le dÉsherbage thermique - itab.asso.fr · robert desvaux (itab) jean-marc jourdain (ctifl) ......

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LE DÉSHERBAGE THERMIQUE : une technique enfin maîtrisée FLOREGAZ a développé pour vous des matériels innovants, efficaces et toujours respectueux de l’environnement. Pour vos besoins de désherbage en maraîchage, ayez le réflexe “HerbiogazDes concepts développés et validés par Floregaz, en partenariat avec les instances du Monde Agricole Association entre les partenaires : et Pour plus de renseignements, contactez-nous : GIE FLOREGAZ 46 bd Déodat de Séverac 31300 Toulouse - Tél : 05 62 48 04 16 - Fax : 05 62 48 56 30 - e-mail : [email protected] Pour vos traitements en dirigé sur les cultures en ligne, ayez le réflexe ThermilocT RAITEMENT EN P LEIN • Matériel disponible en 1000, 1200, 1600 et 1800 • Idéal pour les cultures maraîchères bio ou conventionnelles : destruction de faux-semis, traitements de pré-levée ou même de post-levée • Vitesse d’avancement de 3 à 7 km/h T RAITEMENT EN DIRIGÉ POUR GRANDES CUL TURES • Matériel de désherbage mixte “mécanique-thermique” • Idéal pour les cultures bio de maïs, soja, betteraves... • Vitesse d’avancement jusqu’à 6 km/h T RAITEMENT EN L OCALISÉ • Désherbage de l’inter-rang des cultures maraîchères • Vitesse d’avancement environ 3 km/h

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LE DÉSHERBAGE THERMIQUE :

une technique enfin maîtrisée

FLOREGAZ a développé pour vous des matériels innovants,

efficaces et toujours respectueux de l’environnement.

Pour vos besoins de désherbage en maraîchage, ayez le réflexe “Herbiogaz”

Des concepts développés et validés par Floregaz, en partenariat avec les instances du Monde Agricole

Association entre les partenaires : et

Pour plus de renseignements, contactez-nous :GIE FLOREGAZ 46 bd Déodat de Séverac 31300 Toulouse - Tél : 05 62 48 04 16 - Fax : 05 62 48 56 30 - e-mail : [email protected]

Pour vos traitements en dirigé sur les cultures en ligne, ayez le réflexe “Thermiloc”

TRAITEMENT EN PLEIN• Matériel disponible en 1000, 1200, 1600 et 1800• Idéal pour les cultures maraîchères bio ou conventionnelles :

destruction de faux-semis, traitements de pré-levée ou même de post-levée

• Vitesse d’avancement de 3 à 7 km/h

TRAITEMENT EN DIRIGÉ POUR GRANDES CULTURES• Matériel de désherbage mixte “mécanique-thermique”• Idéal pour les cultures bio de maïs, soja, betteraves... • Vitesse d’avancement jusqu’à 6 km/h

TRAITEMENT EN LOCALISÉ• Désherbage de l’inter-rang

des cultures maraîchères• Vitesse d’avancement environ 3 km/h

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Bimestriel des Agricultures Alternatives

Institut Technique de l’Agriculture Biologiqueseptembre/octobre 2001 O Prix : 60FF - 9,15 €

Bimestriel des Agricultures Alternatives

Alter Agrin° 49

La pomme de terreen agriculture

biologiqueQualitéQualité du lait : état des lieux

AgronomieCompostage et Environnement

ÉlevageProblématique du parasitisme

MaraîchageMéthode de protection des sols vis-à-vis des taupins.

Point de vueLa forteresse assiégée

ArboricultureLes prés-vergers

Calendrier

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CommissionSommaire

Revue de l’Institut Technique del’Agriculture Biologique (ITAB)

Directeur de PublicationFrançois Lhopiteau (Président ITAB)

Rédacteur en chefHélène Moraut

Chargée de rédactionClaire Minost

Comité de rédaction• Élevage

Jean-Marie Morin (ITAB)

•Fruits et légumesRobert Desvaux (ITAB)

Jean-Marc Jourdain (CTIFL)

•Grandes CulturesOlivier Durant (ITAB)Philippe Viaux (ITCF)

•ViticultureMarc Chovelon (ITAB)

Denis Caboulet (ITV)

•Agronomie/SystèmesBlaise Leclerc (ITAB)

Alain Mouchart (ACTA)

•QualitéBruno Taupier-Létage (ITAB)

Rédaction/AdministrationPromotion/Coordination :

ITAB149, rue de Bercy

75595 PARIS CEDEX 12Tel: 0140045064 - Fax: 0140045066

Abonnement :Interconnexion

2 bis, route de LacourtensourtBP 78 bis

31152 FENOUILLET CEDEX

Publicité :Frédéric Prat - 34270 CLARET

Tel: 0467028209 - Fax: 0467028159

Dessins de la revue :Philippe Leclerc

Réalisation :Flashmen

2, rue des Métiers05000 GAP

Commission paritaire :74034

ISSN :1240-363

Imprimé sur papier 100 % recyclé

Les textes publiés dans ALTER-AGRI sont sous la responsabilité de leurs auteurs.ALTER-AGRI facilite la circulation des informations techniques ce qui n’implique ni jugement de valeur,ni promotion au bénéfice des signataires.

Sommaire

Édito . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 3

Activités de l’ITAB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 4Les fiches Techn’ITAB

Qualité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 5Qualité du lait : état des lieuxLaurence Echevarria, Institut de l’Elevage

Agronomie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 6Compostage et EnvironnementJoséphine Peigné (ECOCERT/INRA de Colmar)et Philippe Girardin (INRA de Colmar)

Pomme de terre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 10• La filière pomme de terre bio : une filière embryonnaire

dont le développement ne va pas de soi

• Des méthodes de lutte contre le rhizoctone . . . . . . . . . . . . . . . . . p 12de la pomme de terre en agriculture biologiqueFabrice Tréhorel - Stagiaire Bretagne-Plants, Bernard Jouan - INRA

• Pomme de terre bio en Nord-Pas-de-Calais . . . . . . . . . . . p 14le mildiou ne nous fait pas peur!!!Marion Stannard (GABNOR) etChristine Haccart (FREDEC Nord-Pas-de-Calais)

Maraîchage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 17Vers une méthode de protection des sols vis-à-vis des taupins en agrobiologieJean-François Lizot, Arnaud Brunellière (GRAB), Yves Blot (INRA)

Point de vue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 20La forteresse assiégéePaul Polis, vétérinaire, membre de l’association Symphytum

Élevage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 20Problématique du parasitisme en agriculture biologiqueEssai de clarificationPaul Polis, vétérinaire, membre de l’association Symphytum

Arboriculture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 24Les Prés-vergers, un système adapté à l’agriculture biologiqueFrédéric Coulon

Calendrier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 26

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N° 49 • septembre/octobre 2001 • Alter Agri 3

ÉditoÉdito

La production de semences en agriculture biologique se distingue de la production enconventionnel car elle doit répondre à la fois aux règles spécifiques de la production desemences et aux règles de la production biologique.

C’est en juin 1995 que le règlement communautaire 2092/91 a été modifié par l’introduc-tion de la prescription suivante : “le mode de production biologique implique que lessemences et le matériel de reproduction végétative - la plante mère dans le cas des semences,et la (les) plante(s) parentale(s) dans le cas du matériel de reproduction végétative - aientété produits conformément aux règles générales de l’agriculture biologique pendant aumoins une génération ou, s’il s’agit de cultures pérennes, deux périodes de végétation”.

Les difficultés techniques rencontrées pour mettre en place la filière fin 2003 sont nombreuses. Quelques exemples : sans protection phytosanitaire les risques de non-récolte ou de contamina-tion des semences sont plus élevés, la maîtrise insuffisante du désherbage, particulièrementen fin de cycle, pose des problèmes de “salissement” de la récolte, voire de la parcelle pourla culture suivante.Le risque agricole est donc important.Sur un autre plan, de nombreux progrès sont à faire pour la plupart des espèces pourmieux connaître les caractéristiques variétales adaptées à l’agriculture biologique (programmes de criblage variétal).

Au vu des nombreuses questions soulevées, l’ITAB, avec ses partenaires techniques etinstitutionnels, a mis en œuvre un programme de travail qui vise à répondre aux objectifs suivants :- clarifier l’état de la production de semences biologiques en France : offre, demande,

perspective d’évolution ; - aider à déterminer les espèces et variétés à multiplier en priorité, notamment par des

actions de criblage variétal ;- définir des itinéraires techniques de production des semences en agriculture biologique ; - expérimenter la protection sanitaire des porte-graines d’une part, des semences d’autre part.Ce programme de travail portera sur plusieurs types de production : les potagères, les fourragères et les grandes cultures.

Les bénéficiaires des résultats des travaux seront en premier lieu les agriculteurs, à travers l’appui technique qu’ils recevront, et les établissements multiplicateurs et distributeurs, partenaires incontournables dans un tel domaine.À travers ses contacts européens, l’ITAB assurera la coordination entre ce programme etles travaux menés à l’étranger par ECOPB (European Consortium for Organic Plant Breeding) ; dans ce cadre, l’ITAB participe notamment à l’élaboration d’un guide sur les techniques de sélection et de multiplication utilisables en agriculture biologique.

L’ITAB a recruté un coordinateur semences et plants en agriculture biologique : Jean-François Lizot qui a pris ses fonctions le 3 septembre 2001. Il est basé à l’antenne de Montpellier. Il sera votre nouvel interlocuteur sur ces questions.

Hélène Moraut – Directrice de l’ITAB, rédacteur en chef d’Alter Agri

PROGRAMME SEMENCES ETPLANTS DE L’ITAB.

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Alter Agri • septembre/octobre 2001 • n°494

Les fiches techniques de l’ITAB ont pourobjectif de présenter en quatre pages, unitinéraire technique de culture ou uneproblématique technique précise.Synthétiques, elles permettent derassembler sur un seul document lesdifférents aspects d’un sujet et de faire lepoint sur les dernières avancées de larecherche expérimentation. Ellesconstituent ainsi un outil pratique destinéen tout premier lieu aux producteursbiologiques, mais aussi aux techniciens,aux enseignants, aux animateurs desréseaux d’agriculture biologique et pluslargement aux producteurs et acteursagricoles intéressés par les techniques del’agriculture biologique.La nouvelle présentation caractérise lesfiches par filière et invite à laconstitution de collections.

Un partenariat variéChaque fiche est le fruit de partenariatsentre l’ITAB et différentes structures derecherche-expérimentation. Les auteurschoisis sont des spécialistes du thèmeabordé et les fiches sont soumises à unerelecture sévère et validées par desprofessionnels et des chercheurs.Historiquement, les premières fichesparues sont celles portant sur lemaraîchage et l’arboriculture, rédigéespar le GRAB et diffusées dans la revueRéussir Fruits et Légumes, sous formed’un encart libre. Les nouvelles fiches decette série, toujours rédigées par le GRABet diffusées par Réussir Fruits etLégumes, vont intégrer la série des fichesTechn’Itab avec une nouvelle maquette.Les fiches consacrées à la viticulture,actuellement au nombre de quatre, sontco-rédigées par des auteurs provenantde différents organismes : ITV, réseaubio, chambres d’agriculture, GRAB,cave coopérative…La dernière série, disponibleactuellement, est constituée des troisTechn’Itab Grandes Cultures qui fontelles aussi l’objet d’une co-rédaction. ■

LES FICHES TECHN’ITABI T A BActivités

L’un des rôles de l’ITAB, spécifiquement précisé dans les statuts de l’institut, est la diffusiondes résultats des travaux de recherche portant sur les pratiques et techniques de l’agriculture

biologique. C’est dans le cadre de ce transfert des connaissances que s’inscrit l’édition defiches techniques “Techn’Itab” dont la collection ne cesse de s’étoffer.

Les fiches actuellement disponibles à l’ITAB

Fiches techniques Maraîchage - ArboricultureContrôle du carpocapse (C. pomonella) en agriculture biologiqueProduction de salade d’automne-hiver sous abris froidsContrôle du Puceron cendré (D. Plantaginea) en verger de pommierLutter contre les nématodes à galles en agriculture biologiqueLe poirier en agriculture biologiqueConduite d’un verger en agriculture biologiqueLa création d’un verger en agriculture biologiqueLe maraîchage en agriculture biologiqueLe noyer en agriculture biologique

Techn’Itab ViticultureChoix des amendements en viticulture biologiqueProtection du vignoble en agriculture biologiqueChoix du matériel de travail du sol en viticulture biologiqueCaractéristiques des produits de traitement en viticulture biologique

Techn’Itab Grandes CulturesConduite du maïs en agriculture biologiqueConduite du soja en agriculture biologiqueConduite du tournesol en agriculture biologique

Les fiches à paraître

Techn’Itab Maraîchage - ArboricultureLes Lépidoptères ravageurs en culture légumière biologiqueLutte contre les Lépidoptères en culture légumière biologiqueLe melon en agriculture biologiqueLe pêcher en arboriculture biologiqueLe pommier en arboriculture biologique

Techn’Itab ViticultureLes principes de l’agriculture biologique et la réglementation européenne, cadre généralLa réglementation européenne, règles définissant la culture de la vigneConvertir son vignoble à l’agriculture biologiqueL’organisation de la filière viticole et les adresses utilesActivité biologique des sols : nature et intérêts en viticultureComment stimuler l’activité biologique des sols viticolesLes engrais verts en viticultureL’enherbement du vignoble

Une quinzaine d’autres fiches sont prévues, toujours en partenariat avec l’ITV et l’ONIVINS

Techn’Itab Semences et plantsProduire des semences en agriculture biologique - Connaître les réglementations

D’autres fiches sont prévues dans cette série, certaines réalisées en partenariat avec la FNAMS

Techn’Itab Grandes CulturesConduite du blé tendre en agriculture biologique

Pour commander les fiches techniques de l’ITAB, voir le bon de commande encarté. ■

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N° 49 • septembre/octobre 2001 • Alter Agri 5

Cette étude, qui se terminera endécembre 2001, a pour objectifs :- de faire l’état des lieux des résultats

concernant la qualité du lait,- de recenser les conduites d’élevage

ou les pratiques mises en œuvre parles éleveurs afin de maîtriser lesmammites dans leur troupeau,

- de mettre au point et évaluer des iti-néraires techniques de maîtrise desmammites, conformes au mode deproduction biologique.

Nous avons analysé les résultats“qualité du lait” obtenus entre 1995et 1999 dans le cadre du paiement dulait et du contrôle laitier, par les éle-vages certifiés biologiques ou encours de conversion dans les quatrerégions étudiées.Pour l’année 1998 par exemple, cesrésultats concernent 264 élevagesdont 3/4 étaient certifiés avant fin1998, ce qui représente 31 % des 643élevages français certifiés à cette date.

Des résultatsglobalementcomparables àl’ensemble des éleveursdes régions étudiéesConcernant les critères cellules et germestotaux, les résultats montrent que leniveau global de qualité est quasimentidentique entre les élevages agrobiolo-giques et l’ensemble des élevages laitiersconventionnels des quatre régionsconcernées. (figure 1 & 2)

La seule différence porte sur le critèrespores butyriques. Il est en faveur desélevages biologiques. La limitationvoire l’absence d’ensilage dans lesrations distribuées dans ces élevagesexplique cette différence. (figure 3)

Mais des situationscontrastées dans lamaîtrise du critère“cellules”Concernant le critère cellules, onobserve que les résultats des élevagesagrobiologiques sont assez différentsentre les quatre régions étudiées.Cette observation n’est cependantpas spécifique aux éleveurs biolo-giques et peut être faite de la mêmemanière au niveau de l’ensemble deséleveurs. (figure 4)

Sur l’ensemble des élevages agrobio-logiques étudiés sur plusieurs années,près de 4 élevages sur 10 ont plus dela moitié de leurs résultats au-dessusdu seuil des 250 000 cellules/ml, pre-mier seuil souvent utilisé pour lepaiement du lait. Mais les résultatssont contrastés entre les régions : cenombre passe à 5 élevages sur 10 enBasse-Normandie alors qu’il est demoins de 2 élevages sur 10 enFranche-Comté (Doubs et Jura).Maîtriser ses résultats cellules estcependant possible puisque un peuplus d’un élevage sur dix a quasimenttous ses résultats inférieurs à ce seuil,avec là encore les meilleurs résultatspour la Franche-Comté où cette pro-portion monte à 3 élevages sur 10.Le fait que les élevages pratiquent ounon le tri du lait n’est pas pris encompte dans l’analyse de ces résultats.

La suite de cette étude a pour objectifd’essayer de comprendre ces diffé-rentes situations. À suivre donc… ■

Nous remercions les éleveurs de la CAB Pays-de-Loire, du GRAB Basse-Normandie, du CGA Lor-raine et d’Interbio Franche Comté, ainsi que nospartenaires techniques qui ont permis de mener àbien la première étape de cette étude.Cette étude est soutenue financièrement parl’ACTA et l’ONILAIT.

QualitéQualité

QUALITÉ DU LAIT : ÉTAT DES LIEUXpar Laurence Echevarria, Institut de l’Elevage.Avec l’aimable autorisation des Rencontres Recherches Ruminants 2001 pendant lesquelles ces résultats seront présentés.

L’Institut de l’Elevage conduit depuis janvier 1999 une étude dans les élevages agrobiologiques de quatrerégions laitières françaises : les Pays-de-Loire, la Basse-Normandie, la Lorraine et la Franche-Comté(Doubs et Jura). Nous vous en présentons les premiers résultats concernant l’état des lieux de la qualitédu lait livré par les éleveurs agrobiologistes certifiés ou en fin de conversion dans ces quatre régions.

45% 44%

12%

46%40%

14%

0%5%

10%15%20%25%

30%35%40%

45%50%

< 200 200-400 >400 en milliers de cell./ml

264 élv. certifiés ou en conversionensemble des producteurs des 4 régions

figure 1 : Répartition des résultats cellules en classes de niveau (année 1998)

Seuil réglementaire : 400 000 cellules/ml

90%

6% 3% 1% 1%

88%

8%3%

0%

20%

40%

60%

80%

100%

< 50 50-100 100-300 >300

264 élv. certifiés ou en conversionensemble des producteurs des 4 régions

figure 2 : Répartition des résultats germes totaux en classes de niveau (année 1998)

en milliers de gemms/mlSeuil réglementaire : 100 000 germes/ml

81%

13%4% 3% 5%

60%

24%11%

0%10%20%30%40%50%60%70%80%90%

< 610 611-1800 1801-4300 4300

264 élv. certifiés ou en conversionensemble des producteurs des 4 régions

figure 3 : Répartition des résultats butyriques en classes de niveau (année 1998)

sporesbuty/L

100

150

200

250

300

350

JAN FEV MAR AVR MAI JUIN JUIL AOUT SEPT OCT NOV DEC

4 régions (264 élv.)P. de LoireLorraine (47)Fr Comté (50)B. Norm (94)

figure 4 : Évolution des moyennes* mensuelles cellules des élevages agrobiologistes (année 1998) milliers de cell./ml

* moyennes arithmétiques

(73)

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Alter Agri • septembre/octobre 2001 • n°496

Le compostage est un processus detransformation de matière organiquefraîche en une substance organiquehumifiée, plus stable, appelée “com-post”. La transformation est due à l’ac-tion simultanée de réactions biolo-giques, chimiques et physiques. Ellenécessite de l’oxygène et de l’eau, deuxconditions de vie limitante des princi-paux agents responsables de la produc-tion du compost : les micro-organismes.L’ensemble de ce processus est illustrépar la figure n°1.

De nombreux micro-organismes sontimpliqués dans la transformation de lamatière organique. Tous ne sont pasconnus, mais il est possible de distin-

guer des groupes de micro-organismesselon les différentes phases du com-postage :• ils se développent dans des gammes

de températures allant de 10 à 45 °Cet commencent à dégrader les sucres,acides aminés etc.,

• les micro-organismes thermophilesprennent le relais en raison de l’aug-mentation de température ; ils sontresponsables de la majorité de ladégradation de la matière organiqueet se développent dans des gammesde température supérieure à 50 °C,

• les micro-organismes mésophilesplus spécifiques interviennent lorsde la phase de refroidissement etmaturation du compostage ; ils vontcontinuer à dégrader des matièresorganiques plus stables comme lalignine.

Cette succession d’activités des diffé-rents micro-organismes va ainsi assurerdeux grandes réactions du compostage :la minéralisation des matières orga-niques fraîches et l’humification pro-duisant le compost, matière plus stable.Les différentes réactions chimiquesassociées vont être responsables de laformation d’éléments minéraux, d’eauévaporée, de CO2 et de nombreux gazémis lors du compostage.L’ensemble de ces réactions va introdui-re des changements physiques de lamatière de départ. Le produit sera plussec en raison des pertes d’eau, le volu-me du tas sera réduit en raison despertes de matières.

Les impacts ducompostage sur l’airL’ensemble des processus biochimiquesdu compostage va entraîner la forma-tion de nombreux gaz, présentant desimpacts sur l’air de différentes natures :

• les gaz à effet de serre, mis en causedans le phénomène de changementclimatique,

• les gaz dits de redéposition : suite àleur émission ils vont se redéposerdans le milieu naturel et l’enrichir, ilspeuvent être responsables de problè-me d’eutrophisation de milieuxaquatiques,

• les gaz malodorants et toxiques, cesgaz posant essentiellement des pro-blèmes de santé pour l’homme.

Les gaz à effet de serreLe dioxyde de carbone (CO2), gaz res-ponsable de 60 % de l’augmentationde l’effet de serre ces dernières années,est le principal gaz émis lors du com-postage. Cependant en terme d’émis-sions à l’échelle du globe, l’agricultureà travers les changements d’affectationdes terres et les pratiques culturales nereprésente que 30 % environ des émis-sions. L’agriculture joue à la fois le rôlede puits et de source dans l’émission dece gaz via le déstockage du carbone dusol ou inversement sa séquestration.Or il semble que le compostage, com-paré à des matières non traitées ou fer-mentées sans oxygène, augmente lastabilisation du carbone une fois épan-du dans le sol. Le traitement des

AgronomieAgronomie

COMPOSTAGE ET ENVIRONNEMENTPar Joséphine Peigné (ECOCERT/INRA de Colmar) et Philippe Girardin (INRA de Colmar)

Le compostage présente de nombreux avantages agronomiques et environnementaux : unproduit sans odeur, facilement transportable et épandable. La montée en température lors du

compostage hygiénise le compost, les mauvaises herbes et les pathogènes sont détruits.Certaines études montrent que le compostage dégrade des pesticides lors du processus et une

fois épandu sur le sol. Cette technique ne présenterait-elle donc que des avantages ? Il semblerait que non. En effet, le compostage entraîne des pertes d’éléments qui peuvent poserdes problèmes environnementaux. Cependant, il est possible de limiter fortement ces pertes par

certaines techniques de compostage.

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N° 49 • septembre/octobre 2001 • Alter Agri 7

matières organiques émet des quantitésnégligeables d’un point de vue global.De plus, lors du compostage, le CO2provient de la dégradation de la matiè-re organique fraîche. Son émission estdifficilement contrôlable. Pour stopperson émission il faudrait tout simple-ment empêcher le processus de dégra-dation de la matière organique, doncne pas composter !

Le méthane (CH4), responsable de15 % de l’augmentation de l’effet deserre, est émis lors de la phase de mon-tée en température. Ce gaz est 20 foisplus puissant que le CO2 par rapport àson action sur l’effet de serre, son émis-sion doit donc être contrôlée un maxi-mum. La formation du méthane lors ducompostage est due à l’action de bacté-ries thermophiles appelées méthano-gènes. Ces bactéries ont besoin defortes températures pour se développeret de conditions anoxiques, c’est-à-diredes conditions d’oxygénation nulles.Tout compostage qui s’effectue dans demauvaises conditions d’aération vaproduire et émettre du méthane.

Le protoxyde d’azote (N2O), gaz res-ponsable de 5 % de l’augmentation del’effet de serre, peut être émis au débutet surtout à la fin du compostage. Cegaz est formé suite à deux réactions :la nitrification et la dénitrification. Lanitrification, transformation de l’azoteammoniacale en nitrate, se déroule encondition de température moyenne(< 45°C) donc au début ou lors de laphase de maturation du compostage.Elle nécessite des conditions aérobies,c’est-à-dire de bonnes conditions d’aé-ration du tas de compost. Inverse-ment, la dénitrification est une réac-tion qui transforme les nitrates en N2.Du N2O est produit si la réaction n’estpas totale. Elle nécessite des condi-tions anoxiques, comme pour le CH4.Lors du compostage, les conditionsd’aération à l’intérieur du tas peuventvarier, le N2O sera alors produit enraison de la présence des deux types deréactions.

Les gaz dits de redépositionLe principal gaz émis de ce type estl’ammoniac (NH3). Ce gaz, d’origineagricole à 95 %, va se redéposer aux

alentours de sa source d’émission etenrichir le sol et les milieux aquatiquesen azote. De plus, il joue un rôle dansles mécanismes des pluies acides. Lorsdu compostage, plus de 50 % de l’azo-te présent au début peut être émis sousforme d’ammoniac. Son émission estdue à deux facteurs :• la production de NH4

+ suite à ladégradation de la matière organique(réaction d’ammonification) et del’urée (ou acide urique pour lesvolailles),

• la présence de fortes températures etd’un pH basique, conditions favo-rables à la volatilisation du NH4

+ sousforme de NH3.

Ce gaz sera émis lors de la phase demontée en température et après chaqueretournement.Les oxydes d’azote (NOx), autres quele N2O, sont aussi des gaz respon-sables de pluies acides (et destructeurde la couche d’ozone). Ils sont pro-duits lors du compostage, mais ledétail de leur formation est moinsconnu et surtout les quantités émisessont négligeables.

Micro-organismes

Phase ducompostage

Évolution des paramètres

du compostage

Principalesréactions

biochimiques

Micro-organismesmésophiles

non spécifiques

Micro-organismesthermophiles

Bactéries thermophilesméthanogènes

Micro-organismesmésophiles

plus spécifiques

Phase thermophile De quelques jours

à quelques semaines

Phase de refroidissementet de maturation

De quelques semaines à quelques mois

Phase mésophile De quelques heures

à quelques jours

Comsommation d'oxygène : Température :

pH :

Stabilisationdes paramètres

Retournement

Matièreorganique

fraîche

Substances humiques+ produitsminéraux

Minéralisation/humification

Pertes de H20, CO2, NH3, NO2, énergie…

Figure n°1 : le processus de compostage

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Les gaz toxiquesÀ travers cette appellation de gaz toxiques,ce sont les composés organiques volatiles(COV) qui sont impliqués. Leur émissiondépend du degré d’activité biologique, desconditions d’aération et donc de tempéra-ture. Ces gaz sont le plus souvent problé-matiques dans les grandes stations de com-postage, où leur concentration à proximitédes tas peut être dangereuse pour l’homme.

Les impacts ducompostage sur l’eauContrairement aux idées reçues, le com-postage est moins nocif pour l’eau quepour l’air. Les éléments perdus par ruissel-lement ou lessivage sont, le plus souvent,négligeables vis-à-vis des pertes par voiegazeuse.

Le ruissellementLors de fortes précipitations, l’eau peutruisseler sur le tas de compost et se char-ger en éléments (nitrate, phosphore, etc.).Seuls les tas à proximité immédiate desources d’eau seront source de pollution.Or, la réglementation française (règlementsanitaire et installation classée) fixe desdistances de sécurité bien précises quant àl’emplacement des tas d’effluents orga-

niques.Le principal problème du ruissellement estplus technique qu’environnemental, desflaques d’eau aux abords des tas représen-tants des obstacles à la manipulation ducompost.

Le lessivageLe lessivage a deux origines lors du com-postage: les eaux de pluies qui percolentdans le tas et l’eau formée lors du com-postage. Tout comme le ruissellement, leseaux de lessivage sont généralement fai-blement chargées en éléments polluants.Le principal problème est lié à l’accumu-lation d’éléments sous le tas de compostsi celui-ci est maintenu à la même placetous les ans. Les teneurs en azote plus oumoins élevées des différents matériauxjoueront aussi. Ainsi, un fumier devolaille, riche en azote, peut présenter unrisque s’il est lessivé lors du compostage.Cependant, la réglementation prend encompte ces problèmes, en recommandantde changer de place le tas de composttous les ans.Le potassium est l’élément le plus lessivépendant le compostage. Bien qu’il ne soitpas considéré comme un polluant, laperte de potentiel de fertilisation peutposer problème. Les écoulements doiventdonc être contrôlés.

Les bonnes pratiquesLes différents impacts environnementauxdu compostage peuvent être contrôlés entenant compte des pratiques qui vontinfluencer les facteurs de pollution.

Le choix du matériel àcomposterLe produit brut à composter, qu’il soitd’origine animale ou végétale, va jouer unrôle prépondérant pour le contrôle desémissions de polluants. Différents aspectssont à prendre en compte:• les teneurs en azote facilement dispo-

nible et les teneurs en carbone facile-ment dégradable,

• l’humidité du produit brut,• l’utilisation et le choix d’agents struc-

turants.Le premier point va jouer sur les pertesd’azote lors du compostage, principale-ment sous forme de NH3. Plus il y aurad’azote dans le produit brut, plus deNH4

+ sera produit. Si les composés car-bonés ne sont pas facilement dégradables(lignine), alors le NH4

+ ne sera pas immo-

bilisé rapidement par les micro-orga-nismes et sera potentiellement volatili-sable. Ainsi, si le matériel de départ estriche en azote (fumier de volailles), il estrecommandé d’ajouter des matériauxcarbonés dont le carbone est facilementdégradable (pailles). L’ajout de matériauxcarbonés contenant beaucoup de lignineest moins efficace, toutefois ajouter ducarbone est toujours bénéfique dans cescas là. Une façon simple de prendre encompte ces variables est de contrôler lerapport C/N du produit brut.Les deux derniers aspects vont jouer surl’aération lors du compostage. En effet,dès le début, si le produit à composter estbien structuré, les conditions d’aérationseront bonnes et la montée en tempéra-ture s’effectuera bien. Plus le tas est aéré,moins il y a de risque d’émissions deméthane. Cependant, une trop fortemontée en température va provoquerdes risques d’émissions accrues d’am-moniac. Les conditions d’émission deces deux gaz sont antagonistes. Unesolution technique à ce problème est dejouer sur le rapport C/N pour contrô-ler le dégagement de NH3 et bien aérerle tas pour le méthane.Enfin, un tas trop humide n’absorberapas de fortes pluies, augmentant ainsiles risques de lessivages.

La mise en place du tasLa forme et la taille du tas de compostpeuvent influencer les conditions d’émis-sion des gaz. Un andain d’une hauteurd’1,5 m et de forme trapézoïdale repré-sente la structure la plus appropriée.La localisation et les aménagements dutas de compost sont très importants pourcontrôler les écoulements d’eau. Les sys-tèmes de récupération des jus préviennenttout risque de pertes. Cependant, étantdonné les faibles risques de pollutionengendrés, aménager de coûteuses airesde compostage ne semble pas toujoursjustifié.

Le traitementLors du compostage, le tas de compost vaêtre retourné plusieurs fois. Cette tech-nique assure un maintien ou une reprisede la montée en température. Générale-ment, le retournement du compost esteffectué dans l’optique d’aérer le tas. Dansla pratique, il faut savoir que l’apportd’oxygène est de courte durée (quelquesheures) ; c’est la montée en température

8 Alter Agri • septembre/octobre 2001 • n°49

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qui s’en suit qui va assurer une bonneaération via les mouvements d’air chauddans le tas.À chaque retournement, le NH3 produit àl’intérieur du tas va être volatilisé. Lenombre et la fréquence des retournementsdoivent donc être raisonnés, ils ne sontefficaces qu’au début du compostage et 2à 3 retournements suffisent généralement.Au-delà, le NH3 est volatilisé sans véri-table gain d’un point de vue agronomique(hygiénisation, homogénéisation etc.).

La phase de maturationLa durée de cette phase est plus ou moinslongue suivant les techniques de compos-tage. Elle est nécessaire à la formationd’un compost dit “mûr”, c’est-à-direstable et sain lors de son épandage. Tou-tefois, des phases de maturation troplongues (de 6 à 12 mois) vont provoquerdes pertes gazeuses de NH3 mais surtoutde N2O.Le bâchage est le plus souvent réalisé lors

de cette période. Cette pratique est inté-ressante vis-à-vis de l’humidité du tas decompost car elle permet de la réguler. Eneffet, elle empêche l’entrée d’eau lorsd’épisodes pluvieux et inversementempêche un dessèchement trop impor-tant du tas lors d’épisodes climatiqueschauds et secs. Cependant, les bâchestype semis ne sont pas conseillées car ellesempêchent le tas de respirer. Lesmeilleures bâches sont celles en géotex-tiles ; leur coût élevé est toutefois un freinà leur utilisation.

ConclusionTrois scénarios de compostage et leursimpacts sur l’environnement sont illus-trés dans le tableau 1. Le scénario n°1représente de bonnes conditions de com-postage, les deux autres scénarios illus-trent bien l’antagonisme des émissionsde gaz à effet de serre et de l’ammoniacsuivant le choix des pratiques. Actuelle-ment, il est possible d’évaluer ces pra-

tiques en utilisant un indicateur mis aupoint à l’INRA de Colmar (voir enca-dré). Dans tous les cas, bien gérer lecompostage d’un point de vue environ-nemental permet de réduire des pertesd’éléments et de préserver ainsi la valeurfertilisante de son compost. ■

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Scénarios de compostage NH3 CH4 N20 Lessivageruissellement

Matériel de départ Fumier de bovin (stabulation libre, 7 kg de paille/j/UGB) + + + +C/N = 20 à 30Bonne porositéDe 70 % à 80 % d’humidité

Mise en place du En période sèchetas de compost Andain au champ

Hauteur = 1,5 mTraitement Retournement : deux (un mois d’intervalle)

Durée de la phase de maturation : deux moisCouverture géotextile pendant la maturation

Matériel de départ Fumier de volaille -- ++ ++ ++C/N = 10 à 15Bonne porosité25 % d’humidité

Mise en place En période pluvieusedu tas de compost Andain sur une plate-forme en béton

Avec récupération des jusHauteur = 1,5 mAddition d’eau : jusqu’à 50 % d’humidité

Traitement Retournement : 7 fois (chaque semaine)Durée de la phase de maturation : 2 mois

Matériel de départ Fumier de bovin (< 3 kg de paille/j/UGB) ++ -- -- -C/N < 20Faible porositéÀ peu près 80 % d’humidité

Mise en place En période sèchedu tas de compost Andain au champ

Hauteur = 2 mTraitement Retournement : une fois lors de la mise en place du tas

Durée de la phase de maturation : 1 an

SCEN

AR

IO N

°1SC

ENA

RIO

N°2

SCEN

AR

IO N

°3

Tableau n°1 : Évaluation qualitative des impacts environnementaux de 3 types de compostage - favorise les pertes+ diminue les pertes

L’équipe Agriculture Durable de l’INRA de Colmara mis au point un indicateur agro-écologique éva-luant l’impact de la technique de compostage surl’environnement. Cet outil d’évaluation calcule unrisque (échelle de 0 à 10 où 10 correspond au risquenul) d’émissions de 3 gaz: le NH3, CH4 et N2O.Pour exemple, voici le calcul des risques d’émissionsdes 3 gaz suivant les scénarios du tableau n°1:

Cette simulation illustre des pratiques potentielle-ment polluantes soit en terme d’effet de serre (scé-nario 3) soit en terme de pollution azotée (scéna-rio 2). Le scénario 1 correspond à un équilibreentre les risques d’émissions des 3 gaz.

NH3 CH4 N2OScénario 1 7,5 6,5 7,5Scénario 2 1 10 10Scénario 3 9 1 1

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Alter Agri • septembre/octobre 2001 • n°4910

Pomme de terrePomme de terre

Alors que la tendance générale de laproduction biologique est à la hausse,les surfaces Bio en pomme de terre ontlégèrement reculé en 2000. En fait, ils’avère que l’évolution des emblave-ments en agriculture biologique secalque plus ou moins sur celles desplantations conventionnelles. D’autrepart, la forte augmentation observée en1999 avait des raisons économiques : leprix élevé des tubercules convention-nels, dû à un déficit de production pourl’année 1998/1999 a entraîné une aug-mentation des emblavements bio l’an-née suivante. Or, en 1999, le cours de lapomme de terre a considérablementbaissé, accentuant l’écart de prix entreles produits et occasionnant des diffi-cultés d’écoulement des produits bio.

Trois grands types deproducteursAvec une moyenne de 0,7 ha parexploitation au niveau national, la pro-duction de pomme de terre bio se rap-proche plus du maraîchage que de lagrande culture. Cependant, une typolo-gie rustique apermis

d’identifier trois types de producteurs.- les “patatiers”, dont l’exploitation

est centrée autour de la productionde pomme de terre bio ;

- les cultivateurs, proches de ces der-niers, mais disposant de moins dematériel.Ces deux types d’agriculteurs consa-crent des surfaces sensiblement supé-rieures à la moyenne actuelle et pré-sentent l’essentiel de l’offre à destina-tion des circuits longs.

- les maraîchers, représentent actuelle-ment la majeure partie de la produc-tion. Cultivés sur de petites surfaces(<1 ha), les produits sont essentielle-ment écoulés par la vente directe.

Un potentielprometteur…Avec des rendements estimés infé-rieurs de 30 à 40 % par rapport à lapomme de terre conventionnelle, laproduction de pomme de terre bioreprésenterait actuellement seulement0,4 % de la production nationale, cequi laisse une importante marged’augmentation. La production 2000

a été estimée à 13000 t (+ 1000t en conversion) pour un

rendement moyen de20t/ha. De plus, les opé-rateurs de la filièreconstatent un manquede produit en “fin decampagne” (mars, avril

ou mai jusqu’à sep-tembre) qu’ils compensent

par des produits d’importa-tion (2500 t environ), en pro-

venance d’Espagne, de Sicile, duMaroc et d’Israël.

… mais un retard auniveau européenL’Allemagne est le premier produc-teur de pomme de terre bio en Europeavec environ 4000 ha, tous plantésavec des plants bio. Les Pays-Bas,fortement positionnés sur le bio cul-tivent un peu moins de 1000 ha maissont les principaux pourvoyeurs deplants bio. Le Royaume Uni et l’Ita-lie se placent devant la France avecrespectivement 1600 et 700 ha, l’Ita-lie étant exportatrice, notamment deprimeurs. La France, alors qu’elle està la pointe de la qualité pour la pro-duction de pomme de terre conven-tionnelle affecte un certain retard dedéveloppement quant à la pomme deterre bio. Parmi les facteurs pouvantexpliquer ce retard, on peut citer leshésitations et les échecs de commer-cialisation dans une partie de lagrande distribution, une coordina-tion et une coopération insuffisantesentre les régions et les différentsstades de la filière, l’absence detransformation industrielle et surtoutles contextes régionaux : faible déve-loppement de l’agriculture biolo-gique dans les grands bassins de pro-duction et inversement absence d’in-frastructures et de savoir-faire dansles régions en pointe de l’agriculturebiologique. Dans ce contexte, la Bre-tagne offre sans doute les meilleurespossibilités de développement, cumu-lant un environnement bio dyna-mique et une tradition de productionde pomme de terre.

POMME DE TERRE BIO :une filière embryonnaire dont

le développement ne va pas de soiDans un rapport final de l’audit de “La filière Pomme de Terre BIO” - CNIPT - ONIFLHOR,

AND-international fait le point sur tous les aspects de la filière pomme de terre biologique française pour tenter d’en définir les problématiques de développement. Malgré des atouts

importants, la France accuse un certain retard par rapport à ses voisins européens. Résumé*…

* Certains aspects, comme les aspects commerciaux et technico-économiques qui fontl’objet d’un chapitre de ce rapport, ne sont pas présentés dans cet article.

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N° 49 • septembre/octobre 2001 • Alter Agri 11

Le rhizoctone, maladie bien connue des producteurs de pommes de terre conventionnels, l’est deplus en plus aussi des agrobiologistes. En effet, certaines pratiques comme la fertilisationorganique peuvent favoriser son développement et les moyens d’intervention restent limités(traitement du plant, prophylaxie…). Cet article se réfère à une étude menée en Bretagne en 2000sur les problèmes parasitaires relatifs à la production de plants de pommes de terre biologique eten particulier le rhizoctone. Il sera traité ici de l’incidence du mode de défanage et du délaidéfanage-récolte sur la contamination de la récolte par les sclérotes de Rhizoctonia solani.

Les enjeux de l’avenir

Les problèmes techniques ne semblentactuellement pas constituer le principalfrein au développement de la pomme deterre biologique, même si les taupinssont parfois considérés comme un pro-blème important, voire rédhibitoire1.Sont aussi cités comme thèmes priori-taires les doryphores, les nématodes, lemildiou2 et le rhizoctone3. Par contre,

les évolutions réglementaires vont pro-voquer un durcissement des contrainteset risquent de peser lourd sur le déve-loppement de la filière. Il s’agit, d’unepart, de l’obligation en 2004 d’utiliserdes plants bio, qu’ils soient produits àpartir de souches conventionnelles oude souches bio, ce qui pose des pro-blèmes organisationnels, éthiques(recours aux techniques in vitro) ettechniques (rhizoctone). On peut à ce

propos imaginer actuellement trois scé-narios pour 2003 : une poursuite desdérogations en cas de réelle pénurie deplants au niveau européen, une domina-tion de la filière néerlandaise, l’affirma-tion d’une filière française…D’autre part, la réduction des doses decuivre à 4 kg/ha en moyenne sur deuxans, en l’absence d’autres produits effi-caces, réduira les possibilités de luttecontre le mildiou, qui reste un parasiterécurrent de la pomme de terre. Plusieursvoies de recherche sont actuellementexplorées: la diminution des doses decuivre par association avec d’autres molé-cules et à l’aide d’adjuvants, le choix devariétés resistantes et la prophylaxie.La jeune filière pomme de terre biologiqueest en quelque sorte face à son avenir. Sondéveloppement passe par un rapproche-ment de l’ensemble des opérateurs et orga-nisations concernés qui doivent trouverdes points de consensus et élaborer unprogramme d’action. ■1 voir article p.17 • 2 voir article p.143 voir article p. 11

1998 1999 2000

Surface AB (ha) 487 682 645Surface AB + C (ha) 579 789 696Nombre d’exploitations 893 951 1002

Évolution du nombre d’exploitation et des surfaces Bio et en conversion (Source : ONAB)

Années Surfaces évolution Surface évolution % AB etpomme de pomme de terre C/totalterre (ha) bio (AB + C)

1998 104 435 579 0,55 %1999 109 910 5,2 % 789 36,3 % 0,72 %2000 107 750 -2,0 % 696 -11,8 % 0,65 %

Comparaison des surfaces en agriculture biologique et en agriculture conventionnelles

DES MÉTHODES DE LUTTE CONTRELE RHIZOCTONE DE LA POMME DETERRE EN AGRICULTURE BIOLOGIQUEFabrice Tréhorel - Stagiaire Bretagne-Plants, Bernard Jouan - INRA

Le rhizoctone brun de la pommede terre, connu depuis le milieu duXIXe, rencontré sous toutes leslatitudes et sur plusieurs culturesest provoqué par Rhizoctoniasolani KHUN. Il s’agit d’uneforme stérile d’un champignonbasidiomycète connu sous le nomde Thanatephorus cucumeris, et

qui se présente sous deux formesprincipales : une forme de fila-ments mycéliens, expression de saphase parasitaire et une formecondensée appelée sclérote quicorrespond à une phase de conser-vation. La maladie se traduit de façoncaractéristique par des attaques sur

la base des tiges (figure 1), indui-sant des problèmes d’alimentationhydrique et par conséquent uneperte de rendement, et par la for-mation de sclérotes sur les tuber-cules fils (figure 2). Un certainnombre de symptômes secondairessont également imputables à ceparasite : retard ou manques à la

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Alter Agri • septembre/octobre 2001 • n°4912

levée, déformations des tubercules,desquamation du périderme, tuber-cules aériens, enrou-lement desfeuilles.

Les sclérotes adhérant aux tuber-cules constituent la principalesource de dissémination et decontamination ; une contamina-tion de la descendance mais éga-lement du sol, en raison de l’apti-tude saprophytique de R. solaniqui, si les conditions le permet-tent (température, humidité…),va vivre et se développer sur lamatière organique du sol présen-tant ainsi un danger potentielpour la culture de pomme de terresuivante.

Le contexte del’agrobiologieLes teneurs en éléments d’origineorganique étant plus élevées enagriculture biologique en liaisonavec les pratiques de fertilisation,ce pathogène constitue un pro-blème important pour les agro-biologistes ; d’autant plus qu’ilsdisposent de moyens de traite-ments limités (permanganate depotassium en cours d’expérimen-tation à Bretagne-Plants). Ilconvient donc d’étudier diffé-rentes méthodes de lutte, quirépondent aux exigences ducahier des charges de l’agricultu-

re biologique, et qui condui-sent à la maîtrise de cet

agent pathogène, enparticulier la forma-

tion des sclérotessur les tuberculesfils.

Parmi celles-ci, ledéfanage, qui estobligatoire pour laproduction de

plant, et le délaid é f a n a g e - r é c o l t e

offrent des perspec-tives intéressantes.

Trois modes de défanage“écologiques” à l’essaiUn essai a été réalisé en 2000 surcinq variétés cultivées dansquatre parcelles différentes, àsavoir : Rosabelle à Binian (56),Belle de Fontenay et Ratte surdeux parcelles à Neuillac (56),Charlotte et Juliette au sein de lamême parcelle à Paule (22). Lescritères de choix ont été le forttaux de contamination du plant,l’absence du champignon dans lesol, puis la date de plantation etla précocité pour des raisonstechniques.

Les modes de défanage employés,sur dix placettes de trente piedsdistribuées de façon aléatoiredans la parcelle, ont été les sui-vants :- arrachage manuel des fanes,- fauchage,- broyage suivi d’un brûlage.

Simultanément, cent tuberculesont été prélevés par modalité, àraison de un par pied, puis cetteopération a été renouvelée àintervalles réguliers. Les tuber-cules ont ensuite fait l’objetd’une notation quant à la pré-sence de sclérotes et au niveaude contamination, suivant uneéchelle de gravité allant de un àcinq.

Le mode de défanageIl ressort des résultats obtenus etprésentés sur la figure 3 que ledéfanage par broyage-brûlage,

figure 2 : Sclérotes sur tubercules

figures 1 :Nécroses

sur la basedes tiges

Figure 3 :Cycle biologique

de Rhizoctonia solani

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mode actuellement proposécomme une alternative au traite-ment chimique et utilisable enagrobiologie, induit une augmen-tation constante du nombre detubercules fils porteurs de sclé-rotes sur une période de 26 joursau moins suite au défanage, alorsque suite à un arrachage desfanes, l’évolution de la contami-nation se trouve stoppée à partirdu 13ème jour, pour obtenir aubout de 26 jours un nombre detubercules fils malades inférieurde 33 %.Le défanage par fauchage quantà lui, peu onéreux et non-consommateur d’énergie renou-velable constitue une situationintermédiaire.D’autre part, les notations effec-tuées ont permis d’observer quele mode de défanage influe surl’intensité de la maladie. Eneffet, comme le montre la figure4, parmi les tubercules porteursde sclérotes, le niveau de conta-mination s’avère plus faible dansle cas d’une élimination desfanes par arrachage : 10 % detubercules gravement atteints(niveau 3, 4 et 5) contre 25 et30 % respectivement pour undéfanage par fauchage et “ther-mique”.

Le délai défanage-récolteLes résultats mettent également enévidence que plus la récolte s’effec-tue tardivement, plus le nombre detubercules atteints augmente, enparticulier dans le cas d’un défana-ge par broyage suivi d’un brûlage.Cependant, il convient de respecterun certain délai avant le ramassage(environ 3 semaines) afin que lepériderme soit suffisamment résis-tant aux opérations de récolte, detransport et de stockage.

Arrachage des fanes : lasolution ?Dans le cadre de la protectionphytosanitaire en agriculture bio-logique, où des méthodes radi-cales sont difficiles à obtenir, ilconvient de cumuler des solutionspartielles. En ce qui concerne lalutte contre le rhizoctone de lapomme de terre, le défanage pararrachage des fanes sembleapporter des perspectives intéres-santes. En effet, le champignondurant sa phase parasitaire seconcentre essentiellement sur labase des tiges. Par conséquent, enôtant l’appareil végétatif on éli-mine cette source de contamina-tion. On peut, par ailleurs,émettre l’hypothèse que le défa-nage stimule la formation des

sclérotes et qu’une opération bru-tale (défanage mécanique ou ther-mique en l’occurrence) accentuel’activité du champignon.Il faut préciser également que cettetechnique permet de soustraire laplante à toutes les maladies du feuilla-ge et donc améliore la qualité sanitai-re générale, qu’elle provoque un arrêtinstantané de la croissance et favorisepar conséquent un délai défanage-récolte court, de même que l’obten-tion du calibre souhaité, ce qui revêtune importance certaine dans le cadred’une production de plant.Cependant, cette technique néces-site encore dans la pratique desmises au point et l’amélioration demachines. Des essais seront enoutre réalisés pour la deuxièmeannée consécutive par la sociétéGermicopa.Cette approche devra, aux vuesdes résultats, participer à l’élabo-ration d’un itinéraire techniquecumulant l’efficacité de diffé-rentes pratiques culturales tellesque les rotations, la prégermina-tion, l’utilisation de plants sains,ou le traitement du plant par lepermanganate de potassium, pra-tiques qui font actuellement l’ob-jet d’expérimentations à Bre-tagne-Plants et chez divers agro-biologistes. ■

0

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Arrachage

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Incidence du mode de défanage et du délai défanage-récoltesur la contamination de la récolte par les sclérotes

Délai défanage-récolte

Broyagebrûlage

0%

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40%

60%

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100%

Arrachage Fauchage Broyage-brûlage

Niveau 5

Niveau 4

Niveau de contamination de la récolte par le rhizoctoneselon le mode de défanage

Mode de défanage

Niveau 3

Niveau 2

Niveau 1

Figure 3 : pourcentage de tubercules de pomme deterre contaminés par R. solani à 0, 13 et 26 joursaprès le défanage, effectué selon trois modes :par arrachage des fanes, fauchage et broyage-brûlage.

Figure 4 : niveau de contamination pardes sclérotes de R. solani d’une récoltede pomme de terre selon une échelle degravité allant de 1 à 5 suite à 3 modesde défanage : par arrachage des fanes,fauchage et broyage-brûlage.

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Le Nord-Pas-de-Calais : une régionleader pour la pomme de terre bioLa région fournit 10 % de laproduction française qui était de 663ha en 2000 d’après l’Observatoirenational de l’agriculture biologique(APCA). De 1999 à 2000, laproduction régionale de pomme deterre bio a augmenté de 50 % enpassant de 46 ha à environ 70 ha(Sources : GABNOR et Observatoirerégional de la productionagrobiologique d’A PRO BIO).Parallèlement, la demande de la partdes consommateurs et des négociantsfrançais ne cesse de croître. Lesproducteurs ont le choix entre plusieursmodes de commercialisation : ventedirecte, commercialisation par lacoopérative de producteurs bio(NorABio), ou encore vente à desnégociants et grossistes régionaux.Selon le circuit de distribution les prixd’achat varient de 1,30F (prix de baseen gros) à 6F/kg (en vente directe).

La culture biologique est basée sur la pré-vention: l’agriculteur cherche à obtenir unéquilibre sol/plante/animal qui permet delimiter les maladies sans avoir recours auxproduits chimiques de synthèse. Cette pré-vention passe par des rotations longuesincluant des légumineuses, le choix devariétés adaptées, un travail du sol et unefertilisation organique appropriés.

La rotationPar la rotation, l’agriculteur biologiquealterne des cultures agronomiquementindispensables (herbe, légumineuses quiapportent les éléments fertilisants, limi-tent les mauvaises herbes et structurent lesol) et des cultures économiquement inté-ressantes (blé, pomme de terre, etc.). La

pomme de terre vient après une céréale ouune légumineuse, une fois tous les cinq ousix ans pour ne pas épuiser le sol. Mêmeen système sans élevage, l’assolementcomporte au moins 20 % de la surface enherbe ou légumineuses. Depuis le mois demai dernier il est possible de cultiver cer-taines légumineuses fourragères (dont laluzerne) sur les jachères PAC, pour lesfermes dont la totalité des surfaces estconduite en agriculture biologique.Exemple de rotation en grandes culturessur 6 ans : Jachère/Blé meunier/Pommede terre/Triticale/Féverole/Maïs avecimplantation de la jachère sous couvert.

Le travail du solLe travail du sol vise à stimuler l’activitémicrobienne afin d’augmenter sa fertilité.La préparation du sol avant la plantationpermet d’obtenir une terre meuble,réchauffée et sans motte. Elle consiste leplus souvent en un labour suivi de deuxpassages de herse.Après plantation, l’agriculteur alterne despassages de herse étrille et des buttages,jusqu’à couverture des rangs par l’appa-reil végétatif de la pomme de terre. Cecijoue un rôle contre le mildiou de la tuber-cule : si la butte est bien fermée, l’eau depluie ruisselle le long des buttes et n’at-teint pas les tubercules, limitant lesrisques de contamination par le mildiou.

Le choix des variétésLes variétés de pomme de terre sont nom-breuses et présentent des caractéristiquestrès différentes (qualités agronomiques,qualités culinaires, qualités visuelles, etc.).Ainsi, l’agriculteur biologique va choisirdes variétés adaptées au sol, au climat etau mode de culture biologique.La sensibilité ou la résistance au mildioujoue un rôle important dans ce choix. En

effet, la résistance variétale facilite la maî-trise du mildiou et présente des avantageséconomiques et environnementaux depart la réduction des intrants.La FREDEC Nord-Pas-de-Calais (Fédéra-tion régionale de défense contre les enne-mis des cultures), en partenariat avec leGABNOR, les établissements Desmazièreset Germicopa, a établi un programme d’ex-périmentation visant à mieux connaître etexploiter la résistance variétale.L’objectif de cet essai est de vérifier lesdifférences de sensibilité au mildiou dufeuillage d’une vitrine de 17 variétés (déjàcultivées en agriculture biologique oupotentiellement intéressantes). Certainesde ces variétés sont multipliées depuis lapremière génération en culture biolo-gique. Les différentes variétés ne sont nitraitées, ni contaminées artificiellementafin d’étudier la résistance variétale dansdes conditions naturelles. Des observa-tions sont effectuées pendant toute ladurée de vie des plantes à un rythme aumoins hebdomadaire.La sensibilité vis-à-vis du mildiou dufeuillage varie fortement d’une variété àune autre (graphique 1). Les variétés tes-tées peuvent être classées en trois catégo-ries en fonction de leur résistance au mil-diou: assez sensibles, moyennement sen-sibles, résistantes. Il est donc possiblepour l’agriculteur d’adapter la fréquencede ses interventions fongicides à la résis-tance de la variété cultivée.Les résistances étant contournées à plusou moins long terme par le mildiou, ceclassement est voué à évoluer. C’est pour-quoi la FREDEC Nord-Pas-de-Calaisreconduit ces essais variétaux chaqueannée afin de mettre à jour le classement.Bien que les variétés résistantes présentent denombreux intérêts, il convient de prendre encompte d’autres caractéristiques:- Les variétés à cycle de végétation court

POMME DE TERRE BIOEN NORD-PAS-DE-CALAIS

LE MILDIOU NE NOUS FAIT PAS PEUR !par Marion Stannard (GABNOR) et Christine Haccart (FREDEC Nord-Pas-de-Calais)

Le mildiou est la maladie qui a les plus graves conséquences sur la production de pommede terre (baisse de rendement, diminution de la qualité, pertes au stockage). Actuelle-

ment, la lutte contre le mildiou est basée sur la prévention (choix des variétés, équilibredu sol et des cultures) et l’utilisation du cuivre.

Alter Agri • septembre/octobre 2001 • n°4914

Pomme de terrePomme de terre

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N° 49 • septembre/octobre 2001 • Alter Agri 15

ou les variétés produisant rapidementdes tubercules à gros calibre peuventpermettre d’éviter les périodes à risquede mildiou élevé.

- Le choix des variétés se fera surtout enfonction de la productivité, de l’adapta-tion aux débouchés et des qualités orga-noléptiques auxquelles les producteursbio apportent beaucoup d’attentionpour ne pas créer un modèle de déve-loppement identique à celui de lapomme de terre conventionnelle.

La protection contre lemildiouL’agriculteur bio utilise les sels de cuivrequi ont une action de contact. Les traite-ments sont réalisés en fonction desrisques d’attaque du mildiou (indiquéspar les avertissements agricoles du SRPV)et de la pluviométrie (le produit est lessi-vé par 25 mm de pluie). Le produit le plusutilisé est la Bouillie Bordelaise dont lamatière active est le Sulfate de cuivre.Le nombre de traitements varie beau-coup, en fonction du risque de mildiou.À la demande des agriculteurs et pour ladeuxième année consécutive, la FREDEC

Nord-Pas-de-Calais a implanté une plateforme d’essais visant à limiter l’emploi ducuivre.

Recherche de produits àdose de cuivre réduiteL’objectif de cet essai est de rechercher etd’expérimenter des produits utilisables enagriculture biologique permettant deréduire la dose de cuivre apportée sur laparcelle.En 2000, différents produits à dose decuivre plus ou moins importante ont été

testés. Les produits ayant montré lesrésultats les plus intéressants ont été denouveau testés cette année.Cinq modalités ont été mises en place.Les parcelles ont été traitées tous les7 jours, avec un renouvellement de l’in-tervention en cas de lessivage du produit(plus de 25 mm de pluie).La pression de mildiou s’est montrée trèsforte à partir de fin juillet (présence derangs contaminateurs non traités entre lesparcelles, essais variétés touchés par lemildiou à proximité). Mi-août, le témoinnon traité était détruit à plus de 85 % parle mildiou.

La Bouillie Bordelaise a donné lesmeilleurs résultats. De plus, des réduc-tions de dose de Bouillie Bordelaise sontpossibles, les résultats étant équivalentsentre la Bouillie Bordelaise à 4kg et à 2kg.(tableau 1)L’ajout d’Héliosol n’a pas permis d’amé-liorer l’efficacité de la Bouillie Bordelaise.Le Promild a donné des résultats assezsatisfaisants (18 % de destruction) touten permettant une réduction de cuivreintéressante.Le Ferticuivre a donné les résultats lesmoins satisfaisants (34 % de destruction).

Recherche de seuils detraitementLes objectifs de cet essai sont d’une part derechercher des seuils de traitement adaptésà la production biologique ; c’est-à-diredéterminer à partir de quel niveau de risquemildiou (risques donnés par le modèle Mil-sol*) il convient de réaliser une interven-tion fongicide et d’autre part d’adapter lechoix des produits en fonction des risques.

Trois modalités sont mises en place etcomparées à un traitement systématiqueà la Bouillie Bordelaise à 2kg/ha (traite-ment tous les 7 jours, renouvelé en cas delessivage) (tableau 2).Deux seuils de risques sont testés : le seuil1 correspond à une période de risquesmildiou forts et le seuil 2 correspond àune période de risques mildiou très forts.Pour chaque modalité les traitements sontréalisés à partir du seuil 1 (risques forts).Pour les modalités 2 et 3 on applique auseuil 1 un produit à dose de cuivre rédui-te et au seuil 2 un produit plus fort.En cas de lessivage des produits, le traite-ment est renouvelé si les seuils de risquessont atteints.Les seuils de traitement et l’utilisation du

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variétés Desmazières

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graphique 1 • Pourcentage de destruction par le mildiou en fonction des variétés testées

Variétés assez sensibles

Variétés moyennement sensibles

Variétés résistantes

variétés Germicopa

Modalités produit Dose de produit Dose de cuivre cuivre apporté Destruction du feuillageà l’ha par traitement (en %) mi-août 2001

1 Bouillie bordelaise 4Kg/ha 20 % 800 g/ha 4.5 %à dose réduite

2 Bouillie bordelaise 2 Kg/ha 20 % 400 g/ha 5 %à dose très réduite

3 Bouillie bordelaise 2 Kg/ha 20 % 400 g/ha 10 %à dose très réduite 0,71 l/ha

+ Héliosol (adjuvant terpénique),Société Samabiol

4 Promild 2 (Cu, Mn, Zn, Fe) 6 l/ha 5 % 300 g/ha 18 %Société Euphytor

5 Ferticuivre (extraits de végétaux 3 l/ha 9 % 270 g/ha 34 %+ oxychlorure de Cu) Société UFAB 5 Kg/ha

tableau 1 : Pourcentage de destruction du feuillage par le mildiou en fonction des différentes doses de cuivre apportées.

* Milsol est un modèle épidémiologiquerelié à une station météorologique. Il quan-tifie de façon journalière les risques de mil-diou au cours de la saison.

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Alter Agri • septembre/octobre 2001 • n°4916

modèle Milsol ont permis une maîtrise del’épidémie satisfaisante, tout en réduisantle nombre de traitements et en divisantpar deux la quantité de cuivre (par rap-port à un traitement systématique). Cetteannée il n’y a pas de différence significa-tive entre les 3 modalités testées. Maisattention : ces seuils ainsi que les produitsutilisés sont à affiner et à valider au coursd’une prochaine campagne.

Alternance de variétésL’objectif de cet essai est d’étudier la cul-ture de plusieurs variétés sensibles et résis-tantes en rangs alternés dans une mêmeparcelle, c’est-à-dire de déterminer si unevariété sensible au mildiou du feuillageassociée à une variété plus résistante seramoins touchée par la maladie.Trois variétés présentant un niveau de sen-sibilité différent au mildiou sont implan-

tées seules ou en alternance: La Charlotte(assez sensible), la Désirée (moyennementrésistante), et la Bondeville (résistante).Modalités testées :• Charlotte seule• Bondeville seule• Désirée seule• 2 rangs de Charlotte alternés avec

2 rangs de Bondeville• 1 rang de Charlotte alterné avec

1 rang de Bondeville• 1 rang de Charlotte alterné avec

1 rang de DésiréeAucun traitement contre le mildiou n’estappliqué sur l’essai, aucune contamina-tion artificielle n’est effectuée.L’essai a montré que lorsque les premierssymptômes de mildiou arrivent sur lesparcelles et que la pression reste relative-ment faible, l’alternance de variétés sen-

sibles et plus résistantes permet de limiterle niveau de destruction de la variété sen-sible par rapport à la même variété sen-sible implantée seule (graphique 3).Lorsque la pression de la maladie aug-mente, l’effet de l’alternance des variétésn’est plus visible, le pourcentage de des-truction des variétés sensibles implantéesseules ou en alternance étant le même(environ 90 %).Si l’agriculteur applique un traitementfongicide léger et ciblé en fonction desrisques, l’alternance de variétés de sensibi-lités différentes au mildiou permet de frei-ner l’apparition et la progression du mil-diou sur la variété la plus sensible.Cependant, l’alternance de variétés pourraplus facilement être mise en œuvre sur depetites parcelles maraîchères que sur des par-celles de grande culture (plus mécanisées).

ConclusionLes essais réalisés depuis deux ans mon-trent qu’il est possible de diminuer lesdoses de cuivre dans la lutte contre le mil-diou de la pomme de terre en associantplusieurs techniques : en cultivant desvariétés moins sensibles, en utilisant desproduits à dose de cuivre réduite, en uti-lisant des modèles de prévision desrisques, en alternant variétés sensibles etmoins sensibles…Pour anticiper une évolution de la législa-tion sur le cuivre nous prévoyons pour lesprochaines années de tester des produitsalternatifs sans cuivre.Les résultats définitifs des essais 2001seront disponibles au GABNOR courantnovembre. Nous rappelons que les résul-tats donnés concernent le mildiou dufeuillage et non les tubercules. ■L’étude sur le mildiou de la pomme de terres’inscrit dans un programme Européen Inter-reg et associe le PCBT (centre d’essai belgeen agriculture biologique), le GABNOR(Groupement des agriculteurs biologiques duNord-Pas-de-Calais) et la FREDEC Nord-Pas-de-Calais (Fédération régionale dedéfense contre les ennemis des cultures). Desessais similaires sont réalisés en FlandreOccidentale (Belgique) par le PCBT.

Contact : Marion Stannard

Modalités Produit Dose de Dose de Cu apporté Nbre de Qté totaleProduit/ha cuivre par traitemt traitemts de Cu

en 2001 apportée1 Risques forts (seuil 1) : 2 Kg/ha 20 % 400 g/ha 6 2.4Kg/ha

Bouillie bordelaiseà dose très réduite

2 Si Risques forts (seuil 1) : 2,3 l/ha 9 % 207 g/ha 6 2.01Kg/haferticuivre 5 Kg/haSi Risques très forts (seuil 2) : 2 Kg/ha 20 % 400 g/ha1Bouillie Bordelaise

3 Si risques forts (seuil 1) : 2,3 l/ha 9 % 207 g/ha 6 2.01Kg/haferticuivre 5 Kg/haSi Risques très forts (seuil 2) :800g/ha 50 % 400 g/haoxychlorure de cuivre

Systématique Bouillie bordelaise 2 Kg/ha 20 % 400 g/ha 11 4.4Kg/haà dose très réduite

Tableau 2 : Modalités de l’essai “Recherche de seuils”.

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Charlotte Désirée Bondeville

graphique 3 • Pourcentage de destruction par le mildiou à partir du 07/08/01

Charlotte 2 rangs(+ Bondeville 2 rangs)

Charlotte 1 rang(+ désirée 1 rang)

Charlotte 1 rang(+ Bondeville 1 rang)

07/08/01

13/08/01

À lireOptimisation de la technique de pulvé-risation des pommes de terre biolo-giques. Nouvelle technique plus effica-ce contre le mildiou.Par Edward Irla, Thomas Anken, HeinzKrebs. FAT Rapports n°561/2001FAT : Station fédérale de recherches enéconomie et technologie agricoles,CH-8356 Tänikon TG

graphique 2 • Pourcentage de destruction le 13/08/01

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Traitementsystématique

modalité 1 modalité 2 modalité 3 Témoin non traité

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N° 49 • septembre/octobre 2001 • Alter Agri 17

Les taupins sont des Coléoptères dontles principales espèces signaléescomme nuisibles en France appartien-nent au genre Agriotes et Athous.Celles s’attaquant aux légumes sontAgriotes obscurus, A. lineatus, A. spu-tator et A. ustulatus. L’INRA a montrédepuis peu qu’une espèce, Agriotessordidus, exerçait ses ravages dans lesud de la France.Les adultes hivernent dans le sol etapparaissent fin mars début avril dechaque année lorsque la températureatteint une quinzaine de degrés. L’ac-couplement a lieu pendant les moisd’avril et mai et la ponte commence 10jours plus tard. Chaque femelle pond

environ 150 à 200 œufs de 0.5 mmdans les 10 premiers centimètres d’unsol humide et de préférence riche enmatières organiques. La durée d’incu-bation des œufs est en moyenne de 40jours, mais peut être plus courtelorsque les températures deviennentfavorables. À l’éclosion, la larve de 2mm de long a déjà les caractéristiquesde la larve âgée. Au terme de sa crois-sance, la larve, qui mesure alors un peuplus de 2 cm, passe par un stade parti-culier (la prénymphose) avant de setransformer en nymphe. Elle cessealors de s’alimenter et creuse une cavi-té dans la terre. Les 2 derniers stadesavant la formation de l’adulte sedéroulent dans cette logette où l’adultehiverne ensuite jusqu’au printemps sui-vant. Le cycle biologique des taupinsdure donc 5 ans, dont 4 à l’état delarve. Cette vie larvaire (stade nuisibledu ravageur) représente ainsi plus de80 % de la vie du taupin. Dans le casde Agriotes sordidus, le cycle est rame-né à 2 ans maximum.

Comment éviter lesdégâts occasionnés parce ravageur ?Les œufs constituent un stade immobi-le, localisé dans les 5 à 10 premierscentimètres de sol de mi-mai à débutjuillet et très sensible à la dessiccation.Il est donc recommandé de réaliser desgriffages de sol et de le laisser sécher.Pour des rotations type pomme deterre précoce - carotte - ail - ... où la

culture de printemps est récoltée suffi-samment tôt, cela est envisageable ;pour des rotations où la culture deprintemps est récoltée après mi-juindébut juillet, les chances de succès decette pratique sont plus réduites.Les larves sont très sensibles aux fortestempératures ainsi qu’à la sécheresse.Elles sont très mobiles, sauf vraisem-blablement aux stades très jeunes.Ainsi, elles migrent vers la surface enpériode fraîche et humide (soir etmatin), et vers le bas en période sècheet chaude (journée). Pour cette mêmeraison, on trouve les larves dans les 1ers

centimètres de sol au printemps et àl’automne. En été, elles se protègentdes fortes températures et de la séche-resse et, en hiver, du froid, en migrantdurablement en profondeur. Leur résis-tance mécanique est légendaire puis-qu’on les surnomme larves “fil de fer”.Il en est de même de leur résistance auxproduits chimiques.Certains tourteaux végétaux ont des ver-tus nématicides qui ont été mises en évi-dence par le GRAB1. Il s’agit du tourteauagricole® (Ricin, Ricinus communis) etdu Nématorg® distribués par la sociétéSopropêche. Ces tourteaux végétaux(résidus de pressage de graines deplantes oléo-protéagineuses) sont utiliséscomme fertilisants en agriculture biolo-gique, essentiellement pour leur valeurazotée. Le travail du GRAB a permis demontrer qu’une fertilisation avec 5 t/hade mélange à parts égales de ricin et de

MaraîchageMaraîchage

VERS UNE MÉTHODE DE PROTECTIONDES SOLS VIS-À-VIS DES TAUPINSEN AGROBIOLOGIEJean-François Lizot, Arnaud Brunellière (GRAB), Yves Blot (INRA)

Les taupins ont toujours été considérés comme des ravageurs importants des cultures. En effet, leslarves provoquent d’importants dégâts, soit en altérant la qualité du produit récolté (perforationdes tubercules de pommes de terre, betteraves…), soit en diminuant la densité du peuplementvégétal (attaques précoces au collet de tomates, laitues…). Les pertes de rendement peuvent allerde 25 à 100 % selon le degré d’infestation de la parcelle.En agriculture biologique, il n’existe pas de méthode de lutte efficace contre ce ravageur du sol.L’agriculture conventionnelle est, elle aussi, confrontée à des problèmes de recrudescenced’attaques de cultures, notamment sur céréales.

Insecte, Coléoptère, ElatéridéDescription, biologie, dégâts et photos sur

HYPPZ (www.inra.fr/Internet/Produits/HYPPZ)

1 Les tourteaux végétaux pour lutter contreles nématodes à galles en agriculture bio-logique, Alter Agri n°45, p. 22-23

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Alter Agri • septembre/octobre 2001 • n°4918

Nématorg® ou de 6t/ha de Nématorg®

permettaient, pour une culture exigeante(tomate, concombre, melon), de ralentirsuffisamment les attaques de nématodesà galles. En deçà des doses annoncées, iln’y a pas de protection durable. C’estpourquoi cette méthode ne peut êtreemployée sur des cultures moins exi-geantes en fertilisation (laitue, carotte),qui ne pourraient absorber l’excédent defertilisation apporté par les tourteaux.

Compte tenu de ces résultats, le GRABa souhaité évaluer l’intérêt d’étendrecette méthode de lutte à d’autres rava-geurs du sol comme le taupin, avec ensecond plan la question de l’impact deces matières organiques sur les orga-nismes auxiliaires du sol. D’un point devue technico-économique (organisationde filière, coût de la protection), cesproduits sont déjà distribués via unréseau de distribution d’engrais orga-niques et sont donc aisément dispo-nibles pour les agriculteurs, si la tech-nique s’avère efficace. De plus, le coût

de la protection sera d’autant plusréduit qu’il sera pour tout ou partieaffecté au coût de fertilisation. Enfin, leGRAB s’appuyait aussi sur une pra-tique courante dans le sud de la France,combinant l’utilisation du tourteau dericin et le griffage du sol en été.

Des tests d’efficacité ovicides et larvi-cides des tourteaux végétaux ont étéréalisés en laboratoire sur des taupinsdes espèces Agriotes sordidus (GRAB),A. sputator et A. lineatus (INRA) 2. Cesexpériences ont été complétées par desessais au champ pour évaluer l’impactdes tourteaux sur les dégâts des taupinssur légumes racines.

Tests en pots : pas de toxicitéaiguëSur Agriotes sordidus, 6 modalités sontcomparées à un témoin zéro (4 répétitions):- Ricin, à 3g/l et 6g/l- Nématorg, à 5g/l et 10g/l- Mélange des deux tourteaux

(1/2, 1/2), à 5g/l et 10g/l

Les observations ont consisté à suivre àJ0, J7 puis bimensuellement le nombrede taupins vivants, morts mycosés, can-nibalisés, disparus, ou autre.Globalement, on observe une diminu-tion régulière des proportions de larvesvivantes au cours du temps pour l’en-semble des modalités, mais il n’y a pasde différences significatives entre lestraitements quelle que soit la date d’ob-servation (figure 1).Ce manque de résultats s’explique par latrès forte hétérogénéité existant entre lesrépétitions d’une même modalité ainsique par la forte mortalité des témoins3.

Sur Agriotes sputator (et A. lineatus),5 modalités sont comparées à untémoin zéro (2 répétitions).- Ricin, à 2g/l, 10g/l et 20g/l- Nématorg, à 10g/l et 20g/lLà encore, les populations témoinsdiminuent aussi beaucoup au cours dutemps, rendant difficile une analyse del’efficacité des produits.On peut cependant observer une ten-dance positive avec l’augmentation de laconcentration du Ricin : à 20 g/l, onobserve une diminution plus importantede la proportion de larves vivantes parrapport au témoin (figure 2). La tendan-ce est moins nette avec le Nématorg.

Tests au champ : desrésultats encourageantsUn dispositif expérimental, prévu sur 3années (2000-2002) a été mis en placedans le Gard, sur l’exploitation de MarieLavergne, agricultrice biologique. Laparcelle mise à la disposition du GRABest très fortement infestée par les larvesde taupins. Les tests sont réalisés sur descultures de légumes racines de printemps(pomme de terre, betterave).Deux modalités de fertilisation, à basede tourteau de ricin ou à base deNématorg, sont comparées à une ferti-lisation classique témoin ; la fertilisa-tion est adaptée à la culture menée etcomparable en terme d’éléments appor-tés ; en 2ème année, les tourteaux sontcomplétés par l’engrais témoin pouraméliorer la nutrition azotée de la plan-te en début de culture.

La parcelle est subdivisée en 9 parcellesélémentaires de 7 m x 14 m.Compte tenu d’une absence de toxicitéaiguë, on peut s’attendre à une baisselente de la population des larves de tau-

Figure 1 : Dynamique de population des taupins en fonction de la concentration en Ricin + Nématorg

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Figure 2 : Dynamique de population des taupins en fonction du tourteau et de la concentration

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TémoinR10 : Ricin 10 g/l

N10 : Nématorg 10g/lR20 : Ricin 20 g/l

N20 : Nématorg 20g/l

2 Seuls les résultats des tests larvicides sont présentés ici, les résultats des tests ovocidesn’étant pas encore disponibles.

3 Les principales causes de la mortalité des taupins en élevage ne sont pas connues. La plu-part des larves disparaissent sans laisser de traces, soit parce qu’elles sont mangées, soitpar décomposition des larves dans le délai de 15 jours sans observations. Du fait ducomportement agressif entre congénères et de la voracité des larves, on peut supposer quela principale cause de mortalité des larves en pots est le cannibalisme. Ce cannibalismesemble la conséquence d’une promiscuité trop importante des larves (20 larves par potsde 1l). Des tests sont actuellement menés par l’INRA à densité plus basse (20 larves parterrines de 6l).

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N° 49 • septembre/octobre 2001 • Alter Agri 19

pins et consécutivement à une baisselente des dégâts. C’est pourquoi un dis-positif de 3 ans minimum est nécessaire.L’évaluation de l’efficacité du tourteaude ricin et du Nématorg est réalisée à larécolte. Les dégâts sont évalués parclasse de dégâts sur environ 450 tuber-cules par parcelle élémentaire en 1ère

année, 100 en 2ème année.

Classe 0 : pas de morsuresClasse 1 : quelques morsures de surface4

(<=5)Classe 2 : quelques morsures profondes5

(< 3) et/ou nombreusesmorsures de surface (> 5)

Classe 3 : quelques galeries6 (<=3) et/ounombreuses morsuresprofondes (> 3)

Classe 4 : nombreuses galeries (> 3)Classe 5 : pomme de terre détruite

Pour des critères commerciaux, lestubercules peuvent être vendus jusqu’àla classe 1 (voire 2 pour la vente directe).

Les parcelles fertilisées avec les tour-teaux de ricin et le Nématorg présen-tent moins de dégâts que les parcellestémoins (figure 3) (résultats non vali-dés statistiquement : 3ème bloc infestéfortement sur toutes les parcelles).

Environ 50 % des tubercules fertili-sés par le ricin ou le nématorg sontcommercialisables (classes 0 et 1)contre 20 à 30 % des tubercules desparcelles témoin. En terme de ten-dance, on observe une améliorationde l’état sanitaire des tubercules fer-tilisés par le Nématorg et une per-formance équivalente du ricin sur lesdeux années.

ConclusionDu fait d’une forte mortalité des larvestémoins, les tests en laboratoire n’ontpas permis de conclure de façon satis-faisante sur l’efficacité à moyen et longterme des tourteaux de ricin et deNématorg envers les larves de taupin.

On peut cependant conclure que lericin et le Nématorg n’ont pas de toxi-cité aiguë vis-à-vis des larves de tau-pins. L’INRA de Rennes va travaillersur les conditions d’élevage des larvespour améliorer la stabilité des popula-tions. Cela est particulièrement néces-saire pour tester des substances à toxi-cité non aiguë.Les premiers tests en plein champ ontdonné des résultats encourageants quantà l’efficacité des tourteaux. Leur appli-cation a permis de diminuer l’importan-ce des dégâts des taupins sur une récoltede pommes de terre, dès la premièreannée et les résultats sont confirmés endeuxième année sur betterave. Le dispo-sitif sera poursuivi l’an prochain.Cependant, on n’observe pas d’effetcumulé des produits sur l’améliorationde l’état sanitaire d’une année à l’autrepour le ricin, alors qu’une tendance sedessine pour le Nématorg.

Ces résultats de plein champ sont confor-tés par des essais réalisés sur d’autressites, notamment par la chambre d’agri-culture du Gard. D’autres tests ont étécoordonnés par l’ITCF.Si ces résultats se confirment, le tour-teau de ricin ou le Nématorg (ou lesdeux combinés), associés à des pra-tiques culturales néfastes aux taupins(labour d’été, binage…), pourraientdiminuer les populations et les rame-ner à une densité sans risque pour lescultures. ■

Dose d’engrais Dose d’engraisen 2000 (t/ha) en 2001 (t/ha)

Témoin Ricin Nématorg Témoin Ricin NématorgTout Ricin 3.6 2T. Nématorg 6 56-3-3 2.5 2.67 1 2Patenkali 0.67 0.67 0.67 0.67 0.7 0.5

Année 2000 2001Données Classe 0 Classe 1 Classe 2 Classe 3 Classe 4 Classe 0 Classe 1 Classe 2 Classe 3 Classe 4

Nématorg 16 27 26 25 5 27 28 28 16 1Ricin 22 31 25 19 3 17 33 31 18 1Témoin 6 16 29 42 6 6 22 42 26 4

% de tubercules par classe de dégâts sur pomme de terre (2000) et betterave (2001)

Effet de tourteaux végétaux sur l’état sanitaire de légumes racines

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Nématorg2001

Ricin2001

Témoin2001

% d

égat

s pa

r cl

asse

s

Classe 4Classe 3 Classe 2Classe 1Classe 0

4 morsures de surface: quelques mm de profondeur5 morsures profondes: 2 à 4 mm de profondeur6 galerie : trou de profondeur > à 4 mm

Doses d’engrais apportées pour les 3 modalités en 2000 et 2001

Dégâts de larves sur tubercule de pomme de terre

INR

A

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Alter Agri • septembre/octobre 2001 • n°4920

PROBLÉMATIQUE DU PARASITISMEEN AGRICULTURE BIOLOGIQUE :

ESSAI DE CLARIFICATIONPar Paul Polis, vétérinaire, membre de l’association Symphytum

LA FORTERESSE ASSIÉGÉEPar Paul Polis, vétérinaire, membre de l’association Symphytum

L’agriculture biologique est uneapproche globale de l’activité agricolequi lie en permanence sols, végétaux etanimaux considérés comme un uniqueensemble écologique. Elle s’efforce d’agiren respectant les exigences biologiquesnaturelles des espèces. Nous pouvonsadmettre que tous les êtres vivants(domestiques ou sauvages) ont desbesoins psycho-comportementaux, ali-

mentaires et environnementaux quidéterminent leur bien-être et qui sontfixés par une très longue histoire d’évo-lution naturelle et biologique sur la terre.Un bon état général de l’être vivant serale résultat de l’équilibre dynamique éta-bli entre l’individu, ses diverses condi-tions de vie et les multiples commen-saux qui partagent nécessairement, enpermanence et depuis toujours sa niche

écologique. L’individu ne peut exister etn’a d’ailleurs jamais existé sans sescommensaux.Une vache sans virus, sans microbe etsans parasite, cela n’existe pas, cela nefonctionne pas ! La vie est toujoursmultiple et partagée.Chaque être vivant peut être caractérisépar une sensibilité particulière aumonde où il vit et des talents particu-

Nous savons que le productivisme etl’intensification en œuvre dans l’agri-culture depuis un demi-siècle induisent,provoquent ou exigent inexorablementla concentration des animaux bien au-delà des caractéristiques d’espèces.Dans les élevages modernes, la concen-tration réduit l’animal à un outil pro-ductif assorti de quelques besoins pri-maires (boire, manger) dans un espacesurpeuplé sans presque aucun contactavec les humains.

Mais cette pensée unique de l’économieagricole est aussi à l’origine d’une cultu-re dont nous sommes tous imprégnés.L’éleveur y vit entouré d’ennemis aussimenaçants qu’invisibles, contre lesquels

il lui faut se défendre en permanencepar la mise en place de stratégies delutte, toujours recommencées, visant àdéfaire l’adversaire… Une culturemédicale et technicienne qui s’exalte entermes militaires : éliminer, éradiquer,détruire, frapper fort, frapper long-temps, établir des barrages, stimuler lesdéfenses, sélectionner les meilleurs…Une mentalité de forteresse assiégée !Une culture ou les écoles d’agronomieet de médecine vétérinaire empruntentleur langage à l’école d’application del’arme blindée…

Cette idéologie est entretenue par lapropagande systématique des labora-toires fabricants de produits à vocation

chimiothérapiques. Propagande quiconstitue, hélas, la seule “information”de masse (revues, journaux gorgés depublicité) délivrée aux éleveurs et auxintervenants d’élevage avec la complici-té active des systèmes d’enseignement etde recherche. Le principe en est : un bonindien est un indien mort (Général She-ridan), ou si l’on préfère : un bon para-site est un parasite mort (GénéralHyvaumeke)…Il faut sortir de cette conception morti-fère du vivant.Travailler en agriculture biologiquedemande de changer le regard porté surl’élevage, de sortir de ce complexe deforteresse assiégée qui est le fond de lalogique conventionnelle. ■

Point de vuePoint de vue

ÉlevageÉlevage

Le regard sur la santé de l’élevage conduit en agriculture biologique doit être différent duregard actuel, purement technique, afin d’être cohérent avec l’éthique

des cahiers des charges de l’agriculture biologique.Les parasites des animaux auraient leur propre rôle dans l’équilibre de nos élevages.

Pour changer de regard et de méthodes, voici quelques réflexions avant de choisir sa stratégiepour éviter un développement parasitaire excessif.

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liers pour y faire face. Lorsque lesconditions deviennent difficiles, il yaura effort d’adaptation. Si les condi-tions s’altèrent davantage, la tolérancesera dépassée et viendra la résistance.Celle-ci implique une mobilisation del’organisme qui se fait aux dépens desautres activités de la vie (production,reproduction, engraissement…). Voicivenu le temps et l’espace du discourspathologique de la maladie avec sesconditions, ses intermédiaires et seslieux d’expression.

Il est important de distinguerles maladiesLes maladies naturelles sont les troublesde l’équilibre de la santé que peut ren-contrer un animal au cours de son exis-tence lorsque son mode de vie est en rap-port avec son potentiel historique. Nosespèces domestiques sont anciennes surla terre et leur mise au point, sur ladurée, a intégré toutes sortes de troublesde santé et de possibilités d’y faire face(exemple : coup de froid).Par contre, nous désignerons par mala-dies artificielles toutes les pathologiesgénérées essentiellement par le mode deproduction et/ou la conduite d’élevageen agriculture intensive. Exemple : pas-teurellose des taurillons à l’engrais,infestation parasitaire massive…Les maladies naturelles sont normaleset légitimes. Pour être en bonne santé, ilfaut être malade de temps en temps,particulièrement pendant la jeunesse etla croissance où se font l’apprentissagede la résistance et la mise au point dusystème immunitaire.L’objectif de l’élevage visera donc àgarantir, autant que faire se peut, lasanté des animaux pour leur permettrealors de produire le “plus” que nousleur demandons.

Réhabilitation duparasiteLe parasite est un être vivant aussiancien que son hôte et qui vit pendanttoute ou partie de son existence auxdépens de celui-ci. Les parasites sontliés depuis l’origine à l’évolution de leurhôte. Bien sûr il est impossible de déter-miner à quel moment exactement leparasite s’est lié à son hôte mais leurimbrication réciproque est tellementintime qu’il est certain que les deuxdéveloppements ont été parallèles. Ceci

signifie que la présence du parasite aorienté pour une part le sens d’évolu-tion de l’espèce parasitée. Nos rumi-nants domestiques herbivores sont cequ’ils sont grâce et avec leurs parasites.La persistance de la relation hôte-para-site dans le temps indique que leurcoexistence a des effets positifs pour lesdeux espèces ! Pour le parasite, c’estévident. Mais pour l’hôte ? Commentconcevoir un rôle positif à un concept sinégatif ? Je propose de réfléchir àquatre rôles positifs possibles :- rôle sélectif,- rôle actif,- rôle immunisant,- rôle éliminatoire (biodynamie).Le rôle sélectif correspond à la pressionexercée par le parasite qui élimine de lareproduction les individus trop faibles.La pression parasitaire sélectionne lesêtres les plus doués pour l’affronter.Le rôle actif : c’est le cas des stronglesintestinaux qui “remuent” le bol alimen-taire (un peu comme les vers de terre).Le rôle immunisant est bien connu etsans doute bien plus large qu’il n’yparaît.Le rôle éliminatoire, tel qu’envisagé parles biodynamistes, conduit à la concen-tration et à l’expulsion des toxines del’organisme.En résumé, il me semble quel’on ne vit pas sans eux oucontre eux mais avec eux.La forme particulière de l’im-munité anti-parasitaire est laprémunition ; c’est une immuni-té de contact qui nécessite laprésence du parasite pour fonc-tionner.Elle procure :- résistance aux ré-infestations,- diminution de l’excrétion

d’œufs,- augmentation de la période

prépatente (période allantde l’infestation de l’hôte àl’apparition d’œufs dansles bouses).

Elle varie avec l’espèce,l’âge, l’état de santé, lacapacité génétique.Un animal en bonne santé,correctement prémuni etvivant dans les conditions cor-respondantes à ses exigencesécologiques est en équilibredynamique avec ses parasites.

Les ruptures d’équilibre sont évidem-ment toujours possibles : mauvaise ali-mentation (déficit), maladies, fatiguede surproduction ou de mise-bas, mau-vais temps, pâturages à risque…

Révolution culturelleLe traitement antiparasitaire conven-tionnel chimiothérapique a trois résul-tats certains : réconforter l’angoisse del’éleveur, détruire un nombre élevé deparasites et abaisser le niveau de pré-munition de l’hôte, ainsi que le résultatprobable de soulager temporairementl’animal.En conséquence, l’éleveur et l’animal ontde plus en plus besoin de traitements…Mais aucun traitement chimiothéra-pique n’est jamais efficace à 100 %;donc, plus on traite, plus on sélection-ne les parasites résistants au traitement,ce qui se manifeste par la montéeinexorable des cas d’échec des traite-ments chimiques dans les élevages dumonde entier.

Et la prévention?Celle-ci est depuis quelques années unthème majeur et récurrent de la réflexionen élevage. Elle est d’ailleurs recomman-dée par les cahiers des charges de l’agri-culture biologique. Je crois important de

distinguer deux concepts :d’une part, la préventionau sens conventionnel et,

d’autre part, la préven-

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Alter Agri • septembre/octobre 2001 • n°4922

tion au sens de l’agriculture biologique.Dans le cas de la prévention conven-tionnelle, il s’agit, face aux problèmespathologiques rencontrés pendant leprocessus de production en élevage,d’organiser et de situer dans le temps lesmesures les plus efficaces possible dansle but de réduire la gravité des pertes(croissance, fertilité, mortalité). Nousconstatons en effet que l’intensificationdes productions animales amène lesproducteurs à se confronter en perma-nence à de multiples risques patholo-giques aux conséquences parfois trèsgraves. Il est donc nécessaire d’antici-per : vaccinations, métaphylaxies*, trai-tements anti-parasitaires systématiques,compléments alimentaires médicamen-teux… Cette forme de prévention vise àpallier les effets prévisibles non depathologies naturelles, mais des aggra-vations “artificielles” de celles-ci géné-rées par l’intensification elle-même. Laprévention conventionnelle s’attaqueaux conséquences des modes de pro-duction sans les remettre en cause.Il doit en être tout autrement dans le casde la prévention dans les élevages biolo-giques. Il s’agira ici de réfléchir à toutesles dimensions du problème rencontréet de chercher comment modifier lesconduites d’élevage elles-mêmes, pourtenter de rétablir un équilibre dyna-mique rendant les interventions correc-trices les moins nécessaires possibles,sinon inutiles. La prévention biologiqueremet directement en cause les modes devie et de production : elle concerned’abord l’environnement (au sens large)et l’alimentation. Son objectif ne serapas la destruction systématique et tota-le des commensaux ordinaires plus oumoins pathogènes, mais la modificationdes facteurs d’élevage qui leur sontfavorables et autorisent ou provoquentleur multiplication jusqu’au stade defauteurs de pathologie. Par exemple :- concentration élevée entraînant une

mauvaise hygiène,- stress divers,- locaux inconfortables ou inadaptés,- lumière,- ambiance : courants d’air, humidité

excessive, poussières, condensation…- qualité du sol,- alimentation trop riche, déséquilibrée

ou sans structure…En conséquence, la recherche d’unealternative en agriculture biologique ne

peut pas consister en l’utilisation à toutprix de substituts “naturels”, phytosa-nitaires, aux molécules chimiques ver-micides. On ne fera pas mieux que lachimie pour tuer. Il convient plutôtd’arrêter la guerre et de veiller à mettreen place les conditions optimums d’unco-existence “pacifique” des espècespartageant le même espace biologique.

Changer de méthodes

Points-clés- Connaissance précise des groupes

d’animaux par catégorie d’âge,- identification précise des pratiques

de pâturage par catégorie d’âge,- bilans coprologiques systématiques.

Les résultats doivent toujours être reliésà l’état général des animaux, à la saisonet au niveau alimentaire.

Le P.A.A.P.PIl n’existe pas, et on le comprend bien,un système de recettes simples et pseu-do-radicales comparable aux schémasde la lutte chimique. La réflexion doitêtre globale et inclure de nombreux fac-teurs. Et nous serons de manière per-manente en recherche d’équilibre dyna-mique entre tous ces facteurs qui déter-minent la qualité de la relation hôte-parasite. Dans notre réflexion, nousdevrons aussi tenir compte des objectifsd’élevage et de production.Tous les facteurs sur lesquels une actionest possible peuvent être imaginés etreprésentés comme les touches d’unPiano Agricole Anti-Prolifération Para-sitaire : le P.A.A.P.P. sur lequel il nousrevient d’inventer pour chaque exploi-tation une petite musique particulièrequi concourt à assurer les meilleuresconditions de vie possible sur cetteniche écologique.Le piano aura six gammes : préparationmentale, organisation des pâturages,soins des sols, conduite des animaux,mesures préventives, traitements.

Préparation mentale- Abandonner les raisonnements basés

sur la peur,- refuser les comportements stéréotypés,- tenir compte des potentialités des

animaux,- reprendre la direction des affaires,- assumer ses choix.

Organisation du pâturage- Densité des animaux : l’infestation

parasitaire croît comme le carré de lacharge animale par unité de surface.

- Rotation des pâturages : un despoints majeurs à surveiller ; la ges-tion d’herbe ne fait pas toujours bonménage avec la gestion du parasitis-me. Attention aux cultures de para-sites sur les vastes pâtures (recyclagepermanent). Le délai d’assainisse-ment pour les strongles est de sixsemaines. Le retournement des prai-ries, le rythme des rotations sontégalement des facteurs dont il fauttenir compte.

- Hauteur de paissance : nous savonsque 80 % des larves L3 infestantessont sous 5 cm ; le pâturage ras estdonc à déconseiller. De même, il fautéviter en période de disette le pâtura-ge des refus, également à risque(Pilobus). C’est pourquoi il convientde complémenter en cas de pâturageinsuffisant.

- Moments du pâturage : plus l’herbeest sèche, plus les larves L3 sontbasses. À l’inverse, plus l’humiditéaugmente, plus la L3 s’éloigne de labouse et grimpe. Les risques sontdonc maximums par temps chaud ethumide, à l’aube et au crépuscule(UV), à la rosée, sous la pluie.

- Hersage : pour l’étalement des bouseset sécher les larves au soleil. Il fautrespecter un certain délai et ne paseffectuer l’opération par temps depluie pour éviter une dissémination.

- Pâturage multi-espèces : techniqueintéressante pour briser la dyna-mique de multiplication parasitaire.Bovins - caprins ou bovins - équinsmais éviter la paire bovins - ovins.

- Saisons : le pâturage d’automne estdifficile pour les jeunes animaux.

Soins des sols- Repos : pour un niveau d’infestation

faible, un délai d’un mois est raison-nable sinon 6 semaines, sachant quel’assainissement total nécessite troisans. La fauche et le séchage sont parailleurs des facteurs d’assainissement,de même que le retournement ou l’in-troduction de cultures (cf. “touche”rotation des pâturages).

- Amendements : il convient de véri-fier s’ils sont compatibles avec lescahiers des charges et attendre au

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moins une semaine avant d’autori-ser le pâturage.

Chlorure de magnésium, 40 kg/haSulfate de fer et /ou sulfate de cuivre,10 kg/ha- Drainage : il faut interdire l’accès aux

mouillères, éviter l’abreuvement auruisseau. L’abreuvoir ou le réservoirdoit être placé sur un sol sec, protégé(évacuation).

- Fumures : le compostage est impor-tant. Les œufs sont détruits à partirde 32°C. À 50°C, la destruction sefait en une heure, à 44°C en 4 heures.Il faut 10 mois pour éliminer les œufsde petite douve.

- Cultures de plantes vermifuges : àfaire pâturer ou à utiliser dans despréparations alimentaires.

Conduite des animaux- Groupes d’âge : les jeunes sont à séparer

car ce sont de grands disséminateurs,surtout la première année; n’oublionspas par ailleurs qu’il leur faut s’infesterpour commencer l’apprentissage de laprémunition. Il convient également deséparer les élèves de race allaitante etde race laitière.

- Introductions : éviter d’acheter desanimaux amenant de nouveaux para-sites ou des résistances.

- Sélection : choisir des races rustiquesou des lignées bien adaptées.

- Résistance : développer les capacitésde résistance par une croissance opti-male qui ne se limite pas à un poids

prédéfini à six mois. Utiliser lesremèdes homéopathiques pour ren-forcer l’énergie vitale des individusou du troupeau.

Mesures préventives- Pendant les années de croissance et

d’apprentissage (première et deuxiè-me année), les jeunes ruminants doi-vent rencontrer leurs parasites pourconstruire leur prémunition par rap-port à ceux-ci. Ils vont donc expéri-menter la présence et la pressionparasitaire alors qu’ils ne disposentau départ que de peu de défensesnaturelles.Il est possible et éventuellement néces-saire de les soutenir en utilisant régu-lièrement et préventivement desmoyens phytosanitaires destinés à sti-muler leur activité immunitaire et àmodifier le milieu digestif dans unsens défavorable aux parasites(plantes médicinales vermifuges,tanins).

- complémentation au pâturage : diffé-rents produits à base de préparationde plantes médicinales sous diffé-rentes formes sont disponibles (gra-nulés, solutions, bassines à lécher).

- consommation de plantes vermifugestelle que l’armoise…

TraitementsTout en évitant les traitements systéma-tiques “de principe”, il peut s’avérerutile, selon les nécessités (année humi-

de, déficit alimentaire, bêtesmalades…) et toujours après réflexionet éventuellement analyses coprolo-giques, de mettre en place un traite-ment vermicide pour un ou des ani-maux affaiblis. Il faut alors bien choisirle type de produit, le moment et le lieudu traitement, le dosage… et vérifierson efficacité.Concernant les pratiques alternativescomme utilisation de stimulantshoméopathiques, de nombreux essaissont en cours pour tester la réponse ducouple hôte-parasite dans différentscontextes d’élevage aux traitementsphytothérapiques ou aux réorganisa-tions d’élevage.

Mais sachons bien que la gestion del’état de santé d’un élevage ne peut enaucun cas reposer sur des traitementssystématiques, antiparasitaires ouautres. Ceci ferait admettre et accepterdes conditions d’élevage inadaptéesaux animaux de production.Alors à quand un élevage productifdans un milieu adapté ?Les enjeux d’une agriculture de demainsont ici. ■Doc. Paul POLISVétérinaire Homéopathe - Membre deSYMPHYTUM, Association Française desVétérinaires pratiquant les MédecinesNaturelles, BP 55771323 CHALON sur SAONE cedexTel/fax : 00 33 385 48 15 [email protected]

UASA FŒTIDA

et la mamelle

Remède extrait de la gomme rési-ne d’une racine d’ombellifère…Caractéristiques générales : animalagité et irritable, présentant desdouleurs au moindre contact.Caractéristiques locales : le lait estfortement modifié, jaune, épaisou parfois seulement quelquescoagulums (“cailles”, “mêches”,“flocons”...)

Aggravation plutôt la nuit : décou-verte du matin, et par le toucher :mamelle sensible à la traite ou aumassage.Amélioration au plein air et par lemouvement : l’animal se déplace,erre dans le parc.Comparaison possible avec Heparsulfur pour les suppurations dou-loureuses.Des trucs : favorise la descente dulait et le drainage de la mamelle encas de mammite chronique aveclait modifié. À donner en bassedilution 5 CH avant la traite.

BELLIS PERENNISC’est notre petite pâquerette

Un grand remède de traumatis-me, complémentaire d’ARNICAsur la mamelle avec du sang dansle lait.Autres remèdes possibles :sulfuric acid, vipéra et phos-phorus à choisir en fonction descaractéristiques de l’animaldans sa globalité.Pour les hémolactations, à donneren basse dilution : 5CH jusqu’àamélioration des symptômes.

TRUCS &ASTUCES

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Alter Agri • juillet/août 2001 • n°4824

L’âge d’or des prés-vergers remonte ausiècle dernier. Dans une économie rura-le où dominent l’autoconsommation etla commercialisation de proximité, lepré-verger apparaît comme un progrèstechnique indéniable. Il permet d’asso-cier dans les régions d’élevage plusieursproductions sur la même surface : herbepour le bétail et fruits pour leshommes. Si la Normandie concentre unbon tiers des prés-vergers, d’autresrégions sont encore bien pourvues : laBretagne, les Pays de Loire et le Nord-Est de la France (Lorraine, Alsace). Àchaque terroir, sa production : pom-mier à cidre en Normandie et en Bre-tagne, mirabelliers de Lorraine ouquetsches d’Alsace, prune d’Ente (pru-neau d’Agen), cerisiers d’Itchaxou…

Un abandon programmé160 000 hectares en 1998 contre cer-tainement plus d’un million au débutdu siècle, avec une régression de plusd’un tiers entre 1982 et 1998, la dispa-rition des prés-vergers se poursuit à unrythme élevé. Comment un système trèsproductif au XIXème siècle, par l’optimi-sation de l’espace agraire et la diversifi-cation qu’il procure a-t-il pu connaître

une telle hécatombe ? Ces mouchoirsde poche de quelques hectares quientouraient les corps de ferme se sonttout d’abord montrés inadaptés auxnouveaux standards agricoles (aug-mentation et uniformisation des pro-ductions, mécanisation). Les prés-ver-gers ne peuvent être conduits que demanière extensive, selon les principesde l’agriculture biologique.Autre facteur: l’obligation faite aux pro-priétaires de choisir entre deux“métiers”, ceux d’arboriculteurs et d’éle-veurs. La non-prise en compte des sys-tèmes mixtes au niveau des aides com-munautaires - hormis les récentesmesures agri-environnementales - ne leurpermet pas de conjuguer prime à l’herbeet aides à l’arboriculture. L’absence d’ap-pui technique spécifique, l’orientation dela recherche sur la mise au point de nou-velles variétés pour les vergers de bassetige amplifieront le mouvement.

Le déclic associatifGrâce à la mobilisation depuis 20 ansd’associations pomologiques (cro-queurs de pomme, société pomologiquedu Berry, association pomologique deNormandie, Association de sauvegardedes variétés fruitières de terroir dePicardie…), on redécouvre l’intérêt deces milieux, tant du point de vue de labiodiversité - maintien des prairiesnaturelles, conservation du patrimoinegénétique - que patrimonial. Relayé parles conservatoires régionaux, ce longtravail a révélé une petite partie de l’ex-trême richesse variétale : 1300 variétésde pommes en Normandie, autant dansle Nord, sans oublier la diversité des

savoir-faire attachés aux prés-vergers :greffage, conduite du verger, protectiondes arbres (animaux), conduite ducheptel… et transformation des fruits.Plus récemment, à côté des démarchesAOC, plusieurs opérations de restaura-tion dans le cadre des “mesures agri-envi-ronnementales” ont été mises en œuvrepar les parcs naturels ou les ADASEA,avec le soutien du Fonds de gestion del’espace rural (FGER) ou de programmeseuropéens (Interreg, Leader). Fait nou-veau, certaines d’entre elles mettent aupremier plan l’intérêt économique de larestauration des prés-vergers.Signe encourageant : les agriculteurssont de plus en plus nombreux à êtreconvaincus qu’il leur est possible dedégager des revenus corrects de la pro-duction combinée de lait et de fruit*.Ceci rencontre l’attrait des consomma-teurs pour les produits authentiques dequalité. Les acteurs de plusieurs dépar-tements soutiennent ces démarches quimaintiennent une identité paysagèreforte et confortent les politiques dedéveloppement de tourisme rural.Cependant le montant des aides à lareplantation peu incitatif (150F enmoyenne par arbre) et la longue duréeavant une pleine production (environ unedizaine d’année) constituent des freinsmajeurs au renouveau des prés-vergers.

Le pré-verger est une prairie fauchéeou pâturée, plantée de fruitiers dehaute tige.La densité des arbres doit êtreinférieure à 100 arbres/ha. Unfruitier et dit de “haute tige” dès lorsque son tronc mesure plus de 1,60m.

CommissionCommissionArboricultureArboriculture

LES PRÉS-VERGERSUN SYSTÈME ADAPTÉ À

L’AGRICULTURE BIOLOGIQUEReprise d’un article de Frédéric Coulon, la lettre du bocage n° 4, février 2000.

L’heureux mariage de l’arbre et de la vache, du fruit et du lait à qui nous devons les prés-vergers, n’estpas sorti indemne du développement de l’arboriculture intensive. Avec une réduction des surfaces d’au

moins 80 % en 50 ans, les prévergers ont été touchés bien plus radicalement que les haies. Quelquesinitiatives tentent de prolonger une espérance de vie qui aujourd’hui ne dépasse pas 20 ans.

* NDLR: un verger d’une dizaine d’hectares produit en moyenne de 10 à 12 t/ha/an de pommes.

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N° 49 • septembre/octobre 2001 • Alter Agri 25

Sur une surface de 2,5 ha, ce pré-vergerassocie des pommiers et des poiriers àun groupe de 9 génisses de race Salers.Repris voici 12 ans, après des culturescéréalières conventionnelles, le terrain,plutôt argileux, a été progressivementplanté avec de nombreuses variétés,classiques, locales, voire familiales,parfois anciennes, soit une centaine devariétés de pommiers (essentiellement àcidre, mais aussi à couteaux) et unevingtaine de variétés de poiriers (àpoiré et à couteaux). La parcelle estentourée de haies, plantées d’un mélan-ge d’espèces locales (charme, houx,noisetier…) en même temps que le ver-ger. Ces haies, qui devraient atteindre àterme une hauteur de 4 à 5 mètres, sontun facteur important de biodiversité etprotègent les fruitiers du vent, desgelées… et des exploitations céréalièresconventionnelles voisines.

Une prairie naturelle…Sur sa prairie naturelle riche en agros-tis, pâturin, brome, fétuque et trèfle,M. Toutain reçoit en pension des ani-maux des éleveurs voisins. Cette annéece sont 9 génisses Salers qui, curieuses,nous ont suivi le temps de la visite. Lesanimaux rentrent à couvert ennovembre et reçoivent l’hiver à l’établedu foin et de la betterave fourragère encomplément. La prairie est fauchéeaprès le départ des bêtes et reçoit unefois par an un apport organique sous

forme de compost à base de fumierd’ovins, de fumier de bovin et dedéchets verts (cette année en raison desconditions climatiques, l’épandage aété réalisé partiellement).

… et un verger soigné…Les arbres sont conduits en gobelet dif-féré avec conservation de 3 à 4 char-pentières, ce qui permet une bonneaération, importante vis-à-vis des pro-blèmes sanitaires liés au climat humidede la région, et un ensoleillement maxi-mal. La présence d’animaux oblige àprotéger les troncs et à soigner la taille :les branches ne doivent pas trop retom-ber ce qui n’est pas évident lorsqu’ellessont chargées de fruits.

… sans grand problèmessanitairesSi la taille aérée permet d’éviter des pro-blèmes majeurs, elle n’évite pas complè-tement les chancres : une éliminationphysique a lieu lors de la taille en vert(juillet-août), les plaies et les chancressont alors soignés avec un emplâtre àbase d’argile verte additionnée d’unmélange de cuivre et de lithothamme.Les années à forte pression, un traite-ment à base de cuivre peut être effectué.Auparavant, M. Toutain luttait contrele Carpocapse par confusion sexuellemais a arrêté tout contrôle, la faiblepression du ravageur ne justifiant pasde lutte ciblée. Il a pu par contre repé-

rer les variétés tolérantes bien adaptéeset celles présentant une certaine sensibi-lité au parasite.Le seul problème majeur serait le dépé-rissement, souvent latéral, de certainsarbres situés en bordure d’une haie quine les protège pas complètement. M.Toutain soupçonne les herbicides appli-qués dans la parcelle voisine qui pous-sés par le vent viendraient se déposersur la haie et les arbres voisins.

La production par arbre se situe, à 10ans, entre 40 et 100 kg; dans le verger de17 ans, les rendements vont de 200 à 400kg par arbre selon les variétés. Un pro-blème pourrait être l’alternance de la pro-duction; en effet les arbres ont tendance àproduire très fortement une année et se“reposer” l’année suivante. Rapporté àl’échelle de la parcelle ce déséquilibre estestompé et les récoltes régulières.

Mise en placed’expérimentationPlusieurs expérimentations sont menéesà petite échelle sur les “activateurs bio-logiques”, destinés à accroître lesdéfenses immunitaires des fruitiers faceau parasitisme. Pour l’instant, cesessais, mis en place voilà 2 ans et pré-vus sur 4 ans, ne montrent aucune dif-férence entre sujets traités et témoins.

Le Manse Horticole d’Insertion SocialeMembre du Mouvement Pour les Droits desGénérations Futures (DRGF), M. Toutain a missur pied un projet de “Manses Horticoles d’In-sertion Sociale” dans le cadre de la mise envaleur durable de l’espace rural. Outre sonobjectif social : réinsertion d’une personne endifficulté par la prise en charge d’un potager etd’un verger, qui doivent lui permettre de retrou-ver une activité, une dignité et lui fournir desproduits de qualité, ce projet est aussi un moyende restaurer les vergers agrestes situés à proxi-mité des zones urbaines.Sur un hectare, mis à disposition par des volon-taires, le bénéficiaire pourra cultiver, avec l’ap-pui technique des membres du projet, un pota-ger et un petit pré-verger conduits en agricultu-re biologique. ■

Contact : Mouvement pour les Droits et leRespect des Générations Futures,11, Grand’Rue - 60690 Fontaine Lavaganne.Fax : 03 44 46 32 72

Visite d’un pré-vergerLe 17 juillet, M. George Toutain, chercheur INRA à la retraite, nous a invités à visiter son pré-vergerà Fontaine Lavaganne, près de Beauvais, en limite de la région Normande. Conduit selon le cahierdes charges de l’agriculture biologique et donc sans pesticide, ce verger, constitué essentiellement depommiers à cidre présente un remarquable état sanitaire. Visite…

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Du 24 au 25 novembre 2001 •St Jean du Gard

16èmes journées de l’arbre,de la plante & du fruitsOrganisées par l’association des dimanchesverts, en partenariat avec Fruits Oubliés, cesjournées sont centrées cette année sur lesagrumes et le bois de châtaignier.

Renseignements : Les dimanches verts - 4, av dela résistance - 30270 St Jean du Gard - Tél : 0466 85 32 18 - Fax : 04 66 85 19 66 - Mail :dimanchesverts@voilà.fr

ColloquesRencontresDu 7 au 10 octobre 2001 •Agadir (Maroc)

International symposiumon organic agriculturePlutôt orientés sur les pays en développement,de nombreux thèmes seront abordés : l’agri-culture biologique dans la région méditerra-néenne, la certification, les produits exotiquesou le stockage et le transport des produits bio-logiques.

Renseignement : IAV Hassan II, complexehorticole, BP 18/S - Agadir - 80000, MoroccoTél. : 212 48 24 81 52 - Fax : 212 48 24 22 43Mail : [email protected]

Les 18 et 19 octobre 2001 •Limoges

Journées Techniques ÉlevageL’ITAB et le GABLIM organisent ces deux jour-nées techniques sur le thème “Alimentation etsystème d’élevage en agriculture biologique”.Ces journées visent à faire le point sur lesconnaissances acquises en élevage biologique, àidentifier les problèmes rencontrés par les éle-veurs, à diffuser les dernières avancées tech-niques. Elles s’adressent aux agriculteurs et auxtechniciens et animateurs, mais aussi aux cher-cheurs, enseignants, décideurs et toute person-ne intéressée par l’élevage biologique.

Programme et renseignements à l’ITAB : 149,rue de Bercy - 75595 Paris cedex 12 - Tél. : 0140 04 50 64 - Fax : 01 40 04 50 66 - Mail :[email protected]

14 novembre 2001 •Libramont (Belgique)

3ème Journée d’étude surl’état de la recherche enagriculture biologique“Les systèmes laitiers”Cette journée vise à faire le point sur les étudesrécentes réalisées au sein des systèmes laitiersconduits sous le mode biologique. Les aspectspris en compte relèvent de l’alimentation, du trai-tement des problèmes sanitaires, de l’organisa-tion de la commercialisation et d’une approchede la durabilité de ces systèmes sous un angletant environnemental, social, qu’économique.Dans le cadre de cette journée une séance “pos-ters” est également organisée. Les auteurs desposters, se rapportant à ces thèmes, auront l’oc-casion d’exposer, en séance plénière, en 5minutes, les objectifs et principaux résultats deleurs recherches. Toute proposition doit nous par-venir avant le 1er octobre, le texte s’y rapportant (2pages A4) sera publié dans les actes du colloque.Il est attendu pour le 22 octobre au plus tard.

Renseignements : tél : 0032 61 23 10 10 - fax :0032 61 23 10 28Mail : [email protected]

Du 12 au 15 novembre 2001 •Montpellier

SITEVI 2001Salon International des techniques, équipe-ments et services pour la viticulture, la vinicul-ture et l’arboriculture, avec de très nombreuxexposants (pas forcément bio) et de très nom-breuses conférences…

Renseignements : www.sitevi.com

Les 27 et 28 novembre • Die

Journées techniquesviticultureL’ITAB, en partenariat avec CORABIO, laCave coop de Die et Agribiodrôme organisentces journées sur le thème “Gestion globale duvignoble en agriculture biologique”.

Programme et renseignements : Monique JonisMas de Saporta- 34970 Lattes - Tél. : 04 67 06 23 93Fax: 04 67 06 55 75 - [email protected]

Les 11 et 12 décembre •Bouvines (Nord)

Forum National des Fruitset Légumes biologiquesCette année, le Forum national Fruits etLégumes organisé par l’ITAB, le GRAB et laFNAB s’ouvre à l’international avec le GAB-NOR et la FREDEC Nord-Pas-de-Calais quiprésentera en première partie le bilan des expé-rimentations du programme INTERREG. Lapremière journée comprend des conférences etdes débats sur des thèmes techniques et ladeuxième journée est consacrée aux filières.

Programme et renseignements : Monique JonisMas de Saporta- 34970 Lattes - Tél. : 04 67 06 23 93Fax: 04 67 06 55 75 - [email protected]

FormationDu 29 au 31 octobre 2001 •Massiac (Cantal)

Formation vigne et vergersDans le cadre des Rencontres Occitanes et Méditerra-néennes, ce stage porte sur la taille et l’entretien desvignes et des vergers: plantation et conduite d’un ver-ger, rénovation de vieux vergers et de vielles vignes,pour la réhabilitation du patrimoine fruitier et vinicole.

Renseignements : office du tourisme du pays deMassiac - 24, rue du Docteur Mallet - 15500 MassiacTél. : 04 71 23 07 76 - Fax : 04 71 23 08 50 -

Les 12 et 13 novembre 2001 •Saint-Jean d’Angely(Charente-Maritime)

Formation au labourKeming, méthodes detravail du sol simplifiéesen ABAu programme : les limites du travail du sol avecretournement et ses effets sur le fonctionnement dusol et des cultures, les techniques de travail simpli-fiées, comment maîtriser le parasitisme et les adven-tices sans labour. L’objectif de cette formation est dedécouvrir ces techniques mais aussi de créer ungroupe de travail sur le sujet.

Renseignements : GAB 17 - 42F av Rochefort -17400 Saint Jean d’Angely - Tél. : 05 46 32 09 68 -Fax : 05 46 32 48 34 - Mail : [email protected]

Formation maraîchage etélevage La Chambre d’Agriculture du Morbihan lance cetteannée des formations pour adultes (BPA et BPREA), deseptembre à mars, en maraîchage et élevage(porc - volailles - lait) biologiques.

Renseignements : Brigitte Kerdal - Chambred’Agriculture du Morbihan - BP 398 - 56009 Vannes cedex – Tél. : 02 97 51 51 57 ou02 97 51 59 79

Formation qualifiante etdiplômante (BPREA) enAgriculture Biologique enAquitaineL’ADAP (Association pour le développement del’agrobiologie en Périgord) en collaboration avec leCFPPA crée cette formation diplômante destinée àtoute personne souhaitant développer un projet enagriculture biologique et ayant besoin d’acquérir lacapacité professionnelle nécessaire à l’obtention desaides jeunes agriculteurs.Cette formation débutera en janvier 2002.

Renseignements: M. Eric Joussain - ADAP4/6 place Francheville - 24016 Périgueux Tél. : 05 53 35 88 18 - Fax : 05 53 53 43 13

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n°47 • mai/juin 2001 • Alter Agri 5

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• Modules de 8 à 150 h :- transformation, hygiène oucommercialisation denovembre 2001 à avril 2002