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LES oA,M A.RAD ES adTt ssercnr tout cc qi~i concerne l' ana rchie à A. MARÉ & A. LIBERTAD 22. rue du Che,.-de-la-Barre P .AIU S-XVI Il FRAOIII Trois Mois..... .... . 1 1 Six Mois. .. .. .. .. 1 v Un An 0 J> Ji:TIIA.NGER Trois Mois. .. . .. .. . Z 1 Six Mois ........... 4. li Un An 8 i, PARAISSANT TOUS LES JEUDIS QuATRIÈ. '1E ANNÉE - N° 112 _J CIX CENTIMES JEUDI 23 JUI LLET 1908 Demain!!! 1 Demain, c'est l'i nconnu. Demain, c'est l'énigme qui balance à la fois la crainte et l' espoir de l' humanité; la crainte de ceux qui sont, l' espoir de ceux qui veu- lent être. C' est le point d'interrogation vers lequel tous les yeux se tournent, avides de savoir si le retour de l' aube apportera la réalisation ou l' écroulement du rêve si longtemps chéri. Demain n'existe pas, ne peut exister que dans l' imagination des hommes, puisque en lui-même il n'est qu'une abstraction; demain concrétise dans la pensée humaine toutes sortes de rêves, toutes sortes d'aspirations. Ce simple mot n'est tout celà que parce que les hommes ne savent pas vivre; ils espèrent tous et toutes leur existence que demain remplira le vide qu'ils sentent dans leur vie d'aujourd'hui. Obsédés par le but vers lequel ils tendent, ils voient à regret l' intervalle qui les en sépare. L'un voudrait être à deux jours de là, cet autre à deux mois, celui-ci à deux ans. Nul n'est content de l' heure présente, tous la trouve trop longue à passer, parce que nul ne veut vivre au jourd'hui. La plus grande partie de l'humanité tra- vaill e, peine, endure des pri vations, pour que la matière brute se transforme, pour que les forces de la nature soient domptées, et deviennent productrices de richesses. Mais à la somme des richesses produites, une petite minorité emprunte la plus large part, parce que les producteurs, la majorité, sont des imbéci les, assez bêtes pour nourr ir les frelons. Ce n'est pas pendant qu'il s s ont en état de goûter aux fruits de leur travail, ce n'est pas pendant qu'ils sont jeune s et forts, pendant qu'ils ont la puissance que les pro- ducteurs veulent vivre. Non. Qjr and, possé- dant le maximum de leur puissance produc- trice, ils sont en état d'exercer et de satisfaire leur puissance de consommation, ils ne le veulent pas. Ce sont des eunuques se châ- trant eux-mêmes. Tout gosse on leur a appris les princi pes de l' épargne, on leur a fait mett re de coté les quatre sous qu'il est d'usage de donner aux petits à l'occasion des grands événements de la vie enfantine. On leur a dit qu'il faut économiser pendant qu'on est jeune afin, la vieillesse venue, de ne pas se trouver dans le dénûment. On leur a appris le chemin des sociétés de prévoyance, de secour s mutuels, d'épargne j hommes, ils se laissent bercer da ns la douce couchette des retraites ouvriè- res, que leurp aresse leur fait espérer comme l'idéal rêvé. Et tous : honnêtes ouvriers, pères de famill e ou ménagères, putains ou maque- raux, commerçants ou cambri oleurs, fonc- tionnaires ou paysan,;, tous ceux en un mot 1ui luttent chaque jour pour vivre, 'travail- nt pour demain. Ils rêvent de la maison de la maison de campagne, et de la vie-tran- quill e qui les attend plus tard, s'ils ont su se priver suffi samment pour amasser des rentes. Ou 'importe qu'ils ne satisfassent pas leurs désirs, au moment où ils les éprouvent, qu'importe qu'ils ne mangent, qu'ils ne dorment, qu'ils n'aiment qu'à la ration parci - monieusement mesurée ils, se rattraperont plus tard, .. . demain. Ils se rattraperont quand ils auront perdu l'usage de leurs membres, ils songeront à s'aller promener, quand, perdues de rhuma- tismes, leurs jambes refuseront de les porter. Ils essaieront de regarder les beautés de la nature, quand leurs yeux n'y verront plus lair, Ils viendront écouter chanter les oiseaux, sentir les fleurs, alors que leur s sens seront· émoussés Ils viendront goûter des f ruits, déchirer la viande succulente alors que leur bouche sera dépourvue de dents, et que leur estomac délab, refusera toute nourri - ture. Oui, ils voudront celà, ils voudront ivre, ils voudront aimer, ils voudront jouir, quand tous les ressorts de leur organisme quelle tranquillité la masse ouvrière, privée de seront brisés. lis voudront vivre, alors qu'ils tout agrément, de tout plaisir, _de tout~ satis f ac- seront prêts de m iurir. uo n même, apprend un p~r~1/ gaspz_llage des Tel est l' état d'esprit de la majorité des f orces de la nature et du gente humain, hommes. Seule la petite minorité des oisif s * s'eff orce de vivre chaque minute de son SANS EXCEPTION existence, dans la crainte qu'un catacl ysme Chamf ort, dans ses Caractères et ~necdotes, ne vienne interrompre cett e idylle car elle nous elle ces paroles de M. de Marville: it f t bi · d'êt 'd, d « li ne peut y avoir d'honnête homme à la sai ,or ren que sa raison e re ne epen . . d d d' h · d I fi l police que le lieutenant de police, tout au plus,» qu~ U egre avac issernent e a ou e Hélas, tout tombe en décadence, la police qu elle ~ouverne. . . aussi, le sieur de · Marville, en 1908 ne Aussi les anarchistes disent : pourrait plus Jaire d'exceptions Lépine et Hommes, il n'est pas de demain, c'est Clemenceau se targuent de donner l'exemple en aujourd'hui qu'il faut vivre, car vous le tout, même et surtout en « vacheries ». savez, la vie ne tient qu'à un fil et peut-être + demain serons-nous tous crevés. DIS MOI QUI TU HANTES ... Les endormeurs prétendent que le livre de la vie est écrit à l' avance et que chacun suit sa destinée. . C' est faux. li n'y a rien d'écri t à l'avance. Chaque jour, nous avons à remplir la page du livre, et nous écrivons une page de joie ou une page de douleur , suivant ce que nous avons su faire. li n'est pas en notre pouvoir d'accélérer ou de ralentir à notre gré la marche du temps, mais ce que nous voulons faire, c'est qu'aucune des minutes qui nous séparent de l' instant où notre être sera rendu à la ci rculation universelle, ne soit perdue; nous voulons les vivre toutes, pleinement, intensément, parce que nous sommes des amants de la vie. Notre façon de comprendre la vie, nous permet d'att endre demain avec sérénité. Nous savons que chaque minute vécue dimi- nue le nombre de celles qui nous restent à vivre, mais ceci ne nous inquiète pas. Le temps fte s'écoule pas trop vite pour nous, car nous s_avons _faire qu'aucun instant ne I a, nous pèse, nous n'avons aucun désir de le 191: voir s'écouler plus vite, nous le suivons dans sa marche, et notre philosophie nous permet de regarder chaque jour écoulé sans regret, parce que nous sommes toujours capables de vivre un lendemain aussi intense que celui que nous venons de vivre. Nous ne négli- geons cependant pas d'envisager des ques- tiens avec l'espoir de les écl aircir plus tard, ni de faire nous aussi des plans, des projets pour demain. Mais jamais cett e pensée ne vient empêcher, retarder, gâter le travail que ] + + + + + + + + + + + + + + + nous sommes en état de faire à l' instant, ni nous priver de jouissances alors que nous 1 + + pouvons les goûter. C ' . ·11 ' l+ + est pour quoi tranqui ement, en reponse à l' interrogation muett e que demain pose 'à 1 + + l'humanité et devant laquell e un si grand nombre tremble, nous disons: Demain sire: nous vivons, nous savons ce que nous ferons .. . nous jouirons de la vie. Et si nous ne sommes plus, nous aurons du moins vécu, la mort ne nous aura pas surpris. Pour l' honneur du nom, de la f amille, de la patrie, pour la vie des temps passés; pour la Fortune à acquérir, pour les Paradis à mériter, pour les Retraites à toucher, pour la .vie aux temps futurs, les hommes concen- tent à mourir.. . Faisant fi de hier et 'de demain, les anarchistes ne veulent risquer la mort que pour vivre aujour d'.hui. · C. CHAVIN. ~ Chiquenaudes ET ·Croquignoles LE CANCER MILITAIRE QJ1and les découvertes ne peuvent séruir au développement des forces policres, elles servent à celui des f orces militaires. Ainsi, voilà l'élec- tricité utilisée comme arme de guerre, d'une toute nouvelle f açon. Un sieur Alf red Pout eaux vient de trouver une nouvelle mitrailleuse qui pourra envoyer 1.200 projectiles à la minute. Tout s'y fera à l'électricité. 011 ne se servira plus de poudre, donc plus de risque d'explosion, plus d'échauffe- ment de la pce. Rien n'est plus eff rayant que de penser avec Il nous vient pai· les gazette: à f aits-divers qu'une poignée d'individus feraient circuler la matière le mieux possible, dans la ville du Havre et ses environs. Ces gasettes signalent les rapports de ces hommes avec les anar- chistes. Jusqu'à preuve du contraire, nous pensons que 'Dame Police s'est plu justement à les éti- queter cambrioleurs à cause de leurs fréquen- tations, et qu'il y a tout simplement dans ces accusations un des trucs f ameux du Guichard havrais. Ce que j'en dis n'est point que Iinsi- nuation nous déplaise. JJJeilleure fréquentation est, pour les anar- chistes, ceux qui f ont bien circuler la matière utile si extra-légalement cela soit-il, que celle de ceux qui ne savent f aire circuler que l'absinthe JJJanillon, le bulletin de vote et les mises en carte. Dis-moi qui tu hantes. ... je te dirai qui tu es. Et si, par les temps qui courent, il ne me gêne pain/ d'être u11 cambrioleur, il me déplai f tou- jours d'être ou un alcoolique ou un socialiste. CANDIDE. LE LIVRE'' '' DE L'ANAR.CHIE UN AN : 7 FR. 50. 12 1 FR. DEUX ANS T μo1s ANS : 18 ·FR. + + e~e: Des Fnrmutes et de l'initiative individuelle. Le activités, les appli cations, les études, les produits constituent, pour emprunter des termes à la langue scientifi qne, autant de conducteurs bons ou mauvais de l'i ni- tiative. Il s la stimulent ou la restreignent. De même les faits. J'imagine qu'il serait instructif et profi - table de dresser la lis.te des événements d'une vie donnée et de déterminer ceux qui ont excit é, provoqué l' initiative, puis ceux qui l' ont entravée ou annihil ée. Voil à qui vaudrait mieux que toutes les bi.ographies dont on nous abreuve et dont l'objet se ré- sume à nous raconter les hauts fait s et les perfections de leurs héros au li eu de nous décrire des hommes, sans plus dissimuler leurs chutes ou leurs faiblesses que leurs triomphes ou leurs quali tés. Les b îogra- phes en sont restés à Homère et aux sur- hommes de l'Iliade, alors qu'une vie d'indi- vidu n'intéresse qu'en tant que leçon. de choses. Certes, ce coté de la crit ique anar- chiste est util e qui fait descendre les demi-dieux de l'Olympe sur la terre. *** En général, toute étude, toute acti vité basée sur des formules est antistimulante de l'initi ative individuell e. Les orthodoxies n'ont jamais engendré que des commenta- teurs, parfois fort habil es, j'en conviens. Ell es ont aussi enfanté les casuistes, c'est à dire les orthodoxes qui veulent demeur er dans le giron de l'orthodoxie tout en la niant dans l' existence pratique. Les nova- + + teurs, les créateurs. les trouveurs, les in- venteurs se trouvent toujours parmi les hérétiques, dans le clan des phil istins. Et c'est fort compréhensible. Les formules ne sont pas faites pour être discutées : leur raison d'être, c'est qu'on les appli que. Une fois établi es, elles ne demandent que des démonstrateurs ou des adaptateurs, null e- ment des init iateurs. Les init iateurs sont toujours juchés pa1 delà les formules. Si les formules établies n'ont que faire des initiateurs, c'est qu'ell es n'exigent que l' effort de la mémoire, la constante de la retenue. Apprenez une bonne fois .à extraire une racine cubique, retenez le mécanisme de la mesure des surfaces et vous pourrez en appliquer les formules à une infinité de combinaisons arithmétiques ou géornëtri- ques. Ce seront tou jours les mêmes for- mules, des rail s sur lesquels vous n'aurez qu'à vous laisser gli sser pour· atteindre un résultat fatal. Il ne s'agit point, bien entendu, de con- tester l'utilit é des formules. Il est ·unique- ment quest ion de signaler le danger auquel expose toute activité où l' individu' est subo?'donné à la formule. En poursuivant l'i dée jusqu'à ses conséquences extmes, on s'apercevra facil ement que si la formule est mauvaise conductrice de l'initiative in- dividuell e, c'est parce qu'ell e supprime la lutte. Point de lutte, point ou fort peu d'initiative. La formule sous-entend un horizon ré- tréci, une sécheresse d'atmosphère intell ec- tuelle. Elle conduit à la plus absurde des prétentions: la superstition de la posses- sion de la vérit e infuse. On connaît l'arbre aux fruit s qu'il porte. De là vient qu'en majorité les découvertes les plus impor- tantes n'ont point été l' œuvre des savants experts, des applicateurs consommés. Les découvreuns sont très souvent des demi- savants, des « sachants », parfois des « de- vinateurs de génie »,.presque toujours des hors-formules dont le le est de jouer la partie. Les savants orthodoxe marquent les points, se bornent à réduire en formule les découvertes de ces francs-tireurs, à en faire I'appltcation, à les perf ectionner. *** , On objectera qû'il n'est produit obtenu ou œuvre accompli e sans l'aide de, for- mules.s Indubitablement. Mais les acti- vités bonnes conductrices de ,l' init iative individuell e sont cell es où l'applicateur subordonne la formule à son œuvre, où il s'en sert comme d'un .bon outil , comme d'un instrument nécessaire qu'on remplace ou qu'on échange dès que le besoin s'en fait sentir. Pourquoi l' initiative indi vi- duelle ne se développe-t-ell e le plus corn- . piètement que dans les œuvres d'imagina- tion, c'est à dire dans les œuvres où la formule est la plus nettement asservie à la pensée ou à la volonté î Parce qu'entre les diverses activit és ce sont celles où l'indi- vidu est le moins circonscrit, le moins Iimités, où les efl orts n'impliquent pas la fatalité des résultats. Parce que de tous les çhamps d'activité, ce sont ceux où ·l'horizon est le plus vaste, où le vent se respire à pleins poumons. Le statuaire renouvell e ses ébauches, les perfectionne jusqu'à ce qu'il se soit rap- proché de la conception de telle ou tell e attit ude corporell e qu'il veut atteindre. L' ex périmentateurcomm unis te recommence ses essais de communisme prati que jusqu'à ce qu'il ait rencontré les individus aptes, au moins pour un temps, à vivre, à. pro- duire, à œuvrer en commun. N'importe qui d'affranchi met à la voile sur l' océan des expériences, en route pour les découvertes, pour les naufr ages aussi. Pour tous il y a lutte, pour tous il y a cette ignorance salu- taire de la réussit e finale, attendue pour- tant, voulue cependant, qui. galvanise l' énergie et réclame la plénitude de l'ef- fort. Il n'y a pas là de formule déflnitive qui engeôle I'Înijiave. Le résultat n'est point aujourd'hui celui espéré, qu'importe, on imprimera une direction autre à l'effort. Le résultat obtenu hier n'engage en rien celui qu'on poursuivra demain. C'est parce que je l' aurai voulu, que je.Iutterai pour y parvenir que j'attendrai le but, non parce qu'une formule m'y aura mené, non parce qu'une bonne moire m'aura permis de retenir la route. + + On peut baser sur des formules un déca- logue, un catéchisme, un code, une reli gion. Une formule ne suffi t pas à ,contenir. toute la complexit é, toute la variété d'aspects d'une vie individuell e. C'est dans un lit qu'elle se creuse ell e-même que coule la véritable vie individuelle. E. ARMAND.

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LES oA,MA.RAD ES adTt ssercnr

tout cc qi~i concerne

l'anarchie

à A. MARÉ & A. LIBERTAD

22. rue du Che,.-de-la-Barre P .AIUS-XVIIl•

• FRA•OIII

Trois Mois.......... 1 1 Six Mois. .. .. .. .. • 1 v Un An 0 J>

Ji:TIIA.NGER

Trois Mois. .. . .. .. . • Z 1 Six Mois .........•.. 4. li Un An 8 i, PARAISSANT TOUS LES JEUDIS

QuATRIÈ.'1E ANNÉE - N° 112 _J CIX CENTIMES JEUDI 23 JUILLET 1908

Demain!!!

1

Demain, c'est l'inconnu. Demain, c'est l'énigme qui balance à la fois

la crainte et l'espoir de l'humanité; la crainte de ceux qui sont, l'espoir de ceux qui veu­ lent être.

C'est le point d'interrogation vers lequel tous les yeux se tournent, avides de savoir si le retour de l'aube apportera la réalisation ou l'écroulement du rêve si longtemps chéri.

Demain n'existe pas, ne peut exister que dans l'imagination des hommes, puisque en lui-même il n'est qu'une abstraction; demain concrétise dans la pensée humaine toutes sortes de rêves, toutes sortes d'aspirations. Ce simple mot n'est tout celà que parce que les hommes ne savent pas vivre; ils espèrent tous et toutes leur existence que demain remplira le vide qu'ils sentent dans leur vie d'aujourd'hui. Obsédés par le but vers lequel ils tendent, ils voient à regret l'intervalle qui les en sépare. L'un voudrait être à deux jours de là, cet autre à deux mois, celui-ci à deux ans. Nul n'est content de l'heure présente, tous la trouve trop longue à passer, parce que nul ne veut vivre aujourd'hui.

La plus grande partie de l'humanité tra­ vaille, peine, endure des privations, pour que la matière brute se transforme, pour que les forces de la nature soient domptées, et deviennent productrices de richesses. Mais à la somme des richesses produites, une petite minorité emprunte la plus large part, parce que les producteurs, la majorité, sont des imbéciles, assez bêtes pour nourrir les frelons.

Ce n'est pas pendant qu'ils sont en état de goûter aux fruits de leur travail, ce n'est pas pendant qu'ils sont jeunes et forts, pendant qu'ils ont la puissance que les pro­ ducteurs veulent vivre. Non. Qjrand, possé­ dant le maximum de leur puissance produc­ trice, ils sont en état d'exercer et de satisfaire leur puissance de consommation, ils ne le veulent pas. Ce sont des eunuques se châ­ trant eux-mêmes.

Tout gosse on leur a appris les principes de l'épargne, on leur a fait mettre de coté les quatre sous qu'il est d'usage de donner aux petits à l'occasion des grands événements de la vie enfantine. On leur a dit qu'il faut économiser pendant qu'on est jeune afin, la vieillesse venue, de ne pas se trouver dans le dénûment. On leur a appris le chemin des sociétés de prévoyance, de secours mutuels, d'épargne j hommes, ils se laissent bercer dans la douce couchette des retraites ouvriè­ res, que leurparesse leur fait espérer comme l'idéal rêvé.

Et tous : honnêtes ouvriers, pères de famille ou ménagères, putains ou maque­ raux, commerçants ou cambrioleurs, fonc­ tionnaires ou paysan,;, tous ceux en un mot 1ui luttent chaque jour pour vivre, 'travail- nt pour demain. Ils rêvent de la maison de

la maison de campagne, et de la vie-tran­ quille qui les attend plus tard, s'ils ont su se priver suffisamment pour amasser des rentes. Ou'importe qu'ils ne satisfassent pas leurs désirs, au moment où ils les éprouvent, qu'importe qu'ils ne mangent, qu'ils ne dorment, qu'ils n'aiment qu'à la ration parci­ monieusement mesurée ils, se rattraperont plus tard, ... demain.

Ils se rattraperont quand ils auront perdu l'usage de leurs membres, ils songeront à s'aller promener, quand, perdues de rhuma­ tismes, leurs jambes refuseront de les porter. Ils essaieront de regarder les beautés de la nature, quand leurs yeux n'y verront plus lair, Ils viendront écouter chanter les oiseaux, sentir les fleurs, alors que leurs sens seront· émoussés Ils viendront goûter des fruits, déchirer la viande succulente alors que leur bouche sera dépourvue de dents, et que leur estomac délabré, refusera toute nourri­ ture. Oui, ils voudront celà, ils voudront ivre, ils voudront aimer, ils voudront jouir,

quand tous les ressorts de leur organisme quelle tranquillité la masse ouvrière, privée de seront brisés. lis voudront vivre, alors qu'ils tout agrément, de tout plaisir, _de tout~ satisfac­ seront prêts de m iurir. uo n même, apprend un p~r~1/ gaspz_llage des

Tel est l'état d'esprit de la majorité des forces de la nature et du gente humain, hommes. Seule la petite minorité des oisifs * s'efforce de vivre chaque minute de son SANS EXCEPTION existence, dans la crainte qu'un cataclysme Chamfort, dans ses Caractères et ~necdotes, ne vienne interrompre cette idylle car elle nous elle ces paroles de M. de Marville:

it f t bi · d'êt 'd, d « li ne peut y avoir d'honnête homme à la sai ,or ren que sa raison e re ne epen . . d d • d' h · d I fi l police que le lieutenant de police, tout au plus,» qu~ U egre avac issernent e a ou e Hélas, tout tombe en décadence, la police qu elle ~ouverne. . . aussi, le sieur de · Marville, en 1908 ne

Aussi les anarchistes disent : pourrait plus Jaire d'exceptions Lépine et Hommes, il n'est pas de demain, c'est Clemenceau se targuent de donner l'exemple en

aujourd'hui qu'il faut vivre, car vous le tout, même et surtout en « vacheries ». savez, la vie ne tient qu'à un fil et peut-être + demain serons-nous tous crevés. DIS MOI QUI TU HANTES ...

Les endormeurs prétendent que le livre de la vie est écrit à l'avance et que chacun suit sa destinée. .

C'est faux. li n'y a rien d'écrit à l'avance. Chaque jour, nous avons à remplir la page du livre, et nous écrivons une page de joie ou une page de douleur, suivant ce que nous avons su faire. li n'est pas en notre pouvoir d'accélérer ou de ralentir à notre gré la marche du temps, mais ce que nous voulons faire, c'est qu'aucune des minutes qui nous séparent de l'instant où notre être sera rendu à la circulation universelle, ne soit perdue; nous voulons les vivre toutes, pleinement, intensément, parce que nous sommes des amants de la vie.

Notre façon de comprendre la vie, nous permet d'attendre demain avec sérénité. Nous savons que chaque minute vécue dimi­ nue le nombre de celles qui nous restent à vivre, mais ceci ne nous inquiète pas. Le temps fte s'écoule pas trop vite pour nous, car nous s_avons _faire qu'aucun instant ne I a, nous pèse, nous n'avons aucun désir de le 191: voir s'écouler plus vite, nous le suivons dans sa marche, et notre philosophie nous permet de regarder chaque jour écoulé sans regret, parce que nous sommes toujours capables de vivre un lendemain aussi intense que celui que nous venons de vivre. Nous ne négli­ geons cependant pas d'envisager des ques­ tiens avec l'espoir de les éclaircir plus tard, ni de faire nous aussi des plans, des projets pour demain. Mais jamais cette pensée ne vient empêcher, retarder, gâter le travail que ] + + + + + + + + + + + + + + + nous sommes en état de faire à l'instant, ni nous priver de jouissances alors que nous 1 + + pouvons les goûter.

C' . ·11 ' l+ + est pourquoi tranqui ement, en reponse à l'interrogation muette que demain pose 'à 1 + + l'humanité et devant laquelle un si grand nombre tremble, nous disons: Demain sire: nous vivons, nous savons ce que nous ferons ... nous jouirons de la vie. Et si nous ne sommes plus, nous aurons du moins vécu, la mort ne nous aura pas surpris.

Pour l'honneur du nom, de la famille, de la patrie, pour la vie des temps passés; pour la Fortune à acquérir, pour les Paradis à mériter, pour les Retraites à toucher, pour la .vie aux temps futurs, les hommes concen­ tent à mourir... Faisant fi de hier et 'de demain, les anarchistes ne veulent risquer la mort que pour vivre aujourd'.hui. ·

C. CHAVIN. ~

Chiquenaudes ET

·Croquignoles LE CANCER MILITAIRE

QJ1and les découvertes ne peuvent séruir au développement des forces policières, elles servent à celui des forces militaires. Ainsi, voilà l'élec­ tricité utilisée comme arme de guerre, d'une toute nouvelle façon.

Un sieur Alfred Pout eaux vient de trouver une nouvelle mitrailleuse qui pourra envoyer 1.200 projectiles à la minute. Tout s'y fera à l'électricité. 011 ne se servira plus de poudre, donc plus de risque d'explosion, plus d'échauffe­ ment de la pièce. Rien n'est plus effrayant que de penser avec

Il nous vient pai· les gazette: à faits-divers qu'une poignée d'individus feraient circuler la matière le mieux possible, dans la ville du Havre et ses environs. Ces gasettes signalent les rapports de ces hommes avec les anar­ chistes. Jusqu'à preuve du contraire, nous pensons

que 'Dame Police s'est plu justement à les éti­ queter cambrioleurs à cause de leurs fréquen­ tations, et qu'il y a tout simplement dans ces accusations un des trucs fameux du Guichard havrais. Ce que j'en dis n'est point que Iinsi­ nuation nous déplaise. JJJeilleure fréquentation est, pour les anar­

chistes, ceux qui font bien circuler la matière utile si extra-légalement cela soit-il, que celle de ceux qui ne savent faire circuler que l'absinthe JJJanillon, le bulletin de vote et les mises en carte. Dis-moi qui tu hantes. ... je te dirai qui tu es.

Et si, par les temps qui courent, il ne me gêne pain/ d'être u11 cambrioleur, il me déplaif tou­ jours d'être ou un alcoolique ou un socialiste.

CANDIDE.

LE LIVRE'' '' DE

L'ANAR.CHIE UN AN : 7 FR. 50.

12 1FR. DEUX ANS Tµo1s ANS : 18 ·FR. + +

e~e: Des Fnrmutes et de

l'initiative individuelle. Le activités, les applications, les études,

les produits constituent, pour emprunter des termes à la langue scientifiqne, autant de conducteurs bons ou mauvais de l'ini­ tiative. Ils la stimulent ou la restreignent. De même les faits. J'imagine qu'il serait instructif et profi­

table de dresser la lis.te des événements d'une vie donnée et de déterminer ceux qui ont excité, provoqué l'initiative, puis ceux qui l'ont entravée ou annihilée. Voilà qui vaudrait mieux que toutes les bi.ographies dont on nous abreuve et dont l'objet se ré­ sume à nous raconter les hauts faits et les perfections de leurs héros au lieu de nous décrire des hommes, sans plus dissimuler leurs chutes ou leurs faiblesses que leurs triomphes ou leurs qualités. Les bîogra­ phes en sont restés à Homère et aux sur­ hommes de l'Iliade, alors qu'une vie d'indi­ vidu n'intéresse qu'en tant que leçon. de choses. Certes, ce coté de la critique anar­ chiste est utile qui fait descendre les demi-dieux de l'Olympe sur la terre.

*** En général, toute étude, toute activité basée sur des formules est antistimulante de l'initiative individuelle. Les orthodoxies n'ont jamais engendré que des commenta­ teurs, parfois fort habiles, j'en conviens. Elles ont aussi enfanté les casuistes, c'est à dire les orthodoxes qui veulent demeurer dans le giron de l'orthodoxie tout en la niant dans l'existence pratique. Les nova-

+ +

teurs, les créateurs. les trouveurs, les in­ venteurs se trouvent toujours parmi les hérétiques, dans le clan des philistins. Et c'est fort compréhensible. Les formules

ne sont pas faites pour être discutées : leur raison d'être, c'est qu'on les applique. Une fois établies, elles ne demandent que des démonstrateurs ou des adaptateurs, nulle­ ment des initiateurs. Les initiateurs sont toujours juchés pa1· delà les formules. Si les formules établies n'ont que faire des initiateurs, c'est qu'elles n'exigent que l'effort de la mémoire, la constante de la retenue. Apprenez une bonne fois .à extraire une racine cubique, retenez le mécanisme de la mesure des surfaces et vous pourrez en appliquer les formules à une infinité de combinaisons arithmétiques ou géornëtri­ ques. Ce seront toujours les mêmes for­ mules, des rails sur lesquels vous n'aurez qu'à vous laisser glisser pour· atteindre un résultat fatal. Il ne s'agit point, bien entendu, de con­

tester l'utilité des formules. Il est ·unique­ ment question de signaler le danger auquel expose toute activité où l'individu' est subo?'donné à la formule. En poursuivant l'idée jusqu'à ses conséquences extrêmes, on s'apercevra facilement que si la formule est mauvaise conductrice de l'initiative in­ dividuelle, c'est parce qu'elle supprime la lutte. Point de lutte, point ou fort peu d'initiative.

La formule sous-entend un horizon ré­ tréci, une sécheresse d'atmosphère intellec­ tuelle. Elle conduit à la plus absurde des prétentions: la superstition de la posses­ sion de la vérite infuse. On connaît l'arbre aux fruits qu'il porte. De là vient qu'en majorité les découvertes les plus impor­ tantes n'ont point été l'œuvre des savants experts, des applicateurs consommés. Les découvreuns sont très souvent des demi­ savants, des « sachants », parfois des « de­ vinateurs de génie »,.presque toujours des hors-formules dont le rôle est de jouer la partie. Les savants orthodoxe marquent les points, se bornent à réduire en formule les découvertes de ces francs-tireurs, à en faire I'appltcation, à les perfectionner.

*** , On objectera qû'il n'est produit obtenu

ou œuvre accomplie sans l'aide de, for­ mules.s Indubitablement. Mais les acti­ vités bonnes conductrices de ,l'initiative individuelle sont celles où l'applicateur subordonne la formule à son œuvre, où il s'en sert comme d'un .bon outil, comme d'un instrument nécessaire qu'on remplace ou qu'on échange dès que le besoin s'en fait sentir. Pourquoi l'initiative indivi­ duelle ne se développe-t-elle le plus corn- . piètement que dans les œuvres d'imagina­ tion, c'est à dire dans les œuvres où la formule est la plus nettement asservie à la pensée ou à la volonté î Parce qu'entre les diverses activités ce sont celles où l'indi­ vidu est le moins circonscrit, le moins Iimités, où les eflorts n'impliquent pas la fatalité des résultats. Parce que de tous les çhamps d'activité, ce sont ceux où ·l'horizon est le plus vaste, où le vent se respire à pleins poumons. Le statuaire renouvelle ses ébauches, les

perfectionne jusqu'à ce qu'il se soit rap­ proché de la conception de telle ou telle attitude corporelle qu'il veut atteindre. L'ex périmentateurcomm unis te recommence ses essais de communisme pratique jusqu'à ce qu'il ait rencontré les individus aptes, au moins pour un temps, à vivre, à. pro­ duire, à œuvrer en commun. N'importe qui d'affranchi met à la voile sur l'océan des expériences, en route pour les découvertes, pour les naufrages aussi. Pour tous il y a lutte, pour tous il y a cette ignorance salu­ taire de la réussite finale, attendue pour­ tant, voulue cependant, qui. galvanise l'énergie et réclame la plénitude de l'ef­ fort. Il n'y a pas là de formule déflnitive qui engeôle I'Înijiatéve. Le résultat n'est point aujourd'hui celui espéré, qu'importe, on imprimera une direction autre à l'effort. Le résultat obtenu hier n'engage en rien celui qu'on poursuivra demain. C'est parce que je l'aurai voulu, que je.Iutterai pour y parvenir que j'attendrai le but, non parce qu'une formule m'y aura mené, non parce qu'une bonne mémoire m'aura permis de retenir la route.

• • •

+ +

On peut baser sur des formules un déca­ logue, un catéchisme, un code, une religion. Une formule ne suffit pas à ,contenir. toute la complexité, toute la variété d'aspects d'une vie individuelle. C'est dans un lit qu'elle se creuse elle-même que coule la véritable vie individuelle.

E. ARMAND.

E E L'ART ( %ite et fin ï

:J.à n'est pas encore la question. Il s'agit de calmer les craintes de nos camarades des Temps ;:'vouveaux en leur démontraut que l'art qu'ils réclament à cor et à cri n'est pas si rare ni si urgent qu'ils le disent. A Paris, les musées du Louvre et du

Luxembourg contiennent ce qu'il y a de mieux en peinture de toutes les écoles depuis les primitifs jusqu'aux œuvres de Luce, qui n'y sont pas encore, mais qui en sont dignes, d'après Grave. Pour la sculpture, la galerie des antiques

, est la plus riche du monde. C'est une as­ semblée de dieux et de déesses comme il n'en fùt jamais depuis l'Olympe. Toutes les divinités de l'Hellade, et beaucoup d'autres, y figurent: pétrifiées, froides et un peu démembrées, mais, encore belles et suffi­ santes pour donner au spectateur une idée favorable de l'esthétique grecque. Tou tes ces Vénus, ces Jupiter, ces Minerves

ces Mars,ces Eros,ces Bacchus, ces Hermès, ces nymphes et ces faunes sont visibles tous les jours et reçoivent, indifféremment, le pauvre comme le riche, l'ouvrier comme le patron. Les capitalistes n'ont pas mieux pour se rincer l'œil et si, parmi les gens du peuple qui vont regarder ces chefs d'œuvre, beaucoup ne savent pas les voir, la plupart des oourgeois sont dans le même cas. C'est qu'il faut pour apprécier les œuvres

d'art, d'abord un tempérament contemplatif et rêveur, puis uue éducation et une éru­ dition que tout le monde n'a pas eu le temps d'acquérir. Au même musée du Louvre, on peut voir

les antiquités assyriennes, égyptiennes, grecques, romaines, etc., etc., ainsi que quantité d'objets d'art précieux, de toutes les époques. Nul capitaliste, aussi riche soit-il, n'en pourrait posséder autant. La tiare de Saïtapharnès fut longtemps

une des merveilles de ce musée. Un anar­ chiste dont nous tairons le nom, mêlè à son aventure, semble indiquer combien l'art exerça toujours, sur nos camarades, ses redoutables attraits. On n'a jamais bien connu l'histoire de cette mystification ar­ tistique. Elle serait l'œuvre du· camarade en question que nous n'en serions pas au­ trement étonné. Un anarchiste seul, pou­ vait pousser l'art à ce point, et c'est à ce point seul, qu'on peut le lui pardonner. Paris a d'autres musées, moins célèbres

par leurs tiares et tout de même intéres­ sants : Cluny, Carnavalet, etc... sans compter les musées provenant de dons par­ ticuliers tels que celui de M. Guimet, capi­ taliste et commerçant, mais avant tout ar­ chéologue et savant. M. Guimet, très altruistement, offre à l'ad­

miration de tous, une collection d'un prix inestimable, prouvant ainsi, qu'il n'est pas besoin d'être anarchiste pour vouloir et réaliser l'art pour tous. M. Guimet, étant bourgeois, reste dans la

logique de sa classe. Il échappe de ce fait à notre critique. Que n'en est-il de même pour André Girard. OI1 peut encore citer les musées des égli­

ses, ceux des châteaux de Versailles, de Fontainebleau, etc., ouverts gratuitement a1,1 public, sans compter· les expositions annuelles de peinture, sculpture, architec­ ture, ameublement, etc., etc. Pour la littérature, les tibliothéques

manquent beaucoup moins au peuple que les loisirs de les fréquenter. Néanmoins, à notre époque, celui qui sait lire et veut lire, peut lire.

Reste la musique et le théâtre : les fanfares militaires seules sont gratuites. Les théâtres et les concerts sérieux sont chers, il est vrai et peu accessibles à la classe pauvr~. En re­ vanche, les beuglants ïoisonnent, surtout à Montmartre, patrie des artistes, et la classe pauvre qui aime le genre d'art qu'on y donne sait y trouver accès. Si la musique sérieuse était goûtée de

même par le bon peuple affamé d'art, on peut croire que les impresarios ne boude­ raient pas devant les bénéfices possibles, dussent-ils élaborer un programme entière­ ment choisi dans les œuvres de Bach, Bee­ thoven et César Franch. Mais quels fours cela ferait. Les directeurs le savent, voilà pourquoi ils s'abstiennenl. Les théâtres, les- concerts, les livres, les

journaux donnent des œuvres toujours médiocres, souvent mauvaises, non pas, comme le dit A.Girard, parce que :a bour­ geoisie corrompt systématiquement le goût artistique populaire, mais simplement, parce que le goùt artistiqùe populaire qu'il s'agit de flatter est des plus rudimentaires. Toutes les œu vres publiques ayant seule­ ment pçur but de plaire à sa Majesté Populo ne peuvent être taillées que sur la mesure de son intellect et de son goüt, La bourgeoisie n'a pas le sens artistique

beaucoup plus élevé et se repaît, intellec­ tuellement, des mêmes insanités. Qu'en faut-dl conclure ? (Jue l'éducation

artisnque de la bourgeoisie laisse à désirer et celle du peuple encore plus. L'énucatiou du peuple, en toutes choses, est

à faire. Elle se fait tous les jours, un peu, lentement, très lentement.

·contribuons-y, pour notre part, le plus que nous pourrons, sans avoir la naïveté de compter, pour cette besogne, sur les entre­ preneurs de spectacles dont le seul but est de gagner de l'argent.

Si le goùt du peu pie est un peu frustre manque, ni les éléments. Pas besoin de cela tient à son etat i ntel\ectuel, lequel dé- pinceaux ni de ciseaux. Pas besoin de cou- pend de son état matériel, leurs ni d'argile.

C'est donc par l'amélioration des condi- L'humanité attend. N'est-elle pas la ma- tions matérielles de la vie qu'il faut corn- tiére la plus abondante, la plus plastique, mencer, si l'on veut faire ouïr de suaves la plus belle dans laquelle les artistes puis­ musiques à des gens qui n'out pas toujours sent tailler leurs chefs-d'œuvre. le temps de se nettoyer les oreilles. Allons les artistes l les vrais l Au travail l D'ailleurs, si la musique soi-disant sé- Transformez, transfigurez l'humanité et

rieuse est d'apparence plus convenable que préparez l'apothéose de la Vie pour laquelle la musique de bastrio eue, au fond, elle ne ne l'oubliez pas, il n'est nulle Esthétique en vaut pas mieux: s'enivrer avec la musique dehors de l'Ethique. de Beethoven et de Wagner; ou avec celle LEVIEUX. de Planquette et d'Hervé, c'est tout un pour ~================~ la raison. De même que se saouler avec de ~ la fine champagne ou avec du trois-six c'est équivalent pour la sobriété. L'art en général. est un soporifique, un

stupéfiant aussi nocif que l'alcool, le tabac et l'opium; quelle qu'en soit la qualité, toute sa. valeur consiste, à nous faire négliger et oublier la vie.

L'étude J'André Girard sur l'Art et le peuple porte donc complètement à faux sur tous les points. '"'

Ge qui manque au peuple, ce n'est pas l'art, c'est l'instruction pour le comprendre, l'éducation pour l'apprécier, le loisir pour le goûter. · L'art existe, sans compter tous ses dérivés

inférieurs et, par rapport à des choses plus utiles, il abonde relativementetcen'estpas ce qui manque le plus. Le pain manque da­ vantage et l'instruction, ce pain intellectuel manque encore plus. Quand le peuple aura un peu plus de pain,

d'instruction et de loisir, il goûtera l'art dans lequel il croira voir la vie, suivant l'idéal bourgeois de Girard. Mais, quand il aura beaucoup plus d'ins­

truction, de connaissances et d'expérience ; il dédaignera l'art et goûtera la vie dans la­ quelle réside tout art, suivant l'idéal supé - rieur des hommes positifs. Car l'art représentatif tel qu'i l est conçu

de nos jours, n'est que Je balbutiement d'une humanité dans l'enfance qui cherche sa formule et s'objective elle-même en ses œuvres naïves qui ne sont que des poupées dont s'amuse sa puérilité. Cet art mesquin est incompatible avec la conception natu­ relle et grandiose que les anarchistes doi­ vent se faire de la vie.

C'est pour cela qu'il est pénible de cons­ tater que cet enfantillage spécial, qui de­ vrait tendre à disparaître, au moins chez les miarchistes, porteurs d'un idéal plus posi­ tif et plus viril de la vie, persiste à magni­ fier ses joujoux et à les imposer si possible. On ~ saurait trop rappeler au sens des

réalités utiles et sérieuses, les camarades qui, de bonne foi, s'égarent et veulent nous égarer dans le domaine enchanté de l'art dont les mirages ïantasmagcriques prennent pour nous tromper la forme et l'image de la vie. Les anarchistes doivent étre surtout des

réalistes et des actifs. Ils doivent tendre vers des buts-concrets et positifs avec les­ quels la puérilité des artistes ne saurait concorder. Par eux, l'humanité veut enfin sortir de

sa trop longue enfance et abandonner ses hochets. Assez de mensonges, assez de rêves, assez

de symboles, de reflets et de jouets. Pour une humanité enfin vivante, savante

et agissante, les images d'Epinal, bien que signées Cimabüe, Fra-Angelico, Memling, Dürer, Raphaël, Vinci ou Millet et ... Grand­ jouan n'ont pas d'importance. Les marion­ nettes de marbre et de bronze, bien que bu­ rinées par Phidias, Praxitèle, Jean Goujon Michel-Ange. ou Rodin, sont sans valeur. Toute la littérature du passé: mythologies prodigieuses, bibles miraculeuses, contes de fées merveilleux, histoires des mille et une nuit; bien qu'écrits par Homère, Virgile Esdras, Dante, Shakespeare, :.\:!il ton, Gœthe, ou Victor Hugo n'est plus bonne qu'à endormir les enfants. Et les crécelles, les grelots, les mirlitons sont sans pouvoir ; bien que perfectionnés par Basch, Mozart, Cimarosa, Beethoven, Berlioz, Wagner, ou Verdi et Massenet, leurs airs sont vides et ne contiennent que du vent.

C'est fini. Les hommes en ont assez de vos arts, de vos artifices, de vos illusions dont la vacuité, décevante ne saurait satisfaire leur besoin de réalité. Leurs yeux veulent con­ templer autre chose que des ombres plus ou moins coloriées. Leurs mains veulent pal­ per des formes qui ne soient pas de pierre ou de métal. Leur esprit pour se nourrir, pour s'animer ne peut pas plus se contenter du bruit des phrases, des sons d'un orches­ tre que leur ventre de l'odeur des mets. Ils en ont assez de la beauté artistique et

factice. C'est de la beauté en substance qu'il leur faut, de la beauté réelle, visible, tan­ gible, vibrante et vivante. De la beauté en chair et en os., au sang riche et pur, aux muscles puissants, au cerveau altier et in­ dépendant. Ou est est l'art l ou sont les artistes qui

nous créerons de cette beauté là l? 'l Pourriez-vous nous le dire, André Girard? Quand on voit une humanité aussi infé­

rie0:re,. d_es so?iété~ aussi_ inharmoniques, des individus si rudimentaires, si ignorants si méchants, si laids et par conséquent si n:nrlheureux, un anarchiste est mal venu à parler d'art, parce qu'il n'y a pas d'art qui tienne devant l'urgente nécessité d'améliorer la vie. Si les amateurs d'esthétique veulent faire

de la beauté, ce n'est pas la besogne qui leur

Sur la Plage - l'orage étant sérieux, le mal"i11 attaché à la sta­

tion reçoit de la mairie l'ordre de faire sa prome­ nade sur la plage et dans les rues de la ville, Il prend dans so1i tiroir et ajuste sa barbe de calfat, reuét ses uëtements de toile goudronnée, ai11si que l'immense capuchon assorti qu( donne à sa figure d'A uuerg nat 1111 aspect très tableau de genre. Puis, ai11si costumé et grimë, il passe et rep asse devant les hôtels et les villas. la clientèle parisienne est très satisfaite de cette petite mise en scène. lorsque le nombre des étrangers présents en

vaut la peine, le maire prescrit au ·marin de faire le sauvetage, à on"e heures du soir. ·

Vers dix heures et demie: le bruit se rëpand qu'une barque est en détresse. Pour comble de malheur, le phare s'éteint à on~e- heures moi11s 1111 quart. Obscurité profonde et terrible. On s'emmi· toufie, 011 se cache la figure dans 1111 foulard, et toute la colonie se précipite sur la grève. le uent apporte dans .ses mugissements l'écho des cris d'appel de ceux qui se uoient dans l'horreur des flots noirs. les petites femmes frissonnent d'a11- goisse . c'est exquis . A lors le marill arrive. San: mot dire, avec ce

dévouement simple et instinctif des gens de mer, il va chercher sa barque, amarrée près de la falaise, dans une crique à l'abri de la tem pête, 011 le suit. Toujours silencieux, il attache· un câble à l'ar­

rière, le déroule, en tend une extrémité aux assistants : - Pour tirer quand il faudra. Puis, il se penche sur ses 1·ames et disparaît dans

la nuit, Or, la barque s'avance avec une rapidité inouïe jusque vers la jetée, qui dessine u11e sorte de Z. Dans le premier ang le, la barque accoste.

Un autre câble la tirait. Il prend à so11 bord deux figurants postés à l'endroit propice et tous trois hurlent ensemble : - Tirez l Tirez l Cinq minutes plus tard, les trois marins abo1·­

dent sur ta plage où le public leur fait u11e ovation. le mai-in attaché à la station s'y dérobe avec mo­ destie et va toucher son cachet à la mairie. les baigneurs rentrent dans leurs demeures avec

une grosse émotion et un commencement de rhume de cerveau. les journaux de Paris sont' arrivés pendant le spectacle. Ils ne disent rien de nouveau, bien. que la mer soit calme au.:i: îles Sanguinaires, com mér de coutume. le le11demai11, da11s la matinée, tous les hôtes de

la plage exercent leur littérature à narrer par lettre l'histoire des marins arrachés à la grande maîtresse: le courrier de midi emporte des paquets de missive.

Paul GA VAULT.

Sensatio,ns populaires

A Nîmes, à Arles à Reims, à Marseille ont eu lieu des courses de taureaux avec mise à inort. Les journaux nous rappor­ tent que partout on fut obligé de refuser du monde, faute de place. Le public ou­ vrier était surtout nombreux. Le populo veut des sensations. Celles

.qu'on lui fait sentir, sur le dos, à l'atelier à coups de trique et d'engueulades ou bien en le fusillant sur un champ de grève ne lui suffisent pas. Ir lui faut du changement. Ce n'est pes assez de voir mourir de froid ou de faim en pleine rue des êtres semblables à lui, des hommes, il faut qu'il voit mourir aussi des bêtes. Vite des corridas : la foule se plait à cette sorte de jeu.

Le taureau est amené dans, l'arène. Croyant avoir recouvert la liberté, il va frémissant de bonheur. C'est alors qu'on vient le harceler, le sang coule à grands flots. L'animal exténué, ne sait plus où donner la tête, il se voit entouré, excité de tous cotés et de ses yeux suppliants, semble demander le coup de g ràce ; les to­ réadors ont alors beau jeu. Mais ses bour­ reaux- et le public surtout - ne l'enten­ dent pas ainsi; des coups de sifllet partent à son adresse. Peuple imbécile et idiot 1 Après quelques coups d'épée entre les deux épaules, l'animal; rouge de sang, s'abat; des applaudissements partent de tous les bancs; l'arène est envahie; les toréadors sont portés en triomphe. La foule est contente; elle a eu des sen­

sations en regardant ce spectacle barbare et Imbécile. Tous ces spectateurs, avides d'impres­

sions, s'émotionneront demain à l'atelier, aux champs ou au bureau. On les fera marcher rudement et brutalement sans qu'ils osent lever la tête. Ce sera la mort à petit feu, plus longue et plus ignomt­ neuse que celle subie par la bête. Juste retour des choses.

A Arles, c'est à un combat entre tigre et taureau auquel le public est convié. La bêtise et la lâcheté populaire atteignent le plus haut degré de la cruauté et de la bar­ barie. La foule veut s'amuser, se divertir et oublier la réalité. Ellé veut des jeux cruels et stupides, elle veut paraitre fé­ roce et se croire quelque chose. Elle ne voit pas sa poltronnerie, sa bassesse el son ignorance.-

Dernièrement,à Paris, c'était une lutte, jusqu'à que ce la mort s'en suive, entre deux lutteurs, deux champions réputés. Quel gout, quel plaisir sadiques ont pu éprouver les spectateurs.

Voir sur le tapis un individu tout pan­ telant, et tout couvert de sang, les ma­ choires et les 'côtes enfoncées, à moitié mort, puis acclamer la personne qui l'a mis en cet état, je crois qu'il n'est pas spectacle plus barbare, plus criminel et plus odieux. . J'admets le meurtre pour sauvegarder

la liberté individuelle de chacun, mais en faire un amusement, un jeu, une distrac­ tion. jamais je ne pourrais le comprendre. Le public qui contemple et admire ces cruautés n'est pas intéressant. Il faut le fuir et le délaisser autant que possible. Le plus fort c'est que ces hommes-là se

disent civilisés et veulent apporter leur prétendue civilisation chez les peuples qu'ils qualifient de sauvages et de bri­ gands. Les Marocains ont compris qu'elle n'était qu'un bluff, aussi nos braves et courageux Français la leur envoient ... à coups de canon. Mesure de politesse et de savoir-vivre, peuvent-ils dire. Nous ré­ pondons : fumisterie I Avant de vouloir éduquer les autres, ils fe.raient mieux de commencer par eux-mêmes. La foule est féroce; ignorante, veule et

lâche. Les jeux barbares et imbéciles la maintiennent dans cet état d'être et déve­ loppent en elle un instinct bestial et in­ compréhensible .. Sa bassesse n'a plus de bornes : elle va d'elle-même, baissant la tête, offrant SOJ1 cou et le reste, au carcan patronal, sitôt que le spectacle est terminé.

Son genre <ile distraction l'abrutit en­ tièremeat, les 'dirigeants le savent et c'est pourquoi, ils le tolèrent et le favorisent. Nous devons combattre, en même temps que ces divertissements odieux, les gou­ vernants qui les donnent et le public qui les admire. La tâche est rude.

Roger PRINTEMPS.

La Fra~~ -Matonnerie IV

Si Rabelais eut connu une telle institu­ tion, il n'aurait pas manqué, lui, le pen­ seur libertaire, de la stigmatiser de son rire moqueur et de ses critiques cinglantes. Mais à notre époque syndicaliste, le ridi­

cule se combat en pratiquant le même ridicule! Les anarchistes affirment leurs' moyens de lutte en pénétrant chez la Veuve pour y subir un symbolisme déguisé en « liberté» qui, réduit plus tard au « strict indispensable », opérera le phénomène du communisme social. Quellê atmosphère vivifiante pour des

militants révolutionnaires l Quel fruit de vertus n'existe-t-il pas dans son sein l Qt,~i trésor inestimable de science ne répandra­ t-elle pas sur l'humanité. Allons profanes! ne troublez pas les FF. ·.

qui, dans le calme du SECR~';I'. discutant en leurs ateliers les questions les plus im­ portantes, y « développent la propagande syndicaliste' ~ en rempiissant « foute de­ voirs, de parfaits maçons pour doter le peuple des bienfaits économiques les plus « triangulaires ». ~- Remarquons aussi q,ue c'est dans l'intérêt , ·

commun que nos camarades s'imposent la promiscuité capitaliste la plus répugnante et les pratiques du cabotinage les plus erronées. Et· c'est .en poursuivant notre excursion dans ce dédale de « lumières » que nous pourrons démontrer, à ceux qui en doutent, la supériorité directrice d'un syndicalisme maçonnique l La maçonnerie blaf!.che qui vient de nous

offrir une de1es cérémonies les plus entou­ rées de mysticisme et de formes symbo­ liques, le P1·otectorat ou /'Adoption nous réserve une autre surprise : la

Reconnaissance conjugale va nous montrer que le Grand Œuvre est un jeu d'enfant auprès des réformes que les FF.·. M.M.·. syndiqués confédérés ont entrepris de· réaliser à I'abri _des indiscré­ tions et des mouchards (l) pour la pleine satisfaction des joùisaancea humaines.

« Nous devons agir avec le plus de discté-1\ - tion possible puisque nous avons à traiter des questions qui nous sont même·inter­ dites par la Constitution. » (1) Simplifiiez l'es formes de votre <ordre ;

favorisez la « dignité » et la " toléranoe » maçonniques (l ! l) 'l''.l.'. ·. CC.·. FF. ·. révolu- -------- (1) Bulletin du Grand-Orient, 11l93, p. 272.

ionua ires, peut nous importe; 11011s avons ttaqué, 1e1, la Franc maçouuerie parce que -ous y êtes et nous continuerons, en fai­ sant connaitre les grotesques bouffonneries uxquelles vous tites · obligés de vous sou- mettre. Pour la. recom1aissance conjugale, le tem-

ple doit être decore d'après les dispositions prsâcrttes par le rituel; un arr de fête est u~cessaire pour jeter une note gaie sur I'ensemble de la cérémonie. L'entrèe solen­ nelle des FF.·., du vénérable et des sur­ veilla.ms est la même que pour l'adoption: Je uetilè s'opère aux sons harmonieux d'une marche uupualc. Les époux sont placés face à l'autel (bu­

reau du Y. ·.J enlacés par un cordon mis en écharpe de l'épaule droite du mari à l'ais­ selle gauche de l'épouse. Le venèrable sié­ geant à l'Orieut développe son thème sur la belle morale du mariage et de sou insti­ tution civile; il anathématise la bénédic­ tion reltgieuse U), cal' il n·y a que les • vé­ rités maconniques • qui peuvent écraser le « mensonge elérical », et en un langage mercantile il vante la supériorité de sa maison. « Les cérémonies ~ymboliques qui, suivant nos 1·ites, vont entourer vos pas dans l'existeuce nouvelle où vous entrez n'ont rien de commun avec celles que dé­ ploient diversea sectes religieuses dont la roill;onnerie a. pour but de combattre les supers Litions, etc., etc ... .Maintenant F. ·.,que votre jeune épouse a entendu notre concvp­ tion marouniquc du mariage. qu'elle a com­ pris comme vous, je l'espère. que cette concepnou a. pour unique fondement le principe de solidarité, etc ... , je vous invite l'un et l'autre à vous lever. •

H leur fait promettre de • rester fidèles aux règles et aux traditions de l'Ordre » et d élever leurs enfants dans les principes de de la Franc-maçonnerie qui ne sont pas diffé.ren.ts de ceux des sectes concurrentes. Le F. ·. époux passe alors l'anneau conju­

gal au doigt de sa femme, après quoi le vénérable brise une baguette ue verre, comme symbole de la fragilité de l'amour, et leur présente l'eau et le vin dont le mé­ lange ::;-ymbolise que leurs • qualités di­ verses doivent se tempérer en une com­ mune harmonie ». Le rituel se continue par la formation de

la chaîne d'union où le surveillant constate qu'un anneau manque à. la chaîne : c'est la place du F. ·. marié qui se trouvant inoccu­ pée produit cet arrêt. La jeune épouse est inyitée par le V.·. à conduire son époux sur la colonne, où l'interruption a eu lieu, pour que la chaîne soit « parfaite ». Le vénérable s'adresse ensuite au F. ·.

Grand Expert, dans la formule convenue: « Prenez, lui dit-il, notre F.·. par la main, et, en notre nom à. tous, donnez lui le triple baiser symbolique", et s'adressant toujours au même officier : « Reconduisez­ le maip.tenant prés de son épouse, et qu'il lui transmette à son tour, également au nom de nous tous, ce triple baiser qu'elle recevra comme témoignage de l'affection fraternelle que nous éprouvons désormais pour elle.» La voûte d'acier est formée par les FF. '.,

car sans elle pas de cérémonies complètes, qui l)romettent aux mariés la protection maçonnique. On offre alors à la jeune ïemme une corbeille de fleurs et de fruits;

3

-LE-

Savoir Inutile On prétend chaque jour que nous ne

pouvons arriver à bien savoir notre langue qu'à la condition de connaître aussi celles dont elles dérivent. On voit dans la connais­ sance des étymologies une condition pre­ mière en dehors de laquelle on ne saurait devenir écrivain français. Laisant a refuté cet argument absurde en

mettant en opposition de forts élégants sty­ listes qui ne savent pas un mot de latin, et de savants latinistes qui écrivent en chara- bia. Il aurait pu, je crois, fortifier sa thèse

d'un argument topique. S'il était vrai que l'étude des étymologies s'imposât à qui­ conque veut savoir écrire une langue ce serait vrai pour tous les peuples et pour toutes les époques. Or le grec n'était pas éclos spontanément

dans l'Hellade, comme Vénus sortit de l'écume des flots; tel idiome si poétique était le résultat d'une évolution antérieure. Les mots grecs avaient comme les nôtres leur étymologie - aujourd'hui décou­ verte - dans la langue des Aryas. Ces éty­ mologies, cependant, les Hellènes les igno­ raient. Selon les principes de nos pédants modernes i.ls auraient dü conséquemment ignorer leur propre langue, à tout le moins être incapables de l'écrire avec correction. Et pourtant les Grecs ont été des artistes gé­ maux aussi bien dans le style que dans les arts plastiques. C'est que l'étude des étymologies, néces­

saire aux savants, aux philosophes, aux his­ toriens mème qui veulent se rendre compte de l'évolution de l'humanité, est dénu,:e d'utilité pour qui veut simplement connaitre sa langue à fond et la pratiquer asec éléga.nee.

les unes symbole de • la jeunesse rratche- autres FF:. se placeront à leur guise. Le ruent éclose • les autres symbolisant cc les vénérable fera toujours placer à sa droite maturités fécondes ». et à sa gauche les FF:. étrangers à la loge. La parole est à l'Orateur pour développer Tout le service est disposé sur la table

son morceau • d'architecture ». Le veué- en lignes parallèles par rangs d'objets'. rable fait quelques nouvelles citations sur Ainsi la première ligne en partant de l'iu­ le symbolisme, et a prés la quête, la féte se térieur est pour les étoiles; la deuxième termine par des chants maçonniques. pour les plateaux; la troisième pour les

Eh I bieu ! qu'en dites-vous, camarades barriques; la quatrième pour les canons et révolutionnaires, membres de ceue insutu- enfin la cinquième pour les tuiles. tion, qui cherch~z à instaurer ~ne société Lorsque tous les FF.·. sont en place, la nouvelle; les talismans et les signes caba- cérémonie commence sur l'ordre du V·. listiques ont-ils autant de prestige dans la qui après s'être levé invite tous les FF:. ~~ mafonnerie qu~ da~s !_'organisation la- banquet symbolique, et frappant un coup ma_ique, ou l orgamsanon . cathohque ? de son maillet, dit : « Debout et à l'ordre V_olla des formes toutes, tro~_vee_s, meme en mes frères. » Tous se lèvent et se mettent réduisant Ie « rituel » a « l indispensable • à l'ordre du grade d'apprenti. Le V.·. les 11 en re~tera encore assez pour abrutir les engage alors, dans µne courte allocution, générations futures. . à la tempérance et à la fraternité. Il prend

.Mai~ le nec plus ultra de la sottise une coupe qu'il remplit de vin, en boit humaine est, sans contredit, le quelques gouttes et la fait circuler parmi

Banquet maçonnique les FF:. qui en font autant, ensuite le V:. Il ne se rattache pas au rituel de la ma- pr\e les convives de s'asseoir et de se ré­

çonnerie blanche, car il n'y a que les ma- creer. A ce moment seulement le repas çons, sans distinction de grades. qui. doivent comm~nce. . . assister aux deux banquets d'obligation des Apres le premier sei:vice, le_ Véné!a?l~ LOGE::,, qui ont heu rigoureusement aux d?nne un co.up de m~1llet qui est i·e~~le jours de tenues les plus prés du 27 dé- par les S,ùrv_e11lants et 11 porte la p~enuere. cembre, qui est le solstice d'hiver et du santé d obligatw_n au Grand Orient de ?1 Juin, qui est le solstice d'été. Fran~e, aux Atel~erK d~ la Correspondance Les Cha.pitres n'ont qu'un banquet an- et ~es Gr~nds O~ients e_traogers.

nuel à t'équiaoxe du printemps; les ateliers L exercice. qui en resulte peut concur- supérieurs (1) voyez Egalité, n'en ont qu'un, rence~ les mo_uvements d'assouplissement 1 -- • . à l'équinoxe d'automne : il prend le nom qu_e 1. on pratique à l'école d'escrime de I Les groupements les syndicats et toutes d'i h Ateli dét · 1 Joiavrlle-Ie-Pont ' 1 go.pes, c aque e ier e errnme e ·. . . associationss'occupantdetransformations grade auquel il doit_ tr~vailler. Tous les Les _santtls _se tirent de 1~ mamere suy, sociales auront leur raison d'être lorsque .t>anquets doivent avoir heu dans un local vante , le v~nérable donne l ordre de char- . . maçonnique, à l'abri des yeux et des ge~· et ~'ahgner les canons et deIes tenir la base de leur orgamsat10~ per~ett_ra à_ oreilles profanes, sous peine de suspension .. prets: il fai_t lever les FF.·. par un nouveau leurs adhérents, à leurs ~s~oc1é~, d e~ercer Avant d'entrer dans les détails de cette coup de maillet; ces derniers jettent leur etde développer leur activité la plus simple,

cérémonie, nous croyons utile d'énumérer ~ra.peau sur le. b_ras gauche et se mettent à la plus modeste, à l'abri de la tutelle de la les noms, dans l'argot maçonnique, des 1 ordre. Le, preside1;1L anno_nce toujours la bande des administrateurs, lesquels ont objets employés pendant la durée du san_té .que 1 on va ti_rer et 1_1 commande ~e pris pour mission, par suite de la faiblesse repas : la table se nomme l'Atelie1·; ra peti_t Jeu que ?ous allons cite~ : <c La main collective et générale, de s'occuper de la nappe, le voile; la serviette, le drapeau; le d[o!te /pu glaive! Haii:t le glaive! Sall:'t du bonne gestion morale et matérfèle. plat, le plateau; l'assiette, la tuile; la (J arue . ass~ns le glaive à. la main gauche! . . . . , · 11, 1 Ll .

1 f h t

1 · h . La main droite aux armes I Haut les armes I Les organisattons anarchistes, pour

cui ere, a true e ; a ourc et e, a pioc e, , . · , 1 · · d" t d · t ët 1e couteau, le glaive; la bouteille. la bar- E,n _Joue! ~eu! (on boit en trois ten:i-ps). avoir eur raison ~ re,, 01ven; r~ rique , le verre, le canon; les lumières, les L a1 me au '. epos / En avant les armes t S~gna- composées de types qui, au lieu des occu­ étoiles · les chaises les stalles . les mets Ions les a1 mes· (tous les FF:. décri vent per de la cause... et du bonheur ... et du les ma1tériaux; le p~in, la p-ier;.e brute; l~ ave_c le :ve~re, par trois foi~, rapidement, bien être général, etc., etc.', cherchent vin, la poud1'e forte; l'eau, la poud1'e faible; mais distmctem~nt: un triangle dont la entre eux, à s'entendre pour satisfaire les liqueurs, la poudre fulminante; le sel, base est su~ l_a foitrme.) Posons nos armes, immédiatement et leurs besoins et .leurs le sable · le poivre le ciment· manger c'est un, deux, t?Ots · (on pose les armes sur la. goûts leurs caprices et leurs fantaisies

. ' . ' . ' ' d table avec ensemble et d'un seul co ) L ' mastiquer; boire, tirer une can'!lonée; é- 1 . d l . . up.. e personnels et paruculters, veillant à couper, c'est dégrossir. Ouf!! 1 g aive, ans a rrlarn droite! Haut le glaive! , . . cr • • •

J . . , d Salut du glaive, Le glaive au repos I n être Dl gêné Dl gëneurs, Dl admmistré

e suis certain qu aucun e vous, pro- . · . . . . . fanes, ne vous doutiez que le SECRET ait Cet ex~rcice est suivi d'une triple batterie Dl admmistr~te':1r. ,. . une langue sacrée aussi riche en expres du ~r?mie~ deg_ré, le villat et le hoùze sont Ces organtsatlons ])ourr_ont s Intituler sions. Nous allons en entendre quelques- rèpètés trois fois (1). an~rch1stes, quand elles permettront de unes au cours de la ripaille que va nous • Reprenons nos places, mes frères ,, dit grouper et de satisfaire toutes sortes oITrir cette « association du ventre» comme le vénérable, et on « mastique » de nou- d'idées et de compréhensions même dia­ la désigna Janvion , au procès Malato. vea_u. On porte .. encore trois san~é~ d'obli- métralement opposées mars' allant toute La loge est décorée pour la circonstance; ~atlO?,- La deuxie~e, celle du Pres_1dent de au même but : la recherche d'une plus

la table y est, au milieu, disposée en fer à 1 aLfiller,_ es\ portée ,par !e premier Sur- grande somme de bien être. · c,he~al. Le s_ommet de cette ta}>le désigne vei jlnt' ce le des Surveillants, des Offl- Le devoir et le droit, de ces nouvelles l O_r1en_t, q?.1 ~era ,la place, ~u _VEN~R_ABLE , . . organisations consisteront à ne permettre qui doit présider ; les extrémités désignent (1) Une batterie est le rythme des couos qui sont à a de b d d l " 1'0 id · , 1 1 , f . . '" ucun oses mem res e pren re a c,i;arge cci ent qui seront es p aces qu occape- rappès, soit avec Je maillet soit avec les mains , . . , , . ront les deux Surveillants; l'Orateur, le comme signe d'adhésion, d'approbation, de oienvenue: d ac_complir le travail d autru», Quand' ~ c,eu"t' Secrétaire et les autres officiers se place- etc ,; p~nd~nt les tenues. Chaque grade a sa batterie. qui ne sont pas ,Prêts, pas mûrs, qtn n ont ront aux côtés du Président dans l'ordre du Elle_s s indiquent s1:1r le rituel par des points d'excla- pas la volonté, la persévérance', !':initiative président dans l'ordre qu'ils occupent au mation (!) et. le~ intervalles sont marqués ·plr des de compter SUr eUX mêmes tant pis pour

. . tirets (-). Ainsi · (111 - 1111) signifient 'ï f · 1 ' bureau des tenues ordinaires ; le Maitre frapper sept coups· . t. ' 11 da qu

I aui eux. Ces organisations ne pourront ni ne

d · · · G d E O

, avec un in erva e u 3• au 40 es Ceremomes et le ran ixpert, auront Houzë l est une exclamation qui· est é ètè t · f · chercheront à leur être utile en aucune l l d 1 1

· · · l " r pe e rois ou , , , r: eur p ace ans e cerc e mteneur; es en signe d'applaudissement, à la suite d'une batterie circonstance. · CHAPO,TON.

Au risque d'étonner, je dirai presque qu'elle est nuisible. ! Une langue n'est point un cadavre. 'C: est,

aussi longtemps qu'elle est parlée, un orga­ nisme vivant. Comme tous les organismes elle se transforme, elle évolue. Elle se débar­ rasse chaque jour d"expressions anciennes qui sont abandonnées. Elle s'enrichit de vo­ cables nouveaux. Elle modifie enfin le sens de ceux qu'elle conserve au point de les éloigner continuellement de leur acception primitive. - Je considère, par suite, comme absolu­

ment contraire aux lois de la vie les efforts tentés soit en vue de ressusciter des mots désuets, soit en vue de maintenir à chaque expression son sens primitif étymologique. Ces efforts, il est vrai, n'aboutissent jamais, mais s'ils aboutissaient, ils n'auraient d'autre résultat que de figer le langage et de faire la mort là où nous sommes en droit de chercher la vie. · Même n'aboutissant pas, ils entrainent une

dépense de force inutile, ils ralentissent le mouvement vital que notre activité doit au contraire tendre autant qu'il est en nous à précipiter. Je pourrais citer des exemples. Ils sont

nombreux. Je me bornerai à un seul qui suffira pour éclairer ma pensée; Le mot émé1"it1.1.s en latin aig uifiait hono­

raire. -11 a conservé au début cette signifi­ cation en français et il la conserve encore en italien. Lorsqu'on disait autrefois de quelqu'un qu'il était président émérite tout le monde comprenait qu'il s'agissait là de l'honorariat. Employez la mème locution aujourd'hui

vos auditeurs et vos lecteurs ne compren­ dront plus votre pensée. Quand vous par­ lerez d'un professeur émérite, ils croiront que vous voulez dire par là de ce professeur qu'il est tout à fait supérieur, tout à fait distingué, et non que, sorti de l'activité, il n'exerce plus ses fonctions qu'à titre hono­ raire, Faut-il se cantonner dans le respect des

origines au risque de n'être pas compris ~ Ou vaut-il mieux être de son temps, attri­

buer aux vocables le sens que l'usage leur

ci ers, des Ateliers affiliés et des FF.·. visi­ teurs est portée par le Vénérable ainsi que la quatrième qui est à l'adresse de tous les maç, ·. existants sur l'un, et l'autre hémi­ sphères. Pour cette dernière, l'Atelier forme la

chaîne d'union ou se, réunit en cercle au milieu du temple en se tenant par la main. Les FF. ·. se donnent alors le baiser de paix et se cornmuniquent à voix basse les mots de Semestre. Le F:. servant (domes­ tique) fait toujours partie de cette chatne. Ainsi se termine la cérémonie,,le Président ferme les travaux. Quelle humilité;mes FF. · ., Je domestique

avec les maîtres! Et vous douteriez après cela de l'esprit de fraternité qui règne dans cette société? Vous douteriez de sa va\eur, de sa force, des grands actes émancipateurs qu'elle peut accomplir? C'est que vous ignorez à peu près tout de ses nombreuses pirouettes; et puis nos camarades ne se sont-ils pas sacrifiés pour joindre les « vérités rèvolutionnairesl » aux • vérités maçonniques 1 » et comme l'union fait la force, quel heureux état n'en rèsultera-t-il pas pour accomplir le grand travail de dé­ molition dont le prolétariat attend l'ordre 1

CASSIUS.

ORGANISATION'S ANAR'CHISTES

vides, il enregiste tout et retient à peu prés tout. Mais plus tard, lorsque ses cases sont remplies, il devient difficile d'y fafre des surcharges.

Ce n'est pas qu'il ne soit encore possible d'acquérir des connaissances nouvelles et de les enùragasiser dans l'encéphale. Mais H arrive alors ce qui arrive avec-une armoire bondée, an ne peut y placer u.~n ,O'bjet nou­ veau qu'à la condition d'y fa).re un vide en retirant un des objets qui y avaient été an- térieurement placés. , · . Ainsi en va- t-il de notre mémoire. Arrivés

à une certaine période de l'existence, nous sommes encore capables de modifier notre bagage intellectuel; nous ne pouvons, plus guère l'accroitre. Nous .ne fixons une idée nouvelle qu'en oubliant une idée ancienne. Toute acquisition est liée à une perte équi-. valente ; etç'est ce que nous exprimons tous en répétant sans cesse que nous sen­ tons notre mémoire décliney à mesure que· nous prenons des années. , La conséquence à tirer de cette loi, c'est

qu'il faut avoir grand soin · d'e ménager le 1temps et la capacité cérébrale de chacun de mous. Nous ne devons confier à notre appareil nerveux central' que des notions utiles soit 'au point de vue dela vie courante soit au point de vue des gènérablsations sciennttques et philosophiquee · qui seront l'apanage de l'âge mür, 1

a donné, et écrire sa langue en- la prenant au point où son développement naturel l'a amenée? Je crois que la 'réponse à cette question ne

saurait f.aire doute ; et il me semble que c'est là un grand argument contre ceux qui prétendent trouver dans les étymologies la justification des études classiques.

La généralisation des langues mortes n'est donc point une nécessité; et dès qu'elle cesse d'ètre nécessaire elle devient un péril. Laisant a supérieurement démontré que

l'enseignement secondaire n'a au fond d'autre but que de séparer la bourgeoisie du prolétariat. L'humanité se divise en deux castes: les mandarins qui sont censés savoir le latin et le grec (en réalité presqu'aucun d'eux ne le sait) et ceux qui avouent ne pas les connaître. Cela seul suffirait à nous faire conclure

contre un tel système. Mais sans pousser aussi loin et sans sortir du domaine essen­ tiellement pratique, qui ne voit le mal que nous fait l'étude des langues mortes par la perte du temps qu'elle nous occasionne î Il y a quelques siecles le bagage des con­

naissances humaines était assez limité pour qu'il fut relativement facile à un homme de les embrasser toutes ; et un Pic de la Mirandole pouvait disserter de omni re sci­ bili et quibusdam aliis. Depuis, les choses, sous ce rapport, ont

terriblement changé. Le domaine du connu s'est à ce point élargi, qu'aucun homme ne peut plus l'embrasser dans son ensemble. Il 1 ·(A suivre.) n'est même plus possible à celui qui se can- tonne dans une branche de la science d'en 1

embrasser tous les rameaux. Un chimiste limitera ses travaux à une otrconsoriptlon Fixez-nous, en demandant dès mainte- restreinte du domaine de la chimie, et il en nant la brochure d' Anna Mahé: adviendra de même d'un physicien dans , É É celui del.a pbysiqne. . . L' H E R D I Î ' La duree de notre existence est trop courte

pour nous permettre de tout apprendre,et surtout pour nous permettre de retenir tout ce que nous avons appris.

Le cerveâu, cet admirable appareil enre- . . gistreur, n'a point une puissance infinie.! sur l'importance du tirage. Dansl'enfance,lorsque ses cases sont encore!" 0 fr. 15 l'exemplaire, 7 fr. 50 le cept.

Alfred NA.QUE'!'.

,. ,d

ET

L'ÉDUCÀ.CION

Travers les Livres Le problème biologique et psycholo gique, psr le LJr Romeo Mtm~on'i, traduit de l'ilalie1t, pu» Maurice Cbsroot (1). L'auteur a tenu à réunir l'opinion des

hommes les plus savants de l'Univers pour arriver à fixer une philosophie positive. Dés d'abord il montre l'èvolution de la vie. Les partisans les plus autorisés de la bioge­ nèse n'ont pas osé aller jusqu'à nier la possibilité de la génération spontanée. La limite entre la matière inorganique et la marière organique est si subtile que nul n'arrive à lui donner des bornes bien exac­ tes. Les métaux, les minéraux manifestent une fatigue, une résistance, ils vivent.

Ceci acquis, nons voila amené à nous occuper des Origines de l'esp1·it. Ne se ma­ nifeste-t-Il pas dans les phénomènes d'irri­ tabilné, dans les réactions les. plus sim­ ples 'I Chaque atome a-t-il sa conscience ? Dès que la vie parait n'y a-t-il point mani­ festation de l'esprit ? Autant de questions qui paraissent se résoudre par l'affirmative dès que l'on observe le domaine do la vie, Mais si chaque atome, chaque neurone à sa conscience particulière, il ne s'ensuit pas que leur association ne forme un indi­ ·vidu différent qui n'est aussi son esprit particulier. L'homme a son cerveau mer­ veilleux enregistreur des phénomènes de la matière en mouvement. De là, à. nous exposer la lhéo1'ie des vib1'8.­

tions conscientes, il n'y a qu'un pas. Les savants qui y sont rét'ractaires ne le sont dejà. pas d'une façon absolue. Ils accordent une conscience à certaines vibrations, alors qu'ils la refusent à d'autres. Le jugement, l'émotion se transmettraient ainsi par des mouvements de molécules cérébrales et ne seraient eux· mêmes que le produit de mouvements complexes.

Manzoni nous montre alors L'évolution individuelle de,la psychè, de la conscience, de la vie, de la réaction contre le milieu. Il s'essaie à montrer le rapport physique du corps,du cerveau avec l'intelligence, avec le génie. Le cerveau de l'homme fort, dit-il avec Schopenhauer, est une énorme éponge qui absorbe la meilleure partie du sang pour la faire circuler ça et là en abondance extraordinaire. Ayant parlé de la conscience, de l'intelli­

gence, se dresse devant nous le problème de la volonté. Il ne suffit point d'être un homme ayant des idées, il faut être' un homme ayant la force de les vivre, il faut de­ venir« opérant ». La volonté ne se trouve que chez les individus forts, sains. Le savant n'est pas souvent un homme agissant; le théoricien ne se rencontre pas toujours dans l'individu qui met en pratique. La volonté de l'homme est différente de celle de la foule; plus consciente, elle est moins forte. Veillons donc à éduquer la volonté des foules, mais non à la dédaigner. Le p1·oblème de la liberté, se pose main­

tenant. Manzoni pense fort bien que la liberté ne peut être que selon la puissance. Il n'y a liberté que où il y a posaibüité d'agir

(1) Scbleicher frères, 61, rue des Saints-Pères. En vente a ïanarchie.

dans un sens ou dans l'autre. Le détermi­ nisme ne va pas à l'encontre de l'idée de de liberté. Un homme est obligé par ses contemporains à rester dans un cachot, mais s'y enfermerait-il s'il avait Ja puis· sauce de faire autrement. Il serait déter­ miné, il choisirait une autre forme de vie. Le travail à faire tout d'abord et d'éduquer l'énergie, pour cela de faire des corps sains et robustes. Le problème biologique et psychologique

n'est pas résolu mais je crois que Roméo Manzoni a réussi par cette œu vrc à le mettre au point, il n'est pas d'angle sous lequcl l'auteur ne nous l'ait fait étudier. Son livre est un « résumé» passionnant de centaines de bouquins.

LE BIBLIOGRAPHE.

.A.U.RORE Il y a bien au fond de l'horizon une

clarté, mais tous ces jours sont si imprécis, si indéfinis et si tristes, qu'on ne sait si cette lumière est une agonie ou une aurore. V. D.-N.

Qyelle est cette lueur qui brûle au fond dei ciel ? Qyels sont ces chants au loin, et quelles sont ces om-

. [bres, Qyel est cet incendie et quels sont ces décombres? Nul ne le sait; ce rëve est presque artificiel. Il semble qtlun grand jour va bientôt ap p araitre, Qye les bonheurs défunts pont cette fois renaître, Qye ces hommes qui vont dans celle immensité, Poursuivent leur chemin vers l'immortalité! Il semble que l'aurore, à nos yeux inconnue, Pareille à la lumière antique revenue, Surgisse à l'horizon splendide et flamboyant, Pour éclairer nos cœurs d'un nouvel Orient, Il semble que les nuits sont, pour jamais, lointaines I No11; car nous 11'avens pas tué leurs capitaines, Anéanti leur or, souillé leurs étendards, Brillé leurs fiers palais ... et levé nos poignards. Oh I puisses-tu veni,·, Liberté, seule idole, Qye ~ous devions aimer, formidable auréole I Puisses-tu te lever et briller quelque jour, Dans toute ta splendeur, vivant Soleil d'A mour !

V. DACOSTA-NOBLE.

Revut des Journaux LES TEMPS NOUVEAUX. · Avec verdeur, J. Grave relève les petites insanités de la cc nouvelle école» néo syndi­ caliste, néo-révolutionnaire, néo-tout et ... rien. C'est en effet fort amusant de voir ces petits bourgeois parlant à tout propos et hors de propos de la lutte de classe et recom­ mander de se méfier· des intellectuels. Peut­ être J. Grave ne voit-il pas, qu'effective­ ment, à un moment, on a trop fait de suc­ cès o aux littérateurs avancés >J, mais si la critique est juste, elle porte encore et sur­ tout contre les écrivaillons de la métaphi­ sique économique. Oui, encore un parti de verbiage. Tcherkesoff, dans un deuxième article

sur la crrse russe, montre la situation écono­ mique des paysans. Les chiffres sans nous donner un compte exact de la situation, nous la montre horrible, tout simplement. Un se demande comment un peuple entier peut supporter pareille abjection.

l.ouis Grandi<lier est pour la Justice: L'Jluman'ilé et La. UuPne Socieie ayant pu- Un grand nombre d'individus qui ont blié du Bonzon « sans en indiquer la des yeux pour ne point voir, croient. de source », _il y v~ de sa petit~ r~cla~~ pour le bonne foi, à l'abolition de l'esclavage dans caneton ignore La Liberté d Opinion et de les pays dits civilisés surtout dans los sa petite apologie tout à fait accidentelle pays républicains co~me la France la P r Soli directeur - Ce n'est pas le trio , ou ·. . ·~ · Suisse l'Amérique. Et pourtant nbus gouvernemental qui change_ la'·" France» • . . '

0_

en maison centrale, c'est I'irnbécillité de sommes touJ9ur_s et nous_ resterons long tous. · temps encore; Je le crains, les esclaves Nous subissons tous la peine de mort, dit d'un état social qui pèse lourdement sur

Yvetot. Pour être contre, il faut boulever- tout le monde : femmes, hommes et ser la société. enfants, bourgeois et prolétaires, oisifs et Bien difficile à apprécier l'opinion d'un. travailleurs.

anonyme dyonisien, ~ur Emile Ile~ry, pour Je n'en cite qu'un cas aujourd'hui : y a­ « ceux qui ne l'ont 'pas connu mieux que t-il quelque chose de plus précieux que personne >>. l' l è • d . ê ? L'é 1 A. Dumont conseille de ne pas dése1'ler en J .re possession e s.oi-m- me. c 10 les campagnes pendant que le père Bar- renvoie aux quatre pom.ts cardinaux de bassou montre tout le surmenage estival du notre globe le mot de. a: Liberté». paysan. . On use et on abuse de ce mot. Regardez

Hené Dolié veut équilibrer la. science et donc autour de vous, regardez-vous vous­ la nature, Il doit connaître d~s h?mmes qui mêmes, forçats du mariage; car le mariage se rapprochent. le plus scientifiquement a, comme le bagne, ses forçats; et ils sont possible de la vie naturelle. . . nombreux. Fouques jeune, avec les meilleures in- Par le mariage l'homme et la femme

tentions du monde, veut nous amener à la . . ' . . , . nournture frugivore. Qu'il fasse d'abord ont ahtné !furs ~orps h ils nl'e s adppl~rtien­ une propagande active pour faire planter nent P us,_ 1 s son a c ose un . e a.utre. des arbres fruitiers ou ce va être la fa- Cela va bien pendant les premiers Jours mine. · ' que la coutume fait appeler la « lune de L'école religieuse et laïque est la mème miel 1>. Mais cette « lune de miel» est. tou­

sous d.iiiérentes épithètes, dit Maurice jours sui vie de beaucoup de « lunes rous- Imbard, ses 1> : les habitudes changent, les carac-

LE LISE UR. tères diITè)'en t, s'aigrissent, les dtscusstons ================- s'animent et le désaccord. s'ensuit; les

yeux fulgurants d'inimitié, de rancune, de haine, ont une fixité agressive. Alors. les époux, se sentant prisonniers l'un de l'autre, éprouvent le désir de sortir de leur prison et de reprendre leur liberté pre- mière. \

Se donner l'un à l'autre, c'est bien, . quand c'est le désir d'une étroite solidarité et l'amour qui l'ordonnent, parce qu'alors les deux êtres se fondent en un seul, sans que l'un fasse ressentir sa supériorité à l'autre. Où il y a fusion, il ne peut y avoir opposition de sentiments'. • Se donner l'un à l'autre - non par la si

douce Iol d'amour, mais par ce qu'on nomme « devoir conjugal », c'est le pire des servages, c'est une monstruosité, une profanation, une ignominie 1 , Il n'est pas de devoir conjuzal ; il ne

doit exister entre l'homme et la femme que la liberté de l'amour : l'homme reste son maitre et la femmé conserve la libre disposition. d'èlle-même. Le mariage est un tien social qui ne peut prévaloir contre la liberté individuelle. Et c'est pourquoi les anarchistes, indi­

vidus raisonnables, ne veulent pas d'union ni de séparation autorisées par la loi ou par les règlements d'un rite quelconque. L'association librement consentie est la plus logique, la plus rationnelle, la meilleure de toutes : elle ne peut donner que des résultats de · satisfaction et de bien-être communs.

FERNAND-PAUL.

LE LIBERTAIRE.

VIVE· LE SOLEIL! C'est ve,1•s Cba:ville-Vélizy que

nous dh•igeons nos pas din1anebe 26 juillet, si le soleil le pe1.•met. Rendez-vous est donné, sur la

Seine, à la .station cles Tuile1•ies, (1•ive d1•oite) à 8 h. 3/4. · Si les ba­ teaux ne vont pas sui• l'eau, on pren,l la 1•oute cle terre et l'on gl'impe sui• l'i:mpéi•iale du T1.•aunvay Louv1.•e-V e1.•sa.il'les. Et voguons ou 1•oulons ve1.•s le

pays où s'éb3ittit Alcof'1•ibas Nasie1• d'heureuse n1én1oire. On s'ar1.•ête1.•a à Bellevue par le bateau; pa1• le tl'ann,,1a,y à Cba.,,ille. Pour les re­ ta1.•1latah•cs, les confettis ana1·­ chistes inclique1•011t le cbe1nin.

VENEZ-Y ... A VÉLISY.

TROIS .MOTS AUX AMIS

R. D. - Non, ce n'est pas trop littéraire, c'est trop flou, trop imprécis. Il faut être plus net.

E. GRAVELLE. - Je ne peux que communiquer ta lettre, trop particulière pour. intéresser les lec­ teurs.

JEGO. - Oui, toutes. Pour une somme au-dessus de 1 fr., plutôt en timbres. Cela nous occasionne moins de dérangements.

MARC Gmo - Cholet, 1, rue Emile-Zola, Lens (Pas­ de-Calais) demande ton adresse.

LOUIS JUST. - Enverra sa nouvelle adresse a Ana­ tole. pour qu'on lui expédiesa correspondance.

L'ESCLA V ACE CONJUGAL

'

Où l'on discute· l Où l'on se 'Joil

Causeries Populaires des XVIl0 et XVIII•, Rue du Ghevalier-ile-la-Barre, 22. - Lundi, 27 juillet, à 8 b. 1/2, La guerre sociale, avec le concours de tous.

Causeries Populaires des X• et XJe, 5, cité d'Angoulême (66, rue d'Angoulême). - Mercredi 29 juillet, à 8 heures 1/2. Sur l'éoolution de la vie, par A. Libertad.

Causeries Populaires du .\IX• et XX•, 20, rue des Annelets (prés l'église de Belleville). - Vendredi 24 Juillet, à 8 h, 1/2, causerie d'organisation.

Groupe anarchiste du XV0, café des Sports, 139, rue du Théâtre. - Vendredi, 24 juil­ let, à 8 b. 1/2, La révolution russe, par R. Lodaskt et R. Taupin. Urganisation d'une conférence et discussion sur l'édition d'une brochure.

Groupe lib1·e d'èducation du Bronze, 123. rue Vieille-du-Temple. - Jeudi 23 juillet, à 8 h. 1/2, Le valeur véritable du mouvement, par A. Libertad.

ARGENTEUJL. - Groupe d'études sociales, 11, rue de l'Hôtel-Dieu. - Samedi 25 juil­ let, à 9 h., Organisation de la conférence Lorulot.

TOURS. - Les Iconoclastes, Restaurant Lestrade, 76, rue Bernard-Palissy. - Ven­ dredi 24 juillet, à 9 h., Doit-on ou ne doit­ on pas all6r à la caserne ? par Jean Bon.

St-ÊTJENNE. - (;auseries libres, 42, rue .Mulatière. - Samedi 25 juillet, à 8 h. 1/2, Dieu, thèse religieuse, thèse anarchiste.

L l'ON. - Causerie contradictoire sur la Désertion, 35 bis, rue de Grenette.

- Travail en Camaraderie •

/mp. des Caweriè.r Populaires: C?Armandine .Mahé

La Jêrante: Anna MAHÉ

Catalogue des Brochures. Petits volumes à O fr. 45 cll'a,tJue

Les Uulnes. La Loi natim·elle (VOLNEY). Le Nel'eu de ltameau (IJJDEHOT). . Jacques le Fataliste (DIDEROT) . . . . . l..a Heligiiuse (DIDEROT) . . . . . . . . . Essais (i'l10NTA1GNE) •. Discours sur la JHéthode (DESCAR'l'ES) . Traité de l'Esprit (HELVÉTIUS) . De la Tyrannie (ALFJERJ) . . . . . . . Progrès de !'Esprit. humain (CONDORCET) Considéralions sur lf's l\lœurs (DUCLOS) Essai sur tes Préjugés (DUMARSAIS) .. La Servitude voloutaire (LA UOitTIE) .. l\falthus et les Ecouomistes (P. LEROUX) T1·aité des Délits et Peines (BECCARIA) Pensées' (PA~CAL) ' . Confessions (J .-J. ROUSSEAU). . . . De l'loégalité parmi les Rompies

(J.-J. ROUSSEAU) , . Du Contfat sor-tat (J.-J. ROUSSEAU) . l:mile ou de l'Educatio11 jJ~J.J{oussi,:AI')

- srocnures cmtlmllilctristes - Patrie_ Guerre, Ca•erne (Ch. ALBle:RT) . Le Patriotisme, • pai: un Bourgeois et les Déclarations cl Emile HENRY . . . . . .

Le Militarisme (Domela NIEUWENHU1S) . }}Antipatriotisme (Gustave HERVÉ) . Colonisation (Jean GRAVE) . Le 81ensonge patriotique (E. IIIERLE) . Lettres de Pioupiou (Fortuné HENRY). . Le Hllltarlsme (D• H. FISCHER) . . . . . Le nouveau Manuel du Soldat . . . . . Contre le Brigandage marocain (HERVÉ) L'ldol" ratrle (André uin111,01l ....• L'École antichamhre de caseene et de saerlstie (Emile JANVTON) .....

- Brochures antireligieuses - LeR ('rimes de Dieu (Séhastir'n fi.Al:RE) Non l Dieu n'est pas (Le curé MESLLEn). L'Anar('hte et i'Eglise (E. RECLUS) . La Peste rellgiemi!e (J. Most) . Entretiens d'un Philosophe avec l\f•u Ia Maréchale (DIDEROT) . . . . . . . . . .

Dieu n'existe pas (Dlkran ELMAssu:i) .. Réponse aux Paroles d'une Croyante

( Sébastien FAURE) . . . . . . . . . • . . . L'IDcomba•tlblllté de 1,Ame (DeLIP'rAY)

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Broctiures éducatives cl':,historiques L'llérét..lité et PEdueactou (Anna MAHÉ). Le i\fa<'lti11i1<111e (J1)a11 GHA\'E). . .... 'fravail et !Sm·ntenage (D• PIERROT) . . • L~ Rei.ponsabilité et la Solidarité dans la. LnUe ouvrière (M. NEITLAU) .

Documents d'Histoire (É. HENRY, etc ). L'Organisation de lu Vindicte appelée Justice (P. KROPOTKINE) .

Les l,ols scélérates de 1893 -1894 (Fr. DE PRESSENSÉ, un Juriste et Émile POUGET)

L'Argent (PARAF-JAVAL) . l,e Uôle de la Femme (D• FISCHER) ' .• Justice (D• FISCHER). . . . . . . . . . . L'Education de Demain (A. LAISAN'F) . L'Education libertaire (D. NIEUWENHU1S). Enseignement bourgeois et Enseigne- ment libertaire (J. GRAVE) .

Le Syndicalisme dans l'Évolution sociale (Jean GRAVE) .....•....

Pierre Lavroff (E. S. R. 1.) . Communisme et Anarchie (KROPOTKINE)· Anarchie et Communisme (CAflERO) .. L'Anarchlsme, comme Vie et comme acti- vité tn<livtàuelles (E. ARMAND et l\lAURICIUS)

L'Anarchle (André GIHARD) ,. L'Anarchie (E. l\[AUTESTA) . Aux Anarchistes qui s'ignorent (Charles ALBERT) .

Argnment.s anarchistes (A. BEAURE) . L'A, n. c. du Libertaire (J. LEBl,IINA) . A mon Frère le Pay,41m (E. RECLUS) . . Entre Paysans (E. lllALATESTA) . Un Anrurchiste devant les Tribunaux

(Georges ÉTIÉVANT) . Organisation, Inttlntfve et Cohésion

(Jean GnA VE) . . . . . . . . . . . . . La Panacée Révolution (Jean GRAVE) . La Quel!iltion Mclale (Sébastien FAURE). Les 'femps nouveaux (P. KROPOTKINE). Aux Jeunes Gens (P. KnOPOTKINE) ... La Morale anarchiste (P. KnoPOTKJNR). (.e libre l<~xamen (PARAF·JAVAL) ...•. 110rdre (P. RnoPO'rKtNE) . 1.•1•:d1wa1 ion de l'en faut ( Léou Ct,É,111m•r) l.'A. 'Il. C, 1111 Syndic-alisme (G. Yvsror). Ver ... la Hussi(.• l.ihrc (A. IlULLARD) ... Syndkalisme et llévolution (D' PIERRO'i') Eu t.;oum1uui,;aue (André l\IoUNIER) ....

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Brochures sur la questun: sexuelle Poi,uiatiou et Pnu.lc11cc tH'ocréutrlce

(Paul Ronrx). . . . . . . . . . . . • . . • La Préservation sexuelle (A. de LIPTAY) Génération consciente (Frank SUTOR). . Le Problème de la Population (S. FAURE) Pain, Loisir, Amour (Paul ROBIN) . L'Amour libre (Madeleine VERNET) . L'immoralité du l\larlage (R. CHAUGm) Les Propos d'une Fille (P. ROBIN) ... r .n,..,rt6 <1exnelle m. ARMAND\ , . . . . . Contre la nature (Paul ROBIN). . . . . . Libre amour, Libre maternité (P. ROBIN) La s·rè,•e .des ventres (F. KOLNJ,Y) .... Le Pr,oblème des sexes !André LORULOT)

- Brbcnwres antiélectorales - Le l\lensonge électoral (A. Lonuurr) •. L' Alu!lurdité des 1101 disant Libres- Penseurs (PARAF-JAVAL) .....

Pages d'histoire soclallste(TOHERKESOFF) La Grève des Electeurs (O. MIRBEAU) .. Le Tréteau électoral, piécette (LÉONARD) L'Eiection du 1'1alre, piécette (LÉONARD). BIJ'avals à parler aux Electeurs (GnAVE) L' Absurdité de la Politique ( PaRAF-JA V ALI L'Rtat. IIOU N\le hlNtorlque !KROPOTKINE)

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PAR LA CHANSON - Œuvres de eharles d'1\VH1\Y Les Gueux. - Bazaine. - La Chevauchée Infernale. -,- Les l•'ous. - l\lilitari;;ime. - Amour et Volonté. -Les l\lasqnes Uouge1-1. - Le Peuple est Vieux. - Pro;;itit.ulion. - Les Favorites. - La Chanson d'un In­ croyant. - Les Gé:111ts. - Le 1" J\fai., La Petite trille de deux 1-10,1s.

cnaque chanson o fr. 2.,J -- Éditions de l'anrwcMe : 1\0 V1\YS OU, 8E)NJ-1BUR

ou LB RÊVE DU PAYSAN

Paroies lie T.011,is Cornet, Mnsiqiw. (le tèon Isi·aël PRJX: o fr,.10