le point sur la santé des autochtones et la rhumatologie

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Le Journal de la Société canadienne de rhumatologie La santé des Autochtones et la rhumatologie Le point sur Éditorial • L’affinité Le JSCR est en ligne! Vous pouvez nous trouver à l’adresse : www.stacommunications.com/craj.html Prix, nominations et accolades Des honneurs pour les Dr Rick Adachi, Dr Proton Rahman, Dr Alan Rosenberg et Dr Murray Urowitz. Hommage boréal Les soins rhumatologiques dans les populations autochtones Bien cibler pour mieux traiter : Réflexions sur l’amélioration des résultats des soins rhumatologiques chez les Autochtones par des programmes d’accès aux soins Point de vue d’une militante autochtone des droits des personnes atteintes d’arthrite : Hier, aujourd’hui et demain Le remboursement des traitements de la PR pour les patients des Premières Nations et les patients Inuits La polyarthrite rhumatoïde chez les Premières Nations : Tracer la voie vers la prévention de la maladie Mary Pack Arthritis Program : Extensions des services de santé aux Premières Nations en Colombie-Britannique La recherche en rhumatologie auprès des Autochtones À la mémoire de... Duncan Alexander Gordon Hugh Smythe Nouvelles régionales La rhumatologie dans le nord-ouest de l’Ontario La rhumatologie en région éloignée : Les services offerts aux communautés de la Baie James Articulons nos pensées Médias sociaux et médecine Arthroscope L’AOR et tiers payeurs privés : Mise à jour Rapport sur le programme 2012 de la Conférence éducative sur invitation de la C.-B. en matière de rhumatologie Rapport sur la Réunion 2012 de l’ACR Dix points essentiels que les rhumatologues devraient connaître à propos… Les dix principales raisons d’une orientation en physiatrie Printemps 2013, Volume 23, Numéro 1 Tourism British Columbia

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Page 1: Le point sur La santé des Autochtones et la rhumatologie

Le Journal de la Société canadienne de rhumatologie

La santé des Autochtoneset la rhumatologie

Le point sur

Éditorial• L’affinité

Le JSCR est en ligne! Vous pouvez nous trouver à l’adresse : www.stacommunications.com/craj.html

Prix, nominations et accolades• Des honneurs pour les Dr Rick Adachi, Dr ProtonRahman, Dr Alan Rosenberg et Dr Murray Urowitz.

Hommage boréal• Les soins rhumatologiques dans les populationsautochtones

• Bien cibler pour mieux traiter : Réflexions surl’amélioration des résultats des soinsrhumatologiques chez les Autochtones par desprogrammes d’accès aux soins

• Point de vue d’une militante autochtone des droitsdes personnes atteintes d’arthrite : Hier, aujourd’huiet demain

• Le remboursement des traitements de la PR pour lespatients des Premières Nations et les patients Inuits

• La polyarthrite rhumatoïde chez les Premières Nations :Tracer la voie vers la prévention de la maladie

• Mary Pack Arthritis Program : Extensions desservices de santé aux Premières Nations enColombie-Britannique

• La recherche en rhumatologie auprès desAutochtones

À la mémoire de...• Duncan Alexander Gordon

• Hugh Smythe

Nouvelles régionales• La rhumatologie dans le nord-ouest de l’Ontario

• La rhumatologie en région éloignée : Les servicesofferts aux communautés de la Baie James

Articulons nos pensées• Médias sociaux et médecine

Arthroscope• L’AOR et tiers payeurs privés : Mise à jour

• Rapport sur le programme 2012 de la Conférenceéducative sur invitation de la C.-B. en matière derhumatologie

• Rapport sur la Réunion 2012 de l’ACR

Dix points essentiels que les rhumatologuesdevraient connaître à propos…• Les dix principales raisons d’une orientation enphysiatrie

Printemps 2013, Volume 23, Numéro 1To

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Page 2: Le point sur La santé des Autochtones et la rhumatologie

ÉDITORIAL

L’affinitépar Philip A. Baer, M.D., C.M., FRCPC, FACR

JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 1 3

Tout le monde est égal, mais que George Orwell me pardonne, certains patients sont plus égaux que d’autres.Je ne me laisse jamais aller à accorder un traitement

préférentiel à un patient donné, mais il arrive qu’un patient suscite un sentiment d’affinité. Le détachement est une vertuclinique, en théorie. Le médecin, femme ou homme de sciencesempreint de détachement, ne doit pas laisser ses émotions nuireà son jugement. C’est pourquoi les collèges de médecins s’oppo-sent à ce que les médecins traitent les membres de leur proprefamille, sauf en cas d’urgence. Une position tout à faitraisonnable à mon avis.

En Ontario, où j’exerce, le Collège des médecins etchirurgiens de l’Ontario (CPSO) nous recommande de traitertous les patients également – d’agir avec empathie sans mani-fester de préférences pour certains patients. Toutefois, l’interac-tion entre un médecin et son patient en clinique n’est pas aussidésincarnée et rationnelle. Le patient qui consulte ressentdiverses émotions : la peur, l’espoir, la colère et la tristesse, pourne nommer que celles-là. Le médecin n’est pas entièrementdénué d’émotions non plus. Par ailleurs, durant cette brève ren-contre clinique, le médecin doit établir un lien avec son patientpour forger l’alliance thérapeutique qui détermine dans unecertaine mesure les chances de succès du traitement.

Les sujets de conversation entièrement neutres sont peunombreux. Parler de la pluie et du beau temps peut vite deveniragaçant. Même après la grève du hockey, personne ne veut parler des Maple Leafs et la plupart des équipes sportives deToronto sont si mauvaises que même les patients qui arborent lechandail d’une équipe ne tiennent pas à bavarder sur ce sujet.La religion et la politique étant des sujets tabous, j’essaie detrouver dans l’histoire du patient un point intéressant dontnous pourrions parler, même brièvement.

Je constate que j’éprouve une affinité naturelle pour certainspatients. Les raisons de cette affinité peuvent changer au fil dutemps, selon mon expérience de vie. En ce moment, mes filsjumeaux terminent leurs études à l’université. Par conséquent,les jeunes patients qui ont l’âge de mes fils retiennent toujoursmon attention. Plusieurs d’entre eux sont à l’université, certainsaux mêmes universités que mes enfants. Le fait de connaître lenom des résidences universitaires où ils ont peut-être habité ouun fait intéressant à propos de la vie sur le campus facilite beau-coup le premier contact. Le même genre d’affinité m’a aidé àcommuniquer avec des patients dans la quarantaine dont les

enfants avaient à peu près le même âge que les miens, et encoreplus avec des patients parents de jumeaux.

En général, je suis réticent à recevoir des patients qui ont déjàconsulté d’autres rhumatologues. Je n’ai pas de solutions mag-iques inconnues de mes collègues. Pourtant, lorsqu’on m’ademandé de recevoir un patient qui avait été examiné par troisrhumatologues, j’ai accepté immédiatement. Pourquoi? Parceque j’avais remarqué que le jeune homme participait auProgramme d’enseignement coopératif à l’université quefréquente un de mes fils. Il devait déménager tous les quatremois et il avait besoin d’un rhumatologue dans chaque villepour le suivi de l’arthrite séronégative. Lorsque je l’ai reçu,l’arthrite était en rémission et j’ai été heureux de pouvoir cesserprogressivement son traitement. Cet été, c’est avec bonheur queje l’ai vu recevoir son diplôme à la même cérémonie de gradua-tion que celle de mon fils.

Dans un article sur la divulgation de renseignements person-nels par les médecins à leurs patients1, le CPSO posait la ques-tion suivante : « La mère d’un jeune patient vous demande sivous avez des enfants. Que répondriez-vous? » Le CPSO est d’avisque vous pouvez éviter de répondre, mais que vous pouvez aussisimplement répliquer : « Oui, et je comprends ce que vousressentez. » Dans mon bureau, j’ai des photographies de mesenfants un peu partout, et je ne pourrais pas éviter de répondreà cette question, et je n’y ai jamais vu un problème.

Ma dernière réflexion sur le sujet est née de la lecture d’unautre article récent2 qui concluait que nous accordons moinsd’importance à la douleur dont se plaignent les patients quenous n’aimons pas qu’à la douleur qu’éprouvent des patientsque nous apprécions. Voici mon avis : essayez de trouver un élé-ment positif chez chaque patient, souvent en lien avec uneexpérience commune de la vie, et vos journées de clinique voussembleront plus agréables.

Références :1. Foxman, S. Too much information: How does self-disclosure by physicians

affect patients? CPSO Dialogue 2012; 8(2):31-3.2. De Ruddere L, Goubert L, Prkachin KM, et coll. When you dislike patients,

pain is taken less seriously. Pain 2011; 152(10):2342-7.

Philip A. Baer, M.D., C.M., FRCPC, FACRRédacteur en chef, JSCR, Scarborough, Ontario

« Getting to know you, getting to feel free and easy. When I am with you, getting to know what to say. »

– Rodgers et Hammerstein, « The King and I »; air interprété par Gertrude Lawrence en 1951.

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COMITÉ DE RÉDACTION DU JSCR

JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 14

ÉQUIPE DE RÉDACTION

Paul F. BrandDirecteur de la publication

Russell KrackovitchDirecteur de la rédactionDivision des projets spéciaux

Katia OstrowskiRédactrice

Catherine de GrandmontRédactrice-réviseure (français)

Donna GrahamCoordonnatrice de la production

Dan OldfieldDirecteur – Conception graphique

Jennifer BrennanServices administratifs

Robert E. PassarettiÉditeur

Mission. La mission du Journal de la SCR est de promouvoir l’échange d’information et d’opinions au sein de lacollectivité des rhumatologues du Canada.

Le comité de rédaction jouit d’une complète indépendance concernant l'examen des articles figurant dans cettepublication et il est responsable de leur exactitude. Les annonceurs n'ont aucune influence sur la sélection ou lecontenu du matériel publié.

Copyright© 2013 STA HealthCare Communications. Tous droits réservés. Le JOURNAL DE LA SOCIÉTÉ CANADIENNE DE RHUMATOLOGIE est publié par STA HealthCare Communications inc.,Pointe-Claire (Québec). Le contenu de cette publication ne peut être reproduit, conservé dans un système informatique ou distribué de quelque façon que ce soit (électronique,mécanique, photocopiée, enre gistrée ou autre) sans l’autorisation écrite de l’éditeur. Ce journal est publié tous les trois mois. Poste-publication. Enregistrement n° 40063348. Port payé àSaint-Laurent, Québec. Date de publication : avril 2013. Les auteurs sont choisis selon l’étendue de leur expertise dans une spécialité donnée. Les articles du JOURNAL DE LA SOCIÉTÉ CANADIENNE DE RHUMATOLOGIE n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement les opinions de la Société canadienne de rhumatologie ou de STA HealthCareCommunications inc. Il est recommandé que les médecins évaluent l’état de leurs patients avant de procéder à tout acte médical suggéré par les auteurs ou les membres du comité éditorial. De plus, les médecins devraient consulter les monographies de produit officiellement approuvées avant de prescrire tout médicament mentionné dans un article. Prière d’adresser toute corres pondance au JOURNAL DE LA SOCIÉTÉ CANADIENNE DE RHUMATOLOGIE, 6500 Rte Trans-Canadienne, bureau 310, Pointe-Claire (Québec) H9R 0A5

RÉDACTEUR EN CHEFPhilip A. Baer, M.D., C.M., FRCPC,FACRPrésident, Section de rhumatologie del’Association médicale ontarienne(AMO)Scarborough, Ontario

MEMBRES :Cory Baillie, M.D., FRCPC Vice-président, Association canadienne de rhumatologieProfesseur adjoint, Université du ManitobaRhumatologue,Manitoba ClinicWinnipeg, Manitoba

Cheryl Barnabe, M.D., FRCPC,M.Sc.Professeure adjointe, Division de rhumatologie,Département de médecine,Université de CalgaryCalgary, Alberta

Michel Gagné, M.D., FRCPCPolyclinique St-EustacheSt-Eustache, Québec

Derek Haaland, M.D., M.Sc.,FRCPCProfesseur adjoint de clinique,Université McMasterDivisions de l’immunologie clinique et allergie et rhumatologieShanty Bay, Ontario

James Henderson, M.D., FRCPCPrésident sortant, Société canadienne derhumatologieChef, médecine interne,Hôpital Dr. Everett ChalmersProfesseur, Université DalhousieFredericton, Nouveau-Brunswick

Diane Lacaille, M.D., MHSc, FRCPCScientifique senior, Centre de recherche de l’arthritedu CanadaTitulaire de la Chaire derhumatologie Mary Pack – Sociétéde l’arthriteProfesseure agrégée derhumatologie, Département de rhumatologie,Université de la Colombie-BritanniqueVancouver, Colombie-Britannique

Janet Markland, M.D., FRCPCProfesseure clinique, Unité des maladies rhumatismales,Royal University HospitalConsultante invitée, Saskatoon City HospitalMédecin, Hôpital St. Paul’sProfesseure clinique, Université de la SaskatchewanSaskatoon, Saskatchewan

Sylvie Ouellette, M.D., FRCPC Professeure adjointe, Université DalhousiePrésidente, Association des rhumatologues del’Atlantique Rhumatologue, L’Hôpital de MonctonMoncton, Nouveau-Brunswick

Jacqueline C Stewart, BSc (Hons),B. Ed., M.D., FRCPCRhumatologue, Hôpital régional de PentictonPenticton, Colombie-Britannique

John Thomson, M.D., FRCPCProfesseur adjoint, Département de médecine,Division de rhumatologie,Université d’OttawaMédecin, L’Hôpital d’OttawaOttawa, Ontario

Carter Thorne, M.D., FRCPC, FACP Président, Société canadienne de rhumatologieAncien président, Association ontarienne de rhumatologieDirecteur médical, The Arthritis Program Chef du service de rhumatologie,Centre régional de santé SouthlakeNewmarket, Ontario

Michel Zummer, M.D., FRCPCProfesseur agrégé, Université de MontréalChef, Département de rhumatologie,Hôpital Maisonneuve-RosemontMontréal, Québec

Le diligent et dévoué comité de rédaction du JSCR.

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JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 1 5

PRIX, NOMINATIONS ET ACCOLADES

Le Journal de la Société canadienne de rhumatologie tient à souligner les contributions de ses lecteurs dans le domaine médical et dansleurs communautés locales.Pour annoncer des récompenses, distinctions ou nominations dans un prochain numéro, envoyez-nous les noms des récipiendaires,

des détails pertinents et un bref compte rendu des honneurs à [email protected]. L’envoi de photos est fortement encouragé.

Prix, nominations et accolades

Le Dr Rick Adachi a reçu la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II en reconnais-sance de son engagement dévoué au sein d’Ostéoporose Canada. Chercheur principal del’Étude canadienne multicentrique sur l’ostéoporose (CaMos), il a été également le mentor des

jeunes chercheurs et il s’est investi comme bénévole à Ostéoporose Canada. Le Dr Adachi a aussi été président d’Ostéoporose Canada et membre du conseil consultatif

scientifique. Par ses conseils et ses qualités de chef, il a contribué à l’élaboration des lignes directricesde pratique clinique pour le traitement de l’ostéoporose au Canada; à l’échelle internationale, le Dr Adachi a aussi été un chef de file dans l’élaboration des lignes directrices pour le traitement del’ostéoporose secondaire à la prise de corticostéroïdes.

Lors de l’entrevue accordée au Journal de la Société canadienne de rhumatologie (JSCR), le Dr Rahmana répondu « qu’il se sentait humble et honoré que la SCR ait proposé sa candidature à laMédaille du jubilé de la reine Elizabeth II, et tout aussi surpris et reconnaissant de compter

maintenant parmi les titulaires ».« Lorsque je repense à cet honneur qui m’est fait, les noms de nombreux collègues plus méritants

me viennent à l’esprit, et c’est avec humilité que j’accepte cette médaille. Le cumul des responsabilitésde rhumatologue, de formateur, de chercheur, d’administrateur (doyen associé de recherche) et deparent cause non seulement de l’épuisement, mais suscite le sentiment de ne pas toujours faire aussibien qu’on le souhaiterait. Je n’arrête pas de me dire que j’aurais pu faire encore davantage pour mespatients, mes étudiants ou mes études de recherche et à la fin de ma journée de travail, je dois mesatisfaire d’avoir fait « assez bien » plutôt que « très bien ». Je crains parfois d’entreprendre trop dechoses à la fois. Mes efforts pour remplir au mieux mes multiples rôles ont peut-être motivé ma miseen candidature pour ce prix, et je suis rassuré de savoir que mes efforts sont appréciés. »

Le Dr Alan Rosenberg est diplômé de médecine de l’Université de la Saskatchewan. Après sa for-mation spécialisée en pédiatrie à l’Hôpital pour enfants malades de Toronto et à l’Hôpital pourenfants de Winnipeg, il a poursuivi des études de surspécialisation en rhumatologie pédiatrique

à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC). Il est revenu en Saskatchewan en 1981 pour créer lepremier programme de rhumatologie pédiatrique de la province. Alors seul pédorhumatologue decette province, le Dr Rosenberg a traité les enfants saskatchewanais atteints de maladies rhuma-tismales. Il a maintenu un programme de recherche active à titre de directeur du Laboratoire derecherche sur les maladies rhumatismales.

Le Dr Rosenberg a été chef du département de pédiatrie; il dirige aujourd’hui la recherche en pédiatrie à l’Université de la Saskatchewan. Ses principaux intérêts scientifiques portent sur l’étudedes maladies rhumatismales de l’enfant. Il dirige des études ayant pour but de montrer comment lesinteractions entre la génétique, le mode de vie et l’environnement influent sur la survenue et sur l’issue de ces maladies.

Le Dr Murray Urowitz, chercheur principal au Toronto Western Research Institute (TWRI), a reçula Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II. La SCR a soumis la candidature du Dr Urowitz à cette distinction en reconnaissance de son long engagement dans la recherche

sur le lupus et de ses travaux en rhumatologie.Cette médaille, créée pour souligner les 60 années de règne de la reine Elizabeth II, est remise à

des Canadiens pour les remercier de leur apport à la société et de leurs accomplissements, sourcesde fierté pour le Canada. Le Dr Urowitz a reçu cette médaille lors de la réunion scientifique annuellede la SCR le 15 février 2013.

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HOMMAGE BORÉAL

JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 16

Le fardeau des maladies rhumatismales dans les populationsdes Premières Nations au Canada est bien connu. Ainsi, lapolyarthrite rhumatoïde (PR) touche environ 3 % des

Autochtones, comparativement à une prévalence de 1 % dans lespopulations de race blanche. En outre, la maladie se distinguepar un phénotype différent : le pic d’incidence survient à un âge10 ans plus jeune, le taux de prévalence du facteur rhumatoïdeest plus élevé, et l’atteinte plus destructive touche des articu-lations différentes, par rapport à ce que l’on observe chez lespatients de race blanche. On recense également un plus grandnombre de familles comptant plusieurs cas, ce qui met enlumière la possibilité que d’autres facteurs génétiques et envi-ronnementaux soient en jeu chez les patients autochtones.

Dans sa démarche pour rechercher des modèles appropriéspour la prestation des soins de santé, la SCR a constaté que lessoins rhumatologiques destinés aux populations autochtonesdoivent être mieux compris et mieux adaptés aux besoins, unecondition essentielle pour atteindre notre objectif. Nous menonségalement un sondage auprès de tous les membres de la SCRpour connaître les communautés qui sont desservies par desmédecins spécialistes visiteurs et ainsi tracer le portrait global dela situation. Nous voulons aussi connaître et documenter cer-taines des graves lacunes dans les soins et accumuler des donnéesconcrètes, sans lesquelles il est impossible de prendre action.

À l’automne 2012, le département de rhumatologie à l’Univer-sité du Manitoba a organisé un symposium intitulé « RheumatoidArthritis in First Nations : Defining the road toward disease prevention». Cette tribune a permis à des experts internationaux de présen-ter des statistiques sur la prévalence et l’incidence de la maladie,de discuter des concepts actuels sur l’interaction des facteurs derisque génétiques et environnementaux dans la PR, et d’exami-ner les possibilités de recherche ultérieure (vous trouverez lecompte-rendu de cette conférence à la page 14 de ce numéro duJSCR). Le symposium a aussi porté sur l’expérience deschercheurs qui travaillent avec les communautés et avec lesfamilles des Premières Nations. Les dix prochaines années serontmarquées par de remarquables occasions de mieux comprendreles relations environnementales et génétiques des maladies auto-immunes. En revanche, les problèmes concrets que nous devonsrésoudre au quotidien pour obtenir des diagnostics plus hâtifs etaméliorer l’accès aux soins demeurent, à mon avis, l’enjeu le plusimportant pour lequel la SCR doit se battre et faire une diffé-rence. Dispenser des services de santé aux communautéséloignées se révèle souvent frustrant, mais toujours satisfaisant,

et je recommande fortement cette expérience à quiconque severrait proposer une telle chance.

Les rhumatologues qui exercent dans les communautéséloignées partagent certaines préoccupations, peu importe larégion du pays. Les soins optimaux de la PR reposent sur deuxconditions essentielles : pouvoir instaurer le traitement dès lemoment le plus propice et choisir le traitement efficace pouratteindre les objectifs. Malheureusement, ni l’une ni l’autre nesemble réalisable, ni même pertinente en ce moment, dans denombreuses communautés fortement touchées par les maladiesarticulaires, et pourtant les obstacles à la prestation de traite-ments efficaces créent des difficultés presque insurmontablespour le rhumatologue.

Les causes de cette situation sont multifactorielles. Le traite-ment des patients atteints de maladies articulaires inflamma-toires est contrecarré par des délais à chaque étape : délais dansla recherche des soins, dans l’établissement du diagnostic juste,dans l’attente de l’examen par un spécialiste. Ceux d’entre nousqui connaissent bien le processus d’admissibilité aux services desanté non assurés (SSNA) pour obtenir des médicamentssoupçonnent fortement que lorsque nos patients autochtonesreçoivent enfin les médicaments biologiques, leur maladie aatteint un stade plus avancé que ce que l’on observe chez lespatients qui ont un accès plus facile aux services de santé (mêmes’il faut reconnaître que les patients dans les grandes villes fontface à des problèmes semblables).

Le Programme des services de santé non assurés de SantéCanada paye les réclamations pour une gamme définie demédicaments et de services, ainsi que les frais de déplacementpour les personnes admissibles issues des Premières Nations etles Innus. Pour de nombreux patients de ces communautés, lerhumatologue doit faire une demande pour les médicamentsbiologiques auprès du Programme des SSNA. Certains aspects duprocessus d’approbation des SSNA gagneraient à être simplifiéset modifiés pour le bien de tous (veuillez lire les propos à ce sujeten page 12). La SCR travaille actuellement de concert avec leProgramme des SSNA afin d’identifier et de résoudre ces pro-blèmes. Par exemple, pour l’heure, les pharmaciens sont tenusd’informer le patient de l’approbation ou du refus de sademande; d’après de récentes discussions entre les SSNA et laSCR, le médecin prescriveur peut demander d’être informé de ladécision s’il l’indique sur le Formulaire d'autorisation limitée desSSNA. Qui plus est, les SSNA ont fourni des éclaircissements à laSCR en ce qui concerne le processus d'appel dans lequel un

Les soins rhumatologiques dans lespopulations autochtonespar Henry L. Averns, B.M. B.Ch., FRCP(UK), FRCPC

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JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 1 7

appel peut être initié par le patient ou le représentant du patient,qui peut être son médecin traitant. Cela contribue à accroître lerôle du médecin en tant que défenseur des droits de son patientdans ce processus. Les critères actuels d’approbation des pro-duits biologiques du Programme des SSNA sont actuellementexaminés par le programme. La SCR travaille en collaborationavec le Programme des SSNA dans l’espoir de présenter les pointsde vue des spécialistes dans ce processus d'examen.

Même des problèmes mineurs deviennent de grandes diffi-cultés lorsque nous dispensons des services en régions éloignées;les déplacements pour ces visites doivent souvent se faire nonseulement par avion, mais aussi par bateau ou hélicoptère. Denombreux patients souffrent de maladies concomitantes qui peu-vent influer sur notre choix du traitement. La prévalence plusélevée de la tuberculose et des facteurs de risque d’infection,comme le diabète et l’insuffisance rénale, ne peuvent qu’inquiéterle rhumatologue qui se rend dans une communauté à intervallesde quelques mois seulement, ce qui rend moins sécuritaire l’em-ploi des antirhumatismaux modificateurs de la maladie (ARMM)et les médicaments biologiques. En outre, la surveillance de l’ac-tivité de la maladie s’avère d’autant plus problématique que lespécialiste n’aura probablement pas accès aux dossiers médicauxou aux dossiers médicaux électroniques. Ne pas pouvoir comptersur un suivi régulier et l’interprétation des résultats freinesérieusement l’emploi de médicaments potentiellement toxiques.

Les autres embûches à surmonter sont reliées entre autres àune culture de parité plus précoce et à une multiparité plusgrande, au tabagisme, à la consommation d’alcool, aux rendez-vous manqués (attribuables aux problèmes de communication, auclimat et aux problèmes psychologiques) et, enfin, à l’inobser-vance de la pharmacothérapie. Pourquoi les autochtones atten-dent-ils plus longtemps avant de consulter le médecin pour la première fois? Il se peut que leur culture les amène à accepter età tolérer la douleur et l’invalidité, qu’elle leur ait enseigné à ne passe plaindre ou à demander de l’aide. L’accès aux soins médicauxest limité. L’exercice de la médecine familiale en régions éloignéesconnaît un fort taux de roulement, sans compter que les aptitudeset la confiance de ces praticiens pour prendre en charge despatients atteints d’arthropathies inflammatoires varient beau-coup selon les médecins. Le temps d’attente pour obtenir l’opi-nion d’un spécialiste est long. Les patients ne peuvent pas toujours prendre l’avion pour aller consulter le rhumatologue, et

il se peut que des interdits sociaux les empêchent de s’absenterdurant trois ou quatre jours pour un tel voyage. Plusieurs solu-tions potentielles reliées à l’infrastructure doivent être explorées.Il se peut que des infirmières spécialisées en rhumatologie appor-tent un jour une solution à ce problème; pour l’heure toutefois,les infirmières dans ces communautés ont une très lourde chargeet elles concentrent leurs efforts sur d’autres pathologies impor-tantes (p. ex., le diabète, l’hypertension et la néphropathie). Nousdevons travailler à hausser le profil de l’arthrite comme une maladie qui requiert une plus grande attention.

Nous devons également comprendre nos patients. Il serait naïfde croire que nous pouvons appliquer les mêmes modèles desoins que ceux que nous utilisons dans d’autres populations, etnous devons intégrer les stratégies de traitement aux croyancesdes patients en matière de santé. Pour ce faire, le rhumatologuedoit apprendre à connaître et à respecter ces communautés et ildoit aussi comprendre les éléments de leur histoire pouvantinfluer sur la capacité de développer une relation thérapeutique.Plusieurs raisons expliquent la méfiance des Autochtones dansleurs relations avec des médecins issus d’autres cultures; il estdonc de notre devoir de comprendre leurs croyances à proposdes médicaments et des soins de santé. Le changement s’instaured’autant plus facilement qu’il se fonde sur les forces combinéesde la tradition et de la communauté. De nombreux médecins nonautochtones ne connaissent pas ces croyances et pis encore, lesconcepts de nation, de bande, de conseil tribal, entre autres, leursont étrangers. Un réel changement ne saurait s’opérer sans l’engagement de toutes les parties concernées au sein d’unecommunauté, et non seulement de la part des patients.

Les programmes d’auto-prise en charge par le patient doiventêtre adaptés aux communautés locales. Une solution unique neconvient pas à l’ensemble des Premières Nations; il faut au con-traire trouver des moyens d’aborder les questions reliées à la santéen tenant compte des difficultés inhérentes à une population et enintégrant de manière respectueuse les aspects spirituels, physiques,mentaux et affectifs de sa culture ainsi que ses croyances.

Henry L. Averns, B.M. B.Ch., FRCP(UK), FRCPC Professeur agrégé, département de médecine, Division de rhumatologie,Directeur, programme de compétences cliniques, Université Queen’s, Kingston, Ontario

Au-delà des réserves, la beauté naturelle de la région de la Baie James.Dr Averns montrant la taille des poissons qu’il attrape lors de la pêche sur glace prèsde Moose Factory, en Ontario.

Page 7: Le point sur La santé des Autochtones et la rhumatologie

HOMMAGE BORÉAL

JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 18

L’arthrite est la maladie chronique la plusfréquente dans les populations autochtoneset elle entraîne des taux d’invalidité plus

élevés que ceux observés dans la populationgénérale; pourtant, il n’existe aucune stratégienationale pour accroître la sensibilisation àl’arthrite ou pour promouvoir l’auto-prise encharge dans une perspective autochtone. Lesécarts dans l’accès aux soins et dans les résultatsthérapeutiques entre les patients autochtones etles patients de race blanche étaient déjà évi-dents dans les villes où j’ai étudié et où j’exercemaintenant la rhumatologie. La Dre ChristinePeschken a démontré la plus grande gravité del’arthrite chez les Cris et les Ojibwas du Manitoba1. Mapropre expérience me permet de croire que la situation estla même en Alberta, qui compte une population diversifiéede bandes indiennes (Pieds-Noirs, Stoney, Nakoda, Dénés etCris) ainsi que les seules communautés métisses reconnues auCanada. J’ai observé des situations aberrantes, par exemple desbandes qui acceptaient de défrayer le transport des patientspour recevoir des injections de sels d’or dans un centre de soinsprimaires, mais qui refusaient de payer ces mêmes frais de trans-port pour une consultation en rhumatologie ou l’administrationd’un médicament biologique. Ces expériences ont confirmé lebesoin d’améliorer l’accès aux soins rhumatologiques et laprestation de ces soins dans le sud de l’Alberta; elles ont en outredémontré la volonté des dirigeants des communautés et des serv-ices de santé dans les nations concernées par le Traité 72

d’améliorer les résultats des traitements de l’arthrite dans cespopulations.

Lorsque je me suis installée à Calgary en 2006, les Drs LiamMartin et Sharon LeClercq desservaient les communautéssituées à deux ou trois heures de la ville grâce au programme detélérhumatologie. J’ai élaboré des interventions cliniques sur leterrain se prêtant à la « mobilité » requise pour les services enrégion, ce qui m’a permis de rencontrer les dirigeants de labande Siksika, une communauté pied-noire de 3 700 personnes

située à 100 km à l’est de Calgary. Avec l’aidedes Drs LeClercq et Dianne Mosher, une clini-que mensuelle de rhumatologie a été instituéeen 2010 à l’intention des patients de cettebande Siksika. Peu de temps après, ICORA(Initiative canadienne pour des résultats ensoins rhumatologiques) nous a accordé lefinancement nécessaire pour mettre enœuvre un programme de dépistage del’arthrite en vue d’améliorer la détection et letraitement de la maladie dès le stade précoce.Grâce à ce programme, nous avons pu éva-luer, diagnostiquer et traiter diverses affec-tions musculosquelettiques chez environ200 membres de cette communauté, touten épargnant aux patients le délai de l’orientation par un omnipraticien. Durantce programme, nous avons diagnostiqué 27 nouveaux cas d’arthrite inflammatoire;en outre, plus de 20 patients de rhuma-

tologie dont le suivi n’était plus effectué ont repris leur traite-ment contre l’arthrite. En nous appuyant sur les données d’uneétude épidémiologique sur la prévalence de la maladie et sur l’utilisation des ressources de santé (financée par les Instituts derecherche en santé du Canada [IRSC]), ainsi que sur ceux d’uneétude qualitative menée pour comprendre les facteurs favorableset défavorables à l’accès aux soins (financée par ICORA et parAlberta Innovates – Health Solutions), nous poursuivons desrecherches pour définir le fardeau de l’arthrite dans les popu-lations autochtones de l’Alberta et pour décrire les voies d’accèsaux services de santé. Les centres en régions éloignées où je travaille comprennent maintenant l’Aboriginal Health Centre enmilieu urbain et l’Elbow River Healing Lodge; la Dre Mosher s’occupe des cliniques à la réserve de Morley.

Les problèmes reliés à l’accès aux soins sont complexes dansles populations autochtones. L’arthrite pose un défi particulier àcause notamment de la sensibilisation insuffisante à cette mala-die : cette maladie est si fréquente chez les Autochtones que ses

Bien cibler pour mieux traiter : Réflexionssur l’amélioration des résultats des soinsrhumatologiques chez les Autochtonespar des programmes d’accès aux soinspar Cheryl Barnabe, M.D., FRCPC, M.Sc.

Premières Nations dusud de l’Alberta

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JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 1 9

manifestations sont très souvent considérées comme unphénomène normal et non comme les signes d’une maladiemodifiable entraînant des déficits fonctionnels graves. Il existedes croyances très répandues à propos de la pathogenèse de lamaladie qui sont directement reliées aux expériences vécuesdans les pensionnats et aux traumatismes générationnelsdécoulant de la colonisation. Il nous faut apprendre à écouter lespatients qui expriment ces croyances, à en tenir compte et à endiscuter pour en atténuer la portée. L’accès aux soins reste diffi-cile si on n’offre pas en continu des soins de premier recours ousi les patients ne peuvent se rendre à leurs rendez-vous faute desoutien pour s’occuper des enfants ou des personnes âgées dontils ont la charge. Malgré mes efforts diligents pour remplir les for-mulaires d’accès limité pour le remboursement des médicamentsbiologiques, je constate trop souvent que ces formulaires gisentabandonnés près du télécopieur devant les acheminer à Ottawa.

Enfin, il est essentiel de gagner la confiance des dirigeants dela communauté et des services de santé quant au bien-fondé denos intentions. Je recommande aux lecteurs du Journal de laSociété canadienne de rhumatologie (JSCR) de lire le récent rapportdu Conseil canadien de la santé qui explore diverses facettes dece problème3. Nous devons absolument consentir à un engage-ment durable et constant afin de dispenser les soins dans ces

communautés. La relation avec les professionnels des soins depremier recours dans la communauté revêt une importance critique; ces professionnels sont fortement motivés à mieux comprendre la rhumatologie et ils prendront en charge les effetsindésirables des médicaments ou les exacerbations de la maladielorsque nous ne serons pas sur place. Je ne cesse d’admirer ledévouement des professionnels de la santé dans ces collectivitésainsi que la créativité qu’ils apportent dans la résolution de problèmes. En résumé, il est très enrichissant de collaborer avecdes collègues qui veulent non seulement faciliter l’accès auxsoins, mais aussi améliorer la santé dans leur communauté.

Références : 1. Peschken CA, Hitchon CA, Robinson DB, et coll. Rheumatoid arthritis in a north

american native population: longitudinal followup and comparison with a whitepopulation. J Rheumatol 2010; 37(8):1589-95.

2. Traité no 7. http://www.treaty7.org3. Conseil canadien de la santé. Empathie, dignité et respect : Créer la sécurisation

culturelle pour les Autochtones dans les systèmes de santé en milieu urbain.http://www.healthcouncilcanada.ca/rpt_det.php?id=437

Cheryl Barnabe, M.D., FRCPC, M.Sc.Professeure adjointe, division de rhumatologie,Département de médecine, Université de Calgary, Calgary, Alberta

Vue de l’extérieur, Siksika Health and Wellness Centre. Entrée du Siksika Health and Wellness Centre.

Vous sortez de la ville? Pourquoi ne pas apporter un peu delecture légère! Envoyez-nous une photo de vous en vacanceslisant une copie du JSCR et nous vous présenterons nosclichés favoris dans le prochain numéro.Veuillez envoyer vos photos à [email protected]. Bon voyage!

Le JSCR...en route!

Le Okanagan Journal Club à West Kelowna (de gauche à droite) : Dr Dan McLeod, Dr Charlie Goldsmith (conférencier invité), Dr Stuart Seigal, Dre Anik Godin,Dre Jackie Stewart, Dr Bob Offer et Dr Nima Shojania

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HOMMAGE BORÉAL

JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 110

Je m’appelle Joyce Greene. J’appartiens à la bande des Lax-Kw’alaams des Premières Nations; je suis aussi membre de ladeuxième génération d’une famille sévèrement touchée par la

polyarthrite rhumatoïde (PR). Ma mère naturelle, un de mes oncles,mes deux sœurs et mes deux frères ont été atteints de PR oud’arthrose. J’ai reçu le diagnostic de PR en 1993 et aujourd’hui, la PRn’épargne aucune de mes articulations : j’en ressens les effets de mamâchoire jusqu’à mes orteils.

J’aimerais d’abord vous donner quelques renseignementsgénéraux sur notre communauté : Lax-Kw’alaams (aussi connu sousle nom de Port Simpson) est un village autochtone situé sur la côtenord-ouest de la Colombie-Britannique (C.-B.). Lax-Kw’alaams est lefoyer des « Neuf Tribus » qui elles-mêmes appartiennent à la nationTsimshian. Le nom de notre terre signifie « lieu des roses sauvages »;c’est à Port Simpson que la Compagnie de la Baie d’Hudson a fondéson premier poste de traite en 1834. Fait historique, c’est aussi la pre-mière communauté autochtone de la C.-B. à avoir abandonné sonnom anglais de Port Simpson pour se réapproprier son nom d’origi-ne, Lax-Kw’alaams. Aujourd’hui, Lax-Kw’alaams est le plus grand dessept villages de la nation Tsimshian au Canada; en 2009, sa popula-tion comptait 3 219 personnes. L’Allied Tsimshian Tribes Associationdéfend les intérêts juridiques et politiques de la population de Lax-Kw’alaams auprès des gouvernements provincial et fédéral1,2.

Je suis membre émérite du Conseil consultatif auprès des con-sommateurs du Réseau canadien de l’arthrite (RCA) et j’ai agi à titrede représentante des Autochtones de 2004 à 20083. Nous avonsconstaté l’immense besoin de mener des recherches sur l’arthritedans les populations autochtones. De concert avec les consomma-teurs et avec des chercheurs dans les diverses régions du Canada etdans d’autres pays, nous avons entrepris des études pour définir lesproblèmes et évaluer les besoins des Autochtones atteints d’arthrite.

De 1994 à 2005, j’ai été chargée de la défense des droits des personnes arthritiques pour la division du Manitoba et du Nunavutau sein de la Société de l’arthrite (SA)4. J’ai également participéactivement au programme Patients-partenaires de 1998 à 2008. Ceprogramme d’intervention directe avait pour but d’enseigner l’exa-men musculosquelettique uniformisé à des étudiants en médecineet à des professionnels de la santé et de leur démontrer les difficultésquotidiennes que doivent surmonter les personnes atteintes de PR.Je suis membre de plusieurs conseils consultatifs et je participe à desprojets continus de recherche sur l’arthrite5.

La santé chez les peuples autochtonesL’Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) de 20066 a montréque les maladies chroniques les plus souvent signalées chez les Métisâgés de 15 ans et plus étaient l’arthrite et les maladies rhumatismales(21 %), suivies de l’hypertension (16 %) et de l’asthme (14 %).• L’arthrite est une des maladies chroniques les plus fréquentes

dans les trois peuples autochtones : le taux de prévalence dans lesPremières Nations à la fois dans les populations vivant dans lesréserves et hors réserve est de 19 % et de 18 %, respectivement; ilest de 13 % chez les Inuits et de 21 % chez les Métis.

• La prévalence estimée de l’arthrite chez les adultes des PremièresNations vivant dans les réserves et hors réserve, ainsi que chez lesadultes Métis était de 1,3 à 1,6 fois plus élevée que la prévalencenationale estimée de l’arthrite dans la population adulte cana-dienne, après avoir ajusté les résultats pour tenir compte des différences de la répartition selon l’âge dans ces populations.

• La prévalence estimée de l’arthrite et des maladies rhumatismaleschez les Inuits standardisée selon l’âge était semblable à celleobservée dans la population canadienne totale.

• Chez les trois peuples autochtones, la prévalence de l’arthrite étaitplus élevée chez les femmes que chez les hommes.

• Près des deux tiers des membres des Premières Nations vivantdans les réserves et hors réserve qui avaient déclaré souffrird’arthrite étaient âgés de 30 à 59 ans (64 % et 61 %, respective-ment).

Améliorer le traitement de la PR chez les AutochtonesLa PR sévit sans merci chez les Autochtones dans les réserves et horsréserve. La recherche a démontré que le fait de détecter l’arthrite austade le plus précoce possible influe favorablement sur l’ensembledu processus pathologique et sur les coûts7-11. Le degré d’accès àl’éventail complet des médicaments antirhumatismaux défrayés parles régimes publics d’assurance médicament est inférieur à celuidont bénéficient les personnes non autochtones.

Quelles raisons motiveraient les médecins et les professionnelsparamédicaux autochtones à intervenir plus efficacement pourdétecter, diagnostiquer et traiter la PR dès le stade précoce? La litté-rature scientifique montre bien que la PR de modérée à grave doitêtre diagnostiquée et traitée dans les six premières semaines, fautede quoi les articulations et les structures adjacentes subirontpresque certainement une atteinte permanente.

Point de vue d’une militante autochtonedes droits des personnes atteintesd’arthrite : Hier, aujourd’hui et demain par Joyce Greene

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La maladie musculosquelettique est de toutes les catégories demaladies celle qui entraîne les coûts reliés à la maladie les plusélevés, en particulier des coûts indirects élevés pour la société.Dans cette catégorie, l’arthrite est à l’origine de 53 % des coûtsdirects et de 29 % des coûts indirects. Durant la période de 2005-2006, les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) ontconsacré 19 millions de dollars à la recherche sur l’arthrite, soitl’équivalent de 4,30 $ pour chaque personne atteinte d’arthrite. Encomparaison, la recherche sur le diabète a reçu un financementtrois fois plus important (soit environ 12,83 $ par personne) et larecherche sur le cancer en a reçu 32 fois plus (soit 138,60 $ parpersonne)12. Bien qu’il soit difficile de comparer le fardeau et lescoûts des diverses maladies, ces résultats d’étude justifient d’exa-miner de plus près les décisions prises en matière de financementet d’élaboration des politiques.

Former des infirmières et infirmiers, des infirmières et infirmierspraticiens, des ergothérapeutes et des physiothérapeutes, ainsiqu’offrir des incitatifs financiers aux étudiants en médecine d’ori-gine autochtone pour qu’ils reviennent dans leurs villages afin desoutenir et de former le personnel de soins infirmiers et les mem-bres de la communauté conféreraient les plus grands bienfaitsdans ces communautés. Des programmes de sensibilisation et deformation devraient être élaborés par les membres de la base dansces communautés et non par les responsables de la santé afin depouvoir incorporer dans ces programmes les connaissances pra-tiques et de mieux comprendre les besoins non comblés de cespopulations.

Une stratégie nationale des soins de l’arthrite chez les Autoch-tones devrait être élaborée et mise en œuvre selon une approche àplusieurs volets proposée par ces populations à travers le Canada;les efforts déployés pour intégrer la sensibilisation, la formation etla recherche, dès l’arrivée en milieu scolaire, se traduiront tôt outard par le transfert et l’échange des connaissances13.

Des soins de santé adaptésJe suis une mère autochtone vivant en milieu urbain, ce qui signifieque j’ai l’immense chance de pouvoir consulter facilement monéquipe soignante et de recevoir l’aide requise, souvent après un seulappel téléphonique, en dépit de mes besoins toujours changeants. Je suis convaincue depuis toujours qu’en me renseignant et en renseignant ma famille sur l’arthrite et en sensibilisant autrui auxeffets concrets de cette maladie, je contribue à susciter de vraischangements.

Depuis 20 ans, j’ai reçu de nombreux traitements, je me suissoumise aux analyses de sang et j’ai bénéficié des traitements dephysiothérapie et d’ergothérapie. Je ne compte plus les orthèsesdont j’ai eu besoin pour supporter mes articulations touchées parl'œdème et l'inflammation, y compris des orthèses pour le ligamentcroisé antérieur (LCA) du genou. J’ai porté un collet cervical pen-dant quatre mois après une chirurgie des vertèbres C1-2, sinon j’au-rais été paralysée durant six semaines. Toutes ces complicationsétaient attribuables à l’arthrite très grave. Au fil des ans, l’arthrite aentraîné les conséquences suivantes :• J’ai subi d’innombrables examens radiologiques (tomodensitomé-

tries, radiographies, imageries par résonance magnétique [IRM]).

• J’ai reçu des soins à domicile chaque jour pendant six mois avantd’être admise à une étude clinique sur un modificateur de laréponse biologique (MRB) en 1999.

• J’ai participé pendant huit ans à cette étude de pharmacothérapiequi a transformé ma vie, jusqu’à ce que le traitement cesse d’êtreefficace.

• Je suis traitée par un autre MRB depuis quatre ans et demi.• Depuis 20 ans, j’ai pris et je continue de prendre des combi-

naisons d’antirhumatismaux modifiant la maladie (ARMM) qui necessent de changer.

• J’ai été hospitalisée à de nombreuses reprises, entre autres pourune arthroplastie des deux hanches.Avant ma participation à l’étude clinique, je n’arrivais plus à

maîtriser la PR; il m’était impossible de fonctionner sans recevoir dessoins à domicile, sans utiliser un fauteuil roulant ni sans le soutienet l’assistance de ma famille. À l’été 2013, je devrai subir une arthro-plastie simultanée des genoux.

Ma mère naturelle a été l’une des premières femmes autochtonesde la C.-B. à participer à une étude sur le méthotrexate pendant lesannées 1960. Elle était tellement fière de pouvoir faire une diffé-rence et de venir en aide aux autres. J’ai moi-même profité des bien-faits du méthotrexate compris dans mon traitement d’associationpendant presque 20 ans. Ce sont des femmes comme ma mère quirendent ces progrès possibles. Pourtant, malgré les nombreusesannées écoulées, force est de reconnaître qu’il n’existe pas de modèle de soins holistique uniformisé pour aider les patients desPremières Nations à comprendre, à accepter et à apprendre à mieuxvivre avec leur diagnostic d’arthrite. Ensemble, nous pouvons travailler à changer cette réalité.

Venir en aide aux Autochtones atteints d’arthrite doit devenir unepréoccupation centrale dans les discussions sur les soins de santé.

Merci de votre attention.

Ressources et lectures suggérées :1. Lax Kw’alaams Band: first Nation Community of Lax Kw’alaams. http://www.laxkwalaams.ca2. Lax Kw'alaams, British Columbia. http://en.wikipedia.org/wiki/Lax_Kw'alaams_British_Columbia3. Le Conseil consultatif auprès des consommateurs, Lee Réseau de l’arthrite.

http://www.arthritisnetwork.ca/consumers/consumers_cacbio_fr.php4. The Arthritis Society, Arthritis Self-Management Program, Manitoba & Nunavut.

http://www.arthritis.ca/mb (en anglais)5. Programme Patients-partenaires contre l’arthrite. http://www.arthrite.ca/page.aspx?pid=60016. Enquête auprès des peuples autochtones de 2006. http://www5.statcan.gc.ca/bsolc/olc-cel/olc-

cel?catno=89-637-X&chropg=1&lang=fra7. Arthritis Consumer Experts. Mensuel Joint Health, septembre 2006.

http://www.jointhealth.org/programs-jhmonthly-view.cfm?id=19&locale=fr-CA8. The Health Status of Aboriginal Peoples in Canada: Reflection, Realization, and Response.

http://www.academia.edu/1330317/The_Health_Status_of_Aboriginal_Peoples_in_Canada_Reflection_Realization_and_Response (en anglais)

9. Vivre avec l’arthrite au Canada : Un défi personnel et de santé publique. http://www.publica-tions.gc.ca/collections/collection_2011/aspc-phac/HP35-17-1-2010-fra.pdf

10. Alliance de l’arthrite du Canada. www.arthritisalliance.ca11. Alliance Canadienne des Arthritiques. http://www.arthritiques.ca/index.php12. Canadian Arthritis Funding Landscape Review. http://www.arthritisnetwork.ca/about_

can/downloads/Arthritis%20Funding%20Final%20Final.pdf (Version intégrale en anglais).Résumé disponible en français : L’impact de l’arthrite au Canada : Aujourd’hui et au coursdes 30 prochaines années.http://www.arthritisnetwork.ca/downloads/20111024_Impact_of_arthritis_french.pdf

12. L’initiative nationale de recherche sur l’arthrite chez les Autochtones. http://www.arthritisnet-work.ca/r_and_d/randd_initiatives_fr.php

Joyce Greene

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HOMMAGE BORÉAL

JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 112

Le Programme des Services de santé non assurés(SSNA) de Santé Canada procure la couverture desservices de santé à environ 900 000 clients des

Premières Nations inscrits et admissibles ainsi qu’auxclients Inuits reconnus, pour une gamme limitée de pro-duits et de services de santé non couverts par les régimesd’assurances maladie privés ou par les régimes publicsprovinciaux ou territoriaux. Ces prestations sont offertesen complément de celles prévues dans les programmes desoins de santé des provinces et des territoires, par exempleles soins médicaux et hospitaliers, ainsi que d’autres services et programmes offerts par les communautés desPremières Nations ou des Inuits. Les produits et les servicescouverts comprennent les médicaments, le transport médi-cal, les soins dentaires, les fournitures et les équipementsmédicaux, les services d’intervention d’urgence en santémentale, et les soins de la vue.

Sur les conseils du Comité canadien d’expertise sur lesmédicaments (CCEM) et du Comité consultatif sur lesmédicaments et les thérapeutiques (CCMT) de la Directiondes SSNA, les médicaments admissibles ont été répertoriéset inscrits à la Liste des médicaments du Programme desSSNA. Le CCEM est coordonné par le Programme commund’évaluation des médicaments (PCEM) de l’Agence cana-dienne des médicaments et des technologies de la santé(ACMTS). Le PCEM soumet des recommandations sur l’a-jout à la liste officielle dans le cas de nouveaux agentsthérapeutiques et d’agents ayant de nouvelles indicationsafin qu’ils soient couverts par les régimes publics d’assu-rance médicaments des gouvernements fédéral, provin-ciaux et territoriaux (sauf au Québec). Le CCMT est composé de pharmaciens et de médecins praticiens, dontcertains sont membres des Premières Nations. Pour évaluerles médicaments, le CCEM et le CCMT adoptent unedémarche fondée sur les données probantes et ils tiennent

compte des plus récentes connaissances médicales et scientifiques, de la pratique clinique contemporaine, de laprestation des soins de santé et des besoins sanitaires particuliers des clients. Le Programme des SSNA a pourobjectif de maintenir une liste complète des médicamentsd’un rapport coût-efficacité favorable afin que les médecinspuissent prescrire un plan de traitement qui convienne auxbesoins des patients.

Le Programme des SSNA rembourse divers anti-rhuma-tismaux modificateurs de la maladie (ARMM) prescritspour le traitement de la PR, y compris le méthotrexate, leléflunomide, l’hydroxychloroquine et la sulfasalazine. LaListe des médicaments du Programme comprend égale-ment plusieurs agents prescrits pour traiter la PR, notamment l’infliximab, l’étanercept, l’adalimumab, le goli-mumab, le tocilizumab, l’abatacept, le certolizumab et lerituximab. On y décrit également les critères d’admissibi-lité pertinents à ces agents thérapeutiques; ce documentpeut être consulté sur le site de Santé Canada(http://www.hc-sc.gc.ca/fniah-spnia/nihb-ssna/provide-fournir/pharma-prod/med-list/index-fra.php). Le Programmedes SSNA est à réviser les critères de remboursement dedivers médicaments prescrits pour traiter la PR afin que leProgramme soit conforme aux données probantes récenteset à la pratique clinique, ce qui aidera les clients desPremières Nations et les clients Inuits à avoir un accèsraisonnable à ces médicaments en temps opportun.

Les médicaments inscrits à la Liste du Programme desSSNA sont offerts soit comme médicaments couverts sansrestriction (sans autorisation préalable nécessaire), soitcomme médicaments d’usage restreint (certains critèresdoivent être satisfaits pour obtenir la couverture). Le dia-gramme à la page suivante décrit le processus d’examen desmédicaments d’usage restreint par le Programme desSSNA.

Le remboursement des traitements de la PR pour les patients des Premières Nations et les patients Inuitspar Harold Boudreau, B.Sc. Chem, B.Sc. Pharm, ACPR; Susan Pierce, B.Sc. Pharm, ACPR; et Alka Bhalla, B.Sc. Pharm, PharmD

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Pour de plus amples renseignements, veuillez visiter lasection de la Direction des SSNA sur le site Web de Santé Canada à http://www.hc-sc.gc.ca/fniah-spnia/nihb-ssna/index-fra.php.

Harold Boudreau, B.Sc. Chem, B.Sc. Pharm, ACPR Pharmacien consultant, Programme des Services de santé nonassurés (SSNA), Santé des Premières nations et des Inuits, Santé Canada Ottawa, Ontario

Susan Pierce, B.Sc. Pharm, ACPR Gestionnaire, Groupe pharmacie Division de la gestion des prestations, Programme des Servicesde santé non assurés (SSNA), Santé des Premières nations et des Inuits, Santé Canada Ottawa, Ontario

Alka Bhalla, B.Sc. Pharm, ACPR, PharmD Pharmacienne consultante, Programme des Services de santénon assurés (SSNA), Santé des Premières nations et des Inuits, Santé Canada Ottawa, Ontario

Figure 1Processus d’examen par le Programme des SSNA en vue de l’approbation des médicaments

Le médecin(prescripteur) rédigel’ordonnance.

Le patient (client)apporte l’ordonnanceà la pharmacie(fournisseur).

Le système dedemandes de

remboursement desSSNA (Express ScriptsCanada) constate que lemédicament prescrit estd’usage restreint.

Le personnel du CEM(pharmacien) examinele formulaire et il leretourne au

prescripteur en cas derenseignement absentou incomplet ou pour

obtenir del’informationsupplémentaire.

La décision d’autoriserou de refuser leremboursement dumédicament est prise,puis communiquée au

fournisseur. Lefournisseur est chargéd’informer le client decette décision. Leprescripteur peutdemander d’être

également informé dela décision.

Si aucune réponse n’est reçue après quatresemaines, le cas est annulé. Un cas annulé peutêtre réactivé dans les deux jours ouvrables après

réception d’information nouvelle.

La pharmacie soumetune demande deremboursement auProgramme des SSNA.

Le CEM assigne unnuméro de cas à lademande et expédiepar télécopieur leformulaire

« médicament d’usagerestreint » au

prescripteur (le jourmême). Ce formulaireinteractif d’autorisationdu médicament d’usagerestreint renferme déjàle nom du médicamentet les renseignements

sur le client.

Le système demandeau fournisseur de

téléphoner au Centredes exceptions pourmédicaments (CEM).

Le prescripteurremplit le formulaired’autorisation dumédicament d’usagerestreint et il leretourne au CEM.

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Sommaire de la réunion tenue à l’Hôtel Fort Garry, àWinnipeg, Manitoba, les 4 et 5 octobre 2012.

De très récents résultats de recherche dans les domainesdes maladies auto-immunes et de la génétique ont misen lumière des stratégies de prévention en temps réel qui

pourraient non seulement arrêter la progression de la poly-arthrite rhumatoïde (PR), mais aussi prévenir ultimement ledéveloppement de la PR. Des rhumatologues de l’Université duManitoba ont, à titre de chercheurs cliniciens, jugé utile d’orga-niser un groupe de travail et un symposium pour discuter de cesnouvelles découvertes en rhumatologie.

Le Dr Hani S. El-Gabalawy est le chercheur principal quidirige l’étude menée à l’Université du Manitoba en vue de ladétection précoce de la PR dans les populations des PremièresNations. Participent également à ce projet Irene Smolik, Ph.D.,associée de recherche, Donna Hart, IA, ainsi qu’un coordonna-teur de recherche et plusieurs collègues rhumatologues, notam-ment le Dr David Robinson, qui traite des patients atteints de PRdans deux communautés éloignées situées au nord du Manitoba(elles ont conclu des ententes de recherche avec l’université).

Dans ces communautés, l’équipe de recherche bénéficie del’aide précieuse de deux adjoints de recherche locaux : HubertMcDougall de St. Theresa Point, et Olivia Hart, B.Sc. Inf., IA, deNorway House. Lors de cette réunion, Hubert et Olivia ontprésenté des données démographiques et culturelles sur leurscommunautés respectives; ils ont aussi parlé de recrutement etproposé une réflexion sur le premier groupe de concertationjamais organisé pour discuter de la prévention en rhumatologieorganisé dans l’une et l’autre communauté.

Des recommandations axées sur la prévention de la PRÀ la lumière de l’information communiquée durant les séancesde travail formelles et semi-structurées, les chercheurs de diver-ses institutions (Université de Stanford, Université du Colorado,Université de Toronto, Université de Calgary, Université McGill,Alaska Native Tribal Health Consortium [ANTHC], l’Assembléedes Chefs du Manitoba et le Centre de recherche sur l’arthrite(ARC, pour Arthritis Research Centre) ont compris qu’au seindes communautés des Premières Nations, il se trouve encore despersonnes qui, en ce XXIe siècle, « souffrent en silence » de la PR.

Parmi les principaux thèmes reliés à la recherche qui ont été misen évidence pendant cette réunion, nous soulignons entre autresles suivants :1. Les communautés doivent être des parties prenantes de toutes

les stratégies de recherche, et ce, dès la conception d’un pro-jet.

2. L’environnement ainsi que les conditions socio-économiquesdes populations autochtones au sein de la société canadiennerendraient ces personnes plus susceptibles de présenter lesfacteurs de risque associés au développement de la PR, etd’autres maladies (retentissement du tabagisme et de la santébuccale sur la survenue de la PR).

3. Tous les plans d’étude et toutes les données recueillies doiventêtre communiqués de manière itérative; un dialogue clair etpermanent doit être maintenu entre toutes les parties con-cernées.

4.Chaque étude sur la prévention doit être adaptée à la réalitéde chaque communauté, en tenant compte de ses caractéris-tiques territoriales, spatiales, géographiques et historiques.

5. Les études de recherche pourraient procurer des bienfaits àl’ensemble de la communauté si les activités de préventionétaient arrimées aux programmes déjà existants dans le milieu.

6.Des résultats scientifiques montrent que les allèles de suscep-tibilité porteurs de l’épitope partagé sont détectés plus

HOMMAGE BORÉAL

La polyarthrite rhumatoïde chez lesPremières Nations : Tracer la voie versla prévention de la maladiepar Hani El-Gabalawy, M.D., FRCPC; et Irene Smolik, Ph.D.

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Assistants de recherche des Premières Nations, M. Hubert McDougall et Mme Olivia Hart.

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fréquemment dans de nombreuses populations autochtonesnord-américaines. Toutefois, ce phénomène n’explique pas àlui seul la prévalence plus élevée de la PR dans ces populations.

7. Les chercheurs connaissent les biomarqueurs qui aident àprédire une PR imminente. Ils sont maintenant capablesd’établir des modèles de risque de PR, et ils le font dans lescommunautés qui souhaitent participer à des stratégies deprévention.

8. Les stratégies de prévention fournissent l’occasion d’embau-cher et de former des personnes dans les communautésautochtones, mais aussi de sensibiliser les chercheurs auxbesoins sanitaires de ces collectivités. Dans ces modèles, lesAutochtones deviennent des cochercheurs dans la recherche-action.Les exposés présentés ont bien démontré la nécessité de

soulager la douleur physique et les souffrances qu’entraîne laPR diagnostiquée tardivement et traitée de manière insatis-faisante dans les populations des Premières Nations. Tous les

participants à ce symposium ont compris que la communautéscientifique et médicale possède les connaissances requisespour détecter la PR dès le stade précoce et pour mettre enœuvre des stratégies de prévention de la PR dans les commu-nautés autochtones.

Irene Smolik, Ph.D. Médecine interne, section de rhumatologie, Centre sur l’arthrite,Université du Manitoba Winnipeg, Manitoba

Hani S. El-Gabalawy, M.D., FRCPCChaire de recherche en rhumatologie,Professeur de médecine et d'immunologie,Université du ManitobaWinnipeg, Manitoba

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Mary Pack Arthritis Program :Extensions des services de santé aux Premières Nations en Colombie-Britanniquepar Alice Klinkhoff, M.D., FRCPC; Angela How, M.D., FRCPC; et Paul Adam, MSW

Le Mary Pack Arthritis Program (MPAP) fonctionne sous lesauspices du Vancouver Coastal Health Authority qui luiconfie le mandat provincial de dispenser, à l’échelle de la

Colombie-Britannique, des services aux patients non hospita-lisés et hospitalisés dans les cliniques permanentes situées àVancouver, Victoria, Penticton et Cranbrook. Les collectivitésdont l’accès aux soins est limité sont desservies par des servicesmobiles distincts en ergothérapie (dans 13 communautés) et en rhumatologie (26 communautés) (voir la carte à la page suivante).

Parce que le fardeau de l’arthrite est anormalement lourd dansles populations des Premières Nations au Canada, le MPAP adécidé de mettre l’accent sur l’extension des services de santédans les communautés autochtones. Grâce au financementannuel octroyé par le ministère de la Santé pour défrayer lescoûts des soins médicaux, des soins infirmiers et des soinsparamédicaux, l’extension des services de santé est passée d’unpremier voyage de consultation en 1951 à un réseau structuréqui organise les déplacements des médecins et des ergo-

thérapeutes pour dispenser des soins à distance, ainsi que desservices de télésanté et de soutien des soins infirmiers à distance,ces deux derniers à l’état naissant. En 2012, 14 rhumatologuesbritanno-colombiens rémunérés à même le financement de deuxsalaires à temps plein et quatre ergothérapeutes à temps partielparticipaient au programme d’extension des services à tous lespatients de la province, y compris aux patients autochtones; lecoût total de ces services s’élève à environ 1 100 000 $.

Au cours des 18 derniers mois, la Dre Angela How a instaurédes services de télésanté entre Vancouver et le village deHazelton, qui abrite des membres de la nation des Gitxsan. Lesautochtones de cette communauté sont touchés par une forteprévalence de plusieurs maladies auto-immunes inflammatoires.La Dre Jenny Lee, qui a travaillé avec la Dre How, facilite les services à cet endroit. Les entrevues de départ montrent que ceservice a été bien accueilli par les citoyens et qu’il a aidé àréduire la liste d’attente de manière spectaculaire. La mise enœuvre de ce programme de télésanté dans d’autres collectivitésisolées aidera encore plus de personnes atteintes d’arthrite à

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avoir accès aux soins rhumatologiquesdont elles ont besoin.

Depuis 10 ans, une équipe composéede professionnels en soins infirmiers, enphysiothérapie et en ergothérapie ainsique d’un rhumatologue a été mandatéepar contrat pour organiser des cliniquesitinérantes ou des cliniques de télésanté àl’intention des communautés autoch-tones Namgis et Carrier Sekani. Bien quece service ait constitué une solution satis-faisante à court terme, les bienfaits ont vitecessé d’être ressentis après la fin dufinancement des contrats. À l’avenir, lesservices contractuels devraient s’arrimeraux services communautaires existants, parexemple en adaptant les programmes d’exercice, de jardinage ou de cuisine com-munautaires de manière à faciliter la vie despersonnes arthritiques et avec l’objectif dedévelopper la capacité de la communautédans la durée.

Au cours des 15 dernières années, les infra-structures de réadaptation destinées auxpatients hospitalisés atteints d’arthrite ontconnu un déclin à cause d’une demandemoins grande, que nous attribuons à la pharmacothérapie plusefficace et plus hâtive. En 1997, cette demande était de 36 litsentièrement réservés à la réadaptation des patients arthritiqueshospitalisés; elle est aujourd’hui de 11 lits en moyenne, dont lamoitié est en général occupée par des patients autochtonesatteints de polyarthrite rhumatoïde (PR), de spondylarthriteankylosante et d’arthrite psoriasique qui viennent à Vancouverpour des soins de réadaptation.

En Colombie-Britannique, nous sommes fiers du succès de cesprogrammes d’extension des services, mais il reste encore beau-coup à faire. Il reste de petites collectivités autochtones qui nereçoivent pas de services ou à peine, y compris un trou noir dansle quartier Eastside du centre-ville de Vancouver, où desAutochtones établis en milieu urbain vivent souvent dans deshabitations délabrées et où ils sont aux prises avec la pauvreté,les troubles mentaux et la toxicomanie. Pour des raisons comple-xes, ces personnes ne reçoivent pas les soins requis en dépit dela proximité des services de santé. Si la C.-B. comptait un plusgrand nombre de rhumatologues, un programme d’extension desservices pourrait être organisé pour la population du quartier leplus défavorisé au pays, car d’autres services médicaux spécia-lisés, par exemple ceux de la médecine du VIH et du B.C.Women’s Hospital, ont établi des cliniques locales en vue decréer des relations avec ces communautés, d’améliorer les soinset les résultats thérapeutiques.

Lectures suggérées : 1. Browne AJ, McDonald H, Elliott D. First Nations Urban Aboriginal Health

Research Discussion Paper. A Report for the First Nations Centre, NationalAboriginal Health Organization. Organisation nationale de la santé autochtone.Ottawa, Ontario. 2009. Disponible en ligne au http://www.naho.ca/documents/fnc/english/UrbanFirstNationsHealthResearchDiscussionPaper.pdf

2. Conseil canadien de la santé. Empathie, dignité et respect : Créer la sécurisationculturelle pour les Autochtones dans les systèmes de santé en milieu urbain.http://www.healthcouncilcanada.ca/rpt_det.php?id=437

3. Reading, C.L., & Wien, F. Health inequalities and social determinants of aboriginalpeoples’ health. Centre de collaboration nationale de la santé autochtone. Prince George, Colombie-Britannique. 2009. Disponible en ligne auhttp://cahr.uvic.ca/wp-content/uploads/2012/02/NCCAH-report-LoppieWein-down-load11.pdf

Alice Klinkhoff, M.D., FRCPC Professeure agrégée de médecine clinique, répertoire médical, Programme de traitement Mary Pack, Mary Pack Arthritis Program, Vancouver, Colombie-Britannique

Angela How, M.D., FRCPCMary Pack Arthritis Program, Vancouver, Colombie-Britannique

Paul Adam, MSW Coordonnateur des liaisons et services en rhumatologie, Mary Pack Arthritis Program, Vancouver, Colombie-Britannique

JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 116

HOMMAGE BORÉAL

ET = ergothérapie; PS = professionnels de la santé; SR = services de rhumatologie

ET et PS

SR

Les deux

Les services mobilesET et PS vont : Les SR vont :

AU CENTRE

AU NORD

À L’OUEST ET LES ÎLES

AU CENTRE

AU NORD

À L’OUEST ET LES ÎLES

À L’EST

Page 16: Le point sur La santé des Autochtones et la rhumatologie

J’ai commencé à m’intéresser à la recherche sur les maladiesrhumatismales dans les populations autochtones durant mesétudes de spécialisation. Étant donné que j’étudiais la rhuma-

tologie à Winnipeg, il m’était impossible de ne pas remarquer lesgraves inégalités sanitaires qui frappaient les Autochtones : cesderniers étaient surreprésentés dans nos cliniques et nos unitésde soins, ils semblaient être atteints des formes des maladies rhumatismales les plus graves et ils présentaient les moins bonsrésultats thérapeutiques. Les sujets de recherche ne manquaientpas! Nous pouvions mener des recherches pour répondre àdiverses questions touchant l’épidémiologie, l’accès aux soins desanté et la prestation des soins, la génétique, les facteurs environ-nementaux en jeu et la comorbidité, pour ne nommer que cessujets. En fait, il était beaucoup plus difficile de décider par oùcommencer une recherche à cause de la pauvreté des connais-sances et du peu d’activités de recherche dans ce domaine. J’aidonc commencé par une étude épidémiologique sur le lupus,menée sous la supervision du Dr John Esdaile, et j’ai continué dem’intéresser au lupus ainsi qu’à la polyarthrite rhumatoïde (PR).À notre centre, nous menons présentement des recherches perti-nentes aux Autochtones, notamment pour déterminer le fardeaude la PR et des maladies rhumatismales auto-immunes qui reten-tissent sur tout l’organisme dans les populations autochtones duManitoba, pour documenter aussi les écarts soupçonnés dans lessoins et pour améliorer l’accès aux médicaments; ces études s’ajoutent au vaste programme de recherche en milieu commu-nautaire visant à mieux comprendre l’évolution et, ultimement, laprévention de la PR dans cette population à risque élevé. Ce programme est dirigé par le Dr Hani El-Gabalawy et financé parles Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).

La recherche auprès des Autochtones comporte des aspects quilui sont propres, notamment la nécessité primordiale de gagnerleur confiance et d’établir des relations, ainsi que l’importanced’obtenir le consentement et la participation de la collectivité.Les Autochtones entretiennent depuis longtemps une méfianceenvers la recherche et les chercheurs. Cette méfiance estattribuable aux abus et aux mésusages reliés aux recherchesantérieures, à l’absence d’un consentement éclairé, à l’absence derespect et de connaissance de la culture autochtone; en outre, lesrésultats des études et les connaissances acquises grâce à larecherche n’étaient pas communiqués aux Autochtones. Demême, lorsqu’ils doivent rencontrer un professionnel de la santé,les Autochtones éprouvent une forte suspicion à cause d’expé-riences malheureuses vécues antérieurement dans le système desanté. Savoir établir une relation de confiance avec les patientsautochtones et avec leurs communautés demeure un élément cléd’un projet de recherche réussi, mais pour cela, il faut du temps.Leur procurer des soins appropriés est donc un élément fonda-mental de cette démarche. Les membres de la division de rhuma-tologie, les infirmières et le personnel de soutien au Centre

d’arthrite de Winnipeg accordent une grande priorité auxpatients autochtones, à telle enseigne qu’ils sont passés maîtresdans la navigation des méandres du programme des Services desanté non assurés (SSNA); ils savent négocier les demandes pourles frais de déplacement et résoudre les autres problèmes reliésaux soins à distance. Plus important encore, le Dr David Robinsondirige un programme d’extension des services de soins en rhuma-tologie dans les communautés éloignées. Sans cette attention à laprestation des soins, il serait impossible de mener des étudesauprès de ces populations, et on pourrait même dire que ce seraitcontraire à l’éthique.

C’est ainsi que nous devons obtenir le consentement et l’enga-gement de la communauté pour effectuer une recherche (mêmeune recherche en milieu urbain) pour veiller à la conformité auxlignes directrices en matière de recherche auprès des populationsautochtones. En bref, ces lignes directrices exigent le respect desconditions suivantes : la recherche doit conférer des bienfaitsbien définis aux populations et aux communautés autochtones;elle doit accroître la capacité de recherche auprès desAutochtones et améliorer le contrôle de l’information et desprocessus de recherche par les Autochtones; elle doit être enaccord avec la juridiction et les droits des Autochtones; elle doitaussi promouvoir l’autodétermination, la préservation de la cul-ture et le développement de ces populations. La négociation de laparticipation et du consentement à la recherche se révèle parfoiscomplexe et exige beaucoup de temps; cette démarche peut ren-dre plus difficile le respect des délais imposés pour les demandesde subventions et pour la publication des résultats. Les coûts dela recherche risquent aussi d’être plus élevés à cause de ces exi-gences additionnelles; cela crée une difficulté additionnelle encette ère de financement parcimonieux, donc précieux, de larecherche. En revanche, l’établissement de relations avec cescommunautés se traduit par une meilleure compréhension desobjectifs de la communauté en regard de la recherche et, proba-blement, par des études dont la méthodologie est plus solide. Aubout du compte, nous espérons que ces efforts aboutiront à unerecherche plus innovatrice et plus transformatrice.

Lectures suggérées : 1. Schnarch B. Ownership, Control, Access, and Possession (OCAP) or Self-

Determination Applied to Research: A Critical Analysis of Contemporary First NationsResearch and Some Options for First Nations Communities. JAH 2004; 1(1):80-94.

2. Maar MA, Lightfoot NE, Sutherland ME, et coll. Thinking outside the box: Aboriginalpeople's suggestions for conducting health studies with Aboriginal communities. PublicHealth 2011; 125(11):747-53.

3. Boffa J, King M, McMullin K, et coll. A process for the inclusion of Aboriginal People inhealth research: lessons from the Determinants of TB Transmission project. Soc Sci Med2011; 72(5):733-8.

Christine Peschken, M.D., M.Sc., FRCPCUniversité du Manitoba Winnipeg, Manitoba

La recherche en rhumatologie auprèsdes Autochtones par Christine Peschken, M.D., M.Sc., FRCPC

JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 1 17

Page 17: Le point sur La santé des Autochtones et la rhumatologie

À LA MÉMOIRE DE...

JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 118

Duncan est décédé le 2 décembre 2012 à l’âge de 83 ans.Duncan est né au premier hôpital Queen VictoriaMemorial à North Bay le 15 juin 1930 et durant toute sa

vie, il a entretenu des liens étroits avec North Bay et les régionsdu nord de l’Ontario. Diplômé du Upper Canada College, il aobtenu son doctorat en médecine à l’Université de Toronto. Il aétudié la médecine interne à l’Université de Toronto et àl’Université McGill et il a poursuivi ses études spécialisées enrhumatologie et en immunologie auprès du Dr John Vaughan auStrong Memorial Hospital à l’Université de Rochester, àRochester, New York.

Duncan s’est révélé un extraordinaire mentor pour unegénération entière de rhumatologues canadiens. Il a été rhuma-tologue consultant à l’Unité des maladies rhumatismales (UMR)à l’Hôpital Wellesley de 1964 à 1974. De nombreux rhumato-logues de longue expérience ont acquis leurs compétences cliniques auprès de Duncan et ils lui vouaient une grande affec-tion. Parmi ces premiers stagiaires, on note les Drs Barry Koehler,Gunnar Kraag, Isaac Dwosh, Howard Stein, Edward Keystone,Dafna Gladman et Arthur Bookman, l’auteur de ces lignes. Ceuxqui nous ont précédés et suivis sont trop nombreux pour quenous puissions tous les nommer, mais ils gardent un heureuxsouvenir des tournées hospitalières dirigées par Duncan à l’UMRde l’Hôpital Wellesley.

Le principe de l’association libre marquait les tournées deDuncan. Réuni au chevet des patients, son personnel médical lesuivait nonchalamment jusqu’au Service de radiologie, puis aulaboratoire de pathologie, et revenait ensuite au chevet despatients pour des tournées pouvant durer deux heures ou plus.Lorsque la fatigue nous envahissait et que tous ceux quientouraient le patient se demandaient à quoi pouvait bien

penser Duncan, ce dernier prononçait soudain un diagnosticremarquable et, en général, il avait raison. Nous l’avons vu diagnostiquer un sarcome d’Ewing au chevet d’une jeune femmesimplement après avoir observé la discrète enflure d’une fesse.Nous l’avons aussi observé lorsqu’il a diagnostiqué un sarcomesynovial dans un doigt que nous croyions touché par une simplesynovite. Duncan a été le premier à montrer que l’on peut diag-nostiquer l’ochronose (alcaptonurie) aussi bien par la recherchedu « signe du poivre moulu » dans la synovie1 que par celle d’uneamylose2. C’est également lui qui a nous a appris qu’on peut diag-nostiquer la rupture d’un kyste poplité en observant la peau de lamalléole externe (signe du croissant3). Il avait par ailleurs cons-taté que l’arthropathie par hémochromatose pouvait survenir enl’absence d’atteinte hépatique dans l’hémochromatose4, et il adécrit la première série complète de patients manifestant dessignes extra-articulaires de la polyarthrite rhumatoïde (PR)5.

Duncan a dirigé le département de rhumatologie àl’Université McMaster de 1974 à 1976, et c’est lui qui recruté leDr Gunnar Kraag à cette université. Ce dernier raconte que « leDr Fred Bianchi était le seul clinicien communautaire pleine-ment actif et qu’il n’y avait aucun clinicien à l’université. LorsqueDuncan m’a demandé de venir à McMaster, j’ai réfléchi environ18 secondes avant d’accepter. L’occasion et le défi étaient irré-sistibles. Créer un programme clinique solide, élaborer des coursde premier, deuxième et troisième cycles et les enseigner, entre-prendre un programme de recherche clinique et veiller à la conformité à toutes les exigences administratives : un défititanesque, c’est le moins qu’on puisse dire. Duncan était imper-turbable et nous avons même réussi à élaborer un programme deformation agréé par le Collège royal; en un rien de temps,Duncan a attiré plusieurs stagiaires internationaux et canadiens. »

Duncan Alexander Gordonpar Arthur A. M. Bookman, M.D.; Gunnar Kraag, M.D.; et Robert D. Inman, M.D.

1930 - 2012

Page 18: Le point sur La santé des Autochtones et la rhumatologie

JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 1 19

Le Dr Kraag se souvient lui aussi de Duncan : « On ne pouvaitéviter les jeux de coulisse. Tout le monde connaît le côté calme,aimable et conciliateur de Duncan, mais laissez-moi vous direque si la petite politique menaçait sa famille, la rhumatologie oule Journal of Rheumatology (JRheum) ou si on en disait du mal,Duncan devenait un adversaire redoutable qui savait s’appuyersur une abondance d’information et sur son expérience pourgérer la situation. Je me souviens encore du choc éprouvé parceux qui croyaient que Duncan se laisserait faire. Jamais il ne criait, ne bousculait ou n’exigeait, mais il savait faire naître chezautrui le désir de plaire et, si possible, d’être son émule; il étaitun vrai modèle qui prêchait par l’exemple. Il aimait jouer au golfet faire du ski. Je me rappelle que Duncan a souffert d’un œdèmepulmonaire en haute altitude à Snowmass. Un inconvénientmineur aux yeux de Duncan, qui s’est lancé sur les pistes dès lelendemain. »

De 1976 à 1991, Duncan a été directeur de la division de rhumatologie au Toronto Western Hospital. Il est resté membredu personnel médical à titre de rhumatologue principal et deprofesseur émérite jusqu’au jour de sa retraite au début de cetteannée. C’est lui qui a convaincu le Dr Robert Inman de venir àl’hôpital Toronto Western et à l’Université de Toronto.

Selon le Dr Inman, « Duncan affichait un style de direction dis-cret, et il laissait volontiers ses collègues s’attribuer le crédit desréussites de la division de rhumatologie. En fait, nous avons commencé à penser que nous avions découvert une nouvellecatégorie diagnostique : le syndrome de Gordon. Les critèresdiagnostiques de ce syndrome semblent définis comme suit : i) optimisme récalcitrant, ii) bonne volonté réfractaire, iii) faibledegré constant de cynisme, et iv) une dose d’humour horsnorme. Bien que ce syndrome soit maintenant bien décrit, nousdevrons peut-être attendre des années avant d’observer un second cas. Au final, Duncan était pareil à nul autre. Il a ramenéla rhumatologie à l’hôpital Toronto Western alors qu’on la croyait moribonde. »

Duncan a été nommé rédacteur en chef du JRheum en 1979après le décès prématuré du Dr Metro Ogryzlo. Le Dr J. DesmondO’Duffy raconte ce qui s’est passé à ce moment lors d’une réu-nion du comité de rédaction du Arhtritis and Rheumatism. Certainsavaient déclaré qu’ils allaient lancer un journal de rhumatologieau Canada. Un des rédacteurs s’est esclaffé : « Au Canada? Qui valire ce journal? » Ils ont bien ri. Mais Duncan a appuyé le raison-nement du Dr Ogryzlo, qui affirmait qu’un nouveau journal pourrait stimuler l’intérêt pour la rhumatologie et l’étude del’arthrite. Étant donné que le Canada comptait seulement 200rhumatologues à cette époque, le JRheum ne pouvait envisager delancer un journal au contenu uniquement canadien, mais il cro-yait à un projet de publication internationale rédigée au Canada.

Les embûches à surmonter n’ont pas manqué pendant les pre-mières années : d’abord établir la présence du JRheum, attirer descollaborateurs, obtenir les agréments requis et l’inscription àl’Index Medicus de la National Library of Medicine (É.-U.). Endépit du scepticisme initial, le JRheum a connu une excellentecroissance. Plusieurs innovations introduites par Duncan ont étéreprises par d’autres publications. Il déclenchait souvent la con-troverse un publiant des éditoriaux-chocs ainsi que des lettrespeu flatteuses adressées à la rédaction, tout cela dans le but de

susciter la réflexion et la discussion. Il publiait des éditoriauxprésentant des points de vue différents, des textes sur l’éthiquede la presse scientifique ainsi que des capsules historiques sur larhumatologie au Canada pour que les lecteurs aient une per-spective approfondie des sujets. Le JRheum a élargi ses domainesd’intérêt en publiant un supplément régulier sur la pédiatriedirigé conjointement par le Dr Ron Laxer et par celui qui succé-dera à Duncan, le Dr Earl Silverman. Toutes ces nouveautés ontaccru la notoriété du JRheum, qui a ensuite toujours préservé saportée internationale. Un survol du JRheum vous permettra dedécouvrir des éditoriaux venant d’Italie, d’Israël et du Brésil ainsique des textes de collaborateurs du Japon, de la France et desPays-Bas. En outre, les chercheurs américains, chinois, canadienset grecs publient tous dans le JRheum.

Dans le milieu de la rhumatologie au Canada, Duncan étaitconsidéré comme un acteur de premier plan dans l’évolution denotre spécialité. Il était convaincu de l’importance de faire con-naître à la communauté internationale les réalisations deschercheurs canadiens. Duncan a été honoré à maintes reprisespour ses contributions; il a été notamment élu Master of theAmerican College of Rheumatology (ACR) et il a présidé la Pan-American League of Associations for Rheumatology (PANLAR); ila occupé le poste de vice-président de l’International League ofAssociations for Rheumatology (ILAR) de 1990 à 1994. Pendantune décennie, il a pris l’initiative d’organiser la réunion desInternational Rheumatology Editors, ce qui lui vaut la grande estimede ses collègues rédacteurs en rhumatologie. Duncan a collaboréà la rédaction de manuels par Kelley, Cecil-Loeb, Dieppe etKlippel, ainsi qu’à celle de l’ouvrage de référence Primer ofRheumatology. La Société de l’arthrite (Canada) lui a décerné sonPrix d’excellence et, en 1992, la SCR lui a accordé le Prix de rhumatologue émérite.

Duncan laisse un héritage qui témoigne de son leadership etde ses réalisations, et la SCR est fière de l’honorer pour sa contribution à notre profession.

Références :1) Hunter T, Gordon DA, Ogryzlo MA.The ground pepper sign of synovial fluid: a new

diagnostic feature of ochronosis. J Rheumatol 1974; 1(1):45-53.2) Gordon DA, Pruzanski W, Ogryzlo MA. Synovial fluid examination for the diagnosis of

amyloidosis. Ann Rheum Dis 1973; 32(5):428-30.3) Kraag G, Thevathasan EM, Gordon DA, et coll. The hemorrhagic crescent sign of acute

synovial rupture. Ann Intern Med 1976; 85(4):477-8.4) Gordon DA, Little HA. The arthropathy of hemochromatosis without hemochro-

matosis. Arthritis Rheum 1973; 16(3):305-12.5) Gordon DA, Stein JL, Broder I. The extra-articular features of rheumatoid arthritis. A

systematic analysis of 127 cases. Am J Med 1973; 54(4):445-52.

Arthur A. M. Bookman, Gunnar Kraag, Robert D. Inman

Les dons versés au Duncan Alexander Gordon Fund à la Sociétéde l’arthrite commémoreront la mémoire de Duncan, car ilsfinanceront un prix annuel remis à un article médical en rhu-matologie publié par un auteur canadien. À ce jour, 26 000 $ont été recueillis grâce à des dons privés et à une contributionde la SCR.

Quelques articles du Dr Gordon parus dans le JSCR :http://bit.ly/THR3bOhttp://bit.ly/YOv7Q6

Page 19: Le point sur La santé des Autochtones et la rhumatologie

IMPRESSION & OPINION

Rares sont les rhumatologues canadiens dont le nomest gravé sur la Coupe Stanley ou qui occupent leposte de médecin d’une équipe de la LNH, comme ce

fut le cas pour Hugh Smythe. Toutefois, c’est dans le domainede la rhumatologie que Hugh a créé des précédents avant-gardistes qui ont une incidence directe sur les défis que doitrelever aujourd’hui notre spécialité.

Soulignons d’abord que Hugh a privilégié d’emblée laplace centrale du patient dans la recherche ainsi que dansl’enseignement et les soins. Bien avant que les critères dejugement reliés au patient deviennent la tendance dans l’évaluation des résultats, Hugh était convaincu que lajustesse de l’anamnèse et de l’examen physique était la pierreangulaire de la recherche clinique. Sa description des syn-dromes cervicaux et l’importance de la douleur projetéetémoignent de l’attention méticuleuse qu’il accordait auxdétails. Voici, par exemple, ses directives pour localiser un despoints douloureux cardinaux dans la fibromyalgie : palpez lelong du deuxième cartilage costal jusqu’à la jonction costo-chondrale. Vous détecterez là une région très distincte parti-culièrement sensible qui n’est pas circonscrite précisément àcette jonction, mais qui s’étend latéralement sur 1 cm et estsouvent plus marquée sur la surface supérieure de la côte1.(Traduction libre.) Alors que des chercheurs préconisentmaintenant d’adopter l’ultrasonographie et l’imagerie parrésonance magnétique (IRM) comme les nouveaux standardsde l’évaluation clinique, l’attention minutieuse que Hugh

jugeait si importante dans l’examen physique nous rappelleque la minutie dans l’évaluation du patient est un des princi-paux atouts de la rhumatologie.

Il importe également de souligner qu’à l’époque où lajeune spécialité de la rhumatologie cherchait à se tailler uneplace dans le programme des facultés de médecine auCanada, Hugh a lutté pour que la rhumatologie devienne partie intégrante de la médecine interne. Dans l’une de sespremières publications, il décrivait l’aortite associée à laspondylarthrite ankylosante2 et il prévoyait qu’un jour lespectre de la rhumatologie ne se limiterait plus aux atteintesdes os et des articulations et qu’avec le temps, les rhumato-logues deviendraient les internistes par excellence pourtraiter les maladies multiorganiques. En établissant la divi-sion de rhumatologie comme une partie intégrante dudépartement de médecine, il définissait deux aspects dis-tincts de cette jeune spécialité qui ont été incorporés au concept de l’unité des maladies rhumatismales (UMR).L’UMR était une entité géographique distincte, dotée de sespropres cliniques externes et de ses unités de soins pour lespatients hospitalisés. Grâce à cette structure, l’importancecentrale accordée à la formation médicale et à la rechercheclinique est devenue la norme dans les programmes de rhumatologie au Canada et ailleurs dans le monde; c’est ainsique l’UMR est devenue une entité distincte dans les centresuniversitaires des sciences de la santé. Le concept de l’UMRa aussi jeté les bases de l’équipe de soins multidisciplinaire

Hugh Smythepar Robert Inman, M.D.

1927 - 2012

À LA MÉMOIRE DE...

JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 120

Page 20: Le point sur La santé des Autochtones et la rhumatologie

intégrée pour les patientsatteints de maladies rhumatis-males; cette équipe comprenaitnon seulement des rhumatolo-gues, mais aussi des chirurgiensorthopédiques, des physiothé-rapeutes, des ergothérapeutes etdes infirmières. L’expérience deHugh comme médecin del’équipe des Maple Leafs deToronto l’a fortement convaincude l’importance des profession-nels paramédicaux dans la priseen charge de l’arthrite et desmaladies connexes. En parlantde sa période d’apprentissage comme médecin de cetteéquipe sportive, Hugh rappelait : « En restant avec les joueursdans le vestiaire, j’ai appris à considérer avec respect lesentraîneurs et les physiothérapeutes; cette relation a évoluéau fil des ans pendant que j’étais le médecin de l’équipe de1950 à 19693. » (Traduction libre.)

Enfin, nous souhaitons rappeler que la carrière de Hughtémoigne de l’importance des partenariats stratégiques avecles organismes qui militent pour le bien-être et les droits despatients et dans le cas de Hugh, ce fut son partenariat avec laSociété de l’arthrite (SA). Hugh a été membre du Comité exé-cutif de la SA de 1961 à 1999. Il a collaboré étroitement avecEdward Dunlop (directeur général de la SA de 1949 à 1981)pour élaborer un plan stratégique visant à établir une UMRdans chaque faculté de médecine du pays4. En 1959, Hughest devenu membre du Comité consultatif médical (CCM) dela SA; en 1961, il a été co-auteur du mémoire de la SA soumisà la Commission royale d’enquête sur les services de santé. Cemémoire expliquait l’importance d’établir une UMR danschaque hôpital d’enseignement au Canada et d’en faire unepartie intégrante du département de médecine. Ce mémoirea eu des retombées très importantes, car il a mené à laprésence viable de la rhumatologie dans les centres univer-sitaires de sciences de la santé de chaque université cana-dienne et il a haussé la visibilité et le profil de la formation enrhumatologie comme surspécialité dans chaque départementde médecine. La SA a joué un rôle essentiel dans la réalisationde cet objectif en procurant le financement des bourses derecherche à la même hauteur que le financement alloué parchaque province pour les frais de résidence des diplômés d’études supérieures. Cette stratégie de financement a nonseulement été le fondement de la formation d’une géné-ration de rhumatologues canadiens, elle a aussi consacré lerôle de premier plan de la SA dans le financement de la

recherche et le développementdes effectifs en rhumatologie.Elle a aussi mis en lumière lesrépercussions potentielles despartenariats stratégiques entreles médecins et les défenseursdes droits des patients. Unpartenariat efficace permetd’accomplir beaucoup plus que l’une ou l’autre partie à elleseule, et cette synergie a été un élément constitutif de lacollaboration entre les rhu-matologues et la SA, et Hugh aété l’une des âmes dirigeantes

de cette collaboration.Hugh s’est consacré à la rhumatologie avec la même ardeur

et la même détermination que dans la pratique des sports.Son enthousiasme pour toutes les nouvelles connaissances etson impatience face à la pensée non critique ont établi unhaut standard de performance en rhumatologie. La grandequalité du programme de rhumatologie à l’Université deToronto témoigne encore aujourd’hui de ce standard. Hughne pouvait tolérer une méthodologie sans rigueur (post hoc,ergo poppycock [balivernes, car le fait antérieur est méprispour la cause] était un de ses commentaires critiques), toutcomme il trouvait insupportable un mauvais jeu de défensede la part des Leafs. Son scepticisme scientifique en faisait unremarquable réviseur, un critique avisé et un chercheur ima-ginatif. Ce scepticisme ne l’empêchait aucunement de stimuler et d’aider les stagiaires et les jeunes professeurs, aucontraire.

C’est son engagement indéfectible envers ses patients, sescollègues et ses amis qui restera dans l’esprit de celles et ceuxqui l’ont côtoyé.

Références :1. Smythe HA, Moldofsky H. Two contributions to understanding of the “fibrositis”

syndrome. Bull Rheum Dis 1977-1978; 28(1):928-31. 2. Graham DC, Smythe HA. The carditis and aortitis of ankylosing spondylitis. Bull

Rheum Dis 1958; 9(3):171-4. 3. Smythe HA. A long career with the Leafs. CRAJ 2007; 17(3):10-1. 4. Smythe HA. Editorial. J Rheumatol 1981; 8:1.

Robert Inman, M.D.

Quelques articles du Dr Smythe parus dans le JSCR :http://bit.ly/S2DAcKhttp://bit.ly/VaQ06uhttp://bit.ly/PHI23H

JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 1 21

Dr Hugh Smythe et Dr Duncan Gordon : deux piliers de la rhumatologiecanadienne.

Page 21: Le point sur La santé des Autochtones et la rhumatologie

Le nord-ouest de l’Ontario englobe un vaste terri-toire presque aussi grand que la France.Dans cette région vivent près d’un

quart de million de personnes, dontplus de la moitié habite la ville deThunder Bay et ses environs. Près de20 % de la population est autochtone(vs 2,2 % dans la population cana-dienne) et la plupart sont membresdes nations Obijway, Crie ou Oji-Crie.Cette région manque de professionnelsde la santé depuis des années et ceux qui y exer-cent leur profession doivent faire preuve d’innovationet travailler sans relâche pour pallier ce manque d’effectif.Les citoyens du nord-ouest de l’Ontario doivent faire de longstrajets, souvent dans des conditions hivernales très dange-reuses pour aller voir leurs médecins. Véritables héros, lesmédecins de famille, les infirmières et infirmiers praticiens(IP) et les infirmières et infirmiers doivent résoudre des problèmes médicaux complexes et nombreux.

En septembre 2011, la Dre Irene Vasiliu est arrivée àThunder Bay pour y ouvrir son cabinet et ainsi porter d’un à deux le nombre de rhumatologues exerçant à temps plein dans la région. Mon propre cabinet a accueilli Anne MacLeod, physiothérapeute agréée qui a égalementreçu une formation spécialisée et une accréditation du pro-gramme ACPAC (Advanced Clinician Practioner in Arthritis Care).Ce partenariat de trois ans avec Anne m’a permis de recevoirun plus grand nombre de patients à mon cabinet. Les patientsorientés par leur médecin traitant sont d’abord vus par Noel Heath, ergothérapeute formé par l’ACPAC, dans le cadredu Programme des maladies rhumatismales (RDP, RheumaticDiseases Program) du St. Joseph’s Care Group (SJCG). Je continue de consacrer une demi-journée par semaine auxconsultations de télérhumatologie.

La télérhumatologie existe grâce au soutien du RéseauNORTH, au partenariat avec de nombreuses collectivités dunord de l’Ontario et à l’engagement des nombreuxthérapeutes, et infirmiers dans ces milieux. Bon nombre de cesprofessionnels ont assisté à des séances de formation sur

l’évaluation de l’arthrite organisées par l’équipedu RDP du SJCG, par la Société del’arthrite (SA) et par moi. Il y a deux ans,à Sioux Lookout (municipalité dite laplaque tournante du nord-ouest del’Ontario), cette équipe a donné descours à un groupe de professionnels dela santé (principalement des IP) qui travaillent dans les collectivités auto-chtones (p. ex., à Mishkeegogamang,Eabamatoong et North Caribou Lake)desservies par les médecins de SiouxLookout. Ces professionnels sont main-tenant en mesure d’effectuer les évalu-

ations requises dans les communautés éloignées pour que jepuisse m’occuper efficacement du suivi des patients atteintsde maladies rhumatismales en utilisant la télérhumatologie.

Les patients dans ces régions ont également accès aux excel-lents services du programme RDP offerts à Thunder Bay grâceà l’engagement du SJCG, qui a vaillamment maintenuquelques lits essentiels dédiés à la rhumatologie pour lespatients hospitalisés. Les patients autochtones qui ne peuventêtre rejoints ou évalués de manière satisfaisante par la télérhu-matologie peuvent se prévaloir du programme des Services desanté non assurés (SSNA) pour le remboursement des frais dedéplacement. Les membres de l’équipe du RDP sont d’extraor-dinaires défenseurs des droits de ces patients, car ils agissentcomme médiateurs avec le personnel du programme SSNA.

Les personnes autochtones de cette région sont touchéespar une forte prévalence de maladies rhumatismales, en parti-culier la polyarthrite rhumatoïde (PR). Il est reconnu que laPR est de début plus hâtif et de gravité plus importante dansles populations autochtones. Il est donc vital de procurer dessoins optimaux à ces patients. Et ces soins ne peuvent êtreprodigués que par une équipe réunissant des organismes etdes professionnels pleinement engagés dans cet effort. J’ai lebonheur de faire partie d’une telle équipe.

Wes Fidler, M.D., FRCPCRhumatologue, Thunder Bay, Ontario

NOUVELLES RÉGIONALES

La rhumatologie dans le nord-ouestde l’Ontariopar Wes Fidler, M.D., FRCPC

JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 124

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JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 1 25

La rhumatologie en région éloignée :Les services offerts aux communautésde la Baie Jamespar Heather Waymouth, M.D.

J’avais à l’esprit la crise du logementsurvenue à Attawapiskat l’an dernierlorsque le Dr Henry Averns et

moi sommes arrivés récemmentdans la petite communauté de 1 500 personnes. Notre visites’inscrivait dans une étude visantà fournir des services de rhu-matologie à cette communauténordique éloignée.

Depuis plusieurs années déjà,les rhumatologues de l’UniversitéQueen’s se rendent par avion àMoose Factory et à Moosonee.Les patients des communautéssituées plus au nord, commeAttawapiskat, sont en généralemmenés par avion à MooseFactory pour rencontrer le rhu-matologue consultant. Parfois, de 10 à 12 patients des commu-nautés plus nordiques ne seprésentent pas à la consultationparce que le mauvais temps empêche les avions de voler ou parceque les responsables ont eu de la difficulté à organiser le trans-port des patients.

L’avion d’Air Creebec nous a emmenés à Attawapiskat, unecommunauté située à environ 1 000 km au nord de Kingston.Après l’atterrissage sur la piste en terre battue de l’aéroport local,on nous a conduits à l’hôpital d’Attawapiskat où il n’y avait aucunmédecin depuis deux semaines. À cause de la pénurie demédecins, l’hôpital est souvent dirigé par les infirmières et infir-miers. Ces professionnels de soins infirmiers s’occupent depatients qui ont subi un trauma ou une fracture ou qui manifes-tent les signes d’une surdose de drogue, en plus d’organiser descliniques de prévention du diabète et de soins prénataux.Compte tenu du fort roulement de personnel et de la diversitédes problèmes de santé, les professionnels de la santé trouventparticulièrement difficile d’optimiser tous les aspects des soinsaux patients. Les échantillons pour les examens de laboratoiresont expédiés par avion et les résultats ne sont pas disponiblesquotidiennement. L’hôpital n’a pas de service de radiographie nid’imagerie médicale. Notre premier patient avait subi les prélève-

ments de sang usuels pour le dosage du méthotrexateune semaine et demie avant notre visite afin que nouspuissions étudier les résultats dès notre arrivée. Cepatient manifestait une insuffisance rénale aiguë. Enplus d’arrêter le traitement par le méthotrexate, nous

avons demandé que le patient soit transféré àMoose Factory pour un bilan rénal complet. Sondépart par avion était prévu pour le lendemainmatin, mais le patient a raté l’avion; il est donc

arrivé à Moose Factory environ 48 heures plus tard. L’expérience dela pratique médicale dans ces com-munautés nordiques nous a apprisque l’imprévu est souvent la règleplutôt que l’exception et que leschoses se déroulent rarement commeon l’avait planifié.

Sur le plan de la rhumatologie, ilest très difficile de nous assurerque nos patients subissent lesprélèvements sanguins mensuelsrequis, qu’ils se présentent aux visites de suivi, qu’ils réduisent

leur consommation d’alcool, et que nos patientes traitées par desagents tératogènes utilisent des méthodes contraceptives effi-caces. L’accès aux professionnels de la réadaptation est restreint;on compte en effet seulement deux physiothérapeutes et unergothérapeute pour toutes les communautés de la côte ouest dela Baie James. L’avion est le mode de transport le plus efficacepour se déplacer d’une communauté à l’autre. En dépit de larareté des services, de nombreux habitants des communautés lesplus éloignées, p. ex., Attawapiskat, sont réticents à voyagerjusqu’à Moose Factory, et encore moins jusqu’à une ville dotéed’un centre de soins tertiaires. Les patients ont donc un accèsmoins grand aux examens. Malgré les difficultés qu’il faut sur-monter pour dispenser des services de santé dans les régionsnordiques éloignées, l’appréciation exprimée par les patients etla satisfaction d’avoir su résoudre les problèmes à force d’imagi-nation rendent cette expérience enrichissante.

Heather Waymouth, M.D.Rhumatologie adulte M.D. PGY-5,Université Queen’s, Kingston, Ontario

Carte reproduite avec la permission de Ressources naturelles Canada 2012,gracieuseté de l’Atlas du Canada.

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JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 126

ARTICULONS NOS PENSÉES

La communication avec les patients est une priorité pour lesmédecins; le JSCR a donc mené une enquête auprès de seslecteurs pour déterminer à quelles fins et par quels moyens

les médecins canadiens utilisent les médias sociaux dans leurpratique. Nous avons retenu une définition large des médiassociaux, à savoir : tout outil en ligne qui permet aux utilisateursd’interagir avec un groupe d’autres utilisateurs; le contenu estgénéré par les utilisateurs et la technologie permet de créer etd’échanger de l’information.

À la question leur demandant s’ils utilisaient les médias sociaux dans leur pratique clinique, la grande majorité (90 %)des lecteurs interrogés a répondu « Non ». Un faible pourcentageseulement (6 %) a déclaré utiliser les médias sociaux; 4 % ontrépondu que leur clinique ou leur bureau avait recours auxmédias sociaux, mais sans qu’eux-mêmes participent directe-ment à cette utilisation.

Les sites personnels (33 %), YouTube (28 %), LinkedIn etFacebook (les deux, 22 %) étaient, selon cette enquête, les médiasles plus utilisés dans le contexte professionnel. Il semble quel’usage croissant de Twitter soit un phénomène très récent dansla sphère de la rhumatologie (17 %), et je me demande quand le

mot-clic (mot précédé du dièse) fera son apparition dans un plusgrand nombre de nos réunions, comme c’est déjà le cas à la réunion de l’ACR.

De la transmission des renseignements généraux sur lespatients (45 %) à un aperçu des pathologies (40 %), desressources éducatives (40 %) aux formulaires à l’intention despatients (35 %), les utilisations possibles des médias sociaux enpratique clinique sont variées et d’une grande portée. Restez àl’antenne en attendant le prochain numéro du JSCR dans lequelnous explorerons ces activités de manière plus approfondie.

Philip A. Baer, M.D., C.M., FRCPC, FACRRédacteur en chef, JSCR, Scarborough, Ontario

Médias sociaux et médecinepar Philip A. Baer, M.D., C.M., FRCPC, FACR

Tableau 1.Utilisez-vous les médias sociaux dans votrepratique clinique?

Oui 6 %Le personnel de la cliniqueutilise les médias sociaux,mais je n’y participe pas

directement.4 %

Non 90 %

Félicitations au gagnant du questionnaire « Articulons nos pensées » de ce numéro,Dr Antonio Avina-Zubieta de Richmond, C.-B.

Tableau 2. Si oui, parmi les médias sociaux suivants,lequel ou lesquels utilisez-vous à des finsprofessionnelles? (Veuillez indiquer tous ceux quevous utilisez.)

Malheureusement, nos ordinateurs à l’hôpital bloquent l’accès à ces sites sinonje les utiliserais; j'oriente les patients vers des sites spécifiques, tels que SSNA.

Facebook 22 %

Twitter 17 %

LinkedIn 22 %

YouTube 28 %

Site Web personnel 33 %

Carnets (blogues) 0 %

Autre (veuillez préciser) 17 %

Tableau 3. Quelle information clinique transmettez-vous par l’intermédiaire des médias sociaux? (Veuillez indiquertoutes les réponses pertinentes.)

Informations à des collègues, liens vers des sites fiables, mini-renseignements sur la prise en charge.

Renseignements généraux à propos du patient 45 %

Information générale à propos de la maladie 40 %

Accès en ligne aux formulaires pour les patients 35 %

Ressources éducatives à l’intention des patients, des autresmédecins traitants et des responsables des soins 40 %

Questionnaires d’évaluation et de dépistage 15 %

Ressources et programmes de soutien auxpatients 35 %

Renseignements sur la posologie et l’administration desmédicaments

20 %

Conseils pratiques pour un mode de vie sain 20 %

Autre information (veuillez préciser) 30 %

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Comme beaucoup d’entre vous le savent, d’importantschangements sont survenus dans le remboursement desagents biologiques par les tiers payeurs privés; de nom-

breuses compagnies d’assurance qui fournissent des régimes d’assurance de soins médicaux adoptent de plus en plus un système fondé sur le « formulaire d’autorisation préalable », sem-blable à celui des programmes d’accès exceptionnel mis en œuvrepar plusieurs gouvernements provinciaux. Pour veiller à ce queces changements soient appliqués en tenant compte de lamédecine factuelle et du bien-être des patients, l’Association desrhumatologues de l’Ontario (AOR) a créé un comité spécial. Notrecomité poursuit donc un dialogue permanent avec les trois plusimportantes compagnies d’assurance afin de leur faire connaîtreles lignes directrices de la SCR pour le traitement de la poly-arthrite rhumatoïde (PR); nous leur transmettons également noscommentaires sur les projets de formulaires de demande d’autori-sation pour que les questions soient rationnelles et pertinentes.Les compagnies d’assurance ont, à des degrés divers, accueillifavorablement nos commentaires : elles ont modifié leurs formu-laires et leurs critères en vue, nous l’espérons, de réduire au mini-mum les tracasseries que devront surmonter les médecins et lespatients canadiens lorsque ces modifications entreront envigueur.

Vu la hausse croissante des dépenses et du nombre d’ordon-nances pour les agents biologiques, les tiers payeurs privés saventtrès bien que ces médicaments sont employés pour traiter les maladies rhumatismales. Fait intéressant, un des agents biolo-giques que nous utilisons souvent deviendra sous peu l’agentbiologique le plus vendu au monde, car on prévoit que le total des ventes aura dépassé les 9 milliards en 2012 et qu’il dépassera10 milliards en 2013. Étant donné que les laboratoires élaborentd’autres agents biologiques, on comprend facilement que lescompagnies d’assurance veulent mieux contrôler leur utilisation.

Malgré notre participation à ces processus, certains change-ments apportés aux règles de la prescription des agentsbiologiques entraîneront des complications pour les rhumato-logues canadiens et leurs patients. L’AOR entend bien maintenirle dialogue avec les tiers payeurs et elle veillera à préserver la plusgrande transparence et la plus grande ouverture d’esprit possibleà mesure que nous progresserons dans cette nouvelle ère dechangement.

Jane Purvis, M.D., FRCPC Présidente, Association des rhumatologues de l’OntarioRhumatologue, The Medical Centre, Peterborough, Ontario

ARTHROSCOPE

JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 136

L’AOR et tiers payeurs privés : Mise à jourpar Jane Purvis, M.D., FRCPC

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JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 1 37

ARTHROSCOPE

Le Pacific Arthritis Center a de nouveau accueilli laConférence éducative sur invitation enmatière de rhumatologie (B.C. Rheuma-

tology Invitational Series, BRIESE), les 28 et29 septembre 2012 à l’hôtel FairmontPacific Rim. Cette conférence a étéconçue d’emblée comme un événementautomnal de formation médicale conti-nue (FMC) en vue de complémenter lesactivités de FMC alors proposées aux rhuma-tologues en Colombie-Britannique. Depuis septans, le riche contenu éducatif ne cesse d’attirer des participants de toute la province.

Cet attrait ne s’est pas démenti cette année, car la conférencea connu un succès retentissant. Parmi les conférenciers,soulignons le Dr Gordon Dow (Université du Nouveau-Brunswick) qui nous a aidés à mieux comprendre les infectionschez les patients immunodéprimés et a présenté une revue inter-active du dépistage et des traitements de la tuberculose. Nousavons également écouté un exposé remarquable fait par le Dr Simon Carette (Université de Toronto) qui a décrit dans unstyle élégant les plus récents progrès dans les domaines de la vascularite et de l’hépatite C. Le conférencier international, le Dr Arthur Kavanaugh (Université de la Californie à San Diego), aprésenté une revue très intéressante de l’arthrite inflammatoire etil a amené l’auditoire à s’interroger sur des questions d’éthiquemédicale reliées aux essais cliniques. Les experts avaient préparéquelques cas complexes en guise de « colles posées au profes-seur » afin de faciliter les échanges entre les participants.

Les nombreux participants ont manifesté encore une fois leurplaisir de prendre part à cet événement. Quelques changementsimportants avaient été apportés à la conférence de 2012. Par

exemple, plusieurs nouvelles infirmières spécialisées en rhumatologie ont assisté à la conférence et ont

participé au programme. La Société des rhu-matologues de la C.-B. (BCRS) a égalementété l’hôte d’un petit groupe de travail surles soins infirmiers qui a exploré l’envi-ronnement des soins infirmiers en pleine évolution dans la province. Depuis

l’instauration du nouveau tableau de répar-tition multidisciplinaire des honoraires en

C.-B. en 2011, environ 50 % des rhumatologuesont commencé à intégrer du personnel de soins infir-

miers dans leur cabinet. Avec la croissance vient le changementet ce groupe de travail a permis de discuter des pratiques exem-plaires et des difficultés liées à l’intégration dans un cabinet derhumatologue.

Autre nouveauté cette année : la conférence s’est dérouléedans de nouveaux lieux, soit au UBC Medical Student AluminiCentre et à l’hôtel Fairmont Pacific Rim, qui accueillait les parti-cipants. Des fenêtres de l’hôtel Fairmont Pacific Rim, nous avonsadmiré ce qui fait la quintessence de Vancouver : les navires decroisière, le Centre des congrès... et la pluie. Certains chanceuxont même pu entrevoir Madonna, qui séjournait à l’hôtel pen-dant sa série de spectacles à Vancouver.

La conférence BRIESE 2013 aura lieu les 27 et 28 septembre2013 à Vancouver.

Jason Kur, M.D., FRCPC, ABIMProfesseur adjoint de clinique, Université de la Colombie-BritanniqueCo-directeur, Pacific Arthritis CenterVancouver, Colombie-Britannique

Rapport sur le programme 2012 de la Conférence éducativesur invitation de la C.-B. en matière de rhumatologie

par Jason Kur, M.D., FRCPC, ABIM

Dr Arthur Kavanaugh Dr Gordon Dow Dr Simon Carette

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JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 138

La réunion 2012 de l’American College of Rheumatology(ACR) a eu lieu à Washington, D.C., du 9 au 14 novembre.Toutefois, Abraham Lincoln semblait vouloir damer le pion

à George Washington dans la capitale américaine éponyme. Unmatin, alors que la réunion de l’ACR me laissait un peu de tempslibre, j’ai constaté que le président Lincoln était omniprésent. Lenouveau film « Lincoln » venait d’apparaître sur les écrans et d’im-menses affiches tapissaient les murs de la ville. Lincoln était aussil’un des personnages d’un autre film récent, quoique moinslouangé par la critique, « Abraham Lincoln, chasseur de vampires». Puis, ma promenade m’a amené près de la Maison-Blanche etj’ai observé les ouvriers qui construisaient les estrades pour lacérémonie d’investiture du président Barack Obama à l’aube deson second mandat; de nombreux commentateurs faisaient desparallèles entre les problèmes qui assaillent le président Obamaet ceux auxquels était confronté Lincoln, il y a 150 ans. Enfin, jesuis arrivé au monument à la mémoire de Lincoln et j’y ai lu letexte du discours de Gettysburg. Je me rappelle qu’à l’arrivée dePowerPoint, sur la Toile encore au stade du développement, uneprésentation avec diapositives montrait comment on pouvaitmassacrer ce discours en le transformant avec des puces et desgraphiques à barres (www.norvig.com/Gettysburg). Tout cela se pas-sait bien sûr avant l’arrivée de Facebook, Twitter, Pinterest etYouTube.

Heureusement, les conférenciers à la réunion 2012 de l’ACRadhéraient aux plus hauts standards de clarté scientifique dansleurs présentations avec diapositives et leurs graphiques. La réu-nion avait lieu au nouveau centre des congrès Walter E.Washington, ainsi nommé en mémoire du premier maire élu deWashington, D.C., et situé à proximité du quartier chinois, duVerizon Centre et de nombreux hôtels. Un service de navette trèsefficace avait été prévu pour les participants à la réunion del’ACR. Le libre accès au réseau Wi-Fi au centre des congrès etdans tous les hôtels accueillant les participants facilitait grande-ment les contacts avec les collègues et les proches.

De nouvelles données sur l’efficacité et l’innocuité à longterme des médicaments biologiques ont été présentées, ainsi quedes résultats d’études comparatives des divers agents. Ces résul-tats de recherche montrent que les médicaments biologiquesont réduit les nombres de visites à l’hôpital, d’interventionschirurgicales et de décès prématurés chez les patients atteints depolyarthrite rhumatoïde (PR). Les technologies modernes ontaussi été le sujet de plusieurs communications; une étude fin-landaise a montré que le suivi des patients atteints de PR partéléphonie mobile a accru la probabilité d’une meilleure adhé-sion au traitement dans les cas de PR au stade précoce. Deschercheurs ont aussi exploré la possibilité de diminuer progres-sivement le traitement par les agents biologiques lorsque la PR

« Il y a quatre-vingt-sept ans, nos pères ont, sur ce continent, mis au monde une nouvelle nation, conçue en libertéet vouée à cette idée que tous les hommes naissent égaux... afin que cette nation, devant Dieu, renaisse à la liberté –et afin que le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple, ne soit pas effacé de cette terre. »

– Abraham Lincoln, Discours de Gettysburg, 19 novembre 1863.

Rapport sur la Réunion 2012 de l’ACRpar Philip A. Baer, M.D., C.M., FRCPC, FACR

De son monument qui domine Washington, AbrahamLincoln est le témoin silencieux du changement.

Une vue sur Pennsylvania Avenue, vers le Capitole,passé l’ambassade du Canada, à partir du Newseum.

« Une injustice, où qu’elle soit, est une menace contre la justice partout. » - Dr Martin Luther King, Jr.

ARTHROSCOPE

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JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 1 39

est en rémission. Par ailleurs, les inhibiteurs du facteur denécrose tumorale (anti-TNF) n’ont pas semblé conférer de bien-faits dans le traitement de l’arthrose de la main. Les agences definancement seront sûrement soulagées d’apprendre cela.D’autres données ont aussi été présentées sur l’utilité de l’ultra-sonographie musculosquelettique. Des résultats confirment quele risque de décès relié à la dépression est accru chez les patientsatteints de PR. Soulignons aussi que l’ACR a émis un commu-niqué de presse à propos d’une étude canadienne menée par leCentre de recherche sur l’arthrite du Canada (ARC) qui prévoitque les dépenses totales reliées au traitement des Canadiensatteints d’arthrose atteindront 8,1 milliards en 2031.

La réunion de l’ACR porte sur une gamme de sujets suscepti-bles d’intéresser des rhumatologues aux intérêts professionnelsdiversifiés. Peu importe votre principal centre d’intérêt profes-sionnel – la recherche fondamentale, la recherche clinique, lapratique clinique, le traitement de la douleur, la sécurité despatients, la formation médicale ou la gestion de la pratique –,cette réunion scientifique vous propose de l’information perti-nente. C’est un des grands atouts de la réunion de l’ACR. Pourune deuxième année consécutive, les organisateurs présentaientl’activité « ACR Knowledge Bowl » qui donne l’occasion à l’auditoirede concurrencer les équipes participant au jeu-questionnaire destyle Jeopardy sur la rhumatologie.

J’ai assisté à une séance fort amusante au cours de laquelle oninterrogeait les participants sur les sites extraarticulaires pou-vant participer à l’apparition et à la pathogenèse de la PR. La dis-

cussion portait principalement sur le parodonte et le poumon.Quelqu’un a demandé si on pouvait prévenir la PR avec un denti-frice ou un inhalateur, mais la question est restée sans réponse.

La Food and Drug Administration (FDA) a alimenté les bulle-tins d’information de l’ACR en approuvant le premier inhibiteurdes JAK (Janus kinases), le tofacitinib, immédiatement avant ledébut de la réunion scientifique. Le nom de marque, Xeljanz, nese prononce pas facilement, mais je suis certain que j’y arriveraiavec le temps, comme ce fut le cas lorsque l’abatacept et letocilizumab, entre autres, se sont ajoutés à notre arsenalthérapeutique.

Comme à l’habitude, la Société canadienne de rhumatologie(SCR) a profité du fait qu’un grand nombre de rhumatologuescanadiens assistaient à la réunion de l’ACR pour tenir les assem-blées du conseil de la SCR et du conseil d’administration duJournal de la SCR (JSCR), réunions qui ont été très productives.Vous avez été nombreux à assister à la soirée canadienne et àsaisir cette belle occasion de réseautage. L’ACR a tenu sa soiréede bienvenue au Newseum, un endroit magnifique, surtout pourles fervents d’affaires publiques et de l’information comme moi.

N’oubliez surtout pas de noter la date de la prochaine réunionannuelle de l’ACR qui aura lieu du 25 au 30 octobre, à San Diego,Californie. Je serai heureux de vous y rencontrer.

Philip A. Baer, M.D., C.M., FRCPC, FACRRédacteur en chef, JSCRScarborough, Ontario

La prochaine réunion de la Northwest Rheumatism Society (NWRS) se tiendra au SuttonPlace Hotel, du 25 au 27 avril 2013, à Vancouver, C.-B.

Points saillants :• Des conférenciers éminents : le Dr Edward Keystone de l’Université de Toronto, le

Dr Mark Genovose de l’Université Stanford, le Dr Boulos Haraoui de l’Université deMontréal et le Dr Yusuf Yazici de l’École de médecine de l’Université de New York.

• Parmi les sujets au programme, nous soulignons les suivants : les nouveaux conceptsthérapeutiques dans la polyarthrite rhumatoïde; les progrès récents dans les spondyl-arthropathies séronégatives; la maladie de Behçet; l’abord des cytopénies auto-immunes; les progrès récentsdans l’hypertension pulmonaire; les causes de l’échec de l’arthroplastie totale de la hanche; la colonne cervicalerhumatoïde : considérations neurologiques; une mise à jour en dermatologie à l’intention des rhumatologues;le traitement de la douleur et les rhumatologues; la myosite auto-immune; une mise à jour sur les vascularitesassociées aux anticorps antineutrophiles cytoplasmiques (ANCA); la rhumatologie pédiatrique.

• Retrouvez de vieux amis et faites la connaissance de nouveaux collègues lors d’une élégante soirée organisée levendredi à la Galerie d’art de Vancouver. La conférence se terminera le samedi, à midi.

Les frais d’adhésion à la NWRS sont de 25 $ et ceux de l’inscription à la conférence sont de 200 $. Nous vousferons parvenir les renseignements pour l’inscription et le programme. Si vous avez des questions, veuillezcommuniquer avec la NWRS soit en téléphonant à Sarah Rice, King County Medical Society, au 206-621-9396,soit en écrivant au président élu, le Dr Maziar Badii, à [email protected].

Réservez ces dates : réunion de la NWRS

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JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 140

DIX POINTS À RETENIR

Après ses études de médecine, le physiatre poursuit uneformation spécialisée en médecine physique et deréadaptation. La réadaptation a pour but d’améliorer la

qualité de vie en maximisant la fonction et en réduisant auminimum l’invalidité attribuable à une déficience ou à uneaffection sous-jacente. En général, le physiatre travaille en collaboration avec une équipe multidisciplinaire de profes-sionnels paramédicaux, entre autres les suivants : physio-thérapeutes, ergothérapeutes, travailleurs sociaux, prothé-sistes, orthésistes, diététistes, orthophonistes, psychologues etrécréothérapeutes. Quiconque est affligé d’une blessure oud’une affection ayant un retentissement sur l’appareil locomo-teur, le système nerveux ou cardiopulmonaire est susceptibled’obtenir des bienfaits des soins spécialisés d’un physiatre. Lesphysiatres exercent dans la collectivité, dans des hôpitauxgénéraux et des hôpitaux spécialisés en réadaptation, ainsi quedans les unités de soins de réadaptation de certains hôpitauxde soins aigus.

Voici quelques circonstances dans lesquelles la consultationd’un physiatre pourrait être utile :

1. Votre patient a besoin d’une prothèse.Votre patient a subi l’amputation d’un membre (p. ex., pourtraiter une vascularite) et il a besoin d’une prothèse. Il estpréférable que le patient soit évalué préalablement à l’ampu-tation. Le physiatre peut également prescrire la prothèse ettraiter les complications reliées à l’amputation et à la prothèse(p. ex., un ajustement imparfait).

2. Votre patient a besoin de soins après un accident vasculairecérébral (AVC).Votre patient a subi un AVC (p. ex., un AVC secondaire à unlupus érythémateux disséminé [LED]) et il a besoin d’un suivi etd’un traitement au long cours. Le physiatre est en mesure dedéterminer si le patient obtiendrait des bienfaits d’un séjourdans une unité spécialisée en réadaptation post-AVC. Parmi lesfacteurs qui évoquent une détérioration de la capacité fonction-nelle, on note les suivants : la comorbidité, un déficit neuro-logique grave, l’incapacité à rester assis sans support, l’incapa-cité à retenir l’information d’un jour à l’autre, l’incontinencefécale et urinaire, et un score insatisfaisant à l’évaluation fonc-tionnelle. La réadaptation et le traitement d’un patient ayantsubi un AVC peuvent allier les médicaments comme le baclofène

et la toxine botulinique par injections pour réduire la spasticité,la physiothérapie, l’ergothérapie, l’emploi de dispositifs d’aideou le recours à des services de soins à domicile. Le traitement etla prévention des complications d’un AVC peuvent comprendreles mesures pour empêcher l’aspiration causée par des troublesde la déglutition, ainsi que le traitement de la dépression, dessyndromes douloureux, des escarres de décubitus, des thrombo-embolies, des déficits nutritionnels et des convulsions.

3. Votre patient a besoin d’un traitement à la suite d’untraumatisme cérébral.Votre patient a subi un traumatisme cérébral lors d’un acci-dent d’automobile et vous n’êtes pas entièrement certain de laconduite du traitement. Ces patients manifestent parfois desdéficits physiques et cognitifs complexes. Les complicationsd’un traumatisme cérébral qui motivent un traitement com-prennent les fractures, les convulsions, l’hypertension, lestroubles cardiopulmonaires, les dysfonctionnementsendocriniens (p. ex., un dysfonctionnement hypophysaireantérieur), les anomalies des nerfs crâniens, moteurs et sen-soriels, l’ossification hétérotopique, les troubles nutritionnelset les dysfonctionnements de l’intestin et de la vessie. Uneévaluation neuropsychologique peut être utile, surtout en casde problèmes médico-légaux.

4. Votre patient manifeste une faiblesse inexpliquée.Votre patient se plaint d’une faiblesse inexpliquée et vous vousdemandez si la myosite ne serait pas en cause. Dans cette cir-constance, un examen électrodiagnostique pourrait se révélerutile. Cet examen, réalisé par les physiatres, les neurologues etles rhumatologues, devrait confirmer l’impression diagnos-tique évoquée par l’anamnèse et l’examen physique. L’examenélectrodiagnostique comporte deux volets : l’analyse des con-ductions nerveuses et l’électromyographie (ÉMG). L’analyse dela conduction des nerfs périphériques sensoriels et moteurssert à déterminer le siège d’une lésion nerveuse périphérique.L’examen électrodiagnostique permet de vérifier si la faiblesseest attribuable à une maladie musculaire (myopathie) ou à unemaladie ou à une lésion des nerfs périphériques (neuropathie).

5. Votre patient pourrait être atteint d’une lésion nerveusepériphérique.Votre patient a un pied tombant secondaire, par exemple, à

Les dix principales raisons d’une orientation en physiatriepar Perry Rush, M.D

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JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 1 41

une arthroplastie de la hanche, et vous vous demandez si unelésion nerveuse périphérique pourrait l’expliquer. Dans ce caségalement, l’examen électrodiagnostique pourrait êtreéclairant. Le pied tombant pourrait-il par exemple être causépar une lésion du nerf sciatique ou une atteinte du nerfpéronier? L’engourdissement de la main est-il attribuable àune lésion au niveau des nerfs cervicaux, du plexus brachial,du coude, ou est-il causé par le syndrome du canal carpien?

6. Votre patient pourrait avoir besoin de soins de réadaptationaprès une chirurgie orthopédique.Votre patient est hospitalisé en raison d’une arthroplastietotale du genou ou de la hanche, ou à cause d’une fracture dugenou ou de la hanche, et vous vous demandez si des soins àl’unité de réadaptation seraient bénéfiques dans son cas. Lephysiatre appelé en consultation postopératoire peut déter-miner si le patient a retrouvé une capacité fonctionnelle suffi-sante pour lui permettre de retourner chez lui, ou s’il estpréférable de le faire admettre à l’unité de réadaptation àcause des obstacles présents à son domicile (p. ex., unescalier), ou à cause des affections concomitantes présentesou de l’absence de soutien familial. Le patient qui est admis àune unité de réadaptation postopératoire reçoit chaque jourdes traitements intensifs de physiothérapie et d’ergothérapie.Il pourrait aussi être utile de demander à un thérapeute de visiter le domicile du patient pour évaluer son environnement.

7. Votre patient a besoin d’un traitement en raison d’unepathologie ou d’un traumatisme médullaire.Votre patient a été atteint d’une myélite transverse de la moelleépinière (p. ex., secondaire au LED ou au syndrome deSjögren). Les patients touchés par des maladies ou des trauma-tismes de la moelle épinière ont besoin d’un traitement con-tinu pour prévenir et traiter les nombreuses complications quirisquent de survenir comme l’insuffisance respiratoire, lesescarres de décubitus, la spasticité, les troubles neurogènes del’intestin et de la vessie, les troubles nutritionnels, la difformitévertébrale, les troubles de la fonction sexuelle; en outre, ilspeuvent avoir besoin de dispositifs d’aide à la mobilité, p. ex.,un fauteuil roulant.

8. Votre patient pourrait avoir besoin d’orthèses.Tel patient se plaint de douleurs ou de difformités des pieds etvous pensez aux bienfaits possibles des orthèses; tel autrepatient manifeste une arthrose primaire de la section médianedu genou et vous vous interrogez sur l’utilité d’une attelle degenou. Les orthèses (elles peuvent être obtenues en vente libreou fabriquées sur mesure, mais ces dernières sont plus coû-teuses) comprennent les divers types d’attelles, les ceintures desoutien, les colliers cervicaux, et les chaussures adaptées.Lorsqu’elle est prescrite correctement, l’orthèse peut amélio-rer la fonction et atténuer la douleur, car elle modifie la biomécanique. Les orthèses peuvent réduire les forces qui

traversent en totalité ou en partie une articulation portante (p. ex., prescrire une attelle de genou pour diminuer la chargesur la section médiane du genou touché par l’arthrose, ou uneceinture de soutien pour faciliter la mobilité d’un patientayant subi une facture par tassement vertébral); les orthèsespeuvent aussi stabiliser des articulations en cas de luxationincomplète (p. ex., un genou devenu instable à cause d’unelésion ligamentaire); elles peuvent aussi améliorer les mouve-ments (en réduisant l’énergie requise pour la marche) et maximiser la position fonctionnelle (une orthèse statique depoignet maintient l’articulation affaiblie dans la posture opti-male pour l’utilisation de la main; une orthèse dynamique depoignet remplace l’extension du doigt chez un patient atteintde polyarthrite rhumatoïde (PR) ayant subi une rupture dutendon extenseur).

9. Votre patient a fait des chutes répétées.Chez les patients atteints de maladies chroniques, les chutessont une cause de morbidité et de mortalité importantes; ellessurviennent fréquemment, elles entraînent des coûts élevés etelles peuvent être prévenues. Le physiatre évalue et traite lacause des chutes qui est, en général, multifactorielle. Lesrisques de chute comprennent les médicaments (p. ex., les psy-chotropes et les diurétiques), les affections concomitantes (p. ex., les maladies musculosquelettiques, neurologiques etcardiopulmonaires), les troubles de la vue, de l’ouïe et del’équilibre, l’incontinence, les arythmies et l’hypotensionorthostatique. Pour réduire le risque de chutes, ces patientsont besoin d’aides à la mobilité. Vous pouvez demander qu’unthérapeute se rende au domicile du patient pour évaluer si sonenvironnement devrait être modifié ou adapté pour réduire lesrisques et pour installer les dispositifs pertinents pour rendreson milieu de vie plus sécuritaire.

10. Votre patient est atteint d’une cardiopathie ou d’unepneumopathie.Votre patient a subi un infarctus du myocarde (causé par uneathérosclérose précoce ou secondaire au lupus) ou il mani-feste une pneumopathie (p. ex., une fibrose pulmonaire secon-daire à la PR) et vous vous demandez si la participation à unprogramme de réadaptation cardiaque ou pulmonaire confé-rerait des bienfaits dans son cas. Ces programmes peuvent êtresupervisés par un physiatre ou par cardiologue ou un pneumo-logue; en général, ces programmes sont fondés sur l’exercice,l’enseignement des patients et la pharmacothérapie dans lebut d’améliorer la fonction cardiaque et respiratoire ainsi quela qualité de vie.

Perry Rush, M.D.Professeur adjoint,Division de médecine physique et de réadaptation,Département de médicineUniversité de Toronto, Toronto, Ontario