le centre de débarque de barfleur - un aménagement profitable à la pêche et au tourisme - 2009
DESCRIPTION
Ce dossier traite du centre de débarque de la pêche construit à Barfleur en 2005. Il examine en particulier sa situation au sein du réseau de pêche, sa localisation sur le territoire de la commune, son fonctionnement et mode de gestion. Aménagement "prototype" sur le sol français, il a bénéficié de fonds du programme IFOP.TRANSCRIPT
Un aménagement profitable à la pêche et au
tourisme
PARISSE Daphné
L3 Géographie – Aménagement
Année 2008-2009
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SOMMAIRE
INTRODUCTION p 2
Dans quelle mesure le centre de débarque peut-il être un atout pour l’avenir d’une commune
comme Barfleur qui souhaite conserver son activité économique traditionnelle tout en
s’appuyant sur son image touristique ?
I- Barfleur : un petit port à remettre aux normes européennes dans une optique de
revalorisation de la pêche p 3-4
A- Présentation du port de Barfleur : enjeux et objectifs du projet p 3
B- Des atouts géographiques pour l’implantation du centre : pourquoi ici
et pas ailleurs ? p 4
C- Des labels exigeant une bonne traçabilité justifient la présence du centre p 4
II- Un projet né de la volonté de la mairie de conserver l’image du port p 5-6
A- Un aménagement «prototype» sur le sol français, qui induit des financements
particuliers p 5
B- Les contraintes dans le choix du terrain p 5
C- Réalisation d’un bâtiment fonctionnel p 6
III- Mode de gestion et conséquences pour la commune p 7-9
A- Autogestion des professionnels sous la surveillance de la CCICC p 7
B- Un aménagement qui autorise la naissance de nouveaux projets malgré des
débuts compliqués p 8
C- Une certaine reconnaissance du centre valorise l’esprit d’initiative de Barfleur p 9
CONCLUSION p 10
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La Basse-Normandie est une région à la situation compliquée. Elle appartient au Bassin
Parisien au sens administratif du terme (DATAR 92) malgré un éloignement assez conséquent
par rapport à Paris de tout le département de la Manche. C’est une région « littorale » à défaut
de présenter un grand estuaire qui la qualifierait de région « maritime » (cf Haute-Normandie
et estuaire de la Seine). Dans ce contexte, elle ne possède pas de grand ensemble portuaire
européen mais toute une série de ports plutôt dynamiques à l’échelle de la France et tournés
vers la pêche (première région française de pêche de coquillages) et la plaisance (Cherbourg
est le premier port français de plaisance). Ces ports se situent essentiellement dans le
département de la Manche qui regroupe 330 km de côtes sur les 450 appartenant à la région.
Par son éloignement géographique et le maintien de nombreuses activités du secteur primaire,
le Cotentin est resté relativement à l’écart des préoccupations de la région Basse-Normandie.
Pourtant, la plupart de ses ports de pêche sont encore dans une situation illégale face au
règlement européen sur les normes sanitaires pour les produits de la pêche et de l’aquaculture,
publié en 1989. Depuis fin juin 2005, le port de Barfleur se distingue grâce à la présence d’un
centre de débarque agréé. Dans quelle mesure ce centre peut-il être un atout pour l’avenir
d’une commune comme Barfleur qui souhaite conserver son activité économique
traditionnelle tout en s’appuyant sur son image touristique ?
Le dossier s’emploiera dans une première partie qui présent le port de Barfleur, à analyser
les motifs qui ont justifié l’implantation de ce centre de débarque dans le village. Il présentera
dans la deuxième partie les dynamiques qui ont permis de mener à bien l’aménagement
(finances, plan, etc.) avant de s’intéresser dans une troisième partie aux différentes
conséquences induites par sa présence.
Figure 1 : Carte de localisation de la commune de Barfleur, modifiée par PARISSE D. 2009
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I- Barfleur : un petit port à remettre aux normes européennes dans une optique de
revalorisation de la pêche
A- Présentation du port de Barfleur : enjeux et objectifs du projet
Plus de 50% des marins de la Manche se répartissent sur la côte Est du Cotentin, ce qui
donne une certaine importance à un port de la taille de Barfleur (une trentaine d’unités de
pêche en fonction des saisons) et le place directement derrière St-Vaast-La-Hougue et
Cherbourg.
Le premier janvier 2003, le conseil général de la Manche a légué la gestion de la
concession du port de Barfleur à la Commune du même nom. L’activité portuaire
professionnelle est en perte de vitesse par rapport à la plaisance déjà développée dans les deux
autres ports (avec plus de 12000 visites annuelles Cherbourg est le premier port français de
plaisance et St-Vaast propose environ 700 places). De ce fait, la mairie de Barfleur va
chercher à redynamiser la pêche et ainsi se démarquer des autres ports en jouant sur le
maintien de l’authenticité du village dans une logique touristique. Or, d’après l’arrêté
préfectoral du 17 juillet 1996, suite aux normes sanitaires européennes instituées, Barfleur
n’est plus un port de pêche au sens strict du terme depuis le 31 décembre 1996. C’est de cette
situation que va naître le projet d’un centre de débarque conforme à la réglementation
sanitaire. Ce centre a pour but de valoriser dans un premier temps la pêche en offrant aux
professionnels une structure de travail qui facilite les enregistrements des informations sur la
gestion des ressources (quotas établis par les Affaires Maritimes) et la traçabilité des produits
pour améliorer la démarche qualité. Il permet aussi de ne pas rompre la chaîne du froid entre
la débarque des cargaisons et leur arrivée au centre de marée de Cherbourg distant de 30km
par la route et dont dépend le port de Barfleur. Dans un deuxième temps, l’accent est mis sur
le désengorgement possible des quais qui, tout en réduisant les risques d’effondrement
auxquels sont confrontés de nombreux ports d’échouage (du fait du retrait de la mer et du
passage des semi-remorques), permettra d’offrir une certaine sérénité avantageuse pour le
tourisme.
Figure 2 : Place de Barfleur du fait de sa taille par rapport aux principaux ports du Nord-Est Cotentin.
Réalisation : PARISSE D. 2009
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B- Des atouts géographiques pour l’implantation du centre : pourquoi ici et pas
ailleurs ?
La réglementation européenne spécifie que l’ensemble des
opérations à effectuer sur les produits de pêche (lavage,
conditionnement, etc.) doit prendre place à bord des navires.
Cependant, les unités de Barfleur sont trop petites pour que cela soit
possible, il leur faut donc débarquer pour le travail dans un bâtiment
agréé. Or, le centre de marée de Cherbourg se trouve distant de 15
milles et une partie de la route s’effectue à contre-courant du raz de
Barfleur (la durée du trajet en est augmentée). La présence de ce fort
courant marin a pourtant des avantages non-négligeables : les bars
(appelés « loups » en méditerranée) ont une préférence pour les
courants importants ce qui facilite leur pêche et les moules se plaisent
dans les eaux brassées ce qui est à l’origine du plus grand gisement de
moules sauvages exploité de France. Ainsi, la proximité du raz ajouté
à une grande inertie des marées (plus de temps à répondre à la
dynamique montante ou descendante du processus) sont des atouts
précieux pour le port de Barfleur. De plus, St-Vaast, où le nombre de
marins est plus élevé, n’est pas en mesure de faire jouer la
concurrence car le port de plaisance a été agrandi depuis peu et la
pêche st-vaastaise n’a pas de label propre à faire valoir, comme
Barfleur avec la « moule dessablée de Barfleur » (ce qui rejoint
l’obligation d’un passage à terre en bassin de dessablage et donc
affirme la nécessité de la construction du centre de débarque pour
effectuer le conditionnement).
C- Des labels exigeant une bonne traçabilité justifient la présence du centre
Une petite quantité produite est souvent valorisée par sa qualité. C’est ce que recherchent
des associations comme « Normandie Fraîcheur Mer» et l’«Association de Ligneurs de bars
de Normandie » établie sur Barfleur et St-Vaast. Ces associations ont appuyé la réalisation du
centre de débarque de Barfleur qui certifie la bonne traçabilité des produits (du bateau à l’étal
grâce à l’enregistement avant expédition et la conservation des bons de transport et
bordereaux d’achats) et donc permet une augmentation de la valeur ajoutée. La démarche
qualité est renforcée par des contrôles sanitaires et de production fréquents ainsi que par la
présence obligatoire depuis 2002 d’un étiquetage spécifiant le mode de production et l’origine
géographique des produits vendus (cf. étiquette annexe 1). Le centre de débarque participe
ainsi à la promotion de trois labels : Coquilles St-Jacques de Normandie (premier Label
Rouge décerné à un produit de pêche), Bar de Ligne de Normandie et Moules de Barfleur.
Figure 4 : les labels appliqués au centre de débarque de Barfleur. Source : www.nfm.fr
Figure 3 : La pêche au
bar dans l’Est Cotentin
se superpose au
gisement de moules de
Barfleur.
Source : www.nfm.fr
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Les pêcheurs adhérant au label doivent respecter un cahier des charges strict illustré par
l’exemple de la Moule de Barfleur. Depuis l’an 2000, n’obtiennent l’appellation « moules de
Barfleur » que les moules provenant du gisement de Barfleur ou de ceux du Moulard et de
Réville situés un peu plus au sud (cf. carte marine annexe 3). Tous ces gisements sont situés
en zone A du contrôle de salubrité c’est-à-dire que les coquillages récoltés peuvent être remis
à la consommation directe du public. Les moules doivent obligatoirement transiter par le
centre de débarque de Barfleur après être passées en bassin de dessablage de une à cinq
heures en fonction du type de sédiment et de la zone de pêche. Ce procédé évite tout risque de
moule « croquante » à la consommation. Les moules sont triées sur les bateaux et celles de
moins de 40mm de long sont rejetées à la mer. Le label certifie aussi une quasi-absence de
pinnothères (petits crabes).
Ainsi, la construction du centre de débarque est justifiée par toute une série de paramètres
plus ou moins importants et de différente nature. La deuxième partie s’attache à la réalisation
du projet en lui-même, des financements à la construction.
II- Un projet né de la volonté de la mairie de conserver l’image du port
A- Un aménagement « prototype » sur le sol français, qui induit des financements
particuliers
L’aménagement du centre de débarque n’a coûté en tout et pour tout à la mairie de
Barfleur que 8000€ passés en frais de dossiers, de banque, etc. La totalité des financements
provient des aides départementales (12,5%), régionales (12,5%), étatiques (25) et européennes
(50%) qui furent en partie impulsées par le caractère novateur de cet aménagement sur le sol
français. L’aide départementale permet de montrer que le Cotentin n’est pas oublié dans le
Manche. L’aide de la région est appuyée par la COREMODE (commission régionale de
modernisation et de développement de la flotte de pêche artisanale et des cultures marines) et
la CORECODE (commission régionale pour l’amélioration des conditions de débarquement
des produits de pêche). L’aide de l’Etat provient du ministère de l’Agriculture, de
l’Alimentation, de la Pêche et des Affaires rurales. L’aide communautaire entre dans le cadre
de la Politique Commune de Pêche (PCP) et vient du programme IFOP (Instrument Financier
d’Orientation de la Pêche) qui fait partie de l’Agenda 2000 et s’occupe de la distribution de
fonds structurels pour la pêche en fonction des dépendances des régions et du développement
de chacune sur la période 2000-2006. La convention n°507/2004 de la Direction Régionale
des Affaires Maritimes de Haute-Normandie (qui supervise les négociations) engage la mairie
a achevé les travaux dans un délai de deux mois après accusé de réception de la signature de
la convention pour pouvoir bénéficier de l’aide IFOP. Cette aide se fait donc par
remboursement des frais de construction déclarés dans la convention, d’où les frais de banque
finaux à la charge de la commune de Barfleur. Le montant éligible des travaux était de 807
822€ et le montant réalisé s’est élevé à 812 092€. La construction commencée le 29 novembre
2004 était à achever dans les dix-huit mois et pris fin le 30 juin 2005, Barfleur a donc pu
bénéficier de l’aide européenne.
B- Les contraintes dans le choix du terrain
Le choix du terrain ne s’est pas effectué sans se heurter à quelques difficultés comme
l’étroitesse de la commune de Barfleur qui ne s’étend que sur 0,6 km². Les quais ne
présentaient pas assez d’espace pour accueillir la structure, mais le bâtiment ne devait pas se
trouver à plus de 150m du port pour être conforme aux normes sanitaires. Le premier maître
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d’ouvrage potentiel était la Communauté de Communes du Val de Saire, dont fait partie
Barfleur, et a acheté des terrains proches de la base conchylicole (bassins de dégorgement des
moules) existante. Le propriétaire avait posé la condition sine qua non que tous ses terrains
(en majorité marécageux donc inutilisables) lui soient achetés. La commune de Barfleur a
racheté les terrains (25 000m²) à la Communauté de Communes qui lui a délégué le projet
pour que les aides financières soient plus conséquentes. Elle a aussi bénéficié du procès de la
COOPEBA (coopérative maritime qui louait la base conchylicole à la Communauté de
Communes mais ne payait pas le loyer) qui lui a permis de récupérer les terrains de la base à
son compte. Le terrain retenu se trouve à proximité immédiate de la base ce qui permet un
accès facile grâce à la route déjà existante.
Figure 5 : Photographie du
cadastre PARISSE D. 2009
Légende :
Vert : terrain retenu
pour le centre
Jaune : terrain de la
base conchylicole
Bleu : route préexistante
C- Réalisation d’un bâtiment fonctionnel
Le village de Barfleur est un site inscrit depuis 1988, ce qui lui garantit une protection
architecturale mais contraint à se référer à l’accord d’un Architecte des Bâtiments de France
(BAT) pour toute modification du périmètre et de ses abords (loi du 2 mai 1930 intégrée au
Code de l’Environnement). Le permis de construire pour un bâtiment à simple rez-de-
chaussée d’environ 500m² fut délivré le 25 février 2004 en règle avec le code de l’urbanisme,
le Plan d’Occupation des Sols de 1981, la loi de 1913 sur les monuments historiques et
l’accord du BAT. Des annonces ont été passées dans les journaux Ouest-France et La presse
de la Manche pour trouver des entreprises (la société TPC fut retenue pour le terrassement, St-
Eloi pour la charpente métallique, DECTA pour la sécurité….). Le tout premier aménagement
a été de mettre le fil d’eau du ruisseau situé au nord du terrain à 2,50m pour pouvoir faire les
terrassements sur le terrain marécageux.
La fonctionnalité du bâtiment permet aux produits débarqués de ne pas croiser les produits
retravaillés lors de leurs entrées et sorties respectives. Le centre de débarque présente la
possibilité d’un stockage en froid positif, une pesée, un quai pour accueillir deux semi-
remorques simultanément, un atelier collectif pour l’expédition des moules. C’est un bâtiment
de tri, lavage, conditionnement, stockage, négoce mais pas de décorticage, filetage, etc. La
construction finale est à raccorder au réseau d’assainissement de la Communauté de
Communes du Val de Saire.
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Figure 6 : Plan de masse du centre de débarque, modifié
par PARISSE D. 2009
Figure 7 : Plan du bâtiment du centre de débarque, modifié
par PARISSE D. 2009
Grâce à des dynamiques de différente nature, aussi bien financières qu’architecturales, etc.
le centre de débarque a vu le jour sur la commune de Barfleur. Comment fonctionne-t-il et
quelles conséquences ont pu être observées ?
III- Mode de gestion, et conséquences pour la commune
A- Autogestion des professionnels sous la surveillance de la CCICC
Le centre fonctionne sur un principe de fermage de la Chambre de Commerce et
d’Industrie de Cherbourg-Cotentin (CCICC) qui l’exploite en relation avec les pêcheurs. Le
gestionnaire (CCICC) veille à la tenue du centre et à la traçabilité interne des produits (cf.
annexe 2) et les exploitants (professionnels) sont responsables de la manipulation (tri et
conditionnement). Ces derniers sont en autogestion et doivent s’acquitter d’une cotisation
annuelle auprès de la mairie de Barfleur pour avoir accès au centre par le biais d’un passe
magnétique. Ceci concerne à l’année une vingtaine de pêcheurs de Barfleur et St-Vaast. De
plus, un passe est mis à la disposition des acheteurs qui viennent récupérer leurs produits
manufacturés sans briser la chaîne sanitaire. Le centre de marée de Cherbourg se charge du
transport des produits destinés à la vente aux enchères en son sein.
Figure 8 : Atelier collectif de conditionnement des
moules. Source : www.région-basse-normandie.fr
Figure 9 : L’expédition des produits finis vers le
centre de marée de Cherbourg. Source : www.région-
basse-normandie.fr
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Figure 8 : Ensablement du ruisseau par les écoulements
en provenance du centre de débarque. PARISSE D. 2009
Le bâtiment n’appartient pas au concessionnaire du port mais à la commune de Barfleur
(actuellement les deux sont confondus). Si le solde d’exploitation est positif la CCICC
conserve les bénéfices nets entre 0 et 10 000€ Hors Taxe et le reste est versé à la commune de
Barfleur. Si le solde est négatif la CCICC comble le déficit jusqu’à 10 000€ et Barfleur le
reste. Les frais des pêcheurs sont revus à la hausse ou à la baisse en fonction. Le centre de
débarque est intégré dans le budget communal relatif au port pour une meilleure gestion bien
qu’il ne soit pas dans la zone portuaire. La valeur annuelle des produits qui transitent par le
centre est estimée à environ 4 millions d’euros (2000 tonnes de moules, 700 tonnes de
poissons, 200 tonnes de St-Jacques et 100 tonnes de crustacés). La production est tributaire du
TAC (Total Admissible de Capture) calculé chaque année pour chaque espèce ainsi que de la
variation de la période d’ouverture des gisements dans un souci de contrôle des ressources. Il
faut noter une complémentarité des saisons pour la pêche des moules et celle des coquilles St-
Jacques : l’une de mai à novembre en gros et l’autre de novembre à mai, ce qui est un
avantage pour l’exploitation du centre.
B- Un aménagement qui autorise la naissance de nouveaux projets malgré des débuts
compliqués
Le fonctionnement du centre a connu quelques dommages du fait de certains problèmes au
moment de la construction. Par exemple, en septembre 2005, la dalle de fondation s’est tassée
ce qui affecte l’écoulement des eaux, remet en cause la question sanitaire et donc
l’exploitation directe du centre. Le problème fut cependant vite résolu. Le bilan de juillet
2006 ne semble pas encourageant, il dénonce pour les producteurs un surcoût de livraison, et
des difficultés à ajuster les quantités pêchées et de glace nécessaire (la perte par fusion est
importante lors du transfert et du
stockage) ce qui amène des contraintes
logistiques au centre de marée. Il faut
attendre 2007 pour pouvoir demander
des subventions pour la mise en place
d’un silo à glace à Barfleur, visant à
éviter le problème de
l’approvisionnement depuis Cherbourg.
Malgré l’attestation de non-impact sur
l’environnement rédigée en septembre
2006 par le maire de la commune, il est
à noter que les résidus (sable,
algues….) rejetés par le centre sont en
train de boucher le ruisseau attenant (cf.
photo ci-contre).
A l’échelle de la commune l’acquisition des terrains, à cheval sur Barfleur et Gatteville, a
contribué à un agrandissement relatif Barfleur qui possède maintenant des terrains enclavés
dans le parcellaire de la commune voisine. Barfleur est ainsi devenu propriétaire de la route
sortant de la base conchylicole vers le nord et à en projet de l’agrandir pour faciliter le
passage des semi-remorques qui ne passeront plus par le centre du village. Débarrassé du
trafic (à l’exception des camionnettes privées), celui-ci pour se consacrer pleinement au
développement de l’activité touristique sur les quais.
Figure 10 : Ensablement du ruisseau par les écoulements
en provenance du centre de débarque. PARISSE D. 2009
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Figure 11 : Situation du centre de débarque au sein de Barfleur et nouvelles dynamiques associées. PARISSE D.
2009 sur fond google earth
C- Une certaine reconnaissance du centre valorise l’esprit d’initiative de Barfleur
La fin des travaux du centre fut immédiatement suivie d’un courrier de la circonscription
Hygiène Alimentaire de Cherbourg adressé à l’ensemble des pêcheurs de coquillages du
Cotentin. Cette lettre spécifiait que ne pouvaient être portés à la consommation seulement les
coquillages provenant de centres d’expéditions agréés en conditionnement identifié par
marquage sanitaire (hors conditionnement à bord). Ceci marquait le début de la
reconnaissance de l’intérêt du nouvel aménagement de Barfleur : les pêcheurs de St-Vaast
adhérant au label Bar de Ligne viennent y débarquer ce qui augmente bénéfices de Barfleur en
matière de cotisations. L’intérêt pour la pêche locale fut confirmé avec la nouvelle
réglementation sanitaire obtenu en 2007 par la CCICC, permettant la vente et l’expédition
directe des coquillages depuis le centre, sans passer par Cherbourg.
L’attractivité du centre n’est pas simplement locale. Il est reçu la visite de Mme Ameline
du Conseil Général de Basse-Normandie le 21 février 2009 peu après celle, le 12 du même
mois du Commissaire européen à la Pêche et aux Affaires Maritimes, Joe Borg. Enfin, pour
intégrer le centre à la vie touristique et illustrer son authenticité, la commune en organise tous
les vendredis une visité guidée par l’office du tourisme.
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CONCLUSION
Dans cette étude, les enjeux, atouts et dynamiques de la construction d’un centre de
débarque des produits de pêche ont été successivement développés et ont permis de mettre en
avant la volonté de la commune de Barfleur de revaloriser la pêche locale en mettant à la
disposition des professionnels un outil utile pour le travail de la production et permettant
d’augmenter la qualité et par là même la valeur ajoutée des produits finis. Cet aménagement,
qui donne la possibilité de dévier les véhicules de transport aux limites du village, s’inscrit
dans une logique de restructuration globale du port où tourisme et pêche sont confondus, voire
complémentaires (la commune base son attractivité touristique sur le respect des traditions en
même temps qu’une partie de la production est consommée par les visiteurs). Cependant, la
situation actuelle de la pêche normande (difficultés à renouveler la flotte ; pénurie de
matelots ; réglementations européennes ; augmentation des frais d’exploitation…) peut
amener à se poser des questions pour l’avenir de ce bâtiment : quelle sera sa durée de vie ?
Créé pour sauver la pêche de l’Est du Cotentin, ne sera-t-il pas victime de son déclin
progressif si rien n’est engagé pour contrebalancer le phénomène ?
Figure 12 : Schéma de synthèse de l’intérêt du centre de débarque de Barfleur sur la dynamique de la pêche
locale. Conception et réalisation : PARISSE D. 2009
Bibliographie :
Académie des Sciences, Déc 2003, Exploitation et surexploitation des ressources marines
vivantes, Rapport sur la science et la technologie n°17, Ed. Tec & Doc / Lavoisier, 503 pages
Buléon P., 2006, Atlas de la Basse-Normandie, Ed. Autrement, 120 pages
Chaussade J. & Guillaume J. (textes réunis), 2006, Pêche et aquaculture – Pour une
exploitation durable des ressources vivantes de la mer et du littoral, Ed. Presses universitaires
de Rennes, 559 pages.
Cury P. & Miserey Y., 2008, Une mer sans poissons, Ed. Calmann Lévy, 283 pages
Frémont A., 2005, Géographie et action – Aménagement du territoire, Ed. Arguments, 218
pages
Sitographie :
www.peche-cherbourg.com
www.cr-basse-normandie.fr
www.basse-normandie.ecologie.gouv.fr
www.nfm.fr
www.manchenautisme.com
www.senat.fr/questions/base/1990/qSEQ900710828.html
www.ifremer.fr
Autres sources :
Dossiers du centre de débarque de la mairie de Barfleur
Entretien avec M. Savres, adjoint au maire lors de la réalisation du projet
Entretien avec M. et Mme Lapie, marins-pêcheurs
Cahier des charges Normandie Fraîcheur Mer – Moule de Barfleur
Documents annexes
Annexe 1 : Etiquette personnelle du pêcheur pour un meilleur suivi des produits
Annexe 2 : document de traçabilité des produits du centre de débarque. Source : cahier des
charges NFM Moule de Barfleur
Résumé : Ce dossier s’emploie à expliquer les raisons, objectifs et enjeux qui ont amené à la
construction d’un bâtiment fonctionnel (centre de débarque de la pêche) dans un petit port de
la côte Est du Cotentin qui se révèle avoir des atouts majeurs face à l’accueil de cette
structure, malgré certaines difficultés quant au choix du terrain. Cet aménagement fut réalisé
dans une optique de revalorisation de la pêche et a curieusement des retombées sur
l’économie touristique du village de Barfleur.
Mots Clés : Valorisation de la pêche ; Port ; Financements Européens ; Centre de débarque ;
Traçabilité ; Autogestion ; Tourisme
Page de garde : photos Parisse D. 2009 & www.payscotentin.fr