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Le dossier de l’élu Le Pays de Lunel Objectif « Zéro phyto » dans nos communes L’interdiction des produits phytosanitaires va s’imposer aux collectivités dès 2017 sur les espaces verts, les voiries, les promenades accessibles au public. Si des solutions alternatives existent, le changement de pratiques ne s’improvise pas. Soutenue par les Syndicats de l’Or et du Vidourle, la Communauté de Communes du Pays de Lunel a souhaité s’engager vers le « zéro pesticides » en lançant un Plan intercommunal d’Amélioration des Pratiques Phytosanitaires et Horticoles (PAPPH) permettant d’accompagner votre commune dans cette démarche. Qu’est-ce qu’un pesticide ? Les pesticides sont des substances chimiques utilisées pour le contrôle ou l’élimination d’organismes jugés indésirables, qu’il s’agisse de plantes, d’animaux, de champignons ou de bactéries. Le terme « pesticide » est un terme générique, plus large que « produit phytosanitaire », terme réglementaire désignant les substances liées à la « santé » des végétaux. Pourquoi les communes ? Les quantités utilisées par les collectivités ne sont pas négligeables, de l’ordre de plusieurs centaines de tonnes par an… Les jardins, espaces verts, voiries et infrastructures représentaient 20% de l’utilisation des herbicides en France en 2000. L’usage des pesticides dans les villes et villages présente l’inconvénient majeur d’exposer directement la population - notamment les enfants - à ces substances toxiques. Celles-ci, répandues de surcroît sur des sols nus ou imperméables (trottoirs), sont emportées par les premières pluies dans le réseau pluvial jusque dans le milieu naturel (rivières, nappes d’eau souterraine, lagunes littorales) qu’elles polluent. Le contenu d’un capuchon de stylo de substance active de produit phytosanitaire peut à lui seul rendre non potable un volume d’eau équivalent à trois piscines olympiques ! Une réglementation de plus en plus contraignante pour l’usage de produits toxiques La Loi Labbé du 6 février 2014 vise à mieux encadrer l’utilisation des produits phytosanitaires sur le territoire national et indique qu’en 2017, les collectivités ne pourront plus utiliser ni faire utiliser de produits phytosanitaires pour l’entretien des espaces verts accessibles ou ouverts au public. Pourquoi réduire les pesticides sur votre commune ? Le contenu d’un capuchon de stylo de substance active de produit phytosanitaire peut à lui seul rendre non potable un volume d’eau équivalent à trois piscines olympiques !

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Le dossier de l’élu

Le Pays de Lunel Objectif « Zéro phyto » dans nos communes

L’interdiction des produits phytosanitaires va s’imposer aux collectivités dès 2017 sur les espaces verts, les voiries, les promenades accessibles au public. Si des solutions alternatives existent, le changement de pratiques ne s’improvise pas. Soutenue par les Syndicats de l’Or et du Vidourle, la Communauté de Communes du Pays de Lunel a souhaité s’engager vers le « zéro pesticides » en lançant un Plan intercommunal d’Amélioration des Pratiques Phytosanitaires et Horticoles (PAPPH) permettant d’accompagner votre commune dans cette démarche.

Qu’est-ce qu’un pesticide ?Les pesticides sont des substances chimiques utilisées pour le contrôle ou l’élimination d’organismes jugés indésirables, qu’il s’agisse de plantes, d’animaux, de champignons ou de bactéries. Le terme « pesticide » est un terme générique, plus large que « produit phytosanitaire », terme réglementaire désignant les substances liées à la « santé » des végétaux.

Pourquoi les communes ?Les quantités utilisées par les collectivités ne sont pas négligeables, de l’ordre de plusieurs centaines de tonnes par an… Les jardins, espaces verts, voiries et infrastructures représentaient 20% de l’utilisation des herbicides en France en 2000. L’usage des pesticides dans les villes et villages présente l’inconvénient majeur d’exposer directement la population - notamment les enfants - à ces substances toxiques. Celles-ci, répandues de surcroît sur des sols nus ou imperméables (trottoirs), sont emportées par les premières pluies dans le réseau pluvial jusque dans le milieu naturel (rivières, nappes d’eau souterraine, lagunes littorales) qu’elles polluent. Le contenu d’un capuchon de stylo de substance active de produit phytosanitaire peut à lui seul rendre non potable un volume d’eau équivalent à trois piscines olympiques !

Une réglementation de plus en plus contraignante pour l’usage de produits toxiquesLa Loi Labbé du 6 février 2014 vise à mieux encadrer l’utilisation des produits phytosanitaires sur le territoire national et indique qu’en 2017, les collectivités ne pourront plus utiliser ni faire utiliser de produits phytosanitaires pour l’entretien des espaces verts accessibles ou ouverts au public.

Pourquoi réduire les pesticides sur votre commune ?

Le contenu d’un capuchon de stylo

de substance active de produit phytosanitaire

peut à lui seul rendre non potable un volume

d’eau équivalent à trois piscines olympiques !

Une responsabilité des Communes...Plusieurs raisons pour modifier les pratiques :

Protéger la santé des agents communaux et celle du publicLes équipements de protection ne sont pas toujours adaptés et même lorsqu’ils le sont, ils ne sont pas infaillibles. Les pesticides peuvent provoquer des intoxications, principalement par des affections cutanées et respiratoires, des problèmes digestifs, neuromusculaires, oculaires. Ils peuvent également provoquer des intoxications par voies indirectes et/ou chroniques (exposition à de faibles doses sur le long terme). Dans les zones urbaines, le public fréquente les espaces traités ou désherbés comme les aires de jeux, boulodromes, etc… exposant la population, d’autant plus que certaines personnes y sont particulièrement sensibles. Supprimer les pesticides dans nos espaces publics permet de supprimer cette proximité du public avec ces produits toxiques !

Améliorer la qualité de l’eau : protéger l’environnement et limiter le coût de potabilisationSur la période 2007 à 2009, des pesticides ont été détectés dans 91% des points de suivi de la qualité des cours d’eau français, 75% des points de suivi des plans d’eau et 70% des points de suivi des eaux souterraines. En Languedoc-Roussillon, plus de 300 dépassements de la norme par substance ont été observés sur les eaux brutes destinées à l’adduction d’eau potable en 2011 !

Les pesticides affectent l’ensemble de la faune et de la flore. Les insectes et en particulier les auxiliaires comme les pollinisateurs, sont touchés avec des baisses de population considérables. Les reptiles, les oiseaux, les insectes, les amphibiens ou les mammifères sont victimes par bioaccumulation, par manque de ressource alimentaire, par baisse de la fertilité et troubles de la reproduction : cela affecte même la microfaune présente dans la terre et diminue donc la qualité de nos sols.

Adopter des pratiques innovantes et durables, montrer l’exemple à la populationÀ l’heure où les pesticides sont de plus en plus décriés pour leur impact sur la santé humaine, la collectivité se positionne comme un exemple à suivre vis-à-vis des jardiniers amateurs, des agriculteurs…

Du zéro phyto pour les communes… mais qu’en est-il des agriculteurs ?Des méthodes existent en agriculture pouvant permettre de réduire voire abandonner l’utilisation de pesticides : à l’échelle des Bassins de l’Or et du Vidourle, des dispositifs d’aides agricoles ont été mis en place pour accompagner les changements de pratiques.

Le Pays de Lunel présente un réseau hydrographique vulnérable et un patrimoine naturel remarquable. Nos communes appartiennent à deux bassins versants concernés par les enjeux de protection des milieux aquatiques face aux contaminations par les toxiques.

La lutte contre les pollutions diffuses dans les milieux aquatiques, en particulier par les pesticides, se doit d’être collective. Toutes les communes du territoire ont exprimé leur souhait de participer activement à l’élaboration du PAPPH du Pays de Lunel (Saint-Christol et Vérargues étant déjà impliquées). Cette approche permettra d’effectuer des économies d’échelle lors de l’étude et de mutualiser, si cela s’avérait pertinent, les investissements nécessaires à sa mise en œuvre (formation du personnel, sensibilisation de la population, achat de matériel…).

Il est tout à fait possible d’entretenir les espaces publics dans le respect de l’environnement : des alternatives existent, qu’il s’agisse de méthodes préventives, de désherbage thermique ou manuel et enfin d’économies d’eau.

Nous allons pouvoir disposer dès aujourd’hui d’un outil : le PAPPH. Il s’agit d’un plan d’actions concret vers une gestion des espaces publics sans pesticides et économe en eau. Mais l’élaboration de ce Plan va TOUS nous mobiliser.

Ensemble, mobilisons-nous !

Une solution : le PAPPH, une démarche concertée et de terrain pour accompagner les élus et les communes

Lutter contre les pesticides, un combat collectif

2015 2016 2017Diagnostic

Des pratiques phytosanitaires et horticoles

Élaborationdu programme d’action

Suivi de la mise en œuvre

La volonté des élus

Elle est essentielle pour que la transition des pratiques soit assumée par les services techniques, notamment en cas de demandes des habitants. La défense de la santé publique et la protection d’un cadre de vie sain devraient être des préoccupations majeures de tout élu.

+ L’implication des services techniques

Les agents en charge de la voirie et des espaces verts sont les premiers concernés car il s’agit autant de leurs

outils de travail que de leur santé.

+ La sensibilisation des citoyens

L’information et la sensibilisation des riverains est essentielle : il s’agit de valoriser l’engagement de la collectivité mais aussi de les initier à des pratiques plus respectueuses de l’environnement.

Nous sommes tous concernés

Le Vidourle

Rencontre avec Julien Nogaret, élu à Vérargues, commune engagée depuis 2012, et Robert Pistilli, Maire de la commune de Saint-Nazaire de Pézan.

Pour répondre aux continuels « les pesticides sont utiles contre les mauvaises herbes, les pesticides ne sont pas dangereux... » et faire évoluer les consciences, voici des arguments.

Quelques sont les principales raisons pour lesquelles votre commune s’est engagée vers le zéro phyto ?JN - L’enjeu de la qualité de l’eau est fort sur Vérargues, en particulier du fait de la zone de captage d’eau potable. Il s’agit d’une démarche environnementale globale qui permet de montrer l’exemple à la population et à la profession agricole pour être en capacité de leur demander des efforts.

RP – Ma principale motivation a été de protéger la santé des agents communaux et celle du public. Si les pesticides sont d’abord conçus pour lutter contre les ravageurs, ils peuvent être également responsables de trouble de la santé dont nous devons nous prémunir.

Cet engagement a conduit vos services techniques à laisser une plus grande place aux herbes spontanées. Avez-vous eu affaire à des habitants mécontents ?JN - Oui, clairement ! Certains habitants ont été mécontents d’avoir de l’herbe devant chez eux. D’autres ont réagi par rapport à des lieux sensibles tels que le cimetière. D’où l’importance de s’équiper en matériel et de réorganiser le travail des services techniques. La commune a renforcé son équipe par un 3ème agent. L’aide financière de l’Agence de l’Eau est un soutien très important qui permet aujourd’hui la réalisation de ce projet.

RP – Malgré nos efforts de communication, il est parfois difficile de convaincre la population sur la nocivité des produits dont les pathologies ne pourront s’observer que sur du long terme. Des espaces tels que le cimetière reste un sujet délicat.

Est-ce aussi possible pour une petite commune ?JN - Des communes de toutes tailles passent au zéro phyto. Une petite commune comme Vérargues a peu de moyens, ce qui complique la mise en œuvre du projet et rend le soutien financier bienvenu. Aujourd’hui, Vérargues est en zéro phyto, c’est donc possible !

RP – Notre commune est rentrée dans cette démarche depuis plusieurs années. Grâce aux efforts des services techniques, l’initiative zéro phyto lancée aujourd’hui permet de la formaliser et de bénéficier d’un soutien technique et financier.

Que diriez-vous à un collègue élu encore hésitant ?JN - Je lui dirais « mon cher collègue, tu n’auras bientôt plus le choix ! ». En effet, la loi l’imposera dès l’an prochain. Il faut savoir que si les contraintes sont fortes, cette démarche est un investissement sur le long terme pour la sauvegarde du patrimoine local : la terre, l’eau, c’est cet environnement de vie qui constitue notre patrimoine !

RP – Outre l’échéance qui rendra ces mesures obligatoires, je rappellerai une fois de plus la nécessaire protection de la santé des populations. Enfin, il sera primordial d’accompagner ces changements par l’information et la sensibilisation du public.

« De l’herbe pousse devant ma fenêtre sur des dalles, ça fait pas propre ! »Il ne s’agit certainement pas de laisser la commune à l’abandon mais plutôt de maitriser l’herbe selon les lieux de la commune. Un entretien reste nécessaire, à adapter aux usages de nos espaces : c’est ce qu’on appelle la « gestion différenciée ».

« Les produits que j’utilise ne polluent pas »L’usage des pesticides n’est pas anodin, il faut bien lire les étiquettes. C’est l’accumulation et/ou les mélanges de produits qui sont nocifs.

« Mais, ça ne polluera pas si on désherbe les 2m² devant chez moi »Tout produit appliqué sur une surface imperméable se retrouve directement dans les eaux pluviales car le ruissellement est encore plus important que dans un champ.

« En général, je mets plus de produits pour que ce soit plus efficace »Attention ! Les pesticides ne sont pas inoffensifs. Les doses indiquées ont été testées pour assurer une efficacité optimum. L’excès de produit va directement se retrouver dans l’environnement.

« C’est trop contraignant de ne plus utiliser de pesticides »Il n’existe pas une méthode simple. C’est un ensemble de techniques qui s’imbriquent et se complètent. Elles font souvent appel à une meilleure connaissance du fonctionnement de la nature.

« Où passent mes impôts locaux ? Les rues sont vraiment sales »Qu’est ce qui est sale ? Des rues avec des « mauvaises herbes » ou une eau polluée par les pesticides ?

Toutes ces herbes dans les rues, ce n’est pas beau. Quel intérêt ? Je préférais avant…Les rues sont toujours entretenues mais ce lieu a été choisi pour laisser se développer quelques plantes sauvages pour rendre le quartier plus vert et améliorer la qualité de vie des habitants. Il ne s’agit pas d’un retour en arrière, mais plutôt d’un progrès dans une autre voie.

Qu’en pensent les élus qui ont franchi le pas ?

Des arguments contre les idées reçues : l’antisèche

Guide réalisé avec la participation de : et avec le soutien financier de :

Réalisé par le service communication de la Communauté de Communes du pays de Lunel

Illustrations : ©Dominique CharronMai 2016