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Le Guide suprême Petit dictionnaire des dictateurs

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Le Guide suprêmePetit dictionnaire des dictateurs

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Le Guide suprêmePetit dictionnaire des dictateurs

GINKGOéditeur

Patrick BOMAN

Bruno FULIGNI

Dr LICHIC

Stéphane MAHIEU

Pascal VAREJKA

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Table des matières

Préface : Statues d’infamie .................................................... 7

Hafez el-Assad.............................................................................. 13Jean-Bedel Bokassa .................................................................... 18Habib ibn Ali Bourguiba........................................................ 21Léonid Brejnev ............................................................................ 25Fidel Castro – Fulgencio Batista ........................................ 28Nicolae Ceauşescu – Ion Antonescu .............................. 33Idi Amin Dada .............................................................................. 38Porfirio Díaz .................................................................................. 43Ngô Dinh Diêm ............................................................................ 46François et Jean-Claude Duvalier .................................... 49José Gaspar Rodríguez de Francia .................................. 52Francisco Franco .......................................................................... 57Adolf Hitler .................................................................................... 62Miklós Horthy .............................................................................. 67Enver Hoxha – le roi Zog ...................................................... 70Saddam Hussein.......................................................................... 75Les juntes ou la dictature sans visage ............................ 80Mustafa Kemal Atatürk............................................................ 86Mathieu Kérékou ........................................................................ 89Mouammar al-Kadhafi ............................................................ 93Rouhollah Moussavi Khomeyni ........................................ 97Kim Il-sung – Kim Jong-il ........................................................ 102Francisco Solano López .......................................................... 109Alexandre Loukachenko ........................................................ 112Mao Zedong.................................................................................. 115Ferdinand Marcos ...................................................................... 122Mariano Melgarejo .................................................................... 125Haïlé Mariam Mengistu .......................................................... 129

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Statues d’infamie

Il ne faudrait pas détruire toutes les statues des Pèresde la Nation, des Grands Hommes sans précédent, desGénies des Carpates et autres massifs montagneux. Vide,le socle appelle l’effigie d’un successeur : l’amnésie estredoutable. Non, il faudrait en convertir quelques-unesen statues d’infamie, dans les cours abandonnées descombinats, au milieu des terrains vagues, à l’entrée desabattoirs : mal entretenues, portant traces des coupsqui ont suivi le renversement du tyran, elles seraientposées de guingois sur des terre-pleins couverts demâchefer, d’éclats de verre, de ferrailles rouillées, de car-touches, de pneus usagés, de détritus inutilisables. Ellesserviraient ainsi d’épouvantails, de monstres au sensétymologique du terme (monere : avertir). Car c’est seu-lement en ce sens que les dictateurs sont monstrueux ;ils ne sont pas des hydres vomies par les enfers pour châ-tier l’humanité d’on ne sait quelles fautes, non, ils sonthumains, terriblement humains jusqu’en leurs plus san-guinaires crimes : ils ne font que donner corps auxressentiments, fantasmes et envies meurtrières de leurspartisans, de ceux qui les ont portés au pouvoir, parfoislégalement, ou qui ont cédé aux facilités de la Servitudevolontaire.

Le dictateur, tel qu’on l’entend de nos jours, naît auXIXe siècle et trouve son apogée au siècle suivant. Il est liéà l’avènement des régimes représentatifs, à l’irruptionrendue théoriquement possible au plus haut niveau dupouvoir de tout citoyen: les républiques sud-américaines

Joseph Désiré Mobutu – Propagandeet pouvoir : orgies narcisso-philatéliquesautour du fleuve Congo – Laurent-Désiré Kabila .... 132Robert Gabriel Mugabe ........................................................ 143Benito Mussolini – D’Annunzio .......................................... 146Macias Nguema .......................................................................... 153Saparmourad Niazov .............................................................. 157Manuel Noriega .......................................................................... 162Ante Pavelić.................................................................................... 165Philippe Pétain ............................................................................ 168Augusto Pinochet ...................................................................... 173Pol Pot ................................................................................................ 177Antonio de Oliveira Salazar ................................................ 180Antonio López de Santa Anna .......................................... 184Les Somoza .................................................................................... 188Joseph Staline – Lénine – Klement Gottwald .......... 191Alfredo Stroessner .................................................................... 200Khorloguine Tchoibalsan – Roman vonUngern-Sternberg...................................................................... 203Josef Tiso.......................................................................................... 207Tito ...................................................................................................... 210Sékou Touré .................................................................................. 214Rafael Trujillo ................................................................................ 220Fulbert Youlou.............................................................................. 225Quelques-uns qui n’y parvinrent pas............................ 229

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Beaucoup ont rapport à l’écrit : intarissables polygrapheset théoriciens, ils sont les auteurs d’œuvres abondantesque la prise de pouvoir et la disponibilité en « nègres »qu’elle procure augmente considérablement. Une foisau sommet, le théoricien politique voulant inscrire dansles actes ses élucubrations scientistes – matérialisme dia-lectique, théories raciales, retour à la culture locale, etc.– se révèle particulièrement redoutable : il lui faut plieraux présupposés théoriques les faits et surtout leshumains, toujours rétifs et de mauvaise volonté, quin’ont pas leur pareil pour mettre en capitolade la théo-rie la plus structurée. Certains sont aussi tourmentéspar des velléités plus littéraires : Saparmourad Niazovoblige ses sujets à lire et écouter sans fin son ouvrage, leRuhnama, Mao répand ses poèmes en les imprimantsur les timbres-poste et Saddam Hussein écrit desromans historiques à l’eau de rose. Dans leur volontéd’être lus, bon nombre d’entre eux ressemblent à ceuxqu’André Blavier nommait les hétéroclites **, n’était quepar force ils imposent la lecture de leurs pensums :lorsque l’on est chef d’État, être publié par des éditionsofficielles, n’est-ce pas en somme une version supé-rieure du compte d’auteur ? Notons que rares sont ceuxque ne taraudent aucune démangeaison d’ordre intel-lectuel : ils aiment à être couronnés des titres de docteurhonoris causa de diverses universités, être célébrés pourautre chose que leur pouvoir absolu. C’est que le dic-tateur veut avoir des idées sur tous les sujets, dessolutions à tous les problèmes et être présent sur tousles fronts, comme dit le langage de notre temps. Il se veut

en firent l’amère expérience dès l’indépendance.Auparavant il faut remonter à Cromwell ou aux cités ita-liennes de la Renaissance (la Florence de Savonarole,par exemple) pour rencontrer des phénomènes sem-blables. Dans les cités antiques, le dictateur se distinguedu tyran, auquel ressemblent nos dictateurs : à Rome, ledictateur est à l’origine celui à qui, vu la gravité des cir-constances, est attribué pragmatiquement tout pouvoirpour une durée de temps limitée *. Temps de crise jus-tifiant des moyens exceptionnels, mais que ceux qui enbénéficient n’auront de cesse – suivant une techniqueéprouvée – de prolonger lorsque les principes de laRépublique romaine commenceront de décliner. Le dic-tateur n’est pas l’usurpateur des temps de la royauté : unefois au pouvoir, ce dernier se coule dans le manteau et lafonction de celui qu’il a chassé du trône, n’ayant de cessede faire oublier comment il est parvenu au sommet, alorsque le dictateur célèbre fastueusement les anniversairesde son coup d’audace. Il n’est pas rare qu’il en date l’avè-nement d’une ère nouvelle.

La génération spontanée n’existant pas, quellesétaient les occupations des dictateurs avant leur avène-ment ? Bon nombre sont des militaires de carrière (celaaide !) comme Pinochet, Franco, Batista ou la majeurepartie des despotes africains, mais on compte aussi unenotable proportion de religieux (de Mgr Tiso àKhomeiny, en passant par Fulbert Youlou),d’enseignants (Hoxha, Mussolini, Mao, Pol Pot), de révo-lutionnaires professionnels (Kim Il-sung, Staline). Hitleravec ses velléités artistiques de jeunesse est un cas à part.

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* L’article 16 de la Constitution française de 1958 procède de la même vision dupouvoir.

** Combien d’apprentis dictateurs parmi les orateurs du Speakers’ Corner de HydePark ...

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craties dispose de plus de renseignements sur ses habi-tants que le pire des tyrans d’antan. N’oublions pas nonplus qu’il n’est plus besoin de dictature pour parvenir aucontrôle total des populations : une démocratie res-treinte, où le vote se limite à choisir entre des candidatstenant le même langage, assistée des technologies del’information, de la biométrie et de la génétique en dis-penserait aisément, la concentration privée des moyensd’information offrant la possibilité d’une propagandeéclatée (« la fabrication du consentement », selon l’ex-pression de W. Lippmann reprise par Noam Chomsky),plus efficace que le culte – toujours grotesque – d’unseul. Faillible, imprévisible et coupé de la réalité, le dic-tateur est paradoxalement le point faible du régimetotalitaire. L’appétit illimité de pouvoir pousse à la pertede tout pouvoir. Matthijs Van Boxsel, dans sa récenteEncyclopédie de la stupidité ****, a cette phrase : « Lastupidité est le talent d’œuvrer inconsciemment contreson propre intérêt, avec la mort comme conséquenceextrême. » Pour bien des despotes, les décisions prisesune fois parvenu au sommet répondent à cettedéfinition : que l’on songe aux politiques militaires aven-tureuses décidées par les Guides et autres Raïs contrel’avis réaliste de leurs états-majors. Les imperfectionsde l’être dit humain garantissent sa sauvegarde…

Stéphane Mahieu

homme universel, mais n’est qu’un homme universel fre-laté : l’accumulation de leurs discours et écrits ressembleà un monceau de lieux communs et d’ouvrages de vul-garisation compris de travers, avec pour liant le sang deleurs sujets. De ce point de vue, le dictateur corrompu,quasi-analphabète, dont le seul but est de prendretoute la phynance ***, est, dans sa puérilité et sa nudité,la forme la plus bénigne de pouvoir absolu : au moins neveut-il pas créer un homme nouveau ou restaurer lapureté imaginaire d’une nation corrompue par l’étran-ger… Tous ont enfin l’impudence comme trait dominantde caractère : Kadhafi crée un prix des droits del’homme, Papa Doc, initiateur des tontons macoutes,écrit sur la non-violence et Bokassa sermonne les parentsd’élèves dont il a massacré les enfants à cause de « lamauvaise éducation qu’ils ont dispensée »…

La seule leçon qu’enseigne la biographie des dicta-teurs se résume à celle-ci : méfiez-vous des hommesprovidentiels !

La chute du mur de Berlin a inauguré une rude saisonpour les despotes emportés par la faillite du bloc de l’Estou, pour les moins stratégiquement et économique-ment utiles, lâchés par les démocraties occidentales. Ledictateur n’en reste pas moins d’utilité publique pour cesdernières : la dénonciation de ses méfaits n’est jamais for-tuite. Elle autorise l’achat à bas prix d’une bonneconscience et l’absolution a priori de ses propres erre-ments. La dénonciation de quelques monstres permetde faire oublier qu’aujourd’hui la moindre des démo-

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*** « Avec ce système, j’aurai vite fait fortune, alors je tuerai tout le monde et jem’en irai », dit le Père Ubu dans Ubu Roi. **** Payot, 2007.

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HAFEZ EL-ASSAD1930-2000

Syrie

LE NOUVEAU SALADIN

Pseudo-artisan de pseudo-victoires, impitoyabledespote, Assad est le fossoyeur réel des espérancesque l’arrivée au pouvoir du Baas avait fait naîtrechez les Syriens.

FONCTIONS

Président de la République (Raïs),secrétaire général du parti Baas

PREMIER MÉTIER

Militaire (pilote de chasse)

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Domination du Baas, avec quelques partis potiches. Dès1971, le budget de l’armée représente 70 % du budgettotal : armement et nombreux « conseillers » sovié-tiques, et aussi quelques anciens nazis ayant trouvérefuge à Damas… En parallèle, l’économie est étatisée(pas de façon trop absurde) et une politique d’indus-trialisation lourde est lancée – tout tournera au ralenti,sauf les cimenteries.

La dictature se met en place : le gouvernement com-porte beaucoup de sunnites (qui représentent 70 % dupays), mais le pouvoir réel est aux mains de la policesecrète, des forces spéciales, dont les membres sonttous inconnus du public et alaouites. Emprisonnementsde milliers d’opposants, torture, meurtres d’opposantsà l’étranger.

Le Raïs lui-même, sachant se montrer charmeur à l’oc-casion, déteste la foule et n’apparaît que rarement enpublic. Vivant « bunkérisé », il a une réputation debourreau de travail. Mais il est omniprésent en portrait(il ne déteste pas se faire représenter en Saladin) ainsiqu’à la radio et à la télévision – et il n’échappe pas auvirus du discours-fleuve.

Octobre 1973, guerre du Kippour, déclenchée parsurprise le seul jour de l’année où les Israéliens observentun repos complet… Les forces arabes avancent d’abordrapidement, mais la contre-attaque sera fulgurante: lors ducessez-le-feu, les blindés israéliens ne sont qu’à 35 kilo-mètres de Damas, ce qui n’empêchera pas le régime syriende crier victoire. Tichrin (octobre) est le nom d’innom-brables célébrations de cette « victoire » bien frelatée…

En 1976, la Syrie intervient au Liban (pays dontelle n’a jamais accepté l’indépendance) aux côtés des

Né en 1930 dans une famille paysanne alaouite (deschiites en général considérés comme hérétiques par lesautres musulmans), Hafez el-Assad adhère au parti Baas(nationaliste arabe, socialiste, laïque) peu après sa fon-dation, au lendemain de l’indépendance, en 1946. Écolemilitaire, École de l’air. Pilote de chasse, capitaine, ileffectue un stage en URSS en 1958, année de l’unionavec l’Égypte (République arabe unie), qui se défaittrois ans plus tard.

Lors de la « révolution du 8 mars 1963 », lieutenant-colonel, il est membre du Conseil national decommandement de la révolution. En février 1966, uncoup d’État élimine les modérés du Baas et le généralAssad est nommé ministre de la Défense.

L’année suivante, guerre de Six Jours. Le 5 juin 1967,les forces aériennes arabes sont détruites au sol, et,pour ce qui concerne la Syrie, Israël occupe la ville deQuneitra et le Golan, et les blindés de Tsahal foncentvers Damas quand le cessez-le-feu est signé !

Au début de 1968, son ami de jeunesse MustaphaTlass est nommé chef d’état-major. Tlass, futur ministrede la Défense, est un antisémite pathologique, qui aécrit des « ouvrages » où il soutient l’existence descrimes rituels commis par les juifs, ce qui ne l’a pasempêché, « politique arabe de la France » oblige, d’ob-tenir une peau d’âne en Sorbonne.

Des revers camouflés en victoiresLe 13 novembre 1970, un putsch amène au pouvoir

Hafez el-Assad, d’abord Premier ministre, qui sera éluprésident avec 99,2 % des voix l’année suivante (candi-dat unique, il sera toujours réélu à plus de 99 %).

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HAFEZ EL-ASSAD

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HAFEZ EL-ASSAD

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FLORILÈGE…FLORILÈGE…

Avec le départ du Liban de la force internationale en1984, la Syrie reste en position de force – sa policepolitique kidnappant et torturant –, et ses troupes n’éva-cueront le pays qu’en 2005, continuant à tirer pas mal deficelles – on attribue aux services de Damas bien desassassinats de personnalités antisyriennes.

Hafez el-Assad meurt en 2000, mais, contrairement àtoutes les prévisions, son régime lui survit, puisque sonfils Bachar (que l’on présente comme beaucoup plusprimaire et brutal que son père), chaperonné par lesgénéraux de la vieille garde, accède au pouvoir etamorce même un retour d’influence au Liban à la fin de2006, avec la constitution d’un « axe chiite »… (PB)

« Nous voulons, en tant que peuple et nationarabes, être unis et contribuer à la civilisationde l’homme et à la paix. »

chrétiens (plus faciles à manœuvrer) contre les « pales-tino- progressistes », puis retourne sa veste, et de toutefaçon maintient des troupes sur place – son objectiffondamental.

En 1979 Assad, qui se pose désormais en bon musul-man, est le seul leader arabe à soutenir la « révolutionislamique » en Iran (après tout, il est chiite), position qu’ilmaintiendra durant la guerre Iran-Irak. Cette période estcelle de la définitive chute de popularité : alors quel’économie s’effondre et que l’homme de la rue se batpour sa survie, les proches du régime, notamment Rifaat,le frère, un authentique truand, accumulent des for-tunes énormes, par la corruption et aussi par le pillagedu Liban. Les Frères musulmans rallient les mécontentset se lancent dans une campagne d’attentats : en juin1980, le Raïs échappe de justesse à une tentative d’as-sassinat, et la réponse ne se fera pas attendre :arrestations, tortures, destruction de bâtiments, repré-sailles envers les familles, l’opposition semble écrasée.

Le vieux vampire ne dételle pasLe 2 février 1982, insurrection de Hama : les Frères

musulmans exterminent les cadres baasistes ; la ville estencerclée par l’armée, puis bombardée et prise d’assaut.Au moins 20 000 morts.

L’invasion israélienne du Liban en juin 1982 provoquela déroute syrienne, mais Assad reste très populaire chezles chiites libanais : il se réarme avec l’aide soviétique,fomente comme à son habitude des attentats.

Fin 1983, il est victime d’une crise cardiaque : trèslongue convalescence, rumeurs sur sa mort. Rifaat, quitente de prendre le pouvoir, doit s’exiler à Paris.

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HAFEZ EL-ASSAD HAFEZ EL-ASSAD

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Vers le sacreBokassa s’engage en 1939 dans l’armée française, qu’il

quittera avec le grade de capitaine. Chef d’état-major del’armée centrafricaine, il renverse le président DavidDacko le 1er janvier 1966. Il met alors en place un régimeviolent et corrompu, soutenu par l’ancienne puissancecoloniale, qui voit en Bokassa un gage de stabilité. Reçuà l’Élysée, il va jusqu’à appeler de Gaulle « papa », augrand dam de ce dernier ! Il s’autoproclame président àvie en 1972, puis se fait couronner empereur duCentrafrique en 1977.

Le sacre du 4 décembre 1977, c’est le sacre deNapoléon revu par une série B de Hollywood : une sur-production, certes, 5 000 invités, mais pas de chefsd’États. La France, qui paya une bonne part de l’ardoise,était représentée par un ministre et non par son prési-dent, qui avait pourtant profité des largesses endiamants du dictateur. Les photographies du sacre sup-pléent à tout commentaire : du décorum au costume(Bokassa était habillé en maréchal napoléonien), nousbaignons en pleine boursouflure : il suffit de jeter uncoup d’œil au trône ! Louons Bokassa d’avoir ruiné l’idéemême de couronnement !

JEAN-BEDEL BOKASSA1921-1996

Centrafrique

L’itinéraire de Bokassa serait typique du dictateurafricain s’il n’avait eu l’idée saugrenue de se fairecouronner empereur. Si la mouche de lamégalomanie ne l’avait piqué, il auraitprobablement joui longtemps de la protectionde l’ex-colonisateur et aurait pu continuer des’enrichir tranquillement en rançonnant son payset en éliminant les opposants. Quant à ses goûtsculinaires, il lui valurent de défrayer la chroniqueet il y gagna un surnom expressif…

FONCTIONS

Président de la République (1966),puis président à vie (1972) et empereur (1977)

SURNOM

L’Ogre de Bérengo

PREMIER MÉTIER

Militaire

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JEAN-BEDEL BOKASSA

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FLORILÈGE…FLORILÈGE…

HABIB IBN ALI BOURGUIBA1903-2000

Tunisie

LE COMBATTANT SUPRÊME

(AL-MOUDJAHID AL-AKBAR)

Figure légendaire et charismatique qui menaà l’indépendance, presque sans violence,une Tunisie qu’il voulait laïque et prospère.Pourtant, ses très graves dérives autoritaireslui valent sans conteste de figurer au seinde notre galerie de portraits.

FONCTION

Président de la République ; président à vie en 1975

SURNOMS

Affectueux et un peu ironique : Abouna (Notre Père) ;Tarzan, Zorro (à cause de sa fougue)

PREMIERS MÉTIERS

Avocat et journaliste

La chuteUne fois empereur, Bokassa se crut à tort tout permis.

Il connut que la roche Tarpéienne est fort proche duCapitole. Il réprima violemment en 1979 une manifes-tation de lycéens, dont une centaine furent massacrés.Accusé de meurtre et d’anthropophagie, Bokassa, quin’est plus soutenu par la France, fut renversé en sep-tembre 1979 lors d’une visite en Libye. Il s’exila en Côted’Ivoire, puis en France, dans un des châteaux achetésavec le fruit de ses spoliations.

Contre toute attente, il retourna en 1986 enCentrafrique, où il fut jugé. Parmi les chefs d’accusation,le tribunal, qui pensait probablement qu’il n’est ni séantni prudent de regarder ce qu’un dirigeant met dansson assiette, ne retint pas l’anthropophagie. Les témoi-gnages pourtant de manquaient pas, dont certains sontrassemblés par M. Monestier dans son ouvrage sur lescannibales. On y peut lire les confessions d’un cuisinierimpérial et la mésaventure d’un général, arrêté pourcomplot et… engraissé en prison en vue de servir deragoût impérial.

Mort en liberté, Bokassa laissa plus de 50 enfants, caroutre les châteaux, il avait collectionné les femmes(19 mariages d’après sa biographie officielle). Fors le ridi-cule, il ne paya finalement qu’assez peu cher l’amas deses crimes. (SM)

« La construction d’un pays est une tâche difficile,c’est comme on élève un enfant. »

(Discours du 20 janvier 1979.)

JEAN-BEDEL BOKASSA

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même si ses vues modérées, notamment à l’égardd’Israël, le font montrer du doigt dans le monde arabe.

Attaché à l’économie de marché en dépit de ses pro-clamations, il s’engage à contrecœur dans les expériencessocialistes inévitables à l’époque. Le pays ne se déve-loppe un peu que grâce aux capitaux occidentaux, maisil est vite rongé par une forte corruption, sur fond d’au-toritarisme croissant de la part du leader, de plus en plusabusé par son entourage : Bourguiba n’a rien d’un mas-sacreur, mais il emprisonne à tire-larigot, contraint lesopposants à l’exil, exerce une étroite tutelle sur la presse,etc., remettant sans cesse au lendemain la démocratisa-tion annoncée. De plus, à partir de 1970 la question dela succession devient insoluble tant il s’identifie au pays,et la psychose maniaco-dépressive dont le leader souf-fre s’aggrave. La situation s’empire jusqu’à la survenued’« émeutes du pain » en 1984.

Au crédit du Combattant suprême, une volontétenace d’émancipation des femmes, une politiqued’éducation de base réussie (quasi-disparition del’illettrisme), une laïcité sans faille, aucune trace d’anti-sémitisme (ce qui est remarquable dans le mondearabe). Bilan très médiocre, en revanche, dans ledomaine des infrastructures et de la santé.

En 1987, Bourguiba, gâteux, est destitué et placé enrésidence surveillée par le général Zin al-Abidine(Parure-des-Dévots) Ben Ali, également pro-occidentalet dictatorial, mais totalement dépourvu de charisme, lui,toujours au pouvoir. (PB)

Le plus jeune des huit enfants d’une famille modesteoù l’on ne s’entend guère, Habib Bourguiba étudie ledroit à Paris, où il épouse une Française en 1927. Deretour en Tunisie, il milite dans les rangs des nationalistes,avec l’indépendance pour objectif ; en 1934, lors de lafondation du Néo-Destour, il est placé en résidencesurveillée, et il verra alterner les périodes de liberté etd’emprisonnement – il passera au total près de dix ansentre prison et assignation à résidence. Détenu enFrance pendant la guerre, il est libéré par les Allemands,qui tentent de l’amener, comme nombre de nationalistesarabes, à rejoindre les rangs de l’Axe : reçu à Rome avecles honneurs en janvier 1943 (Mussolini a des viséestrès nettes sur la Tunisie, qui compte une forte popula-tion d’origine italienne), il ne se laisse pas piéger etengage clairement le Néo-Destour aux côtés des Alliés,ce dont d’ailleurs, de façon peu surprenante, les démo-craties ne lui sauront aucun gré.

Après la guerre, il s’exile en Égypte, les gouverne-ments français successifs refusant toute négociation, etce n’est qu’avec Mendès France, en 1954, que le dia-logue s’ouvrira, aboutissant à l’autonomie en 1955 et àl’indépendance en 1956 : Bourguiba, d’abord Premierministre, devient président de la République.

Le triomphe du monocouilluFrugal, travailleur, doté d’un fort charisme, ne man-

quant pas d’humour, très émotif, ne laissant rien ignorerde ses multiples ennuis de santé, notamment son ecto-pie testiculaire, dépeint a contrario par ses adversairescomme prétentieux, susceptible, dissimulé, cabotin,Bourguiba est immensément populaire en Tunisie,

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HABIB IBN ALI BOURGUIBA

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HABIB IBN ALI BOURGUIBA

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FLORILÈGE…FLORILÈGE…

LÉONID BREJNEV1906 – 1982

URSS

Homme d’appareil, Brejnev gravit peu à peules échelons du pouvoir. Son règne, le deuxièmeen durée après celui de Staline, symbolisal’immobilisme et la gérontocratie soviétiqueainsi que la lutte contre les dissidents.

FONCTION

Premier sécrétaire du parti communiste (1964), secrétairegénéral du comité central du Parti (1966), président du

Præsidium suprême (1977 ; charge qu’il avait déjà occupéesous Khrouchtchev).

PREMIER MÉTIER

Toutes ses activités ont été en relation avec le Parti.

« Il est des gens qui commettent à l’égarddu sexe des excès particulièrement néfastes.Ce comportement bestial les conduitprématurément au tombeau. »

(Discours du 1er mai 1969.)

« Notre socialisme est un socialisme derépartition, dans la mesure des possibilités. »

(Vers 1970.)

HABIB IBN ALI BOURGUIBA

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FLORILÈGE…FLORILÈGE…

Le budget militaire ruine l’URSS, agriculture et industriesombrent progressivement dans le marasme, pendantque la corruption gagne. Des catastrophes écologiques,telle que celle de la mer d’Aral, trouvent leur originedans la période brejnévienne.

Un grotesque culte de la personnalitéCumulant les fonctions, Brejnev tenta d’instaurer un

culte de la personnalité, qui n’entraîna jamais l’assenti-ment populaire. Il se fit ainsi nommer maréchal en 1976et collectionna prix et décorations : prix Lénine de la paix(1973), Héros de l’Union soviétique (1976), Ordre de lavictoire (1978), prix Lénine de la littérature (1979). Il sevoulait écrivain et ses œuvres, oubliées et heureuse-ment peu traduites en français (on trouve tout de mêmeA la pointe du combat, Lénine : l’œuvre de Léninetriomphe, Pages d’une vie et des Discours) étaient édi-tées à plusieurs dizaines de millions d’exemplaires. Sesportraits officiels le montrent la poitrine constellée dedécorations. (SM)

« Le propre de l’humanité, c’est d’aspirer à lacontinuité dans toutes les initiatives et affaires. »

(Discours prononcé à Helsinki. 31 juillet 1975.)

« Un trait inaliénable de la politique étrangèrede l’Union soviétique, politique léniniste de paixet d’amitié entre les peuples, c’est son humanisme.»

(Idem.)

Un homme du PartiNé en Ukraine dans une famille ouvrière, Brejnev

entre dans l’organisation de la jeunesse communiste(Komsomol) en 1923. Toute son existence se dérouleradès lors dans le giron du Parti. Commissaire politiquependant la Seconde Guerre mondiale, il rencontreKhrouchtchev, qui favorise sa carrière. Il devient ainsipremier secrétaire du Parti communiste de Moldavie en1950, puis du Kazakhstan en 1955, et occupe à Moscoudes postes clefs, mais peu en évidence. Il devient prési-dent du Præsidium du Soviet suprême (1960 – 1964) :il est alors un fidèle de Khrouchtchev, avant de com-ploter bientôt contre ce dernier. Lors de l’éviction deKhrouchtchev, en octobre 1964, il lui succède en deve-nant premier secrétaire du Parti (secrétaire général ducomité central du PCUS en 1966) et supplante ses com-plices devenus des rivaux : Kossyguine, Mikoyan,Podgorny.

Un régime scléroséC’en est alors rapidement fait des timides tentatives

de réformes : une réhabilitation voilée de Staline a lieuet le KGB regagne son influence. Arts et littérature sontmuselés au nom du conservatisme politique et de l’or-dre moral. Intellectuels et dissidents sont poursuivis.L’internement psychiatrique devient une arme politique.L’antisionisme se conjugue avec l’antisémitisme russetraditionnel et entraîne de nombreuses demandesd’émigration de la part des juifs soviétiques, demandessouvent rejetées (refuzniks).

À l’extérieur, Brejnev fait intervenir les troupesà Prague (1968) et en Afghanistan (à partir de 1979).

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Le renversement du dictateurNé dans une famille aisée, Fidel Alejandro Castro

Ruz étudie le droit et devient avocat. Un peu plus d’unan après le coup d’État qui a porté au pouvoir FulgencioBatista (10 mars 1952), il organise le 26 juillet 1953 l’at-taque de la caserne Moncada, qui est un échec. Arrêté,il est condamné à quinze ans de prison, puis gracié parBatista lors de l’amnistie qui suit l’élection truquée de1955. Son procès l’a fait connaître et il écrit L’Histoirem’acquittera. En exil au Mexique avec son frère Raúl, ilrencontre un révolutionnaire argentin : Ernesto Guevara.En 1956, une petite troupe menée par Castro, Guevaraet Cienfuegos débarque sur les côtes cubaines. C’est undésastre et les guérilleros se réfugient dans la peu hos-pitalière sierra Maestra, où la guérilla prend peu à peude l’ampleur.

Lâché par les États-Unis, qui l’estiment trop compro-mettant, et par de nombreux soldats qui désertent, lerégime de Batista s’effondre à la fin de 1958. La popula-rité de Castro, Guevara et Cienfuegos est alors immense.

Le nouveau dictateur Castro, commandant en chef, puis Premier ministre

dès février, ne se revendique pas alors comme commu-niste. Il dispose du soutien des États-Unis et prometdes élections. Se rapprocher des communistes vad’abord et surtout être pour lui un moyen de consoliderson pouvoir, avant même d’y trouver une parade à l’hos-tilité américaine, grandissante dès le début de la réformeagraire et des nationalisations de secteurs que les entre-prises américaines avaient mis au pillage avec l’accordde Batista.

FIDEL CASTRO1926

Cuba

LIDER MAXIMO,

COMANDANTE

Renverser un dictateur abhorré, tenir tête à lapremière puissance mondiale, il n’en faut guère

plus pour obtenir un chèqueen blanc de l’opinion. FidelCastro, au pouvoir prèsde cinquante ans, a su gérerde très longues années cecapital initial de sympathie.La maladie le contraint àlaisser le pouvoir à son frère,Raúl, en février 2008.

FONCTION

Premier ministre ( jusqu’en 1976), puis président du Conseild’État ; premier secrétaire du Parti communiste cubain.

PREMIER MÉTIER

Avocat

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de la révolution cubaine. L’échec le même mois dudébarquement, baie des Cochons, d’exilés cubainssoutenus militairement par les États-Unis renforce lapopularité de Castro. L’aspect marxiste de la révolutioncubaine est désormais proclamé ouvertement. En octo-bre 1965 est fondé le nouveau Parti communiste cubain,parti unique, qui absorbe l’ensemble restant des orga-nisations révolutionnaires.

Malgré ce raidissement institutionnel, Castro conservesa rhétorique révolutionnaire, achevant ses discoursfleuves par de retentissants « La Patrie ou la Mort ! Nousvaincrons ! » et soignant son image en gardant son habitde guérillero. L’aspect romantique de la révolution seradévolu, à partir de 1967, à un culte de substitution enla personne de Che Guevara, culte d’autant moinsgênant pour le Lider maximo qu’il s’adresse à un mort.Castro continue d’apparaître comme le libérateur tant àl’intérieur, où de réels efforts contre l’analphabétismesont menés, qu’à l’étranger, où, en pleine guerre duVietnam, il représente celui qui résiste à l’Amérique. Ilsait aussi séduire les intellectuels du monde occidental,comme le montrent les réactions des délégations fran-çaises reçues pendant l’été 1967, puis en janvier 1968(Congrès international des intellectuels) et qui compre-naient Marguerite Duras, Jean Schuster, Alain Jouffroy,Michel Leiris, Maurice Nadeau… Il perdra une bonnepart de ces soutiens en approuvant en 1968 l’interven-tion soviétique qui met fin au Printemps de Prague. Seslaudateurs de la veille doivent se rendre à l’évidence : lerégime castriste est un régime de l’Est comme les autres,avec son parti unique, sa censure, l’omniprésence dela police et ses prisonniers. Dans les années 1970,

BATISTA OU LA CORRUPTION

Fulgencio Batista, militaire né en 1901 dans une famillede paysans, est président élu de Cuba de 1940 à 1944.Il reprend le pouvoir par un putsch en 1952. Sonrégime se caractérise par la corruption forcenée etla brutalité. Les trafics de tout genre prospèrent à laHavane devenue le « bordel de l’Amérique ». Lescasinos fleurissent sous la protection de mafieux amé-ricains tels que Meyer Lansky. À partir de décembre1956, Batista doit faire face à la guérilla de la sierraMaestra, menée par Castro, Guevara et Cienfuegos.Devant l’avancée des troupes de la guérilla, il s’enfuità l’étranger avec son trésor de guerre le 31 décembre1958. Il meurt en 1973 en Espagne. Son histoire ressortautant du grand banditisme que de la politique. (S. M.)

Grâce à un chantage démagogique à la démission quiprovoque d’importantes manifestations, il écarte en juil-let 1959 le président Urrutia, qu’il avait nommé. Il écarteensuite ses rivaux potentiels : arrestation en octobre1959 et condamnation à vingt années de prison ducommandant Huber Matos, accusé de sédition, dispari-tion opportune en avion, le même mois, de Cienfuegos.Il protège par contre la carrière de son frère, Raúl, en quiil a toute confiance.

La détérioration des rapports avec le gouvernementaméricain accélère le rapprochement avec l’URSS : visiteen février 1960 de Mikoyan, vice-Premier ministre sovié-tique, à La Havane, et accords commerciaux.

En avril 1961, Castro proclame le caractère socialiste

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