le facteur humain dans l'environnement durable
DESCRIPTION
A travers l’étude de l’évolution de la perception de la question environnementale dans la société française, ce document expose comment s’est initiée la prise de conscience d’une nécessité de changement comportementale. Le changement viendra de l’individu et de sa conscience collective.Cette nécessité avérée, il restait à comprendre ce qui motive le comportement des individus, et le moyen de pouvoir influer sur celui-ci. Et ce, en particulier, dans ce royaume de jeux et de pouvoirs, qu’est l’entreprise. Ce document propose de remettre l’humain au cœur du système. De redonner la place et la fonction, de la composante clé de réussite, qu’est « le facteur humain ».TRANSCRIPT
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Le facteur humain dans lenvironnement durable CESI Grenoble MS QSE 2011/ 2012
VINCENT Damien, Soutenue lEI CESI Grenoble, le 22/03/2012
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La fte industrielle est finie
Hans JONAS
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Remerciements
Jexprime mes remerciements ma tutrice de mission, Mme Caroline GOMMY, pour
sa gentillesse, son soutien et sa disponibilit.
Je tiens galement remercier mon tuteur CESI, M. Michael GUICHARD pour ses
conseils aviss.
Je tiens remercier ma famille, et mes amis, et mes collgues pour leurs soutiens.
Et en particulier, Sebastien, Mam, Audrey, Blandine et Thibault.
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SOMMAIRE
Remerciements _____________________________________________________________ 3
SOMMAIRE ________________________________________________________________ 4
Introduction _______________________________________________________________ 5
Lvolution de la perception de lenvironnement au cours du temps __________________ 7
Les quatre tapes cls ______________________________________________________________________ 8 1. Linsouciance : ____________________________________________________________________ 8 2. La prise de conscience (1ere partie) __________________________________________________ 11 3. La prise de conscience (2eme partie) _________________________________________________ 13 4. La prise de responsabilits. _________________________________________________________ 15 Le changement ________________________________________________________________________ 18
Et les Franais dans tout a ? __________________________________________________________ 21
Le facteur humain __________________________________________________________ 27
Lacteur et le milieu _______________________________________________________________________ 28
Lacteur et lorganisation __________________________________________________________________ 40
Les outils existants _________________________________________________________ 51
RSE ____________________________________________________________________________________ 51
Le systme de management environnemental _________________________________________________ 56
L'co-conception _________________________________________________________________________ 60 Ecologie industrielle ____________________________________________________________________ 63
Loutil ____________________________________________________________________ 65
Les 5 VALEURS pour un environnement durable _____________________________________________ 96
Dfinitions ________________________________________________________________ 97
Bibliographie ______________________________________________________________ 99
Conclusion _______________________________________________________________ 100
Rsum _________________________________________________________________ 103
Abstract _________________________________________________________________ 103
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Introduction
Comment initier une action collective de prservation de lenvironnement ? Avec ce document je vais tenter de rpondre cette question avec une approche classique
mais une vision originale. Jentends par classique la ncessit dexposer lvolution de la
perception de lenvironnement dans la socit, comme on pourrait le faire en histoire, pour
dmontrer la naissance dune conscience collective de prservation et de changement.
Exposer comment, cette valeur qui ntait la base quune ressource est devenue un enjeu,
une stratgie, entrainant dans sa course une panoplie de mtiers (et de formations) de
marchs, de modes.
Ma vision a ceci doriginale, dans le sens o je propose de remettre lhumain au cur du
systme. De redonner la place et la fonction, de la composante cl de russite quest le
facteur humain .Par la suite donc, jexposerai de manire synthtique les modles et thories
de la sociologie des organisations. Cette synthse a pour objectif dexpliquer les
comportements, les relations et les interactions des acteurs dune organisation, dans le but
dinciter une action collective de prservation.
Ces dernires annes, les systmes - dans la globalit du terme, dans lintgralit du sens -
sont devenus au quotidien incontournables, omniprsents voire omnipotents. La socit
actuelle et donc lentreprise qui en est une facette, utilise toutes sortes de ramifications
systmiques pour grer ses activits. Des rseaux informatiques aux systmes de management
certifiables, des systmes de consommation aux rseaux dinformations ; tout est imbriqu,
superposable - tantt mlangs, incomprhensible, tantt implacable, perfectible
Pour moi, encore contestable il y a quelques annes, dsormais cette ide simpose delle-
mme : le changement viendra de lindividu et de sa conscience collective. Cette ide,
alimente par la mondialisation des changes (et prcisment celui des informations), est que,
chacun individuellement peut comprendre son impact et surtout son influence sur le systme,
donc le monde.
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Aprs la toute puissance de la science et les promesses du progrs, aprs le management des
personnes comme ressources (au mme niveau que celles financires ou matrielles), je pense
que ltape suivante consistera, en utilisant les fondations passes, de nouveaux humaniser
les systmes. Cependant il faut garder lesprit que la finalit premire de l'entreprise est de
produire, et bien sr de produire entre autres de la richesse. Cette humanisation a donc un but
lucratif, pour les hommes et pour lenvironnement.
Dfinition du contexte :
En ce qui concerne mon tude, elle se porte exclusivement sur les entreprises franaises. Sont
hors du contexte les pays du tiers-monde, mergeants, asiatiques ou anglo-saxons. Cette
dfinition du domaine dtude est ncessaire car chaque pays (et donc ses habitants), chaque
entreprise (et donc ses employs) ont des conceptions propres de leurs environnements
suivant leurs propres critres (prioriss, hirarchiss).
Mon souhait est de mettre en lien des faits, des modles, des outils pour quapparaisse la
ncessit du changement. Le mot environnement et ses associs sont, et je men excuse par
avance, omniprsents dans ce document.
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Lvolution de la perception de lenvironnement au cours du temps
Dans cette premire partie nous tudierons lvolution de la perception de la question
environnementale dans la socit franaise, afin de comprendre comment sest initie la prise
de conscience de la ncessit dun changement de comportement. De nos jours, et malgr
quelques opinions divergentes ou rfractaires, la ncessit de changement semble tre une
vidence pour chacun. Cette prise de conscience socitale peut se traduire dans lentreprise.
En effet lentreprise est un reflet, une image de la socit car ce sont les mmes personnes qui
composent ces deux entits. Socit et entreprise se suivent et se rpondent, parfois
convergent et se contrarient. Observer, comme nous allons le faire dans cette partie,
lvolution de la socit dans ses proccupations et ses attentes, permet dvaluer celle des
valeurs et de la culture de lentreprise.
Lhistoire de lenvironnement industriel et son volution est lie lorigine la rvolution du
mme nom. Longtemps l'environnement tait pour lindustrie plus une ressource, un moyen
de produire qu'un bien protger. Ce nest que rcemment que l'entreprise a intgr la
dimension environnementale dans son fonctionnement et parfois dans sa stratgie.
Lintgration de la proccupation environnementale dans la socit et donc dans le
fonctionnement de lentreprise sest faite en quatre tapes. Le parallle la croissance dun
tre humain est volontaire, car le facteur humain est llment cl de ce document. Et si ltre
humain construit et affine sa vision du monde au cours de sa vie, il semble en tre de mme
pour la conscience collective. En effet la globalisation des changes et de la communication
modifie la dimension de cette conscience. Chaque socit est connue ; chaque endroit au
monde parat accessible. La conscience collective est ne locale ( limage dun village, dun
canton, dune valle), et au del de lidentit nationale se dcouvrira globale, mondiale.
Dans chaque priode le contexte social est dfini et illustr par des comportements, des faits
dactualits, un type dexpression d'opinion publique ; ainsi que le contexte rglementaire et
historique, jalonn par les grandes tapes industrielles.
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Les quatre tapes cls
1. Linsouciance :
Adam Smith (1723-1790) crit en 1767, dans La richesse des nations :
Les trois facteurs de production sont : le travail, le capital et la terre. C'est de leur
utilisation combine que les richesses peuvent tre produites.
La premire priode considre dbute en 1780, et correspond la naissance de la rvolution
industrielle, elle va durer prs de deux sicles. Dabord en Angleterre, puis en France vers
1820. Cette priode a permis le dveloppement de la machine vapeur, des premiers chemins
de fer, des premiers fours industriels. Elle concide avec l'apoge des ides dmocratiques de
la philosophie des Lumires, qui place la science et le progrs social au centre de lvolution
de la socit.
La protection de lenvironnement (dans son aspect de prservation des ressources naturelles)
est totalement absente l'poque. Lide cependant d'une limite naturelle la croissance due
un stock limit de ressources merge chez certains. Ide dveloppe entre autres par
Thomas Malthus (1766-1834) puis par Karl Marx (1818-1883) sous des formes diffrentes
mais associables. Ces auteurs remarquent que la croissance dmographique est lie aux
limites des ressources, et de la relation asservissante pour lhumain, production/ distribution/
consommation.
Quelques autres personnalits sillustrent en tant que pionnier comme Joseph Fourier (1768-
1830) qui est probablement l'un des premiers avoir propos, en 1824, une premire bauche
de l'effet de serre. Ou comme en 1896, Svante August Arrhnius (1859-1927) qui met en
corrlation la teneur atmosphrique en dioxyde de carbone et les priodes glaciaires. Il prdit
que lutilisation intense des combustibles fossiles pourrait engendrer un rchauffement
atmosphrique.
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Au dbut du XIXme sicle, deux courants sopposent, le premier celui de John Muir et les
membres fondateurs du Sierra Club exprimant leur idal : la prservation de la nature,
pargne par une quelconque activit humaine. Et le second, m par un environnementaliste
Gifford Pinchot (qui cra le mot conservation), prenait position contre la prservation totale
de la nature telle que l'entendait Muir, introduisait plutt la notion de gestion scientifique pour
le plus grand bien de l'humanit. Ces courants dopinions antinomiques perdurent aujourdhui
sous bien des noms mais leurs vellits restent les mmes.
Durant toute cette priode, qui s'tend jusque vers la fin des annes 1960, l'opinion publique
ne se soucie gure de l'environnement. Dans la France d'aprs guerre par exemple il y a
dautres priorits : l'autosuffisance alimentaire (en s'engageant dans l'agriculture intensive, la
mcanisation et le recours aux produits phytosanitaires), la croissance budgtaire, puis le
logement, la fin de lespace colonial franais ; sur un fond de proccupations socitales
dgalits, de changements. Et puis cest surtout la priode de plein emploi, dmergence
dune classe moyenne qui se dcouvre un pourvoir dachat, et enfin lapparition des
automatismes et des ordinateurs.
Lindustrie Franaise connut durant les trente glorieuses (1945-1973) une priode de
croissance forte de la production industrielle (un accroissement annuel moyen de la
production d'environ 5 %) associe une expansion dmographique importante (le fameux
baby boom). Cette puissance industrielle et ces innovations technologiques furent des enjeux
minemment stratgiques : elles permirent la France de rayonner sur l'ensemble du globe.
Paralllement, les rglementations et lgislations cette poque sont peu nombreuses et peu
contraignantes. Ce qui mamne faire un rapide historique en matire de rglementation
environnementale. Une des premires lois fut lordonnance de 1516 (Franois Ier) sur les
eaux et forts renouvele en 1669. Puis en 1794, lexplosion de la fabrique de poudre
(entranant la mort de prs de 1000 personnes) de Grenelle, prs de Paris ; initie la prise de
conscience sur les risques et les nuisances pouvant tre gnrs par lactivit industrielle.
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Un dcret imprial de 1810 sur les tablissements dangereux, insalubres et incommodes,
oblige les entreprises dclarer leurs activits. Ce dcret est lorigine de la rglementation
franaise sur les installations classes. En 1917 le dispositif samliore en intgrant la notion
de pollution.
Hormis les lois relatives la lutte contre les pollutions atmosphriques (1961) et contre la
pollution des eaux (1964) deux lois sont particulirement significatives. Celle sur la
Protection de la Nature (10 juillet 1976) et celle relative aux installations classes pour la
protection de l'environnement (19 juillet 1976). Cette loi appele ICPE soumet toute
nouvelle implantation dune industrie une autorisation pralable. Cette autorisation, est
accorde sous couvert de lacceptation dun dossier contenant entre autres une tude d'impact
sur l'environnement et les ventuels risques prsents par l'exploitation. Cette loi ICPE
devient la base juridique de lenvironnement industriel en France. Une seule autorisation est
dlivre et rglemente lensemble des aspects comme le risque accidentel, la fabrication/ le
stockage de marchandises ou de substances dangereuses, les dchets, les rejets dans leau,
lair, les sols... Une seule autorit est galement comptente pour lapplication de cette
lgislation, linspection des installations classes.
1Relevant du Ministre de lEcologie, du Dveloppement durable, des Transports et du
Logement (MEDDTL) la lutte contre les pollutions industrielles et le respect de la lgislation
des installations classes sont assurs par la Direction Gnrale de la Prvention des Risques
(DGPR) et plus prcisment par le Service des Risques Technologiques (SRT). Au sein du
MEDDTL, et sous lautorit du prfet, linspection est assure principalement par les DREAL
(Directions rgionales de lenvironnement, de lamnagement et du Logement).
Historiquement ses services rgionaux et interdpartementaux remplacent depuis 2009 les
Directions Rgionales de lIndustrie, de la Recherche et de lEnvironnement (DRIRE) cres
en 1983.
1 Source : http://installationsclassees.ecologie.gouv.fr/www.installationsclassees.ecologie.gouv.fr
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Les missions et les actions des DREAL en charge dlaborer et de mettre en uvre les
politiques de ltat en matire denvironnement et Dveloppement Durable (DD) :
2. La prise de conscience (1ere partie)
La seconde poque se divise en deux parties. La premire qui s'chelonne entre les
annes 1967 et 1974, reprsente la venue de l'environnement sur la scne politique, sociale et
industrielle. Cette mergence sexplique de plusieurs faons, et notamment par laccessibilit
accrue de linformation par le biais de la tlvision.
Le 18 mars 1967, le Torrey-Canyon2 schoue au large des ctes Britanniques, 119 000 t de
ptrole brut sont dverss. On compta 35 000 tonnes d'animaux tus (ce chiffre dsastreux est
amplement imput au dispersant utilis par larme britannique).
2 Photo NB, 1976, source : www.courierinternational.com
o Gestion des ressources, du patrimoine naturel, o Gestion des sites et des paysages, de la biodiversit, o Amnagement des territoires, urbanisme, logement, o Gestion des dplacements, des infrastructures et transport, o Prvention des pollutions (eau, air, bruit), o Contrle et scurit des activits industrielles, o Prvention des risques naturels et technologiques, o Gestion des dchets, matrise de l'nergie, o Protection du littoral et des milieux marins,
o Soutien au dveloppement des cotechnologies.
Figure 2: Le naufrage du Torrey-Canyon Figure 1: Le naufrage du Torrey-Canyon
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Cette malheureuse fortune de mer eut un impact important dans l'opinion publique. En effet il
s'agit de la premire pollution industrielle de ce type et de cette gravit, et surtout, elle est
visible par un grand nombre de personnes via le nouveau mdia qu'est la tlvision. Des
images danimaux enduits de ptrole, de bancs de poissons dcims, atteignent l'motionnel
collectif. Cet accident fait prendre conscience aux pays europens du risque industriel
inhrent au systme conomique et productiviste en place ; et bien videmment de la
probabilit de mares noires souillant les ctes, qui avait t jusque-l nglige. Les premiers
lments de prvention et de lutte contre ces catastrophes suivirent logiquement.
Egalement cette poque, apparaissent les premires grandes associations de protection de la
nature. Pour exemple le World Wildlife Fund (fond mondial pour la plante) fut cr en 1961
avec pour objectif principal : la prservation de la diversit biologique. Ou encore
Vancouver, en 1971 fut ne, lorganisation non gouvernementale de protection de
l'environnement la plus mdiatique, Greenpeace.
Remarque : De nombreux accidents ornrent le XXme sicle, jai choisi seulement les
photos du ptrolier Torrey-Canyon et de lusine AZF, car les deux vnements, largement
mdiatiss (le premier par son caractre indit et le dernier par des moyens actuels) trouvrent
un trs fort cho dans l'opinion publique. Le terme mdiatis nest pour moi pas valable
pour le naufrage du ptrolier, ce terme napparait que plus tard dans la culture tlvisuelle. En
effet la mdiatisation qui par dfinition inscrit un intermdiaire dans linformation, est
synonyme dinterprtation. cette poque il semble que le devoir de tmoignage, et le
reportage impartial tait de mise.
On parle, au cours des annes 1960-1970, dune nouvelle conception de l'espace public, et de
linfluence du nouveau mdia sur l'opinion publique. La tlvision revait une importance
croissante, dpassant grce son principe de fonctionnement visuel linfluence des mdias
plus classiques (journaux, radios). Ajoutons que, l'mergence puis la gnralisation
progressive de nouveaux outils tels que les sondages et les enqutes d'opinion pour mesurer
les effets d'un discours, d'une image, d'une dcision permet de redfinir le rapport entre
politique et public .3
3 Tir du mmoire de D. Cardon : Evolution et incidence de la communication politique en France des annes
1960 nos jours.
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Il fallut attendre 1972 pour que paraisse le rapport du Club de Rome, plus connu sous le nom
du rapport Meadows. Ce travail dveloppe l'incompatibilit entre une croissance conomique
et dmographique illimite et des ressources naturelles qui elles le sont. Cest dans ce
contexte que la mme anne, se droule sous l'gide des Nations-Unies la premire
confrence internationale sur l'environnement Stockholm4. Elle marque pour la premire
fois la prise de conscience des problmes d'environnement, et souligne surtout que ceux-ci
sont plantaires. Suivra la cration du PNUE5 (Programme des Nations Unies pour
l'Environnement) en 1973.
Figure 5: Confrence de Stockholm
3. La prise de conscience (2eme partie)
La priode suivante, que l'on peut situer entre 1974 et 1985, voit se succder deux
chocs ptroliers, le prix du baril de ptrole explose et modifie la scne conomique et le
modle nergtique mondial. Cette crise a eu des effets dcisifs sur la prise en compte de
lenvironnement dans le monde industriel. Elle limita la croissance, mit le chmage au centre
des proccupations, et entrana l'entreprise dans une dynamique de profit tout prix, la
lgitimant comme moteur conomique essentiel de la socit.
La prise de conscience se poursuivit au travers de nombreuses catastrophes technologiques
et cologiques. Toutes ces catastrophes eurent des incidences notables sur le dveloppement
du mouvement cologique et sur la rglementation des activits industrielles.
4 Photo NB, 1972, source : www.hardrainproject.com 5 Logo PNUE, source : www.unep.org
Figure 4: Le logo du PNUE Figure 3: Le logo du PNUE
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Le code de lenvironnement la partie lgislative (entre 2000 et 2003) et la partie rglementaire
(2005-2007) constitue la base du droit de lenvironnement en France, il regroupe aujourdhui
les dispositions de 39 lois prcdemment disperses et celles des textes vots depuis 2000.
6La directive 82/501/CEE dite SEVESO (juin 1982) demande aux Etats et aux entreprises
didentifier les risques associs certaines activits industrielles dangereuses et de prendre les
mesures ncessaires pour y faire face. Cette directive a t modifie diverses reprises
(96/82/CE dite directive SEVESO II ) et son champ a t progressivement tendu la mise
en uvre dun systme de gestion et dune organisation (ou
systme de gestion de la scurit) proportionns aux risques
inhrents aux installations, en prvention des accidents
majeurs. Cest dans cette continuit que sinscrit la loi du 30
juillet 2003, suite la dramatique explosion de lusine AZF7
Toulouse en 2001.
On peut citer galement La directive 2008/1/CE relative la prvention et la rduction
intgres de la pollution (directive dite IPPC pour Integrated Pollution Prevention and
Control) qui impose une approche globale aux installations industrielles les plus polluantes.
Lapproche intgre de la rduction de la pollution consiste prvenir les missions dans
lair, leau, le sol, la gestion des dchets, et lorsque cela savre impossible, de les rduire
un minimum afin datteindre un haut niveau de protection de lenvironnement dans son
ensemble par la mise en uvre des meilleures technologies disponibles.
On dnombre environ 1200 tablissements classs SEVESO et environ 7 000
installations IPPC en France.
6 Source : www.installationsclassees.ecologie.gouv.fr 7 Photo couleur, 2001, source : www.ladepeche.fr
Quelques catastrophes marquantes :
10 juillet 1976 : accident chimique Seveso
1976 et 1978: naufrage de l'Olympic Bravey, du Boehlen et de l'Amoco Cadiz (220 000t de ptrole brut) au large des ctes bretonnes.
28 mars 1979 : accident nuclaire Three Mile Island en Pennsylvanie
3 dcembre 1984 : catastrophe chimique Bhopal en Inde
Figure 6: Les dcombres de l'usine AZF
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4. La prise de responsabilits.
La troisime priode dbute en 1986. Elle se traduit par un remodelage de "l'ide cologique"
d diffrents catalyseurs comme la publicit environnementale, ou de nouvelles catastrophes
cologiques, ou encore lapparition de problmes lchelle mondiale.
Cette publicit verte (la couleur verte symbolisant l'cologie) na cess de croitre ds lors
pour atteindre ces dernires annes des paroxysmes dhypocrisie. Le fait de donner une image
verte dentreprises ou de produits (qui ne le sont pas) valorise le consommateur, exprime
la demande sociale et politique de prservation d'une nature perue comme de plus en plus
fragile, mais discrdite totalement le discours du dveloppement durable.
Pourtant cette utilisation frauduleuse nest pas foncirement ngative. Le fait notamment que
la grande distribution sapproprie le concept de dveloppement durable permet une large
diffusion de celui-ci, et dfaut dtre compris ou intgr le terme (et la notion) est entr dans
linconscient collectif.
Lautre catalyseur de la prise de conscience fut loccurrence de catastrophes cologiques et
sanitaires de dimension internationale. Le fait dun impact sensible sur lenvironnement
proche, par une ngligence lointaine, dveloppe un sentiment dinquitude gnralis. La
prise de conscience collective augmente encore dun cran et commence sassocier la
responsabilit.
Quelques catastrophes marquantes (suite)
accident nuclaire de Tchernobyl (Ukraine, Avril 1986)
pollution du Rhin par 30 t de pesticides mercuriels suite lincendie dun entrept Ble (Suisse, Octobre 1986)
pollution du Danube par des cyanures, (Roumanie, Janvier 2000)
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La dforestation, les pluies acides, ces problmatiques bien connues du grand public
instaurent lide que la prservation de lenvironnement est une donne essentielle dans la
continuit de nos socits. Les pressions sur lquilibre naturel sont croissantes et dans le cas
de pollutions chroniques, elles engendrent des effets quasi irrversibles sans modifications
durables de notre mode de vie. Lapparition de problmes plantaires comme les gaz C.F.C.
(ChloroFluoroCarbures) impactant durablement la couche d'ozone, ou le CO2 (Dioxyde de
carbone) augmentant leffet de serre, instaure une prise en compte dcisive au niveau
gouvernemental (donc rglementaire) du danger de la situation.
Cest dans ce contexte quest publi un rapport cl, le rapport Brundtland (1987). Ce rapport
dfinit le concept fondateur du dveloppement durable (DD) un dveloppement qui rpond
aux besoins prsents sans compromettre la capacit des gnrations futures de rpondre aux
leurs . Deux notions principales enveloppent ce concept. La notion du besoin , en eau et
alimentation, sant et ducation, emploi et nergie, en priorisant les plus dmunis. Et la notion
de limitations , que ltat de nos techniques et de notre organisation sociale, impose sur la
capacit de lenvironnement rpondre aux besoins actuels et venir. En dautres termes
nous devons continuer nous dvelopper, mais de manire assurer la prennit de
lutilisation des ressources pour les gnrations futures. Au del du devoir, cest une
ncessit. Cette runion des trois proccupations essentielles est lchelle plantaire, mais
peut tout aussi bien se projeter celle dune entreprise, on parlera alors de responsabilit
socitale des entreprises (RSE). Une partie de ce document laborde plus tard.
8Figure 7: le triptyque du dveloppement durable
8 Source : www.acce-conseil.com
Efficacit conomique
Equit et cohsion sociale
Prservation de lenvironnement
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La mme anne en Septembre a eu lieu llaboration du Protocole de Montral relatif aux
substances appauvrissant la couche dozone. On note la fin de production des gaz CFC et
halons, pour les principaux pays producteurs. Un an plus tard le PNUE et lOrganisation
Mtorologique Mondiale (OMM) conviennent de la cration de lInternational Panel on
Climate Change (IPCC). Sen suit la cration de l'agence europenne de l'environnement, puis
le sommet international de La Haye sur l'environnement (1989).
En Juin 1992 a lieu Rio de Janeiro (Brsil) le sommet de la Terre. Runissant prs de 110
chefs dEtat et de gouvernements, cette confrence est le fondement des actions de
dveloppement durable. Elle fut illustre par la Dclaration de Rio (et ses 27 principes), qui
place au centre des proccupations les tres humains, insistant sur une action commune et
solidaire de tous les pays et toutes les gnrations, les groupes ethniques et sociaux ; pour la
prise en compte des aspects environnementaux. Sont dicts dans cette dclaration les
principes fondateurs comme :
Le second acte fondateur, du nom dAgenda 21, est un programme daction pour le XXIme
sicle. Il est dapplication concrte dans la mise en uvre dun mode de dveloppement
reposant sur la protection de la biosphre et de la biodiversit, sur la prservation des
ressources et la rduction des ingalits.
Dans ce principe il y a ladoption, lors du sommet, de la Convention Cadre des Nations Unies
sur les Changements Climatiques (CCNUCC), qui a pour principal objectif de stabiliser les
o Le principe de prcaution qui prvoit quen labsence de certitudes scientifiquement tablies sur un risque et ses consquences, il est ncessaire de
prendre des mesures de prvention protgeant lenvironnement ou les personnes
o Le principe de prvention qui consiste minimiser et viter si possible les rejets de substances nocives, et de rechercher, ds la conception des procds moins
polluants.
o Le principe de Pollueur / payeur stipule que le producteur de la pollution doit en assumer le cout.
o Le principe de participation citoyenne.
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missions de gaz effet de serre (GES) dans latmosphre. Dans ce cadre fut sign en 1997 le
protocole de Kyoto, qui exhorte jusqu cette anne les 38 pays les plus industrialiss
prendre des mesures pour agir contre le changement climatique.
En France, cest le comit 21 (cre en 1995) ou de son vrai nom le comit franais pour
lenvironnement et le dveloppement durable qui est charg de mettre en place lAgenda 21
au niveau des collectivits. En 1995 toujours, la loi n95-101 dite la loi Barnier inscrit dans le
droit franais la dfinition et les grands principes du dveloppement durable. Deux autres lois
y font rfrence en 1999 en termes de coopration et damnagement du territoire (les lois
Voynet et Chevnement). Initi par Jacques Chirac, le projet de charte de lenvironnent
comprenant dix articles est ajout la constitution en 2005. Base sur la dualit de droit et de
devoir cette chartre reprend les principes de prcaution, de prvention, de rparation et de
participation citoyenne (annexe 4). La suite du dploiement de cette dmarche est le Grenelle
de lenvironnement.
Le changement
La dernire priode (de 2007 nos jours) commence quelques jours aprs l'investiture de
Nicolas Sarkozy la prsidence de la Rpublique, lorsque le Grenelle de l'Environnement fut
annonc. Dans la continuit du pacte cologique soutenu par Nicolas Hulot et sign par les
candidats principaux au cours de la campagne lectorale, il est lanc le 6 juillet 2007.
Plusieurs groupes de travail reprsentant les parties intresses (l'tat, les collectivits locales,
les Organisations Non Gouvernementales (ONG), les employeurs et les salaris) sont chargs
d'aborder six thmes principaux et de dfinir des plans dactions9 :
Lutter contre les changements climatiques et matriser la
demande d'nergie
Prserver la biodiversit et les ressources naturelles
Instaurer un environnement respectueux de la sant
Adopter des modes de production et de consommation durables
Construire une dmocratie cologique
Promouvoir des modes de dveloppement cologiques.
9 Source : www.developpement-durable.gouv.fr
Figure 8: Le logo du grenelle de
l'environnement
Figure 9: Le logo du grenelle de
l'environnement
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
VINCENT Damien MS QSE 2011-2012 19
Le 25 octobre 2007, Nicolas Sarkozy conclut triomphalement le Grenelle de l'Environnement
l'Elyse en prsence dAl Gore et de Jos Manuel Barroso (alors prsident de la
Commission Europenne) en ces termes :
Il faut avoir le courage de reconnatre que nous ne pouvons plus dfinir des politiques en ignorant
le dfi climatique, en ignorant que nous dtruisons les conditions de notre survie. []Ce nest pas la
technologie qui est condamnable. Ce sont les intentions des hommes qui peuvent ltre. Jai
confiance dans lhumanit et dans sa capacit relever le dfi de sa propre survie. []La pollution
est un cot pour la socit. La pollution est une dette que nous lguons nos enfants [] La fiscalit
cologique na de sens que si elle permet de modifier les comportements. Elle na de sens que si elle favorise de nouveaux modes de production, de nouvelles innovations.
N. SARKOSY, Paris le 25 octobre 200710
Les principaux objectifs qui ressortent du grenelle sont entrins par la loi de programme, dite
"Grenelle 1", promulgue le 3 aot 2009. Entre autres, le gouvernement s'engage diminuer
les missions de gaz effet de serre (notamment le CO2) dans le secteur des transports en
dveloppant le rseau ferroviaire et maritime et en rduisant les impacts des transports
ariens, metteur considrable. La France espre ainsi diviser par 4 ses missions de gaz
effet de serre d'ici 2050.
Paralllement, le gouvernement s'engage pour la prservation de la biodiversit en constituant
une "trame verte" et une "trame bleue", en facilitant la circulation des espces dans les
milieux naturels et aquatiques et en crant de nouvelles aires protges. Le gouvernement
encourage galement la progression de l'agriculture biologique. Enfin, la politique de
rduction des dchets est renforce et le taux de recyclage devra atteindre 75% ds 2012 pour
les dchets d'emballages des mnages et les dchets banals des entreprises (hors btiment et
travaux publics, agriculture, industries agro-alimentaires et activits spcifiques)11.
Les modalits techniques de mise en uvre de ces engagements, dveloppes dans le projet
de loi dit "Grenelle 2" sont promulgus en Juillet 2010. Quel en est le constat aujourdhui ?
10 Source : www.elysee.fr 11 Source : Article 46, chapitre II, titre III de la loi Grenelle 1
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
VINCENT Damien MS QSE 2011-2012 20
Selon le ministre sur les 268 engagements initiaux : 77 % de ces engagements sont raliss
ou en cours de ralisation la fin 2010 (rapport dErnst & Young novembre 2010).
Pourtant le bilan est mitig car le retard est consquent dans lapplication des mesures prises
(souvent le cas dans lapplication des lgislations), mais plus proccupant, sur tous les
engagements du Grenelle seulement 48 ont t atteints (soit seulement 18%) tandis que 157
''sont en cours d'excution'' (prs de 60%). Pour une grande partie de ces engagements, la
mise en uvre est prvue l'horizon 2020 voire d'ici 40 ans12.
Ces dernires annes le monde environnemental a connu une srie dimpasses. Attendue
depuis de longs mois et prcde par de nombreuses rencontres entre scientifiques et
responsables politiques, la confrence sur le changement climatique de Copenhague en 2009
devait pour beaucoup constituer l'aboutissement d'un long processus ayant commenc Rio
de Janeiro en 1992 et dont le tournant avait t le protocole de Kyoto de 1997. Les
engagements du protocole de Kyoto s'arrtent en 2012. Les Etats devaient donc trouver un
nouvel accord. Or l'accord tant attendu, un accord comportant des objectifs quantitatifs visant
tant les pays occidentaux mais aussi les nouvelles puissances industrielles (Chine, Brsil,
Inde) na pas abouti. Du moins, il est jug insuffisant. Si il affirme bien la ncessit de
contenir le rchauffement + 2 C par rapport au dbut de l're pr-industrielle, le texte final
ne comporte aucun engagement chiffr ou d'objectif quantitatif de rduction des missions de
gaz effet de serre, ni aucune obligation sur l'aide l'adaptation pour les pays les plus pauvres
et donc les plus exposs.
13
12 Source : www.actu-environnement.fr 13 Source : www.unep.org/climatechange/
Figure 11: Le logo du COP 3 Figure 10: Le logo du COP 17
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
VINCENT Damien MS QSE 2011-2012 21
Le constat mitig vaut aussi pour Durban en 2011. Certes ce colloque a permit de prolonger le
protocole de Kyoto et le texte doit obliger les plus gros pollueurs (Chine, Inde, Etats-Unis)
prendre des mesures pour rduire leurs missions de gaz effet de serre ; mais en labsence de
nouveaux engagements concrets (juste la cration dun groupe de travail) et sans le Canada, le
Japon et la Russie, cet accord nest quune prparation un futur trait global de rduction
lhorizon 2020.
Et les Franais dans tout a 14?
En 2011, Les franais se sentent concerns et mme proccups par les questions
environnementales (un peu plus de la moiti dentre eux se dclarent trs sensibles
lenvironnement, alors quen 1995 et 2002, ils ntaient quun tiers). Et mme sils prouvent
quelques difficults cerner les enjeux et la ralit de ces problmes d'environnement
(par exemple ils sont 58,5% avoir dj entendu parler de Dveloppement Durable (DD)
mais seulement 16% d'entre eux savent rellement ce qu'il signifie15) ; les franais modifient
leurs pratiques quotidiennes et prennent en compte lenvironnement.
Ladoption des pratiques environnementales varie suivant quelles sappliquent aux
dplacements, aux logements ou aux achats. Certains critres environnementaux (labels
cologiques) sont pris en compte dans les intentions dachat mais la dpendance
lautomobile demeure forte pour les dplacements quotidiens (travail, tudes, courses).
Nanmoins comme le montre ce tableau, le chmage reste leur proccupation majeure. En
cause notamment, la situation conomique incertaine de ces dernires annes.
14 Source : Collection La Revue du Service de lobservation et des statistiques (SOeS) du Commissariat gnral au dveloppement durable (CGDD) Octobre 2011. 15 Source : sondage Louis Harris, juin 2005
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
VINCENT Damien MS QSE 2011-2012 22
Tableau 1: Classement des proccupations des Franais
Dans la problmatique de dgradation de lenvironnement, fin 2010, le rchauffement de la
plante ntait plus la proccupation majeure mais cde sa place aux proccupations lies la
pollution de lair ou celle de leau mais aussi aux catastrophes naturelles. On remarque que la
variation de lopinion exprime est lie lactualit.
Figure 12: Evolution des proccupations ces trois dernires annes
Dans ces deux derniers graphiques, la diffrenciation des classes dopinions est intressante
dans le sens o elle fait apparatre un critre socio-dmographique (tableau 2).
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
VINCENT Damien MS QSE 2011-2012 23
Ce sont aussi videmment les caractristiques socio-conomiques qui influencent le plus,
ladoption des bonnes pratiques, mais galement des facteurs lie lhabitat : type
dagglomration, type de logement, statut doccupation du logement. Le niveau dtudes
ninflue pas directement sur les pratiques mais se manifeste par une sensibilit accrue aux
proccupations environnementales. Ces pratiques sont prsentes en annexes.
Figure 13: Les classes d'opinions des Franais
Tableau 2: Les pratiques environnementales selon les classes d'opinion
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
VINCENT Damien MS QSE 2011-2012 24
Ce qui dnote du pouvoir dune thorie ou idologie cest sa capacit se dfinir dans un
dbat dmocratique ; Ce dbat enfante donc les adeptes mais aussi les dtracteurs. Je cite deux
exemples, qui sont pour moi significatifs.
Je conviens que la place accorde aux contestataires du dveloppement durable est minime.
Le premier exemple est un homme politique de premier rang, ancien membre du
gouvernement de Lionel Jospin en 1997, il devint ministre de l'ducation nationale, de la
Recherche et de la Technologie. Scientifique reconnu, Claude Allgre est le plus mdiatique
des climato-sceptique.
Dans son ouvrage Limposture climatique (Plon, 2010), il nonce que selon lui, la
responsabilit de lhomme dans le changement climatique nest pas fonde, cest dire que, la
part anthropique dans le rchauffement climatique a t survalue. Sa thse rfute en
octobre 2010 par l'Acadmie des Sciences (dont il est membre) servira dassise scientifique
pour un certain nombre de personnes rtorquant que les hivers sont toujours rigoureux, que les
scheresses existent depuis la nuit des temps ou pire que quelques degrs de plus seraient bien
apprciables. Pour eux le climat suit son cycle naturel et de toute faon lchelle dune vie
on ne verra pas la diffrence.
Le deuxime exemple est Pascal Bruckner, philosophe et sociologue reconnu il publie
lautomne 2011 un livre intitul : Le fanatisme de lapocalypse (Grasset, 2011) dans lequel il
sattaque un suppos fanatisme cologique, devenu selon lui majoritaire, anti-humaniste,
prnant la disparition de l'homme pour le bien-tre de la nature.
Il expose que lcologie est lidologie dominante de nos socits occidentales devant
laquelle on sagenouille sous peine dtre tax dadversaire. Les mdias nous culpabilisent sur
un futur effrayant, les gnrations futures sont prises en otages, si nous ne mettons pas
lhumanit au rgime sec . Il est vrai que, comme pour toute idologie, il y a des
fanatiques, des extrmes. Seulement prner ce mode de vie goste et hdoniste destructeur de
la plante, nest-il pas devenu de nos jours irresponsable ?
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
VINCENT Damien MS QSE 2011-2012 25
Avec un recul de tant annes, nous avons toujours l'illusion que nous sommes capables de
formuler une politique de l'environnement quilibre et comprhensive sans un consensus
global. D'un ct nous sommes persuads que nous devons prserver la nature. Mais dun
autre nous ne sommes pas prts sacrifier notre mode de vie et minimiser nos impacts sur
lenvironnement.
Cest le syndrome du NIMBY [not in my backyard]. On peut tre militant pro-
environnementaliste convaincu si et seulement si, les mesures adoptes ne nous pnalisent pas
directement, pas chez nous. Lexemple connu est celui de limplantation dun quipement
bnfique la communaut (comme une station dpuration) qui entraine souvent de fortes
oppositions des riverains, mme des plus colos.
Les pressions environnementales sont croissantes et les phnomnes divers. La ncessit de
changement des comportements individuels semble vidente mais doit se faire sur lensemble
des activits humaines, les changes commerciaux et les activits industrielles. Les actions
impliquant la collectivit doivent tre menes lchelle nationale, europenne et mondiale.
Mais les valeurs, les idologies, les attitudes ne sont pas les mmes dune rgion lautre.
Tout dpend de la perception de ces problmes qui elle dpend des contextes gographiques
et climatiques, du contexte politique et institutionnel qui dtermine laccs aux ressources, et
enfin du contexte conomique. Ce qui mamne la question :
Doit-on se proccuper de lenvironnement que les jours o tout va bien?
Mme si la ralit tend prouver le contraire (les crises conomiques successives et les
tensions sociales sous-jacentes ne sont pas une excuse suffisante), jespre sincrement que
non. Des lments de rponse seront apports dans la partie suivante, en termes de motivation
et de psychologie, l'chelle de lindividu. Mais pour une socit le doute reste entier. Et dans
lhypothse dun dsengagement progressif des politiques publiques, lentreprise doit
apparaitre comme un soutien dynamique, une continuit motrice dans la mise en place dun
dveloppement durable.
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
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Lors de la dfinition de la problmatique de cette thse, une chose mest apparue vidente, ma
volont de parler denvironnement. Cest un sujet qui me tient cur et dont, je lespre, la
partie que vous venez de lire vous a dmontr lurgente ralit dune prise de conscience
collective, dune approche raisonne et fonctionnelle de la question dactualit
environnementale collective. Dans mon travail de recherche je me suis aperu du lien, fort et
rciproque, entre lenvironnement et le dveloppement durable. Lun nexiste pas sans lautre
et rciproquement. Ce lien cest lhumain.
Des notions de sociologie ou de psychologie ne sont, mon sens, pas assez rpandues et
pratiques par les responsables actuels. La partie suivante comblera ce fait. Cette partie est
surtout loccasion de prsenter des pistes de travail sur les facteurs cls du changement de
comportement (reprsentations, implications, responsabilits, motivations, gains).
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
VINCENT Damien MS QSE 2011-2012 27
Le facteur humain
La prennit et la performance dune entreprise passe par la mise en uvre dun
dveloppement durable. La mise en uvre de celui-ci dpend du dveloppement dune forme
de conscience collective rassemblant lensemble de ses membres autour dune culture
partage. Cette culture donne du sens laction de chacun. Construite avec limplication du
plus grand nombre elle permet de faciliter la phase cl de la mise en uvre oprationnelle du
dveloppement durable. Pour impliquer les acteurs il faut comprendre dune part ce qui
motive leurs actions et dautre part ce qui influence celles-ci.
Dans cette partie, il sagit donc dtudier ce qui est pour moi la cl du systme, lhumain. Et
en particulier, parce que cest une thmatique vaste et sans fin, son comportement. Le
comportement est la manire dont quelque chose fonctionne, marche, volue dans certaines
circonstances. En sachant que tout comportement est actif, par dfinition mme un
comportement passif.
Lacteur nexiste pas en soi, mais il est construit et dfini comme tel par son action . 16
Ces actions dpendent dun choix, parfois non dtermin, mais toujours dpendant dun
contexte, des opportunits et des contraintes. Il sagit donc de dfinir lacteur dans son
contexte. Lacteur nexiste pas en dehors du systme qui dfinit sa libert et son champ
dactions possibles. Mais le systme nexiste que parce que lacteur existe ; que lui seul peut
le faire naitre, le porter, le modeler et que lui seul peut le changer. Il faut savoir que si les
acteurs agissent cest seulement pour augmenter leur champ daction, modifier leur marge de
manuvre (donc de libert daction).
La conduite humaine ne saurait tre assimile en aucun cas au produit mcanique de
lobissance ou de la pression de donnes structurelles. Elle est toujours lexpression et la
mise en uvre dune libert, si minime soit-elle. 17
16Source : P.Bernoux, les nouvelles approches sociologiques des organisations 17 Source : M.Crozier, E. Friedberg, Lacteur et le systme
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
VINCENT Damien MS QSE 2011-2012 28
Je vais mefforcer de comprendre et dexpliquer comment lenvironnement influence le
comportement dun tre humain. Comment, en dfinissant lenvironnement, on dfinit le
contexte, et comment en exposant le contexte, on dcrit les relations et ainsi on dcrypte les
comportements. Cette partie se dcompose en deux thmes. La premire sintresse la
relation de lindividu avec son environnement. La deuxime est focalise sur sa relation
lorganisation, et dans sa projection lentreprise.
Lacteur et le milieu
La vie est la scne, le dcor est lentreprise, les acteurs sont les salaris et leurs jeux
dfinissent leurs rles et leurs relations.
Le bien-tre de lindividu est rig comme principe du dveloppement durable. Mais
comment les dfinir ? La qualit de vie est une notion relative souvent le fruit de
comparaison (de la sienne future ou avec celle des autres). Il y a bien des critres de
conditions de vie, de travail, de loisirs, de relations familiales et amicales mais ils sont tous
soumis lapprciation personnelle. Il y a bien un indice de dveloppement humain (IDH)
mais de l mesurer une satisfaction des conditions de vie, il y a du chemin. On ne peut pas
mesurer le bien tre sur sa seule dimension conomique (PIB ou niveau de vie).
Cest en partie grce son comportement que lindividu exprime son bien tre (ou le
contraire). Dans loptique dune dmarche de dveloppement durable il est ncessaire
dtudier les comportements et les mcanismes associs. Pour tudier lenvironnement de
lindividu, il faut au pralable, laide de la sociologie environnementale (ou plus
prcisment dcologie humaine), le caractriser. Lcologie (humaine) tudie le systme, les
rapports des tres vivants entre eux, avec leur milieu et surtout de leurs quilibres. Mais si on
veut aller plus loin et tudier la relation de lindividu lenvironnement dans ses dimensions
physiques et sociales il faut faire appel la psychologie environnementale.
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
VINCENT Damien MS QSE 2011-2012 29
Dans cette dmarche danalyse llment constituant dune socit est le groupe et celui du
groupe est lindividu, venons-en lui. Il y deux manires dexpliquer la relation basique
individu-environnement. La premire, dterministe, est de considrer que cest
lenvironnement qui faonne lindividu, cest dire quil conditionne son comportement et sa
reprsentation. La deuxime, plus complexe, est de dire que les deux sinfluencent,
interagissent. Cette vision est systmique et considre que lindividu et lenvironnement
forment un tout.
Jai choisi dillustrer mon propos par des schmas tirs du livre VERS UNE COLOGIE
HUMAINE (McGraw-Hill, 1990) de Robert Tremblay.
Figure 14: Le milieu
Ce schma est utile pour distinguer les grands ensembles qui rentrent en compte dans la
relation entre lindividu et son milieu. Remarquons que chaque composante interagit avec
lindividu qui est plac au centre, et chacune entre-elles. Dans chaque action, chaque situation
ou vnement ces dimensions sont prsentes.
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
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La premire image qui apparait lorsquon parle denvironnement est le milieu naturel.
Ensemble des cosystmes qui forme la biosphre comprend leau, lair, la terre, les plantes,
les animaux. Lquilibre dun cosystme est dfini par la justesse des changes (chimiques et
biologiques) lintrieur de celui-ci. Lensemble forme un systme complexe o mme des
lments minimes jouent un rle essentiel dans lquilibre (la chaine alimentaire est un
exemple). Les rapports avec les composantes du systme vont de la symbiose la destruction
complte. Ltre humain, par le biais de techniques, doutils et de machines ; exploite,
transforme, modifie son environnement naturel (de plus en plus efficacement). Lensemble est
schmatis comme ceci :
Figure 15: Le contexte naturel
Maintenant considrons que lindividu est conditionn par le contexte culturel et social dans
lequel il volue. Il y a plusieurs paramtres constitutifs dfinissant lenvironnement social et
culturel dun individu. Ceux-ci sont rsums dans cette figure :
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
VINCENT Damien MS QSE 2011-2012 31
Lidentit sociale, la reprsentation de soi et des autres est un lment dterminant du
comportement. Lidentit sociale est fonde sur la rfrence aux statuts sociaux communs
(sexe, gnrations, professions,). Cette identit est btie sur une histoire personnelle (une
somme dexpriences) et sur lvolution des statuts ou catgories socioculturelles, induite
directement de lhistoire collective (lhistoire dun peuple, dun pays ou dune civilisation).
Cette volution conditionne les perceptions et influence des aspirations particulires. Le
printemps de 1968 ou le printemps arabe de 2011 sont des exemples notables de nouvelles
aspirations libertaires. Lvolution des salaires et donc du pouvoir dachat est un autre
exemple des changements de ncessits matrielles. Ces volutions intgrent lhistoire,
fondation de la culture. Lhistoire cest la construction mthodologique dune image dun
pass commun, transmettant par un recueil de faits, un ensemble de valeurs. Ces valeurs
intgrent la culture dune communaut.
Le dveloppement durable implique une solidarit, une coopration intra et inter
gnrationnelle. La diffusion dune thique de bien commun. Il ncessite une identit sociale
et spatiale des communauts, forte et tablie. En opposition la mondialisation des changes
et la tendance associe duniformisation culturelle.
Contexte
Culturel et
Socital
Aspirations
et Ncessit
Projections
dans le futur
Histoire
individuelle
et collective
INDIVIDU ENVIRONNEMENT
Figure 16: Le contexte culturel et social (source : psychologie environnementale, Moser, 2009)
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
VINCENT Damien MS QSE 2011-2012 32
Dans la reprsentation graphique suivante est dtaill le contexte culturel de lhumain.
Chaque composante dfinit la culture. La culture est le systme des reprsentations
symboliques associes aux pratiques sociales propres une certaine collectivit (mode de
vie) dans un espace dfini (physique et imaginaire). Elle existe et se dveloppe grce
lactivit de fonction symbolique humaine.
La fonction symbolique est la fonction
de signifier, de donner du sens. Cette
fonction seffectue grce diverses
formes symboliques. Un livre, une
publicit, une sculpture, un concert sont
des formes symboliques. Diffuses par
divers moyens comme les mdias
(tlvision, presse), ou le systme
scolaire ou encore les arts de la scne.
Selon Guy Rocher18, l'idologie se
dfinit comme :
Un systme d'ides et de jugements,
explicite et gnralement organis, qui
sert dcrire, expliquer, interprter ou
justifier la situation d'un groupe ou
d'une collectivit qui, s'inspirant
largement de valeurs, propose une
orientation prcise l'action historique
de ce groupe ou de cette collectivit .
18Source : Guy Rocher tome 3, Montral, HMH, 1969, p. 393.
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
VINCENT Damien MS QSE 2011-2012 33
En dautres termes l'idologie (systme universel de reprsentation du monde) organise et
symbolise des valeurs, elle cre des points de repre concrets dans le monde vcu et donne un
sens l'exprience collective des socits.
Mais alors comment se construisent les idologies ?
La pense sociale, est une architecture (Rouquette, 1998) qui va du comportement individuel
la base, jusquau sommet de la chaine hirarchique, qui sont des lments de connaissances
collectifs et partags, les idologies. Les idologies construisent des reprsentations sociales
(on parle de systme de valeur), qui induisent des attitudes et opinions qui ces dernires
influencent les comportements.
La diffrence entre savoir et connaissance est que le savoir est la reprsentation
(individuelle ou collective) de la ralit (il est bas sur lopinion).
Alors que la connaissance (qui est base sur la raison, une forme distincte de processus
pour tablir ses opinions) est plus restrictive. Elle couvre l'ensemble des techniques et des
sciences qui ont fait leurs preuves dans la pratique.
Enfin la science (qui est base sur la preuve, une forme rigoureuse de processus rationnel)
quant elle ne regroupe que les thories logiques et empiriques. Donc la science est une
forme particulire de connaissance qui elle-mme est une forme particulire de savoir.
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
VINCENT Damien MS QSE 2011-2012 34
Remarque : Notre foi infinie en la science et le progrs nous dculpabilisent dune
responsabilit personnelle pesante, vidente. La science cologique est la rponse nos
maux. Nous sommes devenus si convaincus, du bien fond des principes scientifiques de
l'cologie que nous en sommes arrivs employer de faon courante l'adjectif cologique
pour dfinir tout ce qui a trait de l'environnement.
Pour nuancer il est indispensable dindiquer quil existe un savoir qui nest pas fond sur la
raison (mythes et superstitions), comme il existe des connaissances utiles (connaissance
pratiques) mais non scientifiques.
Peut-on utiliser la culture, lidologie du dveloppement durable pour initier une action
collective, une dynamique commune de prservation de lenvironnement dans lentreprise ?
Pour rpondre cette question, il sagit dtudier les aspects dterminants des comportements
de lindividu. Dans cette partie, il ne sagit en aucun cas de propagande managriale mais
dun recueil de pistes dincitation au changement. Au sein dune quipe de travail ou dun
groupe, dune entreprise ou dune socit, une srie de paramtres influence notre
comportement. Les connatre, cest pouvoir les utiliser pour initier un comportement altruiste
et durable.
Il est hypothtique de prdire un comportement daprs une attitude observe. On saperoit
que les comportements sont imprvisibles et ne rpondent aucune logique dterministe. On
peut tout de mme tenter dapprhender le comportement ventuel suivant la norme
comportementale (ce qui est souhaitable), lintention de comportement (qui se rapproche de la
norme) et le comportement attribu autrui (qui se rapproche souvent du comportement
effectif). Voici pour illustrer lexemple des papiers19.
19 Exemple tir du livre : psychologie environnementale, De Boeck, 2009
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
VINCENT Damien MS QSE 2011-2012 35
Exemple des papiers : (Bickmanal,1972 ; Geller ,1982)
Nous adaptons notre comportement celui des autres. La prsence de dchets incite se
dbarrasser de dchets. Lexprience, mene dans une rue, mesure le pourcentage de gens jetant leurs papiers par terre. Elle claire sur la norme comportementale, lintention et le comportement effectif du groupe en termes de propret:
Pour 1 papier au sol le taux est de 10% (contre 18% sil ny en avait pas) Pour 2 papiers au sol le taux est de 20% ; pour 8 il est de 41% et pour 16 il est de 40%.
Pourtant 95% des sujets se sentent concerns et responsables des papiers jets par terre.
Mais seulement 2% ramassent effectivement ces papiers.
Pour initier un comportement responsable et durable il faut une prise de conscience des
consquences dun comportement et une attribution de la responsabilit. La responsabilit
vient de lappropriation, de lattachement (affectif). La communication et le fait dattribuer
(dans la mesure du possible) des responsabilits aux individus dans la gestion dune partie des
ressources favorisent les comportements communautaires.
Voici trois exemples de comportements qui diffrent en termes de gains. La coopration (ces
sont des gains partags), lindividualisme (gain personnel) et la comptition (gain personnel
relatif au gain dautrui). Il apparait que dans un groupe le choix goste est le plus attractif
(gains directs) mais infrieur en bnfices ceux que chacun percevrait si tout le monde
agissait dans lintrt commun.
Les conditions dengagement dun individu pour le bien commun sont de deux sortes :
Une condition li aux ressources (renouvelables, accessibles, importantes).
Une condition des caractristiques des participants, du groupe (nombre,
caractristiques, communications, rgles).
Le nombre du groupe est important, car on remarque un phnomne de dilution de
responsabilit, de non participation dun des participants sous couvert danonymat. La
valorisation des comportements altruistes est plus efficace en termes de coopration que la
punition des comportements opposs.
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
VINCENT Damien MS QSE 2011-2012 36
Les ressources environnementales sont mal rparties, pour certains elles sont indisponibles,
pour dautres en excs, cest un tat de fait. Ce qui implique que certains acceptent dtre
excdentaires par rapport la communaut. Ceux-l sont face au dilemme social.
Le dilemme social, qui explique en partie pourquoi les individus ont du mal adopter des
comportements favorables tous, se dfinit comme un choix alternatif entre laction dans un
intrt individuel et celle dans lintrt commun, si, bien entendu ces actions sont
contradictoires. Le conflit dintrt entre lindividu et la collectivit est comprhensible
surtout sur le long terme, en effet il est difficile de se comporter de manire altruiste face un
problme qui se ressentira que plusieurs gnrations aprs.
Cependant un des leviers dadoption dun comportement durable est la capacit se projeter
dans le futur. Un des moyens efficaces pour se projeter dans le futur est dinclure les intrts
de ses enfants dans celui des gnrations futures.
Comment faire passer le message ?
En gnral on utilise trois moyens de faire passer un message. Le premier est la peur. Le
deuxime est la menace ou la punition et le troisime est lobligation. Les mesures
gouvernementales et hirarchiques, quelles soient incitatives ou contraignantes, nimpliquent
pas dengagement individuel profond et donc de modification notable, et ne peuvent tre
efficaces que si elles sont comprises et acceptes. Elles sont pourtant valables, si on part du
principe que lhumain est irrmdiablement goste. Mais si on arrive responsabiliser,
sensibiliser par des moyens appropris (diffusion des connaissances, transmission de valeurs)
les individus on peut esprer dvelopper des comportements responsables et durables.
Comment le faire passer efficacement ?
De nos jours trop dinformations nous parviennent, dpassant souvent la capacit de
traitement de lindividu. Et dans ce sens lanalogie avec llastique20 est explicite. Comme
llastique on peut distinguer chez lindividu trois tats.
20 Exemple tir du livre : psychologie environnementale, De Boeck, 2009
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
VINCENT Damien MS QSE 2011-2012 37
Le premier est, quen labsence de contraintes, il y a un retour ltat initial (comportement
de base). Ladoption dun nouveau comportement nest durable que sil est incit de manire
rgulire. Et notamment en termes de comportements pro-environnementaux (conomie
dnergie, tri des dchets). En labsence de contraintes rptes il est facile de revenir aux
habitudes comportementales antrieures.
Ce qui amne ladaptation (second tat), qui correspond la capacit supporter un tat
contraint. Lexemple de la diffrence des comportements entre citadins (ragissant aux
contraintes extrieures comme le stress, ou le bruit) et les ruraux. Ce qui induit le
troisime tat, la limite de flexibilit. En effet, il existe un point de rupture, quand les
contraintes exerces sur lindividu sont trop importantes. Dans un autre cas, quand celles-ci
sont chroniques on remarque une perte dlasticit, en fonction de la persistance de
lexposition. Pour exemple des individus exposs couramment une pollution qui restreint la
visibilit shabitue cette visibilit, il en va de mme pour une pollution sonore citadine.
Il faut donc, avec la lgitimit ncessaire, rpter et suivre encore et encore, un message
cibl, grce un vecteur adapt, sur un public adquat.
Nous savons que des filtres de perception sinstallent entre lmission et la transmission dun
message, et entre la rception et linterprtation de celui-ci. Il faut considrer la
communication comme un phnomne de construction, lobjectif dun change est de
permettre une comprhension entre les individus. Lutilisation des valeurs personnelles
permet de saccorder sur la perception de lenvironnement et de rendre cohrent la logique
daction de prservation puisquelle peut tre assimile personnellement. Selon Mehrebian et
Ferris limpact de communication de 7% verbal, 38% para-verbal et 55% non verbal. Cest
pourquoi dans la dfinition de mon outil je me suis concentr sur la ncessit de communiquer
un groupe choisi pour ses caractristiques de rfrent par rapport au groupe (sur un domaine
dlimit) de manire directe, visuelle, auditive. Trop souvent, selon mon observation, les
informations se transmettent par des moyens numriques ou procduriers. Il suffit de constater
les informations capitales qui schangent de manire informelles lors de repas ou de pauses.
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
VINCENT Damien MS QSE 2011-2012 38
Dans la continuit de la dfinition des contextes, nous trouvons lespace interpersonnel.
L'environnement interpersonnel est le lieu des apprentissages lmentaires et le tissu des
ractions psychologiques.
Remarque : La famille proche constitue le
premier contact avec la collectivit, et le premier
lieu d'apprentissage. La famille largie en est
l'extension (dans la culture occidentale : grands-
parents, tantes, oncles, cousins, cousines, etc.).
La communaut immdiate na pas de liens de
parent, mais ce ne sont pas des trangers.
Parfois dune grande importance (ami ou
ennemi), parfois plus distants, nous entretenons
avec eux des rapports dterminants (partage des
doutes, des peurs, des espoirs, des valeurs, des
croyances) pour dfinir notre personnalit et nos
relations avec les autres.
La dernire composante est l'environnement social, qui est indispensable chaque tre
humain, il se compose de quatre sous-systmes en corrlation. Lensemble des systmes
dtermine le champ des possibilits de vie qui soffre nous.
Remarque : Dans ce schma linteraction double des
institutions avec le systme choisi et directement sur son auteur
place lhumain au centre du systme. Il la cre, agit sur celui-ci
par le biais des institutions et rciproquement les institutions
agissent sur lui en inscrivant ses rapports sociaux dans des
schmas prtablis. Lauteur dcrit les processus institutionnels
comme porteur de la socialisation qui est le mcanisme
fondamental de tout systme social. Je peux ajouter que les
systmes sociaux prsents dans la socit se retrouvent dans
lentreprise.
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
VINCENT Damien MS QSE 2011-2012 39
Perspectives
Pour un dveloppement durable, lindividu doit de penser global, lchelle de la plante, car
les changements environnementaux eux, le sont et lient tous les individus travers les
continents. Pourtant il est impossible de percevoir ltat de lenvironnement un niveau
global. Des problmatiques de rchauffement climatique ou de pnuries deau font partie dun
savoir commun, mais sont-elles vraiment comprises ? A-t-on conscience du danger potentiel ?
Parfois je dois lavouer ces questions me dcouragent. Pas que je me sente investi dune
mission militante, ou dun quelconque rle important jouer sur la scne publique ; mais le
simple fait de me demander si le groupe est capable de sentendre, si les individus peuvent
uvrer pour le bien commun me questionne. Il y a des jours o je rpondrai laffirmative
sans hsiter. Mais dautres o il ny a pas lombre dune chance. Les jours sombres de ma foi
en lhumanit, je nous vois dans un bateau la drive se rapprochant des rochers. Faut-il
attendre le premier craquement de la coque en bois pour ragir ? Trop tard peut tre.
Comment inciter les acteurs au changement ?
Il y a trois techniques dincitation au changement. Lducation environnementale (elle na
aucune influence sur les attitudes), la communication (renforce la norme comportementale) et
les techniques de renforcement (positives ou ngatives), elles agissent sur les consquences
dun comportement, comme une rcompense immdiate. Lincitation est plus efficace que
linformation mais moins quune rcompense financire associe.
Parfois la modification consciente des comportements est impossible ou trop couteuse en
motivation personnelle, il faut mieux agir alors sur les habitudes et les modifier de manire
inconsciente. Cest l toute la force silencieuse dune organisation.
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
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Lacteur et lorganisation
Les restructurations des organisations utilisant des systmes de management depuis plusieurs
dcades maintenant (et notamment les services publics avec la cl quelques scandales de
management), et le contexte de concurrence exacerbe (qui oblige les entreprises toujours
plus de comptitivit) ; nous dmontre quil faut manager le facteur humain. De nos jours le
management est un savant mlange de sociologie (avec une longue liste de facteurs psycho-
sociaux), danalyse organisationnelle (avec les relations de pouvoir et de jeu), et dobligations
conomiques.
Il est ncessaire daborder les nombreux aspects en gardant lesprit que le facteur humain et
relationnel dans une recherche de productivit est essentiel. Lindividu fait partie dun groupe,
groupe faisant partie dune entreprise. Nous savons tous que le moral dun groupe est
dterminant sur la productivit de celui-ci ou par exemple celui de leffet de groupe sur
lindividu. Mais comment aller plus loin ? Nous allons voir comment le systmisme peut nous
aider comprendre les relations de lacteur avec lorganisation.
Dans cette partie, il sagit dobserver la relation de lindividu avec lorganisation, et de voir
comment cette relation a volu. Du taylorisme (qui rvolutionna durablement les
organisations), lcole sociotechnique (qui partait du constat que les changements
technologiques et techniques ont eu un impact dterminant sur le fonctionnement des groupes
et donc des individus) ; de lcole systmique (qui explique comment se construisent les
actions collectives partir de comportements et d'intrts individuels), la responsabilit
sociale des entreprises (RSE) (qui est en ces temps de difficults montaires et de chmage
grandissant o les entreprises sont au centre des attentions conomiques, sociales et
environnementales, confre lorganisation une dimension thique et responsable) ;
le facteur humain reste au centre des proccupations.
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
VINCENT Damien MS QSE 2011-2012 41
Le Taylorisme du nom de son crateur, est la base de lorganisation scientifique du travail.
Cest une analyse dtaille et un squenage des techniques de production et des tches dans
le but daugmenter la productivit et donc la production. Le travail ouvrier a suivi lvolution
des techniques et des sciences, la machine-outil cda sa place la production en srie, puis
la recomposition du travail suite lautomatisation ; modifiant chaque fois la place de
lhumain dans lorganisation.
Karl Marx (1818, 1883), qui dj parlait de valeur dchange dans le travail, avait trs bien
anticip le dveloppement et les excs du taylorisme ce sujet. La division du travail est en
effet un mouvement constant du capitalisme. Elle est due l'amlioration des techniques et
notamment des machines, qui ont fait apparatre les ouvriers spcialiss. Elle est galement la
consquence d'une recherche de rentabilit accrue. Chaque salari du systme capitaliste ne
devient capable que d'assurer une infime partie de la production. Son travail n'a pas de sens en
lui-mme. Il n'est qu'un rouage d'un immense mcanisme. Il ne peut plus, selon lui, avoir de
dveloppement personnel.
Depuis lorganisation des entreprises a bien volu, elle utilisa notamment le Fordisme et sa
standardisation des produits, les chaines de production et une augmentation des salaires, mais
aussi les cercles vertueux de la qualit (du 5S au LEAN) ou encore le modle Japonais de
Toyota. Certains mme thorisent cette volution de manire Darwinienne (Guilhon, 2007) en
rappelant que le principe manichen de changements rsulte, soit de la volont des acteurs,
soit de contraintes environnementales (la mondialisation en est un exemple).
Mais ce qui est intressant cest que depuis les annes 1930 et les travaux dElton Mayo
(1880, 1949), on cherche comprendre le facteur humain travers notamment le climat
psychologique qui affecte sa performance.
Il existe 3 approches dites classiques de la sociologie des organisations. Ces modles, axs
sur les stratgies, sont les phnomnes de pouvoir, les phnomnes de rgulation et les
phnomnes identitaires. Ils permettent dclaircir le fonctionnement des entreprises.
Lintrt dnumrer ces approches, est que les nouveaux modles ne se justifient que sur la
base des anciens toujours dactualit. Ces sociologies dactions suivent un cheminement
logique et chacune peut trouver des applications pertinentes dans lvolution des ensembles.
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La premire est lapproche de la contingence (Mintzberg, 1981). Ce courant, qui fit cole,
dcrit le fonctionnement interne de lorganisation suivant des schmas de dpendances
cohrents, et les ajustements ncessaires de celle-ci en fonction des variables externes, c'est--
dire son environnement. En dautres termes, la construction des organisations rpond des
contraintes de contexte, et notamment son ajustement celles-ci.
D'aprs Mintzberg, les facteurs de contingence qui ont une influence sur les caractristiques
d'une organisation sont:
- l'ge et la taille de l'organisation
- la technique (automatisation)
- l'environnement (dynamique, complexit)
- les relations de pouvoir (centralis/dcentralis)
Ces lments sont le minimum pour dfinir le fonctionnement de lentreprise, mais il est
ncessaire si lon veut augmenter notre acuit de comprhension, de regarder plus en dtail le
fonctionnement. Ce travail est propos dans loutil.
Mintzberg dfinit galement le management comme une pratique contingente aux acteurs, aux
cultures et aux situations concrtes. Cette ouverture sur le management me fut trs utile pour
concevoir mon outil. Selon lui un manager a dix rles regroups en trois catgories. La
premire trait aux relations interpersonnelles et notamment aux rles de symboles, de leader
et dagent de liaison. La deuxime est le domaine informationnel et notamment son rle
dobservateur actif, de diffuseur et de porte parole. Dans cette catgorie llment central est
linformation. La dernire est sa dimension dcisionnelle, et ses rles dentrepreneur, de
rgulateur (conflit) de rpartiteur (des ressources) et de ngociateur en tant que porte-parole et
de symbole.
Une organisation ne peut tre analyse comme lensemble transparent que beaucoup de
dirigeants voudraient quelle soit. Elle est le royaume des relations de pouvoir, de linfluence,
de ngociations et du calcul. Mais elle nest pas davantage linstrument doppression quelle
apparat ses dtracteurs car ces relations conflictuelles ne sordonnent pas selon un schma
logique intgr. Elles constituent le moyen pour dinnombrables acteurs de se manifester et de
peser sur le systme et ses partenaires, mme si cest de faon trs ingale.
Lacteur et le systme (Editions du seuil, 1980)
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
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En ce qui concerne lacteur et lanalyse de son potentiel de choix et dactions, un des
documents cls de ma recherche a t Lacteur et le systme de Michel Crozier et Erhard
Friedberg. La thorie de lacteur stratgique cherche en priorit comprendre comment se
construisent les actions collectives. Actions fondes partir de comportements, et d'intrts
individuels, parfois contradictoires entre eux. Loriginalit de cette dmarche, situe les actions
comme allant principalement de l'individu vers la structure (l'individualisme mthodologique
ou la stratgie) et non de la structure vers l'individu (structuralisme ou systmique). Ce qui
recentre la question non plus sur le systme mais sur lacteur. En effet les hommes doivent
sadapter aux rles que dfinit une structure qui est dfinie par dautres hommes.
Quest qui permet laction collective, laction organise ?
Parce que ce nest pas un phnomne naturel, ce nest pas le rsultat automatique du
dveloppement des interactions humaines. Cest une coalition dhommes, en vue de rsoudre
des problmes matriels. Cest un ensemble dindividus, aux objectifs souvent diffrents de
ceux de lorganisation. Une multitude de choix individuels autonomes, pourtant chacun son
niveau et dans son cadre rationnel, induisent parfois des effets inattendus, non voulus voire
aberrants sur le plan collectif. Ne sont en causes ni les objectifs ni les intentions des acteurs
mais bien un effet dorganisation de systme. Ils sont prisonniers des moyens quils ont
utiliss pour rgler leur coopration. Ainsi pour quil y ait change, coordination entre les
acteurs il faut quil y ait des conventions (crites ou non). Une convention nest quune forme
particulire de rgles. Cette convention est le langage, la culture dune entreprise.
Une des techniques dchange et collaboration dans le but dorganiser
laction est la runion. Cette commune et pourtant trange habitude, avec
sa panoplie symbolique de rgles et de coutumes, a la fcheuse tendance
se multiplier. Pourtant lide de se runir pour dfinir une action
collective semble logique. Mais si la runion nest pas rflchie et
prpare, elle peut se rvler strile et inutile. Entrainant parfois de la
frustration. Frustration qui, si elle est rpte, jette le discrdit et la
dmotivation dans lorganisation.
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
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Quest-ce qui motivent les acteurs ?
Le besoin engendre des motivations. Les aspirations et besoins particuliers de lindividu
peuvent tre dfinis de manire simple par la pyramide hirarchique bien connue dAbraham
Maslow21 (1908, 1970) qui correspond, une srie de besoins psychologiques hirarchiss,
que lacteur cherche satisfaire par sa participation lorganisation. Ces aspirations sont
associes la motivation qui est oriente vers un objectif, un but qui lui-mme est la
recherche dun rsultat. Selon lui, il faut satisfaire chaque besoin dun niveau donn avant de
passer ceux dun niveau suprieur. Notons que la critique qui lui fut adresse, est quun
besoin ne disparait pas toujours et quil peut changer de forme lorsquil a t satisfait.
Figure 17: la pyramide des besoins de Maslow
Dautres thories comme le gain potentiel ou celle bi-factoriel de Herzberg o le premier
facteur est lenvironnement de travail (par exemple: le salaire, la scurit demploi) et le
deuxime est le contenu du travail ( travers la reconnaissance, la responsabilit),
permettent de dfinir les besoins, les dsirs et donc les motivations, mais je pense quil faut
aller plus loin et dpasser le rapport individuel lorganisation pour celui de laction
collective.
21 Figure Source : www.planete-pour-tous.net
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
VINCENT Damien MS QSE 2011-2012 45
Laction collective de premier niveau est celle de la coopration ; obtenue soit par la
contrainte (par exemple une manipulation affective ou idologique) soit par le contrat (c'est--
dire la ngociation et le marchandage).
Remarque : Bien que des analogies soient possibles, il est trompeur de penser que les
modles de hirarchie militaire ou dorganisation de ltat permettent ddicter une loi lgitime de construction dune organisation. Les relations des individus relativement libres et unis dans un but collectif procurent chaque structure une autonomie organisationnelle. La
mise en place du dveloppement durable est une opportunit de repenser la construction
organisationnelle de lentreprise en fonction des attentes des acteurs. Cette restructuration peut se faire, en impliquant les acteurs, dans une dynamique collective, source de motivation
et lit de bnfices.
Le pouvoir est le fondement de laction organise. Selon Crozier & Friedberg, le pouvoir est
une relation et non pas un attribut des acteurs (souvent leurs point de vue). Cest une relation
dchange et de ngociation non transitive. Il y a systme sil y a relations de pouvoirs, et
celui-ci possde un minimum de structuration, ce qui le distingue du simple amas
dinteractions et de relations. Il dispose de mcanismes de rgulations. Ils conseillent donc
d'analyser une organisation en se penchant sur les jeux de pouvoir qui la structurent et rendent
les comportements des acteurs intelligibles. Mais il faut toujours sinterroger sur les
contraintes structurelles qui caractrisent une situation de ngociation donne, dlimitant le
champ dexercice des relations de pouvoir.
La premire grande source de pouvoir est lexpertise. La possession dune comptence (savoir
faire, connaissance, exprience) ou dune spcialisation fonctionnelle difficilement
remplaable et cruciale pour lorganisation. Cet acteur dispose dailleurs dune bien meilleure
position dans la ngociation avec lorganisation et ses collgues. Cependant lexpertise
proprement dite est relativement limite, peu de personnes, dans une socit complexe comme
la ntre sont vraiment irremplaables, cest dire les seules capables de rsoudre un problme
dans un ensemble donn. Mais normment de personnes ont un monopole du fait quil est
trop difficile ou trop couteux de les remplacer. Dailleurs chacun possde un minimum
dexpertise dont il se sert pour ngocier. Malheureusement il semble que dans lorganisation
contemporaine lexpertise ne soit pas toujours reconnue. La reconnaissance (notamment
hirarchique) passe par la visibilit, la mise en avant, la forme et pas le fond.
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Le facteur humain dans lenvironnement durable
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Le jeu est linstrument que les hommes ont labor pour rgler leur coopration. Cest
linstrument essentiel de laction organise. Le joueur reste libre mais il doit, sil veut gagner,
adopter une stratgie rationnelle en fonction de la nature du jeu et respecter les rgles de
celui-ci. Ce ne sont pas les hommes qui sont rguls et structurs, mais les jeux qui leurs sont
offerts. Attention, il ne sagit pas de jeux darcades ou de rles, ludiques et distrayants. Ces
jeux sont la ralit, implacable et immuable. Mais si le terme peut aider ddramatiser un peu
la situation, procurer la distanciation indispensable lanalyse, je lutilise volontiers.
Par exemple un mme acteur, peut mettre en uvre des stratgies contradictoires et
complmentaires. Une offensive , qui cherche contraindre les autres pour satisfaire ses
propres exigences et lautre dfensive , qui vise se soustraire leurs contraintes par la
protection systmatique de sa propre marge de libert et de manuvre. Celui-ci garde toujours
une marge de libert (qui signifie source dincertitude pour ses partenaires). Chaque acteur
dispose ainsi de pouvoir sur les autres acteurs. Dailleurs il tentera souvent de mettre profit
sa marge de libert en ngociant sa participation de telle sorte quelle soit payante pour
lui .
Remarque : Nous avons gnralement une fausse image de laction organise. Nous survaluons beaucoup trop la rationalit et lefficacit des organisations. Les images qui viennent lesprit sont des engrenages mcaniques, des structures architecturales mais cest sans compter sur la complexit des comportements humains et leurs aptitudes influencer le
modle prescrit, officiel. Les comportements sont parfois incohrents ou peu lisibles, mais ils
ont toujours un sens, parfois cach pour lacteur lui-mme.
Etudions prsent lenvironnement de lorganisation. Il sagit maintenant de regarder le
contexte technique, conomique et social dans lequel se trouve lorganisation. Pourtant il ny
a en la matire aucun dterminisme (technologique) aucune automaticit (adaptation aux
exigences de la situation) qui permet daffirmer que le contexte est dterminant pour les
structures.
Tout comme le fonctionnement interne dune organisation, les
solutions apportes aux problmes poss par son environnement
au sens large consti