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Le Magazine trimestriel de l’environnement Oct. - Nov. - Déc. 2019 Numéro 60 07 Octobre 2019 YAOUNDE, HABITAT DU MONDE LE DECHET, UNE RICHESSE

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Le Magazine trimestriel de l’environnement Oct. - Nov. - Déc. 2019 Numéro 60

07 Octobre 2019

YAOUNDE, HABITAT DU MONDE

LE DECHET, UNE RICHESSE

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BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Oct. - Nov. - Déc. 2019 / N°60 3

Editorial

Il y a de l’énergie dans les dé-chets ! Cela fait 50 ans queHysacam travaille dans la col-

lecte des ordures ménagères.L’entreprise a transformé avecle temps, son organisation afinde contenir du mieux qu'ellepouvait, l'impact de la productiondes déchets dans les villesafricaines dont la gestion allaitêtre compliquée.Car la tradition de la conserva-tion des déchets ménagers parune population qui arrivait dansla ville avec ses habitudes ru-rales, allait être problématique.Collecter les déchets, les trans-porter, les traiter, les valoriseren milieu urbain, n'est pas uneopération automatique, et en-core moins mécanique. Cela nécessite une technologieindustrielle, une organisation so-ciale, et une ingénierie écono-

mique. Car une entreprise àhaute intensité ouvrière, a be-soin d’agréger des ressourcesmatérielles, humaines et techno-logiques pour arriver à une mai-trise du cycle intégral desdéchets, en se donnant lesmoyens pour atteindre l'objectiffinal : transformer le déchet enune richesse ou une ressourcenouvelle.

Le défi que le Cameroun doitrelever est de savoir au-jourd’hui comment faire du dé-chet cette matière premièresecondaire, à une échelle pla-nétaire qui sera pour l'écono-mie circulaire, une source derichesses durable dans les

nouveaux paradigmes del'économie de développement. En 50 ans, Hysacam a mis enexergue les faiblesses ac-tuelles des politiques publiques:faire la propreté ou maintenirla propreté dans nos citésn’apparaît pas encore commeune priorité absolue.Et il est difficile de penser que

la transformation du déchet etdonc la mobilisation des moyenspour cette transformation, peutbooster le développement et lamodernisation de nos cités.L’Afrique tient là, avec les énergiesnouvelles, sa revanche pour impul-ser le développement du mondeet inverser les paradigmes du dé-veloppement humain.En effet, la question centrale

résumée dans ce dossier deBosangi, est de savoir com-ment l'Afrique, et le Camerounsingulièrement, s'organisentpour tirer de cette matière pre-mière secondaire, le maximumde ses richesses.En organisant au Cameroun la

Journée Mondiale de l'Habitat,sur ce thème touchant à l'exploi-tation de cette richesse qu'est ledéchet, la Communauté interna-tionale a su cibler un pays, unepolitique et une expérience.

Bosangiune publication de Hysacam

B.P : 1420 Douala.Tél. +237 233 37 44 14Fax : +237 233 37 47 73

B.P. : 781 YaoundéTél. +237 222 22 13 79Fax : +237 222 22 53 44

Directeur de publicationMichel NgAPANOuN

Rédacteur en chefgarba AHMADOu

Secrétaire de rédactionInnocent EBODEOnt participé à ce numéro :Jean Loïc AMOugOu, Eric Vincent FOMO,Jator NJENYu, Boris NgOuNOu, JeanCélestin EDJANguE, Janvier NgWANZAOWONO

Direction artistiqueValentin OMBIBIMarque PlusTél : +237 696 69 84 [email protected]

Impression : Print Industry Tél : +237 233 42 63 93

Par Michel NGAPANOUN

LE DECHET, UNE RICHESSE

Hysacam a transformé avec

le temps, son organisation

afin de contenir du mieux

qu'elle pouvait, l'impact de

la production des déchets

dans les villes africaines

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LE DECHET, uNE DE RICHESSE

Les déchets produits par les activités humaines se sont considérablement dévelop-pés avec la révolution industrielle du XIXe siècle et la société de consommation duXXe siècle. Si le mot qui les désigne a une connotation négative, ils ne sont paspour autant une fatalité : ils peuvent être réduits au moment de la fabrication outransformés en d’autres produits. Ils peuvent aussi être une source importanted’énergie.

Actualité

10-11 Les déchets , une matière première secondaire, Jean-Célestin EDJANGUE

12-13 Waste management processes and financial performance, J. NJENYU

14. Les expériences de transformation en Afrique, Eric Vincent FOMO

15 Nkolfoulou, une aventure camerounaise, Boris NGOUNOU

16. Le Maroc, champion des éoliennes, Janvier NGWANZA OWONO

17. Une usine pour transformer le plastique, par Jean Loïc AMOUGOU

Dossier

Sommaire

6-8

9-17

10

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6 Yaoundé, capitale de la propreté, Boris NGOUNOU

7. Dakar, capitale des déchets plastiques, Janvier NGWANZA OWONO

8. L’Amazonie brûle ! Jean Loïc AMOUGOU

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1. Juin 2019 : le mois le plus chaud de la planète, Jean-Célestin EDJANGUE

2. Le Cameroun abrite la journée mondiale de l’Habitat, Boris NGOUNOU

3. Kinshasa Challenging Waste Accumulation , Jator NJENYU

19-23Evènement

Waste-to-Energy in Ethiopia is Bettering the Planet, Jator NJENYU

24

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Yaoundé (Cameroun)

Carte postale

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« Le Terroriste noir », Les destins liés de l’Afrique et de la France, Jean Loïc AMOUGOU

Note de lecture

AlmoustaphaGARBA, Jean Loïc A. avec l’Office National d’Edition et de presse du Niger

30-31Parole à...

Edem d’Almeida,roi du recyclage en Afrique, Eric Vincent FOMO

29Portrait

1- Le défi de la gestion des déchets biomédicaux, Eric Vincent FOMO

2- La reconnaissance de la France aux combattants africains J. C. EDJANGUE

Il y a 75 ans, les tirailleurs africains libéraient laProvence…Macron, Alpha Condé, Alassane Ouat-tara signent-ils la réconciliation ? Analyse d’un rap-port complexe.

25-27Regards

34Forum des lecteurs

20

Nouvelles d’ailleurs

«Les générations futures devront disposer d’un environnementplus productif»

26

Elle n'est pas terminée. Mais l'année 2019s'annonce déjà comme une des plus chaudesde l'histoire météorologique en Europe. Avecun record de 45,9 °C enregistré

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Actualité

Boris NGOUNOU

Quels seront les trois quartiersles plus propres de Yaoundé? La question taraude les es-

prits des citadins de la ville aux septcollines, depuis le lancement, le 28août 2019, de la campagne «Yaoundé ville propre ». L’initiative duministère camerounais de l’Habitat etdu Développement urbain (Minhdu),est en effet un concours d’hygiène etde salubrité destiné à tous les quar-tiers de Yaoundé. Ceux-ci serontévalués sur la gestion des déchets li-quides et solides, l’organisation ci-toyenne, l’entretien des espacesverts, ainsi que la lutte contre les en-combrements permanents et tempo-raires le long des routes. Les trois quartiers qui respecteront cescritères mieux que les autres recevrontdes primes financières : 2,5 millions defrancs CFA pour le 1er, 1,5 million defrancs CFA pour le 2e et 1 million defrancs CFA pour le 3e, soit une enve-loppe globale de 5 millions de francsCFA, équivalent à 7 700 euros.

La compétition est organisée en par-tenariat avec l’Organisation mon-diale de la Santé (OMS), laFondation privée Konrad Adenauer,la société Hygiène et salubrité duCameroun (Hysacam) chargée del’assainissement public, et le Fondsspécial d’équipement et d’interven-tion intercommunale (Feicom).

Yaoundé accueille les assem-blées 2019 de la journée mondialede l’habitatSi le lancement de la campagne «Yaoundé ville propre » vise à faireune cure de la capitale, qui va ac-cueillir des rendez-vous sportifs telsque le Championnat d’Afrique desnations (CHAN) en 2020 et la Couped’Afrique des nations (CAN) en2021, il y a surtout que cette opéra-tion intervient à la veille d’unconclave mondial porté sur le mêmedomaine d’activité. Il s’agit des as-sises 2019 de la journée mondialede l’habitat qui se tiendront le lundi 7

octobre 2019 à Yaoundé. Instituée le 17 décembre 1985 parl’Assemblée générale des NationsUnies, la Journée mondiale de l’ha-bitat qui se tient tous les premierslundi du mois octobre, met l’accentsur le droit fondamental de tous à unlogement adéquat et rappelle égale-ment à la communauté internatio-nale sa responsabilité collectivedans l’avenir de l’habitat humain. Au cours de l’édition de cette année,les efforts seront axés entre autres,sur sensibilisation du public à la pro-blématique de la gestion des dé-chets solides au niveau descommunes. C’est la raison pourlaquelle la campagne « Yaoundéville propre » prend en compte, lasensibilisation et la mobilisation detous les acteurs pour les opérationsd’entretien des espaces urbains etdu cadre de vie, mais aussi la pro-motion et la pérennisation des initia-tives locales en matière d’hygiène etde salubrité.

YAOUNDE, CAPITALE DE LA PROPRETE Le gouvernement camerounais vient delancer une opération baptisée « Yaoundéville propre ». Il s’agit d’un concours quipermettra de désigner les trois quartiersles plus propres de Yaoundé. L’objectif dece concours d’hygiène et de salubrité estd’avoir une ville plus propre. Car la cité

capitale camerounaise s’apprête à abriterdes grands rendez-vous, au rang des-quels, les assises de l’édition 2019 de lajournée mondiale de l’habitat.

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Actualité

S’exprimant en avril 2019, leprésident sénégalais MackySALL a réitéré son engage-

ment à faire de son pays un pionnierde la protection de l'environnement.« Je veux que le Sénégal soit identi-fié comme l'un des pays les plus pro-pres d'Afrique», a souligné leprésident Macky SALL. Ces re-marques du président interviennentquelques jours à peine après queson gouvernement a annoncé unesérie d'actions globales visant à lut-ter contre le fléau de la pollutionplastique, qui s'aggrave de plus enplus, notamment un projet de loi àvenir interdisant une large gammede plastiques, tels que les sacsd'épicerie épais. Les sacs mincesen polythène ont déjà été interditsdepuis 2015, mais le respect decette interdiction s'est avéré difficilejusqu'à présent.Il semble que les autorités sénéga-laises soient récemment déterminéesà faire en sorte que l'interdiction soitrespectée. « Nous allons faire le tourdes magasins… nous avons desforces de sécurité qui peuvent noussoutenir(…) nous allons commencerà appliquer cette loi dans toute saforce.» a expliqué le ministre de l'En-

vironnement, Abdou Karim Sall. Lescommerçants devront payer desamendes allant jusqu'à 50 000 francsCFA (85 dollars des États-Unis),lourd fardeau pour un pays dont lePIB par habitant est de 1 500 dollars.Le sens d'urgence de Dakar face à lacatastrophe plastique est compré-hensible. Une étude réalisée en 2010par la revue Science a classé le paysau 21ème rang mondial en termes dequantité de déchets déversés en merà 254 770 tonnes, ce qui est particu-lièrement inquiétant compte tenu del'avenir prometteur du tourisme bal-néaire du pays.La détermination du gouvernementsénégalais à lutter contre le plastiqueencombrant ses côtes et à étoufferson secteur de la pêche est en phaseavec l' objectif ambitieux de présidentMacky SALL visant à instaurer un Sé-négal zéro déchet. Dans son dis-cours inaugural plus tôt cette annéeaprès sa réélection, Le présidentMacky SALL s'est engagé à entre-prendre une action environnementale«vigoureuse».En plus de lutter contre les pro-blèmes environnementaux, le gou-vernement vise à inciter l’industriemanufacturière et les ménages à se

nettoyer. Selon une agence de déve-loppement , environ 60% de l'indus-trie manufacturière sénégalaise estimplantée le long de la baie de Hann,pourtant idyllique, et « vide ses ef-fluents pollués directement dans labaie ». Certains citoyens n'ayant pasaccès à la collecte des déchets com-pliquent encore le problème (sacs enplastique aux déchets de toilette lelong de la baie). Parmi les initiativesprévues par le ministère de l'Environ-nement du Sénégal, on compte desrassemblements publics destinés àsensibiliser le peuple sénégalais auxnombreux effets néfastes des dé-chets plastiques.Au demeurant, les initiatives anti-plastiquesen Tanzanie et au Kenyaont sans doute donné le ton au restede la région. Le Sénégal fait désor-mais partie des pays au monde entête en matière de réglementationdes sacs en plastique. Quoiqu’il soit,si les efforts déployés par plusieurspays africains pour lutter contre lesdéchets plastiques sont louables, ilne fait aucun doute que les plusgrands pays et industries produc-teurs de déchets au monde doiventfaire davantage pour supporter leurpart de la charge.

Fatiguées de voir les paysages marins du Sénégal gâchés par des tas de sacs enplastique bon marché, les autorités envisagent de sévir contre les pollueurs enrestreignant davantage l'utilisation du plastique.

DAKAR, CAPITALE DES DECHETS PLASTIQUES

Janvier NGWAZA OWONO

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Actualité

Si l’incendie qui a ravagé l’Amazonie ence mois d’août 2019 a mis du temps àrecevoir une attention digne de ce nom,

le mouvement de mobilisation internationales’intensifie. Cette forêt est la plus grande dumonde et son rôle est essentiel. Mais elle estde plus en plus menacée : la Nasa a confirméque l’année 2019 signe une augmentation dunombre et de l’intensité des feux. Les activitéshumaines, comme la déforestation, sont aumoins autant en cause que le climat sec encette période. Quel est l’impact de cette situa-tion pour le futur de l’Amazonie et du monde.L’Amazonie abrite 10 % de toute la biodiver-sité de la planète, dont beaucoup d’espècesencore inconnues. L’incendie sus-évoquéaura des conséquences à très long terme. Unfeu de cet ampleur « efface totalement la bio-diversité sur place », explique Philippe Grand-colas, écologue travaillant pour le Muséumnational d’histoire naturelle de Paris. Par un ef-facement « total », il est bel et bien questiond’une impossibilité permanente de réhabiliterla biodiversité perdue.La forêt amazonienne fait 5 millions de km² etabrite un quart des espèces mondiales autantqu’une riche diversité de flore.

une biodiversité morte ne revient pasLorsqu’une forêt est atteinte par des feux surune petite surface, la destruction n’est pas per-manente. « Au bout de 50 à 100 ans, on peutrevenir à un couvert forestier global dans le-quel on aura récupéré une partie de la biodi-versité », précise Philippe Grandcolas. Mais plusieurs conditions doivent être rem-plies. Parmi elles, il y a la nécessité que lesalentours restent préservés. C’était le cas au-trefois, chez les Amérindiens. Les villages tem-porairement sédentaires étaient entourés deparcelles de culture où des feux de petite tailleétaient provoqués pour l’agriculture (culturesur brûlis). Lorsque le village se déplaçait, laculture était abandonnée, la faune et la florese reconstituaient en quelques décennies.Mais la situation en Amérique du Sud a bienchangé. La déforestation se fait à grandeéchelle, entre des industriels sans limites et,en face, des agriculteurs locaux qui font leurpossible pour rester compétitifs et survivre. Au

rythme actuel, ce sont « 20 000 km² de forêtamazonienne » qui disparaissent chaqueannée. Or, la régénération n’est possible quesi les zones qui brûlent sont de petite taille etentourées par un milieu forestier riche.« Si on brûle sur de grandes surfaces alorsque les alentours sont déjà en piteux état, il n’ya pas de récupération possible. D’autant qu’enAmazonie, les sols sont peu fertiles, il n’y a au-cune condition favorable pour que ces milieuxbrûlés redonnent de la forêt », déplore PhilippeGrandcolas. Il explique également qu’à cerythme, l’Amazonie n’existera quasiment plusen 2050.Le travail de reforestation n’est évidemmentpas à négliger. Cette solution sert de panse-ment pour juguler la dévastation, pour « per-mettre au climat local de se maintenir malgrétout, et que le reste de la forêt ne disparaissepas définitivement ». En revanche, l’écologueinsiste sur le fait qu’une reforestation ne per-met pas de restaurer la biodiversité. « Quandon reforeste une région où il y a un vide totalde forêt autour, on ne retrouve pas la biodiver-sité forestière : 95 % des animaux et desplantes qui vivaient dans ces espaces serontdéfinitivement perdus. La plupart des espècesne sont pas capables de revenir à distance,car très sédentaires. »

un impact sur le monde entierLes événements environnementaux sont àcomprendre à une échelle globale. Les incen-dies violents qui touchent l’Amazonie ont unimpact local mais aussi sur toute la planète.Sur ce plan, il faut préalablement évacuerl’idée fausse du « poumon de la Terre » : cetteimmense forêt est certes productrice d’oxy-gène — 5 à 10 % — mais elle n’est pas laseule. Ce n’est donc pas l’aspect le plus in-quiétant. En revanche, le vrai danger est qu’entant que plus grand massif forestier mondial,elle est aussi le plus grand « piège à carbone». Lorsque la forêt brûle, le carbone est abon-damment libéré, « ce qui contribue à l’effet deserre et donc au réchauffement climatique ».La relation mondiale de cause à effet, par rap-port à l’Amazonie, a récemment été prouvéedans une étude scientifique menée sur la co-lonisation. Les colons européens ont tué 56

millions d’Autochtones entre 1452 et 1600, enAmérique du Sud. L’étude ne se penche passur le drame humain — qui n’est plus à prou-ver — mais sur l’effet climatique. Face à la ré-duction rapide de la population amérindienne,les petites parcelles de forêt cultivées nel’étaient soudainement plus, ce qui a provoquéune repousse forestière. De grandes quantitésde carbone ont été piégées en peu de temps,ce qui a généré un léger âge glaciaire surTerre.En plus du climat, une particularité souvent ou-bliée de l’Amazonie est qu’elle joue un rôlemondial essentiel pour les ressources en eau.« Plus de 10 % des eaux douces de la planètesont liées au fonctionnement de l’Amazonie »,relève Philippe Grandcolas. Ce grand ensem-ble forestier se caractérise par une humiditérégionale, grâce à un cycle qui retient et recy-cle l’eau sur place. C’est ce qui contribue à ali-menter l’Amazone, l’un des plus grandsfleuves du monde. Or, la disparition du couvertforestier vient perturber ce cycle.

20 % de la biodiversité va disparaîtreL’incendie spectaculaire dont tout le mondeparle depuis août 2019 n’est que le symptômed’un processus de fond. Comme l’indique Phi-lippe Grandcolas, la crise est colossale entermes d’impact, car « on va perdre plus d’unmillion d’espèces très rapidement, 20 % de labiodiversité va disparaître en quelques décen-nies ». L’humanité toute entière risque d’ensouffrir, et le Brésil e premier.Le contexte politique n’est pas rassurant nonplus. JairBolsonaro, le président brésilien, estdénoncé comme celui qui a en quelque sorte« vendu » l’Amazonie en favorisant une défo-restation massive de la forêt. Il s’est d’ailleurslongtemps obstiné, ces derniers jours, à refu-ser l’aide internationale pour contenir le feu. Etil aura fallu une immense pression politiqueavant qu’il interdise la culture sur brûlis pourfreiner les départs de feux. Le décryptage proposé par Philippe Grandco-las montre bien l’urgence de la situation face àun impact bien réel. Cela dévoile aussi que siles pertes pourraient s’avérer un jour, irréver-sibles, ce n’est pas encore totalement le cas.

Au mois d’août de l’année encours, des incendies gigan-tesques ont ravagé le plusgrand écosystème forestier dumonde. Les écologistes redou-tent les conséquences futuresà l'échelle planétaire et à longterme.

Jean Loïc AMOUGOU

L’Amazonie qui brûleL’AVENIR DE LA PLANÈTE MENACÉ

Source:NASA Earth Observatory / Joshua Stevens

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Actualité

DOSSIERLE DECHET, UNE RICHESSE

Les déchets produits par lesactivités humaines se sontconsidérablement dévelop-pés avec la révolution indus-

trielle du XIXe siècle et lasociété de consommation du

XXe siècle. Si le mot qui lesdésigne a une connotation

négative, ils ne sont paspour autant une fatalité : ilspeuvent être réduits au mo-ment de la fabrication outransformés en d’autres pro-duits. Ils peuvent aussi êtreune source importanted’énergie.

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Dossier

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« Dis-moi ce que tu produits commedéchets et ce que tu en fais, je te di-rais qui tu es ». La question relative àla gestion et la transformation des dé-chets est devenue une affaire dechoix de mode de vie, un véritableenjeu de société. Une réalité ampli-fiée par la croissance démographiquemondiale. Car, il est évident que l'on peut diffici-lement produire moins de déchets enétant plus nombreux sur la planèteterre, puisque les ordures sont le ré-sultat de ce que nous consommons etque cette consommation est intime-ment liée au nombre de la populationà l'échelle mondiale. Il suffit de se rap-porter aux indications relatives auxvolumes annuels des déchets pro-duits dans la planète. Même s'il est difficile à donner avecprécision, le chiffre concernant la pro-duction mondiale de déchets avoisinequelques 2,01 milliards de tonnes paran, en 2018, selon une étude de laBanque mondiale(BM) concernant lesdéchets municipaux. Six ans aupara-vant, en 2012, la même institutionbancaire affirmait que ce chiffre étaitde 1,2 tonne par an, tout en extrapo-

lant sur le doublement de ce tonnageà l'horizon 2025. Sous le titre « Whata Waste 2.0 » (Quel Gâchis 2.0) lerapport 2018 de la Banque mondialeaffirme, pour s'en inquiéter, que «Entre 2018 et 2050, la quantité dedéchets devrait augmenter de 70%dans le monde, pour atteindre 3,4 mil-liards de tonnes annuelles ».Et encore ! Ces données ne prennentpas toujours en compte les déchetstoxiques ou considérés comme dan-gereux dont la transparence en ma-tière de gestion est loin d'être demise, alors que depuis la crise pétro-lière des années 70, on sait non seu-lement que les énergies fossiles sontépuisables, mais surtout qu'elles sontla cause de l'essentiel de la pollutionet du rejet des gaz à effet deserre(GES). De plus, l'exploitation desgisements de pétrole ou de gaz, dufait des difficultés de plus en plus engrandes rencontrées puisque les ré-serves s'épuisent, rend les énergiesfossiles excessivement chères. Pourtoutes ces raisons et bien d'autres en-core, l'heure est donc à la transforma-tion du système énergétique.

La transition énergétiqueC'est en 1980, en Allemagne et en Au-triche, que la notion apparaît dans unlivre blanc, avant l'organisation d'unconcret sur le concept. La transitionénergétique fait appel à l'ensemble destransformations du système de produc-tion, de distribution et de consomma-tion d'énergie sur une aire, un territoire,dans l'optique de le métamorphoserpour en faire un espace plus écolo-gique. Il s'agit clairement de transformerun système énergétique pour en mini-miser les conséquences environne-mentales. En définitive, cela supposed'organiser le passage en douceur, pro-gressif, des énergies fossiles, carbo-nées, polluantes aux énergiesrenouvelables, propres, pratiquementsans danger ou présentant moins dedanger : géothermique, éolienne, hy-draulique, marémotrice ou encore so-laire. Les objets visent à la fois à réduiredes émissions de gaz à effet de serre,sécuriser les systèmes énergétiques,décentraliser et réaménager les infra-structures, diminuer la consommationet les inégalités de l'accès à l'énergie enfavorisant l'indépendance énergétique,mais aussi de veiller à la protection de

LES DECHETS AU CENTRE DE L'URGENCE CLIMATIQUE

Jean-Célestin EDJANGUE

La gestion et la valorisation des ordures sont devenues un enjeu de société, face à l'aug-mentation de la population mondiale impliquant davantage de consommateurs. En ligne demire le développement durable et la production des énergies peu polluantes.

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Dossier

la santé des populations. A cet effet, de nombreux programmeslancés visent à remplacer, petit à petit,des énergies fossiles et nucléaires parun mix énergétique incitant l'usage desénergies renouvelables, de mêmequ'une politique d'économies d'éner-gie, de lutte contre les gaspillagesénergétiques et la sensibilisation descomportement en matière de consom-mation. La transition énergétique a sur-tout un rôle crucial à jouer en matièrede réduction des déchets. Elle contri-buera à réduire les déchets liés à laproduction d'énergies fossiles et nu-cléaires, tout en étant le moyen idéalpour la valorisation des déchets ména-gers compostables par le biais des pro-grammes de biométhanisation oud'incinération pour produire la de cha-leur, de l'énergie ou de l'électricité. Denombreux observateurs semblent d'ail-leurs partager le point de vue d'unepartie des défenseurs de la transitionénergétique qui sont convaincus quecette transition est un levier inestima-ble pour relancer la croissance, tout enétant une solution viable dans la luttecontre le réchauffement climatique. Ce d'autant plus que le Groupe inter-gouvernemental d'experts sur le cli-mat(GIEC), n'en finit plus de tirer lasonnette d'alarme sur l'urgence clima-tique. Son rapport d'octobre 2018 in-vite la communauté internationale àaller au-delà des conclusions de l'Ac-cord de Paris 2015, avec -1,5% desémissions de gaz à effet de serre parrapport à l'ère préindustrielle. Pour cefaire, la valorisation des déchets sem-ble être la solution idoine.

une source d'énergies vertesLes déchets sont, en effet, une sourced'énergies renouvelables permettantl'économie des énergies fossiles touten étant un agent actif de la préventiondu risque climatique. Lorsqu'ils sont in-cinérés, les déchets produisent de lavapeur, utilisable pour faire tourner uneturbine et produire l'énergie électrique.Mais la chaleur provenant des déchetspeut également être utilisée commechauffage pour le bien-être des habi-tants. Par ailleurs, lorsqu'ils sont trai-tés dans des centres deméthanisation, les déchets permettentd'avoir du biogaz. La fermentation depapiers cartons, ordures ménagères,restes de repas ou encore du fumier etlisiers d'animaux.Sans oxygène,

donne du biogaz récupérable pourproduire de la chaleur et de l'électricitéou encore du carburant pour automo-biles GPL et GNV. En Europe, en 2015, plus de 7 mil-lions de tonnes de déchets ménagerstraités par méthanisation et près de10 millions de tonnes de C02 sontéconomisées du fait de la valorisationénergétique des déchets. Car les dé-chets émettent environ 45 g de C02fossile contre 75 g pour le gaz naturelet autant pour le fioul, 100 g pour lecharbon. En France, plusieurs ré-gions ont créé des entreprises de va-lorisation de déchets pour participer àla transition énergétique et à l'urgenceclimatique. Dans le Grand Lyon, Va-lorly traite des oxydes d'azote et dumonoxyde de carbone, ce qui permetd'avoir des résultats exceptionnels au

niveau environnemental, des perfor-mances optimisées inférieuresjusqu'à 80% par rapport aux objectifsdes règlementations de l'hexagone etde l'Union Européenne. Valorly a dece fait permis d'éviter le rejet de 10000 tonnes équivalent carbone.L'Afrique n'est pas en reste dans lavalorisation des déchets. Elle estmême particulièrement concernée parle phénomène. Un article publié parenerzine.com, en octobre 2015,confirme cette préoccupation. Sous letitre « les déchets urbains, une pré-cieuse source d'électricité », indiquenotamment que : « L'estimation de laproduction d'électricité à partir de l'en-semble des déchets générés enAfrique pourrait attendre 122,3TWhen 2025, soit plus de 20% de l'électri-cité consommée en 2010 au niveaudu continent (661.5Twh), selon uneétude qui a analysé le potentiel desdéchets solides en zones urbainespour les besoins de l'électricité del'Afrique ». Un chiffre qui correspon-

drait aux besoins énergétiques né-cessaires à 40 millions de foyers ducontinent africain en 2025.L'étude constate par ailleurs l'inadé-

quation entre la gestion des déchets,qui reste faible, et le potentiel pourproduire de l'électricité à partir des dé-chets collectés estimés à 83,8 TWhen 2025, soit l'équivalent de 'énergienécessaire à 27 millions de foyersafricains, en 2025, si l'on se réfère àla consommation médiane d'électri-cité en 2010. Un pays comme le Ca-meroun, où la société d'hygiène etsalubrité du Cameroun(Hysacam) afait de la méthanisation et de la pro-duction du biogaz un enjeu écono-mique, sociétal et de développementdurable, des initiatives venues de lasociété civile ne manquent pas. Ainsien est-il de l'ONG Green Girls Project,qui depuis plusieurs années, formentde jeunes filles dans la capitale éco-nomique, Douala, à la transformationde déchets en source d'énergie verte. L'ONG Green Girls Project permetainsi à plusieurs millier de foyers debénéficier de l'électricité dans un paysqui a la particularité d'être traversé parde nombreux cours d'eau, mais, pa-radoxalement, connaît des coupuresintempestives d'électricité de manièrepresque endémique. La maintenancedes installations de production, trans-port et distribution d'électricité, la malgouvernance et la fracture énergé-tique, sont autant de raisons qui pour-raient expliquer cette situation. Onpeut toujours se consoler en se disantque cette réalité permet parfois de li-bérer le génie créatif et l'imaginationdes citoyens comme dans le cas del'ONG Green Girls Project. Un cas quiest loin d'être isolé dans cette régiondu monde.Reste que l'Afrique, contrairement àl'Europe, au Japon ou même auxEtats-Unis, valorise très peu les dé-chets et ne le fait que pour lesgrandes villes ou les capitales qui dis-posent des systèmes de gestions dedéchets. Or, de nombreux expertspensent que non seulement les dé-chets peuvent contribuer à l'électrifi-cation du continent mais aussi être unmoyen efficace de lutte contre la pau-vreté énergétique, notamment pourdes pays comme le Mali, la Répu-blique centrafricaine, la Somalie ouencore le Rwanda, la Guinée-Bissauet le Burundi.

Les déchets sont, en effet,

une source d'énergies

renouvelables permettant

l'économie des énergies fos-

siles tout en étant un agent

actif de la prévention du

risque climatique.

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BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Oct. - Nov. - Déc. 2019 / N°6012

Dossier

The 21st century will be the cen-tury of the cities. The urban po-pulation of the world has grown

rapidly since 1950, from 746 million to3.9 billion in 2014. According to UNdata it is expected to increase up to9.7 billion by 2050, with nearly 90 percent of the increase to take place inthe urban areas of Africa and Asia.Already today, the global amounts ofmunicipal solid waste are estimated at2 billion tonnes per year. Unlike worldpopulation and urbanization trends,there are no UN forecasts of futurewaste generation per capita. Howe-ver, there is a common understandingthat waste quantities will substantiallyincrease. The drivers are increasedconsumption of goods in growingurban populations, changes in life-style, and increasing wealth of the ri-sing middle class. Figure 1 illustratesthe steep increase in waste quantitiesin urban areas until the year 2050.The tremendous rise in municipalsolid waste (MSW) in the fast-growingcities of developing and emergingcountries have led to increasing pu-blic concerns with regards to the re-sultant health and environmental

impacts. Today, the waste of about 3billion people is still disposed of in anun- controlled manner. As citizens anddecision makers become more sensi-tive to environmental pollution and itsimpact on their quality of life, munici-pal solid waste management(MSWM) is gaining importance on thelocal political agenda. In the quest tomodernise their waste managementsystems, local decision makers fre-quently face the question of whetherthey should invest in Waste-to-Energy(WtE) technologies. WtE technologiesare increasingly presented as an at-tractive option to solve not only thepressing waste disposal problems butseveral other challenges simulta-neously: shortages in power genera-tion, limited space for landfills, andgreenhouse gas emissions from inap-propriate waste disposal. However,the introduction of WtE technologiesis often jeopardized by common obs-tacles such as missing tariff systemsto fund investments and operationcosts, weak enforcement of environ-mental laws and limited qualified staffto run the installed systemsin an efficient and effective manner. If

such aspects are not taken into ac-count, WtE projects risk failing at thecost of the municipality and local envi-ronment.Already today many countries intendto develop their national integratedwaste management strategy basedon the 3Rs concept (as an integratedelement of a circular economy) in theorder of “reduce, reuse and recycle”:1 Reducing: First priority in waste ma-nagement must be an overall reduc-tion of solid waste quantities, e.g. foodwaste, packaging, unnecessary wasteof raw materials and energy duringproduction processes. Reducingwaste also reduces the cost of wastecollection and treatment.2. Re-using: Second priority shouldbe given to the reuse of materials, i.e.a discarded product is cleaned andrepaired to be used again.3. Recycling: The third priority in the3Rs concept is to recycle materials,i.e. to collect waste and to transform itinto a secondary raw material. Recy-cling of e.g. plastic or paper can nor-mally save more energy in theproduction of products than theenergy that can be produced in

Jator NJENYU

WASTE MANAGEMENT PROCESSES AND FINANCIAL PERFORMANCEIn the existing world of mounting energy prices, population growth, and concerns re-garding greenhouse-gas emissions, the need for alternative energy and alternatives tolandfills and livestock waste lagoons has to increase.

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waste-to-energy plants from thesematerials.

Energy Recovery from Waste: Howmuch green?Waste feedstock, including and indus-trial wastes can be transformed intovarious forms of fuels that can beused to supply energy. The waste-to-energy technologiescan be used to produce biogas (me-thane and carbon dioxide), syngas(hydrogen and carbon monoxide), li-quid biofuels (ethanol and biodiesel),or pure hydrogen; and later, thesefuels can then be converted into elec-tricity. This transformation can be faci-litated by various physical, thermaland biological methods. These pro-cesses have been driven by manytechnical drivers, such as the need forimproved pollution and emissionscontrols for combustion, advancednon-incineration conversion methods,and hydrogen production enablingother clean technologies, such as fuelcells. Likewise, the strategic drivers,such as reduction in land filling, redu-ced dependence on fossil fuels, de-creased greenhouse gas emissionsand pollution and eligibility for carboncredits and tax incentives has beenfuelling the energy production fromwastes. Despite the technical and strategicdrivers, the energy recovery fromwaste often runs into dry owing to va-rious technological bottlenecks, suchas lack of versatility (each system isspecific for each type of waste);waste-gas clean-up and conversionefficiency (consuming more energythan producing it). In addition, thereare strategic challenges, such as re-gulatory hurdles, high capital costsand opposition from environmentaland citizen groups (social backlash).In the existing world of mountingenergy prices, population growth, andconcerns regarding greenhouse-gasemissions, the need for alternativeenergy and alternatives to landfillsand livestock waste lagoons has to in-crease. Further, bioethanol producershave begun to face the irk of their “en-vironmentally friendly” products re-lying too heavily on fossil fuels fortheir production, and they are nowusing biogas from landfills or feedlotsto power their refineries - biogas

power for biofuels.Among different thermal methods ofwaste management pyrolysis, gasifi-cation and combustion are the tech-nologies commonly used forsimultaneous waste managementand energy recovery. Though thesemethods have been successfullyused even in pilot scale, still they havecertain environmental concerns. Simi-lar to any other process used in wastemanagement pyrolysis also has a fewshortcomings which need to be consi-dered for efficient/sustainable energy

recovery using this technology. Firstly,the products (liquid/gaseous) of theprocess are complex. Secondly, itmay use the wastes which are ac-tually recyclable. Likewise, the pro-cess may utilize the organic part ofthe waste which otherwise could beused for other highly sustainable pro-cess such as composting. Further, re-quirement of high temperature couldbe another disadvantage of pyrolysisprocess. For example, a plasma pyro-lysis vitrification process may requirea temperature between 5000-14,000°C. Therefore, if the energy re-quired to run the process is obtainedfrom a sustainable source then only itmay be considered as a green tech-nology for energy recovery. Likewise,gasification of waste for energy reco-very has also some issues regardingits sustainability. Firstly, the processmay not have very high carbon se-questration efficiency as carbondioxide may be released. Similarly,

during the process toxic substancessuch as heavy metals and halogenscould be released into the environ-ment. Combustion is another methodfor energy recovery by the utilizationof waste. Presently, United Statesalone has nearly 86 plants for energyrecovery by the combustion of munici-pal solid waste. However, combustionof waste materials for energy reco-very has also certain seriousconcerns. Firstly, in terms of pollutantcontent, the gaseous emission ofwaste combustion process is almostsimilar to energy recovery by fossilfuel combustion. Likewise, the pro-cess needs proper management ofthe ash (fly ash or bottom ash) gene-rated during the process. Additionally,possible release of heavy metals andpolyaromatic hydrocarbons duringenergy recovery by combustion ofwaste material is another issue.

Financial Performance Financial performance of waste ma-nagement, the key for efficiency andsustainability, has rarely been studiedin China, especially for small cities.Through questionnaires and inter-views, we conducted such a casestudy in several cities aiming to fill thegap and improve waste service. Wefound that labour accounts for morethan half to three-quarters of the ope-ration cost, followed by fuel and vehi-cle maintenance. The waste serviceheavily relies on budget transfer of themunicipality. User fees collected reco-ver less than half of total operationcost at best, even if the collection rateis relatively high. The low cost reco-very is mainly due to low fee rates,unchanged for years owing to publicpressure. Public complaint seems tobe justified by the finding that the ser-vice only accounts for 5-10% of muni-cipal revenue annually and evenlower in government spending.Contrary to general perception, percapita waste generation in small citiesis not less than big ones. Waste com-position is dominated by kitchenwastes, with fractions of recyclablesand combustibles much lower thanbig cities. These findings have impli-cations on the waste managementstrategy: commercial incineration orrecycling may not be economicallyviable for small cities.

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WASTE MANAGEMENT PROCESSES AND FINANCIAL PERFORMANCE

Financial performance of waste

management, the key for effi-

ciency and sustainability, has

rarely been studied in China,

especially for small cities.

Through questionnaires and in-

terviews, we conducted such a

case study in several cities ai-

ming to fill the gap and improve

waste service.

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Le visage avenant qu’affiche ac-tuellement la ville de Lagos au Ni-geria est à mettre à l’actif de la

start-upWecyclers. Créée par la jeuneBilikissAdebiyi-Abiola (37 ans) en2012, la boîte s’investit à faire deLagos une ville débarrassée de tousdéchets. Non seulement elle collecteces déchets, mais en fait également unbusiness. Le Business Model est simple : les em-ployés de Wecyclers sillonnent, grâceà un système par SMS, les quartierspopulaires de Lagos à vélo pour collec-ter des ordures. Que ce soit du papier,des bouteilles en plastique ou encoredes canettes de soda, etc. Ils procè-dent ensuite à un tri sélectif, suivi dunettoyage, de la décontamination, duséchage et du compactage. Wecyclersmise davantage sur la revente de cesdéchets auprès de la société publiquede gestion des déchets de la ville pours’autofinancer et générer des revenus.A titre d’exemple, le kilogramme de ca-nettes coûte environ 300 FCFA. En 2018, la start-up disposait déjà dequatre plateformes de traitement danslesquelles travaillent un peu plus de

120 personnes. Son portefeuille estconstitué d’un peu plus de 15 000 habi-tants (sur les 22 millions que compteLagos) qui, dans une approche inté-grée, échangent leurs poubelles contredes biens de consommation. Ce parte-nariat gagnant-gagnant a déjà permisde collecter un peu plus de 3 000tonnes de déchets. L’association « Cœur d’Afrique » misesur pied par le célèbre footballeur ca-merounais Roger Milla, s’inscrit dans lamême dynamique écologique. Dans lecadre d’un projet dénommé « Projet devalorisation des déchets plastiques enapproche de haute intensité de main-d’œuvre » (PVDHIMO), la structure col-lecte les déchets plastiques pourfabriquer les pavés écologiques. Cespavés sont utilisés pour aménager lescertaines routes secondaires des villesdu pays, les cours des établissementshospitaliers, pénitentiaires et scolaires.Lancé officiellement le 24 janvier 2018,le projet consiste à rassembler à cer-tains endroits précis des établisse-ments scolaires, tous les déchetsplastiques. Selon le secrétaire exécutifde l’association, Pancrace Fegue, ces

déchets sont récupérés, transformés etmélangés à du sable pour obtenir despavés. Il y a donc une double dimen-sion : la collecte à travers l’implicationd’une haute intensité de main-d’œuvreet la préservation de l’environnement,à travers la lutte contre les inondationscausées par les déchets plastiques. Au Maroc, l’opération Zéro « Mika »,c’est-à-dire zéro plastique, tisse satoile. L’idée est d’en finir avec environ25 milliards de déchets plastiquesconsommés annuellement par les mé-nages marocains. Ainsi, les sacs decaisse ou bretelles, sont strictement in-terdits. Seuls les sacs de congélation,de déchets industriels, depoubelle…sont autorisés. Un guide aété formalisé à cet effet et précise lesconditions de marquage des différentstypes de sac. L’un des effets induits del’opération zéro « Mika » est la mise enplace d’un plan gouvernemental de re-conversion doté d’un budget de 200millions de dirhams, soit environ 20 mil-lions d’euros. L’objectif étant d’accom-pagner les entreprises dans lafabrication des produits d’emballagenon polluants.

Eric Vincent FOMO

Transformation des déchets

LES BONNES PRATIQUES AFRICAINESDes initiatives germinent chaque jour sur le continent pour donner une seconde vie auxdéchets, tout en valorisant ces ressources créatrices de richesses et de valeur ajoutée.

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Dossier

L’image que présente aujourd’huila centrale de Centrale de Cap-tage et de Traitement du Biogaz

de Nkolfoulou est celle d’un «éléphant blanc ». L’investissement de3 milliards de FCFA, soit un peu plusde 4,5 millions d’euros, s’est avéréplus couteux que bénéfique. «Énorme arnaque », c’est l’expressionutilisée par Michel Ngapanoun,lorsque le patron d’Hysacam , évoqueles raisons qui l’ont poussé à mettresur pied, le Projet « Landfillgas andUse » - Yaoundé Nkolfoulou.Dans le Centre de Traitement des Dé-chets de Nkolfoulou à dix kilomètres dela capitale Yaoundé, où Hysacam dé-verse chaque jour pas moins de 1300tonnes d’ordures ménagères, l’entre-prise a développé un projet MDP (Mé-canisme pour le DéveloppementPropre), tiré du protocole de Kyoto.Entrée en vigueur en 2005, cet ac-

cord international visant à la réduc-tion des émissions de gaz à effet deserre dispose d’un outil financierappelé « crédit carbone ». Lorsqu’uneentreprise développe un projet de ré-duction du gaz carbonique, la tonnede gaz réduite à travers ledit projetlui donne droit à un crédit carbone,

que l’entreprise peut ensuite vendreauprès des entreprises émettrices degaz à effet de serre. La centrale de Nkolfoulou est consti-tuée de bassins de 20 mètres de pro-fondeur et de largeur comparable àun terrain de tennis, dans lesquelsles ordures sont enfouies. Aprèsquelques jours de décomposition, lebiogaz (sous forme de méthane) quiémane des ordures est capté et bruléen torchère. L’on évite ainsi le rejetdans l’atmosphère, de plus de 150tonnes de méthane généré chaquejour par les ordures. Cela permet depréserver la santé des populations etl’environnement, à travers la réduc-tion des gaz à effet de serre. Mais hormis ces retombées enthème de protection civile et environ-nementale, la centrale de captage etde traitement du biogaz de Nkolfou-loua manqué au rendez-vous des re-tombées économiques. En effet, lemarché international du crédit car-bone s’est effondré. La demande decrédit carbone a été submergée parl’offre. Initialement fixé à 12 euros, leprix du crédit carbone se stabilise au-jourd’hui entre 0,5 et 5 euros. Unmarché qui est par ailleurs, large-

ment dominé par les asiatiques et lesoccidentaux. Ces derniers se sontvite lancés, au détriment des afri-cains, qui ne produisent pourtant que5 % des émissions à effet de serre.Sur les 7 681 projets MDP enregis-trés à travers le monde, moins de 3% sont développés en Afrique.

Hysacam va réorienter son projetMDP, vers le renouvelablePour capitaliser l’investissementconsenti dans la centrale de Nkolfou-lou, Hysacam envisage une autreissue pour le gaz de décharge : laproduction de l’électricité. Le biogaz,après purification, sera acheminévers des moteurs thermiques cou-plés à un alternateur. Au bout duprocessus, la production de l’électri-cité. La capacité estimée de cetteCentrale (10 mégawatts Mw) pourrapermettre de raccorder en moyenne580 000 ménages de Yaoundé etses environs. L’expérience pourraitdébuter d’ici à 2020-2021, à condi-tion qu’Hysacam trouve un terraind’entente concernant le prix d’achatde cette énergie avec Eneo, l’opéra-teur exclusif de distribution d’électri-cité au Cameroun.

Boris NGOUNOU

Centrale de Nkolfoulou

UNE AVENTURE CAMEROUNAISE

Même après 8 ans d’activité,la Centrale de Captage et deTraitement du Biogaz deNkolfoulou, n’est pas toujoursrentable. Le premier projetMDP (Mécanismes pour undéveloppement) du Camerouns’est heurté à une situationconjoncturelle que sonpromoteur Hysacam n’avaitpas prévue : l’effondrementdu marché du carbone.

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Le plastique est très pratiquepour les emballages, pourtransporter des denrées ali-

mentaires, contenir des boissons…Pourtant une fois utilisés, ces plas-tiques posent d’énormes problèmesenvironnementaux et sanitaires. AuCameroun, l’entreprise NaméRecy-cling propose de recycler les déchetsplastiques et de leur trouver des dé-bouchés industriels.Les villes africaines sont inondéespar les déchets plastiques. Au-jourd’hui, on estime que moins de20% ces déchets sont recyclés : lagrande majorité finit au mieux en dé-charge, sinon dans les rues et lescours d’eau. Les déchets plastiquesconstituent alors une source majeurede pollution. Pourtant, le plastique estune ressource de valeur pouvant êtrerecyclé pour la production de nou-veaux matériaux.Au Cameroun, les déchets issus del’utilisation du plastique sont estimésà environ 600 000 tonnes soit envi-ron 10% des déchets municipauxproduits annuellement. Une aubainepour NaméRecycling qui offre unesolution pour les déchets plastiques.Namé opère comme une entrepriserentable et durable dont l’activité aimpact environnemental et social si-gnificatif. L’entreprise intervient dèsla collecte avec des points perma-nents dans les grandes villes du Ca-meroun (Douala, Yaoundé, Limbe etBafoussam). Puis elle achemine lesdéchets vers ses unités de traite-ment, situées à Limbé et à Yaoundé,qui sont dotés d’équipements auto-matisés à la pointe de la technologiepour un processus de recyclage effi-

cace. Ils recyclent ainsi différents typesde plastiques (PET, PP, LDPE,HDPE). Toute la chaîne de transfor-mation. Une fois transformés en flo-cons et pastilles, ces plastiques sontcommercialisés sur le marché local etinternational pour être utilisés commematière première dans l’industrie de laplasturgie.Le carnet de commande de l’entre-prise dirigée par RoblainNamegni estassez fourni en client de renom. : LesBrasseries du Cameroun, l’ambas-sade des Etats-Unis, Camlait, etc.L’entreprise compte 35 employés quitravaillent au quotidien pour donnerune seconde vie aux plastiques usa-gers.RoblainNamegni ambitionne d’appor-ter des solutions concrètes aux enjeuxenvironnementaux et socio-écono-miques. Son objectif principal est deréduire la pollution liée aux déchets

plastiques. Quand on sait qu’un sacplastique met entre 100 et 400 anspour se décomposer. La plupart desétudes s’accordent sur le fait que dans30 ans si rien ne change, il y aura plusde plastique que de poissons dans lesmers. Il faut également considérer leproblème posé par les microparticulesde plastique qui se retrouvent danstoute la chaîne alimentaire. Par ail-leurs, en améliorant la gestion des dé-chets plastiques, l’entreprise contribueà réduire les risques de maladies telsque le paludisme.NaméRecycling veut aussi répondre auproblème du chômage en créant desemplois sans aucune discrimination.Sur le plan éducatif, Namé mène desactions de sensibilisation dans lesécoles, les ménages, les sociétés etmême dans la rue dans le but defaire changer les comportements desutilisateurs de plastiques.

Jean Loïc AMOUGOU

NaméRecycling

UNE SOLUTION POUR LES DECHETS PLASTIQUES NaméRecycling est une entreprise camerounaise qui a démarré en 2016 par le recyclagedes déchets plastiques à partir de Limbé dans le Sud-Ouest du Cameroun. Ses activitésse structurent autour de la collecte et du recyclage des déchets plastiques provenant dumarché local. Les flocons et les granulés recyclés qui en résultent sont revendus surles marchés national et international.

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LE MAROC, CHAMPION DES EOLIENNES

Avec de vastes pistes de terresouvertes et beaucoup devent, les passionnés du

Maroc décrivent un rêve visionnaireen faisant tourner l’énergie éoliennesous la Méditerranée pour fournir àl’Afrique jusqu’à la moitié de ses be-soins en électricité. Oubliez les ten-sions diplomatiques sur le Sahara :les problèmes énergétiques et envi-ronnementaux de l'Afrique peuventêtre résolus par des événements sedéroulant maintenant au Maroc. Lesinvestissements massifs dans desimmenses parcs éoliens au Marocpourraient s'avérer être la dernièreétape d'un processus qui transfor-mera le Maroc en un parc éolien"offshore" fournissant à une grandepartie de l'Afrique une électricité àbon marché.Dans le monde arabe, le Maroc estl'un des rares pays sans ressourcesen pétrole ou en gaz. Mais, il estconfronté à des défis majeurs entermes d'offre et de demanded'énergie à venir. Plus précisément,le pays est confronté à une de-mande d'électricité croissante, cequi entraînera une dépendance ac-crue à l'égard des importations decombustibles fossiles et des émis-sions de carbone. Pour couvrir saconsommation d'énergie en aug-mentation rapide, il a été totalementdépendant des importations. Fort heureusement, le Maroc pos-sède un grand potentiel d’énergie re-nouvelable, notamment éolienne etsolaire : plus de 1000 km de côtesavec des vents soufflant presquecontinuellement; certaines des ré-gions les plus ensoleillées d’Afriqueet, enfin, plus d’espace libre que n’im-porte quel pays européen pour laconstruction de la plus grande cen-trale solaire thermique au monde, degrands parcs éoliens et de réseauxde distribution régionaux. Ce potentieloffre de meilleures possibilités de gé-

nération d’énergies renouvelables,essentiellement non intermittente,par rapport à celles d’autres paysafricains.Au cours des sept dernières années,le gouvernement marocain a judi-cieusement saisi ses chances, le roiétant à l'origine d'un programmed'investissement de 13 milliards dedollars dans la production d'énergierenouvelable et l'efficacité énergé-tique. À l'horizon 2020, le Maroc en-tend couvrir plus de 22% de sademande en électricité grâce àl'énergie éolienne. Rétrospectivement, les premiers parcséoliens ont été mis en service dans lesannées 2000 pour le compte de l'Of-fice nationale d'électricité et de l'eaupotable (ONEE) avec un promoteurprivé. La base installée pour la produc-tion d'énergies renouvelables com-prend un parc éolien à Tétouan (54MW, mis en service en 2000), le parcéolien de Lafarge à Tétouan (32 MW,mis en service en 2005, 2008 et 2009),le parc éolien d'Amogdoul à Essaouira(60 MW, mis en service en 2007), leparc éolien de Tanger (140 MW, misen service en 2009), la cimenterie deLaâyoune (5 MW, mise en service en2011) et le parc éolien de Tarfaya (300MW). En outre, des producteurs indé-pendants ont développé 620 MW pourdes clients industriels (Akhfennir 200MW, Foum El Oued 50 MW, ElHaouma 50 MW, JbelKhalladi 120MW, Aftissat 200 MW).

De plus, l’ONEE a lancé un pro-gramme éolien intégré, qui totalisera1 000 MW à l’achèvement de sixparcs éoliens. La première capacitéde 150 MW est actuellement en dé-veloppement à Taza. Les cinq autresparcs éoliens prévus dans ce pro-gramme intégré sont : Tanger II 100MW à livrer le 2019 ; Tiskrad 300MW à livrer le 2019 ; JbelLahdid 200MW à livrer en 2020 ; et Boujdour100 MW à livrer en 2020. La capacité attendue de 2 000 MWdevrait générer, d'ici à 2020, environ6 600 GWh par an, grâce à la qualitéexceptionnelle des ressources éo-liennes sur les côtes marocaines.Elle prévoyait d'économiser 1,5Mtep et d'éviter l'émission de 5,6 mil-lions de tonnes de dioxyde de car-bone par an. En réalisant cesprojets, la capacité éolienne instal-lée sera d’environ 2 530 MW en2020 (dépassant largement l’objec-tif initial de 2 000 MW) et de 5 000MW en 2030. Un exploit, mais aussiune nécessité compte tenu du qua-druplement attendu de sa consom-mation d’énergie jusqu’à 2030.En conclusion, le Maroc démontreque les pays émergents peuventêtre un champion en matière d’éner-gie renouvelable, à condition qu'il yait un leadership et une détermina-tion politiques. Espérons que la dé-légation marocaine pourra partagerson expérience lors de la prochainejournée mondiale de l’Habitat.

Janvier NGWANZA OWONO

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Evènement

Les travaux de la 34e édition dela journée mondiale de l’habitatqui ont pour cadre la ville de

Yaoundé au Cameroun seront néces-sairement marqués par l’évocationdes certains projets, à la fois locauxet thématiques. Les responsables del’ONU Habitat auront certainementl’occasion d’être édifiés sur un projetannoncé par le gouvernementcamerounais en 2016 : « La bousenationale des déchets ». Fruit des premières assises natio-nales des déchets, tenues les 27 et28 avril 2016 à Yaoundé, la boursenationale des déchets est une plate-forme mettant en relation l’offre et lademande des déchets, à même deconstituer une valeur marchandeaprès recyclage. Un mécanisme d’in-citation fiscal en faveur des ménagesdevrait alors être mis sur pied, par lebiais d’une compensation dans la col-lecte et tri des déchets, matière pre-mière nécessaire pour alimenter la

bourse des déchets. Un projet en soit porteur, dans un en-vironnement qui regorge d’un vastepotentiel en thème de production dedéchets. Selon les chiffres en 2016par l’institut camerounais de la statis-tique, le pays produit annuellementprès de 6 millions de tonnes de dé-chets solides, plus de 2 millions detonnes de déchets non ménagers, et3 millions de tonnes de déchets li-quides. Par ailleurs, 65 % d’entre-prises et de particuliers ignorent lesfilières de traitement adaptées à lanature des déchets qu’ils produisent.

L’offre privée sera également de lapartieDans la foulée des initiatives permet-tant la valorisation des déchets enmatière première secondaire, l’entre-prise Hygiène et de salubrité du Ca-meroun (Hysacam) ne manquera pasd’étaler son offre. La multinationaleafricaine qui assure la collecte et le

traitement des ordures ménagèresdans 17 villes camerounaises, dontYaoundé, pour notamment présenterles technologies en cours d’expéri-mentation par sa filiale AfricaWasteE-nergy, dans le domaine des énergiesrenouvelables. Celle-ci prévoit àterme de fournir de l’électricité auxménages camerounais à des coûtsaccessibles, grâce à la valorisationénergétique des déchets.C’est peut être au vu de ces efforts,que le Cameroun a été choisi parl’ONU habitat, comme théâtre destravaux de l’édition 2019 de la jour-née mondiale de l’habitat. Organiséchaque année depuis 1985 et le pre-mier lundi du mois d’octobre, cetteJournée est le fruit de la résolution40/202 du 17 décembre 1985 de l’As-semblée générale des Nations Unies.L’étape camerounaise a pour thème« Les technologies d’avant-garde entant qu’outil innovant pour transformerles déchets en richesse ».

Boris NGOUNOU

Yaoundé

LES PROFESSIONNELS DE L’HABITAT SE DONNENT RENDEZ-VOUSLa capitale du Cameroun, Yaoundé, abritera les travaux de l’observation mondiale de laJournée mondiale de l’habitat le 7 octobre 2019. En conformité avec la thématique de cetévènement, le pays hôte fera le point sur son projet de création d’une bourse desdéchets. une plateforme dans laquelle le déchet est perçu en tant que sources créatricesde richesses.

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Evènement

La planète se réchauffe un peuplus chaque année. Et tant pissi les climatosceptiques conti-

nuent de se voiler les yeux pour nepas regarder la réalité des faits enface. Les épisodes de canicule sontde plus en plus réguliers, annéeaprès année. La canicule est définiecomme un niveau de très fortes cha-leurs le jour et la nuit au moins pen-dant trois jours consécutifs. Lachaleur et la durée sont donc lesprincipales caractéristiques du phé-nomène caniculaire.Les informations, du service euro-péen Copernicus sur le change-ment climatique, publiées le mardi 2juillet 2019, indiquent que « le moisde juin a été le mois le plus chaudjamais enregistré dans le monde ».La température du mercure estmontée 2°C de plus que sur l'en-semble du territoire continental, en-traînant plusieurs records en lamatière dans différents pays, du faitd'un air chaud en provenance duSahara. Des pays comme l'Es-pagne, l'Italie, le Portugal ou encorele Nord de l'Allemagne, ont dépasséde 10°C les températures normalespour la saison. Et la France, a tu-toyé les 46°C, le vendredi 5 juin, à

Vérargues, dans l'Hérault.Selon le service européen Coperni-cus, un programme européen de sur-veillance de la Terre qui portaitautrefois le nom de Global Monito-ring for Environment andSecurity(GMES), le mois de juin2019 a connu une hausse moyennede 1°C par rapport à juin 2016, quidétenait le précédent record de cha-leur pour un mois de juin, et une aug-mentation de 3°C comparativementà la moyenne de la période entre1850 et 1900. Et s'il n'est pas tou-jours facile de prouver la responsabi-lité directe de l'activité humaine dansce dérèglement du climat, on ne peuttotalement l'exclure. C'est d'ailleursla conclusion que dresse une équipede scientifiques qui a analysé lescauses de la canicule en France, ju-geant qu'elle était « au moins cinqfois plus probables que si l'hommen'avait pas altéré le climat ».

« 1500 morts en France »Chercheur en météorologie et res-ponsable du service climatique Co-pernicus, Jean-Noël Thépautprévient : « Même si c'était excep-tionnel, il est probable que nous vi-vions plus de ces évènements à

l'avenir en raison du changement cli-matique ». Le scientifique ne croyaitpas si bien dire. Dès le mois suivant,juillet, la canicule s'est invitée unenouvelle fois dans le quotidien desEuropéens, avec son corollaire dedifficultés à respirer, à vivre dans laquiétude. Là encore le service euro-péen Copernicus justifie aisément cefait : « Le mois de juillet est généra-lement le plus chaud de l'année dansle monde. Mais selon nos données,ce mois de juillet 2019 est égalementle plus chaud jamais mesuré, de jus-tesse », affirme Jean-Noël Thépaut,dans un communiqué de Coperni-cus, dans un communiqué publié parson service, en date du 5 août 2019,précisant par ailleurs que le mercureest monté, en juillet, jusqu'à 0,04° Csupérieur à juillet 2016, qui avait lemois de référence pour les tempéra-tures similaires. La vague de chaleurexceptionnelle s'est abattue sur laFrance comme sur plusieurs pays duNord de l'Europe, notamment la Bel-gique et l'Allemagne, mais aussi lesPays-Bas, la Grande-Bretagne, l'Ita-lie et la Suisse, désorganisant letrain-train quotidien. En Espagne,cette chaleur extrême a provoquédes incendies en Catalogne, dans le

Jean-Célestin EDJANGUE

JUIN ET JUILLET, MOIS LES PLUS CHAUDS DE LA PLANETE EN 2019

Elle n'est pas terminée. Maisl'année 2019 s'annonce déjàcomme une des plus chaudesde l'histoire météorologiqueen Europe. Avec un recordde 45,9 °C enregistré, le 28juin à Vérargues, dansl'Hérault, en France, et unmois juillet suffocant. un réchauffement climatiquequi semble pointer unaccusateur sur l'actionhumaine.

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Evènement

nord-est du pays, ravageant des mil-liers d'hectares de forêts. Plus inquiétant, le bilan humain descanicules de juin et juillet 2019, enFrance. Invitée dimanche 7 septem-bre sur France Inter, la Ministre de laSanté, Agnès Buzyn a déclaré que «le ministère de la Santé a enregistré1.500 décès cet été liés à la canicule», ajoutant que « C'est dix fois moinsqu'en 2003 ». A l'époque, en France,la canicule s'était étendue sur 20jours causant plus de 20.000 mortscontre 18 jours de canicule en deuxépisodes, mais très intenses », cetété. Le bilan avait été plus lourd pourl'ensemble de l'Europe avec 70.000décès. Le communiqué du ministèrede la Santé, publié dans la fouléedes déclarations de la ministre, préci-sait davantage le décompte : les cal-culs de la Santé publique françaisedonnent « 1435 décès en excès, 567lors de la première vague de chaleuret 868 lors de la deuxième, ce qui faitune surmortalité d'environ 9,1% parrapport à la normale ». En affinantencore les données concernant lesvictimes, il apparaît que « la moitiésont des personnes de plus de 75ans, mais il y a aussi des personnesadultes ou même des plus jeunes quiont été impactées notamment dansle monde du travail», note encoreAgnès Buzyn, avant de soulignerqu'il s'agissait de 10 hommes dont laplupart travaillaient en extérieur.Le bilan aurait incontestablementété beaucoup plus lourd n'eût étél'action préventive qui, depuis lacanicule de 2003, permet doréna-vant à l'autorité française de Santépublique de mieux gérer les épi-sodes de canicule.

Sombres perspectives A l'échelle mondiale, les perspectivesvisant à tout faire pour tenter de ju-guler la canicule ne sont pas vrai-ment roses. Paléoclimatologie,Valérie Masson-Delmotte, co-prési-dente du Groupe d'experts intergou-vernemental sur l'évolution duclimat(GIEC), ne cesse depuis unedizaine d'années maintenant, desensibiliser sur l'urgence climatique.Celle qui, en 2010, avait signé sousforme d'un manifeste « l'appel des600 » contre le scientifique et ancien

ministre Claude Allègre, était, le 23juillet 2019, aux côtés de la jeunesuédoise de 16 ans, Greta Thunberg,devant les députés Français, pourexpliquer ce qu'implique vivre auquotidien dans un monde plus chaudde 1,5°C. Dans une interview accor-dée à nos confrères du point.fr, le 25juillet 2019, elle analyse les épisodescaniculaires et leurs effets, au-jourd'hui et dans les 30 ans à avenir.« En France, cela signifie en effet unréchauffement plus important, de l'or-dre de 2 degrés. Pour 1 degré au ni-veau mondial, la température auniveau national augmente de 1,4

degré. Le réchauffement local estplus élevé que le réchauffement pla-nétaire », affirme-t-elle, avant d'ajou-ter « Aux alentours de 2040 – ou plustôt si les émissions augmentent –, lesglaciers français continueront de re-culer, le littoral s'érodera de plus enplus du fait de la hausse du niveaude la mer, les pluies torrentielles se-ront plus nombreuses, particulière-ment dans le sud de la France, les

sécheresses seront plus sévères etlongues ». Pour Valérie Masson-Del-motte, les projections à long termerisquent d'être encore plus sombres,si rien n'est fait en amont. « Dans sesprojections, Météo-France estimequ'il y aura deux fois plus de cani-cules en 2050, y compris si l'on par-vient à contenir le réchauffement à1,5 degré. Sur les trente dernièresannées, nous avons eu deux foisplus de canicules en métropole quesur les trente années précédentes.Aujourd'hui, les durées des séche-resses sont de l'ordre de deux moispar an en France et doubleraient(quatre mois, NDLR) d'ici à 2050 ».Des épisodes caniculaires qui, à encroire la paléoclimatologue, aurontdavantage de conséquences gravessur les pratiques agricoles, la gestionde l'eau et des forêts.

Anticiper plutôt que de gérer lacriseD'où l'urgence d'agir partout et main-tenant, en anticipant les solutionsplutôt que de chercher constammentà réagir quand la crise est déjà là.Cette adaptation concerne tous lespans de la vie quotidienne et à toutesles échelles. « L'un des enjeux ma-jeurs est l'adaptation des villes. Lamajorité de la population mondiale –et la majorité de la population fran-çaise également – est urbaine. Lastructure des villes et les matériauxutilisés pour construire bâtiments etroutes sont des effets amplificateursdes vagues de chaleur. Ils empê-chent la circulation de l'air et absor-bent la chaleur la journée pour larestituer la nuit », confie ValérieMasson-Delmotte, avant deconclure : « D'où l'intérêt de végéta-liser les villes pour limiter l'échauffe-ment à la surface ».Les conclusions du Sommet ActionClimat, le 23 septembre 2019, à NewYork, devraient pouvoir donner uneidée concernant l'importance que laCommunauté internationale accordeou pas à l'urgence climatique et auréchauffement de la planète. Onsaura alors si derrière les discours,parfois ronflants des acteurs déci-sionnaires, les actes révolutionnairesnécessaires seront posés à la hau-teur des enjeux actuels et d'avenir.

Plus inquiétant, le bilan hu-

main des canicules de juin et

juillet 2019, en France. Invitée

dimanche 7 septembre sur

France Inter, la Ministre de la

Santé, Agnès Buzyn a déclaré

que « le ministère de la Santé

a enregistré 1.500 décès cet

été liés à la canicule », ajou-

tant que « C'est dix fois

moins qu'en 2003 ». A

l'époque, en France, la cani-

cule s'était étendue sur 20

jours causant plus de 20.000

morts contre 18 jours de ca-

nicule en deux épisodes,

mais très intenses », cet été.

Le bilan avait été plus lourd

pour l'ensemble de l'Europe

avec 70.000 décès.

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Evènement

With 7,000 tons of waste pro-duced daily including 1,500tons of plastics, Kinshasa,

the capital of the Democratic Repu-blic of Congo, is a major source ofpollution for the Great Lakes region.The management of plastic waste bythe municipal authorities is almostnon-existent, but new initiatives arein line to put this waste to good useas well as clean up the city."More than twelve million people useat least one [plastic] bottle a day, soyou can imagine the environmentalchaos that this represents,” JimmyHamuli, the head of National Centerfor Development Support and Parti-cipation [CENADEP], a non-govern-mental organization, told RFI’s OlivierRogez.“If there are no initiatives, it's very dif-ficult to manage this problem," adds-Hamuli, who wants to clean up theCongolese capital, where 1,500 tonsof plastic are used on a daily basis.One idea includes creating plasticbottles into paving stones andconstruction materials not a newidea, but one that would greatly helpthe DRC.We are looking to create "ecologicalpaving stones made from recycledplastic waste that we collect in the

streets of Kinshasa, the gutters,”says Steve Matenda, a Congoleseengineer, who wants to turn plasticbottles into much-needed materials,as a way of upcycling.

Other WorriesThe area in front of Kinshasa’smain station is bustling with acti-vity. And everybody has to maketheir way through piles of garbage.Passing vehicles whirl up plasticand paper bags. The scenario repeats itself all aroundtown. It is an everyday torture for the“Kinois”, as the inhabitants of Kins-hasa are known.Many people say that they are dis-gusted: “It gets worse every year.Our once so beautiful Kinshasa hasdegenerated into a big dump,” awoman said. Another one added:“We Congolese obviously despiseour country. Otherwise we would notallow our cities to sink into such filth.”Jules Mulimbi, in charge of environ-ment and sustainable developmentat Kinshasa City Council, is worriedabout the quality of life in the capi-tal too. “For me, a healthy environ-ment is a fundamental humanright,” he said.The problem is not just the comple-

tely inefficient disposal of waste. Thebehaviour of the inhabitants alsocontributes to the problem. “The solu-tion begins with every single citizen,every single family. If everyone dis-posed of the garbage on their owndoorstep, we would already have sol-ved part of the problem,” Mulimbisaid.

Health risks for poor neighbou-rhoodsIn the past Kinshasa used to beconsidered a beautiful city. Peoplecalled her ‘Kinshasa, the coquette’, todescribe her allure. Today, Kinshasais connoted with garbage rather thanfeminine charms. “Litter also poses agreat health risk,” said Jeanne, whodidn’t give her full name. She saysthe situation in her neighbourhood isbad. “Most gutters are clogged withplastic bags and bottles. The waterdoesn’t run off when it rains. Duringthe rainy season, most slums areflooded.”

In the Pakajuma district, about threekilometres from the main railway sta-tion, there are mountains of rubbisheverywhere. Children and many ani-mals, including pigs are always seenforaging for food. Sewage flows

JATOR NJENYU

KINSHASA CHALLENGING WASTE ACCUMULATION Congolese entrepreneurs hope to clean up Kinshasa through recycling plastic

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BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Oct. - Nov. - Déc. 2019 / N°60 23

Evènement

down the hills. Under the hot sun, thestench is hardly bearable. Latrinesare a luxury here.“Just look at how people live here!No wonder there are so many cho-lera cases in the area,” said Mimi Mu-tutu, deputy coordinator of the NGOLogos Premier, which is working toclean up the neighbourhood. “Peopleuse dirty water to wash, drink andcook,” she said.This poses a danger to their health,said Mimi Mututu: “People here livein an environment that is not cleanand not healthy. That’s why there aremany cases of malaria, typhus, cho-lera and other diseases,” Mututunoted.

Megacity with no professionalwaste managementKinshasa is growing very fast. It isthe third largest city in Africa afterCairo and Lagos. It is estimated thatits 17-million inhabitants producearound 9 000 tonnes of garbage aday. That is a huge volume, espe-cially for a city that has no professio-nal waste management. TheEuropean Union used to support awaste disposal program, but aid wasstopped in 2015. The problem gotnoticeably worse.

There are obvious solutions. Thewaste water flowing freely in the poordistricts must be canalized, the littercollected and composted in proper

landfills, incinerated or processed forrecycling. The recycling of valuableraw materials could even developinto a profitable business model, saidJules Mulimbi of the Kinshasa CityCouncil. “The processing and recy-cling of waste is actually a majorchallenge for us. But the problem cannot only be solved locally, there mustalso be cooperation with the pro-

vinces,” Mulimbi explained.

The battle can be wonMimi Mututu of the non-governmentalorganisation Logos Premier concur-red: “Waste is not worthless. Our go-vernment should do everything in itspower to recognise the value ofwaste and to use it,” Mututu said.She explained that in the past onlyiron was separated and recycled.“But we are now increasingly workingon separating hard plastic as well. Ithink we will win this battle,” she said. For that to happen “we must raisepublic awareness. And first and fore-most, we need to educate peopleabout the dangers of the garbageproblem,” Mututusaid. The city ofKinshasa has become a garbagedump since the city hall took overwaste management in 2015.

Waste, a Public Health ProblemFrom 2005 to 2015, the KinshasaUrban Sanitation Program (PAUK),which became the Kinshasa Sanita-tion, Rehabilitation and Urban Deve-lopment Program (PARAU) in 2010,was financed by the EuropeanUnion. Since this project is comple-ted, Kinshasa City Council has beenstruggling to make the city clean.

Kinshasa is growing very

fast. It is the third largest city

in Africa after Cairo and

Lagos. It is estimated that its

17-million inhabitants pro-

duce around 9 000 tonnes of

garbage a day. That is a huge

volume, especially for a city

that has no professional

waste management.

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BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Oct. - Nov. - Déc. 2019 / N°6024

Nouvelles d’ailleurs

In Ethiopia’s capital, Addis Ababa, alandfill the size of 36 soccer fields isbeing turned into renewable energy,

meeting the needs of 30 percent of thecity’s electricity. The landfill, previouslythe only waste disposal site in AddisAbaba, made the news in 2017 due toan onsite landslide that killed 114 peo-ple. The new energy plant, known asReppie Waste-to-Energy in Ethiopia,plans to turn 80 percent of the city’swaste into energy each day.Waste is turned into energy through inci-neration, a process already popular inmany European countries. About 25 per-cent of European waste is turned intoenergy and there are over 100 waste-to-energy plants in both France and Ger-many. Strict European Union emissionsstandards ensure that no harmful emis-sions from the incineration process enterthe atmosphere, standards that the Rep-pie project will be held to as well.Electricity is produced directly from theburning of the waste. As garbage is bur-ned in a combustion chamber, heat isproduced. The heat boils water, creatingsteam, which in turn produces energy ina turbine. The emissions that occur in thisprocess are cleaned before they enter theatmosphere, making this a renewableand sustainable source of clean energy.The Reppie facility came into develop-ment out of a partnership between the go-vernment of Ethiopia and severalinternational partners, including Chineseand Danish companies. This partnershipcame together to tailor the needs of thenew energy plant to sub-Saharan Africa,as opposed to the waste-to-energy plantsalready operating in Europe.The Ethiopian project further protectsthe environment and its citizens fromharmful toxins that are released intogroundwater supplies and the atmos-phere at landfill sites. Methane is aharmful greenhouse gas that adds tothe negative effects of climate changeand is typically produced at landfill sites;this project will reduce methane emis-sions, as well as save space and gene-rate electricity.In addition to providing energy to threemillion people, the Reppie project plansto make an additional three million

bricks from the waste and recover 30million liters of water from the landfill.These materials will be additionally usedto benefit the population of Addis Ababa.Furthermore, the plant will create hun-dreds of jobs for people who previouslyrelied on scavenging at the waste site, adangerous occupation.In Ethiopia, only 27 percent of the popu-lation has access to electricity. Whilethat number includes rural areas, in onlyurban areas such as Addis Ababa, thenumber rises to almost 92 percent. Ho-wever, the Reppie plant is connected tothe national grid and the introduction ofwaste-to-energy in Ethiopia will spreadfrom urban areas and be able to serverural areas as well, increasing access toelectricity to all Ethiopians.The Reppie Waste-to-Energy in Ethio-pia will aid in reducing poverty condi-tions through increasing access toelectricity, creating jobs and improvingthe environment to the benefit of humanhealth. The plant will additionally be amodel for similar plants across the conti-nent of Africa. Already, seven otherplants are being planned. These plantstogether will leave a lasting positive im-pact on both the environment and theenergy needs of people across thecontinent.

Reppie Plant Inauguration Located at the main landfill site in theEthiopian capital, the Reppie plant cancremate 1,400 tonnes of waste dailyand provide the city with a quarter of its

electricity needs.The Ethiopian government on Sunday(August 19th) inaugurated the Reppieplant, a waste-based power plant capa-ble of incinerating up to 1,400 tonnes ofwaste per day to produce 185 gigawatts/ hour (GWh) of electricity annually.'electricity. The plant, whose construc-tion began in October 2013, representsan investment of 2.6 billion birr (80.8million euros), assumed in full by theState of Ethiopia, says the nationalnews agency, which specifies that it is"the first industry of this type in Africa".It was built by Cambridge IndustriesLtd., in partnership with China NationalElectric Engineering Co (CNEEC). andDanish Ramboll Engineering, in thesouth-west of Addis Ababa, on the siteof the gigantic Koshe dump, where thecollapse of a mountain of rubbish left114 people dead in March 2017.

Pollution ControlAccording to Cambridge Industries, thepower output of the plant will provide25% of the capital's household needs,and burn 80% of the waste produced byurban dwellers."In cities where space is scarce, energyrecovery units offer many advantages:they make it possible to clear landfills,to produce electricity, to avoid the conta-mination of groundwater by chemicalsubstances. toxic and reduce theamount of methane released into the at-mosphere, "says the United Nations En-vironment Program (UNEP).

Jator NJENYU

WASTE-TO-ENERGY IN ETHIOPIA IS BETTERING THE PLANETThe Reppie facility came into development out of a partnership between the government ofEthiopia and several international partners, including Chinese and Danish companies.

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BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Oct. - Nov. - Déc. 2019 / N°60 25

Regards

Eric Vincent FOMO

LE DÉFI DE LA GESTION DES DÉCHETS BIOMÉDICAUX

La production à largeéchelle des déchets faitplaner un péril sur la santéet l’environnement. Maisdes solutions en coursdiffusées par l ’OMSpermettent de nourrir l’espoir.

D’après les statistiques offi-cielles de l’Organisationmondiale de la santé

(OMS), 15% des déchets issus dessoins de santé sont considéréscomme étant des matières dange-reuses et susceptibles d’être infec-tieuses, toxiques ou radioactives. Ils’agit entre autres des déchets in-fectieux contaminés par du sang etd’autres liquides, ou des déchetsde patients hospitalisés placés enisolement et matériels (écouvillons,bandages et dispositifs médicauxjetables) ; des déchets anato-miques (tissus et organes du corpshumain ou liquides corporels) ; desproduits pharmaceutiques (médica-ments, vaccins et sérums périmés) ;des déchets radioactifs (matériel dediagnostic radioactif ou matériel deradiothérapie) ou encore des objetspointus et tranchants (seringues,aiguilles, scalpels et lames de ra-soir jetables, etc.). En ce qui concerne particulière-ment les objets pointus, plus de 16milliards d’injections sont adminis-trées sur la planète, même si lesobjets utilisés ne sont pas éliminésaprès usage. En Afrique, pasmoins de 282 447 tonnes de dé-chets médicaux sont produits an-nuellement par 67 740établissements de santé africains.Toutefois, ces déchets ne sont pas

toujours traités selon les normesOMS. D’ailleurs, une étude réali-sée en 2016 a révélé que « la ges-tion des déchets ménagersurbains dans la plupart des paysafricains était en-deçà des normes». D’un autre côté, plusieurs paysne disposent pas d’un cadre légis-latif régissant la gestion de ces dé-chets biomédicaux. Quiconstituent également un pro-blème de santé publique. Les ex-perts précisent que la combustionet l’incinération des déchets bio-médicaux peuvent causer l’émis-sion des dioxines, de furanes etde particules.L’impact des déchets biomédicauxet de leurs sous-produits est per-ceptible sur la santé humaine etl’environnement. Ils peuvent causerdes effets néfastes comme les brû-lures par irradiation, les blessurescausées par des objets pointus outranchants, l’intoxication et pollutiondues au rejet de produits pharma-ceutiques (antibiotiques) et la pollu-tion des eaux usées, intoxicationpar ces eaux et intoxication et pol-lution par des éléments ou descomposés toxiques, tels que lemercure ou les dioxines libérées aucours d’une incinération.

une gestion durable s’imposeMalgré la menace que fait planer lesdéchets biomédicaux, l’espoir d’unegestion durable de cette catégorieparticulière de déchets reste permis.L’OMS n’est pas restée les bras croi-sés. L’organisation onusienne a pu-blié un document d’orientationmondial sur la gestion des déchetsliés aux soins de santé. Ledit docu-ment intitulé « Safe management ofwastesfromHeath-care activities »traite de questions relatives au cadreréglementaire, à la planification, à laminimisation et au recyclage des dé-chets, aux possibilités de manipula-tion, au stockage et au transport et àla formation. Des modules de formation auxbonnes pratiques de gestion desdéchets liés aux soins de santé onten outre été élaborés par l’OMS etcouvrent tous les aspects liés à lagestion des déchets : identificationet classification puis élimination entoute sécurité grâce à l’incinérationou à d’autres méthodes. D’autressolutions existent pour minimiserleur impact. Il en est ainsi de l’auto-clavage, du traitement par micro-ondes ou du traitement par lavapeur associée au broyage in-terne et du traitement chimique.

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BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Oct. - Nov. - Déc. 2019 / N°6026

Regards

On les appelle, un peu vulgaire-ment, les « Tirailleurs sénéga-lais ». Bien qu'ils n'étaient pas

tous originaires du pays de Cheikh AntaDiop et de Léopold Cedar Senghor. Lestirailleurs sénégalais étaient en réalitéun corps de militaires Noirs, recrutésdans tout le continent africain, unetroupe constituée au milieu du XIXè siè-cle au sein de l'Empire colonial Fran-çais, et dissout dans l'immédiat-aprèsles indépendances, en 1960. Mais, il faut le reconnaître, c'est au Sé-négal que s'est formé le premier régi-ment des unités d'infanterie englobantl'ensemble de soldats africains Noirsqui ont choisi de se battre sous lescouleurs du drapeau tricolore del'hexagone. L'administrateur colonial,notamment du Sénégal, et militaireFrançais, Louis Faidherbe, en manqued'effectifs venus de la métropole sur

les nouveaux territoires d’Afrique, pourfaire face aux besoins nécessairespour le maintien de l'ordre du fait de laphase de colonisation, crée le corpsdes tirailleurs sénégalais. Le décret fut signé le 21 juillet 1857 àPlombières-les-Bains par Napoléon III.Jusqu'en 1905, ce corps intègre desesclaves rachetés à leurs maîtres lo-caux, ainsi que des prisonniers deguerre et même des volontaires ayantune grande diversité d'origines. Lessous-officiers sont, dans un premiertemps, recrutés au sein des chefferieslocales. Ils sont moins nombreux, pro-portionnellement que dans le reste del'armée française.L'appellation « Tirailleurs sénégalais »visait aussi à les différencier des Tirail-leurs d'Afrique du Nord, plus souventconnus sous le nom de « Tirailleurs al-gériens ». Les tirailleurs sénégalais

vont jouer un rôle capital dans la libé-ration du territoire français, dès la findu XIXème siècle.Ils sont particulièrement actifs à laconquête de Madagascar, dans l'OcéanIndien, de 1895 à 1905. Ils participentalors à la pacification de l'île. Toutcomme en Afrique du Nord, notammentau Maroc, où on les retrouve aux côtésdes unités de l'armée coloniale euro-péenne ou africaine, toujours pour lapacification de la région. Leur rôle necessera alors de grandir et les soldatsprendront de plus en plus du galon lorsdes différents conflits mondiaux. Pen-dant la Grande Guerre mondiale (1914-1918), ce sont environ 200 000 «Sénégalais » de l’Afrique OccidentaleFrançaise(AOF), qui se battent sous ledrapeau français, dont plus de 135 000en Europe, acceptant de se donner ensacrifice pour la mère patrie. Les histo-

Jean-Célestin EDJANGUE

Il y a 75 ans, les tirailleurs africains libéraient la Provence. Le président Français,Emmanuel Macron, a rendu un vibrant hommage, le 15 août 2019, en présence notammentdes chefs d'Etat Alpha Condé, de la guinée et Alassane Ouattara, de la Côte d'Ivoire.un pas vers la réconciliation dans l'histoire de la France et de l'Afrique pendant les deuxguerres mondiales ?

LA RECONNAISSANCE DE LA FRANCE AUX

COMBATTANTS AFRICAINS

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Regards

riens estiment que 15 %, environ, d'en-tre d'eux, soit 30 000 soldats, y onttrouvé la mort (sur un total de 1 397 800soldats français morts durant le conflitsoit plus de 2 % des pertes totales del'armée française) et beaucoup sont re-venus blessés ou invalides.

« 180. 000 tirailleurs sénégalais »Spécialiste de la Première Guerre mon-diale et de l'histoire du XXème siècle,l'historien français Jean-Yves Le Naour,dénombre 180.000 tirailleurs sénéga-lais, « dont 130 000 ont combattu enFrance » et « 30 000 sont morts, ce quireprésente un mort pour six mobilisés :c'est à peu de choses près la propor-tion de décès que l'on observe parmiles poilus français ». Le présidentJacques Chirac, dans son discours decommémoration des 90 ans de la ba-taille de Verdun(21 février-18 décembre1916) a parlé de « 72 000 combattantsde l’ex-Empire français morts entre1914 et 1918, fantassins marocains, ti-railleurs, d'Indochine (Cochinchine, ti-railleurs annamites), marsouinsd’infanterie de marine». Dans un ouvrage remarquable, mé-langeant le texte à l'iconographie, lejournaliste et chercheur camerounais,Samuel Mbajum, révèle le quotidiende ses combattants africains. Sous letitre « Les combattants africains dits ti-railleurs sénégalais au secours de laFrance 1857-1945 », paru en 2013aux éditions Riveneuve, avec une pré-face du général Pierre Lang, est uneévocation intelligente et savoureusede l'épopée héroïque des soldats afri-cains qui mirent leurs forces et leurcombativité, versèrent leur sang etleur sueur, pour l'amour de la Franceentre 1857 et 1945. L'ouvrage est enréalité, un véritable instrument partici-patif au devoir de mémoire, qui met enexergue l'apport capital de ces com-battants à construction de l'histoire del'hexagone, pour réécrire en lettresd'or son destin entre la dernière moitiédu 19e siècle et la première moitié du20e siècle. Une histoire, il faut bienl'avouer, très largement méconnue parles Français, la Communauté interna-tionale, et même d'une grande partiedes Africains. Entre 1939 et 1944, ils sont près de140 000 Africains engagés par laFrance, près de 24 000 sont faits pri-sonniers ou sont tués au combat. Lestirailleurs sénégalais participent à la

bataille de BirHakeim, à la conquêtede l'île d'Elbe en juin 1944 et à la prisede Toulon, après le débarquement deProvence en août 1944.Les tirailleurs sénégalais sont toujoursrestés fidèles à l’Empire colonial français,et ont été engagés dans des conflits quiont opposé la France à ses colonies : In-dochine, Algérie, Madagascar ; LéopoldSédar Senghor les a surnommés les «Dogues noirs de l’Empire »

La longue lutte vers la reconnais-sanceEn rendant hommage, jeudi 15 août2019, aux soldats africains lors du 75ème anniversaire du débarquement laProvence, en présence notammentdes présidents Alassane Ouattara deCôté d'Ivoire et d'Alpha Condé de laGuinée, le président Français Emma-nuel Macron, voulait réparer une ano-malie de l'histoire de la France avecl'Afrique. « Il y a 75 ans, avec l’aidedes forces alliées, la France brisaitenfin les chaînes dans lesquelles l’ar-mée d’Hitler l’avait enchaînée durantquatre longues années, car pour la se-conde fois, en cette année 1944, unearmada de braves débarquaient surles plages de notre pays pour le déli-vrer du joug de l’occupant. Il y eut ledébarquement de Normandie et il yeut le débarquement de Provence. Il yeut le 6 juin et il y eut le 15 août. Lareconquête de la France avait com-mencé par le nord, sur les côtes de laManche, elle se poursuivit par le sudsur les côtes de la Méditerranée. »,déclara Emmanuel Macron dans sondiscours de circonstance, ajoutant que« Mais la très grande majorité, dessoldats de la plus grande force de l’ar-

mée française de la libération, venaitd’Afrique. Français d’Afrique du nord,pieds noirs, tirailleurs algériens, maro-cains, tunisiens, zouaves, spahis,goumiers, tirailleurs que l’on appelaitsénégalais, mais qui venaient en faitde toute l’Afrique subsaharienne ». Unhommage un peu tardif, estime JulienMasson, jeune réalisateur et photo-graphe français, qui a recueilli le té-moignage des derniers tirailleurssénégalais. Le 15 août 1944, deuxmois après le célèbre débarquementde Normandie, des troupes françaiseset alliées prennent d’assaut Toulon etMarseille pour libérer le sud du pays.La moitié des bataillons français pro-viennent d'Afrique. Tirailleurs sénéga-lais et algériens, goumiers et taborsmarocains et pieds noirs, jouent unrôle crucial dans la victoire. Pendanttoute la Seconde Guerre Mondiale,55. 000 d'entre eux meurent au com-bat. Un combat qui, pour les rescapés,allait s'avérer interminable.Certains Sénégalais, nés Françaisdans les quatre communes françaisesde plein exercice du Sénégal, ne sontpas considérés comme tirailleursmais, du fait de l'existence du droitmusulman, dont la pratique de la poly-gamie, l'administration limita, un mo-ment, les droits de ces citoyensparticuliers. Il faut attendre la GrandeGuerre, sous l'impulsion du députéBlaise Diagn, poure que les ressortis-sants des 4 communes (Dakar,Gorée, Rufisque et Saint-Louis) soientconsidérés comme citoyens à part en-tière et de fait être intégrés dans lesrégiments métropolitains plutôt quedans ceux de tirailleurs sénégalais.De même, la France a attendu 2010pour enfin mettre à égalité les pen-sions entre soldats Français et tirail-leurs sénégalais. Une décisionhistorique, prise sous la présidence deNicolas Sarkozy et qui a mis fin à uneinjustice sociale, et une discriminationéconomique, qui perdurait depuis1959 avec la « cristallisation », le geldes pensions des combattants afri-cains dits tirailleurs sénégalais. L'hom-mage officiel rendu par la France auxcombattants Africains, lors des 75 ansdu débarquement de Provence, le 15août 2019, peut être une amorce de laréconciliation si la mémoire collectivereste vivace pour servir de témoin del'histoire pour des générations ac-tuelles et futures.

La France a attendu 2010 pour

enfin mettre à égalité les pen-

sions entre soldats Français et

tirailleurs sénégalais. Une déci-

sion historique, prise sous la

présidence de Nicolas Sarkozy

et qui a mis fin à une injustice

sociale, et une discrimination

économique, qui perdurait de-

puis 1959

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Portrait

Le prix spécial « Entrepreneurde l’économie verte en Afrique– Bâtisseur de l’économie afri-

caine » et le prix de la Francophoniepour la Jeunesse et les emplois vertsdécernés au Franco-Togolais Edemd’Almeida respectivement en avril2018 et en juin 2016, viennent sûre-ment confirmer son dynamisme àdonner à l’Afrique un autre visage.Certes, le jeune entrepreneur de 37ans est omnibulé par sa volonté defaire du Togo, son pays natal, un pôled’excellence sur la question des dé-chets.Mais il veut aller plus loin et se posi-tionner en tant que panafricaniste,comme un leader dans la créationd’emplois verts. A ce titre, il ne cessede penser des solutions endogènespour répondre à la question de ges-tion durable des déchets qui préoc-cupe pratiquement tous les pays ausud du Sahara. Le passage d’Edemd’Almeida au groupe Suez environ-nement et au sein d’une filiale dugroupe français SamSiC comme res-ponsable filières et négoce de dé-

chets industriels, lui auraient certai-nement ouvert les portes de la gloire.C’est toujours avec émotion qu’il ra-conte ses premiers pas dans l’entre-preneuriat. « Nous avons commencéà récupérer des déchets papiers. Au-jourd’hui, nous récupérons d’autresmatières comme le verre, les mé-taux, les équipements électroniques,avec des partenariats de grandes in-dustries et de toutes petites qui pren-nent en compte l’environnementainsi que la dimension sociale », fait-il savoir. Après avoir créé en 2012, en France,Kd-recycling, une entreprise interna-tionale de courtage et négoce de dé-chets recyclables et matièrespremières secondaires, Edem d’Al-meida se positionne en 2013 commecofondateur et dirigeant d’Africa Glo-bal Recycling (AGR). Depuis, on nel’arrête plus. Ses idées forcent l’ad-miration. Ses actions tournent autourde trois axes majeurs : promouvoir etrendre concret le développement du-rable pour leurs clients, accompa-gner les clients dans la mise en

œuvre de leur démarche de dévelop-pement durable et faciliter l’accèsaux meilleures solutions de dévelop-pement durable dans une démarcheglobale de performance écono-mique, environnementale et sociale.

Visionnaire« Nous avons envie de conquérir lemonde, la sous-région africaine etpourquoi pas toute l’Europe », a cou-tume de dire celui qui est de plus enplus considéré comme le roi des dé-chets plastiques en Afrique. Edemd’Almeida met sur pied un modèleéconomique basé sur une économiecirculaire, avec une redistribution desprofits dans une logique « gagnant-gagnant » et un partenariat à doublesens. « Nous fournissons des ser-vices de gestion des déchets à nosclients qui eux-mêmes nous fournis-sent des déchets » ; explique-t-il.C’est ainsi que les déchets valorisésréintègrent de nouvelles chaînes deproduction dans les industries pape-tières, plasturgistes, métallurgistes etde l’énergie.Dans le quartier Wuiti, au sud deLomé, il a réussi à mettre sur piedune entreprise devenue le seul cen-tre de tri du pays. Sinon l’un desrares centres spécialisés dans lagestion des déchets en Afrique del’Ouest. 60 qualités de matières(plastiques, matériaux ferreux, équi-pements électroniques…) y sont va-lorisées. L’entreprise emploie unetrentaine de collaborateurs. A courtterme, Edem d’Almeida veut renfor-cer son positionnement et passer àl’étape d’industrialisation à Lomé. Ilambitionne de s’installer à Abidjan enCôte d’ivoire et à Cotonou au Benin.

Depuis six ans, le promoteur d’Africa global Recycling (AgR) développe des initiativesdurables basées sur une économie circulaire.

EDEM D’ALMEIDA

LE « ROI» DE LA VALORISATION DES DECHETS

Eric Vincent FOMO

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Parole à...

Cette année le thème retenu pourla célébration de la Fête Nationalede l’Arbre est « Plantons et entre-tenons les arbres pour un meilleuravenir » quels sont les élémentsqui soutiennent la pertinence dece thème ?

Nous sommes partis du constat quechaque fois que l’entretien des plan-tations est au rendez-vous, la réus-

site est assurée, permettant ainsi auxcommunautés locales de tirer meil-leur profit des biens et services éco-systémiques générés par lesboisements. L’idée derrière ce thèmeest d’appeler tous les citoyens, tousles acteurs institutionnels, tous lescorps organisés à l’effort de restau-ration/plantation et surtout à l’entre-tien et au respect desinvestissements réalisés. Il s’agit

d’attirer l’attention de nos conci-toyens sur l’importance de la protec-tion et de l’entretien des réalisationsphysiques pour garantir la réussitedes opérations de reboisement et derestauration des terres dégradées.Nous voudrons rappeler ainsi qu’œu-vrer dans l’entretien et la protectiondes réalisations en matière de plan-tation et/ou de restauration des terresdégradées doit être perçue par toutela communauté nationale commeétant un des leviers essentiels surlesquels il faut agir pour assurer ungain durable en biens et servicesécosystémiques au profit des géné-rations présentes à venir.

Quels sont les efforts que votredépartement ministériel déploie enmatière de plantation et de préser-vation des arbres? Peut-on s’at-tendre à la mise en œuvred’opérations de grande enverguredans ce domaine ?

Les efforts en matière de reboise-ment sont connus de tous nos conci-toyens parce que faisant partie duProgramme de Renaissance pour leNiger de son Excellence Monsieur Is-soufou Mahamadou président de laRépublique, Chef de l’Etat. De 2011à 2018 nous avons réalisé avec l’ap-pui de nos partenaires techniquesenviron 190 000 ha de plantations,sur investissements publics. Il va de

« Les générations futures devront disposerd’un environnement plus productif»

Almoustapha GARBA

Le Ministre nigérien de L’Environnement, dela Salubrité urbaine et du DéveloppementDurable se prononce sur les enjeux liés à larégénération des forêts nigériennes en par-ticulier, et sur les efforts que les générations

actuelles doivent effectuer pour léguer à lapostérité un environnement meilleur. Il s’estexprimé à l’occasion de la Fête nationale del’arbre qui a été célébrée le 3 août 2019 dansson pays.).

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Parole à...

soi que lorsque nous intégrons les ef-forts des collectivités territoriales, desprivés et ceux des producteurs ru-raux, cette donnée va se démultiplier.Le Système d’Information sur lesTerres Restaurés que mon départe-ment ministériel s’active à mettre enplace dès cette année et le géoréfe-rencement qui le sous-tend nous per-mettront de mieux comptabiliser lesefforts des acteurs non institution-nels. Je dois également vous rappe-ler que depuis 2014 le gouvernementa initié un programme intitulé «un vil-lage, un bois» pour mener des opé-rations de reboisement sur toutel’étendue du territoire national. Ceprogramme est en cours de réalisa-tion au niveau de toutes les régionset nous sommes en négociation avecdes partenaires techniques et finan-ciers en vue de sa mise à échelle.

D’autre part, Monsieur le Ministre,le Programme de Renaissance duNiger, acte 2, prévoit la réalisationde 70 000 ha en matière de Régé-nération Naturelle Assistée (RNA)chaque année, ce qui place la pra-tique de la RNA au cœur des stra-tégies de lutte contre ladésertification. Quelles sont lesactions entreprises dans ce volet?

En ce qui concerne la régénérationnaturelle assistée, les résultats obte-nus par notre pays sont connus auplan international au point où onparle de reverdissement dans cer-taines localités du Niger. Notre paysa du reste obtenu un prix par rapportà cette belle pratique. Nous poursui-vons nos compagnes d’informationet de sensibilisation des producteurscomme l’a instruit le Président de laRépublique au cours d’un Comité In-terministériel d’orientation de l’Initia-tive 3N.Nous utilisons également les canauxdu vaste réseau des radios commu-nautaires existant sur le territoire na-tional. Cette intense campagne demobilisation nous a permis en 2018de réaliser 89 770 ha pour une cibleque vous avez si bien rappelée de 70000 ha. J’ai la ferme conviction quelorsque nous aurions achevé le géo-réferencement auquel je faisais allu-

sion plus haut, la réalisation annuellesera plus importante. Il vous suffit deparcourir les campagnes nigériennespour constater que la pratique de larégénération naturelle assistée esten net développement dans notrepays.

Malheureusement, force est deconstater que le potentiel naturel,englobant les terres, les forêts etles paysages, subit la rude pres-sion des activités humaines.Quels sont les moyens et les me-sures mis en œuvre par votre dé-partement ministériel dans ledomaine de la restauration, depréservation de l’Environnement?

Effectivement, on constate que mal-gré les efforts fournis par l’Etat et sespartenaires, l’ampleur de la dégrada-tion de l’environnement est préoccu-pante. Le Gouvernement a mis enplace un cadre favorable à la préser-vation de l’environnement à traversnotamment l’adoption des politiqueset stratégies en la matière. Nouspoursuivons la mobilisation des res-sources pour obtenir des résultatsencore plus éclatants. C’est dans cesens que mon département ministé-riel, sous l’éclairage du Président dela République a élaboré le plan d’in-vestissement climat pour la région dusahel qui a fait l’objet comme vous lesavez d’une Conférence des Chefsd’Etat ici même au Niger.Mon département ministériel vienttout juste d’organiser la Revue An-

nuelle Conjointe avec les partenairestechniques et financiers qui s’estpenchée, entre autres, sur les ques-tions du financement du sous-sec-teur environnement. Nous nebaissons pas la garde égalementdans le domaine de la sensibilisationpour amener les populations à adop-ter des comportements citoyens vis-à-vis de notre environnement.

Monsieur le Ministre, quel seraitl’appel que vous voudrez lancer àl’endroit des populations nigé-riennes en vue d’obtenir un enga-gement en faveur des actions derestauration et de préservation denotre environnement ?

Je voudrais remercier nos conci-toyens pour les efforts qu’ils dé-ploient chaque jour pour préserverleur environnement, restaurer lesbases de leurs productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques. Ce-pendant, je leur demande deredoubler d’efforts au regard de l’am-pleur des menaces environnemen-tales que nous connaissons.En lien avec le thème central de laFête Nationale de l’Arbre, je leurdemande d’apporter le plus grandsoin possible aux arbres qui sontplantés dans leurs terroirs, dansleurs concessions et toute autreinfrastructure.Mon plus grand appel, c’est : Agis-sons ensemble, en peuple respon-sable, dans la perspective depermettre aux générations futuresde disposer d’un environnementplus productif, qu’elles auront laresponsabilité de léguer à leur tourà leurs descendances car, commele disait Son Excellence MonsieurIssoufou Mahamadou, Président dela République, Chef de l’Etat, dansson message à la nation au lende-main de l’organisation réussie dedeux sommets des Chefs d’Etats etde Gouvernement de l’UA à Nia-mey, « en toute chose, la volontéprécède l’action ».

Jean Loïc A. avec l’Office

National d’Edition et de

presse du Niger

Agissons ensemble, dans la

perspective de permettre

aux générations futures de

disposer d’un environne-

ment plus productif, qu’elles

auront la responsabilité de

léguer à leur tour à leurs

descendances

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YAOUNDE

Carte postale

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« Le Terroriste noir » est le romand’un héros noir en pays blanc. Auxmontagnes du Fouta-Djalon ont suc-cédé les cimes enneigées desVosges. Le romancier se souvientalors de la littérature de résistance,qui vient nourrir la trame de l’intrigue.Mais il maintient une distance.D’une part, les chapitres du roman secomposent de fragments, de bribesque le lecteur assemble comme lespièces d’un puzzle où demeurent, unefois le livre fermé, des zones d’ombre.D’autre part, le narrateur du roman

est Germaine : toute jeune fille auxmoments des faits, au début des an-nées 1940, elle reçoit bien des an-nées plus tard, dans sa vieillesse, undescendant d’Addi Bâ venu de Gui-née pour recevoir une décoration pos-thume remise à son aïeul. Lesévénements se sont donc bien pas-sés au moment où elle les raconte etle récit fait alterner les faits d’armesd’Addi Bâ et les évolutions ultérieuresdu village lorrain où elles ont trouvéleur cadre.Par ailleurs, en cette période où les

actes de résistance exigeaient le se-cret, la jeune fille n’apprend que par-tiellement ce qui se trame autourd’elle. La vie du personnage d’AddiBâ, dont on n’apprend le nom que tar-divement, après de nombreux effetsde dramatisation, se nimbe doncd’une aura mystérieuse, dont Tierno-Monénembo joue à la fois pourconstruire sa stature héroïque et pourintroduire une distance réflexive entrelui et le lecteur.Addi Bâ est donc un héros tout aussiparadoxal qu’Aimé Olivier de Sander-val. L’ingénieur lyonnais apparaissaitdans Le Roi de Kahel, un précédent

roman de Thierno, comme un pion-nier de la colonisation qui finit par seheurter à une France à laquelle ilcroit, mais dont l’administration l’en-trave. Addi Bâ est lui aussi un défen-seur de la France, d’abord en soldatde son armée régulière, puis contreelle-même, contre sa défaite, en tantque résistant ; mais il est aussi unsujet colonial de cette France, quil’oublie une fois la guerre finie. Son at-tachement à la France est d’ailleursdurant tout le roman lourd de me-naces, puisque le personnage s’obs-tine à garder son uniforme de tirailleurde l’armée française, ce qui risquepourtant de le faire arrêter par lesforces d’occupation.« Le Terroriste noir » est construitcomme un roman d’aventures à lagloire d’un héros hors du commun etparadoxal. Mais, à travers lui, l’auteurconstruit aussi un monument à la mé-moire des soldats africains qui ontcontribué à la lutte de la Francecontre son occupant. TiernoMoné-nembo s’inscrit ainsi dans une mé-moire littéraire : en effet, il reprend unpersonnage qui hante la littératureafricaine francophone, de Force-Bonté de Bakary Diallo (1930)jusqu’au Nègre Potemkine de BlaiseN’Djehoya (1988), en passant parMassa Makan Diabaté ou FerdinandOyono.Il met la figure en perspective : le ti-railleur prélude ainsi à la figure du ré-sistant. À travers la fictionromanesque, c’est la contribution es-sentielle du continent africain à la ré-sistance de la France, à sa capacité àtenir sous occupation qui est révélée.À travers les liens entre Addi Bâ et lamosquée de Paris, le romancier sou-

ligne aussi le rôle d’institutions musul-manes françaises dans cette résis-tance ; les tribulations de son tirailleurmusulman parmi des villageois vos-giens, qui l’admirent malgré ce refusde manger de la charcuterie qu’ilscomprennent mal, entretiennent biensûr des échos ironiques avec certainsdiscours actuels d’exclusion.Plus encore, le choix de déléguer sonrécit à une habitante du village permetà l’auteur de construire une mémoireplurielle. En effet, si le village a rejetéAddi Bâ dans les limbes de sa mé-moire, il apparaît dans le récit de lanarratrice que tout ce qui est survenuaprès sa mort, les événements impor-tants pour la vie du village, les évolu-tions des relations entre lespersonnages ont été liées à cet ab-sent. En choisissant une écriture marquéepar l’oralité, innervée par le parler descampagnes françaises, TiernoMoné-nembo se joue aussi des clichés surl’oralité africaine, soulignant la proxi-mité des cultures. Le roman rappelle,au-delà du témoignage du rôle des ti-railleurs coloniaux, l’imbrication desdestins de la France et de l’Afrique.« Le Terroriste noir » raconte l’histoired’un soldat guinéen devenu vosgien.Plutôt que de réclamer une dette,TiernoMonénembo dresse un constat,celui d’une France et d’une Afriquequi ne sont plus, depuis longtemps,des étrangères l’une de l’autre.

BOSANGI - Le magazine trimestriel de l’environnement - Oct. - Nov. - Déc. 2019 / N°60 33

Note de lecture

Jean Loïc AMOUGOU

Avec « Le Terroriste noir », Tierno Monénembo poursuitson exploration de l’histoire commune de la France et del’Afrique de l’Ouest. Le romancier guinéen, après avoir in-terrogé le rôle des élites dans l’Afrique postindépendance,oriente son œuvre, depuis le début des années 2000, versune réflexion sur le passé du continent et sa relation àl’Europe.

« Le Terroriste noir »*

LES DESTINS LIÉS DE L’AFRIQUE ET DE LA FRANCE

*TiernoMonénembo, Seuil, coll. « Points », 2013

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Forum des lecteurs

«Je suis devenu un inconditionnelde Bosangi. Je portais déjà uncertain intérêt aux questions en-vironnementales et aux technolo-gies y relatives. Cet intérêt s’estaccru depuis que j’ai découvertBosangi en 2017.Les analyses en profondeur dessujets écologiques qui constituentdes enjeux majeurs de notretemps, sont instructives et éclai-

rantes. Je tiens à féliciter l’équiperédactionnelle pour la qualité et lapertinence des articles qu’ellepropose aux lecteurs.La contribution de Bosangi à laprise de conscience des enjeuxenvironnementaux, bien que mar-ginale ou isolée vu la place mi-neure que les médias ducontinent accordent aux faits éco-logiques, n’est malgré tout, pas

négligeable.D’où la nécessité qu’il y a à ouvrirce magazine à une large au-dience en exploitant toutes lesplateformes de distribution ou departage, notamment les espacesnumériques. Une fois de plus,Bravo à toute l’équipe !»

Claude ANGOULA,

informaticien, Yaoundé

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