le montagnard berghilf-ziitig · des armaillis et des fromagers. un bel été d’alpage intense...

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Des buffles à la montagne Page 10 Les moutons, c’est leur vie Page 14 Armailli corps et âme Page 4 Sans eau, l’alpage se meurt Page 6 Le Montagnard NUMÉRO 92 ÉTÉ 2016 AZB CH-8027 Zurich PP/Journal Post CH AG

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Berghilf-ZiitigNUMMER 92 SOMMER 2016

Des buffles à la montagne Page 10 Les moutons, c’est leur vie Page 14

Armailli corps et âme Page 4 Sans eau, l’alpage se meurt Page 6

Le MontagnardNUMÉRO 92 ÉTÉ 2016

AZBCH-8027 Zurich

PP/JournalPost CH AG

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Le Montagnard 2_2016

ÉDITORIAL

Mentions légalesÉditeur Aide Suisse aux Montagnards, Soodstr. 55, 8134 Adliswil, tél. 044 712 60 60, www.aideauxmontagnards.ch Direction Max Hugelshofer (max) Rédaction Isabel Plana (ip) Traduction Nicole Monnier Conception graphique Exxtra Kommunikation, Zurich Production, correctorat et impression gdz, Zurich Photographie Yannick Andrea Crédits photographiques Max Hugelshofer (pp. 2, 11, 12, 13, 18), Isabel Plana (pp. 10, 16) Mode de parution «Le Montagnard» paraît 4 x par an, en allemand et en français. Abonnement CHF 5.– par an (gratuit pour les donateurs). Tirage total 130 000 exemplaires.

Les alpages

Chers amis de l’Aide Suisse aux Montagnards,Chers lectrices et lecteurs

La saison d’alpage bat à nouveau son plein. Ces dernières se-maines, partout dans les régions de montagne, vaches, gé-nisses, moutons et chèvres ont transhumé depuis les fermes en aval vers les sites d’estivage, accompagnés des bergers, des armaillis et des fromagers. Un bel été d’alpage intense mais aussi éprouvant les attend. Sur l’alpage, les journées sont longues en effet, souvent faites de marches intermi-nables, et le soleil n’est pas toujours de la partie. Lorsqu’il pleut des jours entiers, et que dans les cabanes exiguës les habits ont dû être mis à sécher, il faut souvent rester debout. Mieux vaut donc rester zen.Pour cela, il est essentiel de disposer d’une infrastructure adéquate qui permet d’alléger les étapes de travail. C’est le cas d’une famille d’armailllis sur l’alpage de Dünden dans le Kiental. Grâce à une cave à fromage nouvellement construite à proximité du chalet d’alpage, elle économise depuis cet été beaucoup de temps, le fromager ne devant plus se déplacer jusqu’à un grenier à fromage éloigné et vétuste pour affiner son fromage. Or, de telles réalisations sont souvent trop oné-reuses pour les coopératives d’alpage ou les exploitants pri-vés qui ne doivent pas uniquement s'occuper de l'alpage mais également de leur exploitation principale. Il est donc d’autant plus important que l’Aide Suisse aux Montagnards intervienne en tant que partenaire de confiance lorsque des investissements importants et essentiels deviennent indis-pensables. De par votre fidèle soutien, ce sont vous, chers do-natrices et donateurs, qui rendez ces réalisations possibles. Nous vous en remercions très chaleureusement.

Willy GehrigerPrésident du Conseil de fondation

SOMMAIRE

6De l’eau pour l’alpage de DorbonDyonis Fumeaux a le sourire. Sur «son» alpage de Dorbon, en Bas-Valais, les problèmes d’approvisionnement en eau

sont enfin résolus grâce à l’assainissement d’un

réservoir d’eau de pluie.

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1 Alpage de Dorbon/VS Page 6 2 Alpage de Dünden/BE Page 4 3 Gohl/BE Page 10 4 Schattenhalb/BE Page 14 5 Isenthal/UR Page 13 6 Libingen/SG Page 11 7 Gais/AR Page 8 8 Davos-Wiesen/GR Page 11 9 Viano/GR Page 12

Situation des projets présentésdans cette édition

4Trois générations sur l’alpageLa famille Klopfenstein exploite l’alpage de Dündenalp depuis douze ans. Pour la garde du bétail, la traite et la fabrication du fromage, trois générations sont à l’œuvre. Cette année, tout se déroule plus facilement.

14La laine – une matière première précieuse Dans la famille Brog, tout tourne autour de la laine de mouton.

8Pause caresses L’exploitation d’Anita Senn et de Tobias Koster en Appenzell s’est convertie fortuitement en ferme «caresses». Cela leur a permis de développer un nouveau secteur d’activité.

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R E P O R T A G E

Max Hugelshofer

Sur le siège d’un vieux transporteur qui le fait tressauter, Thomas Brig-gen montre des signes d’impatience

et fait un signe de la main. «Tu viens enfin, Pépé!» Le garçonnet de 12 ans déborde d’énergie et ne montre aucune patience face aux bavardages de son grand-père. Il veut se rendre à un commun en aval pour y charger du bois. Thomas passe chaque

année ses vacances d’été et la plupart de ses week-ends sur l’alpage de Dünden et il aime mettre la main à la pâte. C’est le plus jeune de la famille, mais ses grands-pa-rents, Eduard et Heidi, ainsi que ses pa-rents et, en fonction de la charge de tra-vail, même ses oncles et tantes, s’activent aussi à l’alpage. Trois générations de Klopfenstein vivent donc et travaillent en

été à Dünden, à 2100 m d’altitude. Eduard a été engagé il y a douze ans par la corpo-ration d’alpage de Dünden. Sur le papier, c’est toujours lui le boss. «En réalité, c’est cependant Martin, mon fils, qui com-mande», explique-t-il en plaisantant. Père et fils ne travaillent pas seulement en-semble sur l’alpage en été. Ils ont fondé, dans leur exploitation de Frutigen dans la vallée, une communauté intergénération-nelle. Sur l’alpage, Martin est avant tout fromager. Il traite quotidiennement, dans la petite fromagerie d’alpage, le lait de 60 vaches pour en faire du fromage, quelque 4,5 tonnes par an. Une quantité qui n’est plus en adéquation avec la cave trop exiguë et qui est déjà remplie les pre-mières semaines d’estivage. La cave à fro-mage du chalet dans le commun à mi-hau-teur qui n’était plus exploitée, offrait davantage de place. Mais, pour laver et frotter les meules, il fallait chaque fois que Martin descende avec sa voiture pendant 15 minutes un chemin de gravier très pen-tu. Une perte de temps énorme et un tra-jet qui n’était, selon les conditions météo-rologiques, pas sans danger.

Affinage du fromage à proximitéÀ partir de cette saison, tout est plus aisé. L’année dernière, la corporation d’alpage de Dünden a entrepris des travaux de construction sur l’alpage. Martin n’est plus obligé de se déplacer pour affiner son

Thomas Briggen donne un coup de main à l’alpage également pour l’affinage du fromage. Depuis cette année, il peut le faire directement dans la nouvelle cave à fromage derrière le chalet d’alpage.

Trois générationsà 2100 m d’altitude

AMÉLIORATION DES INFRASTRUCTURES SUR L’ALPAGE DE DÜNDEN DANS L’OBERLAND BERNOIS

Avec sa cascade, ses magnifiques paysages de montagne et sa route d’accès périlleuse, l’alpage de Dünden, situé au fin fond du Kiental, est sans doute l’un des alpages à vaches de Suisse les plus imposants. Il est exploité depuis douze ans par la famille Klopfenstein. Les week-ends et pendant les vacances d’été, ce sont trois générations qui y travaillent.

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R E P O R T A G E

L’alpage de Dünden est à 2100 m d’altitude. C’est l’un des alpages les plus imposants de Suisse.

La route d’accès à l’alpage est étroite et pentue et le véhicule n’arrive pas à passer.

fromage car il peut s’en occuper quand la fabrication elle-même lui laisse quelques minutes de répit. «La nouvelle cave à fro-mage représente un allégement considé-rable», commente-t-il, ravi. Auparavant, c’était là que logeaient les cochons d’al-page. Ces derniers ont été transférés dans une porcherie nouvellement construite derrière le chalet d’alpage.

Accès bloquéUne bonne partie des travaux a pu être fi-nancée par la coopérative d’alpage, les coopérateurs s’étant investis personnelle-ment dans la construction. Si le soutien de l’Aide Suisse aux Montagnards s’est mal-gré tout avéré indispensable, cela est dû principalement au fait que l’aménage-ment de la route d’accès menant à l’alpage a renchéri le projet. Les camions à deux essieux pouvaient monter, s’ils étaient conduits par des chauffeurs expérimentés et n’ayant pas froid aux yeux, mais jusqu’à

hauteur du Tschingelsee seulement pour une pelleteuse. Depuis là, c’est une route étroite aux nombreux lacets et qui pré-sente une pente de 28 pour cent qui conduit à l’alpage de Griessalp. Elle est considérée comme la plus raide d’Europe pour les véhicules postaux. Or, ce n‘est qu’après que la route d’accès à l’alpage de Dünden commence. Une route de graviers de 5 km de long. La pelle teuse à chenilles a été obligée de monter la pente en marche arrière. Un trajet qui a pris trois heures et demie. «J’ai accompa-gné le convoi», raconte Ernst von Känel, président de la coopérative d’alpage. «Dé-conseillé aux âmes sensibles!» Entre temps, Thomas s’est calmé. Son grand-père a enfin compris qu’il voulait qu’il l’accompagne sur le transporteur pour descendre jusqu’au commun en aval. Thomas pourra donc y charger le bois et libérer ainsi son trop-plein d’énergie.www.aideauxmontagnards.ch/duenden

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R E P O R T A G E

Sans eau, l’alpage dépérit

ASSAINISSEMENT D’UN RÉSERVOIR D’EAU DE PLUIE SUR L’ALPAGE DE DORBON

L’alpage de Dorbon, dans le Bas-Valais, a eu un passé très mouvementé, mais grâce à l’Aide Suisse aux Montagnards, son avenir est désormais plus serein.

Dionys Fumeaux se rappelle très bien combien il était pénible de devoir extraire chaque année les pierres du réservoir d’eau de pluie. Désormais, le

réservoir est mieux protégé des chutes de pierres.

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R E P O R T A G E

Max Hugelshofer

Cette souche-là est sur le che-min depuis belle lurette», dit Dionys Fumeaux. «Et là-bas,

sous ce grand rocher, nous avons, mon frère et moi, veillé par une nuit de neige, afin d’empêcher le troupeau de quitter l’abri que lui offraient les mélèzes. C’était fin août, mais comme la neige s’était mise à tomber, nous devions ame-ner les vaches sur les pâturages situés au pied de la montagne pour les proté-ger.» Cet instituteur à la retraite connaît bien chaque coin de terre sur l’alpage de Dorbon, de même que les sentiers. Dans son enfance, il a passé tous ses étés dans cet environnement. Et c’est au Cirque de Derborence qu’il a complété sa formation primaire. Depuis les années 80, il s’engage dans le consortage propriétaire de l’al-page. Et comme il apprécie cet endroit idyllique, il effectue souvent à pied la montée de deux heures depuis le lac de Derborence. Dionys sait exactement où poussent les herbes aromatiques, les en-droits qu’il faut éviter par temps d’orage, dans quels couloirs il y a un risque d’ava-lanches en hiver, et où se trouvent les sources qui assurent la vie des monta-gnards et du bétail. Il a vécu de près le

plus de traite. La fabrication du fromage s’arrêta.

Dans les années nonante, un entrepre-neur excentrique et aisé de la région dé-couvrit l’alpage. Il avait mille idées pour améliorer l’infrastructure: rénovation des chalets, installations sanitaires, cuisines avec installations à gaz (pour l’éclairage, les cuisinières et les frigos), élargissement et correction du chemin, ponts, etc. Ce-pendant, l’homme était plus fort pour échafauder des projets que pour les réaliser. C'est ainsi que presque aucun projet n'a abouti. Quelques années plus tard, l’homme fut confronté à des pro-blèmes de santé. Et comme aucun de ses enfants ne par tageait son enthou-siasme pour l’alpage, la source financière se tarit. Les ponts ne survécurent pas à l’hiver. Les salles d’eau étaient inutili-sables et dans certains locaux, les déjec-tions des souris et la poussière s’accumu-laient.

Des bénévoles assurent la survieLe comité du consortage ne baissa ce-pendant pas les bras. À l’instar de Dyonis, des bénévoles s’efforcèrent de maintenir les infrastructures en bon état afin que l’alpage ainsi que le gîte avec son restau-rant modeste, très appréciés des randon-neurs et des alpinistes, puissent continuer à être exploités. Des tentatives de faire paître des moutons sur les pâturages à plus de 2000 m d’altitude furent menées, mais à deux reprises au moins, un loup

Les vaches de la race d’Hérens paissent sur l’alpage de Dorbon.

ne se fit pas prier pour tordre le cou à ce projet.

Depuis quelques années, l’alpage est à nouveau exploité, bien que dans une plus modeste mesure que du temps du bien-faiteur, mais le consortage n’enregistre plus de pertes. Un paysan de la région loue l’alpage pour une centaine de vaches d’Hérens ainsi que des génisses et des veaux. Le gîte est quant à lui géré sépa-rément, mais là aussi grâce à des gérants efficaces.

Pas de sources à proximitéAu cours de l’hiver 2013, nouveau coup dur: une avalanche détériora le réservoir d’eau de pluie qui avait été construit dans le dévaloir au-dessus du chalet le plus haut. Or, sans citerne et sans sources dans les environs, il n’y avait plus d’eau pour le bétail sur ces prairies. L’avenir de l’alpage était donc menacé car l’argent pour la remise en état faisait défaut. L’Aide Suisse aux Montagnards intervint et, avec son soutien et beaucoup d’en-gagement de la part des coopérateurs et en particulier du président, le réservoir a pu être remis en état. Il est même mieux qu’avant: un captage ne nécessitant que peu d’entretien permet d’éviter que les éboulis et les cailloux doivent être extraits chaque saison à la pelle moyennant de grands efforts. Une tâche pénible qui fait, elle aussi, partie des souvenirs de Dionys, mais dont on se passe volontiers.www.aideauxmontagnards.ch/dorbon

Le gîte est le seul bâtiment en bon état sur l’alpage.

passé mouvementé des propriétaires suc-cessifs de l’alpage. Autrefois, on fabri-quait encore le fromage dans cinq chalets. Plus d’une douzaine d’employés passaient l’été à l’alpage et la montée prenait trois fois plus de temps, car la route menant au lac de Derborence n’existait pas encore. Puis, tout tomba lentement en décrépi-tude. Le nombre de vaches estivantes di-minua, il n’y avait plus que des vaches portantes et des génisses à Dorbon, donc

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Max Hugelshofer

A première vue, Tobias Koster a tous les attributs d’un paysan de montagne: souliers de mon-

tagne, salopette de travail, vieille jaquette grise en softshell. Le tout assorti de larges épaules et de mains calleuses, qui té-moignent d’un travail pénible. Lorsque To-bias enlève sa jaquette, on découvre alors des tatouages. Son visage jovial et son pe-

Tout gosse déjà, Tobias Koster rêvait d’avoir une multitude d’animaux. Dernièrement, il a repris la ferme de son père et en a fait une sorte de petit zoo.

CONSTRUCTION D’UN CHALET «GASTRO» POUR L’AGROTOURISME

Un zoo particulier

Tobias Koster aime tous ses animaux. Les cochons nains tout autant que les oiseaux exotiques.

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On a non seulement le droit de caresser les animaux, mais aussi de les nourrir avec du popcorn. Anita Senn s’occupe du ravitaillement.

tit sourire malicieux sont agrémentés de piercings et sa tête arbore une coupe iro-quoise avec des cheveux teints en vert. «Certaines personnes me regardent bizar-rement, mais ce n’est pas parce que je suis paysan et que je vis en montagne qu’il faut me voir d’un mauvais œil», dit Tobias. Or, si la tête de Tobias n’est pas conven-tionnelle, ses idées ne le sont pas davan-tage. A titre d’exemple: en quelques an-nées, il a transformé l’exploitation de ses parents en une ferme «caresse» qui, par beau temps, attire une masse de visiteurs.

Inconcevable, la vie sans animaux

Depuis tout gosse, Tobias rêvait de devenir paysan et d’élever de nombreux animaux. Il a donc fait un apprentissage de paysan. Après sa formation, il ne se voyait cepen-dant pas reprendre l’exploitation laitière de ses parents à Gais. «La traite n’a jamais été mon truc», explique-t-il. «Et cela ne me plaisait guère que les vaches soient enfer-mées toute la journée dans l’étable.» Il a donc trouvé une place dans la construc-tion et est allé vivre dans un appartement au village. Cependant, ses chers animaux lui manquaient. L’une des pièces de son ap-partement était complètement dévolue à un élevage de perruches. Mais à la longue, il en eut assez. Quand son père qui avait trop de travail à la ferme sollicita son aide, Tobias n’a pas hésité. Il s’est fait embau-cher en tant qu’employé dans l’exploita-tion de ses parents. Mais cela ne lui plai -

sait pas vraiment. Les choses changèrent lorsque sa mère tomba gravement ma-lade. Son père décida alors de réorganiser sa ferme pour avoir davantage de temps pour son épouse. Il transforma son étable à stabulation entravée pour l’adapter à la stabulation libre et abandonna la traite au profit des vaches-mères. «Tout à coup, le travail dans notre ferme nouvelle formule me plaisait bien», dit Tobias.

Après le décès de sa mère, Tobias et son père s’échangèrent les rôles. Tobias a pris la tête de l’exploitation avec son père comme employé. Ils entreprirent alors di-vers remaniements. Tobias emménagea avec son amie Anita Senn dans la ferme parentale. Ils clôturèrent le grand pré de-vant la maison et y mirent des chèvres naines, des petits cochons, des mini-lapins puis ils construisirent une place de jeu et ouvrirent le tout au public sous l’appella-tion «ferme-caresse». «J’avais enfin mon petit zoo», dit Tobias en riant.

La ferme-caresse rencontra dès le début un énorme succès. Les week-ends de beau temps, ce sont non seulement les familles des environs qui s’y pressaient mais aussi des familles de la vallée du Rhin ou de Thur-govie. Elles avaient du plaisir à côtoyer les bêtes et pouvaient pique-niquer ou faire des grillades sur le foyer à disposition. Et elles achetaient du popcorn pour nourrir les animaux ainsi que des boissons et de la viande des génisses de Tobias. Le magasin à la ferme était donc florissant. «Ce que nous avions construit par amour pour les bêtes est devenu une source de revenu», dit To-bias. Et chose inattendue: les gens le remer-ciaient pour son travail et pour les beaux

Le chalet «gastro», près de la place de jeu, offre un abri en cas de mauvais temps.

moments qu’ils avaient passés avec leurs familles. «Cela m’a vraiment touché». Il dé-cida donc d’offrir encore davantage à ses hôtes. Des douzaines d’oiseaux multico-lores dans une énorme volière ainsi que des paons et des coureurs indiens (canards) sont venus s’ajouter aux chèvres et aux cochons. Plus tard aussi, dans un enclos, des octo-dons (petits rongeurs d’Amérique latine.)

Il manquait un abriOr ce qui manquait, c’était un abri pour les visiteurs en cas de mauvais temps. Tobias et Anita recevaient souvent des demandes pour des événements qui, par man que de solution de rechange en cas d’intempéries, ne se concrétisaient pas. Ils envisagèrent donc de construire un chalet «gastro». Ils réunirent toutes leurs économies mais comme une bonne partie avait déjà servi à financer la clôture, l’enclos et les toilettes, il leur manquait de l’argent. «Nous nous étions déjà résolus à devoir économiser pendant plusieurs années encore avant de pouvoir construire», dit Tobias. «Ne voulant pas abandonner, j’ai adressé une demande à l’Aide Suisse aux Montagnards et elle a été acceptée». Le chalet est terminé main-tenant et les visiteurs se sentent à l’aise dans cette ferme-caresse, même quand le temps est maussade. Tobias et Anita qui débordent d’entrain font tout pour que leurs fidèles clients ne s’ennuient jamais chez eux. Leur objectif: accueillir chaque année une nouvelle espèce animale et l’éle-ver en respectant ses besoins. Mais quelle pourrait donc être l’espèce reine pour ce petit zoo? Tobias: «Des bisons, incontesta-blement. Ce serait mon rêve absolu.» www.streichelfarm.chwww.aideauxmontagnards.ch/gais

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Isabel Plana

GOHL/BE «Halte, ne bouge pas», crie-t-on depuis l’étable. Les sabots piétinent le sol. Dans l’obscurité du matin nais-sant, l’animal noir qui sort de la poussière est difficilement reconnaissable. Anita lui court après. «Viens Myrtha, viens», crie-t-elle en essayant d’arrêter la fugueuse en lui proposant un peu de fourrage. Mais Myrtha, la bufflonne, fait fi de cette tentative de l’amadouer et se réfugie au fond de l’en-

clos. Ce matin, elle n’a aucune envie qu’on la traie. «Les buffles ont leurs lubies», ex-plique Anita en refermant l’enclos. «Eh bien, je vais traire d’abord les autres.»Depuis 2015, Anita Lerch et son partenaire Martin Blaser élèvent dans leur exploitation dans l'Emmental, en plus des vaches laitières, également un troupeau de buffles d’eau – dix bufflonnes, un buffle et quelques bufflons. Anita Lerch

a acquis les trois premières bêtes il y a quelques années déjà, un article de journal sur l’élevage des buffles ayant éveillé son intérêt. «Je voulais tester si les bufflonnes pou-vaient être une alternative aux vaches laitières. Quand on est paysan, il est essentiel de se développer.» Le lait de bufflonne est devenu un pro-duit de niche très prisé, utili sé avant tout pour la fabrication de la Mozzarella. Et le prix du litre est quatre fois plus élevé que celui du lait de vache. «Les bufflonnes donnent net-tement moins de lait que les vaches, par contre, elles valo-risent mieux le fourrage et ont besoin de moins d’ali-ments concentrés. Elles sont donc plus profitables», ex-plique Anita. C’est pour cette raison que les paysans déci-dèrent de passer à l’étape sui-vante et d’agrandir leur trou-

CONSTRUCTION D’UNE NOUVELLE ÉTABLE POUR LES BUFFLES D’EAU DANS L’EMMENTAL

Qu’est-ce qui est gros, noir, avec des cornes et qui donne du lait? Non, ce ne sont pas les vaches, mais les bufflonnes d’eau. Anita Lerch et Martin Blaser en élèvent une bonne douzaine dans leur ferme de l’Emmental.

Anita Lerch porte les buffles dans son cœur, même s’ils la mettent parfois à dure épreuve.

P A N O R A M A

Des animaux qui ont leurs petites lubies

Venus d’AsieLes buffles d’eau sont ori-ginaires d’Asie, où ils sont élevés depuis quelque 5000 ans pour labourer les champs et pour leur viande et leur lait. En Europe, ils sont surtout répandus en Italie, Roumanie et Hon-grie. Le lait de bufflonne a une teneur en graisse deux fois plus élevée que celle du lait de vache. En Italie, il sert traditionnellement à la production de Mozarella.

peau de buffles. Ils disposaient de suffisamment de place pour les faire paître. Par con tre, il leur manquait une étable – ainsi que les moyens pour la fi-nancer. «C’est grâce à l’Aide Suisse aux Montagnards que nous avons pu la construire».Cela fait un an de cela, et Anita est contente avec ses buffles. Seule la commerciali-sation pose encore quelques problèmes. «Dans les environs, il n’y a que peu de fromageries qui traitent le lait de bufflonne et elles ne fabriquent que de la Mozarella», commente Ani-ta. «Il faudrait diversifier les produits, en fabriquant par exemple des yogourts ou du fromage de bufflonne mi- dur», selon elle. Cette pay-sanne qui a le sens des affaires a donc entrepris de commer-cialiser elle-même son lait de bufflonne. Elle a imprimé des prospectus et pris contact avec des détaillants et des pe-tits commerces dans les villes.«On n’a rien sans rien», dit-elle en tapant sur le flanc d’une bufflonne. «Bon c’était la der-nière, maintenant c’est à nous, Myrtha!»www.aideauxmontagnards.ch/gohl

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LIBINGEN/SG Libingen dans le Toggenburg a tout ce qui caractérise un vrai village: une école, une église, une boulangerie, deux restau-rants et un magasin de village. Or, les jours de ce dernier semblaient comptés. La gérante devait prendre sa retraite et on ne lui trouvait pas de successeur. De plus, le magasin était en mauvais état et le chiffre d’affaires ne cessait de dégringoler. Les habitants de Libin-gen se posèrent alors la question: «valait-il la peine de sauver leur magasin?» Ils en délibérèrent lors d’une assemblée de la coopéra-tive de consommation et la proposition de le conserver remporta une adhésion massive. La plupart des 300 habitants que compte Libingen ont souscrit de nouveaux bons de participation et ont été d’accord d’investir 500 francs chacun. Plus de 100000 francs ont ainsi pu être récoltés. Avec une hypothèque, les subsides de la com-mune et le soutien de l’Aide Suisse aux Montagnards, les fonds né-cessaires au réaménagement du magasin ont pu être réunis. (max) www.aideauxmontagnards.ch/libingen

Sonja Kläger travaille comme auxiliaire au magasin du village. Mais elle est de surcroît cliente et ravie de ne plus devoir se rendre à Wattwil pour faire ses courses.

Quel est le dernier projet que vous avez visité?Je suis allé voir dernièrement une coopérative d’alpage dans l’Oberland bernois. Elle avait sollicité notre soutien pour l’as-sainissement des installations d’approvisionnement en eau et la construction d’un réservoir.

Vous recommandez de soutenir le projet. Pourquoi?La qualité de l’eau sur cet al-page ne correspond plus aux normes en matière d’hygiè-ne. Or, ce n’est que lorsque les bêtes ont de l’eau propre, que l’on obtient du lait et du fromage d’alpage d’excellen-te quali té. Pour moi, il était évident que l’avenir de l’exploi-tation d’alpage, base de vie de plusieurs familles de paysans de montagne, ne pouvait être assurée que par de nouvelles installations d’approvisionne-ment en eau.

Le village reste un vrai village

P A N O R A M A

Point de vue d’un expert

Markus Schlatter, expert bénévole

DAVOS-WIESEN/GR Des jours sans avoir mal au dos, c’est chose rare pour Beat Rieder. Quand il était gosse, il est tombé d’un fenil et s’est fracturé le crâne. La blessure a guéri rapidement sans lais-ser de séquelles. Mais per-sonne n’a remarqué que son

Quand il travaille dans sa nouvelle étable, Beat peut désormais ménager son dos. Une grue à foin le décharge des travaux physiques les plus pénibles.

dos aussi avait souffert: trois vertèbres cassées qui se sont consolidées tant bien que mal. Or, avec la croissance, les dou-leurs arrivèrent. Pour déchar-ger son dos, Beat et son épouse Seraina ont aménagé leur exploitation de monta- g ne à Wiesen de façon à ce

que les machines puissent ef-fectuer les travaux les plus pénibles. Une démarche qui s’est avérée bénéfique. Dans la vieille éta ble à stabulation entravée, le foin devait ce-pendant encore être réparti manuellement.Avec le soutien de l’Aide Suisse aux Montagnards, les Rieder purent finalement transfor-mer cette ancienne étable. Beat transporte désormais le foin au moyen d’une grue et l’évacuation du fumier est de-venue moins pénible. La nou-velle étable ne fait pas seule-ment le bonheur des paysans. Le bétail aussi se sent à l’aise dans cette étable plus spa-cieuse et à stabulation libre. Et, depuis qu’elles ont démé-nagé, les vaches des Rieder donnent davantage de lait. Beat: «C’est la meilleure preu-ve que la transformation va lait vraiment la peine.» (max)www.aideauxmontagnards.ch/libingenwiesen

Une nouvelle étable fait le bonheur du bétail et du paysan

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Avec vue sur l’ItalieCONSTRUCTION D’UNE NOUVELLE ÉTABLE À STABULATION LIBRE DANS LE VAL POSCHIAVO

Les Lanfranchi exploitent un domaine tout au bout de la Suisse, dans le Val Poschiavo. L’avenir de cette famille de paysans de montagne est désormais assuré grâce à la construction d’une nouvelle étable à stabu-lation libre.

P A N O R A M A

Max Hugelshofer

VIANO/GR «Tu vois ce pré là-bas? C’est déjà l’Italie», dit Ivan Lanfranchi, qui vit avec son épouse Stefania et leurs enfants Eleonora (10), Elia (7) et Chiara (4) à Viano au fin fond du Val Poschiavo. Le ter-me «au fin fond» n’est cepen-dant approprié que du point de vue cartographique, car depuis Brusio, l’étroite route mène bien vers le sud mais en remontant un versant très

pentu. Viano est à 1300 m. d’altitude. 790 personnes y vivent et Stefania a grandi au village. Depuis là, on aperçoit, en direction du sud, la peti te ville italienne de Tirano. Et Sondrio, la capitale de la pro-vince, n’est qu’à une demi- heure de route. Par contre, quand les Lanfranchi veulent se rendre à Coire, le chef-lieu des Grisons, ils doivent fran-chir deux cols. Un trajet de

plus de deux heures en voi-ture.Malgré cela, les Lanfranchi ne se sentent pas le moins du monde Italiens, mais totale-ment Suisses. Ils font leurs courses dans la vallée, même si les prix sont sensiblement

plus bas au-delà de la frontière. Pour la construction de leur nouvelle étable, terminée de-puis l’automne dernier, ils ont aussi travaillé exclusivement avec des entreprises suisses. «Nous profitons des solides in-frastructures de la Suisse et veillons à ce que les régions ex-centrées ne soient pas laissées pour compte», dit Ivan. La fa-mille n’a que peu de contacts avec l’Italie et les paysans qui vivent dans la région. Un jour, Ivan a tenté de livrer le lisier qu’il avait en surplus à une ins-tallation de biogaz en Italie. Une initiative qui déclencha une avalanche de formulaires administratifs. Il renonça donc et garda son lisier en Suisse.C’était du temps où il avait encore ses vaches à Brusio, dans une étable qu’il louait. La fosse à purin y était trop petite et l’étable ne répondait par ailleurs plus aux prescrip-tions en matière de protec - tion des animaux. Avec la nou-velle étable à Viano, construite avec le soutien de l’Aide Suisse aux Montagnards, l’exploita-tion est désormais parée pour l’avenir. Les vaches appré - cient cette étable spacieuse, qui procure par ailleurs aux Lafranchi un allégement consi-dérable de leur travail.www.aideauxmontagnards.ch/viano

Les Lanfranchi sont fiers de leur nouvelle étable.

La nouvelle étable de la famille Lanfranchi. La forêt à l’arrière fait déjà partie de l’Italie.

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R É T R O S P E C T I V E

ajusteur, et Pascal, 17 ans, est en première année d’appren-tissage d’ajusteur, lui aussi. Ils doivent faire des trajets d’au moins trois quarts d’heure entre leurs jobs respectifs et la maison, mais ne sont pas prêts à tourner le dos à leur chez-soi. Leur mère Edith té-moigne: «Ils sont très attachés à leur région.» Il en est de même avec l’exploitation pay-sanne. Tous les deux donnent un coup de main de leur propre gré et se chargent aussi volon-tiers de l’étable et de la maison lorsque leurs parents font leur excursion annuelle tradition-nelle. L’un deux reprendra-t-il le domaine un jour? «C’est en-

Max Hugelshofer

ISENTHAL/UR «C’est incroya-ble comme le temps passe», s’exclame Andrea Bissig. «Ce -la fait déjà dix ans que nous avons déménagé dans cette nouvelle demeure.» Pour Andreas et son épouse Edith, c’est toujours leur «nouvelle maison». Ils apprécient gran-dement le confort qu’elle leur a apporté au quotidien.Les Bissig vivent à Isenthal, au fin fond du Kleintal où ils ex-ploitent un domaine agricole de montagne dédié à l’élevage des veaux. Leur fille Karin est partie de la maison pour aller vivre dans la vallée. Par contre, les deux fils sont encore là. Marco, 21 ans, travaille comme

Le déménagement a simplifié les choses

CONSTRUCTION D’UNE DEMEURE DANS LE CANTON D’URI

Lorsque l’Aide Suisse aux Montagnards soutient un projet, elle aide certes la popu-lation de montagne qui se trouve dans une impasse, mais ce qu’elle vise surtout, c’est un développement à long terme. Nous vous livrons, dans cette rubrique, une rétrospec-tive des projets qui ont été présentés dans ce journal il y a une dizaine d’années.

À l’époque, tout était exigu et sombre, l’air s’infiltrait entre les fissures et comme il n’y avait pas de place près du chauffage, les Bissig devaient charrier chaque semaine le bois de chauffage depuis l’étable. Aujourd’hui, la réserve pour tout l’hiver est stockée à côté du brûleur. «Nous n’aime-rions plus quitter cette mai-son». Ils ont pu la construire, il y a dix ans, grâce au soutien de l’Aide Suisse aux Monta-gnards. «L’investissement va-lait la peine», déclare Andreas. «Nous en profitons quotidien-nement.»www.aideauxmontagnards.ch/isenthal

core trop tôt pour le dire» selon Andreas, qui n’a cepen-dant aucune crainte que per-sonne ne continue l’exploita-tion. Une chance donc que la «nouvelle» maison dispose de deux appartements séparés. À l’étage supérieur, la mère d’Andreas a encore vécu deux ans après le déménagement. Actuellement, les deux jeunes se partagent l’appartement à l’étage. Le grenier pourrait aus-si être transformé à peu de frais, il y aurait donc de la place pour loger une jeune famille.«Nous sommes vraiment ravis de cette maison. Aucune com-paraison possible avec l’an-cienne», dit Edith.

Les Bissig ont l’impression d’avoir déménagé récemment. Cela fait pourtant 10 ans qu’ils n’ont plus à subir les courants d’air qui s’infiltraient dans leur ancienne demeure.

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P O R T R A I T

Des moutons, des moutons et encore des moutons. La vie de la famille Brog de Meiringen tourne autour des ovins. Heinz et Ruth nous racontent comment tout a commencé et ce à quoi ils aspirent.

«Avant, je considérais que les moutons étaient bêtes»

TRANSFORMATION D’UN CHALET D’ALPAGE POUR DORMIR DANS LA LAINE DE MOUTON À SCHATTENHALB

Propos recueillis par Max Hugelshofer

Heinz Brog: «J’ai toujours considé - ré que les moutons étaient sans intérêt. Je les trouvais bêtes et peureux car ils s’enfuient quand quelqu’un s’approche. Et pour moi être paysan, c’était élever des vaches. Un jour, je suis allé avec le club de Jodel en Valais et l’un de nos hôtes m’a montré ses moutons à tête

noire. Ils étaient si paisibles et confiants que je me suis entiché. Peu de temps après, j’ai reçu pour mon 30ème anni-versaire deux de ces moutons à tête noire, offerts par Ruth et nos deux en-fants. Cela m’a fait plaisir mais j’étais loin de penser que cela allait devenir plus qu’un simple hobby.»

Ruth Brog: «Ces moutons étaient là et il fallait qu’on songe à les tondre. Nous nous demandions ce que nous allions faire de la laine. De nombreux éleveurs la jettent tout simplement car elle n’a pas de grande valeur. Je trouvais cela dom-mage. J’ai donc fait laver et carder la laine. Puis je me suis mise à la feutrer pour en faire, à titre d’expérience, un chapeau pour Heinz.»

Heinz: «Le maudit couvre-chef grat-tait – ce n’est que plus tard que l’on a dé-couvert que l’on avait utilisé la mauvaise partie de la laine, mais j’ai quand même continué à le porter car il était cent pour cent étanche et inusable. J’ai alors réalisé que la laine de mouton était une matière première formidable.»

Ruth: «Depuis ce moment-là, tout s’est développé petit à petit. J’ai suivi des cours pour feutrer la laine, fait de nom-breux essais et ai sans cesse découvert de nouvelles choses que l’on pouvait réaliser avec la laine de mouton. Nous avons aug-menté continuellement notre cheptel et nous nous sommes très rapidement limi-tés à l’élevage des ovidés. Pour le feu trage, j’ai obtenu l’aide d’amies et j’ai vendu nos produits faits main sur le marché. Pour pouvoir travailler la laine nous-mêmes, nous avons fait l’acquisition d’une car-deuse d’occasion. Aujourd’hui, notre entre-prise WollReich GmbH est située au centre de Meiringen dans le bâtiment d’une an-cienne imprimerie que nous louons. La laine se traite au rez-de-chaussée. Et l’ate-lier et un local de vente sont à l’étage.»

Heinz: «Nous traitons la laine de nos 120 moutons, mais en achetons aussi en complément. Nous travaillons sur com-mande et la vente marche bien. Pas seule-ment au magasin. Nous livrons beaucoup à divers commerces et organisations. Cela a pris quelques années mais maintenant tout suit son cours. Nous pouvons enfin payer un salaire à un auxiliaire qui nous

Les Brog ont fait de leur ancien chalet d’alpage un vrai bijou – et une vitrine pour leurs produits en laine de mouton.

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P O R T R A I T

De petits chefs-d’œuvre voient le jour dans l’atelier de Ruth.

Toute la famille donne un coup de main pour le cardage de la laine.

a aidés bénévolement pendant de nom-breuses années, et passer à la vitesse su-périeure.»

Ruth: «Un élément-clé de notre offre, c’est la literie en laine: protège- matelas, couvertures et surtout des oreillers remplis de laine vierge de mou-ton, qui garantissent un meilleur som-meil. C’est vraiment le cas, mais me croit-on vraiment? Je ne veux pas faire de baratin, il faut que les gens fassent l’expé-rience eux-mêmes. C’est la raison pour laquelle nous avons jusqu’ici toujours proposé nos articles de literie à l’essai.

Mais c’est un peu com pliqué. Nous avons donc recherché une solution plus adap-tée. Nous l’avons trouvée dans notre vieux chalet d’alpage, que nous n’utili-sions pratiquement plus. Grâce au sou-tien de l’Aide Suisse aux Montagnards, nous l’avons transformé en un petit loge-ment très douillet. Les personnes intéres-sées peuvent y dormir dans la laine de mouton. Les abat-jours, les coussins d’as-sise, la décoration et même l’isolation des parois sont également en laine de mou-ton. C’est pour ainsi dire une grande vi-trine habitable pour la promotion de nos produits.»

Heinz: «Le chalet d’alpage permettra de stimuler nos ventes, j’en suis certain. Mais nos projets vont bien plus loin en-core. Nous projetons de concentrer toutes nos activités chez nous, dans le hameau de Geissholz, dans un centre de compé-tence dédié à la laine. Atelier, boutique et bistrot sous un même toit. Les visiteurs devront pouvoir y suivre la fabrication de nos produits de A à Z.»

Ruth: «C’est encore de la musique d’avenir, mais nous sommes persuadés d’y »

Heinz Brog et ses moutons à tête noire, qui ont inspiré de nombreux projets.

parvenir. Nous pourrons alors payer plu-sieurs assistants motivés. Toute la fa - mille est atteinte par le virus de la laine. Non seulement Heinz et moi, mais aussi notre fils Patrick, 24 ans, et notre fille Jasmin, 21 ans. Ils sont passionnés et donnent le meilleur d’eux-mêmes. C’est un réel bonheur de pouvoir partager ainsi sa passion.www.aideauxmontagnards.ch/ schattenhalb

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600 kilomètres à pied pour une noble cause

CÉDRIC MONDADA TRAVERSE LES ALPES POUR RÉCOLTER DES DONS POUR L’AIDE SUISSE AUX MONTAGNARDS

Dans son parcours pour récolter des dons, Cédric Mondada traversera près de deux douzaines de cols alpins.

E N E X C L U S I V I T É

Alors que d’autres se feront bronzer au soleil quelque part sur une plage, Cédric Mondada

a de grands projets pour cet été: du 2 au 31 août, ce Vaudois a l’intention de par-courir à pied, sur le chemin des cols al-pins, les 600 kilomètres qui séparent Coire de St-Gingolph, au bord du lac Lé-man. Ce sont plus de 20 cols qui l’at-tendent et quelque 40000 mètres de dénivelé. «Je ne suis pas vraiment spor-tif, mais j’aime les défis» précise-t-il, tout sourire. Et il en a toujours été ainsi. A 16 ans, Cédric a fait le voyage à vélo-moteur de Lausanne aux Grisons pour y faire une randonnée de deux semaines dans le Parc national. Sa passion pour la randonnée, il l’a héritée de son père. «Quand j’étais enfant, il m’a toujours emmené avec lui en montagne les week-ends et lors de nos vacances chez mes grands-parents, dans les Alpes vaudoises.»

Les montagnes sont depuis toujours le symbole de la patrie pour Cédric. Il y a quelques années, il y a même élu domi-cile en s’installant avec son épouse et ses deux enfants dans le chalet des grands-parents, dans le pittoresque vil-lage de Villars-sur-Ollon. «Quand je re-viens de mon travail le soir, j’ai toujours un peu l’impression d’être en vacances», explique notre homme de 43 ans, qui est gérant de fortune à Genève. «C’est pour cela que j’assume volontiers les longs trajets». Mais ce n’est pas seule-ment la nature que Cédric apprécie au cours de ses randonnées en montagne. «Je ressens aussi une complicité très forte avec la population de montagne, dont j’admire la ténacité, le sens de

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L E T T R E S D E R E M E R C I E M E N T S

Merci!L'Aide Suisse aux Montagnards reçoit quotidiennement des lettres, dans lesquelles des familles ou des particuliers remercient les donatrices et donateurs pour leur précieux soutien. Nous vous en transmettons quelques-unes ci-après.

Grue à foin appréciéeNous venons enfin vous remercier de tout cœur pour votre grand soutien financier pour la construction d’une nouvelle étable. Les travaux ont bien avancé. Tout n’est pas encore terminé mais la nouvelle grue à foin allège déjà considérablement notre travail pour l’affouragement des vaches. Un grand merci pour votre aide de la part de toute la famille. Famille R., canton de Vaud

Lumière et air frais Après une période très intensive, nous avons enfin notre nouvelle étable. Nos bêtes peuvent se déplacer librement et bénéficient de lumière et d’air frais. Pour notre famille, cette nouvelle étable repré-sente un allégement de travail considé-rable. L’exploitation peut se faire plus effi-cacement, sans que la santé de la famille s’en ressente. Nous vous remercions énor-mément d’avoir pu réaliser notre projet grâce à votre contribution. Famille B., canton des Grisons

l’hospitalité et la façon détendue d’ap-privoiser le temps. Je suis par ailleurs un grand amateur de produits des régions de montagne.» À la recherche de ti-sanes à base d’herbes alpestres, il a fait un jour la connaissance des femmes herboristes du Toggenburg, un projet soutenu par l’ASM. Et depuis lors, il commande toujours leurs tisanes et ap-porte son fidèle soutien à l’Aide Suisse aux Montagnards.

Cet été, Cédric veut aller plus loin en-core: l’objectif de son parcours à travers les Alpes est d’inciter les gens à faire des dons. «J’aimerais restituer aux po-pulations de montagne un peu de ce qu’elles nous donnent et les remercier de produire dans leurs exploitations al-pestres non seulement des produits au-thentiques de qualité mais aussi de pré-server ces paysages uniques qui nous procurent des expériences de randon-née inoubliables.» Pour Cédric, l’objectif ambitieux de récolter le plus de dons possible est à la hauteur du défi phy-sique que lui infligent les 600 kilo-mètres de marche en 30 jours. «Je ne suis pas sûr d’y arriver.» Cartes de ran-donnée et GPS à l’appui, il s’entraîne ce-pendant déjà depuis le mois de mars avec une discipline de fer. «Dans la na-ture, il est impossible de tout contrôler. Je pourrais me blesser en chemin et les orages pourraient retarder ma progres-sion, mais je nourris de bons espoirs et compte donner le meilleur de moi-même.»

Suivez Cédric et faites des dons vous aussi!

Faites que Cédric ait le vent en poupe en faisant un don à l’Aide Suisse aux Montagnards. Vos con-tributions peuvent s’effectuer par kilomètre parcouru, par jour ou sous forme de forfait.Annoncez votre don dès à présent sur cedric.aideauxmontagnards.ch. Vous pourrez y suivre en live et en images le parcours de Cédric à tra-vers les Alpes, car en août, nous re-laterons régulièrement ses exploits.

Enfin une nouvelle route d’accès Le temps passe vite. Plus d’une année s’est écoulée depuis que nous vous avons adressé notre demande de soutien pour notre projet de route. Un expert bénévole est venu nous voir et s’est fait une idée du projet et de notre exploitation. Nous nous rappelons qu’il nous a dit que ce n’était pas lui qui avait le dernier mot, mais qu’il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour que nous obtenions le soutien de l’Aide Suisse aux Montagnards. Notre joie a été immense lorsque nous avons reçu votre approbation. Entre-temps, la route est ter-minée et elle facilite notre quotidien. Sans votre aide, ce projet n’aurait pas pu être réalisé avant longtemps.Famille M., canton de St-Gall

Une satisfaction de chaque instantLa nouvelle étable est enfin terminée et mon bétail y séjourne déjà depuis plu-sieurs mois. Mes vaches de la race brune ainsi que le jeune bétail sont tout comme moi super heureux. En comparaison avec avant, c’est un allégement de travail énorme. Sans votre généreux soutien, le projet n’aurait jamais été réalisable. En-core un très chaleureux merci. Famille B., canton d’Obwald

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D O N S

Un calculateur en ligne pour les

testaments

De nombreuses personnes ne savent pas comment gérer leur succession. Et c’était aussi le cas de Nicole Strausak. Lorsqu’elle en a pris conscience, elle a décidé de déve-lopper un calculateur pour les testaments qui offre rapidement un aperçu de la situa-tion sur le plan légal. L’Aide Suisse aux Montagnards a mis récemment en ligne ce calculateur sur son site Internet.

Nicole Strausak a remarqué que de nombreuses personnes étaient mal informées sur leur situation en matière de succession. Elle a donc décidé de changer la donne en créant un calculateur pour les testaments.

Max Hugelshofer

La loi réglera bien le problème». Un argument quiest peut-être plus plausible en Suisse qu’ailleurs.Pourtant, lorsqu’il s’agit de succession, on n’est pas à

l’abri de mauvaises surprises. Cela vient du fait que le droit successoral suisse date de 1912 et qu’il n’a pratiquement pas été révisé depuis. Il ne tient pas compte des nouveaux modes de vie, comme par ex. les couples non mariés. Mais même pour les couples mariés qui ont des enfants, les dispositions légales ne sont pas forcément évidentes. Le calculateur pour testaments sur www.aideauxmontagnards.ch vous révélera comment les succes-sions se règlent en fonction des situations personnelles, com-ment la fortune est répartie en l’absence de testament, quelles sont les réserves légales et quelle est la marge de manœuvre pour favoriser des proches ou des institutions. Un procédé simple,

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Dons en généralVous faites un don à l'Aide Suisse aux Montagnards en effectuant un versement. C'est l'Aide Suisse aux Monta-gnards qui décide quel projet doit être soutenu.

Dons à thèmeVous avez la possibilité de choisir le domaine dans lequel vous souhaitez que votre don soit investi: «Habitat et ferme», «Alpage et fromage» ou «Innovation et avenir». C'est à vous de décider. La contribution annuelle pour de tels dons a été fixée à Fr. 480.–.

Dons en faveur d'un projetVous faites un don en faveur d'un projet concret. Vous trouverez une sélection des projets à soutenir sur www.aideauxmontagnards.ch. Nous tenons par ailleurs à votre disposition une liste des projets actuels. Le mon-tant minimum pour ce genre de dons est de Fr. 1000.–.

Dons à l'occasion d'un événementUn anniversaire, un jubilé, un mariage ou tout autre évé-nement festif constituent toujours une bonne occasion de penser aux personnes qui ont besoin d'aide.

Dons de condoléancesSuite à un décès, vous pouvez également faire un don à l'Aide Suisse aux Montagnards à la place de couronnes ou de fleurs, lorsque le défunt ou sa famille en ont exprimé le désir. Vous trouverez toutes les indications utiles sur www.aideauxmontagnards.ch à la rubrique Dons/Dons en cas de décès.

Successions et legsVous souhaitez léguer des biens à l'Aide Suisse aux Mon-tagnards? Martin Schellenbaum se fera un plaisir de vous conseiller. Tél. 044 712 60 56. Notre brochure «Donner une chance à la vie en montagne» vous livre également de précieux conseils en matière de testaments.

Modes de versementCompte postal 80-32443-2IBAN CH44 0900 0000 8003 2443 2Compte WIR 264641-38-0000Ou utilisez simplement le bulletin de versement annexé. Nous vous remercions très chaleureusement pour votredon! Pour de plus amples informations: www.aideauxmontagnards.ch

Avez-vous des questions relatives aux dons? Appelez- nous! Nous nous ferons un plaisir de vous conseiller. Vous pouvez nous joindre par téléphone au: 044 712 60 60 ou par e-mail: [email protected]

Dons à choixrapide et anonyme. Ce calculateur a été développé par Nicole Strausak avec un logiciel. Ancienne manager dans une grande en-treprise suisse, elle n’a pas d’enfant et n’est pas mariée. Ce sont ses calculs réguliers de prévoyance vieillesse qui l’ont amenée à réfléchir, à 40 ans, à la planification de sa succession. «Cela m’a obligée à rechercher et à rassembler de nombreuses informa-tions», déclare-t-elle. «Et ce que j’ai découvert m’a interpellée: mon compagnon, qui est la personne la plus importante dans ma vie, n’aurait pas reçu un centime, si j’étais décédée le jour sui-vant.» Nicole Strausak s’est donc mise à rédiger son testament sans tarder et décida de développer un calculateur. «J’ai constaté au cours de mes conversations avec des amis et connaissances qu’ils n’étaient pas non plus vraiment au courant de leur situa-tion en matière de succession. C’est ainsi que l’idée d’un calcula-teur interactif m’est venue.»

Le calculateur sera actualisé en permanenceL’objectif poursuivi est clair: épargner aux autres des recherches fastidieuses, comme elle l’a expérimenté elle-même, en propo-sant un procédé simple, rapide et ludique afin que chacun puisse décider en son âme et conscience s’il veut établir un testament ou si les dispositions légales lui conviennent. Ce calculateur, qui sera automatiquement adapté en cas de modifications du droit successoral, est disponible de suite sur:www.aideauxmontagnards.ch

Cliquez sur le calculateur pour testaments sur la page d’accueil de: www.aideauxmontatnards.ch 1 Entrez votre situation familiale. 2 Vous verrez immédiatement comment sera répartie votre succession entre vos héritiers. À gauche, la situa- tion en l’absence de testament, à droite vous découvrirez quels sont vos héritiers qui ont un droit légal ainsi que la part dont vous pouvez disposer librement par voie testa- mentaire. À la fin, vous avez la possibilité d’imprimer le résultat et de planifier les prochaines étapes.

Comment cela fonctionne:

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Fondation Aide Suisse aux MontagnardsSoodstrasse 55, 8134 Adliswil, téléphone 044 712 60 60www.aideauxmontagnards.ch, [email protected] postal 80-32443-2