le parc des ponts en béton précontraint
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LES MOYENS D’ESSAI ET D’INVESTIGATION
POUR L’AUSCULTATION DES STRUCTURES.
Bruno GODART
Université Gustave Eiffel, Champs sur Marne.
Comme l’indique l’Instruction Technique pour la Surveillance et l’Entretien des
Ouvrages d’Art du Ministère des Transports, dans sa première partie [1], le gestionnaire d’un
ouvrage doit «faire rechercher les causes des désordres constatés, puis étudier et évaluer
les différentes solutions pour remédier à ces désordres ». Pour cela, l’exploitation des
inspections détaillées peuvent conduire à « l’établissement d’un programme d’investigations
complémentaires ».
L'établissement d'un programme d'auscultation succède à un examen très détaillé
(inspection détaillée) des désordres constatés lors de la visite préalable ou des visites
annuelles de routine ; en fait, dans la pratique, il est nécessaire de se faire d'abord une idée des
causes possibles des désordres, ce sera l'idée directrice de l'auscultation.
Il n'existe pas de méthode générale d'auscultation applicable à tous les ponts, ni même
à une famille de ponts. Les explications recherchées, donc les méthodes à utiliser, diffèrent
suivant la nature des désordres constatés.
Les méthodes d’auscultation sont parfois fort coûteuses, et l’une des difficultés de
l’établissement d’un bon programme d’auscultation est de procéder à toutes les investigations
nécessaires à la détermination des causes des désordres et de leurs mécanismes, tout en évitant
les essais et recherches inutiles ou qui ne permettraient pas de répondre aux questions que l’on
se pose. A cet égard, il est important, lors de l’étude d’une technique ou d’un procédé
d’auscultation, d’en définir clairement les possibilités et les limites [2].
1 - OBJECTIFS GENERAUX DE L’AUSCULTATION
Les investigations conduites avant l’établissement d’un projet de réparation peuvent
répondre à différents objectifs que nous qualifierons de généraux :
-- définir ou étayer des hypothèses de calcul : la détermination de caractéristiques
mécaniques des matériaux constitue un cas courant ; si la résistance à la rupture , la limite
d’élasticité ou le module sont des caractéristiques qui peuvent être évaluées sans trop de
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difficultés, il existe par contre d’autres caractéristiques comme l’adhérence entre une armature
et du béton qui sont impossibles à obtenir ;
-- évaluer l’ampleur des désordres : cette évaluation fait souvent appel à une conjugaison de
techniques de contrôles non destructifs (généralement qualitatives) et de techniques
quantitatives appliquées sur des prélèvements. Lorsque les désordres sont cachés, cette
évaluation peut devenir très difficile. Si nous prenons l’exemple de la corrosion des
armatures, dans le cas du béton armé, la méthode du potentiel d’électrode permet d’obtenir
une bonne image de l’état de corrosion des aciers ; par contre dans le cas du béton
précontraint, et plus particulièrement des VIPP (Viaducs Indépendants à Poutres
Précontraintes), l’état de corrosion des câbles de précontraintes ne peut être estimée qu’au
prix fort de l’ouverture de plusieurs fenêtres dont l’emplacement aura été guidé par des
radiographies ou de la radioscopie.
-- établir le diagnostic : mis à part les cas simples où le pré-diagnostic réalisé à l’issue de
l’inspection visuelle suffit pour se forger une opinion sur la maladie affectant un ouvrage, et
les cas compliqués ou des recherches sont encore nécessaires pour identifier l’origine de la
maladie (exemple de la délamination (feuilletage) de hourdis de pont en béton armé), dans
tous les autres cas, des investigations bien menées doivent permettre l’obtention du bon
diagnostic.
2) OBJECTIFS SPECIFIQUES D’UNE AUSCULTATION
Les objectifs spécifiques d'une auscultation sont de deux sortes :
❑ apprécier la qualité du (ou des) matériau(x) en place,
❑ analyser le mode de fonctionnement réel de la structure.
Ces deux analyses utilisent les divers moyens d’auscultation dont les progrès de la
science et de la technologie nous permettent de disposer. Le plus souvent, ces deux objectifs
existent dans une même campagne d'investigations. Il peut en effet arriver qu'une défectuosité
du matériau ait une incidence directe sur le fonctionnement de la structure ; inversement, le
mauvais fonctionnement d'un ouvrage pour des raisons structurelles se manifeste par une
détérioration, au moins partielle, de certains des matériaux constitutifs.
Les moyens permettant d'apprécier l'état des matériaux comprennent :
⚫ les études et analyses sur prélèvements,
⚫ les techniques d'examen des matériaux en place, soit visuel, soit par des méthodes
plus raffinées et plus puissantes (radiographie, auscultation sonique, auscultation
électromagnétique, méthodes électrochimiques...).
Le prélèvement d’un échantillon sur un ouvrage a l’inconvénient d’être partiellement
destructif. Il est donc recommandé d’extraire des échantillons les plus petits possible, en
nombre limité, et aux endroits les moins vitaux de la structure. Il en résulte un second
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inconvénient, à savoir que les renseignements obtenus ne peuvent être représentatifs de
l’ensemble de l’ouvrage.
Le plus souvent, on utilise donc ces échantillons comme référence d’étalonnage, ou
comme élément comparatif, afin de compléter les informations que l’on peut tirer d’essais non
destructifs effectués sur l’ouvrage. A notre connaissance, il n’existe pas, à l’heure actuelle, de
méthode non destructive pouvant donner des résultats suffisamment sûrs sans aucun
rattachement à un étalonnage sur le même matériau.
Les moyens permettant d'apprécier le fonctionnement de la structure sont variés, et
il est souvent nécessaire de les associer dans une même auscultation.
On peut distinguer :
⚫ les mesures d'ordre topographique ou géométrique (évolution du nivellement ou
mesure de déformation générale ou de déplacement sous chargement),
⚫ les mesures directes de forces,
⚫ les mesures locales de fonctionnement (mesure de déformation locale,
extensométrie).
Dans la mesure où les fissures représentent le symptôme le plus caractéristique d’une
pathologie d’un ouvrage, une part importante des moyens d’investigation est consacrée à leur
étude. Pour mener à bien cette étude des fissures, nous distinguons l'examen de la géométrie
des fissures et de son évolution dans le temps (allongement, variation d'ouverture à vide,
apparition de nouvelles fissures...) que nous appellons fissurographie, et l'étude du
fonctionnement mécanique de la structure au voisinage immédiat d'une fissure (mesure de
respiration, notamment), que nous appellons fissurométrie.
Dans la suite de ce document, nous allons nous intéresser uniquement aux
moyens d’auscultation permettant d'apprécier le fonctionnement de la structure
3 - MESURE DES DEFORMATIONS GENERALES ET DES MOUVEMENTS
Il existe deux façons d'utiliser les renseignements concernant la géométrie d'un
ouvrage d'art et sa variation : la topographie et le nivellement de l'ouvrage à vide peuvent
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renseigner sur son état général, et la mesure de ses déformations sous chargement renseigne
sur son fonctionnement.
3.1 - Suivi topographique
En amont de l'auscultation proprement dite, il est nécessaire au stade de la surveillance
courante d'un ouvrage, de suivre sa géométrie générale, et notamment son nivellement. Ceci
est d'autant plus intéressant si l'on possède le nivellement point zéro. Les appareils employés
sont ceux couramment utilisés par les géomètres, à savoir : les niveaux optiques et les
théodolites.
3.1.1 - Fondations et appuis
Lorsque des désordres se produisent dans les fondations d'un ouvrage, ils se
manifestent souvent par des mouvements des appuis. Le suivi d'un ouvrage doit donc
comporter la vérification périodique de la stabilité (au sens topographique) des appuis. Dans
le cas d'un ouvrage important, la meilleure solution consiste à équiper chaque appui de cibles
de visée dès la construction, et à repérer ces cibles en plan et en nivellement, par rapport à des
points fixes. Cela permet, outre un suivi périodique, de procéder facilement à une vérification
lorsque des désordres quelconques font soupçonner une instabilité des fondations.
3.1.2 - Tablier
Les mêmes dispositions peuvent être prises sur les tabliers. Des déformations
permanentes, notamment en nivellement, peuvent en effet être le signe apparent de désordres
plus profonds.
Il est à noter cependant que, lors d'une visite courante, il n'est pas nécessaire de
procéder à un nivellement de haute précision du tablier. En effet, il se trouve que le garde-
corps, qui est la partie d'ouvrage la plus visible le jour de l'inauguration, est en général
parfaitement réglé à la construction ; s'il n'est pas rectiligne, il donne au moins l'aspect d'une
courbe régulière et harmonieuse. Comme il est en outre fixé assez rigidement au tablier, et
infiniment plus souple que ce dernier, il en suivra donc fidèlement tous les mouvements.
Toute déformation anormale du tablier sera donc visible au niveau de la lisse supérieure du
garde-corps. D'une manière plus générale, une déformation permanente d'un tablier de pont
est très facilement perceptible. Il suffit de penser à regarder.
3.1.3 - Autres mesures
Dans le cadre du suivi de la géométrie générale d’un ouvrage, il est parfois fait appel à
des mesures de distances, comme par exemple dans le cadre du suivi des ouvrages atteints par
l’alcali-réaction. Si le moyen de mesure le plus courant est le distancemètre à fil d’Invar, il
existe à présent des distancemètres infrarouge (dérivés des théodolithes) qui peuvent suivre
avec précision la variation de distance entre deux points d’un ouvrage.
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A noter la possibilité de mesurer la déplanation du parement d’un mur au cours du
temps ; on utilise pour cela un laser tournant qui fournit un plan vertical de référence et une
mire qui mesure la distance entre un point quelconque du mur et le plan de référence. Cette
technique est employée pour suivre la déplanation des murs de culée et des murs de
soutènement des terres (notamment les murs en terre armée).
3.2 - Mesure de la déformation sous chargement
Le comportement général d'un ouvrage sous un chargement connu, peut dans certains
cas, donner des renseignements précieux sur son état. On mesure le plus souvent des flèches,
mais on peut aussi effectuer d'autres mesures.
3.2.1 - Mesure des flèches
La mesure des flèches prises par le tablier sous chargement est obligatoire lors des
épreuves d'un ouvrage neuf ; il s'agit en fait de la toute première opération d'auscultation qui
servira en même temps de référence pour tous les examens ultérieurs.
Dans certains cas, on peut aussi être amené à effectuer des essais de chargement d'un
ouvrage défectueux, pour étudier la manière dont il réagit. Il est à noter que, si l'ouvrage
présente des désordres susceptibles d'affecter sa force portante, on peut avoir intérêt à
procéder à une mise en charge progressive ; une bonne méthode consiste alors à charger
l'ouvrage avec des citernes vides, que l'on remplit d'eau à la demande ; on peut ainsi arrêter la
mise en charge dès que la réponse de l'ouvrage devient anormale et procéder à la vidange des
citernes sans déplacer les camions si l'environnement le permet.
La mesure des flèches se fait traditionnellement au milieu des travées essayées, mais
rien n'empêche, si on a besoin de mieux connaître la déformée d'une travée, d'augmenter le
nombre de points de mesure. Une limitation est tout de même donnée par la précision des
mesures, qui est le plus souvent de l'ordre du millimètre.
Quatre types de méthodes sont couramment employés pour mesurer les flèches :
1) le niveau hydraulique (niveau Peltier), dont la mise en place est assez lourde et
qui présente une inertie importante. Il est intéressant pour les flèches importantes.
2) les méthodes de nivellement topographique, qui nécessitent un personnel
hautement qualifié.
3) le fleximètre mécanique, dont l'ancêtre est le fleximètre Manet-Rabut (datant de
1890) ; cette méthode a l'inconvénient de nécessiter un point d'ancrage fixe sous
l'ouvrage, qu'il n'est pas toujours aisé de réaliser.
4) un appareil de conception plus récente est le flexigraphe laser plus
particulièrement utilisé sur des ouvrages de grande portée
Nous n'insisterons pas sur les trois premières méthodes qui sont anciennes et connues.
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Le flexigraphe laser comprend une source émettant un faisceau laser orientable, que
l'on place en général sur un support fixe hors ouvrage ; le faisceau constitue alors une base
fixe dans l'espace.
L'émetteur est en outre muni d'un jeu de lames semi-réfléchissantes, qui permettent de
diviser le faisceau en deux ou trois. La cible frappée par le faisceau est constituée d'une
cellule photoélectrique mobile sur un chariot vertical (suiveur de spot). Une fois que le
réglage initial est effectué c'est-à-dire que l'on a dirigé le faisceau sur la cible, celle-ci lorsque
son support se déplace verticalement, reste automatiquement centrée sur le faisceau, la flèche
prise par l'ouvrage au droit du suiveur de spot est donc égale au déplacement de la cellule sur
son chariot, déplacement qui est mesuré par un capteur potentiométrique intégré dans le
suiveur de spot. La valeur de ce déplacement peut être enregistrée en continu.
Ce matériel permet une course de 40 cm, la portée à l'extérieur atteint les 150 m dans
de bonnes conditions météorologiques et 250 m à l'intérieur d'un caisson, ou à l'extérieur, de
nuit par conditions idéales. En effet, une limitation importante de l'emploi de ce matériel
réside dans les perturbations apportées dans la propagation du faisceau laser par les
turbulences atmosphériques, ainsi que dans une dérive, d'origine thermique, de la direction du
faisceau à la sortie de l'émetteur. On peut résoudre cette difficulté, dans certains ouvrages en
caisson, en plaçant le flexigraphe à l'intérieur du tablier, en un point réputé fixe ou en un point
dont on suit le déplacement.
Le flexigraphe laser constitue donc un appareillage complémentaire plutôt que
concurrent des fleximètres traditionnels. Son domaine préférentiel d'emploi est le cas où les
appareils traditionnels ne peuvent être utilisés, soit faute de pouvoir disposer d'un point fixe
sous la travée (cas du fleximètre mécanique), soit parce que le délai de lecture est trop
important ou faute de pouvoir enregistrer les déformations (niveau Peltier et nivellement
topographique).
Il convient enfin de signaler une cinquième méthode qui vient de faire son apparition
et qui utilise le repérage de la position d’un point à l’aide de plusieurs satellites. Cette
méthode qui fait appel à la technique GPS (Global Positioning System), a été utilisée pour la
première fois en janvier 1995, lors des essais de réception du pont de Normandie pour
mesurer la flèche de la travée centrale. Pour l’instant, son domaine d’emploi reste limité à
quelques ouvrages exceptionnels qui présente des flèches de plusieurs dizaines de
centimètres.
3.2.2 - Mesure des rotations
Le comportement d'un ouvrage sous l'action de surcharges peut être étudié sous
d'autres angles que la flèche des travées ; on peut notamment mesurer l’inclinaison de piles ou
de murs à l’aide de pendule, la rotation sur appuis ou la rotation de sections de l’ouvrage, à
l'aide de clinomètres.
Même si les mesures de flèche sont plus utilisées que les mesures de rotation, ces
dernières présentent l’avantage d’être plus précises. Il existe une gamme diversifiée
d’appareils permettant de mesurer des rotations : cela va de la simple nivelle mécanique qui a
une sensibilité de 10-4 rd, jusqu’au clinomètre fourni par la société TELEMAC qui atteint une
sensibilité de 10-8 rd et dont le principe de fonctionnement réside sur la mesure de la rotation
d’une masse qui est suspendue à deux fils de silice ayant quelques microns de diamètre ; ce
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type d’inclinomètre extrèmement précis, mais fragile, nécessite une pose très méticuleuse
ainsi qu’un solide capot de protection sur ouvrage. Au centre de la gamme se situent les
clinomètres électriques qui peuvent atteindre une sensibilité de 10-6 rd et qui sont les plus
utilisés sur ouvrage.
Quant aux pendules, ceux-ci sont très utilisés par EDF, depuis plusieurs dizaines
d’années, pour suivre l’inclinaison de ses barrages, et plus récemment pour suivre
l’inclinaison des enceintes de confinement. On distingue deux grandes familles de pendules
qui sont utilisées en fonction des conditions d’accès : les pendules directs et les pendules
inverses dont le point fixe est situé en bas et dont la mesure d’inclinaison est réalisée en haut.
Les mesures à l’aide de pendules tendent à s’automatiser avec l’emploi de capteurs électriques
de déplacement ou de systèmes optiques alliés à des cellules photoélectriques.
3.2.3 - Autres mesures
Dans certain cas, le fonctionnement d’un ouvrage peut être étudier sous l’angle de son
comportement dynamique ; on utilise alors principalement des accéléromètres ou des
sismographes enregistreurs. Ces derniers peuvent être employés pour mesurer toute
composante alternative d'un déplacement comme par exemple :
- la composant dynamique de la flèche sous le passage d'un convoi,
- les mouvements horizontaux des têtes de pile, sous l'action de freinage d'un
véhicule.
Quant aux accéléromètres, ils fournissent des accélérations qui nécessitent une double
intégration du signal pour obtenir des déplacements.
Il faut préciser qu'on ne sait pas encore tirer tous les enseignements de l'étude des
vibrations propres d'un ouvrage. En général, il faut atteindre un endommagement important
pour apercevoir une modification des caractéristiques dynamiques de l’ouvrage, et cet
endommagement peut souvent être détecté à un stade plus précoce par d’autres techniques
d’auscultation. En outre, dans le cas des ponts, l’influence de la qualité du revêtement est
prépondérante dans l’analyse des signatures vibratoires, et l’évolution du comportement
dynamique de l’ouvrage peut être masqué par une dégradation de l’état de la chaussée.
Dans certains cas très particuliers, il arrive cependant qu'on puisse mettre en évidence
des phénomènes particuliers ; ce peut être un encastrement non prévu sur appuis dans le cas
des ponts, ou une dégradation de l’état de la structure dans le cas des cheminées industrielles
qui constituent un type de structure particulièrement sensible au plan dynamique.
4) MESURES DE FORCES SUR OUVRAGE
4.1 - Pesée de Réactions d’Appui
4.1.1 - Historique
C'est en 1970 que la pesée de réactions d'appui d'un ouvrage a été mise en oeuvre pour
la première fois (pont de Champigny/Yonne). Il s'agissait alors d'un ouvrage en construction,
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dans lequel on comptait compenser les effets de la redistribution due au fluage par une
dénivellation d'appuis effectuée juste après le clavage. C'est pour vérifier expérimentalement
cet effet qu'il a été décidé d'incorporer aux appareils d'appui sur culée, des pesons installés à
demeure, qui font l'objet de mesures périodiques depuis la construction de l'ouvrage.
En 1972, à l'occasion de l'auscultation d'un ouvrage gravement fissuré, la question a
été posée de l'évaluation des effets de la redistribution des efforts hyperstatiques, que l'on
soupçonnait d'être une des causes principales des désordres. Il a alors été procédé sur cet
ouvrage à une pesée des réactions d'appui sur culée, opération qui n'était pas prévu lors de la
construction. Depuis cette époque, si le principe de la méthode n'a pas varié, la technique
d'exécution de la mesure a été notablement affinée.
4.1.2 - But poursuivi
Dans les ouvrages hyperstatiques en béton précontraint construits selon un schéma
statique différent de leur schéma définitif, il se produit, au cours du temps, une modification
de la répartition à vide des réactions d'appui, sous l'effet du comportement différé du béton.
Cette redistribution d'efforts, lorsqu'elle est sous-estimée au niveau du calcul de l'ouvrage,
peut avoir pour conséquence l'apparition de désordres.
Prenons un exemple très schématique : on réalise une console en béton. Sous l'effet du
fluage du béton, fortement comprimé en fibre inférieure, l'extrémité de la console aura
tendance à s'abaisser (figures ci-dessous).
x
R
Figure 5.1.
Figure 5.2.
Si sous l'extrémité de la console et après sa construction, on ajoute un appui, cette
extrémité ne sera plus libre de s'abaisser (figure 5.2.), on conçoit intuitivement que, sous la
tendance à "l'affaissement" qui se traduisait dans le premier cas par un abaissement, on verra
augmenter la réaction sur l'appui simple.
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La pesée des réactions d'appui est donc souvent utilisée pour mesurer les effets dans le
temps de cette redistribution. La comparaison des valeurs de réaction mesurées avec les
valeurs théoriques résultant d'un calcul ou recalcul complet de l'ouvrage permet notamment :
• de valider ou recaler les hypothèses retenues,
• et, lorsque les hypothèses du projet s'avèrent trop optimistes, d'expliquer parfois une
grande partie des désordres observés, liés à une insuffisance de la résistance à la flexion.
Un autre phénomène très important, dont il faut tenir compte lorsqu'on effectue une
mesure, a été mis en évidence par les mesures effectuées sur le premier ouvrage cité plus haut
: c'est l'incidence des gradients thermiques. Très schématiquement, on peut se référer aux
figures 5.1 et 5.2 ci-dessus et, dans la première figure, imaginer que l'abaissement de
l'extrémité de la console est dû non plus à des phénomènes différés, mais à une différence de
température entre la fibre supérieure et la fibre inférieure, la première, exposée au soleil étant
plus chaude que la seconde.
4.1.3 - Ordres de grandeur et importance du phénomène
Prenons l'exemple d'un pont à 3 travées, de portées respectives 30 m, 60 m, 30 m. Des
réactions d'appui classiques, sur ce genre d'ouvrages, peuvent être de l'ordre de 150 T sur les
culées et 1000 T sur les piles intermédiaires (figure 5.3.).
30m60 m30 m
1000T 1000T
150T
+ 15T
Figure 5.3.
150T
+ 15T
Mt = 450 T < in
Pour fixer les idées, cette redistribution peut créer, dans la travée centrale, un moment
de l'ordre de la moitié du moment fléchissant dû à la surcharge A. Quant au gradient
thermique, il conduit à des variations de réaction d'appui sur culée qui peuvent atteindre
largement 20 % de la réaction totale au cours d'une même journée ; à titre d'exemple, on a
établi pour un certain nombre de ponts-caisson, que l'incidence, dans une section donnée,
d'une différence de température de 10° entre hourdis supérieur et hourdis inférieur était égale
à l'incidence de la surcharge A.
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Des éléments qui viennent d'être donnés résultent deux points particulièrement
importants en ce qui concerne la mesure proprement dite :
• il convient d'effectuer les mesures avec une grande précision relative : on ne pèse pas
directement une variation de réaction, on mesure la réaction totale qui est très nettement
supérieure à ce que l'on cherche ; en d'autres termes, une erreur de quelques pour cent peut
avoir une répercussion importante sur la précision avec laquelle on évalue la variation.
• il est nécessaire de tenir compte du phénomène de gradient thermique qui génère des
variations cycliques de la valeur des réactions d'appui sur une période de 24 h. Il doit donc
en être tenu compte dans l'exécution et l'exploitation des mesures effectuées, pour bien
isoler la part des variations de réaction d'appui due à la redistribution par fluage, de celle
qui résulte du gradient thermique. Ceci implique la réalisation de mesures pendant au
moins 24 heures, ou le choix de la période d'intervention (le mieux étant d'opérer pendant
des périodes de non ensoleillement).
4.1.4 - Exécution de la mesure
Pour effectuer la mesure, on dispose sous le tablier d'une part, une série de vérins (des
vérins plats Freyssinet, à l'origine), qui servent à soulever le tablier et à mesurer la force
nécessaire, et d'autre part, des comparateurs qui permettent de mesurer avec précision le
déplacement vertical du tablier. Si l'on représente graphiquement la force nécessaire en
fonction du déplacement, on trouve une courbe dont l'allure est donnée sur la figure 5.4. ci-
dessous.
La première partie du graphe correspond à la libération des appareils d'appui.
La deuxième partie, rectiligne, représente la flexion du tablier, et sa pente en constitue
la raideur ; en prolongeant cette droite jusqu'à d = 0, on obtient la réaction cherchée.
200
Ra
100
P(t)
1 2 3 4 5
Figure 5.4.
d(mm)
Dans la pratique, on n'a pas toujours obtenu des résultats aussi nets :
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• d'une part, l'existence de frottements parasites dus aux joints de chaussées ou à des
éléments de coffrages "oubliés" entre tablier et garde-grève, peuvent perturber
complètement la mesure. Il faut vérifier scrupuleusement, avant la mesure, tous les
éléments susceptibles de fausser ainsi les résultats.
• d'autre part, il ne faut pas sous-estimer les difficultés de calage du vérin. En effet, compte-
tenu de la précision nécessaire, chaque vérin est étalonné sous presse en laboratoire. Si,
dans ce cas, les conditions d'appui du vérin sont quasi-parfaites, sur chantier et il n'en est
pas de même, et en fait les vérins se déforment pour "prendre leur place" lors de la montée
; la courbe d'étalonnage établie en laboratoire n'est alors plus exacte, et quelques pour cent
de précision peuvent être vite perdus.
4.1.5 - Evolution actuelle de la méthode
Actuellement, on utilise concurremment deux techniques.
1) La technique du double vérin (figure 5.5.)
Dans cette technique, on a réglé le problème des perturbations apportées par la
déformation du vérin en séparant la fonction levage de la fonction mesure. Deux vérins sont
superposés, l'un servant à soulever l'ouvrage et l'autre à mesurer la force transmise.
capteur de pression
de précision
Figure 5.5.
vérin actif ou de levage
manomètre de
contrôle
pompe
vérin passif ou de mesure
2) La technique du vérin plat à piston (figure 5.6.)
Cette technique est à présent la plus utilisée car on trouve facilement dans le
commerce, des vérins à piston ultra-plat qui permettent le montage représenté ci-dessous, et
que ce matériel présente notamment l'avantage d'être très souple d'emploi et de permettre une
grande finesse de manoeuvre.
capteur de pression
pompe
Figure 5.6.
rotule
12
Les limites connues concernant la mise en oeuvre de ces techniques sur ouvrage en service
sont :
• la précision de la méthode (de l'ordre du pour cent), qui limite dans la pratique son
application aux culées, les descentes de charges y étant plus faibles que sur piles et donc
leur variation plus facile à appréhender (précision nécessaire sur pile de l'ordre du pour
mille),
• la hauteur libre disponible sous le tablier, qui doit être d'au moins 15 cm pour pouvoir
glisser le matériel,
• l'existence d'une surface d'appui suffisante pour lever l'ouvrage, la dimension de cette zone
étant conditionnée par le niveau de contrainte pouvant être supporté par l'ouvrage
immédiatement au contact des vérins,
• la capacité de l'ouvrage à supporter, sans renforcements préalables coûteux, une descente
de charge qui s'effectue en des points distincts des appareils d'appui,
Sur le plan pratique, on a réalisé jusqu'à maintenant de nombreuses pesées de réaction
sur culée, de l'ordre de quelques centaines de tonnes. On a déjà effectué une série de pesées
sur culée sur un grand ouvrage en région parisienne (dans un but de suivi) de l'ordre de 1000
T ; on a également procédé à des pesées sur pile, de l'ordre de 4000 T.
4.1.6 - Perspectives d'avenir
Il n'est pas besoin de revenir sur le grand intérêt présenté par la pesée directe des
réactions d'appui. Il est donc nécessaire d'en poursuivre la mise au point dans le détail, pour
aboutir à un mode opératoire officiel. Pour cela, il faut encore soit choisir définitivement entre
les deux types de matériels décrits ci-dessus, soit définir le domaine préférentiel d'emploi de
chacun d'eux.
Cependant, on peut d'ores et déjà conseiller la mise en place, dans tous les ouvrages
neufs, des réservations nécessaires pour pouvoir, le cas échéant, peser ultérieurement les
réactions d'appui. Notons en passant, que ces réservations permettent également le levage du
tablier pour toute autre raison, notamment le remplacement des appareils d'appui.
4.2 - Mesure de la tension des câbles par la méthode de l'arbalète
La méthode de l’arbalète permet de mesurer la tension résiduelle de câbles tendus, en
partant du principe que l'effort nécessaire pour dévier un câble de son tracé est proportionnel à
sa tension.
4.2.1 - Principe de la mesure
La mesure consiste :
• à pratiquer l'ouverture d'une fenêtre dans le béton afin de dégager le câble sur une longueur
suffisante, de l'ordre de 60 cm, pour permettre un positionnement correct de l'appareillage.
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La gaine ou le tube doivent être découpés avec précaution, et le coulis environnant
l'armature doit être soigneusement éliminé sur la zone concernée
• à appliquer au câble, en réalité à un fil (dans le cas d’un câble à fil parallèles) ou à un toron
(dans le cas d’un câble constitué de torons), une force perpendiculaire contrôlée, couplée
avec un capteur de déplacement qui permet de suivre simultanément la valeur de la flèche
prise par le câble. En général, il est posssible de mesurer la tension sur les 2 ou 3 torons
(ou fils) directement accessibles.
Principe de la méthode de l'arbalète.
De la connaissance simultanée de la force appliquée perpendiculairement au câble (T)
et de la flèche (d) prise par le câble sous cet effort, peut être déduite la tension (P) dans le
câble.
4.2.2 - Interprétation de la mesure
Selon la théorie, la force de précontrainte P peut être évaluée à partir de la formule
suivante :
d d3
T = 2 (P + k) --- + K ---
l l
où K et k sont des constantes de calage et l représente la demi-longueur de la fenêtre.
Dans la pratique, les effets parasites dus au frottement, à la raideur en flexion, à la
surtension introduite, nécessitent des tests de calibration. La méthode d'exploitation des
graphes tracés à l'aide de l'arbalète s'appuie sur un faisceau d'étalonnage établi en laboratoire.
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Exemple de faisceau de référence.
La précision d'une mesure de tension est d'environ 3 %.
4.3 - Mesure de la tension des câbles par méthode vibratoire
Une méthode simple et rapide de la mesure de la tension d'un câble a été mise au point
en s'appuyant sur la théorie des cordes vibrantes. Celle-ci permet de calculer la tension à partir
de la mesure de la fréquence propre de vibration du câble, de la connaissance de sa longueur
et de sa masse linéique. Le câble est facilement mis en vibration manuellement et un simple
accéléromètre, relié à un analyseur de fréquence en temps réel, donne immédiatement les
fréquences des modes de vibration.
Cette méthode s'applique aux câbles de précontrainte extérieure, aux câbles de ponts
suspendus (câbles de retenue) et aux câbles de ponts à haubans.
4.3.1 - Théorie des cordes vibrantes :
Une corde vibrante est un fil pesant, tendu, dont la rigidité en flexion est nulle. Sa
fréquence de vibration est donnée par la formule classique :
n
Fn = ---- (T/µ)0,5
2l
F : Fréquence l : Longueur T : tension µ : masse linéique
n : ordre du mode de vibration
Cette propriété est utilisée en pratique sur ouvrage pour vérifier qu'un câble donné
répond effectivement au modèle de la "corde vibrante" (proportionnalité entre la fréquence
des différentes harmoniques Fn et le rang de l’harmonique n).
4.3.2 - Adéquation d'un câble au modèle "corde vibrante"
Un câble a un module de rigidité qui est loin d'être nul et ne peut être assimilé à une
corde vibrante que s'il est suffisamment long. Cette condition a été étudiée en laboratoire pour
définir un domaine de non dispersivité dans la propagation des ondes et préciser l'influence du
module de rigidité qui provoque une augmentation de la fréquence de vibration d'autant plus
importante que le mode considéré est élevé.
Un câble peut être assimilé à une corde vibrante si la courbe F = (n) obtenue avec un
appareillage mesurant les fréquences à 0,5 % près est une droite jusqu'au 7ème ordre de
vibration (n=7). L'erreur introduite par le module de rigidité est alors inférieure à 1 %.
La tension du câble est obtenue à partir de la relation : T = 4 F² l² µ
15
Le calcul d'erreur montre que l'on obtient une précision de 4 % pourvu que la longueur
et la masse linéique soient connues à 1 % près, ce qui est généralement le cas.
4.4 - Autres mesures directes sur ouvrages
Nous avons présenté assez largement la pesée des réactions d'appui, qui est
actuellement la seule mesure directe que l'on puisse faire pour évaluer les efforts réels
auxquels est soumis un ouvrage. En appliquant le même principe que la "pesée", il est
possible de mesurer la force existant dans des unités de précontraintes (barres et câbles), dans
des tirants (exemple des tirants de renforcement des ponts en maçonnerie ou des murs de
soutènement) ou dans des suspentes (cas des ponts suspendus). Il faut pour cela que
l’extrémité du tirant ou du câble soit accessible, qu’un vérin puisse être installé pour reprendre
l’effort existant dans le tirant ou le câble, qu’un capteur de déplacement soit installé ; en
mesurant la pression en fonction du déplacement, on cherche alors à déterminer la force qui
correspond au décollement de l’extrémité du tirant ou du câble par rapport à la structure ou
l’éventuelle plaque d’ancrage. Cette méthode nécessite parfois la fabrication de pièces
d'appuis spéciales pour le montage des vérins.
5 - ETUDE GEOMETRIQUE DES FISSURES : LA FISSUROGRAPHIE
5.1 - Intérêt de la fissurographie
Dans un ouvrage en béton, le relevé détaillé de la fissuration, ainsi que son évolution
dans le temps, constitue un élément de diagnostic très important.
La fissuration du béton est en effet la manifestation extérieure du mode de
fonctionnement de la structure et traduit assez clairement ce fonctionnement, à la condition
d'être correctement comprise.
Une fissure de fonctionnement est notamment le témoin de l'existence, à un certain
moment, de contraintes de traction dans le béton ; le fait que la fissure existe montre que la
contrainte de traction a atteint, à un certain moment, la résistance du béton, on peut ainsi, si on
peut évaluer les propriétés mécaniques du béton en place, évaluer la valeur absolue de ces
contraintes. En outre, lorsqu'il existe un champ de contrainte, la fissuration se produit
perpendiculairement à la direction de la contrainte principale de traction. Ce renseignement
peut également être très utile.
5.2 - Exécution du relevé
L'établissement d'un relevé de fissuration correct est une activité très difficile, pour
laquelle la nécessité d'une formation préalable, déjà exprimée pour l'exécution des visites, est
encore plus importante.
5.2.1 - Nature des fissures
16
Le relevé systématique de la fissuration d'un ouvrage en béton armé n'offre aucun
intérêt ; il est nécessaire dès le stade de l'examen visuel, de savoir distinguer la fissuration
normale de la fissuration due à un défaut de fonctionnement.
Si dans un ouvrage d'art en béton précontraint, toute fissure est a priori suspecte, il faut
également distinguer les fissures réelles des fissures secondaires sans danger ; par exemple,
des fissures de retrait que l'on peut voir apparaître sur la peau d'un béton dont la cure a été
insuffisante ne présentent pas la même gravité que la séparation dans la masse, par retrait
également, de parties d'ouvrages coulées à des époques différentes.
5.2.2 - Apparition et évolution
Un réflexe immédiat, lorsqu'on constate l'existence d'une fissure, doit être d'en faire
figurer directement sur l'ouvrage et également sur documents, le développement avec
indication de la date. Il est en effet extrêmement important de connaître l'évolution d'une
fissure de fonctionnement entre deux examens successifs. Il est tout aussi important, bien que
beaucoup plus difficile, de pouvoir dater, même approximativement, l'apparition d'une fissure.
Il est malheureusement très fréquent que l'on puisse affirmer que telle fissure a été constatée
pour la première fois à telle date, mais qu'on ne puisse pas préciser si elle existait ou non lors
du précédent examen.
5.2.3 - Ouverture des fissures
Un autre élément très important dans le suivi de l'évolution d'une fissure est la
variation de son ouverture dans le temps. Il est bien entendu illusoire de vouloir mesurer cette
ouverture avec précision ; néanmoins, l'indication de l'ordre de grandeur de la largeur à une
date donnée et dans des conditions de chargement connues peut être précieuse, il semble qu'il
soit suffisant d'évaluer cette ouverture avec un seul chiffre significatif lorsqu'elle dépasse le
dixième de millimètre et de ne donner aucune valeur pour les fissures plus fines.
A noter un instrument bien utile : le fissuromètre, qui est constitué d’une plaque de
plastique transparente sur laquelle sont gravés des traits d’épaisseur croissante, et que l’on
vient plaquer sur la structure pour évaluer l’ouverture d’une fissure donnée.
5.2.4 - Profondeur des fissures
Il n'est pas question, au stade d'un relevé de fissuration, de chercher à évaluer la
profondeur d'une fissure, il peut néanmoins être intéressant, dans certains cas, de savoir si une
fissure (ou un réseau de fissures) traverse totalement ou non un élément de béton. Une
méthode très simple consiste à injecter sur une face de l'eau colorée et à regarder ce qui sort
sur la face opposée. Hormis le carottage opéré au droit de la fissure, il est particulièrement
difficile de trouver une méthode d’auscultation qui permette d’évaluer la profondeur de la
fissure, ainsi que son orientation dans l’épaisseur de la pièce.
17
5.3 - Report sur plan - classification des fissures
Le plan de fissuration établi à la suite du relevé est un document très précieux pour
l'établissement du diagnostic, à condition d'être convenablement dressé ; en effet, un plan sur
lequel on trouverait le report de chaque fissure par un trait de même type pourrait être un
fouillis inextricable.
Il faut tout d'abord procéder au classement des fissures par familles et donner à
chacune des familles une représentation distincte. L'utilisation des couleurs est un bon moyen
pour cette représentation.
Ce classement par familles ne constitue pas encore la détermination de la cause des
désordres ; il est pourtant nécessaire, pour le faire de procéder à une sortie de "pré-
interprétation" qui repose sur une connaissance préalable du fonctionnement normal de la
structure.
Il faut ensuite reproduire à l'échelle le dessin des fissures, en plaçant vis-à-vis les plans
qui représentent les deux faces d'un même élément d'ouvrage (intérieur et extérieur d'un
caisson, par exemple). S'il s'agit d'un ouvrage en béton précontraint, il est très intéressant
d'utiliser un fond de plan sur lequel figure le tracé des câbles de précontrainte.
Une telle représentation facilite largement l'interprétation. Par exemple, une fissure de
flexion longitudinale au voisinage d'une section dite "de moment nul" coïncide souvent avec
une insuffisance grave, voire une absence totale de précontrainte dans la partie fissurée.
5.4 - Interprétation
Nous venons de voir comment l'établissement d'un bon relevé avec un classement par
familles et une représentation sur un fond de plan adéquat facilite l'interprétation. Il faut
pourtant ajouter que, même en possession d'un relevé très bien fait, il est indispensable d'avoir
personnellement vu l'ouvrage et ses fissures pour établir correctement un diagnostic. Même
l'examen sur photographies peut être trompeur.
Enfin, dans la plupart des cas, le relevé "statique", ainsi effectué est insuffisant, il faut
le compléter par des constatations "dynamiques" c'est-à-dire par des mesures de respiration
sous diverses actions. Nous abordons là la question de la fissurométrie, qui sera développée
ci-dessous avec l'extensométrie.
6 - LES MESURES LOCALES DE FONCTIONNEMENT
(extensométrie-fissurométrie)
6.1 - Généralités
Les mesures de flèches, les pesées de réactions d'appui, un plan d'ensemble de
fissuration, sont autant de procédés qui peuvent renseigner globalement sur l'état ou le
18
fonctionnement d'une structure. Ces méthodes ne permettent généralement pas d'analyser le
détail du comportement de l'ouvrage en tel ou tel point précis, et doivent être complétées par
des mesures plus ponctuelles ; par ailleurs, des investigations ponctuelles permettent, dans
certains cas, d'obtenir sur le comportement global, d'autres informations que ce que donnent
les méthodes ci-dessus.
Les seules méthodes développées à l'heure actuelle portent plus précisément sur l'étude
locale du fonctionnement d'un ouvrage, c'est-à-dire de la modification de son état sous l'effet
d'une action extérieure ; ce sont l'extensométrie et la fissurométrie.
D'une manière générale, l'extensométrie est la mesure de la déformation locale d'un
corps sous l'effet d'actions diverses ; la fissurométrie est la mesure des mouvements relatifs,
sous l'effet d'actions extérieures, des deux lèvres d'une fissure à la surface d'une pièce. On
peut considérer que la fissurométrie est un cas particulier de l'extensométrie, mais en précisant
qu'elle s'en distingue par le fait que, dans les mesures d'extensométrie, on suppose que la
matière reste continue.
6.2 - Principe de base des mesures. Quelques rappels et ordres de grandeur
6.2.1. L'extensométrie
La mesure des déformations en un point est en général utilisée comme moyen
d'évaluer la variation du champ de contraintes en ce point.
En élasticité linéaire, contraintes et déformations sont liées par les équations de Lamé :
ij ij ii ij
Ee e=
++
− 1 1 2 (I)
avec ii : contraintes normales
ij : contraintes tangentielles ou de cisaillement
eii : déformation linéique ( l / l)
eij : déformations angulaires
E : module d'Young du matériau
: coefficient de Poisson du matériau
ij = 1 pour i = j
et ij = 0 pour i j
19
Les extensomètres permettent la mesure des eii (déformations linéiques). Sauf cas
d'exception (témoins sonores noyés dans le béton par exemple), on ne peut réaliser les
mesures qu'à la surface d'une pièce. Alors 23 = 31 = 33 = 0 et l'on a par exemple :
11 = E
e e1 2 11 22−
+
( ) (II)
expression qui devient :
11 = E e11 (III)
dans le cas d'une traction ou compression simple suivant l'axe 01
(22 = 0 et e22 = - e11).
En un point de la surface d'un corps (contraintes planes), la mesure des déformations
suivant trois directions permet de déterminer les contraintes principales et leur direction (les
rosettes à trois directions). Il suffit de mesurer les déformations suivant deux directions
orthogonales pour déterminer les contraintes suivant ces deux directions (relations II, rosettes
à deux directions).
Dans le cas d'une sollicitation simple (relation III), une seule direction de mesure suffit
: c'est un cas très courant dans la pratique, ce n'est toutefois pas le cas général.
Au niveau de ces rappels, et sans qu'il soit nécessaire d'aborder les problèmes propres
aux techniques de mesures, on peut faire les trois remarques suivantes :
1. l'extensométrie ne permet de mesurer que des variations de déformations (donc de
contraintes) par rapport à un état initial (sur un pont, cet état initial sera en général son état
de contrainte "à vide") ;
2. la détermination des contraintes nécessite de connaître les caractéristiques E et du
matériau : ces caractéristiques sont connues et varient peu d'un acier à l'autre ; il n'en est
pas toujours de même pour le béton ;
3. les équations de l'élasticité ne suffisent plus si l'on veut interpréter des mesures à moyen ou
long terme lorsque l'on a affaire à des phénomènes différés (fluage et relaxation). En
particulier, l'extensométrie ne peut pas mesurer directement des phénomènes de relaxation
puisqu'il s'agit d'une diminution de contraintes à déformation constante.
6.2.2. La fissurométrie
La mesure des mouvements relatifs des lèvres d'une fissure est souvent utile, en
particulier pour apprécier les surtensions, sous une action extérieure donnée, dans les aciers
(passifs ou actifs) qui traversent une fissure. Il est nécessaire de faire appel aux lois de
l'adhérence acier-béton pour estimer, par ce moyen, les surtensions. Pour les aciers passifs,
20
ces lois sont assez bien connues ; pour les aciers actifs, l'adhérence se faisant par
l'intermédiaire du coulis d'injection, l'estimation de la surtension dépend totalement de la
qualité de l'injection. Le contrôle par gammagraphie au voisinage de la fissure renseigne sur
la qualité du remplissage de la gaine ; ce contrôle est indispensable pour éviter toute erreur
grossière d'interprétation. Il est quelquefois possible d'effectuer des mesures directement sur
un acier préalablement mis à jour (fenêtres).
La fissurométrie peut être utilisée aussi pour mieux apprécier le fonctionnement de la
partie non fissurée d'une section.
6.2.3- Ordres de grandeurs des quantités à mesurer
En extensométrie, on mesure des allongements relatifs qui sont des grandeurs sans
dimension : ce sont les "eii" des formules précédentes plus communément notés " "
a pour l'acier et b pour le béton
a) en construction métallique, l'unité de référence est l’hecto bar (en se souvenant
que le "Pascal" est l'unité légale : 1O MPa = 1 hbar 1 Kgf/mm2). Cette unité
constitue un seuil de sensibilité souvent suffisant dans le domaine de
l'auscultation. L'allongement relatif correspondant vaut :
l
la
Ea
a= = = = −
1
20 00050 10 6
..
(Dans le jargon du laboratoire, on dira 50 microns par mètre ou mieux :
50 "microdéformations").
b) en béton armé et en béton précontraint, l'unité couramment utilisée est le
bar (1bar = 0,1MPa 1 Kgf/cm2) et :
l
lb
Eb
b= = = = −
1
4000002 5 10 6, .
(2,5 « microdéformations »).
La comparaison de ces ordres de grandeurs permet de constater qu’il est plus difficile
de procéder à une extensométrie sur béton que sur acier.
En fissurométrie, on mesure des déplacements ; le seuil de sensibilité souvent suffisant
est le centième de millimètre (0,01 mm).
21
6.3 - Les appareils utilisés
6.3.1 - Les capteurs
Une certaine ressemblance fait que certains appareils sont utilisés aussi bien en
extensométrie qu'en fissurométrie. Toutefois, d'autres appareils sont spécifiques de l'une ou de
l'autre de ces deux catégories de mesures.
Les appareils utilisés sont de trois sortes :
- les jauges à fil qui sont spécifiques de l'extensométrie, compte-tenu du principe de
fonctionnement,
- les extensomètres mécaniques, qui mesurent l'allongement absolu d'une base
donnée. Certains de ces appareils (les moins sensibles et les plus maniables) sont
également utilisés en fissurométrie,
- les capteurs de déplacement adaptés à la fissurométrie et en général trop peu
sensibles pour des mesures d'extensométrie.
Avant de présenter dans le détail ces trois catégories d’appareil, il convient de citer un type
d’instrument de mesure très utilisé qui est le témoin sonore, encore appelé corde vibrante. Cet
appareil est en général noyé dans le béton au moment de la construction des ouvrages et sert
principalement à mesurer les déformations du béton en cours de construction et à faire de la
surveillance à long terme (le témoin sonore fonctionne sur le principe de la mesure de la
fréquence de vibration d’une corde tendue entre ses deux extrémités qui sont soumises aux
déplacements du milieu). Cet instrument fiable, très sensible et robuste peut aussi être
employé dans le domaine de l’auscultation ; on utilise alors des témoins sonores de surface
dont les extrémités sont fixées sur des supports scellés dans le béton ou soudés sur le métal.
6.3.1.1 - Les jauges à fil résistant (ou à trame pelliculaire)
Les premières jauges ressemblant à celles que nous connaissons de nos jours sont
apparues aux ETATS-UNIS quelques années avant la guerre (1937), et ont été mises au point
pour les besoins de l’aéronautique. Le marché actuel propose une variété très grande de types
de jauges quant à leurs dimensions (de quelques dixièmes de mm à quelque 20 cm), leur
forme, leur agencement (rosettes, chaînettes), leur destination (jauges pour acier, pour
aluminium, pour béton, ...).
De par son principe, une jauge mesure directement un allongement relatif (quelque
soit sa longueur) par le biais d'une mesure de variation relative de résistance électrique :
R
RK
ll=
R
R : variation relative de résistance
K : facteur de jauge voisin de 2
22
Le seuil de sensibilité n'est pas fixé par la jauge elle-même mais par les appareils de
mesure associés. Ces appareils, dont le schéma de principe est le pont de Wheatstone, ont un
seuil de sensibilité de 1.10-6.
Cette technique de mesure très sensible, est utilisée depuis longtemps sur acier. Son
application au béton est plus récente, compte-tenu de difficultés de mise en oeuvre
(préparation de surface délicate, isolation électrique d’une jauge collée sur un support
contenant de l’eau,...). Si ces difficultés sont maintenant résolues, cependant certains états de
surfaces par trop médiocres peuvent rendre tout collage de jauge impossible.
Les jauges électriques ont eu longtemps la réputation de présenter des dérives dans le
temps. Sur acier, en choisissant certains types de jauges, de colles, et en soignant la
protection, il est maintenant possible d'obtenir une bonne stabilité dans le temps (plusieurs
mois). Cette stabilité peut d’ailleurs être sensiblement augmentée (quelques années) avec un
traitement thermique au moment du collage. Sur béton, il n'est pas encore possible d'obtenir
une telle stabilité : seuls des essais à court terme sont praticables dans ce cas (mise en tension
de câbles, essais de chargement, ..., des mesures de déformations différées ne sont pas
possibles pour ce moyen).
6.3.1.2 - Les extensomètres mécaniques
(quelquefois appelés déformètres ou dilatomètres)
Compte-tenu du nombre de points de mesure nécessaires sur ouvrage, les appareils
amovibles sont seuls utilisables.
A l'endroit voulu, une base de mesure est implantée sur la structure : cette base est
matérialisée par deux plots distants de lo et fixés à la structure (ces plots peuvent être des
billes, des cônes, ...). L'appareil vient se placer sur ces plots et mesure la variation de distance
l entre les plots, d'où l'on tire la valeur de la déformation : = l / lo .
Un appareil de bonne qualité présente les caractéristiques suivantes :
- base 10 cm,
- seuils de sensibilité = 1 micron = 1.10-3 mm, soit un seuil de sensibilité en
déformation de = 110
100110
35.
.−
−=
Ce type d’appareil convient pour l'acier, sa sensibilité s'avèrant trop faible pour le
béton. Il peut être utilisé en fissurométrie, les plots de la base étant implantés de part et d'autre
de la fissure : sa sensibilité est alors surabondante. A noter qu’une version améliorée de ce
type d’appareil atteint une sensibilité de 10-6 et permet d’aborder l’extensométrie sur béton.
Un autre appareil, plus sophistiqué, présente une base de 40 cm pour une sensibilité de
l'ordre de 0,4 micron (l/l = 1.10-6). Sa sensibilité est donc voisine de celle des jauges. Cet
appareil a l'avantage de ne pas présenter de dérive (il est toujours possible de se référer à une
base témoin conservée en laboratoire). Sa mise en oeuvre est beaucoup plus délicate que celle
23
de l'appareil précédent et son utilisation est surtout réservée aux ouvrages instrumentés
spécialement pour un suivi à long terme.
6.3.1.3 - Les appareils adaptés à la fissurométrie
Le moyen le plus rustique pour suivre l’évolution d’une fissure est assurément le
témoin au plâtre ; nous ne le citons que pour mieux l’oublier car le témoin au plâtre ne
fonctionne qu’en « tout ou rien » et pose assez souvent des problèmes de décollement.
Il existe une multitude d’appareils pour mesurer le mouvement des fissures. Ceux-ci
sont choisis en fonction de l’importance de l’ouverture attendue des fissures et du caractère
plus ou moins continu de l’acquisition de mesure en fonction du temps. Nous présentons ci-
dessous une liste d’appareils de mesure classés en allant du plus rustique vers le plus
sophistiqué :
-- fixation de deux tiges métalliques scellées de part et d’autre de la fissure et sur lesquelles
sont gravés deux traits dont on suit l’écartement à l’aide d’un réglet (sensibilité 1 mm)
-- scellement de deux plots avec mesure de l’écartement à l’aide d’un pied à coulisse
(sensibilité de 0,1 mm)
-- utilisation d’un comparateur mécanique (sensibilité de 0,01 mm)
-- utilisation d’un capteur de déplacement électrique (sensibilité pouvant atteindre 0,001 mm
pour les meilleurs) ; celui-ci est donc le plus précis, et il permet en outre un suivi en continu.
Il offre aussi l'avantage d'une grande souplesse au niveau du traitement du signal. Il existe
plusieurs types de capteurs électriques qui fonctionnent sur des principes physiques différents
: des capteurs de type potentiométrique (variation de résistance), des capteurs de type inductif
(variation de self), des capteurs de type capacitif, des capteurs à courant de Foucault, etc...
6.3.2 - Les chaînes de mesures associées
D'une manière générale, les appareils à traduction électrique (jauges et capteurs divers)
permettent l'utilisation de chaînes de mesure plus ou moins complexes. Il est possible
d'explorer un grand nombre de voies automatiquement et d'enregistrer les résultats.
D'autre part, l'enregistrement continu est quelquefois nécessaire :
- soit pour la mesure d'un effet dynamique pendant le passage d'une charge (on
enregistre pendant quelques secondes),
- soit pour la mesure d'un effet variable suivant un cycle journalier, tel qu'un effet
thermique, on enregistre alors pendant 24 H ou quelques jours tout au plus,
- soit pour un suivi à plus long terme dans un but de surveillance (on enregistre
alors pendant quelques semaines).
La traduction électrique d'une variable physique permet une grande souplesse dans le
traitement de l'information.
24
Toutefois, il est sans doute bon d'attirer l'attention sur certaines difficultés :
• l'introduction dans une chaîne de mesure d'une électronique plus ou moins élaborée,
risque de rendre le système fragile sur un chantier (problème de dérives, de pannes
d'alimentation). On peut rapporter ici quelques lignes de l'article de M. Rabut à propos du
fleximètre (annales des Ponts et Chaussées, oct. 1896). "Ce déclenchement du porte-plume est
produit par un électroaimant dont cette pédale ferme ou interrompt le circuit. Nous devons
dire que cette transmission électrique est quelquefois assez capricieuse ; par certains temps
humides, on se trouvera bien d'y substituer une transmission mécanique formée de simples
ficelles dont l'agencement est facile à imaginer et qui suffit la plupart du temps". Certes, nous
ne sommes plus en 1896 ! ... et l'électronique est de nos jours un outil de premier ordre. Une
sage précaution consiste à prévoir, dans une installation de surveillance de ce type, des
moyens de recoupement simples (quelques points de mesure doublés par des extensomètres
mécanique par exemple).
• On peut être tenté, dans un système automatique, de multiplier les points de mesures et
d'enregistrer de façon continue les signaux analogiques sur une bande de papier. L'expérience
montre que le dépouillement de plusieurs décamètres de papier sur lesquels figure un
enchevêtrement de traces de couleurs diverses est vite décourageant voire inextricable ! ... Il
est donc nécessaire de penser au niveau de la mise en oeuvre d'un système d'enregistrement de
quelle façon sera traitée l'information ainsi stockée.
• Certains traitements "aveugles" comme l'enregistrement magnétique, sont quelquefois
dangereux sur le chantier (besoin de confronter les résultats aux ordres de grandeurs calculés,
risque de dépassement de capacité, ...). Là encore, il est bon de se recouper avec des moyens
de mesures directs et simples.
De plus en plus, les centrales d’acquisition de mesures sont remplacées par des micro-
ordinateurs dans lesquels sont incorporées des cartes d’acquisition de mesures.
6.4 - Méthodologie d'une intervention
L'extensométrie (à laquelle on peut associer la fissurométrie) est un sujet très vaste. On
pourrait, maintenant, développer les divers aspects évoqués ci-dessus (les techniques de
mesures, l'interprétation, la précision, les causes d'erreurs, ...) ceci nous entraînerait hors du
cadre de cet exposé. Nous préférons donc poursuivre par les quelques réflexions suivantes, à
propos de la pratique de l'extensométrie sur ouvrages réels.
Si les projeteurs sont prêts à accorder toute confiance aux mesures d'extensométrie
effectuées en laboratoire sur des corps d'épreuve, leur réserve vis-à-vis de mesures effectuées
in situ est nettement plus prononcée. Il est probable, d'ailleurs, que certains d'entre eux aient
été déçus par certains résultats expérimentaux jugés fantaisistes parce qu'ininterprétables. Il
est probable, également, que la responsabilité de certains échecs soit entièrement le fait de
l'expérimentateur : appareils mal mis en place, erreurs de mesures, corrections mal effectuées,
phénomènes parasites sous-estimés, ...
Nous pensons que la plupart des échecs (ou simplement des déceptions) sont dus à des
campagnes de mesures mal menées et que la responsabilité en incombe aussi bien au projeteur
25
qu'à l'expérimentateur. Nous voyons, pour notre part, trois conditions nécessaires à remplir
pour éviter l'échec :
- définir et délimiter le problème posé,
- situer les ordres de grandeur des quantités à mesurer,
- mettre en oeuvre les moyens de mesure suffisants.
6.4.1 - Définir et délimiter le problème posé
Pour ce faire, il est très important que le "projeteur" et "l'expérimentateur" puissent
dialoguer et se comprendre ; il ne doit pas exister de frontière nette entre le bureau d'étude et
le laboratoire. A ce niveau, le projeteur doit être conscient des difficultés posées à
l'expérimentateur et moduler ses souhaits en conséquence. De même, l'expérimentateur doit
être soucieux de la façon dont seront exploitées ses mesures de telle sorte qu'il lui soit
possible d'infléchir un programme d'essais vers une instrumentation optimale.
6.4.2 - Situer les ordres de grandeur des quantités à mesurer
Une conséquence directe est le choix de la technique de mesure la mieux adaptée sur
le plan métrologique et économique. Cette estimation peut être difficile : il est alors possible
de faire des calculs "en fourchette" avec deux hypothèses extrêmes de fonctionnement. Enfin,
il est important d'avoir en mémoire ces ordres de grandeur lors des mesures de telle sorte que
l'on puisse stopper un essai si les grandeurs mesurées sortent par la borne supérieure de la
fourchette estimée.
6.4.3 - Mettre en oeuvre les moyens de mesure suffisants
Une campagne d'extensométrie nécessite dans tous les cas :
• un nombre de points de mesure tel qu'il soit possible de tenir compte des dispersions
inévitables (sur le béton en particulier), d'écarter les points singuliers et d'éliminer les
mesures aberrantes. La redondance n'est pas à craindre ; l'expérience montre que dans bien
des cas, à l'heure du dépouillement, on regrette l'absence de quelques points
supplémentaires !...
• des dispositifs de mesure indépendants permettant des recoupements,
• des dispositifs de mesure annexes pour pouvoir tenir compte des phénomènes perturbateurs
: des mesures de températures sont quasiment obligatoires.
Une campagne d'extensométrie se prépare, demande des moyens de mesure suffisants,
et nécessite un temps de dépouillement et d'interprétation souvent long (en tous cas toujours
plus long que prévu). Ainsi, ce type d'intervention doit-il être utilisé avec discernement.
Nous restons convaincus qu'une campagne de mesure hâtivement préparée et réalisée
"à l'économie" (peu de points de mesure) est inutile, donc trop coûteuse.
26
Il ne faudrait pas croire non plus que tout est accessible à la mesure pourvu qu'on y
mette les moyens. Les exemples donnés pour conclure, montrent au contraire, que le domaine
d'application reste limité.
6.5 - Quelques exemples d'application
Au cours de ces dernières années, les problèmes suivants ont pu être abordés par la
mesure :
1) degré d'encastrement d'une entretoise sur une poutre principale,
2) "degré de continuité" d'une poutre : soit pour tester un procédé de construction
original, soit dans le cas de poutres fissurées (rotules),
3) répartition transversale de moments fléchissants dans des ponts à poutres,
4) entraînement d'un hourdis à la flexion générale (répartition transversale des
contraintes),
5) participation d'une dalle de béton associée à des poutres métalliques (cas en
particulier d'ouvrages ou parties d'ouvrages non dimensionnés en "mixte"),
6) surtensions dans des aciers actifs et passifs (fissurométrie et mesures directes),
7) concentration de contraintes dans des goussets,
8) mesure des tensions dans des suspensions (pont suspendus et à haubans),
9) contraintes locales dans les platelages métalliques raidis,
10) décompression de joints ou de fissures réparées (fissurométrie et extensométrie),
11) contrôle d'une mise en précontrainte de câbles de continuité,
12) vérification de l'efficacité d'une mise en précontrainte additionnelle,
13) mesures sur des tôles collées à des fins de réparation.
L'exemple n° 5 a été réalisé au moyen de jauges électriques disposées uniquement sur
la partie métallique de la poutre suivant des sections droites de la manière indiquée sur la
figure de la page suivante.
27
jauges
béton
poutre
en acier
o
(1)
(2)
Mt > 0
traction
compression
On trouve : 2 jauges sur chaque semelle
2 jauges sur l'âme disposées sensiblement au 1/2 et aux 2/3 de la hauteur
Cette disposition permet de tracer le diagramme des déformations dans la section
sollicitée par un moment fléchissant (action de camions convenablement disposés).
Le "Navier" (1) représente le fonctionnement en mixte (axe neutre très haut)
Le "Navier" (2) représente la flexion de la poutre acier non connectée au béton.
Les résultats expérimentaux permettent de trancher sans ambiguïté sur l'un ou l'autre
fonctionnement (on remarque au passage que l'on a placé 6 jauges dans une même section :
cf. la conditions "moyens suffisants").
Autre exemple : n° 10
Soit un joint de construction entre deux voussoirs présentant à l'oeil une présomption
de fissuration. On veut s'assurer par des chargements progressifs que ce joint reste comprimé.
Schématiquement, un dispositif expérimental sûr est le suivant :
- on place à cheval sur le joint un capteur de déplacement du type comparateur
(sensibilité de l'ordre du 1/100 de mm),
- de part et d'autre du joint, on colle 2 jauges électriques (voir croquis).
Lors du chargement progressif on mesure les déplacements d du comparateur et les
déformations 1 et 2 des jauges.
Les résultats de mesure sont reportés sur un graphique : en abscisse sont portés les
moments fléchissants, en ordonnées les signaux mesurés.
Trois cas de figures peuvent se présenter (figures 1, 2, 3, page suivante).
28
comparateur
jauge J1
jauge J2
joint
On enregistre un signal sensible sur les
jauges qui croît avec les moments. Le
comparateur reste pratiquement insensible.
Il y a décompression du joint sans
fissuration.
Figure 1
Les jauges restent pratiquement insen-
sibles ; on peut lire un déplacement
croissant sur le comparateur: il n'y a pas
transmission de contrainte, la fissure
s'ouvre.
Figure 2
Nous sommes dans le cas de la figure 1
jusqu'en Mo et de la figure 2 au-delà de Mo :
fonctionnement normal du joint jusqu'en
Mo, ouverture d'une fissure au-delà de Mo.
Figure 3
Cet exemple montre comment on peut utiliser deux moyens de mesures indépendantes
(jauges et comparateur) à des fins de recoupement.
d
o
J1 et J2
Mt
xx
xx
xx
xx
d
d
oMt
d
x x x xx x x x x x
J1 et J2
d
oMt
d
x
x
x
x
x xx
xx
x J1 et J2
x
x xxxx
xx
Mo
29
7 - LES MESURES DE CONTRAINTES
S’il existe une large panoplie de moyens pour mesurer des déformations, des
recherches sont menées pour mettre au point des méthodes qui permettraient de mesurer, ou
tout au moins d'évaluer, les contraintes réelles auxquelles est soumis le matériau constitutif
d'un ouvrage. La mesure directe des contraintes est en effet d'une utilité majeure, non
seulement pour établir le diagnostic dans le cas d'un ouvrage malade, mais surtout pour
définir un projet de réparation.
Dans le domaine du béton, la seule méthode qui semble devoir déboucher est la
mesure des contraintes par libération dont le principe a été mis au point initialement en
mécanique des roches. La méthode de libération des contraintes permet d'estimer directement
la contrainte normale dans le béton. Elle consiste à effectuer un relâchement local et partiel
des contraintes par création d'une entaille, suivie d'une compensation de pression contrôlée à
l'aide d'un vérin ultra-plat introduit dans cette entaille.
7.1 - Principe de la mesure des contraintes par libération
Dans la pratique, un référentiel de déplacement constitué de bases de mesures
extensométriques est d'abord matérialisé sur la surface devant recevoir l'entaille, en vue de
suivre le mouvement des lèvres de cette entaille.
Une minuscule entaille semi-circulaire, de 4 mm de largeur est alors pratiquée.
Principe de la méthode de libération des contraintes.
30
• Dans le cas où cette zone est soumise à une contrainte de compression, les lèvres de
l'entaille vont avoir tendance à se rapprocher.
Un vérin ultra-plat est glissé dans l'entaille et mis en pression croissante jusqu'à ramener les
lèvres de l'entaille dans leur position initiale.
La pression de compensation nécessaire dans le vérin correspond, avec une bonne
approximation, à la valeur de la contrainte locale de compression moyenne dans le béton,
perpendiculairement au plan de l'entaille.
• Dans le cas d'une traction, l'opération est menée de façon quasiment identique, mais son
interprétation doit être adaptée.
Sous l'effet d'une traction, l'entaille aura tendance à s'ouvrir, lors de la libération de
contraintes. A partir de cette position, une montée contrôlée de pression peut être effectuée
et les déplacements correspondants mesurés. Une loi locale de comportement déplacement-
pression peut ainsi être définie.
Une extrapolation de cette courbe à une valeur de déplacement nul permet alors d'estimer la
contrainte initiale de traction.
7.2 - Obtention du profil local de contraintes
Pour accéder au profil de contraintes en fonction de la profondeur, on procède par une
alternance de libérations et de mesures à des profondeurs successives suffisamment
rapprochées, en agrandissant progressivement l'entaille pratiquée (jusqu'à 80 mm de
profondeur) et en ayant recours à des vérins en forme de segment circulaire de dimension
croissante pour effectuer la compensation de pression.
A partir de la connaissance pour différentes profondeurs d'entaille, des déplacements en
surface et des pressions de compensation dans le vérin, on peut déterminer le profil de
contraintes à l'aide d'un modèle numérique.
7.3 - Obtention de la distribution des contraintes dans une section
L'application répétée de la méthode de libération des contraintes en plusieurs niveaux d'une
section permet d'appréhender la distribution de contraintes dans cette section. Des mesures
récentes ont d’ailleurs permis de constater que la répartition des contraintes n’était pas linéaire
suivant la hauteur d’une section courante d’une poutre de VIPP, et que les parties épaisses de
la section supportaient davantage de contraintes que les parties minces.
31
Exemple de profils de contrainte en différents niveaux d'une poutre.
7.4 - Mise en évidence du phénomène de retrait
Le profil de contraintes obtenu au niveau d’une entaille est représentatif de la contrainte
globale, c'est-à-dire de l’effet cumulé des actions extérieures et des effets internes tels que le
retrait.
Le retrait se traduit en surface par des contraintes de traction relativement élevées, qui
diminuent en profondeur avec un fort gradient, changent de signe puis se stabilisent à une
faible valeur de compression.
32
Exemple de Répartition des contraintes de retrait.
Dans le cas où les actions extérieures entraînent une compression faible, la résultante en
surface peut donc être une traction.
Compte tenu de l'allure particulière de la distribution des contraintes de retrait, de leur
caractère auto-équilibré, de la validité du principe de superposition, la méthode de libération
des contraintes ayant accès à la mesure de tractions permet d'isoler le phénomène de retrait.
7.5 - Précautions d'emploi
La méthode de libération des contraintes permet d'accéder à la force de précontrainte locale
résiduelle dans une section d'ouvrage, à condition de prendre des précautions dans
l'interprétation des résultats, compte tenu des phénomènes de redistribution différée des
contraintes entre les parties massives et grêles d'une section.
La précision de la méthode de libération des contraintes est actuellement de l'ordre de 0,3
MPa. Lors de la réalisation de l’entaille, des précautions particulières doivent être prises pour
éviter un échauffement du béton susceptible de perturber les mesures. Il est ainsi souhaitable
d’éviter des variations de température supérieures à 1°C.
33
8 - CONCLUSIONS
Les méthodes et moyens qui viennent d'être présentés constituent une panoplie
importante et représentent des opérations parfois coûteuses.
Toutefois, cette panoplie est encore très incomplète : de nombreux phénomènes
échappent encore à la mesure et des efforts importants doivent encore être faits pour améliorer
les possibilités d'investigations sur ouvrages.
Ensuite, c'est avec discernement qu'il faut employer les moyens existants. Dans cette
optique, il faut distinguer les opérations dont l'exécution apparaît aujourd'hui comme
nécessaire, si élevé que puisse en paraître le coût ; il s'agit de l'exécution du suivi d'un
ouvrage d'art. En effet, dans beaucoup de cas, le prix que l'on est amené à payer pour avoir
constaté des désordres trop tard est hors de proportion avec le coût d'une surveillance
normale, permettant l'exécution en temps opportun de réparation ou renforcements propres à
arrêter l'évolution des désordres. En revanche, lorsqu'on se trouve en présence d'un cas
pathologique, c'est l'analyse préalable des constatations qui conduira à définir le programme
d'auscultation, donc les moyens à mettre en oeuvre, en évitant le gaspillage d'argent, et surtout
de temps, qui résulterait d'une utilisation aveugle de tous les moyens disponibles.
Enfin, il nous apparait utile de rappeler quelques conseils avant de se lancer dans une
campagne d’investigations :
◼ choisir une société ou un organisme qualifié ayant de l’expérience ou des références
d’interventions effectuées avec sérieux ;
◼ ne pas abuser de techniques d’auscultation qui n’apportent pas d’éléments directement
utiles pour le diagnostic ;
◼ ne pas chercher à comprimer outrageusement les délais (la rapidité des investigations n’est
pas forcément synonyme de qualité...) ;
◼ ne pas hésiter à faire appel à une contre-expertise dans le cas où l’on a des doutes sur les
résultats fournis par une première expertise.
34
A N N E X E
LA METHODE DES MOMENTS DE DECOMPRESSION
L’objectif de cette méthode est d’évaluer le déficit de résistance à la flexion d’une
structure précontrainte présentant des joints ou sections fissurés.
Principe de la mise en oeuvre
Elle consiste, dans son principe, à soumettre ces sections à des moments fléchissants
croissants, obtenus par des chargements connus et à mettre en évidence le moment qui
provoque l’ouverture du joint (ou de la fissure préexistante) en fibre inférieure puis suivant
des fibres de plus en plus proches de l’axe neutre. Ces chargements sont obtenus par le
déplacement progressif sur l’ouvrage d’un convoi de camions prédéfini. En présence d’un
joint ouvert à vide, un chargement des travées adjacentes peut être envisagé pour essayer de
recomprimer le joint sous l’effet du moment négatif ainsi produit..
La mise en oeuvre de cette méthode doit toujours s’accompagner d’un suivi des
températures, afin d’évaluer l’influence du gradient thermique sur le moment fléchissant.
Elle peut en outre être utilement complétée par un suivi de la rotation des sections à
l’aide d’inclinomètres qui permettront de détecter au cours de l’essai de chargement
l’apparition d’une discontinuité correspondant à l’ouverture du joint.
Dans la pratique, deux étapes sont à distinguer dans le déroulement des investigations :
• la première correspondant à une phase d’exploration préliminaire de l’ouvrage est destinée
à repérer les sections a priori les plus faibles à l’aide d’une instrumentation légère
essentiellement constituée de capteurs de déplacement placés à cheval sur les joints qui
permet de suivre les mouvements de ces joints sous l’effet du trafic et des phénomènes
thermiques ;
• la deuxième qui représente la phase principale, consiste à appliquer la méthode des
moments de décompression proprement dite dans deux ou trois sections choisies à l’issue
de l’étape précédente.
Dans la mise en oeuvre de cette méthode, le moyen de mesure utilisé pour la détection
fine de l’ouverture d’un joint en un point associe un capteur de déplacement et une jauge
d’extensométrie (couple jauge/capteur). Dans la pratique, compte tenu de la complexité du
fonctionnement des joints entre voussoirs qui rend difficile l’interprétation des résultats
obtenus, il est nécessaire de disposer d’un assez grand nombre de points de mesure par section
( de 10 à 20). Les principales causes de cette complexité sont :
• le retrait différentiel entre des parties d’épaisseur différentes,
• l’ancrage des câbles de fléau en tranche de voussoir,
• l’influence de la position des câbles de continuité (répartis dans le hourdis inférieur ou
regroupés dans les goussets) sur l’uniformité de l’ouverture du joint dans le hourdis.
35
Aussi cet équipement composé de couples jauge/capteur est-il souvent complété par des
mesures directes d’extensométrie pratiquées sur les câbles.
Mesures à l’aide de couples jauges/capteurs sur le béton
La méthode jauge/capteur repose sur l’utilisation combinée d’un capteur de
déplacement placé à cheval sur le joint et d’une jauge d’extensométrie électrique collée à
proximité sur le béton, au bord du joint. La jauge et le capteur fonctionnent linéairement
pendant la phase de décompression du joint jusqu’à son ouverture, et divergent ensuite. A
partir de l’ouverture de la fissure, le capteur de déplacement indique une ouverture
progressive du joint, tandis que la jauge n’enregistre plus de décompression complémentaire.
L’identification du cas de chargement correspondant à l’ouverture de la fissure donne
une estimation de la réserve de moment fléchissant au niveau du couple jauge/capteur. A
partir des informations fournies par l’ensemble des couples jauges/capteurs répartis dans la
section et en tenant compte du mode de fonctionnement réel du joint, il est possible d’évaluer
la réserve de moment dans la section considérée.
Mesures d’extensométrie sur les câbles
Cette méthode permet de mesurer les variations de la surtension dans les câbles de
continuité. Elle consiste à partir de l’ouverture d’une fenêtre dans le béton, aussi petite que
possible, à mettre à nu localement le câble afin de coller au moins trois jauges de très petite
dimension sur les fils des torons ainsi dégagés.
En général, la courbe représentant l’évolution de la surtension en fonction du moment
fléchissant est constituée de deux parties.
Evolution de la surtension des câbles en fonction du moment fléchissant.
36
La première, linéaire jusqu’au point I, correspond à la phase où le joint reste fermé et
se comporte en section homogène. La seconde, au-delà du point I, de type parabolique
correspond à l’ouverture du joint qui se comporte comme une section de béton armé en
flexion composée. La position du point I donne une estimation de la réserve de moment au
niveau du joint.
La position sur cette courbe du point correspondant à l’état à vide d’un joint de la
structure auscultée permet de guider la stratégie auscultatoire à utiliser, puis d’aider au
dimensionnement de la précontrainte additionnelle de renfort éventuellement nécessaire.
37
B I B L I O G R A P H I E
[1] Ministère des Transports, Direction des Routes et de la Circulation Routière, Instruction
Technique pour la Surveillance et l’Entretien des Ouvrages d’Art du 19 octobre 1979.
[2] C. BOIS - Surveillance et réparation des ponts routiers en France. La doctrine
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Bruxelles, Ed. ENPC, 13 au 17 avril 1981.
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