journal école la seine en seine

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La Seine ma Muse Les apprentis marins de Suresnes Re-Naissance de la Seine Journal école de l’IFJ n°5 2006 total-3.qxp 18/06/06 14:11 Page 1

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Journal école la seine en seine

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La Seine ma Muse

Les apprentis marins de Suresnes

Re-Naissance de la Seine

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Journal école de l’IFJ n°52

©

Ce magazine a été réalisé par la promotion 2005 de l'Institut français de journalisme (IFJ). Directeurs de la publication : JeanAugonnet, Fabrice Madouas. Coordination éditoriale et réalisation : Albéric de Palmaert, Christophe Lamb. Conceptiongraphique : Nicolas de Palmaert. Secrétaires générales de rédaction : Marie Benoît, Elisabeth Hu. Secrétaires de rédac-tion : Anne Bouillis, Julian Breuil, Marie-Amélie Fenoll, Aurélie Main, Adeline Taupin. Rédacteurs : Laëtitia Armenoult, AgnèsBaritou, Marie Benoit, Anne-Céline Boidin, Anne Bouillis, Julian Breuil, Agnès Cerbelaud, Camille Chatillon, Sophie Da Costa,Graciane de la Gorce, Agathe du Rusquec, Florence de Mougins, Geoffroy de Saint-Gilles, Thierno Diallo, Bérangère Elkaïm,Marie-Amélie Fenoll, Cécile Griselain, Elisabeth Hu, Aurélie Main, Charlotte Mentha, Myriam Nabet, Adeline Taupin.Logistique : Entreprise et Formation. Impression : ASL. Remerciements particuliers au lieutenant-colonel Philippe Tanguy,directeur de la Dicod.

GARDE À VOUS,Depuis quelques années, le milieu très masculin de l’armée se féminise. Les femmes arrivent en force. Ellessont marins, aviateurs, pompiers, gendarmes ou même commandos.Elles sont soldats, sous-officiers, offi-ciers, généraux ou même ministre de la Défense.

Pour le troisième numéro du journal de l’Institut françaisde journalisme, nous avons choisi de nous pencher surcette réalité. Peut-être parce que cette promotion2004/2005 est, elle-même, très féminisée.Alors c’est une escouade de journalistes en jupon qui s’estlancée à la rencontre de celles qui ont su, sous l’uniforme,rester des femmes capables de belles histoires d’amour et pas seulement pour leur avion !

Et les hommes dans tout cela ?Ils ont été certes plus discrets dans l’équipe de rédaction, maiscomme les militaires, ils ont bien compris que “Garde à vous,Mesdames !”cela ne voulait pas dire “Gare à vous, Messieurs !”L’avenir est à la complémentarité.Dans l’armée comme dans les équipes de rédaction.

LLaa rrééddaaccttiioonn

3 Mont-Louis :à l’école des commandos

6 Les Rochambelles.

8 La Belle et la bête La mécano de la Générale

10 La Terre leur donnedes ailes

11 Des femmes dans toutes les armes - L’amiral est... une femme !

12 Vagues à l’ame pour Solenn

14 Prêtes à embarquer

15 Geneviève de Galard :un visage d’humanité

16 Deux femmes et descouffins

17 “A la maison, c’est pas l’armée !”

18 Portraits

20 24 heures avec une femme gendarme

22 Quand la mode s’inspire du kaki

Sommaire

mesdames !

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Journal école de l’IFJ n°5 3

Passées les guinguettes rétro de banlieue,peupléeschaque fin de semaine de retraités endimanchés,les berges parisiennes de la Seine, livrées au traficroutier, semblent peu accueillantes. Des terrainsvagues et futuristes de la Défense jusqu’aux restesémiettés de ses berges gallo-romaines du parvis deNotre-Dame, objet de musée sous vitrine, le fleuvene semble pas trouver de présent.Un présent qui pourtant existe, coincé entre lesrâles des haut-parleurs des bateaux Mouche et le bourdonnement incessant du trafic routier.

La Seine est le symbole

du romantisme.Alimenté par le cinéma

et la littérature, le cliché

est coriace. Pourtant,entre l’image idéalisée

du touriste nourri de

cartes postales et la réalité

d’une voie saturée du

trafic des batobus et bordées

de voies routières, l’écart

est grand. Mais la Seine

a su garder une âme.AMOUR DE

UN

FLEUVERive gauche, sur les berges d’Austerlitz, à la fin dujour, la Seine prend son temps. La rumeur citadinea disparu pour laisser place au calme du clapotis del’eau.Mickael, touriste allemand,profite de ce petitbout de nature en plein milieu de la métropole.Venu en week-end avec sa fiancée Rebecca, ilapprécie le fleuve parisien car « sur la Seine,on saitoù l’on est. Dans d’autres lieux de Paris, dit-il, lesbâtiments sont tellement grands et se ressemblenttant qu’on peut en devenir fou. Ici, c’est beaucoupplus calme ».Les sculptures contemporaines du jardin

« Pour moi,

Paris c’est

la tour Eiffel

et

la Seine ! »

© Jérôme Bouchu

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il est

impossible

de séparer

la Seine

de ses éternels

amoureux qui

se promènent

le long

des quais

Tino Rossi, austères œuvres de contemplation,deviennent d’idéales accroches à vélo. Son campe-ment installé pour la nuit, en tailleur sur la berge,un clochard croque des péniches sous le ciel rosis-sant. Une guitare s’accorde, des amoureux trin-quent, un verre de blanc à la main.Pour Shirley, étudiante australienne, il est impossi-ble de séparer la Seine de ses éternels amoureuxqui se promènent le long des berges. Ankit, jeuneIndien de 25 ans, confirme : «Pour moi, tout ce qu’ily a autour de la Seine est romantique.La façon dontelle s’écoule, ses quais et ses façades. Les Françaisessont aussi très jolies. Même le temps d’aujourd'huiest propice à l'amour !».Tandis que pour Rebecca,laSeine et ses voyages en bateaux sont un véritablesymbole du romantisme ambiant de Paris.Le jour tombe sur les ponts, eux aussi embléma-tiques du cliché de l’amour à la parisienne. Chen,chinoise de 27 ans, raconte : «Quand j’étais petite,je connaissais Paris grâce à ce que je voyais à la télé-vision. Pour moi, Paris, c’était la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, le Louvre… et la Seine. Ses ponts sontvraiment extraordinaires !».La Seine,vue par les Parisiens est tout aussi roman-tique.Céline,31 ans,même si elle vit en région pari-sienne, vient rarement à la capitale.Accompagnée par son mari et son fils, elle est

venue aujourd’hui sur les bords de la Seine «pour lepetit, lui montrer un peu Paris et la Tour Eiffel».Pourelle aussi,un vent de romantisme souffle quand onest à Paris. Et plus précisément sur les quais. «IciParis se découvre, la Seine est le ruban du papiercadeau. La Seine elle-même est un monument».

Dans la ville de l’amourPlus loin sur la berge,une jeune femme souffle desbougies d’anniversaire piquées sur une baguette depain, entourée d’une famille au teint rosi par le vinrouge. Des touristes, comme beaucoup de ces flâ-neurs regardent étonnés. Le soir tombe lentement,et c’est à présent à la lumière des péniches et desbateaux Mouche que se devinent les ombres de lanuit. Le ciel prend des teintes violacées, marbréspar d’immenses éclairs. Et les danseurs n'arrêtentplus de s‘enlacer, indifférents à la pluie qui com-mence à tomber,aux sons de salsa qui s’échappentdes autres arènes et aux jongleurs qui font tour-noyer leurs balles de feu au rythme des djembés.Des images d’une Seine éternellement romantiqueque garderont en mémoire Rebecca et Mickael :«Un week-end en amoureux dans la ville de l’amour», concluent-ils.

Moustapha N’Dome et Deborah de l’Espinay

Lesmarchands

d’esprit« Ici le monde vient à moi »raconte André, assis sur sa chaisepliante. Casquette plantée sur le crâne, André en a vu passerdes histoires. Des Parisiens, destouristes de toutes contrées. Desscènes de vies qui lui rappellentparfois des passages de ses livres fétiches. Ces mêmes livresqui s’amoncèlent sur son étal.André est bouquiniste sur lesbords de Seine depuis une tren-taine d’années. Il veille depuisson siège, auprès de l’arbre cen-tenaire qui lui sert indéfectible-ment d’ombrage. « C’est, dit-ilavec élégance, un point d’ancra-ge au milieu de toute cette cohueet du temps qui passe ». Andrétient à son rôle de marchandd’esprit. Il ne cédera pas auxmodes imposées par les touris-tes. On ne trouvera dans ses cais-ses ni cartes postales, ni bri-quets, ni dessous de verre à l’éf-figie de la Goulue ou autreToulouse-Lautrec. Mais avec sagouaille du sud et ses yeux vifsd’homme qui en a vu, il se tientprêt à délivrer les meilleursconseils aux étrangers perdus

dans ce dédale de livres. Les troistitres qui se vendent le mieux ?Dans l’ordre : Les fleurs du mal deBaudelaire, L’étranger de Camus,et Le Petit Prince de Saint-Exupéry.Rien d’étonnant. Devant les petites boites vertes d’André, letemps s'est comme suspendu.

Florence Mottot

Journal école de l’IFJ n°54

Les bouquinistesdes quais deSeine : toute une histoire !

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5Journal école de l’IFJ n°5

en scène. La nuit tombe sur la cathédraleNotre-Dame. Les réverbères s’allument,s’offrant comme autant de projecteurs.Entrelacements des corps, jeux de jam-bes, les silhouettes des danseurs se déta-chent dans la pénombre, et jouent sur lesol. Au rythme des gauchos et autres tan-gos,elles semblent tout oublier, jusqu’auxappareils photos qui crépitent depuis lespontons des bateaux Mouche.

Florence Mottot et Audrey Lefèvre

temps, la rive gauche de la Seine sechange en piste de bal.Les danseurs les moins expérimentés arri-vent dès 19 heures.Les femmes s’assoient au bord de l’eaupour fignoler leurs tenues et ajuster l'at-tache de leurs escarpins. «Plus vous en fai-tes, mieux c’est !», assure Eric, professeurde tango qui dispense ses cours avec unflegme pourtant tout british ! Le tango est avant tout l’art de se mettre

Pas d’orchestre, juste un lecteur CD poséà quelques centimètres de l’eau.Le dispo-sitif de fortune fait retentir une musiquehaute en couleur. Tango ! Des femmes cambrées sur des talonshauts perfectionnent quelques pas :boléo, barridas, pabrazas, etc.On pourrait se croire dans l’une de ces «casa del tango» de Buenos Aires.Pourtant, levez les yeux : Notre-Dame-de-Paris est là. Imposante.Au retour du beau

LE TANGO LES FAIT TANGUER

Les danseurs de tango :tout le génied’un univers ©

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Journal école de l’IFJ n°56

BATEAUX

Le MississippiCelui qui ne connaît pas l’émission desamoureux de la mer présentée parGeorges Pernoud fait figure d’inculte. Orle prime time du vendredi soir sur France 3possède son homonyme de bateau sur laSeine à quelques encablures de FranceTélévisions. Le « rafiot » de 50 mètres sur11 appartient à France 3 et abrite lesrédactions de Faut pas rêver et deThalassa. Le navire, sorti des chantiers deVilleneuve Leroy en fin 1999 a été conçusur mesure. Un agréable cadre de travailmais uniquement destiné à cette fin ! LeThalassa ne peux pas voguer sur la Seineet encore moins sur les océans du mondeentier. «C’est un faux bateau» s’amuseFranck Khalfa, administrateur de l'unitéde programme Thalassa-Faut pas rêver.«Il n’est pas motorisé». Remorqué desHauts-de-Seine jusqu’au port de Javel Baspar un pousseur, le Thalassa a acquis seslettres de noblesse en septembre dernier.Georges Pernoud et acolytes y ont fêté endirect les 30 ans de leur bébé.

Le Thalassa

DES1. Le Mississipi2. Le Thalassa3. La Guinguette Pirate4. Le Batofar5. Le port de l’Arsenal

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Les péniches

situées le long

des quais

de Seine

conjuguent

le luxe, la fête

et l’évasion.

La Seine se conjugue avec le luxe grâce àla Compagnie des bateaux à roue crééeen 1990. Le Mississipi, le Tennessee et leRiver Palace composent les trois embar-cations de luxe de la compagnie du 15e

arrondissement de Paris. Une flotte oùsont organisées des manifestations hautde gamme. Le Mississippi peut accueillirentre 10 et 40 personnes. Le Tennesseeaccepte des groupes de 30 à 130 convivesqui peuvent profiter du grand pont exté-rieur et de son bar abrité.Le River Palace,fleuron de la flotte, porte bien son nom.Grands lustres de cristal, baies vitréesimmenses et salons fastueux, peuventaccueillir jusqu’à 220 personnes. Despaillettes auxquelles s’ajoutent deuxpoints d’ancrage particulièrement huppés.Un emplacement situé sous le pontMirabeau, classé par l'UNESCO au patri-moine mondial de l'humanité, et l’autreau port de Grenelle. Seule exigence : casser la tirelire pour avoir l'honneurd’effectuer une croisière aux consonanceswestern jusqu'à la forteresse de Bercy.

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EXTRAORDINAIRES

Le Batofar

Le port de l’Arsenal

Le Batofar se distingue de loin. Gabaritimposant et couleur rouge vif.Ce « bar-boîte » incontournable des nuitsparisiennes a été retapé dans son paysd'origine, l'Irlande,avant d'être démontépuis remonté une fois arrivé dans la villelumière : «Il a fallu enlever le phare pourqu'il puisse passer sous les ponts !» confieAndrea, membre de l’équipe du Batofar.« En 1999, on est venu s'installer en facede Bercy, pour redynamiser le quartier enrénovation. C’était un coin délaissé peupeuplé» explique-t-elle.Une fois ouvert, l’établissement s’orienteprécisément vers la musique expérimen-tale.Petit à petit, le bateau a su attirer lesnoctambules pour devenir, aujourd’hui,la star des scènes électroniques.A l’intérieur, bar et scène à l’acoustiqueirréprochable contribuent à la renomméede cet endroit si particulier.Ambiance assurée sur le quai le plus fes-tif de la capitale !

Le bateau festif du quai de la gare a étéconstruit à Canton dans les années 70 pardeux français à partir d'une jonque chinoise du XVIIe siècle. 25 mètres delong, 7 de large, des bois exotiques, ungréement à trois mâts,250 m2 de voilures.En 1981, la jonque baptisée Dame deCanton quitte son port natal pour desannées de navigation. Première jonqueà avoir franchi le Cap de BonneEspérance, elle passe au pied de la TourEiffel en 1984, pour poursuivre ensuiteson voyage. Après avoir abordé 44 pays,la Dame de Canton prend le nom deGuinguette pirate et s'amarre au cœur deParis Rive Gauche. Elle ouvre ses portesau public en 1995 pour devenir un carre-four culturel entre artistes du mondeentier.Musique,théâtre,tournages,expo-sitions, spectacles et restaurant auxsaveurs du monde. Aux commandes, unchef sri lankais qui manie plats exotiqueset cuisine traditionnelle française.

Des simples barques améliorées aux

yachts de 25 mètres de long, un vrai

quartier d'habitation se cache à l'abri

de la cohue de la place de la Bastille.

En tout, 165 bateaux sont amarrés.

Sous un soleil de plomb, le port de

l’Arsenal étonne par son calme olym-

pien. «C’est l’agression quand on monte

là haut !» lance Emilie, assise sur la

proue de son magnifique bateau en

bois, le Kastel an Taro. «Nous l’avons

acheté, mon copain et moi, il y a 2 ans.

La concrétisation d’un rêve, et trois fois

moins cher que l’immobilier !» Lui est

pompier sur la Seine. Elle, ancienne

guide touristique sur les bateaux

Mouche. Ils ont retapé leur «maison flot-

tante» eux-mêmes et continuent à en

prendre soin, car «les bateaux en bois

sont plus fragiles et demandent beau-

coup d’entretien». Seul le gouvernail

vient rappeler la vraie nature de l’ha-

bitation. Et sur le port, la convivialité

domine : «Nous sommes une vraie

famille, même si parfois c’est radio pon-

ton !»

Ancien navire réhabilité en salle de concert, péniche habitée ou studio de

télévision, la Seine accueille des bateaux originaires des quatre coins du globe.

De la Chine à l’Irlande, rencontre avec ces bateaux pas comme les autres.

Par Mathilde Jarlier et Pierrick Hamon

La GuinguettePirate

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Journal école de l’IFJ n°58

« Je fais partie de ces privilégiés qui habitent en bordde Seine, sauf que moi c'est sous la tente » chuchoteGérard, un SDF de 45 ans.Assis sur une chaise entre deux tentes Quechua,celui que l'on surnomme Gégé, confie avec simpli-cité qu'il se considère comme propriétaire du rez

de chaussée ! « Au moins je suis les pieds dans l'eau,dit-il en riant. Je me sens bien ici libre de vivrecomme je veux.J'aurais aimé être un artiste,ajoute-t-il, l'île Saint Louis raconte une histoire, elle estmagique.La vie ne m'a pas laissé de chance j'ai tou-jours su que je finirai dans la rue mais je n'avaisjamais imaginé pouvoir trouver dans la misère unlieu pareil ! » déclare-t-il à haute voix.Les ronflements de son colocataire rappellent àGérard qu'il est préférable de baisser d'un ton.Derrière un amas de sacs plastiques émerge la têted'un homme plongé dans un sommeil profond.« Lavie n'est pas tous les jours facile mais quand je ren-tre le soir chez moi je suis heureux de retrouver mavue, ma tranquillité et le bruit de la Seine qui cla-pote contre la berge ! » explique-t'il les yeuxbrillants d'émotion.Gérard n'habite pas seul. « Il y a les habitués et despetits nouveaux qui visitent… ». Son passe tempspréféré ? Observer le va-et-vient des passants,« il n’ y a que des amoureux et des artistes et ça,

c'est fascinant… ».

Claire Perol et Constance Tournier

Debout devant la fenêtre de son salon, JujuMarikôji respire profondément. Derrière elle coulela Seine, côté rive gauche.L'artiste japonaise à la renommée internationale,aposé ses bagages il y a sept ans sur l'île Saint Louis,cette « île flottante » comme elle se plaît à la nom-mer.Cette ancienne journaliste et photographe n'apas pu résister à l'appel de l'art : « Je suis peintre etcompositeur depuis cinq ans » chuchote-t-elle dansun sourire. Ce lieu, elle l'a choisi pour l'inspirationqui s'en dégage, pour ceux que ces bords de Seineont porté : Baudelaire ou Camille Claudel, commeautant de repères pour une artiste aux multiplesinfluences.Car Juju Marikôji aime à se situer entre-deux : entre rive gauche et rive droite, entre orientet occident, entre tradition japonaise et avant-garde européenne. L'île Saint Louis exprime cequ'elle a dans son cœur : la recherche de la centralité,

de la neutralité, en ce lieu qui n'est autre que « lenombril de Paris, son commencement et son ber-ceau ». Son appartement de 200m2 abrite aussi sonatelier. La double orientation du lieu, côté sud etcôté nord, exprime encore l'équilibre que Jujurecherche : « En peinture, comme en tout, les ténèb-res font exister la lumière ». Après avoir exposé sespeintures au musée d'Orsay et acquis sa renom-mée en Europe, Juju Marikôji comprend que saquête s'arrête ici. « J'aime ma liberté.Dans un moisje partagerai ma vie entre New York et Tokyo.» C'està son piano que la rencontre prendra fin. Tout endouceur, à l'image de cette geisha à la grâce natu-relle, et à la simplicité déconcertante.

Et au milieu coule la Seine

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À Paris, les eaux de la Seine s’assainissent. Les différents rap-ports sur la qualité des eaux sont très encourageants, sans tou-tefois être rassurants. La bête noire : les eaux usées. Lesprincipaux responsables : nous. Selon un rapport du sénateurGérard Miquel sur la qualité de l’eau et de l’assainissement enFrance en 2003 : «L’amélioration de la qualité des rejets est com-pensée par un effet quantitatif.Le volume des eaux usées, traitéesà des degrés divers est considérable. Pour l’agglomération pari-sienne, les eaux usées produites par les 10 millions d’habitantsreprésentent 30 m3/seconde, soit l’équivalent du débit moyend’une rivière moyenne».Ces rejets domestiques sont responsables de la présence de bac-téries d’origine fécale qui véhiculent toutes sortes de maladies.Les coliformes thermotolérants et les streptocoques fécaux sontdeux d’entre elles, utilisées pour mesurer la pollution domes-tique. Ces germes n’ont pas nécessairement un caractère dan-gereux pour l‘homme mais ils sont plus résistants que lesbactéries pathogènes.

Dans la Seine, ces bactéries sont très présentes.C’est pour cetteraison que l’on ne s’y baigne pas.Inutile de paniquer, lors des dif-férentes étapes de traitement pour la production d’eau potable,les germes dangereux sont éradiqués. Les eaux du fleuve sontégalement riches en phosphates (lessives, engrais, produits chi-miques). Ils jouent un rôle important dans le développementdes algues qui apparaissent l’été en aval du fleuve et en baie deSeine, mais ils ne sont pas toxiques pour les poissons.En effet, Paris ne salit pas exclusivement Paris. Ce sont lesrégions situées en aval qui font le plus les frais de la défécationparisienne, faute d’un traitement suffisant.

Rouen s’intoxiqueLa vraie pollution parisienne se voit plus loin, dans les Yvelines,après la station d'épuration « Seine Aval » d’Achères. C’est la der-nière des quatre stations d’épuration parisienne à ne pas êtreéquipée d’un traitement de l’azote. Elle devrait être en mesured‘assurer cette tâche en 2007. Mais en attendant, la région deRouen s’intoxique. Substance azotée, l’ammonium déversé parles Parisiens se transforme en nitrate,une centaine de kilomètresplus loin. Il est responsable de l’extermination massive de lafaune piscicole.Les variations d’ammonium sont liées aux périodesde crue et de fortes pluies.Elles font retomber les gaz polluants,nombreux en région parisienne, et les transforment en ammo-nium. Pourtant, les valeurs enregistrées à la station d’observa-tion de Suresnes, à la sortie de Paris, pour l’année 2005, sontassez faibles (moins de 0,25 mg/l en moyenne). Mais sans trai-tement adéquat, les Rouennais en font les frais. En effet, l’am-monium transformé en nitrate pose des problèmes aux usinesde traitement d‘eau potable et la facture d‘eau pèse sur le porte-monnaie des Normands.

La Seine parisienne n’est pas aussi

sale que l’on croit. À Paris, les diffé-

rents rapports sur la qualité des eaux

sont plutôt encourageants, même si

des efforts restent à faire. C’est l’aval

du fleuve qui fait les frais des pollu-

tions parisiennes.

ETAT EAUXD

ES

Par Emmanuel Bahu-Leyser

Journal école de l’IFJ n°5 9

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Il y a encore 50 ans, il ne res-

tait que quatre ou cinq espè-

ces dans la Seine. Mais ces

dernières années, les pois-

sons ont fait leur retour.

Aujourd’hui, on y recense

une trentaine d’espèces,

parmi lesquelles...

Le brochet

Poisson d’eau douce vorace. Sesmœurs carnivores lui valent lesurnom de requin de rivière. Ilpeut vivre plusieurs dizaines d’an-nées et peut mesurer 2,40 mètreset peser jusqu’à 55 kg.

La carpe

Poisson habitant les eaux calmeset profondes des rivières. Lacarpe, qui vit environ 20 ans, peutatteindre 80 cm et peser 15 kg.Elle fournit une chair estimée.

Le gardon

Petit poisson aux écailles argen-tées et au dos brun-vert. Mesurant15-20 cm et pesant 200-300 g, le gar-don a une durée de vie de 10 ans.

La perche

Poisson des lacs et des coursd’eau lents, la perche est dotéede deux nageoires dorsales, dontune épineuse. Vorace dont lachair est estimée, la perche mesureenviron 30 cm et peut peser jusqu’à 500 g.

Le poisson-chat

Poisson carnivore importé d’Amé-rique. Il mesure 20 cm de longpour un poids de 150 g. En cas depollution, il est le dernier à dispa-raître et en cas d’assechement, ilpeut survivre dans la vase.

La truite

Poisson voisin du saumon, la trui-te est un carnassier à chair fine etestimée.

Journal école de l’IFJ n°510

En contrebas du pont deLevallois, dans les Hauts-de-Seine, quelques pêcheurs jet-tent leurs lignes, indifférentsaux promeneurs et sportifs dudimanche qui s’agitent surl’île de la Jatte. Le vent soufflefort, les averses succèdent auxéclaircies. Silencieux, Leszekscrute l’hameçon qu’il baladede gauche à droite presque àla surface de l’eau.«Pas besoind’appât, c'est un hameçonpour les carnassiers, un leurrebrillant suffit» explique-t-il. Ilajoute qu’aujourd’hui, letemps n’est pas propice à lapêche. « L’idéal, c’est un tempslourd. Cet après-midi, le ventsouffle trop fort ». Tout d’abordréservé,Leszek se laisse aller àla confidence. «J’ai commencé

à pêcher à 15 ans, en Pologne,avec du matériel plus que rudi-mentaire. On a beau dire,ce n’était pas le bon temps.

deux heures de pêche sur lesberges de la Seine. «On pêchede tout ici, et en quantité,contrairement aux idéesreçues. Un après-midi d’octo-bre, j’ai pris sept poissons enune heure. En novembre, j’aipêché un brochet d’un mètre,ici !». Il poursuit en riant :«C’est dommage, je n’ai pas laphoto avec moi pour vousmontrer». Si aujourd’hui il sesouvient des nécessités de sonenfance,Leszec est devenu unvéritable amateur... mieux unamoureux qui n’hésite pas àfaire plus de 100 km pour allerpêcher dans l’Yonne.Là-bas,il retrouve les paysagesqui lui font penser aux rivièresde son enfance il ya quaranteans, de l’autre côté de L’Oder.

Fanny Flores

À l’époque c’était plus qu’unplaisir, c’était presque unenécessité. Ça faisait souventle repas du dimanche».Aujourd’hui, la vie de Leszec achangé.Après un bon déjeunerle dimanche, un copain, dumatériel et c’est parti pour

Pour Leszec, pêcher dans la Seine ce n’est pas simplement

taquiner brochets, perches et sandres. C’est avant tout rêver

au bord de l’eau et retrouver ses souvenirs d’enfance.

Portrait d’un mordu de l’hameçon.

«Plus qu’un

plaisir, c’était

presque une

nécessité»

LA PÊCHEPoissons à la carte

N’EST PLUS UN LEURRE

Leszec, le pêcheur :comme un poisson dans l’eau...

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Toutes proches de Paris et déjà loin de la capitale,

les boucles de la Seine connaissent leurs heures

de gloire à la fin du XIXe siècle. Bougival, Chatou

ou Croissy s’animent les jours d’été pour des bals

ou des parties de campagne.

Journal école de l’IFJ n°5 11

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aris est grise et laborieuse. Larévolution industrielle emplit laville d’usines et d’ateliers,de fer,de verre et de vapeur. Le baron

Haussmann étire les avenues et aligne lesimmeubles cossus, ventrus. Tout s’accé-lère. Peintres et bourgeois cherchent unailleurs,un lieu qui ne sente ni la peine nila sueur. Ils attendent un petit coin deparadis,une nature riante et authentique.Nostalgie d’un âge d’or où l’homme vivaiten communion avec la nature.Et déjà, lespremiers signes d’une société de loisirs.Le dimanche est le jour de la partie decampagne. On prend le train tout neuf àSaint-Lazare et on s’arrête aux portes dela capitale. Chatou, Bougival ou Port-Marly, les boucles de la Seine offrent leurscharmes aux citadins. C’est l'époquejoyeuse du canotage, des guinguettes etdes déjeuners sur l’herbe.Le vin n’est pastaxé comme à Paris, on boit et on danse.Les peintres Courbet,Rousseau ou Turner,ont largement devancé la mode en venantplanter leurs chevalets au bord du fleuve.De quoi accentuer le pittoresque deslieux. Toutes les célébrités veulent profiterdes fraîcheurs de la Seine. Monet s’installe au bord de l’eau sur les conseilsde Zola. Le baron Arthur de Rothschildpromène ses goélettes à vapeur.Alexandre Dumas fils niche les amoursd’Armand Duval et de la dame aux camé-lias dans une petite maison de Bougival.

ce café bal flottant, arrimé à une bergeverdoyante.Les affiches exhibent des jeunesfemmes séduisantes et peu farouches encostume de bain, retour assuré jusqu’à 11 h 15 par le train de Saint-Lazare.Ateliers, cabines,café s’entassent au bordde l’eau. Des plongeurs sautent du toit etéclaboussent les distraits, des femmesrestent couchées dans l’herbe en peignoirrose ou bleu. Chacun se presse sur la passerelle pour se faire voir sur le minus-cule îlot coiffé d'un saule pleureur. Unepromiscuité qui favorise les baignadesfortuites et les approches galantes.Monet et Renoir se passionnent pour cespaysages tranquilles et ces ambiances animées. Degas, Sisley, Pissaro, BertheMorisot sont séduits par les couleurs etles lumières de la Seine. Peupliers ettilleuls se reflètent dans l’onde, l’eau scin-tille et miroite, la lumière se diffracte, lescontours se brouillent. Rien ne reste figé.Peindre l’insaisissable : les palpitations del’atmosphère, les mouvements de l’eau, lefrissonnement de l’ombre.Pour traduire l’éphémère,la touche se faitrapide, souple, enlevée. Les couleurs sejuxtaposent.Dans cette atmosphère de loisir et dedétente, tout est dans la fugacité de l’ins-tant et l’immédiateté de la sensation. Lespeintres célèbrent la beauté de la natureet une réalité réjouissante.

Priscille de Lassus© D

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Canotage et canotiers

Maupassant croque sans pitié les cocottes,canotiers et bourgeois qui viennent cher-cher l’aventure. On croise des musicienscomme Fauré, Bizet ou Berlioz, des poli-tiques tel Gambetta, le photographeNadar, le petit monde du théâtre. MêmeNapoléon III vient voir ce qui se passe.Lespetites gens de la ville côtoient les nantisdans une même atmosphère frivole etinsouciante.Le canotage est en vogue, un hobby venud’Angleterre. Les marins d’eau doucepoussent leurs canots hors de Paris

depuis que l’Exposition universelle ainterdit le fleuve aux embarcations privées dans la capitale. Les sportifs s’affrontent à Asnières pour des régates etdes exploits nautiques. Les rameurs oisifsse consacrent au canotage nonchalant etaux exploits amoureux.Le bal du jeudi de la Grenouillère est lerendez-vous incontournable. Danseurs,baigneurs et rameurs se retrouvent dans

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En arrivant au pont de Neuilly,M. Dufour avait dit : «Voici la campagne

enfin ! » et sa femme, à ce signal, s’étaitattendrie sur la nature. […] Enfin, on avait

traversé la Seine une seconde fois, et, sur lepont, ç’avait été un ravissement. La rivière

éclatait de lumière; une buée s’en élevait,pompée par le soleil, et l’on éprouvait une

quiétude douce, un rafraîchissement bien-faisant à respirer enfin un air plus pur que

n’avait point balayé la fumée noire des usi-nes ou les miasmes de dépotoir.

Une partie de campagneGuy de Maupassant

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Il y a tout juste 70 ans, Jean Renoir achevait de tourner Partie de campagne surles berges de l’Essonne,à côté de Marlotte et de Montigny.Dans ce film lumineuxet sensuel,on retrouve l’esprit nonchalant et frivole du XIX

esiècle.Un commerçant

parisien emmène sa femme et sa fille pour un pique-nique en bord de Seine,oùces dames vont se laisser séduire par deux canotiers.Mais on y retrouve surtoutMaupassant et Auguste Renoir, le père de Jean. Le XIXe vient de faire irruptionsur les écrans d’un XXe siècle suicidaire. Quelques années plus tard, ce sera laguerre. Inachevé,le film à connu les pires déboires avant se voir projeté dans lessalles obscures dix ans après et présenté au festival de Cannes. Le tournage rencontre difficultés financières et tensions personnelles au sein de l’équipe.Pour couronner le tout, le temps est exécrable et la pluie ne cesse pas. L’actriceprincipale,Sylvia Bataille,demande à quitter le tournage car elle doit passer desauditions.Jean Renoir refuse mais annonce peu de temps après qu’il arrête toutpour se consacrer à son prochain film : Les bas-fonds. Partie de campagne tientpourtant,encore aujourd’hui,une place de choix dans le cœur de tous les cinéphiles.

Emmanuel Bahu-Leyser

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MISEEN

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SCÈNE

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APPRENTISLES

DE SURESNES

Il n’y a pas que Paris qui anime les quais de la Seine

durant l’été. La ville de Suresnes s’y attache

également en permettant aux enfants qui ne partent

pas en vacances de découvrir les sports nautiques.

Du bonheur en plus grâce à La mer à Suresnes.

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Depuis la créationde «La mer àSuresnes», 21 000enfants ont punaviguer sur laSeine

La Seine devient océan depuis 19 ans àSuresnes à l’occasion de Voiles 92, la merà Suresnes. Cette manifestation est orga-nisée chaque été par la ville, en partena-riat avec le conseil général des Hauts-de-Seine. Encadrés par six moniteurs del’UCPA (Union nationale des centres spor-tifs en plein air), les enfants des centres deloisirs du département,ainsi que le grandpublic, pourront cette année encore s’ini-tier aux sports nautiques sur la Seine, àproximité du pont de Suresnes.

Comme à la plagePendant deux mois, canoës, kayaks, ouencore catamarans fournis par l’UCPAseront à leur disposition. «Le fait de pouvoir pratiquer ces sports sur la Seineapporte incontestablement un plus à cettemanifestation», affirme Jean-Michel Janin,

directeur du service des sports de la mairie de Suresnes.Mais l’opération ne se déroule pas uniquement sur l’eau. Les participantspourront également pratiquer le trampoline ascensionnel sur le quai.Comme chaque année, ce sont majoritai-rement des enfants privés de départ quiprendront part à ces activités. « L’idéeétait de proposer aux enfants qui ne peu-vent pas partir en vacances la pratiqued’un sport de plein air généralementréservé à ceux qui fréquentent les plages»,explique Christian Dupuy, le maire UMPde Suresnes, à l’origine de la manifesta-tion en 1987.Cette manifestation, qui s’inscrit dans lecadre de la politique d’intégration menéepar la mairie, a ainsi permis à plus de 21 000 enfants de naviguer sur la Seine

depuis sa création. 170 000 euros sontinvestis pour La mer à Suresnes par la mairieet de nombreux investisseurs privés.A la différence de Paris-Plage,qui privilégieles loisirs et la culture, La mer à Suresnesse base avant tout sur l’apprentissaged’un sport et des valeurs inhérentes à cesport. C’est pourquoi la mairie deSuresnes invite chaque année pourquelques jours des skippers renommésafin d'encadrer les enfants. FlorenceArthaud, Marc Pajot et Catherine Chabaudfont partie des navigateurs qui sont déjàvenus à Suresnes.

En toute sécuritéLa sécurité fait partie des détails à ne pasnégliger. «Tout est mis en œuvre pour queles enfants puissent profiter au maximumdes activités proposées en toute sécurité.Lebrevet de natation est demandé à tous lesenfants souhaitant participer aux activitésnautiques», précise Jean-Michel Janin.Et quand viendra la rentrée, nombreuxseront les enfants à raconter leurs souvenirs d’une plage si lointaine et pourtant si proche.

Jérôme Bouchu

MARINS

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«On nous appelle les Saint-Bernard dufleuve», s’amuse le major Gantois.«Nos équi-pes se relaient jour et nuit pour pouvoir inter-venir sur le fleuve en cas d’urgence».Certains jours de l’année sont très agités.Notamment pendant la fête de la mu-sique où des jeunes gens ivres tentent detraverser la Seine à la nage. «Il faut savoirqu'il y a des morts tous les ans.» lanceFrançois,gilet de sauvetage sur les épaules.La recherche et le repêchage de cadavresfait aussi partie du boulot. «On est à larecherche d'un corps en aval depuis hiersoir», explique le major. Dans ces cas là,c’est la police judiciaire qui prend encharge l’enquête, et la brigade poursuitles recherches.« Le secours doit être le plusrapide possible».Les embarcations de lafluviale peuvent atteindre les 80 km/h. Ilne faut cependant pas confondre céléritéet précipitation.

«L’arrivée du bateau peut faire couler lavictime, donc en plus d'être rapide, le pilo-tage doit être très précis», explique le major.Et tout ne se fait pas sans entraînement.

Une formation pointue Il tend le bras vers le fleuve : «Vous voyezla bouée là-bas ? Il y a une voiture en des-sous». À trois mètres de la berge, un véhi-cule repose au fond de la Seine. Il y a étéplacé volontairement pour mettre lesrecrues en situation réelle. Les fonction-naires de la brigade s‘exercent à la plon-gée une fois par semaine,dans des fossesqui vont jusqu‘à 20 mètres de profondeur.Cet entrainement est important car lefond du fleuve est très inégal.Les policiersle jaugent à 6 mètres en moyenne,

mais sous le pont Mirabeau, il peut attein-dre 9,80 mètres ! Une bonne conditionphysique relève donc de l’indispensable.«Pour garder la forme, on nage tous lesjours, parfois d’Austerlitz au pont de laConcorde. Sinon on court pendant uneheure sur les berges».Pour faire partie de l’équipe, les policiersde la brigade fluviale ont tous reçu la tri-ple formation de pilote de bateau, plon-geur et secouriste. Le reste s'apprend sur

Sauvetages, récupérations d’objets, aide aux bateliers, chaque jour, la brigade

fluviale de la Seine est mise à rude épreuve. Rencontre avec l’équipe de choc du

bien nommé quai Saint Bernard.

Des anges gardiens sous le signe du...zodiac.

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URGENCEtotal-3.qxp 18/06/06 14:48 Page 16

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un terrain qui leur réserve sans cesse dessurprises. Ils trouvent ainsi parfois desscooters ou des armes, qui ont souventservi lors de braquages et dont les mal-frats se débarrassent le premier pontvenu. Aujourd’hui le ponton est jonchéd'un skate, de deux téléphones, d'un cric,ajoutés à d’autres objets hétéroclites. Lespoliciers de la brigade maîtrisent parfai-tement cet exercice exigeant qu'est laplongée. On les appelle souvent pour du

matériel perdu, qui va du trousseau declefs au simple briquet. J’ai déjà réussi àretrouver une bague au pied d’un pont, sesouvient Philippe. C’est gratuit et par lamême occasion on entretient de bonnesrelations avec le public».

Repêcher les voituresD’autres plongées sont autrement plusdifficiles et urgentes «Quand les hélicesd’un bateau sont prises dans un câble ouun cordage, l’embarcation peut heurterune pile de pont si on n'intervient pas rapi-dement». Hormis les zodiacs, rapides etmaniables, la flotte de la brigade com-porte deux vedettes et deux remorqueurspousseurs, dont l’Ile-de-France. «Un vraitank flottant», note Alain, policier à la bri-gade depuis 5 ans.Ce remorqueur de mer,reconfiguré pour le fleuve possède unegrue pour récupérer les voitures qui

tombent dans la Seine.Le bateau comporteaussi une lance à eau, qui permet desecourir les embarcations en flammes.Parmi ses diverses missions, la brigade fluviale est mise à contribution lors destournages de films, pour sécuriser les cas-cades qui ont lieu sur la Seine. Le majorGantois raconte : «Dans un film avec Tapie,un cascadeur s’est cassé la jambe en sautant d’un pont avec un scooter,heureu-sement pour lui on était là pour le récupérer !»

Un appel retentit soudain à la radio.Deuxpoliciers se précipitent vers le bateau enenfilant leurs gilets. Pas de panique, lesSaint-Bernard de la Seine arrivent !

Nicolas Rouillard

SERIEESEN

Dans le courant del’année 2005, la bri-gade fluviale a effec-tué 1507 sorties,parmi lesquelles 985rondes de surveillan-ce. Les policiers de labrigade ont secouru

114 personnes quiétaient tombées àl’eau, dont 9 lors de tentatives de sui-cide. Ils ont égale-ment découvert 33 cadavres dans leseaux de la Seine. Par

ailleurs, 30 véhiculesont été repêchés,dont 21 voitures.Les policiers ontdressé 28 procès ver-baux, essentielle-ment pour des délitsde navigation. Letotal des plongéesen interventionatteint 222 heures.

UUNNEE AANNNNÉÉEEDDEE SSEECCOOUURRSSEENN CCHHIIFFFFRREESS

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de la gare. Les propriétaires des péniches continuent d’accuserdes pertes de presque 40%, soit environ 4 000 euros par mois.Pour obtenir cette réaction de la direction du Port, il aura falluune menace d'action collective et un reportage sur France 3.Cette décision signe une première mini victoire pour l'association13ôquai. Composée des propriétaires de bateaux du quai de la

gare, elle a été réactivée pourmener cette lutte de longuehaleine. Au départ, le combat semblait vain. Le projet de réaménagement a été établi dans

le secret, sans recueillir l'avis des usagers et clients du port. Unevaste opération présentée seulement à titre informatif aux associations du quartier, après les premiers coups de marteauxpiqueurs. Les multiples lettres de protestation sont d’abord restées sans réponse. Puis une première réunion a été obtenue,et s’est déroulée le 24 février dernier,en présence du directeur del'agence portuaire centrale, Marc Reimbold. En plus de la ristourne de 25%,la seule avancée concrète reste l'obtention d'un

«On nous prend pour des vendeurs de soupe, des marchands detapis. Nos métiers sont véritablement mis en danger». PhilippeHolvoet, le propriétaire de la Guinguette Pirate, est révolté.La tension est à son maximum entre les exploitants des pénichesdu quai de la gare et le Port autonome de Paris (PAP).Depuis sep-tembre 2005, la situation frôle l'intolérable pour ces commer-çants. D’importants travaux ontété entrepris sur le quai, pourconstruire la piscine flottante, lapasserelle piétonne Simone deBeauvoir reliant la Bibliothèquenationale de France au Parc de Bercy, et réaménager l’ensembledes terres pleins. Résultat : un chantier à l’apparence d’un bour-bier géant. Les bateaux se retrouvent parqués derrière des bar-rières métalliques, et un service de sécurité draconien limitescrupuleusement les entrées et sorties sur le site. Aujourd’hui, lacolère de Philippe Holvoet est dûe aux faibles 25% d'allègementde loyer,« non négociables »,octroyés en mars dernier par le PAPpour compenser les pertes occasionnées par le chantier du quai

GAREQUAI

«NOUS AVONS DISCUTÉ D’EXONÉRATIONS TOTALES DE LOYER»

«Non à la dictature du portautonome». Des banderoles

trônent sur neuf des treize

bateaux du quai de la gare.

Elles illustrent la guerre

farouche qui oppose les

patrons des péniches au

Port autonome de Paris,

depuis le 10 mai.

Pour Nicolas Boudet, chargé des relations

presse du Port autonome, l’organisme joue

son rôle dans le conflit avec les bateliers

du quai de la gare. Il aurait même fait

des propositions alléchantes.

L'indemnité accordée parle Port autonome auxpéniches du quai de lagare n’est toujours pasjugée satisfaisante. Êtes-vous prêt à accorder uneexonération supplémentai-re, voire totale de loyer ?Nous avons fait des proposi-tions concrètes aux com-merçants, pour les aiderdurant la période des tra-vaux que nous avons entre-pris. Lors d’une réunionavec tous les acteursconcernés par ce conflit, le12 mai nous avons fait des

propositions intéressantes.Nous avons suggéré de pas-ser les exonérations deloyer de 25% à 40 %. Noussommes allés jusqu’à discu-té d’exonérations totalesponctuelles. Et le dialoguecontinue avec les exploi-tants. D’un côté, on a destravaux à mener et de l'au-tre, on essaie de trouver lemeilleur compromis pourarranger les exploitants etla Mairie de Paris.

Êtes-vous conscient del’ampleur de la gêne occa-sionnée par les travauxpour les péniches ?L’objectif, pour le Portautonome, reste de dévelop-per le Port de la gare pouren faire un ensemble quis’insère au mieux dans lepaysage urbain. Nous

devons tous avoir conscien-ce que, à plus long terme, lequai gagnera en autoritéavec la présence de la pas-serelle piétonne et de la pis-cine sur Seine,qui sont aussien construction. Cette évo-lution globale et positive dusite passe immanquable-ment par une période detravaux. Je comprends lagène qui a pu être occa-sionnée pour ces commer-çants. C’est vrai qu’il s’agitlà d’une phase de transitiondifficile pour tous.

Vous seriez en train denégocier officieusement ledépart de certaines péni-ches. Confirmez-vous cesrumeurs ?Il n’y a rien d’officieux dansnotre démarche. Un appelà projet a été lancé.

Un comité de pilotage estchargé de sélectionner lesdossiers les plus intéres-sants.Il regroupe les élus du XIIIe

arrondissement et de laMairie de Paris, et lesresponsables du comité del’eau et l’assainissement.Le comité a établi un projetde présélection en décemb-re 2005, parmi les dix-septdossiers de candidatureprésentés, dont seulementsix concernent des bateauxdéjà présents sur le quai.La sélection se fera sur l'intérêt culturel et les enga-gements en matière d'ex-ploitation. Au final endécembre 2006, seuls douzedossiers seront retenus.

Pierrick Hamon

GALÈRELA

LADU DE

« Nos péniches sont en danger »

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Pour compenser lespertes occasionnéespar son chantier quis’éternise, le Portautonome a accordéune exonération de loyer de 25% aux propriétairesdes péniches.

éclairage sur les quais. Néanmoins, les conditions de sécuritédemeurent précaires.« En voulant faire une manœuvre en voitureaux abords du chantier, ma mère s’est retrouvée bloquée sur un terrain devenu boueux et cahoteux», raconte Marine,d’El Alamein.Une situation financière dramatique pour des bateaux déjà sou-mis à des prix d'emplacements importants, plus élevés que ceuxappliqués aux bateaux Mouche, beaucoup plus rentables. «Pourbien faire, il faudrait une exonération totale » constate Romain Val,propriétaire de la péniche Le charleston. L'urgence,pour ces pro-priétaires, reste un allègement des charges. Sans cela, il pour-raient envisager un recours en indemnités auprès du tribunaladministratif,dans un délai de quatre ans.Mais le dossier des tra-vaux ne constitue qu'un aspect de la grogne.

Des bateaux contraints à partirEn avril 2005, le Port autonome a lancé un appel à projet poursélectionner les bateaux qui auront vocation à s'installer sur lequai après les travaux actuels.Ses critères principaux sont la ren-tabilité financière et la sécurité du paiement. Certaines pénichesauraient donc vocation à quitter le port. En particulier celles quine proposent pas d’animations culturelles.Une précarité d'autantplus flagrante que les conventions d'occupation ne confèrent pasde droits réels aux bateaux. En d’autres termes, même s'il n’a pas franchit le pas, le PAP a le droit, du jour au lendemain, de

demander aux péniches de partir. Même s’il se trouve aujourd'huiface à une association avec qui il est contraint de négocier. Unepression qui ne l’empêche toutefois pas de démarcher chaquepéniche individuellement,au grand dam de certains exploitants.«Le PAP essaye de semer la zizanie dans l'association en proposantdes réductions de loyers plus importantes à certains qu'à d'autres!», s‘insurge Sylvia, employée d’un Kiosque flottant. 13ôquai sedémène, mais la situation peine à se débloquer.«On avait fixé un ultimatum au 28 avril pour obtenir une seconderéunion, soupire Marine. Pour toute réponse, on a d’abord reçuune convocation avec comme thème Paris-Plage» L'ordre du joura été finalement changé.La réunion s'est tenue le 12 mai,dans unclimat houleux, autour des quatre requêtes de 13ôquai. À savoirune exonération totale de loyer pendant la durée des travaux,desmesures de confort et de sécurité pour les usagers du quai avecune signalétique adéquate, la signature de nouvelles conventionsd'occupation, et un replacement sur Paris pour les bateaux amenés à quitter le quai de la gare.Aujourd'hui, l’association attend toujours que ses revendicationssoient satisfaites. Mais la Mairie de Paris vient tout juste d’apporter son soutien aux commerçants. Et le PAP semble êtredisposé à lâcher du lest.Si la situation semble proche du dénouement,rien n’a encore été officialisé.

Pierrick Hamon

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Les députés ont adopté, le 19mai dernier, quatre amende-ments au projet de loi sur l’eauet les milieux aquatiques, pourempêcher le stationnement despéniches sans autorisation.Selon Patrick Ollier, présidentUMP de la commission desAffaires économiques, à l’originedes amendements, 50% desbateaux installés dans la régionparisienne le sont de manièreillégale.Les mesures envisagées fontdéjà grincer les dents des pro-priétaires des péniches. L’uned’elle autoriserait le maire à

contrôler l’installation d’unbateau logement sur le domainepublic fluvial, pour une durée deplus d’un mois. L’autre viserait àmajorer l’indemnité d’occupa-tion en fonction de la durée dustationnement irrégulier.Deux autres amendements pré-voient un arsenal répressif àl’encontre des propriétairesdans l’illégalité. Une série dedécisions qui devrait, heureuse-ment pour les propriétaires, traî-ner en longueur. La force contrai-gnante de la loi étant soumise àdes décrets d’application trèslents à obtenir.

«Pour le Port autonome, je suis Calamity Jane.» Geneviève,gérante de la péniche concert El Alamein, n’est pas quelqu’un àprendre à la légère. Ce ne sont pas les administrateurs du Portautonome qui diront le contraire. Le petit bout de femme auxcheveux brun corbeau force le respect quand elle retrace les dif-férents épisodes d’une vie brillante, mêlée d'actions et de coupsde force. Une cigarette à la main, bercée par le son d’une contre-basse, la mamma de l’association 13ôquai se souvient. Elle, lajeune licenciée en lettres, puis docteur en esthétique.Une carrière entamée dans l'entourage d’André Malraux.La suite ?Vingt ans dans la publicité,marqués par la naissance de ses deuxenfants,Marine et Olivier.Et enfin, l’achat de son bateau en 1996.Le El Alamein, construit en 1949. Baptisé par son premier pro-priétaire,en référence à la bataille éponyme de la seconde guerremondiale à laquelle il avait participé. Elle choisit très vite detransformer l’embarcation du quai François Mauriac. En unbateau logement, tout d’abord, puis rapidement en bateauconcert pour laisser libre cours à sa passion de toujours. «Plus culturelle que moi tu meurs !», s’amuse-t-elle.Mais c’est le début des ennuis. Le Port refuse d’homologuer lebateau ainsi que son stationnement. Les premiers PV tombent.Geneviève voit rouge et déclenche une grève de la faim.«Je suis restée enfermée six jours dans ma voiture,devant les bureauxdu Port. France 3 Paris s'est vite emparé de l’affaire !» Finalement,Geneviève obtient gain de cause, bien soutenue par le préfet dePolice de l’époque. «J’ai eu la chance de rencontrer cet hommeextraordinaire. Pendant mon jeûne, il organisait des rondes toutesles deux heures, pour s’assurer que j’allais bien. Et il a joué un rôlemajeur dans le dénouement de l’affaire.»Elle se remémore ces souvenirs intenses dans un éclat de rire.«Je me souviens en particulier de cette bande de zonards bien entamés qui voulaient tout casser pour moi. Je leur ai dit :

“faites tout ce que vous voulez,mais ne cassez pas les bureaux !”»Une réputation est née. «Et depuis huit ans, jusqu’à notre différendd’aujourd'hui, ils m'ont laissée tranquille», affirme-t-elle fière-ment. Car lorsque le conflit éclate entre les péniches du quai dela gare et le Port autonome, début 2005, Geneviève retourne saveste et rejoint le mouvement 13ôquai, qu’elle avait délaissé.«Parce qu’ils ne s’intéressaient pas aux problèmes réels.» Elle livreune analyse placide de la situation actuelle. «On a mis du tempsà faire bouger les autres bateaux et cela ne me surprend pas !Depuis toujours, ils craignent le Port autonome ! Cet organisme estrégi par une loi faite par et pour lui. Dans le monde actuel, il y adeux puissances : administrative et médiatique. Et je crois que ladeuxième a toujours le dessus.»Confiante,Geneviève envisage l’avenir avec sérénité et un brin derecul. «Au fond, je veux seulement que le Port me laisse faire tran-quillement mes concerts.C’est une question de principe. Je ne bou-gerais pas du quai, tant qu'on essaiera de me l’imposer.» SacréeGeneviève ! Pierrick Hamon

LES PÉNICHES DANS LE COLIMATEUR DES DÉPUTÉS

«J’AI SAUVÉ MA PÉNICHE»

Suite à unegrève de lafaim de six

jours,Geneviève

a obtenu ledroit de

laisser sapéniche à quai.

Journal école de l’IFJ n°520

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DDUURRAABBLLEEEETT

EEUURROOPPÉÉEENN

Canal Seine-NordEurope en chiffres

Longueur : 105 kmLargeur : 54 mDébut des travaux : 2008Mise en service : 2012Coût : 3,5 milliards d’eurosPrévision : transit de 32 millions de tonnes demarchandises par an soitl’équivalent d’un camiontoutes les vingt secondes

1367 km de voies navigables

280 écluses87 barrages17 ponts-canaux7 tunnels

Alors que le tourisme fluvial sur la Seine connaîtun essor grandissant, quels sont les projets enmatière de transport de passagers ?Le Port autonome de Paris est le premier port tou-ristique intérieur d’Europe.Face à un tourisme flu-vial surdéveloppé, les pouvoirs publics cherchent àse servir de la Seine comme nouveau mode detransport pour les Parisiens. Les Batobus ontd’ailleurs été crées en 1989 pour développer cettepolitique. Mais les passagers sont essentiellementdes touristes.Les autorités envisagent d’intégrer lecoût de ce voyage aux cartes de transport afin d’in-citer les Parisiens à utiliser le transport fluvial auquotidien.

Audrey Lefèvre

La Seine est-elle bien intégrée au réseau fluvialeuropéen ?La Seine est sous-exploitée à l’instar du réseau fluvialnational. Les Pays-Bas et l’Allemagne disposentd’un réseau navigable bien plus développé.L’intégration au réseau européen augmentera noscapa- cités. C’est pourquoi la réalisation du canalSeine-Nord Europe, considéré comme le projet fluvial des dix prochaines années, est indispensa-ble. Il s’inscrit au cœur de la politique européennedes transports, qui souhaite le rééquilibrage entremodes de transport, de la route vers le rail, la meret la voie d’eau.La liaison fluviale entre le bassin dela Seine et l’Escaut est un des principaux maillonsmanquants dans le réseau européen des voies navigables. Il améliorera les communications entrel’Ile-de-France,les ports du Nord de la France et lesréseaux fluviaux belges et hollandais. Fin 2006, leprojet devrait être accepté par le ministre destransports Dominique Perben. Mais un problèmede financement subsiste. Un partenariat publicprivé est à l’étude.

Depuis quand les pouvoirs publics s’intéressent-ilsà la voie d’eau ?Depuis dix ans, les pouvoirs publics prennent cons-cience de l’importance du développement desinfrastructures fluviales. Le trafic de marchandisesprogresse de 5% par an depuis 2000,dans le bassinde la Seine. La voie d’eau est un acteur indéniabledu développement durable. L’infrastructure fluviale représente un moyen de transport alternatifefficace sur tous les plans.Elle permet de transporterde grands volumes de marchandises sur de longuesdistances à un coût réduit. Par ailleurs, le facteurenvironnemental est prédominant. Le transportfluvial réduit la pollution, les nuisances sonores, lasaturation et les accidents. Enfin, combiné avecd’autres modes de transport, il offre la possibilitéde former des chaînes efficaces de circulation desmarchandises.

Depuis le milieu des annéesquatre-vingt-dix, le transportfluvial a le vent en poupe. Lesprojets de développement dutrafic sur la Seine se multi-plient. Pour Jean-RaymondLemoine, adjoint au présidentdu Comité des armateurs fluviaux, organisation profes-sionnelle regroupant les entre-prises de transport de fret etde passager, la Seine doitprendre sa place en Europe.

Le bassin de la Seine en chiffres

La construction ducanal Seine-NordEurope est le projetfluvial des dix prochaines années.

Journal école de l’IFJ n°5 21

20 500 000 tonnes de marchandises

60 ports de plaisance et haltes fluviales

7 millions de passagers

le Port autonome de Paris est le 1er porttouristique intérieurd’Europe

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NAISSANCE DE LA SEINE

RE

Propos recueillis par Thomas Rubillon du Lattay et Constance Badot

Avec le film « Renaissance », Alfred Frazzani s’est inspi

Dans Renaissance, l’architecte Alfred Frazzani s’inspire du Paris

actuel pour en faire une véritable ville musée, fidèle au scénario

de ce film d’anticipation. L’ avenir des bords de la Seine serait-il

maintenant entre les mains des cinéastes ? Interview.

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est né d’une vision caricaturale de cetteconception sclérosée. Nous avons gardéun pied dans le présent tout en allant del’avant.

La transparence reste-t-elleun élément central dansvotre création ?Oui. Nous nous étions fixé comme projettout un travail sur le verre, la transpa-rence.Les voies sur berge,où circulent lesvoitures, sont recouvertes de verre defaçon à créer un niveau supplémentaire,réservé aux piétons. Couvrir les quais,c’était aussi une revanche de parisienpour mettre les voitures en boîte et luttercontre les nuisances. Tout le quartier deNotre-Dame possède également un sol enverre, le tout surplombant une galeriemarchande.Ce projet est réaliste,puisquesimilaire à celui réalisé au Louvre et auquel j’ai coopéré.

Quelles ont été vos sources d'inspiration ?On a ouvert les bouquins de Guimard etdu baron Haussmann,pour les bâtiments.Nous nous sommes inspiré de ces grandsarchitectes avec notre propre regard,puisque l‘intégralité de l’équipe de desi-gners est parisienne. Et on a puisé dansl’ensemble de l’œuvre d’Eiffel qui auraitpu dessiner l’appartement du héros. Pourle reste, nous avons dû respecter lescontraintes du scénario.On choisit l’archi-tecture en fonction des scènes. DansRenaissance, Paris joue un rôle à partentière.Peu de films laissent autant de placeau décor.

mètres. L’objectif était de conférer unecertaine hauteur au reste de la ville, de ladévelopper selon une logique verticale etd’instaurer ainsi une ambiance oppres-sante. Sur les contours de la ville, unemuraille a été ajoutée pour renforcercette impression de niveau,de verticalité.Le périphérique constitue un carcan quibloque l’expansion horizontale.

Pourquoi avez-vous décidéde créer un Paris futuristeaussi proche du Paris d'aujourd’hui ?Renaissance est davantage un film d’anti-cipation que de science fiction. Le décorque nous avons créé est plausible. Il pour-rait effectivement constituer le Paris del’année 2054. Nous avons choisi de partirdu Paris d’aujourd'hui pour imaginer celuide demain, plutôt que de créer une nou-velle ville de toutes pièces. Je trouve quela capitale constitue aujourd'hui unesorte de ville-musée sclérosée. L’idée estde ne surtout pas toucher à ce qui a étéconstruit. En conservant cet état d'esprit,peu de choses auront changé dans cin-quante ans. C‘est le postulat duquel noussommes partis. Le décor de Renaissance

Quelle est votre vision des bords de Seine ?Aujourd’hui les quais sont devenus uneautoroute. Je pense que nous faisons unemauvaise utilisation des bords de Seine.En tant que parisien, c’est un quartier oùje n’aime pas aller. Je deviens de plus enplus réfractaire à la bagnole. Si je devaisdévelopper un projet réaliste pour lesquais, je creuserais des souterrains pour yfaire circuler les voitures. Il faudrait queles piétons se réapproprient les bords deSeine afin d’y remettre de la vie.Pour le film,nous avons décidé de baisserle niveau de la Seine d'une soixantaine de

© Onix films

Alfred Frazzani aparticipé au filmRenaissance réalisépar Christian Volckman. Arcitecte deformation, ce pari-sien amoureux desa ville a pris plai-sir à retravailler lesquais et à rendre laville aux piétons.

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QUAND

LES ÉLÈVESDE L’I.F.J.SE METTENTEN SCENE

2004 2005 2005 2006

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