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Hank Vogel Le dieu helvète

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Page 1: Le dieu helvète

Hank Vogel

Le dieu helvète

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1Tout commença le jour où...

Le soleil se leva comme d'habitude cematin-là. Moi aussi. Mais avec la seule dif-férence que le soleil se leva avec splendeuret dignité et dans la toute grande beauté duciel, tandis que moi je me levai comme unchien la queue entre les jambes raides etpuant le dur et insensé labeur de la veille.

Je me levai donc comme un grand garçon,m'habillai comme un vieux et quittai monchez moi comme un aveugle, après avoirembrassé ma femme et mes enfants encoreen plein sommeil, pour le monde bienconnu du travail.

Mais!

Parfaitement! Il n'est pas forcément néces-saire d'être fou ou fils de riche pour décidersubitement de changer son mode de vie. Etc'est ce que je fis! Adieu donc mon patron,mon directeur, mon chef et tout le reste!

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Je décidai de devenir enfin quelqu’un.Mieux que ça: redevenir moi-même. C'est-à-dire un homme avec ses vrais défauts etses vraies qualités. Et de réaliser un vieuxrêve: écrire en toute liberté, dire à la facedu monde les quatre vérités.

Je rentrai dans un café et commandai unthé au lait et un croissant. Trois minutesplus tard, mon petit déjeuner était sur latable, une table en bois qui brillait commeun miroir.

-Vous voulez le journal? me demanda laserveuse après m'avoir servi.

- Non, merci, répondis-je, avec simplicité.C’est tous les jours la même chose, conti-nuai-je avec un léger sourire au bout deslèvres .

- Vous avez raison, Monsieur. Nous vivonsdans un drôle de monde, fit la serveuse.

Elle semblait sincère et sur son visage, onpouvait lire qu'elle avait rudement souffert.

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Je ne répondis pas. Mais au fond de moi-même, j'étais d'accord avec elle.

- Ils font de nous ce qu'ils veulent, fit-elle.

-Qui ça, ils? demandai-je.

- Les salauds, ceux qui nous dirigent, merépondit-elle avec rage.

- Ceux qui font de la politique?

- C’est ça, c’est bien ça.

- Eh bien, il faut réagir

-Réagir? Comment voulez-vous réagir?Avec quels moyens?

-Eh oui, dis-je en soupirant.

Puis la serveuse se retira...

Je restai donc seul, les yeux face à labrillance de la table et surtout face à unavenir un peu moins brillant.

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Je dévorai mon croissant et je bus tran-quillement mon thé. Non, pas tranquille-ment. En vérité une montagne d’ idées tra-versèrent mon cerveau pendant cesquelques minutes. Un tas d'images sombreset un tas de rêves aussi. Je revis monpatron avec son visage d'exploiteur, mondirecteur avec sa grande gueule et monchef avec son sourire d'hypocrite. Et je visun cahier vierge et un stylo aussi précisqu'un fusil, un stylo capable de me suivre etde cracher des mots précis. Oui, je vis toutça...

Une demi heure plus tard, une fois lesmagasins ouverts, j’achetai un cahier et unstylo-feutre. J’étais heureux comme unenfant, j'étais prêt à me battre à ma façoncontre toute l'absurdité du monde...

2- Ton coup ne réussira jamais, Glarus .

-Qui te parle de coup? J’ai décidé d’écrireune bombe et rien de plus. Et je te garantisque j’irai jusqu’au bout de mon projet...

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- Impossible, ils te couperont l'herbe sousles pieds avant...

- Ma chère Paulette, je vais peut-être tevexer mais tant pis!... Sache que les seuleschoses qui me plaisent en toi, ce sont toncul et tes seins.

Paulette, que je venais de rencontrer parhasard, après tant d'années, me sourit, seleva et me quitta. C’était inévitable.

Quel con je suis, me dis-je. J'ai perdu unebelle occasion de passer une agréable heureentre les cuisses d’une désaxée sexuelle.

Mais heureusement pour moi, les pagesvierges de mon cahier me rappelèrent qu’ ilétait temps de commencer le fameux com-bat de crachats de mots.

- Un ristretto, s’il vous plaît, dis-je au gar-çon et je me mis aussitôt à écrire...

3Troisième bistro, troisième boisson.

J’arrachai trois pages à mon cahier. Je

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n'avais encore rien écrit de valable, d’ex-plosif.

4Onze heures, quatrième bistro, troisième

café-crème.

Ça commence à venir, me dis-je.

Je sentis mon visage devenir de plus enplus fiévreux.

Je me frottai les yeux. Ils me piquaient.Mon coeur se mit à battre comme un fou.

C'est le début d'une grande bataille, pen-sai-je. C'est la peur avant le combat. Lapeur de l'ennemi. La peur de ne pas revenirsain et sauf

Ma main se mit à trembler. Mon stylon'était plus un stylo mais une épée lourde ettranchante comme une lame de rasseoir. Etje mis sur le papier tout ce qui se passaitautour de moi et tout ce qui traversait monesprit:

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Un tram s' arrête, des gens descendent. Deshommes et des femmes. Des femmeslaides, grasses et des femmes avec des che-veux teints, décolorés ou coiffées d’uneperruque... La place où s' arrête le tram estmaintenant vide. Un vieil homme, non,non, ça va trop vite, impossible de toutdécrire, de décrire... De l'autre côté de laplace, il y a un arbre. Il est grand et beau. Ilsemble résister aux violentes attaques denotre civilisation. Les déchets chimiques.Le gaz des voitures. Des hommes traver-sent la rue. On dirait des... impossible deles décrire, ils sont trop absents. Absent! Cemot me rappelle mon travail avec toute sonabsurdité. Le vieil homme de tout à l'heureretraverse la rue mais cette fois-ci avec unevalise. Comme tout peut changer d’uneseconde à l’autre! Qu’est-ce que la réalitéfinalement? Qu’est-ce qu’un mot?

5- La guerre est inévitable dans ces pays.

- Alors à quoi ça sert, les organisationsinternationales?

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- A remplir les salles de conférence.

- Mais c'est absurde!

- Je ne te le fais pas dire.

- On peut tout de même essayer de fairequelque chose.

- Quoi?

- Agir.

-On peut... mais le monde restera monde.

- Moi, j'ai une idée.

- Quelle idée?

- Écrire un livre.

Maurice éclata de rire puis il me dit:

- Mais des milliers de types ont eu cetteidée avant toi, Glarus... Et le monde estresté monde.

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- Je suis d' accord avec toi, dis-je. Maismoi, j’écrirai un livre unique, explosif. Unevraie bombe!

-Tu est un grand naïf, Glarus, me ditMaurice. Écris plutôt un livre pornogra-phique, si tu as envie d'écrire...

- Non, Maurice, la pornographie ne m'inté-resse pas. On la croise à chaque coin derue. Il n'y a qu'à regarder le visage desgens.

6Les églises sont pleines de saints, pleines

de dieux et le monde est toujours monde.Qu’est-ce que 1’on pourrait faire contre ça,bon Dieu? On tue au nom d’une religion,au nom de tout et de rien. On tue sans cesseles bons et les mauvais. On tue! Les gou-vernements donnent l'exemple de tuer: ilstuent ceux qui ont tué. Et la société nechange pas pour autant. Alors à quoi ser-vent les exemples? Cesserons-nous un jourde tuer? Les églises sont pleines d’hypo-crites.

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7Le soir, je rentrai chez moi comme les

autres jours après le travail.

Après s' être lavée les mains comme d'ha-bitude, la famille se mit à table. Ma femmeavait préparé une bonne soupe auxlégumes.

- Je ne veux pas la soupe, dit ma fille.

- Tu dois manger la soupe, elle est pleinede vitamines, lui dit sa mère.

- Je n’ai pas envie, insista ma fille.

- Tu dois la manger tout de même, dis-jeavec sévérité.

- Le ne l’aime pas.

-Tu l'as goûtée au moins?

- Non, mais je ne l'aime pas.

- Goutte-la!

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- Je ne l'aime pas.

- Goutte-la au moins, bon sang!

Ma fille goutta la soupe et la cracha aussi-tôt.

L'idée! me dis-je, plus tard en pensant à mafille, en fumant un cigare allongé sur ledivan du salon. L'idée: fabrication curieusede l’esprit. Elle nous empêche souvent devoir clair, de voir les beautés de la vietelles quelles... L' idée: source de plaisir etde souffrance, la mort avant la mort...

8Quelques jours plus tard. Ma femme avait

été mise au courant de ma décision le soir-même, après que nous avions avalé les éter-nelles salades du service des actualités télé-visées

Je n'ai pas peur de pratiquer mon nouveaumétier d’écrivain, pensai-je. Seule mafemme a peur car, pour l’instant, ça ne rap-porte rien. Heureusement, j'ai quelqueséconomies à la banque. Mais je crois

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qu’elles vont vite s’envoler.

Mon patron m’avait accordé un congéexceptionnel de trois mois, à mes frais bienentendu. Ce n'était pas un mauvais typeaprès tout.

9Et au bout de dix jours seulement.

L'Homme, mérite-t-il que l'on vienne à sonsecours? me demandai-je.

Je repris donc bêtement mon travail. Jem’arrangeai avec mon patron... moins bienavec mon directeur et très mal avec monchef. Question de jalousie sûrement: j’étaisbien vu du patron. Oh! Il ne me fit pas decadeau. Les jours de mon escapade furentdéduits de mes trois semaines de vacances.

On devient vite esclave d’une habitude, medis-je. La plupart des hommes sont mortsavant de mourir.

Et je dis à ma femme que je renonçais à ceprojet d'écrire un livre-bombe. Mais que je

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renonçais pas à écrire pour autant.

Bella, mon épouse, me répondit quej’avais enfin mis ma tête en place et quec’était mieux ainsi, car j'aurais eu les piresennemis du monde à mes trousses pour riendu tout...

10- Les rues étaient... j'aimerais bien parler

des rues de mon enfance, de mon adoles-cence mais mon esprit est préoccupé pardes problèmes universels. C’est-à-dire: lebonheur de l’homme... Mais tous les imbé-ciles de la terre se sont mis d'accord pourclasser mes bonnes intentions dans la caté-gorie des rêves insensés et naïfs... Je sais, jerêve souvent. Je rêve d’une planète paradi-siaque où l’homme pourrait s’éclore danstoute sa nudité. Mais! Les esprit sombresfont de tout pour qu’un tel rêve ne puissepas se réaliser...

-Votre récit est très poétique, me dit le psy.

Je redressai ma tête.

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- Non, non, restez couché! m’ordonna-t-il.Parlez-moi tout de même des rues.

- Mais pourquoi? demandai-je au psy, quicommençait à m'agacer sérieusement.

-Les rues ont une signification bien pré-cises, m’expliqua-t-il. Parlez-moi d’unerue qui vous a profondément marqué .

- Une rue qui m’a profondément marqué?Je vois... Je commence à voir... Je vois unerue dorée. C'est le matin, tout est beau, toutrespire la joie de vivre. Subitement, je voisla même rue... violette, c’est presque lesoir. Des chauves-souris, des hommesétranges, des êtres...

- Que font-ils?

- Ils passent comme des être mystérieux...

- C'est-à-dire?

- C'est-à-dire: sans laisser la moindre trace.Personne ne sait qui ils sont, pourquoi ilspassent par là et où ils vont...

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- C’est bien! C’est assez pour aujourd’hui.

11L’humanité est à refaire, pensai-je. Oui,

elle est totalement à refaire. Mais com-ment? Avec un stylo, on ne peut pas allerbien loin. On trouve des adeptes à chaquecoin de rue, certes. Mais malheureusementces adeptes sont des êtres sur qui on ne peutpas compter. Pour un oui ou pour un non,ils s’envolent comme des sauterelles. Lajeunesse n’a aucun idéal et les vieux necessent de s’enfoncer dans leur passé. Lesenfants ne savent plus qui écouter. Ilsn'osent plus poser de questions car on leurboucle le bec avant même qu'ils s’apprêtentà ouvrir leur bouche. Il n'y a plus de visagesentant bon la fraîcheur de vivre. I1 n’y aplus que des gueules agressives, desgueules à faire vomir...

J'avalai d'un trait mon pastis, mis deuxfrancs sur la table et quittai l'établissement.

12Ce n’est pas le moment de renoncer, me

dis-je. Mais que dira Bella? Il faudra que je

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lui cache la vérité. Après tout, j'ai tout lesdroits. Ce n'est tout de même pas unefemme qui fera la loi chez moi.

J’entrai dans une papeterie et j'achetai uncahier. Et me voilà de nouveau face à mabelle Helvétie.

13- Rien de neuf?

- Si.

- Quoi?

- La folie.

- Quelle folie?

- La tienne.

- Qu’en sais-tu?

-Tout le monde en parle.

- Mais, bon sang! à quoi sommes-nous entrain de jouer?

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- Tu le sais bien.

- Non, je ne le sais pas!... Mais qu'est-ceque tu as à me faire la gueule? Je n'ai tuépersonne que je sache! J’ai seulementinsulté le maire.

- Tu as eu tort.

- Ah! C' est en somme à cause de ça?

- Ça et tout le reste.

- Quoi encore?

- Réfléchis.

- Réfléchis!

- Alors rappelle-toi.

- Me rappeler quoi?

- Les jours où ton comportement frisait lafolie

- N 'importe quoi!

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- Ça pourrait te coûter cher.

- De quoi m'accuse-t-on?

- De trahison.

- Encore un coup du maire.

- Les autres aussi pensent comme lui.

- Qui ça les autres?

- Le maître d’école, le chef des pompierset le pasteur.

- Les plus idiots en somme .

- Je ne suis pas de cet avis.

-Le contraire m’aurait étonné .

- C’est la vérité.

- Je n’ en doute pas .

- Mets-toi à ma place.

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- Non, merci, je préfère rester à la mienneaussi inconfortable soit-elle... Finalement,je suis content que l 'on me prenne pour unfou, un désaxé, un marginal...

- Tu as tort de penser ça de toi.

- Plaît-il?

-J’ai dit: tu as tort de penser ça de toi. Tudois penser avant tout que tu es mon mari,le père de tes enfants et un employé delaboratoire... et non pas de n’importe quellaboratoire...

- Qui fabrique, fabrique et refabrique despoisons que l'on vend pour des médica-ments.

- Ce n 'est pas vrai

- Disons! Et quoi encore?

- Que tu travailles dans une grande ville etque tu habites dans une petite commune quia grand besoin de toi.

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- Du vent.

- Parfaitement le conseil municipale abesoin de toi.

- Ça ne m’intéresse pas.

- Évidemment, tu préfères écrire des âne-ries.

- Parfaitement! Mais mes âneries sontsûrement moins idiotes que les discours dumaire... avec sa grande gueule et ses idéesde je ne sais où. Et puis de quel droit juges-tu mes écrits? Tu n 'a jamais lu une seule demes phrases.

- Tu te trompes, mon cher .

- Impossible.

- Tu te trompes, Glarus. Sache qu’unhomme distrait laisse toujours derrière luiles traces de sa culpabilité.

- ...

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- Veux-tu une preuve?

- ...

- Le dieu helvète, ça te dit quelque chose?

- Alors?

- Je l'ai lu puis je l'ai jeté au feu.

-Tu as fait ça?

- Oui, j'ai fait ça pour ton bien.

- Mais c'est un crime!

-Je t'en prie! Faut tout de même pas exa-gérer.

- Mais qu'est-ce qu 'il t'a prit?

-J 'ai estimé que tu pouvait faire mieux. Tuas vraiment écrit n'importe quoi n’importecomment...

- Jeter au feu le commencement d'unroman, c'est la plus grande insulte que l'on

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peut faire à un écrivain.

- Peut-être.

- Alors pourquoi l'as-tu fait?

- Parce que toi, tu n'es pas un écrivain.

- Qu'en sais-tu? Et puis qu'est-ce que c’estpour toi un écrivain?

- Un écrivain?

- Oui, un écrivain, qu’est-ce que c' est pourtoi?

- Un homme qui vit de sa plume.

- Un homme qui vit de sa plume!

- Tu vis de ta plume, toi? Non, alors?

- Il faut bien commencer une fois, bonsang!

- Certainement! Mais non pas par des âne-ries.

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- Ça va, ça va!

14Je quittai ma femme, mes enfants et mon

chez moi pour nulle part. Je ne pouvait pasfaire autrement. Un poids est un poids.Mais un poids au coeur, c’est la pire deschoses.

Et par hygiène et pour ne pas rester seul lesoir, je téléphonai à Paulette.

- Il faut que je te vois, lui dis-je. Je peuxpasser te voir?

- Pourquoi faire?

- Pour te voir tout simplement.

- Es-tu certain?

- Non...

Alors Paulette m’invita. Je lui dis tout. Ellem' offrit un verre de vin, des oeufs au platpuis, au bout d’une heure, son corps quiétait aussi montagneux que la belle

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Helvétie.

Paulette poussa son dernier gémissementde la soirée puis elle me dit d'une voixessoufflée:

- Glarus, tu fais l'amour comme un dieu...un dieu helvète.

Je lui souris.

-Pourquoi as-tu souri? me demanda-t-elle.

- Parce que, sans le savoir, tu viens de citerle titre de mon futur roman.

- C’est vrai?

- Oui, c'est vrai... Mon roman s’intitulera“Le dieu helvète”.

- Pourquoi ce titre?

- Par amour de mon pays. Non, par rage...“Le dieu helvète”, c'est l'histoire d'unhomme sincère et honnête, un saint, undieu qui décide un jour de dire à la face du

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monde les quatre vérités. Il s' attaqueradonc aux dirigeants de son pays et à unautre dieu helvète, le dieu de l’argent, dupouvoir et des intrigues. Ça sera ça monroman.

- Tu es perdant d'avance.

15La nuit n’appartient pas aux hommes, j’en

suis persuadé.

Un nuit, j’étais en train de relire ce quej’avais écrit la journée, chez Paulette, dans son lit évidemment. Paulette n’était pas là,elle était de service jusqu’à vingt-troisheures. Ah, je crois que j’ai oublié de vousle dire: Paulette est infirmière, elle tra-vaillait dans un hôpital helvète au servicedes bras et des jambes cassés. J'étais doncconcentré sur mon texte, lorsque brusque-ment on sonna à la porte avec insistance.

Je regardai ma montre. Il n’était que dixheures et demi du soir.

Qui peut-il bien être? me demandai-je.

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Je me levai sur les pointes des pieds etcomme un voleur j'allai guigner par lejudas... On sonnait toujours.

- C'est bon, c'est bon! criai-je et j'ouvris laporte.

Paulette était là comme paralysée, le visa-ge en larmes et ses habits déchirés.

- Que s’est-il passé, bon Dieu? lui deman-dai-je avec stupeur.

Paulette se jeta dans mes bras et se mit for-tement à trembler.

- Que s’est-il passé? lui demandai-je denouveau.

Elle ne me répondit pas. Je refermai laporte et conduisis Paulette dans la chambreà coucher.

Je l’aidai à s'allonger sur son lit et je m'as-sis à côté d’elle.

- Tu veux que j' appelle la police? lui dis-

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je, ayant imaginé le pire

Elle me dit non avec la tête, cacha sonvisage dans ses mains et elle se mit à pleu-rer.

J’étais très ennuyé et profondément déçude toute l’humanité.

Puis Paulette se blottit contre moi.

- Ils était plusieurs? lui demandai-je en luicaressant le visage. Des jeunes? Ils étaientplusieurs ou un seul?

- Deux, me répondit-elle après quelquessecondes d’hésitation. Mais c’était commes'ils étaient dix.

Les salauds! me dis-je, en pensant à cesdeux inconnus.

Et des images atroces surgirent du fond dema mémoire et je revis des scènes de filmsdocumentaires, abominables. Des scènesd’exécution et des scènes où l’on voit dessquelettes vivants marcher au ralenti: des

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hommes, des femmes et des enfants. Desrescapés des camps de concentration nazis.

Quelle honte pour l’humanité! me dis-je.Quelle honte pour ceux qui ont toléré cela!Quelle honte pour ceux qui n’ont pas réagiface à ces atrocités!... Et dire qu’il y a eu unPape qui a béni des canons. Et des hommesd'église qui ont condamné au bûcher desfemmes et des hommes savants... Où estDieu après tout ça? Où est-il, bon Dieu?

Paulette se doucha, se frotta fortementavec un savon, se redoucha, se frotta denouveau avec un autre savon, un savon plusdésinfectant.

Mais hélas! pensai-je. On n’efface pas çacomme ça, les cicatrises intérieures sontdifficiles à faire disparaître voire impos-sibles.

Paulette ne posa pas plainte de peur quel’on dise des méchancetés derrière son dos.Par exemple: elle les a peut-être ou sûre-ment provoqués. Pour moi, c'était clair etnet: Paulette fut violée en allant acheter des

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cigarettes, aux environs de vingt-deuxheures, dans une rue déserte près de l’hôpi-tal, parce que la cantine était fermée à cetteheure-ci.

16Dimanche, c’est dimanche! Mais pour un

artiste, il n' y a pas de dimanche. Et encoremoins pour un écrivain.

... je cherche, je cherche une solution àmes problèmes, une solution aux pro-blèmes de l’humanité. Et je me pose tou-jours les mêmes et éternelles questions: quefaire? Comment agir? Y-a-t-il finalementune solution?... J'ai choisi un métier, unsecond métier, difficile mais qui peutapporter quelque chose à l'humanité... Jedoute, je doute constamment. Qu'ai-je fait àDieu pour mériter cela?... Je suis un hypo-crite. Mon comportement et mes idées sontdeux mondes bien différents. La preuve: jeprêche l'amour de l'humanité et j'abandon-ne ma femme et mes enfants...

Je biffai cela, ce que je venais d’écrire etcommandai un autre café.

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Cinq minutes plus tard, après avoir avaléma deuxième boisson, un couple entra ets'installa à un table voisine.

La femme était face à moi. Son visage étaitpâle et inquiet, fatigué sans doute par desnuits de déboire. Je crus voir une morte,sortie tout droit des ténèbres.

Est-elle sortie spécialement pour moi, pourm’apporter un message? me demandai-je.Mais quel message? Que l’enfer n’est pasle paradis? Tout le monde le sait. Non, pourme dire sûrement que la vie est un enfer.

Je me remis à écrire.

... cervelle, ô ma cervelle! Rien n'est plusbeau que la beauté d'un visage qui reflètel'innocence et la spontanéité de l’enfance...Ma jeunesse est bien loin, mon enfance estmorte. Le sexe a foutu en l'air bien des sen-timents profonds... Cervelle, ô cervelle! Àquoi joues-tu?...

Et je biffai de nouveau ce que je venaisd’écrire.

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L’enfer est en nous, me dis-je. Mon âmeest aussi pâle et inquiète que le visage decette femme qui se trouve en face de moi.Nous menons une vie de cons!

17- Le désert... c’est presque le désert. Ou unocéan calme, très calme.

- Que voyez-vous d' autre?

- J’aimerais... ne voir que ça.

- Ce n'est pas ce que je vous demande.

- Que me demandez-vous alors?

- Commençons par le commencement.Soyez donc concentré. Que voyez-vous àl’instant?

-Je vois un monde désordonné, deshommes malades, intérieurement malades,des femmes malades, des femmes en trainde se prostituer... des femmes violées, desesprits violés, psychologiquement violéspar une publicité mensongère. Je vois aussi

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des politiciens en train de se remplir lespoches avec l'argent du peuple. Et des colo-nels en train de prédire des guerres imagi-naires afin de justifier leur énorme salaire.Ils s’engraissent à la barbe de la société,qu'ils mettent plus en danger qu'autrechose. Je vois des curés, des cardinaux, desmoines et des nonnes en train de prier Dieu,pour oublier qu'ils ont un sexe comme toutle monde. Je vois l'hypocrisie fleurir àchaque coin de rue. Je vois toute l'absurdi-té de notre société et où nous mène toutça...

- C’est-à-dire?

- C’est-à-dire à la violence, aux guerres.

- Que voyez-vous d’autre?

- C’est déjà pas mal, non?

- Alors, c'est tout pour aujourd’hui, me ditle psy.

- Quel est votre diagnostic? lui demandai-je.

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- C'est encore trop tôt...

Je quittai mon psy, son canapé, sespapillons en encre noire et ses questionsétranges... oui, je le quittai pour toujourscar j’eus l’impression ce jour-là, en sortantde son cabinet, que c’était moi qui faisait leboulot et c’était lui qui encaissait.

A part la chirurgie, tout le reste c'est dupipi d'intellectuel, me dis-je une fois dansla rue. Et je ne suis pas assez riche pourenrichir les parasites.

18... la mort est en chacun de nous. Elle est

là, seconde après seconde, et nous avonspeur d’elle. Elle est là mais nous sommesincapables de la voir telle qu'elle est. Carnous pensons à elle au lieu de la regarderen face. Cette mort est liée à des imagesobscures et macabres, des images qui ontété cultivées par l'esprit. Mais en vérité lamort est tout à fait autre chose: elle fait par-tie de la vie seconde après seconde. La vien'aurait pas de sens sans la mort: elle seraitmonotone, mécanique, absurde... Et nous

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bâtissons des murs pour ne pas regarder lamort en face, recherchant ainsi une certainesécurité. Mais les murs se brisent auxforces de la vie car ils sont fragiles... etdans le désespoir nous essayons de lesreconstruire ou d’en construire d’autres.Mais la vie, la mort est invincible... Vivre,vivre réellement, c'est mourir secondeaprès seconde aux idées du passé, aux idéesde la mort, car elle porte chaque jour unautre visage...

19-Le rendement de votre service a rudementbaissé, me dit mon chef d’un ton accusa-teur.

- Ce n'est pas possible.

- Ce n’est pas possible, c'est certain.

- La crise.

-Non, ce n'est pas la crise, c'est vous quitravaillez moins bien.

- Comment est-ce possible?

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- Je vous le demande... Vous rêvez trop cestemps-ci. Soyez donc plus sur terre, plusavec nous et tâchez de moins rêvasser àvos... à votre roman!

- Quel roman?

- Je vous en prie! Ne prenez pas les genspour des imbéciles. Tout le monde ici est aucourant que vous êtes en train d’ écrire unlivre...

Comme les choses vont vite, me dis-je. J'aieu tort de me confier à quelques-uns demes collègues de travail. Et tous lesmoyens sont bons pour trouver un cou-pable, pour justifier une situation alarman-te!

20... aujourd'hui, jour de fatigue, jour de tra-

vail... Le soir pour oublier tout ça, je nepense qu’à l’amour... vulgairement, avecviolence...

C'est ainsi qu’agit l’homme bestiale qui setrouve dans un profond état de fatigue men-

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tale, pensai-je. Le sexe est un échappatoire.

21- L’Iran est en feu! La Turquie presque!...

L’Iran, je comprends. Mais les autres? Quileur fournit des armes? Il n’y a pas de poli-tique sans argent et pas d’argent sansintrigues. Moralité: la politique, c’est desmontagnes d’intrigues. Et l’Helvétie ne faitpas exception.

- Ils te briseront les reins.

- Et après?... Non, Paulette, personne neme brisera quoi que ce soit.

- Ils sont plus forts que toi.

- Non, ils n’oseront pas me briser les reins,comme tu dis si bien, parce que le public m'aura déjà donné raison.

- Mais, ils t’empêcheront de publier tonlivre!

- Je ne crois pas

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- Tu es trop naïf...

- Non, parce que s’ils m'empêcheront de lepublier, j’irai à l’étranger.

- À l' étranger! Tu crois qu'à l'étranger, c’estmieux?

- En France, on publie tout.

- En France, on publie tout!

- Parfaitement!

- Tu es vraiment un grand naïf, Glarus.

22... un jour viendra où une joie immense

naîtra au très fond de mon être et emporte-ra au loin toutes les rancunes que j’auraisamassées. Ce jour viendra, je l'espère, maisce n'est pas pour bientôt...

23- Il faudra foutre un sacré coup, me dit

mon chef.

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- Je ne peux pas aller plus vite que moncheval, lui réponds-je.

- Pas plus vite que mon cheval! Qu'est-ceque ça veut bien vouloir dire?

- Ça veut dire ce que ça veut dire. Et puisqu’avez-vous à me coller constamment aucul?

Mon chef devint rouge. Presque aussirouge que le drapeau suisse.

Puis brusquement, il se retourna et dispa-rut dans son bureau.

Cinq minutes plus tard, mon directeur mefit appeler par sa secrétaire, une belle filleaux seins volumineux et aux lèvres char-nues.

Belle perspective pour son avenir, me dis-je

- Asseyez-vous, me dit sèchement mondirecteur.

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Je m'assis et je croisais mes bras.

- Que vous arrive-t-il, Glarus? me demandacet homme, pour qui seuls ceux qui luidisaient “Bonjour Monsieur le Directeur”étaient intelligents.

- Il m'arrive que je commence à moisirdans cette jungle, lui répondis-je.

- Expliquez-vous! Votre travail ne vousplaît plus?

- Ce n'est pas seulement ça.

- Comment ça?

- Oui, ce n'est pas... comment pourrais-jevous expliquer?...

- Avez-vous besoin de vacances? Êtes-vous souffrant? Est-ce qu'il s'agit de votresalaire?

- Rien de tout ça.

- Alors?

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- Alors, je trouve que la vie que nousmenons, vous, moi, tout le monde, n'a pasde sens.

- Vous avez besoin de vacances...

- Non, coupai-je, je n'ai pas besoin devacances mais d'une autre vie.

Mon directeur rangea sa cravate. Puis il medemanda, quasi paternellement:

- Êtes-vous heureux avec nous?

- Je ne suis ni heureux, ni malheureux, luirépondis-je... Après tout, je crois que vousavez raison, j'ai peut-être besoin devacances.

Sur ses bonnes paroles, mon directeur mefit un énorme sourire. Il était était rassuré,il pouvait ainsi dormir en toute quiétude surses deux oreilles. Et il m’autorisa à prendredes vacances.

24La montagne, la mer ou le farniente dans

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ma propre ville? pensai-je. Paulette viendraavec moi. Elle se donnera à moi. Je medonnerai à elle. Nos vacances auront lachaleur de nos corps. Je la violerai s'il lefaut et je me laisserai violer... On fera deschoses jamais faites. On se trahira aussi eton se retrouvera avec des larmes jusqu'auxgenoux. Et je lui lécherai ses larmes... Nousaurons des vacances pleines de passions.Des cris, des pleures, des baisers brûlantssur tout le corps, des caresses, des griffuresjusqu'au sang, des battements de coeur aubord de la crise cardiaque et des extases...oui, il y aura tout ça.

J’entrai dans une cabine téléphonique etj'appelai Paulette à son hôpital.

- On part en vacances.

- Comment ça?

- Oui, on part en vacances. Demain onpart... Demande congé à ton chef de servi-ce...

- Ce n'est pas possible. Une infirmière ne

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peut pas prendre congé comme ça, du jourau lendemain, Glarus. Nos vacances sontprogrammées des mois à l'avance.

- Demande tout de même à ton chef...

- Premièrement, je n'ai pas de chef maisune cheffe et deuxièmement, je ne peux paspartir comme ça...

25... les chemins de l'indifférence sont nom-

breux, ils courent même les rues. Dans lemalheur, le désespéré rit jaune. Je n'ai pasinventé la poudre, je sais...

26Les paysages défilaient, défilaient à mes

yeux. Tout était bien rangé, semblait êtrebien partagé. Les champs, les forêts lesmontagnes reflétaient une certaine fraî-cheur digne des grandes étendues cana-diennes. Le vert était solide, si je puis m'ex-primer ainsi. Les toits des maisons étaienttous construits de la même façon, avec lemême matériau. L'égalité me crevait lesyeux. J’étais bien. J'étais pour une fois

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bien. En face de moi, un vieil homme lisaitun journal de sa région. Il tournait les pagesavec méthode, sans doute pour ne pas frois-ser le papier. À côté de lui, une dame trico-tait. J'étais le seul à regarder défiler le pay-sage.

A une station, un travailleur, sans douteémigré, vint s’asseoir à côté de moi. Il sen-tait l'ail et la graisse animal.

Au bout de dix minutes, il sortit de son sac,un petit sac de voyage rouge, une orange etil se mit l’éplucher.

Puis, s'apercevant que je le regardais detemps en temps, il plongea sa main dansson sac, y retira une autre orange et mel’offrit.

- Non, merci, je viens de déjeuner, dis-je àl'homme.

- Prenez, insista l'homme avec générosité.

Je pris l’orange et remerciai ce généreuxinconnu.

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- C’est de mon pays, me dit l’homme. Elleest très bonne, vous verrez.

En effet l’orange était très bonne.

- C’est presque du miel, dis-je à l’homme

L'homme me sourit, il semblait content dem'avoir offert pas n'importe quoi.

Puis après l’orange, vint le salami, dugâteux, de la liqueur... tout de son pays.

Puis, à mon tour, j'invitai l'homme à boireun café au wagon-restaurant.

- Vous êtes suisse, vous? me demandal'homme après avoir mis trois sucres dansson café.

- Pourquoi me demandez-vous ça?

- Comme ça... parce que les Suisses ne par-lent pas à un étranger... pas tout de suite.

- Je vois... Ma foi, c'est bien vrai ce quevous dites. C'est que le Suisse est de nature

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réservée, sombre, pessimiste... Il se confierarement, il préfère mourir dans la solitudeque de voir ses héritiers faire semblant depleurer au pied de son lit d’hôpital... LeSuisse est un soldat toute sa vie, un soldatsans ambition, attaché à sa terre et à soncarnet d'épargne. En résumé: le Suisse n'estpas un mauvais type mais il a une âme deChinois.

- Qu’est-ce ça veut dire une âme deChinois?

- Ça veut dire que le Suisse cachent bienses sentiments.

Ravi de la définition que je fis du Suisse,le travailleur émigré me dit son nom, meparle de sa mère, de sa femme qui était res-tée au pays avec ses quatre fils et ses deuxfilles et surtout de son village qu'il aimaitpar dessus tout. Mais que malheureuse-ment, les saints du ciel n'avait jamais su lerendre prospère.

Deux heures plus tard, l’homme descenditdu train la larme presque à l'oeil. Pour lui

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maintenant les Suisses n’étaient pas toussuisses.

27... je fais souvent le même rêve du nain quise métamorphose en géant. Les géants sontriches, ce sont eux qui tiennent les ficelles.Et je suis pauvre. Bien que l’argent n'ajamais été important pour moi. Et la riches-se encore moins. Mais malheureusement cedieu impitoyable nous gouverne. Il protègeses adorateurs et écrase les amoureux de lasimplicité... Je me sens seul dans un mondesans merci. La peur court les rues. Lessimples se taisent et toussent en cachette... Paulette est sûrement maintenant en trainde se caresser les seins. Face à son miroir.C’est sa spécialité. Bella, elle, doit être entrain de brosser les dents aux enfants. Etles enfants sont en train de poser des ques-tions à leur mère...

Je viens d’écrire trois fois le mot train, medis-je. C’est peut-être parce que j’ai pris letain. C’est idiot. Tout est idiot après tout.J’ai meilleur temps de poser ma plume etde me coucher.

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28- Vous avez bien dormi, me demanda le

patron du petit hôtel que j'avais choisi pourpasser la nuit.

- Très bien, merci, répondis-je. Trop bienmême...

Ça pourrait devenir inquiétant pour la suitede mon combat, pensai-je.

29... la blancheur des montagnes ne reflètent

guère la misère du monde. Elles m'ordon-nent de me taire. Je suis un enfant des basfonds. Mes poumons manquent d'oxygènede basse altitude, de cette oxygène polluéepar les produits chimiques que crache lacivilisation des cités. Je m'étouffe dans cebonheur immaculé. C'est absurde!Possible, car je suis un adepte de l'absur-de...

30... nous sommes tous des incompris sur

cette planète. Nous sommes tous desclowns dans ce grand cirque de la vie...

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Je crois que je vais plutôt écrire quelquechose sur ça, me dis-je.

Conclusion: les hommes comme les dieuxsont imprévisibles.

© Le Stylophile, Hank Vogel, 2013.