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SOMMAIRE “Le Journal qui fait bouger le Cameroun” Numéro 72 - Spécial - Octobre 2006 2011 ... c’est demain ! 500F CFA ALTERNANCE POLITIQUE AU CAMEROUN : Leurre ou lueur d’espoir... SOMMAIRE Le cri citoyen d’une femme EDITORIAL REPARTITION DES POSTES STRATEGIQUES DANS L'ESTABLISHMENT LA GENESE DES PARTIS POLITIQUES DANS LA MONDE ET AU CAMEROUN LES PARTIS POLITIQUES CAMEROUNAIS SEIZE ANS APRES L'AVENEMENT DE LA DEMOCRATIE FORCES ET FAIBLESSES DES PARTIS REPRESENTES DANS LES INSTANCES DIRIGEANTES AU CAMEROUN LA DEFINITION DE LA POLITIQUE NATIONALE : LE RDPC A LA TRAINE LA QUESTION DE L'ALTERNANCE AU POUVOIR ET LES PARTIS POLITIQUES CAMEROUNAIS

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SOMMAIRE

“Le Journal qui fait bouger le Cameroun” Numéro 72 - Spécial - Octobre 2006

2011... c’est demain !

500F CFA

ALTERNANCE POLITIQUE AU CAMEROUN :Leurre ou lueur d’espoir...

SOMMAIRE

Le cri citoyen d’une femme

EDITORIAL

REPARTITION DES POSTES STRATEGIQUES DANS L'ESTABLISHMENT

LA GENESE DES PARTIS POLITIQUESDANS LA MONDE ET AU CAMEROUN

LES PARTIS POLITIQUES CAMEROUNAISSEIZE ANS APRES L'AVENEMENT DE LADEMOCRATIE

FORCES ET FAIBLESSES DES PARTISREPRESENTES DANS LES INSTANCESDIRIGEANTES AU CAMEROUN

LA DEFINITION DE LA POLITIQUE NATIONALE : LE RDPC A LA TRAINE

LA QUESTION DE L'ALTERNANCE AUPOUVOIR ET LES PARTIS POLITIQUESCAMEROUNAIS

Journal La Cité N°72 - Spécial - Octobre 20062

EDITORIAL

CRI CITOYEN D'UNE FEMME Pauline BIYONG

e 22 septembre 2006, il aété procédé à un réajuste-ment de l'équipe gouverne-mentale. A l'évidence, la

technicité et l'efficacité semblentavoir été délaissés, au sein de la nou-velle équipe, au profit des équilibresrégionaux. En effet, on note que lespersonnalités nommées, proviennentdes mêmes localités que celles dontsont issues celles qu'elles rempla-cent. Elles occupent, par ailleurs, lesmêmes postes, à l'exception de deuxcas, majeurs, qu'il convient de rele-ver. D'une part, la province du Centrea été privée du poste stratégique deSecrétaire Général de la Présidencede la République, au profit de celle duLittoral qui le cumule, désormais,avec le poste de PCA de la SNH. ;d'autre part, le département duMfoundi se retrouve dépourvu d'unministère stratégique, en l'occurrencecelui des Travaux Publics, au profitdu département de la Haute Sanaga.Auparavant, il avait perdu, il y a quel-ques temps déjà, le poste de Vice-Président de l'Assemblée Nationale,et curieusement, toujours au profit dela même Haute Sanaga. On note,également, de manière tout a faitétrange, la promotion de plusieurspersonnalités dont les épouses sontoriginaires de la province du Sud.Pour quelle raison ? Bien malin quipourrait le dire. Quoi qu'il en soit,quelle lecture faire de ce dernierremaniement ministériel ?

D'abord, à l'évidence, la logiqueappliquée semble être celle de lareprésentativité régionale. Mais, dansces conditions, la distribution despostes de responsabilité, peut-elle

être perçue comme objective ? Il y afortement lieu d'en douter. En toutcas, dans les hautes sphères dupouvoir, l'idée régnante est celle quiconsiste à "donner le temps autemps", selon la formule chère auPrésident François Mitterrand.Traduction : probablement dans sixmois, si la pression du peuple conti-nue, on en sacrifiera dix autres.

La fameuse théorie bien connuede "diviser pour régner", chère auxpouvoirs africains, semble avoir étéramenée sur le tapis. On constate,en effet, que dans certaines régionsdu Cameroun, il est préféré les cap-tifs d'antan, aux seigneurs, ce quicrée d'énormes antagonismes ausein des communautés, et, par voiede conséquence, beaucoup de ziza-nie entre les gens. A qui celle-ci pro-fite-t-elle ?

Le refus de procéder à un renou-vellement de la classe politique, encette fin de second et dernier septen-nat, est des plus manifeste. Ceci setraduit par le recours à des person-nalités déjà depuis longtemps usées,discrédités - dont certaines, se sontillustrées par d'énormes indélicates-ses envers la fortune publique - pen-dant que dans le même temps, d'in-nombrables jeunes, pleins d'énergieet de talents, rongent indéfinimentleur frein, sont écrasés par ces "prin-ces" de la République qui vont etviennent au fil du temps depuis 24ans. Ces jeunes partent à la retraitesans avoir donné le dixième, d'eux-mêmes, pour le progrès de leur pays.Comment interpréter cette attitude,pour le moins paradoxale, quand,dans le même temps, sous d'autres

cieux, y compris en Afrique, on voitcomment sont formés, patiemment,ceux qui seront appelés à présideraux destinées du pays, sous peu detemps ? Comment ne pas penser àune formule bien camerounaise : "lemauvais cœur ?" Ou à une autre bienconnue, à travers le monde : "aprèsmoi, le déluge" ? En tout cas, ce pro-blème du refus de procéder à unrenouvellement du personnel politi-que, nous amène à établir des paral-lèles. En effet, si comparaison étaitraison, on constate que, aux Etats-Unis d'Amérique, depuis 1960, datede l'accession du Cameroun à l'indé-pendance, il y a déjà eu, comme pré-sidents de la République, John FKennedy, Lyndon Johnson, RichardNixon, Gerard Ford, Jimmy Carter,Ronald Reagan, Georges Bush, BillClinton, Georges Walter Bush, soitneuf président, pendant que leCameroun, "berceau de nos ancê-tres", n'en connaît, quant à lui, tou-jours que … deux, et, pis encore, denombreuses personnes se mobili-sent, dans l'ombre, actuellement,pour que le troisième n'apparaissepas dans cinq ans, c'est-à-dire en2011, mais, peut-être, au plus tôt en2018 ! Fait plus qu'important à signa-ler, chacun des Présidents des payscités, apporte sa haute administration: donc, il y un renouvellement perma-nant et systématique de la classepolitique. En France, de 1960 à nosjours, il y a eu, comme Présidents dela République, Charles de Gaulle,Georges Pompidou, Valéry Giscardd'Estaing, François Mitterrand, et,actuellement, Jacques Chirac., soitcinq. Fait également important, cha-

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Journal La Cité N°72 - Spécial - Octobre 2006 3

CRI CITOYEN D4UNE FEMME3cun d'eux a apporté sa classe politi-que, donc il y a aussi eu un renouvel-lement permanent du personnel poli-tique. Il y a bien longtemps que despersonnalités telles que OlivierGuichard, Chaban Delmas, compa-gnons de Charles de Gaulle, ontquitté la scène politique, et sont allermourir dans une retraite paisible,après avoir écrit leurs mémoires. AuCameroun, des dinosaures de 1960,sont toujours en fonction, pendantque leurs petits-fils sont en quêted'un premier emploi. En dressant untableau national des vieillards enfonction on aboutit à ceci : Adamaoua: Hamadjoda Adjoudji, 26 ans minis-tre, aujourd'hui PCA de l'Agence deRégulation des Marchés Publics,ARMP, et de l'Université deNgaoundéré ; Centre : AugustinFrédéric Kodock, ministre déjà en1964, c'est-à-dire, bien avant sonpatron de ce jour, Paul Biya, PaulPondi, directeur de la SûretéNationale en 1961, et encore actuel-lement PCA de l'Aéronautique Civile,Béléoken, directeur du protocole duprésident Ahidjo, et actuellementdirecteur de Cabinet Civil ; Est : FélixSabal Lecco : 88 ans bien sonnés,est le président du Conseil Nationalde la Communication, JosephCharles Doumba, ministre en 1972,et toujours Secrétaire Général duRdpc, personnage désormais plusqu'impotent, qui a failli tomber devieillesse lors de l'ouverture du der-nier congrès extraordinaire du RDPC, le 21 juillet 2006 ; Extrême-Nord :Ousmane Mey, fondateur de l'UnionCamerounaise, UC, en 1958, avecAhmadou Ahidjo, est le PCA de laCNPS, à l'époque inamovible gouver-neur de la province du Nord (lorsquecelle-ci couvrait les trois provinces del'Adamaoua, du Nord et de l'Extrême-Nord), Cavayé Yégué Djibril, depuis

14 ans Président de l'AssembléeNationale, Ayang Luc, Premier minis-tre en 1983, Président du ConseilEconomique et Social depuis 1984 ;Nord : Madame Yaou Aïssatou, 16ans ministre, 21 ans Présidente del'OFRDPC, 10 ans DG, Bello Bouba,ministre depuis 1980, Premier minis-tre en 1982, démissionne en 1983,revient au gouvernement en 1997 ;Nord-Ouest : Achidi Achu, ministrede la Justice sous Ahmadou Ahidjo,Premier ministre de Paul Biya,actuellement PCA de la SNI ; Ouest :Jean Nkuete, ministre depuis 1982,Secrétaire Général de la CEMAC, denouveau ministre, Tessa Paul, minis-tre en 1972, PCA de la Sopecam ;Sud : Ferdinand Oyono, secrétaired'ambassade à l'ambassade deFrance en Italie à Rome, en 1959,c'est-à-dire avant même l'indépen-dance du Cameroun, il est toujoursministre à ce jour ; Littoral : LaurentEsso, chancelier de l'Universitédepuis l'époque d'Ahmadou Ahidjo, ilest toujours ministre ; Sud-Ouest :Chief Endeley, Ndep Orok., occupentencore de hautes fonctions. Cetteliste n'est pas exhaustive.

Toujours, si comparaison était rai-son, on ne peut manquer de releverque l'Allemagne est, actuellement,dirigée par une dame âgée de 52ans, la Grande Bretagne, par unPremier ministre âgé de 54 ans, leJapon, par un Premier ministre quiaura 52 ans en entrant en fonction, laFrance, à travers Nicolas Sarkozy,risque de se retrouver avec un prési-dent âgé de 53 ans.

La sanction de la popularité, del'ambition, du dynamisme, est égale-ment patente, à la lecture des per-sonnes limogées au cours de ceremaniement ministériel. Certainesd'entre elles ont d'abord été jetéesen pâture, à la population, par presse

interposée. Et, curieusement, on acomme l'impression qu'en haut lieu,c'est cette vindicte partisane estacceptée.

Certains d'entre nous aimeraientsavoir où on va. Quel est l'agendapolitique, économique et social, aulieu de nous obliger à consulter aussiles boules de cristal pour connaîtrel'avenir. Les cercles ésotériques ontpris en otage l'Etat. Qu'allons-nousdevenir ? Le pays est géré par unepoignée de personnes qui s'accapa-rent de toutes les richesses au détri-ment de l'intérêt général. Nouséprouvons de réelles inquiétudes.

***

2011, c'est tout juste demain. Pourcouper court à l'empoisonnementactuel de la vie publique où lynchage,meurtres, et autres pratiques malsai-nes sapent le capital humain, il vousimporte de baliser le chemin, toutcomme votre prédécesseur avait prisla peine de le faire, à votre bénéfice.En 1975, il avait fait de vous lePremier Ministre du Cameroun; en1979, le successeur constitutionnel.Dès cette année-là, tous lesCamerounais voyaient en vous leprobable futur Président de laRépublique, en cas de vacance dupouvoir. En 1982, cela s'est produit,et vous vous êtes retrouvé à la têtede l'Etat camerounais. Vous avezgéré, avec bonheur, l'affaire Bakassi,les Camerounais s'attendent à ceque vous fassiez autant pour votresuccession. Ils désirent garder devous l'image d'un Président qui auraapporté la démocratie et la prospéritéà notre pays. C'est bien connu, toutevérité n'est pas bonne à dire; mais,vaudrait mieux parfois la dire pouréviter le pire

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Journal La Cité N°72 - Spécial - Octobre 20064

REPARTITION DES POSTES STRATEGIQUES DANS L'ESTABLISHMENT 4

REPARTITION DES POSTES STRATEGIQUES DANS L'ESTABLISHMENT

POSTES NOMS DEPARTEMENT PROVINCE

Président de la RépubliquePrésident National du RDPCPrésident de l'AssembléeNationale1er Vice-Président de l'AssembléeNationalePrésident Conseil Economiqueet SocialPremier MinistrePrésident de la Cour SuprêmeProcureur GénéralSecrétaire Général de laPrésidenceSecrétaire Général du Parti RDPCPrésident de l’OFRDPCPrésident de l’OJRDPCVice Premier Ministre chargé dela JusticeMinistre d'Etat chargé del'Administration TerritorialeMinistre d'Etat chargé des PTT

Ministre d'Etat chargé du PlanMinistre d'Etat chargé desRelations ExtérieuresMinistre d'Etat chargé de l’Agricul-ture et du Développement RuralMinistre d'Etat chargé de laCultureMinistre de la DéfenseMinistre de l'Economie et desFinancesSecrétaire Général des Services du PMSecrétaire Général de l’ANDélégué Général à la Sûreté Secrétaire d'Etat à la DéfenseDirecteur du Cabinet CivilDirecteur Général desRenseignements GénérauxMinistre de la CommunicationMinistre Délégué Chargé duBudget (MINEFI)Ministre Délégué Chargé desProgrammes (MINEFI)Ministre Délégué au PlanMinistre des EnseignementsSecondaires

Paul BIYAPaul BIYA

CAVAYE Yéguié Djibril

Hilarion ETONG

AYANG LUCINONI EphraimDIPANDA MOUELLERISSOUCK

Laurent ESSOJoseph Charles DOUMBAYaou AISSATOUJohn AKPO MUKETE

Amadou ALI

MARAFA HAMIDOU YAYABELLO BOUBA MAIGARI(UNDP)Augustin F. KODOCK (UPC)Jean-Marie ATANGANAMEBARA

Jean NKUETE

Ferdinand L. OYONORemy ZE MEKA

Polycarpe ABAH ABAHJules Doret NDONGOSamson ENAME ENAME Alain MEBE NGO'OBOKAM Jean BaptisteJ. B BELEOKEN

Bienvenu OUBELABOUTEbénézer NJOH MOUELLE

ESSIMI MENYE

DJANKOUO LAMAREYAOUBA ABDOULAYELouis BAPES BAPES

DJA ET LOBODJA ET LOBO

MAYO SAVA

HAUTE SANAGA

MAYO DANAYFAKOMUNGOMBAM ET INOUBOU

WOURILOM ET DJEREMBENOUEMEME

MAYO SAVA

BENOUE

BENOUENYONG ET KELLE

MEFOU ET AKONO

MENOUA

MVILADJA ET LOBO

DJA ET LOBOOCEANDJA ET LOBODJA ET LOBOHAUT NYONGMBAM ET INOUBOU

MBAM ET INOUBOUNKAM

LEKIE

NOUNDIAMARESANAGA MARITIME

SUDSUD

EXTREME-NORD

CENTRE

EXTREME-NORDSUD-OUESTLITTORALCENTRE

LITTORALESTNORDSUD-OUEST

EXTREME-NORD

NORD

NORDCENTRE

CENTRE

OUEST

SUDSUD

SUDSUDSUDSUDESTCENTRE

CENTRELITTORAL

CENTRE

OUESTEXTREME-NORDLITTORAL

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5 REPARTITION DES POSTES STRATEGIQUES DANS L'ESTABLISHMENT

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POSTES NOMS DEPARTEMENT PROVINCE

Ministre de l'Education de BaseMinistre de l'EnseignementSupérieurMinistre de la Santé PubliqueMinistre des Travaux PublicsMinistre du DéveloppementUrbainDirecteur Général de la SNHDirecteur Général de la BEACDirecteur Général de la SNIDirecteur Général de la SONARA

Directeur Général de TRADEXDirecteur Général de la SCDPDirecteur Général de la CSPHDirecteur Général de la CNPSDirecteur Général de la CAMTELDirecteur Général CREDITFONCIERDirecteur Général du FEICOMDirecteur Général CAMAIRDirecteur Général CAADirecteur Général de la Boursedes ValeursDirecteur Général des Chantiers NavalsDirecteur Général du PortAutonomeDirecteur Général De la CDCDirecteur Général de la CRTVDirecteur Général CAMPOSTDirecteur Général SOPECAMDirecteur Général SODECOTONDirecteur Général CAMWATERPCA SNHPCA SNIPCA TRADEXPCA BICECPCA CSPHPCA Port AutonomePCA Crédit FoncierPCA SONARAPCA CAMTEL

PCA CNPSPCA Crédit LyonnaisPrésident de la Chambre deCommercePrésident de la Chambre

d'Agriculture

Mme HAMAN ADAMA

Jacques FAME NDONGOU. OLANGUENA AWONOMESSENGUE AVOM B.

Clobert TCHATATAdolphe MOUDIKISADOU HAYATOUMme Yaou AISSATOU

Charles METOUCK

NYODOG PerrialNGUINI EFFATALBA MALLA IBRAHIMLouis MOTAZEDavid NKOTTO EMANE

Camille EKINDICamille AKOANGAMOUEVOU Dieudonné

EKOULE Pierre

Zachaeus For NJIDAM

ETOUNDI OYONOHenry NJALLAH KWANAMADOU VAMOULKETAWAMBAMarie-Claire NNANAIYA MOHAMEDBasile ATANGANA KOUNALaurent ESSOACHIDI ACHUAdolphe MOUDIKIBOKAM Jean BaptisteALEOKOL Jean MarieChristopher NSHALAI Jules Doret NDONGO John EBONG NGOLLEChief MUKETE

OUSMANE MEYOKOUDA Martin

NJUIMO MONTHEPhilemon ADJIBOLO

BENOUE

MVILALEKIEHAUTE SANAGA

NDEWOURIBENOUEBENOUESANAGA MARITIMESANAGA MARITIMEMEFOU ET AKONOMAYO SAVADJA ET LOBODJA ET LOBO

WOURIOCEANHAUT NKAMDJA ET LOBO

WOURI

MEZAM

NYONG ET SO'O FAKOMAYO DANAYMENOUAMEFOU ET AFAMBABENOUEMEFOU ET AKONOWOURIMEZAMWOURIHAUT NYONGHAUT NYONGMOMOOCEANFAKOKUMBALOGONE ETCHARIMFOUNDI

HAUT NKAMKADEY

NORD

SUDCENTRECENTRE

OUESTLITTORALNORDNORD

LITTORAL

LITTORALCENTREEXTREME-NORDSUDSUD

LITTORALSUDOUESTSUD

LITTORAL

NORD-OUEST

CENTRESUD-OUESTEXTREME-NORDOUESTCENTRENORDCENTRELITTORALNORD-OUESTLITTORALESTESTNORD-OUESTSUDSUD-OUESTSUD-OUEST

EXTREME-NORDCENTRE

OUESTEST

Journal La Cité N°72 - Spécial - Octobre 20066

6LE POIDS DES VOIX PAR DEPARTEMENT

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LE POIDS DES VOIX PAR DEPARTEMENT (SUITE P28)

N° D 'ORDRE DEPARTEMENTVOTE EN FAVEUR DE PAUL BIYA ELECTION

OCTOBRE 2004

12345678910111213141516171819202122232425262728293031323334353637383940

MFOUNDI LOGONE ET CHARI

DIAMAREBENOUE

MAYO DANAYMAYO TSANAGA

DJA ET LOBOLEKIEWOURI

MAYO SAVAMAYO KANI

LOM ET DJEREMMAYO LOUTI

HAUT NYONGVINA

MANYUMEFOU ET AFAMBA

MVILAMAYO-REY

OCEANMENOUA

NYONG ET MFOUMOUMBERE

MOUNGOLEBIALEM

KADEYMBAM ET INOUBOU

FAKOBOUMBA ET NGOKO

NYONG ET SO'OMAYO BANYOBAMBOUTOS

HAUTE SANAGAKOUPE MANENGOUBA

MEMESANAGA MARITIME

NYONG ET KELEVALLEE DU NTEM

NDIANMBAM ET KIM

165 013149 513143 342122 729122 006104 96199 80389 49389 06085 99078 81758 07757 86056 54555 01851 69851 46549 75948 94945 82145 65544 23643 94042 54141 35239 83139 69936 89336 28035 01131 11829 81129 58928 75427 76326 89326 26025 31024 76323 950

Journal La Cité N°72 - Spécial - Octobre 2006 7

7 LA GENESE DES PARTIS POLITIQUES DANS LA MONDE ET AU CAMEROUN

LA GENESE DES PARTIS POLITIQUES DANS LA MONDE ET AU CAMEROUN

out est parti de la révo-lution industrielle, au19e siècle. Avant celle-

ci, il n'existait pas, à proprementparler, de partis politiques. Il y aavait naturellement la lutte desclasses. Celle-ci, se traduisait pardes révoltes plus ou moins vio-lentes, ou alors carrément desrévolutions, genre la révolutionFrançaise. Les classes socialesqui s'affrontaient, ainsi, étaientgrosso-modo, les esclaves contreles hommes libres, dans l'anti-quité, les serfs contre l'aristocra-tie, au moyen-âge en Europe,puis la bourgeoisie naissantecontre l'aristocratie, également,voire, dans certains cas, le clergé.Il existait également des luttespolitiques qui avaient pour fon-dement, l'indépendance, ce fut lecas pour les Etats-Unisd'Amérique, le Canada et toutel'Amérique Latine.

LES PREMIERS PARTISPOLITIQUES EN

OCCIDENT

Avec le développement dumachinisme et la naissance d'uneclasse ouvrière se fait jour,auprès des individus en Europe,le désir de se regrouper, par affi-

nités d'idées et d'intérêts, pouraméliorer leur bien-être, ou alorsle préserver. Les premiers partispolitiques se caractérisent, ainsi,par la défense des intérêts, soitdes riches, soit des démunis.Etant donné la misère des peti-tes gens et les conditions de tra-vail très difficile de la classeouvrière, de nombreux penseursse mettent à poser, clairement, leproblème de la répartition iné-gale de la richesse nationale. Cecidébouche sur des idées de socia-lisme. C'est le début du combatidéologique. Les écrits de KarlMarx, un philosophe Allemand,viennent opérer une distinctionentre le socialisme " utopique ",et le socialisme " scientifique ".Le 1er est une sorte de socia-lisme moralisateur qui prône, demanière pacifique, une réparti-tion équitable des richesses.Tandis que le second est unsocialisme qui se base sur la phi-losophie du " matérialisme dia-lectique ", et qui prône la révolu-tion, c'est-à-dire la prise de pou-voir de manière violente par laclasse ouvrière, suivie de la dicta-ture du prolétariat, pour changerla société.

En 1848, Karl Marx etFrédrich Engels publient le "

Comment les partis politiques, c'est-à-dire des associations d'individus qui visent laconquête et l'exercice du pouvoir, ont-ils vu le jour à travers le monde et dans notre pays ?

Manifeste du parti communiste", célèbre ouvrage qui résumetoute leur pensée et qui sesituera au centre des luttes poli-tiques dans toute la secondemoitié du 19e siècle, et pratique-ment toute la durée du 20e siè-cle.

Au lendemain de la publica-tion de cet ouvrage, les partispolitiques se distingueront entrepartis bourgeois et partis prolé-tariens ; entre partis conserva-teurs et partis révolutionnaires ;entre la droite et gauche. Larévolution russe de 1917 quidébouchera sur la création del'Union des Républiques Socia-listes Soviétiques, URSS, viendraconsacrer cette division. Elleconnaîtra de légères modifica-tions, selon les pays. On auraainsi, des partis travaillistes, à laplace de partis communistes, oualors de partis conservateursd'appellation, tout bonnement, àla place de partis de droite.

En France, en 1920, la gauchese scindera en deux, et verra lacoexistence d'un parti socialiste,non favorable à la révolution et àla dictature du prolétariat, et unparti communiste quant à lui,favorable à ces thèses.

T

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8LA GENESE DES PARTIS POLITIQUES DANS LA MONDE ET AU CAMEROUN

De nos jours, la France estcaractérisée par des partis dedroite, UMP, UDF, d'extrême-droite, le FN, de gauche, le PS, lePCF, la LCR, luttes ouvrières,etc. Naturellement, les partis dedroite en schématisant, défen-dent avant tout les intérêts despatrons et des classes favorisées,ceux de l'extrême-droite défen-dent des thèses nationalistesxénophobes, ceux de la gauchecontinuent à prôner la révolu-tion avec l'instauration de la dic-tature du prolétariat.

LA FIN DE LA GUERREET LES PREMIERS PARTIS POLITIQUES

CAMEROUNAIS

Au mois de Février 1944, leGénéral de Gaulle avait tenu lafameuse "Conférence de Brazza-ville" entre administrateurs descolonies de l'Afrique Noire. -AOF, Afrique Occiden-taleFrançaise, AEF, AfriqueEquatoriale Française, à laquelleétait rattaché le Cameroun en saqualité de territoire sous tutelledes Nations Unies, à la gestionconfiée à la France - et au coursde laquelle il avait tenu à réaffir-mer que " toute idée d'indépen-dance des territoires françaisd'Afrique était exclue ", mais, enmême temps, avait consenti àdes aménagements du systèmede domination des " indigènes ",ainsi que nous étions désignéspéjorativement.

Comme conséquence de cettenouvelle politique, le droit syndi-

cal est introduit au Cameroun,par le décret du Ministre descolonies de la France Libre (cellefavorable à de Gaulle) RénéPléven, signé le 07 Août 1944.Aussitôt, sont créés les premierssyndicats au Cameroun qui, aumois de septembre 1945, organi-sent la toute première grève del'histoire du Cameroun. Celle-ci,même si elle se solde par plu-sieurs morts du côté camerou-nais, est un succès éclatant, etfait découvrir aux Camerounais,les vertus de la revendication.

Hors des frontières nationa-les, deux leaders politiques quiinfluenceront profondémentl'histoire de l'Afrique Noiretoute entière, Félix HouphouëtBoigny, de Côte d'Ivoire, etModibo Keita du SoudanFrançais (actuel Mali) créent, àBamako, en 1946, le Rassemble-ment Démocratique Africain,(RDA), mouvement politiquedestiné à lutter pour l'indépen-dance des territoires coloniauxfrançais d'Afrique.

Le RDA, qui avait pour mis-sion de donner naissance à dessections territoriales sur toutel'étendue de l'empire colonialfrançais d'Afrique, suscite lacréation de partis politiques auCameroun. La tâche est d'autantplus aisée que de nombreuxCamerounais se rendent désor-mais en France, pour diversesraisons, qu'ils parlent de politi-que.

Ceci est devenu possibleparce que, entre-temps, d'unepart, grâce à l'action de Félix

Houphouët Boigny, le code de "l'indigénat " un ensemble demesures discriminatoires qui fai-saient de nous des esclaves dansnos propres pays a été aboli,d'autre part, la nouvelle constitu-tion française de 1946 a fait denous des citoyens français par latransformation de l'empire colo-nial français en Union Française,donc des individus jouissant dela liberté d'expression, d'associa-tion, de mouvement, de pensée,etc, au même titre que lesFrançais de France.

Les premiers partis politiquesvoient ainsi le jour dès 1947.Ceux-ci, toutefois, sont des for-mations politiques plutôt régio-nalistes, aux revendications poli-tiques timides. Le 10 Avril 1948naît le principal parti politiquequi va animer soit directement,soit indirectement, la vie politi-que nationale, l'Union des Popu-lations du Cameroun (UPC) etqui deviendra la sectionCamerounaise du Rassem-ble-ment Démocratique Africain.

Aussitôt après la création del'UPC, avec pour programmepolitique, "Indépendance immé-diate et réunification", l'adminis-tration coloniale française va semettre à susciter la création departis politiques fantoches, dansle but de contrecarrer l'action del'UPC.

L'INTERDICTION DEL'UPC ET LE TRIOMPHE

DES PARTIS ADMINIS-TRATIFS

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9 LA GENESE DES PARTIS POLITIQUES DANS LA MONDE ET AU CAMEROUN

Le 22 avril 1955, l'UPC,l'Union des Populations duCameroun, l'UDEFEK, l'UnionDémocratique des FemmesKamerunaises, la JDC, laJeunesse Démocratique Came-rounaise publient un documentintitulé "Déclaration Commune"qui n'est rien d'autre qu'une pro-clamation unilatérale de l'indé-pendance. Ce document est trèsmal accueilli par les colonialistesfrançais. Un mois, jour pourjour, le samedi 22 mai 1955,Roland Félix Moumié et ErnestOuandié inaugurent, à Yaoundé,le drapeau National du Came-roun, version des nationalistes,caractérisé par un crabe noir, surfond rouge. En même temps,l'UPC décide de laisser flotter ledrapeau des Nations Unies, etnon celui de la France, à côté decelui de l'UPC, conformément àune Résolution des NationsUnies de la 4ème AssembléeGénérale tenue en 1949. Ceci,les colonialistes français ne letolèrent aucunément : le 25 mai1955, les Français perpétrent lesmassacres du quartier Messa àYaoundé et dans de nombreusesautres villes du Cameroun. Le 13juillet 1955, l'UPC et ses organesannexes qui étaient l'UDEFEKet la JDC, sont interdits d'activi-tés au Cameroun.

Cette mise hors la loi du prin-cipal parti politique duCameroun va laisser le champlibre à la profusion de partispolitique plutôt favorables auxcolons.

LE BLOC DEMOCRATI-QUE CAMEROUNAIS DELOUIS-PAUL AUJOULAT :PEPINIERE DE PARTIS

POLITIQUES PRO-FRANÇAIS.

A l'issue des élections àl'Assemblée Territoriale de 1952,Louis-Paul Aujoulat, un colonqui était déjà membre del'Assemblée Représentative duCameroun, (ARCAM), dans lecollège européen. - l'ARCAM,comme l'ATCAM de 1952, étaitconstituée de deux collèges (2types de Députés) ; un collègeeuropéen, et un collège indigène- avait constitué un groupe par-lementaire avec des Conseillers,(c'était la dénomination qu'a-vaient les élus de l'ARCAM et del'ATCAM) "indigène"- qu'onavait dénommé : Bloc Démo-cratique Camerounais, BDC. Lesdétracteurs de ce groupe ledénommaient, "bande de cons".Qui étaient ces ConseillersTerritoriaux que Louis-PaulAujoulat avait attiré à lui ?Charles Okala, qui, par la suitedonnera naissance au Parti So-cialiste Camerounais, AhmadouAhidjo, qui donnera naissance àl'Union Camerou-naise, André-Marie Mbida, qui créera le Partides Démocrates ChrétiensCamerounais, André Fouda, etc.

Une fois au pouvoir, au moisde mai 1957, le parti desDémocrates chrétiens, quideviendra par la suite le Parti desDémocrates Camerounais, s'il-lustrera par une répression sau-

vage du mouvement et des idéesnationalistes au point où, en1958, il préconisait le renvoi del'indépendance à... 1968 ! Lorsde l'inauguration du drapeauactuel du Cameroun, à savoir levert, le rouge et le jaune, AndréMarie Mbida, Président du PDC,et Ahmadou Ahidjo, Présidentde l'Union Camerounaise (quin'était encore qu'un groupe par-lementaire), chacun dans sondiscours, s'est bien gardé de faireallusion au drapeau de l'ONU,histoire de ne pas vexer les auto-rités françaises, et ne s'estcontenté que de dire que le dra-peau camerounais allait désor-mais flotter aux côtés de celui dela France " dont les couleur nemanquent pas de charme ",selon André-Marie Mbida.

L'Union Camerounaise, (UC),de son côté, une fois au pouvoiren Février 1958, a poursuivi etmême renforcé la répression dumouvement et des idées nationa-listes entamée par les Français. Ila même surpassé de loin, dans cedomaine, le PDC.

Quant au Parti Socialiste deCharles Okala, il ne sera socia-liste que de nom, et se transfor-mera très rapidement, en partisatellite de l'Union Came-rou-naise d'Ahmadou Ahidjo.

En marge de ces formationspolitiques pro-françaises, enexistaient, malgré tout, d'autresqui défendaient, tant bien quemal, des thèses nationalistes. Ilen était ainsi du Parti TravaillisteCamerounais du Dr Eyidi Bebey,du MANC, Mouvement d'Ac-

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10LES PARTIS POLITIQUES CAMEROUNAIS SEIZE ANS APRES L'AVENEMENT DE LA DEMOCRATIE

tion National Camerounais deCharles Assale, ou encore dugroupe parlementaire dénommé"Groupe des Huit" et composé dePaul Soppo Priso, Président,Charles Assale, Dissake Hans,Ekwabi Ewane, Behle Gaston,Obam Ella François, etc.

De 1960 au 1er septembre1966, date de l'instauration de ladictature, et par voie de consé-quence, de l'abolition du multi-partisme, les partis politiquesCamerounais se sont distingués

par une répartition en deux caté-gories bien distinctes : d'unepart, ceux qui étaient favorablesà l'instauration de la dictature, etd'autre part, ceux qui s'y oppo-saient.

Tandis que de 1946 à 1960, ily avait d'un côté, ceux qui étaientfavorables aux thèses françaises,le plus nombreux, et ceux qui s'yopposaient, les moins nom-breux.

Du côté du Cameroun Occi-dental, les partis et les leaders

politiques se répartissaient égale-ment en deux catégories : Ceuxqui étaient favorables à laRéunification, d'une part, etceux qui prônaient le rattache-ment au Nigéria d’autre part.

De septembre 1966 à décem-bre 1990, soit pendant 24 lon-gues années, le Cameroun n'aconnu qu'un seul parti politique :l'Union Nationale Came-rou-naise, (UNC), qui est devenu le24 mars 1985, le RDPC

A. K.

LES PARTIS POLITIQUES CAMEROUNAIS SEIZE ANS APRES L'AVENEMENT DE LA DEMOCRATIE

out avait commencépar une phrase pro-noncée en quelque

sorte à la sauvette. Les mauvai-ses langues disent, à contre-cœur, du haut de la tribune d'uncongrès du RDPC en 1990, parle Président de la République : "attendez- vous à une éventuelleconcurrence ". Sur le coup, toutle monde avait applaudi, mêmesi, de l'avis générale, le mot mul-tipartisme était de ceux qui don-naient des cauchemars à toutesces Excellences assises face auPrésident de la République en cejour inoubliable de Juin 1990 .Nul, toutefois, n'imaginait que leCameroun allait se retrouver,moins d'une année plus tard

avec plus d'une cinquantaine departis politiques légalisés etaujourd'hui, soit seize annéesaprès, avec plus de deux cents .En se basant sur ces statistiques,le moins que l'on puisse dire estque les Camerounais, à l'évi-dence, étouffaient manifeste-ment sous le carcan du parti uni-que, ce régime qui a régné surnotre pays pendant vingt quatrelongues années, à savoir du 1erseptembre 1966 au 31 décembre1990.

Tout d'abord, quelle est lagenèse des principaux partispolitiques qui se manifestentactuellement au Cameroun ?Intéressons-nous, essentielle-ment, à ceux qui sont les plus

En 1990, le Cameroun ne connaissait qu' une seule formation politique ; aujourd'huiil en compte plus de deux cents. Quelles sont les caractéristiques des principalesd'entre elles?

représentatifs, à savoir ceux quidétiennent un mandat électif..

LA NAISSANCE DES PRINCIPAUX

PARTIS POLITIQUESCAMEROUNAIS

Le RDPCLe Rassemblement Démo-

cratique du Peuple CamerounaisLe parti politique le plus

important, à ce jour au Came-roun, a vu le jour bien avantl'avènement de la démocratie en1991. Le commun desCamerounais estime qu'il est néau mois de mars 1985 àBamenda. Mais dès lors qu'il eststipulé dans l'article 1 de ses sta-

T

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11 LES PARTIS POLITIQUES CAMEROUNAIS SEIZE ANS APRES L'AVENEMENT DE LA DEMOCRATIE

tuts que, "le parti de l'UnionNationale Camerounaise, UNC,devient le Rassemblement Dé-mocrati-que du Peuple Camerounais"Traduction : le RDPC n'est quela nouvelle appellation del'UNC.

En vérité le RDPC est né en1958, à Garoua. Il s'appellaitd'abord UC, Union Camerou-naise. Il est né à la suite de l'ac-cession d'Ahmadou Ahidjo aupouvoir le 18 Février 1958comme Premier ministre duCameroun, en remplacementd'André Marie Mbida. Il s'agis-sait pour Ahmadou Ahidjo, de sedoter d'une formation politiquedestinée à soutenir son pouvoir.Pour ce faire, il a entrepris detransformer le groupe parlemen-taire auquel il appartenait àl'Assemblée Législative duCameroun, (ALCAM), dénom-mé Union Camerounaise etconstitué des féodaux du Nord-Cameroun alliés à ceux du paysBamoun sur le pouvoird'Ahmadou Ahidjo.

En 1966, le 1er Septembre,l'UC est transformé en UNC,(Union Nationale Camerou-naise), par absorption pure etsimple des autres formationspolitiques qui étaient restées tantbien que mal en vie. La suite onla connaît, le 25 Mars 1985, à l'is-sue d'un congrès de l'UNC, il aété décidé la transformation dunom de ce parti politique restéseul autorisé à se manifester surla scène politique nationaledepuis dix-neuf années, enRassemblement Démocratique

du Peuple Camerounais. Le nomoriginel proposé avait été "Rassemblement du PeupleCamerounais " RPC, sans doutepar imitation à Charles de Gaullequi avait créé au lendemain de laseconde guerre mondiale, leRPF " Rassemblement duPeuple Français ". Mal en a prismalheureusement au géniteur dece nom, il s'est trouvé qu'à Parisdepuis l'avènement de FrançoisMittérrand au pouvoir le 10 mai1981, et la possibilité qui avaitainsi été accordée aux Africainsde désormais se manifester poli-tiquement sur le sol français, unCamerounais, exilé politique deson état, du nom de Um, animaitune petite formation politiquequ'il avait dénommée également,"Rassemblement du Peuple Camerou-nais". Une fois au courant decette coïncidence, afin de ne pascréer de confusion, les congres-sistes de Bamenda ont choisid'adjoindre le qualificatif "démocratique " à leur projetd'appellation. C'est de cettemanière que le troisième nom del'Union Camerounaise, (UC), avu le jour : RDPC.

L'UPC"L'âme immortelle du peuple

camerounais", UPC, ainsi que seplaisent à qualifier les militantsde ce mouvement politique, a vule jour le 10 avril 1948 à Douala.Il n'est plus nécessaire de revenirsur les circonstances de sa nais-sance, celles-ci sont connues detous les Camerounais. L'UPC aété interdite une première fois

par un décret colonial françaisdu 13 juillet 1955. En 1960, ellea de nouveau été autorisée à semanifester et a connu aussitôt sapremière grande scission entreune UPC " légale " animée parThéodore Mayi Matip, OwonoMimboé, Emah Ottou PPW,Dika Akwa, etc… et une autre "illégale ", celle en exil et aumaquis, animée par DoohMichel, Abel Kinguè, NgouohWoungly Massaga, ErnestOuandié, Ossendé Afana, etc…Le 1er Septembre 1966, l'UPC "légale " a été de nouveau inter-dite, cette fois-ci sans décret,Ahmadou Ahidjo ayant toutbonnement instauré le parti "unifié ", ainsi qu'il tenait à le pré-ciser - il désirait sauver les appa-rences et arguait pour cela queles formations politiques quiexistaient s'étaient regroupéesvolontairement pour n'enconstituer qu'une seule.

En 1991, au lendemain duretour du Cameroun à la démo-cratie, l'UPC à repris vie, et, enmême temps, a de nouveauconnu une scission. Aujourd'huiil existe de ce fait deux courantsqui s'en discutent le leadership etqui alternent au gouvernement :le courrant animé par HenriHogbe Nlend et celui animé parAugustin F. Kodock. LorsqueHenri Hogbe Nlend estMinistre, Augustin F. Kodock nel'est pas et, vice-versa.

Le SDFLe Social Démocratic Front,

plus connu sous son sigle SDF, a

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vu le jour le 26 mai 1990 àBamenda alors que le Camerounétait encore sous régime dictato-rial. Cette naissance au forceps, àl'évidence, n'avait pu se produireque parce que les initiateurs dece projet, d'une part étaient ori-ginaires des Provinces anglo-phones du pays - s'opposer àeux, plus que cela n'avait été fait,aurait pu se traduire par unembrasement de la communautéanglophone et ça, le régime durenouveau voulait l'éviter - d'au-tre part, le gouvernement étaitencore empêtré dans l'affaireYondo Black, cet Avocat et sescompagnons emprisonnés quel-ques mois auparavant pour avoirvoulu créer un parti politique, etenfin quelques jours plus tard,au mois de juin, le Présidentfrançais François Mitterrandadmonestait les Chefs d'EtatAfricains qui emprisonnaientleurs adversaires politiques etmenaçait de suspendre la coopé-ration de son pays avec eux.

L'UNDPL'Union Nationale pour la

Démocratie et le Progrès,(l'UNDP), est née à la faveur del'instauration de la démocratie auCameroun. Cette formationpolitique est rapidement appa-rue, aux yeux d'une importantefrange de la population, commedésireuse de restaurer l'èreAhidjo. D'où la peur qu'elle sus-citait chez les uns et l'enthou-siasme démesurée chez lesautres. Mais cette formationpolitique, qui avait tout pour

conquérir le pouvoir, à commisl'imprudence de limoger le lea-der qui l'avait portée au firma-ment, Samuel Eboua, pour lui enpréfère un autre, Bello BoubaMaïgari. Du coup, aux yeux del'opinion publique, l'UNDP étaitdevenue l'affaire des " haoussa ",elle avait perdu son rayonne-ment national.

L'UDCL'Union Démocratique du

Cameroun, (UDC), tout commel'UNDP, a également été créée àla faveur de l'instauration de ladémocratie au Cameroun. Sonprincipal atout, à la naissance,avait été à n'en pas douter,l'image d'Adamou Ndam Njoyadans l'opinion publique. Ce per-sonnage apparaissait un peucomme un homme intègre, pourne pas dire austère, ce qui laissaitpenser qu'en lui confiant le pou-voir, le Cameroun connaîtrait enquelque sorte, une " révolutionéthique ", Ndam Njoya ayant étél'initiateur du fameux projet del'instauration d'une nouvelleéthique dans l'enseignement auCameroun. Dans le mêmetemps, ce parti politique se pré-sentait plus ou moins commeune troisième voie, une voiemédiane entre le statu quoRdpciste et la restaurationUndpciste. Ni gel de la situation,ni retour en arrière. Il apparais-sait comme une force stabilisa-trice, car ne prônant nullementun chamboulement de la société.Mais il traînait en même tempsun gros handicap : l'apparte-

nance de son fondateur au sulta-nat Bamoun. Hors des frontièresdu Noun, cette chefferie tradi-tionnelle n'exerce aucuneinfluence sur les populations, pisencore, suscite même quelquehostilité .

L’IDÉOLOGIE DES PARTIS POLITIQUES

CAMEROUNAIS

Quelle idéologie développentles partis politiques camerounaisdécrits ci-dessus ? Grosse ques-tion dans la mesure où nospopulations n'y comprennentpas grand chose et surtout nientla lutte des classes au Cameroun,elles pensent que les luttes politi-ques ne se mènent que sur leplan régional, voire ethnique,dans notre pays. Et pourtant, leschoses se passent au Camerouncomme partout ailleurs dans lemonde. Il suffit de procéder audécryptage des discours des dif-férents partis politiques pours'en convaincre.

Le RDPC Ce parti politique n'a pas en

soi un discours qui lui soit pro-pre. Pour connaître son orienta-tion politique, il faudrait plutôts'intéresser au discours duPrésident de la République, sonPrésident National et aux actesque pose celui-ci.

La première chose qui retientl'attention de l'observateur de lascène politique camerounaisedans le discours du leader enchef du RDPC, est le très peu

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13 LES PARTIS POLITIQUES CAMEROUNAIS SEIZE ANS APRES L'AVENEMENT DE LA DEMOCRATIE

d'intérêt accordé aux classesdéfavorisées. Il aborde la ques-tion de la pauvreté d'unemanière philosophique voireromantique, de la lutte contrecelle-ci, un peu comme unemode, en tout cas en écho audiscours des Nations Unies surla réduction de la pauvreté dansle monde. En d'autres termes, lesNations Unies n'en auraient pasparlé, que probablement, nul, auCameroun, et plus particulière-ment au sein du régime, n'évo-querait cette question. A ce dis-cours, par imitation, vient segreffer une absence totale depolitique sociale au Cameroun,sous le renouveau. La preuve laplus palpable de cet état dechose est le rôle dérisoire réservéau Ministère des AffairesSociales dans notre pays : leMinistère des handicapés et des" nanga boko ". Ceci est un indi-cateur déterminant de l'orienta-tion idéologique à la fois durégime et du parti politique quien est l'émanation : un régime etun parti au service de la bour-geoisie. Le RDPC est un particonservateur, c'est-à-dire unparti de droite.

L'UPCUnion des Populations du

Cameroun, - L'âme immortelle duPeuple Camerounais -, se veut unparti réformiste, voire révolu-tionnaire. Bien mieux, certainsde ses cadres en sont profondé-ment convaincus. Mais la réalitéest tout autre. Un parti est révo-lutionnaire lorsqu'il désire chan-

ger les structures sociales, l'ordresocial. Or tel n'est nullement lecas pour l'UPC. Pis encore, celan'a même jamais été le cas,même par le passé. Du temps deRuben Um Nyobè, Abel Kinguè,Ernest Ouandié, l'UPC n'ajamais développé un discoursrévolutionnaire. Il n'a développéqu'un discours nationaliste, sansplus. De 1960 à 1966, sa version" légale " dirigée essentiellementpar Emah Ottou HPW, n'avaitnon plus jamais développé dediscours révolutionnaire. Il étaittoujours question de nationa-lisme, de lutte contre " l'indépen-dance fictive accordée au Cameroun àtravers le laquais Ahmadou Ahidjo ",de relance de la lutte pour une indépen-dance qui soit " véritable ". Les ver-sions Hogbe Nlend et FrédéricKodock de l'UPC, quant à elles,ne prennent même plus la peined'évoquer cette question de l'in-dépendance qui avait été confiéeau " fantoche " AhmadouAhidjo, préoccupés qu'ils sontd'en jouir, plutôt, au même titreque tous les " traîtres à la NationCamerounaise " des années del'indépendance. L'un et l'autreont ainsi rejoint bien vite cerégime que leurs aînés du partivilipendaient. En 1964, FrédéricKodock s'était retrouvéSecrétaire d'Etat aux Finances,sous le gouvernement deVincent de Paul Ahanda,Premier ministre du CamerounOriental. De 1985 à 1990, mili-tant, pur et simple, du RDPC,c'est-à-dire, du petit fils del'Union Camerounaise le princi-

pal ennemi de l'UPC de RubenUm Nyobè, Félix Moumie,etc… Il aura fallu attendre leretour du Cameroun à la démo-cratie, pour qu'il se sente de nou-veau quelque âme Upciste. Ducôté d'Henri Hogbè Nlend, leparcours est tout aussi alambi-qué. En 1966, il évite de gagnerle maquis en compagnied'Ossendé Afana, à Moloundou.De 1985 à 1990, il se retrouvePrésident de la Sous-SectionRDPC de la région de Bordeaux.Puis il bat campagne aux côtésde Bello Bouba Maïgari à l’élec-tion présidentielle de 1992. En1997, il se présente lui-mêmesous les couleurs de l'UPC.Après les élections, il entre dansla coalition gouvernementale,avec un Premier MinistreRdpciste.

Que retenir de tout ça? Uneseule chose, Kodock et HogbèNlend démontrent clairementque malgré tout le bavardageque développe leur formationpolitique commune, l'UPC, surson caractère plus ou moinsrévolutionnaire, il n'existe vérita-blement pas de frontière idéolo-gique avec le RDPC. L'UPC estainsi tout bonnement, égale-ment, un parti de droite c'est-à-dire un parti conservateur, jadisnationaliste. Ce n'est pas parcequ'un parti est nationaliste qu'ilest révolutionnaire, non. Il existedes nationalistes de droitecomme de gauche.

Le SDFLe Social Démocratic Front,

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14LES PARTIS POLITIQUES CAMEROUNAIS SEIZE ANS APRES L'AVENEMENT DE LA DEMOCRATIE

en dépit de cette appellation quisignifie "Front Social Démocra-tique" ne développe pas du toutun discours social démocrate. Leslogan du départ, " power to thepeople ", est tout juste-là pourprêter à confusion. Mais, fait desplus inquiétants, son recours à laviolence et l'entretien de milice,en fait plutôt un parti fasciste.Ce sont les mouvements fascis-tes qui, généralement, entretien-nent des bandes de tueurs, pourréduire au silence les adversairespolitiques, ainsi que le fait leSDF. Benito Mussolini en Italieet Adolf Hitler en Allemagneont procédé ainsi pour accéderau pouvoir. En sa qualité de partifasciste, le Social DémocraticFront se situe donc à la droite duRDPC. Pour la gouverne du lec-teur, un parti fasciste est un partid'extrême droite, comme leFront National de Jean MarieLepen, en France.

L' UNDPL'union Nationale pour la

Démocratie et le Progrès,(UNDP), ne développe vérita-blement pas, pour son malheur,de discours spécifique. Il est dif-ficile de savoir ce qu'il dit. Entout cas, une chose est certaineavec lui, il ne prône aucun bou-leversement de la société, n'évo-que nulle redistribution de la for-tune publique, rien du tout de cegenre. Il n'aborde même pas laquestion de la remise en cause dela féodalité qui persiste dans sesfiefs électoraux des trois provin-ces de la partie septentrionale du

pays. En fait, ce parti se résumebeaucoup plus à une tentative dedéfense des intérêts de la bour-geoisie politico-administrativede cette région. Il est un instru-ment de pouvoir pour les admi-nistrateurs civils, les médecins,les ingénieurs, pour tout dire, lescadres de l'Adamaoua, du Nordet de l'Extrême-Nord. Des éle-veurs de cette partie du territoirecamerounais, il ne se préoccupeque très peu du sort. L'UNDPest pour toutes ces raisons, toutbonnement un parti de droite,un parti au service de la bour-geoisie, un parti conservateur.

L'UDCL’Union Démocratique Ca-

merounaise.Le parti de "la nouvelle éthique"

et de la "démocratie responsabili-sante", charabia cher à AdamouNdam Njoya, est la réplique del'UNDP en pays Bamoun, avecen sa défaveur, la non participa-tion au pouvoir. Il n'évoquejamais la question de la remiseen cause de la féodalité auCameroun. Il dénonce naturelle-ment les corrompus. Mais ce dis-cours ne saurait être un signedistinctif. Le RDPC lui même,les dénonce, alors que l'écrasantemajorité de ses cadres en fontpartie. Tout comme pourl'UNDP, le discours de l'UDCest illisible. On n'en retient riendu tout. En tout cas, dès lorsqu'il ne préconise aucuneréforme sociale, aucun boulever-sement de la société, il se rangetout seul, même s'il ne le sait pas,

dans le camp des partis conser-vateurs. L'UDC n'est ni plus, nimoins qu'un parti de droite.

PAS DE DIFFÉRENCIA-TION IDÉOLOGIQUE :

PAS DE LISIBILITÉ.

Le grand problème auquelsont confrontés les partis politi-ques camerounais, pour accéderau pouvoir, se situe à ce niveau.Tous tiennent exactement lemême discours, parce qu'ils sonttous des partis conservateurs. Ilsdéfendent tous, même s'ils n'ensont pas toujours conscients, lesintérêts de la bourgeoisie poli-tico-administrative et tiennenttrès peu compte de ceux du petitpeuple. Dans ces conditions, lejour des élections, tous répètentles mêmes choses : " le pays estmal géré " ; " la démocratie n'estpas effective " ; " les gens ontvolé de l'argent et sont allés leplaquer à l'étranger " ; " le paysest aux mains des délinquants àcol blanc " ; " la corruption tuele pays " ; " un pays mieux géré,ainsi que nous le préconisons seporterait mieux " , etc…Un dis-cours monocorde qui, finale-ment, fait chahut. Dans ce brou-haha, l'électeur perd son latin etse résout à voter le RDPC parceque, après tout, d'une part, c'estlui qui détient le pouvoir et, d'au-tre part, rien ne lui garantit queles autres partis politiques vien-dront faire mieux

Alexandre KUMA

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15 FORCES ET FAIBLESSES DES PARTIS REPRESENTES DANS LES INSTANCES DIRIGEANTES AU CAMEROUN

FORCES ET FAIBLESSES DES PARTIS REPRESENTES DANS LES INSTANCES DIRIGEANTES AU CAMEROUN

LES QUATRE ATOUTS DU RDPC

Première force politique duCameroun, le RDPC bénéficiede quatre atouts majeurs.

Premier atout : le RDPC estune excroissance de l'administra-tion. Ceci constitue sa plusgrande force. Tout le personneladministratif, tous ministèresconfondus, est entièrement à sadévotion. Il le met en branle lorsdes campagnes électorales, et seretrouve ainsi avec des troupesimpressionnantes qui assiègentlittéralement la population et lacontraint, pratiquement, à voteren faveur des candidats qu'il luiprésente. Au nombre de mili-tants de fait que constituent lesfonctionnaires, vient se greffer leprestige dont bénéficient ceux-ci, de par leurs fonctions auprèsde la population.

Second atout, qui découle dupremier : Le RDPC jouit dubudget de l'Etat, tout comme deson matériel, pour mener lescampagnes électorales. Les fonc-tionnaires sont mis en missions,pendant ces périodes, utilisentles véhicules administratifs ainsi

que les bons d'essence de l'Etat.La radio et la télévision de l'Etat,son entièrement à sa dévotion,tant en période électorale qu'endehors de celle-ci, et mènent unepropagande considérable en safaveur, à longueur d'année.

Troisième atout : Le RDPCjouit d'une implantation territo-riale sans comparaison aucuneavec celle des autres formationspolitiques. Il dispose de structu-res dans la totalité des hameauxdu Cameroun. Ce qui lui procureun avantage considérable parrapport à ses concurrents. Ilpeut ainsi être représenté dansles 23.000 bureaux de vote quecompte le territoire.

Quatrième atout : Le RDPCest le parti qui bénéficie de laplus grande longévité auCameroun. Il fonctionne, eneffet, sans interruption, depuis48 ans. Il est né, sous l'appella-tion, Union Camerounaise, le1er Mai 1958, à Garoua. Il sur-passe ainsi très largement l'UPC,qui ne jouit que d'un fonctionne-ment de 29 ans (1948-1955 : 7ans ; 1960-1966 : 6 ans ; 1991-2006 : 16 ans Total : 29 ans).

De quelles forces peuvent-ils se prévaloir les partis politiques de la coalition gou-vernementale, et dans le même temps, de quelles faiblesses sont-ils affublés. Demême, qu'en est-il de ceux de l'opposition parlementaire ?

LES DEUX HANDICAPSDU RDPC

Dans le même temps, leRDPC traîne, à l'heure actuelle,deux gros handicaps.

Premier handicap : Le partides corrompus. La corruption etle RDPC sont devenus, au fil dutemps, pratiquement les deuxfaces d'une même médaille. L'unne se conçoit pratiquement plussans l'autre. Le nombre de sesdirigeants qui, normalement,devrait se retrouver en prison, àce jour, est impressionnant.

Second handicap : l'absenced'idéologie. Le RDPC ne dis-pose d'aucun discours à délivrerà la population. Il est réduit à laconsoler avec la question de lapaix qui existe au Cameroun. Or,ce discours est d'autant plusinapproprié et inadapté que leCameroun ne connaît aucunemenace de guerre civile, et, bienmieux, n'en a, auparavant, jamaisconnue. L'époque du maquisétait une guerre menée contrel'occupant colonial, et non entredes Camerounais, comme on l'avu au Biafra voisin, il y a quel-ques années, ou, tout récem-ment, au Rwanda. Pour toutdire, c'est un discours hors sujet.

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16FORCES ET FAIBLESSES DES PARTIS REPRESENTES DANS LES INSTANCES DIRIGEANTES AU CAMEROUN

LES DEUX ATOUTS DEL'UNDP

L'UNDP, pour sa part, béné-ficie, essentiellement de deuxatouts.

La présence de ses militantsaux affaires. Le fait que l'UNDPdirige un ministère et détientd'importants postes dans l'admi-nistration centrale et dans certai-nes sociétés d'Etat, lui confèreun relatif prestige, et quelquesmoyens financiers pour menerses campagnes électorales.

Le second atout de l'UNDP,est constitué par le fait que, pourd'innombrables Camerounais, ceparti évoque plus ou moins lasplendeur du Cameroun d'antan,selon eux lorsque AhmadouAhidjo était président de laRépublique, ça allait mieux.

LES DEUX FAIBLESSESDE L'UNDP

Les deux principales faibles-ses de l'UNDP, partent, l'unejustement de cette nostalgie plusou mois latente de l'ère Ahidjo,l'autre, comme du reste toutesles autres formations politiquesconcurrentes du RDPC, de safaible implantation territoriale.L'UNDP, hors du Nord-Cameroun, n'est présente quedans les centres urbains, lieux derésidence des communautésHaoussa.

LES DEUX ATOUTS DE L'UPC

Le parti de l'indépendance :Premier atout de l'UPC.

Nombreux sont les Camerou-nais qui ne peuvent oublier quec'est Ruben Um Nyobè qui, lepremier, a posé le problème del'indépendance du Cameroun àl'ONU en 1952. Ils sont égale-ment nombreux les Camerou-nais qui reconnaissent que, sansla pression de l'UPC, le Came-roun n'aurait pas accédé à l'indé-pendance le 1er Janvier 1960.

La participation au pouvoir :second atout. Le fait que, depuis14 ans déjà, l'UPC dispose, sansinterruption, d'un ministre, luiconfère un certain prestige, etnaturellement, de la trésoreriepour mener ses campagnes élec-torales.

LES DEUX FAIBLESSESDE L'UPC

Celles-ci tiennent essentielle-ment au fait que, d'une part,cette formation politique s'estramenée, pratiquement, à unseul groupe ethnique, et d'autrepart, à la multiplicité des frac-tions qui la composent, et qui seneutralisent en permanence.

FORCE ET FAIBLESSE DU SDF

Côté opposition parlemen-taire, la principale force du SDF

provient du fait qu'il soit par-venu à capitaliser le ressentimentanglophone, vis-à-vis des fran-cophones au Cameroun.

Mais dans le même temps, ceparti politique est actuellementminé par de terribles conflitsinternes, et même, bien avantcela, il y règne une didacture quien éloigne d'innombrables bon-nes volontés qui désireraient yadhérer.

FORCE ET FAIBLESSE DE L'UDC

La principale force de l'UDCest constituée par le fait que ceparti politique soit parvenu àmonopoliser un départemententier du Cameroun, le Noun,malgré la redoutable machineélectorale du RDPC.

Mais, dans le même temps,ceci constitue son principal han-dicap : ne pas être parvenu àdévelopper un discours qui luifasse dépasser le cadre ethniqueBamoun. Le second handicap del'UDC, tient, naturellement àson manque de moyens finan-ciers, comme c'est le cas pourl'écrasante majorité partis politi-ques de l'opposition camerou-naise à ce jour

La Rédaction

Journal La Cité N°72 - Spécial - Octobre 2006 17

17 LA DEFINITION DE LA POLITIQUE NATIONALE : LE RDPC A LA TRAINE

LA DEFINITION DE LA POLITIQUE NATIONALE : LE RDPC A LA TRAINE

ui définit la politiquegouvernementale, leRDPC ou le Présidentde la République? La

réponse, tout le monde la connaît: C'est le Président de laRépublique, c'est ce que stipule laConstitution de janvier 1996.N'empêche, dans la pratique desrégimes démocratiques, la politi-que appliquée par un gouverne-ment, est celle élaborée par leparti politique dont il est l'éma-nation.

LE POUVOIR D'ABORD ;LE PARTI ENSUITE

En fait, cette entorse à la pra-tique habituelle des régimesdémocratiques, tire son originede la décolonisation duCameroun, c'est-à-dire de la findes années cinquante.

Ahmadou Ahidjo, le secondChef du gouvernement de l'au-tonomie interne, devenu, en mai1960, premier Président duCameroun avait accédé au pou-voir sans formation politique quilui fut propre. Il avait été désignéPremier Ministre par le HautCommissaire de la RépubliqueFrançaise au Cameroun, JeanRamadier, le 18 février 1958, en

remplacement d'André-MarieMbida renversé par la Chambre.Ce n'est que trois mois plus tard,qu'il avait crée l'Union Camerou-naise, UC, l'ancêtre du RDPC, parla transformation du groupe par-lementaire auquel il appartenaitet qui le soutenait, à l'AssembléeLégislative, en parti politique.Cela s'était produit le 1er mai1958 à Garoua. Conséquence,dès sa naissance, l'UC était déjà,d'office, destinée à ne jouer, nonpas le rôle de concepteur de quel-que politique que ce soit, maisplutôt, de caisse de résonancedes décisions, faits et gestes duPremier Ministre AhmadouAhidjo. Pis encore, l'UC a vu lejour dans un contexte renduencore plus particulier par le faitque le régime de son géniteurétait contesté par une importantefrange de la population, au pointoù celui-ci était porté, à bout debras, par l'administration colo-niale. La fonction qui était alorsdévolue à l'UC, par conséquent, aété essentiellement celle d'asseoirun régime, contre vents etmarées. C'est ce qui explique qu'ilse soit doté d'une milice, pourcombattre les adversaires politi-ques du Premier Ministre, puisPrésident Ahidjo.

Traditionnellement, ce sont les formations politiques qui, une fois au pouvoir, met-tent en application le programme politique qui les y a portés. Au Cameroun, tel n'estpas le cas.

Ce rôle de parti guodillot a étéd'autant plus renforcé que lesFrançais, grands maîtres de lapolitique nationale à l'époque,tenaient à écarter de la décisionpolitique, la population. La poli-tique menée par le gouverne-ment, devait, de ce fait, être éla-borée en l'absence - à l'insu - deelle-ci, uniquement entre le palaisprésidendiel et l'Ambas-sade deFrance à Yaoundé - cette der-nière s'étant substituée, à lafaveur de l'indépendance, auHaut Commissaire de laRépublique Française au Came-roun. Donc, pas de programmepolitique à élaborer par l'UC. Parla suite, l'UC prendra le nom del'UNC, (Union Nationale Camerou-naise), le 1er septembre 1966, et lefonctionnement défini ci-dessus,sera purement et simplementreconduit. Il y aura, toutefois,une légère modification : lamilice du parti finira par dispa-raître avec le temps.

DE L'UNC AU RDPC

La maladie congénitale del'UC, a été transmise au RDPC,son petit-fils. En effet, Paul Biyaest désigné président de laRépublique le 04 novembre

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18CONGRES DU 21 JUILLET LA REVOLUTION MANQUEE DU RDPC

1982, sans consultation aucunede l'UNC. Pis encore, pendantles grandes vacances de l'année1983, l'UNC disparaît mêmepurement et simplement de lacirculation, honni qu'elle était parla population qui attendait que lenouveau Président de laRépublique créât un parti politi-que qui lui fut propre. C'est plu-tôt Paul Biya qui lui redonne vie,au mois de septembre 1983, endevenant son Président Natio-nal.

6 avril 1984. Coup d'Etat.L'UNC disparaît, une secondefois, totalement de la circulation.Le Président de la République sedémène comme il peut pour setirer de cette mauvaise situation.Au bout du compte, il y parvient.Alors resurgit l'UNC, qui se metà innonder sa table de "motionsde soutien indéfectible". En fait,on ne pouvait reprocher grandchose à l'UNC, dans la mesureoù son existene ne dépendait quedu pouvoir, et rien d'autre. Lepouvoir est en difficulté, elleaussi est en difficulté. Le pouvoirreprend vie, elle aussi reprend

vie. C'est tout bonnement ce quis'est produit.

Au mois de mars 1985, lePrésident de la Républiquedécide de changer une secondefois le nom de l'UC, en RDPC,cette fois-ci. Il le fait, trois annéesaprès son accession au pouvoir,tout comme Ahmadou Ahidjol'avait créé trois mois après sonaccession au pouvoir, également.Il en change le nom, mais en pré-serve intact l'esprit. Dans unecertaine mesure, il l'aggravemême. En effet, il ne tient plusde congrès que pour se faireréélire à sa présidence, et riend'autre. Il se porte même candi-dat à l'élection présidentielle sansse préoccuper de réunir quelqueinstance que ce soit du RDPC.Pour tout dire, il marginalise véri-tablement plus le parti, que nel'avait fait son fondateur,Ahmadou Ahidjo.

FMI, LA HAYE ETAUTRES DOSSIERS

Cette marginalisation duRDPC débouche, ainsi, sur la

conduite de la politique natio-nale. En 1988, lorsque lePrésident de la Républiquedécide d'entamer des négocia-tions avec le FMI et la BanqueMondiale, dans le but de sortir leCameroun de la crise économi-que, nulle instance du RDPCn'est consultée. Quelques annéesplus tard, éclate le conflit deBakassi. La décision du gouver-nement camerounais de déposerune plainte au Conseil deSécurité des Nations Unies et à laCour Internationale de Justice dela Haye, est également prise, ensolitaire, par le Président de laRépublique, sans aucun débat ausein de quelque instance que cesoit du RDPC. La réformeconstitutionnelle de 1996, estégalement réalisée sans débatpréalable sur son opportunité,par le RDPC.

Tout ceci aboutit à uneconclusion évidente: c'est lePrésident de la République quigouverne, et non le RDPC. DuRDPC et lui, c'est le RDPC quilui doit tout, et lui, rien

La Rédaction

CONGRES DU 21 JUILLETLA REVOLUTION MANQUEE DU RDPC

u'est-ce qui a changé,au sein du RDPC,depuis son tout récentcongrès extraordinaire?

Bien malin qui pourrait le dire. Il ya eu le discours fleuve de sonPrésident National, et en mêmetemps Président de la Républi-

On n'est pas prêt de cesser d'épiloguer sur les conclusions du dernier congrès duRDPC. Une évidence se fait malgré tout jour : Le Rdpc d'avant congrès, égale le RDPCd'après congrès.

que. Il y a eu la participation denombreuses délégations en pro-venance de toutes les régions duCameroun. Il y a eu des applau-

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19 CONGRES DU 21 JUILLET LA REVOLUTION MANQUEE DU RDPC

dissements nourris. Il y a eu beau-coup de chansons également,même si on a toutefois noté quel'inénarrable Françoise Foningnationale ne s'est pas, comme àl'accoutumée, improvisée chan-teuse, pendant toute la durée dece congrès. Elle n'a entonnéaucune chanson. Pour tout dire, ily a eu beaucoup de choses. Mais,de révolution, à l'évidence, il n'yen a pas eue. Et pourtant, desproblèmes, ce n'est pas ce quimanquait, à la veille de l'ouverturede cette grande messe politique àlaquelle était convié tout le gratinpolitique camerounais.

ORIENTATION IDEOLOGIQUE

TOUJOURS FLOUE

Le congrès du 21 juillet 2006aurait pu, par exemple, enfin clari-fier l'orientation idéologique duRDPC. Est-ce un parti conserva-teur ? Est-ce un parti réformiste ?Est-ce un parti révolutionnaire ?Comment savoir ? Le flou d'avantcongrès persiste toujours. LeRDPC continue à demeurer unparti godillot, c'est-à-dire, toutbonnement, un parti "caisse derésonance" du pouvoir; pireencore un parti administratif, toutcourt. Et, à travers le monde, cetype de formation politique estcaractérisé par la reproduction del'idéologie qui anime les tenantsdu pouvoir. Dans le cas duCameroun, au regard du discoursprésidentiel sur la paix, la stabilité,le rassemblement des Camerou-nais et, dans une moindre mesure,le développement, on peut esti-mer que le pouvoir, au Cameroun,

est d'orientation conservatrice. Leparti qui en est donc l'émanationne peut être, ipso facto, qu'unparti conservateur. Mais, ceci, ons'est rendu compte, n'est précisénulle part, ni dans les discours, nidans le statuts du parti, ni dansquelques autres documents que cesoit. Le silence est total sur cettequestion. Et pourtant, elle est dela plus haute importance car elleest à la base des choix politiquesdu régime. Un parti social démo-crate, se préoccupe d'avantage desdémunis que des nantis. Tandisqu'un parti conservateur ? Faittout le contraire. On peut sansdoute s'expliquer par-là le faitqu'un très grand nombre desdétourneurs de fonds publics quidéfrayent la chronique actuelle-ment au Cameroun, en soientmembres, bien mieux, siègent,parfois même, à son ComitéCentral, et, dans certains cas, àson Bureau Politique.

AUTONOMIE DE FACADEDU PARTI MAINTENUE

Le Président de la Républiquea sonné le tocsin de la confusionentre le RDPC et l'administration.Il est allé plus loin. Il s'est attardésur le financement de celui-ci,pour bien montrer que l'heure del'autonomisation de cette forma-tion politique a sonné. Mais, dansle même temps, les Camerounaisque nous sommes ne peuventmanquer de se demander si leRDPC est véritablement enmesure de voler de ses propresailes ? Y a-t-il une vie possible duRDPC en dehors du budget del'état, du budget des sociétés

publiques, du financement des "personnes ressources " haut pla-cées dans l'administration ou lesecteur parapublic ? La questionreste posée. Cela tient à la naturede ce parti politique. Comme samère l'UNC, et son aïeul l'UC,c'est le pouvoir qui a donné vie auRDPC, et non le contraire. LeRDPC n'est ainsi qu'une excrois-sance de celui-ci, son appendice.Un appendice peut-il s'autonomi-ser? La répon-se est connued'avance : non.

LE STATU QUO AUNIVEAU DU COMITE

CENTRAL

On se serait également attendu à ce que le congrès extraordi-naire du RDPC soit suivi d'unautre congrès, mais, celui-là, ordi-naire, pour débattre, enfin, desproblèmes de fond de ce parti. Iln'en a rien été. Peut-être qu'uncongrès de ce type n'arrangeaitpas forcément les intérêts d'in-nombrables barons du régimeembusqués dans ce parti. Onpense ainsi, notamment, aurenouvellement des membres duComité Central tout comme ceuxdu Bureau Politique. Il se trouveque ces deux instances du partisont, d'une part quelque peudégarnies- des personnes qui yfigurent sont décédées ou endétention - d'autre part déjà usées,et à ce titre, on peut penser qu'el-les se constituent, actuellement, niplus ni moins, en obstacle de l'in-novation au sein du parti. Ellessont devenues, tout bonnement,des apparatchiks, au sein du partigouvernemental. On se rend

Journal La Cité N°72 - Spécial - Octobre 200620

20LE RETOUR DE LA " RIGUEUR ET MORALISATION " comme slogans politiques

compte qu'elles y génèrent l'iner-tie, et rien d'autre. Aussi, lorsquele Président National évoque laquestion de la transformation duparti en structure de réflexion, onne peut manquer de lui présenterce glacis qui se situe, d'une part ausommet de son parti, d'autre part,tout autour de lui.

LA JUVENISATION ET LA FEMINISATION

DU PARTI

Ce sujet, il va sans dire, n'estrien d'autre qu'un véritable ser-pent de mer. On en parle énormé-ment. On en parle tout le temps.On en parle depuis longtemps.On ne manque pas une occasionpour en parler. Mais au final, on

est déçu. Les femmes du parti,demeurent jusqu'à ce jour, confi-nées dans le rôle de chanteuses etde danseuses, pour ne pas diredavantage. Quant aux jeunes, onles compte au bout des doigts tantau sein du Comité Central que duBureau Politique. En ces lieuxrègne tout bonnement la misogy-nie et la gérontocratie

La Rédaction

“La rigueur et la moralisation” demeurent les mots d'ordre du Renouveau. Le RDPC doit endonner l'exemple " : tels ont été les propos du Président de la République, lors du récentcongrès extraordinaire du RDPC. On revient au slogan conçu par Ahmadou Ahidjo au ConseilNational de l’UNC en 1982.

ême si le Chef del'Etat a eu recours aucours du récent

congrès du RDPC à son dis-cours du début de son règne, etqui portait sur la " rigueur etmoralisation ", pour évoquer laquestion de la désignation descandidats à l'investiture du partion ne peut que se réjouir qu'il aitchoisi de remettre à l'ordre dujour ces slogans. Le fait qu'il aiteu à les prononcer, de nouveau,est quelque chose de fondamen-tal en cette période où sur le planinternational, on voit sa réputa-tion au plus bas, et où les digni-taires du régime sont l'objet depoursuites judiciaires pour causede détournement de fondspublics.

QUESTION DECONTENU

Mais, tout le problème quis'est toujours posé avec ces slo-gans, a été sans nul doute, leurcontenu. Qu'entendait-on par "rigueur dans la gestion " et "moralisation des comporte-ments " ? Grosse question.Nulle part, en effet, l'auteur deces propos ne s'est jamais, lui-même, expliqué à ce sujet. C'estplutôt la population qui s'est lit-téralement lancée dans l'exégèsede cette pensée présidentielle,tellement elle était obsédée par ledésir d'en découdre avec lesmœurs en vigueur au Cameroun,à la fin des années soixante dix,et au début des années quatre-vingt. Elle s'est alors spontané-ment mise à lui attribuer uncontenu. C'est ainsi que, par

exemple, Jojo Ngalle s'y estessayé dans son morceau"Rigueur". Eboa Lottin, égale-ment, dans une de ses chansonsoù il éclatait d'un rire sarcastiqueaprès avoir déclaré "tu n'emportesrien !" s'est efforcé de donner uncontenu à ces mots d'ordre,lorsqu'ils ont été popularisés.Même au niveau du parti, lesexégètes se sont retrouvés sansinspiration, pour dire auxCamerounais ce qu'il fallaitentendre par "rigueur" et "morali-sation".

CES SLOGANSAUJOURD'HUI

Sans toutefois exiger duPrésident de la République qu'ilrédige un " manifeste de larigueur et de la moralisation des

LE RETOUR DE LA "RIGUEUR ET MORALISATION" COMME SLOGANS POLITIQUES

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21 LE RETOUR DE LA " RIGUEUR ET MORALISATION " comme slogans politiques

comportements " dès lors qu'ilssont ramenés au goût du jour, ilserait, malgré tout, normal que lapopulation en réclame un peuplus. Une définition de ces slo-gans s'impose véritablementpour permettre à la populationde ne plus se contenter du senscommun. Il n'est pas juste dedire " tout le monde sait ce quecela veut dire ", pour la simpleraison que tout le monde n'a pasle même niveau d'entendement.Il faudrait que l'on sache oùcommence la rigueur dans lagestion, et où s'arrête-elle.Comment qualifier un gestion-naire qui ne détourne le moindrecentime de l'Etat, mais qui dans

le même temps, s'offre un véhi-cule administratif de quatrevingt millions de francs, ainsique le font, quotidiennement,les hauts fonctionnaires came-rounais ?

De même, comment qualifierun citoyen qui soudoie un autre,condition imposée pour luiattribuer un marché ou lui fairepasser un concours ? Commeles milieux homosexuels fran-çais sont en train d’exercer despressions sur le gouvernementcamerounais afin qu'il dépéna-lise l'homosexualité, on le voit,ces slogans qu'a de nouveauprononcés le Président de laRépublique, ont, pour emprun-

ter le langage de l'informatiquedes liens hypertextes importants.Or, lorsqu'ils commencèrent àêtre popularisés, le Président dela République après les avoirprononcés, a tenu à préciser que" le RDPC doit en donnerl'exemple ". Nous revenons aupoint de départ. Quand y a-t-ilabsence de " rigueur " ? Tous lespédés du RDPC doivent-ils êtredénoncés et exclus du parti ? Oubien doit-on considérer qu'ils seconfondent, par leur déviance, àl'idée de moralisation des com-portements ? Un véritable casse-tête, c'est le moins que l'onpuisse dire….

K. E.

LES RENDEZ-VOUS MANQUES DES “MODERNISTES” DU RDPC

ui n'a entendu parler,il y a un peu plus dedeux ans, des "modernistes " du

RDPC ? C'était un groupe demilitants de ce parti qui prô-naient le retour, au RDPC origi-nal, c'est-à-dire, au discours fon-dateur, si l'on peut dire, de ceparti politique, et qui portait surla " rigueur dans la gestion de lachose publique, la moralisationdes comportements individuelset collectifs, et enfin, la démocra-tisation de la vie politique natio-

nale". Leur tête de file, on s'ensouvient, était Milla Assouté, unmilitant actif du RDPC par ail-leurs membre du Comité Central.Au nombre des membres de cecourant politique, se trouvaientde nombreux cadres camerounaismilitants du parti gouvernemen-tal, dont les figures les plus envue étaient Emmanuel MvéEfoua Mbozo’o, Albert Mbida,Penda Ekoka, Hubert MonoNdzana, etc.

A l'occasion du 3e congrès extraordinaire du RDPC du 21 juillet, on se serait attenduà ce que les " modernistes " du RDPC donnent de la voix. Il n'en a rien été.

LIVRE BLANC

Aussitôt constitué, ce courantpolitique, au sein du RDPC, s'estfait connaître, du grand public,par la publication d'un manifesteintitulé " livre blanc des moder-nistes du RDPC ". Dans celui-ciles auteurs faisaient une critiqueacerbe du RDPC, à un point telque, on aurait pu penser que cedocument avait été rédigé pardes militants du SDF, ou dequelque autre formation politi-que de l'opposition.

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Journal La Cité N°72 - Spécial - Octobre 200622

22LES RENDEZ-VOUS MANQUES DES " MODERNISTES " DU RDPC

Le livre à l'époque avait faitgrand bruit, et aurait suscité unréel débat au sein de l'establish-ment politique camerounais.Mais bien vite, ce succès avaitgénéré la peur au sein de cegroupe, et des défections demembres s'en étaient suivies.Nombreuses furent en effet lespersonnes qui avaient entreprisde démentir, publiquement,quelque appartenance que cesoit à ce courant politique.N'empêche. Milla Assouté, poursa part, n'avait pas reculé dansson désir de ramener le RDPC àson discours fondateur.

PRESIDENTIELLE D'OC-TOBRE 2004 : PREMIER

RENDEZ-VOUS MANQUE

Sur ces entrefaites, était sur-venue l'élection présidentielle de2004. Le groupe des " modernis-tes " avait décidé de participer àcette compétition électorale.C'était l'occasion rêvée, poureux, de prendre d'assaut, et leparti, et le pouvoir. Mais c'étaitsans compter avec la couardisetraditionnelle des Camerounais.C'est ainsi qu'au fur et à mesureque se rapprochait l'échéance, lesdéfections se faisaient de plus enplus nombreuses dans les rangsde ce courant politique. Cetteérosion de membres a été telleque, le malheureux MillaAssouté s'est retrouvé pratique-ment seul à tenter l'aventure pré-sidentielle. Les choses se sont

d'autant plus compliquées, pourlui,que son principal challenger,le Président National du RDPC,qu'il attendait affronter au coursd'un vote d'investiture, a esquivé,en sa qualité de candidat natureldu RDPC, ce piège cousu de filblanc, en se portant candidatsans investiture aucune du parti,mettant tous les militants decette formation politique devantle fait accompli. Il ne leur estplus resté qu'à entériner la candi-dature, et Milla Assouté ,à tenterde se porter candidat hors duRDPC. Echec lamentable.

CONGRES DU 21 JUILLET2006 : SECOND RENDEZ-

VOUS MANQUE

Au lendemain de la débâclede l'aventure présidentielle, les "modernistes ", du moins ce qu'ilen restait, s'étaient retrouvésgroggy. Ils l'étaient d'autantqu'ils se sont retrouvés confron-tés à de la concurrence au seindu RDPC, suite à la naissance dela fameuse " génération 2011 ".Du mois d'octobre 2004, aumois de juillet 2006, ils n'ont faitque raser les murs, ne se faisantplus entendre du tout, débordésqu'ils le sont par la " génération2011 ". Mais, ils auraient pu sor-tir du bois, ne serait-ce que poursauver la face, à l'occasion ducongrès extraordinaire du 21juillet. Mais, cette fois-ci, encore,ils n'ont pu rien faire du tout,c'est à peine si on a encore

entendu parler d'eux. Et pour-tant, avec la reprise de laPrésidence du RDPC par PaulBiya, et surtout compte tenu dece que ce dernier, lui aussi, sem-ble redécouvrir l'importance dudiscours du départ, au point où ill'a remis à l'ordre du jour en évo-quant de nouveau la question dela " rigueur et de la moralisation", le courant " moderniste " esten mesure de reprendre du poilde la bête. Mais, jusqu'à ce jour,il demeure toujours aphone.Comment ne pas conclurequ'une merveilleuse occasion derevenir sur le devant de la scènepolitique est en train de lui filerentre les doigts ? Peut-être est-cetôt pour le dire ? Sans doute.Mais, en politique, il y a dessilences qui ressemblent à descapitulations. Il faudrait que les "modernistes " en tiennentcompte…

La Rédaction

Récipissé de déclaration N° 00309 du 05 Août 1993

B.P. 14702 Yaoundé, CamerounTél. : (237) 984.33.35

e-mail : [email protected]é[email protected]

Directeur de Publication : Pauline BIYONG

RédactionAlexandre KUMA - Jean Paul KON

Adolphe Claude MBALLAJacques Séraphin NDONGO

Mise en PageCyberline : 221.72.13

ImprimerieCAULY Print : 221.12.97

JOURNAL DE LA LIGUE POUR L’EDUCATION DE LA FEMME ET DE L’ENFANT (LEFE)

Journal La Cité N°72 - Spécial - Octobre 2006 23

23 OUVERTURE DU RDPC A D'AUTRES FORMATIONS POLITIQUES : MYTHE ET REALITE

OUVERTURE DU RDPC A D'AUTRES FORMATIONS POLITIQUES : MYTHE ET REALITE

e RDPC pourraits'agrandir par son ouver-ture à d'autres forma-tions politiques en acti-

vité au Cameroun. Il deviendrait,ainsi, une sorte de UMP à lacamerounaise, c'est-à-dire, unegrande formation politiqueconstituée de toutes celles quiparticipent, actuellement au gou-vernement. La rumeur, unmoment a été très forte, au pointoù selon des sources dignes defoi, des réunions de concertationsse seraient tenues à plusieursreprises dans différentes forma-tions politiques de la coalitiongouvernementale pour étudiercette question. Et selon toujoursces sources, c'est de cette manièreque s'expliquerait la présence d’A.Fréderic Kodock, SecrétaireGénéral de l'UPC par exemple, oude Tabi Owono, le Président de laMEC aux premières loges, parmiles invités au récent congrèsextraordinaire du RDPC.

Quelle est la part du réel et cellede l'imaginaire dans tout ceci ?

PARTI DE LA MAJORITEDE FAIT

De prime abord, déjà on nepeut manquer de relever que cettefameuse UMP, à la camerounaise,existe déjà bel et bien. En effet, la

différence sur le plan idéologique,entre le RDPC, l'UPC versionKodock, le MDR et l'ANDP estbien minime, pour ne pas dire,quasi-nulle. Chacune de ces famil-les politiques s'efforce de se sin-gulariser des autres, naturelle-ment, mais, pour l'essentiel, ellessont toutes semblables, les unesdes autres. Toutes parlent, avecamphase, du " succès éclatant "que représente, pour le Camerounl'atteinte du point d'achèvementde l'initiative PPTE. Chacuned'elle évoque, pour se donnerbonne conscience, le chômagedes jeunes, mais ne propose, dansle même temps, aucune solutionvalable à la résolution de ce pro-blème. Et puis, elles sont toutesanimées de la même préoccupa-tion, ne pas perdre le pouvoir, leconserver, ensemble, même si sarépartition est quelque peu iné-quitable.

LA RECONSTITUTION DE L'UNC

Cette question de la créationd'un grand parti de la majorité,revient tout bonnement à recons-tituer l'UNC, c'est-à-dire le partiunifié d’avant la démocratie. Ence temps-là, on s'en souvient, lespersonnalités qui se sont émanci-pées, en 1991, du RDPC, pour

La rumeur fut un moment persistante, celle selon laquelle la hiérarchie du RDPCserait habitée par le désir de transformer ce parti politique en une sorte de UMP,entendez, parti de la majorité présidentielle.

aller créer d'autres formationspolitiques notamment l'UNDP enpremier lieu, puis l'UPC- Il nefaudrait pas oublier que AugustinFréderic Kodock, Eugène Wonyu,Thomas Melone, Henri HogbeNlend, furent d'ardents militantsdu RDPC, de 1985 à 1990- enétaient toutes membres. Leurdécision de se retirer du RDPCétait mue, essentiellement, par ledésir de se placer en situation demieux négocier une place au soleildu gouvernement. En demeurantdes militants de base du RDPC,voire même des élus de celui-ci,les chances d'accéder à la table dufestin gouvernemental étaientbien faibles. Tout le problème,pour les démissionnaires duRDPC, a consisté, par la suite, àhabiller leur départ. Pour l'UNDP,l’argument fondamental utilisé, etqui, du reste, a engrangé le plus detroupes à cette formation politi-que, a été la nostalgie de l' èreAhidjo présentée comme unEden pour le Cameroun. Pourl'UPC, c'est le discours nationa-liste d'avant l'indépendance qui aété utilisé. Les photos de RubenUm Nyobè, Ernest Ouandié,Ossendé Afana, Félix Moumié,ont été sorties des placards pourêtre brandies à la face duCamerounais. Mais, tout cecin'était que démagogie. On le voit

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Journal La Cité N°72 - Spécial - Octobre 200624

24VIE ET MORT DE LA GENERATION 2011

bien aujourd'hui, il n'y a jamaisexisté de conflit idéologique entreles ex-membres du RDPC et ceuxqui ont continué à en être desmilitants. Tout était question, aumieux, de personnes, au pire, deplace à la mangeoire. En consé-quence, l'idée de la création d'uneUMP à la camerounaise ne pré-sente, finalement, que comme degrandes retrouvailles politiques,entre protagonistes en accord surl'essentiel, d'autant plus que, âgeaidant, il ne leur reste plus unedécennie de vie, et par consé-quent, d'activité politique. Ceserait donc une union pour segarantir une existence paisible, surle plan financier de la part des lea-ders politiques concernés.

LE CAS DE L’UPC,DU MDR, ET D'AUTRES

La situation des formationspolitiques telles que le MDR deDakolé Daïssala, l'ANDPd'Hamadou Moustapha ou laMEC de Joachim Tabi Owono esttoute différente. Pour le MDR, etl'ANDP, l'entrée dans une telleformation politique coule de

source, pour la simple raison que,de troupes véritables, ces deuxpartis politiques n'en disposentpratiquement plus. L'ANDP n'estjamais parvenue à conquérir lemoindre mandat électif, nullepart, malgré un activisme débor-dant, il y a quelques temps. Quantau MDR, il n'est plus manifeste-ment en situation de remporter denouveaux six mandats électifs àl'Assemblé Nationale comme en1992. Enfin, pour ce qui est de laMEC de Joachim Tabi Owono, ceparti politique semble être créépour ne résoudre qu'un problèmeponctuel : procurer un emploi àson Président. C'est de cettemanière que s'explique son sou-tien, en 2004, à la candidature dePaul Biya à l'élection présiden-tielle, alors qu'il s'était opposé àlui lors de l'élection précédente.

UN FRONT COMMUNCONTRE LES

EXTREMISTES

Mais, bien au-delà de toutes cesconsidérations et manœuvresopportunistes, l'idée de la créationd’une grande formation politique

de la majorité est également muepar une autre préoccupation,même si celle-ci ne semble pasparticulièrement évidente ; consti-tuer un front commun contre cesformations politiques extrémistesdu genre SDF. Cette UMP à lacamerounaise, se situerait, sur leplan idéologique au centre-droit-conservateur surtout, et vague-ment réformiste et relèguerait auxextrêmes les partis politiques quiont recours à la violence, ou quidéveloppent un discours ultra-conservateur tel que le faitl'UFDC d'Hameni Mbialeu,l'UDC de Ndam Njoya de par sesaccointances avec l'Islam ouencore qui prônent la révolutioncomme le MANIDEM d'EkanèAnicet, sans omettre les partisanarchistes tels que le MP deJean-Jacques Ekindi, ou DjeukamTchameni le professionnel de l’in-surection ou alors ceux franche-ment marginaux comme ceux quiprônent le passage, sans étage aux"Etats Unis d'Afrique" d'HubertKamga. Tout ceci n'est que sup-position ? L'avenir nous le dira.

La Rédaction

" Génération 2011 ". Tout lemonde a fini par entendre parlerde cette appellation, soit par voiede presse, soit par voie de dis-cussion avec des connaissances.Aujourd'hui, il est possible demieux cerner les contours decelle-ci, à la lumière des derniers

développements de la politiquenationale, et, plus particulière-ment, de toutes les polémiquesqui ont précédé l'ouverture durécent congrès extraordinaire duRDPC.

GENERATION 2011 :QUI ES-TU ?

Il n'est pas aisé de répondre àcette interrogation. Toutefois, enprocédant à de nombreux recou-pements et en analysant le com-portement de nombreux acteurs

VIE ET MORT DE LA GENERATION 2011

Dans les luttes que se mènent les Camerounais pour la conquête du pouvoir, s'estconstituée une nébuleuse qui a fini par prendre pour appellation, "Génération 2011".

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25 VIE ET MORT DE LA GENERATION 2011

politiques, plus particulièrementceux qui siègent au gouverne-ment ou au sein de la hauteadministration, on peut dire,sans risque de ce tromper que,“la Génération 2011” est consti-tuée de hauts cadres de la fonc-tion publique camerounaise qui,en se basant d'une part sur lalimitation du mandat présiden-tiel par la Constitution, lePrésident de la République enest à son second et ultime sep-tennat et d'autre part, sur leterme de ce mandat présidentielqui aboutit à l'organisation de laprochaine élection présidentielleen 2011, se mobilisent pouraccéder au pouvoir à cette datelà. Des noms ? Il existe plusieursmais ceux qui reviennent le plussouvent, sont ceux de PolycarpeAbah Abah, Atangana Mebara,comme têtes de file, et dans unemoindre mesure, ceux de MarafaHamidou Yaya, Michel Fotso,Paul Ngamou (le liquidateur dela Camair)... Mais ceux-ci sontles plus cités.

COMMENT EST-ELLE NEE?

Tout réside dans son appella-tion. Elle est née, tout naturelle-ment, à l'ouverture du secondseptennat du Président de laRépublique, soit à la fin de l'an-née 2004, tout juste après la for-mation du gouvernement des "grandes ambitions ", pour enta-mer un marathon de novembre2004, avec pour point d'arrivée

la Présidentielle de 2011, étantentendu que, conformément à laConstitution, il ne sera plus pos-sible à Paul Biya de se porter denouveau candidat à cette élec-tion. Il s'est agi, pour ce grouped'individus, d'occuper , autantque possible, le terrain politique,d'autant que, à l'évidence, cetteélection sera ouverte, dans lamesure où à l'évidence, lePrésident de la République n'en-visage nullement de désignerquelque dauphin que ce soit.Donc, tout baron du régime a lesmêmes chances de lui succéder,pour peu qu'il parvienne à s'em-parer de la machine du parti,c'est-à-dire du RDPC.

CONGRES EXTRAOR-INAIRE DU 21 JUILLET

OU SON COUP D'ARRETMOMENTANÉ

C’est dans ce con-texte qu'estvenu se tenir le congrès ex-traor-dinaire du RDPC du 21 juilletdernier. L'enjeu de cette rencon-tre était simple : qui conquerra leparti, conquerra le pouvoir en2011. Et cette conquête du parti,comporte deux aspects : Laconquête de la Présidence, étantentendu que son Président enest le candidat " naturel " à l'élec-tion présidentielle, conformé-ment aux statuts du parti, et laconquête du Comité Central.Pourquoi la conquête du ComitéCentral du RDPC s'avère t-ellecapitale ?

Réponse : Paul Biya ne pou-vant plus se porter candidat à sapropre succession en 2011, ilfaudra que le RPDC désigne unautre candidat. Dans ce choix,on comprend le rôle essentiel duComité Central. C'est le courantpolitique qui le dominera quisera en mesure de détenir ladécision finale au moment duchoix du candidat, même sicelui-ci doit s'effectuer parconsensus.

Le 21 juillet 2006, le Présidentde la République a renvoyé toutle monde dos à dos : modernis-tes, conservateurs, génération2011. Passé maître dans l'art del'esquive, il a réduit le congrès duRDPC à un seul point de l'ordredu jour : sa réélection. Bienmieux, il n'a dévoilé le contenuqu’installé dans la salle. Quelquetemps auparavant, il a mis sousl’éteignoir, des figures très envue de son régime, en confiantl'organisation de ce congrès à un" has been " désormais sans ave-nir politique aucun, compte tenuà la fois de son âge et de son étatde santé : Joseph CharlesDoumba, ci-devant SecrétaireGénéral du RDPC, ce faisant, ila publiquement désavoué Gré-goire Owona, l'adjoint deDoumba, qui venait , quelquesheures auparavant, sur les ondesde la CRTV, de renvoyer aucalendes grecques la tenue ducongrès du RDPC.

Le Secrétaire Général du partis'est engouffré dans cette brè-che ouverte par le Président de

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26LA QUESTION DE L’ALTERNANCE AU POUVOIR ET LES PARTIS POLITIQUES CAMEROUNAIS

coup a été dur pour celles-ci.Elles ont, du coup, découvertune chose de la plus hauteimportance : le Président de laRépublique désire demeurermaître du jeu. Pis encore, dansson discours de politique géné-rale, rien n'indique qu'il se consi-dère comme étant en fin de car-rière politique.

Traduction : Il n'est pas excluqu'il envisage d'entamer un troi-sième septennat. La Génération2011 se retrouve t-elle ainsi bri-sée ? Si oui, il ne lui resterait plus

qu'à se transformer en“Génération 2018”, ou alors, àœuvrer pour un vote négatif dequelque réforme constitution-nelle que ce soit, devant autori-ser le président de la Républiquede rempiler en 2011. Mais cettebataille-là, a-t-elle les moyens del'entamer ? Et si oui, a-t-elle lesmoyens de remporter ? Ça, c'estune autre histoire

La Rédaction

la République, en écartant del'organisation du congrès, toutesles personnes identifiées commeétant de potentiels postulants aupouvoir suprême. A-t-il procédéde son propre chef ? l'a-t-il faitsur instructions du Président dela République et, en mêmetemps, Président National duRDPC? Comment savoir?Toujours est-il que aucun desnoms des personnes qui sont leplus souvent citées commeappartenant à la " fameuse géné-ration 2011 " n'a été retenu. Le

LA QUESTION DE L'ALTERNANCE AU POUVOIR ET LES PARTIS POLITIQUES CAMEROUNAIS

ne alternance politiqueest-elle possible, dansl'état actuel du paysage

politique camerounais ? Questionfondamentale que celle-là, et quise situe au centre de la démocratiecamerounaise. En d'autres termes,telle que fonctionne la démocra-tie, dans notre pays, nous est-ilpossible d'assister à une alter-nance au pouvoir ? Pour répondreà cette interrogation, il imported'aborder la question de l'alter-nance dans ses deux aspects:alternance, sur le plan idéologi-que, d'une part, et alternanceentre la coalition gouvernemen-tale et l'opposition, d’autre part.

L'ALTERNANCE IDEOLOGIQUE

Celle-ci, dans le paysage politi-que camerounais tel qu'il se pré-sente à ce jour, ne se conçoit pas.La raison ? Pour que cette der-nière puisse se produire, il auraitfallu qu'il existât une différencia-tion idéologique entre les forma-tions politiques en compétitionsur l'échiquier national.Malheureusement, tel n'est abso-lument pas le cas. La totalité despartis politiques qui, par les suf-frages qu'ils remportent lors desdifférentes confrontations électo-rales, dominent la scène politiquenationale, ne sont tous, ni plus nimoins, que des partis conserva-

La démocratie, on l'oublie souvent, c'est le règne de la majorité sur la minorité,certes, mais aussi, concomitamment, le règne de l'alternance au pouvoir.

teurs, c'est-à-dire des partis dedroite. Aucune de ces formationspolitiques, malgré les différentesappellations qui sont les leurs,n'est, soit social-démocrate, soitsocialiste, encore moins marxiste.Pis encore, il existe, parmi elles,celles qui sont proches de l'ex-trême droite. C'est le cas du SocialDemocratic Front, SDF. Ce parti, depar le fait qu'il entretient unemilice dont il se sert pour réduireau silence ses adversaires politi-ques, se présente tout bonnementcomme un parti fasciste. Lesméthodes auxquelles il a re-courts, sont celles inaugurées parBénito Mussolini, en Italie, au len-demain de la première guerremondiale,et reprises par Adolf

U

Journal La Cité N°72 - Spécial - Octobre 2006 27

27 LA QUESTION DE L’ALTERNANCE AU POUVOIR ET LES PARTIS POLITIQUES CAMEROUNAIS

l'opposition, dans notre pays, desvoix s'élèvent, quasi-spontané-ment, pour déplorer l'absenced'une structure de gestion indé-pendante du processus électoral.Cette vision des choses est, mal-heureusement, des plus erronées.Les énormes carences qui sont lacaractéristique principale des for-mations politiques en présence auCameroun, actuellement, neseront nullement comblées parquelque organisme électoral indé-pendant qui serait institué. C'estun leurre.

L'alternance politique, majo-rité, opposition, ne pourra se pro-duire, au Cameroun, que le jouroù les formations politiques del'opposition, d'une part opèrerontune différenciation idéologiquenette avec ceux au gouvernement,et d'autre part, se seront dotésd'une véritable stratégie deconquête du pouvoir. Ce qui, mal-heureusement, est loin d'être lecas, à l'heure actuelle.L'opposition camerounaise - toutcomme la coalition au pouvoir dureste - est plutôt empêtrée dansdes considérations tribales, dugenre, le Nord face au Sud, lesAnglophones face auxFrancophones, les Beti face au"péril" Bamiléké, etc. Ceci se tra-duit, par exemple, par le fait que,la plupart des leaders politiquesde l'opposition, ont, au lendemainde la présidentielle de 2004, entre-pris d'établir une corrélation entreles portefeuilles ministériels attri-bués, aux uns et aux autres, et lesbudgets attribués, de ce fait, auxdifférents groupes ethniques.Exemple, la Province du Centre, àtravers ses Ministres, gère un bud-

get de X, tandis que la Provincedu Nord, quant à elle, à traversses Ministres, également, ne gèrequ'un budget fort modique de Y.Une aberration.

LA NOUVELLE ALTERNANCE

Face à cette situation qui n'estpas spécifique à notre pays, lesgrands de ce monde semblentavoir opté pour une politique decoups de pouces discrets, soit àdes militaires, soit à des person-nalités inattendues, véritablesoutsiders, pour venir jouer le rôlede justiciers. On le voit, ces jours-ci, avec le récent coup d'Etat sur-venu en Thailande, en pleineAssemblée Générale des grands àNew York. On l'a vu, également,au début des années 90, avecl'obligation faite aux Chefs d'Etatafricains de nommer desPremiers Ministres en prove-nance d'institutions financièresinternationales, dans leurs paysrespectifs. Une autre formule aété aussi celle qui consistait àdéposer des régimes à travers lesfameuses "conférences nationa-les souveraines" qui ont secouél'Afrique pendant la mêmepériode.

Quoi qu'il en soit, si telle est lavolonté des grands, il n'est pasexclu que l'alternance puisse seproduire, au Cameroun, endehors des voies classiques etattendues. Ce que nous ne sou-haitons, évidemment, pas. 2011,Paul Biya légaliste, ne va certaine-ment pas modifier la Constitu-tion

A. K.

Hitler, en Allemagne, avec à lafois plus de succès et, malheureu-sement, plus de dégâts. C'est lecas, également, dans une moindremesure, de l'Union Démocratique duCameroun, UDC, qui, par sa fortepropension à évoquer la morale,se rapproche du discours classi-que des mouvements politiquesd'extrême droite, à travers lemonde.

En conséquence, si, d'aventure,le RDPC était évincé du pouvoir,au profit de l'un de ces mouve-ments, UPC, UNDP, UDC ouSDF, il n' y aurait strictementaucune alternance idéologique. Ceà quoi l'on assisterait, probable-ment, serait une gestion différentede l'Etat, et une conduite diffé-rente de la politique nationale, etrien d'autre. On n'assisterait àaucune nationalisation, à aucuneredistribution de la richesse aubénéfice des classes défavorisées,à aucune politique de ce genre.

L'ALTERNANCE ENTRELA COALITION GOUVER-

NEMENTALE ET L’OPPOSITION

Au regard de l'implication del'administration dans le processusélectoral, de manière outrageuse-ment partisane, en faveur duRDPC, d'une part, et de l'absencede professionnalisme qui caracté-rise, d'une manière générale, leshommes politiques camerounais,toutes tendances confondues,d’autre part, il est illusoire de s'at-tendre à un renversement de lacoalition, dans le Cameroun de cejour. Dès que l'on évoque la ques-tion de la prise de pouvoir par

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N° D 'ORDRE DEPARTEMENTVOTE EN FAVEUR DE PAUL BIYA ELECTION

OCTOBRE 2004

414243444546474849505152535455565758

HAUTS PLATEAUXHAUT NKAM

NOUNDONGA MANTUNGMEFOU ET AKONO

MIFIBUI

MEZAMFARO

FARO ET DEODJEREM

NDEKOUNG-KHI

NKAMNGOKETUNJA

MOMOMENCHUM

BOYO

23 58623 34022 38421 26220 65918 71918 20417 79617 77215 87215 14815 09012 76511 48211 45711 1385 8822 088

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PROVINCESVOTE EN FAVEUR DE PAUL BIYA

ELECTION OCTOBRE 2004

EXTREME-NORD

CENTRE

NORD

SUD

OUEST

EST

SUD-OUEST

LITTORAL

ADAMAOUA

NORD-OUEST

N° D’ORDRE

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

684 629

525 375

247 310

220 693

191 350

190 733

186 460

169 886

161 096

87 827

LE POIDS DES VOIX PAR PROVINCE

LE POIDS DES VOIX PAR DEPARTEMENT (SUITE P6)