le journal - le choeur vent d'est · texte de luther tiré de l'antienne da pacem domine...

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Le Journal n° 154 - Mai 2016 Essayez de vous imaginer, Un monde sans musique, Où nul ne peut chanter, Finies les romances, Rien que du silence... De la musique, Avant toute chose, De la musique, Qu'elle soit riche ou bien pauvre. Au gré des vents, Au-delà des tourments, Elle est la seule, Qui garde nos vingt ans. Eddy Mitchell

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Page 1: Le Journal - le Choeur Vent d'Est · texte de Luther tiré de l'antienne Da Pacem Domine et mis en ... plus aisée que la plupart des musiciens de l’époque, comme Schumann ou Schubert

Le Journal

n° 154 - Mai 2016

Essayez de vous imaginer, Un monde sans musique, Où nul ne peut chanter,

Finies les romances, Rien que du silence...

De la musique,

Avant toute chose, De la musique,

Qu'elle soit riche ou bien pauvre. Au gré des vents,

Au-delà des tourments, Elle est la seule,

Qui garde nos vingt ans.

Eddy Mitchell

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La musique en trait d'union

En mai et juin arrivent une multitude de concerts, festivals, et invitations auxquels

nous ne pouvons pas toujours répondre. La période est propice. Ainsi, j'ai eu l'occasion

d'aller écouter récemment le Chœur universitaire de Shanghai qui passait à Annet , de

retour d'un festival de chant choral à Belfort. Quel émerveillement! Et quelle surprise

d'entendre un chœur d'une telle qualité dans un si petit village gaulois! Moment merveil-

leux, heure de pur bonheur où, dans une très belle église seine-et-marnaise, 20 jeunes

choristes issus de différentes provinces autour de Shanghai nous ont fait découvrir un

aperçu des chants folkloriques chinois. Magie du chant grâce à une rencontre fortuite en-

tre un chœur de Claye Souilly en récent voyage en Chine et ce chœur universitaire!

Il faut oser les rencontres… ce que nous avons fait dernièrement en Italie. Un

voyage intense qui ne peut se résumer en deux mots et nécessitera un journal à lui tout

seul. Je ne vous en dirai pas plus, si ce n'est que quelques 50 choristes Vent d'Est et ac-

compagnants ont pu mesurer une fois de plus à quel point le chant est porteur de dia-

logue et de rapprochement.

Le chant sous toutes ses formes, il en est beaucoup question dans ce nouveau numé-

ro de votre journal préféré. Nos journalistes ont analysé pour vous, sérieusement ou plus

légèrement, les compositeurs, les langues, ah l'allemand !, le solfège réinventé, les

concerts, les spectacles tous azimuts, les stages proposés par des musiciens originaux, les

rapports fausse-couche/musique et musique/cerveau, enfin vos traditionnels jeux, quiz,

poèmes, dessins et recettes sans lesquels ce ne serait pas le Journal Vent d'Est.

Notre village d'Erquy a connu un weekend d'effervescence à l'Ascension. Plus de

40 volontaires irréductibles ont envahi le camp pour biner, sarcler, peindre, ravauder,

piocher, diminuer, rehausser, électrifier, tailler, tondre, mais aussi, les travailleurs tra-

vailleuses ayant bon appétit, manger, boire et chanter grâce à une intendance irrépro-

chable et majestueuse. Un vrai 4 étoiles! A nous faire réserver pour l'année prochaine...

Pour l'heure nous préparons nos concerts de juin, avec l'intensité habituelle, et le

plaisir, mêlé d'un peu d'anxiété, d'affiner et de finaliser le travail d'une année. Nul doute

que le résultat sera à la hauteur de nos attentes. Nous sommes fiers de participer avec

Astrid à ces concerts autour de la messe en Ut majeur de Beethoven à l'harmonisation

piano/orgue inédite, accompagné par des musiciens et solistes talentueux.

Je vous souhaite avec toute l'équipe bonne lecture de ce journal, et de très bons concerts

comme chanteur ou spectateur car, vous l'avez compris, la musique unit les cœurs.

Didier

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Page 3 Le mot de la chef Astrid Delaunay

Page 4 Rubrique culturelle : Mendelssohn Hervé Calvarin

Page 8 La langue allemande et la musique Odile Lerolle

Page 12 Le traditionnel weekend de travail à Erquy Marie-Chantal Bernard

Page 14 Les cours de solfège à Vent d’Est Jacques Coniglio

Page 15 Un peu de théorie : du son et des notes Marie-Chantal Bernard

Page 18 Histoire d’un concert (poème) Martine Havard

Page 19 Viva Toscana ! (dessin) Jean Renaud

Page 20 De qui se moque-t-on ? Odile Lerolle

Page 23 Conseil de lecture et anecdotes Didier Godet Hervé Calvarin

Page 24 Rubrique médicale Florence Sarthou

Page 27 L’atelier Placer-Ledda Hélène Everleigh

Page 28 Le concert d’Emprise Directe Olivier Duhamel

Page 30 Jazz au CdBM Hélène Everleigh

Page 32 Complément à la rubrique médicale du n°153 Florence Sarthou

Page 33 Qu’est-ce que l’amusie ? Marie-Chantal Bernard

Page 34 Un concert d’Eddy Mitchell Olivier Duhamel

Page 35 Un concert à Choisy-le-Roi Odile Lerolle

Page 36 Quiz musical Serge Atlan

Page 37 Carnet familial Florence Sarthou

Page 38 Une recette réunionnaise à Erquy Emmanuel Chareix

Page 39 Les mots-croisés Christian Lemaire

Page 40 Solutions des jeux

SOMMAIRE

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Le mot de la Chef

Cette année, nous avons tous été touché par les terribles évé-

nements qui se sont déroulés en novembre. Proposer un chant

de paix et l'insérer dans notre concert me tenait à cœur.

J’ai choisi « Verleih uns Frieden » (donne-nous la paix) un

texte de Luther tiré de l'antienne Da Pacem Domine et mis en

musique par Mendelssohn.

En ce qui concerne la langue allemande, je sais qu’elle fait malheureusement souvent

frémir les choristes. Une explication est que les choristes n'en ont pas fait dans le cadre

scolaire et donc apprendre à la prononcer est contraignant. C'est une langue qui demande

beaucoup d'articulations et de projection de souffle pour des consonnes percutantes, elle

n'est pas simple, mais malgré tout la prononciation peut s'apprendre !

… On peut également ne pas être attiré par les sons de cette langue très gutturale et no-

tre oreille peut avoir du mal à l'apprécier.

Néanmoins, elle se trouve au centre de la musique vocale romantique : nous ne pouvons

pas aborder celle-ci sans évoquer l'Allemagne et ses grands compositeurs qui ont marqué

l'histoire. C'est une richesse que de pouvoir y prêter attention. Proposer du répertoire al-

lemand au public, c'est reconnaître et partager des qualités musicales qui sont requises au

sein d'un chœur.

Dans cette pièce, le thème de caractère tendre et enveloppant est présenté par les voix

basses, puis le chœur en homorythmie le reprend. L'écriture verticale reflète cette union,

dans laquelle quiétude et douceur règnent.

Pour le concert, cette œuvre servira d'introduction et sera chantée par le grand chœur

avant l'intervention du chœur de chambre.

Mais nous y voilà, le mois de juin va se montrer et je suis maintenant impatiente de

pouvoir présenter la Messe en Ut et de concrétiser notre travail, qui n'est pas de tout re-

pos! J'en conviens! Malgré certaines faiblesses dont les choristes ont conscience ( entre au-

tres rythmiques, d'ailleurs je dois dire un grand merci à Jacques pour son aide musicale

généreuse et si précieuse), cette œuvre nous a permis d'aborder ensemble de multiples pa-

ramètres musicaux et vocaux. Je pense que c'est un grand pas musical pour Vent d'Est que

de s'attaquer à celui qui était considéré comme un maître, vénéré par la plupart de ses

successeurs dans l’ère du romantisme. Alors, ne lâchons rien!!!

Astrid

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Félix Mendelssohn-Bartholdy

Un romantique à la baguette Par Hervé Calvarin

Félix est né à Hambourg le 3 février 1809 dans une famille juive alle-mande. Il est le second des quatre enfants d'un riche banquier, Abraham Mendelssohn, et de Léa son épouse, très cultivée et douée pour les arts. Durant sa courte existence, il fit preuve de droiture, de générosité, de loyauté, préceptes inculqués par son grand-père Moses, philosophe re-nommé et militant de l'Aufklärung (courant de pensée, équivalent alle-mand des Lumières).

En 1811, chassé par l'invasion napoléonienne, sa famille s'établit à Berlin. Dans un souci d'intégration et face à l'antisémitisme am-biant, la famille va se convertir au protestantisme. Les enfants sont baptisés par un pasteur en 1816, les parents se convertissent en 1822 et ajoutent à leur nom celui d’une terre familiale, Bartholdy, que Fé-lix n'utilisera guère.

Félix et sa sœur Fanny, de quatre ans son aînée et sa meilleure

amie, eurent des talents musicaux précoces que leur père Abraham, homme sage et cultivé, n'essaya pas de briser. Cette relation fait pen-ser à celle de Wolfgang et Anna-Maria Mozart (Nannerl).

Félix, le bien-nommé, put ainsi s'épanouir sans heurt dans la maison familiale, ouverte à tous les artis-tes, qu'ils soient poètes, peintres ou musiciens. Leur mère Léa donne à Félix et Fanny leurs premières le-çons de piano. Après avoir étudié la musique et appris le violon avec les meilleurs professeurs de musique, la composition lui fut enseignée par Carl Friedrich Zelter, directeur de la Singakademie, chorale berlinoise, où Mendelssohn put se consacrer à la technique vocale.

Dès ses neuf ans, Félix était déjà un pianiste ac-compli, et il écrivait des sonates qu'il jouait devant sa famille. Il écrivait aussi des chansons dites de pleine eau, destinées à donner la cadence quand il s'entraînait à la nage avec ses amis.

Musicien assez ordinaire, Zelter avait l'es-prit des Kappelmeisters (maîtres de chapelle), qui revendiquaient le rôle de gardiens de la tradition contrapuntiste. Pour ces musiciens rigides qui appréciaient pourtant Bach et Haendel, Beethoven était un dangereux révo-lutionnaire, et ils se méfiaient de Mozart, qui avait subi l'influence de la musique italienne.

Pour le récompenser de son zèle, Zelter décida en 1821 (Félix avait 12 ans) de le présenter à son ami Goethe, le grand poète alle-mand. Ce dernier aurait dit à Zelter :

" Les dons de fantaisie de ce petit garçon et ses facilités pour la lecture à vue tiennent du prodige, et je n'aurais pas cru cela possi-ble chez un enfant aussi jeune. On peut comparer ton élève au petit Mozart par ce qu'il a déjà réalisé; Félix a un langage d'adulte et non les balbutiements d'un enfant ".

On voit que l'admiration de Goethe pour Zelter altérait quelque peu son jugement, en mettant déjà Félix sur le même pied que Wolfgang Amadeus.

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Bien que Félix soit surdoué musicalement, ses parents souhaitaient pour lui un métier rentable. Mais le jeune Mendelssohn était fermement décidé à devenir musicien, d'autant qu'il était en train d'écrire deux de ses chefs-d'œuvre, l'Octuor pour cordes et l'ouverture pour Le songe d'une nuit d'été d'après l'œuvre de Shakespeare (que Schumann dé-crivit comme un " ruissellement de jeunesse "). Ses parents se résolurent à accepter sa décision à condi-tion qu'elle soit approuvée par une des grandes fi-gures musicales du moment, Luigi Cherubini, et se rendirent donc à Paris. Ce dernier, qui aimait af-fronter ceux qui étaient mêlés au " désordre roman-tique ", reconnut la valeur de Mendelssohn qui lui avait soumis le quatuor en si mineur, op. 3 pour piano et cordes, mais trouvait que « il avait trop d'étoffe dans ses habits ». Il est vrai qu'a posteriori, ce morceau apparaît architecturé, mais privé de la force expressive propre aux grandes créations.

A l'âge de dix-sept ans, Félix était déjà très culti-vé, parlait six langues, possédait des talents d'aqua-relliste et d'écrivain, et se montrait aussi brillant au piano que sur une piste de danse ou devant un échi-quier.

Ayant une vénération pour Bach, il décida de sortir sa musique de l'oubli. Ayant obtenu une copie de la Passion selon saint Mathieu, il dirigea l'œuvre à Leipzig le 11 mars 1829 en présence la bonne so-ciété de la ville et de musiciens de grande renom-mée, et contribua ainsi à relancer la carrière du compositeur. Il va alors accéder rapidement à la cé-lébrité.

Au XIXe siècle l'éducation d'un jeune Allemand

de bonne famille passait par une série de voyages à l'étranger. Il est vrai que la vie de Mendelssohn fut plus aisée que la plupart des musiciens de l’époque, comme Schumann ou Schubert. Ne disait-il pas : " Je suis trop heureux, je jouis de la vie et j'en re-mercie sans cesse le Ciel ".

Sur les conseils de son père, il partit donc. Rebu-té par Paris, trop méridionale à son goût, il préféra l'Angleterre, qu'il visitera dix fois. Ainsi Félix arri-va à Londres le 21 avril 1829, où il fut accueilli par ses amis, dont le diplomate Carl Kingermann, qui l'introduisirent dans la bonne société anglaise.

Mais George Smart, qui dirigeait la City Concerts fit obstacle à la présentation de sa musi-que, sous prétexte qu'il n'était qu'un musicien ama-teur et, de surcroît, fils à papa.

La vie londonienne de Mendelssohn justifiait en partie ces affirmations, et le musicien dut faire preuve d'obstination pour arriver faire jouer à la Philarmonic Society sa Symphonie en do mineur, puis l'ouverture pour le songe d'une nuit d'été. Ac-cueil enthousiaste, et le succès s'amplifia jusqu'au dernier concert, le 13 juillet, avant de partir pour l’Écosse. Il en rapportera de ce qui allait devenir la Symphonie écossaise et l'ouverture les Hébrides (ou la Grotte de Fingal). Cette œuvre inspirera le Vaisseau fantôme de Wagner, et on la retrouve dans certains thèmes de l'Anneau du Nibelung.

En mai 1830, il se remit en route vers Leipzig, Munich, Weimar (où il alla saluer Goethe) puis Nuremberg. A Munich, il tomba amoureux de la pianiste Delphine von Schauroth, à laquelle il dé-dia le célèbre Rondo Capriccioso op.15 et le concerto en sol mineur op.25 . Il faillit mettre fin à son célibat après une brève idylle.

En Autriche il visita entre autres Vienne, où il découvrit une société frivole s'étourdissant dans la valse, en réaction du régime de Metternich .

Puis il entra en Italie à Venise, visita Florence, Bologne et il séjourna à Rome de novembre 1830 à avril 1831, et à la Villa Médicis fit connaissance du peintre Horace Vernet, et de Hector Berlioz (dont il détestait la musique…). Il y composa deux sym-phonies, l'Écossaise et l'Italienne.

Déjà encensé en Angleterre, il sera considéré en Italie comme le symbole du romantisme musi-cal allemand. Après avoir visité Naples, Pompéi, Gênes, Milan et Genève, il passa l'hiver et le prin-temps à Paris, où il apprit la mort de Goethe. Peu après il repartit pour Londres où il apprit la mort de Zelter, et après cette tournée éreintante, regagna Berlin après deux ans d'absence.

Durham 1829, dessin de Félix Mendelssohn dans son carnet de voyage en Écosse

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Il commença alors à s'occuper de son avenir professionnel et pos-tula à la succession de Zelter à la Singakademie. Il fut battu lors de l'élection du 22 janvier 1833, officiellement à cause de son jeune âge, mais plus probablement parce qu'il était juif.

Il obtint néanmoins la direction de l'Opéra de Düsseldorf, mais vite lassé par le conservatisme musical de la ville, il accepta avec en-thousiasme les rênes de l'association des concerts du Gewandhaus de Leipzig, ce qui lui fit dire " J'ai l'impression d'arriver au Paradis ". Le 30 août 1835 il s'installa donc à Leipzig, ville qu'il ne quittera plus.

Il va réorganiser la vie musicale en alternant un répertoire classi-que (Haydn, Mozart, Beethoven) avec des concerts historiques (Haendel, Bach) et en faisant une large place aux compositeurs ro-mantiques. Par coïncidence, c'est à cette époque que furent réunis à Leipzig trois des plus importants représentants du romantisme : Men-delssohn, Schumann et Chopin.

Mais la fin d'année sera douloureuse, puisqu'il perd soudainement son père. Il en sera complètement désorienté, mais le destin va lui faire rencontrer Cécile Jean-renaud (rien à voir avec notre basse), fille d'un pasteur français de Francfort. Bien que ses parents lui avaient recommandé de ne pas alourdir les " petites ailes " de son destin par une union jugée prématurée, il écrivit à sa sœur Fanny : "Je suis fu-rieusement amoureux, et je ne sais que faire ".

Quoi qu'il en soit, ils se marièrent en mars 1837 et eurent quatre enfants. Il fonda à Leipzig un Conservatoire, qui deviendra un sanctuaire de la musique,

et où Mendelssohn se fit le champion du renouveau musical allemand. Il va s'éver-tuer à ressusciter les chefs-d'œuvre de Bach, Haendel et Mozart.

Professeur, pianiste et chef d'orchestre, il trouvait tout de même le temps de composer et de voyager dans toute l'Europe pour se "rafraîchir au milieu des paysages".

" La première condition pour être un artiste, c'est de respecter la grandeur et de lui rendre hommage, au lieu de chercher à éteindre les grands flambeaux pour que les petites chandelles aient un peu plus d'éclat "

Cécile JEANRENAUD

Mais en 1847, sa sœur Fanny mourut d'une hémorragie cérébrale comme son père et son grand-père. Lui-même était surmené et malade, et la douleur lui fut fatale. Deux mois plus tard, le 4 novembre 1847, quelques semaines après le triomphe à Birmingham de l'oratorio Elie, il fut victime de la même cause et s'éteignit à l'âge de 37 ans en murmurant " Je meurs comme Fanny ". Un monument lui est dédié dans la ville de Leipzig, mais sa tombe est au cimetière de la Trinité à Berlin.

Son œuvre :

Mendelssohn fut un compositeur prolifique : plus de 300 œuvres pendant sa courte vie. Il avait une direction d'orchestre extraordinaire-ment précise et des plus exigeantes, et eut un rôle considérable dans l'histoire de l'interprétation au même titre que Paganini ou Liszt. Wagner lui-même aurait tout appris de lui. On retrouve dans sa musique la tech-nique de la fugue de Bach, les textures et la clarté de Mozart et le sens de l’orchestration de Beethoven.

Le romantisme de Mendelssohn était à l'opposé de la véhémence de

Berlioz, et sa joie de vivre se reflétait dans sa musique, spirituelle et har-monieuse, et de construction très pure.

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Sa musique de chambre ou de piano, bien que vaste, mais obéissant à des archétypes parfois anté-rieurs à Beethoven et manquant d'originalité, a lais-sé peu de souvenirs, excepté pour la musique de chambre, avec l'Octuor (op.20) pour quatre violons, deux altos et deux violoncelles, composé à l'âge de seize ans, et le Trio en ré mineur, op 49 pour piano, violon et violoncelle, composé à tout juste trente ans.

Pour le piano, il faut mentionner les incontour-nables Romances sans paroles (Lieder ohne Worte), publiées à partir de 1830 en huit fascicules, au nombre de quarante-huit et dont certaines portent un titre. On peut noter également les Variations sé-rieuses en 1841.

La plus grande partie de la production musi-cale de Mendelssohn est consacrée à la musique religieuse chantée ou a cappella, sous l'influence de Bach ou Haendel. Parmi ses chefs-d'œuvre, Paulus fut exécuté à Düsseldorf en 1836, et Élie à Birmingham en août 1846. Il faut également ajouter Jésus-Christ, un oratorio inachevé.

Rappelons enfin Le songe d'une nuit d'été dont

il avait composé l'ouverture à 17 ans, ce ne fut que 17 ans plus tard qu'il acheva la musique de scène de cette légende, chantant les amours d'Obéron et de Titania dans un univers d'elfes et de lutins, et qui illustrait tout autant son propre bonheur que la féerie de Shakespeare.

Nous conseillons la remarquable version du Songe d’une nuit d’été sous la direction du regretté Kurt Masur, décédé le 19 décembre dernier : https://www.youtube.com/watch?v=SUDvZaMl4RU

La grotte de Fingal : En 1829, Mendelssohn visita l'île de Staffa dans l'archipel écossais des Hébrides, et en particulier la grotte basaltique de Fingal. Dès le retour en bateau, il avait déjà en tête la vi-sion musicale de ce site, mais ce ne sera que deux ans plus tard que l'œuvre sera terminée. Il écrivit " Tout le développe-ment sent le contrepoint bien plus que l'huile de poisson et les mouettes, alors que ce devrait être le contraire ". Brahms devait dire en l'entendant : " Je sacrifierais toutes mes œuvres pour avoir pu écrire cette ouverture "

Verleih uns Frieden gnädiglich : Cette prière pour la paix fut composée à Rome. Le manuscrit porte la date du 10 février 1831.

Le chant liturgique a été composé par Martin Luther sous le nom Da pacem, Domine (Accorde-nous la paix, Seigneur). Le texte a pour ori-gine un hymne du VIe ou VIIe siècle basé sur la Bible : Livre 2 des Rois (chapitre 20, verset 19), Livre 2 des Chroniques (20.11 et 20.15), Livre des Psaumes (72.6 et 72.7), dont Luther a fait une version paraphrasée. La musique est dérivée du chant grégorien.

L'objectif de Luther était la réforme de la messe, et la mise à disposi-tion du simple paroissien de chants en langue vulgaire. Plus tard des cho-rales et des musiciens orneront les chants.

Cette pièce magique, originellement écrite pour deux flûtes, deux cla-rinettes, deux bassons, cordes et orgue, est une mise en musique continue de trois versets (le même texte est entendu trois fois), scindée en quatre parties. L’introduction flottante, prémonitoire des figurations aux bois qui commencent l’ouverture Schöne Melusine (1833), mène droit au premier verset, paisiblement contemplatif, pour basses seules. Seul le dernier ver-set utilise toutes les forces disponibles et il le fait avec une chaleur d’ex-pression tellement généreuse qu’on ne doute pas que la paix ultime soit proche.

Donne-nous la paix dans ta clémence, Ô Dieu, en notre temps. Il n’y en a pas d’autres qui puisse combattre pour nous sauf toi seul, notre Dieu.

On peut trouver une excellente interprétation par le chœur de chambre du Conservatoire de Côme (Italie) sur : https://www.youtube.com/watch?v=ICdXBWHpapc

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La langue allemande et la musique Odile Derolle

Il ne vous a pas échappé, cher lecteur, que cette année nous chantons en allemand, pour le plus grand bon-heur de certains germanophiles… qui n’osent pas se manifester en tant que tels, vu les récriminations des choristes qui peinent à chanter dans la langue de Goethe.

Et pourtant j’ose... j’ose dire mon bonheur de chanter en allemand. En cela je ne vais sans doute pas répondre pas à la commande de l’équipe-journal ! On m’a demandé d’écrire un article drôle sur l’allemand et la musique. Mais les émotions que m’ont procurées les chants allemands sont d’une telle intensité que je ne sais pas si je vais arriver à être drôle. Pour tout dire je ne le pense pas. Donc si vous voulez rigoler, cher lecteur, sautez cette page, ou sur ce sujet allez plutôt voir l’excellent spectacle des « 5 de cœur » qui commence par un chant ciselé de Brahms et qui fait hurler de rire la salle au bout de trois minutes !

Mon amour de l’allemand en musique commence au berceau : la petite boîte à musique qui joue la berceuse de Brahms. Bien sûr, la petite mécanique ne donne pas les paroles, après tout il vaut peut-être mieux, jugez plutôt : Guten Abend, gut' Nacht, mit Rosen bedacht, mit Näglein besteckt, schlupf′ unter die Deck! Morgen früh, wenn Gott will, wirst du wieder geweckt. (bis) Oui, les paroles sont un peu bizarres, notamment cette histoire de clous de girofle, voyons : Nägel veut dire clou, Näglein veut donc dire petit clou, les bébés n’étant pas des fakirs, finalement mieux vaut dormir sur des clous de girofle, mais bon, j’aurais préféré des pétales de roses, les clous de girofle rappelant l’odeur du cabinet du dentiste. Et puis chanter à l’enfant qu’il ne se réveillera de nouveau que si Dieu veut ! Bigre... Un peu angoissant, non ? A moins d’avoir une foi à déplacer les montagnes...

Bonsoir, bonne nuit, veillé par des roses couvert de clous de girofle, glisse sous l'édredon ! Demain matin, si Dieu veut, Tu te réveilleras de nouveau. (bis)

Passons cette période néo-natale et arrivons à l’âge de l’enfance : mes parents aimaient passer leurs vacances dans les Alpes et faisaient appel à une jeune fille au pair (allemande, bien sûr) pour nous garder, pendant qu’ils gravissaient les sommets. Notre chère Irène nous emmenait alors sur les montagnes à vache et pour nous donner du courage dans la montée nous chantait ce chant populaire (volkslied)

Wenn wir erklimmen sonnige Höhen, Klettern dem Gipfelkreuz zu, In unser'm Herzen brennt eine Sehnsucht, Die läßt uns nimmer in Ruh. Stralende Berge, sonnige Höhen, Bergvagabunden sind wir, ja wir. Herrliche Berge, sonnige Höhen, Bergvagabunden sind wir.

J’adorais ce “bergvagabunden sind wir, ja wir” : ce mot rebondissait comme nous qui redescen-dions la montagne en courant ! Oui, nous (ja wir), nous sommes les vagabonds des montagnes ! Dans la même veine, le film « la mélodie du bon-heur » fait goûter le charme de la musique chan-tée en famille dans les montagnes autrichiennes.

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Je ne sais pas ce que cela signifie Que je sois aussi triste ; Un conte des temps anciens Ne me sort pas de l'esprit. L'air est frais, et il fait sombre Et calmement coule le Rhin Le sommet de la montagne étincelle Dans la lumière du soleil au crépuscule. La plus belle jeune fille est assise Là-haut merveilleusement Ses bijoux d'or brillent, Elle peigne ses cheveux d'or. Elle les peigne avec un peigne d'or Et chante une chanson en même temps Qui est une étrange, Puissante mélodie. Ce chant saisit le batelier dans sa barque avec une violence sauvage Il ne voit pas le récif Il regarde seulement là-haut, dans les hauteurs. Je crois que les vagues engloutissent À la fin le marin et la barque Et cela avec son chant C’est la Lorelei qui l'a fait.

Et puis vient l’âge du collège (à l’époque on l’appelait lycée dès la 6ème) où j’ai appris l’allemand de façon plus systématique, et ai eu la chance d’avoir pendant 6 ans la même prof, d’origine allemande (elle avait fui l’Allemagne du temps des nazis, du fait de sa judaïci-té), et bien sûr mélomane, comme la majorité des allemands. Elle nouait donc des partenariats avec la prof de musique et nous avons commencé par étudier ce joli chant « die Lorelei », poème d’Hein-rich Heine mis en musique par Silcher. Lorelei, doux nom, qui sonne tellement bien... Comment ne pas s’i-maginer au bord du Rhin, chantez plutôt :

Ich weiß nicht was soll es bedeuten, Daß ich so traurig bin; Ein Märchen aus alten Zeiten, Das kommt mir nicht aus dem Sinn. Die Luft ist kühl und es dunkelt, Und ruhig fließt der Rhein; Der Gipfel des Berges funkelt Im Abendsonnenschein. Die schönste Jungfrau sitzet Dort oben wunderbar; Ihr goldnes Geschmeide blitzet, Sie kämmt ihr goldnes Haar. Sie kämmt es mit goldnem Kamme Und singt ein Lied dabei; Das hat eine wundersame, Gewaltige Melodei. Den Schiffer im kleinen Schiffe Ergreift es mit wildem Weh; Er schaut nicht die Felsenriffe, Er schaut nur hinauf in die Höh. Ich glaube, die Wellen verschlingen Am Ende Schiffer und Kahn; Und das hat mit ihrem Singen die Lorelei getan.

NdlR : Un chanteur français, autre qu’Odile, s’est intéressé à la Lorelei, mais dans une version bien à lui. Il s’agit de Charles Trenet, voici un enregistrement sur Youtube. Vous verrez que les paroles retracent la même histoire que celle du poème de Heine. https://www.youtube.com/watch?v=X6l3UF8qd_U Et voici une version du chant de Silcher par un certain Peter Schreier et un chœur : https://www.youtube.com/watchv=9c8Ows3wRh0&nohtml5=False

Je vous fais grâce de tous les autres Lieder de Schubert que nous avons appris, dont « Elrkönig » (Wer reitet so spät...) qui vous a été présenté par Marie-Claude dans le précédent journal. Mon père disait en blaguant quand nous rentrions tard dans la nuit : « wer reitet so spät ? » ( qui chevauche si tard ?) .

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Mon lied préféré est plus doux : « Am Brunnen vor dem Tore, da steht ein Lindenbaum » … une fontaine, un portail, un til-leul, et un amoureux qui grave un nom sur l’écorce : de quoi faire rêver l’adolescente que j’étais, pas encore sensibilisée aux principes écologiques de ne pas blesser les arbres. La langue allemande a vraiment comme atout de mettre l’ac-cent tonique sur la première ou la deuxième syllabe, ce qui permet une prosodie tout à fait adaptée au romantisme et ses appoggiatures.

Sag mir, wo die Blumen sind, wo sind sie geblieben Sag mir, wo die Blumen sind, was ist geschehen? Sag mir, wo die Blumen sind, Mädchen pflückten sie geschwind Wann wird man je verstehen? wann wird man je verstehen? Sag mir, wo die Mädchen sind, wo sind sie geblieben? Sag mir, wo die Mädchen sind, was ist geschehen? Sag mir, wo die Mädchen sind, Männer nahmen sie geschwind Wann wird man je verstehen? Wann wird man je verstehen? … Sag mir, wo die Männer sind, zogen fort, der Krieg beginnt, ... Sag, wo die Soldaten sind, über Gräben weht der Wind ... Sag mir, wo die Gräber sind, Blumen wehen im Sommerwind...

Dis-moi où sont les fleurs, Où sont-elles passées? Dis-moi où sont les fleurs, Qu'est-il arrivé ? Dis-moi où sont les fleurs, Les filles les cueillaient promptement. Quand comprendra-t-on ? Quand comprendra-t-on ? Dis-moi où sont les filles, Où sont-elles passées ? Dis-moi où sont les filles, Qu'est-il arrivé ? Dis-moi où sont les filles, Les hommes les emmenaient rapidement. Quand comprendra-t-on ? Quand comprendra-t-on ? ... Dis-moi où sont les hommes, Ils sont partis, la guerre commence. ... Dis où sont les soldats Le vent souffle sur leurs tombes ... Dis-moi où sont les tombes, Les fleurs s'épanouissent dans le vent de l'été….

Dernièrement j’ai visité avec mes petits-enfants le Musée de la Grande Guerre à Meaux, j’y ai visionné un petit film présentant des documents d’époque sur la guerre de tranchée, qui finit sur l’image d’un champ de coquelicots bercés par le vent... Et j’ai fredonné « sag mir wo die Blumen sind »...

Alors vint mai 68, le courant « peace and love » avec Joan Baez et son « sag mir wo die Blumen sind ? »

En voici une version en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=HRhHpTRuBrk

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Mais revenons à ma jeunesse, au temps des premiers flirts, avec le fameux slow « Sag Warum » de Camillo . (NdlR : Il était pas un peu vieux , le Camillo ? Certes, belle prestance, mais rassure-moi, Odile, tu n’étais pas vraiment amoureuse de ce playboy vieillissant ?) On ne s’embrassait pas trop à l’époque (les parents n’étaient pas loin) mais on chantait à tue-tête « Ich woll’t glücklich sein, doch du ließt mich allein ! » (je voulais être heureux, mais toi tu me laisses seul) ! Oh ja, das wäre schön, bei dir zu sein, mit dir zu gehen...Mais je m’égare, il faut conclure...

Allez, un petit dernier, mon préféré : « Erlaübe mir, feins Mädchen », un des 26 Deutsche Volklie-der de Johannes Brahms, que j’ai chanté adulte avec la chorale de Ville d’Avray sous la direction du regretté Laurent Gorgatchev, chef qui nous racontait comment il chantait par cœur à quatre voix avec les viennois ce genre de courtes pièces dans les Weinstube (bars à vins) le soir venu… Je ne vous traduis pas mot à mot, je vous laisse tout simplement emmener une jolie fille au jardin pour voir si les roses sont belles… et écoutez par exemple https://www.youtube.com/watch?v=pxBA_OR3HL8

Erlaube mir, feins Mädchen, O Mädchen, o Mädchen, In den Garten zu gehn, Du einsames Kind, Daß ich dort mag schauen, Wer hat den Gedanken Wie die Rosen so schön. Ins Herz dir gezinnt, Erlaube sie zu brechen, Daß ich soll den Garten, Es ist die höchste Zeit; Die Rosen nicht sehn? Ihre Schönheit, ihr Jugend Du gefällst meinen Augen, Hat mir mein Herz erfreut. Das muß ich gestehn.

Je risque un « hors sujet » : je me délecte tous les dimanches à 20h00 en regardant sur Arte cette courte émission « karambolage » qui traite avec humour de nos différentes spé-cificités françaises ou allemandes. Moi qui n’ai jamais appris l’espagnol ou l’italien, je rêve d’émissions similaires qui nous feraient regarder avec tendresse les richesses des langues et coutumes de tous nos pays voisins !

Un grand merci à notre chef de chœur Astrid, qui, si j’ai bien compris, n’a pas été bercée par l’allemand dès son plus jeune âge, mais qui néanmoins apprécie la musique vocale allemande et a le cou-rage de nous faire chanter cette langue si romantique !

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Un long weekend de l’Ascension à Erquy Photos d’Olivier Duhamel, légendes de Marie-Chantal Bernard

Creusez ! Et pour sortir des tran-chées, surtout restez groupés ! Un coup de grisou est si vite arrivé.

Restez surtout sous l’œil avisé d’Annie, et en cas de problème n’hésitez pas à lui demander conseil.

Peignez ! Et surtout vérifiez la nature de la peinture avant de l’appliquer ! Sinon vous devrez reponcer .

Raccourcir les thuyas est périlleux. A noter : au camp, toute tâche est suivie par des contrôleurs sévères et pointilleux.

Jeux en tous genre, papotage, plage et même randonnée au Cap d’Erquy (hors photo) étaient au menu.

L’atelier mots-croisés est toujours très suivi. Hervé est au tableau blanc pour inscrire les mots trouvés (hors photo)

Cette année, Emmanuel a accompagné à la guitare et Marie-Claude a dirigé les chants repris par tous.

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Les cigales et la fourmi Les cigales ayant chanté tout l'hiver se trouvèrent fort dépourvues quand le printemps fut venu : l'herbe et les haies avaient poussé, les bungalows s'étaient affaissés, souris et vermisseaux s'étaient installés. Elles allèrent crier famine chez Dame Annie leur voisine en la priant de cuisiner 2 ou 3 riens pour subsister jusqu'à l'Ascension nouvelle. On te paiera , lui dirent-elles, avant l'août, foi de chorale, intérêt et principal. La fourmi ne manque pas de cœur, et c'est bien là sa moindre qualité, En grommelant, elle fait oui, mais pas plus de quarante-cinq, car après ça, les bungalows débordent, et les courses, c'est trop difficile, et JPP est fatigué, et moi aussi, qu'est-ce que vous croyez ? Et ... « Que faisiez-vous au temps frais ? dit-elle à ces pique-assiettes - Lundi, jeudi, avec Astrid, nous chantions, ne vous déplaise… - Vous chantiez, j'en suis fort aise, Et bien, travaillez maintenant : grattez, peignez, creusez, coupez, taillez, rabotez, cimentez l'escalier, et cette année, Emmanuel à la cuisine va participer ! »

Fable de Marie-Chantal Bernard

Dessins de Huguette Bouygues

Et les cigales se sont éparpillées, toutes à la tâche, sans rechigner elles se sont données. Deux fois par jour, les cigales harassées vers la fourmi convergeaient, heureuse de distribuer de quoi toutes les sustenter Et après la grande tablée, rires et joie, vaisselle, mélangés, et au milieu, les derniers nés couraient... Beaucoup de bruit, mais pas pour rien : Jeux, mots croisés, même une guitare, étaient de la partie, toutes ces cigales, quelle belle cacophonie ... La table est bonne puisque vous revenez, le soleil l'a compris, dit la fourmi tout’ réjouie Merci la fourmi ! Vive Annie ! Vive Erquy ! chantèrent les cigales enthousiasmées ….

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Tous les participants sont très curieux et nous es-sayons de répondre à toute les questions. Les premiers exercices de rythme et de notation des temps sur la partition ont rencontré un vif succès. Les premières découvertes : - Il y avait une onzième ligne entre la portée en Clé de sol et celle en Clé de fa - Les ténors chantent une octave en dessous des so-prani et alto et ils ont une petit 8 sous leur Clé de sol

Les cours de solfège Par Jacques Coniglio

De gauche à droite :

Bénédicte MAZEVET, Michèle GILAND, Maguy RICOTTI, Patrick STEICHEN, Véronique POIRIER, Claude MAZEVET, Dominique BRAULT, Catherine CATALDI, Stéphane POLI, Philippe COUTE, André PASCAL Et votre serviteur derrière l'appareil;

Les absents ce jour là : Hélène EVELEIGH, Delphine FAURE, Évelyne STEICHEN

Depuis le début de l'année et à la demande de nombreux choristes, nous proposons des séances d'initiation au sol-fège. A ce jour (début mai) il y en a eu trois. Nous abordons à la fois un peu d'histoire et de petite histoire de la musique, mais aussi les fondamentaux. Nous prenons des cas pratiques, soit sur notre partition de Beethoven soit sur ce qui se dit et se passe pendant les répétitions. Nous abordons également certains points à partir du clavier du piano.

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Mathémusique

DU SON ET DES NOTES Marie-Chantal Bernard

Le fait est que la musique n'est pas uniquement un art mystérieux et métaphorique, elle est égale-ment née de la science. Elle se compose d'éléments mathématiquement mesurables : fréquences, durées, décibels, intervalles. C'est pourquoi toute explication de la musique doit combiner les ma-thématiques et l'esthétique. (Léonard Bernstein )

Et rassurez-vous, je ne vais pas vous faire un cours de math, je vais simplement es-sayer de donner quelques réponses à ceux qui se posent des questions (et même aux autres, s'ils veulent bien me lire) : - Pourquoi y a-t-il sept noms de notes et douze touches par octave du piano ? - Indépendamment de leur justesse, pourquoi y a-t-il de jolis dos et des dos mo-ches (je ne parle pas de votre morphologie) ? - Qu'est-ce qui fait le timbre d'une voix ou d'un instrument ?

Vous verrez que, comme le dit Léonard Bernstein, la théorie musicale n'est pas un ensemble de règles arbitraires, qu'elle est basée sur des phénomènes physiques et des lois mathématiques, mais aussi sur certains choix subjectifs et culturels (exemple simple vu dans cet article : le diapason). Nous laisserons le solfège pour une autre fois et parlerons aujourd'hui d'acoustique musicale, c'est-à-dire, plus prosaïquement, de son et de notes*.

Si cet article vous paraît familier, c’est normal, c’est le « remake », plus accessible - je l’espère -, d’un arti-cle paru dans le n°132 (décembre 2008), que certains choristes avaient trouvé quelque peu ardu ...

Allons-y : un son est un mouvement vibratoire de l'air perçu par l'oreille, une onde de compression-dépression : vous pouvez imaginer un ressort, des vagues ou même un embouteillage « en accordéon ». Un son musical (une note) correspond à une onde périodique, c'est à dire qui se répète identique à elle-même; on en a tous visualisé des représenta-tions dynamiques sur un ampli ou un ordinateur (voir figure 1). Un « son pur » (c'est le terme consacré, bien qu'il s'agisse d'un son sans intérêt artistique) est repré-senté par une courbe qui ondule simplement : une sinusoïde (voir figure 2). Le la donné par le diapa-son est un son pur. La fréquence est la vitesse à laquelle la vibration périodique se répète ; elle se mesure en herz (1Hz = 1 vibration par seconde). Plus la fréquence est grande, plus le son est aigu, plus la note est dite haute. Ça va, vous suivez ? Vous n’allez pas me dire que c’est trop dur ? * on pourrait aussi parler de nom et de sottes ou de ton (voire de thon) et de noces, mais on s’éloignerait un peu trop du sujet...

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Le diapason, qui sert de référence internatio-nale, donne donc un son pur, le la3 (j'expliquerai un jour le « 3 »), dont la fréquence est 440 Hz (c'est aussi la tonalité du téléphone fixe en France). Cette valeur est importante car elle conditionne la fréquence de toutes les autres notes et donc le ressenti de la musique. La fréquence du la3 n’est pas une donnée abso-lue, elle est choisie, et autrefois elle était très va-riable : suivant le lieu, l'époque et le style de musique (sacrée ou profane). Au 18ème siècle par exemple, il y avait 17 diapasons différents en vi-gueur dans les grandes villes européennes, avec des fréquences aussi différentes que 392 Hz (à peu près le sol actuel) ou 460 Hz (à Venise par exemple). La norme actuelle (440 Hz) fut adoptée lors de la Conférence internationale de Londres en 1953, mais certains musiciens préfèrent encore 432 Hz ou au contraire choisissent un la « plus brillant » à 442 Hz. Beaucoup d’ensembles spécialisés dans la musi-que baroque choisissent d’autres diapasons, les plus courants allant de 392 à 415 Hz, car ils né-cessitent une tension moindre des cordes d’ins-truments tels que violes, luths, guitares ou encore clavecins.

Mais savez-vous que le diapason a une particularité étonnante : il attire les araignées ! Cette propriété peut être utile à Erquy pour nettoyer à votre arrivée le bungalow de ses hôtes indésirables. Pour attirer une araignée, rien de plus facile. Il vous suffit de faire vibrer votre diapason et de le poser délicatement sur la toile. Pensant qu'une proie s'est prise dans la toile, l’araignée fond sur sa prétendue victime et mord le diapason. Vous pou-vez alors la capturer triomphalement ! Le succès est garanti !

Dessin paru dans le

magazine « La Hulotte »

Mais reparlons de musique : une note donnée (la, do, …) chantée ou jouée par un instrument n'est jamais simple, elle est composée de plusieurs sons purs dont les fréquences sont les multiples de l'une d'entre elle appelée fondamentale : ce sont les harmoniques . Et ce sont ces harmoniques qui font la richesse d’une note.

Pour une même fondamentale, tous les instruments (ou tou-tes les voix) ne produisent pas les même harmoniques, c'est leur « dosage » ainsi que l’intensité de chacune qui caractéri-sent un instrument ou une voix : c’est le timbre du son. Par exemple, lorsqu'un instrument joue un la de 220 Hz (la fondamentale), il produit aussi des sons de fréquence 2x220Hz (c'est à dire 440, notre la3 du diapason) , ou 3x220 Hz ou 4x220 Hz, ou 5x220 Hz, etc.... Ces harmoniques sont d'ailleurs toutes des la plus aigus que celui du départ, le la2.

L’oreille humaine perçoit une sensation auditive pour des vi-brations de fréquences comprises entre 20 Hz et 20000 Hz (mais ça dépend de l’auditeur et ça diminue généralement avec l’âge, vous le savez bien !). Les infrasons ont des fréquences inférieures à 20 Hz et les ul-trasons des fréquences supérieures à 20000 Hz.

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Leçon pour la prochaine fois :

Outre sa durée, une note est caractérisée par trois paramètres :

• l'intensité, liée à l'amplitude des vibrations,

• la hauteur, liée à la fréquence de la fondamentale,

• le timbre, lié à la forme de l'onde, donnée par les har-

moniques présentes et leur intensité.

En conclusion : Une méthode mathématique (celle de Fourier (1768-1830)) permet d'analyser tous les sons musicaux. Est-ce la fin annoncée des instruments et des interprètes au profit des synthétiseurs et autres ordinateurs ? La lettre à Élise ne sera-t-elle plus massacrée par les jeunes prodiges que forment avec abnégation les professeurs de piano ? Rassurez-vous ! Les sons riches produits par le piano, la flûte ou le violon sont très complexes et difficiles à recréer ; alors, sauf exception, on élague, on approxime, on obtient une musique de qualité plus ou moins bonne .

Et on n'a toujours pas réussi à synthétiser correctement la voix humaine : les chanteurs et les chorales ont l'avenir devant eux! Voilà, nous sommes arrivés à la fin de notre première incursion dans l'univers de la Mathémusique. J'espère vous avoir intéressés et donné l'envie d'en savoir plus. Une prochaine fois, nous parlerons de Pythagore et de Bach, d'échelles (pas celles utilisées pendant le week-end de travail à Erquy) et de tempérament égal (il ne s'agira pas de celui de notre chef bien-aimée, quoique...). En attendant , suivez bien les cours de solfège de Jacques !

L'intensité d'un son est liée à l'amplitude de la vibration sonore ainsi qu'à la puissance transmise au récepteur (micro, oreille). Elle diminue avec la distance, ce qui peut-être un avantage (être derrière les amplis pendant un concert est redoutable) ou un inconvénient (comment percevoir les nuances si on est trop loin?).

Une guitare a quasiment la même étendue qu'un violoncelle qui pourtant paraît plus grave. Pourquoi ? Et bien, la guitare émet des harmoniques élevées de bonne am-plitude, alors que pour le violoncelle, c'est la 2ème harmonique (plus grave) qui est très présente. Ci-contre : Martin Morais (guitare) - Vincent Bélanger (violoncelle)

Mais dans la pratique la sensation auditive s'accorde mieux avec la notion de niveau sonore qui s’exprime en décibels (dB) ou décibels acoustiques (dBA). Je vous passe la for-mule, simple mais de niveau Terminale, elle traduit que la sensibilité de l’oreille n’est pas linéaire : par exemple deux trompettes jouant ensemble ne sonnent pas deux fois plus fort qu’une seule. L’échelle est logarithmique : en gros, le niveau sonore augmente de 3 dBA si on double l'intensité. Et ne soyez pas étonné que sur l’image on affirme que 60dB+70dB=70dB, (en fait le résultat est 70,4), elle traduit qu’une différence de 10 décibels est si importante que le saxo le plus faible s’effacera complètement devant le plus fort, on ne le percevra pas. On n’entend pas mieux 11 violons à l’unisson que 10 ...

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HISTOIRE D’UN CONCERT par Martine Havard

D’abord, c’est un nom sur une partition

Remplie de petits signes ronds

Sur lesquels nous nous penchons

Pour les déchiffrer avec application

Et petit à petit, au fil des mois de répétitions

Nous les apprivoisons, nous les adoptons, nous les aimons.

Inlassablement comme Pénélope sur son métier à tisser

Nous psalmodions toutes les notes mille fois répétées.

Alors, après neuf mois de présence et de persévérance

Qui nous mènent tout doucement à la délivrance

Nous accouchons enfin de ce bébé

Qui a grandi en nous et s’est fortifié

Pour devenir un hymne de beauté et de pureté.

Exécuté par nous humbles « Amateurs »

Mais dirigés par un admirable professeur.

Enfin, vient le jour tant désiré,

Mais pourtant mille fois si redouté

Dans le froid glacial de la cathédrale

Sous la lumière blafarde des candélabres

Immobiles et fiers, en rangs serrés, vêtus de noir,

Sous le feu des regards de notre auditoire.

Comme par miracle nos voix se fondent à l’unisson

Et soudain c’est l’explosion, la fusion, l’émotion

Dont nous ressentons toutes les vibrations.

Nous remplissons les voûtes immenses

De sons magnifiques et de silences.

Puis quand retentit la dernière note

Et que la baguette magique stoppe

Sous les crépitements des applaudissements

Nous recevons le plus beau des remerciements

Résultat d’un travail acharné en récompense suprême

Qui nous est donnée pour notre plaisir extrême

Pour ces quelques instants éphémères et magiques

Parfaite communion du chant et de la musique.

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VIVA TOSCANA !...Serge Atlan par Jean Renaud

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De qui se moque-t-on ? Odile Lerolle

« Les lois de l’humour sont très sévères : on ne peut pas se moquer des victimes, des noirs, des homos, des musulmans, des juifs, des handicapés... moi je dis : de qui se moque-t-on ? » Philippe Geluck Moi, Odile, qui vous parle, je réponds clairement : « des musiciens ». Là, personne ne s’offusque, et les ar-tistes s’en donnent à c(h)œur joie ! Le clown est évidemment musicien.

Au cinéma, qui ne se souvient pas du début de « La grande vadrouille » avec le chef d’orchestre Stanislas Lefort (Louis de Funès) et sa célèbre tirade :

Merci Messieurs, c’était très bien, c’était trrrès bien. Vous, c’était bien. Vous, c’était...enfin... comme ci comme ça... Dites-moi, vous, on ne vous a pas entendu, on ne vous entend jamais ! Vous n’arrêtez pas de bavarder, faites attention, faites trrrrès attention, hein ! Ecoutez, j’ai une conception exceptionnelle de l’ouvrage. Ce n’est pas assez triomphal, ce n’est pas assez orgueilleux, de l’orgueil, bon sang ! Tatatin, tatatin, tatatin papapapapapa tcha ! papapapapa ! Bon sang, enfin... vous c’est gnignignignigni... C’est de la bouillie tout ça ! C’était pas mauvais, c’était très mauvais, voilà ! Alors reprenons. Au 17. Hop !

Le Harpo des Marx Brothers n’était pas mal non plus. On ne compte plus le nombre de dessins animés parodiant pianistes et autres musiciens jouant la rapsodie hongroise n° 2 de Liszt : de Bugs Bunny à Tom et Jerry en passant par Mic-key, Woody Woodpecker, etc... Tapez sur Google « Rapsodie hongroise dessin animé », vous pouvez passer des heures à vous gondoler via youtube !

Mais passons à la chanson. Les Frères Jacques sont champions dans l’art de se mo-quer des musiciens amateurs, en particulier des orchestres dans l’étrange concert , dont voici un extrait : J’abrège car c’est avec la musique et les bruitages que cette chanson prend toute sa saveur.

On a assassiné Mozart, puis on l'a débité sur place, et comme chacun voulait sa part, on dut séparer les rapaces...

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En revanche, je vous laisse déguster quelques couplets de la violoncelliste, d’Albert Willemetz et Jean Le Seyeux, et écouter Les Frères Jacques sur https://www.youtube.com/watch?v=roz4McWNNeA

Do do do ré mi fa, ré mi fa sol do do Elle avait pour prénom Sidonie Ses amies l'appelaient la Sido, Adorant avant tout l'harmonie Ell' portait un lorgnon, deux bandeaux ! Ne pouvant pas jouer d'la prunelle De la croup', ni des hanch's, ni des seins La Sido jouait du violoncelle Dans l'espoir de trouver un chopin

Elle était vierge et solitaire N'ayant pas connu le mystère De l'adoré, la violoncelliste ; ... N'ayant pas tout ce qu'ell' voulait Ell' s'consolait comm' ell' pouvait … Elle imaginait du bonheur Avec six jeunes gens en fleur Si si mineur, la violoncelliste Aux bras musclés, aux cheveux blonds, Six éphè's au corps d'Apollon Si ré do si la violoncelliste … Le printemps ça la rendait foll' Se r'trouvant dans son entresol Si sol si sol ! la violoncelliste ...

Boby Lapointe n’est pas en reste avec son petit cours de guitare sommaire, ou le violon tzigane , ou encore il voulait jouer de l’hélicon pompompompom (avec son ami Élie qui n’est pas très intelligent…)

Une guitare… est un instrument... en forme de guitare… qui com-porte six cordes. Si l'on partage la guitare en deux par le milieu (ce qui n'est pas à conseiller...) on obtient deux moitiés de guitare... et ...3 cordes d'un côté... 3 cordes de l'autre. Ces 3 cordes du haut s'appellent par conséquent les basses… en guitare classique ! En guitare sommaire on ne les appelle pas : on les ignore ! La grosse difficulté de la guitare sommaire est d'éviter de toucher à ces cordes du haut qu'on appelle "les basses."

Enfin, la bande dessinée est un art majeur pour se moquer des musiciens .

On pense bien sûr à Hergé qui s’est acharné sur la diva capricieuse qu’est la Castafiore, flan-quée de son insipide pianiste Igor Wagner. Le Schtroumpf musicien n’a pas plus de succès qu’Assurancetourix pour animer les banquets, mais ils animent si bien les albums...

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Frankin a ridiculisé l’usage des instruments de musique par Gaston Lagaffe, lui faisant jouer successivement de la guitare électrique (Gaffes et Gadgets), du trombone (Gala de Gaffes à Gogo), de la trompette (Le géant de La Gaffe), du Bombardon (Le Bureau des Gaffes en Gros), du gaffophone qui émet des sons qui brisent les vitres, cassent les oreilles, font fuir les animaux ou les attire, c’est selon (En direct de La Gaffe)… Les deux planches assassines de Gotlib nommées « guitare-gadget » valent le détour, et sa façon de faire de l’histoire de la musique est bien impertinente (cf sa vision de Beethoven ci-dessous) Et dans un genre un peu différent Sempé nous attendrit avec son recueil « quelques musiciens »

Cette liste demande à être complé-tée : amis choristes et lecteurs at-tentifs, nous attendons vos lettres !

Odile

Sans attendre, je profite de l’invitation d’Odile à compléter son in-ventaire pour rajouter le théâtre et tous les spectacles musicaux où les comédiens-chanteurs-musiciens font preuve de leurs immen-ses talents en tournant en dérision les travers de leurs collègues ins-trumentistes, compositeurs et autres divas…

Je pense par exemple à la Framboise Frivole , qui comme le nom ne l’indique pas , est un duo de Belges hilarants (chanteur + pianiste) ou au Quatuor, qui a pris sa retraite en 2015, mais que je vous engage vivement à retrouver sur un DVD et d’abord avec le lien : https://www.youtube.com/watch?v=r0sszx83qvc Et je finis avec « Que ma joie demeure » où Alexandre Astier est J-S Bach https://www.youtube.com/watch?v=pnlrcQ73A9M&nohtml5=False

Marie-Chantal

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Quelques anecdotes supplémentaires par Hervé Calvarin Savez-vous que c'est Mendelssohn qui fut l'un des premiers chefs d’orchestre à utiliser une ba-

guette pour diriger lors d’un concert ? Le premier témoignage connu d'utilisation d'une baguette date de 1594, où la maestra du couvent San Vito Lo Capo battait la mesure avec une vergette lon-gue, fine et bien lustrée. Lully, bien plus tard donnait le tempo en frappant par terre avec un bâton (il en mourut après une blessure !). Au XIXe le compositeur Louis Spohr utilisait une baguette pendant les répétitions, mais probablement pas pendant les concerts. En 1825 George Smart battait parfois la mesure avec un bâton court. Après Mendelssohn et ses concerts au Philharmonic de Londres en 1832/1833. Cette pratique sera très vite courante dans la seconde moitié du XIXe siècle. Munie souvent d'un renflement à la base pour la prise en mains, la baguette est maintenant utilisée partout dans le monde. Le musicien Vassili Safonov est considéré comme le premier chef d'orchestre moderne à s'en passer.

La Marche Nuptiale (n°7 du Songe d'une nuit d'été) de Mendelssohn sera exécutée pour la première fois au mariage de la princesse royale Vicky d’Angleterre en 1858. Dans Les Visiteurs, Jean-Marie Poiré utilise le premier mou-vement du concerto pour violon, op. 64, ainsi que le dernier mouvement de la symphonie dite « Écossaise ».

Pour ceux qui souhaite conceptualiser le plaisir de chanter, je recommande de lire de toute urgence le livre de Vincent Delecroix, « Chanter : reprendre la parole » Éditions Flammarion . Des poètes de l’Antiquité à nos jours, vous découvrirez la puissance formidable du chant comme moteur de vie . Ce livre devrait vous éclairer sur le réenchantement du monde via des refrains, des mélodies, des notes de musique … Le chant révèle notre personnalité profonde qui reste cachée lorsque l’on parle . Chanter c’est jouir de l’existence ! Le chant est le médium du désir et le révélateur d’Éros . Donc, si vous voulez vous inscrire dans la symphonie cosmique où vos petites cor-des vocales en action rejoignent les onze dimensions de la théorie des cordes ( en astrophysique ) je vous invite à goûter ce livre plein de bonne vibrations !

Petit message / conseil de lecture de Didier Godet

NdlR: Remarquons que cet Einstein est souvent confondu (surtout dans les sites de citations !) avec son célèbre homonyme, Albert. Leur préten-due parenté est discutée… Alfred Einstein (1880-1952) était un musicologue germano-américain, grand historien de la musique. En ou-tre, il publia une révision du catalogue Köchel de la musique de Mozart et du catalogue de celle de Beethoven. Son œuvre majeure est une étude consacrée au Madrigal Italien. Ses livres les plus connus restent aujourd'hui Mozart l'Homme et l'œuvre , Schubert et surtout La Musique roman-tique dans lequel il écrit « [Mendelssohn] was the Romantic Classicist, in contrast to Schubert, who was the Romantic Classic ».

Nietzsche a dit : « Félix Mendelssohn, ce maître alcyonien, qui dût à son âme plus légère [que celle de Wagner], plus pure et plus heureuse d’être vite admiré, puis vite oublié, fut le bel incident de la musique allemande.» Et Alfred Einstein : « sa musique est équilibrée parce que chez lui le classique tolère le romantisme et que le roman-tisme ne détruit pas le classique ».

Pour ceux qui veulent approfondir : Pour découvrir Mendelssohn : Jérôme Bastianelli, Félix Mendelssohn, Actes Sud, mai 2008. Pour en savoir plus : Brigitte François-Sappey, Félix Mendelssohn. La lumière de son temps, Fayard/Mirare,

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Les chants de messe dangereux pour les femmes enceintes : légende ou vérité ?

Article tiré de « Scientists of America »... (NB : pour toute réclamation concernant la valeur scientifique de cet article, je vous renvoie à ses auteurs et à leurs travaux, voir note à la fin de l’article)

Florence Sarthou

En arrivant à l’Université Catholique de Louvain à Louvain-la-Neuve en Belgique, le professeur Ladi-slas Grwszowsz découvre avec stupéfaction une rumeur qui court dans la communauté catholique francophone, et surtout française : les chants de messe catholiques seraient à l’origine de nom-breuses fausses couches et malformations de fœtus . Ce spécialiste de gynécologie statistique de l’Université de Gdansk, en Pologne, trouve donc là un sujet de recherche passionnant pour occuper uti-lement l’année sabbatique qu’il est venu passer en Belgique. “ J’avais moi-même entendu plusieurs fois cette ru-meur et j’avais d’ailleurs rencontré quelques cas troublants, mais rien de statistiquement pertinent ”, nous confie le docteur Jean-François Lebranchu, qui accueille dans son équipe le professeur Grwszowsz.

Les deux savants co-signent un article à paraître prochainement dans la prestigieuse revue mé-dicale anglaise « The Lancet » et qui présente les résultats de près d’un an de recherches conduites en Wallonie et dans le nord de la France. Le professeur Grwszowsz nous confie que la récolte de données statistiques, nécessaires pour établir l’existence réelle du phénomène, n’a pas été sans difficultés. “ Certains prêtres ont tout simplement refusé de nous laisser consulter leurs registres paroissiaux, au prétexte qu’ils ne voulaient prêter aucun crédit à "une calomnie de socialistes sans dieu" nous déclare-t-il.

Mais à force de persévérance, les deux cher-cheurs parviennent à recueillir suffisamment de témoignages et de données clés qui leur permettent de progresser et de mettre au jour des chiffres pour le moins troublants. “ Nous avons pu alors déterminer qu’il y avait bel et bien une curiosité statistique dans les chiffres de naissances des quinze dernières années [chez les femmes fréquentant les églises catholiques] ”. Le nombre de fausses couches y serait de 15% supérieur à la moyenne, et certaines maladies génétiques semblent également plus communes.

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Un problème rencontré alors est la difficulté d’établir la ou les causes supposées de cette si-tuation ; il est en effet hors de question de soumettre délibérément des femmes enceintes à des expériences pouvant mettre en danger leur grossesse.

Après plusieurs tentatives avortées (une fa-talité ?), une expérience montre des prémis-ses de résultats : « Le comportement des bébés et des très jeunes enfants est particulièrement agité pen-dant les chants. Nous avons alors eu l’idée de nous adresser à des acousticiens de l’Uni-versité de Pennsylvanie à Philadelphie qui nous ont aidés à isoler certaines conditions, mots, syllabes, réverbérations, ferveur dans la voix, fausses notes, c’est-à-dire tout un nombre de facteurs créant un trouble utérin susceptible de générer des lésions de la mu-queuse conduisant à une fausse couche, ou, plus grave, des troubles de développement du fœtus. »

Pour comprendre le phénomène, il a fallu recréer en laboratoire les conditions d’un dimanche matin dans une petite église de province, où le mélange de chanteurs et de chanteuses de ca-pacités vocales et de tessitures différentes mêlé à la réverbération pourrait provoquer les effets néfastes qui ont été observés.

“ Nous avons effectué des tests sur des souris, en produisant synthétique-ment les ondes sonores les plus typi-ques d’un chant comme le fameux « Trouver dans ma vie ta présence » ”, explique le docteur Lebranchu. “ L’effet est évidemment amplifié mais les résul-tats sont détaillés dans notre article et ne souffrent pas, je pense, d’ambiguï-tés ” . Les paroles de la liturgie francophone catholique moderne contribuent, du fait de leur interprétation par des amateurs dans des conditions scéniques peu propices, à des troubles caractérisés qui peuvent être aggravés par une ex-position répétée et des conditions phy-siques particulières, comme la gros-sesse.

En réalité, l’étude montre que même chez d’autres sujets (les hommes moustachus, ou les personnes ayant des cheveux blancs et consommant plus de laitages que la moyenne, par exemple) des effets négatifs peuvent être observés, comme des douleurs gingivales et des dé-chaussements dentaires, ou bien encore la sensation persistante d’avoir un caillou dans sa chaussure.

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Des débats sont à attendre dès la publication de cet article, non seulement dans le landernau mé-dical, où l’on parle déjà de déconseiller la messe aux femmes enceintes, mais aussi dans le petit monde des théologiens : “ Nous n’avons pas pu répéter les mêmes résultats en utilisant des chants en latin, mais je compte m’atteler à cette passionnante question dès mon retour à Gdansk ”, conclut le professeur Grwszowsz.

(article de Jean-Ignace Mittelbaum pour Scientists of America)

Pourquoi avez-vous besoin de nous ? Scientists of America est un service en ligne complètement inédit dont l’objet est de vous assister dans vos efforts rhétoriques, de donner à vos affirmations péremptoires un poids scientifique véritable. Qui ne s’est jamais retrouvé "coincé", au cours d’une discussion, par manque de souvenir de chiffres pré-cis ? Qui ne s’est jamais ridiculisé pour avoir été pris la main dans le sac à utiliser une statistique improvi-sée, inventée ? Avec Scientistsofamerica.com , ces embarras ne sont plus qu’un mauvais souvenir. En effet, notre ser-vice se propose de donner du poids à vos arguments en les faisant valider, détailler et diffuser par nos ex-perts. Le mode d’emploi est simple. Vous avez besoin qu’une information existe ? Pas de problème, vous n’avez qu’à nous la soumettre et nous nous chargeons ensuite d’écrire l’article qui lui correspond.

Abbot « Abbie » Hamm (rédacteur en chef) FAQ Q: Ce site est-il : une œuvre relevant du Net.art ? un pastiche ? un support de canulars scientifiques ? une démonstration de la malléabilité ou de la relativité du discours scientifique ? un amusement ? un projet sé-rieux ? R: Oui « Des chercheurs qui cherchent, on en trouve, des c hercheurs qui trouvent, on en cherche » …

(Charles de Gaulle)

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Faire un pas de côté… Hélène Everleigh

Faire un pas de côté… C’est la proposition que nous ont faite Antonio Placer et Elena Ledda qui sont venus juste pour nous au CdBM le weekend des 13 et 14 février (avant de revenir un mois plus tard pour un des concerts de la biennale de jazz). Expérience étonnante que celle de chanter dans une lan-gue inventée, sans partition bien sûr, et en se laissant gui-der par l’énergie d’Antonio ou par la voix d’Elena.

Le travail en deux groupes et deux ateliers successifs (avec l’une puis l’autre) a abouti à une mise en com-mun le dimanche en fin de matinée : quelques minutes de musique rythmée et colorée, mêlant la chanson tradi-tionnelle sarde de la « povre filandere » (pauvre fileuse) et les élucubrations d’Antonio qui explique : « Dans une langue tu as une palette de couleurs, mais parfois tu ne trouves pas le mot juste. C’est pourquoi j’avais be-soin de créer une langue », ce qui donne, par exemple : « ke ke ke otse verotse verokambuaza ke ke ke ». Euh, ça veut dire quoi ? Ne cherchez surtout pas ! chantez !

Au fur et à mesure de l’atelier, Antonio nous glissait quelques réflexions sur sa conception de la musique. Florence a réussi à les noter et je retiens celle-ci : « On ne peut pas enseigner la voix, on peut juste l’aider à marcher. Il faut tracer sa voie, se donner les moyens, trouver la voie de sa voix. » Ou cette définition originale de l’intelligence : « L’intelligence est comme un triangle formé de trois côtés : l’intellect (qui est l’aspect communication : la voix) ; l’in stinct (qui est la partie « animale » : la voie) et l’intuition (qui correspond à la vision : vois) ». A méditer… Bien sûr, l’atelier ne nous a donné qu’un petit aperçu des méthodes d’Anto-nio et Elena il mais nous a fait faire un petit bout de chemin dans la quête de notre voix : « ke ke ke ! »

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Le concert-spectacle d’ Emprise Directe Vu par Olivier Duhamel

L’an dernier, j’ai proposé à une collègue qui habite à Nogent de venir assister à notre concert de juin. A l’entracte, je retrouve Maryse échangeant avec une autre collègue, Betty, qui chante dans la chorale arménienne de Marie Magarian. Le monde est petit ! Maryse me parle aussi de la cho-rale « Emprise Directe » de Charenton-Le-Pont, au sein de laquelle sa sœur Christine chante. On en vient à aborder nos programmes respectifs, mais la cloche sonne : la scène est à nous… Le lundi suivant, Maryse me dit que notre spectacle était bien, que les lumières sobres et les dé-placements des choristes créaient une belle ambiance. Elle fait du théâtre et porte un regard avi-sé à la mise en scène. Un jour, elle m’informe que sa sœur va faire un concert au CdBM avec Emprise Directe, j'en parle à Vent d'Est et nous voilà 35 choristes rassemblés pour assister, le 23 janvier 2016, à un spectacle original mêlant chants et déplacements scéniques : « A quoi on joue ? ».

Le fil rouge du spectacle est le jeu sous toutes ses formes : jeu innocent, les premiers amours, jeu de guerre, jeu des paradis fiscaux et artificiels. Sur le plateau, arrivent la pianiste, une sucette à la bouche, et le batteur, en culotte courte. Puis, les choristes arriveront, par cour et jardin, en jupette, bermuda, chemise et chemisier blancs. Ils sont 80 dont 11 ténors et 9 basses. La moyenne d’âge est proche de celle de Vent d’Est, en tout cas ils donnent l’impression de bien s’amuser sur scène affranchis de leurs partitions. Il est vrai que sans les partitions on a une attention accrue et une bonne aisance de déplacement. Des tableaux différents très colorés s’enchaînent, défilent alors des serviettes de plages, des cha-peaux, des robes, des hauts talons… Les morceaux chantés sont des reprises de chansons françaises plus ou moins connues. Les harmonisations sont dynamiques et parfois surprenantes comme pour la « Poupée psychédélique » laquelle est, à quatre voix d’hommes, interprétée dans un style berceuse bien éloignée de sa version rock d’origine.

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Le chef de chœur, Guillaume Le Ray tient plusieurs rôles : il dirige tout en étant acteur. D’ailleurs au début, on ne le voyait pas, puis est apparu un homme presque dégingandé qui sautillait ; c’était lui le chef ! Une poupée en robe et sans sourire jouée par Sarah Cruse s’articule dans tous les tableaux. Sa tristesse omniprésente ajoute un clair obscur aux ta-bleaux colorés. Les transformations des tableaux se font en douceur. Afin de laisser du temps aux choristes pour les changements de costumes, le chef de chœur va tracer à la plume quelques lignes de poésie sur les pages d’un livre posé sur une petite écritoire. Ses gestes sont projetés sur un écran géant : attention à ne pas faire de faute sinon le public saura le lui faire comprendre…

La mise en scène professionnelle de Sarah Kou-dlansky est tonique et précise. Un exemple, « La pluie fait des claquettes » commence par un clapotis de doigts, suivie d’une averse de frappes de cuisses, pour finir dans un tonnerre de pieds. La technique est très importante, il y a beaucoup de micros pour un bon renvoi en salle (ce qui, à mon avis, n’est pas absolument nécessaire avec 80 choristes ). Mais la batterie est parfois trop forte. Pour le bis, le chef de chœur, la pianiste et le bat-teur reviennent avec chacun une bouteille de bière à la main. En soufflant dedans, cela donne les pre-miers accords de « J’ai 10 ans ». Quel culot ! Bref, nous avons passé la soirée avec Polnareff, Souchon, Delerm, Chédid, Le Forestier, Lavil-liers, Vian, Nougaro, et ce fut un bon moment. La salle a aussi participé pleinement en tapant des mains ou en chantant .

Maintenant la question se pose : pourrions-nous faire de même à Vent d’Est ? Un sondage sorti des urnes, pardon, de la salle de répé, le jeudi sui-vant indique un intérêt certain mais une opinion partagée. Dans l'ensemble, le spectacle porté par la belle énergie des participants, a été apprécié des choristes, mais certains ont été gênés par des pro-blèmes de justesse, probablement inévitables pour des non-professionnels dans cette situation . - c’était pas mal mais je n’aime pas la variété. - j’ai trouvé ça bien, mais comment faire sans parti-tion ? (NdlR : éternelle question !) - ah oui, faut qu’on fasse ça !!! - c'est le genre de spectacle qui m'attire plus en tant que participante-choriste qu'en tant que spectatrice. - pourquoi pas ? dans une certaine mesure, car bou-ger et bien chanter c'est vraiment difficile.

Les photos de cet article sont issues du site www.emprisedirecte.com (photographe François Meiller)

En ce qui concerne Emprise Directe, voici quelques explications données par Christine, alto. Nous répétons un week-end par mois à Charenton-le-Pont (le samedi de 14 h 30 à 20 h 00 et le diman-che de 9 h 30 à 16 h 30). La saison de répétitions est étalée sur 18 mois – un concert, voire deux…. (ce sera le cas pour cette année 2015-2016 : Le Perreux-sur-Marne et Limeil-Brévannes). Nous avons déjà la programmation d’un concert en juin 2017 pour fêter nos 30 ans. Nous apprenons deux chansons par week-end. La semaine suivante, les fichiers MP3 par pupitre et les enregistrements des chansons version Tutti nous sont envoyés. La vitesse d’apprentissage dépend de la facilité des uns et des autres, du rythme de travail, de l’investissement individuel… Sarah nous a rejoint en 2013. Elle a introduit, dans nos représentations, la mise en scène orientée ta-bleaux de théâtre… en final, nous ne parlons plus réellement de concert mais de spectacle. Le programme est choisi par Guillaume et Sarah. La collaboration artistique s’est renforcée cette an-née entre ces deux professionnels. Ils ont travaillé en résidence fin février 2016, pour le choix des chansons, celui du fil rouge et réfléchi à la mise en scène de notre nouveau spectacle. Une très bonne ambiance existe au sein du chœur ; nous avons, il y a quelques années, répété en Pro-vince pendant un week-end … et projetons de renouveler l’expérience en 2017. Personnellement, je suis à la chorale depuis 1999. Je me suis adaptée au style de Guillaume Leray et de son frère Martin – lequel a dirigé notre chœur auparavant - ils présentent un répertoire de chansons françaises plutôt engagées… et à texte !

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Fondus de jazz ? par Hélène Everleigh

Je ne suis pas sûre que nous soyons nombreux à Vent d’Est à être des « fondus de jazz », mais quelques-uns se sont régalés pendant le weekend des 11 et 12 mars au CdBM. Renouant avec la tradition des années 80, ce festival proposait une pro-grammation très variée, avec plus de trente musiciens, huit for-mations et dix heures de musique ! De quoi s’immerger com-plètement dans un univers sonore très créatif, avec de belles voix et des instruments incroyables.

Les fans d’André Minvielle n’ont pas été dé-çus : son imagination débordante nous a bala-dés du « bôvelo de Ravel » (sic) à la valse des cinq sens, d’improvisations en chansons, le tout accompagné de sa bouteille électrique et autres objets sonores. Et l’humour était au rendez-vous, car il commente chaque morceau avec des formules de son invention et se qualifie lui-même de vocalchimiste ! J’ai découvert ensuite le groupe Osiris (photo ci-dessous) composé de treize jeunes musi-ciens, issus pour la plupart du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et d’une chanteuse suédoise à la voix envoûtante, Isabel Sörling, qui a inspiré au pianiste Paul Anquez une musique d’ensemble qui s’offre comme un écrin à son chant. Pour découvrir cette voix, RV sur youtube ! Elle aussi a interprété « Amazing Grace »… mais c’est assez différent de la version « Vent d’Est ». https://www.youtube.com/watch?v=pbz9jsoREkY

L’ensemble musical Osiris est impressionnant, avec pas moins de seize instruments différents, parmi lesquels on peut apprécier toutes les va-riétés de saxophones. Vous pensiez (comme moi) que les termes soprano, alto, ténor et basse concernaient essentiellement les voix ? Que nenni ! J’ai découvert entre autres le saxo-phone soprano, les saxos ténor et baryton ainsi que la clarinette basse…

Samedi, c’est par un splendide duo que dé-bute la deuxième journée de ce festival, le duo Smoking Mouse (photo ci-dessus) . Connaissiez-vous l’euphonium ? C’est un instrument aux innombrables possibilités dont Anthony Caillet joue aussi aisément que du bugle et de la trompette et toujours dans une harmonie totale avec son complice com-positeur Christophe Girard à l’accordéon.

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Vient ensuite le duo Ortie, formé par Élodie Pasquier à la clarinette basse et Grégoire Gensse au piano : encore un bel exemple de créativité et de jeu avec les mélodies, des plus modernes et originales (quand Grégoire Gensse joue avec des « boites à Meuh » pla-cées dans son piano) aux plus classiques et douces de la clarinette. Je garde un souvenir particulier de ce moment et je voudrais rendre ici hommage à Grégoire Gensse, décédé subitement depuis, à l’âge de 29 ans.

Un sacré weekend donc et un pari gagné pour cette biennale! Je me demandais si la lassitude ne viendrait pas au fil de ces deux journées, mais non ! Tous les concerts nous transportaient dans des univers différents et j’ai eu l’impression de découvrir un peu de la richesse du jazz européen d’aujourd’hui.

Hélène

Le deuxième concert de la soirée nous fait dé-couvrir Jan Lundgren Trio (ci-dessous), un magnifique trio venu de Scandinavie, piano, basse et batterie : ça swingue, notamment pour leur reprise de « Round Midnight » mais la fin du concert est plus euphorique, presque pla-nante, avec des ballades folk nordiques.

Il n’y avait pas de voix dans les concerts de l’a-près-midi, mais la dimension vocale était pré-sente dans les concerts du soir, en particulier avec Antonio Placer et Elena Ledda. La voix d’Antonio Placer est une voix chaude, pro-fonde ; elle contient tous les sanglots, toutes les colères et elle parle des événements qui se-couent le monde (« Je suis riche de deux pays », « Si on regarde en soi, on trouve des tas de migrants »). La clarinette de Gabriele Mirabassi lui apporte son soutien et la voix d’Elena Ledda vient s’en-trecroiser et apporter ses vibrations sardes. S’a-dressant au public, Antonio affirme : « Sans vous, notre présence serait absurde, mais sans nous…votre vie ne serait pas la même! »

Le public est alors chauffé et prêt à entrer dans le groove énergique de Lisa Simone (fille de…) qui a dû attendre la cinquantaine pour oser se lancer à corps perdu dans la carrière musicale, après d’autres carrières … dont une dans l’armée ! Elle se donne à son public avec une énergie incroyable et une voix sans limite, enracinée en terre afro-américaine.

Fin de soirée en apothéose !

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Rubrique Médicale (suite du numéro 153… !) par Florence SARTHOU

LA MUSIQUE CLASSIQUE REND SOURD !LA MUSIQUE CLASSIQUE REND SOURD !LA MUSIQUE CLASSIQUE REND SOURD !LA MUSIQUE CLASSIQUE REND SOURD !

Ca y est, la renommée de notre bien aimée feuille de chou dépasse les frontières !!! Et du coup notre dernière rubrique médicale « La musique classique rend sourd » a eu des répercussions stupéfiantes Outre-Manche…

« Un joueur d’alto renommé poursuit le Royal Opera House pour avoir ruiné son audition et sa carrière pendant les répétitions de « La Walkyrie » de Wagner. Chris Goldscheider allègue que son audition a été irrémédiablement endommagée par les cuivres placés immédiatement derrière lui.

Clive Coleman (BBC News) vendredi 1er avril 2016 « Chris Goldscheider attaque en justice pour « perte de revenus » suite aux troubles auditifs provoqués par un niveau de bruit « aussi élevé que celui d’un moteur à réaction » lors de répétitions »

Damien Gayle (The Guardian) vendredi 1er avril 2016 « L’altiste Chris Goldscheider affirme que son audition a subi des dégâts définitifs pendant les répéti-tions de Wagner au RHO. D’après les documents remis à la Cour, le niveau de bruit présentait des pics à 137 dB, comparable au volume sonore d’un moteur à réaction »

Andrews Levy (Daily Mail) samedi 2 avril 2016

« Un altiste attaque le Royal Opera House en justice p our dégâts auditifs irréversibles »

(ATTENTION : contrairement aux apparences, bien que les articles cités aient été publiés à une date habituellement réservée aux canulars en tous genres CECI N’EST PAS UN CANULAR mais une « vraie » info !!!)

Devinez quelle est la « défense » du Royal Opera House ? Elle s’appuie sur un article réglementaire britan-nique (le « Compensation Act », de 2006) qui « autorise à assouplir certaines règles de santé et de sécurité si elles sont de nature à rendre impossible une activité souhaita-ble ». En d’autres termes, « si la musique est belle », tant pis pour les oreilles des musiciens !!! Donc je vous le redis, les amis, avant d’écouter du Wa-gner, mettez vos bouchons d’oreille (mais il y a aussi un beau solo de cor dans la 5ème de Mahler… et quant à la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak, croyez moi, « ça dépote ! » - éviter de s’asseoir au premier rang !!!)

En effet le vendredi 1er avril les médias britanniques, BBC en tête, se faisaient l’écho du procès intenté au Royal Opera House par un de ses musiciens, Chris Goldscheider , altiste renommé. Il avait fait partie du Royal Liverpool Philarmonic et de l’Orchestre Sym-phonique de la BBC, pour rejoindre finalement le prestigieux Royal Opera House en 2002. Il avait par ailleurs accompagné les « Trois Ténors » à Barcelone devant 100 000 personnes, et aussi Ky-lie Minogue lors d’une émission de TV.

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Une autre forme de surdité : L’AMUSIEUne autre forme de surdité : L’AMUSIEUne autre forme de surdité : L’AMUSIEUne autre forme de surdité : L’AMUSIE

Marie-Chantal Bernard

Beethoven, en dépit de sa surdité, entendait la musique dans sa tête. A contrario, le révolutionnaire Che Guevara possédait, lui, une audition tout à fait normale. Pourtant, il restait assis et impassible lorsqu'on jouait l'hymne national de Cuba et avait la réputation de danser le tango alors que l'orchestre attaquait une valse. Son problème était qu'il ne percevait pas la musique. Il n'était pas le seul : le président américain Théodore Roosevelt aussi. Pour les neuropsychologues, ces deux hommes souffraient d'amusie.

L'amusie congénitale, qui touche entre 2 et 4% de la population, peut se manifester de diverses façons : par une difficulté à entendre une «fausse note », par le fait de « chanter faux », voire parfois par une aversion à la musique. Certaines de ces personnes affirment ressentir la musique comme une langue étrangère ou comme un simple bruit. L'amusie n'est due à aucun problème auditif ou psychologique, et ne semble pas liée à d'autres troubles neurologiques. Les recherches sur les bases neuronales de ce déficit n'ont commencé qu'il y a une dizaine d'années avec les travaux de la neuropsychologue canadienne Isabelle Peretz, et le 25 avril 2013, le CNRS a publié une étude intéressante qui lève le voile sur l'ori-gine de cette pathologie.

Par ailleurs , un livre faisant le lien entre musi-que et neurologie, édité maintenant en poche, parle aussi d’amusie : Musicophilia – La musi-que, le cerveau et nous . (Oliver Sacks) L’auteur (décédé en Août 2015 à 82 ans) était un neurologue, mélomane, sans formation profession-nelle musicale ou musico-logique, mais les multiples anecdotes qu’il a choisi nous permettent d’appré-hender l’importance fon-damentale de la musique pour l’être humain. On rencontre de nombreux cas originaux , par-mi lesquels un compositeur qui récupère une parfaite audition après avoir composé une œu-vre complexe, un autiste qui connaît par cœur 2000 opéras, un amnésique total qui peut ce-pendant continuer à interpréter parfaitement son répertoire au piano ou à l’orgue et à diriger des chœurs, une vieille dame qui végétait en n’écoutant que des variétés et qui redevient su-bitement plus active après avoir écouté de la musique classique… Sacks décrit également les différentes sortes d’amusie : l’absence du sens des hauteurs, la dystimbrie (qui fait ressembler la plus belle musique à des bruits de casseroles), l’incapaci-té à comprendre ou à reconnaître une mélodie, l’impossibilité de comprendre des harmonies comme autre chose que des sons superposés, ou encore la dysrythmie, plus rare.

Et si vous avez envie de tester votre amusie éventuelle : www.brams.org/test-en-ligne/

Les personnes amusiques présentent un traite-ment altéré de l'information musicale dans deux régions cérébrales : le cortex auditif et le cortex frontal, surtout dans l'hémisphère céré-bral droit. Ces altérations semblent liées à des anomalies anatomiques dans ces mêmes cor-tex. Ces travaux apportent des informations précieuses sur le « cerveau musical », c'est-à-dire sur les réseaux cérébraux impliqués dans le traitement de la musique. Ils sont publiés dans la revue Brain de mai 2013. On pourra aussi envisager un programme de réhabilitation de ces difficultés musicales.

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Ce qui est dit, EDDY ! Olivier Duhamel

Ça , c'est un Rocker !! Après avoir été au concert des « vieilles canailles » avec Johnny, Eddy et Jacques en novembre 2014, nous voilà reparti avec Anne voir le Big Band d'Eddy Mitchell en mars au Palais des Sports. Avec ses 50 ans de carrière, Schmoll tient bien la scène. Toujours une dose d'humour ou des références au cinéma américain entre ses chansons. Sans parler de son jeu de jambe qui fait de lui un rocker tendre, car dans rocker, il y a aussi le mot cœur.

Ses paroles sont à la fois justes et poétiques. Je pourrai dire un jour à l’une de mes filles :

je ne t'ai pas vu grandir, toi tu m'as vu vieillir,

là s'en est trop, je n'aurai jamais plus 18 ans demain.

Mais un soir de blues cela ressemblerait plutôt à :

Un Martini Dry, une olive dans l'verre, plus une fausse blonde qui fume une vraie,

faut l'faire. Manque plus qu'au piano Marie Cali,

j'ai le blues du blanc…

Ou encore, imaginez Astrid : elle était maquillée comme une star de ciné,

accoudée au juke box, elle rêvait qu'elle dirigeait, juste pour un bout d'essai,

à la Deutsche Grammophon. Elle semblait bien dans sa peau, cherchant du regard un ténor,

la fille aux yeux …

La musique de Pierre Papadiamandis, met en valeur les textes dans des rythmes soit mélancoliques, soit rock. C'est dans le rock que le Big Band prend tout son volume.

Je ne fais pas du lèche-bottes, mais j'aime tous les hommes politiques,

ils sont si sincères et si sympathiques, (je sais, c'est un peu primaire de dire ça)

mais j'comprends mieux le regard des passants, j'vois pas comme eux, j'pense tout en grand,

en couleur et sur un écran blanc.

Aujourd'hui, rien est à toi, tu ne vaux pas un seul centime, tu appartiens à la société anonyme, et il faut te battre et vivre si tu ne veux pas finir au cime-tière des éléphants. Mais ce soir-là, la vie n'était pas présente pour tous ! Je me rappelle avoir été à Bercy en 1994 avec des copains et quand le Pape a dit que l'acte d'amour sans être marié est un péché, nous nous sommes le-vé et avons dansé le rock dans les allées du POPB. 20 ans plus tard, la moyenne d'âge tourne autour de 60 ans et certains râlent quand les rangs de devant se lèvent pour applaudir. Mais dans ce cas, il faut rester chez soi et écouter le disque dans son canapé….Un concert, ça doit se vivre sur scène et dans la salle !

Mais on me dit : tu parles trop,

j'entends du soir au matin, les mêmes mots, les mêmes refrains,

….alors j'arrête.

La lumière revient déjà et l'article est terminé,

c'était la dernière séquence.

Je vais aller boire un p'tit verre d'eau d'vie,

et la plus belle cuite de ma vie sera pour...

plus tard ….

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Un concert de l’Ensemble Polyphonique

de Choisy-le-Roi raconté par Odile Lerolle

Il y a quelques années nous avions eu la joie de chanter avec l’Ensemble Polyphonique de Choisy-le-Roi le Requiem de Verdi, qui nous avait donné « du fil à retordre » mais nous étions bien motivés pour travailler cette grande œuvre connue, dont le succès est assuré. Cette année ce chœur a monté un concert très intéressant que je suis allée écouter en voisine et amie à l’église de Maisons-Alfort, le 8 avril. C’était leur première représentation, deux autres sui-vaient : le samedi à Choisy-le-Roi et le dimanche à Paris.

Je passerai rapidement sur le Magnificat de Bach, très bien interprété par ce chœur amateur d’une centaine de personnes qui a su servir le Maître Bach avec conviction et netteté, et par des solistes aux belles voix agréables à entendre. J’ai bien apprécié que le concert commence par le concerto pour 2 violons de Vivaldi, un bon « apéritif » par « l’Académie d’Orchestre » dont les musiciens jouaient debout. Nous avons pu ainsi palper leur joie d’interpréter cette œuvre. Leur son chaleureux était servi par la bonne acoustique de l’église, cependant j’ai trouvé qu’il y avait un peu trop de graves, peut-être pas assez de violons par rapport aux violoncelles et aux deux contrebasses ?

Je suis heureuse d’avoir entendu la création Linh Giac de Nguyen Thien Dao jouée entre ces deux œuvres classiques, pour deux raisons : - Certes l’œuvre m’a parue étrange, avec ces sonorités orientales, inatten-dues, faisant résonner les violons dans les harmoniques, ses éléments percus-sifs venant briser le rythme lent, ses chœurs dans la dissonance (nous dirions « ça frotte » !), un récitant qui parle pendant que le chœur chante… ...mais entendre cette création artistique m’a ouverte sur l’univers infini de la musique, ce qui m’a laissée rêveuse dans tous les sens du terme.

- Par ailleurs, ayant travaillé avec eux, j’avais pu constater que les choristes de Choisy étaient de bons amateurs, comme ceux de Vent d’Est, mais sans plus, alors je me suis « projetée » et me suis demandée comment ils avaient pu monter une œuvre aussi « en dehors » de nos sentiers battus. Je m’imaginais les choristes de Vent d’Est dans le montage d’une œuvre pareille, et entendais déjà les résis-tances, les protestations... J’ai donc interrogé une des choristes de Choisy (que je connais par ailleurs) pour lui demander comment s’étaient passées les répétitions. Elle m’a raconté qu’en effet ils ont « renâclé » pendant plusieurs mois, chu-chotant pendant les répétitions que leur chef avait trop fumé la moquette, qu’ils n’y arriveraient jamais, etc ... et que le basculement s’était produit quand ils avaient répété avec l’orchestre, mesurant alors toute l’ampleur de l’œuvre, et en comprenant le sens.

Moralité : il faut faire confiance au chef ! (Astrid, je te demande de ne me donner le chèque promis que très discrètement...)

NdlR: Nguyen Thien DAO est un compositeur français d’origine vietnamienne, né à Hanoi en 1940. Élève de Messiaen au Conservatoire National de Musique de Paris dès 1963 , il se définit comme « l’héritier des deux civili-sations orientale et occidentale ». Il a écrit notamment Koskom pour grand orchestre (1971), Ecouter-Mourir (1980) ainsi que Symphonie pour pouvoir pour le bicentenaire de la Révolution (1989). Décédé fin 2015, le compositeur venait d'achever Linh Giac . Cette œuvre pour soprano, chœur mixte, orchestre à cordes et percussions fait écho au Magnificat de Jean-Sébastien Bach. Ce projet à la croisée des cultures occi-dentale et vietnamienne, a vu le jour en 2014 dans le ca-dre de l’année du Vietnam en France, au moment de la rencontre de l’Ensemble Polyphonique de Choisy-le-Roi avec le chœur Hop Ca Quê Huong et Nguyên Thiên Dao.

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Quiz de Serge : Testez vos connaissances musicales

A propos de notre programme des chœurs d’opéras du concert de juin 2015…. Quelques colles dont certaines relèvent plutôt du « gossip » ou du potin si vous préférez mais attention ….authentiques et vérifiées… Merci à Luc-Michel Fleureau amateur éclairé d’opéra pour sa précieuse contribution.

1- Quelle est la place d’Idoménée dans la car-rière de Mozart ?

a) Un opéra de jeunesse b) Un opéra de la maturité c) Un opéra donné juste avant sa mort

2- Quel compositeur avait remporté le surnom de « Il signor vacarmo » (et pourquoi )?

d) Meyerbeer e) Donizetti f) Rossini

3- Gluck a été le protégé de :

g) Joseph II (l’empereur d’Autriche) h) La grande Catherine (l’impératrice de Rus-

sie) i) Marie-Antoinette (la reine de France)

4- Il a reproché à Donizetti, tout juste arrivé en France, de monopoliser les scènes parisiennes avec 4 opéras en même temps :

j) Rossini k) Cherubini l) Berlioz 5- Weber était son cousin par alliance … m) Mozart n) Gluck o) Nicolaï

6- Il a écarté le projet « Marion Delorme » en di-sant « je déteste mettre les p… sur scène » :

p) Bizet q) Donizetti r) Verdi

7- Il serait rentré dans les ordres s’il n’avait pas été un compositeur à succès :

s) Gounod t) Gluck u) Bizet

8- Bizet était marié à sa fille :

v) Meyerbeer w) Halévy x) Boieldieu

9- Quelle est la pièce composée par Saint-Saëns ?

y) La petite renarde rusée z) Pierre et le loup aa) Le carnaval des animaux

10- Cherchez l’intrus

bb) King Arthur cc) Didon et Énée dd) Les joyeuses commères de Windsor

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Carnet familial

Les bonnes nouvelles d’abord...

Martine GEZE , alto, nous annonce la naissance de son quatrième petit-fils : « Un petit Henri est né le 18 novembre 2015 à Paris au foyer de Gabrielle (Gèze) ancienne de la chanterie Vent d’Est, et Franck Bastide. Henri est le petit frère de Jean, né en 2012. »

Et puis les nouvelles tristes...

Pour un choriste actif : Jacques CONIGLIO, ténor, a perdu sa maman : « Catherine CONIGLIO, ma mère, 85 ans, est décédée le 5 octobre 2015 à Plouescat (Finistère) où elle a été enterrée le 10 octobre 2015. » Pour un ancien choriste : Nous avons appris que Jean-Claude WEBER, ténor à Vent d'Est pendant de nombreu-ses années, avait eu la douleur de perdre sa fille Christèle. Les obsèques ont eu lieu vendredi 29 janvier 2016 en l’église Saint Jean-Baptiste du Perreux. A tous les deux nous redisons notre amitié...

Disparition d’un membre « historique » de Vent d’Est

Nous avons appris le décès de Jean-François SYLVAIN choriste (Basse) à Vent d'Est entre 1964 et 1974. Ses obsèques ont eu lieu le mardi 10 mai 2016 en l’Église Saint Saturnin de Nogent. Seuls une dizaine de choristes encore actifs ont pu le connaître, aussi nous laisserons Annie Poindron (à l’épo-que Annie Duhamel, dite Annelle) parler de lui : « Jean-François est arrivé à Vent d'Est en 1964. « C'était "le" soliste Vent d'Est. Il avait une très belle voix, basse. Il n'avait pas son pareil pour animer les soirées. « En 1967, de retour des Choralies de Trois rivières, au Canada, il n'a eu de cesse de nous chanter "La Manic " le tube Vent d'Est. « Il fut responsable de l'animation du dernier camp de jeunes à Erquy en 1968, organisateur de rallyes, respon-sable du "Journal Vent d'Est"… « Je ne pourrai pas être au côté de Vent d'Est pour un dernier hommage.... « Que de beaux souvenirs resteront. »

Annelle (Annie Duhamel)

Si tu savais comme on s'ennuie A la Manic Tu m'écrirais bien plus souvent À la Manicouagan Si t'as pas grand chose à me dire Écris cent fois les mots "Je t'aime" Ça fera le plus beau des poèmes Je le lirai cent fois Cent fois cent fois c'est pas beaucoup Pour ceux qui s'aiment.

Jean-François Sylvain avec Michel Giraud

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La recette réunionnaise d’Emmanuel Chareix

ROUGAIL DE SAUCISSES

Vous pouvez faire frire les saucisses à la poêle ou bouillir dix minutes dans l'eau pour les dégraisser un peu. Dans une cocotte faites dorer les oignons avec l'huile et ajou-tez les saucisses coupées en morceaux. Puis ajoutez l'ail et le gingembre, les tomates. Mélangez bien. Ajoutez le thym et le curcuma, plus le piment et un petit peu d'eau si nécessaire. Couvrez et laissez cuire à feu doux au moins pendant 1/2 h. Accompagnez avec du riz nature et des lentilles. Servez avec une salade de concombre et sa vinaigrette aillée. (voir ci-dessous).

1 kg de saucisses (pour 6 pers) 3 c. à soupe d'huile 2 gros oignons émincés 2 gousses d'ail, du gingembre (un morceau haché ou poudre) 5 tomates hachées finement (ou une boite de pulpe) 1 branche de thym 1 c à c de curcuma (facultatif: + 1 ou 2 doses de safran ) 1 piment fort (ou 1 pincée de piment en poudre de Cayenne)

2 concombres 2 gousses d'ail piment 1 jus de citron vert 10 cl d'huile

Émincer finement les concombres épluchés. Confectionner la vinaigrette avec l'ail et le piment hachés, sel et poivre. Ajouter l'huile et le jus de citron vert. Bien mélanger. Arroser les concombres émincés de la vinaigrette et servir bien frais.

Emmanuel en plein travail à Erquy lors du weekend de l’Ascension

Et voilà le résultat ! (Photo d’Olivier) On s’est régalé !

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Vertical

1 Prédicateur bidon, soit disant inspiré ? 2 Produire un effet –Mur d’exposition dans un

musée 3 Jeu de hasard ? –Lettres de reggae 4 Un anglais –Chouchouter ou altérer (en dé-

sordre ) 5 Fibre textile synthétique –Accepté ? 6 Déesse, mère d’ Horus –Fleuve allemand ou

île italienne 7 Connaissances acquises –Sigle redouté, pour

certains rapports 8 Ignorant –Ville de la Loire sur la Loire 9 En tête –Élément architectural horizontal au

dessus d’une porte ou d’une fenêtre 10 En bonne santé, peut être mais désordon-

née –Hors service –Grade sportif 11 Plantation de saules – Prison ? 12 Instrument presque obligatoire à l’œnologie.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

Les MOTS CROISES de Christian Lemaire

Horizontal

1 Sorte d’augmentation bénéfique 2 Sur le point de mourir 3 Un des grands historiens latins –Sans ba-

vure 4 Coup de sang d’antan ! – Direction

Bayonne –Prénom féminin de chanson ir-landaise

5 Renâcla – Donnas des couleurs 6 A cet endroit –Despote romain incen-

diaire ? –En tête en Italie 7 Désaccord de Poutine – Nie Dieu ! 8 Précise le matin – Tissus de raphia 9 Pesage à réduire –Caprice !! – Moitié de

gamin de Paris 10 Sommet Suisse (3970 m. ) – Ville des

Hauts de Seine 11 Ont beaucoup servi ! – C’est l’alu 12 Note –Commencer un air

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VERTICAL 1 VATICINATEUR 2 AGIR – CIMAISE 3 LOTERIE – RGA 4 ONE – TRAEG (gâter ) 5 RILSAN – AGREE 6 ISIS – ELBE – EN 7 SAVOIR – MST( maladie sexuellement transmissible ) 8 ANE – ROANNE 9 TT –LINTEAU 10 IENAS ( Saine )—HS –DAN 11 OSERAIE – TOLE 12 TASTEVIN

HORIZONTAL 1 VALORISATION 2 AGONISANTES 3 TITE LIVE—NET 4 IRE -- SSO – LARA 5 RUA –IRISAS 6 ICI –NERON –IT 7 NIET –ATHEE 8 AM –RABANES 9 TARAGE –NA –TI 10 EIGER – MEUDON 11 USAGEES – AL 12 RE – ENTONNER

Solution des mots croisés

1- b) C’est le 1er opéra de la maturité juste avant « l’enlèvement au sérail », Mozart a alors 25 ans. C’est « La clémence de Titus » qui a été donné quelques mois avant sa mort en 1791. 2- f) Rossini en raison de son usage systématique du fameux « crescendo ». Le surnom vient de la pièce « Il signor Bruscino », un de ses opéras de jeunesse. 3- i) Gluck a été protégé par Marie Antoinette (au moment où elle était dauphine vers 1770). Elle avait été son élève à Vienne. 4- l) Berlioz en 1835 en tant que critique musical au « Journal des Débats". 5- m) Mozart. Sa femme Constance était donc la cousine germaine de Weber. 6 - r) Verdi. Heureusement qu’il aura changé d’avis pour « La Traviata » ! ☺ 7- s) Gounod 8- w) Halévy. Geneviève Halévy a par ailleurs inspiré Marcel Proust pour le personnage de « La du-chesse de Guermantes ». 9- aa) 10- dd) « Les joyeuses commères de Windsor » est une œuvre d’Otto Nicolaï.

Solution du quiz page 36

Voilà , le n°154 est bouclé ! Toute l’équipe-journal vous souhaite une très bonne lecture, et vous dit, avec les participants au voyage en Italie : « la suite au prochain numéro ! »

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L’équipe-journal 2016

Le Chœur Vent d’Est Centre des Bords de Marne

2, rue de la Prairie 94170 LE PERREUX sur Marne

Marie-Chantal Bernard Didier Brochet

Hélène Eveleigh Hervé Calvarin

Dominique Fonbonnat Odile Darnault

Olivier Duhamel Marie-Claude Loigerot

Christian Lemaire Florence Sarthou

Coordination Marie-Chantal Bernard

Réalisation

Marie-Chantal Bernard Florence Sarthou

Relecture

Antoine Bernard

Relations extérieures Carnet familial Florence Sarthou

Dessin

Jean Renaud

Site Internet : http://www.lechoeurventdest.fr

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Supplément-media au n°154 de mai 2016

1/ A propos de Mendelssohn, Hervé vous propose d'écouter et visionner les videos suivantes

Concerto n°1 pour violon et orchestre en mi mineur, op. 64 : https://www.youtube.com/watch?v=Pmj7nCRYNs4 par l'orchestre symphonique de la BBC, avec Janine Jansen Ou https://www.youtube.com/watch?v=K67o86CS5uo (Kurt Masur et Anne-Sophie Mutter).

Symphonie n°3 (l'Écossaise) : https://www.youtube.com/watch?v=4nP0gqKmWuY, par le Klemperer & Philharmonia Orchestra

Symphonie n°4 (l'Italienne) : https://www.youtube.com/watch?v=_HX_jF1_Tgc, par le hr-Sinfonieorchester (Frankfurt Radio Symphony Orchestra) sous la direction de Paavo Järvi

Songe d'une nuit d'été https://www.youtube.com/watch?v=SUDvZaMl4RU (Kurt Masur)

Verleih uns Frieden https://www.youtube.com/watch?v=ICdXBWHpapcpar le choeur de chambre du Conservatoire de Côme

2/ Article d'Odile sur la langue allemande et la musique

La Lorelei de Charles Trenet https://www.youtube.com/watch?v=X6l3UF8qd_U

La Lorelei par Peter Schreier https://www.youtube.com/watchv=9c8Ows3wRh0&nohtml5=False

Pour les nostalgiques de mai 68 : Joan Baez https://www.youtube.com/watch?v=HRhHpTRuBrk

Brahms (Erlaube mich, feins Mädchen) https://www.youtube.com/watch?v=pxBA_OR3HL8

3/ De qui se moque-t-on ? par Odile

Osez la violoncelliste des Frères Jacques https://www.youtube.com/watch?v=roz4McWNNeA

Le Quatuor https://www.youtube.com/watch?v=r0sszx83qvc

Alexandre Astier (Que ma joie demeure) https://www.youtube.com/watch?v=pnlrcQ73A9M&nohtml5=False

4/ Fondus de jazz ? par Hélène

Isabel Sörling interprète « Amazing Grace »https://www.youtube.com/watch?v=pbz9jsoREkY