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LE JOURNAL DE « LA SEINE EN PARTAGE » 58 / 2014 L’ASSOCIATION DE CEUX QUI AIMENT ET QUI PROTÈGENT LA SEINE ©photo : Tom Joseph

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LE JOURNAL DE « LA SEINE EN PARTAGE »

N°58 / 2014 L’ASSOCIATION DE CEUX QUI AIMENT ET QUI PROTÈGENT LA SEINE

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Pour défendre la Seine,pour défendre votre

commune,pour préparer

ensemble l’avenir

REJOINGEZLA SEINE EN PARTAGE

L’association qui regroupeles communes riveraines de

la Seine de sa sourceà son embouchure

Nous sommes 386 communes riveraines. Nos problèmes sont les mêmes (lutte con-tre les inondations et la pollution, PPRI, aménagement de nos berges, développe-ment du transport et du tourisme fluvial, etc.). Ensemble, nous pourrons nous faire entendre et faire respecter nos réalités, nos besoins, nos choix.

Téléchargez sur le site internet de l’association le document PDF

http://www.seineenpartage.fr/francais/formulaire-d-adhesion/

http://www.seineenpartage.fr/francais/journal-au-fil-de-la-seine/

4, rue du Pont Louis-Philippe 75004 ParisTél. 01 42 78 36 60 - www.seineenpartage.frAssociation loi de 1901 - Déclaration en sous préfecture de Provins (77) - N° 0773003154Parution au journal officiel n° 7294 du 7 juillet 2001Siret 411 126 703 000 12 – code APE 913 E

Directrice de la publication et rédactrice en chef : Pascale DugatMaquette et couverture : Tom Joseph - Atelier Noir Cambouis - Les VansRédaction : V. BrancotteNuméro non-imprimé : version web

Abonnement 4 numéros 15 € / anEditions Seine en partage. Il est interdit de reproduire intégralementou partiellement sur quelques supports que ce soit le présent ouvrage(art L.122-4 et L.122-5 du code de la propriété intellectuelle)sans autorisation de l’éditeur.

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LES MEMBRES DU BUREAU

Président Fondateur PrésidentM. Yves JEGO, M. Michel VALACHE,député de Seine-et-Marne, directeur d’entreprisemaire de Montereau-Fault-Yonne

Vice-présidentsM. Hervé CHEVREAU, maire d’Epinay-sur-Seine (93)M. Arnaud RICHARD, député des Yvelines (78)

Secrétaire générale-adjointeMme Anne-Marie ASHBROOK, présidente de l’association APURE (27)

TrésorierM. Alain CARLIER, vice-président de l’ADHF (75)

Trésorier adjointM. Frédéric MOLOSSI, président de l’ETPB Seine Grands Lacs

LES MEMBRES DU CONSEIL DʼADMINISTRATIONTous les membres du Bureau sont membres du Conseil d’administrationM. Hugues Fadin maire de Nogen-sur-Seine (10)Mme France BERNICHI, adjointe au maire au Développement durable d’Alfortville (94)M. Guy DOLLAT, vice-président du Syndicat de la Vallée de la Seineet maire de Périgny-la-Rose (10)M. Jean-Michel MAUREILLE, maire de Saint-Pierre d’Autils (27)M. Pierrick ROYNARD, président de l’association Les Amis de la Grenouillère (78)

Déléguée généralePascale DUGAT

3Au fil de la Seine n°58

Un face-à-faceconstructif

entre « Séquanais » utopistes et

« banlieusards »réalistes

13ème colloquede La Seine en Partage

« La Seine

et le Grand Paris »

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Il y avait foule, l’autre jour, salle Colbert à l’Assem-blée Nationale. Ce n’était

pas la réunion d’un groupe parlementaire mais le collo-que d’automne de « La Seine en Partage ». Il est vrai que le thème choisi cette année avait de quoi attirer le public et le passionner. Il s’agissait de débattre de « La Seine et le Grand Paris ». En clair, de savoir si le projet d’une future très grande métropole parisienne tel qu’il a été fi-nalement retenu était bien le meilleur qu’on pouvait ima-

COLLOQUE

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giner ou si on n’aurait pas pu voir plus large, notamment en suivant le cours de la Seine et en dotant la future capitale d’un grand port de mer.

Il y avait donc face-à-face « les Banlieusards » et « les Séquanais » ou, si l’on préfère, « les réalis-tes » et « les utopistes ». Disons tout de suite que, si les débats furent parfois un peu vifs, ils restèrent toujours, bien sûr, parfaitement courtois.

On connait le projet actuel. La région-capitale retrouve à

Au fil de la Seine n°58

peu de choses près les limites de ce que fut jadis le départe-ment de la Seine en englobant les départements de banlieue, le tout avec comme élément fédérateur un grand métro circulaire. Pour l’instant, on discute des compétences des uns et des autres et les discus-sions se prolongent un peu.

On connait aussi le projet ou du moins le rêve des Séqua-nais. Amoureux de leur fleuve, se souvenant du rôle considé-rable qu’il a joué tout au long de l’histoire dans la création

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Eddie AitComité Directeur de l’Axe vallée de Seine.

Michel Valache,président de « La Seine en Partage »

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et le développement de tou-tes les communes riveraines qu’il fédérait naturellement et heureux de voir que ce fleuve est, enfin, redevenu un axe de transport important dans tous les projets d’aménagement de notre pays, les Séquanais avaient imaginé que le Grande Paris, la région-capitale du XXIème siècle, ne pouvait que se créer en suivant le tracé du fleuve.

Tous avaient en tête la fameuse phrase de Bonaparte qui, en 1802, en visite au Havre, avait déclaré : « Le Grand Paris de de-main ira jusqu’au Havre et aura la Seine comme grande avenue ». Avec un tel parrainage, les Sé-quanais étaient sûrs de leur bon droit à contester l’étroitesse de vue des « Banlieusards ».

A peine notre président, Mi-chel Valache, avait-il ouvert la séance en souhaitant la bien-venue à tous les participants, que les Séquanais ouvrirent, eux, le bal, pour ne pas dire le feu. Il est vrai qu’ils étaient en force avec Eddie Aït, délégué spécial du Président du Con-seil régional d’Ile-de-France, Antoine Rufenacht, an-cien maire du Havre et ancien commissaire général pour le développement de la Vallée de la Seine et deux architectes urbaniste, Antoine Grum-bach et Michel Cantal-Dupart qui avaient conçu, l’un et l’autre, des projets n’ayant aucun rapport avec le projet retenu et qui mettaient en valeur la Seine.

Pour Eddie Aït : « La vallée de la Seine est indispensable à la réus-site du Grand-Paris car elle repré-sente un tiers du PIB national, 15 millions d’habitants et plus de 7 millions d’emplois dont 20% des

emplois industriels ce qui en fait le premier bassin industriel français. Elle regroupe plus de 40% des chercheurs du pays et trois pôles de compétitivité mondiaux ».

« Ces atouts la situent au niveau des régions les plus compétitives du monde et cette compétitivité est encore accrue par la formidable opportunité d’ouvrir Paris, ville monde, à sa façade maritime et à ses ports et par conséquent de l’ancrer toujours plus au centre des grands réseaux internationaux de flux des marchandises et de pro-ductions ».

« Le manqued’impulsionpolitique`»

Pour Antoine Rufenacht : « Le verre est à moitié plein, mais surtout à moitié vide. Si les avan-cées sont réelles, je regrette que les dossiers ne soient pas autant prioritaires qu’ils devraient l’être. Cela est dû au manque d’impul-sion politique. Or, il s’agit d’un enjeu majeur pour notre pays qui permettrait de faire de la région capitale une région mondiale sus-ceptible d’entrer en concurrence avec Londres, Rotterdam et les ré-gions indiennes ou chinoises ». « De plus, si le corridor Vallée de la Seine a bien été inscrit dans le ca-dre des 25 milliards d’euros dévo-lus par la Commission européenne aux investissements majeurs, il s’agit du Canal Seine-Nord et non de l’axe Seine-Seine. Or si nous ne nous engageons pas fortement sur ce volet nous manquerons une op-portunité importante. Cet aban-don serait d’autant plus regretta-ble que nous disposons de tous les atouts pour développer la Vallée de

Antoine Grumbach,architecte-urbaniste

Michel Cantal-Dupart arcitecte urbaniste

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Antoine Rufenacht,ancien maire du Havre

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7Au fil de la Seine n°58

la Seine et pour faire du Grand-Paris une capitale mondiale ».

Pour Antoine Grumbach : « Il y a d’abord un constat simple : aujourd’hui les grandes métropoles mondiales de plus de 10 millions d’habitants sont toutes portuaires, notamment en raison de l’impor-tance de l’économie maritime ».

« De plus, la Seine est l’axe iden-titaire du Grand-Paris, faute de quoi on fixerait des limites à la métropole ce qui est illusoire. Mais, malheureusement l’Etat français n’affiche aucune détermination politique sur cette question. Le président Sarkozy avait cette vo-lonté mais elle n’a pas été suivie d’effet et le gouvernement actuel reste timide sur ce sujet »

Pour Michel Cantal-Du-part : « Nicolas Sarkozy avait déclaré vouloir créer un équivalent de la Silicon Valley sur le plateau de Saclay. Je m’étais permis de lui dire que sa vision était un peu étroite. Dans notre projet, la Si-licon Valley c’était la Seine toute entière, toutes nos universités étant déjà à quelques mètres du fleuve. La Seine est l’image même de no-tre ville-monde »

Une deuxième table ronde fit alors monter sur scène les représentants d’EDF, de Voies Navigables de France, de l’Agence de l’eau Seine Nor-mandie et de la Lyonnaise des Eaux. Le ton changea quelque peu. Les utopistes cédant la place aux réalistes.

Alain Vicaud, délégué de Bassin Seine-Normandie d’EDF dressa d’abord un état des lieux. « Le Bassin Sei-ne Normandie représente 18% de la superficie de la France et 30% de sa population. Il est le seul bassin français à consom-

mer autant d’électricité qu’il en consomme. Mais ce n’est pas le cas de sa principale région, l’Ile-de-France qui consomme 70 milliards de kWh mais n’en produit que 6 milliards ».

Puis fit un peu de prospective : « La création du Grand-Paris ris-que d’accroitre la demande sans que la production francilienne ne puisse monter en puissance, faute de possibilité d’installer des cen-trales sur la Seine. Cette situation est-elle inquiétante ? Non car à mon sens l’avenir passera par un peu plus de sobriété énergétique et une meilleure utilisation de nos ressources ».

Alain Monteil, directeur territorial du Bassin de la Sei-ne de VNF, rappela, lui aussi, quelques chiffres : « 22 mil-lions de tonnes de marchandises sont convoyées sur la Seine par an et 4 milliards de tonnes-kilomètres soit un peu plus de la moitié du trafic fluvial français. La Seine est également un lieu important de navigation touristique. 7,7 mil-lions de voyageurs effectuent cha-que année une croisière à Paris et 10 millions sur la Seine dans son entièrement ». `

« Avec les chantiers du Grand-Par-tis, l’axe fluvial deviendra primor-dial. Il sera nécessaire d’alimenter les chantiers de construction de logements tout comme ceux des nouveaux réseaux de transport. Par ailleurs, le Grand-Paris entrainera de nombreux aménagements ur-bains, ce qui devrait également profiter à la Seine, de plus en plus de collectivités adoptant une urba-nisation tournée vers le fleuve ».

Alain Vicaud,délégué de Bassin Seine-Normandie, EDF

Alain Monteil, directeur territorialdu Bassin de la Seine, VNF

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d’un travail de désimperméabili-sation des sols. De plus, la cons-truction des nouveaux aménage-ments urbains devra s’effectuer avec des matériaux qui laissent l’eau s’infiltrer. Enfin pour que la vie se développe, le fleuve ne doit pas ressembler à un canal. Il faut que la vie prospère sur les berges C’est pourquoi nous restaurons les berges et accompagnons les col-lectivités locales pour qu’elles y créent des lieux récréatifs et que nous soutenons la création ou la rénovation des zones humides ».

Rémy Loubeyre, directeur délégué Ile-de-France de la Lyonnaise des Eaux : « Le Grand-Paris induit un développement im-portant puisqu’il prévoit notam-ment la construction de 70.000 logements supplémentaires par an. Notre capacité de production nous permet d’aborder en toute sérénité les années 2030, grâce à des in-frastructures déjà réalisées ».

« Mais au-delà de 2030, sous l’effet du réchauffement climati-que, les événements seront beau-coup plus marqués notamment en période de sécheresse. Nous devons donc nous mobiliser pour garantir, la pluralité de la ressource et

« Unenthousiasme

inquiet »

Michèle Rousseau, direc-trice générale de l’Agence de l’eau Seine Normandie évoqua évidemment l’alimentation en eau de cette population du Grand Paris et son assainisse-ment. « L’alimentation en eau potable de cette population qui aura sensiblement augmenté ne doit susciter aucune inquiétude compte tenu de nos surcapacités actuelles. C’est l’assainissement de cette eau qui pose un problème préoccupant. La rénovation de la station d’épuration d’Achères per-mettra de respecter les normes par temps sec mais elle ne garantira pas les mêmes résultats les jours de pluie l’eau étant alors amenée à ruisseler sur des terrains imper-méabilisés ».

« Pour résoudre cette difficulté le développement du Grand-Paris devra absolument s’accompagner u

Michèle Rousseau,directrice généralede l’Agence de l’eau Seine Normandie

Rémy Loubeyre,Lyonnaise des Eaux

François Philizot, préfet, délégué interministériel au développement de la vallée de la Seine

9Au fil de la Seine n°58

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adopter une vision à long terme afin de conserver la capacité et la répartition des installations. La Lyonnaise des Eaux a décidé de s’engager concrètement sur ce thème ».

La troisième table ronde oppo-sa, le mot n’est pas trop fort, le préfet François Philizot, délégué interministériel au Développement de la Vallée de la Seine à Jacques Attali, l’ancien conseiller de François Mitterrand, auteur d’un livre célèbre intitulé « Paris et la mer, la Seine capitale »

François Philizot : « J’ai senti beaucoup d’attentes dans les interventions de cet après-midi qui me semblent exprimer un en-thousiasme inquiet. Que se passe-t-il donc autour de la Vallée de la Seine perçue comme un élément incontournable du Grand-Paris ? A-t-on abandonné tout ce qui avait été produit entre 2008 et fin 2012 ? »

« J’ai vocation à animer l’éla-boration de deux documents : un schéma stratégique d’aménage-ment et de développement et un contrat de région spécifique à l’es-

pace Vallée de la Seine. Il s’agit aujourd’hui de mettre d’accord l’Etat, ses établissements publics, ses divers démembrements et trois régions. Il faut réussir à construire une démarche commune interré-gionale ce qui est naturellement difficile dans notre pays ».

« Ungrand Parisaux alluresde bunker »

« Les grands enjeux d’infrastruc-tures dans ce territoire recouvrent la liaison fluviale Seine-Escaut et la nouvelle ligne à grande vitesse Paris-Normandie. Le Premier mi-nistre a rappelé que Seine-Escaut fera partie de priorités de la Fran-ce dans la réponse à l’appel d’of-fres de la Commission européenne. Et le calendrier de la ligne Paris-Normandie est aujourd’hui calé. Les régions, l’Etat et RFF se sont entendus sur le financement des cent premiers millions. Par ailleurs un rendez-vous concernant les con

Jacques Attali,ancien conseiller de François Mitterrand

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sur la réforme régionale qui cons-titue une occasion manquée d’agir de manière efficace. Il aurait fallu fusionner l’Ile-de-France avec les deux régions normandes. Mal-heureusement ce n’est pas l’orien-tation choisie. Nous reste donc à agir de manière souterraine. Je suis très admiratif de la fusion des trois ports du Havre, de Rouen et de Pa-ris qui ont ainsi créé une grande entité utile dans un processus que j’espère voir se généraliser. Je rêve de voir les CCI et les différentes entités associatives fusionner pour que finalement la superstructure découvre que c’est en dessous d’elle que les choses adviennent. C’est à cela que je vous encourage ».

Jacques Attali fut longuement applaudi. Il est vrai qu’il y avait dans la salle beaucoup plus de « Séquanais » utopistes que de « Banlieusards » réalistes. Ce colloque restera, évidemment, dans les annales...

Pascale Dugat.

trats de plan aura lieu dans quel-ques mois et celui afférent à notre territoire sera sans doute le mieux doté. Nous disposerons ainsi d’un premier cadre contractuel qui nous permettra de construire une straté-gie d’ensemble et une gouvernance moderne sur ce territoire »

On connait Jacques Attali. Il aime avoir le mot de la fin et plus encore le dernier mot. Il ne ménagea personne : « Je crois que rien de ce qui vient d’être dit ne se fera et pour trois raisons ».

« Premièrement, Nicolas Sarkozy a lu un excellent discours qui n’a absolument pas été suivi d’effet. La meilleure preuve en est que la si-gnification du Grand-Paris actuel n’a rien à voir avec celle dont nous parlons ici. C’est un Grand-Paris aux allures de bunker que l’on a mis en place et non un Grand-Pa-ris tourné vers la mer »

« Deuxièmement, le canal Seine-Nord que nous sommes en train de réaliser signe l’arrêt de mort de l’Axe Seine. C’est ne rien com-prendre à la géographie que de croire que Seine-Escaut nous est utile. Seine-Escaut n’est utile qu’à Rotterdam. Seul l’axe Seine-Seine pourrait offrir à la France un ac-cès à la mer digne d’elle-même. Ce canal est le dernier clou du cer-cueil du Havre ».

« Troisièmement, les ridicules querelles picrocholines entre les élus des régions concernées servent depuis trente ans de bonne excuse pour ne rien faire ensemble. A for-ce de tenter de se suicider, on finit toujours par y arriver ».

« Alors, que faire ? On peut ima-giner que chacun d’entre nous se mobilise pour que la question de l’Axe Seine devienne l’un des enjeux majeurs de la prochaine présidentielle. Cela semble peu probable. On peut espérer revenir

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INTERVIEW

11Au fil de la Seine n°58

Quelles conséquences risquent dʼavoir le

projet du Grand Paris et le développement de la po-pulation sur la gestion de lʼeau potable ?

- Nous pensons qu’il y aura peu de problèmes majeurs pour l’alimentation en eau potable car la consommation a ten-dance à baisser chaque année. Mais nous nous attendons, lo-calement, à des fermetures de captages pour cause de pollu-tion diffuse. Quant à la nappe de Champigny, qui est straté-gique pour l’alimentation en eau de la Région parisienne, elle est déjà soumise à des res-trictions de prélèvement. Il nous faudra être encore plus attentifs à sa protection.

- La mise en place du Grand Paris ira de pair avec un développement de lʼurba-nisation. Comment le con-cilier avec la préservation des milieux aquatiques ?

- Pour les milieux aquatiques, nousserons attentifs à ce que le Grand Paris ne soit pas seule-ment un programme d’urba-nisation ou de transports mais aussi d’aménagements urbains qui laissent leur place aux ri-vières. Des aménagements de zones humides dans les villes peuvent avoir un double usage, en été et en hiver, comme des retenues d’eau qui peuvent être utilisées comme aires de loisirs.

Directrice générale de l’Agence de l’eau Seine-Normandie,

Michèle Rousseau : « L’aménagement

des rivières et des bergesest une façon de retrouverune qualité de vie »

- Le projet de Grand Paris vous paraît-il compatible avec lʼobjectif de bonne qualité des milieux en 2015 ou au plus tard en 2021, fixé par la Directive-cadre sur lʼeau ?

- Vous mettez ici le doigt sur le véritable enjeu du Grand Paris,qui ne porte pas sur l’eau pota-ble, mais sur l’assainissement et plus particulièrement sur l’ob-jectif de bon état des paramè-tres physico-chimiques, azote et phosphore. Encore une fois, nous avons des craintes pour l’assainissement. L’agglomé-ration va croître de plus d’un million d’habitants, une pro-gression importante sur une Seine qui a un débit moyen, alors que nous serons bientôt au maximum des performan-ces épuratoires de la pollution domestique et industrielle. De gros investissements sont déjà en cours, notamment la réno-vation complète de la station d’Achères à l’horizon 2021. Mais il faut agir davantage pour améliorer la situation par temps de pluie.

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- LʼEtat vient à nouveau dʼêtre condamné, en sep-tembre, par la Cour de jus-tice de lʼUnion européenne pour manquement à ses obligations de lutte contre la pollution aux nitrates. Le Grand Paris peut-il don-ner à lʼAgence de nouvel-les possibilités pour faire évoluer les pratiques agri-coles ?

Le Grand Paris, comme le Pa-ris actuel, ira chercher son eau bien au-delà de ses limi-tes territoriales. Il sera donc important qu’il s’empare du sujet de la protection de la ressource en eau potable que constituent les nappes souter-raines en aidant les agricul-teurs à mettre en place des pratiques culturales adaptées et les agglomérations à passer au « zéro phytosanitaire ».Il faut des espaces humides dans les villes

- Lʼévolution de la région Ile-de-France va de pair avec un changement clima-tique annoncé, et en parti-culier une hausse des tem-pératures. Les réflexions sur ces deux évènements sont-elles liées ?

- Les deux thématiques sont évidemment abordées con-jointement, notamment dans l’élaboration du SDAGE 2015-2021. Le changement climatique va créer des îlots de chaleur urbains d’où l’in-térêt d’avoir des espaces hu-mides dans les villes. Au ni-veau du bassin de la Seine, il faudra que nos infrastructures s’adaptent progressivement à une réduction des débits, à un abaissement des nappes d’eaux souterraines et probablement à une réduction de la mobili-sation possible de la ressource. Nous avons à progresser.

-Le Grand Paris peut-il être une chance de ce point de vue ?

- Si les aménageurs du Grand Paris sont conscients de ces enjeux et que leurs projets permettent de vivre plus près des rivières, oui. Mais si l’imperméabilisation des sols n’était pas maîtrisée lors de l’urbanisation, si l’eau de ruis-sellement n’était pas gérée, le Grand Paris serait susceptible de compromettre l’objectif de bon état sur la Seine. Les aménageurs ne connaissent pas encore très bien les pro-blèmes d’eau, mais sont plutôt ouverts à nos explications et à l’écoute des exigences en-vironnementales. Laisser les eaux de pluie s’infiltrer per-met de lutter contre la chaleur en été, et évite les inondations en hiver. Cela ne rend pas les aménagements plus coûteux, parfois bien au contraire. Il faut faire en sorte que le Grand Paris soit une chance. Un appel à projets “gestion durable des eaux de pluie dans les projets d’aménagement “ va d’ailleurs être lancé du 1er décembre au 15 mars 2015 pour encourager les aména-geurs à tenir compte de la nécessité de gérer la pluie, de la laisser s’infiltrer et de créer des zones humides à l’inté-rieur des zones urbaines. Ces zones humides seront des jar-dins en été.

- Comment lʼAgence accom-pagne-t-elle les collectivi-tés locales pour faire face à ces défis ?

- Nous sommes en contact quotidien avec les collectivités responsables de l’assainisse-ment.

En ce qui concerne l’amé-nagement des rivières et des berges, nous avons de plus en plus de maîtres d’ouvrages intéressés car c’est une façon de retrouver une qualité de vie Nous payons la partie qui concerne les milieux aquati-ques, les collectivités complè-tent avec les aménagements de berges en promenades par exemple, des aménagements importants pour le bien vivre ensemble. Dans le cadre de son programme d’interven-tion financière, l’agence fi-nance des travaux et ouvrages qui concourent d’une façon générale à la protection de la ressource : eau potable, assai-nissement, gestion des eaux pluviales, aménagement de zones humides, préservation des cours d’eau...

-Quelles évolutions du pro-jet territorial du Grand Pa-ris souhaiteriez-vous voir prises en compte ?

- Quand les textes seront sta-bilisés, nous serons attentifs à la gouvernance d’institutions comme le SIAAP en charge de l’assainissement ou Seine Grand lacs dont les barrages protègent Paris des inonda-tions et soutiennent l’étiage de la Seine. Il sera également im-portant de connaître les nou-velles répartitions des com-pétences. Une simplification du paysage administratif serait préférable à une multiplica-tion des maîtres d’ouvrages. L’Agence n’a qu’un pouvoir incitatif mais nous pouvons agir en donnant des avis tech-niques, toujours en étroite collaboration avec les services de l’Etat bien entendu.

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13Au fil de la Seine n°58

Quels sont, pour Lyon-naise des Eaux, les

évolutions à attendre de la mise en place du Grand Paris ?

- En tant qu’entreprise de ser-vices, notre rôle est de nous adapter en permanence aux changements de réglementa-tion et de mettre à disposition des collectivités territoriales les expertises nécessaires qui leur permettront de répondre au mieux aux nouveaux en-jeux auxquels elles sont con-frontées. C’est ce que nous avons fait lorsque la loi de dé-centralisation a créé les com-munautés d’agglomération en restant attentifs à ce que les enjeux de l’eau et les attentes des citoyens et des consomma-teurs soient pris en compte. Notre métier au service des collectivités est un métier de proximité, au plus proche des territoires. De ce point de vue, il n’y a donc pas de rupture. Mais la mise en place du Grand Paris doit amener l’ensemble des acteurs à voir plus loin et plus grand, à sor-tir d’une vision à court terme pour privilégier le long terme. De la même façon, les enjeux

du changement climatique nous obligent à nous projeter dans le long terme (on parle de l’horizon 2050). Nous sa-vons déjà que les effets du changement climatique seront plus importants qu’on ne le pensait encore il y a quelques années, avec une baisse signifi-cative des débits d’étiage des cours d’eau et une baisse du niveau piézométrique des nap-pes. Ainsi, la ressource en eau est un enjeu du Grand Paris. C’est la raison pour laquelle il faut être attentif à préserver la pluralité des ressources et à maintenir le niveau de dé-centralisation et de déconcen-tration des infrastructures de production d’eau potable plus efficaces en matière de sécuri-sation de l’alimentation en eau potable et renforçant la rési-lience du système. Nous avons donc un devoir de vigilance.

Lʼaccroissement attendu de la population de la ré-gion parisienne laisse-t-elle prévoir des difficultés dʼalimentation en eau po-table ?

- Le premier constat est que l’eau potable fournie est de

grande qualité en région pa-risienne, de même que le service. Les études menées par l’Agence de l’eau Seine-Normandie montrent que le système et les infrastructu-res sont en capacité d’assurer l’alimentation de la popula-tion dans les conditions du Grand Paris. Nous sommes sereins sur ce sujet. Les enjeux du Grand Paris vont essentiel-lement peser sur la qualité des milieux et sur la préservation de la ressource, en termes qualitatifs et quantitatifs. Les ressources souterraines, et en particulier la nappe de Cham-pigny qui est déjà sous tension, sont soumises à de fortes pres-sions humaines avec un niveau de sensibilité avéré aux pol-lutions. Le bilan réalisé dans le cadre du Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) met en évidence cette sensibilité des milieux.

Quels sont les modes dʼac-tion dont dispose Lyonnai-se des Eaux pour protéger la ressource ?

- Nous sommes, depuis de nombreuses années, très

Rémi Loubeyre,directeur déléguéIle-de-France - Grand Paris

Lyonnaise des Eaux

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Au fil de la Seine n°5814

LES MAIRES ONT LA PAROLE

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engagés dans la protection de la ressource en eau. Nous avons, à ce titre, lancé le 29 septembre dernier, un pro-gramme intitulé “Agir pour la ressource en eau”. Il com-prend notamment un appel à projets qui s’adresse à tous les publics, citoyens, entrepri-ses, associations, chercheurs... Notre objectif est de sensibili-ser chacun à la fragilité de la ressource. Mener des actions pédagogiques sur la nécessité de ne pas gaspiller l’eau et sur l’impact de l’activité humaine sur la ressource, est un enjeu majeur. Les démarches par-tenariales peuvent également apporter beaucoup. C’est le cas sur le site de captage de Flins-Aubergenville, par exemple, de notre partenariat avec l’Agence de l’eau Seine-Normandie et le Groupement des agriculteurs biologiques d’Ile-de-France (GAB) pour développer des pratiques agri-coles respectueuses de la res-source.

Avez-vous davantage dʼin-quiétudes concernant lʼas-sainissement ?

- Il y a eu un travail extraor-dinaire mené dans le cadre de la Directive sur les eaux rési-duaires urbaines (Deru) du 21 mai 1991 concernant les inves-tissements de mise en confor-mité des stations d’épuration qui porte ses fruits en particu-lier sur la qualité de l’eau en Seine. Mais il reste encore des ajustements et des investisse-ments à prévoir, notamment en termes de renouvellement ou réhabilitation des réseaux d’assainissement. Les collecti-vités vont être, dans les années à venir, amenées à être attenti-ves à l’état de leurs réseaux.

La mise en place du Grand Paris va aller de pair avec un accroissement de lʼur-banisation. Comment ac-compagnez-vous les collec-tivités pour éviter que les aménagements nʼaillent à lʼencontre de la préserva-tion de la ressource ?

- Il est important que le pro-cessus d’urbanisation soit res-pectueux de l’environnement. Pour cela, nous accompagnons les collectivités dans leur ré-flexion sur les risques d’inon-dations et la gestion des eaux pluviales, afin de les aider à prendre les décisions les plus adaptées à leur situation lo-cale. Nous apporterons égale-ment notre expertise à la mise en place des Etablissements publics d’aménagement et de gestion des eaux (EPAGE) et des Etablissements publics territoriaux de bassin (EPTB) qui sont prévus dans le volet GEMAPI (NDLR : attribution aux collectivités territoriales d’une compétence Gestion des milieux aquatiques et Pré-vention des inondations) de la loi dite Mapam (loi de moder-nisation de l’action publique

territoriale et d’affirmation des métropoles de janvier 2014).

La mise en œuvre du Grand Paris et le changement climatique pourraient-ils donner lieu à des solutions originales pour la gestion de lʼeau et la protection des milieux ?

- Nous sommes en train de mettre en place, dans l’ensem-ble de nos régions, des centres “Visio”, des centres de pilo-tage « nouvelle génération », utilisant des outils intelligents prédictifs. Ces centres Visio rassemblent également toutes les données sur la gestion des réseaux, les données d’exploi-tation, les données clients, les programmations d’interven-tions... Accessible aux collec-tivités qui le souhaitent, cet outil contribue à une bonne gouvernance des services et est source de transparence. Par ailleurs, d’un point de vue technique, nous avons déve-loppé un savoir-faire parti-culier de réalimentation de nappes phréatiques qui per-met de soutenir la ressource en qualité et en quantité. La technique est utilisée notam-ment au Pecq-Croissy, à Flins-Aubergenville, à Verneuil-Ver-nouillet : au Pecq-Croissy par exemple, l’eau est pompée dans la Seine, pré-traitée et réinjectée, après filtration, dans des bassins de réinfiltra-tion.L’innovation est à la source de l’ensemble de ces solutions nouvelles permettant d’agir et de préserver efficacement et durablement la ressource en eau.

Maire du Port-Marly (Yvelines) 5.300 habitants

Marcelle Gorguès :« Notre objectifest de mieux exploiterle potentiel de la Seine »

Le Port-Marly (Yvelines), 5300 habitants, s’étend à l’extérieur du méandre de Chatou. Utilisé comme

port dès l’époque gallo-romaine, le site a attiré les peintres impressionnistes, de Camille Corot à Sisley ou Pissaro.

Maire du Port-Marly depuis 2003, Marcelle Gorguès va voir au cours de ce nouveau mandat municipal l’abou-tissement d’un plan ambitieux de reconquête des bords de Seine. En tant que vice-présidente en charge du Tou-risme de la toute nouvelle communauté de communes Saint-Germain Seine et forêts qui regroupe dix com-munes des Yvelines, dont le Port-Marly, depuis janvier 2014, Marcelle Gorguès souhaite également développer le tourisme de croisière sur le fleuve.

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Quelles étaient les difficul-tés à surmonter pour pou-voir lʼaménager ?

- Nous avons eu la chance de conserver notre chemin de halage même s’il n’est pas en très bon état. Mais préalable-ment à tout aménagement, il nous fallait récupérer l’usage public des berges et la vue sur le fleuve. Depuis des années, en effet, les résidents du fleu-ve avaient eu tendance à occu-per la berge et à en clôturer des parties pour les privatiser. A tel point qu’il était possible de longer la Seine sans jamais l’apercevoir ! Soutenus par Voies navigables de France (VNF), nous avons sensibilisé les résidents, qui sont des gens très sensibles au fleuve, en leur présentant le projet d’aména-gement du chemin et en met-tant en avant l’intérêt général contre l’intérêt particulier. Le dialogue a parfois été un peu musclé mais l’état d’esprit, de part et d’autre, a toujours été positif. Bientôt, nous pour-rons commencer la réhabilita-tion du revêtement du chemin de halage et l’installation de bancs et d’éclairage.

« Unepasserelleattendue

depuis deuxsiècles »

- Le deuxième volet, le plus délicat et le plus coûteux à mettre en œuvre, est la construction très attendue dʼune passerelle entre Le Port-Marly et lʼîle de la Loge. Il est également sur le point dʼêtre concrétisé ?

- Cette passerelle, cela fait plus de deux siècles qu’elle est attendue. C’était l’Arlésienne du Port-Marly. Aujourd’hui, toutes les études sont ache-vées ainsi que le plan de fi-nancement avec des aides du Conseil général et du Conseil régional d’Ile-de-France. Le coût total des travaux est esti-mé à 2,3 millions d’euros HT. Prévus pour durer 18 mois, ils doivent commencer en fin d’année 2014. En 2016, nous serons capables de franchir en-fin le fleuve.

- Cette passerelle permet-tra de franchir le “mort-bras” pour accéder à lʼîle de la Loge. Comment sʼin-tégrera-t-elle dans le pay-sage ?

- Elle sera élégante et très lé-gère, d’un seul tenant et sans appui dans le fleuve. L’accès aux personnes à mobilité ré-duite a nécessité une réflexion particulière pour ne pas nuire à l’esthétique de l’ouvrage. Il y aura finalement des ascenseurs inclinés qui suivront l’arc de la passerelle et n’occuperont pas beaucoup d’espace au sol.

En 2012, vous nous présentiez votre plan en trois vo-

lets pour tourner à nou-veau votre commune vers le fleuve (cf. Au fil de la Seine, n° 46). Où en est aujourdʼhui ce plan ?

- En France, il faut souvent un temps infini pour mettre quel-que chose au point. Mais les étapes administratives étant enfin franchies, nous allons maintenant vers une concré-tisation de nos projets. Les années à venir verront une nouvelle relation se construire entre les Marlyportains et la Seine. D’autant que les trois volets du plan, l’aménage-ment du chemin de halage, la construction d’une passerelle et l’aménagement de l’île de la Loge vont de pair avec les projets en bord de Seine des villes voisines, en particulier Le Pecq et Bougival, et avec la volonté très forte du Conseil général des Yvelines de valori-ser les berges de Seine.

- Le premier volet de votre plan de reconquête concer-ne le chemin de halage.

Au fil de la Seine n°58

LES MAIRES ONT LA PAROLE

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- Le troisième volet concer-ne lʼaménagement dʼun parc urbain sur lʼîle de la Loge...

- Ce parc naturel urbain, conçu par l’agence Babylone, intègrera, dès son aménage-ment, une vision écologique, avec des espaces peu gour-mands en entretien. Il y aura également une frayère sur la Seine et un système de pon-tons pour observer les milieux naturels sans les perturber. Une première tranche com-mencera début 2015 sur les 6 ha qui appartiennent déjà à la Commune.

- Quels sont les projets pour lʼextrémité de lʼîle, toujours occupée par une entreprise de dragage et de travaux nautiques ?

- Pour le bout de l’île, d’où il y a une très belle vue sur les

terrasses du château de Saint-Germain-en-Laye, nous pré-voyons un aménagement plus minéral et à vocation culturel-le avec des salles d’exposition et des ateliers d’artistes. Une façon de retrouver le Port-Marly du temps des peintres impressionnistes. Mais il faut déjà trouver une solution pour l’entreprise qui occupe encore cette partie de l’île.

- Vous êtes depuis janvier vice-présidente en charge du Tourisme de la toute nouvelle Communauté de communes Saint-Germain Seine et forêts, quels sont vos premiers dossiers ?

- Le premier objectif est de mieux exploiter le potentiel de la Seine. Nous sommes dans une région où il y a peu d’in-dustries mais où le patrimoine est riche même s’il n’est pas toujours très bien exploité. Le

tourisme est pour nous une ressource économique impor-tante. Le SIVOM des coteaux de Seine, qui a créé ces der-nières années des haltes fluvia-les sur le territoire, organise quelques croisières, mais c’est encore artisanal. Nous pou-vons faire beaucoup mieux. Nous avons également le pro-jet de regrouper nos énergies pour créer de nouvelles mani-festations autour de la Seine, quelque chose de nouveau, qui associe culturel, ludique et sport autour du fleuve. Nous sommes en plein travail de ré-flexion et d’imagination sur ce sujet.

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Port Seine-Métropole Ouest :le débat public est lancé

Le débat public concernant le projet de Port Seine-Métro-pole Ouest, une infrastructure portuaire dont la création est prévue à la confluence de la Seine et de lʼOise sur les communes dʼAchères, Andrésy et Conflans-Sainte-Hono-rine, a été lancé le 15 septembre pour une durée de trois mois. Ses objectifs : informer le public, recueillir les ob-servations, questions et suggestions et éventuellement faire évoluer le projet présenté par Ports de Paris.

Port Seine-Métropole Ouest, PSMO pour les

intimes, consisterait en une plateforme multimodale fleu-ve-rail-route de 100 hectares qui accueillerait essentielle-ment des activités liées au bâ-timent et aux travaux publics, à proximité d’un important gisement de granulats et en lien avec les futurs chantiers du Grand Paris.

Située sur la plaine d’Achères, un territoire porteur d’une identité fluviale et portuaire historique, la plateforme por-tuaire a été pensée comme un “port-paysage”. Conçu dans le respect du paysage et du ca-dre de vie, le projet souhaite en effet concilier l’activité économique (activités liées aux travaux publics, services aux entreprises et service de transbordement), un bassin intérieur et un quai à usage partagé, des bords de Seine aménagés en promenade avec passerelle et parc ainsi qu’une nouvelle avenue entre gare d’Achères-ville et Seine.

Le calendrier prévisionnel prévoit un lancement des tra-vaux en 2018 pour une livrai-son des premiers équipements en 2020 et une mise en service complète en 2040.

Conformément à la loi Barnier de 1995, le projet de Port Sei-ne-Métropole Ouest doit faire l’objet d’un débat public, com-me tout grand projet d’aména-gement présentant des enjeux socio-économiques forts ou ayant des impacts significatifs sur l’environnement et le ter-ritoire. Organisé et animé par la Commission particulière du débat public, le débat qui se déroulera jusqu’au 15 décem-bre 2014 fera l’objet de huit réunions publiques à Achères, Conflans-Sainte-Honorine, Saint-Germain-en-Laye, Car-rières-sous-Poissy, Andrésy et Poissy.

Michel Gaillard, président de la Commission, prévoit un dé-bat riche en réflexions : “Nous attendons beaucoup de con-tributions et de cahiers d’ac-teurs sur ce débat car il existe de nombreuses associations attentives à l’aménagement sur ce territoire. Notre pré-occupation sera, en veillant toujours à ce que le débat ne s’écarte pas du sujet, qu’il y ait le maximum de réflexion et de discussions sur ce pro-jet”. Pour y parvenir, la Com-mission a choisi de mettre en œuvre des outils innovants, tel cet atelier sur l’insertion urbaine du projet proposé à Andrésy ou les visites organi-sées au port de Limay et sur le site.

Chacun, particulier, acteur institutionnel, entreprise ou association, riverain ou non, est appelé à s’informer et à s’exprimer sur ce projet, soit sur le forum en ligne, soit en proposant une contribution. La Seine en Partage, relais des acteurs du fleuve et des com-munes riveraines, se posera évidemment en force de pro-position dans ce débat public d’importance majeure pour l’économie régionale, le dé-veloppement du transport flu-vial de granulats mais aussi de l’aménagement des berges et des bords de Seine.

Documentation, forum et ca-lendrier des réunions sont dis-ponibles sur :http://psmo.debatpublic.fr

Port Seine Métropole Ouest en chiffres

Un investissement public de 110 millions d’euros (Ports de Paris avec l’Europe et la région Ile-de-France)

140 emplois directs pen-dant les travaux. 500 à 1000 emplois directs à terme

450 camions en moins sur le réseau local à l’hori-zon 2025