détruire entièrement attaque les

principauxvifcères, furtout l'eftomac

& les poumons il n'eft point de

guérifon complette l'économieani-

male, ébranlée trop-fortement ne

reprend jamais un équilibre parfait..Si les coupablesétaient feulsaffcâés

de ce mal cruel, on pourrait le regar-der comme une jufte punition de

leurs defordres 5 mais leurs en-

fans

v d

I Partie. F

fansne le font pas. Je l'ai dit encànP

mençant onvoit detendres, }d'infor*

tunées victimesdevenir la proie d'un

mald'autant plusdangereux qu'ellesnefoupçonnent pas même d'en être

.atteintes il a déja fait d'irréparables

ravages, lorfqu'on le reconnaît auî£

fymptômes qui lui font propresles

nouveaux-nés & leurs nourrices pé^riflent miférablemenc. L'humanité $

la raifon indiquent, qu'on ne doit

rien négliger pour défendre &fauve?

ces innocentes créatures (*)»

(*) Bien des gens s occupentà cherche*!

'flesméthodes sûres & faciles pour guérieles maladiesvénériennes fansemployerTin*

commode êc dangereux mercure les pré-

tenduesdécouvertespeuventtout-aii-pluseii^

lichir quelques Charlatans, que le fecret de

procurer des curespalliatives tend célèbresi

mais leGouvernementpeut en tarir la foui-»

ce il tient entre fesmainsle plus puiflanâ

des antidotes. Voye{lanott{&),

II.nt Une foule de jeunes filles

prefque toutesles mieuxfai-tes & les mieux conflituèes de la

nation, font perdues pour la patrie.On fair que danscet état, auffi dan-

gereux qu'humiliant &pénible, elles

parviennent rarement jufqu'à la moi-

tié de leur carrière les débauches

en tout genre abrègent le cours de

leur vie. Elles ne rendent point à

l'État, le tribut de travail que lui

doit chacun de fes membres elles

pafient leurs miférables jours dans

une forte d'engourdifTement dont

elles ne Portentla plupart que le foir

pour tendre ces filets oùl'homme le

plus fage fe prend quelquefoisauffi-

bien que le libertin (*j.La patrie eft

(*) On tue le chien enragé & le ferpent;cièsqu'on les a découverts font-ils, même

physiquement aufli dangereuxqu'une/s

:6Wi~~ace?~

(C)

F2.

privée desfujets que lui donneraient

toutes ces filles qui regardent la

groflèfle comme le plus grand des

malheurs? non parcequ'elle leur fait

mettre ordinairement au monde des

enfans malfains, qui périmentbien-

tôt, ou vivent infirmes mais parce

qu'elle porte un échec toujours ir-

réparable à leurs attraits. Auffi em-

ploient-elles tous les artifices ima-

ginables pour l*éviter ou pour fe

procurer l'avortefnent, au commen-

cement d'une groiTefTereconnue.

III. nt Les endroits de débauche

âifperfés comme ils le font parmi

nous, font fouvent naître pour cer-

tainesfemmes (C), le dejfein& foc-

cafion de venir s'y livrér à l'infâme

pànchant au libertinage,qu'ellesneuf-

fent pas écoutéfans la facilité de le

fatis faire. Dejeunes filles trop do-

minéespar le goût de la parure fé-*

(D)

duites par Vappâtdu gain quelque*

fois entraînéesparle tempérament(D)

vont perdre leur innocence&leur

fanté des parens honnêtes mais

inattentifs deviennentainfi lesdupesde la confiancequ'ils ont en leurs

enfans.lV.nt Tous les def ordresrégnent

ordinairementdans leslieux deProf-titution.. Le mal ferait moins grand,fi l'on ne fefait qu'y fuivre le pan-chant de la nature mais l'on pour-rait prefque regarder comme fages,,ceux qui s'en tiennent là. D'ailleurs

cette route naturelle ne ferait'pas.la plus fûrej & malgré lui, l'homme

eft contraint de fe livrer à.des goûts

dépravés. Il eft affuré de ne pastrouver de rédftance les filles de-

vant préférer toutes les manières,

à celle qui les expofe aux mêmes

dangers que les hommes & à celui

(E)

(F)

(G;

Fi

qui leur eft particulier, &qu'elles

redoutent fi fort à la groflefle. II

n'eft donc aucun genre de dégrada-

tion que ces malheureufes ne fubif-

fent on les voit fe livrer à ce qui

leur répugne le plus, foit par inté-

rêt, foit par la crainte d'être mal-

traitées, ce que lesplus infâmescom-

plaifances ne leur font pas toujours

éviter ^E). L'amour, ce fentiment

divin, que l'Etre fuprême fait naître

dans lescceurs, pour y répandre une

douce ivrefle qui nous faffefuporter

les miféresde la vie, &:nous confole

dans la trifte attente de la mort (F)s

l'amour, dis-je,lorfqu'iln'eftpas.joint

à l'eftime fait de l'homme un ani-

mal férocej c'efti'amourquï le rend

plus furieux plus cruel que la co-

lère même (G) il fe fâtisfaiten grin-

çant des dents & meurtrit ce-qu'il

vient de carefferl

(H)

V.ntAccoutumésà voir des fern*mes fans pudeur, le mépris que les

hommes ont pour elles retombefurtout un fexe enchanteur à qui je

reconnaisenfin mon cher que nous

ne pouvons rendre hommage fans

que la gloire en rejaillijfefur nous-^

même. Le dirai-je? ces grâces quile font davantage à demi-voilées

n'excitent plus dans leur cœur ce

trouble ce treîfaillement délicieux

le premier Sepeut-être le plus doux.

des plaifks. Lorfque dans la fuite

par pudeur, une cliafte époufe fe dé-

robe à leurs emportemens, ils font

incapablesde connaître le prix d'une

modeffceréferve. Ils enfeignent à leur

vertueufe compagne,ilsexigentd'elle

ces carefles effrontées dont la. dé-

bauche a fait un art (H). Infenfésî

ignoreraient ils que l'amour & la

beauté font de tendres fleurs, qui

F4

Fefanent dès qu'on les touche, quife fèchent, dès qu'une main tropavide les veut prefTerI

VI.nt Un grand inconvénientquz

réfulte de ce que les filles publi-

ques, ou mêmes entretenues font

mêléesavecd'honnêtescitoyens c'efl

qu on peut voir <&que l'on voit

fouvent ce qui fe pajfe dans leurs

chambres.Si un jeune-homme une

jeune perfonne ont malheureufe-

ment découvert un endroit de leur

maifon, qui les mette à portée de

s'inftruire de ce qui fe fait chez une

fille publique; quel changement fu<-

nefte ne préfume-t-on pas que pro-

duira dans leurs mœurs cette dan-

gereufe vue L'imaginationde votre

fille en fera fouillée la tache qui

s?imprimerafur cette âme neuve, ne

sV-ffacerapeut-être jamais. Et votre

fils? Il voudra bientôt connaître par

lui-même ce qu'il n'a fait qu'entre-voir. Souvent auffi le haut de la

maifon, dont les fillespubliquesoc-

cupent le premier étage, eft habité

par des gens du commun d'une con-

duite honnête leurs femmes &leurs

filles en rentrant chez elles, fe ver-

ront expofées à des discours, à des

attouchemens. ILfaudra qu'ils dé-,

logent, & que la vertu humiliée,

cède la place au vice.

> VII.nt Les files perdues fortent,

fe promènent quelques-unesfe font

remarquerpar l'élégance de leurpa»

• rurey &plus Jouvent encorepar Vin-?

décenceavec laquelleelles étalentdes

apas féducleurs 'de jeunes impru-

dens prennent avec elles même en

public des libertés criminelles. Et

nos enfans fouvent témoins de ces

horreurs avalent le poifon il fer-

jneute il fe dévelopeavec l'âge, £%

cette vue dangereufe les conduit à

leur perte, malgré lesfoins d'un père& d'une mère vigilans. La filled'un

artifans d'un bourgeois même, en-

core dans cet âge où l'ingénuiténative ne lui fait foupçonner de

mal à rien, voit une femme bien

vêtue, que de jeunes plumets fui-

vent à la pifle abordent careflfent;

cette fille innocenre fent naître dans

fon cœur un defir de lui refiemblers>

faible, il eft vrai maisqui fe forti-

fiera, & lui frayera peut-être un jourla route du defordre.

VJII.ntDans un Jardin public ùu

les fensviennentd' êtreremuéspartout

cequela Capitalea déplusféduifant \)

on rencontre des objetsfemblables àceux qu'on vient dedefirer. Pour évi-

ter le péril il faut avoir une vertu à

toute épreuve, ou manquer de tem-

pérament. Quelle indécence pour-

tant fous le voile d unedemi-obfciîf

rïté on ofe. des enfans répandudans le Jardin, ont devant les yeux.Et l'on s'étonne de la corruption des

mœurs dansl'âge le plus tendre

La fcience du plaifir en précède le

goût & l'ufage.1X.nt Souvent une fille publique

laffe de la capitale, ou craignant la

vengeance de ceux à qui elleacom-

muniquéle poifon qui circule dans

fes veines ou bien d'autres crimes

lui fefant redouter le magijlrat &les

loix, va répandre ailleurs la conta-

gion. C'eft alors qu'affichant le li-

bertinage & la crapuleufe indécen*

ce, on la voit fcandalifer les voitu-

res publiques où elle fe trouve (*).

Des gens fans mœurs de tout âge,

(*) Ceci arrive particulièrement dans les

Coches par eau.

s'attroupent autour d'elle; l'on en£

tend retentir les chanfons fales 8£

dégoûtantes les proposrévoltansde

la brutalité groffière. Malheur aux

jeunes-gens fans expériencequi font

témoins de mille fcènes infâmesquecesmalheureufesoccafionnent. Elles

fuffifent quelquefois pour leur faire

perdre leur innocence malheur fur..

tout aux jeunes fillestoujourscurieux

fes, dontl'attention, en dépit d'elles-?

mêmes, fe fixera fur des tableaux

jufqu'alors inconnus le vice eft fi

contagieux, que l'exemple qui de>*

vrait effrayer diminuefouvent l'hor-

reur qu'on en avait.

D'autresfois (& dansce casle périleft prefqu'inévitable) il s'yrencontre

des filles publiques qui fe déguifent

fousun air modefte&réfervé. La dé-

cence la plus fcrupuleufe accompa-*

gne Ieurs6difcours& leursmanières!

un féduifant &modefte négligé ré-

pare le délâbrement de leurs attraits:s

un honnête-homme les voit fon

cœur lui parle pour elles; il devient

officieux, complaifant, rempli d'é-

gards il eft touché de quelques

marques de reconnaiflance il s'at-

tendrit un fourire fédu&eur achève

alors de le charmer 5fesprincipes l'a-

bandonnent ( eh quipeut réfifteraux

agaceriesd'une femme que l'on croit

honnête!; La nuit furvient on s'ar-

range près l'un de l'autre; 5l'occafion

les fens quelquefois le cœur

un homme eft fi tôt pris! l'ob-

fcurité. il enprofite pour favourer

fur une bouche impure un dan-

gereux baifer. il s'enhardit.

la réfiftance eft imperceptiblementnuancée. il fuccombe

& l'honnête homme féduit paye

de fa, faute quelquefoisde fa

O

vie, l'oubli momentané de fes de-

voirs(I).Si la Proflituée, chemin fefant*

peut caufer tous ces ravages, quelsdefordres fuivront fon arrivée dans

une ville de province, parmi des

hommes que l'inexpérience va ren-

dre facilesà tromper que la foif des

plaifirs illicites dévore5 foifque des

attraits ajfaifonnésà la manière des

grandes villes vont allumer bien

davantage?

Je me contente d'indiquer ces

principales fburces de crimes que la

Proftitution telle qu'elle eft fouffer.

te, occafionnechaque jour. LePrince

eft l'image de la Divinité comme

elle, il fait tirer le bien du mal mê-

me lui feul pourrait donner l'être

à un Établiflèment dont je me for-

me un plan que je crois facile à

exécuter. Cet avantage précieux»de

1~ i

fairecontribuerles abusparticuliersau biengénéral efl le plusglorieux

apanagedes Rois.

Adieu mon cher Des Tianges

puiffe ton prompt retour faire quecette lettre foit la dernièreque t'é-

crira Ton bon ami

D'Alz a n.

P. S. Nous'recevonstes Lettres, à

i'inftant.Dès que monfieurd'Al-

\an attaque,il fautbienfe rendre!

Tu railleston ami, DesTianges;>

& tu devraisle plaindre l'aima-

ble Adelaïde connaît mieux les

droitsde l'amitié.

Sixième Lettre.Du même.

34 mai.

m?JîL-£ coûte, cher Des Tian-

ges j'ai furpris un fecret & je tele confie la divine Urfule. pafle-moi le terme.; je ne faiss'il eft aflèz

fort eh bien, cette fille charmante

cft venue ce matin voir ton époufe.

Je fuis arrivé un inftant après. La

vieille Jeanneton à qui j'ai le bon-

heur de ne pas déplaire, & quicher-

che à me faire tous les pla,ifirsquifont en fon pouvoir, la vieille Jean-

neton ta cuifinière me l'a dit à

l'oreille, avant de m'annoncer. J'ai fucommanderà monempreiTeméntj j'ai

pafle danston cabinet, non pour ydonner quelques heuresà nos affai-

res, fuivant rnoa ufage depuis ton

âbfence, mais dans le deifein ië

réfléchir un peu fur ce que jedevais dire à la fière Éeauté quime captive. Je ne trouvais rien à

mon gré je m'abandonnais aux

idées les plus triées. « Voiladonc,

me difais-jeà moi-même, ce D'AI-

zan, a qui rien ne réfiftait que le

mérite trop vanté d'une figure fé-

duifante rendait fi vain ce préfomp.tueux qui crut longtems que toutes

les femmes briguaient la conquêtede ton cœur le voila il échoue

auprès d'une enfant! Ces ré-

flexions,très-morales)commençaientfur un ton à me mener loin lorfquemadame Des Tianges, & fon aima-

ble fœur font venues dans ta cham-

bre. Je n'ai pas voulu me montrer

tout-d'un-coup, &;bierï m'enà pris,car je fefais le fujet de la converfa-*

tion. O! mon ami, cette Adélaïde

que

a t1Partie. G

que je croyais fi unie, fi naiVe h

bonne comme elle eft fine Elld

me plaignait l'autre jour d'un air fi

vrai, fi touché. Voici ce qu'elle

difait à fa fœur -Les hommes

n'eftiment la conquête de notre

cœur, qu'à proportion des peines

qu'elle leur coûte, ma chère Urfu*

le quels que foient lesfentimensque

monfieur d'Alzan t'ait infpirés 2 il

faut, non pas être fauffe maisufer

d'une fage diffimulàtion. Il a du

mérite fans doute, & je le préfèreà tout autre pour toi, ma bonne

amie; mais par cette raifon même

je veux m'aflurerque vous ferez mu-

tuellement votre félicité je veux

avoir des preuves folides, que fa ten-

drefle n'eft pas un fentiment aveu-

gle, un goût paflager, qui ne ferait

pas à l'épreuve du mariage5 8c j'ai

de bonnes raifons pour penfer de h

forte. Laifle-toi conduire, ma toute

aimable ton bonheur m'eft auffi

cher que le mien. Je ne trouve pas

étrange que monfieur d'Alzan t'aie

plu; j'auraismauvaifeopinion de ton

cœur, s'il était infenfible au mérite

qu'accompagnent les grâces& mille

talens agréables dans un homme

que nous te deftinons, qui t'aime,

qui te l'a dit mais, il eft des ca-

ractères, qu'une efpèce de femmes

.agâtés. il faut fe défier de tous les

amans. Le tien eft un homme d'hon»

neur mais. c'eft un volage. Ne

compte fur lui, & n'abandonne ton

cœur à la douceur d'être aimée, que

lorfque je te dirai il en ejl tems-.

J'étais fur le point de m'élancer

hors du cabinet &de venir aux ge-noux d'Urfule la convaincre par la

vivacité de mes transports, & par les

fermens les plus facrés, de la vérité

G

A,

G2t

& de la durée de mon amotijf./AM

DesTianges!j'en jure dans le feinâû

l'amitié, j'aime, j'aime pour jamais..».

J'ai craint de leur déplaire en mê

montrant. Ton époufe a continuelî

-Tous leshommesne fontpascom*

me monfieur Des Tianges>ils n'ont

pas tous ce cara&ère vrai que l'on

démêle au premier coup-d'œil s. tous

n'ont pas des mœurs auffipures queles Tiennes. Non que je veuille te

faireentendre. ah ma chère, c'eft

un bonheur femblable à celui que

me fait goûter le plus eftimabledes

hommes, que je cherche à. te pro-curer en t'uniflant à l'ami de mon

époux mais ne négligeons rien de

ce que prefcrit la prudence humai-

ne je defire autant que toi-mêmes

& plus vivement peut-êcre, que ton

amant foit digne d'un cœur tel que

le tieni de ce cœur fi tendre fi pur*

dont le mien me répond. A te dire

vrai je penfe que monfieur d'Alzan

fera docile aux confeils de fon ami;

qu'il fuivra fesexemples je vois dans

leurs humeurs, un raport qui mefait

concevoir cette efpérance flateufe:

mais il eft bien jeune encore, les

hommes n'ont de raifon qu'à trente

ans toi, tu fors à peine de l'en-

fance. attendons, ma bonne amie >

attendons un peu ne précipitonsrien; j'aurais prefqu'autant de regretde faire le malheur de monfieur d'Al-

zan que le tien. -Ma tendre fceur,

repondait Urfule je fens-toute la

fagefîe de vos confeils, & vous ne

me verrez jamais m'en écarter jevous ai fait lire jufqù'au fond de mon

cœur s daignezme fervir de mère:

le ciel, depuis longtems, nous a pri-véesde cellequi nous chériiïàit vous

avez feule fehti cette perte vous

4S

inîtes toujours vos foinsà la reparer

pour moi ô ma fœur ma chère

fœur î Urfulene cefferajamaisd'avoir

pour voustoute la tendrefîed'unefille

foumife Elles fe font embraffées,

înon cher DesTiangesjje lesvoyais?je

me contenaisàpeine:durant quelques

momens, elles ont formé un grou-

pe. 0 mon ami, l'art n'eft rjen

comment pourrait-il exécuter ce.di-

vin modèle! J'allais, je crois, me

montrer, mais elles font fortiesj &.

je m'en félicite? carje fuisraviquellesne fâchent pas que je les ai enten-

dues je veux leur laifferle plaifirde

fuivre le plan qu'elles fé font tracé ï

je leur promets un entier fùcces!

Quelles femmesadorables DesTian-

ges Adélaïde! divine Adelaï-

de, que vous êtes digne d'être la

fœur d'Urfule^ la femme de mon<

,tT'Tt~~ami W' v, 8 rff. ': -iè\

Je fuis heureux mon cher ta

fens combienje dois l'être. Au

bout d'un moment je me fuis pré-

fenté chez madame Des Tianges,

après avoir recommandé le fecret a

la bonne jeanneton. Adélaïde m'a

reçu d'un air ouvert fur ton vifage,

Sedans fes manières on voyait une

candeur féduifante jointe à un air

d'affection pour moi qui m'a vive-

ment touché. Ma charmante maî-

îrelfëj.fidelle aux avis de fa fceurs:t

était polie &rien de plus. Pour moi

ce que je venais d'entendre, répan-

dait fur tout mon extérieurunair d'en-

joûmentj dont je n'étais pas toujours

le maîtrede modérer lavivacité, mal-

gré l'envie quej'enavais. J'affedaisde

tems-en-cemsdenxertantôt le portrait

de madame Des Tianges &tantôt

celui çTUrfule qui depuis quelques

jours embellit l'apartement de ton

<i4

époufej & du coin de l'œil, je lor-

gnais l'aimable fœur je remarquais

alorsavec fatisfa&ion que fesbeaux

yeux étaient attachés fur moi mais,

levais-je les miens on regardait au-

tre chofe. Adélaïde a été obligée

de nous quitter un moment pour

quelques affaires;dès que je mefuis

vu feul, j'ai pris cette fituation fou-

mife, qui plaît tant aux JBelles, &

la feule que je defirafledepuis plus

d'une heure j'ai peint ma tendreife

aux genoux de l'incomparable Ur-

fule. J'entrevoyais fes efforts pour

me dérober fon trouble, à fon extrê-

me agitation; malgré la rigueur dont

elle s'efforçait de les armer, fesyeuxétaient tendres elle m'ordonnait de

me lever, & ne fongeait pasà reti-

rer fa main que je couvraisde bai-

fers & lorfqu'elle y a penfé, elle a

pris en fe fâchant, un air fi doux9

que j'aimillefoisrenouveléma fauté

furtouteslesdeux.Conçois-tu,mon

ami dansquel état délicieuxjeme

trouvais? Sûrd'être aimé de la plus

belle, de la plusvertueufede toutes

les filles;fûr que foncœur, d'intei^

ligenceavecle mien, partageaitma

félicité)je nevoyaisdansfamodefte

réfiftànce,que leseffortsde favertu.

Eh voilace plaifiraprèslequelmon

cœurfoupirai.tfansle connaître >Ur-

fuie efl;la premièrequi me le fait

goûter. Je feraideformaisinfendble

à tous les autres. Aimer un objet

tiftimable en être aimé voila te

bonheurs on trouve le plaifir juf*

ques dans les rigueurs d'une mai*

trèfleadorée.

MadameDes Tiangesefl;rentrée»1

que j'étais encoreaux genouxde h

fççur. Je n'ai point changéde pof-*

ture j'ai renouvelé devant çllç à

l'aimable Urfule les fermensque je-

venais de lui faire de l'adorer tou-

jours j'ai prefle la belle Adelaïde

de parler en ma faveur, & de répon-dre de ma fincérité. –Je le vou-

drais bien, m'a-t-elledit, en me pre-nant les deux mains, pour m'obliger

à la fuivre dans une autre pièce 5&

fi j'en croyais mes preffentimens je

le ferais mais, mon cher DÀÎzan

je tremble pour ma fœur fon ca-

ra&ère eft une douce mélancolie;>

lorfque fon cœur fera touché, elle

aimera trop je fouhaiterais qu'elle

ne connût pas(îtôt encore cette paf-

fion, qui la rendra la plus à plain-dre de toutes les'femmes, fi elle ne.

lui procure pas une félicité com-

plette. Là, mon cher D'Alzan3

fondez-vous bien, avant de lui dire

que vous l'aimez à la fin, elle vous

croirait 5&toute votre vie vous

(fc) r

auriez à vous reprocher de Pavoïf

trompée. Prenez encore quelque

tems afllirez vousbien de vous-

même, & comptez furmon amitié-

On n'a pas voulu que je repli-

quaffe, mon bon ami on a dit qu'onavait affaire nousfommesrevenusau..

près d'Urfule & l'on m'a congédié,1,

en me fefant refîbuvenir que c'était

le jour de t'écrire mais on a ajouté,

qu'on m'attendait ce foir de bonne

heure.

J'obéis, mon cher arme-toi de

patience je vaismettre foustes yeuxun Règlement, non comme celui de

l'abbaye de Thélème(K) maisunpro.

jet fenfé, qui diminuerait les dan-

gers de la Proftitution, & qui com-

penferaitpojjiblepar uneutilité réel-

le les abus qu'on ne pourrait éviter

entièrement.

Voyezl&,note(A).

ú.§ I ILiffiOTENS DE DIMINUER

LES INC ONVÈN IENS D

la P rostitut ion

XÏTIÏITE QUE L' 'ON PEUT

Tirer d'une Maison

PUBLIQUE PISN A DM

tflSTRÉE*

0 K dit qu'à les Filles pu*

Cliques font fous là protedion de

l'Etat Mais fans aller chercher

des exemples chez les étrangers, il

éft certain quele Gouvernementff an-

^ais né regardapas autrefois cet ob-

jet comme trop rvil pourfixerfoiz

attention (L). Nos Monarquesèux-

îriêmesy donnèrentaux Rïbaudes6d

filles publiques des Lettresde faove-

gmteipon pas à h vérité pour

vorifer ces infâmesi mais afinque ls

protection -desioix empêchât qu'on

ne commit -dansleurs maifons une

patrie des horreursïapôrtéesdans les

Noces de fflâdernièreLettre ^*).Les

Mâffiftràts& les <nabkansdes villes

de N-àrbonneyètTçuhufe de. Beau*

xairc^à '-Avignon,de Troie, &c.met*

taient aurangde leursprérogativesïa facultéd'avoir une rut chaude ou

maifcn.pubtiquedeP^ùfliuition dont

ils étaient les Admkiftfàteurs. Un

ïète ïrîfrLiAueu'x poufia Religion >

eft à ce <jueje penfe la feulecaufe

du changement qui eft arrivé à cet

égard parmi nous. Les dévots d'un

génie borné {ont enthoufiaftes ils

fuivent fans difcréjàon, les mouve-

mens de leur bile, &les prennent

(*)Foyti lesnotes(G), (D),(E), (G);

(H) s à h fécondePartie

Voye^ïanote(A).

pôtlr une infpiration divine ils fe

feront fauffement imaginés, qu'en

proscrivant la débauche il n'y au-

rait plus de débauchés. Qu'eft-il ar-

rivé àcAi ? Ils ont détruit le remè-

de, & le mal a fubfifté

Il m'a toujours paru qu'en remet- m

tant les chofes fur l'ancien pied, &

donnant même au nouvel Établiffè-

ment un degré de perfection quien ferait réfulter de l'utilité pour l'É-

tat, on verrait disparaître une foule

de,defordres; on éviterait les hon-

teufes maladiesqui ravagent depuisfi longtemsle genre humain, furtout

en Europe 5 & que le panchant le

plus doux & le plus noble de la na-

ture ferait moins avili.

Amour Amour} queles tems font

changés! autrefois les humains s'é-

levaient des templesj 1 l'encens,les

parfums les plus doux voilaient tes

autels par les tourbillons de leurs

précieufesvapeurs aujourd'hui danss

la fange ignoré ,.méprifé>la Lubri-

ciré brutale a pris ton carquois ton

arc 5 &dans tes flèches elle a brifé

toutes celle? qui n'infpiraient qu'un

tendre attachement. Sur ton trône,

On voit la froide Infenjîbilité quedes infenfésont prifepour la Vertu.

Quelle main, amie de l'humanité,

te retirera de la fange, ô Amour te

rendra ton temple, tes autels, chaf-

fera la fille des Furies démafquera

la fauffe Vertu & fera retentir tout

l'univers de cette vérité confolante s

Mortels le bonheurvousattend fur U

fein devosbellescompagnes c'eJli'A-

mour3l'Amourfeul, qui le donne

Maifixs.

TiUesfubU^usi

actuelles.

PROJET DE RÈGLEMENT

Pour les Filles publiques,

en conféquencede Vétabli ffementde

Parthénions (*) ifous laprotectiondu Gouvernement.

Article premier,

I l ferait à propos de choifir une ou

plufieurs maifons v commodes& fans

trop d'apparence, dans lefqueiles ies

Filles publiques a&uelies de tout

âge, feront obligées de fe rendre,

fous peine de punition corporelle.On févirait par une forte amende,a

contre ceux qui continueraient de

(*) nap-3-lwovconclavevirgintim ou puel~larum. Ce mot paraîtra fans doute mal ap-

pliqué mais ceux qui conviendraient d'a-

vantage, le Iloçvo£o(nit7ovdes Grecs, le Lupa~nar des Latins, le B. des Français au-

raient pu bleiïèr lesoreilles délicates,

"EniitUnutt.

les loger, fansavoiraucun égardàitë

raifons qu'ils prétendraient alléguer

pour fe difculper. Leur délateur,y

quel qu'il fût, ferait recompenféparla moitié de l'amende, qui lui fera

remifeauffitôtaprèsla conviction.

II.

On diftinguerades Ellesperduesy

cellesqui font entretenuesparunfeul

homme on croit néceffairede to-

lérer celles ci, parce qu'autrementce feraitattenter à laliberté descito-

yens mais le moindre fcandale de la

part de cesfilles, ferarigoureufemenc

puni fur les hommes, à l'égard des

femmes, on les feraconduire au Par-

thénion. Les fillesentretenues feront

obligées à plus de décence que les

femmesordinaires,puifqu'ellesferont

enlevéesà la première plainte qu'on

portera contr'elles.

ni.

NomtlUi

.M<M/

Aènînïftmi

uuts*

Ôoayernâïïihh

a

1 Partie. H

IÎL

Dèss que PÉtablifTementpourrafournir à cette dépenfe, on conf

truira desmaifonsqui lui feront pro-

pres, difpoîécs ainfi que le deman-

dent lesArticles x & xiv. On y pla-cera tous les nouveaux fuijets,doncla manière de.vivre,feraréglée com-

me on le verra dans la fuite.

ÏV.=

Il y aura pour régir tout Parthi*-

faon unConjcïl compofé de douze

'Citoyens/remplisdeprobité qui aii-^

ront été honores de PÉchevinagedans la ville de Paris; du Capitou-lat, ou de la qualité de Maire dans

les autres grandes villes ils auront

audeffous'd'eux, pour gouvernerl'in-

térieur de la maifon) des femmes,•dont la jeunefîe à la vérité fé fera

paiTéedansle defordrey mais en qui

Exercice.

Recette

desdeniers.

l'on aura reconnu de la capacité,de la douceur, & qui n'auront au-

cun des défauts incompatibles avec

la placequ'on leur feraoccuper. Ces

femmes recevront chaque jour de

la Supérieure les fommes nécef-

faires à l'entretien des filles & aux

réparations intérieures elles ren-

dront un compte exad de l'emploi.

V.

Chaque Administrateur ferafix

ans en charge de forte qu'aprèsles

fixpremièresannées, on enélira tous

les ans deux nouveaux5 & que dp

mêmechaque année les deux plus

anciens fortiront de charge. Ils ren-

dront compte pardevantle Tribunal

nommé par le Souverain » deuxmois

après.

Pour éviter l'abus que les Admi-

niftrateurs pourraient faîte de leur

ieurs,

H2,

'a Refèrvedes

3, AdminijltA*

ï

e

»-

s

i* Leursprlvh

!i

autorité chaque Gouvernante aura

.une lifte des forcîmesqu'elle aura vu

mettre au Dépôt dans la journée (*)

qu'aucun Administrateur ne pourrademander à voir; & la Supérieuredonnera tous les foirs ces feuillesau

Commis du Greffe du Tribunal de-

vant lequel les comptes doivent fe

rendre >&cfice Commisprévariquaicen fouffrant que quelqu'un vît les

feuilles, il ferait févèrementpuni.

Aucun Adsnimftrateur ne pourra

entrer dans la maifon pendant fa

ïégie » foit comme Adminiftrateur

fpit comme particulierqui demande

une fille fous peine d'être deshono-

ré, &honteufementexpulfédu.Corpsde rAdminiftration..

La taxe à laquelle feraient impo-

(*) Foyei la dernière difpofition de l'ar-

ticle XVI.

les les Adminiftrateurs pour toute

efpèce de tributs, fera rejettée fur

leurs concitoyens durant le tems

qu'ils exerceront leur emploi.

VI.

LES jeunes fillesqui fe préfente-

• ront, lorfque l'Établiflement fera en

pied, devront être reçues fans in-

formationsfur leur famille bien loin

r. delà il fera expreffémentdéfendu

par les adminiftrateurs, aux Gou-

vernantes de s'en inftruire & aux

fillesde le confiermêmeà leurscom-

pagnes mais on fera extrêmement

fcrupuleuxfurl'examende leur fente.

Telle que foit la maladiedont elles

feraient attaquées, ce ne fera pasune

raifon-pour les refufer on les fera

traiter, & guérir 5&fi la maladie

était incurable,elles feront mifesau

rang des Surannées, dont le fort eft

Sujets

k recevoir. ]

Secret,

Jlz.ïïedu

Parthénio%

F/titieh

H 3

•règle par l'article xli on n'en re-

cevra pasaudeflusde vingt-cinq,ans*

VII.

LE Parthéliion fera un azile in-

violable les parens ne pourront en

retirer leur fille malgré elle ils ne

pourront même lui parler, fi elle le

refufe & dans le cas où ilss'intro-

duiraient dans la maifon, fous le pré-texte de la demander comme une

fille on les fera fortir dès qu'elleles aura reconnus.

V1 1 L

LES Gouvernantes ne pourront

infliger aucun châtiment elles n'au-

ront que le droit de faire leur ra-

port elles ne pourront pas même

employer la réprimande trop for-

te elles exhorteront feulement à

mieux faire. Lorfqu'une fille aura

caufé quelque defordre ou con>

mis une faute grâve on la fera venif

dans une falle voifine de celle où

s'aflèmblentles AdminiftrateursquelesGouvernantesauront inftruks au-

paravant, ne devant point du tout

paraître avec elle & l'accufer en

face alors le Confeil de l'Adminif-

tration entrera dans la pièce où l'on

aura laifféla coupable feule on l'en-

tendra dans fes défenfes> & pour

peu qu'elle rende le fait douteux,

on la renverra comme fi elle s'écait

entièrement juftifiée après lui avoir

donné des avis & fait des remon-

trances.Si la fille eft abfolumentfau-

tive, on montrera toujours une

grandedifpofitionà la clémence une

première & une feconde fois, l'on

fe contentera d'annoncer le châti-

ment & l'on ne punira que les fu-

jets abfolument rebelles(*).

{*)\{ fêtait àcraindrequ'une figrande in-

CrimeK

Situationdes

Parthénions.

H4

IX.

Si quelque fille fe rendait coupa-ble d'un grand crime, comme de

détruire le fruit qu'elle porterait dans

fon féin elle fera renferméedurant

une année entiere dans une prifon,& mife au pain & à l'eau. Si un

homme avait confeillé l'avortement,

il fera puni fuivant les toix ordi-

naires.

X.LEs maifonsà conftruire, feront

fituées dans des quartiers peu habi-

tés elles auront une Cour & deux

Jardins i n'y aura fur la Cour, d'au-

tres croiféesque celles des Gouver-

nantes&desenfansdelamaifon,dont

il fera parlé dans l'article xxxviii.

Tout le monde indiftindement en-

dulgence ne dégénérât en abus fi le Règle*meittn'y pourvoyait dans la fuite.

faste/mx.

trera.dans la cour. Il y aura deux

fentinellesà la porte du premier Jar-

din, qui en interdiront l'entrée aux

femmes&aux enfans tous les hom-

mes indifféremment6cde toutes les

conditions feront admisdans ce Jar-

din il s'y trouvera différentesen-

tréesj mafquées par des arbres des

bofquets & des treillages, afinqu'on.

puiffe fe glifler fans être remarqué,»

aux endroits où fe trouveront des

Bureaux femblables à ceux de nçs

Spectacles 5l'ony donnerale prix fixé

par le Tarif, en recevant un Billet.

qui defignerale Corridor, &.le côté

de Corridor dans lequel l'homme

qui l'a reçu pourra choifir; ce quiferamarqué par le n,° du.Corridor3

fuivi des chifres i ou z3 comme oa

le verra article x vu. Les croiféesdes

fillesdonneront fur lesJardins 5mais

elles feront toujours garnies çleHo-

~m~~

~esfzlle~

.t~dnâé~'eeF~

je ~9é~'e~Z~e3'r~r~

.s~ec~r~~

res, fuirle premier jardin, de fortes

qu'elles puiffentvoir fans être vues.

A côté de la porte de ce Jardin il yen aura une autre fort petite, tou- t

jours ouverte & placée de manière

qu'on y parvienne fecrètementj elle

fera gardée en dedanspar une Gou-

vernante, laquelle n'en permettral'a-

bord qu'aux femmes. C'eft par -là

qu'entreront les filles qui voudront

fe rendre au Parthénion on les re-

cevra,à telle heurequ'elles fepréfen-

teront, foit de nuit ou de jour. 'Le

fecond Jardin fera uniquement à

l'ufage des filles & des Gouver-

nantes le public, &même les en-

fans nés dans la maifon &deftinés

à l'ouvrage, n'y pénétreront jamais.

XI,

II fera permis de fe préfenter

Pttfqué juf^u'à la porte du Bureau

Choix

es l'homme.

où l'on feritobligé de fe dérriafquer;

pour fe laiffervoir à la Gouvernante

qui délivre lesBilletsfeulement.L on

pourra de même aller mafqaé jus-

qu'à l'entrée du Corridor que Toa

aura choifi, & l'on fera obligé de

laiffer fon mafqueà la Gouvernante

qui en ouvre la porte, ainfi que le

Billet.

XII.

Aussitôt qu'un homme fera

dans le Corridor defigné par fon Bîl-

iet une Gouvernante le conduira

dans un cabinet obfcurj elle lèvera

une petite coulifle l'homme exami-

nera par cette ouverture toutes les

jeunes fillesdu premierou du fecond

côté du Corridor raflèmbléesdans

la fallecommunequi leur eft propre:t

il fera connaître à la Gouvernante

celle qu'il choifkj et cette femme

après avoir conduit l'homme à la

C'hofx

de lat~.

Cc~~Si~~M~

aux ~e~t~

chambre dé la jeune fille ira cte-

cher celleci.

XIII.

Lorsqu'une fille fera choifie,

& que la Gouvernante l'aura con-

duite à la chambre qu'elle a coutu-

me d'occuper, la fille, avant d'en-

trer, jouira du même privilége que

l'homme qui l'a demandée5 c'eft-à-l'homme qui l'a demandéej c e¡'L~a.

dire, qu'elle l'examinera enouvrant

un petit guichet, qui fera à la portede chaque chambre 5&fielle refufe

d'entrer, il fera obligé de faire un

autre choix fans que la fille fait

tenue de dire la caufe de fa répu-

gnance maiselle ne rentrera pasfur

le champ dans la falle commune,

afin de dérober à fes compagnes)la

connaiflancede fon refus.

Un homme que la vieilleffeou fa

laideurferaient toujoursrefufer, don-

twps-de-gfirde»

nera à la Gouvernante un nombrey

à fon choix, dans celui des fillesde

la falle par exemple, s'il y a cent

filles il donnera un nombre quel-

conque, depuis un jufqu'à cent la

Gouvernante iraenfuitedansla falle>

elle demanderaà chaque fillele nom-

bre qu'elle choifit 5&celle qui ren-

contrera le nombre que l'homme a

donné par écrit, & que la Gouver-

nante feravoirauffitôt, ira le trouver»

X I V.

A côté du Bureau, fera le Corps-

de-garde jnaisqui n'aura pas vue fur

ceux qui prendront des Billets. Son

emploi fera de maintenir le bon

ordre dans les dehors de la maifon;

de fournir de fentinelleslesdifférens

poftes, & de donner main-forte aux

Gouvernantes dans le befoin. Pour

cet effet il y aura dans ce Corps-

Entrer

fans armes, (L)

de-garde une fonnette, dont les cor-

dons répondront à tous les Bureaux*

afin qu'au moindre 'bruit, qui fur-

viendrait, laGouvernantepuiffeaver-

tir les Gardes on fera châtier févè-

rement, & conformément aux an-

ciennes Ordonnances, tous ceux qui

voudraienttroubler la tranquillitéquidoit régner dans la maifbn fansau-

cun égard pour le rangou la dignité,

qui feront regardéscomme nulsdans

ces endroits.

XV, ~~e

ON remettra à la Gouvernantefa

canne, fon épée (L) ou fon maf-

que 5 les Bureaux feront fournis

d'une quantité fuffifante de petites

armoires, dont toutes les cafesauront

un chifre, & l'on donnera aux hom.

mes ce même chifre fur un morceau

d'ivoire, pour reprendre en fortant

ce qu'ils auront laifïe.

Billets.

XVI.

IL y aura différentBillets, fuivam

le degré de jeunefle & de beauté,

Les fillesferont logéesdansdes Cor.

ridors, felon l'ordre fuivant

Le premier Corridor, divifé, aind

que tous les autres, en deux claiTes

fera occupé par les plus âgées cec

âge n'excédera pas trente-fix ans

celles de vingts-cinqà trente occupe-

ront le fecond; au troifième feront

les fillesde vingt à vingt-cinq on

trouvera dans le quatrième lesfilles

de dix-huit à vingt au cinquième,

celles de fei^e à dix-Auti le petit

nombre de filles qui pourraient fe

trouver de quatorzeà fei^e ans, aux-

quelles un tempérament formé de

bonne heure permettrait de recevoir

des hommes, occupera le fixième

Corridor. Les jeunesfilles,audeffous

Tarif,

de cette âge, venuesd'elles-mêmes

ou livrées par leurs parens, & quin'auront pasété déflorées,ferontéle-

vées avec foin aux dépensde la mai-

fon, par des femmes honnêtes, &

ne feront mifesau rang des fujetsdu

Parthénion à l'âge requis que deleur choix. Si elles demandent au

contraire un métier, on le leur en-

feignera, & enfuite on les établira

comme les enfansde la maifon con-

formément à ce que prefçriral'Arti-

cle XXXVIII.

XVII.

Les sfillesdiftinguéespar une plus

grande keautê, occuperont la droite

du Corridor, marquée du chifre 11

la gauche fera defignée par le chi-

fre 2.

Le Tarif desBilletsfera au guichetde chaque Bureau on y lira les dif-

férens prix,

Sa v o ir;

Les Filles choifies entre les Surannées'J

dont il fera parlé dans l'article xxxm, 9

qui feront de quarante à quarante-cinqans,

fix fous ci o liv. 6 f.

Celles de trente<-fioià

quarante, douze fous, ci. o 12

Le premierCorridor

< N.° 2. dix-huit fous, ci. o 18

1K.° 1. une liv. quatre f. ci 1 4

Le fecond Corridor

<N.°2. uneliv. feize fous, ci 1 16

1 N.° 1 deuxliv. huit fous ci 2. 8

Le troijième€ N.° 2. trois livres, ci 3

iN.° 1. trois livres douze, ci 3 12

Le quatrième

5N.02. quatrelivresfeize,ci4

r<S

IN." 1. fix livres, ci 6

Le cinquième

«rN.° 2. douze livres, ci. iî

<N.° 1. vingt-quatre liv. ci 24

Lejixième:

quatre-vingts-feize livres, ci 96 livres.

Ce

~c~retPouf

1~ltf((IUf~

I Partie. 1

4P J

.~rtaa~

1en adéi`PrY

Ce fera-là le revenu de la maifôn«

Les Gouvernantes tiendront tour-à^ '<

tour les Bureaux; chaque particu-lier, en recevant fon Billet, mon-

trera l'argent qu'il donne là boite

où il le placera, fera conftruite &

grillée de manière, qu'on ne pùiflele reprendre la Gouvernante feule

pourra au moyen d'une baguetteattachée à la boite >&;dont un des

bouts pafferadans la loge, le faire

glifler parl'ouverture d'uncofre dont;

les Adminiftrateurs auront la cléf i

& les Gouvernantes écriront fur le

champ la mife fur une feuille, quileur fera envoyée tous les matins parle Commis du Greffe dont il eft

parlé dans l'Article v & qu'ellesrenverront le foir.

XVIII.

Si un particulier, après avoir VU

une fille, témoigne l'aimer, &qu'ilT t1 · T

Z.ogenoentdes

Entretenues,

confente de payer chaque jour le

prix du Billet, cette fille fera dif-

penfée de fe trouver dans la fal!e

commune, & pcrfonne ne pourra la

demander. Dans le cas où la fille

ferait du fixièroeCorridor, l'amant""

en titre, au lieu de la taxe, ne don-

nera par jour que dou^elivres Jîx

livres pour celle qui ferait du cin-

quième jufqu'à ce que fcn âge

aporte une diminution. Tous lesau-

tres Corridors, fuivront la règle gé-

nérale.

LesFilles entretenuesferont logées

dansun corpsde-logis féparé leurs

chambres feront difpoféesde maniè-

re, que la communicationde l'une à

l'autre, & avec le refte de la maifon

ne fe faffeque de l'aveu des Gouver-

nantes introdu&ricesprépofées qui

feules auront les clefs. Les Entreter-

Êntrii

des Amani

titre.

Choix

1

£unc M&hrî$h

ftûêspourront fe voir entreliés >cet

ffllesauront mêmela libertéde;paiïe£avec le refte de leurscompagnesnon*

entretenues tout le temsoù celles-ci

ne feront pas à la fallecommune.

Il y aura une Entrée différente

Courles amansen titre; >lefquelsfe- ê

ront toujours introduits par deux

Gouvernantes.

Chaque homme qui choifira une

imaitrefle,après s'être afluré du con-

fentemenc de là fillej fera conduit

avec elle chez la Grande Gouver-

vernante on écrira devant lui fur un

Livret l'âge de là fille & fon nom

parthênienfeulement, avec leN. ° de

l'apartement qu'elle doit occuper s

l'amant en titre recevraà fur urt

morceau d'ivoire ce même nom,

avec le N.°: leLivret fi «niédel'honl*~vecle N. Q:leLivret c del'hon1--

ttie &;dela Supérieure feraremisâujÊ

Gouvernantes introdu&rices &:dé*

pofé par ellesdansune armoire fous

fon N.° ce Livretnepourra être vu,

même des Adminiftrateurs qu'à la

requifition de l'amant en titre.

Un homme qui manquerade payer

«• &de fe montrer durant huit jours,

perdra fa maitreife.

En cas d'abfence on avertira la

Supérieure, & l'on dépofera entre

fes mains, foit en argent, foit en

affurances la fomme convenable.

XIX.

ges U n fils-de-famille épris d'une

é, paffionviolente pour une fille dont

il aurait été le premier& le feul fa-

vorifé, ne pourral'obtenir pour fem.

me tant qu'il fera fous l'autorité de

fes parens ou d'un tuteur il ne

pourra même faire les fommations

refpedueufesque la Loipemiet après

Défaut

de paiement.

'Abfcnce.<t

j

t

Mariages

prohibés 1

1

oupefmh^

Ij

îa grandemajoritéde trente ans mais

un homme maître de lui feraécou-

te, fi l'on voit que ce mariage ne

lui porte pas trop de préjudices ce

due le Gonfeil de TAdminiitrâtion.

examinera fcïup'ùlëufernerit.Onfera

fort attentif fur tes mœurs &:la ca-

pacité des gens de bafTe-extra&ion

que les Sujets (*) dela rnaifôncon-

fendraient d'éjpoufer.

(*) H'y a une grande différenceentre les

JfiijetsSe les mfans âe la maifon les pre-

miers ont-une tâche inéfaçablêj les féconds

peuvent avoir toute les.qpaHçésSe joutes

les vertus on fait tr.opque la naiffance

la plus infâme ne les exclut pas plus que

la plus iUuftrene lés donne. Ces difficul-

tés ne feront' conféquesnment point pour

les filles néesdans le Parthinïon% §c deftU

nies au mariage, de la manière réglée dans

l'article xxxviir.

desfillesnond(

miïçtenueuJ(

&

'fillesmeetntes

Mjretçme-i.&

fi

Greffa

xx "Y-L&sfilles, à la premièreaparenee

s degcpfïèffe occuperont uneportiori

de la maifondeftinée pourcellesqui

fe troueront encet état: ellesy feront

traitées avec des foins particuliers^

Après l'accouchement de cellesquin'auront point d'amant en titre ,.le^

enfans feront mis en noxirrice mai$

leurs mères prendront toutes lespré*

Cautionsqu'elles |wgerontles plusef-

ficaces pour les reconnaître..«àlear

retour dans là maifon &on, leur

accordera la fatisfadion de tes voif

wnefolsik femainev'

Lorsqu'une fille entretenue fera

dans le cas de l'Article précédent,,fi' le père de l'enfent qu^eîle porte»-veut prendre foi ni à fes ftais, de fâ

îïiaîtrçfle il lui fçrapermis de l;ç'

tr

A

n'

ei

le

ci

fi.

Xi-

a<

u

[r'ZZ^

14s

faire il choifira pour lors telle pef-

fonne qu'il voudra pour l'accouche-

ment, ou prendra celles qui font au

fervice de la maifo-n il pourra faire

emporter l'enfant, ou le faire nour-

rir par la mère» le faire élever fe*

çreccement, ou fous le nom de fou

fils ou de fa fille 5 &dans aucun cas,

îl neferaobligédinftruire qui que«ce

fok de fonfort. Il lui feralibrede l'inf-

tituer héritier de fa fortune, dans le

cas ou cet homme mourrait fans en-

fans légitimes ou ferait d'un état à

ne pouvoir contracter mariage il

pourrait auili le laifleraux foins de

la maifon, pour y être élevé, &lui

imprimer une marque en lieu qui

ne foit point aparent ,&qui ne puifleincommoder l'enfant on fera men-

tion de cette marque, ou de toute

autre précaution prife par le père

fur le badftairty & la maifon s'obli-

"8

Salles

<t$mmunèï,

'Kwvdesfilles.

géra de rendre cet enfant à fon pèreà la,premièrerequin*tion fansaucuns

frais.

XXII.

Toutes les filles d'un Corridor

feront raflembléesdans deux faites,

marquées fur la porte des n.os i ou

z huit he urespar jour favoir, de-

puis oh^e heures du matin jufqu'àune heure aprèsmidi depuis quatreheures jufqu'à fept; depuishuit heu*

res &demie jufqu'à onqe6' demie9

qui fera l'heure du fouper. Elles yferont affifes, tranquilles, occupéesde la levure, ou du travailla leur

choix chaqueplaceferamarquéeparune fleurdifférente, qui donnera fon

nom à la fille qui l'occupera ainfi,

celles dont les places feront défi-»

gnées par une rofe une amaranthe1,

.du muguet des narciffes &c. fe

pommeranî Rofe Amaranthe>Mu*

lExercksi

F'E~7.S"

guette Narciffe. Chaque fille aura.

toujours la même place. Dans les

intervalles de ces heures & des

autres exercices &. tout le tems

qui précéderaneuf heuresdu matin3

ellespourront aller prendrel'air dans

le fécond jardin. On excepte de cette

règle comme de toutes les autres

qui ne font que de dlfcipllne celles

qui auraient.un amant en titre, au-

quel-elles pourrontdonner tout leur

tems aux conditions des Articles

xvm & xxiv.

XXIII.

Ïl y aura des heures régléespourr

-la toilette & pour les repas on fe

levera à neuf heures au plus tard le

déjeûner fuivra immédiatement on

pourra s'occuperde la parure jufqu'à

W7xe ou fi la toilette eft plus tôt

achevéejdifpoferde ce refte^e tems

Vuits.

Encouragemens,

à fa fantaifie, comme à fe vlfiter les

unes les autres à fe promener &c.

On dînera à une heure depuisdeux

heures jufqu'à quatre la mufique

& la danfej à /é/?r heures, une col-

lation une leçond'inftrumensjufqo'à

huit heures & demie.Toutes lesfilles

feront au lit à une heure après mi-

nuit, fans que rien puifle difpenfer

de cette rè°4e. Les autres heuresde

la journée s'emploieront comme le

prefcrit le précédent Article.

Les nuits feront miCesau double

de la taxe, dans les cinq premiers

Corridors: il n'y enaurapoint dans le

fixième, fi ce tt'eft pourles amans

en titre.

On n'infligera aucunepeineàcelles

qui fe feront tenues dans leurs cham-

bres à l'heure des lecons, & ellesne

feront pas mêmereprifes, fi leurs ab»

fences font rares. Dans le cas con-

traire, lesGouvernantes,leur rémora

treront avec douceur le tort quellesTe font fi cela. était inutile, elles

avertirâient le Confeil d'Adminif-

tration. Les punitions que pourrontalors faire fubir les AdminifhrateurSj

feront remifesà leurprudence,<kcon-

formes à l'efprit de douceur recom-

mandé par l'Article vin mais on

fent bien que dansun Établifïèment

d'où,les châtimens font presqueban-'

nis, il faut les remplacer par un au-tre reflbrt ce feront lesdiftin&ionsa

& des recohipenfes flateufes quilie coûteront rien à la maifon pourcelles qui ferônt des progrès plus

marques dans les arts qu'on leur en-

feignera 5c'eilà quoi tendra effica-

cement la difpofition de l'Article

xt. Le plus fûr moyen d'empê-cher que les filles ne foient réfrac-

j~Mt~M

Prfattegetdes Amant

ts titre.

taires 4 celles du préfent Article, ce

fera de leur faire un amusement de

tous leursExercices, plus tôt qu'une

occupation férieufe &Ton réuflîra

d'autant mieux,qu'il eft peu de fem-

mes infenfiblesau plaiGrde fe don-

ner une grâce de plus, ou de déve-

loper d'avantage celles qu elles ont

déjà.XXIV`.XXIV.

UN amant qui voudra donner un

maître particulier à celle qu'il aime,

ou qui lui mêmepourrait enfeigner,

à fa maîtrefie la mufique;>la dan-

fe, » &c.l'exempterapour toujours de

paraître aux leçons çfela niaifon. Il

pourra demêmeladifpenferd'aller au

Réfcdoire commun de chaque Cor-

ridor, en fourniflantà la dépenfe de

fa table; 5&dans cecas, manger avec

elle,^& y paffer tout le tems qu'il

jugeraa propos^ comme auifi?de h

Emfhi

du tempsa Ix

falle communs*

Comhlmune

1 fille peut être

x demandé*.

faire refter dans fa chambre durant

fa grofîèflè fansautresconditionsquece qui eft prefcrit par l'Articlexviii

& par celui-ci.

XXV.

Aux heures que lesfillespâfferontdans la falle commune, on leur don- à

nera des livres inftru&ifsÔCamufans,

on fourniraàcellesqui voudronts'oc-

cuper à l'ouvrage, tout ce qui leur

fera nécefîàire mais il n'y aura ni

dés, ni cartes, ni aucuneautre efpècede jeu dans la falle commune.

XXVI.

L A même fille ne pourra jamaisêtre choifie par différenshommesen J

un même jour mais fi le même

homme la redemandait, on permet-

tra à la fille de l'aller trouver. On

n'admettraavant neuf heuresdu ma-

tin, que les hommes déja connus

Surannée, c

1

Combienune

& entretenue, j 1

Infidélité.

te On exceptera du précédent arti*

cle, les fillesdes trois premièresClaf-*

fes, qui n'étant prefque plus dans le

cas d'avoir d'enfans, paraîtront cha-

que jour autant de fois qu'elles le

jugeront à propos l'âge, l'expérien-

ce, & le feu des paffions qui eft

amorti chez elles, fefant préiumer

qu'elles iVenabuferont point.

h. Si une fille aimée* d'un hommet

1C*feignaitde répondre à fa-tendreffej

pour l'engager à l'époufer, ou feule-

ment lui perfuader qu'il l4arendue

ïnère, & qu'elle le trompât, en en

recevant un autre comme elle ne

pourrait le faire qu'au fu de deux

Gouvernantes au moins, celles qui

des filles & qui les deiignerônt,

par leur nom.

t

j

J

c

fie

i

1

XXVIL

XXVIII.

de rnûtt»

'p"bïa ëTaille i'

& autres »r-

rangemens. CM)

Sauraient favorifées feront punies

grièvement*, & la fille, féparéede la «

compagnie des autres, condamnée

à un travail rude & continuel pourle refte de fes jours celui qu'elleaura voulu tromper, pourra feut la

retirer de ce trifte étac

XXIX.

L a table feraferviefansprofufionmais avec une forte de délicatefle

les habits feront de bon goût (M),& chaque fille fe mettra de la ma-

nière qui lui plaira & qui lui fiera

davantage.Un amantqui voudradon-

ner à fa maîtrefle des habits de ton.

choix & àCcsdépens, le pourra faire& les autres préfens qu'il jugera à

proposji lefquels apartiendront en

propre à la fille, fans que le Par-

thénionpuifle prétendre autre chofe

que le prix ordinaire, qui fera tou>¡.

Soins.

i

lili

~J~<

purs donne d'avance niaisen cas

de mort de la fille fans enfant la

maifon s'emparerait de tout ce quilui aurait apartenu.

Les Gouvernantesauront pour les

fillesdes égards, des attentions, des

complaifances, & ne les bifferont

prefque jamaisapercevoirde l'auto-

rité qu'elles ont fur elles. Les lits,g

le linge, & tout ce qui fera à leur

ufage fera bien choifi, propre bien

fait & commode. Les Gouvernantes

diflribueront &reprendront le lingetous les deux jours. On aura foin

que chaque fille, aidéed'une des Vi-

Jîteufes dont il fera parlé dans l'Ar-

ticle xxxiv, faffe fon lit dès qu'ellefera levée.

Ce que renfermecet Article, fera.

obfervé pour toutes les clafles des

filles indifféremment& fans excep-tion.

XXX.

î)fyenfi

I Partie. K

Il n'y aura point d'uniformité t

dans les habitaj chacune des filles des

ïèra mife comme le prefcrit le pré-cédent Article mais, pour éviter les

dépenfestrop confidérables on fixe-

ra la fommeque chaquefilleemploie-ra à fon habillement elle fera libre

d'en difpofera favllottté foitqu'elle.-veuille s'enfaire faire un feul habit

qui foit plusmagnifique,oupiufieitrs,

qui feront moindres. Cependant les

Gouvernantes afin que les filles

foient toujours de la plus grande

propreté veillerontà cequ'ellesaient

un nombre de deshabillés fuffifant.

A mefure que les filles quitterontleurs habits ils feront employés àvêtir celles.des enfans nés dans la

maifonqui font defjtinéesfoit au ma-

riage, foit à là condition de leurs

mères foit à devenir ouvrières, }&

des Habifs,

XXX.

Bains.

ces habits feront refaitsà leurufageîJ

obfervantde donner les plusmagni-

fiques à celles des deux premières

ciaflès.

XXXI.

I Ly aura des bains tièdés &froids

dans la rnaifon, &.chaque fille les

prendra de deux jours l'ùn durant

toute l'année favoir en été les

tièdes êc les froids eh hiver, lestiè-

des feulement les ouvrièresmêmes

y feront fujettes unefois par femaine

en hiver & plus .fouvent durant

l.'été (~'). <

(*) 11ferait à fouKâiter'quçcet ufage p^t

ie pratiquer dans les hôpitaux,fur-tout da^s

ceux qui font faitt pourlesenfans commb

la Pitié9 là CorrectionàcBicétre lesEnfans

Bleus ;Rouges &C.le baindans ces iftai-

fons? pfé^kndraÎJtles,rnaladies,de ,la peau

qui y font fi communes;. Se qui fi ellesne

FmJi

Ki

XXXII»

ÏL fera'défendu à toutes les filles

d'avoir jamais aucunes odeurs5 de

mettre dit blanc oudu rouge de Ce

fervir de pommadespour adoucir la

peau, étant reconnu que tout cela

ne donne qu'un éclat factice, &dé-

truit labeauté naturelle. On excepte

toujours de cette règle, celles qui

Fontpas périr les enfaiis, les tourmentent,,

Retardentou empêchent leur accroiffernent>

apauvriflènt leur tempérament, &t. QitanE

eu Parthéniôii ieisbainstiè^desfont abfolii*

nient néeelTairesà des filles qui prehclroftÉ

peu d'exercicej il leuren tiendra lieu eh fa^

Vorifanten elles une tranfpiration convena*

bis il maintiendra dans une grande pro?

jpreté les filles &les ouvrières fon ufagè

Fréquentdiminuera l'odeur defagféablequi

fe fait fentir dans tous les endroits où plu*

fîeurs perfonnesfont obligées d'être conEi*

JauelleinentëtiFemble»-i~

SmAtmées,

i

auront un amant, dont ellesdoivent

avoir la liberté de fuivre lé: goût

mais ellesne feront pasdifpenféesde

la loi du bain & la Gouvernante

s'affureraqu'au moins elles le pren-

nent chez elles.

XXXIII.

St Les fommesque chaque jour les

fillesprocureront au Parthénion les

dépenfes journalières & nécefîaires

prélevées feront mifes en réferve,

pour former le fond des dots des

filles nées dans la. maifon ou qu'on

y aura reçues trop jeunes & pourl'entretien des Surannées des édifi-

ces &o On choifira parmi lesSujets

parvenus à l'âge de trente-Jîx ans &

.audelà, un certain nombre de filles

qui auront encore quelque beauté,

pour en former les deux premières

claies qui ne feront qu'à Jîx &à

*Xn ClafTedelanote(A).

K'î

rdùu%efous afin que tous les ordres

de l'État trouvent au Panhènion des

fillesa un taux proportionnéà leurs

moyens j&ne s'adreffentjamaisà ces

irialheureufés qui n'ayant point de

retraite fixe peuvent braver lesd~

Loix, &violer impunément les rè-

gles d'une police exacte maispour

que les filles Surannées fe portentavec moins de répugnanceàrecevoir

ceuxqui font affisau dernierdegré,on

obfervera trois chofes la première,dé faire prendre le bain tiède en

entrant,. à ces hommes dans un en-

droit où ils feront commodément >

la féconde qu'ils ne reftent avec

la fille qu'une demi-heure; la troi-

fième, que ceux qui fe préfenteront

pris de vin foient gardés dans la

maifon jufqu'à ce que leur ivrefle

foit diffipée alors on leur accordera.

ce qu'ils demanderont, foit une -fUle».

.1

Fiftetf/es.

foit leur fortie & dans ce dernîefr

casmême on nerendrapoint le prix

du Billet.

XXXIV.MALADIES VÉNÉRIENNES.

O n aura la plus grande attention

à préferver les filles de l'horrible

maladie qui rend cet Établiffément

fi defirâble on choifirâ parmi les

filles dans qui l'âge & le goût des

plaifirs difparaiflènt celtes qui au-

ront toujours le mieux rempli leurs

devoirs, &qui feront les plus intel-

ligentes, pour vifiter leshommestjal

fe préfenteront. Elles ne leur per-

mettront l'entrée du Corridor que

defigneraleurBillet qu'aprèsqu'elles

feferont afluréesqu'ils jouiflentd*une

fanté parfaite. Elles vifitéront de

même chaque jour les filles, à leur

leverj ce fera là coWîe lé noviciat

des Gouvernantes celles qui fe fe»

Grande Gou-

vernante ou

Supérieure.

K4

font acquittées de cet emploi à la

fàtisfa&iondu Collège des Gouver-

nantes feront élues par elles, à me-

fure qu'il fe trouvera,des places qui

vaqueront. y

XXXV.

Chaque année i'Adminiftration <

nommeraune Grande-Gouvernante

& ce fera toujours celle des Gouver-S

nantes qui fe fera diflinguéepar plusd'attention &deprudence.Ellen'aura

d'autre fon&ion que de veiller à ce

que chacune des Gouvernantes foit

exa&eà fon pofle elle recevral'ar-

gent pour la dépenfe 5 ferapréfenteà l'ouverture des Coffretsde Recette,

à, la remife des Feuilles par chaque

Gouvernante Receiveufe mais le

plus important de fes devoirs fera

d'avoir continuellement l'œil fur la

manière dont les Vifiteufess'acquit-

teront de leur emploi, 6cau foin que

Amende.

Traitementé$Filin*

(

t

1

ii

<

j1

J

l'onprendradesfillesqui ferontgrotr

fes, oudansle cas de l'Art.xxxvii.

XXXVI.

Lpshommes qui feront atteints

du mal dont il eft parlé dansl'Ar-

ticle xxxiv, & qui auront eu l'im-

prudencedefepréfenter,ferontobli-

gés de payer une amende & dans

le cas où le coupablemanquerait

d'argent on l'obligeraà en donnbr

l'équivalenten bijouxoueffets,qu'il1

viendrareprendreenaportantla fom-

me fi le mal était pourtantencore

affez peu déclaré pour quloneût

lieude préfumerque le maladeeft

dansla bonnetoi, l'amendeferalé-

gère comme,parexemple du dou-

ble de li taxe du Billet.

XXXVII.

nt Si, malgrétoutescesprécautions3

une fille fe trouvait incommodée.

on ta féqueftrera dès les premières

indices, & elle ne fortira de l'Infir-

merie qu'après une guérifbnentière

& parfaite les filles étant vifkées

chaque jour exa&ement, par celles

qui feront le noviciat du Gouver-

nement, rien ne fera plus aifé quede connaître leur état, on les exa-

minera de même lorfqu'elles forti-

ront du bain. A la plus légère indif-

pofitionqu'elleséprouveront onfera

attentif à en.démêler le genre mais

l'on n'adminiftrera aucun remède.,

que de l'avis du Chirurgien habile

que l'on aura attaché à la maifon.

Ce Praticienexpérimenténe s'acquit-tera pas de fon devoir à la hâte

comme ceux desHôpitaux; fes pei-nes feront recompenféespar desho-

norairesconvenables, ôcpar desdif-

tinctionsdignes d'un homme utile à

l'État. L'entrée de toute autre partie

~t~RSl3NS..r

de la maifon que l'Infirmerie hors

les casd'une néceffité urgente & im-

prévue, lui fera interdite de la même

manière qu'aux Adminiftrateurs.

XXXVIII.

SORT DES ENFANS

NÉS DANS LA MAISON.

l Pour que l'État tire de l'Établif-

fement des Parthénions l'utilité an-

noncée on obferverai.nc d'empê-

cher les fillesautant qu.il fera poffi-

ble, de prendre desprécautionscon-

tre lagroffefie 2.ncOn favoriferala

populationde la maifonde toutes ma-

nières furtout en maintenant l'hon-

nêteté, &, fofe le dire, la pudeur

même, au foin de l'incontinence Se

de l'impudicité: 3.ntL'on prendra un

foin infini des enfans, depuis le mo-

ment de 4eur naïfTance, jufqu'àl'â-

ge, où. l'on en déchargera la mai-

fon 4." Tous ceux qui ne feront

pas reconnus par leurs pères feront

réputés enfans de l'État 6ccomme

tels, deftinésà le fervin c'eft-à-dire,

ceux qui feront d'une conftitution

propre à le faire 5. On fera un

premier choix à huit ans, de tous les

garfons on deftineraceux qui feront

bienfaits à formerun Corpsde trou-

pes qu'on exercera dès l'enfance, cC

qui, joints aux Enfans-trouvés ré-

pandus dans tous les Hôpitaux du

Royaume, pourraient remplacer les

Milicesdes payfans: 6.nt On apren-dra à ces jeunes Soldats, à lire, à

écrire YArithmétique la Géomé-écrire, fI t metlqlIe, la Géomé-

trie, les Fortifications, &le fervice

de l'Artillerie il y aura, à la tête

de leur éducation, des Maîtres, pris

dans les Académies Royales ces

Corps refpe&ablesont toujours des

Membres, zéléspour le bien public,

qui fe confacreront volontiers à ce

travail, fans autre motif que l'hon-

neur dont ils fe couvriront. 7." Les

Parthéniens ferviront/u: ans, (depuis

feiçe jusqu'à vingt -deux) dans le

Corps des Milices à ying-deux anson fera un fécond choix de tous les

fujetsméritans qui formerontun Ré-

giment desGrenadiersroyaux,lequel,

par la fuite, ne ferait compofé que

àe Parthéniens: ils y referont jufqu'à

vingt-huit ans on fera pour lorsune

troifième promotion de ceux qui fe

feront diftingués par leurs mœurs

leur intelligence & leur bravou*

ïc> & l'on en formerait un Corps,

nommé la Compagniede mérite(*):.

(*) II eft dans la nature, que l'homme

qui ne tient à rien comme le bâtard foit

plus propre qu'un autre à fervirl'État qu'il

foit fur-tout plus dévouéàfon maître cas

II- J I

après avoir encore éprouvé leur car

pacité par fix nouvelles années de

fervice les fujets qu'on tirera de

cette Compagnie, feroient diftribués

danstous lesRégimens, pour y don-

ner des leçons de l'Art Militaire

aux Soldats lesplus beaux hommes

d'entr'euxpourraientavoir une defti-

nation beaucoup plus noble encore,& remplacer auprès de la Perfonne

Sacrée du Monarque, lesGardes É-

trangères >ceuxqui feraientparvenus

jufques-là, auraient la faculté de fe

marier après en avoir obtenu làper-îïiiflïon de leur Commandant 8.ntz

il réunira pour lui ce que les autres hom-

mes partagent entreleurs pères, leur famille

& l'État. Il n'yaura donc aucunpofte dont

cesbravesgensne foient dignes aucuneen-

treprife qu'on ne puifTeleur cpnner; leur fi-

délité fera inébranlable? &Cleur courageau»

âeflùsde tout.

Comme ce ne ferait que le très^ë*

tit-nombre, qui obtiendrait çe pofte

honorable la qualité de Maître en

l'Art mi.litaire & même t'entrée

dans la Compagnie de mérite les

autres Grenadiers Royaux devenus

vétérans, ferontrecompenfésfuivant

leur capacité> en quittant le Régi-

ment, ils pourraient fe marier, &

on leur diftribuerait pour vivre &

élever leur famille, les différenspok

tes du Royaumequinedoivent s'exer-

cer que par d'anciensSoldats3 onen

compoferak les Gardes pour la fu?

reté de la ville de Paris, les Mare?

chauffées, &c.. Ceux que leur peu

.d'intelligence, ou quelque faute au*

rait retenus dans le Corps des Mili-

ces, 9yrefteront tant qu'ils feronten

état de fervir ou s'ils le deman-

dent, ils pourraient être incorporés

dans différens Corps, & dans les

Régimens des provinces.

FILLES,

a- -1

Quant aux garfons qui feront va-

létudinaires, malfaits ou de trop

petite ftature on leur donnera des

métiers proportionnés à leurs for-

cesj doux& facilesà ceux de la pre-mière &de la feconde efpècej ils

deviendront les Tailleurs, les Cor-

donniers, les Tifîerans en foies &

en toiles pour l'ufage du Parthénwnf

qui vendraà fonprofit ce qu'ilsfour^-

niront au-delà les plus roBùftesfe-

ront misauxouvragesde force, com-1-

me le jardinage& autres travauxné-

ceifaires dans l'intérieur: î mais on

laifferait prendre FeiTorà ceux quiauraient dugénie j l'on favoriferait

leurs dïfpofîtions & leur progrès ré-

gleraient leur fort.

-On ferait pareillement un choix

desfilles à l'âge de dix ans î .ntOn

mettrait à part toutes celles qui ïé~

raient mal conftituées ou laides; >on

leur enfeignerait des métiers leurs

ouvragesferaientpour la maifon, qui

les entretiendrait de tout ce qui leur

ferait nécefîaire.Cellesqui n'auraient

d'autres défauts que la laideur mais

qui feraient d'un tempérament fain,

deviendraient les ouvrièresen robes

&enmodesqu'emploieraientlesfilles:

elles aprendraient à coîfer &: tout

ce qui eft nécefîaireà la parure on

aurait loin qu'elles fufîent inftruites I

par les MaîtreiTesles plus habiles; I

& que la manière la plus féyante, I

le meilleur goût & la nouveauté fe I

réunifient dans leurs ouvrages. Au- I

cuns étrangers, tant hommes que I

femmes, ne feront employésau fer-

vice du Parthénion, dès qu'une fois

il aura des enfans en état.

i.MLes jeunes filles nées dans la

maifon qui auront de la figure fe-

ront r

1 Partie. L

ïqûz d'abord in (limitesavec foin ôl\

leur enfeigneradifférensarts,telsqiMfe dejjm la peinturé la i/a/z/è 3là

mujtque), les modes> & fùrtout le

grand art de la parure on attendra

qu'elles fe décident d'elles-mêmes

fur le choix d'un état on ne lesex-

citera point à prendre celai de leurs

mères, au contraire 11éducationfaon*

ïiête qu'on leur procurera, ferapro-

pre a léûf en ihfpirer dé réloignë«ment. Loriqu'elles feront détermi-

nées à vivre dans le monde, on letlî

donnera les métiers qu'ellesindiqué*ront on les deftinera au mariagejp

avec une dot de mille écus obfer-

vant de ne les accorderqu'à desgens

rangés qui aient un établiffementj& un bien égal à là dot de la Mej$ou un talent fupérieurpour leur pra«feffion. Les garfons enfans de là

toaifon, qui pourront fe marier, fës

Vêtemem,

ront préférés à tous autres, à moins

que la jeune fille n'eût fait un choix

avant qu'ils fe préfentafîènt, ou quele concurrent ne f it à fa maîtrefle

un avantage trop confidérable pourne pasêtre préféré

Un habit particulier ne diftinguera

point les enfans de la maifon ou

ceux qui pourraient, en quelque ma-

nière que ce foit, être employés à

fon fervice.

(*) On poutrait encorechoifîr dans les

Partkéniens des deux fexes, les fujets qui

feraient de la figurela plus agréable & qui

montreraient d'heureufesdifpofitions, pour

les deftiner au Théâtre l'Adminiftration

prendrait, pour conferverla pureté de leurs

moeurs, les précautionsquel'on verra dans

un Projet qu'une jeune perfonnefe propofe

de donner dans peu, & qui feracomme la

fuite de celui-ci.

•Autoritédu

Confeilfur Us

Enfrns de lu

Maifon.

L

XXXIX.

LE Confeil d'Adminiftration au-

fait autorité fur tous les Sujetsfortis Ce

de la maifon à l'exception des Sol- £

dats, pendant qu'ils feraient au fer-

vice. Il veillerait à ce que les maris

ne diffipaflèntpoint, & il ferait no-

tifié à tous lesCréanciers que la dot

des Parthéniennes eft inaliénable.

Si l'époufe manquait à fon devoir

le Confeil aviferairà y mettre ordre,

par tous les moyens qu'il jugeraic

convenables, même en traduifant le

fédu&eur devant lesTribunaux, qui

le feraient punircorporellement fui-

vant l'exigeance des cas, la gravité& lescirconstancesdu délit. Le mari

d'une conduite tout-à-fait defordon-

née, fera interdits l'Adminiitration

veillera fur les affairesde la fille du

Parthênion fi elle n'eft pas en état

'de lesgouverner elle-même réponsferait puni févèrement, s'il avait ufé

de mauvaistraitemens, qu'il eût mé-

prifé fa compagne ou qu'il l'eût

obligée à fouffrir des indignités de

la part d'une rivale, &c.

XL

5 Les places de Gouvernante, fe-

;S,ront propoféescomme la recompenfe

d'une conduite raifonnablej &ce fera

là l'expe&ativede celles qui n'ayant

jamais encouru de châtimens ou de

punitionsquelconques fe trouveront

avoir leslumières & les talensnécef-

faires.On préférera,pourcet emploi>

toutes chofesd'ailleurségales,les files

'S.entretenues. Elles auront le droit de

fortir les jours où les emplois in-

térieurs le leur permettront, pour les

affairesde la maifon, ou pour telle

autre caufe, en avertifTantla Supé-

Choix âej

Gouvernantes,

Sort

desSurannés*.

1%

rieure outre la confidération dont

jouiront les Gouvernantes, il y aura

un prixflatteurattaché àcette place-,c'eft qu'elles pourront marier à

leur goût, leurs ehfans non recon-

nus par le père leur donner un

nom de famille &lorfqu'ellesn'au-

ront point d'enfans, il leur feralibre

d'adopter celui & celle de ceux de

la maifon qui leur plairont, de les

unir, de tefter en leur faveur, en

leur donnant de même un nom de

famille, &tout leur pécule. Ces mê-

mes droits, pourles enfansdes filles,

feront réfervés à l'Adminiftration..

XLI.

LES Surannées qui ne pourrontt

être employéesà ce qui eft prefcrit

par l'Article xxxin &par le pré-

cédent, jouiront le reftede leursjours

d'une vie tranquille, dans une por-tionde la.maifondeftïnée pour ellesa

T

on les engagera à s'occuper en re-

compenfant cellesqui le feront mais

on ne les y contraindra pas.

Siquelques-unesd'entr'ellesavaient

affez bien profité des exercices des

filles, pour fe trouver en état d'en-

feigner la danfe, la mufique & à

jouer de queiqu'injirument on les

emploiera dans la maifon. Ces Mai-

treffes jouiront d'une confidération

proportionnée à leur mérites elles

feront a la table des Gouvernantes,

& auront comme elles le privilègede fortir à certaines heures.

X L 11.

Les filles une foisentrées,nefor*

tiront jamais î-à moins qu'elles ne

foientdanslecasdesArticlesxix xl I

xli &xliv, ouqu'ellesne devinrent

eshéritières celles-ci pourront aller

régirleurbien, fiellesn'aimentmieux

Ma'ttrejfesdes Exercices, i

1

Clôture,

Filles devenues

héritières.

Filles

qui voudraient

changerdevie.

L4

jouir de leurs revenus, en reftane

dans la maifon. Le Parthénion ne

pourra recevoir aucune donation de

biens de ces filles, ou de telles au-

tres perfonnes que ce foit. Leshéri-

tières qui feront forcies, demeure-

ront toujours fous l'autorité du Con-

feil d'Adminiftration qui veillera

fur elles, & les ferait rentrer au

Parthénion, Ci leur conduite deve-

nait fcandaleufe & déréglée.

XL 1 1 1.

UNE jeunefille, a laquelle, après

fon entrée dans la maifon l'honnê-? q

teté des exercices élèverait l'âme} Cl

& qui formerait le deffein de vivre

deformais en fille d'honneur fera

encouragée par le Confeil danscette

bonne réfutation. L'Adminiftration

lui fervirade parens, ou la reconci-

liera avec les fiens après que par

Patthénion

pMdfermé,c

1

Communauté<pnmîamles

i-V.nlîçiyons,.1. .Çp~9~S~

répreuve de la fincérité de fa réfo-*

lution, on fe feraconvaincu, qu'on

peut lui permettre de les nommer:

en un mot on lui rendra tous les

bons officesque la raifon &l'huma-»

niçé prefçrironr,

X L I V,

Le Parthénion fera clos les prin-<

cipales fêtes de l'année ces jours*

là il y aura toujours fpe&acle aux

Théâtres de la Capitale 6c fon y

conduira une partie des filles les

voituresqui les mèneront feront e^a-

dément fermées & leslogesqu'elles

occuperont garnies d'une gaze

quel'on tendra avant qu'elles y

paraiflent,

XLV.

rf VAdminiftrationdu revenudetous

les Parthérdons du Royaume fera

k çoqimune entrç Içs maifons. Oa

fi"

C

1

{

C

4

1

pourra fairepaflerdesSujetsdesunes

dans les autres, fuivant que la pru-dence des Adminiftrateursle croira

riécefiaire &c.mais PAdminiftration

de Paris aura l'infpe&ion générale11

&pourra,où lecasy échéerait exiger

qu'on lui envoye les Sujetsdesmai-

fons des autres villes à l'exceptionnéanmoinsdesfillesentretenues,dont

parlent les Articles xvm xxiv Se

xxix qui ne changeront jamais

que dansle casoù leursamansiraient

habiter une ville qui aurait un Par-

ihênion auquel cas $ elles de-

vraient les fuivre.

Telles feraient, à-peu-près,mon.

cher Des Tianges, les Règles d'un

Établiflement que les ravages phyfî-

ques & moraux de la Proftitution

rendraient néçefiàirej qui ferait fans

doute honneur à la fagefle à ïïy*»

manité qui en ordonneraient l'exé-

cution &dont on recueilleraitbien»

tôt desfruits plus grands plus pré-

cieux, qu'on ne l'imagine d'abord»

Tu le fais il n'eft rien de vil pourlesDieux & les Rois; dèsqu'un ob.

jet a de l'utilité un de leurs regards

l'anoblit. Les foins les plus abjets ne

font pas les moins importons c'eft

avec le fumier Sdafangequ'onfécon-

denosjardins&nosguérets voiscette

belle tubereufe,cette renoncule,cette

tulipe rare, ce n'eft pas Flore e'eft

un peu de terreau, qui leur donne

leurs riches couleurs & tous ces tré-

fors que nous admirons.

Bon foir; mon amice Règlementm'a fi fort occupé, que je crainsbien

d'avoir pafle l'heure où j'aurais pume rendre auprès d'Urfuie & de ton

1 1

époufe. Maisnon; il n'eft pasen-

core fept heures & l'on ne m'attend

guères avant huit. Ne m'épargne

pas les obje&ionsfur ce que je t'en-

voie tu m'obligeras beaucoup de

m'en faire quelqu'une que je n'aye

pas prévue.

Aime-moi cherDesTianges, }auffi

tendrement que tu le feras toujours

de ton étourdi mais confiant

D'A l 2 AH.

Septième Lettre.

de Des S Tianges,

à D'A L z lv.

Poitiers, i juin 176,–r

Réponfe,

*TT~JîLJJansquinze jours je t'embraf-

ferai, mon aimable ami je jouirai

de la préfence de ma chère Adélaï-

de, de la tienne je verrai ton bon..

heur, & celui d'Urfules vous êtes

tous deux ce qu'au monde j'aime le

mieux, après Adélaïde. Quel bon-

heur, mon ami, d'être l'époux d'une.

femme pour quî l'on relent l'amour

le plus tendre, & que l'on eftime

encore plus qu'on ne l'aime Voila

mes fentimens pour madame Des

Tianges. Elle eft encore pour moi>

teite charmante époufe (ôc elle le

fera toujours) ce qu'Urfule eft au-

jourd'hui pour le paffionnéD'Alzan.

Oui, mon ami, ton amour pour la

fœur de ma femme remplit ma

plus chère attente: j'efpère que tu

feras la félicité de cette fille fi dou-

ce, fi méritante, fi belle elle fera

la tienne, fois en fur, fi l'honnête-

té, une âme fenfible de flatteufes

prévenances,un enjoûment aimable,

en un mot toutes les qualitésfolides

que l'on peut defirerdans une com-

pagne ont quelque pouvoir fur le

cœur d'un honnête homme je la

connaisdepuislongtems ,&jet'en ré-

pons.Je ne formepoint dedoutes in-

jurieux fur ta confiance tafincérité

ton changement de conduite? en te

donnant à ma femme pour fociété-

unique, lors de mon départ, c'était

j'efpère te prouver mon eftime &

ma confiance mieux que par de vai-

nes paroles. D'Alzan eft déja ver-

tueux puifqu'il foilhaite de le de-

venir. Mon ami dans quelle douce

intimité nous allons vivre! voila ce

que j'avais toujours fouhaité. Car,

pourquoi te le cacher? Mon'cher,

des que j'eus époufé mademoifelle

de Rojelle je te deftinai fa fceur*

L'amour & l'amitié ont fecondé mes

vues plus tôt que je n'eufleofé m'en

flater. Vous vous aimez vous vous

êtes aimés dès la premièrevue J'ac-

cepte ô ciel un auffifavorableau-

gure, qui juftinel'impatienceque j'é-

prouve d'être aumoment,oùdansmon

meilleur ami,j'embrafferaimon frère.

Je ferais de vains efforts pour

t'exprimer toute k fatisfa&iôn quem'ont donnée tes fentimens la cer-

titude de voir bientôt madame Dess_

Tianges,•&l'heureux fu^cèsdesfoins

que je devais à mes pupilles. Quoi*

que j'écrive à ma femme & même

à la divineUrfule, annonce leur mon

retour le premier, s'il eft poffible;car on reçoit les paquets une demi-

heure plutôt dans ton quartier, quedans le nôtre vole chez moi, dès

que tu auras ouvert ma Lettre.

Je neveux pasattendre à te parlerde ton Règlement que je foisarrivé

à Paris; parce que je fuis charmé de

recevoir encore ici les réponfes quetu comptes fans doute faire à mes

objections.

J'ai lu, j'ai pefé avec l'attention

la plus fcrupuleufe chacun de tes

Articles 3 &il n'en eft prefque pas,où je n'aye rencontré des inconvé-

niens. Sansparler du Projet en lui-

même je pafle aux difpofitionsdu

Règlement. L'exécution du premierArticle fera-t-elle bien facile? êc

pourquoi le Secondtolère-t-illesfiliëâ

entretenues? Le Trois demande une

chofe utile à l'Établifîement qui,

par-là feraplusdiftind, plus féparé,

plus fûr, & moins fcandaleuxj mais

élever un édifice exprès pour des

filles perdues, commode, &c! Je ne

fais s'il eft bien décent > que des

Échevins, des Capitouls, &c. foient

Adminiftrateursde cesmaifons >com-

me le fbuhaite r~ ~K~ Tesmele fouhaite YArticlequatre? Tes

Gouvernantes feront-elles bien di-

gnes de gouverner?Pourquoi défen-

dre, par le Cinq l'entrée de la maifon

aux Adminiftrateurs?je crois pour-

tant en entrevoir la raifon..Quel eft

le but duSix &du Sept? leHuit m'é-

tonne & je ne vois pas fur quoi

fondé, non plus que le Neuf? Quant

au Dix^ voici mon fentknents c'eft

à lavertu, &non au libertinage, qu'il

faut donner toutescesfacilités.On^ei,

de

~~m.n7

aa p..sep

1Partie. M

do même.. Dou^e&£trei^ je vois

un inconvénient au fécond de ces

Articles, c'eft que le choix feraquel-

quefois bien long & que fouvent il

fe terminera par l'abus qu'on vou-

lait éviter, la contrainte. Quatorze,

Quinze & Seiçe je ne dis rien des

deux premiers)5 le fei^ièmechoqueun peu. Pourquoi cesfillesfi jeunes?

Dix-fept, pour quoi le cinquièmeSe

ïixième Corridor font-ilsportés à un

£.rix fi haut? Dix-huit voila des

filles qui ne feront pas publiques?r

Dix-neuf: malgréfesclaufes cet Ar-

ticle pourrait occafionner des abus.

Il fe trouvera des infenfésqui épou-feront une fillepublique, qui s'en re-

pentiront bientôt &qui feront mal-

heureux. Vingt & Vingt-un tout

cela diminuera la dépenfede la mai-

fon maisque ces enfansdeviennent

légataires confidérables cela n'eft

paslégal. Vingt- deux& Vingt-troisi

ces filles feront bien aprifes, bien

parées bien doucement menées!

Vingt-quatre ces Amansen titre,

fur le compte de qui vous revenez

fouvent, auront bien des privilèges!

Vingt-cinq bien; mais le fera-t-on/î

Vingt-Jîx & Vingt-fept bon le pre-

mier}maiscespauvresSurannées,com-

mevousleschargez,monfieurle légifla-

teur! Vingt-huit:oh oh voilabien de

la rigueur!Vingt-neuf:vous vous ra-

douciffezfur le champ: je m'en dou-

taisbien;vousétiez forcide votre cara-

ctère. Trente:vousavezfansdoute vos

raifons pour tout cela mais je vous

paffe cet Article il y a de l'écono-

mie, &, fans être avare, je l'aime

beaucoup. Trente-un&Trente-deux:

paffe encore maisvouscontredites-

là furieufementPufage.Trente-trois:

ce que demande cet Article eft-il

M%

êmtÊ ssleefiaire?juftièéfcJé fflôl

Trente-quair-e > Trente-cinq3Trente*

fix èc Trente^fept une ôïtteîïdeelle

ferait afiez bien méritée >&depaît*vues plaideurs en ont quelquefois

j>ayéyqui n'étaient pas à beaucoup

près, fi légitiîïieSi,Je n'ai rien à dire

des âtitreisArticles ils font nécelîài*

ïes. Trente-huit ï ahivoici de là po

ïitique. Mais les revenus de Votre

Panhénioji fuîïîront-ils pour éleveï

tant d'en fans?les marier doter vos

lilles jolies?Trente -neuf; afîexbieîï«

Quarante &:Quarante-un je le ré*

|>ètevvos Demoifelles feront en yé*

rite fort bien traitéesl Quarante»deux bien. Quarante-trois i Voilà

tm excellent Article^ Quarante- qumire elles profiteront dé ces joursèê

liberté pour ailes?aux Spectacles*J#

|>enfey comme tu veux le faire erà*

tendre moncher que les hâbitâfâl

Théâtre

^e Londres.

de Londres feraient mieux d'aller a

Drury~lane lesjoursdu Seigneur,

que de s'ennivrerde punch, & d'un

mauvais vin très-cher dans leurs ta-

vernes, où fouventde jeunesAnglai-

fes laiffent leur raifon, & qui pis

eft, leur innocence. Quarante-cinq:

Paris fera le chef-lieu, la réfidence

de la Générale de l'ordre.

Cet examen eft court. je l'aurais

fait beaucoup plus long, fi je difais

tout ce que je penfe mais un plus

long détail prendraittrop fur untems

dont je ne puis difpoferj il apartient

à mes pupilles. Envoie-moi plutôtune réponfeauxobjectionsque pour-ront faire naître chacun des Arti-

cles, qu'à celles que je t'ai faites

qui fe réduifent prefqu'à rien. A te

parler vrai je penfe que fi jamais

l'on voulait rèçler le defordre on

ne pourrait faire que d'exécuter tes

*Phœd.fab.srt

Ovid. III.

Amor. EL 4,.

w. 17-18,

M 5

II- J

idées. Ce ferait diminuer le mal, &

par-là même,opérer un bien.

Hocfujlimte majusneveniatmalian

D'Alzan ah plus tôt pourquoiles hommes ne font-ils pas tous rai-

fonnables? Ilschercheraientunecom-

pagne honnête ils trouveraient la

félicité, en s'en fefant aimer, en l'ai-

mant à leur tour. Quel trifte bon-

heur l'on goûte entre les bras d'une-

inconnue, dont il n'eft pasfur quedans le moment même, on ne foit

haï dételle Mais, commedit un

Poète a.

Nitîmur in vetitum fempercupitnufquenegataj-

Sic interdittisimminet$ger aquis

Je faisbien qu'il n'eft paspolïïbleà

tout le mondede formerdesnœuds.

C'eft le malheurdes tems, la honte

de i'Adminiftrationpublique. Monitar-

ami je fuis heureux tu vas Têtre»

ou plutôt, tu l'esdéjà lesdeux fceurs

feront la félicité des deux amis bé-

niffoiis-enl'Etre fuprême, Se méri-»

tons la durée de nos ihnocens piai-

|îrs, par une vie pure, & fur-tout

par la bienfefanceenvers nosfembla-

bles r c'eiWà n'en doute pas, l'aoi

tion de grâces la plus agréable au

Père des humains. Non, df'Alzana

il n'e{ pas difficiled'être hommede

bien dans l'aifance. Quelle horrible

ingratitude fi nous violions les k>îx.

de la foeiété nous qui fômmes fes

favoris Nous rempliflbnsun devoir

nous travaillons pour nous-mêmes

lorfque nous fommesl'apui du mal-

tieureux; le modèle Su-la confola-i

lion des autreshommes les fecours,

que%nous leur procurons nous les

attachent i'exempîede nos vertus

f-ft iç rempart 4§ aotre fûrecé.,Quft

M4

4

deviendrions-nous fi des gens qui

n'ont rien à perdre aprenaientde

ceux dont ilsenvient le fort, à braver

les Loix divines & humaines

Je te falue, mon aimable"frère dis

de ma part à ton Urfule, qu'après

fa fœur & toi, je mérite d'être ce

qu'elle aimerale mieux.

Des TIANGES.

Huitième LETTRE.

De D'A l z an,

à D E S T I A 2V G E S.

Paris, 6 juin17<»••»«•

Replique.

JOon Des Tianges je n'avaispascru pouvoir t'aimer davantage tume nommes ton frère mon refpec-table ami, &tu me parlesavec une

cordialité digne de cette qualité quetu me donnes. Ton amitié ne ref-

femble pas à ces anciennes liaifons,

auxquellesje le proftituaiscenom fa-

créj elle eft chez toi un attachement

fincère >auffitendre que durable 3,

qui me pénètre de reconnaiflànce

& me convaincde plus-en-plus,qu'ilîi'eft de bonheur que dans la vertu i

cette vertu qui te fefaitmaimer me

donner tes fages avis fuporter mes

réparties quelquefois impertinentes,& me deftiner la fœur de l'adorable

Adélaïde, lorfque j'en étais fi peu

digneDès qu'on m'a eu remis taLettre,

j'ai volé chez madameDes Tianges

je la lui préfente) elle lit-deux mots,

& fait un cri de joie Je vaisdonc

le revoir répétait-elle toute tranf-

portée dans quelques jours nous fe-

rons réunis Oh nous ne nous quit-teronsplus; je me le promets Elle

a fait affemblertoute ta maifon ton

vieuxLaquais, la bonne Jeanneton,tes Commis, & jufqu'au petit Noir

•* MonfieurDes Tianges eft fur le

point de revenir, mes chers enfans,

leura-t-ellediç il ne reliera pas en-

çorequinzejoursà Poitiers) vousallez

revoir votre meilleur ami– Je .n'ai

pas compris ce qu'ils ont répondu|

tous parlaient à la fois ils ont fait

un bruit à rendre les gens fourds:

mais la joie brillait fur leurs vifages:ton vieux laquais les larmes aux

yeux, a couru à ton apartementj

pour mettre tout en état de te rece-

voir > &dameJeanneton rajeuniede

vingt ans, a contraint tout le monde

à danfer avec elle.

Le paquet pour ton époufe& pourUrfule eft arrivé dans ce moment.

Il s'efl fait un profond filence; ma-

dame Des Tianges a eu la bonté de

lire tout haut une partie de ta Let-

tre toute ta maifon a témoigné une

fenfibilité extrême au fouvenir dont

tu l'honores. Nous nousfommesdif-

pofés fur le champ, Adelaïde&moi2,

à porter à l'aimable Urfule ta déli-

cieufeépître. Commetu faisécrire

des douceurs! En vérité fansle biea

que tu dis de moi à ma maîtrefle, jeferais jaloux, maistout-de-bon très-

jaloux.Aprèsavoir lu, relu, lesdeux

fœurs fe font entretenues en parti-culier quelques inftans je ne fais

pas encore ce qu'elles fe font dit 5

Urfule rougiffaicj madameDes Tian-

ges la careffait je les regardais & jeme trouvais heureux.

On eft toujours avec moi fur la

réferve, mon bon ami le foir de

cet heureux jour où je pénétrai le

fecret d'Urfule, ce fecret d'un ten-

dre cœur, qu'il eft fi doux de fur-

prendre, nous fôupames chez le ri-

che & bruyant B* Une chofe

qui va te révolter, autant qu'elle m'é-

tonna, c'eft que dans une aflemblée

honnête &fort bien choifie il n'a-

vait pas cru que llmpudente D*

fût déplacée. Tu faiscomme B^*

«ft magnifique afinde rendre,le ré-

gal complet il avait tout difpofé

pour qu'un bal fuperbe terminât les

fêtes qu'il donne depuis huit joursmais ce bal était un myftèrej notre

confrère aflaifonne les plaifirsqu'il

procure, par celui de la furprife. Il

avait eu foin qu'il fe trouvât des

dominos pour les Dames elles en

parurent enchantées toutes prirentdifférens déguifemens. Elles firent

mille folies;i elles nous agaçaient,>

nous lutinaient; jouaient le fenti-

ment, la naïvetéj & s'échapaient>

dès qu'elles lifaient dans lesyeux de

leur dupe, qu'ilétait tenté de prendreau férieuxun légerbadinage.La D*

me tourmenta beaucoup je fis ce

que je pus pour l'éviterj car elle ne

me donna pas la .peinede la deviner.

J'étais d'autant plus inquiet, que j'a-vais perdude vue mes deux aimables

compagnes. Madame Des Tiangesî

& fa fœnr, pour ne fe pas faire re-

marquer, s'étaientmafquéescomme

les autres. Elleseurent la malicede

ne pasfe découvrir je les cherchais

avec inquiétude elles jouiffaientd«

mon embarras, & voulaient aparem-ment voir quel parti j'allais prendre:s

mais iorfqu'à mon agitation, elles

jugèrent que la dame mafquée quis'obftinaità me fuivre, m'impatien-tait, que l'ennui me gagnait, & que

je paraiffais tout de glace pour ces

plaifirsautrefoisfi fort de mon goût,Adélaïdem'aborda.Elle s'efforçaitde

changer le fon de fa voix, maisje lareconnusfur le champ ma joie lui

parut fi naturelle & fi vive, qu'elleen fut touchée elle me conduific

auprèsde fa foeur.Je danfai avecma

chère Urfule ah mon ami qu'elle

déploya de grâces fi je ne l'eufie

adorée auparavant dansce moment

elle aurait fait la conquête de m5iî

eœur. Nous nous retirâmes enfuite

à l'écart & nous câufions lor£

que cette maudite D*eft venue

fe mêler avec nous»Elle a eu l'au-

dace de me tenir mille propos qui

n'étaient clairs que pour moi mais

qui n'ont pas laiflede mecaufer bien

de l'inquiétude. Heureufement quel-

qu'un eft venu la prendre pour dan-

fer, & ce quelqu'un là ( qui n'était

autre que B**) ne l'ayant plus aban*

donnée, nous avons été tranquilles

jufqu'à cinq heures que l'on s'eft

féparé. Notre entretien a eu mille

charmes pour ton ami nousparlionsde toi je peignaisma tendrefle> on

parahTaitm'écouteravecplaifir i Adé-

laïde, de tems-étt-tems prenait h

înain de fa.fœur ilfut un inftant*

où je crusvoir lesbeauxyeuxd'Ur-

fuie mouillésdequelques larmes, 1©

mouvement de fa gorge était plusvif. Auffi dans ce moment mes

expreffionsétaient fi tendres, je fen*

tais fi bien tout ce que je difais,que

je n'avais pu m'empêcher de laiflèr

échaper. tu faiscomme je raillais

un jour, ce pauvre amant qui pleuradevantnous eh bien ,mon ami jel'i-

mitais maisc'étaitenmoil'effetd'une

émotion délicieufe &commePémâ*

nation dufentiment».Adélaïde fou-

rnit? j'entendaisles foupirscontraints

d'Urfule. Quelle nuit charmante

elle neduraguères? lesheuresétaient

desminutes, & j'eus la fatisfadionds

remarquer, que madameDes Tian-

ges & fon aimable fœur ne les trou-

vaient pas plus longues qu'elles me

le paraiflaient.Adélaïde à notre re-

tour, m'alTuraque fansmoi, elleû'au*

rait pas été chez B**en ton abfen-

ce elle m'a parlé de ces âfïèmblées

tumnltueufés fur un ton â me per*

fuader, qu'elles ne font rien moins

que ce qui l'amufe.

Je vois Urfule trois fois la femai*

ne 5&mon refpeét ainfi que mon

amour ne ceflent de croître. Que

d'égaremensj'auraisévité fimon bon-

heur m'eût plus tôt aproché de ma-

dame Des Tianges Par exemple, je

n'aurais pas à préfent fur les bras,

cette malheureufe intrigueavec la

D* Je n'avaispas revu cette fem-

me depuis le jour où pour la pre-

mière fois Adélaïde me conduifit au

couvent de fa fœur. B m'ap-

prend ce matin qu'elle eft furieufe:

je m'en embarrafieraisaflezpeu; l'on

ne doit pas de ménagemensà ces

femmes indécentes, qui fe jettent à.

la tête des hommes &qui les quit-

tent aveclamême impudence mais,

fi madame Des Tianges, fi mon Ur-

fuie

I Partie. N

fuie venaient à favoir cette avâhtU*

rè. Jevoudraisbien parer ce coup»Car je connais la D* fi elle par-vient à découvrir que je paflechez

toi les heures que je lui donnais>elle fera les plus fots contes elle

tiendra lesplusimpertinensdifcours.

& comme elle ne peut tarder à fa*

voir la vérité, d'après ce qu'elle â

vu au bal, elle eft femme à fe def-

honorer, pou me perdre auprèsd'A-

delaïde & d'Ûrfule. Une Proftituée»une Danfeufede l'Opéra, font moins

clangereufesque ces fortes de fem-

mes Mon Dieu fi mon adorable

maîtrefle allait croire que j'ai vu la

D* depuis que je lui ai juré une

tendrefTefanspartage & fans bornesi

Mon cher Des TiangeSj cette idée

me fait frémir elle me fait fentif

tout le prix d'une conduite innocen-

te. Nepourrais-tu leur en toucherT'1~

quelque chofe. Mais, non, nônf

atrendons encore peut-être n'arri-

vera-t-il rien de ce que je redoutei

& je crains que nous ne faffionsin.

difcrettement une confidence fort

defagréable.Nous foupons ce foir chez mon

oncle, & madameDesTianges doit

amener Urfule.

J'Ai lu tes objections, mon ami;

& comme tu veux que je réponde,J

je le ferai volontiers. Tu me diras

fi mes répliques font fatisfefantes.

D'ailleurs, je crois néceffairede ren-

dre compte desmotifsde chacun des

Articles du Règlement ce fera le

moyen de prévenirles objectionsqued'autres ne manqueraientpasde faire,y

fice Projet fortaitdetesmains,& d'ex-

pliquer quelques-uns de fes Articles

qui pourraientfurprendreou révolte^

Maifons,

Ni

§IV.

Réponses AUX Objections

que pourraientfaire naître chacun

des Articles duRèglement.

JnLRTi cl e i. Il fuffîrait encorn*

mençant de prendre des maifons

particulièresauxquellesil yaurait peude dépenfesà faire il ne s'y trou-

verait pas d'abord toutes les commo.

dites, mais on attendrait, pour les

donner, que l'Établiffement eût des

fonds durant cet intervalle) les filles

publiques ramaffées de tous côtes $

pafferaient entièrement 5 on ail-rait

l'avantage de faire commencer la

nouvelle maifon par les fujets reçuscomme il eft prefcrit par l'Article 6

du Règlement cesfilles n'auraient,3

par ce moyen aucun commerce9T

avec les friaîheureufes incorrigible^

& corrompues,quiont croupifi long-

tems dans la fange(*). Les Parthé-

(*) J'imagine qu'à Paris, l'intérieur habi-

table pour les particuliers de la Nouvelle-

Halle, pourrait d'abord y être employé;

fans que celagênât le moins du monde dans

l'ufage auquel cet édifice ell confacrépour

l'utilité publique: on mettrait doublespor-

tes à touteslesruesqui yaboutiffen t; durant

îe jour tout ferait ouvert mais l'on fixerait

l'heuredu foir à laquelle ces portes feraient

fermées, & gardéesen dedanspar une Gou-

vernante à la première entrée il y aurait

un guichet, par lequel on introduirait les

hommes à la grille de la loge du Bureau

fitué entre les deux barrières on leur dé-

livrerait là le billet, & pour tout le refle,

l'on fuivrait autant qu'il ferait poflïbleles

difpofîtïons du Règlement.Il ferait néceffai-

re qu'il y eût un Corps-de-garde à portée;

celui prochel'Oratoire y pourrait être ttanf-

féré. Ce ferait, en attendant mieux, un

moyen facilede commencer la réforme, ea

empêchantles Proftituéesd'infe&ertous les

Fillespu%>trq$ies

actuelles^

nions outre les avantagesdéja con-

nus, auraient encore à peu de chofe

près l'effet des Confervato'iresd'Ita-

lie, qui font des maifônsoù l'on re-

çoit les femmes& les filles que la

mifère pourrait entraîner dans la dé-

bauche voyei la dernière difpofi-

tion de YArticle1 6.

Une amende de cinq cens livres, p

ou même plus forte, fuivant les fa-

cultesdesdélinquans,qu*encourraientü,

ceux qui au mépris de la loi, lo-

geraient des filles publiques recon-

nues seftle moyen le plus efficace

qu'on puiflè employer 5furtout fi

l'on accorde au délateur ta recom-

penfe prefcrite, & le fécret lorfquil

l'aura demandé.

quartiersde la Capitale.. [Onpourrait demê-

meà LondreSjChoifirune de cesvaftesCours

^ui font en grand nombre aux environsds

ÇoyemGardenou de L&icejler-fidd].

lEntYdénues.

Nouvelles.

Mwfons,

s Article 3. Dès qu'on veut réfor-.

mer il faut employer tous les

moyens pour que la réforme foit

confiante & facile à maintenir la

honte çft dans le vice & non dans

1f

111

1

(

Article z. Je ne crois pas que l'on

puiffe tout-d'un-coup prohiber les

filles entretenues comme les filles

publiques il faut mettre cette cho-

fe au rang de celles que la bonne

adminiftration du Parthénion amè-

nerai maisdont une exécution active

& trop prompte doit être regardéecomme odieufe & peu praticable;vu que ce ferait foumettreà une in-

cjuifitiqn injufte & dure nombre

d'honnêtesfemmes&:filles quitrou-

veraient par-là difficilementà fe lo-

ger. L'onvoit que le fiftèmepréfent,

y ^remédieindire&ement-parles Ar-

ticles l8 y24,& Zg.`

Réjêrvedes

tears.

Leurs prhî-

N4

î Adrmnlflrfr>

t teun»

S

i

] Gouvernantes,,

a

î Exercice.

) Recette

des deniers.

Adminiftru-

Uges.

les précautions que l'on prend con-

tre lui.

Article 4. Cette idée n'efl: pasnouvelle c'eft ce qui fe pratiquaitautrefois dans les principales villes

du Royaume. Revoyez à ce fujet la

première note (L).

Quant aux Gouvernantes il efi:

clair, qu'eu égard aux fondions de

leurs places, cet emploi ne peut être

rempli que par cellesque je defigne.

Artick b. L'exercice de la charge

cpAdminiftrateur,.fe fera avec ordre.

& décence. on ne f auraitchoisirdes

citoyens trop honnêtes^-gens, pour

gouverner les P artkénions admini£ ttirerleurs revenus, inspireraux liber-

tins une crainte refpe&ueufe fon-

dée fur la conduite fage, exemptede tout reproche des Membres du

Confeil d'Adminiftration. La difpo-XT

fition de cet Article qui leur dé-

fend l'entrée de la maifon, appuieles Articles z8, 24 128 29 & ces

mêmes Articles en font fentir la fa*

geffe ces hommes graves ne doi-

vent feulement pasêtre foupçonnésd'aimer une filledu Parthénion. La

dernièredifpofitionnedemandepourles Admïnifixateurs que le même

privilège dont jouiffent des com-

pagnies auffipeu utiles que les Ar~

quebufes&c.

Article 6. Ce que prescritle com-

mencement de cet Article a deux

• motifs tous deux très-puifïans le

premier, d'ouvrir un azile fur aux

filles, qui les éloigne de la tentation

de contrevenir au premier Articles

le fecond de ne point divulguer le

fecret des familles. La dernièredif-

pofition qui regarde l'âge eft e£=

îencielle à i'Établifîement propafé»

Sujets

œ recevoir.

Secret..

,f~zileda~

parthénion.;

P~utc.

t-

Il pourrait néanmoins y avoir des

exceptionspour la beauté & les ta-

lens.

Article 7. La difpofitionde celui-

ci pourra révolter au premier coup-

d'œil i cependant il eft néceflaire

qu'elle foitexa&ementfuiviej autant

pour ôter auxparenstout efpoird'une

vengeance inutile & par-là leur

faire éviter des éclats dont eux-mê-

mes feraient les premiersà fe repen-

tir, que pour aifurer la tranquillitédes Sujets du Parthénion. ( Cespa-rens feront ainfi privés de leur droit

naturel fur leurs filles,.pour les pu-nir de n'avoirpasfufïïfammentfoign.éleur éducation).

Article 8. Il eft absolument né-

cefîaired'ufer de beaucoup d'indul-»

gence dansun Établiflèmenttel quecelui-ci la rigueur le rendrait im-

Crtmei,

-1

praticablej on en fent hmfan., Pren*

dre le moindremal pour un bien, eft

fa devife ce Projet en lui-même»

n'eft pas un bien, il n'eft que l'ex-

trême diminutif d'un mal incompa-

rablementplus grand encore qu'il ne

le parait, & qu'on ne faurait l'ima-

giner.

Article g. Le même motifa gu.i-

dé, dans celui-ci fi l'on voyait au

gibet une fille du Panhénion, quel

effet cela ne produirait-il pas, contre

le but propofé, qui eft d'y attirer

toutes celles qu'un malheureuxpan-chant entraîne à la Proftitution &

de leur faire envifagerdans ces mai-

fons, un fort plus avantageux &plus

doux, qu'elles ne pourraient fe le

praçurer à elles-mêmes, ou chez ces

infâmesmamans que le Gouverne-

ment eft forcé de tolérer malgré

Situationdes

Parthénions,

Bureaux.

Entrée

desfilhi.

leurs crimes?Qu'on ne me dlfe pas

que je propofe une amorce pour le

vice j'en apelle à toutes les perfon-nesraifonnables l'Établiffementque

j'indique ne tentera jamaisune hon-

nête fille elle fera toujours fuffifam-

ment arrêtée par la note d'infamie

imprimée par nos mœurs & par la

nature au dernier des états & pour

les antres il vaut mieux qu'elles

viennent au Parthénion que d'aller

ailleurs.

Article zo Je me répète; il faut

attirer les hommes a notre Etabiif-

fement non pour leur infpirer l'a-

mour de la débauche, maispour les

détournerdechercherdesfilles avec

lefquelles ils s'expoferaientdavanta-

ge. Combien n'en eft-il pas aujour-

d'hui, qui, après avoir perdu leur

fanté 3 communiquentune honteufe

maladie à leur vertueufe époufe, &

donnent à l'État des fujets deitinés

à en devenir l'inutile fardeau J'ai

lieu de croire, que, par l'ordre pref-

crit dans cet Article &les fuivans,

tout s'exécutera fans confufion > &

fur-tout que le fcandaiene fera point

affiché.

• Article n. Cet Article tend au

but déjà exprimé de rendre L'Étâ-

bliflèment d'un accès fifacile, qu'on

n'aille point chercher ailleurs.

Article zz. On choifira dans une

multitudede fillesjolies lafille,à fon

tour, doit ne fentiraucune répugnan-

ce pourcelui quilademande onfent

combien une telle méthode ôte à la

Proftitution de ce qu'elle a de plus

révoltant, de brutal de féroce.

Article 13, Il n'y a rien ici que de

jufte ramenons à la nature autan?

M/tn'ùre de

fefrejènteraux |

Bureaux.i

Choix

de l'homme. ]

Choix

de la fille.

Co~a~~s~t~~ssr

auxf~qu'il eft poffibîe un état qui defcend c

fi fort audeffous le choix de l'hom-/fi

me a été libre que celui de la fille

le foit auffi. Si le Projet ne cherchait

qu'à procurer le phyfiquede l'amour

ces précautionsferaientparfaitementinutiles loin de moi la penfée d'a-

voirvoulu rabaiflerl'homme jufques-

là la diftin&ion du phyfique & du

moral, n'exila jamaisdansl'homme

quipenfe ï pour lui aimer c'eft

jouir 5&jouir, c'eft aimer. Il ne faut

pass'imaginerque le moyen propofé

pour obvier à un refus général, en-

traîne des difficultés bien grandes:s

au refte, ces cas feront rares, & l'on

pourrait, avec certaines figures,em-

ployertout-d'un-coup le moyen pro.

pofé. Cet Article venant à l'apui du

7 dont il rend l'exécution facile

une fille qui aurait reconnu un de

fesparens ou desamisde fafamille,

Corps-dè-gtrde.

Entrer(;

fans armes,

(

<

i

1Mets,

1

le dira en fecret à la Gouvernante,3

afinqu'elle ne lui demande point de

nombre.

Articles 14 &1b. Ces deux Arti-

cles ont pour objet de maintenir l'or*

dre & la tranquillité, pour lefquels

on ne faurait trop prendre de pré-

cautions. Ils font une fuite des Ar-

ticles z o & II.

Article 16. Les détails de cet Ar-

ticle font nécefTairespour que tout

le monde foit furde trouver auPar-

thénion ce qu'il fouhaite. Je fou-

tiens même qu'on ne devrait point

en exclure les hommesd'un certain

état, pourvu qu'ils évitaient le fcan-

dale. Combien parmi ceux qui fe.

font imprudemment engagés à une

perfe&ion chimérique, ne s'eneft-il

pas vu, qui entraînés par une par-

lion furieufe, ont abufé de la con-

(N)

Tarif.

Coffretpour

lu Recette

à~

fiance, &:du fecret qu'exigent cef«

taines pratiques dont je ne prétens

pas attaquer l'utilité pour porter la

honte & le défefpôir dans le cœur

d'infortunés païens (N)Ce qui ter- Q

mine cet Article pféfente un autre

bien, qui résulterade i'Étàblifîèment:

c'eft qu'il préferveradu defofdre un

nombre de jeunes perfonnes & les

rendra à la fociété.

Article ij. Il eft certain que des

fillesqui vivront avec régularité, &

feront toujours propres attireront t

plutôt l'efpèee d'hommes pour quî

je deftine les Surannées que ces

malheureufes, fales, ivrognefîescor-

rompues aveclefquellesilss'arrêtent.

Les taxes du premier, du fécond,

& du troifième Corridor font les

prix les plus ordinaires qu'exigentdesfillesbien audeffousde cellesque

fournira l'Établiflement propofe (*}*

Le quatrièmen'eft pas fixétrop haut

pour des gens àifés qui aiment le

plaifir, &: qui Souvent perdent leur

fanté en payant plus cher. Il fera

néceffairede mettre âlTezhaut le cin-

quiéme pour en écarter la foule t

Quant infixièmeiil feraitplusprudent

encore de le taxer à dix louis qu'à

quatre. Le refte de cet Article pref-

crit les précautions que l'on doit

prendre pour qu'on ne puifle rien

détourner des fommes qui feront

mifes danslesCoffretsdesBureauxoù

l'on délivrera les Billets, &:montre

la fageffede la difpofitionde VArti-

cle b qui ordonne la peine capitale

contre le Commis qui laifleraitvoir

les feuilles de Recette. Le but des

(•) Voyci l'État aduel de la Proftitu-

tlon j note,(A), versla fin,

précautions

,~an~r~®

Logementà$%

Entretenus!

Entrée

des Amans

entitre.

Choix

d'uni M&iiKp-

1 Partie, 0

précautions que l'on prend dans là

manière de placer l'argent dans la

première boîte eft pour prévenirtoutes les difficultésqui pourraients'éleverentre les hommes &lesGôii*

vernantes car dansle cas où lespre-miers voudraient tromper, la Gou-

vernante aura toujours devant les

'yeux la mife qu'elle ne fera tomber

qu'après le Billet livré & l'homme

forci; fi elle la fefait gliffer aupara*vant dans le Coffre,elle ferait cenfée

avoir tort., &:répondrait de la mife.

Article 18. Ceciparaîtra peut êtrecontraire au but de l'Établiflement

& je conviens qu'on aurait raisonde

le penfer s'il n'était pas plus que

probable que la maifon aura tou-

jours fuffifamment de Sujets. On <

pourrait même regarder Ce que je

propofe.danscet Article, commeun a

Bai«"J>

Î3éf~ut i,

dt paiement,

Abfence.'J't

moyen d'empêcher la ruine des

familles combien d'hommes font

pillés par des fyrènesqui fe font un

honneur & un jeu de les tromper

en les dépouillant? Ici, cet incon"

vénient n'aura pas lieu un amant,

outre qu'il fera fur de la fidélité de

fa maîtreflè pourra s'en tenir à la

feule dépenfe qu'exige la maifon-:

cette dépenfe va toujours en <iirni-

nuant puisqu'il ne payera que 42

livres par femaine, lorfque fa maî-

treffeaura paffé/è^eans; 3 3liv.ï C

lorsqu'elle en aura dix-huit; 2. 5 liv.

4 fous lorfqu'elle aura accompli

vingtans > 1 6livres 1 6 fous lorfque

les fillesen auront vingt-driq; \4X\v.

lorfqu'eUesauront paffétrente cms

taxe au-defîbusdelaquelle onne4ef-.

cendra pas tant qu'elles confcrverontleurs amans. Geftauffi pour favori-r 1 '.1fer les amansen titre, qu'on a réduit

Mariages

prohibé1,

oupermis.

Oz

à doucelivres par jour, la taxe (les

Ûlhsâi}Jtxièmei&ijix Uvres celles

du cinquièmecette manière étanç

la plus honnête U4eW£être en-

couragée. Ge qpi regarde les enfans

tead autant à la fetisfgâtipndes pères,

<qu'àla décharge (je la maifon. Les

tda&fesdes dirpofifÎQn?f«ivantesont

pour but de prévenir les defordres

qw réfulteraient de la liberté qu'au-

mmt les hommes d'aller chez une

^lle entrtmufi par un autre, &d'af-

forer l'exécution de l?Anicle z$.

Article zp. Il ne faut pasque l'Éta- J

i>liflèmentpropoféfavorifedesunions i

déshonorantes commed'un autre

côté il ferait injufte de priver de la

liberté du choix ceux qui font maî-

tre d'eux-mêmes.Je croiscependanc,

qu'il ferait abfokmeat néceiTaîrede

déclarer nul de plein-droit, tqut ma»

rkge contra&éparun homme diftin*

gué par fa naiflanceou par fa place>

avec une fille du Panhénion s'il

était parvenu, en donnant de faux

noms à obtenir l'aveu du Confeil

de l'Adminiftrationj &cela, quand

même la fille n'aurait jamaisvu que

lui. Cet Article montre clairement

la néceffité de ne confier l'Adminit

tration desPanhènions qu'auxplus

honnêtes citoyens c'eft-à-dire, à des

gensqui joignentà debonnesmœurs

des lumières fuffifantes pour jugerdans ces cas importans.

Article 20. La raifo»* plus quei la nature preferit cette conduite

on donnera les enfans aux pèresj

parce qu'en exécutant mon projet,les pères feront toutes les dépenfes,& devront jouir de tous les avan-

tages.

Grojfeffe

desfilles non

entretenues.

Tillesenceinte

entretenues,

Oi

• Article %i. Il n'y a aucun incotî-

vénient à accorder ces prérogatives e

aux pères, amans en titre. Maiscet

Article a d'autres difpofitions quine paraîtront pas claires onme de-

mandera par exemple ce que j'ai

voulu dire, par ces pères, qui ne

pouvant contra&er mariage, laifrent

la moitié de leur bien? Je répons

feulement, que les abusqui 'régnentfont infinimentplus dangereux, que

celui que j'occafionnerais qui en

lui-même, n'a rien qui choque la

nature ou mêmela raifon&les an-

ciennes,Loix (*), Bien entendu que

(*)Le Concile deTrente agita fi l'on per-

mettrait auxPrêtresdefe marier. On fe dé-

cida pour la négative par desraifons qui

parurent bonnes apparemmentcar ceci

n'étant qu'un, point de difcipline,le-facré

Synode,le décida par des motifs humains>.à

Salles

eemmunes,

tiomsdesfillet.

ces pèreséviterontle fcandale quie

doit toujoursêtre punidansun État

bien règle.Article xz & %3>Ces deuxArti-

cles déterminentl'emploi de toutes

les heuresdujour. Un Établiffement

l'aide des feuleslumièresnaturelles.Confé-

quemment, il a pu fe tromper c'eft le fen-

timent de tous lesThéologiens. J'ai lu quel-

que part qu'Érafme le fameux Érafme,.$'

parlant desEccléfiaftiquestk desMoines de

fon tems qui s'étaient mariés, au-lieu de

traiter avec décenceun point de Morale fi

important, s'était amuféà plaifantercomme

un écolier. At ijla omnis ~ra~c~dia dit-il;

exit in caca~ropkencomicam.Ubi contigit

uxor, occinitur: Value&plaudite.

Un homme, dont perfonnene conférera

la vertu, les bonnes mœurs Seles lumières,

l'Abbé de Saint-Pierre, fortement touché

desobligations de la Nature avait confacré

un des jours de la femaineà la propagation»

Dici, di l'Encyclop. mot Population.

Exercices

Nuits,

04

fans règle, tombe dans une efpèce&

d'anarchie, qui détruit l'utilité qu'on &fe propofe d'en tirer. On enfeignera.aux filles tout ce qui peut contri-

buerà: lesrendreplusaimables qu'onne s'en fcandalifepas j'en faiscon-

naître le motif, Article 8 de ce §.

Article Z4. Ceci tend encore à

foulager la maifon & à donner aux l

hommes une liberté qui leur fafTeft

préférer de venir à l'ÉtablifTement à

toute autre manière d'avoirune maî-

treffe. [Il eit bon d'obferver que la

liberté dont jouiront les filles entre-*

tenues par un amant en titre les

préfens qu'elles pourront recevoir

leur feront defirer de l'être & que

ces raifons les empêcheront de re-

fuser un homme, qui d'ailleurs ne

ferait pas de leur goût].

$>repas.

Encouragtfn

L

m

l PrivilègesL à

r des Amans

mtitre,

ï

a

;s

1-

te

ft Emf.iciArticle a5. De la liberté. Ceft

bien afîezde ne pouvoir fortir de là

maifon fansqu'on apefantiffeencore

leurs chaînes dans l'intérieur. Et

pour les obliger, d'une manière effi-

cace, à jouir des amufemenspermis

qu'on leur procurera, on fuprimera

tout ce qui pourrait en détourner

leur attention on ne commandera

pas de lire, de travailler, mais on

mettra dans l'alternativede le faire.

ou de s'ennuyer.

» Articles z6&2j. Plufieursraifons

ont déterminé à propoferle z 6*Ar-

ticle les filles qui en font l'objet,

fontfur le retour, 6c il eft à préfu-

mer qu'elles ne donneront pas dans

l'excès elles font en petit nombre,

proportion gardée avec les hommes

qui ne peuvent prétendre qu'à elles;

ces hommes d'ailleurs ont moinsde

fantaifies,font plus tôt fatisfaitsque

dutempsa ta L/ailecommune,r

1

ïc

c

t

1

I1

Combienune

fillepeutêtrecdemandée.Combienune

j

Surannée.

Infidélités*

iceuxd'une condition plus relevée;.4

lesSurannéesferaienttropà la chargede la maifon, s'ilen était autrement

mais cette raifon ne vaudrait rien,>

fi la première n'exilait pas. Celles

qui auront paru dans le jour une

ou deux fois, pourront demander à

quitter pour le refte du tems la falle

commune. On les veillera de près& la Grande-Gouvernante donnera

la plus fcrupuleufe attention à la

fanté de ces filles.

Article 28. La Sévéritéde cet Ar- 1

ticle portera une forte de chafteté

au fein même de la Proititution.

L'impudicité eft l'abus de l'a&e de

la génération & rien n'eft plus con-

traire à la propagation de l'efpèce.Voila pourquoi les anciens Mora-

liftes recommandèrent la pureté. Les

hommes les plus vertueux ont été

ehaftes refte à favoir fi la contk

nence abfolue n'eft pas criminelle i

On pourrait répondre que l'exem-

ple en eft peu dangereux & que

l'effet qu'il produit fur les autres eft

toujours excellent l'entière abfti-

nence des femmes n'eft préjudicia-»

ble, ou, fi l'on veut coupable, que

dans l'individu qui s'en eft fait une

loi; au-lieuque l'incontinence publi-

quement affichéepar les hommes &

par les femmes,auraitdeseffetsépou-

vantables, ferépandrait fur tout, mê-

me fur le goût, & ferait de l'amour

une caufe fanseffet or l'effetde l'a-

mour, eft la production de l'homme.

Article 29. Tout cela ferait né-

ceflaire & devrait être exécuté à la

lettre le Confeil de l'Admlniftra-

tion ne pourra s'en écarter.

î Article3 o La fommeétant fixae»

Table,

& autres ar- c

rangemem. U

Soins, Litst

& Linge.

Depevfg

pour l'habillement, durant toute Pan-des

née par l'État de Recette &de

Dépenfe {*) il eft naturel qu'il foit

libre à chaque fillede ehoifir i'étofe,

&la façonde remployer, qui laparele plus avantageufement. Les filles

deftinéesau mariage, ou à l'état de

leurs mères, & lesOuvrières élevées

à la maifon, dont il eft parlé Arti-

cle38 pourraient être habilléesdes

hardes que quitteront les Sujets du

Parthénïon ces habits étant encore

très-propres, eu égard au foin queles Gouvernantes obligeront les filles

d'en avoir.

Article31. Les bains ne font pas, l

depuisque l'ufagedu linges'eft éten-

du, auffi fréquens parmi nous qu'ilsdevraient l'être il eft certain qu*unbain tiède favorife la tranffudation

{*)Foyei cet État, lettreXI § V.

l- desHabits.

e

t

*>

e

is

le

ss

i-

es

lu

re

1ees

S, Bains,

d'une infinité d'impuretés, qui eau*

fent des dépôts fâcheux, & desma-

ladies fouvent mortelles fur tout

aux perfonnes fédentaires un autre

avantage du bain pour les femmes,

c'en: d'éclaircir le tein de cellesqui

font trop brunes (*).

(*) ceLa craffe de la peau-,retenue dans

« fes pores, ou fur fa fuperficie,eft capable

« de produire plufieursmaladiesv comme

» clous, phlegmons &c. la gale & les dar-:

tres font fur-tout engendrées par cette

» craffe: on doit obvier à cesmaladies, en

» nétoyant exactementla peau par lesbains t

« les fri&ions& les autres moyenspropres

« à enlever la craffe de la circonférencedu

« corps. Les habitans des payschauds, qui

» font plus fujetsà la craffede la peau, à cau-

» fe de la chaleur du climatqu'ils habitent,

« febaignent auffi fort fouvent pour fe ga-

30rantirde cesmaladies méthode qu'ils ont

» retenuedes anciens Encyclop.

Fard,

Sumnnée^l

Article 3%. Les cofmétiques, en F

général font plus mal que bien,

furtout aux jolies perfonnes ils ri-

dent le vifage, mangent les couleurs

naturelles & hâtent l'air de décrépi-tude. [ L'Articleprécédent confeille

une chofe prefque hors d'ufage ce-

lui-ci défendce qui fe fait* c'eir.quel'omiffion dubain eft déraifonnable,

& l'ufage du fard pernicieux réta<-

bliflbns lespratiquesutiles &fupri-mons les mauvaifes.]

Article 33. Une troupe de mal-

lieureufes logées à l'extrémité des

fauxbourgs, viennent chaque foirau

centre de laville, communiquer leur

corruption à ces hommes utiles Se

robuftes que leur peu de fortune,

a rendu les ferviteursde l'humanité

efpèce d'hommes, je ne puis m'em-

pêchèr de le dire, d'une toute autre

valeur pour la fociété en générai

que l'Auteur le plus éclairé (i), quele Bourgeois fainéant, le Marchand

cauteleux, l'impertinent Commis, &

l'inutile Valet ce font euxqui bâ-

tiffentnos mations cultivent nosjar-

dins, portent nos fardeaux,&c.doit-

on les abandonner inhumainement

au péril où les expofe une paffion

qui triomphe des plus fages L'abus

qui règne aujourd'huieft plus grandfans doute que celui que Columelle

reprend, lorfqu'il dit, que ceferait

caufer un-grand mal, dedonneraux

Ouvriers qui,s'occupentdes travaux

les plus néceffaires -lesmoyens & la

facilité .de voir desfilles dejoie (i).

( ») » Lenéceflaireeftau-<àeflbsde l'utile

« il marche d'un pas égal avec le jufte

» l'honnête & le faint ».

(z) Quippcplurimùmoffertmali,jî Ope*

pyîtttfès.

Cette maxime pleine de fageffe&

de raifon ne fera point éludée le

Règlement y a pourvu. L'hommede

peine ne feraexpoféni dansfa fanté,

ni à la perte de fon terns ni à la:

débauche je le répète fouvent ce

n'eft pas le libertinage que je veux

favorifer je me mépriferais d'en

avoir eu la penfée; ce font les fuites

d'un abus devenu nécefîaire que je

veux prévenir >c'eft le mal que je

cherche à diminuer une maladie

cruelle que je cherche à extirper.

MALADIES VÉNÉRIENNES.

Article 34. C'eft ici le principal rbut de l'ÉtabliiTement on ne per-mettra pas qu'un homme choififle

une fillej qu'on neJe foit aŒuréqu'ij.eft fain.

rariomeretricandipoteflàsfiat. Colutnelî,

Lîb.ïîjcap. e

Article 35. Il eft naturel que h

premier des devoirs de la Grande-

Gouvernante, foit de veiller à l'ob.

fervation exaâe de l'Article précé-

dent, & à l'exécution des deux qui

fuivent.

Article 36. On croit ne devoirau-

cun ménagementauxmiférables,qui

fe fentant atteints de la pefte véné-

rienne, font affezinjuftespour vou-

loir la communiquer à d'autres &

affez ennemisd'eux-mêmespour ag-

graver leur mal, au lieu de chercher

à fe procurer la guérifon.

t Article 37. Le foin qu'on pren-

dra des filles malades, eft une fuite

nécefiairede l'Établiffement &l'ob-

jet leplusdignedesfoinsdelaGrande.

Gouvernante, & decellesqui lui font

fubordonnées TAdminifiration fe

fera rendre un compte exad destrai-

temens,

Grctnic-Goti~

•vernante oup

Supérieure. r

f(

dfi

Amende.

C

i

r

1.

a

îy

Traitement

des Filles. (

Garsoxs*.

C)

I Partie. P

cemens &elle remédiera prompte-'ment aux abus, & furtout aux né-

gligencesqui s'y introduiraient.C'eil

en ceci qu'il faudra,éviter la routine

& l'inattention. Au refte, tous les

Articlesfont tellement liés, que l'in-

obfervationd'unfeul amèneraitbien-

tôt le violement de tous les autres.

SORT DES ENFANS

NÉS DANS LA MAIS Q N.

Article 38. Les hommes font la <

richeffede l'État >c'efl en -tes'mul-

«pliant, qu'un Prince augmente fa

puiHahce.-Quel bonheur pour les

campagnes,dans lefquelles la Milice

Garfe autiefo-ishonnête â préfenrm-

jurieux &cGarfon } dériventde Garsjeune-

homme) ce qui prouve qu'on doit écrire

Garfon (au lieu de Garçon}comme on a

fait dans cetouvragç.

porte chaque année un nouvel effroi;

de s'en voir délivrées par notre Eta-

blifiement (*) L'avantagequi en ré-

fulterak pour l'État ferait immenfe:

ce feraient plufieursmilliers d'hom-

nies qui relieraient à la culture des

terres car la plupart de ceux qui

l'ont une fois quittée n'y retour-

nent plus après leur tems expiré)

ils deviennent fainéans vagabonds;ou tout au moins fort débauchés}

'd'aîutres, qui, fans la Milice, tien-

draient, la charrue, ou feraient la

vigne s'habituent dans les, villes,

dont la mollefîeles énerve? & ce

(*) L'ufageintroduit depuis quelquesan-

nées, de donner ,c]py Enfans-trouvésaux

Laboureurs, pour, les former au travail,

& tirer aufort de la Milice en place des en-

fans de la maifon eft un achefnineinçntà ce

que Ton propofe ici.

Pi

fontenCoredeshommesprefqueper*dus pour l'Etat*

Il faut convenir que les Sujets

que fourniraient lesParthéniôns dit

Royaume ne fuiraient pas feula

pour remplir ce but mais ce n'eft

ici qu'une indication de moyens, Unon une loi i qu'on y joigne les gàr-ions en état desEnfans-troiivés qui

dépériflèntà la Pitié 6cailleurs, ceu^

des hôpitauxdesprovincesdu Royau-me, qui pafferitleur jeuriefleà cardet

la*laine, je crois qu'alors on en trou*

vera fuffifammentpoufopérer le bien.

prppofé.J'avance que ces garfonsfe-ront d'excellêns Soldats, parce quedès l'enfance ils font.élevesdans là.

foumiffiori&dansla dépendanceâuffiabfolue qu'aveugle pour un étrân*^

gers ils n'ont point de parens ni de

îïaifonsj leur père, c'eft l'Etat5 leut

patrie, le Royaume"{ ils refteraiënc

FILLES.

au fervice tout le tems que leurs

forcesle leurpermettraient.Cesvieuj;

Soldats feraient employésdans les

occafions difficiles où l'expérience,

&: l'intrépidité à la vue du danger

font néceÇaires.On pourrait,objec,

ter queces troupesferontvilipendées

par les autres. ADieune plaife que

je regarde l'état Militaire de France

& d'Angleterre comme affez mal

difcipline, pour infulter ,fe gaîté de

cœur un corps de braves gens, en,

leur fefant un crime de leur naiffan-

ce, qui n'a p^ d^pendw 4'eux.

La fécondedifpo^tioïi regarde les

filles on tirera parti de celles qui

feront difgrâciées de la nature, en

les employantutilement pour la mai-

fon les autres choifirontl'état qu'el-

les voudront embrafler. On pourraic

dire que la dot que je propofede

P3

feur afôgfieï eft confiddfabie ett

égard à leur grand nombre. Je ré-

pons que lès filles d'une joliefiguréformeront tout au plus la dixième

partie des ënfâfts, & je crois que le

Panhéfiiëti bien règle bien admi-

ïiiftré pourra fiïiSre à cette dépen-fe c'eft ce que je rilé réferve de

prouver une autre fois(*). On pour-rait objê€ter encore cfue la maîloft

à bien des cbarges lés Surannées,

les filles malades la manière coâ-

teufe 'dont je propofe d'entretenir

les Sujets de là maifon en tout

point, &c. Je conviens de la juf-tefîe de ces remarques3 mais il fe

préfenterâitnattif elle mentun moyertd'aiderlamaifon,s'ilfepouvaitqu'elleeût befoin de fecours l'Hôpital de

la Salpêtrièredevient prefqu'inutilej

(") Foye{ la Lettre xi.

on placerait ailleurs les folles qnï

peuvent y être renfermées & l'on

affe&eraità notre Établifîèment les

revenusde cette maifon. Je vaisplus:

loinj j'ofe foutenir que lesHôpitaux

ne rempliffentpas, à beaucoup près*

le but d'utilité qu'avaient en vue-

leurs Fondateurs, Se ne procurent

pas le foulagement qu'on croit que

les pauvres en retirent la moitié du

Royaume n'en a pas, & ne s'en,

trouve que mieux. Qu'on laiiTefub-

fifter l'Hôtel- Dieu, à la bonne heu-

re dans une ville telle que Paris;

il faut bien qu'il y ait un lieu. où

l'indigent puifîè mourir-comme il a

vécu (*), au fein de l'horreur, &

(*) On aurait pdire Ou U meure

promptementon a dans.cette maifon ( ôc.

dans une autre ) une attention toute parti-

culière à ne pas laifferlanguir les maladesa

fur-tout les vieUlaïds»

P4

dans lesbrasdu defefpoir. 0! trifte

humanité oà font tes glands & tes

forêts! Tous les autres Hôpitaux

font nuifibles entretiennent la fai-

néantife, & trompent enfin lesmal-

heureux, qui fe font imprudemment

repofés fur ces Établiflemens pour

ne rien ménagerdurant le cours d'une

longue vie. Ils efpéraient y trouver

la, tranquillité, St le repos ils n'y

rencontrent qu'un enfer anticipé je

le dis, parce que je l'ai vu la mort

eft un moindre mal que la trille vie,

que l'on traîne dansnos Hôpitaux:

les fuprimer, ou apliquer tous les

revenus à une maison pour les filles

enceintes aux Enfans- trouvés & à.

notre Êtablijfement ce ne feraitque

détruire un mal 1. pour opérer un

grand bien. Mais que deviendront

ces ni-iférablesdont le gaineft fi peut,°

de chofe qu'à peine il leur fournit

le pain quotidien? Si c'en était ici

le, lieu, je répondrais. Des Tian-

gesj ces biens imnienfes que poffe-

dènt les gens de main-morte, pour-

quoi furent-ilsdonnés? pour nourris-

fans doute dans une faftueufe indo-

lence nos Prélats& nos Abbés 5dans

une oifiveté molle: ce Chartreux

inutile, ce fenfuel Bernardin, &c.

Un nuage de Sauterelles s'eft jeté

fur le bien des pauvres, le dévore,

& l'on s'étonne qu'ils meurent de

faim! Si c'en était ici le lieu, je di-

rais, que nous autres Financiers,

mettons dans nos parcs des campa-

gnes entières. mais je me tais:

j'ajoute feulement, que l'hiver pro-

chain, jedétruis monparterrede

mes grandes allées fablées, & que

je rendrai prèsd'une lieue de terrain

coûceufementftérile, à l'agriculture.

yhemen%tQuant à la manièred'habiller les

perfohnesdelamaifon,je croisqu'ellene doit rien avoir de particulier la

décence même l'exige abfolumenr.

Celui qui a dit que les divers états

devraient être marqués par des ha-

bits différens n'avait certainement

pas aprofondi fumTammentfon idée.

Cette difiin&ion entre les hommes

eftodieufe furtout dansnosmœurs:

elle ne tendrait qu'à nourrir l'im-

pertinente vanité d'un petit nombre

d'hommes, tandis qu'elle couvrirait

d'une cônfufion (déplacée, à la vé-

rité, mais non moins pénible) le

tiers-état prefque tout entier quieft mille fois plus nombreuxque les

deux autres réunis ainfi ce ferait

fervir le goût d'un homme, aux dé-

pensde celui de 995» jamaispareilleLoi ne fut propofable, fi ce n'eft à

Maroc, ou fion veut, dans le mal-

Autàriti du

Conjeilfur les

Enfans de la

(*) Parthéniens c'eftà-direfils defilles.

Il y eut à Sparte des jeunes-gensqui portè-

rent ce nom; voici leur hiftoire.

Lacédémone fefait depuis quelques an-

nées une guerre opiniâtre aux Mefltniens.

Les Spartiatespréfumant qu'elle ferait lon-

gue, craignirent que l'éloignemeht oùils

étaient de leurs femmes, ne préjudiciâtà la

République, en l'expofant à manquer de

nouveauxCitoyens ilsrenvoyèrentà Sparte

les jeunes-gensnon mariés, & leur ordon-

nèrent d'avoir, indiftindtemment commer-

ce avec toutes les filles. Cette commillion

fut Cibien exécutée que vingt ans après,

Lacédémone fe vit dans la néceffitéd'ex-

pulfer tous les enfansqui en étaient proye-

nus parce qu'étant en grand nombre

Mai/on,

heureux Empire des Ynças depuis

que lesEuropéens l'ont inju.ftement

conquis.

Article 39. La difpoficionde cet

Arcice retiendra les Parthéniens(*)

Choixdes

CoHvern»nte%^

Leurs droits.

J~ Maîtrejfei

des Exercices,

dans le devoir. Il ferait à fouhaiter

que la peine contre les fédu£fceurs

fût générale. Dans un pays où les

Loix & la Religion défendent le di-

vorce, il faut des remèdes extraordi-

naires je ne connais perfonne de

plus criminel & de plus méprifable

qu'une femme qui trompe fon mari,

fi ce n'eft fon fédu&eur.

Article 40. L'efpoir d'être Gou-

vernante, ou du moins d'enfeigner

un jour les Arts aux filles donnera

du goût pourles exercices ce ref-

fort fera peut-être moins efficace

pourcontenir lesSujets, que leschâ-

timenss mais auffi il n'a aucun in--

convement.

& n'ayant aucun héritage à prétendre .ils

troublaient la République. On les appela

Parthénkns du mot grec napôeV©-fille

commene connaiflfantque leur mère, qui

leur avaitdonné le jour étant fille»

SoftdesSurannées,

p

P

Clôture.

Fillesdevenuestl

héritières,j;

Article 41. Il eft important de ne

point effrayer les filles, par la perf-

pective d'un avenir pénible.

Article 41. Les filles une foisen-

trées dans la maifon, n'en doivent

jamaisfortir.On ne rencontrera donc

plus dans les rues aucune fille pti-

blique par conféquent les honnê-

tes-femmes ne feront jamais prifes

pour telles, & infultées, qu'elles né

foient fûres d'être vengées fur le

champ. On ôterâ le fcandale, que

donnaient les Proftkuéës, en fe mon-

trant. Un autre avantage, c'eftqué

fouvent les hommes évitef aient le

crime, fansl'amorce que leur préfen-tent les filles qu'ils rencontrent &

qui réveillent des defirs aflbupis.On

ne craindra pas non plus les incon-

véniens fi fort à redouter, fi la Prof-

titution étant fuprimée, les débau»a

FUles

qui voudraient

changerdevit.

çhés ne trouvaient aucun moyen de

fe livrer à leur panchant ils auront

dans les Parthénions, une reffource

toujours prête. L'Article exceptede

la règle qu'il établit celles qui Ce

marieraient, &:cellesqui, devenues

maîtreffesd'elles-mêmes,par la more

de leurs parens, & héritières d'un

bien fuffifantpour vivre voudront

aller le régir. Il n'y a rien-là que de

jufte & de raifonnable. Le pouvoir

que la maifoh conservera fur elles,

eft néceffairepour les contenir, ou

faire cefTerles defordres que notre

Établifîèment doit tous prévenir.

Article 43. Cet Article montre

dans quel efprit les Adminiftrateurs;q

doivent gouverner la maifon 6c la Cl

néceffité de ne donner cette place

qu'à des Citoyensvertueux en tout

emploi, jL'lioîmêçe-hoînmef^itpref-

qumilfermê. le

te

Parthénion

q

Communauté

entre tousles V

Parthénions, v

1-1,

que toujours bien & le fripon tou«

jours mal.

Article 44. De deux maux éviter

lepire. N'écoutez pas les enthoufiaf-

tes ces fortes de gens parlent beau-

coup; crient bien fort, & ne réflé-

çhiflènt jamais. A Londres, où les

Spe&acles font fermés les Diman-

ches, l'on s'ennivrej l'onjoue, ôcl'on

va chez les filles dejoie. Il vaudrait

beaucoup mieuxouvrir lesThéâtres,

& qu'on vît unepiècede Shakefpear

ou de Dryden il ferait plus hon-

nête fansdoute, d'affifterau Caton

d'Addiffon.) que de croupir tout un

jour à la taverne, ou de n'en fortir

que.pour-fe battre à coups de poing.

r Article 4b. Unemaifonde la Pro-

vince quiraurà trôp dé Sujets, de-f vince qui aura trop dé ts de-

C(

cl

vra les envoyerà la Gâpitafe, &àihfî-

de tout le refte, fans qu'une Âdrni-

cl

S]

b

&

0

n

d

c

mftration particulière puHîès'yrefu-

fer on pourrait de même, changerlesSujetsreçusdans unevillede Pro-

vince, ou dans la Capitale', avec

d'autres Sujets reçusdans un autre,

pour éloigner les fillesde leurscon-

naiflances5 &cela deviendrait même

abfolument nécefîaire pour la Pro-

vince. La Capitale manquant de

Sujets, en tirera des Parthénions de

Province, autant qu'il lui en fera.

néceflaire. On fent pourquoi elle

doit jouir de ce privilège.

[Un certain nombre d'hommesde

la Capitale.; beaucoup plusvils que

les Proftituées, perdra, au nouvel

Établifîement le fonds de fa fubfif-

tance. Ces infârnes font ordinaire-

ment les auteurs cle plusieursmeur-

tres fecrets. Ils paffent leur vie dans

une crapuleufe oifiveté tout leur

MtL;trLlpoq>¿p(9-Pocceucd'epee.

Règlement

talent fe réduit à infulter, à fe bat-

tre enfuite lâchement & comme des

afîaffins, îh portent un nom, qui

n'était pasautrefoisune honte/. Ma-

chçemphoru?*nefignifiait autrechofe

que Gendarme frais ce mot, dont

on a retranchélesdeuxdernièresfyl-

labes, eft bien avili depuisqu'il les,

cara&érife ]. f(

JE ne faisfi j'ai atteint mon but,

en propofant les xlv Articles du

(*) Voila l'éthymologie du vilain terme

Maqu.

Le Didfotioaiïe de ^Encyclopédie

donne au;moi $utr une origine :ita.li,èn-

ne, §t le f^dçrtvir. ;d^ Putçna onpfur^

rait tout aufTîbi-eRdbe.cju'il forf.4ei'çfpa-

gnol Putq dansla vérité ni l'une ni l'autrea. ,¡.

de ces languesne nousTafourni il vient du

françaisPute, 3qu'onprononcemcotpôiitow

peutîpeute en divériesprovinces expreflîon

forméedu4atin Putiiuï, puant puàate.

I Partie. Q

Règlement que je t'ai ensoyé, mon

cher, & fi je n'ai-"rienoublié d'e£»

fenciel. Il n aparàent quaukhom>*

mes qui ont mérité'quelquediflinc-*

non dans le maniementdesaffairesdeprononcerfur cet importantobjet& j'attendrais refpe&ueufementleur,

décifion, fi je le rendais public. J'ai

tâché de ne pas perdre de vue cette

maxime fage Le pouvoir des Loix

neva qu'à régler lespajjîons &non

à les détruire. Tu verrasde ton côté)

fi j'ai fatisfaità toutes les objedionsraifonnablesque fon pourrait faire.

Il eft huit heures, je vole chez toiâ

adieu.

4 fi 0 e,

Bon jour, mon bon ami,car ma

montre marque trois heures du ma-

tin. J'ai ramené ton époufe & fafoeurde chez mon oncle à une heu-

re t nous avons un peu caule

comme tu vois. Cependantje re-

viensà toi & je veux fermerma

Lettre, avantde me mettre au lit.

Jamaispartiebruyantene m'afa-

tisfaitcommece fouper, tranquille,

férieuxmême, chez un Vieillard

refpe&able,au milieud'une famil-

le fenfée. La joiea brilléQuelque-

fois maisc'était la rire Mh raifon.

Pour mon oncle il et d'une hu-

meur charmante.Je ne faiss'il s'eft

aperçude ma paffionpour Urfuleî

il m'a femblé que fon enjouement

était au gmenté du double lorf-

qu'il a vuleségards, l'empreflement:

que jemarquaisà cettefille aimable.

Il lui adreflaitde tems-en-temsla

parole &toujourspourlui dire des

chofes flateufes.Je ne puis t'expri-

mercombiencette remarquem'a fait

de plaifir car, mon cher, quoique

Q>

je foisriche, &maîtrede moî-ml»

me, je fens,depuisque jaunieUr-

fuie augmenterma tendreffepourmesparens $Lje fuis charméde ne

rien faire qui ne leur foit agréable.Dèsdemain,je veuxlui ouvrirmon

cœur; Je n'attendraipas ton retour,

pour t'inftruire de ce qu'il m'aura

dit.

Je t'embralTemillefois cherDes

Tiangësj mon amitiépour toi eft fi

vive que je necroispas.que l'aima-

ble, la tendreAdélaïde,"te foitplusattachée que

D'Alzak.

Neuvième Lettre.

Du même.

9juin17<»••••••»

JL JL 1e r dèsle matin, je me rendis

chez mon oncle, que je n'avais pastrouvé la veille: j'enfus reçuavec les

démonftrationsdelaplusvive amitié.

Après que nous nousfumesquelquetems entretenus des nouvelles du

jour & d'autres chofesindifférentes,

j'allaislui parlerde ce quim'amenait

il m'a prévenu. -Vous avez vingt-

cinq ans, mon neveu, m'a-t-il dit:

il eit temsde faireun choix. A votre

âge, on n'eft plus novice, on con-

naît le monde, les travers qu'il faut

éviter, auffi-bienque les vertus fo-

Q*

maies qu'il faut acquérir vous n'ê-

tes pas, j'efpère, aflfezidiot, que de

vous laiffer prendre uniquement à

deux beaux yeux &:je vous crois

trop raifonnabie, pour ne pas'cher-cher dans.l'objet de votre choix, des

avantages plus folides Ce préam-bule m'a furpris, & j'ai voukr l'rnté-

rompre il m'afait figne de l'écouter

jufqu'au bout. Lorfqu'on fe marie,>

e'eft unengagementdurable que l'on

contracte &qui ne reffemblepas à

ces petites avantures que vous avez

eues de tous côtés (il.m'a fait une

longue ^numération de mes maîtref-

fes connues,. &, à mon grand éton-

nement, il a fini par la D* ) il

faut qu'un honnête-homme aime fa

femme & n'aime qu'elfe. J'ai des

vues fur vous mon cher D'Alzan

rnais je voudrais bien auparavant,être fur que vous aurez pour celle;

que }e vous deftine, les fentimenft

qu'elle mérite d'infpirer.Elle eft bel-

le, riche, & par-deflustout celaver-

tueufe, modèle raifonnable. J'ai

connu fa mère. J'en fus amoureux

lorfque nousétionsjeunestousdeux,

& libres un autre l'emporta fur moi;i

il fut lui plaire davantage. J'en ref-

fentis la plus vive douleur; maisen-

fin, je ne m'en pris qu'àmoi-même»

& je renonçai dès-lors à contra&er

un lien, qui ne pouvait être heu-

reux qu'avecelle. Mo'n-eftime&mon

refpeft pour cette femmeaimable ne

diminuèrent point je ceflàipourtantabfolument de me trouver où j'au-

rais pu la voir. Elle devint veuve

lorfque fon deuil fut paffé, que je

crus fes larmesféchées, j'allaislui of-

frir ma main, & la prier de confen-

tir que je ferviflede père à fesenfans.

Sa mort arrivée il y a quelques an-

Q4

nées, m'enlevacette douce efperan-ce. Vous jugez que ce fut un coup

bien fenfible pour moi. Elle laiffait

deux -filles,riches & fous un fage

Tuteur. En les voyant croître je

fongeais à vous. L'aînée furtout.,

qui vient d'époufer un de nosCon-

frères, vousaurait fort convenu mais

fon mariage s'eft conclufi prompte-

ment, que je n'en fus inftruk que

dans un tems où les chofes étaient

trop avancées. Grâces au ciel, la

cadète n'eft inférieure à cette aînée

ni en mérite, ni en beauté, & j'ai

voulu m'y prendre de bonne heure,

afitï de n'être pas une feconde fois

prévenu. Je paffai hier tout le jour

chez monfieur Laurens mon ami.»

beau-père de cetre aînée, & Tuteur

des deux fœurs je lui ai fait part de

mes vues, nous avons été emfem-

ble fur le champ au Couvent de la

jeune perfonne. Monweur Laurens

lui a expliqué le fujet de notre vifi-

te, & lorsqu'ila nommé mon neveu

cette aimablefillea prodigieufement

rougi elle était, dans ce moment,

plus belle qu'un ange je n'ai pu

m'empêcher de m*écrier, Que ce

coquinde D'Alan eji heureux La

jeune Demoifellene nousapasdonné

de réponfe pofitive mais ( ÔCnotez

cela) elle nous a renvoyésà fa chère

foeur, dont elle nous a dit qu'ellefuivrait les ordresen tout. A l'air de

fatisfa&ionqui régnait fur fon vifa-

ge nousnous fommes aperçus que

notre proportion ne lui déplaifait

pas. Nous allons aujourd'hui chez

la fœur. Pardon mon cher on-

cle ai-je intérompu 3 maisje crois

la démarche aflez,inutile je fuis au

çfefefpoirde vousTavouer, nos vues

ne s'accordent pas j'aime û ce ter*

me peut exprimer tout ce que m'inf-

pire une jeune perfonne, à laquelle

prefque tout ce que vous venez de

dire convient parfaitement, maisquin'eft paselle. Je le répète, mon cher

oncle, ou plutôt, mon père, puifquevous daignez m'en tenir lieu depuisfi longtems, ma peine eft extrêmei,

de ne pouvoir dans cette occafion

vous prouver ma déférence à vos

moindres volontés mais vous ne

ferez pas inexorable, puifque vous

avez aimé. Serait-ce la D* a

repris mon oncle avec humeur, quite fait tenir ce langage? Si je le

croyais. Mon cher fils, au nom

de Dieu, penfe que tu ne peux ai-

mer cette femmeméprifable huit

jours encore, enfles-tu le fondde la

plus tenace confiance -Vous

me faites tort, Monfieur, ai-je ré-

pliqué je ne vois pas la D* je

ne la vois plus du tout, depuis que

je connais l'objet touchant dont je

fuis charmé. -En ce cas. Vous

avez raifon ce que j'ai dit ne pou-

vait convenir à madameD* J'au.

rais cru que celle que je vous pro-

pofe. -Mon oncle, elle peut être

charmante, maisje fuis prévenu, je

vous l'ai dit. -Elle peut être char-

mante En vérité D'Alzan, vous êtes

incomprél^enfible toujoursempreffé

auprès des femmes, dont vous dites

pis que pendre en les quittant,Ton

vous voit leur prodiguer l'encens &

les adulations comment ne s'y trom-

peraient-elles pas, elles que leur va-

nité rend crédules je m'y trompe

moi même, lorfque je vous vois?Par

exemple l'autre jour vousétiez chez

moi avec la jeune perfonne dont je

viens-deparler, j'auraisjuré que vous

l'aimiez j &même, je le fis entendre

a madame Des Tianges fa fœiir.*«>

-Queme dites-vous? MadameDes

Tianges celle que vous me donnez

eft la fœur de madame Des Tiari-

ges Oui que trouvez-vous donc

là de furprenant, de merveilleux*

Maisque veulent;dire tous cestranf-

ports? (j'étais à fes genoux, mon

bon ami 5 )Ah!Monfieur,me fuis-je

écrie) 5c'eftelle que j'aime Ima-

gine-toi, mon ami, les différentes

fituations par où j'ai fucceffivement

paffé mes traiifes mes alarmes; 8c

la joie que tout-d'un-coup j'ai ref-

fentie. La caufe de mon erreur, eft

ce nom de Laurtns que mon oncle

donnait à ton père, fous lequel il

n'eft connu de perfonne, & dont tu

ne m'as jamais parlé. La fatisfadion

demonfieurDe Longepierreétait auffi

vraie& paraiffaitprefqu'auffiviveque

la mienne. Il me la montrait de mille

manières il prétend m'aflurer tout

fon bien après fa mort, & me faire

dès-à-préfent un don confidérabie

il nomme Urfule fafille notre union

lui fera retrouver le bonheur dont

il fut privé.Nous fommesconvenusque j'irais

chez madame Des Tianges pour la

prévenir fur la viilte de monfieurDe

Longepierre commej'aifaitréflexion

qu'il était encore trop toi, je me fuis

rendu chez moi; & je t'écris en at-

tendant le moment d'aller aprendreces bonnes nouvellesà ma premièreamie. Je la crois déja inftruite de la

démarche que mon oncle fit hier

auprès d'Urfule avec ton père e

Mon ami, comme le cœur me bat!ï

Il me femble que je vaisaprendre à

madameDesTianges que j'aime Ur-

fule. A ce que j'éprouve, on di-

rait que je crains. Aimabletimi-

ctitéJ.» elle me prouve mon cher;

que j'aimemademoifelleDe Rofellecommeil convient del'aimer.L'heu-

re n'arriverapas ma montre eft ar-

rêtéeje crois. je te quitte.

Ah Des Tianges! Des Tianges

regarde. quel Billet il eft de

ton époufe

BILLE T

de M.meDESTianges à D'Alzan.

Vo us êtespour moi, Monfieurun être indéfiniffable vous faites

faire auprès d'Urfule une démarche

d'éclat par votre oncle &par lepèrede votre ami; vous me témoigne-à

moi-mêmela tendrejfe la plus vive

pour ma fœur & tout cela dans le

tems qu'une' intrigue criminelle &

deshonorantevous lie avec. le di-

rai-je 9 Monfieurï avec la D*S

avec une femmeperdus & qui ferait

fâchéequ'onendoutât.Ah D'Al^an îAdélaïde nevous aurait pas crudou-

ble 9fcélératJédu&eur ellenevous

fupofait quefaible léger gâté par

le Jïècle. Ingrat! fallah-il choifr

la fœur de monjieurDes Tiangesde votre ami, pour la malheureufeviclimedevotrehypocrijîe!La pauvre

Urfule! vous ne mérite^pas les

larmes qu'elle va répandre. Écou-

tez-moi vousqui les caufere s vous,

qui trahifPet maconfiance & mon

amitié^ celle demon époux ce qu'il

y a deplus facrè parmi &s hom0es

ptdfque vçw aèufe^jle l'amour ne

paraijfez jamais d?yaM Urfyle ou

devant fiwi je vous le depigftdecom-

me une grâces &fi Ç^ls.,ij,efuffifait

pas 9 je vous Udéfins, pour tou-

jours.

AD$f.4iPP &£$ 7i ANGES.

Mon cher bon ami je mourrai

avant ton arrivée. Urfule va m%

croire faux, vil. Ma conduite paf-

féene la raffurerapas. Des Tian-

ges je donneraistout mon fang

Cependant oh cette idée me

tue. Un moment. qu'Urfule me

croye un moment. Ecris leur.

hâte-toi de leur écrire, & de me juf-

tifier. Je fuis innocent, tu le faisj

maisellesrefuferontde m'entendre.

MadameDes Tianges. Eh c'eft fa

vertu. l'amitié qu'elle croit tra-

hie. qui va me fermer l'entrée.

m'ôter tout accès. Urfule. Mon

ami, je fuisfaifi.. ,Mamain, tout mon

corps, éprouvent un tremblement fi

violent.je ne fauraisécriredavan-

tage. Adieu. adieu, cher ami.

VAh ZAN.

pas

Dixième LETTRE.

De M.fle«rD'ALZAN DE Longepierre,"

à DES I \i anges.

Même jour, le foir.

<Jj! e vous écris à la hâte Mon-

fieur, bien trifte bien affligé;votre

famille & la mienne environnent le

lit de, monfieur D'Alzan, de votre

ami., de mon pauvre neveu. Il s'eft

trouvé mal, ce matin, à dix heures.

Vous connaiffez cette impudente

madame D* >c'en:elle ce font

fes noirceurs qui l'ont réduit dans

l'état où il eft.

Il n'y avait pas deux heures qu'il

m'avait quitté nous étions conve-

nus de nous trouver chez vous. Je

m'y rends? je fuis étonné de ne l'y

1_j

1 Partie. R

pas Voir, &plus encore du froid de

l'accueil de madame Des Tianges,

que je croyaisqu'il avait inftruite de

notre converfation du matin. Je le

demande, après les premiers eom-

plimens. Votre époufe me répond,

qu'ellene croit pas que monfieurD'AÏ-

zan doive revenir chez elle. Je de-

meure confondu je preffe madame

DesTianges de m'en «prendredavan-

tage. Elle me prie de l'en difpenfer,&me renvoyéà mon neveu, qui m'in-

flruira ajoute- t-elle, beaucoupmieux

qu'elle ne le pourrait faire. Déjàtroublé par un événement aufîî peu

attendu, je vole chez votre ami &jele trouve. hélas je n'ai pas eu la

forcedeprononcer une parole l'état

où je l'ai vu, m'a faifi. Il rentrait; la

portede madameDes Tianges venait

de lui être refufée l'égarement de fa

raifon fe peignait dans fes regards.

Il ne me reconnaifiait pas, il ne me

voyait pas! joignez a cela une fièvre

brûlante des fanglots, de longs fou-

pirs c'eft le tableau de fa fituation.

J'ai moi-même aidé à le porter dans

fon lit. Au bout de quelquesmo-

mens, il m'a reconnu il m'a ferré

la main mais il ne me difait rien

encore j'ai vu dans fes veux, qu'ilcherchait quelque chofe j'ai regardéoù il lesportait apercevantune Let-

tre toute ouverte fur fon bureau,

qu'il paraiffaitfixer je l'ai prife elle

ne m'a que trop inflruit. J'ai de-

mandé au pauvre malade fi c'était

là ce qui l'avait mis dans un état fi

violent? Il m'a fait figne que oui: jel'ai afluré que je pouvais le juilifierdans l'efprit de madameDesTianges& de fa foeur.Cette promeffea fait

quelqu'impreffionfur lui. Il m'a par-lé. Ah courez-y moncher oncle?

R2,

m*a-t-il dit, d'une voix faible, où

rendez-moi la vie, s'il en eft tems

encore il faut abfolument que je

les voye toutes deux que je leur

parle, & que je meure, fi je ne puis

les persuaderde mon innocence.

Je n'ai pas différé d'un moment.

En entrant chez vous, j'ai furpris

étrangement madame Des Tiangesté

-Sauvez mon neveu, madame, me

fuis-je écrié: votre Billet l'a misdans

un état qui va vous épouvanter s

amenez avec vousmademoifelleDe

Rofelle; il veut vous parler à toutes

deux, détruire les calomniesdont on

l'a noirci, ou mourir je vous ré-

ponds de fon innocence on vous a

trompée venez, je vous en conju-

re; je vouséclairciraifur tout cela-.

Je m'exprimaisavec tant de véhé~

mence, que je nem'apercevaispasde

rimpreffion que fefaitmon difcourâ

fur l'aimable madameDes Tiangess

elle était pâle & tremblante. -Eh

Seigneur! qu'eft-il doncarrivé, m'a-

t-elle dit? Allons, Monfieur, par-

tons 5allonspartout où vous vou-

drez. Montons dans votre voiture,

& prenons mafœur en palfant– En

chemin elle m'accablait de queï"-

tions 5 j'y fatisfefaisde monmieux 5

en égard au trouble où je metrou-

vais. Elle m'aparlé de la D*5 elle

m'a dit que cette fe-rilmeétait venue

la trouver elle-même 5 q«e pour

apttyer ce qu'elle lui avait avancé,>

avait montré les Billets demon

neveu, dont le dernier conçu en

termes fort clairs, était daté de la

veille. Je rafllirai que la date avaic

été altérée, ou que le Billet lui-mê-

me était entièrement fupofé. Je lui

racontai ce qui s'était paffé entre

D'Alzan & moi le matin. LMefliis

R} ')

flous fommesarrivés au Couvent de-

mademoifelleDe Rofelle. Madame

Des Tianges l'a prévenue en peu de-

mots. Dans mon malheur même, j'aireffenti un mouvement de joie car

j'ai cru m'apercevoirque mon neveu

n'aime pas une ingrate.Dès que nous avons paru dans la

chambre de D'Alzan, il a,prié qu'onle laiflat feul avec nous. Je ne puisnie rapeler ce qui vient de fe palier»3

fans répandre des larmes. Mon ne-

veu s'eft entièrement juftifié. L'ai-

mable époufede monfîeurDes Tian-

gesSela belleUrfule n'ont rien omis

pour le confoler. Que je fuis tou-

ché quand j'y penfe. Si mon cher

D'Alzan en revient (car il ne faut

pas vous cacher que les Médecins

n'ofent pasencore répondre de lui):

s'il en revient, dis-je, comme je l'e&

père des tendres foins & des bontés

des deux fœurs il regardera cet ac-

cident comme un bonheur. Il avoulu

fe difculper entièrement quoique

mademoifelle De Rofelle &madame

Des Tianges elle-même l'en difpen-

faffent il a montré la Lettre que la

j)* lui écrivit en réponfe de fon

Billet, & la date précède de près

d'un mois votre départ pour Poitiers.

Les domeftiques de mon neveu

ont mis l'alarme dans toute notre

famille on accourt de tous cotés.

A quoi fert cet empreffement: tou-

tes lesvifitesque fouhaitaitD'Alzan,

fe réduifaientà deux; les autres font

incommodes, & je vais l'en débar-

rafièr10 heures du foit-

Je viens de voir mon neveu tout

le monde eft forti, à l'exception de'

celles qui lui ont rendu la vie. Dès

qu'elles parafaient s'éloigner les

R4

convulfions qui l'avaient pris le ma-

tin, revenaient avec violence. Les

deux aimablesfoeursfe font affifesde

chaque côté de fon. lit la joie queleur chère préfence lui caufe, a cal-

mé fes fens trop agités il vient de

s'afïbupir,& lesMédecinsrépondentde lui. A la premièreafllxrancequ'ilsenont donnée, madameDesTiangesa tiré avec vivacité un diamant de

fon doit, & l'a fait accepter à celui

qui venait deparler.Vousjugez com-

bien ce petit tranfport m'a caufé de

plaifir. Ce fera la premièrechofequeD'Alzan aprendra à fon réveil. Je

me fensbien confolé monfieur, d'a-

voir quelque chofe de mieuxà vous

an-nonceren finiffant. Je fuis très-

parfaitement, &c.

DES Tianges DE Longepierre*

Onzième Lettre.

De D'Alïan,

à D E S T I A N GE S>

13 juin.

JL^I ou s recevonsta Lettre à pré-

fent, mon bon ami, & j'obtiens de

madame Des Tianges d'y faire ré-

ponfe moi-même. Cela te convain-

cra mieux que toute autre chofe, de

l'efficacitéde fes foins & de ceux de

ma belle de ma tendre de mon

adorable époufe. Non, cher frère,,

riennepourradeformaisféparerD'AÏ-

zan de cette Urfule qu'il adore hier

matin nous prononçamesle ferment

facré qui nous lie pour toujours l'un

à l'autre j'allais beaucoup mieuxi

pn aurait pu t'attendre mon oncle

tesparens& les miensen étaient d a--

vis mais Adélaïde a voulu qu'on

nous unît dans ma chambre. Quel

bienfait! & que la main dont je l'ai

reçu m'eft chère Toute ma vie, je

regarderaimadameDesTiangescorn»

me une ineftimable amie, comme

une tendre fœur, une mère adorée,

madivinité tutelaire.Et mon époufe*

Ah Des Tianges mon cœur nage

dans une mer de volupté. 0 bon-

heur c'était auprèsd'elle, fur ce fein

d'albâtreque tu fommeillaisen m'at-

tendant. Depuis notre mariage, tout

change en mieux. On me croit ma-

lade encore5 &moi, je fensque ja-

mais je ne me fuis auffibien porté.

J'ai defiré, avec toute l'ardeur dont

je fuis capable, la main de made-

moifelle De Rofelle depuis que je

l'ai obtenue, je fensma félicité plus

vivement encore que je ne l'ai défi-

rée. Ceft mon bon ami, que je ne

connaiffaispas tout le mérite, tout

le prix de celle que j'idolâtrais. 0

femmes êtres enchanteurs vous te-

nez fans doute le milieu entre la

divinité & nous qui n'a pas fu vous

plaire, qui n'a pasété aimé de vous,

n'a pas vécu il a végété mais la

vie, la douce chaleur de la vie, ja-

mais, jamais il ne l'a fentie, Com-

ment fe trouve-t-il des hommes, qui

craignent cette union délicieufe de

deux âmes étroitement unies par les

mêmes affe&ions, les mêmesbiens,

par ces êtres innocens qui leur doi-

vent le jour, en un mot, par lesLoix

lesplusfaintesdela fociété s'ils pou.vaient fe former une idée de ce que

j'éprouve de ce que nous éprou-

vons tous deux, cher Des Tianges,

ils renonceraient bientôt à une er-

reur qui les rend malheureux.

Cette Lettre ne te trouveraitplus

à Poitiers je Padreflfeau Maître de

Pofte à Blois. Ton impatienceobli-

geantenous a fait àtous le plusgrand

plaifir. Il eft bien flateur pour ton

époufe & pour ton ami, d'aprendre,

que tu ne peux attendre un jour,

un feul jour deplus pour être infor-

mé de leur fuuaùen. Elle eft heu-

reufe, cher Des Tianges tu ne ver-

ras ici, à ton arrivée, que les fignes

de la joie la plus vive viens, ton

époufe.

De Madame DES Tiang es.

ne ta jamais tant defiré mon ai-

mable mari. Viens me dédomager

de tous les chagrins que ma caufés

ton ami. Il eft heureux, à préfent:

mais fi tu l'avais vu. C'eft un en-

fant, & je lui pardonnetout. Je n'en

avais pas pour un à confoler 5 ma

fceur auffife defefpérait quoiquefe cachant. Ils m'ont bien fait de la

peine, & fi je les aime, comme au-

paravant, de tout mon cœur. Adieu,9

mon ami. Si j'avais le fort de cette

Lettre je t'embrafferais un jour

plutôt.ADELAIDE DES Tianges.

De Madame p'fi L 2 A N.

J'arrive bien à propos, frère chéri

pour me juftifierdescrimes dont ma

fœur m'accufe auprès de vous. Je lui

ai fait de la peine moi elle peut

vous l'écrire Eh bien elle vous

trompe, croyez-m'en. L'on ne cha-

grine jamais, je penfe, ceux que l'on

aime, ou bien c'eft malgré foi &

pour lors, ils doivent le pardon-ner. Non, je ne pourrais fuporcer

l'idée d'avoir caufé un inftant d'en-

nui à mon adorable fœur. Ma chère

Adélaïde me rend tout ce que je

perdis, lorfque le ciel nous enleva

nos parens. L'avoir affligée! ah ja-

mais, jamais je ne l'ai voulu. Que

ferait-cefije vous difais. Ellem'em-

pêche d'écrire 5ellene veut pasque

je dife. Eh bien, je me tais.

Je fuisbien contente dequelqu'un

.quevous aimez on a pour ma fœur

& pour moi les fentimens que je

defirais le don de tout mon cœur,

de toute ma tendrelfe en eu. le prix.

Perfonne après ma fœur. Elle ne

meregardeplus aprenezque c'eft moi

qui la confolais elle ne pouvait fe

pardonner. Elle revient. Per-

fonne, aprèsma fœur, ne vous eft

auffi iincèrement attachée

qu'Ù & '« ule D'A l z a n.

.De D'ALZAti.

Ellesm'ont arrachéla plumé mon

cher nous nous difpucoasle plâifir

de catifer avec toi.' Cette Lettre t*efl

fera plusagréable, puifque tu viens

d'y voir les çara&èreschéris de celle

qui ce rendle plusfortuné desépoux.

Pour te prouver que je me porte

auffibien qu'on le puiffe, après une

commotion afîez violente, je veux

profiter du tems où une vifite les

oblige à me laiffer feul pour t'a-

chever mon Projet. Tu t'amuferasà

vérifier mes calculs dans ta chaifers

auffi bien je doute que tu puiffesen

trouver le moment, lorfque tu feras

avec-nous.

§ v.Compensation

du Produit des différentesClaffes^

ave.cles Chargesdes Parthénions.

J.L paraît affezprobable que le nom-

bre des fillestant Publiques qu'En-

tretehues peut fe monter dans le

Royaume, à 30JO00 10,000 dans

laCapitale, & 10,000 dans lesPro-

vinces mais je n'affeoiraipas mon

Établîflementfur un nombre fi con-

fidérable.Supofonsfeulementqu'il y

ait,<iansla ville de Paris, doutemille

filles tant Publiques qu'Entretenues;environlamoitié dansle refte du Ro-

yaume.Malgrélebien-être que l'Éta-

bliiïèmentpropoféprocureraauxPar-

théniennes, je nedoute pasque la dé-

fenfedefortirdelamaifonjl'impuifîan-ce oùferontles filles,de fe livrer à des

débauches qui font les funeftes ac-

compagnemens de la Proflitution

ne réduifent-là le nombre de ces in-

fortunées j'en ôterai même encore

1,000, pour mettre toutes chofesau

taux le plus bas nous auronsdonc,

dans toute l'étendue du Royaume,

dix-fept millefilles qui pourront

çtre placées dans les Parthénions,

Il eft prouvé par les nouvellesRe^

clzerchesfur la Population de Mon*

feur Meffence{*) qu'à peine le tiers

des hommes atteint quarante cinq

ans. Cette règle générale doit être

en proportion double, pour les filles

publiques. Ainfi, lorfqu'on aura fait

le choix des deux claffesdes Suran-

nées y comme le prefçrit l'Article

xxxili il refera tout-au-plus mille

fillesdans.toute l'étendue du Royau-

me, à charge à l'Établiffement. Et

nous en aurons, qui chaque jour pro-

duiront un revenu, qui excéderaleur

dépenfe plus ou moins,`

(*) Paris, in-4. Durand neveu, rue

Saint-Jacques. I..

Savoir;

1 Partie. S

~c~ïTA

ô A V 0 1 R

Surannées. à G foust

500 (employer 400) par jour, 120 k-

Surannées à a fous,

730 (employer 600), • i i i. 360U

Lel.er Corridor:

%c i8f.n.°2.s ^mpIo^r4

aJiI.4f. n.e 1§j30oo(»ooo>a,iool»

Le fécond:

A

s r ll.l6f.n.°a.7 «hployer

aial.8f.n.0i.l39°o(aooo)-4,wôh

Ze troijîème

s ç3llVr. îl.°i.> employé*

a i 31.1%{.n.6 1 c4°oo (aooo).é,66o lt

Z^ quatrième i

C4 1. l6 f. II.0 1.Jemployer

.âl61ivr. n.olij3ooo(i5oo).8,io©l»

Ze cinquième i

t I 2 livr. n.° 2. employer

àla4livr.n.Oi.JI7°o(Io^)-I8JoO0L

Lejîxièmeemployer

a 96 Uvres.» 170 ( 8fî.$,t6oUfillesproduifent

Tôtal..(parjour).9585 47,6401»

(par an) « ..17,388,6001»

DÉPENSE.

Nota Benh.Comme les Filles entretenues

des deux derniers Corridors font à une

taxe beaucoup plus baffe on ne parle ni

des Nuits ni des Amendes qui font un

objet de Recette bien fupérieur à cette

diminution.

L'entretien de chacune des

filles, des fix Corridors, pourra fe

monter, par année pour les habil-

lemens

( àParis) à. 500liv. qui feront par an

la fomme de 7,885,0001.

Celui des Surannéeschoifies,

à 300liv. 369,000!.

La nourriture des Filles Gou-

vernantes &Maîtrefles pour

les Arts (par jour) à i livre,

17,000 perfonnes(paran). 6,24 1,500!.

L'entretien ordinaire des Bâti-

mens dans tout le Royaume, 50,000

Total 14,545,500!.

$z

tf. B. On ne fait aucunediminution

pourlesFillesentretenuesqueleursamans

pourraienthabiller nourrir, &c.

L'habillement &la nourrituredes

Ouvriers & des Ouvrières, feront

compenféspar leurs ouvrages. C'eft

par cette raifon que je n'aipoint fait

entrer ce produit dans l'Article de

la Recette. Par la même raifon je

n'ai fait aucune mention de l'achat

des fils foies & laines néceflaires

pour lesmanufa&uresdes étofes &C

la façon des habits. Cela doit fe

trouver fufHfammentcompenfépar la

diminution confidérablequ'aportera

dans le coiit des habillemensl'épar-

gne des façons, &la fabricationdes

Étofes.

Il eftbon deremarquer, qu'on n'em-

ploie que 9,585 filles fur iy,ooo â

cependant au moyen que l'Etablif-

fement fera prefqu'également corn-

pofé de filles entretenues& de pu-

bliques il y aura beaucoup plus de

revenu que je n'en aiïignej & l'on

peut regarder le total de la Recette,

comme étant un tiers plusbas qu'il ne

niontera communément}tandis quecelui de l'Entretien ordinaire eft

fupofé auffihautqu'il peut aller dans

-desmaifonsoù la multitude desbou-

ches diminueranéceffairementla dé-

penfe de chaque individu.

Par conféquent, il devra refter à

i'Établifîèment, toutes les dépenfes

prélevées, unefommebeaucoupplusforte que celle de ..2,343,1000 L

qui fe trouve furpaflër la dépenfedans mon hypothèfe.

Surquoi l'on fe fournira de remè-

des pour les malades, l'on payerales mois de nourrice l'on mariera

les filles nées dans la maifon qui

s}

pourront l'être, & l'on entretiendra

les Surannées inutiles.

2,5855filles pourront donner, an-

née commune, 4,000 enfans, qui,vivront 1 an (on voit que ce n'efê.

qu'un à-peu-près> car de ces mille.

enfans qui mourront dans l'année,,

beaucoup ne vivront qu'un jour>,

d'autres une femaine un mois ècc.

trois mille qui vivront trois ans (ÔC

c'eft beaucoup)*& deux mille qui

parviendront à 1'adolefcence à fi.

livres par mois chaque enfant la

première année \zs.P arthénions de

tout le Royaume feront chargés de,

2.88,000 livres: la» fécondeannée,.

'de la moitié en fus, ou 450,00a

livres environ 5 la troifièmeannée

d'environ 5 y 6,0 00 livres; au bouc

de 8 ans, d'environ i,zoo,ooo li-

vres le taux de cette charge refte--

*a3à-peu-près,à i,$oo?qoo livresici

puifqu'à mefure que les enfansgraru

diront, ils cefferont d'êrre à charge

à la maifon, foit en en fortant, foit

par leur travail. On prend encore ici

le tout au pis; car l'on fupofe qu'il

ne fe trouvera aucun père qui fafle

éleverfesenfans.Il referait doncdans

cette dernièrehypothèfe', iA43->io o

livres, pour les Surannées& les ma-

riages. Mais j'ai prouvé que l'excé-

dent de la Recette doit être bien

plus confidérabie.

Réfumons voila donc un moyen

prefqu'infaillible d'anéantir le levain'

vénérien de chafTerde l'Europe ce

monftre qui n'était pasfait pour no-

tre climat de diminuer le fcandale

de la Proftitution d'arrêter dans fa

marche l'indécence des mœursj &

par furérogation 3 de mettre dans

l'État; une pépinière de fujetsqui ne

S4

feront pas directementà chargefur lefquels il aura une puifîànce

mitée puifque les droitspaternelsceux du Souverain fe trouveront

mis.

Je le répète 5 'on n'exécuterait

s ceProjet fans'quelques inconvé-

:ns la Proflitution, qui n'eft que;itement tolérée paraîtraitautori-

?. Cet inconvénientinévitableeft-il

;nréel?& s'il l'eft nefetrouve-t-i1

sfnfSfamentcompenfé? L'onopé-•aunbien effectif,& le malne feraJ

iur ainfi dire que de fpécuiation-.

ailleurs ou nefe rencontre-t-il pasnconvéniens? qu'on me cite une

treprife une loi même celle du

rdon des injures, cette loi fi fain-

qui mit Socrate audefllisde tous

» hommes,& dont un Dieu nous.

donné des modèlesplus héroïques

Ovia.(leRciViediov-52-3-4*

& plus refpe&ablesencore(*) qu'oit

m'en cite une, qui n'ait pasles fens,

& dont on ne puiflepas quelquefoisdire:

Qjiàm malafunt vicina bonis errorefub itto

Pro vitio virtus criminafœpe tulit *»

c e q e o v 5 e. e e

(*) Cratèsde Thèbes, difciple de Dio-

gènes le cynique a donné un bel exems

ple de modération que les Chrétiens.

ont rarement imité Un certain Nicodrome

lui appliqua un foufflet avec tant de vio-

lence, que fa joue enfla Cratès fe con-

tenta de faire écrire au bas de la joue ma"

lade: C'ESTDE LAMAIN DE Nicodro-

me Nicodromusficit allufion plaifante

$ç tranquille à ,1'ufage des Peintres. Ce

fut ce Cratès pauvre contrefait que 1^

célèbre Hipparchia ne rougit pas d'ai-

|îier après qu'il eut vendu tout fon bien

dont il avait jeté le prix dans la mer â

ça $ 'écriant;-Je fois tikt\

"Madame des Tiangesme gronde»mon cher elle me dit que je ne

devaispas écrirefi long-tems mon

aimable époufe fe joint à fa foeur

je tremble de les cacher je vais fer-

mer ma Lettre. 9

Ex ce moment on entendit

dans la cour le bruit d'une chaife t

MadameDesTiangess'empreffed'ou-

vrir une croifée Le voila, 9ah!

le voila! s'écrie-t-elle. Et fans s'ex-

pliquer davantage, elle vole au de-

vant de fon époux.J.

Monfieur Des Tianges, effrayé

par la Lettre de l'oncle de fon amia

avait trouvé le moyen d'avancerfon

ïetour. II eft impoffiblede peindrela joie que caufa cette heureufe ar-

rivée elle fut d'autant plus vive 2

qu'elle fuccédait à la douleur la plus

âmère. L'amour, l'amitié & la re-

connaiflànceaccueillirent Des Tian-

ges il vit fon cher d'Alzan anfli

heureux que lui-même il le voit

encore fuivre le fentier de la vertu,

aimer conftamment fon époufe» &

mériter fon bonheur.

Fin de la premièrePartie,

X E

PORNOGRAPHE,

ou LA

PROSTITUTION

~L$..Î~J~` ?L$:.ïŸZ.i~ o

SECONDE PARTIE,

contenantlesNotes.

A.IIPartie. «-T

(A) I Paa.

pag. 48.

r

r

1.

x

e

L-

Voye les

Religions du1S Monded'Aîe-lt xandreRofs.

if

NOTES.

(A)

jê a? -<£ a?

Z>£ Z^ PROSTITUTION

CHEZ LES ANCIENS.

ginant que la débaucheou le goût du plaintfurent lespremièrescaufesdela Projlitution.Cet état,auflïvilparminous^uemalheureux& cotompu,eutuneoriginemoinscriminelle

quefeseffets.Il n'eftaucunedesfauffesReli-

gionsquinel'ait admifedansfonculte":ellea

précédélesfàcrificesdefanghumainjbienplusjatrocesqu'elle. Jamais leshommesnefurent x

afTezdépravés pour croirequele crîmepût

honorer la Divinité la Projlitution ne fut

donc pas d'abord une débauche, mais une

N fè tromperait beaucoup, ens'ïma-

tonfèçrationdu premierinftàntde l'exiftaftCë

de la nouvellecréatureà laquelleon donnait

l'être. Lapopulation fut le fécond motif de

l'ancienne projlituûon des filles; & même

des femmes. Tel étair au-moins celui de

la communautédes Lacédèmoniennes Se

dans la fuite, le but de cette loi de Jules-

Céfarnon publiée qui devait permettreaux

femmes de fè donner à autant d'hotnmes

qu'elles voudraient. Mais une pratique deY

dévotion telle que la Profiitutioti devait dé-

générer affez vite. C'eft ce qui arriva. Les

Prêtres d'abord en abufèrent pour affouvit

leurs paffions. On vit naître enfuite ces

infâmescourumes, defeproftituer pour l'en-

tretien d'un Temple, ou pour fe formerune

dot on vit les hommes fe mutiler, &heur-

ter ainfi de front le but du culte primitif:

bientôt le fang humain coula, 8t l'on ôta

la vie aulieu de la donner. Voila comme

les deux extrêmesfe touchent: nos Moines

furent établis pour être pauvres humbles,

mortifiés chafles.

LA P/#/?i/#«0# proprementdite, qui fue*.

céda à la ProfiUut'wnreligieufe, ne dut exi^

fteï que parmi les nations policées où les

deuxfexesfont à-peu-prèségalementlibres»

car chez celles où le fexele plus faible eft

efclave le plus fort le fait fervirà fesplai-firs, à fes caprices; mais on ne peut pasdire qu'une femme, contrainte par la ne-

ceffité, feproftitue.Elle n'eft point en outre

au premier venu; elle ne reçoit la loi qued'un feul; une pièce demonnaie n'eftpas le

motif qui la détermine fon état eft donc

moinsvil; elle peut avoir le cœur our s &

conferver une âme chafle. Il ne s'efl par

conféquent jamais trouvé beaucoupde pro-

flituéesdanslespaysconnusaujourd'huifous

lesnoms de Turquie de Perfe je ne vois

nulle part qu'il y en ait eu à la Chine &

fi dans quelques cantonsdes Indes les fem-

mes fe font proftituées, c'était un acte de

religion & non un commerceinfâme.Je ne

préfume pasqu'on ait vu fouvent desfilless

publiquesdansles defertsde YArabie;il faut

un luxe, du fuperfluchez unenation, pour

qu'il s'y rencontreun nombredecesmalheu-

reufes. Je faisque dansles contréesles plus

pauvres, il a pu arriverque des femmesli-

bre]

bres, ou des efclaveséchapées &fugitiveàj¢

fe foient abandonnées à tous les hommes

qui leur témoignaient des defirs.Dans la

terre de Canaan elless'établiffaienttantôt

fur la voie publique, & tantôt dans l'en-

ceinte des villes. Elles gardaient une forte

de pudeur; car fouvent ellesétaient voilées

de manièreà n'être pas reconnues:.danscer-

taines occafions, elles allaient de nuit fe

coucher aux piedsde ceux qui repofaientà

la campagne durant les récoltes; elles y

reftaient timidement jufqu'à ce qu'ellesfur-

fent aperçues. La Bible, qui nous donneen

paffant & à l'occafion de certainsfaits im-i

portansqu'elle rapporte, des lumièresfuries

Projlituéesdespremierstems nous en four-

nit encore fur les moeurs de celles qu'on

voyait à Jérufalem & dans tout le paysâ'If-

rael, fous lesRois fuccefTeursde David.

ïl paraît que celles ci étaient de ces

femmes que le tempérament entraîne elles

recherchaient les hommes les plus vigou-;

reux: cela n'empêchait pas qu'elles n'exi-

geaient un prix fouvent très-confïdérabie

ceci prouve qu'elles étaient en petit nom-

II Partie. bV

hté\ Ilnfejl pointdeProfiituée dit Ézéchiel,

qui n'exige fonpayement. Les noms qui ré*

pondaient, chez les Arabes a ceux de

Laïs, Thaïs Chioné, Phryné, desGrecsj

Quartilla PLe/bia Gallia des Romains,

étaient nSiK Aholah naiVnKAholibah s

il faut convenirque ces noms font très-ex.

preffifs. Quant à la proflitution des jeunes

filles Madianites dansle defert, on ne doit

la regarder que comme une tentative poli.

tique, mife en ufage par un peuple qui fe

fent trop faible, pour adoucir le plus fort.

C'eft ainfi que fouvent les Nations infortu-

néesdu Nouveau-mondeont offert la jouif-

fance de leursfemmes& de leurs filles aux

Européensqui les épouvantaient ainfi de

nos jours le trifle Lapon, honteux de fa

petiteffe, engage l'étranger qu'il reçoit à

lui procurer des enfansd'un efpècemoins

faible & moins imparfaite.On doit diflinguer chez les anciensGrecs

quatre fortes defilles publiques les Profil'

tuées communes logées dans des maifons

obfcures & que leshommesallaientvoiren

fecret. Lesfilles drejféesà laproflitution pat

le Maflroposou Lénvnqui les'avaitadhetécs;

dont ellesétaientles efclaves qui trafiquait

de leurs appas, & qui les louait ou vendait

à ceux qui en voulaient. Les Prétrefes con-

facrées au culte deVénus qui offraient cha-

que jour à la déefTele facrificede leur pu-

dicité, avec l'homme qui les avait choifies,

& pour lequel il ne leur aurait pas été per-

mis de montrer leur répugnance. Il y avait

un de ces templesde Vénus à Corinthe. La

quatrième forte, & fans contredit la plus

célèbre ce font ces fameufesCourtifanes

les Delormes de leur fièclé lesBacchis les

Dorique les Laïs les Phryné toutes

auffi connues dans l'univers qu Alexandre.

Je ne dis rien des filles,deCythïre aujour-

d'hui Cargo, qui fe proftituaientaux étran-

gersfur le bord de la mer prèsdu Temple

de Vénus, &qui portaient enfuite le prix

de leurs faveurs fur l'autel de cette déeffei

ni de celles qui fe font livrées avant leur

mariage au premier venu, pour amaffer

leur dot [ Crljîofe Colombn'avait pas encore

découvert Haïti heureufement pour ces

pauvresvierges! ni des femmesde Baby-

Vz

îoné quifedonnaientunefoisen leur vie ,1

l'homme qui les trouvait à fon gré ceciren-

tre dans laProftitution religieufe-,c'était une

coutumeautoriféeparles loix de l'État.Dans

la fuite ellesfe proftituèrentauxÉtrangers;

pour cela les femmes fe tenaient affifes

auprès du Temple de Nilkta ou Vénus Se

s'offraientelles-mêmes.Ellesprocuraient, en

vendant leursfaveurs des fommes corifidé-

rables, pour l'entretiendu culte dela déeffè.

Chez tousles ancienspeuples,qui donnaient

à la Divinité ce qu'ils avaient de plus pré-

cieux, le facrificede la virginité & de la pu-

dicité des femmesa fait partie duculte pu-

blic &fecret Quelle peut avoir été lafainre-

té primitivede cesfacrifices,devenusabomi-

nables Une femme, enl'honneurdu Père de

la Nature, devant lui, dans fon Temple,s

s'obligeait à donner la vie s'impofait

en conféquence toutes les peines de la

groffeffetous les foins de la maternité.

Ce facrifice bien au- deffus.de celui des

ftérilesFcjlaks montre comme les hom-

mes peuventabufer des meilleuresebofes.

Les mâles, deleur côté non contensde pac-1"TT

tager l'hommage des femmes pouffèrent

l'extravagancejufqu'àheurterde front le but

primitif, en fe privant de leur virilité, facri-

ficeabusifdès fon origine; effet déplorable

des fauffesidéesque l'on commençait à fc

former de la Divinité.

Chez lesRomains, qui avaient pris leut

Religion des Grecs, il fut affez ordinaire

d'en voir changer les pratiques. La Profit"

tution religieufen'eut plus lieu le culte du

Phallus pude Priape devint ridicule. L'on

ne vit donc guèrechez cesRépublicainsque

ûesProJlitaéesdèsdeuxpremièresefpècesque

nousavonsdiftinguéesen GrèceJChezeux,le

Concubinagelégitimé écarta long-tems le

Profi'uutifme.Un homme trouvait chez lui

tout ce qui pouvait fatisfaire la variété de

fes defirs. Cependant leurs Liipanaria.

étaient des endroits plus importans. que

nos mauvais lieux. On en ,voit dansPé-

trone l'ample defcription.Il paraîtqu'on s'y

livrait à tous lesgenresde débauche &que

lesMeretricesn'étaient pas auffibrutes quela

plupart des Proflituéesd'aujourd'hui, efpè-

ces d'automates que l'argent fait mouvoir,

Sommcnïe rcomme qui diraislieu fituéfous les

tnurailiss c'é-

tait dans l'ancien-

ne R.omeuaqnar.îiec proc'ue dii-

rempart aftetté

aux Filks publi-

ques.

§E qui n*agiflèntni ne Tentent dè*Squ'ilcefïè de fraper leurs regards. Il y eut de

tout tems à Rome un quartier pour les

filles publiques. Elles n'étaient pas mêlées

avec les Citoyens Dans ces tems malheu-

reux ©àles Caligtila les Néron les Com~

modeplaçaient l'impudencefur le trône; où

les Dames Romaines ne connaiflaientplusni pudeurni retenue,ksProJïituéesgardaient

unefortededécence.c'eft ceque poùvecette-

Épigramme de Maniai:

Tncttjloditis& apertis,Lejhiafsmptr

Liminibuspeccasnectmfurtœtegisr

Etplusjpeiïatorqttkmtedeleéïatadulier-,

Jfjeefuntgratatr&igaudia(i qualatent'.

At MeretrixAbiûtTefiemFeîoqueSerâqw, c<RaraqueSummœnirimapatet H

A ChionefdtemvelLaïdedifcepudoretft, ta

• AbfcondnntfpiYcsu& monumentaLupas. °|

Numqutd'dura.tibinimtUmcenjùnavidetutl1.al'

DeprendivetoU,Leftia. »., q

Rien n'égalait la propretédes Courtifanes

Grecques & Romaines elles donnaient à

l'entretien de leur corps, une attention di-

gne dit-casque les hommes fefaient dé fa

beauté ellesemployaienttous les moyens

imaginables pour relever la blancheur de

la peau conferver l'éclat & la fraîcheurde

leurs attraits; ces moyensétaient les pâtes

ondueufes dont ellesfe couvraientle vifage

les mains, la gorge &c. durant ia nuit;

les bains, qui devenaient ènfuite d'une né.

ceflîté abfolue les dépilatoires &c. On

voit par les Statuesqui nous relient de l'An-

tiquité, qu'elles ne confervaiént pas même

ce voîle dont la pudeur de la Nature a caché

e C a rles feçrets appas peut-être était-ce a caufe

de la chaleur du climat, pour la propretéfi

effençielleau fexe, ou fi Ion veut, pour la

commodité du plaifir & -la volupté des

regards.

Qz%fillu ne s } automatifakntpas comme

celles de nos jours on ne voit pas dans

Pétrone dans Martial ni dans les autres

Auteurs qui parlent des Pwfikuées de leur

tems quelles eufTentpoufféTabrutiflernent

iufquà ferendre infinjlbks. Lqinde-là, ces

Auteurs nous les repréfentent comme des

femmesà qui l'habitude du plaifàravait faic

vin.be.fo.inde U JQuifîançç.Nous; fomrnes

VoyeiXPatrie,

page ic#.

de ce côté-là descendusplus bas que tes

Anciens. On conviendra, fans que je m'é-

tendrelà-deffus, que des excèsqui priventde la fenjîbilitépar uneré. itération-tropfré*

quente, doivent donner au mal d'Haïti ce

degré de malignité, qu'il eft conflant qu'iln'a pas fur le fol où il eft né.

état ACTUEL

DE LA PROSTITUTION.

T

JLies mœurs des Nations modernes, queles Religions qu'elles profeflent ont ren-

dues beaucoup plus férieufes & plus dé-centesquecellesdesAnciens, font auffipluscontraires a la Profiitution. Bien-loind'être

chez elles un acte de leur culte, rien n'eft

plus contraire à fon efprit.Il eft pour les hommes vivans en

fociété, un frein.plus puiffant que les loix,

c'eft ropinion; il n'eftpoint d'état qui ne la

puiffe refpecter il n'eft point d'excèsdont

©ane foit capable, lorfque fon joug noœ

eft ôté. LesReligions a&uellesn'ont infpirê

que de l'horreur pour lesfilles publiqueselles les ont flétries,placéesau-deffousde la

brute: l'univers a cru reconnaître dans ce

jugement là voix de la Divinité & celle de

laRaifon il aaplaudi.Pauvresmortelsvous

ne l'ignorezpas Vl'infamied'une condition

n'eft pas cequi la rendmoinsnombreufe; 8C

l'effet ordinaire de Taviliffementque vous y

avezattaché quel eft-il ? Confultez l'expér

ïièncéi elle vousmontrera l'homme fe met-

tant toujoursau-deffousde la dépravationde

l'état où il defeend ayant le mépris mar-

e a 'de vie, il n'ët1cétém'chantqué à fôn genrede vie il n'eût étéméchant

qu'à demi:y vousaveztrouvé le moyen d én

faire un fcëlérat. Une fille de Çythère une

Syrienne, s unéPrêtreflede Verïus,uneLa-;

ponne viventhonnêtementaprès s'êtreprôj^

îituées; uneFrancatfè, utiç,Àti°lai{sfilles dfe

monde font des fujets perdus des moriftres

que la terre devrait engloutir. La raifbride

cette différence » Ceftqiie' les premièresn'avaientpas crus'avilir;& que lesfccQn$es3

ïéfolues d'entrer dans un état où elles font

lurcs de n'avoir plus rien a attendre de leus

fexe qu'un dédaigneuxabandonnement &:

de toute la fociétéqu'un rigoureux mépris,

pour s'yrendre infenfibles ont dégradé leur

cxiftancepar tous lesvices qui abâtardirent

l'âme.Rien deplus aïféquede flétrir, & rien

de plusfunefledansfeseffets,non-feulement

pour les individus avilis, mais pour tout le

Genre-humain. Si c'eft-làune vérité certaine

mêmeà l'égard des Profiituêes que dirais-

je des profeflîons utiles, du Théâtre, pat

exemple? Maison doit enparlerailleurs.

Telle eft la Projlitution chez les Na-

tions modernes. C'eit un état vil, devenu

contraire à la population que dans fon

inftitution il avaitdufavoriferj deftru&ifdes

bonnesmœursj dangereuxpour la fanté,pourla viemême,dont il attaqueles fources;exer-

cé par des louves affamées pour qui rien

n'eft facré Se qui nous rendent avecufure

tout le mal que leurfont

lesLoix & cefont

aufllles inconvéniensquelePoBNOGRAPHEcherche à diminuer.

Avilies,flétries,chaflees,fouventinhumai-

nement punies les Profiituêesfont en plus

grand nombrequejamais':c'e-fiune trille v&?

rite dont il n'eft pas permis de douter. Mais

quellesfurent lescaufesdela renaifTancedela

Projlkution moderne que l'aflervifFementde

prefque touteslesNations par les Barbaresdu

Nord,avaitfait difparaîtreallezgénéralement?

L'extrême inégalité qui l'avait afïbupie la

ïeproduifit:lesNobles,parleurs infamesdroits

de Culetage,dé Jambage,de Prélibation,ôtè-

rentà leursVaffalleslapremièrefleurdel'hon-

nêteté des mœurs. Souillée par fan Maître,

une jeune femme s'abandonna fouvent à

d'autres. Les progrès du vice font rapides.La Projlitutionreparut. Jetonsun coupd'œiî

fur toutes les nations connues il n'eneft

aucune que la Projlitution n'ait fouillée, &

où le mal &Haïti ne l'ait fuivie*

Les filles publiques font plus rares dans

les États des PrincesAfiatiques que parmiles Nations Chrétiennes; par lesraifons que

j'en ai données plus haut l'on en trou-

ve néanmoins dans les grandesvilles d'O-

rient, fur-tout dans cellesqu'un port de mer

rend plus commerçantes& plus fréquentées

par les Étrangers cefont quelquesinfortu-

Foyex pag. £4,

,$ëesnlles de cesGrecs avilispar le Mufuî-

man.DesJuifs des NavigateursEuropéens,

desChrétiens du pays font les feulsqui les

vifitent c'eft la raifon pour laquelle les

maladies Vénériennesfont très-peude rava-

ges dans lesÉtats du Grand-Seigneur &des

autres Potentats de TAfîe.Les Mnfulmanes J

ne fe proflituent pas-: mais les moeursy ga-

gnent-elles? il s'enfaut beaucoup lesTurcs

d'une fortune bornée ne pouvant aller chez

une Proftituée Chrétienne fans expoferleur

vie & celle de la fillepublique ont recours

à des remèdes encore plushonteux.

Je -n'ai prefquerien à dire de l'Amérique.

La Proftitution y fait encore chez les Na-

turelsindomtes, partiedu culte lesColonies

ont les mœurs des Nations dont elles dé-

pendent lesEfclaves font lavolonté de leur

Maître les femmesdes Sauvageslibresfui-

vent rinflind de la nature. La maladie des

Antilles eftendémiquedanscertainscantons

de cette partie du monde; mais elle y e£

d'une curation facile. Chez les Péruviens

les Mexicains ôc les habitans desIles- civi-

lijée.Syla Proflitution religieufeavait dégé-

Whore,

~irche, tLc.

néré en débauche lors de la découverte dd

leurs pays on accufa même les deux fexes

de pédéraste au Confeil d'Efpagne, &ce

fut un des motifs apparens de l'ordre bar-

bare qui fut donné de les exterminer: je

doute malgré ces indications que les A-

méricainesriffentun métierdu Pro~itutifme:il eft prefquefûr qu'ellesne s'abandonnaient

à tous les hommesque dans certainesocca-

fions & qu'ellesreprenaientenfuite le train

de vie ordinaire. Cette conduite eft encore

aujourd'hui celle que tiennent les femmes

de la prefqu'île de Californie, à la fête des

Peaux & à cellede la récolte des Pitahaïas,

C'eO: donc en Europe qu'on doit cher-

cher à voir le Publicifmedesfemmes dans

toute la turpitude & l'infamie qui doivent

accompagner un état, que la Religion & les

Loix réprouvent également;Rtivi des defbc-

dres & des dangers qu'il traîne à fa fuite.

Londres ferait la ville de l'Europe qui

pourrait le mieux fe paffer de Fro~ütuées

publiques &par état: les moeursd'une par-

tie des femmes n'y font rien moins que fé-

vères; des Taverrres,où les deuxfexespeu-

Wml~~s i~i~i&c.

vent également fe raffemblerfansfcandale

o~R-encacellesqui veulentfatisfaireun pan-

'Chanttrop vif au plaifir, une commodité

qu'on ne trouve nulle part auffifacilement:

malgré cerelâchementde moeurs le nombre

des Proftituées n'en eft pas moins grand

leur impudence, qui va jufqu'à l'extrême

frappe d'autant plus, que les femmeshon-

nêtes font dans les trois Royaumes d'une

modeftie & d'une retenuequi infpire le ref-

pe~, la tendreffe, & jamais l'audace. La

d~ivifionpar claffes que l'on trouvera ci-

aprèsdans l'article de Paris, peutégalement

Servirpour la Capitale de la Grande-Bre-

tagne.

En Allemagne les filles publiques font

toléréesdanslesgrandesvilles,8t'chafféesdes

médiocresdès qu'elles y font connues. On

peut dire que ce pays, e, la ~M~c, font, en

Europe ceuxqui ont confervéle plus d'in-

nocence aucun autre defordren'y remplace

la Proffitution. Qu'on ne leur en tatlë pas

un mérite, s'ils avaient des grandesvilles,

fi l'on voyait chezces peuples des fortunes

immenfes&srop d'inégalité~ la corruption

fe communiquerait bientôt: il y a des can-

tons en France, où les moeursfont pures;

& desvillesenAllemagne telles queBerlin,

qui renchériffent fur Paris & Londrespour

le dérèglement. La température du climat

n'eft qu'une faible barrière, oppofée a la

corruption de quelqueshommes, que l'af-

fluence de tous les plaifirstient dans l'en-

gouement, & qui ne peuvent réveiller leurs

fens émoiuTés,qu'enpayantau poids del'or

d'infâmescomplaifances.Lesmauxvénériens

& leur curation, étaient prefqu inconnusen

Allemagneavant lesdeuxdernières guerres:

la Suiffeferaitencorefpe&atricedefintérefféc

de la plaie générale, fi quelques-unsde fes

enfans, qui fe mettent à la folde des Puif-

fances voifines, ne raportaient le poifon

dans le fein de leur mère. Mais on dit que

depuis quelques années, le libertinages'é-

tend, & que les exemplesdes plus honteux

defordresy deviennent moinsrares. ;[Ladé-?

pravation fuit le progrèsdes lumières. Chofc

très-naturelle que les hommes ne puiffcnc

s'éclairer fans fecorrompre les organesde-

viennentplus délicates Tâmepeïfedionnéc

voitplus loin, a des defirsplus variés dans

cenouvel état, il lui faut des plaifirs nou-

veaux ceuxde la Nature font trop fimples

on les complique pour leur donner du pi-

quant mais tout ce qu'on ajoute à la Na-

ture, fort de l'ordre, & devient criminel

Il n'efl ni Religion ni Loix qui puiffentrien

changer à cette marche des mœurs; telles

qu'un neuvegroffipar les fontes desneiges;

elles renverfent d~impuiffantesdigpes, qui è

ne fervent qu'à donner plus de furieà leurs

débordemens. La barbarie & le trop d'eÏ-

prit dans une Nation ,font des écueilséga-

lement dangereuxpour fesmœurs.Lorfque,

comme l Berlin en Angleterre en Italie.

en France,'on eft dans le fecond cas, il faut

fouffrir un peu de dérèglement. C'eft une

malheureufenéceqité, qu'on peut comparée

à la retraite qu'eft quelquefoiscontraint de

faire un Général habile jamais elle ne peut

déshonorer un Gouvernement. Une règle

aufli parfaite qu'impoflible vu les moeurs

aâuelles, ferait que les jeunes-gensfe ma-

riaffent dès qu'ils font hommes. Je ne voi::s

que les villagesoù cela puiffes'exécuterfans

trop d'inconvéoiens.Un"eftpasfacileà tout

Meretrice, Lupa,£utana,Bagafcia.

autrefois

le monde d'imaginerîtouteslesmanièresJe

débauchequela corruptiondesgrandesvilles

fuggère à des hommesprivésde tout moyen

naturel de fatisfairelesbefoins du tempéfa-

rament c'eft ce qui fait que je ne crainspas

d'avancer qu'un Panhénion feraitutile dans

toutes les villes où il y a des Troupes; la

défenfede femarier, que la difciplinemili-

taire rend de néceffité cefferaitd'être dure

pour les Soldats & ne les expoferait plus 1

fe corrompre avec des Coureufes, dont une

ou deux fuffifentpour empoifonnertout un

Régiment. On pourrait choifîrpour lesvilles

de guerre, ces projlauéesAllemandesfigran-

des & fi bien faites par ce moyen nos plus

beauxhommesnevivraientpas en vainpour

la poftérité]. Je reviens aux petites villes

d'Allemagne elles font dans lesmême cas

que nos villesde provincedu fecond ordre,:>

où l'on ne voit que des Projlituécs de paf-

fage, & le plus fouvent des Malheureufes

comme celles de la Douzième Clajje de la

Capitale.

l, Les Courtifannes ont un quartier dans

u Rome chrétienne, comme elles avaient

ToyKvH- *°7s

Il Partie» c-%

autrefois leSvmménie.Il s'en trouve parmif

elles qui montrent de grands fentimens.t

unis à une rarebeauté: celles-ci choififfent

leur monde, ne fe livrent qu'à d'honnêtes-

gens, &fe font fcrupule de recevoir plu-

fieurs hommes, lorfqu'un feul fuffit pouf

leur procurer le nécéffaire. En quoi elles

diffèrent beaucoup desfilles entretenuesàê

Paris & de Londres, qui s'affichentpour

être à un feul, & qui font à quiconque

leur plaît ou les paye. Il y en a d'une

autre efpèce encore à Naples à Florence

& dans les principales villes d'Italie ce

font des filles delajpremière jeuneffe

qui

fe mettent fous la conduite d'une Vieille >

connue des Monfignori & de vieux Seig*

neurs voluptueux cette femme les intro*

duit chaque foir auprès du riche Vieillard^

qui les renvoie après qu'elles ont fatisfait

des faritaifies afîez étranges. Si le vieux

débauché paye lui-même, la jeune fille en

eft quitte pour ces humiliantes complai*

fances mais s'il en charge fon principal

DomeftiqueSjCelui-çijéns'acquittaritde fâ

eommiffion exige autant que fon maître~T

Puu,Lobai

& quelquefois davantage. Dès que lès

attraits de ces infortunées ont perdu leur

première fraîcheur, elles n'ont plus d'au-

tre reffource que de fe livrer au public.

Les ProjîituéesEfpagnolesfont de toutes

les Européennes celles qui font le plus

gravement leur vil métier. La férocité na-

turelle à leur Nation les expofe chaque

jour à fe prêter à mille fantaiiies brutales,

qui les dégradent plus que par-tout ail-

leurs. Il ferait dangereux d'en citer des

exemples. Mais que l'habitant infortuné

du Mexique & des montagnes du Potofe,

ferait vengé, s'il voyait les fœurs & les

filles de fes tyrans, foumifes à des capri-

ces. Il n'eft peut-être aucun pays où-

le genre-humain foit plus corrompu. Les

filles renfermées dans la maifon pater-

nelle, oii elles n'ont vu d'hommes que

leurs frères en fortent fouillées pour

paffer dans les bras de leurs époux.

(On remarque néanmoins, que la dou-

ceur naturelle à la maifon de Bourbon,

commence à tempérer cette atrocité de

Xi

mœurs Impriméeà laNation par îesPèdres

les Philippe Il, les Duc d'Albe&c.)

Je vais détailler, fous l'article des Pro-

jlituéesfrancai/es ce que je nrai fait qu'a-

bréger pour les autres Nations.

On peut les divifer en douce Clajfes••

favoir;

LesFilles entretenuespar unfeul, qui

ne tardent pas à lui donnerdes JJfociés.

Cette premièreClaffeeft à un taux qu'on

ne peut déterminer elleprocure des plai-

firs quine font pas toujours fûrs.

Les Filles publiquespar état: telles

font lesChanteufesdes Choeurs lesDanfeu-

fes des Opéras &c.

Celle-ci eft la plus dangereufe. ( Je ne

parle pas des AÔrices célèbres & cela

par refpeQ:pour la vertu de quelques-unes

d'entr'elles). Elles ruinent des Marquis,

Ducs des Lords elles épuifent même

des Financiers.

111. Les Demi entretenues cefont de

jeunesfillesprifesche{uneMamanpublique,

quun hommea trouvéesaffe^jolies pour fe

déurmintr à enavoir foin. ""T

Lat. Concuhina

Arnica.

Grec. Omiunhh»

Erâmin.

Lat. PfaltrU 3

SaltatrixGrec. Psdltria

Orchiftria.

1. Merttrleulix,

Grec. PôrrA"

eutelts.

Cette CI affe eft moins à redouter s

mais elle eft vile, indigne d'un homme dé-

licat. Les Demi entretenues n'exigent

qu'un entretien bourgeoiscoquet.

[ Nos Livres amufansfont remplis des

tours qu'ont joués & que jouent fans ceffe

à leurs dupes ces trois premières Claffes.

On a-tout dit des Filles de Théâtre, & de

ces jeunes innocentes auxquelleson don-

ne une maifon, petite ou grande. J'ajoute

cependant, que lafatyre, quelque fan..

glarite qu'elle ait paru n'a jamaisatteint la

vérité on m'a fait voir au-delà de tout ce

que j'ai lu. Mais je fais grâce des détails

aux Entretenues en faveur de leur demi-

honnêteté. Il me fera néanmoins permisde dire dé celles de la troifième Claffe

qu'il eft peu flateur de fe charger d'une

fille quemille autres ont avilie qui, telle

que les Efcîaves Turques ou Perfanes,n'eft fidelle qu'en attendant l'occafion de

ne l'être pas Comment ofe-t.on fortir

avec elle, fe montrer aux Speclacles, aux

Promenades, ou l'on eft à tout momentde-

figné?N'eft-il pas naturel d'avoir mauvaife

t. McrcenarXaj.Grec. dÇtfgiiy.

X|

opinion d'un homme qui brave tout cela ?

Refte à dire un mot à chaque articlefur la manière dont s'exerce le commerce

infâme, qui ferve à détromper les hommes

affez heureux pour ne le pas {avoir par

expérience. On verra qu'on ne peut goû-ter de vrais plâifîrs avec les malheureûfes

dont je vais parler. Il n'eu pas de moyen

plusfur d'infpirer aux deux fexes une jufte

horreur de la débauche. Le vïteypar lui-

même, eftfi laid, qu'il effraie'toujoursdès qu'on le préfente fans les ornement

que fait lui prêter une imagination coin

rompue],.9

IV. LesFilles de Moyenne^yertu,qui mfe1

projlkuentquepar intérim dans de mortes

jaifons pourleurs métiers & dans lajiulé

vuedefubvçnir<zdesbefoinsprefsans,

Les Filles,dont il euici queftion, don-

-nent quelquefois dans toutes les Gaffes in-

férieures elles n'ont point de rangdéter-

miné. (Celles-ci feraient excufables, fi.

l'on pouvait l'être en embraffant un pareil

état).

[Les libertins fé font un ragoût desfilles

de cette Çlaffe lorsqu'ils parviennent à

en découvrir quelqu'une. En quoi confifle

donc ce plaifir vanté ? A triompher d'une

fille qui languit de befoin; qui dévore fes

larmes en vous eareffant ( & voila lesplus

honnêtes ) ou bien, d'une dévergondée 2

qui fe réduit au comble de l'humiliation

pour avoir du pain à la vérité, mais fans

répugnance pour le crime, comme fans

poût pour le plaifir; d'ailleurs,. fouvent

groffière mal-propre? Oh la trifle, la

déteflable volupté }

V. LesCpurtifannes quife fontun nom-

bre deçonnaifsances qu'ellesreçoivent, &

vont voir.

Les libertins d'une fortune bornée font

entr'eux différens arrangemens, auxquels

cette Claffe deFilles fe prêtent. J'en pour-

rais citer qui effraieraient le Citoyen ver-

tueux. On dit que de jeunes Ouvrières,

encore dans la maifon paternelle, ont eu

deux, trois, & même jufqu'à fixAmis 9 à

un prix modique par femaine.

la?. Merurlx'

Grec Huaira- brl'

Lat. Lnpa.Grec. Lnca(r2i>o

Lit.Juvenci).G. Heiairidion.

Lu.Lœna.

x4

Cvcc.MaJtrépU,

[Celles-ci offrent au libertinage quelquechofe de plus piquant & de moins faut-

dieux toujours propres, élégantes même;

ordinairement ce qu'on appelle fmfibksen termes de débauche, elles peuvent é-

mouvoir les fens maisle cœur, mais l'âme

jamais, jamais; le pouvoir de leurs attraits

ne va pas jufques-là. Eh qu'eft-ce que

l'amour réduit au phyfique des fens

O malheureux, fois honnête, laiffe atten-

drir ton cœur pour un objet eftimable 6*5

je te ferai juge dans ta propre caufe. Tu

jouis dis-tu ? Infenfé eh de quoi ?

Tu trembles Il n'eft plus tems le poifon

pris hier chez un |utre circule aujour-

d'hui dans tes veinés & tu l'as

mérité ].

YI. Les Femmesdu monde à qui des

Yieillesamènent chaland, &qui lorfqueU

les fortent, ri affichentpas leurétat.

On affe&ionne (particulièrement dans

cette Clafle,les Vieillards Sagement dé-

bauchés.

VII. LesDemoifè^Usche^lesMamans *9

'qiHon muen réfcrvepour les Vieillards oit

autres quipaient cher. On conduit quelque-

foiscelles-ci à la campagne chez de riches

Débauchés.,

¥111. Les Racrochantes, mi/es fur le bon

ion. CetteClafse, ainfi que les Mamans,

a plus d'un emploi. Les unes & les autres

font un écueildangereuxpour les gens af-

treints à la réferve.

Les Filles de cette efpèce pour l'ordi-

naire, dar^s l'âge mur, font un peu plus

raifonnables que le refte elles montrent

plus de retenue dans leur conduite fe

tiennent bien, ont un homme vilauquçl

elles donnent le nom $Am que ces

bouches infâmes jugent à propos de pro-

faner, comme elles ont fait long-tems ce=«

lui à' Amant.

IX. Les Boucaneufes* Ces fîtes vivent

] commecelles de lafeptieme Clafse, che^des

Mamans mais elles font au premier-venu

& racrochent pourelles-mêmes.Ellescourent

4e mauvaislieuen mauvaislieu.

Ces infortunées mènent une vie tvh$?ï

J~r.~t-Dr)'iJrcc.lJcrn,c.V

a

f

«

r

Fr

s

t

Ij\i. Scortill""UÇiïC-Palldkioiit

Lat. Valœftrica*G. Palaifirkît.

srapuleufe & fort trifle, fans beaucoupde profit tpour elles, les Mamans leur

fefant payer leurs penflons, les habits &

.le linge qu'elles leur louent, affez cher

pour qu'il ne leur refte rien en expo-fant à chaque inftant leur fanté pour ces

infames fouvent elles extorquent quel-

que chofe à force de follicitations cet ex-

cédent eft pour elles.

X. Les Racrocheufes.Elles font afse^ i

mallogéesen chambresgarnies «S*fujettes à(

biendesinconvéniensdu côté dela Police.

Celles-cifont quelquefoischezdesMamans

deleurClafse.Le toutn'ejlp as fortenfureté.

&ien ne prouve davantage à quel pointla paflion nous égare que le courage

qu'ont des hommes fouvent bien élevés,

de fuivre une malheureufe de la lie du

peuple, dans un taudis poudreux où ils

n'ofent s'affeoir. On leur préfente pour

fatisfaire leur brutalité, un objet mal pro-

pre, & plus mal fain tout ce qu'on

voit dégoûte & s'il était pofîible qu'une

créature de cette Claffe eût quelques at-

Gr. Chama'uûpi.l»t. Putida i mot

dont on a formé c

cans les languesmodernes, Put il

Riitana Puta.

Ce mot vient

de l'anglais Qjucn

(qouîne ) Reine, e

nom qu'on leur a

donné par défi-

fioa.a

tat. ProJIibulum

parce qu'elles fe te-

naient dans les rues dfates 6: détournéesoù fe trouvaient les V

érables (ftabula) j &

que les fumiers leurs

ferraient de bergères,/de fofis &c.

1Grec. Ergaioménê. 0

traits fon entretien fes manières dé-

truiraient bientôt Fillufion. O mortels!

voulez vous voir l'humanité au dernier

période de la dégradation, fuivez une

de ces miférables dans fa retraite im-

monde un homme qui penfe n'aura là

rien à craindre de fes pallions; il n'é-

prouvera qu'un fentiment de douleurde pitié, mêlé d'indignation.

XI. Les Gouines*: ellesfont mifesen

cafaquin ou enpetite robe 6*pour t ordi-

naire afse^dégoûtantes.

Les filles de cette Claffe renchériffeat

encore fur la dixième on s'étonne quel-

quefois que de pareils monftres vivent

aux dépens des hommes.

XII &dernière.LesBarboteufes ce font

des malheureufesquife trouvent le long des

maifons & dans les ruespeufréquentées qui

n'ont pourlogementquedesgaletas dans Us

fauxbourgs où ellesne conduifentperfonne

ordinairement. Elles font tris dangereufes

pour les hommesdepeinequi s'y arrêtent &

qu'ellesinfectentdu poifonvénérien,

~cy~p~4?'

~O~e~ id td~z~C~$1I

oppofé à celui-ci,

pages ;8-ç.

II faudrait à ces malheureufes un nom tf

plus vil encore laides, dégoûtantes cra-

puleufes, elles attirent pourtant l'atten-

tion d'une foule de pauvres Artifans, Ser-

ruriers, Tai llandiers Maréchaux, Ma-

çons, Manœuvres Porteurs d'eau &c»

qui ne font pas mariés.

[Il faut renfermer dansun même tableau

ces fept dernières Claffes. Échauffé par ]

le tempérament ému par la vue conti-

nuelle de femmes qui lui plaifent un

homme fent naître des defirs inquiets,

preffans, & fouvent impétueux malgré

lui, en dépit de la raifon la nature cher-

che à fe Satisfaire dans ce moment il

voit une Proftituée ce font les mêmes

attraits qui l'ont charmé fon imagination

lui peint les plaifirs de la nature il ref-

fent des tranfports il fe flate de les faire

partager à celle qui les excite il l'abor-

de l'accueil de ces infâmes eft prefqtie

toujours doux il la fuit on le eajolle

jufqu'à ce qu'il ait payé cependant s'il

diffère trop on le preffe dès que la

Proftituée a reçu fon Salaire, elle ne s*o&

cupe plus que d'une chofe c'eft de fe

débarraffer promptement de l'homme.

Si quelquefois, une bouche affez jo-

lie paraît demander un baifer, une ha-

leine infe&e en éloigne auffitôt. Son

cœur toujours déglace, fon impatience

lorfqu'elle fe voit trop tourmentée chaf-

feraient Vénus de Paphos & de Cythhe.

Mais, accorde-t..elle la dernière faveur,

c'eft alors que le danger devient plus

grand, & que la nature outragée jufques

dans fon fanâuaire punit de criminelles

voluptés »

Telles font les ProftituéesFr-aiv

çaifes., & voila la féduifante amorce

qu'elles préfentent Encore fi l'on en était

quitte pour payer affezcher, fans éprou-

ver le genre de fatisfa&ion qu'on fe pro-

mettait mais prefque toujours une froide

jouiffance a des fuites affreufes on eft

puni du plaifir qu'on n'a pas goûté

les regrets n'en doivent être que plus

amers..

(B) I Partie

Foyél eetts

s Lettre, impriméedans lesNotes <iu

t Roman intitulé s

r Le P iei de Fan.'

chette, i^PartitfS chez Humblot t

libraire, rue St-

s Jacques, près S»

e 1res.

-i

à

l-

e

:s

fc pag.7u

M» de Foliaire donne, en badinant)un moyen-.

d'expulser le virus en employant contre lui les

1,100,000 de Troupes que l'Europe en paix tient

fur pied. On pourrait au moins s'en fervir pour

faire une rechercheaufliexacteque févèrede toutes

les Proftituëes &les obliger de Terenfermerdans

les Parth.énioris.Deux avantages réfulteraient de

cette téforme Le virusdifparaîtraitinfenfiblement:

le Proftitutifmedeviendraitde jour en jourplusrare;

que fait-on?il pourrait s'anéantirmême à la longue.

Lorsque le mal vénérien commença à

se manif efter en Europe,on le regarda com-

me une espèce de pefle: un Arrêt du 6 mars

1 496, défend aux Véroles sous une peine

capitale., tout commerce avec les person-

nes saines. On leur fesait des aumônes

& on les séqueftrait comme des Lépreux.

(B)

Les femmes, chez les anciens Grecs 52

Romains, ne vivaient pas comme les Fran-

çaifes ou les Anglaises on connaît la fé-

vérité des loix que Romulus leur impofa.Il était fansdoute réfervéaux deuxNations

les plus illuftres & les plus éclairées qui

ayent jamais exiflé de rendre à la plus belle

moitié du genre humain des droits trop

longtems ufurpés.Ces Nations ont furpafle

la piété fi fameufedesRomains enversleurs

mères & leurs époufes les traiter d'égales

eft bien plus que de fe rendreà leursprières

ou de les protéger. Cette conduite raifon-

nable rapproche les deux fexes, fortifieles

liens qui lesuniffent, & femble avoir banni

les vices honteux qui infectaient les Grecs

& les Romains, vices dont leurs propres

Auteurscherchaientà les faire rougir. Foye{

Martial, Épigrammes5i liv. il; 7~ 73 &

y 5 l. m;5oL ri 46 l. ri 11 y Lix

26 l.xi; Pétrone Juvénal Suétone, &c.

Les femmeshonnêtes peuventfeules pré-

venir une foule de defordres inévitables

fans elles tout parle en leur faveur: elles

ont lesgrâces,plusprovoquantesquela beau-

té qu'ellesceffentd'êtrevaporeufes,exigean-

tes quelles deviennent fincères tendres,

moins volages yhxsfenjibles?elles vont tout

foumettre au charme invincible de cesapas

deftinés par la Nature à nous captiver; &

nous leur devrons, avecune félicité réelle

l'honnêteté de nos mœurs.

(C)1 Partie;

pag. 83.

(C) «

~ntre plufeurs exemples,~m'~M~M

unjeune Médecin~en vais cho frun feul;

~ont je fupprimerailesdétails.

Unjeune-homme établidepuisquel.

ques années dans cette ville vint me

prendre pour aller à la promenade. Nous

traverfionsenfemble le pont S.

lorsqu'il paffa ptès de nous une très-jolie

femme, qu'accompagnait un hommebien

vêtu & qui paraiffait encore à la fleurde

râge. La beauté de cette Dame nous frapa.

Surle foir nous nous trouvamesvis-a-visun

Couvent de Vénus. Mon ami, qui pour

lors n'était pas un modèle de fageùej eut

un entretienavec FA~beue. Au bout d'ufi

moment, il vint merejoindre, & m'aprit ce

qu'était celleque j'avaisprife pour une con-

naifranceordinaire il medit qu'elle lui mé-

nageaitunede cesavantures, inconnuespar-

tout ailleursque dans les Capitales, &qu'i i

devaitfe rendrechezelle le foirmême. Je fis

ce que je pus pour l'en diffuader, &:lui inf.:

(D)

pirer une juite horreur de ces intameseft*

droits. Mais le voyant obftinédans fa réfd-

lution, je le quittai de fort bonne heure.

Au milieu de la nuit on vint me dire

qu'on frapait à ma porte à coupsredoublés*

J'ordonnai qu'on ouvrît & je me difpofaisà m'habiller, lorfque mon imprudent ami

s'offrit à ma vue, mais bien différent de

lui même il était pâle défait ab-

batu; il pouvait à peine fe foutehir fon

état m'effraya.Je lui donnai des cordiaux;& le fismettre au lit. A fon réveil, il me

raconta fon avanture & ce fut avec la

dernière furprife que j'appris de fa bou-

che, qu'il avait pafle là nuit dans un en-

droit qu'il me nomma avec cette même

femme que nous avions admirée la veille.

Le Projet que/indique détruira la mal-

heureufefacilité que trouvent à fe fatisfairet

les femmesquife livrent à £aujfi honteux

déreglemens.

(G) 1 Parus,

pag. &r~e

II Partie. ~-Y

(D) 1Le 3eune-homme dont il eft,parlé dans

la Note précédente, racontait à fon ami,

qu'un jour fur les cinq heures du foir,

fui vit, au hazard,

une Vieille dans un lieu de débauche. e

Il ne tarda pas à s;apercevoir que lajeune

fille qu'on lui avait présentée, n'était pas

du couvent. Il prit différensmoyens pouf

la connaître. L'occa.fion

l'ayant favorifé il la vit fortir un jour de

la maifon de fes parens fur les neuf

heures du matin un livre de prières fous

le bras il vole fur fes traces elle tra-

verfe rapidement une Église, enfile une

petite rue ~t fe gliffe. chez la Vieille.

e s s e · e s e e e e ee

Le jeune-homme la vit plufieursfois de

la même manière. Mais il ne jouit pas

de fa prétendue bonne fortune, auffilong-

tems qu'il Faurait fouhaité. Un jour qu'il

paffait fuivant fa coutume dans la rue

de la fageperfonne, il remarqua beaucoup.~r r Tt-~ T"~7's

(E)Partie,

p;\g.84.

de carrofles à la porte. A dix heures,-il-

la vit fortir élégamment parée belle

comme un ange, coîfée du fymbole de la

pureté elle allait jurer une éternelle

confiance à un jeune amant qui pa-

raiffait ivre de fon bonheur. (3).

(E)Un homme fut introduit dans un lieu

de débauche par une de ces femmes qui

recueillent les paflans. A fon arrivée, il

y avait beaucoup de trouble dans la mai-

fon de forte qu'il fe vit dans l'impoffibi-

lité de fortir & que prudemment il ne

devait pas se montrer. Ce particulier prit

le parti que lui suggéra celle qui l'avait

amené; il se retira dans un cabinet, dont

la porte vîtrée donnait sur une pièce, oii

($)Dicisfîrmofam diciste, Bajfa, fuellttm;

Ifiud qus,nonefi dicereBajfajèlet.Mart. L. V,Epig.46.

Ce menfonge n'eft plus de mode nos filles

ne parlent jamais d'elles-mémes.

Yi 2.

plufieurs libertins s'étaient raffemblés au-

tour de deux filles fort jeunes, & affez jo-

lies, qu'ils avaient fait mettre nues.

Elles étaient attachées. Une cruelle pré-caution étouffait leurs plaintes.

(Je fuprime d'autres circonftances plus ré-

voltantes ). Ils pouffèrent la

barbarie fi loin, que craignant que l'Ab-

beffe & cette femme qui venait d'entrer,J

ne s'échapaffent pour apelerdu fecours,

ils les lièrent l'une -& l'autre aux piedsdu lit. Le malencontreux qui était venu

chercher le plaifir dans cette maudite

maifon friffonna d'horreur. Il vit mille

chofes monftrueufes & dégradantes.Enfin ce cruel fpe&acle ceffa. Mais avant

de fortir, ces infâmes eurent l'inhuma-

nité de piquer légèrement avec leurs

épées les deux malheureufes qui étaient

à leur difcrétion. Elles ne pouvaient crier,

mais on entendait un gémiffement fourd

qui avait quelque chofe d'affreux on

voyait les larmes couler abondamment le

long de leurs joues 1 &: fe mêler avec

des gouttes de leur feng.

(F)1Farde,

pac. 85,

:(F)On pourrait faire de très-beaux rai-

fonnemens fur la faculté d'aimer fans ce~ 9

foit un objet, foit un autre, particulièreà

l'efpèce humaine. Pour quiconque envi-

sage l'amour ainfi qu'un liniment tou-

jours prêt, non ièulement à adoucir nos

peines comme l'amitié, mais à en uifpen-

dre le fentim~nt à en effacer l'impreffion

à la détruire entièrement famour, dis-je,

conhdéré de ce côté-là, eft fans doute le

plus précieux des dons de la Divinité &

comme l'antidote d'une trifte & prévoyante

raifon. L'homme a le malheur de favoir

qu'il mourra il a même l'orgueil de croire

que de tous les êtresvivansil eAle feul qui

le fache [ &tant-mieuxpour lespauvresani-

maux, qui n'ont pas les mêmesmoyensque

nous de s'étourdir 1~-deûus] il a donc deux

befoins de plus qu'eux, celuide vivreen fo-

ciété, pour que la vue de fes femblables le

tienne prefque toujours hors de lui, que

leur exemple l'encourage le confole &

Y*

d'un fentimentqui répandel'îvrefledansfon

cœur lorfqu'il eft forcé d'y defcendre.L'i-

vreffenaturelle de l'amour autant &plus

que celledu vin, que cellede la gloire queles tranfports bouillans de la fureur, fait

méprifer la mort le fentiment, lespafrionsles plus violentesoules plusdéraifonnables:>

nous font utiles & néceffairescontre notre

faible raifon. Oh de quelspréfervatifsnous

aurions befoin, fi, par exemple fes lu-

mièresnousfefaientlire dansl'avenir! Il fau-

drait nos corpsune conilitution plus forte;

que lesvégétauxSe les autres alimensdefti-

nés à entretenir la vie euffentdes fucs plus

puiffans-, que tout le fyftème-de la nature

fût changé c'eft-à-direque notre globe ne

fût plus commeil efi; ce qu'il eft ni où il

eft, & que nous fuffionsplus qu'hommes9

autrement le choc des paffionsnéceflaires

pour l'équilibre détruirait nos organes.

Nos lumièresfont Ji courtes! difent lespluséclairés d'entre les hommes; tandis qu'un

payfan groffier croit les fiennes auffi éten-

dues qu'elles peuvent l'être c'eft que le

dernier eft dans la place naturelle à l'hom-.

sftA, au deffous de la nature Se que le

premier s'eft élevé au-deiTus le payfan eft

un enfant dans le fond d'un vallon

qui croit voir tout l'univers Seque les col-

lines touchent les nues le favant eft un

homme fait au fommet des Alpes qui

découvre un horifon immemfe,& qui s'irrite

de ce que la faibleffede fes organesne lui

laiffequ'apercevoir ce qu'il voudrait diftin-

guer. Le plus heureuxdes deux? La raifon

dit que c'eft le payfan. Une queftion qui fe

préfente d'elle-même, c'eft de favoir, fi la

manièrede vivre, dans lesnations policéesa

n'a pas étendula facultéd'aimer yfi les loix

dela pudeur, les grâcesque la parure ajoute

à la beauté des femmes, la fucculencedes

alimens ne l'ont pas rendu continue cette

faculté? c'eftmon avis du moins.

« Un célèbre Philofophe de nos jours,

» examinedansfon Hi/ioireNaturelle pour-

«>quoil'amour fait le bonheur de tous les

» êtres, &le malheurde l'homme. Il répond,

o»quecejl qu'il îiy a dans cettepajfion que

v lephyjîque de bon & quele moral, >ceft~

v à-dircle fentimentqui t 'accompagne.n'en

Y4

h vaut rien.Ce Philofophe n'a pas prétendu

« quele moral n'ajoute pasau plaifir phyfî-•»que, l'expérienceferait contre lui ni que« le. moral de l'amour ne foit qu'une illu-;

» fion yce qui eft vrai, mais ne détruit pas« la vivacité du plaifir (eh combienpeu de

» plaifîrsont un objet réel ) il a voulu dire

fans doute, que ce moral eft ce qui caufe

» tous lesmaux de l'amour; & en cela on

nefaurait trop être de fon avjs.Concluons

« feulementde-là, que fideslumières fupé-» rieures à la raifon ne nous promettaient»pas une condition meilleure, nousaurions

fort à nous plaindre de la Nature, qui,en nouspréfentant d'une main le plus fé«

« duifànt desplaifirs, femblenous éloignerde l'autre, par les écueils en tout genre

« dont il l'a environné & qui nous a,-pourainfi dire, placés fur le bord d'un préci-

» pice entre la douleur& la privation».

Juflifions la Nature & l'Amour; ni la

première ni le fécond ne font coupables

c'eftencoreï inégalitéqui a fait tout le mal

Parfaitement égaux entr'eux, les animaux

aiment fans préférence la jeuneffe & la

beauté de la forme, dans les femelles, n'a-

joutent aucun degré à l'empreffementdes

mâles. Il eftcertain, par la connaiffanceque

nous avons des mœurs de certainespeupla-

desde l'Amérique,qu'il endut être de même

parmi lés premiershommes toute femme

leur était bonne celle ci, par un fenti-

ment propre à fon fexe, fe défendait tou-

jours un peu & finirait par fe foumettre à

fon vainqueur. Tout fe bornait alors a.

l'appétit des fens, & l'homme, loin d'y ga-

gner, y perdait les deux tiers de fon bon-

heur. Mais un fentiment plus doux, caché

dans fon, âme, cherchait à fe déveleper

la beauté devait le faire naître parmi des

créatures malheureufes, qui trouvent diffi-

cilement leur fubfiftance telles, par exem-

ple que lesCaliforniens cet avantagene*

xiflepas Vénus& les Grâcespeuvent-elles

carefïèrun face hâve, des yeux ardens, in-

quiets un teint, une gorge couverts de

pouffière, brûlés par le foleil, & devenus

comme écai lieuxpar l'intempérie des faï-

fons ? La beauté ne dut commencer à

çtiftinguer les femmes que lorfque le

genre humain eut le néceffaire. Ce fut

alors que naquit ce goût de préférence,

qui feul depuis a porté le nom d'amour.

Mais le choixfut durant longtems le privi-

lége de l'homme le fexetimide, content

de voir en celui à qui on le donnait fon

défenfeur & fon apui n'avait d'autre pen-

chant que Ion devoir. Tranquille fpeâa-

trice du combat entre deuxfiersrivaux 8t

fûre d'avoir un hérospour époux, Déjanir~

eût aimé ~lchéloüs vainqueur d'~<

Les deux premières fources de l'inégalitéentre les hommes, furent la Religion Se

fHéroïfme: la déférencequ'on eut pour les

premiers Prêtres j comme interprètes des

Dieux, devint bientôt fotimiffion:lesHéros,

particuliershardis, injures j fcélérats, ache-

vèrent la dégradation du genre humain ils

extorquèrentpar la crainte les mêmeshom-

mages que la perfuafion fefait rendre aux

Miniftres de la Divinité ceuxqui voulu-

rent s'en défendre furent réduits encore

plus bas on en fit des Efclaves.Nous voi-

ci parvenus au dernier degré d'inégalité

raifance règne la difproportion des fort~t~

ne? eft immenfe, la beauté brille de la rrat-

cheur du repos, de l'éclat de la fatisra<~ion

& de celui de la parure fEfclave, auquel

de tous les avantages de fon être, il n'eft

refiéqu'un coeurfennble, en levant fon dos

courbé, pour eff'uyerla fueur qui dégoûte

de ton front, voit la fille de fon tyran les

fleursde la jeuneffeembelliffentfon vidage;

tandis qu'il l'admire, elle laiffe tomber fut

lui un regard, marque exprëâtvcde la com-

pâ(Ï!on qu'il lui infpire l'infortuné baiffe

la vue, & reprend fes.travaux mais fon

âme eft bleffée il fe consume d'inutiles de-

b15 la fille du tyran lui a fait plus de mal

que le tyran lui-même, & ton malheur eft

complet. On peut comparer, du plus au

moins, les fuites de rinégalÍt~ dans les au-

tres degrésde la fortUne.Maisle mal devint

tout-d'un-coup extrême, lorfque les femmes

fe çrurent permis de choifir leur maître,

fur lequel la modeuie, dans des tems plus

ïeculés, ne leur permettait pas de lever les

yeux. L'hommee fut malheureux par un

fenrimem femblable à celui qui lui fait de-

hrer les ricnefies,leshonneurs, tous cesbiens

dont la pofTeffioneftenviée, &l'acquifîtioft

difficile.Fut-cele vicedel'Amour &la faute

de la Nature? Non: cette prétenduefub-

ordination admirabledes rangs& desfortu-

nes, tant vantée par de vils adulateurseft

la fource de tout le mal moral qu'on re-

marque dans la fociété En finiffant

cette note, je reviens aux animaux eft-

il bien sûr qu'ils n'aient de la mort aucune

idée de prévifion? je ne croispas faciled'en

fixerl'étendue mais je penfeque le foin de

conserverfa vie & l'idée de la deftru&ion

font inféparables. Si les animaux, connaif-

fent le danger, s'ils le fuient s'ils l'évitent

avec adreffe ils prévoient la mort au

moins d'unemanière inftantanéeSeconfufe:

d'où proviendraient ces mugiffemens du

taureau, lorfque fesnarinesévententle fang

d'un animal de fon efpece dévoré par des

bêtes carnaflîères? qui cauferait au cochon

cette frayeur exceffive lorfqu'il aproche de

quelque reptile venimeux, ou qu'il entend

les éclats du tonnerre? les cWTeursconnaît

fent 1esrufesque la craintede la mort fuggè-

reau gibier: & j'ai obfervéque l'effroi de la

(G)I Partie,1pag.8

brebis, enpréfencedu loup, était fi grande3

que fa prunelle fé ternit, & qu'elle va tour-

nant fansvoir, durantplufieursminutes.Les

animaux font moins bêtes qu'on ne penfe

&:n'en font que plus malheureux.

(G)

44Je fus apelé, (me difait il y a quel-

que tems un jeune Médecin) chez la

Mpour une fille aitez jolie, 'que je con-

» naiffais.On me dit qu'elle était dangereu-

fement malade je présumai que fon in-

e)difpofition était une des fuites ordinaires

»de fon malheureux métier.

» Je la trouvai dans un état affreux.

s)Un homme, auquel elle venait de faire

J'Ygoûter les plaifirs de l'amour, avait

» voulu la contraindre.

» Elle refufait abfolument ce forcené

lui faifit le bout du fein avec tant de for-

» ce qu'elle s'évanouit. Il la laiffadanscet

état ce fortit de la maifom

» Je la fis panfer devant moi le mam-

melon était prefque détaché le Chi-

(H)I Partie,

pag. 86.

»rurgïen defefpérait de la guérifon

mais j'augurai mieux de fa bleffure f

»& cette fille eft effectivement réta-

» blie. Ce qu'il y a de plus heureux

» pour elle c'eft que cet accident l'a fi

» fort effrayée qu'elle a confenti que je

» la mîffeen apprentiffage propofition à

» laquelle elle avait toujours éludé de fe

» rendre, fous différens prétextes.

Foyei Martial, Épigram. 79 du Livre IL

(H)

«Une jeune perfonne fort aimable &1

» fort douce dont je connaifîais beau-

» coup les parens ( difait encore le jeune

» Médecin qui m'a fourni les traits que

» j'ai raportés) fut contrainte par eux

»d'époufer un homme qui avait été

» très-débauché. Il était riche, & la De-

»moifelle n'avait pas de bien. Elle fut

» ainfiun trifte exemple des mariages que

» l'intérêt feul a décidés. Son mari non

» content de fe plonger dans l'ivrognerie,

> reprit encore fes anciens dérèglemens.

~9Un jour elle me fit apeler je la crus

indifpofée j'y volai. Plufieurs fois

durant notre entretien, je la vis prête à

laiûer couler des pleurs qu'elle s'éfor-

» çait de retenir. D'ailleurs, elle ne fe

o plaignit que de vapeurs, d'inquiétudes,

3~d'uné trifieffe involontaire. Je mis tous

mes foins à la calmer je m'apperçus

bientôt que je ne fefais qu'aigrir fa

peine. Comme d'autres vifites m'ape-

laient j'allais me difpofer à la quitter,

lorfqu'elle me conjura, avec mille inf-

s, tances, de demeurer jufqu'au retour de

fon mari. Je fus auffi furpris de cette

Mprière que je l'avais été de fa douleur.

Nous nous entretînmes le refte du jour,

fans qu'elle laiffât rien échaper qui pûtm'inûruire. Enfin nous entendîmes mon-

ter fon mari & nous connumes qu'il

détait pas feul. -Ah le malheureux,Mme dit alors la jeune Dame, il accom-

»~,plit la menace qu'il m'a faite. Mon-

fieur, ajouta-t-elle, je connais votre

difcrétion, & l'honnêteté de vos fen-

» timens. Je vous conjure de ne pas for-

» tir d'ici. En même tems elle me mon-

» tra un petit cabinet & me pria de

»» m'y renfermer, lorfque l'heure de me

» retirer ferait venue elle ajouta à la

»'hâte, que mon fecours lui ferait né-

« ceffaire pendant.la nuit. Je promis de

« lui accorder cette fatisfa&lon, nefâchant

»» encoreà quoi tout cela devait aboutir. Le

mari paraît une petite perfonne que

l'impudence la plus décidée n'empêchait

» pas d'être fort gentille, l'accompagnait. Il

parut furpris de me voir cependant» il me fit de grandes démonftrations d'à-,

*>mitié &nous nous mîmes à table. Ma

» préfence évita durant le fouper à fa

» malheureufe époufe, mille mortifica.

»»tions qu'il s'était promis de lui faire

»effuyer. Il but largement & fe plai-

« gnait fouvent de ce que je ne lui fefais

*» pas exactement raifon. Lorfque je m'a-

« perçus qu'il était tard, je pris congé« d'eux. La jeune Dame me fuivit. Nous

» ouvrîmes la porte mais au lieu de for-

« tir j'entrai dans le cabinet comme

? nous en étions convenus.

vous

« J'y étais à peine, que j'entendis avec

35autant de furprife que d'indignation

« qu'il ordonnait à fon époufe de rendre

» les fervices les plus bas à la miférable

» qui venait la braver il lui dit qu'il

» voulait quelle fût témoin des plaifirs

s>qu'il allait goûter avec fa méprifabie

rivale. Cette pauvre femme obéiffait

« & ne répondait rien mais lorfque fon

« indigne mari fut au lit elle fe jeta dans

» le cabinet où j'étais elle y paffa la

« nuit malgré les menaces &les efforts

« qu'il fit pour enfoncer la porte. J'eus

» befoin de toute ma vigueur & de toute

8» monadreffe pour l'empêcher d'y réuffir.

» II fe découragea, & retourna dans les

» bras de celle qu'il avait amenée. Lorf-

»»que cet abominablehomme fe fut livré

« à toute fabrutalité il s'endormit. Ce fut

» alors que je demandai à lajeune Dame, fi

de pareilles fcènes arrivaient fouvent &

» pourquoi elle n'en avertiffait pas fes pa-

»> rens? Voici ce qu'elle me répondit:

» Vous voye^ Monjieur 3queje fuis la

**plus infortunée des femmes cependant

'v fi,II Partie. e-Z

»

vdks hé ionnaiffe.^ pas encoretout ce que

»fai à fôuffrir mes parens qui devraient

*>Meconjblefi mé protéger >mesdénaturés

» parens j prévenus pat mon mari i tne re-

»»butent $ ïriaccaf&nidé meûfàngè ils ri-

»jufeài dé s'ajfiireï par leurs propreè /yeuxa dé là vérité dé et Çuèje leur dis i ils té-

»»pètent à mon mari tes "plaintes que jt» leur ai portées de fà conduite & m'en-

« font tnàltrâiïeh Maisce. «' eji pasencoren là le plus grand de mes ràaux i àccou-

&tuMé à ne voir que tes indignes créatures

» qui fonttrafic de la pudeur Bon rûariexigé

i demoi desbdjjejfes(4). J'ai étécontrainte dé

itfuir la niiïlpajjeèi pourjhi dérâhé àfeS em-

» pofiemeris?&dé m*ehfertthrdans cecabinet.

» Il éjlforti ceinduit i ehmedifant d'un ton

*>'railleur qiiil voyait bien quef avais be~

*>jpid dé tiiçôtisi qtiil rfiéfi ferait donnet

h qui banniraient niés fbts fcrupuUs 6*

&qiiè h foir mêthe Une mitrï » plus cohi»

Spiàifaniè^ qui mai occuperait nia place $

qui je fongeap. à U refpeUer comme

» -Uni maîtrefft. 4*« San$ voué 9

i>Monfieur ajouta -i elle je h*avais

» d'autre rcjfoïirceque de chercher à m'en*TT T1 '7

'^>0r encore pour emr à Pavanttirepétz~

' -dàM>:îii"huit fi je ri avaispas voulu d&

v»'TheiifèYixpofée'à 'tout 'c$quern enflentfait

.^JoUflrïr:uh ccèivrîtiïffi coïrônipuque celui

%>âz--etTtfrah>,$&WinfolénèeÛéJ'indigne

,fe Tv.âtïinqui vous"âveviie.

t»3è fus XtitifSxk,du fort d'une femme

feauffi Vértùëafë ^a'elîë était aimable.Je

%»là iônduifis chez fes parens dès le ma-

%'tîh > tandis '^ûè Ïqù mari dormait en-

• corè |e leur p'eigrfisle fort affreux de

leur ïïllè fouslèscouleurs les plus vives.

« La 'nature Te'rëveilïa daôsleur 'ccéùr;

*»|è fus les pèrKiader ils 'furent touchés

«a'"des famés ~$wkûSnfortutiëè qui les

savait toujours tendrement aimés. Ils

fc'ônt tonfeatt '^éllé quittât fon mari

%»fans éclat: & quelques jours s après,une

.>Dame de condition frès-refpe&able5»retirée -Sanstiti Couvent s'en eft faite

•«iin'e compagne qui lui dévient tous tes

jôlfrs pïus 'chèrèi

(4) "Wniîoftïakdifàit à & fettvmeï

pxiï, wdefitas-j eut tnnÙmmersmjfotti

.u:~l'r,oi ~e~'a~

Huilas. pp«aUt

~ein~ WoŸ~

cô~~5~a~ f~

~s..cor~vâ:isu a

ï:'te-

Ho»egûfim.Cjurius^noaNam^fwnTmm^

i~;le.Iucundajt~~isnE,tr-ssîhpe~p®çuiit,~aQ~es>

7».progrès;potâfmgeretrijis~quÂ

ï« tenebrisMudès:Mèluàénie^elHçerné%Ft cs

Etjuv^admijfâmm^erfjuçfl^mh^ a

F'afcü~te tunicaque.abJcYx~zse.:ps~llia.t°~ p

At.mihindlas;fatis;.minfftelfyjfcefi,

$afaa.mecapiuntbl~ndits~«!r~-<'o~

Tu mhidàs miâqmUâ?nmè:foks^

*,••«. • • •» •_• •.«-• • ,«.• -•

»'

t BabM.hmc.ÇdrnelU Graccho

Julia ptmpeio Forcîa Brttte-;tibi.

J*^edeleclatgravitas Lucretiitloto-

Sislicetttfaue.diejLaidiin.o^^0*

~ylar,z.~XL,.L~, aor.~

Ce- double tableau de \x vie chattes îtoo%

«ente.,frugaledes;anciè,nng§.KoîTiaiwi?,&^è

conduijce»débordéedes,h9mîpê§;,# fiëêlAd^Ne-,

ron pâr&ii.Rcp0traftè;;ddniif#èmaî$firtijône^

tcms^e?«ft»'iecrçis»xeqt)e->^ïïiu-p|ïp.nrdi3[g^iu;?

humainpo.wvat>,prpd!;iir^deïplusJiiçenc^u^P«..

voit.dansc.etîç.Ep.igramme;]*|b^,df£prùa.grandenomsj.QÎai^aïPbiàfghçjne'C0pt|ej[^lli,®ex>W»

je- îfe.répète>nGus-si'e^-XBgî.spœiPf*?^

ve~I}~Ft!q,;moms\.ou..v~t~1'1:¡J~f~g~: U;Ç:

pçsyediïé;irMâïÉ;bjèn^BeIê^.iëWae% «pok

gue très-belles dans ces fiecles reculés, n#

commirentpasl'artde plaire aux hommes&de

fe les attacher dans le même degré que

cellesde nos jours. Quelques^-unesd'entr'elles

fefaientde fortespaflions maisle beau-fexeen,

généraln'avaitpascecharmeinexprimable,que

la libertéluidonnechezles deux premièresNa-

tions de l'univers.

Les Romains dont npus parlons ne font

pas ceux du temps des Cincinnatus des

Régulus des Fabius & du premier Caton

Iongtemsavant Martial le Divin Au-

gujîç avait faiçdes vers commeon n'en fàiç

guère,

Martial,Mont.agnfi&M.deVoltaireotg.rapqrtlcesvers.

Antoine n'écrivait pas plus modeftemfnç

à çç même i^ugufte auquel Horace donne

les louange§ les plus délicates fur la pureté

df (esmœurs&: la fagsflede fes loix.`

FayezS^çtpne?V- d'Au|ufte çh.

f J'ai préfenté quelques Epigrammesdu

poète Martial & d'autrespa.ffàgesde manière

qu'ilsne puflenteffrayermesLecteurs. le m'eq

feraisabftenutout-à/ait, s'il ne m'avaitparuné?

ceffakej çpnfolantmême pournotre Jxècle, 4e

HoeK

prouverafesdétracteursqu'ileftauffifupçfîeur&

l'Antiquitépar lapuretédesmoeursqueparfes

lumières.Tousnos avantagesfurles Anciens

font dusauxfemmes.Cesgoûtsfrivolesen ap-

parence,ces modesfi féyantes&fi variées en

augmentantleursgrâces attachentleshommess

1espréferventde ceségâremensgroffierscontre

lefquelsla Religioneft trop faible, & que U

PhjlpfQphienefitjamaiséviter.

^idditlon pour la page 304 apr\s h itlW

Capitale.

Tout le monde connaît les Mufico de

Hollande •, efpècesde Caffés où de préten--

dues innocentes fe vendent le plus cher

qu'elles peuvent, en proteflant que la né-

ceffité feule les poïte une aâion dont

elles gémiffent. Excufeufée s&moins,ad-

miffible à Amfierdam où à h Haie que

par-tout ailleurs.

(I)<«.Npus, approchions. deI la. Capitale;,

1:r,aç9Q~a_~t;le.. 1P~P1e:jcun~homme<~tres-

=3>f~t~gués,sencore,.de-no-,

tr~J~j9\.1rd~Jl~lUl; coche.:r.enommépour.

M~Ip!it<3Uf~.lorsque nousfumes,"cru.

=3,tés,;par deux jeunes perfonnes. aü'e~

)0li€:s, la,prentiere paraiffaîtiavoir en-

~v~ro1J"vingt-quatre ans 8c !a. tacpnde-.

"4i~d~. moins.. Cette dernièreay~it-l'aïf,

n, vive ) hardie, en,un:moi;, fihite,,

malgré- la 'modeftie de fà conduc-

~tr~çe., elle: m'infpir~! d'abords quelque-

~de6ance. M e foupçons tu-

~.rent- bientôt détruits. le m'entretins;

=~,qûelque:te~s.,<1vecma.d.e.moifeHeLebr.r~Fai

.(c7eft-,ainfi que la petite ~lngéligue.nom~.>

.niait- fa f\1~î~feÍfe)Se tout ce qu'.el(P:~

~difai~ était 6 j~ente, queje pris beau--

~.coup d~elHmepour elle. Un jeune nom--

".me dont gavais ~ait ïa connaiitàncepen--

'~A~mJ~le.v.oyage.:1- s'éprit pour la ~eïite

.i\ ~rp\1Ya.Je,t\1Q1D.entfavprab~~il :C;L\t;iIlit;

M,Ia,rp~e. maise pas fans.épi~

l'ai Q.e_hlFmême.d.Í1~

~J~4.f\l~t~~v,

l

(~~iÏ-Fâ'-ti&

~~3:3:>.'.r'iib:f.

(K)IPartie,

page 106,

Z4Lut

(K)

U Abbayede Thélêmede Rabelais, que]

M. D. D. R. regarde comme une imita-?

tion des lieux publics de Proftkution,

établis autrefois dans diférentes villes du

Royaume, n'a félon moi, aucun raport

3vec ces maifons.C'eft une invention affez

plaidantede cet Auteur? pour .récompen-

fer d'une manière digne d'un Moine du

j5 ou du i6.-fiècle, le frère Jean des

Entômûres.

Après une vi&oire Gargantua donne

des recompenfes à tous fes Capitaines

il ne reflait plus que le Moine Jean qui

n'avait pas eu le moins de part au bon

fuçcès. Le Prince lui offrit plufieurs riches

Abbayes mais le frère les refufa, par la

faifon que de Moine,il ne voulait avoir

charge,negouvernement car, comment di-

J ait-il y pourrai-jegouvernerautrui qui moi-

mêmegouvernermj aurais Jl demanda qu'en

çonfidération du fervice qu'il avait rendu,

Se de ceux qu'il fe propofait de rendre

par la fuite, on lui permit de fonder une

jnaifon, à laquelle il donnerait une règle

à fa fantaifie.Sarequête ayant été agréée de

Gargantua, il propofa au frère Jean un

beau pays fur les bords de la Loire, nom-

mé Thélême,pour y bâtir une Abbaye oh

tout ce qui fe pratiquerait fût le parfait

contraire de ce qui s'obferve dans les

autres Couvens.

Cette maifon ne fera point environnée

de murs, parce que les Monaftères font

murés 6*non fans caufe dit le Moine

eit mur y a devant & derrière, y a force

MURMUR envie 6* confpiration Les

femmes ne doivent point entrer dans les

Couvens d'hommes, & il eft d'ufage dans

quelques-uns de laver la place, ou elles

auraient mis le pied, qu'elles fuffent hon-

nêtes ou non; ici au contraire, on lavera

les lieux par lefquels auraient paffé des

Religieux ou Religieufes. Il n'y aura point

d'horloge, parce que chacun ne cuivra

d'autre règle que fon goût & fa volonté `

dans les chofes qu'il voudra faire n'y

ayant pas de tems plus véritablement

perdu, que celui où l'on compte les heu-

% es e'eftla plus grande rêverie du monde'

<defe gouverner au fon d'une cloche &

non fuivant le bon fens & la raifon. De

même, on met ordinairement dans les

Cloîtres, les fujets incommodés ou fans

mérite; à Thélême, on ne recevra que

des jeunes gens alertes & de jeunes filles

qui auront toutes les perfe&ions qui ren-

dent aimable. Dans les maifons ordinai-

res, il n'y a que des hommes ou des fem-

mes ici les hommes & les femmes feront

toujours enfemble. On eft engagé pour

toute fa vie dans les autres Ordres on

pourra quitter celui-ci dès qu'on s'en-

nuira.

Les vœux de chafteté, de pauvreté &

d'obéiffance y font changés à quelque

chofe près en leurs contraires.

On devait y recevoir les filles depuis

dix ans jufqu'à quinze & les hommes

depuis douze jufqu'à dix-huit.

Rabelais parle enfuite des revenus de

l'Abbaye il en décrit la Situation & les

fomptueux édifices. L'infctiption qu'on

mettra fur le portail, tient un Chapitre

entier en versburlefques. L'Inftiîuteur veut

qu'on y fonde la foi 3&qu'0/2 en bannijfe

foigneufement l'erreur. Après avoir parlé

des bains des jardins de la fauconerie il

vient aux habits rien n'en égale la ma-

gnificence on en aura pour toutes les

faifons & l'on y verra briller, Yargent9

Yor, les perles, les efcarboucles, 'les dia-

mans, les rubis, &c. En hiver, on s'ha-

billera à la mode Françaife au printems,

à l'Efpagnole en été, à la Turque; ex,

cepté les Fêtes & Dimanches, qu'on re-

prendra l'habillement Français

Ce feront les Dames qui règleront les

couleurs que devront porter les hommes.

Il y aura un grand corps de logis à côté

de lamaifon où feront logés les Ouvriers

qui feronttoutes ces belleschofes.L'emploi

de la journée eft réglé par ces trois mots

FAI i CEQUE VOUDRAS:

les perfonnes bien nées, tant qu'elles font

libres, ont en elles-mêmes un aiguillon

qui les porte aux avions vertueufes au

lieu que la défenfe donne au crime des

charmes qu'il n'aurait pas fans elle ils

fefaient tous, par émulation, le bien qu'ils

avaient vu faire à un feul, parce qu'ils

pouvaient ne le pas faire. Rabelais finit

(,) Ce/î-à'dîre»à

envers.

{2) enptofe.

(3) adroits.

(4) habiles.

(j) ai Brame,

[S) noble.

(7) forrir.

aînfi vTantnoblement ejiolentapprins qu'il

n'efioit entreux celui ne celle qui ne fçujl

lire, efcrire^ chanter, jouer d'infiruments

harmonieux parler de cinq àjîx langaiges,

& en iceulx compofer, tant en carme(/)

gu'en oraifon folue (a). Jamais ne furent

veus cheu&liçrstant preulx tant galans

tant dexfres (3) à pied &à cheval, plus

vers mieulx remuans mieulx manians tous

hajlons qui là ejloiem. Jamais ne /surent

veues dames tant propres, tant mignonnes

moinsfafcheufes plus doctes(4) ri la main,

à l'aiguille, à tout acie muliebre(i) hon-

nefte &libre (6) que là ejloient. Par cefie

raifon quand le temps venu ejloit qu'aucun

d'icelle Abbaye, ou à la requejledefespa-

rens ou pour autre chofe vouluji ijp.r (y)

hors auecquefoy il emmenoitvuedes da-

mes, celle laquelle l'auroit prins pour fort

deuot 6* ejloient enfemble mariez. Et fi

bien auoient vefcu à Thelemeen dèuotion &

amitié, encoremieulx la continuoient'ils en

mariage: autant s'entreaimoient-ils à la fin

de leurs jours comme le premier de hurs

nopces.

Ceci reffembîe davantage à la Cour £A-~

(L) I Partie

page 107.

Dans l'anciennel

Home on voyait aux

lieux de débauche le

non de chaque Cour-

tifane fur la porte de

fa chambre d'où

vient que Juvcnal

parlant de MeJJ'alli-ne, qui empruntaitcelle de la fameufe

JLyfîfca, dit agréa-

mour^qu'à un Lieu de Débauche. On fait

que les peintures cyniques ne coûtaient

rien du tems de Rabelais, Se«queles hon-

nêtes-gens même ne feraient pas difficulté

de s'amufer des Ouvrages de cet Auteur

libre le Cardinal de Richelieu, dit-on»

reçut fort mal un Savant parce qu'ilavoua qu'il ne les avait pas lus ainfi ce

n'efl: nullement par retenue que Ra-

balais termine fa..defcription auffimodes-

tement mais c'eûVqu'il a rendu tout ce

qu'il voulait peindre.On peut joindre à ce Projet idéal de

Rabelais l'Établiffement plus vraifembla-

ble des Pretty.-girlsde la Famillevtrtueufè.

CMLes Prostituées profanes & dont la

Religion n'était plus le motif, firent chez

tous les peuples un état à part. On leur

affigna prefque toujours des endroits fé-

parés, oit ellespiuTentexercer avec moins

de fcandale leur infâme commerce. Les

femmes publiques ont fixé longtems,

même en France l'attention du Couver*

bhment Tîtulum }mentira LylîfcïOn lijait aujfi dansl'écriteau le nom de

la Courtifane, & le

prix qu'on lui don-

nait. On voit dans

Vhiftoire d'Apollo-nius de Tyr la for-me d'un de ces ti-

tres, qui ejl affei

plailante:QuicumqueTatfîam

defloraveric

Mcdiaralibram dabic

Poftea populo pacebicAd fingulos folidas.

nement il y en avait toujours un certain u

nombre dans les villes à la fuite de la 3

cour & à l'armée fous le nom de Cour-l'u

ùfams ou de Ribaudes. p>~<

Les Lettres que donnèrent Charles VI l'1 n

en 1389, & Charles VII en 1414, pour m

faire régner le bon ordre dans les lieuxP\ti

de Proftitution font raportées par Lafaillec

dans fon Hiftoire de Touloufe. Cet Au- p

teur dit qu'il y avait anciennement dans

cette ville & dans plufieurs autres, un lieu

de débauche, qui était non-feulement to-

léré mais autorifé même par les Magif-

trats, qui en retiraient un revenu annuel.

L'an 14x4, fur ce que l'on infultait fou.

vent cette maifon, qu*'onnommait le Chd-

tel-vert & que par le defordre qu'y occa-

fionnaient de jeunes débauchés, la ville

était privée de ce revenu, les Capitouls

s'adreffèrent au Roi Charles VII, pour

mettre cette maifon fous fa protection

ce que le Roi leur accorda. La requête

des Capitouls paraîtrait fingulière aujour-

d'hui ils repréfentaient au Roi, que cer-

taines gens demauvaifevieentreprenentdral-

ler cajferlesvitres decetu maifon;fans au-

cun*craintsdeDhu. Non verente,sPeum»

L'an mil tret cent

quarante& fa

au

hueît du mois d' avons

noftro bono reinojano

a perméslou Bour-

deou dins Avignon

Et vol que toudos las

fremosdebauchados

non fe tingon dins la

doutât; mai que fian

fermadosdins lou

£ourdeou,&queper

ejlre couneigudos,que

portonuno agullietto

rougeou fus l'efpal-lou de la man efeai-

ro ,&c.

Dans Paâe des Coutumes de Narbon-

ne, il eft dit, que le Conful &leshabitans

avaientL'AdminiJlrationdetoutesles afaires

de police, &le droit d'avoir dans la jti"

rifdiciion duVicomte UNERUE CHAVDEy

cejl-à-dire un lieupublic de Projlitution*Jeanne I Reine de Naples & Com-

teffe de Provence, dans le Statut du lieu

public de débauche d'Avignon donne la

qualité d'Abbeffe à la Supérieure des filles-

Proftituées de cette ville.

Je vais raporter ce Règlementen entier.

Anciens Statuts du Lieupublic deDébauche

£ Avignon.

I. L'an mil trois cens quarante-fépt-,

& le huitième du mois d'Août, notre

bonne Reine JEANNEa permis un Lieu

public de Débauche dans Avignon &

elle défend à toutes les femmes débau-

chées de fe tenir dans la ville, ordonnant

qu'elles foient renfermées dans le Lieu

deftiné pour cela, & que pour être con-

nues, elles portent une aiguillette rouge

fur l'épaule gauche.

II. -Item.Si quelque fille qui a déja fait

faute, veut continuer de fe proftituer, le

Porte-clefs ou Capitaine des Sergens,

l'ayant prife par le bras, la mènera par

la ville au fon du tambour, & avec l'ai-

guillette rouge fur l'épaule, & la placeradans la maifon avec les autres lui défen-

dant de fe trouver dehors dans la ville,

à peine du fouet en particulier pour la

première fois & du fouet en public, &

du banniffement fi elle y retourne.

I I I. Notre bonne Reine ordonne que

la maifon de débauche foit établie dans

la rue du Pont troué près du Couvent

des Auguflins jufqu'à la Porte Peiré ( de

PIERRE) & que du même côté il y ait

une porte par où toutes les gens pourront

entrer, mais qui fera fermée à la clef,

pour empêcher qu'aucun homme ne puhTe

aller voir les femmes, fans la permiffion

de l'Abbeffe ou Baillive, qui tous les ans

fera élue par les Confuls. La Baillivegar-

dera la clef, & avertira la jeuneffe de

ne caufer aucun trouble &: de ne faire

aucun mauvais traitement ni peur aux

filles de joie autrement s'il y a la moin-

dre plainte ils n'en fortiront que pour

être conduits en prifon par les Sergens.

IV. La Reine veut que tous les Same-

dis la Baillive & un-Chirurgien prépofé

par les Cônfuls, vifitent chaque Courii-

fane &s'il s*en trouve quelqu'une qui

ait contraâé du mal provenant de pail-

lardife qu'elle foit féparée des autres,

pour demeurer à part afin qu'elle ne

puiffe point s'abandonner, &qu'on évite

le mal que la jeunettepourrait prendre.

V. Item. Si quelqu'une desfilles devient

groffe la Baillive prendra garde qu'il

n'arrive à l'enfant aucunmal, &elle aver-

tira les Confuls, qu'ils pourvoient à ce

qui fera néceffaire pour l'enfant.

VI. Item.LaBaillivene permettraabfolu-

ment à aucun homme d'entrer dans la

maifon le Vendredi faint ni le Samedi

faint, ni le bienheureux jour de Pâques;

& cela, à peine d'être caffée & d'avoir

le fouet.

VII. Item. La Reine défend aux filles

de joie d'avoir aucune difpute ni jaloufie

entr'elles de fe rien dérober, ni de le

battre. Elleordonne, au contraire, qu'elles

vivent enfemble comme foeurs que s'il

arriye quelque querelle,la Baillive les

*r>r vr\Ck" 1

II Partie. /A a

àecorçlera, & chacune s'en tiendra à Cl-

ique la Baillive auradécidé.

VIII. Item. Quefi quelqu'une a dérobé >

la Baillive fafle rendre à l'amiable le lar-

cin & fi celle quien eft coupable refufêde le rendre, qu'ellefoit fouettée dans

une chambre par un Sergent mais fi elle

.retombe dans la même faute, qu'elle ait

le fouet par les mainsdu Bourreau de la

ville

IX-, Ium. Que la Baillivene permette

aucun Juif d'entrer dans la maifon :•&£

s'il arrive que quelque Juif, s'y étant in-

troduit en fecret & par finéffe, ait eu

affaire à quelqu'une des Courtisanes, qu'il

foit mis en prifon, pour avoir ensuite lu

fouet par tous les carrefours de la ville.

Les habitans de Beaucaire en Langue*

doc avaient établi une courfe oti les

Proflituées du lieu, & celles qui voulaient

venir à la foire de la Madeleine, cou*

raient en public la veille de cette foire

célèbre & celle qui avait le mieux courtt

& atteint la première le but dônné avait

pour prix de la courfe, un paquet d'aï»n

guillètes c'eft de-là qu'etf fenue l'ex-

preffion proverbiale, qu'unefemme court

Caiguilleie pour lignifier qu'e//epro

fon corps à unchacun C'étaitauffi l'ufage

en Italie dé faire courir les Proftituées

& de leur propofer un prix- nouslifons

que le célèbre Cajirucciodi Caflracanl,

Général des Luquois après la bataille de

Seravtill-e, qu'il gagna fur les Florentins

donna des fêtes éclatantes fous les yeux

de fés ennemis & afin démettre le com-

ble au mépris qu'il avait pour eux il fit

jouet aupalio des femmes prôftituées tou-

tes nues, de façon queles vaincus puf-

sent les apercevoir du haut de leurs murs.

Ce palio était une pièce de Brocardou de

velours & d 'autres étofesprécieufes qu'on

gagnait û la courfe.

Les femmes. publiques accompagnaientt

les troupes. Brantôme dit, qu'à la fuite

de l'armée du Duc d'Albe que Phir

lipe H envoya en Flandre contre les re-

belles, qui siéraient «éunis.fous..le nom

de Gueux il y avait quatre cens Cour*

tifanes à cheval belles & braves comme

princej/ès &huit censà pied, bienen point

Aai

àujî. La Motte- Mefleméparle des Cour-

tifanes qui étaient à la fuite de cette ar-

mée, avec plus de détail que Brantôme.

Ce qu'il dit eft d'autant plus curieux,

qu'il fe raporte en cela avec la difpofi-

tion de beaucoup des Articles du Règle-

ment propofé qui veulent de la décence

jufqùe dans la débauche & qui lui ôtent

ce qu'elle a de plus contraire à la nature t

en laiflant la liberté du choix auffibien

à la fille publique qu'à l'homme qui l'a

defignée. Je raporterai ces vers, quoi-

qu'ils fe trouvent déjà dans le Recueil auffi

favant qu'agréable de M. D. D. R. a'fîn

qu'on ne foit pas obligé de les aller cher-

cher ailleurs.

DeuxgaillardesCornettes

Debientroiscenschevaux,àtoutlemoinscommettes>

Souslefquellesmarcheuntdesfemmesdeplaifr,

Pourfervirlepremierquienavoit,defir

Pourvu,celas'entend,qu'illeurfûtagréable.

J'en trouvaila façonfi fortémetvcillable,

Quepourlesvoirpafferj'arrêtai longuement»

Confidérantleurport, leurgrace&vêtement9

Enrichidecouleur,fousmainteorfefurerie.

J'enremarquaibien-làquelqu'uneaflezjolie.

Prévôt ,ouCoinaùlUire ge-néraiinetai.

îd'Albe.

Maisplusquelablancheurtebrun lesacompagne.

Leursmonturesn'éroientde beftesdeBretagne»

L'uneavoitun cheval &l'autre lentement

Alloit fur unmulet, ou fur une jumeht

Lesharnoisnéantmoinsdelahouiietraînante

Sousleurspieds,paroifloientdevelours,reluifante

De cinq ou fix clinquanscoufustout-à-1'entour.

lesentrerenoitquivouloittoutle jour

jvîaisavecun rejpeâpleindecérémonie

Le Harijelmajor leurtenoitcompagnie.

Or cesDamesavoienttous les foirsleurquartier

Du Marefchal-de-camp,parlesmainsduFouirier:

Et n'eufi-onpaioféleurfaireinfolence.

Toutefois le Duc las de tellemanigance,

Leur donnace fujetde prendremeilleurparti

Pour les ma'contenter moi-mêmel'entendi

Crier publiquementde mes propresoreilles,

Et Dieufaitfi celaleur déplutà merveilles

C'eft qu'entre elles ne fuftpas unequi ofaft

RefuferdéformaisSoldatqui la priaft

De lui pretterfa chambreà cinqfolsparnuitée,

Tâchant par ce moyenles chafferde l'Armée,y

Qui lui feroit aifé à ce que l'on difoit.

Et en avint ainfi car telle fe prilbit

Autant qu'autrefoisfit cette Corinthienne. «

D'en avoir fait ainfile Duc fut eftimé

D'aucunstantfeulement,desautreseftantblafmé:

Aaj

Et ceux qui admiroient en cela fa prudence^

Aile£»uoientque c'ejioitfaire une grandeofiènfe

Et défplaifanteà Dieu d avoir incejjamment-

Quant &foi un tel train de viceMechement~t

apportant à la fin. par un fi grand/candide

Des genslesmieux-vivans la ruine totale;

Chafcun en devifoit félon fa paflion

Car ceux-là qui; tenoient contraire opjnion-

Ne voulant confefler bonne cette Ordonnance jj.

Difoient que le Soldatje donneroitlicenca

De forcer,deformaispar ou il pajferoit

Cellequ'a fonde/ir refîftersejfayeroit,

tuifqtt'il avoitperdufon plaifirordinaire,y

Ji lui permislongtemscommeMALnécessaire,»

Mais pour ce qu'on en dit, le Duc ne retrancha

Son Edit nullement. "ro°neite*L.(-iG/3,d1el^M'tte'

Meffemé,Liv.I, a lafin.

On ne peut que defaprouver l'expé-

dient du Duc d'Albe l'abus qui exiftait,

était incomparablement moins grand, que

celui qu'il a occafionné mais que pou-

vait-on attendre, d'un homme, qui fouilla

par des exécutions fanglantes prefque tous

les jours de fon Gouvernement dans; les

Pays-bas ? La Proftitution militaire fut

avilie, & n'en devint que plus dangereufe.

Le prifemnier de Pantagruel dans. Ra*

(L; I Partie&

page n 5.

bêlais après l'énumération hyperboliquedes forces ennemies, ajoute cent cin-

quante mille P. ( voila,pour moi dit

Panurge) dont les aucunes font Amazo-

nes, les autres Lyonnoifes les autres Pa-

rijîennes Tourangelles Angevines Poi-

tevines Normandes Allemandes de tout

Pays & de toutesLanguesy en a.

.fean de Troies, Auteur de la Chroni-

quefcandaleufe dit que le 14 Août 1465il arriva à Paris deux cens Archers à che-

val, à la fuite defquels étaient huit Ri-

baudes, & un Moine noir leur Confeffeur.Plaifant équipage, & le bel office que ce-

lui de Confeffeur de ces Ribaudes!

(hbis)

Le Légiflateur d'une ville d'Italie fa-

meuse par fa molleffe (c'eft Sybaris)défendit de paraître avec des armes dans

la ville fous quelque prétexte que ce fût,cet ufage n'étant propre qu'à faire dé-

générer en querelles fanglantes le plus

léger différend entre les Bourgeois. Cha~

rondas (c'eft ainfiqu'il fe nommait) fcella

fa loi de fon fang. Car un jour, comme

il revenait de la campagne, ou il s était

trouvé dans la néceiïîté de s'arrner parce

qu'elle était infeftée de brigands, il en-

tendit beaucoup de bruit vers la place;il crut que c'était une émeute populaireil s'y rendit, sans faire attention qu'il por-tait une épée. En y arrivant, il recon-

nut qu'il s'était trompé & que Faffem-

blée était paifible. Il allait Te retirer,

lorsque quelqu'un qui le haïffait lui fit

obferver qu'il contrevenait lui-même à la

loi qu'il avait établie. Tu as raifort, ré-

pondit-il à cet homme avec tranquillitétu vas voir combienje la croisnécejfaire& tirant cette arme fatale il fe la plonge

dans le fein. Ce Législateur regardait fa

loi comme fi importante qu'il ne crut

pas devoir fe pardonner à lui-même de

l'avoir enfreinte par inattention. Je pref-

ferîs qu'on va me dire que l'exemple d'un

Sybarite n'eft pas propre à faire autorité

parmi nous. Mais les Citoyens de Sparte,

ceux $ Athènes& de Rome ne paraîtront

pas des efféminés. Les plus Guerriers de

tous les hommes, les plus Éclairés & les

Vainqueurs de notre hémifphère ne por-

ils avaient

pourtantleurs

ppignardsmais

J'ufage n'en de-

vint généralà

Rome, que du

temt des Vro-

~°~ri~tians~.°

taient point d'armes dans leurs villes* 8t

au fein de la paix Cedant arma togte9

dit Horace. Les Barbares du Nord des

Huns des Goths des Fijïgaths, des

Francs, des Vandales, des Bourguignons

des Normands des Sarrajîns 3 lorfqu'ils

eurent démembré l'Empire Romain en

le ravageant ne connaiffaient qu'une ver-

tu, c'était la force leur Droit civil, ce fut

le Droit de conquête il falut bien qu'ils

defarmaffent nos pères après les avoir

réduits en fervitude 6c que pour eux »

ils euffent le fer à la main, toujours prêts

à égorger leurs efclaves s'ils penfaient

à fecouer le joug. Voila donc l'origine

de cette méthode galante de porter à

fon coté une arme affafline fouvent fa-

tale à celui qu'elle a paré. C'eft un ufage

des Goths qu'ennoblirent un peu les

tems des Croifades ou de la Chevalerie

cet ufage gothique fubfifte encore î

Voyez combien nous fommes ridicules!

Ridicules! & barbares car le port d'ar-

mes occafionne dans le Royaume la mort

imprévued'un nombre de particuliers de

tous les états, & par conséquent le mai»

(M) I Pâme*

page 143-

heùî de plufieurs familles; il occafionne

encore la perte des meilleurs Soldats: de

forte que quelqu'un n'a pas craint d'avan-

cer, que toutes ces pertes pourraient bienfe monter chaque année àdeux cents hom-

mes mais n'y en eût-il que cinquante?la confervation de cinquante individusne

mérite-t-elle donc pas qu'on fuprime effica-

cement, 38>Cgénéralement,une chofe inutile?

(M)

Il eft certain que la parure donne aux1

femmes la moitié de leur valeur. Tout ce

qui peut embellir eft fait pour elles c'eft

leur bien; jamais on n'aura raifon de dire

qu'elles vont trop loin de ce côté-là leurs

grâces naturelles ou fa&ices augmentent

notre bonheur, & la fonime des plaifirs.

Otez à la plupart leur coîffure degoût, leur

corfet raffemblant leur jolie chauflure,

que reftera-t-il ?. Non, l'honnête Citoyenn'eft point ennemi de cette forte de luxe9

qui n'a pour but que de rendre le beau-

fexe plus enchanteur plus propre à por-

ter dans nos coeurs cette douce joie cette

volupté légitime, qui naît d'un intérit

tendre d'un fentiment auffidélicieux qu'il

eft inexprimable.

Qu'une petite République, comme l'a

dit un Sage, faffe des Loix fomptuaires;

qu'elle empêche fes Citoyens de fe fervir

des étofes étrangères trop coûteufes ou

qu'elle s'oppofe à l'établiffement de Ma-

nufaSures qui emploieraient des fujets que

de plus utiles travaux doivent occuper

elle a raifon. Mais une grande Monarchie,

i les fortunes font néceffairement d'une

inégalité énorme a befoin du luxe la

France n'a pas le meilleur fol de tout l'u-

nivers cependant c'eft le plus beau pays

du monde; & ce qui lui procure cet avan-

tage, c'eft le luxe, qui fait refluer les biens

du riche entre les mains de l'Artifte & de

l'Artifan. Tout ce qu'il faut éviter c'eft

que le luxe des villes ne tende à la dé-

population des campagnes. Car alors ce

ferait faper tout l'édifice par les fonde-

mens mais s'il règne une jufte propor-

tion, tout va bien. Il y a d'ailleurs, mille

choies d'un goût exquis qui coûtent

beaucoup moins de travail, de tems

d'argent, que cette mauffade embarras

fante & fomptueufe magnificence de nos

Ancêtres. L'homme fans doute eft le

premier & le plus beau de tous les ani-

maux mais l'homme, je le répète fans

la parure différerait ma foi bien peu

par la forme, des plus laids d'entr'eux.

Cela eft trop connu pour m'y arrêter.

Je regarde donc tout ce qui ajoute aux

agrémens de l'efpèce humaine comme

quelque chofe de louable, & qu'il faut

encourager. Lorsque je rencontre un hom-

me ou une femme laids qui ont pris

beaucoup de peine en fe parant à dé-

guiser d'injuftes caprices de la nature ou

les ravages des années, je leur ai dans

mon cœur une fincère obligation jetrouve qu'ils ont très bien fait de cacher

fous un beau mafque une figure quim'eût attriflé. Je treffaille d'aife & de

raviffement, lorsque je vois ce fèxe char-

mant, dont dépendent nos plaifirs &

notre bonheur joindre aux fleurs de la

jeuneffe une parure de bon goûî qui en

double l'éclat. Il faut être de mauvaise

humeur pour envier au genre humain

(N)IPartie,page207.

un amufement auffi innocent. On le fait

par expérience à tout âge l'homme eft

à plaindre un cri de douleur indique qu'ileft né la faibleffe les dangers fans nom-

bre accompagnent fon enfance r en eft-il

forti? de noirs pédagogues ou d'autres

tyrans le tourmentent comme des furies

jufqu'à vingt ans à cet âge dangereux,les paffions creufent mille précipices fous

fes pas, incertains encore, & mal affu-

rés s'il échape, que fa vertu commence

à briller, l'envie s'attache à le dénigrer,à le pourfuivre jufqu'à la vieilleffe il

finit alors comme il commença parfaire pitié. Eh daignez, cenfeurs injuC-tes, lui laiffer fes joujous & fes poupées,tant qu'ils l'amuferont; il lui refte affez

de momens pour fentir qu'il eft malheu-

reux

{N')

> Un honnête homme de Province., avait

une fille, dont la jolie figure & les heu-

reufes difpofitions lui fefaient efpérer, dela confolation dans favieilleffe.Des amis,

qu'il avait à la Capitale lui firent en»

ïéiïàre que la jeune Demoïfelle recevrait^unê éducation 'bien plus convenable &

f>lusavaritsge\ife dans une pehfion Qu'ils

'connaîflaiën't 8cdontils lui répondirent.

Cepère cjul rie cherchait "quel'avantagé

de fa fille unique la leur confia. L'aïma-

ble -Lutile entra dans la penfion?La mai-

fon était bien réglée"; lés jeûnes perfon-

nes étaient toujours fous les yeux d'une

Gouvernante suffi tonne qu'éclairée &

prudente aucune ne fortâit qu'avecTes

pareils &ù quelqu'un envoyé de leur

part, &conftù. Qui n'aurait cru la jeune

Lucik eh fûreté> Là dévotion, unepiétë

mal entendue la perdit. Un Prêtre fort

eftimé était Directeur de ïà maifon. C'é-

tait un hommed'environ Quarante ans

d'une figure ouverte &affez belle. Sacon-

duite avait été jufqu'alors irréprochable»ou du moins aucun defes defordres n'a-

vait éclaté. La jeune Provinciale avait ùti

imihôis, 6i furtout de ces yeux, dont les

ioniniès qui veulent co'nfêrver leur rai^-

îbny ne doivent jamais affronter les rë%

gards. Vingt ans 'd'expérience ne rèri-

€k€nt pôâ plus ïage l'indigne Miniârê

àes Autels voir Lucilé la éefirér

former le deffein de triompher de fori

innocence, en prendre les moyensce

fut l'effetdupremierentretien particulier

qu'il eut avec elle. Il abiifa donc de

la confiance de celle qui lui ouvrait

fon cœur &de l'eftime que toute la

maifon où elle était avait conçue pour

lui. Rien n'était malhëurëufeméntplus

facile cari s'étant empara<fe fon ëf-

prit (& peut-être de fon cœur, dans lé

Tribunal) il demandaqu'onlui permitde

Ty venir trouver deux fois,la femaine;

Comme la maifontouchait à l'EglifeyLuciley alla feule, il eut enfuitel'art dé

l'engager à venir chez lui recevoir des

avis plus étendus. Maisil lui fit enten-

dre qu'il fallait que ces vifites fuflent

fecrettes pour ne la pointfaire jalouferde fes compagnes.Combléede la pré-

férence r la jeune perfonnenageaitdans

la joie. Elle n'avait quefeize ans plus

innocente à cet âge qu'on ne l'eft à

douzedansla Capitaleelle fut long-temsla vi&imede coupableslibertés avantd?y

liea comprendre.Enfîn enhardi par le

iuccès 1 infâmePrêtre la deshonora. Z«-

cile ne comprit pas d'abord quelles de-vaient être les fuites de l'attentat de fon

abominable fédu&eur. Mais lorsque Pévè-

riementren eut instruite quel dèfefpoir 1

elle-voulait fe donner la mort elle était

la viâime mais non la complice du monf-

tre elle découvrit fans ménagement toute

fâ turpitude. Deux amis de fon père

qui fe trouvaient à Paris &que Luciledans les premiers accès de fon defefpoirînftruiû t elle-même réfolurént de poi-

gnarder ce fcélérat on pénétra leur def-

fein, & on les empêcha de venger un

crime abominablepar une aâion injufte, entant qu'elle eft défendue par les Loix. La

jeune infortunée après avoir déploré fon

malheur, de la manière la plus attendrif-

fànte alla fe renfermerdans une retraite

fon père, ce vieillard qui n'efpérait qu'en

elle à qui l'on cachait le malheur de fa

chère fille furpris du parti qu'elle pre-nait de renoncer au monde, quitta fa Pro-

vince, pour venir la voir la fairechangerde réfolution, & l'emmener avec lui. Il

arrive la demande Lucile paraît les yetix

mouillés de: larmes colles fur la terre î

fon père l'embraffe Omachère enfant

s*écrie-t-il tu mevois "&tu pleures

Lucile avait uneLettre toute prête elle la

donne à fauteur de fes jours le vieillard

lit on le voit pâtir fes genoux fe déro-

bentfous lui j il tombe. Il venait de tout

apprendre ce fut l'arrêt de fa mort

quelques jours après on le mit au cer-

cueil. Luc'dc inftruite de ce funefte acci-

dent, demandeà fortir elle veut dit-elle,

embraffer ton père encore une fois mê-

me après l'avoir perdu. On accorde cette

fatisfaâion à fes larmes à fes cris. Elle

arrive fe précipite fur le cadavre inani-

me O vous que j'aimai fi tendrement,

& quej'ai poignardé s'écrie-t-elle mon

père, recevez-moi dans votre fein. •

Soit qu'elle eût pris un dangereux breu-

vage ou que sa feule douleur fut affez

forte, elle fe courbe fur le corps de fon

père elle y demeure on l'y laiffe quel-

que tems. Enfin on veut l'en arracher

elle rie refpire plus. O Loix! le feul.

coupable encore heureux i

FIN,' XSSjSX,