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ISSN 0223-7741 Le Bièvre Tome 23 - Année 2009 Etude et protection des oiseaux mammifères reptiles amphibiens Centre Ornithologique Rhône-Alpes CORA Faune Sauvage ISSN 0223-7741 « Migrations »

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ISSN 0223-7741

Le BièvreTome 23 - Année 2009

Etude et protection des oiseaux mammifères reptiles amphibiens

Centre Ornithologique Rhône-Alpes CORA Faune Sauvage

ISSN 0223-7741

« Migrations »

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Le Bièvre

Revue éditée par le Centre Ornithologique Rhône-Alpes

CORA Faune SauvageMaison Rhodanienne de l’Environnement32, rue Sainte Hélène 69002 LyonTél. 04 72 77 19 84 - [email protected] internet : www.corafaunesauvage.fr

Rédactrice en chef : Marie-Paule de Thiersant

Comité de rédaction : Marie-Paule de Thiersant

Traduction anglaise : Jonathan Jack

Comité de relecture : Alain Ladet, Georges Olioso, Anne-Marie Trahin, Gilles Barnouin

Mise en page : Pascale Bellier

Photos de couverture : cigogne blanche, Andance © Vincent Palomares ; noctule commune © Yoann Peyrard ; crapauds communs © Hervé Coffre.

Impression : Imprimerie Notre-DameImprimé sur papier recyclé 100 % avec des encres à base végétale.

ISSN 0223-7741

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Le BièvreTome 23 - Année 2009

Etude et protection des oiseaux mammifères reptiles amphibiens

Centre Ornithologique Rhône-Alpes CORA Faune Sauvage

Maison Rhodanienne de l’Environnement32 rue Sainte Hélène 69002 LYON

Tél : 0472771984 - Fax : [email protected]

www.corafaunesauvage.fr ISSN 0223-7741

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

Hommage

Anna Giordano

Gilbert Duc

Nous dédions cet ouvrage à une femme ornithologue sicilienne, Anna Giordano, qui se bat sur les couloirs migratoires du détroit de Messine pour que ces beaux Rapaces ne subissent plus les tirs nourris des chasseurs siciliens et calabrais.

Nous rendons aussi hommage à Gilbert Duc qui nous a quitté cette année 2009. Il a été une grande figure de l’action militante à l’Escrinet. Ce travail sur la migration est aussi le résultat de son combat et nous sommes fiers de présenter cet héritage.

Circaète Jean-le-Blanc © Guillaume Allemand

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

Editorial par Guy JARRY

Grues cendrées © Jean Neyret

Depuis fort longtemps, le phénomène de la migration des oiseaux suscite la curiosité et anime les ornithologues qu’ils soient ama-teurs ou chercheurs scientifiques. C’est au cours de la seconde moitié du XXè siècle que les études et recherches scientifiques se sont multipliées et ont ainsi permis l’approfondis-sement de nos connaissances sur les migra-tions. Pratiqué dans la plupart des pays du monde, le baguage des oiseaux a largement contribué à la découverte de la nature et de l’ampleur des déplacements migratoires.

Mais, il y a encore quelques décennies, la mi-gration prénuptiale ne se traduisait, au mieux, que par des calendriers d’observations des premiers arrivants, le déroulement ultérieur de la migration ne faisait pas encore partie des préoccupations et demeurait largement ignoré. Quant à la migration postnuptiale qui débute au milieu de l’été pour s’achever en novembre, mieux cernée parce que plus démonstrative et objet d’enjeux cynégéti-ques pour certaines espèces, sa phénomé-nologie n’a commencé à être véritablement appréhendée que depuis quelques décen-nies. En effet, effectuées dans des lieux de passages obligés comme les traits côtiers et les caps (cap Gris-Nez par exemple), les cols

de montagne, les observations quotidiennes pendant plusieurs mois et répétées chaque année rendent compte de la nature des flux migratoires. Observons que plusieurs sites d’observation de la migration des oiseaux ont vu le jour sur un fond de conflit souvent âpre avec le monde des chasseurs ou des braconniers aux pratiques excessives ou scandaleuses. Les suivis migratoires dans les cols du Pays Basque, à Leucate dans l’Aude, à la Pointe de Grave en Gironde ou encore au col de l’Escrinet en Ardèche en sont les plus emblématiques exemples.

L’observation du passage des migrateurs ne capte que la partie diurne et visible des vols d’oiseaux. Par très beau temps, les oiseaux diurnes peuvent parfois migrer à des altitu-des telles qu’ils se placent hors de la portée visuelle des ornithologues tandis qu’échap-pent totalement aux observateurs les espè-ces au comportement migratoire nocturne que seul un système de radar adapté est en mesure d’appréhender. Il convient de souli-gner que la migration nocturne n’est possible que dans des conditions atmosphériques fa-vorables (ciel dégagé, vents faibles ou nuls) ; en général, elle se montre 10 fois supérieure en effectif à celle que l’on observe le jour.

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

Au début des années 1990, chaque Etat de l’Union Européenne fut invité à définir la chronologie de la migration prénuptiale des oiseaux migrateurs chassables afin de répon-dre le plus précisément possible au principe de la Directive-Oiseaux visant l’évitement, par la chasse, des espèces sur leur trajet de retour vers leur lieu de nidification. Les experts ont éprouvé bien souvent beaucoup de difficultés pour rassembler les données nécessaires qui, pour certaines espèces, se sont avérées singulièrement fragmentaires.

Observer la migration des oiseaux tant en période prénuptiale que postnuptiale, de manière continue et selon des protocoles bien établis pourrait apparaître comme rele-vant d’une démarche superflue. En quelque sorte observer les oiseaux pour le plaisir. Rien n’est moins vrai ! Collecter sur le long terme et selon des méthodes standardisées et des protocoles harmonisés des séries de données sur ces phénomènes migratoires rend compte pour chaque site de la spéci-ficité de sa fréquentation par les oiseaux de passage, d’en déterminer la chronologie, la phénologie, l’importance des flux et leur variabilité dans le temps. C’est précisément sur le long terme et par la multiplication des sites d’observation que se dégagent les réel-les tendances évolutives du niveau d’abon-dance des migrateurs et ce, malgré les inévi-tables fluctuations interannuelles.

Outre l’amélioration particulièrement signifi-cative des connaissances sur les migrations d’oiseaux, ces opérations de surveillance et de suivi de la migration deviennent au fil des années de véritables instruments de mesure de l’état de santé des populations qui pour-raient éventuellement conduire à un « suivi temporel des oiseaux migrateurs » à l’instar du STOC-EPS.

La France compte actuellement 48 sites de suivi de la migration pré ou postnuptiale dont les données sont rassemblées ou en voie de dépôt auprès de la mission migration placée sous l’égide de plusieurs associations et un pilotage pris en charge par la LPO. La base de données (voir le site Internet www.migraction.net) porte actuellement sur près de 50 millions d’oiseaux !

Exercer le suivi de la migration sur ces sites est désormais une activité professionnelle à part entière requérant de véritables experts de l’observation des oiseaux. Il importe en effet que, outre dotés d’une excellente acui-té visuelle, les spotteurs* sachent à la fois reconnaître les espèces – le plus souvent

par leur seule silhouette, leurs cris, la nature de leur vol - dénombrer les individus, les vols, consigner ces observations par tranche temporelle ainsi que bien d’autres paramè-tres utiles à la compréhension du phéno-mène migratoire. Lorsque la migration est intense, de tels talents se trouvent mis à rude épreuve. Comme le suivi de la migration dure plusieurs mois d’affilée et que les protocoles impliquent une vigilance constante du matin au soir, ce qui pourrait sembler un plaisir de-vient une activité que je n’hésite pas à qua-lifier d’héroïque sachant que les spotteurs, heureusement soutenus par leur passion et leur exaltation, doivent affronter le froid, la chaleur, les précipitations de neige, de grêle, de pluie, le vent, le brouillard, le givre, etc.

Ce numéro spécial du Bièvre dévolu aux résultats des suivis de la migration sur 8 sites dans la région Rhône-Alpes montre le formidable dynamisme qui anime le CORA Faune Sauvage et les associations qui lui sont alliées. Sans compter le Col du Colombier dont on ne peut que regretter le caractère sporadique du suivi de la migration prénup-tiale et dont les résultats ne figurent pas dans ce numéro, la région Rhône-Alpes compte à elle seule 17 % des 48 sites français de suivi de la migration. L’observation quotidienne de la migration prénuptiale qui porte sur cinq sites est ici exceptionnelle puisque cette spécialité n’est partagée qu’avec la seule Pointe de Grave. Mais c’est seulement au col de l’Escrinet que les observateurs sont présents dès la dernière décade de janvier afin de rendre compte de la migration la plus précoce.

Le lecteur découvrira également dans ce numéro spécial des considérations générales sur la migration tant des vertébrés que des invertébrés, des articles sur les mouvements de amphibiens et des reptiles, sur ceux des chiroptères.

Nul doute que, dans ce numéro du Bièvre, chacun découvrira avec beaucoup d’intérêt ces bilans très riches montrant que le phé-nomène de la migration, tout en livrant ses secrets, doit continuer à retenir toute notre attention.

* néologisme utilisé dans le cercle des ornithologues pour désigner les observateurs de la migration. Ce ter-me est issu du nom anglais « spotter » réservé aux spé-cialistes de l’observation des différents types d’avions et de leurs photographies à travers le monde.

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Résumé : En 2008, le CORA Faune Sauvage a assuré le suivi de la migration prénuptiale sur le site du col de l’Escrinet du 22 janvier au 23 mai soit 123 jours consécutifs et la période la plus longue depuis le début des comptages dans les années 1980.

Ce site est réputé pour ses bonnes conditions d’observation quand le temps s’y prête. Il est aussi malheureusement réputé pour le bracon-nage des pigeons ramiers et, en 2008, ces actes illégaux se sont encore perpétrés.

109 espèces ont été contactées cette année ; les résultats par espèces montrent de bons effectifs pour plusieurs rapaces (milan noir, busard cen-dré, busard des roseaux) et un passage plus fai-ble pour la bondrée apivore, le milan royal et la buse.

Les effectifs sont bons pour le pigeon ramier et dans la moyenne pour les Passereaux. A noter un passage record de tarins des aulnes (23 000). Avec une proportion de plus de 89 % les Passe-reaux restent le groupe nettement majoritaire.

60 espèces présentant un flux réellement continu (contactées au moins trois jours consécutifs) ont été enregistrées.

La sensibilisation et l’animation dans le cadre de « Tête en l’air » prennent au fil des ans une part essentielle dans l’organisation du suivi assurée par le CORA Ardèche.

Abstract : In 2008, the recording of the Spring migration at the Escrinet Pass took place over a period of 123 days - the longest period since the beginning of the Spring counts there in the early 1980s.

This site is famous for its good conditions for mi-gration watching. It unfortunately also has a re-putation for the poaching of Wood Pigeons, and these illegal acts continued in 2008.

109 species were recorded and the results for each species reveal good numbers of several birds of prey (Black Kite, Montagu’s Harrier and Marsh Harrier), but lower figures for Honey Buzzard, Red Kite and Buzzard.

There was a good return migration of Wood Pigeon, and an average one for passerines in general, with record numbers of Siskin (23,000). At over 89 % of the total number of birds recorded, passerines remain by far the largest group. 60 species with uninterrupted passage (sightings on at least 3 consecutive days) were recorded.

Finally, informing and entertaining the general public (the «Head in the Clouds» operation) have gradually come to assume a key rôle in the organi-sation of the recording by CORA-Ardèche.

Col de l’Escrinet (Ardèche)

Nicolas DUROURE

Photo : Site de L’Escrinet © CORA Faune Sauvage

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

Présentation du site

Le Col de l’Escrinet est situé en limite des communes de Saint-Etienne-de-Boulogne et de Saint-Priest (Ardèche, France). Il est accessible par la RN304 reliant Privas à Aubenas. Le point d’observation est sur le col, le long de la route touristique du Coiron en direction du village de Freyssenet.Le site se trouve au sein d’une ligne de crêtes axées sud-est/nord-ouest (obstacle perpen-diculaire au sens de migration), partant du Coiron et arrivant au mont Gerbier de Jonc, qui culmine à 1 551 m d’altitude. Le col de l’Escrinet représente un passage favorable de plus faible altitude (787 m). Le large panorama bloqué au sud par le mas-sif du Coiron, s’ouvre sur la plaine d’Aubenas, puis sur le massif du Tanargue vers l’ouest. Le site est suivi durant la période prénuptiale.Orienté dans l’axe de migration de retour des oiseaux (sud-ouest/nord-est), ce site permet d’observer facilement le flux migratoire. De nombreux oiseaux sont contactés de-puis ce col, une partie s’engouffre dans les vallées voisines mais la majorité d’entre eux franchit réellement le col de l’Escrinet. Ce phénomène est accentué par vent du nord ; les oiseaux se protégeant du vent contraire, survolent le relief à basse altitude et fran-chissent les obstacles par les cols les plus bas. On observe alors les oiseaux dans d’ex-cellentes conditions avec une très grande proximité.A l’inverse, par vent portant (sud), le relief n’est plus un obstacle. Le front de passage est donc très élargi car les oiseaux montent facilement en altitude. Le nombre et la qua-lité des observations sont donc plus faibles.Sur ce site réputé depuis les années 1980, plus de 180 espèces d’oiseaux migrateurs ont été recensées. Parmi elles, les presti-gieux grands planeurs : balbuzards, milans, busards, mais aussi l’emblématique pigeon ramier et les très nombreux passereaux qui font de l’Escrinet l’un des meilleurs sites printaniers pour leur observation (pinson des arbres, hirondelles, …).Le comptage est réalisé depuis le terrain de la Fondation Franz Weber situé au centre du col de l’Escrinet. Le CORA Faune Sauvage et le CORA Ardèche réalisent le suivi scientifi-que et l’accueil du public au quotidien et lors des journées « Tête en l’air ». La situation du col sur une voie de circulation très fréquen-tée permet de toucher un public nombreux

(population locale, visiteurs nationaux et in-ternationaux). Certains connaissent le lieu et viennent observer ou découvrir la migration ; d’autres s’arrêtent pour le paysage et sont attirés par les ornithologues qui peuvent alors présenter, faire découvrir et partager leur travail.Le site est suivi depuis le début des années 80. Ce suivi, organisé pour son intérêt scien-tifique et pour participer à la lutte contre le braconnage, a été interrompu de 1994 à 2002, suite aux conflits avec le monde de la chasse. Depuis 2002, le suivi ornithologi-que a repris avec les opérations d’animation et de sensibilisation. La durée du camp qui concernait en 2002 le seul mois de mars, s’est accrue progressivement pour aboutir en 2008 à 123 jours (22 janvier au 23 mai).

Le suivi de la migration en 2008

Le CORA Faune Sauvage a salarié trois orni-thologues du 22 janvier au 23 mai (Philippe Descolonges, Nicolas Duroure et Olivier Ho-riot). Ils ont assuré un suivi permanent de la migration sur cette période. Un gîte loué sur la période à proximité du col, assure un lo-gement aux salariés et permet l’accueil des bénévoles souhaitant s’investir dans l’étude. Comme chaque année, des dizaines de bé-névoles ont apporté une aide appréciée et indispensable pour le bon fonctionnement du camp.Sur les 123 journées de suivi réalisées par les trois permanents, plusieurs journées de for-tes pluies et/ou de brouillard ont interrompu partiellement ou complètement le comptage (du 24 au 26/02, le 05/03, du 8 au 11/04, le 17/04 et le 15/05).Ce suivi est le plus long réalisé et représente un total de 1 298 h (moyenne de 10,5 h par jour).

Les résultats par groupes d’espèces

Rapaces

Globalement, cette année, le passage de rapaces est plutôt bon avec des disparités d’une espèce à l’autre.Effectifs importants pour le milan noir (2 996), le busard cendré (23), le busard des roseaux (496), l’épervier d’Europe (612), le balbuzard pêcheur (134), les faucons émerillon (28), crécerelle (554) et hobereau (56).

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Les sites de suivi de la migration en Rhône-Alpes

Effectifs moyens pour le circaète Jean-le-Blanc (47).Effectifs faibles pour la bondrée apivore (1 372), le milan royal (149), la buse variable (864).Les faits marquants pour les rapaces cette année sont le passage d’une femelle de bu-sard pâle (observation en attente d’homo-logation) et l’afflux important de 7 faucons kobez (présence remarquée cette année de cette espèce dans toute la région).

Colombidés

Un bon passage pour le pigeon ramier (11 795), mais des chiffres toujours faibles pour le colombin (122) et la tourterelle des bois (67).

Autres

Effectifs importants pour le grand cormoran (3215) et le goéland brun (39).Effectifs moyens pour les cigognes blanches (53) et noires (23).Effectifs faibles pour la grue cendrée (61), la mouette rieuse (622) et le martinet noir (7 637).A noter l’apparition d’un flamant rose (ob-servation en attente d’homologation), de 4 sarcelles d’été (deuxième observation après celle de 2005) et d’un pluvier doré (première mention en migration diurne (cris nocturnes en 1985).

Passereaux

Concernant les passereaux d’une manière générale, pour de nombreuses espèces, les chiffres sont dans la moyenne. Les effectifs sont faibles pour les hirondelles de fenê-tre (2 602) et rustique (14 527), le pipit des arbres (125), le pinson du nord (151) ou le bruant jaune (88) et plutôt bons pour l’ac-centeur mouchet (235), la fauvette à tête noi-re (416), le roitelet huppé (145), la mésange bleue (1517), le pinson des arbres (16 2312), le chardonneret élégant (8 740) et le bruant des roseaux (956).Le fait majeur est le passage record de plus de 23 000 tarins des aulnes.

Les espèces observées en 2008

Cette année 304 552 oiseaux concernant 109 espèces ont été contactés en migration active diurne.La présentation de la répartition des effec-tifs par groupes (ou « familles ») permet une comparaison aisée d’une année sur l’autre sur l’évolution des effectifs. Ainsi, les grou-pes sont ceux repris classiquement dans les études ornithologiques : Ardéidés, Anatidés, Rapaces, Limicoles, Laridés, Colombidés, Passereaux, et autres non-Passereaux.

Tableau 1 : Effectifs comparés par groupes d’espèces en 2008

Figure 1 : Répartition des effectifs par groupes d’espèces

Le site est très favorable à la concentration des passereaux, ce groupe représente donc la majorité des oiseaux dénombrés (89 %). Parmi eux le pinson des arbres (162 312 indi-vidus, 53 %) est l’espèce majoritaire et, cette année, un afflux inédit de tarins des aulnes (23 588 individus, 8 %) place cette espèce en deuxième position.On trouve également une proportion impor-tante pour l’hirondelle rustique (14 527 in-dividus, 4,77 %) malgré les faibles effectifs

Total Taux

Ardéidés 36 0,01 %

Anatidés 4 0,001 %

Rapaces 7464 2,45 %

Limicoles 1 0,0001 %

Laridés 681 0,22 %

Colombidés 12490 4,10 %

Passereaux 272082 89,35 %

Autres 11754 3,85 %

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de cette année et l’étourneau sansonnet (12 974 individus, 4,26 %)Les groupes des Ardéidés, Anatidés, Limico-les et dans une moindre mesure les Laridés (681 individus, 0,22 %) sont très nettement sous représentés. Ceci s’explique par l’ab-sence de milieu favorable aux espèces à affi-nité aquatique et par l’aptitude de la plupart de ces espèces à migrer de nuit.Parmi les Colombidés, le pigeon ramier (11 795 individus, 3,8 % du total des migra-teurs mais 94,4 % du groupe) est l’espèce majoritaire.Parmi les Rapaces le milan noir est l’espèce la plus commune (2 996 individus, 40,1 % des effectifs du groupe) suivi par la bondrée apivore (1 372 individus, 18,4 % des effectifs du groupe).Sont également bien présents la buse va-riable (864 individus, 11,6 % du groupe) et l’épervier d’Europe (612 individus, 8,2 % du groupe).Diverses espèces n’ont été notées que ponc-tuellement sur le site à une ou quelques reprises, mais jamais de manière continue sur la migration. Nous avons déterminé 60 espèces qui ont présenté un flux réellement continu sur le site (contactées au moins trois journées consécutives, en tenant compte d’éventuelles journées sans observateur et/ou avec conditions météorologiques défavo-rables). Ceci représente près de la moitié du nombre total d’espèces contactées.

Tableau 2 : Espèces présentant un flux migratoire réel en 2008

Comme pour les effectifs, les passereaux représentent pour les espèces montrant un flux continu, le groupe majoritaire (37 espè-ces sur 60). On retrouve ici également les espèces prioritaires du site (pinson des ar-bres, tarin des aulnes, hirondelle rustique, étourneau sansonnet) et les espèces clas-siques que l’on observe fréquemment sur les sites de migration de la région (cigogne, rapaces, pigeon ramier, mouette rieuse, mar-tinet noir).

Conclusion

2008 est la septième année de suivi consé-cutive de la migration sur le col de l’Escrinet après l’interruption des comptages de 1994 à 2002. L’allongement de la période de suivi (du 22 janvier au 23 mai) a permis de suivre en qua-si-totalité la période de migration prénup-tiale. La continuité de ce suivi sur une longue période est la garantie de pouvoir observer l’apparition d’éventuels changements de comportement des oiseaux vis-à-vis des mo-difications climatiques.Parallèlement à ce suivi scientifique, la partie animation et sensibilisation prend une place de plus en plus prépondérante dans l’orga-nisation du camp. Cette voie est bien sûr à développer et à encourager. Le développe-ment du réseau « Tête en l’air », coordonné régionalement par le CORA Faune Sauvage et l’Union Régionale des CPIE, devrait per-mettre un accueil encore plus efficace.Cet intérêt du public et des enfants nous pousse également à regarder avec optimis-me le printemps prochain et à espérer la fin du braconnage du pigeon ramier au mois de mars.

Accenteur mouchet Alouette des champs Alouette lulu Balbuzard pêcheur Bec-croisé des sapins Bergeronnette des ruisseaux Bergeronnette grise Bergeronnette printanière Bondrée apivore Bruant des roseaux Bruant jaune Bruant zizi Busard cendré Busard des roseaux Buse variable Chardonneret élégant Choucas des tours Cigogne noire Circaète Jean-le-Blanc Epervier d’Europe Etourneau sansonnet Faucon crécerelle

Faucon émerillon Faucon hobereau Fauvette à tête noire Goéland brun Grand cormoran Grive draine Grive litorne Grive mauvis Grive musicienne Grosbec casse-noyaux Guêpier d’Europe Hirondelle de fenêtre Hirondelle de rivage Hirondelle de rochers Hirondelle rustique Linotte mélodieuse Loriot d’Europe Martinet à ventre blanc Martinet noir Mésange bleue Mésange charbonnière Milan noir Milan royal

Mouette rieuse Pigeon colombin Pigeon ramier Pinson des arbres Pinson du Nord Pipit des arbres Pipit farlouse Pipit spioncelle

Roitelet huppé Rougequeue noir Serin cini Tarin des aulnes Tourterelle des bois Tourterelle turque Verdier d’Europe

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Résumé : L’année 2008 correspond à la dixième année de suivi de la migration pré-nuptiale depuis le belvédère de Pierre-Aiguille (Commune de Crozes-Hermitage, Drôme). Deux observateurs ont été salariés pour assurer le suivi entre le 15 février et le 18 avril, correspondant à 2 000 h d’obser-vations en comptant le temps d’observation bénévole. 66 181 migrateurs, appartenant à 77 espèces différentes, ont été dénom-brés. De nombreux effectifs records ont été battus, concernant une majorité d’espèces significatives pour le site. Le grand cormo-ran, les Laridés, les Rapaces et les pigeons constituent le gros des oiseaux observés. 44 espèces ont migré de manière « réelle » sur le site cette année.

Abstract : 2008 marks the 10th year of Spring migration watching at the Pierre-Aiguille Belve-dere (Commune of Crozes-Hermitage, Drôme de-partment). Two observers from the Drôme local group of the LPO (equivalent to the British RSPB), were paid to ensure adequate coverage of the site between 15 February and 18 April. This cor-responds to 2000 hours of recording, including time given by volunteer recorders.

66,181 migrants of 77 different species were counted. Many records were broken among the majority of the important species for the site. Cor-morant, Gulls, Raptors and Wood Pigeons make up the majority of the birds recorded. 44 species were on uninterrupted passage (recorded on more than 3 consecutive days) at this site this year.

Belvédère de Pierre-Aiguille (Drôme)

Julien TRAVERSIER

Photo : Site de Pierre Aiguille © LPO Drôme

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

Présentation du site

Le belvédère est situé sur la commune de Crozes-Hermitage (Drôme, France). Il com-prend deux tables d’orientation. Le point d’observation de la migration est placé à 200 m au sud-ouest du belvédère, 10 m en contrebas du point côté 338 m. Le panorama s’ouvre à 350 degrés, depuis les montagnes du Bas-Jura / Bugey au Mont Ventoux pour toute la partie est de la sphère (en passant par le Mont-Blanc, Chartreuse, Belledonne, Oisans, Vercors, Diois et Baronnies) et pour la partie ouest de la sphère, le plateau du Vivarais, les montagnes ardéchoises (Mont Mézenc, Gerbier de Jonc) et jusqu’au massif du Pilat. Aux premiers plans, d’est en ouest se dessinent la Drôme des collines, la basse vallée de l’Isère, la plaine de Valence et la plaine de Saint-Jean-de-Muzols. Le fleuve Rhône coule en contrebas du site et son sillage se perd au sud de Valence.Le site est suivi durant la période prénuptia-le. Son intérêt pour l’étude de la migration résident dans le fait que le belvédère est si-tué au croisement de deux axes importants de migration : d’une part, l’axe « rhodanien » suivant le Rhône (qui concerne les grands cormorans, la cigogne blanche, les Laridés), d’autre part, l’axe « cévenol » (qui concerne les Rapaces, les pigeons et la cigogne noire). Par vent contraire à la direction de migration (vent de nord), les oiseaux, notamment les planeurs peuvent passer très près du point d’observation, voire en contrebas de celui-ci.Le point d’observation est situé sur une par-celle privée. La LPO Drôme obtient chaque année l’autorisation du propriétaire pour à la fois réaliser le suivi permanent et également accueillir le public lors de journées « Tête en l’air ». La proximité du belvédère permet de toucher un public large, constitué de locaux (qui connaissent pour la plupart l’intérêt du site pour l’observation des oiseaux) et de touristes venant d’horizons plus lointains. De même, le vignoble de l’Hermitage, pro-duisant un vin des Côtes du Rhône réputé, attire de nombreux visiteurs.Le site a été découvert en 1995. Assez vite, les associations locales (CORA Drôme et CPIE Drôme des Collines) initient une opé-ration grand public pour faire découvrir le spectacle de la migration en 1996 sur un week-end, puis développent en parallèle un suivi ornithologique en 1998 : c’est le début de « Tête en l’air ». Depuis, le suivi ornitho-logique s’est maintenu, même développé, la

période de suivi passant de 15 jours en 1998 à 64 jours en 2008.

Le suivi de la migration en 2008

La LPO Drôme a salarié deux ornithologues du 15 février au 18 avril (Simon Cavailles et Charles-Henri Traversier). Ils ont assuré un suivi permanent de la migration sur cette pé-riode (64 jours). De même, un gîte était loué sur la période à Crozes-Hermitage, assurant un logement de fonction aux permanents à proximité et permettant l’accueil de béné-voles souhaitant s’investir dans l’étude. Ce sont plus de 40 bénévoles qui ont apporté leur soutien et leur aide aux permanents, sur une ou plusieurs journées.64 journées de suivi ont été réalisées par les deux permanents. Les conditions météoro-logiques n’ont que peu perturbé le dérou-lement du suivi, aucune journée de blocage météo n’étant à signaler. Le nombre d’heures total d’observation, en incluant les bénévoles, s’élève à plus de 2 000 (bénévolat valorisé). D’un point de vue ornithologique, 2008 reste une année record pour de nombreuses espèces. Plusieurs espèces importantes pour le site ont vu leur record d’effectif saisonnier battu : le grand cormoran (Phalocrocorax carbo), la cigogne blanche (Ciconia ciconia), la cigogne noire (Ciconia nigra), le milan noir (Milvus migrans), le balbuzard pêcheur (Pandion ha-liaetus), le busard des roseaux (Circus aeru-ginosus) et le goéland brun (Larus fuscus).

Tableau 1 : Records battus en 2008 comparés aux anciens records

Plusieurs espèces rares au niveau régional ont été observées : aigle de Bonelli (Aquila

Espèce Effectif 2008 Précédent record

Année Effectif

Grand cormoran 21741 2007 15303

Cigogne blanche 761 2007 578

Cigogne noire 33 2007 29

Balbuzard pêcheur 155 2004 108

Milan noir 5386 2002 4430

Busard des roseaux 548 2002 475

Grue cendrée 672 2006 484

Goéland brun 1064 2007 1050

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Les sites de suivi de la migration en Rhône-Alpes

fasciata), mouette mélanocéphale (Ichthyae-tus melanocephalus), sterne caspienne (Hy-droprogne caspia), spatule blanche (Platalea leucorodia), sous réserve de leur homologa-tion par le Comité d’Homologation Régional.

Les espèces observées

77 espèces ont été contactées en migration active cette année.La présentation de la répartition des effec-tifs par groupes (ou familles ) permet une comparaison aisée d’une année sur l’autre sur l’évolution des effectifs. Ainsi, les grou-pes sont ceux repris classiquement dans les études ornithologiques : Ardéidés, Anatidés, Rapaces, Limicoles, Laridés, Colombidés, Passereaux, et autres non-Passereaux.

Tableau 2 : Effectifs comparés par groupes d’espèces en 2008

Figure 1 : Répartitions des effectifs par groupes d’espèces

Le grand cormoran (21 719 individus, 32 %) et la mouette rieuse (20 811 individus, 30 % sont les deux espèces principales obser-vées. De même, parmi les Rapaces, le milan noir est l’espèce majoritaire avec 5 386 indi-vidus comptés (59 % des effectifs du groupe, 8 % du total des migrateurs). Le site n’étant pas favorable à la concentration des passe-

reaux, il est logique que ce groupe ne repré-sente que 10 % du passage. Dans ce groupe, le pinson des arbres est l’espèce principale (2 733 individus, 41 % du groupe, mais seu-lement 4 % du total). Malgré la proximité du fleuve Rhône, les espèces d’affinité aquati-que (Ardéidés, Anatidés, Limicoles) montrent des effectifs négligeables (moins de 1 % du total), avec toutefois une diversité spécifique intéressante (15 espèces dénombrées). Cette situation pourrait trouver comme explication le caractère migratoire nocturne pour la ma-jorité de ces espèces. De plus, si certains individus migrent tout de même de jour, ils ont tendance à voler à faible altitude, pro-che du Rhône, comme les observations en aval à Meysse (Ardèche, 50 km au sud) et en amont à Andance (Ardèche, 15 km au nord) le montrent (E. Boulenc et V. Palomares, com. Pers.). Il s’agit d’une situation conforme à la période 1998 – 2006 (Traversier, 2007). Au niveau du passage horaire, le nombre to-tal d’oiseaux observés par heure est de 97 individus. En séparant les Passereaux des autres groupes, on arrive à 9 ind / h pour les Passereaux, et à 87 ind / h pour les autres groupes, confirmant le faible passage des Passereaux sur le site, en tout cas selon le protocole en vigueur.Diverses espèces n’ont été indiquées que ponctuellement sur le site à une ou quel-ques reprises, mais jamais de manière conti-nue sur la migration. Nous avons déterminé 44 espèces qui ont présenté un flux réelle-ment continu sur le site (contactées au moins trois journées consécutives, en ne tenant pas compte d’éventuelles journées sans obser-vateur et/ou avec conditions météorologi-ques défavorables). Ceci représente près de la moitié du nombre total d’espèces contac-tées.

Aigrette garzetteAlouette des champsAlouette luluBalbuzard pêcheurBergeronnette griseBusard des roseauxBusard Saint-MartinBuse variableChardonneret élégantCigogne blancheCigogne noireCircaète Jean-le-BlancEpervier d’EuropeEtourneau sansonnet

Faucon crécerelleFaucon hobereauFaucon pèlerinGoéland brunGoéland leucophéeGrand cormoranGrande aigretteGrive draineGrive musicienneGrue cendréeHéron cendréHirondelle de fenêtreHirondelle de rivageHirondelle de rochersHirondelle rustique

Total Taux

Ardéidés 151 0,22 %

Anatidés 33 0,05 %

Rapaces 9118 13,37 %

Limicoles 47 0,07 %

Laridés 22763 33,39 %

Colombidés 5891 8,64 %

Passereaux 6527 9,57 %

Autres 23651 34,69 %

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

Tableau 3 : Espèces présentant un flux migratoire réel en 2008

Comme nous l’avons noté précédemment, les Passereaux sont un groupe minoritaire parmi le panel d’oiseaux migrateurs dénombrés ici. Toutefois, sur les 39 espèces montrant un flux continu, près de la moitié sont des Passereaux (20 espèces), montrant qu’en dépit des faibles effectifs, un flux migratoire est réellement présent pour certaines d’en-tre elles en 2008. On retrouve logiquement les quatre espèces prioritaires du site (grand cormoran, cigogne blanche, mouette rieuse, goéland leucophée, cf. Traversier, 2007), plus d’autres espèces qui « motivent » clas-siquement les camps de migration en France continentale (rapaces, cigogne noire, marti-nets, pigeons, grues cendrées).

Conclusion

Malgré une expérience de 10 ans de suivi (1998 à 2008, sauf 2005), nous estimons que celui-ci est en train d’atteindre sa « vitesse de croisière ». En effet, après plusieurs an-nées d’essais, en fonction des connaissances acquises et des moyens disponibles, la LPO Drôme dispose aujourd’hui des bases pour pérenniser ce suivi. Deux facteurs essentiels doivent désormais être respectés : la pré-sence d’au moins deux salariés permanents, afin de couvrir au mieux l’immense sphère d’observation, et d’assurer le suivi sur une période minimale de deux mois, entre le 15 février et le 15 avril.En 2008, la LPO Drôme a respecté ces prin-cipes, avec deux salariés sur une période lé-gèrement étendue (jusqu’au 18 avril). Il est fort probable que les records régulièrement battus d’une année sur l’autre soient dus à ces éléments. Il faut rappeler qu’une analyse fine des données pour l’évolution des ni-veaux d’abondance de certaines espèces ne peut se faire que sur une période minimale de 10 ans avec des bases identiques (proto-cole commun, incluant donc les deux princi-pes précités, Urcun 1998).

Linotte mélodieuseMartinet à ventre blancMartinet noirMésange charbonnièreMilan noirMilan royalMouette rieuse

Pigeon colombinPigeon ramierPinson des arbresPipit des arbresPipit farlouseSerin ciniTarin des aulnesTichodrome échelette

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Résumé : 103 journées (du 3 mars au 30 mai) de suivi ont été réalisées pour le suivi de la migration prénuptiale en 2008 sur le site du Hucel par la LPO Haute-Savoie. Sur les 68 espèces d’oiseaux contactées cette année en migration active, les rapaces constituent le groupe le plus important (plus de 49 %) avec plus de 16 000 individus.

La buse variable constitue plus de la moitié de l’effectif. Ce site n’est pas favorable à l’observa-tion des passereaux.

14 espèces présentant un flux réellement continu (contactées au moins trois jours consécutifs) ont été notées.

L’animation prend de plus en plus d’ampleur. Des démarches ont été entreprises pour l’aménage-ment du site pour l’observation de l’avifaune mi-gratrice.

Abstract : 103 days of watching (from 3 March to 30 May) were done to follow the Spring migra-tion at the Hucel site, by the Haute-Savoie section of the LPO (similar to a local RSPB group in the UK) in 2008. Of the 68 species of birds obser-ved on migration this year, Raptors make up the largest group (over 49 %) with more than 16,000 sightings. Buzzards make up more than half of the raptors recorded.

This site is not favourable for the recording of pas-serines.

14 species showed a real uninterrupted passage (recorded on at least 3 consecutive days).

Welcoming the general public is taking on incre-sing importance. Measures have been undertaken to improve the site for watching migrant birds.

Hucel (Haute-Savoie)

Xavier BIROT-COLOMB, Hugues DUPUICH

Photo : Site d’Hucel © David Rey

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

Présentation du site

Le site du Hucel se trouve sur la commune de Thollon-les-Mémises (Haute-Savoie, France), à quelques kilomètres de la frontière suisse (extrémité est de la rive française du Léman). Le Hucel est un site privilégié pour l’obser-vation de la migration active printanière. En effet les oiseaux migrateurs, qui remontent la vallée du Rhône pour rejoindre leurs sites de reproduction principalement localisés en Europe Centrale et de l’Est, buttent sur le lac Léman. Or, la plupart des Rapaces évitent la traversée de ce dernier, préférant longer sa rive sud. A 970 m d’altitude, le point d’ob-servation se trouve au milieu d’un goulet d’une largeur de 3 km environ, formé par les Mémises qui culminent à 1 674 m au sud et par le Léman au nord, concentrant ainsi les Rapaces en migration.Ce site est suivi durant la période prénup-tiale. Il a été identifié comme le point clé du passage des Rapaces diurnes et de la cigo-gne noire dans leur contournement de l’arc lémanique. Le site est réputé pour la qualité des observations qui peuvent y être effec-tuées. En effet, l’altitude du point d’observa-tion (à mi-hauteur entre le Léman et les pics des Mémises) et l’étroitesse du couloir de migration en ce lieu engendrent par moment un passage en contrebas du site ou à très faible hauteur.Le point d’observation est situé à cheval sur une parcelle communale et une parcelle privée. Le site constitue l’un des points de vue les plus remarquables sur le Léman coté français et est donc régulièrement visité par les promeneurs. Les ornithologues sont ac-ceptés depuis plus de 10 ans sans qu’aucune démarche officielle n’ait jamais été néces-saire.Le col est équipé d’un imposant mât pour les antennes relais créant de vives polémiques au sein des habitants de la commune. Mal-gré cela, cette dernière, sous l’impulsion du SIVOM du Pays de Gavot, envisage une valo-risation du site par la mise en place d’aména-gements spécifiques (chemin d’accès, sentier balisé, point d’observation de la migration).Le site, découvert en 1996 (J.-C. Baillet & H. Dupuich) fait l’objet de suivis annuels ré-guliers depuis 1998 et de la mise en place de l’opération régionale « Tête en l’air ».

Le suivi de la migration en 2008

La LPO Haute-Savoie a salarié un ornitholo-gue du 3 mars au 30 mai (X. Birot-Colomb). Il a assuré le suivi de la migration durant les jours de semaine, il était remplacé par les bénévoles (essentiellement J.C. Baillet & H. Dupuich) durant les week-ends et jours fériés. Le suivi a débuté dès le mois de février grâce aux même bénévoles. Habituellement, le suivi est assuré sans interruption de 10 h à 17 h minimum sauf cas exceptionnel (fort passage ou conditions très défavorables).Au total, durant cette période, ce sont plus de 40 bénévoles qui ont apporté leur sou-tien et leur aide aux permanents, sur une ou plusieurs journées.103 journées de suivi ont été réalisées au total, dont 60 par le salarié. Les conditions météorologiques ont eu comme chaque an-née une influence significative sur le déroule-ment du suivi, puisque la topographie du site peut occasionner l’accumulation des mas-ses nuageuses sur le massif des Mémises et donc engendrer des blocages en particulier durant le mois de mars.Le nombre total d’heures d’observation s’élève à 687, soit une moyenne journalière de 6 h 30. En incluant les bénévoles, ce chif-fre dépasse les 2 000 (bénévolat valorisé). 2008 est une année record pour les rapaces puisque pour la première fois le suivi a per-mis de comptabiliser plus de 16 000 indivi-dus (16 866).D’un point de vue ornithologique, 2008 reste une année record pour deux espèces consi-dérées comme significatives sur le site :- le milan royal (Milvus milvus) avec 975 ind. (731 ind. en 2006),- la bondrée apivore (Pernis apivorus) avec 3 828 ind. (2 711 ind. en 2002).On retiendra également l’effectif record de 20 faucons kobez (Falco vespertinus) à re-placer dans un contexte d’afflux printanier remarquable en Europe de l’Ouest.Plusieurs espèces rares au niveau régional ou national ont été observées : buse féroce (Buteo rufinus), aigle pomarin (Aquila poma-rina), busard pâle (Circus macrourus), faucon crécerellette (Falco naumanni), hirondelle rousseline (Cecropis daurica), sous réserve de leur homologation par les Comités d’Ho-mologations concernés.

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Les sites de suivi de la migration en Rhône-Alpes

Les espèces observées

68 espèces ont été contactées en migration active cette année.Le suivi axé sur les Rapaces, la proportion de ceux-ci dans le total de la saison est par conséquent très importante.La présentation de la répartition des effectifs par groupes (ou familles) permet une compa-raison aisée d’une année sur l’autre de l’évo-lution des effectifs. Ainsi, les groupes sont ceux repris classiquement dans les études ornithologiques : Ardéidés, Anatidés, Rapa-ces, Limicoles, Laridés, Colombidés, Passe-reaux, et autres non-Passereaux.

Tableau 1 : Effectifs comparés par groupes d'espèces en 2008

Le site n’étant pas favorable à la concen-tration des Passereaux, il est logique que ce groupe ne représente que 6,3 % du pas-sage. Dans ce groupe, le pinson des arbres est l’espèce principale (1781 individus, 85 % du groupe, mais seulement 4 % du total). Les 34,4 % d’espèces « autres » sont pour plus de 95 % constitués par les hirondelles et le martinet noir. Enfin, la configuration du site ainsi que sa position géographique par rap-port au Léman rend le passage des Ardéidés, Anatidés et Limicoles anecdotique, ces espè-ces étant plus coutumières des zones humi-des des extrémités du lac.

Figure 1 : Répartition des effectifs par groupes d’espèce

Si l’on ne considère que les Rapaces, seul groupe pour lequel le suivi tend vers l’ex-haustivité, on constate alors la nette domi-nance de 5 espèces. A elle seule, la buse va-riable constitue plus de la moitié de l’effectif total du groupe avec 8 958 individus, suivent la bondrée apivore avec 3 828 individus, le milan noir avec 1 820 individus, le milan royal avec 975 individus et l’épervier d’Europe avec 889 individus. Avec 396 oiseaux, les 2 % restants concernent 20 espèces dont le busard des roseaux pour 20 % et le faucon hobereau pour 15 %.Au niveau du passage horaire, le total d’oiseaux observé par heure est de 50 in-dividus. En ne considérant que les Rapaces (seul groupe pour lequel le dénombrement tend vers l’exhaustivité), on arrive à 24 ind / h, ceci confirmant l’importance donnée à ce groupe selon le protocole actuellement en vigueur.

Figure 2 : Répartition des effectifs pour les Rapaces

Diverses espèces n’ont été indiquées que ponctuellement sur le site à une ou quelques reprises, mais jamais de manière continue sur la migration. Nous avons déterminé 14 espèces ayant présenté un flux réellement continu sur le site (contactées au moins trois journées consécutives, en ne tenant compte d’éventuelles journées sans observateur et/ou avec conditions météorologiques défavo-rables). Ceci représente 20 % du nombre to-tal d’espèces contactées.

Tableau 2 : Espèces présentant un flux migratoire réel en 2008

Bondrée apivoreBusard des roseauxBuse variableCigogne noireEpervier d’EuropeFaucon crécerelleFaucon kobez

Hirondelle de fenêtreHirondelle rustiqueMartinet noirMilan noirMilan royalPigeon ramierPinson des arbres

Total Taux

Ardéidés 1 0 %

Rapaces 16 866 49 %

Colombidés 3 527 10,30 %

Passereaux 2 088 6,30 %

Autres 11 878 34,40 %

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

Le tableau 2 montre très clairement la concentration et l’importance données aux grands oiseaux. Parmi les espèces citées, on retiendra l’apparition exceptionnelle du faucon kobez qui n’est habituellement contacté que ponctuellement (1 à 2 oiseaux par saison).

Conclusion

Après plus de 10 ans de suivi, celui-ci né-cessite encore quelques ajustements. Afin de mieux prendre en compte le passage des buses variables et milans royaux, il serait né-cessaire de débuter le suivi salarié à la der-nière décade de février.La saison 2008 est remarquable de par la diversité d’espèces contactées mais aussi,

parce que pour la première fois, l’effectif to-tal de rapaces a dépassé les 16 000 indivi-dus. La soudaineté du passage des bondrées ainsi que l’effectif remarquable de celui-ci représente le fait le plus marquant de la sai-son.Les démarches locales entreprises par le SIVOM du Pays de Gavot en vue de l’aména-gement du site d’observation représentent une opportunité pour la LPO Haute-Savoie. Les premières rencontres à ce sujet ont mon-tré une volonté particulière en faveur d’un projet orienté autour de l’avifaune migratri-ce. Reste, bien sûr, à obtenir l’accord et le soutien des différentes parties prenantes de ce dossier.

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Résumé : La LPO Loire était présente sur le site de Baracuchet du 15 août au 16 novembre (94 jours consécutifs). 86 espèces ont été contactées en migration active et les Passereaux représen-tent plus de 90 %.Le pinson des arbres est l’es-pèce la plus commune.

Dans le groupe des Colombidés, 5 152 pigeons ra-miers ont été notés. Dans le groupe des Rapaces, 2008 est une année record pour le milan royal avec 788 individus observés.

54 espèces présentant un flux réellement continu (contactées au moins trois jours consécutifs) ont été notées.

Abstract : The Loire department local LPO group (equivalent to an RSPB local group in the UK), was present at the Baracuchet site from 16 August to 16 November (94 consecutive days). 86 species were observed on migration, and Passerines accounted for over 90 % of the total. Chaffinch was the commonest species. Among the Columbidae, 5152 Wood Pigeons were observed. Among Raptors, 2008 was a record year for Red Kite with 788 records.

54 species showing uninterrupted passage (re-corded on more than 3 consecutive days) were counted.

Col de Baracuchet (Loire)

Nicolas LORENZINI

Photo : Col de Baracuchet © Patrick Balluet

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Présentation du site

Le col de Baracuchet culmine à 1 206 m au cœur des monts du Forez, il marque la fron-tière entre le département de la Loire (42) et celui du Puy-de-Dôme (63). L’observatoire de la migration est à 2 km du col sur le versant est, côté Loire, sur la com-mune de Lérigneux. Il est situé à 1 100 m d’al-titude et présente une vue dégagée sur le piémont forézien et sur la vallée de la Loire, offrant aux « spotteurs » une sphère d’ob-servation importante. Le site est suivi durant la période postnuptiale. Ses intérêts pour l'étude de la migration rési-dent dans le fait que le col est orienté nord-est/sud-ouest et que l’observatoire est situé entre deux vallées qui canalisent les Pas-sereaux durant la migration. De plus, le col de Baracuchet est le premier col au sud des Hautes-Chaumes (plus de 1 600 m d’altitude qui représente une barrière pour les oiseaux migrateurs), ce qui explique son intérêt par rapport aux autres cols des Monts du Forez. La voie migratoire passant par Baracuchet est bien différente des autres sites suivis en Rhône-Alpes. Elle prend en compte une par-tie des oiseaux suivant le couloir de la Loire.L’observatoire est situé sur une parcelle ap-partenant au Conseil Général de la Loire. La LPO Loire a construit un observatoire en bois en 2000. Il est situé au bord de la route mon-tant au col, facile d’accès et un parking per-met d’accueillir un bon nombre de visiteurs. Le site est entouré d’une hêtraie-sapinière alternant avec des prés utilisés pour l’éle-vage extensif de bovins. Une exposition sur la migration est installée pour les visiteurs pendant toute la période du suivi.La migration postnuptiale à Baracuchet est maintenant suivie depuis 26 ans essentiel-lement par des bénévoles d’abord du CORA Loire, devenu ensuite la LPO Loire (à part 5 années où des objecteurs de conscience et salariés ont pu assurer les permanences pendant trois mois au début des années 90). Longtemps, le suivi n’a pu être effectué que durant le mois d’octobre pour le gros passage des Passereaux. Cette année, les financements alloués par l’opération « Tête en l’air » ont permis un suivi quotidien de la migration du 15 août au 16 novembre.

Le suivi de la migration en 2008

La LPO Loire a salarié deux ornithologues du 15 août au 16 novembre (Jean-Baptiste Mar-tineau et Nicolas Lorenzini). Ils ont assuré un suivi permanent de la migration sur cette période (94 jours). Plus d’une trentaine de bénévoles ont apporté leur soutien et leur aide sur une ou plusieurs journées, dont Bernard Daurat qui a été présent sur une bonne partie du mois d’octobre.Les conditions météorologiques ont peu per-turbé le déroulement du suivi. Seules 3 jour-nées de blocage météo sont à signaler les 8, 20 et 28 octobre où la pluie ou le brouillard persistaient durant la journée. D’un point de vue ornithologique, 2008 reste une année record pour quelques espèces dont certaines importantes pour le site : le grand cormoran (Phalocrocorax carbo), le milan royal (Milvus milvus), le martinet à ventre blanc (Apus melba), le grand corbeau (Corvus corax) et le grosbec casse-noyaux (Coccothraustes coccothraustes).

Tableau 1 : Records battus en 2008 et comparaison avec les anciens records

Plusieurs espèces ont été observées pour la première fois cette année sur le site: la cigogne blanche (Ciconia ciconia), l’aigle royal (Aquila chrysaetos), l’aigle botté (Aquila pennata), la buse féroce (Buteo rufi-nus) sous réserve d’homologation, le faucon kobez (Falco verspertinus) et le chevalier aboyeur (Tringa nebularia).

Les espèces observées en 2008

86 espèces ont été contactées en migration active cette année.La présentation de la répartition des effectifs par groupes (ou familles) permet une compa-raison aisée d'une année sur l'autre sur leurs évolutions. Ainsi, les groupes sont ceux repris classiquement dans les études orni-thologiques : Ardéidés, Anatidés, Rapaces,

EspèceEffectif 2008

Précédent record

Année Effectif

Grand cormoran 1 003 2007 531

Milan royal 788 1994 695Martinet à

ventre blanc 152 1993/1992 2

Grand corbeau 51 2004 27Grosbec

casse-noyaux 5 802 1996 4 323

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Les sites de suivi de la migration en Rhône-Alpes

Limicoles, Laridés, Colombidés, Passereaux, et autres non-Passereaux.

Tableau 2 : Effectifs comparés par groupes d'espèces en 2008

La figure 1 nous montre bien la prédominance du passage des Passereaux à Baracuchet. Le pinson des arbres (Fringilla coelebs) est l’espèce la plus commune en migration avec 80 706 oiseaux comptabilisés soit plus de 57% du nombre total de migrateurs.

Figure 1 : Répartition des effectifs par groupes d’espèces

Seulement quatre autres espèces dépassent la barre des 5 000 oiseaux migrateurs : le pigeon ramier (5 152), l’hirondelle rustique (7 830), l’étourneau sansonnet (5 676) et le grosbec casse-noyaux (5 802).Parmi les Rapaces, la bondrée apivore (Pernis apivorus) est l’espèce majoritaire avec 1 520 individus comptés soit 39 % du passage de Rapaces. Puis vient le milan royal avec 788 oiseaux recensés (20 % du groupe).Le site n’est pas favorable au passage des Anatidés, Ardéidés et Limicoles.Au niveau du passage horaire, le total d’oiseaux observés par heure est de 156 individus. En séparant les passereaux des autres groupes, on arrive à 143 ind / h pour les Passereaux, et à 13 ind / h pour les autres groupes, confirmant l’importance du passage des Passereaux sur le site, en tout cas selon le protocole en vigueur.

Diverses espèces n’ont été indiquées que ponctuellement sur le site à une ou quel-ques reprises, mais jamais de manière conti-nue sur la migration. Nous avons déterminé 54 espèces qui ont présenté un flux réelle-ment continu sur le site (contactées au moins trois journées consécutives, en ne tenant pas compte d’éventuelles journées sans obser-vateur et/ou avec conditions météorologi-ques défavorables). Ceci représente un peu plus de la moitié du nombre total d’espèces contactées.

Tableau 3 : Espèces présentant un flux migratoire réel en 2008

Comme nous l'avons noté précédemment, les Passereaux représentent le groupe ma-joritaire parmi le panel d'oiseaux migrateurs dénombrés ici avec 36 espèces dont le flux migratoire est réel. Douze espèces n’appartenant pas à la caté-gorie des Passereaux ont un flux migratoire continu à Baracuchet : 9 espèces de Rapa-ces, le pigeon ramier (autrefois très présent sur le col), le grand cormoran et le martinet noir.

Total TauxArdéidés 54 0,04 %Anatidés 8 0,01 %Rapaces 3 862 2,74 %

Limicoles 2 0,00 %Colombidés 6 700 4,76 %Passereaux 128 791 91,52 %

Autres 1 313 0,93 %

Accenteur mouchetAlouette des champsAlouette luluBalbuzard pêcheurBec-croisé des sapinsBergeronnette des ruisseauxBergeronnette griseBergeronnette printanièreBondrée apivoreBouvreuil pivoineBruant jauneBusard cendréBusard des roseauxBusard Saint-MartinBuse variableChardonneret élégantCigogne noireCorneille noireEpervier d’EuropeEtourneau sansonnetFaucon crécerelleFaucon émerillonFaucon hobereauGeai des chênesGobemouche noirGrand Cormoran

Grive draineGrive litorneGrive mauvisGrive musicienneGrosbec casse-noyauxHirondelle de fenêtreHirondelle rustiqueLinotte mélodieuseMartinet à ventre blancMartinet noirMerle noirMésange bleueMésange charbonnièreMésange noireMilan noirMilan royalPic épeichePigeon colombinPigeon ramierPinson des arbresPinson du nordPipit des arbresPipit farlouseRougequeue noirSerin ciniTarin des aulnesVerdier d’Europe

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

Conclusion

Le col de Baracuchet est un des plus vieux sites de migration suivis en Rhône-Alpes. Malheureusement, l’hétérogénéité de la pé-riode de comptage dans le temps (de nom-breuses années où seul le mois d’octobre était suivi) ne nous permet de suivre l’évo-lution que de certaines espèces migratrices (comme les Fringilles, le pigeon ramier ou le milan royal).Grâce à cette première année de l’opéra-tion régionale « Tête en l’air » permettant à la LPO Loire d’effectuer trois mois de suivi, nous avons un état initial de la migration postnuptiale sur une saison complète au col de Baracuchet (le suivi de ces quinze derniè-res années n’était assuré que le mois d’octo-bre à l’exception des années 1990 à 1994).140 730 oiseaux migrateurs de 86 espèces différentes ont été dénombrés en 94 jours d’observation en 2008. Les Passereaux sont les oiseaux passant majoritairement par le col et en particulier les Fringilles (70,6 % du passage pour 11 espèces), Le passage de Rapaces n’est pas très important mais, avec 19 espèces notées, il présente une bonne di-versité.

Le pinson des arbres est l’espèce migratrice principale à Baracuchet représentant, avec 80 721 oiseaux notés, plus de 50 % du pas-sage total. Le col, qui était anciennement réputé pour ses passages de pigeons ramiers, n’a pas été cette année survolé par de nombreux Colom-bidés. Cette tendance est observée depuis au moins une dizaine d’années et les pro-chaines années de suivis nous permettront de savoir si les pigeons ramiers migrateurs sont vraiment en fort déclin, si la voie de migration des pigeons s’est définitivement modifiée ou si certaines conditions météo-rologiques peuvent permettre une migration importante à Baracuchet.Les prochaines années de comptage nous permettront de voir les évolutions de la mi-gration d’août à novembre en prenant 2008 comme année de référence. Après plusieurs années de suivi à Baracuchet, nous pour-rons aussi faire une comparaison avec les résultats des suivis de 1990 à 1994 qui se faisaient également sur trois mois.Sachant que les données de migration sont surtout intéressantes sur le long terme, plus ce suivi pourra perdurer, meilleures seront nos connaissances sur l’état des populations d’oiseaux migrateurs.

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Résumé : 2008 est la quinzième année de suivi du site du Défilé de l’Ecluse pour la migration post-nuptiale. 130 jours de suivi (du 15 juillet au 15 novembre) ont été assurés cette année. 92 espèces ont été contactées et les Passereaux constituent le groupe dominant (69 %). Pour les Rapaces, un effectif record de 40 706 a été at-teint et la buse représente plus de la moitié de cet effectif.

43 espèces présentant un flux réellement continu (contactées au moins trois jours consécutifs) ont été dénombrées.

La LPO Haute-Savoie en charge du suivi de ce site souhaiterait pourvoir améliorer la qualité de l’ac-cueil des observateurs et augmenter la pression d’observation pour le suivi de certains groupes comme les Ardéidés et les Colombidés.

Abstract : 2008 marks the 15th year of Autumn migrant watching at the Ecluse Gorge site. 130 days of watching (from 15 July to 15 November) were done this year. 92 species were observed, with Passerines the dominant group (69 %). There was a record number of 40,706 Raptors, more than half of which were Buzzards.

47 species showing uninterrupted passage (re-corded on at least 3 consecutive days) were coun-ted.

The Haute Savoie local group of the LPO (similar to the RSPB) which was responsible for the the monitoring of the site would like to be able to improve the quality of the facilities for migrant watching, and increase the number of those ta-king part in the counting, to record groups such as Herons and Columbidae.

Défilé de l’Ecluse (Haute-Savoie)

Xavier BIROT-COLOMB

Photo : Défilé de l’Ecluse © Xavier Birot-Colomb

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

Présentation du site

Le site de migration du défilé de l’Ecluse se situe sur la commune de Chevrier (Haute-Sa-voie, France), en face du site remarquable du Fort l’Ecluse.Le défilé de l’Ecluse est pratiquement la sor-tie naturelle du plateau suisse en direction du sud-ouest. Cet entonnoir géographique provoque une concentration des migrateurs en ce point, la crête du Jura paraissant les guider, surtout lorsque le plafond nuageux est bas. En effet, c’est dans cette région que la chaîne principale du Jura devient de plus en plus élevée (Le Reculet, 1 717 m) et s’oriente au sud. De l’autre coté du défilé de l’Ecluse, au fond duquel coule le Rhône, ce plissement se termine par le Vuache (altitude comprise entre 890 et 1 101 m), qui mesure une dizaine de km de long. A l’est, le Salève (altitude : 1 200-1 375 m) et, bien au-delà, les Préalpes savoyardes influencent aussi le passage.Le passage dans le défilé lui-même (altitude 343 m au Pont Carnot) est loin d’être la règle générale. En effet, un grand nombre de mi-grateurs ne transitent pas par le défilé mais débordent vers l’est et passent sur le Vuache. D’autres individus, surtout par temps clair, franchissent la chaîne du Jura en amont du Crêt d’Eau (1 621 m). » (CHARVOZ & al. 1996).Le site est suivi durant la période postnuptia-le. L’intérêt du site réside dans le fait que le relief environnant concentre une grande par-tie des migrateurs venant du plateau suisse situé au nord-est. De plus, le Rhône genevois et la zone humide de l’Etournel servent de corridor naturel ainsi que de zone de halte à un grand nombre d’espèces en période de migration.Le point d’observation est situé sur une par-celle privée, le long de la voie ferrée reliant Bellegarde à Saint-Julien. Les ornithologues sont acceptés depuis plus de 10 ans sans qu’aucune démarche officielle n’ait jamais été nécessaire. Actuellement, aucun équipe-ment particulier n’est disponible sur le site. Les milieux naturels environnants sont d’une grande diversité et ont justifié la protection d’une parcelle de prairie à molinie, riche en orchidées en contrebas du point d’observa-tion. Malgré cela, la transformation des mi-lieux agricoles et la mise en culture (céréales ou vergers) des prairies permanentes met-tent à mal la biodiversité locale.Le site est connu et suivi ponctuellement de-puis les années 60. Tout d’abord mis en évi-

dence pour le passage des Colombidés avec plusieurs centaines de milliers d’oiseaux et des Corvidés (corbeau freux et choucas des tours), le suivi s’est orienté dès le début des années 1990 (Groupe jeune de Nos Oiseaux Genève) vers les Rapaces et grands voiliers. De 1992 à 2007, c’est le Dr. Pierre Charvoz (Nos Oiseaux) qui a assuré le suivi journalier, avec l’aide des bénévoles du Groupe Orni-thologique Haut-Savoyard (future LPO 74). Depuis 2008, c’est la LPO Haute-Savoie qui assure le suivi journalier grâce au finance-ment d’un poste de salarié par l’opération « Tête en l’air ».

Le suivi de la migration en 2008

La LPO Haute-Savoie a salarié un ornitho-logue du 15 juillet au 15 novembre (X.Birot-Colomb). Il a assuré le suivi de la migration durant les jours de semaine avec l’aide de R. Broch (bénévole de Nos Oiseaux) et il était remplacé par les bénévoles (essentiel-lement J.-P. Matérac) durant les week-ends et jours fériés. Le suivi a pu être prolongé jusqu’au 30 novembre grâce à la présence des bénévoles. Habituellement, le suivi est assuré sans interruption de 10 h à 17 h mini-mum sauf cas exceptionnel (fort passage ou conditions très défavorables).Au total durant cette période, ce sont près de 60 bénévoles qui ont apporté leur sou-tien et leur aide aux permanents, sur une ou plusieurs journées.130 journées de suivi ont été réalisées dont 90 par le salarié. Les conditions météorologi-ques n’ont que peu perturbé le déroulement du suivi, aucune journée de blocage météo n’étant à signaler. Le nombre total d’heures d’observation s’élève à 972 soit une moyenne journalière de 7 h 40. En incluant les bénévoles, ce chif-fre dépasse les 3 000 (bénévolat valorisé).2008 est une année record pour les Rapaces puisque pour la première fois le suivi a per-mis de comptabiliser plus de 40 000 indivi-dus (40 706).D’un point de vue ornithologique, 2008 reste une année record pour trois espèces consi-dérées comme significatives sur le site :- le milan royal (Milvus milvus) avec 5 580 ind. (4 027 ind. en 2005),- le milan noir (Milvus migrans) avec 7 066 ind. (6 128 ind en 1997),- la cigogne blanche (Ciconia ciconia) avec 960 ind. (568 ind en 2006).

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Les sites de suivi de la migration en Rhône-Alpes

Cette saison aura également été marquée par des effectifs relativement élevés pour l’éper-vier d’Europe avec 1 503 ind. (max 1 696 ind.en 1996) ainsi que pour la buse variable avec 18 275 ind. (max 19 418 en 2003).Plusieurs espèces rares, au niveau régional, ont été observées : aigle pomarin (Aquila po-marina), pygargue à queue blanche (Haliaee-tus albicilla), sterne caspienne (Hydroprogne caspia), spatule blanche (Platalea leucoro-dia), sous réserve de leur homologation par le Comité d’Homologation Régional. Enfin, on notera l’observation d’un pélican blanc (Pelecanus onocrotalus) au sein d’un groupe de cigogne blanche et dont le périple a été suivi de la Suisse à l’Espagne grâce à la diffu-sion des informations par internet.

Les espèces observées

92 espèces ont été contactées en migration active cette année.La présentation de la répartition des effectifs par groupes (ou familles) permet une compa-raison aisée d’une année sur l’autre de l’évo-lution des effectifs. Ainsi, les groupes sont ceux repris classiquement dans les études ornithologiques : Ardéidés, Anatidés, Rapa-ces, Limicoles, Laridés, Colombidés, Passe-reaux, et autres non-Passereaux.

Tableau 1 : Effectifs comparés par groupes d’espèces en 2008

Bien que le suivi soit principalement orienté vers les Rapaces et les grands voiliers, les autres espèces font tout de même l’objet de comptage ou d’estimation. Même si la concentration des Passereaux est très fai-ble, le passage peut être particulièrement soutenu. La figure 1 montre la très nette do-minance de ce groupe. Ceci s’explique par le fait que les Passereaux font l’objet, la grande majorité du temps, d’estimation par tranche horaire (près de 90 % sont indéterminés).Avec environ 45 000 hirondelles et plus de 5 000 grands cormorans, le groupe « autres » représente également une part importante du total. A cela s’ajoutent 960 cigognes blanches et 93 cigognes noires.Bien que très minoritaires en effectifs, les Ar-déidés, les Limicoles et les Laridés sont néan-moins bien représentés en terme de diversité avec respectivement 4, 8 et 5 espèces.

Figure 2 : Répartition des effectifs pour les Rapaces

Si l’on ne considère que les Rapaces, seul groupe pour lequel le suivi tend vers l’ex-haustivité, on constate alors la nette domi-nance de 5 espèces. A elle seule, la buse va-riable constitue près de la moitié de l’effectif total du groupe avec 18 275 individus, sui-vent la bondrée apivore et le milan noir avec respectivement 7 346 et 7 066 individus, le milan royal avec 5 580 individus et l’éper-vier d’Europe avec 1 503 individus. Avec 936 oiseaux, les 2 % restant concernent 14 espè-ces dont le busard des roseaux représente à lui seul 34 % de ce nombre.La moyenne horaire, toutes espèces confon-dues, est de 418 individus. Si l’on soustrait les Passereaux des autres groupes, on arrive à 129 individus / h. Enfin, en ne considérant que les Rapaces, on obtient 42 individus / h.Diverses espèces n’ont été indiquées que ponctuellement sur le site à une ou quel-ques reprises, mais jamais de manière conti-

Total Taux

Ardéidés 1 129 0,28 %

Anatidés 30 0,01 %

Rapaces 40 706 10 %

Limicoles 162 0,04 %

Laridés 749 0,18 %

Colombidés 26 349 6,47 %

Passereaux 281 281 69,1 %

Autres 56 646 13,9%

Figure 1 : Répartition des effectifs par groupes d’espèces

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

nue sur la migration. Nous avons déterminé 43 espèces qui ont présenté un flux réelle-ment continu sur le site (contactées au moins trois journées consécutives, en ne tenant pas compte d’éventuelles journées sans obser-vateur et/ou avec conditions météorologi-ques défavorables). Ceci représente près de la moitié du nombre total d’espèces contac-tées.

Tableau 3 : Espèces présentant un flux migratoire réel en 2008

Bien que le site ne concentre pas les Passe-reaux de façon à pouvoir les comptabiliser et en extrapoler des résultats exploitables, le tableau 3 montre néanmoins un flux migra-toire réel pour 20 espèces durant la saison 2008.Avec 12 espèces de Rapaces au flux réel, parmi les 19 espèces observées, le tableau 3 montre, toute proportion gardée, l’impor-tance donnée à la recherche ainsi qu’au dé-nombrement de ce groupe lors de la période de suivi.Enfin, les espèces emblématiques des suivis de migration apparaissent également (cigo-gnes, martinets, hirondelles, alouettes).

Conclusion

Après 15 ans de présence quasi-quotidien-ne et de comptage assuré en grande partie par le Dr. Charvoz, le suivi de la migration postnuptiale au défilé de l’Ecluse est entré dans une nouvelle phase. Pour la première fois depuis les premiers comptages des an-nées 60, le suivi est assuré par un salarié et complété par une efficace présence béné-vole. Afin d’assurer au mieux la continuité du travail du Dr. Charvoz, la LPO Haute-Savoie a choisi de débuter le suivi dès la mi-juillet et les premiers départs de milan noir et ce, jusqu’à la mi-novembre afin de prendre en compte d’éventuelles fuites tardives de buse variable.La saison 2008 fut particulièrement excep-tionnelle pour les Rapaces avec pour la première fois un effectif total dépassant les 40 000 individus. Ceci est en partie impu-table à une pression d’observation et une durée de présence quotidienne très impor-tante.Il est d’ores et déjà acquis que la saison 2009 verra un retour à des effectifs plus conven-tionnels puisque les bondrées apivores ont choisi, comme cela est déjà arrivé, de bouder le défilé de l’Ecluse et de passer apparem-ment par une voie plus occidentale.Pour la deuxième année consécutive, la LPO Haute-Savoie a la charge et le plaisir d’as-surer le suivi journalier de ce site d’excep-tion en Rhône-Alpes. Dans un futur proche la LPO Haute-Savoie souhaiterait aménager le site pour un meilleur accueil des obser-vateurs et parvenir à augmenter encore la pression d’observation journalière afin de mieux prendre en compte le suivi de certains groupes (Ardéidés, Colombidés).

Alouette des champsAlouette luluBalbuzard pêcheurBergeronnette griseBergeronnette printanièreBondrée apivoreBusard cendréBusard des roseauxBusard Saint-MartinBuse variableChardonneret élégantChoucas des toursCigogne blancheCigogne noireCorbeau freuxCourlis cendréEpervier d’EuropeEtourneau sansonnetFaucon crécerelleFaucon émerillonFaucon hobereau

Goéland leucophéeGrand CormoranGrande aigretteGrive draineGrive musicienneGrosbec casse-noyauxHéron cendréHirondelle de fenêtreHirondelle de rivageHirondelle rustiqueMartinet noirMésange bleueMésange charbonnièreMilan noirMilan royalPigeon colombinPigeon ramierPinson des arbresPinson du nordPipit des arbresPipit farlouseTarin des aulnes

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Phénologie des passages migratoires en Rhône-Alpes en 2008

Introduction aux monographies d’espèces

Julien TRAVERSIER

Résumé : En Rhône-Alpes, en 2008, cinq sites d’observation de la migration ont fait l’objet de suivis permanents : trois durant la période pré-nuptiale (Hucel, Pierre-Aiguille, l’Escrinet) et deux durant la saison postnuptiale (défilé de l’Ecluse et Baracuchet). Les données ont été globalisées entre tous ces sites selon les périodes, afin de déterminer les espèces présentant un passage significatif, selon trois catégories (significatif aux deux périodes, seulement prénuptiale et seule-ment postnuptiale). Pour chaque espèce étudiée, les dates et chiffres clés du passage ont été dé-terminés afin de caractériser sa migration cette année. Les durées de migration et la position de la date médiane ont été commentées, permettant de classifier les espèces (migration longue ou courte, hâtive ou tardive). Ces éléments devront être repris lors de l’élaboration de futures synthè-ses annuelles ou pluriannuelles et serviront de base de comparaison.

Abstract : Five sites for migration watching were permanently covered in the Rhône-Alpes region of France in 2008: 3 during the Spring migration and two during the Autumn migration.

The data from these sites were compounded, ac-cording to period, in order to determine species which pass through in large numbers, following three criteria: significant numbers in both periods, or only in Spring, or only in Autumn.

For each species under study, key dates and sta-tistics of passage were determined in order to characterize their migration this year. The period in which each species was recorded on migration, and its mean date are commented on, enabling species to be classified into long or short migra-tion periods, or early or late migrants. These fac-tors are to be taken up when future summaries are carried out over one or several years, and will serve as a basis for comparisons.

Afin de dresser un « panorama migratoire » en Rhône-Alpes pour l’année 2008, nous avons analysé le « relief » du passage pour certaines espèces.Nous avons agrégé les données recueillies sur les cinq sites d’observation bénéficiant d’une permanence d’observation sur une longue période : le Col de l’Escrinet en Ardèche, le belvédère de Pierre-Aiguille en Drôme et le Hucel en Haute-Savoie pour le passage printanier (ou prénuptial), et le Défilé de l’Ecluse en Haute-Savoie et le Col de Baracuchet dans la Loire pour le passage automnal (ou postnuptial). Des risques de double comptage existent entre les diffé-rents sites, mais étant donné le manque de recul concernant ce phénomène, nous avons donc opté pour un cumul des effectifs, en émettant l’hypothèse que le double comp-tage soit un phénomène exceptionnel. Afin de donner une image globale de la

migration en Rhône-Alpes en 2008 la plus juste possible selon les observations réa-lisées sur ces sites, nous avons établi trois listes d’espèces : - celles significatives aux passages pré et postnuptiaux, communes à tous les sites,- celles significatives au passage prénuptial,- celles significatives au passage postnuptial.Les espèces significatives sont celles ob-servées au moins trois jours consécutifs en migration active. Ainsi, les espèces figurant dans le premier paragraphe ont été obser-vées au moins trois journées consécutives sur les cinq sites étudiés. Il en est de même pour les paragraphes relatifs aux passages prénuptiaux et postnuptiaux.Les effectifs présentés ici sont le cumul des différents sites. Ces effectifs ne doivent pas être considérés comme des valeurs de référence pour l’estimation de la taille des populations. Nous les présentons à titre

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

indicatif, notamment pour mettre en éviden-ce les différences notables d’abondance en-tre espèces sur les cinq sites, ainsi que pour les comparer avec les effectifs du pic-jour.Le pic jour traduit la journée où le plus gros effectif a été observé sur la saison. Il n’est pas à considérer à proprement parler comme le pic de migration car il peut résulter d’un déblocage météorologique, ou, pour certai-nes espèces (Passereaux par exemple) de conditions favorables à l’observation et/ou la détection des oiseaux.Les dates clés sont également mentionnées : les dates extrêmes (première et dernière date) permettent notamment de déterminer la longueur de la période durant laquelle l’espèce a été observée en migration.

Les dates où les 10 % et 90 % d’effectifs totaux sont atteints figurent également. Elles bornent la période de pleine migration. L’étude poussée de ces dates sur plus de 25 ans de migration au Pays-Basque, et sur dif-férentes espèces, a montré que l’évolution de celles-ci est plus fiable dans le temps que les dates extrêmes (Urcun, com. pers.).La date où les 50 % de l’effectif total sont atteints (ou médiane) est un point de repère par rapport à la durée totale du passage ob-servé. L’étude de son emplacement permet de définir une espèce à migration hâtive en début de période, ou tardive, ou au contraire centrée par rapport aux dates extrêmes.

Les espèces signiicatives des passages pré et postnuptiaux

Au printemps, le premier migrateur est ob-servé le 22 janvier. Les 10 % sont atteints le 11 mars, et les 50 % 18 jours plus tard. Les 90 % sont atteints le 23 avril, alors que le dernier oiseau migrateur est observé le 26 mai. La durée de migration est longue (125 jours). Le passage est équilibré autour des 50 %, puisque la durée de passage jusqu’à cette date correspond à 54 % de la durée de migration. Le pic de migration (5 avril) repré-sente 8 % du total saisonnier.

A l’automne, la durée de migration est de 108 jours (dates extrêmes : 14 août et 30 novembre). Les 10 % sont atteints le 27 août. La médiane est atteinte le 9 octobre et les 90% le premier novembre. La durée de mi-gration est plus courte qu’au printemps (108 jours). De même, le pic jour est plus faible à cette saison : 108 individus, soit 6 % du total migratoire.

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

Prénuptial 2308 125 22 janv 11 mars 29 mars 23 avr 26 mai 182 le 5 avr

Postnuptial 1713 108 14 août 27 août 9 oct 1 nov 30 nov 108 le 9 oct

Epervier d’Europe (Accipiter nisus)

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Phénologie des passages migratoires en Rhône-Alpes en 2008

Au printemps, la durée de migration est de 96 jours, du 21 février au 27 mai. La pleine migration est effectuée en 26 jours, entre le 18 mars et le 12 avril. Le pic de migration est de 168 individus le 05 avril. Il repré-sente 15 % de l’effectif migratoire total. Les 50 % sont atteints le 28 mars. Cette date ne représente que 38 % de la durée totale de migration, ce qui montre un passage hâtif en début de période.Au passage automnal, le busard des roseaux, malgré des effectifs nettement plus faibles (382 individus au total), a été beau-

coup moins pressé pour effectuer sa migra-tion. En effet, les dates extrêmes sont le 25 juillet et le 10 novembre, soit 108 jours de mi-gration. La pleine migration est extrêmement courte au regard de la durée totale de pas-sage, puisqu’elle s’effectue en 24 jours, du 27 août au 19 septembre, la médiane étant située au 02 septembre. Ainsi, 80 % des oiseaux sont passés durant 22 % de la durée de migration. Cette sensation de soudaineté est également accentuée par le pic de migra-tion (1er septembre), qui, avec 70 individus, représente 18 % de l’effectif total.

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

Prénuptial 1123 96 21 fév 18 mars 28 mars 12 avr 27 mai 168 le 5 avr

Postnuptial 382 108 25 juil 27 août 2 sept 19 sept 10 nov 70 le 1 sept

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

Prénuptial 11213 129 22 janv 21 fév 3 mars 23 avr 30 mai 1313 le 24 fév

Postnuptial 18803 137 16 juil 26 sept 17 oct 8 nov 30 nov 1508 le 9 oct

Busard des roseaux (Circus aeruginosus)

Buse variable (Buteo buteo)

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

En 2008, le passage migratoire de la buse variable a été plus important à l’automne qu’au printemps (respectivement 18 803 et 11 213 oiseaux dénombrés).Le passage prénuptial commence le 22 jan-vier et s’achève au 30 mai, soit l’intégralité de la période de présence des observateurs au col de l’Escrinet (129 jours). Il faut atten-dre un mois (21 février) pour atteindre les 10 %. La date de la moitié des effectifs mi-grateurs passés est observée le 3 mars, et il faut ensuite attendre le 23 avril pour attein-dre les 90 %. Il s’agit là d’une longue période de pleine migration de 62 jours. La région Rhône-Alpes est certainement concernée par différentes populations migratrices pour cette espèce commune, ce qui pourrait expli-quer cette durée. Toutefois, le passage est intense en première partie de migration car la date des 50 % d’oiseaux passés est située seulement au premier tiers de la période de

migration. 12 % des oiseaux sont passés le 24 février, ce qui constitue le pic de migra-tion.Le passage postnuptial est lui aussi observé durant l’intégralité de la période de présence des observateurs sur les sites (16 juillet - 30 novembre). Mais comme pour le printemps, la pleine migration ne débute que longtemps après la première donnée, au 26 septembre, et s’achève le 8 novembre. Les 50 % sont si-tués au 17 octobre. La durée de cette période est donc de 44 jours. Le 17 octobre est situé à plus des deux-tiers de la période de migra-tion totale, ce qui tend à montrer un passage tardif, précédé par de nombreux avant-cou-reurs en fin d’été. Le pic jour est le 9 octobre, où 1 508 individus sont comptabilisés, soit 8 % du passage. Il faut noter qu’un second pic de migration est observé le 19 octobre, avec 1 462 oiseaux. En cumulé, ces deux journées représentent donc 16 % du passage total.

Au printemps, le faucon crécerelle a été observé entre le 15 février et le 27 mai, soit durant une période de 102 jours. Le passage s’intensifie à partir du 13 mars (10 %) et jus-qu’au 26 avril (90 %). Les 50 % sont atteints le 3 avril. Le passage est équilibré autour de cette date, puisqu’elle se situe à mi-chemin entre les dates extrêmes. Le pic-jour est le 12 avril avec 77 oiseaux dénombrés (8 % du total). A noter que 76 individus ont égale-ment été comptés le 5 avril.A l’automne, le passage est plus faible (457

individus). Il est en revanche plus étalé, sur une durée de 136 jours (du 17 juillet au 30 novembre). La période de pleine migration s’étend du 27 août au 18 octobre (53 jours), avec les 50 % situés au 1 octobre. Comme au printemps, cette date est centrée entre les dates extrêmes. Le pic de migration est de faible ampleur par rapport au total saison-nier (6 %), ce qui démontre l’étalement du passage de cet oiseau, le départ en migra-tion des différentes populations étant certai-nement étalé dans le temps.

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

Prénuptial 932 102 15 fév 13 mars 3 avr 26 avr 27 mai 77 le 12 avr

Postnuptial 457 136 17 juil 27 août 1 oct 18 oct 30 nov 29 le 27 sept

Faucon crécerelle (Falco tinnunculus)

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Phénologie des passages migratoires en Rhône-Alpes en 2008

L’intégralité du passage prénuptial de ce faucon transsaharien s’est déroulée sur 62 jours, entre le 26 mars et le 27 mai. Après le premier contact, les 10 % sont rapidement atteints (7 avril). Les 90 % d’oiseaux passés sont observés le 12 mai. La date des 50 % est située le 25 avril, et correspond à la moi-tié de la période totale de migration. Le pic jour représente 9 % du total (12 oiseaux le 24 avril).

Le passage postnuptial est nettement plus court : il s’est étalé sur 48 jours, du 3 août au 17 octobre. Il est remarquable de noter qu’en automne 2008, la première date constitue également la date des 10 % ! La période de pleine migration se termine le 07 octo-bre. Les 50 % sont atteints le 15 septembre. Cette date est plutôt déséquilibrée, puis-qu’elle est située dans le premier tiers de la période de passage. Le pic jour est le 16 septembre, et correspond à 11 % du passage

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

Prénuptial 139 62 26 mars 7 avr 25 avr 12 mai 27 mai 12 le 24 avr

Postnuptial 66 48 3 août 3 août 15 sept 7 oct 17 oct 7 le 16 sept

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

Prénuptial 4654 93 21 fév 4 avr 7 mai 17 mai 24 mai 996 le 18 mai

Postnuptial 12591 84 28 juil 22 août 10 sept 28 sept 20 oct 2079 le 19 sept

Faucon hobereau (Falco subbuteo)

Hirondelle de fenêtre (Delichon urbicum)

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

4 654 hirondelles de fenêtre ont été dé-nombrées entre le 21 février et le 24 mai au passage prénuptial. La pleine migration est étalée sur 43 jours entre le 4 avril et le 17 mai. La médiane est le 7 mai. D’ailleurs, cette date très tardive est située dans le dernier tiers de la période de passage. De plus, il est notable que le pic jour est en dehors de cette période (996 oiseaux le 18 mai). A l’automne, 12 591 individus ont été obser-

vés. Les dates extrêmes se situent entre le 28 juillet et le 20 octobre, soit une durée de migration de 84 jours. Les 10 % sont atteints le 22 août, les 50 % le 10 septembre et les 90 % le 28 septembre. La date des 50 % est centrée par rapport aux dates extrêmes. Le pic jour correspond à 17 % du passage total avec 2 079 oiseaux observés le 19 septem-bre.

La première hirondelle rustique migratrice au printemps a été observée le 22 février. La dernière l’a été le 24 mai, soit une période de 92 jours. La pleine migration s’étend du 2 avril au 16 mai, avec la médiane située le 23 avril. Celle-ci est située tardivement dans la période de migration, montrant un passage tardif, suite aux premiers avant-coureurs. Le pic jour est le 25 avril, où 2 299 individus dé-nombrés représentent 14 % du total.

A l’automne, la durée de migration est iden-tique au printemps : 94 jours du 28 juillet au 30 octobre. Les 10 % et 90 % sont atteints respectivement les 27 août et 2 octobre. Les 50 % le sont au 10 septembre, date qui correspond au pic jour (1 558 oiseaux, soit 9 % du total). Là encore, la médiane est à mi-chemin entre les dates extrêmes.

Le martinet noir est réputé comme étant une espèce tardive en migration prénuptiale. Cela s’est vérifié en 2008 dans la région. La durée de migration est la plus courte de toutes les espèces étudiées ici, à savoir 54 jours, du 31 mars au 24 mai. La pleine migra-tion est donc elle aussi courte, du 23 avril au 17 mai. Les 50 % sont atteints le 3 mai. Ainsi, la deuxième partie du passage, en termes d’effectifs, a été plus concentrée que la pre-

mière. C’est d’ailleurs dans cette deuxième partie qu’est situé le pic jour : 5 081 oiseaux le 4 mai, soit 30 % du passage total sur cette seule journée.Le passage postnuptial se distingue égale-ment en 2008 : malgré une période de mi-gration bien plus longue qu’au printemps (83 jours du 15 juillet au 6 octobre), 80 % des oiseaux sont passés entre le 16 juillet et le 5 août. La médiane correspond au 19

Martinet noir (Apus apus)

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

Prénuptial 15862 92 22 fév 2 avr 23 avr 16 mai 24 mai 2299 le 25 avr

Postnuptial 17293 94 28 juil 27 août 10 sept 2 oct 30 oct 1558 le 10 sept

Hirondelle rustique (Hirundo rustica)

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Phénologie des passages migratoires en Rhône-Alpes en 2008

La migration prénuptiale de l’espèce a débu-té le 24 février pour s’achever le 24 mai soit 90 jours. L’effectif total est de 10 240 indivi-dus, 80 % de ceux-ci sont passés entre le 12 mars et le 11 avril. La médiane est située au 21 mars, ce qui représente une migration hâtive en début de passage. Le pic jour représente 10 % du passage total (1 040 oiseaux le 17 mars). Le passage postnuptial est observé dès le

premier jour de suivi (15 juillet), et se termine le 4 octobre. Il représente 7 482 individus au total. Les 10 % et 90 % sont atteints les 25 juillet et 19 août. La moitié des individus observés est atteinte le 1er août. Comme au printemps, les 50 % sont situés dans le pre-mier tiers du passage, ce qui semble mon-trer que celui-ci a débuté avant les premiers comptages. Le pic jour, avec 1 266 oiseaux, représente 17 % du total saisonnier.

juillet, et le pic jour est le 17 juillet, avec 2 370 oiseaux (32 % du passage). Il apparaît fort logique que les oiseaux aient entamé

leur migration de départ bien avant le début des comptages au 15 juillet.

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

Prénuptial 17284 54 31 mars 23 avr 3 mai 17 mai 24 mai 5081 le 4 mai

Postnuptial 7332 83 15 juil 16 juil 19 juil 5 août 6 oct 2370 le 17 juil

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

Prénuptial 10240 90 24 fév 12 mars 21 mars 11 avr 24 mai 1040 le 17 mars

Postnuptial 7482 81 15 juil 25 juil 1er août 19 août 4 oct 1266 le 2 août

Martinet noir (Apus apus)

Milan noir (Milvus migrans)

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

Au passage printanier, cette espèce, bien que numériquement peu abondante (1 363 individus) présente une migration très éta-lée. En effet, les dates extrêmes sont le 22 janvier et le 25 mai, soit l’intégralité de la période de comptage. La pleine migration a été effectuée entre 23 février et le 30 avril. Les 50 % sont atteints le 4 avril, ce qui tra-duit une légère tendance à une migration « tardive », par rapport à la durée totale du suivi. Le pic jour est noté le 24 février, avec 73 individus (5 % du total). En 2008, le

milan royal a clairement migré de manière régulière et continue. En automne également, les dates extrêmes d‘observation correspondent aux premières et dernières journées de suivi, du 15 juillet au 30 novembre (138 jours). La période de pleine migration s’étale sur 37 jours, du 20 septembre au 26 octobre. La médiane est située le 8 octobre, un jour avant le pic jour (988 oiseaux, soit 16 % du total). La date des 50 % est donc située dans le dernier tiers du passage effectif.

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

Prénuptial 1363 124 22 janv 23 fév 4 avr 30 avr 25 mai 73 le 24 fév

Postnuptial 6368 138 15 juil 20 sept 8 oct 26 oct 30 nov 988 le 9 oct

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

Prénuptial 18227 109 24 janv 27 fév 13 mars 2 avr 12 mai 2416 le 14 mars

Postnuptial 30097 81 23 août 7 oct 11 oct 18 oct 12 nov 5591 le 9 oct

Milan royal (Milvus milvus)

Pigeon ramier (Columba palumbus)

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Phénologie des passages migratoires en Rhône-Alpes en 2008

Le passage prénuptial s’est déroulé du 24 janvier au 12 mai pour les dates extrêmes, soit une durée de migration de 109 jours. Les 10 %, 50 % et 90 % se situent respective-ment les 27 février, 13 mars et 2 avril, ce qui correspond à une durée de 35 jours. La mé-diane est située à mi-chemin entre les dates extrêmes de passage, mettant en évidence un passage équilibré autour de celle-ci. Avec 2 416 oiseaux le 14 mars, le pic jour repré-sente 13 % du passage total.

Le passage automnal s’échelonne quant à lui du 23 août au 12 novembre, soit 81 jours. La pleine migration est comprise entre le 7 et le 18 octobre, soit une courte période de 11 jours donnant un aspect « éclair » au passage. Les 50 % d’oiseaux passés est atteint le 11 octobre. Elle se situe donc dans le deuxième tiers du passage effectif. Le pic de migration représente 19 % du passage total (5 591 individus le 09 octobre).

La migration prénuptiale du pigeon colombin a débuté le 24 janvier. La dernière observa-tion a été faite le 16 avril, soit une durée de 83 jours. L’effectif migratoire total, plutôt faible, est de 249 individus. La période de pleine migration s’est déroulée sur 37 jours, du 21 février au 28 mars. Les 50 % d’effectif migrateur sont atteints le premier mars, ce qui place cette valeur presque au centre de la saison totale de migration. Le pic jour est de 50 individus le 2 mars, soit 20 % du total.

La migration postnuptiale a en revanche été beaucoup plus rapide. Les Colombins n’ont été notés qu’entre le 18 septembre et le 8 novembre, soit 51 jours. Les 10 % et 90 % sont notés les 19 septembre et 9 octobre. Les 50 % le sont au 4 octobre et sont situés précocement par rapport à l’ensemble de la durée de migration, dans le premier tiers du passage. Le pic jour a permis d’observer 339 oiseaux le 27 septembre, soit 24 % du pas-sage total.

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

Prénuptial 249 83 24 janv 21 fév 1 mars 28 mars 16 avr 50 le 2 mars

Postnuptial 1422 51 18 sept 19 sept 4 oct 15 oct 8 nov 339 le 27 sept

Pigeon colombin (Columba oenas) :

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

Les espèces significatives du passage prénuptial

Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus)

303 individus ont été observés, entre le 12 mars et le 20 mai, soit 69 jours. La durée de la pleine migration est courte (21 jours). Les 50 % sont atteints le 27 mars. Il est notable que le pic jour (37 oiseaux le 12 avril, soit 12 % du total) est situé en dehors de cette période. Ce fait est certainement le résultat d’un déblocage météorologique au sud de la région.

Bergeronnette grise (Motacilla alba)

5 893 individus ont été comptabilisés en migration active, du 2 février au 26 avril (84 jours). Les 10 % sont le 27 février, les 90 % le sont au 27 mars, soit un mois de pleine migration. La médiane est située au 13 mars. Le pic de migration, avec 23 % du passage total (1 331 oiseaux le 14 mars), est important.

Le pinson des arbres a été de loin le migra-teur le plus abondant de la saison prénup-tiale avec 167 210 individus dénombrés. Les dates extrêmes sont le 22 janvier et le 19 mai, soit 118 jours de durée de migration. La période de pleine migration est plus courte, à savoir 35 jours entre le premier mars et le 4 avril. Les 50 % sont observés le 18 mars, ce qui en fait une date centrée par rapport à la durée totale de migration. Le pic jour représente 14 % de l’effectif total (22 772 le 14 mars).Au passage automnal, le pinson des arbres

est également le migrateur le plus abondant (85 388 individus). En revanche, la période de passage a été bien plus courte, avec 62 jours entre les dates extrêmes (du 15 septembre au 16 novembre). La pleine migra-tion est elle aussi assez restreinte sur une durée de 19 jours entre le 4 et le 23 octobre. Les 50 % sont atteints le 10 octobre, légère-ment décalés en faveur de la première par-tie de la période de passage. Le pic jour est proportionnellement important par rapport à l’effectif total, puisqu’il représente 31 % du total (26 232 oiseaux le 11 octobre).

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

Prénuptial 167210 118 22 janv 1 mars 18 mars 4 avr 19 mai 22772 le 14 mars

Postnuptial 85388 62 15 sept 4 oct 10 oct 23 oct 16 nov 26232 le 11 oct

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

303 69 12 mars 20 mars 27 mars 10 avr 20 mai 37 le 12 avr

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

5893 84 2 fév 27 fév 13 mars 27 mars 26 avr 1331 le 14 mars

Pinson des arbres (Fringilla coelebs)

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Phénologie des passages migratoires en Rhône-Alpes en 2008

Bergeronnette printanière (Motacilla flava)

Ce Passereau transsaharien a été observé durant une période de 56 jours (27 mars au 22 mai), pour un effectif total de 2 135 oiseaux. La pleine migration est courte (19 jours, entre le 6 et le 25 avril), et la médiane est atteinte le 23 avril. Le pic jour (580 oiseaux) est également situé le 25 avril, et correspond à 27 % du total saisonnier.

Busard cendré (Circus pygargus)

Cette espèce a été observée entre le 2 avril et le 23 mai, soit durant 51 jours. Toutefois, l’effectif total est l’un des plus faibles avec 40 oiseaux seulement. La pleine migration est éta-lée sur 26 jours, du 6 avril au premier mai. La médiane est située le 20 avril et est située dans le premier tiers de la période de passage, montrant que l’espèce a migré principalement en début de période. Le pic jour correspond à 15 % du total saisonnier.

Chardonneret élégant (Carduelis carduelis)

8 820 individus ont été observés entre le 22 janvier et 19 mai (118 jours). Il faut attendre le 28 mars pour atteindre les 10 % puis le 22 avril pour les 90 %. Les 50 % sont notés le 5 avril, ce qui place cette date dans le dernier tiers de la période de passage. Elle correspond également au pic jour (1 337 oiseaux, soit 15 % du passage total).

Etourneau sansonnet (Sturnus vulgaris)

La période de passage pour cette espèce s’étend du 22 janvier au 20 mai (119 jours). 13 083 individus ont été dénombrés. La durée de la pleine migration est extrêmement courte : seule-ment 10 jours entre les 10 % (20 février) et les 90 % (2 mars), avec la médiane au 23 février. Le pic jour se situe lui le 27 février (17 % du total). La médiane est située très précocement par rapport à la durée totale, dans son premier tiers.

Faucon émerillon (Falco columbarius)

Ce petit faucon n’a été observé qu’à 36 reprises, entre le 28 février et le 3 mai (65 jours). Les 10 % et 90 % sont respectivement atteints les 4 mars et 23 avril, la médiane étant située le 5 avril. Pas de réel pic jour, les maximums ayant été notés. les 2 et 3 avril, avec 5 individus chacun.

Grand cormoran (Phalocrocorax carbo)

Migrateur abondant en termes d’effectifs (24 946 oiseaux), le grand cormoran l’est aussi sur la durée de migration (118 jours, du 24 janvier au 21 mai). La pleine migration est étalée sur 33 jours, du 1er mars au 3 avril. La médiane est située au 15 mars, légèrement en avance par rapport à la durée totale de migration. Le pic jour ne représente que 7 % de l’effectif total.

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

2135 56 27 mars 6 avr 23 avr 25 avr 22 mai 580 le 25 avr

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

40 51 2 avr 6 avr 20 avr 1 mai 23 mai 6 le 12 avr

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

8820 118 22 janv 28 mars 5 avr 22 avr 19 mai 1337 le 5 avr

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

13083 119 22 janv 20 fév 23 fév 2 mars 20 mai 2229 le 27fév

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

36 65 28 fév 4 mars 5 avr 23 avr 3 mai 5 les 2 et 3 avr

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

24946 118 24 janv 1 mars 15 mars 3 avr 21 mai 1676 le 21 mars

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

Analyse de quelques paramètres

Nous proposons d’analyser plus précisément certains paramètres mis en évidence dans le chapitre précédent. Nous traitons ici la période dite de pleine migration, plus stable dans le temps et plus représentative de l’effort réel de migration entrepris par les oiseaux. Cette période, plus représentative et très stable d’une année à l’autre, caractérise le passage intense de migration. Nous l’utilisons ici dans une opti-que d’étude des modalités de migration dans la région Rhône-Alpes en 2008. Il va de soi que les migrateurs situés en dehors de cette

période (du premier au dernier oiseau) ne sauraient être tenus à l’écart dans un objec-tif de conservation des espèces.

Durée de migration

La lecture des résultats présentés permet de mettre en avant que les vingt-cinq espèces n’ont pas la même stratégie de passage dans le temps. Certaines d’entre elles ont des durées de migration courte (moins de 40 jours), d’autres au contraire ont des périodes longues, supérieures à 50 jours.Au passage prénuptial, 15 espèces ont une durée de pleine migration courte de moins de 40 jours : grand cormoran, milan noir,

Pipit des arbres (Anthus trivialis)

La migration s’est étalée sur une courte période de 37 jours, entre le 5 avril et 12 mai. La pleine migration débute également au 5 avril, durant 20 jours jusqu’au 25 avril. La médiane est située au 14 avril. Le pic jour, avec 26 oiseaux, représente 19 % du passage total.

Tarin des aulnes (Carduelis spinus)

Des effectifs importants ont été observés cette année à savoir 23 706 oiseaux. Les dates extrêmes sont espacées de 113 jours (du 24 janvier au 16 mai), mais la pleine migration est plus concentrée (du 2 au 23 avril). La médiane est située au 12 avril, dans le dernier tiers de la période de migration. Le pic jour, avec 3 115 oiseaux représente 13 % du total saisonnier.

Les espèces signiicatives du passage postnuptial

Busard Saint-Martin (Circus cyaneus)

Cet élégant Rapace a été observé sur une période de 106 jours, du 16 août au 30 novembre. Les 10 % sont atteints le 3 octobre, et les 90 % le 13 novembre. La médiane est située au 19 octobre, la plaçant ainsi dans la fin du deuxième tiers de la période de migration. Les deux pics jour sont notés les 17 octobre et 3 novembre, représentant au total 13 % du passage total.

Cigogne noire (Ciconia nigra)

La période de migration s’étend sur 90 jours, du 26 juillet au 24 octobre. La pleine migration est étalée sur 51 jours (du 31 juillet au 20 septembre), les 50 % étant observés le 25 août. La médiane est donc incluse dans le premier tiers de la période de passage. Le pic jour corres-pond à 11 % de l’effectif total.

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

136 37 5 avr 5 avr 14 avr 25 avr 12 mai 26 le 6 avr

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

23706 113 24 janv 2 avr 12 avr 23 avr 16 mai 3115 le 5 avr

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

90 106 16 août 3 oct 19 oct 13 nov 30 nov 6 les 17 oct et 3 nov

Effectif Durée 1ère date 10 % 50 % 90 % Dernière date Pic jour

112 90 26 juil 31 juil 25 août 20 sept 24 oct 12 le 26 août

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Phénologie des passages migratoires en Rhône-Alpes en 2008

balbuzard pêcheur, busard des roseaux, busard cendré, faucon hobereau, pigeon ramier, martinet noir, pipit des arbres, bergeronnettes grise et printanière, étour-neau sansonnet, chardonneret élégant, tarin des aulnes et pinson des arbres.Au contraire, 7 espèces ont une durée de pleine migration relativement longue, de 50 jours au moins : milan royal, épervier d’Euro-pe, buse variable, faucon crécerelle, faucon émerillon, pigeon colombin et hirondelle de fenêtre.L’hirondelle rustique, avec 44 jours de pleine migration, est en position intermédiaire.Au passage postnuptial, 7 espèces ont eu une pleine migration courte : milan noir, busard des roseaux, pigeon ramier, pigeon colombin, martinet noir, hirondelle rustique et pinson des arbres.Ce sont 5 espèces qui ont présenté une lon-gue durée de migration : cigogne noire, milan royal, épervier d’Europe, faucon crécerelle, faucon hobereau.2 espèces sont également en position inter-médiaire : busard Saint-Martin et buse varia-ble.Il est intéressant d’observer qu’au printemps, l’hirondelle de fenêtre est la seule espèce de type « transsaharienne » présentant une longue durée de pleine migration. Toutes les autres espèces de ce type ont eu une durée de passage inférieure à 40 jours. Ce constat semble logique, puisque les oiseaux hiver-nant loin ont de longs trajets de passage, et arrivent en général plus tard sur leurs sites de reproduction. Ils ont ainsi intérêt à

migrer en masse, afin de ne pas accuser trop de retard. Les espèces de type « migratrices partielles » sont quant à elles sujettes aux variations climatiques « locales » et logi-quement le nombre d’individus précoces est plus élevé et le passage plus dilué dans le temps. Nous observons qu’un certain nom-bre d’espèces présente des durées de plei-ne migration très courtes eu égard à leurs durées totales de migration : c’est le cas du busard des roseaux, du pinson des arbres, du pigeon ramier, du chardonneret élégant et du grand cormoran. Ainsi, le passage réel s’est mis doucement en place ou au contrai-re, s’est éternisé après la pleine migration. A l’automne, le constat est moins évident, et il apparaît logique que les oiseaux ayant achevé leur reproduction sont susceptibles de s’attarder en Europe à la faveur de condi-tions météorologiques favorables et de nour-riture présente en quantité abondante, ce qui allonge la durée de migration.

Position de la médiane

Le positionnement de la médiane par rapport aux dates extrêmes de pleine migra-tion permet d’améliorer les connaissances sur le type de passage utilisé par les différentes espèces en 2008. Les migrateurs « préco-ces » auront une médiane proche du début de la pleine migration, les « tardifs » l’auront plus proche de la fin de la pleine migration. Enfin, il y a les espèces dont les 50 % sont placés de manière symétrique dans la pleine migration et dont nous considérons qu’ils auront migré de manière « équilibrée ».

Tableau 1 : Classement des espèces selon la position de la médiane au passage prénuptial

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

Les tableaux 1 et 2 présentent la position de la médiane par rapport aux dates extrêmes de la pleine migration, lors des deux passa-ges migratoires. Si la médiane est proche de la date bornant le début de la pleine migration, la période 10-50 % tend vers zéro, elle est de 50 % si elle est parfaitement à mi-chemin entre les deux dates bornant la pleine migration et dépasse 50 % et tend vers 100 si elle est proche de la date bornant la conclusion de la période de pleine migration. Ainsi la buse variable est très hâtive car déjà la moitié (médiane) des individus sont passés sur les 18 premiers pourcents de la période de pleine migration, alors qu’a contrario pour la bergeronnette printanière, il faut attendre que 89 % de cet-te période principale du passage pour voir passer la première moitié des oiseaux, ceci signifie par ailleurs que la moitié des oiseaux passent sur les 11 derniers pourcents de cette période de passage.Autres exemples, au printemps, le milan noir est une espèce présentant une migration hâtive, car la médiane est située dans le pre-mier tiers (33 %) de la pleine migration. A l’automne, l’épervier d’Europe présente un passage tardif : il faut attendre le deuxième tiers de la période de pleine migration (67 %) pour que la médiane soit atteinte.

Au printemps, 11 espèces sur 23 ont un pas-sage équilibré. 8 espèces ont un passage plutôt précoce, alors que 4 ont un passage tardif. A l’automne, 7 espèces présentent un passa-ge précoce, 4 espèces un passage équilibré et 4 espèces un passage tardif.Seules 2 espèces présentent des situations similaires aux deux passages. Le milan noir a migré « précocement » au printemps et en automne. Le pigeon ramier a présenté une migration « équilibrée » durant la pleine mi-gration durant les deux saisons. Au contraire, le milan royal a eu une migra-tion avec une tendance à traîner en longueur après les 50 % au printemps, ce qui n’a pas été le cas à l’automne. L’épervier d’Europe, le faucon crécerelle et le pigeon colombin ont quant à eux migré dans le cas inverse, avec une migration franche et rapide dans la première partie printanière, contrairement à l’automne.Il est difficile de juger du comportement de migration hâtif, tardif ou équilibré d’une espèce en étudiant les résultats d’une seule année. Seule une analyse poussée, sur une dizaine d’années de recul au minimum, per-mettrait de mieux cerner la migration dans la région Rhône-Alpes.

Tableau 2 : Classement des espèces selon la position de la médiane au passage post-nuptial

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Phénologie des passages migratoires en Rhône-Alpes en 2008

Conclusion

Avec plus de 5 000 heures d’observations réparties sur les cinq sites et plus de huit mois de suivi, l’effort entrepris par les orni-thologues en Rhône-Alpes a été conséquent en 2008. Une forte dynamique est en place, et a même tendance à s’améliorer au fil des ans, avec notamment des allongements des périodes d’observation.Cette synthèse annuelle permet d’établir une première approche du phénomène migratoire en Rhône-Alpes. Il s’agit du premier travail synthétique abordant les notions de dates clés et de pleine migration pour la région. Elle fait suite aux synthèses intersites réalisées en 2000, 2001, 2002 et 2006 pour l’opéra-tion « Tête en l’Air ».Notre choix s’est arrêté sur une détermination « subjective » des espèces à étudier : nous avons considéré que la possibilité de retrou-ver des espèces peu communes après trois journées consécutives était faible. Ce choix a effectivement dégrossi de manière impor-tante la liste finale, et probablement fait dis-paraître grand nombre d’espèces qui peuvent apparaître très communes en migration par ailleurs en Rhône-Alpes. Mais ce résultat est certainement un bon indicateur de la manière dont est suivie la migration active diurne en Rhône-Alpes, tenant compte des spécificités des sites, mettant l’accent notamment sur les grosses espèces (planeurs, pigeons) et lais-sant de côté bon nombre d’espèces qui ne se rencontrent pas sur tous les sites en quantité (Passereaux, Laridés et cigogne blanche par exemple). Si la quantité de données disponibles une année sur un ou plusieurs sites est importan-te, les possibilités d’analyse restent cepen-dant limitées pour les raisons suivantes :- la pression d’observation et la météorologie peuvent influencer considérablement le suivi, - des différences notables d’application de protocole ont été relevées, notamment dans la durée de présence des observateurs, ou le recueil horaire ou journalier des données.Toutefois, la rigueur développée en d’autres sites de comptage en France et la (re-) mo-tivation récente au niveau national sur les questions de migration des oiseaux permet-tent d’envisager avec optimisme le futur. Par ailleurs, nous proposons que soient repris lors de la rédaction des futures synthèses de migration, les éléments qui ont été étudiés ici. Si les premières et dernières dates, ainsi que

le pic jour sont régulièrement cités, il n’en n’est pas de même pour les dates de pleine migration, alors que ces paramètres sont d’une fiabilité statistique bien supérieure. Actuellement, deux études sont en cours sur l’analyse d’un grand lot de données de migration, l’une regroupant l’ensemble des données françaises disponibles et l’autre concernant la région Aquitaine. A n’en pas douter, des informations intéressantes en sortiront, et devraient nous permettre de mieux appréhender nos méthodes de suivis et de mieux cerner nos analyses, et conclurons peut-être sur des modifications notables à mettre en œuvre sur le terrain.Nous rappelons qu’un jeu de données homo-gène d’une dizaine d’années est le minimum requis pour analyser des tendances d’évo-lution ainsi que pour de nombreux autres facteurs.Enfin, la multiplicité des sites d’observations permanents ou ponctuels dans la région met-tent en évidence des différences de passage importantes d’un jour à l’autre et d’un site à l’autre, malgré une proximité géographique. Nous voyons là un intéressant terrain d’inves-tigation pour clarifier les voies de migration selon les conditions météorologiques obser-vées sur les sites, localement ou en amont de ceux-ci. De même, il apparaît probable que des oiseaux soient observés sur deux sites différents lors d’une même journée, mais il est impossible de savoir à l’heure actuelle dans quelle proportion ce phénomène se produit.

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

Bibliographie

CORA Drôme, 2003 : Bilan du suivi migratoi-re (migrations pré nuptiales) sur 5 sites de la région Rhône-Alpes – Maison de la Nature et de l’environnement, Romans-sur-Isère. 41 p.

CONSTANT G., GENOUD D., MAGNIER M., 2001 : Synthèse de la migration prénuptiale en Rhône-Alpes – CORA Drôme, Romans-sur-Isère. 61 p.

COUVENT S., 2006 : Synthèse Tête en l’Air 2006. Pierre-Aiguille, le Hucel, col de l’Escri-net – CORA Drôme, Romans-sur-Isère 32 p.

GENOUD D., 2003 : Opération « Tête en l’Air », synthèse du suivi de la migration pré-nuptiale 2002 – CORA Drôme, Romans-sur-Isère. 96 p.

URCUN J.P. 1998 : Méthode de recueil des données applicable sur les sites du program-me Transpyr – OCL Bayonne, 77 p.

URCUN J.P., 2005 : La migration postnuptia-le du Milan noir dans les Pyrénées, Circulaire d’Organbidexka Col Libre – OCL, Bayonne. 4 p.

URCUN J.P., 2006 : Vingt-cinq saisons de programme Transpyr : Etat des lieux, circulai-re d’Organbidexka Col Libre – OCL, Bayonne. 4 p.

URCUN J.P., 2007 : La migration du Pigeon colombin (Columba oenas) et du Pigeon ra-mier (Columba palumbus) par trois sites ma-jeurs du Pays-Basque, circulaire d’Organbi-dexka Col Libre – OCL, Boucau, 7 p.

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Andance (Ardèche)

Vincent PALOMARES

Résumé : Le site d’Andance, situé en moyenne vallée du Rhône, est bien placé, tant pour le suivi de la migration prénuptiale que pour celui de la migration postnuptiale, ce qui est rare pour un même site dans notre pays. Le passage s’avère particulièrement important à l’échelle natio-nale pour certaines espèces (par exemple celui du grand cormoran ou de la cigogne blanche à l’automne)…

Le suivi n’est assuré que par un bénévole et est donc irrégulier ; néanmoins il est complémentaire à celui de sites régulièrement suivis comme le dé-filé de l’Ecluse, ou Pierre-Aiguille et l’Escrinet. En effet, Andance se trouve sur la voie de passage des mêmes flux constatés mais cela ne concerne pas forcément les mêmes individus… Un suivi plus régulier permettrait certainement d’affiner les connaissances régionales sur les voies de pas-sage et l’importance des flux concernés.

Abstract : The Andance site, situated in the central part of the Rhône valley, is well-placed for both the Spring and Autumn migrations - a rare phenomenon in our country for a single site. The numbers of passage migrants are quite conside-rable - of national importance for some species (e.g. Cormorant and White Stork in the Autumn). The recording is done by just one volunteer obser-ver, and is therefore irregular, but complements the recording done on a regular basis at other sites such as the Ecluse Gorge, Pierre-Aiguille or Escrinet. Andance is on the same migration route, but the records do not necessarily concern the same individual birds. Monitoring on a more regular basis would certainly enable us to sharpen our knowledge of migration routes in the region and the size of the bird movements involved.

Photo : Site d’Andance © Vincent Palomares

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

Présentation du site

Le site se trouve en vallée du Rhône, en rive droite, à l’extrémité nord du défilé de Saint-Vallier (Drôme). Deux sites d’observation sont utilisés : l’embouchure de la Cance, en rive gauche (lieu-dit Cancette) et le coteau de Montalivet à l’extrémité nord du coteau surplombant le village d’Andance (Ardèche).Le coteau de Montalivet offre un très beau panorama sur le défilé de Saint-Vallier. Par beau temps, on peut y voir le Bugey, le Mont-Blanc et la Chartreuse au nord-est, le Vercors à l’est et on peut même apercevoir le Mont Ventoux au sud. Au nord, la vue est surtout dégagée sur la plaine de Bièvre (Isère) (sur-volée par les migrateurs à l’automne comme au printemps). Le milieu naturel, d’influence méditerranéenne, est composé de vignes et de bosquets de chênes verts et pubescents.C’est un excellent site de printemps pour le passage des Rapaces, notamment par vent de nord modéré. Dans ce cas, les conditions d’observation sont exceptionnelles car le flux se concentre particulièrement sur ce site, situé à l’extrémité nord du défilé de St-Vallier ; les Rapaces arrivant d’Ardèche sont alors plaqués contre le coteau et pas-sent à quelques dizaines de mètres du point d’observation. L’embouchure de la Cance offre de meilleu-res conditions d’observation des espèces suivant spécifiquement le Rhône : cormo-rans, cigognes blanches (à l’automne), Anati-dés, Laridés, bruants des roseaux, etc… Par contre, toutes les observations se font en bord de fleuve et le champ de vision y est moins large. Le choix du site dépend du passage et du moment dans la journée : par exemple, par vent de nord au printemps, à Montalivet en journée pour les Rapaces, à l’embouchure de la Cance en soirée pour les Laridés.

Intérêt du site

L’intérêt remarquable du site réside dans l’observation conjointe des migrateurs sui-vant la vallée du Rhône et de ceux suivant un axe nord-est / sud-ouest, reliant le fossé d’Alès (Gard) à la plaine de Bièvre.155 espèces migratrices (en migration « active diurne ») y ont déjà été observées. Au printemps, le site est très favorable à l’ob-servation des Rapaces, et particulièrement du balbuzard pêcheur (plus de 70 en 2004,

2005 et 2009 malgré un suivi partiel), du mi-lan noir, de la bondrée apivore, du busard des roseaux, des faucons crécerelle et hobereau. L’observation des cigognes y est régulière. Moins spectaculaire qu’au col de l’Escrinet, le passage de Passereaux y est néanmoins observable et très diversifié ; le passage des martinets peut y être très marqué. Le long du Rhône, on peut observer un bon passage de grands cormorans, de mouettes rieuses et de goélands bruns. A l’automne, le passage de Rapaces est un peu moins important mais le site reste très favorable à l’observation de la cigogne blanche (plus de 2 300 cet automne 2008), du grand cormoran et du héron cen-dré (site d’importance nationale pour ces espèces). Le passage de l’oie cendrée et de la rémiz penduline est également régulier, en petit nombre (centaine). Des espèces rares pour la région ont déjà été observées depuis le site : pélican blanc (1 le 10.09.08), spatule blanche (1 le 7.04.2008), vautour fauve (1 le 3.05.08), aigle pomarin (1 le 14.09.08), aigle botté (6 données), faucon kobez (9 don-nées), faucon d’Eléonore (1 le 14.05.2006), huitrier pie (1 le 17.09.08 et 1 le 16.04.09), barge rousse (1 le 2.10.2007), sterne cas-pienne (10 données), sterne arctique (1 le 18.10.2006 et 1 le 21.04.2007), hibou des marais (1 le 24.10.08), hirondelle rousseline (1 le 8.05.2005), pipit à gorge rousse (1 le 6.10.2006 et 1 le 1.05.2009). Une part de ces observations reste à confirmer par les Comi-tés d’Homologation National et Régional.Suite à une série de tests de différents sites dans le Nord-Ardèche en 2003 et 2004, il est apparu que le site d’Andance était effec-tivement le mieux placé, tant pour le suivi de la migration prénuptiale que pour celui de la migration postnuptiale, ce qui est rare pour un même site dans notre pays. Il est suivi au printemps depuis 2004 et à l’automne depuis 2006.

Suivi de la migration en 2008

Le suivi n’est réalisé que par un seul obser-vateur bénévole, Vincent Palomares. La ré-gularité ainsi que la pression d’observation dépendent donc de ses disponibilités, des conditions météorologiques et de sa motiva-tion.Au printemps 2008, 112 heures de suivi ont été assurées, réparties sur 21 jours, du 2 mars au 7 mai.A l’automne 2008, 400 h de suivi ont été ef-

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Les sites de suivi de la migration en Rhône-Alpes

fectuées, réparties sur 76 jours, du 27 juillet au 8 novembre. Une forte pression d’obser-vation est notable de mi-août à mi-septem-bre, afin de bien suivre le passage de la ci-gogne blanche.Le suivi 2008 de la migration postnuptiale a permis de mettre en évidence l’importance du site pour le passage des espèces suivan-tes : - le grand cormoran Phalocrocorax carbo (6 117 migrateurs) ; total supérieur à celui du défilé de l’Ecluse, malgré une pression d’ob-servation bien plus faible. A noter que le pic de passage sur Andance est situé début no-vembre, alors qu’au défilé de l’Ecluse à cette période, le flux est nettement moindre. Il est probable que les oiseaux transitant par le bassin lémanique rejoignent la moyenne val-lée du Rhône tout comme le flux plus tardif de migrateurs suivant l’axe des vallées de la Saône puis du Rhône,- le héron cendré Ardea cinerea (822 migra-teurs) ; total comparable à celui du défilé de l’Ecluse,- la cigogne blanche Ciconia ciconia (2 327 migrateurs) ; total du même ordre de gran-deur à celui de Gruissan (Aude) et supérieur à l’addition des flux observés aux Conches et au défilé de l’Ecluse. Il est probable que les flux longeant le Jura à l’ouest (les Conches) et à l’est (défilé de l’Ecluse) se rejoignent en moyenne vallée du Rhône,- le busard des roseaux Circus aeruginosus (312 migrateurs) ; total comparable à celui du défilé de l’Ecluse,- le faucon crécerelle Falco tinnunculus (268 migrateurs) ; total comparable à celui du dé-filé de l’Ecluse,- la sterne caspienne Sterna caspia (11 migra-teurs) ; 6 données (fin juillet et début sep-tembre) alors que l’espèce est considérée comme rare en région Rhône-Alpes ; le suivi a ainsi permis de montrer une certaine régu-larité du passage le long du Rhône. L’homo-logation de ces données est en cours par le Comité d’Homologation Régional.

Les espèces observées

128 espèces ont été contactées en migration postnuptiale cette année, seulement 68 lors de la migration prénuptiale (mais la pression d’observation était près de 4 fois moindre).

Total Taux

Ardéidés 50 0,3 %Anatidés 0 0 %Rapaces 2 989 17,7 %

Limicoles 0 0 %Laridés 4 932 29,1 %

Colombidés 706 4,2 %Passereaux 6 182 36,5 %

Autres 2 059 12,2 %Tableau 1 : Effectifs comparés par groupes d'espèces au printemps 2008

Total Taux

Ardéidés 906 1,58 %

Anatidés 194 0,33 %Rapaces 4 752 8,32%

Limicoles 50 0,09 %Laridés 1 874 3,28 %

Colombidés 3 144 5,51%Passereaux 37 574 65,81 %

Autres 8 603 15,08 %Tableau 2 : Effectifs comparés par groupes d'espèces à l’automne 2008

Au printemps, les principales espèces ob-servées sont la mouette rieuse (4 527 indi-vidus, 27 % du total des oiseaux comptés), le pinson des arbres (1 986 individus, 12 %), le grand cormoran (1 790 individus, 11 %) et le milan noir (1 379 individus, 8 %). Parmi les Rapaces, les espèces majoritaires sont le mi-lan noir (1 379 individus, 46 %), la buse va-riable (494 individus, 16 %), l’épervier d’Eu-rope (322 individus, 10 %) et le busard des roseaux (256 individus, 8 %).A l’automne, les principales espèces obser-vées sont l’étourneau sansonnet (8 572 in-dividus, 15 %), le pinson des arbres (7 334 individus, 13 %), le grand cormoran (6 117 individus, 11 %), l’hirondelle rustique (5 992 individus, 10 %), le pigeon ramier (3 095 in-dividus, 5 %) et la cigogne blanche (2 327 in-dividus, 4 %). Parmi les Rapaces, les espèces majoritaires sont la bondrée apivore (1 549 individus, 33 %), le milan noir (1 175 indivi-dus, 25 %), la buse variable (637 individus, 13 %), le milan royal (390 individus, 8 %) et le busard des roseaux (312 individus, 7 %).A l’automne, la régularité du passage de la sterne caspienne (de fin juillet à mi-septem-bre) et de la rémiz penduline (en octobre) est à noter.

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Conclusion

La poursuite d’un suivi sur le site d’Andance paraît à la fois intéressante et nécessaire, notamment pour affiner les connaissances régionales sur les voies de passage de cer-taines espèces migratrices suite à la com-paraison détaillée des flux observés sur d’autres sites.Au printemps, il semble que les grands cor-morans, les cigognes blanches et les Laridés observés soient majoritairement une partie de ceux observés plus au sud, sur les sites de Meysse et de Pierre-Aiguille. Par contre l’ef-fectif est moindre car il est probable que ces espèces ne suivent pas le Rhône sur toute sa

longueur et bifurquent vers le nord-est entre Pierre-Aiguille et Meysse. Paradoxalement, les rapaces observés du côté ardéchois à Andance sont majoritairement différents de ceux de Pierre-Aiguille. Ces différents points sont encore à détailler et à étudier, notam-ment par la mise en place ponctuelle d’un protocole spécifique de suivi intersites.A l’automne, le passage de la cigogne blan-che et du grand cormoran est d’importance nationale. Un meilleur suivi permettrait non seulement de le vérifier, mais aussi d’appor-ter des données complémentaires sur des espèces peu contactées sur les sites de mi-gration continentaux, comme l’oie cendrée, le héron cendré, la sterne caspienne et la rémiz penduline.

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Résumé : Le site de suivi de la migration pré-nuptiale est situé sur la commune de Meysse (Ardèche). Son intérêt principal est caracté-risé par sa situation géographique (couloir naturel orienté sud-nord) qui, associée à sa configuration topographique (entonnoir est-ouest), lui confère très peu de perte au niveau du flux de l’ensemble des hivernants du sud de la France et des flux migratoires méditerranéo-rhodaniens.En 2008, du 15 février au 18 mai (476 h 30 heures d’observation), 232 347 migrateurs ont été dénombrés de 135 espèces migra-trices, ce qui témoigne de la richesse et de la diversité tant quantitative que qualitative pour un site continental. Le développement du site de Meysse passe par son association, voire son intégration au futur projet interrégional de la véloroute voie verte VIARHONA, du Léman à la Méditerra-née.

Abstract : This site for Spring migration re-cording is situated in the Commune of Meys-se (Ardèche Department). Its main interest lies in its geographical situation (a natural corridor running north-south), which, in asso-ciation with local topography (an east-west narrowing of the valley), mean that very few migrants making their way up the Rhône Val-ley from their Mediterranean winter quarters go unnoticed.In 2008, 232,347 migrants of 135 species were counted between 15 February and 18 May (476.5 hours of recording), which reveals the richness and variety for a continental site in terms of both numbers and quality.The development of the Meysse site depends on its association with the future inter-regio-nal VIARHONA cycle route from Lake Geneva to the Mediterranean.

Site de suivi de la migration prénuptiale Meysse (Ardèche)

Elian BOULENC

Photo : Site de Meysse © Elian Boulenc

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

Présentation du site

Le site de suivi se trouve sur la commune de Meysse (Ardèche, France). Localisé dans la vallée du Rhône, en bordure orientale du plateau du Coiron, le site d’ob-servation de Meysse occupe un véritable couloir taillé par le fleuve. Sa topographie lui confère la forme d’un gou-let d’étranglement naturel orienté est-ouest qui tend à concentrer les espèces migratri-ces. A une altitude de 80 mètres, le site, situé en rive droite du fleuve possède un champ de vision panoramique de 180° orienté sud (jusqu’aux plaines de Châteauneuf du Rhône et de Montélimar).

Le site de migration prénuptiale

Le site de Meysse situé en Ardèche méri-dionale rhodanienne fait office de vérita-ble carrefour migratoire européen pour de nombreuses espèces inféodées aux milieux aquatiques.Son intérêt principal est caractérisé par sa situation géographique (couloir naturel orienté sud-nord) qui, associée à sa configu-ration topographique (entonnoir est-ouest), lui confère très peu de perte au niveau du flux de l’ensemble des hivernants du Sud de la France et des flux migratoires méditérra-néo-rhodaniens.

Intérêt du site

Le site de Meysse possède des effectifs migratoires prénuptiaux d’importance régio-nale (goéland brun, hérons…) et également d’importance nationale (cigogne blanche), voire européenne occidentale pour des espè-ces comme la mouette rieuse, le goéland leu-cophée ou encore le grand cormoran. Le flux migratoire observé à Meysse permet de révéler, de façon partielle, la juste mesure de la biomasse migrante en aval de ce cou-loir rhodanien. Ce flux a également démontré l’existence d’une ou plusieurs voies migratoi-res d’importance, orientée SO-NE entre les sites de Meysse (07) et de Pierre-Aiguille (26) pour certaines espèces comme la mouette rieuse, le grand cormoran ou encore la cigo-gne blanche. Enfin, depuis le début du suivi (2000), avec 180 espèces migratrices observées à ce jour sur le site et ce, malgré un suivi partiel,

Meysse est l’un des sites continentaux les plus diversifiés de France. Le point d’observation est situé sur le Do-maine Public Fluvial à proximité du Centre Nucléaire de Production d’Electricité (CNPE) de Cruas-Meysse. Il est actuellement d’accès limité (autorisation d’accès, contrôle gendar-merie). Le passage à proximité du site d’observation du tronçon Le Pouzin-Rochemaure (27 km) de la véloroute VIARHONA du Léman à la médi-terranée, à l’horizon 2011, devrait marquer un tournant dans le développement du site. La future voie verte VIARHONA va constituer un véritable outil de développement du site. L’ensemble de son formidable potentiel at-tractif et touristique (estimation de fréquen-tation du tronçon de plusieurs dizaines de milliers de personnes par an) devrait être un atout majeur dans la sensibilisation du grand public aux phénomènes migratoires dans le Sud rhônalpin. Le site, bien que suivi sporadiquement dans les années 1996-97, a réellement fait l’objet d’un suivi partiel de la migration à compter de l’année 2000.Ce suivi partiel est essentiellement réalisé bénévolement tous les printemps par une seule personne (Elian Boulenc). Il dépend donc de ses disponibilités.

Suivi de la migration en 2008

En 2008, le suivi a débuté le 15 février à 6 h TU pour s’achever le 18 mai 2008 18 h TU. Sur cette période 39 journées de suivi ont été réalisées dont 34 de façon complète (de l’aube au crépuscule) et 5 sur des demi-jour-nées (4 AM et 1 PM). Le suivi totalise pour la période une présen-ce de 476 h 30 d’observation.En moyenne la durée quotidienne d’obser-vation est de 12 h en début de période et s’étend à 15 h en fin de période, ceci étant lié à l’augmentation progressive de la durée du jour.La pression d’observation est restée constan-te (3 jours par semaine) et correspond à 35- 40 % d’un temps de suivi permanent de la migration prénuptiale pour l’année 2008.Il n’y a actuellement pas de structure d’ac-cueil du public sur le site et seule la présence du permanent s’est faite tous les week-ends et irrégulièrement en semaine. Sur l’ensemble de la période de comptage,

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Les sites de suivi de la migration en Rhône-Alpes

232 347 migrateurs ont été dénombrés en 2008.Cette année a vu passer sur le site 135 espè-ces migratrices (dont 117 en migration active), ce qui constitue une richesse spécifique du site remarquable pour un suivi partiel.Contrairement à d’autres sites de suivi, le mauvais temps (pluie, absence de vent) autorise très souvent d’agréables surprises au niveau du passage des oiseaux tant en quantité (ex : hirondelle rustique, hérons), qu’en qualité (ex : eider à duvet).

Effectifs

Sur les 34 journées complètes de suivi, 8 jours pics dépassent les 10 000 oiseaux mi-grateurs (pics de : mouette rieuse, grand cor-moran, martinet noir, hirondelle rustique).

Quatre espèces présentent des effectifs totaux supérieurs à 20 000 individus sur le temps de suivi partiel du site de migration (grand cormoran, mouette rieuse, martinet noir et hirondelle rustique). Quelques autres espèces emblématiques au site possèdent également des effectifs assez élevés en 2008 (cigogne blanche, goélands leucophée et brun, rémiz penduline). L’ensemble des effectifs totaux pour chaque espèce est consultable sur le site www.mi-graction.netGardons à l’esprit que seul un suivi perma-nent du site est susceptible d’apporter une bonne évaluation du flux réel. Les différentes journées réalisées au cours de ces dernières années permettent d’offrir une fourchette des estimations quantitatives des effectifs des principales populations migratrices em-blématiques du site de suivi de Meysse en migration prénuptiale.

Espèces principales du site de Meysse

Effectif compté en mi-gration active en 2008 sur la période de suivi

Estimation minimale des effectifs en migration active

Estimation maximale des effectifs en migration active

* Grand cormoran 23 708 55 000 60 000

Héron garde boeuf 250 500 700

Aigrette garzette 544 700 900

Grande aigrette 60 140 160

* Héron cendré 453 1 000 1 300

* Héron pourpré 72 150 200

* Cigogne blanche 985 2 000 2 600

Cygne tuberculé 98 200 280

Balbuzard pêcheur 33 70 100

Milan noir 727 1 500 2 000

Busard des roseaux 241 500 700

* Mouette rieuse 74 065 130 000 150 000

Goéland leucophée adulte 254 500 600

Goéland leucophée immature 758 1 800 2 000

* Goéland leucophée total 1012 2 300 2 600

Goéland brun adulte 724 1 700 1 900

Goéland brun immature 74 170 190

Goéland brun total 798 1870 2 090

Pigeon ramier 1 980 4 000 6 000

* Martinet noir 58 867 150 000 250 000

Alouette des champs 867 2 500 3 000

Hirondelle rustique 34 029 80 000 150 000

* Rémiz penduline 61 150 200

Pinson des arbres 13 444 30 000 40 000

TOTAL 212 296 463 080 672 830

Tableau des effectifs des espèces principales en migration prénuptiale en 2008 du site de Meysse et tentative de quantification du flux migratoire prénuptial. *Espèces cibles et phares du site de Meysse suivies depuis 2000.

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

Diversité

L’augmentation du nombre d’heures de suivi a permis logiquement d’accroître la diversité du site. 8 nouvelles espèces viennent com-pléter la liste d’espèces déjà observées sur le site avec pour l’année 2008 : la spatule blanche (la première ou une des premières données ardéchoises), l’eider à duvet, le vautour moine, l’aigle botté, l’huîtrier pie, la sterne naine (la première ou une des premiè-res données ardéchoises), la caille des blés et la niverolle alpine Les deux pics espèces journaliers de l’année 2008 sont de 44 et 45 espèces respective-ment les 14 mars et 14 avril.La moyenne journalière sur la période de suivi du site de Meysse est de 30 espèces/jour.

Espèces observées

La présentation de la répartition des effectifs groupes (ou « familles ») permet de mettre en évidence les spécificités du site et autorise également des comparaisons avec les autres

sites de suivi. Ainsi, les groupes sont ceux repris classiquement dans les études orni-thologiques : Ardéidés, Anatidés, Rapaces, Limicoles, Laridés, Colombidés, Passereaux, et autres non-Passereaux.Le groupe des Ardéidés représente un peu moins de 0,6 % des effectifs totaux. Néan-moins, les effectifs de ce groupe avec 1 387 individus (ind), reste un des plus significatifs de la région Rhône-Alpes en migration pré-nuptiale. Le site est un véritable point de halte migratoire pour les 7 espèces du grou-pe observées. Avec 13 espèces contactées en 2008 sur le site, le groupe des Anatidés possède une diversité spécifique également intéressante. Ces effectifs restent relativement modestes (462 oiseaux, 0,2 %). Le site de Meysse pos-sède une particularité avec la migration du cygne tuberculé (98 ind, 21,2 % du groupe) qui est un phénomène nouveau ces derniè-res années. 2008 a également vu le passage d’un vol migratoire composé de 20 eiders à duvet le 17 mai, assez rare en vallée du Rhône. Le groupe des Rapaces (2 787 individus, 1,2 %) est constitué pour moitié par la bon-drée apivore (1 438 ind, 51,6 % du groupe avec un pic jour de 1 082 migrateurs le 17 mai) et le milan noir (727 ind, 26 % du grou-pe). L’année 2008 a vu un passage record de faucon kobez (5 individus concentrés en-tre le 8 et 17 mai) ainsi qu’un aigle botté (le 17 mai) et le premier vautour moine du site (déplacement le 26 avril). Enfin, on note le 7 mars l’observation très précoce d’un vautour percnoptère. Malgré la proximité du fleuve, le groupe des Limicoles reste très peu représenté (49 ind, 0,02 %).Le chevalier guignette et le courlis cendré en sont les principales espèces avec respec-tivement 14 et 13 oiseaux sur la période de suivi. Le groupe des Laridés (76 065 ind, 32,7 %) est l’un des groupes phares du site de Meys-se. Le passage en migration active de la mouette rieuse (74 015 ind, 97,3 % du groupe) est un des phénomènes les plus spectaculaires du site, unique sur le plan national et européen occidental. La migration du goéland leucophée (993 ind, 1,3 % du groupe) est également une autre spécificité du site. A noter que la mi-gration des adultes nicheurs semble déjà

Principaux groupes avifaunistiques

contactés sur 35-40 % de temps de suivi sur la période du 15 février au

18 mai 2008

Nombre d’espèces

Nombre d’oiseaux

Taux

Ardéidés 7 1 387 0,6Anatidés 13 462 0,2Rapaces 20 2 787 1,2

Laridés dont : 6 76 065 32,7Mouette rieuse / 74 015 31,9

Limicoles 8 49 0,02Colombidés 5 2 071 0,9

Passereaux dont : 54 65 558 28,2Hirondelle rustique / 34 029 14,6Autres (non Passereaux) 22 83 968 36,1

Grand cormoran / 23 708 10,20Cigogne blanche / 985 0,42

Martinet noir / 58 867 25,3Total 135 232 347 100

Tableau de répartition des effectifs par groupes d’espèces en 2008 du site de Meysse

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Les sites de suivi de la migration en Rhône-Alpes

être entamée avant le début du suivi. L’ef-fectif des oiseaux adultes représente 25 % des effectifs migrateurs totaux de l’espèce essentiellement concentré au passage entre la seconde décade de février et la seconde décade de mars. Avec 758 oiseaux, la migration des imma-tures représente 75 % des effectifs totaux migrateurs du goéland leucophée (seconde décade d’avril à la première de mai). On peut alors observer des vols importants (supérieur à 30 individus) composés d’oiseaux de tous plumages.Bien que moins importante que sur la côte atlantique, la migration prénuptiale du goé-land brun est également bien présente (797 ind, 1,05 % du groupe) sur le site.Les individus adultes représentent 90,7 % de l’effectif migrant sur le site concentrés durant le mois de mars. 9,3 % représentant des immatures (74 ind) passent principale-ment entre la troisième décade de mars et la seconde d’avril.Enfin, l’année 2008 aura permis de contac-ter des espèces rares comme les mouettes pygmée (1 ind) et mélanocéphale (9 ind). Le groupe des Colombidés (2 071 ind, 0,9 %) présente des effectifs assez modestes en 2008. Le pigeon ramier (1 980 ind) compose, avec plus de 95 %, la quasi exclusivité des effectifs du groupe.Le groupe des Passereaux n’est que partiel-lement compté quand le flux des espèces cibles du site est trop important. Il consti-tue néanmoins une part représentative des effectifs du site (65 558 ind, 28,2 %). Dans ce groupe, l’hirondelle rustique (34 029 ind, 51,9 % du groupe) est l’espèce migratrice la plus nombreuse contactée en 2008. Ce-pendant, ce total demeure particulièrement faible au regard des potentialités du site com-me l’attestent les 37 667 migrateurs qui sont passés en une seule journée le 5 mai 2007. La mésange rémiz avec 61 ind est également une des espèces suivies spécifiquement car elle est peu observée sur les autres sites de migration (record journalier national de 26 ind le 6 avril – donnée Trektellen). A noter qu’un groupe de 26 niverolles alpi-nes le 23 février semble être un des plus gros vols de l’espèce observée dans la région. Les espèces de non passereaux constituent le groupe le plus important du site (83 968 ind, 36,1 %).

Vol migratoire du grand cormoran, le 09 mars 2008 à Meysse © Elian Boulenc

Le grand cormoran (23 708 ind pour 1 005 vols, 28,2 % du groupe) est une des espèces phares du site. Ses effectifs migratoires y sont uniques en France et probablement en Europe occiden-tale.Son passage est très spectaculaire (vol re-cord constitué de 387 individus le 9 mars, pic jour de 2 834 ind le 14 mars).Au sein de ce groupe, la cigogne blanche est également une espèce emblématique du site. Proportionnellement, les effectifs passant à Meysse (985 ind, 1,2 %) n’ont pas d’équivalent en Rhône-Alpes en migration prénuptiale. Quatre journées dépassent les 100 migra-teurs : 132 le 22 février, 103 le 13 mars, 200 le 14 mars et enfin 112 le 06 avril. A une échelle inter-régionale, on peut noter des concordances de flux avec le site de Gruis-san (11) (flux migratoire passant sur le site de Meysse 48 h après détection à Gruissan en mars et 72 h après en avril).Le martinet noir (58 867 ind, 70,2 % du groupe) est une autre espèce majeure dans ce groupe. Il est passé sur le site de Meysse une écharpe de 82 000 martinets noirs en-tre 4 h 35 et 7 h 10 TU qui a constitué un des moments forts de cette période de suivi le 26 avril (journée à 11 782 migrateurs). Le record journalier pour 2008 est de 25 453 migrateurs le 18 mai.Enfin, des espèces rares comme la spatule blanche (1 le 06 avril), la sterne naine (1 le 17 mai en compagnie de 2 sternes pierregarin), la sterne caspienne (8 ind concentrés entre le 13 et 28 avril), la guifette leucoptère (2 ind

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

le 17 mai) permettent de mettre en évidence la richesse de ce site de suivi. Au niveau du passage horaire, le total d’oiseaux observés est de 487 individus par heure. On peut observer une réparti-tion assez homogène entre trois groupes principaux du site que sont les Laridés (159,6 oiseaux/h dont 155,3 oiseaux/h pour la mouette rieuse), les Passereaux (137,6 oiseaux/h) et les autres non Passereaux (176,2 oiseaux/h dont 49,8 oiseaux/h pour le grand cormoran).

Conclusion

Le suivi de l’année 2008 témoigne une nou-velle fois de la richesse et de la diversité tant quantitative que qualitative pour un site continental. La migration prénuptiale 2009 vient confir-mer ces observations avec en exergue : - un nouveau record journalier européen en migration active pour la mouette rieuse

(27 929 ind le 14 mars devant le site hollan-dais de Breskens (18 000 le 27/03/2001)- Donnée Trektellen), - les deux premières mentions françaises en migration active prénuptiale pour le cygne de Bewick (2 vols totalisant 32 ind le 27 fé-vrier), - un nouveau record journalier national pour le grand cormoran (4 614 ind le 09 mars) qui se rapproche du record européen de Kételbrug au Pays bas avec 4 771 ind le 15 03/2008 – données Trektellen). La nécessaire évolution du site, en fonction des différentes opportunités, devrait per-mettre à court voire moyen terme la mise en place d’un suivi permanent (de début fé-vrier à fin mai) qui apportera alors la pleine mesure de la réelle biomasse migratrice du site. Son développement, intimement asso-cié à la proximité de la VIARHONA, devrait alors faire du site de Meysse une place forte de suivi de la migration prénuptiale dans le quart sud-est de la France.

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Résumé : La migration d’automne est suivie dans l’Ain depuis 1986 par des bénévoles du CORA-Ain depuis les environs de la Chapelle des Conches (près de Cézériat). Un flot inces-sant de passereaux survole ce site perché à 650 m d’altitude, surtout en septembre et octobre. Durant la période 1986-2008, 4 277 heures de suivi se sont déroulées sur 968 journées. 3 604 660 données sont déjà informatisées. Les espèces les plus obser-vées en 2008 sont le pinson des arbres (226 198) l’hirondelle rustique (41 301), la grive musicienne (13 518) le grosbec casse-noyaux (10 559) et l’hirondelle de fenêtre (10 249) : les Fringilles sont nettement dominants (93,8 % de passereaux). 115 espèces sont habituellement observées, et l’on estime qu’entre 750 000 et 1 million d’oiseaux mi-grateurs survolent ce site chaque automne. De longues séries temporelles permettent d’en tirer des premières conclusions, par exemple sur l’évolution temporelle de la phénologie de passage des espèces, malgré l’irrégularité des périodes de suivi.

Abstract : Since 1986, the autumn migra-tion has been followed by volunteers from the CORA-Ain around the Chapelle des Conches (near Cézériat). A constant flow of passerines overfly this site, situated at an altitude of 650m., especially in September and October. In the period 1986-2008 there were 4277 hours of watching, spread over 968 days. 3,604,660 records have already been registered in our computer database. Species most frequently recorded in 2008 were: Chaffinch (226,198 records), Swallow (41,301), Song Thrush (13,138), Hawfinch (10,589) and House Martin (10,249): fringilli-dae made up the vast majority of the species noted (93.8 % of the passerines). 115 species are regularly recorded there, and between 750,000 and 1 million migrants are estima-ted to pass through this site every Autumn. The long time periods have enabled us to draw some early conclusions, for example, about changes in migration patterns for dif-ferent species, despite the irregularity of the periods in which recording has been done.

Les Conches (Ain)

Christian ROLLAND

Photo : Site des Conches © Pierre Crouzier

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

Présentation du site

Bien que les animations proposées au grand public soient généralement organisées au pied de la Chapelle des Conches, à Ramasse (Ain), le site d’observation habituel se trouve au sud de cette chapelle, en limite des com-munes de Ramasse et de Ceyzériat (Ain), au lieu-dit les Roches de Cuiron. Situé à 10 km à l’est de Bourg-en-Bresse, sur les contreforts du Revermont, il occupe la première des lignes de relief marquant la rupture entre la plaine de Bresse et le massif du Jura, à 650 m d’altitude.La migration active des oiseaux survolant la plaine et débouchant vers celle-ci, depuis les vallées de l’Ain, du Suran et de Drom, y est donc aisément observable. De manière un peu surprenante, ce site n’est pas situé sur un col, bien qu’il domine celui de La Pé-rouse. Il occupe seulement un point de vue dégagé, d’où la vue porte, par temps clair, jusqu’aux sommets des Alpes à l’ouest, au Lyonnais au sud et aux monts du Beaujolais, par-delà Bresse et Saône.Pour y accéder, prendre la « route forestière des Crêtes » sur quelques kilomètres, depuis Ceyzériat, jusqu’à l’école d’escalade. L’es-sentiel du suivi est effectué au nord du Col de la Pérouse, depuis le site des «Roches de Cuiron» (entre le belvédère et le pylône TV dominant le site, tous deux indiqués sur la carte IGN 25 000: 3129-E, 3228-OT). Sa po-sition géographique en coordonnées Lambert 2 étendu NTF est : X=831.513, Y=2136.479, Z=556 m.Malgré son intérêt, ce site n’est suivi que ponctuellement par des bénévoles et non en permanence par des salariés selon un pro-tocole quotidien et une plage horaire fixe. Le comptage est effectué par le Collectif Les Conches (Pierre et Marc CROUZIER, et al.). Les observateurs sont généralement basés au pied de l’antenne dominant le site. Ils sont régulièrement présents entre fin août et mi-novembre, au gré des conditions météo et de leurs disponibilités.Les oiseaux survolent la plaine, débouchent des vallées mais sans être canalisés par un véritable col. Les Rapaces et les grands planeurs y sont donc plus modestement ob-servés qu’à l’extrémité orientale du départe-ment de l’Ain, au défilé de l’Ecluse (plus de 40 000 individus en 2008 année record). En revanche, le site est remarquable par le flot incessant des Passereaux (notamment par léger vent du sud).

Le CORA-Ain organise des sorties grand pu-blic aux Conches (journées « Tête en l’air »), et il est régulièrement présent, surtout le week-end.

Intérêt du site

L’intérêt remarquable du site réside dans le suivi des passereaux qui peuvent être ob-servés dans des conditions particulièrement favorables, propices à leur identification.Le site des Conches comporte 3 604 660 données déjà saisies (en août 2009) ce qui en fait le site rhône-alpin actuellement le mieux informatisé (période 1986/2009 com-plète). Il arrive ainsi en 4ème position dans la base de données MigrAction (qui com-porte 40 millions de données déjà saisies fin 2008), après les 3 sites pyrénéens (Lindux, Organbidexka, Lizarrieta).Son suivi a été amélioré au fil des ans. Les comptages représentaient de 11 800 à 200 000 oiseaux par automne entre 1987 et 2002. Depuis 2003, tous les comptages dépassent 234 000 oiseaux par saison, at-teignant jusqu’à 568 000 oiseaux, avec une dominance des pinsons des arbres et une grande diversité d’espèces. Au fil de la sai-son, bruants ortolans et pipits rousselines précèdent le flux des hirondelles, des fau-vettes, des pouillots et des grives. Le flux des Fringilles est numériquement impres-sionnant. On a ainsi pu dénombrer en une seule journée plus d’un millier de pipits des arbres, de grives musiciennes ou de grosbecs casse-noyaux. Les espèces montagnardes ne sont pas rares et il peut paraître surpre-nant d’observer, par-dessus la Bresse, des mouvements de cassenoix mouchetés, de venturons montagnards ou de tichodromes échelettes.

Suivi de la migration en 2008

Plus d’un million d’oiseaux a été compté sur les 3 dernières saisons (1 085 503, période 2006 - 2008). Les suivis ont atteint 82 jours pour la saison 2008, soit 431 h. En moyenne, le site est suivi 4 h 25 par journée d’obser-vation. De 1986 à 2008, il y a eu 4 277 h de suivi réparties sur 968 journées.La durée saisonnière des suivis s’améliore au fil des ans. 2008 est ainsi l’une des 4 meilleures années de comptage, avec 362 461 oiseaux dénombrés. Les 10 premières espèces repré-sentent 90 % des oiseaux observés, et les

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Les sites de suivi de la migration en Rhône-Alpes

20 premières correspondent à 96 % des cu-muls. 8 espèces peu communes ici n’ont pas été revues en 2008 (grue cendrée, hypolaïs ictérine, locustelle tachetée, loriot d’Europe, pouillot siffleur, tourterelle des bois, aigle criard, fauvette des jardins). L’année 2008 se caractérise par l’observation inhabituelle de 2 vautours fauves.En 2008, les 28 principales espèces qui re-présentent 98 % des cumuls sont les suivan-tes, par ordre d’abondance décroissante :

Les Fringilles sont donc nettement domi-nants ici. Le premier Rapace (milan noir) n’ar-rive qu’en 10è position. Ce site original, situé sur une crête d’altitude modeste, permet de voir aussi bien passer des Rapaces que des espèces de montagne (cassenoix, venturons, tichodromes).Et les pigeons : près de 4 000 d’après le tableau précédent.

Tableau : Effectifs comparés par groupes d’espèces durant l’automne 2008

Conclusions

Un premier bilan peut être dégagé, après 968 jours de suivi (1987-2008) soit 4 276 h de comptages. 3 704 010 d’oiseaux ont été dénombrés, ce qui représente un flux horaire moyen de 866 oiseaux par heure (ou 3 826 oiseaux par journée de comptage moyenne de 4 h 25).Le pinson des arbres est l’espèce ultra do-minante ici (62 %), suivi de loin par l’hiron-delle rustique. Les effectifs totaux réels de migrateurs diurnes seraient estimés entre 750 0000 et 1 million d’oiseaux par automne (dont 362 461 comptés en 2008) avec plus de 115 espèces habituelles et de nombreux occasionnels.On observe ainsi parfois aux Conches des mouvements invasifs d’espèces forestières venant du nord-est, comme en 2005 (pics épeiches et épeichettes, roitelets huppés, mésanges noires, bleues et charbonnières, sittelles, grimpereaux et geais).Ce site mériterait sans doute un suivi plus régulier dans le temps. Cependant, il per-met d’ores et déjà de calculer des premiers bilans. Les séries temporelles y sont longues et déjà très bien informatisées, bien qu’il faille tenir compte des irrégularités de suivi pour pouvoir dégager des conclusions fia-bles.

Espèce En 2008 Moyenne 1987-2008

Pinson des arbres 226 198 114 979Hirondelle rustique 41 301 9 406

Grive musicienne 13 518 1 559Grosbec casse-noyaux 10 559 1 950Hirondelle de fenêtre 10 249 2 761

Mouette rieuse 8 140 692Pinson du nord 5 685 4 332

Pigeon ramier 3 768 4 206Corbeau freux 3 752 4 644

Pipit des arbres 3 488 1 722Milan noir 3 221 191

Tarin des aulnes 3 021 1 521Bondrée apivore 2 506 521

Alouette des champs 2 304 2 538Etourneau sansonnet 2 210 1 609

Geai des chênes 1 915 342Grive draine 1 849 868

Buse variable 1 565 1 079Bergeronnette grise 1 424 873

Pipit farlouse 1 339 1 709Mésange noire 1 153 623

Martinet noir 985 177Cigogne blanche 954 79

Rougegorge familier 900 266Bergeronnette

printanière865 357

Accenteur mouchet 719 121Mésange bleue 687 311

Merle noir 644 203

En 2008 Taux

Anatidés 30 0,0 %

Ardéidés 1 128 0,3 %

Autres 82 0,0 %

Cormoran 4 353 1,2 %

Echassiers 7 0,0 %

Laridés 8 155 2,2 %

Passereaux 339 922 93,8 %

Rapaces 8 784 2,4 %

Total 362 461 100 %

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Les migrations chez les amphibiens et les déplacements saisonniers des reptiles

Jean-Luc GROSSI

Photo : Crapauds calamites © Jean-Luc Grossi

Résumé : Les amphibiens sont connus pour effectuer des déplacements saisonniers parfois importants en nombre qui ont fait, autrefois, parler nos illustres prédécesseurs de « pluies de crapauds ». Ces apparitions soudaines sont à mettre en regard avec les migrations prénup-tiales des batraciens qui alors sont plus visibles qu’à l’accoutumée et surtout qui les rendent plus vulnérables.

L’article présente les théories qui régissent les mécanismes d’orientation des différentes espèces et les caractéristiques mésologiques qui déclen-chent la migration (température, humidité, vent…). Sont ensuite évoquées quelques pistes pour pré-server les espèces et les continuités écologiques perturbées principalement par la circulation rou-tière. Le cas des déplacements saisonniers de cer-tains reptiles est également abordé.

Abstract : Amphibians are famous for their seasonal movements, which sometimes involve large numbers, which explains why our ancestors used to say « It’s raining toads! » These sudden appearances are associated with the amphibians’ Spring migration, which makes them more easily seen than normally, and which especially render them more vulnerable.

This article presents the theories which seek to explain how different species find their directions, and the mesological characteristics which trigger their migration (temperature, humidity and wind). Some lines of approach for the conservation of these species and the protection of ecological corridors which are disturbed mainly by road traf-fic are then mentioned.

The case of seasonal movements in some reptiles is also examined.

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Introduction

Les migrations des oiseaux sur de très lon-gues distances ont depuis toujours fasciné les hommes. Le grand public connait les exploits de certaines espèces et ce phéno-mène biologique a donné naissance à des expressions qui rythment les saisons comme par exemple « une hirondelle ne fait pas le printemps ».Bien peu de gens associent cependant le vo-cable de migration aux amphibiens. Quant aux reptiles, les migrations qu’ils réalisent sont quasiment ignorées du plus grand nom-bre. Les auteurs anciens avaient néanmoins remarqué que les amphibiens étaient capa-bles « d’apparitions massives » lors d’épiso-des pluvieux et ils parlaient alors de « pluies de crapauds ».

Les migrations

Ce sont des déplacements de longues ou courtes distances qu’effectuent certains ani-maux lorsque les conditions climatiques évo-luent. Certaines migrations répondent à un besoin de reproduction, l’espèce cherchant à échapper aux prédateurs et à fournir aux jeunes un milieu de vie protégé. La migration est un phénomène régulier qui implique un voyage aller-retour en un an.

Le cas des amphibiens Étymologiquement le terme amphibien (am-phi = double, bios = existence) signifie « qui a deux vies ». Ces deux vies sont, d’une part la vie aquatique que mènent les larves et les têtards de batraciens et, d’autre part, la vie terrestre que mènent les jeunes et les adultes. Entre les deux, la métamorphose : phase délicate qui s’accompagne de trans-formations organiques fondamentales, com-me le passage d’une respiration branchiale (aquatique) à une respiration pulmonaire (aérienne), le passage de la nage à la mar-che, le changement de régime alimentaire (têtard herbivore qui devient carnivore après la métamorphose).On définit la migration des amphibiens com-me étant le mouvement des individus d’une unité spatiale d’habitat (comme le site d’hi-bernation) à une autre (comme le site de pon-te) (Beebee 1996). Il faut alors distinguer la migration d’autres mouvements comme ceux

à l’intérieur du domaine d’estivation (Sinsch 1990) ou ceux de dispersion (échange d’in-dividus capables de se reproduire) (Tramon-tano 1998).La raison de ce comportement migratoire provient du fait qu’une même unité d’habitat fournit rarement les quatre types de ressour-ces nécessaires à la survie des amphibiens : point d’eau pour la reproduction, nourriture, abri contre la chaleur estivale, et gîte contre la rigueur hivernale. Du fait de ces deux pha-ses d’existence, les batraciens adultes effec-tuent des déplacements annuels entre leur lieu de séjour terrestre et le milieu aquatique où ils se reproduisent. En effet, les batraciens sont incapables de contrôler activement leur température corporelle. Pour certaines espèces, ce déplacement est très limité, voi-re nul : ainsi le crapaud accoucheur séjourne toute l’année à proximité immédiate de son lieu de reproduction. Chez les grenouilles du complexe des grenouilles vertes les migra-tions n’existent quasiment pas. Elles restent dans ou à proximité des zones humides. Pour d’autres espèces, ce déplacement peut être important.La plupart des espèces d’amphibiens de nos régions tempérées présente une cyclicité d’utilisation d’habitats aquatiques et terres-tres. La migration vers les sites d’hivernage précède la mise en léthargie hivernale, alors que la migration vers les milieux aquatiques précède la période de reproduction. Cette dernière est à son tour suivie d’une migra-tion vers les zones d’alimentation (dites aussi zones d’estivation). Lorsque les larves se métamorphosent, elles migrent aussi vers des habitats de croissance juvénile. Suivant la configuration des habitats, il peut exister un nouveau type de migration dite migration automnale. Ce cycle qui comporte au moins deux milieux écologiquement différents (ter-restre et aquatique) est dit amphibiotique.Chaque année, au printemps, les batraciens entament leur migration vers les sites de reproduction. A peine sortis de leur retraite hivernale, les grenouilles, crapauds et autres tritons, convergent vers les mares et étangs pour s’y reproduire. Ils peuvent ainsi parcou-rir plusieurs kilomètres par nuit, à travers forêts et prairies, pour retrouver les points d’eau. Lors des migrations annuelles vers le lieu de reproduction, les crapauds, grenouilles et tritons subissent de véritables hécatombes, avec parfois des milliers de cadavres sur quelques centaines de mètres de routes. Un

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nombre croissant de routes traverse et « cou-pe » ces couloirs de migration, condamnant des centaines d’animaux à finir écrasés. En Suisse des chercheurs ont estimé que 20 % de la population de crapauds communs et 40 % des grenouilles rousses disparaissent ainsi chaque année.Lors des migrations postnuptiales qui sont beaucoup moins synchrones, les sorties de l’eau (parfois forcées par la sécheresse) donnent lieu à des mortalités plus discrètes. Les jeunes amphibiens sont alors très vulné-rables. Chez la plupart de ces espèces, le grand nombre de jeunes produits vise à com-penser les causes naturelles de mortalité. Près de 90 % d’entre eux vont rapidement mourir notamment déshydratés en quelques minutes sur le bitume ou sur le béton sec.

Les mécanismes d’orientation mis en œuvre

Chez les tritons et salamandres (Urodèles), les travaux sur les mécanismes d’orienta-tion qui sous-tendent les migrations n’ont révélé avec certitude que trois mécanismes, la boussole et le pilotage à partir de stimula-tions chimiques émanant du site cible (odeur de la mare, Joly & Miaud 1993). La migration des Urodèles est sans doute guidée par une combinaison de ces deux mécanismes selon que les stimulants chimiques sont ou non détectables par l’animal en migration. Enfin, une récente étude espagnole montre qu’au delà des deux mécanismes évoqués ci-des-sus, les tritons sont également capables de s’orienter vers les sites de ponte à l’aide de stimuli auditifs. Cette étude a ainsi montré que des tritons marbrés utilisaient les chants des mâles du crapaud calamite pour trouver les sites mis en eau.Ces trois mécanismes impliquent une tra-jectoire en ligne droite. Cette rectitude de la trajectoire de migration est néanmoins soumise à des ajustements sous l’influence de la structure du paysage. En effet, pour profiter de la protection d’une haie, d’une li-sière forestière le batracien préférera suivre cet élément du paysage plutôt que de filer droit à découvert. Par ailleurs, il a été ex-périmentalement montré que la plupart des amphibiens sont attirés par les lampadaires (souvent en bord de routes) perturbant ainsi les axes de migrations.

Les migrateurs au long cours

Les Urodèles et les Anoures n’ont pas les mêmes capacités à se mouvoir à la surface du sol. Les premiers marchent difficilement sur terre, en exécutant des « mouvements lents de reptation, le corps se contorsion-nant entre les pattes très écartées » (Dot-trens 1963). Les seconds sont, selon leur physiologie respective, plus adaptés au saut ou à la marche. Nous pouvons distinguer grossièrement les espèces aux membres postérieurs très développés et adaptés à une progression par saut telles que la gre-nouille agile (Rana dalmatina), le pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus), d’autres aux membres plus courts, qui marchent ou sautent souvent lourdement telle que le cra-paud commun (Bufo bufo), voire courent pour le crapaud calamite (Bufo calamita).La peau des amphibiens étant perméable à l’eau (perte importante d’eau par évapo-ration), les migrations sur terre sont donc limitées à des périodes d’humidité élevée ou doivent être interrompues pendant les pé-riodes sèches pour permettre la réhydrata-tion. De plus, l’ectothermie des amphibiens nécessite une ressource énergétique ambian-te pour la régulation thermique. Ainsi, cette nécessité d’équilibre hydrique et thermique impose des migrations uniquement dans les périodes correspondant à des conditions en-vironnementales favorables qui sont courtes (Ray 1999).

Les principales espèces d’amphibiens et leurs migrations

- Crapaud commun (Bufo bufo) -

C’est peut-être l’espèce qui souffre le plus du trafic routier. Il y a plusieurs endroits en Rhône-Alpes où des milliers de crapauds (5 000 à 10 000) migrent chaque printemps en masse vers leur site de reproduction.Les principales migrations ont lieu durant la période comprise entre la mi-février et la fin avril, lorsque les températures ne sont pas trop basses. Le gros de la migration commen-ce après 19 h 00 :- par temps pluvieux, lorsque la température de l’air est supérieure ou égale à 6°C,- par temps sec, lorsque la température de l’air est supérieure ou égale à 11°C.Les crapauds se déplacent lentement et res-tent longtemps sur la route. Souvent, il ne leur faut pas moins de 15 à 20 minutes pour

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traverser une route de 7 m de large. Les cra-pauds parcourent en moyenne 3 km pour leur migration, et des distances de 10 voire 15 km ont pu être révélées selon la littérature !Ce sont les mâles qui initient le processus de migration, les femelles arrivent ensuite et ne restent pas très longtemps à l’eau. En effet, une fois les œufs déposés, elles quittent les lieux afin d’aller se nourrir et échapper à l’assiduité des mâles qui resteront plus long-temps à l’eau dans l’espoir de pérenniser leur patrimoine génétique.

- Grenouille rousse (Rana temporaria) -

Elles se déplacent un peu plus rapidement que les crapauds, si bien qu’elles courent un peu moins de risques sur les routes. Pour cette espèce également, il existe des endroits où plusieurs milliers d’animaux mi-grent en même temps.Le gros de la migration commence après 19 h 00 :- par temps pluvieux, lorsque la température de l’air est supérieure ou égale à 4°C,- par temps sec, lorsque la température de l’air est supérieure ou égale à 10°.Les grenouilles rousse sont connues pour se rapprocher à l’automne des zones humides pour s’y reproduiront. Elles peuvent passer la mauvaise saison rassemblées en nombre au cœur de la zone humide. Les mâles sont une fois encore les premiers à entamer cette migration de rapprochement si bien que lors des migrations prénuptiales, les sexe-ratios observés le long des barrières ne sont pas le reflet de l’équilibre réel entre les sexes.

- Tritons (Triturus alpestris, T. helveticus, T. vulgaris, T. cristatus) -

La migration des tritons demeure mal connue. Peu d’importantes migrations de tritons crê-tés (en terme d’effectif) sont connues, ce qui va de pair avec la forte régression générali-sée de cette espèce en Europe. A l’inverse, les tritons lobés, palmés et alpestres sem-blent présenter des migrations numérique-ment beaucoup plus importantes. Parado-xalement ces derniers semblent migrer sur de plus longues distances que le crêté ou tout du moins le crêté apprécie les milieux d’estivation et d’hivernage à proximité de la zone humide. Même si dans la littérature, des distances de 1,5 km sont citées pour les populations de triton crêté dynamiques, il est souvent observé à proximité de la mare

de reproduction alors que d’autres espèces bien plus petites s’en éloigneront plus en rè-gle générale. Les tritons sont petits, discrets, et passent souvent totalement inaperçus aux yeux des automobilistes. Ils arrivent parfois à franchir des obstacles tels que des barrières en plas-tique, des fosses ou des murets, si bien qu’il est souvent impossible de tous les capturer à l’aide des pièges traditionnels. Les migra-tions printanières ont lieu généralement en-tre février et avril, le retour vers les quartiers d’été se déroule de la fin mai jusqu’en sep-tembre. Le triton crêté est l’espèce qui reste le plus longtemps à l’eau.La salamandre tachetée paye également un lourd tribut lors des migrations pour aller se reproduire et cela à deux périodes de l’an-née. En effet, ces dernières peuvent pondre à deux saisons différentes, au printemps comme tous les amphibiens dans notre ré-gion, mais également pour certains individus à l’automne. Cette saison est également une période où les salamandres se font écraser en nombre lors des migrations pour rejoindre les quartiers d’hiver. Ce problème est parti-culièrement important pour la sauvegarde de cette espèce longévive qui souffre plus que les espèces à fort renouvellement des individus.

Des espèces toutes protégées et d’une grande importance écologique

Toutes les espèces d’amphibiens sont pro-tégées strictement en France à l’exception de la grenouille rousse et de la grenouille verte qui du fait d’une exception culturelle culinaire ne bénéficie que d’une protection partielle autorisant ainsi le ramassage pour la consommation.Or toutes jouent un rôle non négligeable dans l’équilibre écologique de notre envi-ronnement. Elles sont un maillon important dans la chaîne alimentaire et sont également des auxiliaires importants des jardiniers. Adultes, elles consomment en quantité toute une série de petits invertébrés que sont les limaces, vers, cloportes, fourmis et autres in-sectes, tandis qu’elles constituent des mets de choix pour certains oiseaux et mammifè-res (hérons, corneilles, putois…), et que leurs larves et têtards sont appréciés des poissons et autres animaux aquatiques. Les têtards ont également un rôle primordial dans le ra-lentissement de l’atterrissement de la mare. En effet, les têtards herbivores consomment

Les migrations chez les amphibiens et les déplacements saisonniers chez les reptiles

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de la matière organique en décomposition. Ils « broutent » les débris trouvés dans la mare et c’est ainsi qu’ils construisent leurs tissus. Lors de la sortie de la zone humide cela se traduira pour le milieu comme une « exportation » de matière organique limi-tant, ainsi l’accumulation qui conduit à l’eu-trophisation.

Des solutions existent pour venir au chevet des batraciens

Face aux constats d’hécatombe, des asso-ciations notamment se sont mobilisées pour solliciter l’installation de solutions durables. Pour éviter cette surmortalité, des aména-gements, sortes de tunnels appelés ‘passa-ges pour la petite faune’, ‘batracoducs’ ou ‘crapauducs’ ont été installés, spécialement conçus pour le passage des batraciens sous les routes. Malheureusement, ces procédés restent coûteux (entre 250 000 et plus de 500 000 € par km) et donc difficilement gé-néralisables même si ce coût peut être com-paré sans rougir à des aménagements du type de celui d’un rond point paysager, ou d’un rétablissement de desserte agricole ou hydraulique.L’autre alternative est l’installation de bar-rières-pièges provisoires, sur les tronçons routiers les plus fréquentés. Cette méthode consiste à installer de chaque côté de la route un obstacle vertical, généralement un filet à mailles fines, une bâche en plastique, que les animaux longent pour tomber dans des seaux placés à intervalle régulier. Quo-tidiennement, les amphibiens sont récupérés et relâchés de l’autre côté de la route. Cette méthode est évidemment peu onéreuse mais excessivement gourmande en main-d’œuvre. Une autre alternative est de dévier la circu-lation pendant les migrations prénuptiales et donc fermer la route meurtrière pendant la période critique (quelques semaines par an) ou uniquement pendant la nuit. Cette solu-tion a été testée en Isère sur plusieurs com-munes. L’expérience montre que le dispositif est très efficace, peu coûteux en main d’œu-vre mais il doit être accepté localement. Le désagrément induit doit être limité pour que l’opération soit bien perçue par les locaux qui sont contraints de faire un détour.A noter d’ailleurs que nombre d’associations proposent des actions bénévoles autour de ce « ramassage ». C’est le cas, par exemple, de la LPO et du CORA Faune Sauvage qui

invitent tout un chacun à participer à une de ces opérations de sauvetage. Fort d’une expérience débutée en Isère dans le milieu des années 90, ce sont aujourd’hui toutes les délégations CORA / LPO de la région qui œuvrent pour la sauvegarde et la préserva-tion des axes de migration des amphibiens. On trouvera dans les publications de ces associations et sur leurs sites internet des éléments relatifs aux différentes actions en-treprises. En Ardèche, le Parc Naturel Ré-gional des Monts d’Ardèche s’est également mobilisé dans ce sens.Au-delà de ces opérations, rappelons qu’un geste simple est à la portée de tout automo-biliste : lever le pied. La nuit, à proximité des « routes à batraciens », rouler sous la barre des 30 km/h est en effet le premier réflexe pour sauver un grand nombre d’animaux. En dessous de cette vitesse, on évite que les batraciens ne soient « avalés » et projetés contre le soubassement des véhicules par un effet d’aspiration, conséquence d’une vites-se trop importante. Complétées par des pan-neaux d’informations, ces actions citoyennes sont plus efficaces.

Le cas des reptiles

Chez les reptiles, les migrations sont beau-coup moins documentées et sont essentiel-lement associées à des trajets vers les sites de ponte et retour vers les sites de vie et/ou d’hivernage. Ces déplacements peuvent se produire sur des distances plus ou moins grandes : de quelques centaines de mètres pour les couleuvres ovipares pour aller dé-poser leurs œufs vers les sites les plus favo-rables, à quelques centaines de mètres par-courus frénétiquement et régulièrement par les mâles aux frontières de leurs territoires à la recherche des femelles tout en repoussant les concurrents. Lors de ces mouvements mi-gratoires, les couleuvres sont vulnérables et souvent confrontées aux écrasements rou-tiers. Ce sont généralement les femelles qui sont plus touchées par les écrasements et l’existence de site de ponte particulièrement favorable peut faire converger de nombreu-ses femelles qui sont ainsi victimes de la cir-culation. Les jeunes couleuvreaux nés dans ces sites devront également faire preuve d’une grande prudence dans leur recherche de site d’installation.Côté reptiles toujours, les tortues ne sont pas en reste. En Isle Crémieu, une femelle de

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tortue cistude a parcouru jusqu’à près d’un kilomètre en deux jours pour aller déposer sa ponte sur une pelouse sèche bien expo-sée.

Perspectives

Les causes d’extinction et de chute de popu-lations d’amphibiens sont un problème mon-dial, elles sont diverses et complexes. Parmi elles figurent des facteurs locaux comme la fragmentation et la destruction des ha-bitats naturels, ainsi que l’introduction par l’homme de nouveaux prédateurs dans les écosystèmes en question, la surexploitation des amphibiens (nourriture, médecine…), l’augmentation de la toxicité et de l’ acidité

des milieux de vie des amphibiens, l’émer-gence de nouvelles maladies, le changement climatique, l’augmentation des radiations ultraviolettes (conséquence des atteintes portées à la couche d’ ozone) et les interac-tions probables entre ces facteurs.L’accélération du rythme des disparitions nous incite aujourd’hui a être présents sur le thème des migrations des amphibiens et reptiles. Il s’agit là d’un important facteur de risque et de déclin des amphibiens dans nos pays urbanisés à réseau routier dense. Nos actions pour sécuriser ces axes de migration ont un effet réel et immédiatement mesura-ble sur la dynamique des populations ainsi préservées d’une source de mortalité.

Bibliographie

BEEBEE T.J.C. – 1996 – Ecology and conser-vation of amphibians. Conservation Biology Series, Chapman & Hall, London 201 p.

DOTTRENS E. - 1963 – Batraciens et reptiles d’Europe. Neuchâtel : Delachaux et Niestlé. 261 p.

JOLY P. et MIAUD C. – 1993 – How does a newt find its pond ? The role of chemical cues in migrating newts (Triturus alpestris). Etholgy, Ecology & Evolution, 5 : pp. 447-753.

RAY N. – 1999 – Etude de la migration des amphibiens et de la connectivité entre étangs à l’aide d’un système d’information géographique, Universités de Lausanne et Genève, Diplôme d’Etudes Supérieur, 124 p. + annexes.

SINSCH U. – 1990 – Migration and orienta-tion in anuran amphibians. Ethology, Ecology and Evolution, 2 : pp. 65-79.

TRAMONTANO R. 1998 – The post-breed-ing migration of the European common frog - Rana temporaria. Department of ecology, Lund University, Sweeden.

Les migrations chez les amphibiens et les déplacements saisonniers chez les reptiles

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Quelques éléments sur la migration des chauves-souris

Christian ROLLAND, Julien GIRARD-CLAUDON, Stéphane VINCENT

Photo :Noctule de Leisler © Robin Letscher

Résumé : Actuellement, 40 espèces de chauves-souris sont connues en Europe. Elles sont toutes essentiellement insectivores et sont donc contrain-tes d’entrer en léthargie. A cette période, certaines espèces migrent sur de longues distances (sérotine bicolore, pipistrelle de Nathusius, noctule com-mune et noctule de Leisler notamment). Il existe différentes techniques pour étudier ces migrations, deux sont présentées ici : le baguage et l’analyse isotopique de poils. Afin d’illustrer cette migration, quelques données de chauves-souris baguées, contrôlées en Rhône-Alpes sont citées. Dans les années à venir, l’analyse des ratio-isotopiques des poils devrait permettre d’apporter de nombreuses informations.

Abstract : Today, 40 different species of bat are known in Europe. They are all insectivorous, and are therefore forced into inactivity in the winter months. Before wintering, some species migrate over considerable distances (Serotine, Nathusius’ Pipistrelle, Noctule and Leisler’s Bat).

There are different techniques to study this mi-gration, two of which are presented here: ringing and isotopic analysis of hairs. To illustrate this migration, some data of ringing recoveries in the Rhône-Alpes region are mentioned. In future, ana-lysis of isotopoic ratios of hairs should give us a lot of information.

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Introduction

En Europe, nous connaissons actuellement 40 espèces de chauves-souris, toutes essen-tiellement insectivores (Dietz & Helversen, 2004).En région tempérée, la plupart des insectes disparaissent durant l’hiver, les chauves-sou-ris sont donc contraintes d’entrer en léthar-gie pour survivre à cette période. Certaines espèces migrent sur de grandes distances pour rejoindre leur site d’hivernage, parmi celles-ci, nous pouvons citer :- la sérotine bicolore Vespertilio murinus Lin-né, 1758, 270-310 mm d’envergure, poids : 12-20 g ;- la pipistrelle de Nathusius Pipistrellus na-thusii (Keyserling & Blasius, 1839), 230-250 mm d’envergure, poids : 5-12 g ;- la noctule commune Nyctalus noctula (Schreber, 1774), 320-400 mm d’envergure, poids : 18-48 g) ;- la noctule de Leisler Nyctalus leisleri (Kuhl, 1817), 260-320 mm d’envergure et poids : 13-20 g.Ces quatre espèces estivent ou se reprodui-sent en Europe (dans le Nord de l’Europe pour la pipistrelle de Nathusius et la séro-tine bicolore) et migrent en hiver dans le sud et l’ouest de l’Europe. Plusieurs travaux de recherches ont été réalisés pour déterminer les routes migra-toires des chiroptères. Nous présentons ici quelques résultats. Il s’agit de résultats très partiels, la compilation des données de ba-guage est en cours et fera l’objet d’un article complet dans l’atlas des chauves-souris de Rhône-Alpes, qui paraîtra en 2013.

Les méthodes

Deux méthodes permettent de suivre les chiroptères sur de longues distances: le baguage et l’analyse isotopique des poils.

Le baguage

Il a débuté dans les années 1930. Les ba-gues utilisées sont de petits anneaux en alu-minium (0,05 g, 0,10 g ou 0,19 g) placés sur l’avant-bras de la chauve-souris et pouvant coulisser sans abîmer la membrane alaire. Actuellement, le baguage n’est plus prati-qué en France pour des questions d’éthique, cette pratique ayant été mise en œuvre de

façon trop dérangeante dans les années 1960. Il est encore pratiqué dans d’autres pays européens.

L’analyse isotopique de poils

Cette technique, plus récente, est basée sur l’analyse des rapports isotopiques du deuté-rium et de l’oxygène des poils (Petit & Mayer, 2000 ; Popa-Lisseanu & Voigt, 2008). Ce procédé repose sur le fait que la proportion d’isotopes de ces éléments varie en fonction de la latitude. Etant donné que les chauves-souris muent une fois par an, sur leurs sites estivaux, l’analyse des poils permet donc de connaitre les zones d’estivage, en comparant les ratio isotopiques observés à des cartes de référence.

Les résultats

Actuellement, les seules données dont nous disposons sont celles relatives au baguage. L’analyse isotopique des poils est une tech-nique récente, aucun résultat n’est encore publié.Les distances maximales connues sont de 1905 km pour la pipistrelle de Nathusius (record mondial pour une petite chauve-souris !), 1787 km pour la sérotine bicolore, 1 600 km pour la noctule commune et 1568 km pour la noctule de Leisler (Hutterer et al 2005).Le baguage n’étant plus pratiqué en France, nous ne disposons pas de données de chau-ves-souris baguées dans la région par contre nous disposons des données de contrôle (ani-mal porteur d’une bague étrangère capturé vivant) et de reprise (idem pour un animal trouvé mort). En complément, nous dispo-sons aussi de quelques données provenant de deux cols alpins : le col de Jaman (Suisse) et le col de Bretolet (France-Suisse), suivis en période postnuptiale.

- Sérotine bicolore -Une sérotine bicolore baguée en août 1959 au col de Bretolet a été retrouvée morte sur la commune d’Uriage (Isère) en octobre 1960, soit environ à 160 km au sud-ouest de son lieu de baguage (Grillo 1997).

- Pipistrelle de Nathusius - Le record de distance de l’espèce avoisine

Quelques éléments sur la migration de chauves-souris

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2 000 kilomètres, de la Lettonie au sud de la France (Gebhard 1995). . Une femelle immature baguée le 25 août 2 000 au col de Jaman (L. Maumary) a été retrouvée morte (C. Patrick) tuée par un chat à Saint-Blaise-du-Buis (Isère) le 15 décembre 2003, à 180 km au sud-ouest.

- Noctule commune -Nous ne disposons d’aucune donnée de contrôle ou reprise en Rhône-Alpes. Les données provenant des cols suisses ne sont pas très abondantes.

- Noctule de Leisler -Un seul individu de cette espèce bagué en ex-RDA a été contrôlé en Rhône-Alpes par G. Olioso sur la commune de Vesc (Drôme).

Un mâle bagué (J. Fischer) en septembre 1993 à Metzels (Allemagne) a été retrouvé à Villeneuve-les-Béziers (Héraut) exactement un an après (R. Sand), à 950 kilomètres (Neri & Aulagnier, 1996). C’est la première reprise en France.

. Jean-François Noblet a obtenu pour la pre-mière fois la preuve d’une véritable migration : une femelle juvénile de pipistrelle de Nathu-sius marquée en ex-RDA le 11/07/1986 a été reprise à Tencin en Isère (38) le 02/02/1987. Relâchée, elle a été à nouveau contrôlée sur le site où elle avait été marquée ! (G Goujon, www.isere.lpo.fr).

Conclusions

Le baguage a démontré la réalité de la mi-gration aller-retour de chauves-souris, selon un axe principal nord-est / sud-ouest, pour plusieurs espèces ouest européennes. L’ana-lyse des ratio-isotopiques des poils devrait permettre dans les années à venir d’appor-ter de nombreuses informations..

Date de baguage Lieu de baguage Date de reprise Lieu de reprise Distance parcourue

21 août 1979 Ventés-RagasLituanie 12 novembre 1979 Pontcharra

lsère 1 600 km

29 juillet 1982 EcktannenAllemagne orientale 19 septembre 1982 La Tronche

lsère 970 km

1 juin 1983 EcktannenAllemagne orientale 8 janvier 1985 Grigny

Rhône 1 026 km

27 juin 1984 NeubrückAllemagne orientale 23 mai 1985 Nevache

Hautes-Alpes 1 010 km

11 juillet 1986 RagonAllemagne orientale 3 février 1987 Tencin

lsère 1 020 km

20 août 1988 PapeLettonie 4 janvier 1989 Oullins, Rhône

(Salaun 1991) 1 700 km

Tableau : Quelques exemples : reprises de pipistrelle de Nathusius en Rhône-Alpes (d’après Salaün 1991)

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Quelques éléments sur la migration de chauves-souris

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Migration et migrations dans la région Rhône-Alpes

Cyrille DELIRY

Résumé : Le phénomène de la migration est présenté de manière résumée dans ses divers as-pects et selon les particularités offertes dans la région Rhône-Alpes à partir de quelques exem-ples choisis. Chez les oiseaux, on trouve une migration classique depuis des zones géographi-ques de reproduction vers des zones d’hivernage mais aussi des déplacements quotidiens ou des mouvements saisonniers selon l’altitude, voire des invasions avec ou sans retour. Les dates et l’ampleur des déplacements sont modifiées par les changements climatiques observés ces der-nières décennies. Les oiseaux ne sont pas les seuls à se déplacer. On connaît des mouvements en aller simple ou non, chez plusieurs groupes d’insectes comme les libellules ou les papillons. Le cas des criquets migrateurs est aussi explicite comme l’indique déjà le nom de cette espèce. Des déplacements selon l’altitude sont observés chez certaines libellules en automne. Présentés com-me une simple curiosité, les déplacements saison-niers altitudinaux chez les mammifères paraîtront biologiquement significatifs chez des espèces comme la marmotte des Alpes. Quant aux dépla-cements jadis des grands mammifères, l’espace géographique désormais cloisonné ne nous per-met pas d’en connaître l’ampleur ou l’importance. Les amphibiens sont aussi connus pour leurs dé-placements saisonniers sur de courtes distances, mais fondamentaux pour permettre le bon dérou-lement de leur cycle de reproduction. Quelques similitudes biologiques avec les amphibiens sont retrouvées pour quelques exemples de libellules qui sont précisés. Les migrations en milieu aqua-tique concernent des mouvements verticaux du plancton sur les pièces d’eau importantes et de manière plus spectaculaire, les déplacements sur les cours d’eau. Si le Rhône, par son armée de barrages, a bloqué les déplacements de pois-sons, la Loire permet plus de liberté. Nombre de nos poissons migrateurs sont en voie de dispari-tion et de manière méconnue, le cas de l’anguille est particulièrement critique. Cette espèce est désormais au niveau le plus critique d’extinction sur la planète.

Abstract : The phenomenon of migration is pre-sented in summary form in its various aspects, and in particular according to the specific situation in the Rhône-Alpes region of France, based on a few selected examples. In birds, there is the classic migration from breeding areas to winter quarters, but also daily or seasonal movements according to altitude, or also influxes with or without return movements. The data and size of these move-ments have been modified by the climatic change which has been observed over recent years.

Birds are not the only group to move from place to place. One- or two-way movements are known to exist in several groups of insects such as dragon-flies and butterflies. There is the well-known case of locusts. Changes of altitude are to be obserevd in the case of some dragonflies in Autumn.

The curiosity value of some seasonal movements in mammals from one altitude to another take on biological significance in species such as the Al-pine Marmot. As for seasonal movements in large mammals in the past, the existence today of many man-made barriers prevent us from knowing their former size and importance.

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Déinition stricte

Le phénomène de migration se définit de manière stricte par des mouvements périodi-ques vers une région donnée accompagnés d’un retour régulier dans la région d’origine. Cette capacité à partir et revenir pour les espèces implique une aptitude à se repérer et trouver les voies nécessaires aux mouve-ments et aux retours.

La migration chez les oiseaux : généralités

Chez les oiseaux si une part de la migration est innée, une autre est acquise au cours des premiers déplacements. Les migrations les plus souvent indiquées se déroulent selon un cycle d’une année, avec une aire d’hiver-nage et un retour dans les quartiers de re-production. Les oiseaux présentent diverses capacités, plus ou moins démontrées selon les espèces, pour retrouver leur chemin. L’acquisition de repères géographiques est élaborée lors des premiers voyages migra-toires. L’orientation par rapport au soleil, aux étoiles ou grâce au champ magnétique terrestre sont autant de repères également utilisés par la gente ailée.Dans le cadre des déplacements migratoires réguliers des oiseaux, le maintien de corri-dors biologiques, de haltes migratoires né-cessaires au repos et à la reconstitution des réserves énergétiques utiles aux voyages est importants. Les dangers rencontrés, la rup-ture des voies habituelles et confortables de déplacements, la disparition des haltes sont autant d’éléments qui contribuent aux diffi-cultés de la migration et en conséquence à l’érosion des populations.Afin de réaliser des suivis de migration, l’orni-thologue se déplace sur les haltes migratoi-res importantes ou se poste sur des goulets qui sont susceptibles de lui offrir une lecture d’un échantillon significatif des oiseaux en déplacement. Si la méthode du baguage, contrôle ou reprise des oiseaux reste un moyen régulier et anciennement appliqué au suivi des migrations, des techniques ba-sées sur l’observation satellitale, avec pose de balise voient un essor grandissant. Ces dernières techniques sont riches en infor-mations pour des espèces qui arrivent à être suivies au jour le jour depuis l’Europe jusqu’à l’Afrique ou au Bassin méditerranéen.

Deux voies migratoires dans la région Rhône-Alpes

La région Rhône-Alpes est traversée par deux voies migratoires significatives pour les oiseaux de l’Europe centrale, une partie de ceux de Scandinavie Fennoscandie et Russie occidentale : la voie Rhône-Saône et la voie des cols alpins. Ces deux voies concentrent grand nombre d’oiseaux migrateurs. Le suivi régulier des effectifs sur des haltes migra-toires comme celles de Miribel-Jonage, de la Dombes, du Forez, du Rhône sur Motz ou à l’Etournel pour ne donner que quelques exemples, permet d’obtenir des informations clés sur les effectifs et les caractéristiques des passages. De manière moins classique, des suivis par indices kilométriques de Pas-sereaux dans les campagnes, des compta-ges aux dortoirs permettraient par exemple d’acquérir d’autres informations intéressan-tes sur les oiseaux migrateurs. Il convient de qualifier ainsi ces oiseaux pour les distinguer d’autres phénomènes de déplacement attri-bués à la notion de migration, cette fois-ci dans un sens plus large et à la marge de la notion de migration.

Autres migrations chez les oiseaux à la marge de la notion

Sans quitter le sens strict, c’est à dire dépla-cements avec aller et retour, d’autres types de migration existent. Les rythmes peuvent rester annuels, tout comme concerner une simple journée de la vie des espèces. Pour les mouvements nycthéméraux, le déplace-ment d’oiseaux le matin et le soir, vers les dortoirs sont parmi les plus spectaculaires. On connaît de tels rassemblements chez des corvidés au niveau de la confluence de l’Ain et du Rhône où en période internuptiale ce sont parfois plusieurs milliers de corneilles, choucas ou freux qui viennent dormir. Ce spectacle est connu depuis au moins les années 1970 sur ce site. On voit de tels phénomènes presque toute l’année dans l’agglomération d’Annecy, où des corneilles (Corvus corone) effectuent des mouvements réguliers soir et matin qui relèvent de migra-tions à l’échelle de la journée. Les Laridés ou les grands cormorans (Phalacrocorax carbo) effectuent de la même manière de tels mou-vements, parfois sur des distances de l’or-dre de plusieurs dizaines de kilomètres. En période internuptiale des dortoirs du goé-land leucophée (Larus michahellis) depuis la

Migration et migrations dans la région Rhône-Alpes

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

Basse Vallée de l’Isère vers Valence jusqu’au Lac de Paladru se traduisent par des mou-vements pas toujours clairs et incessants au niveau du Bec de l’Echaillon en Isère et sem-blent témoigner de changement de dortoirs selon les soirées.

Autres exemples de mouvements sur de courtes distances chez les oiseaux

Migrer n’est pas nécessairement partir loin. Nous venons de voir quelques exemples où les mouvements au cours des journées re-lient plusieurs sites importants pour la survie des espèces. Ainsi, au cours de l’année, notre région mon-tagneuse voit un autre type de migration plus ou moins prononcée selon les rigueurs de l’hiver. Diverses espèces d’oiseaux quittent les zones d’altitude pour se déplacer dans le fond des vallées voisines. Ainsi en Grési-vaudan, dans le secteur de Voreppe, ou vers Die, il est possible d’observer des bandes de chocards à bec jaune (Pyrrhocorax graculus) en hiver. Mais que l’hiver s’adoucisse et ces oiseaux tendent rapidement à retourner sur leur domaine de nidification en altitude. L’ac-centeur alpin (Prunella collaris) est régulier en période internuptiale à Grenoble, alors qu’il habite des altitudes passant régulière-ment plus de 2000 m.

Toujours présent, pourtant migra-teur

Nous avons avec les oiseaux migrateurs tou-te une variété de situations dont celle des « faux sédentaires » que nous voyons toute l’année. Le rougegorge (Erithacus rubecula) d’été de votre jardin n’est vraisemblable-ment pas le même que vous voyez en hiver. Nos oiseaux sont partis le plus souvent dans le Bassin méditerranéen alors que nous héritons en période internuptiale des popu-lations venant du centre ou du nord de l’Eu-rope.

SI on parlait des parasites : migra-tions passives ou ornithochorie

Tant qu’à parler oiseaux, avez-vous pensé à tous ces parasites, vers, insectes, acariens qui les accompagnent dans le plumage ou l’intestin et qui migrent ainsi passivement ?

La grande dispersion sur la planète de cer-tains parasites ou des répartitions particuliè-res sont expliquées par de telles migrations facilitées.

Déplacements avec ou sans retour chez les oiseaux : invasions

A côté des mouvements réguliers avec re-tour, il existe des déplacements générale-ment sans retour, ou réputés comme tels. On parle alors d’invasion ou d’immigration. Chez certaines espèces il s’agit simplement d’une fuite hivernale et une part significative des oiseaux revient sur ses territoires d’origine une fois les conditions climatiques redeve-nues favorables. De véritables mouvements de fuite s’apparentent à des mouvements mi-gratoires au cœur de l’hiver chez des Rapa-ces, comme la buse variable (Buteo buteo), ou le hibou des marais (Asio flammeus), ou chez des Passereaux comme l’alouette des champs (Alauda arvensis). De véritables mouvements orientés sont alors observés au cœur de l’hiver. Ainsi, presque chaque hiver, outre le lot normal de buses variables mi-gratrices, nous recevons des oiseaux qui se-raient restés plus au nord si le temps s’était maintenu plus clément.Les mouvements ne sont pas nécessairement liés aux frimas ; de simples facteurs biologi-ques tels les ressources alimentaires peu-vent conduire à des afflux inusuels de cer-taines espèces. Nous avons eu ces dernières années l’exemple du jaseur boréal (Bomby-cilla garrulus), dont les groupes en quête de ressources alimentaires se sont concentrés sur les vergers en divers points de la région, notamment au pied du Pilat vers Maclas. Le baguage a démontré qu’au moins une partie des jaseurs retournait sur leurs territoires d’origine dans le nord de l’Europe. D’autres se sont attardés jusqu’à la période de repro-duction, sans qu’aucun cas ne soit démontré, mais l’essentiel des oiseaux a quitté Rhône-Alpes à une période normale compatible avec un retour pour la reproduction.

Modiications de dates et tendances à la sédentarisation sous l’inluence des changements climatiques

Il est démontré que les changements clima-tiques modifient les dates et les dimensions des déplacements. La tendance globale étant chez les oiseaux, des déplacements

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plus précoces au printemps, en moyenne d’une semaine, mais parfois atteignant un mois entier selon les espèces mais de ma-nière paradoxale des retours ou départs en automne plus précoces aussi. Sur cette der-nière période certaines espèces étendent néanmoins la durée de leur présence dans la région. Certains oiseaux ne migrent plus ou sont désormais présents en hiver en Rhône-Alpes au moins en petit nombre, peut-être à partir d’individus nordiques qui désormais s’arrêtent chez nous. Nous avons l’exemple du chevalier guignette (Actitis hypoleucos), de l’aigrette garzette (Egretta garzetta), du rougequeue noir (Phoenicurus ochruros). Ces oiseaux étaient fort rares en hiver dans les années 1960, alors qu’ils sont devenus, pour les deux premiers, très réguliers et en nombre significatif par exemple dans la Basse Vallée du Rhône aux frontières de la Drôme, de l’Ardèche et du Vaucluse. On envisage une tendance à la sédentarisation ou à des déplacements moins prononcés.

Des papillons et des libellules : mouvements sans retour ?

Les mouvements chez d’autres groupes d’êtres vivants que les oiseaux sont souvent assimilés à des invasions et des départs sans retour. Si cela semble vérifié dans divers cas, ceci n’est pas obligatoirement nécessaire si on examine les cycles de déplacement à l’échelle de plusieurs générations. On trouve chez des papillons qui empruntent une voie migratoire importante, l’axe Rhône-Saône ainsi que celle des cols alpins, des espèces qui se reproduisent dans le sud, effectuent la génération suivante un passage sur no-tre région, se reproduisent plus au nord en Europe, la génération suivante effectuant de plus discrets mouvements de retour vers les territoires méridionaux de leurs parents. La migration retour est connue chez le vul-cain (Vanessa atalanta), la belle dame (Cyn-thia cardui) ou le souci (Colias crocea) par exemple. L’exemple spectaculaire du grand monarque (Danaus plexippus), dûment étu-dié sur ses voyages entre le Mexique et le Canada en Amérique du Nord, sur plusieurs générations est un bon exemple de papillon qui effectue chaque année une véritable mi-gration aller et retour. Le phénomène est moins bien étudié chez des libellules, mais il semble que le sympétrum de Foncolombe (Sympetrum fonscolombei), fasse de même au moins pour une part de ses individus. On

voit au printemps un passage d’individus qui se reproduisent sur des sites favorables et qui peuvent continuer parfois jusqu’en Belgi-que où ils se reproduisent encore. Les dates concordent avec une montée progressive des individus à travers la France jusqu’au nord du pays. A l’instar de certains papillons, des mouvements retours sont plausibles et des mouvements existent chez cette espèce en automne.La limite entre la migration et l’invasion n’est pas toujours évidente, sachant que chez certaines espèces des phénomènes cycli-ques de dynamique particulière des popu-lations conduisent à une meilleure lisibilité des mouvements. Ainsi en 2009, ce sont des conditions très favorables de reproduction des papillons belle dame qui ont produit en Europe et tout particulièrement sur l’axe Rhône-Saône un flux continu d’individus pen-dant plusieurs semaines et selon des chiffres certainement considérables. Ces flux sont estimés localement à plusieurs centaines de milliers d’individus par heure pour une lar-geur d’un kilomètre de front migratoire. Ainsi au printemps, si vous preniez l’autoroute pour descendre depuis Lyon vers la Drôme, c’est en permanence qu’il était possible d’observer ces papillons. Ceci a conduit à des possibilités de reproduction de l’espè-ce plus au nord. Les générations suivantes sont-elles redescendues ? En tout cas elles sont passées inaperçues.Alors revenons à l’exemple du sympétrum de Fonscolombe pour comprendre en quoi ce phénomène biologique peut devenir efficace en termes de colonisation de territoires et de pérennité de l’espèce. Dans les années 1980, cette libellule était peu fréquente dans la ré-gion Rhône-Alpes, sa reproduction n’y était que ponctuelle et relevait seulement d’une génération estivale. Les individus arrivés au printemps produisaient des jeunes, qui ne donnaient pas de génération viable sous nos climats. Depuis la fin des années 1990, la reproduction et le développement hivernal des larves du sympétrum est régulièrement réussi sous des latitudes rhônalpines. Certes toujours timidement dans les départements savoyards, mais la Drôme ou les plaines de l’Isère permettent désormais une reproduc-tion complète tout au long de l’année pour cette espèce de libellule. Entre-temps les mouvements migratoires semblent devenus plus clairs et mieux lisibles vraisemblable-ment en raison d’une augmentation globale des populations à l’échelle du pays et en

Migration et migrations dans la région Rhône-Alpes

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Le Bièvre « Migrations » - Tome 23 - année 2009

particulier de ses régions méridionales.Chez les insectes, comme pour les papillons, qu’ils soient diurnes ou nocturnes, ces der-niers migrent volontiers mais de manière nécessairement plus discrète pour l’obser-vateur, les libellules ou les Orthoptères effectuent des mouvements d’expansion et nous l’avons vu, d’exploration vers le nord suite à des explosions démographiques par-ticulières dans les contrées méridionales. Les modifications des pratiques agricoles modernes rendent le phénomène moins évi-dent que par le passé pour les Orthoptères. Il y a bien longtemps qu’une venue significa-tive de criquets migrateurs, tel est leur nom, n’a abordé la région. Au XIXe siècle l’arrivée massive de ces Insectes a fait l’objet de nom-breux témoignages jusque dans les vallées de l’Oisans ; on indique qu’il s’agissait du criquet migrateur (Locusta migratoria), bien qu’aujourd’hui il y ait des incertitudes sur l’espèce exacte. On pense qu’à la même époque une part des envahisseurs alors sup-posés originaires de l’Europe orientale s’est installée localement en Languedoc et la po-pulation survit toujours depuis cette lointai-ne époque localement vers Montpellier.

De courtes distances aussi chez les insectes

Les déplacements transhumants existent, des insectes descendant des montagnes lors de l’arrivée des premiers froids de l’autom-ne. Ainsi on observe en Grésivaudan presque chaque année la présence de sympétrum noir (Sympetrum danae) ou de grande aes-chne (Aeshna grandis), deux libellules qui fréquentent à la belle saison des sites d’al-titude. L’aeschne des joncs (Aeshna juncea), montagnarde, a même pu s’égarer relative-ment loin des massifs jusqu’en Plaine de Biè-vre ou dans l’Isle Crémieu à pareille époque. Aucun comportement reproducteur n’a été constaté, et, dans ces cas il s’agit en consé-quence plus d’une fuite devant la contrainte du froid et une survie individuelle qu’une stratégie favorable au maintien des espè-ces.

Qu’en est-il des mammifères ?

Les déplacements altitudinaux de nos mam-mifères sont moins bien connus ou sont négli-gés comme une simple curiosité alors qu’ils sont nécessairement vitaux pour le maintien

des populations. Certains individus des popu-lations de la marmotte (Marmotta marmotta) ont leurs terriers d’été plus en altitude que leurs terriers d’hiver. Cette stratégie permet une durée d’hibernation raccourcie, la fonte des neiges étant plus précoce à plus basse altitude. Si des grands Mammifères comme le chamois (Rupicapra rupicapra) ou le bou-quetin (Capra ibex) se déplacent en altitude et tendent à se trouver plus bas en hiver, la pression et le dérangement conduisent vraisemblablement ces espèces bien adap-tées aux montagnes à y rester réfugiées. Les populations ne bénéficient du confort d’alti-tudes plus basses que dans les secteurs les plus tranquilles et les autres sont alors plus contraintes.On peut s’interroger sur ce qu’ont pu être les mouvements saisonniers d’espèces comme le cerf élaphe (Cervus elaphus) avant leur quasi disparition au cours du siècle dernier dans la région. Depuis les populations réin-troduites sont acclimatées et contraintes à rester dans un espace certainement plus ré-duit qu’autrefois.

Entre terre et eau : vie d’amphi-biens, mais aussi de manières similaire de libellules

Les déplacements saisonniers imposés selon un cycle biologique conduit chez les amphi-biens à des mouvements spectaculaires et en groupe, révélés par des hécatombes visibles sur les routes au matin. Grenouilles, tritons ou crapauds se déplacent de nuit et franchis-sent les routes où ils sont retrouvés écrasés. Cette difficulté est suffisamment critique pour décimer en quelques années de ma-nière significative des populations d’amphi-biens et vider mares ou étangs des têtards qui s’y développaient nombreux auparavant. Diverses actions de suivi et de facilitation de ces migrations, ayant généralement lieu de-puis des espaces forestiers vers des espaces aquatiques, ont permis la restauration de po-pulations d’amphibiens vers un meilleur état de conservation. C’est le cas par exemple de la Réserve Naturelle de la tourbière du Grand-Lemps où d’abord tranchées et seaux ont permis de mesurer l’ampleur du phéno-mène et de voir d’année en année remonter le nombre d’adultes migrateurs au printemps en raison de l’efficacité des opérations de sauvetage. Désormais les amphibiens du Grand-Lemps peuvent passer seuls sous la route selon une voie qui a été aménagée à

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cet effet. Dans l’exemple des amphibiens ce sont des impératifs biologiques qui condui-sent aux migrations. On peut alors regarder de la même manière le cas de libellules dont les larves se développent dans l’eau et qui une fois après leur métamorphose en insec-tes ailés, quittent provisoirement le site pour ne revenir que quelques semaines plus tard. Si plusieurs espèces ne s’éloignent guère ce n’est pas le cas de toutes. On sait par exem-ple que les imagos de la cordulie à corps fin (Oxygastra curtisi), au Lac d’Annecy, montent sur le Roc de Chère et y effectuent leur matu-ration. Lors de la découverte de cette espèce au Roc de Chère dans les années 1960, la possibilité de reproduction sur le lac n’était pas acquise et on pensait qu’elle venait de cours d’eau plus éloignés encore. En effet, c’était l’habitat préconisé à l’époque pour cette espèce. Retrouvée de la même manière dans les années 1980, il a fallu attendre les années 1990 pour que les naturalistes pren-nent conscience et démontrent que la repro-duction de l’insecte se faisait au niveau du trottoir calcaire au pied du Roc de Chère. La même espèce assez nombreuse sur le Lac du Bourget a été observée jusqu’au cœur de la Chautagne ou jusqu’au niveau de Virieu dans l’Ain, ce qui témoigne de bonnes capacités de déplacement. Autre exemple, nous sa-vons que les jeunes du leste vert (Chalco-lestes viridis) volants apparaissent dès la fin du printemps, alors que les adultes ne se reproduisent essentiellement qu’au cours de l’automne. Entre-deux, il se passe plusieurs mois sans qu’aucun individu ne soit contacté sur les sites. Si on imagine qu’ils se disper-sent dans le paysage pendant un temps, les mouvements n’ont pas été observés. Ils sont néanmoins nécessaires et ressemblent par certains traits à ceux décrits plus haut pour les amphibiens qui au cours de leur vie fréquentent le milieu terrestre et retournent sur des habitats aquatiques au moment de la reproduction.

Migrations des espèces aquatiques

Nous n’aurons pas couvert tous les exem-ples de migrations si nous ne nous intéres-sons pas aux déplacements en milieu aqua-tique. Dans la région Rhône-Alpes, elles sont et nous devrions dire, ont été, de deux types principaux. Le premier type empruntait le corridor naturel du fleuve Rhône depuis la mer, jusqu’aux rivières, le second est assez caractérisé sur les grands lacs alpins, mais

concerne aussi l’essentiel des plans d’eau. Dans les lacs une migration quotidienne ou selon les espèces saisonnières concerne des mouvements verticaux du plancton. Ces phé-nomènes ont été particulièrement étudiés sur de grands lacs comme celui d’Annecy, mais concernent tout autant et de manière parti-culière les lacs de montagnes ou toute autre pièce d’eau importante. Elles concernent toute une gente microscopique qui échappe à nos préoccupations, mais dont l’étude est fondamentale pour mesurer le bon état de santé des habitats aquatiques.

Des poissons migrateurs : quand les corridors sont rompus et de la disparition de l’anguille

Par la voie du Rhône, des poissons migra-teurs comme la grande alose (Alosa alosa) et l’alose feinte (Alosa fallax) remontaient très haut dans le Bassin, jusqu’au Lac du Bourget ou sur les rivières et affluents de la Saône. Grâce aux actions de l’association « Migra-teurs Rhône Méditerranée », la dernière at-teint actuellement la hauteur de Montélimar sur le Rhône et l’amont des Gorges sur la ri-vière Ardèche. La grande alose a disparu de la région. Le saumon (Salmo salar) quant à lui empruntait la voie de la Loire et remon-tait jusqu’au niveau de St-Etienne et au-delà ainsi que l’Allier jusqu’à proximité de l’Ar-dèche. Le cas de la lamproie marine (Pe-tromyzon marinus) est critique. Derrière les barrières évidentes que forment les barrages sur le Rhône, elle reste désormais cantonnée en aval d’Avignon et n’atteint plus notre ré-gion.Toutes ces espèces forment la liste presque complète de nos poissons migrateurs. L’es-sentiel ne s’observe plus en Rhône-Alpes alors qu’au milieu du XXe siècle quelques résistances ont perduré encore bien loin sur les cours d’eau, mais les populations ont rapidement succombé. En à peine un siècle nous avons des espèces qui étaient régulières dans nos eaux qui se sont trou-vées bloquées en aval d’Avignon ou dans le cas du saumon, en difficulté pour remonter la Loire. Ce dernier ne peut plus atteindre par la voie ligérienne les sources, domaine de sa reproduction du côté du département de la Loire. Les deux aloses sont moins dif-ficiles quant à leur habitat de reproduction, mais la remontée par la voie rhodanienne est physiquement bloquée par les barrages, le corridor originel est parfaitement tronqué. Il

Migration et migrations dans la région Rhône-Alpes

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s’agit dans le cas de la grande alose de mi-grations sur une vie entière. Les jeunes pois-sons descendent dans la Méditerranée, s’y développent et atteignent une taille adulte. Alors ils ne réalisent qu’une migration retour dans les rivières et y produisent une nou-velle génération. Il ne semble pas que des adultes retournent ensuite en mer à la diffé-rence de l’alose feinte qui peut réaliser plu-sieurs voyages nuptiaux au cours de sa vie. Ces exemples donnent une autre dimension à la notion de migration à l’échelle d’une vie, mais c’est certainement sans aucune mesure avec une des migrations les plus spectaculai-res observée chez nos poissons. Il s’agit du cas de l’anguille (Anguilla anguilla) dont les adultes pour qui le développement a com-mencé dans nos eaux douces, passent en mer et pour l’essentiel de nos poissons, de-puis la Méditerranée à l’Océan Atlantique. Un autre groupe d’individus utilise la voie naturelle de la Loire et trouve directement l’Atlantique. On pense qu’ils voyagent par grand fond, presque dans les abysses et que la maturation des organes sexuels est favori-sée lors de ce voyage. Arrivés devant les îles de la Guadeloupe et de la Martinique dans la Mer des Sargasses, ils se reproduisent : les femelles pondent des quantités extrême-ment importantes d’œufs. Les alevins nom-més « civelles » reviennent passivement sur les côtes européennes portés en surface par la dérive Nord-Atlantique autrement nom-mée « Gulf Stream ». Pour celles qui arrivent dans le Bassin du Rhône, et plus loin encore en Méditerranée, jusqu’aux fleuves de la Mer Noire, le passage obligé par le détroit de Gibraltar doit être imaginé. Les jeunes an-guilles se développent dans les estuaires ou plus haut sur les fleuves qu’elles explorent au cours de leur vie avant d’entreprendre un voyage similaire à celui de leurs parents sur des milliers de kilomètres. Il s’agit d’une espèce résistante et adaptable qui a su vain-cre les obstacles que sont les barrages sur le cours du fleuve. C’est plus difficile forcé-ment ! C’est un voyage purement incroyable si bien qu’on pense ne pouvoir le lire que dans les livres. Anguilles des fleuves atlanti-ques, anguilles du Bassin du Rhône, font un même voyage ! Pour ces dernières c’est plus compliqué encore. Il s’agit d’un poisson qui dans l’esprit de chacun est fréquent, or, il est important de souligner que les récentes éva-luations de l’état des populations par l’UICN ont porté cette espèce au plus haut niveau critique de risque de disparition de la pla-nète. L’espèce s’apprête à s’éteindre de la

faune de notre biosphère. Elle est classée en catégorie CR (en grave danger d’extinction), fait, non encore clairement mesuré par tous les pêcheurs, les gestionnaires des milieux aquatiques ou les naturalistes. Le déclin de l’espèce s’avère brusque et relativement ré-cent, l’inertie à intégrer cette information est d’autant plus grande qu’il s’agissait d’une espèce à proprement parler commune dans nos estuaires et rivières. Ce n’est manifeste-ment plus le cas, et à défaut ne le sera plus guère longtemps.

Rappels en conclusion

Les migrations sont celles d’un jour comme celles des corneilles qui chaque soir vien-nent dormir vers la Préfecture à Annecy, celles d’une année pour des oiseaux migra-teurs qui passent sans se reproduire dans la région, balbuzards pêcheurs (Pandion ha-liaetus), grues cendrées (Grus grus) nichant dans le nord de l’Europe, celles d’une vie comme le formidable déplacement des an-guilles qui depuis le large de la Martinique viennent grandir dans le bassin du Rhône et repassent Gibraltar à destination de la Mer des Sargasses. Elles sont celles d’une fuite avec ou sans retour. Celles d’invasions pour les jaseurs, les hiboux de marais. Celles de l’aeschne des joncs ou du sympétrum noir descendus des montagnes jusqu’en plaine à l’approche de l’hiver. Il ne faut pas toujours négliger la signification de mouvements sans retours. Le comportement exploratoire per-met à certaines espèces d’étendre ainsi ra-pidement leur aire de répartition au bénéfice des récents changements climatiques, tel est le cas du sympétrum de Fonscolombe. Ce sont des mouvements de transhumance depuis les sommets vers les plaines et inver-sement, pour certaines marmottes, des cha-mois ou des accenteurs alpins.Sans tout reprendre, elles sont dans la litté-rature, le fait d’étranges mutations car au Ier siècle pour le romain Pline, le coucou n’était-il pas une des formes estivales de l’épervier, forme hivernale et ressemblante d’une même espèce ? Il s’agit là évidemment d’un voyage au-delà du réel.

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Quelques références

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DEJONGHE J.F. 1984 - Les oiseaux de monta-gne. - Ed. Point Vétérinaire : 310 pp.

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Migration et migrations dans la région Rhône-Alpes

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Annexe : carte des sites de migration en région Rhône-Alpes

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Notes de terrain : observation d’un bruant nain en Isère

Gérard GOUJON, Thibault JOURDAIN

Photo : Bruant nain © Gérard Goujon

Le 11 novembre 2009 au lieu dit Boucle des Moïles sur la commune de Tullins en Isère a été capturé un bruant nain (Emberiza pu-silla), au cours d’une opération de baguage de routine sur un dortoir de bruants des ro-seaux.Il a été pris au dernier relevé de filet à la nuit tombante, et suivait donc les bruants des ro-seaux au dortoir.Sa présence n’avait pas été remarquée au démaillage, lequel s’effectue le plus vite possible en lumière faible.En main, la petitesse constitue le premier caractère surprenant. Elle est vite confirmée par les mesures biométriques : aile pliée 69 (rarissime chez les plus petites femelles de bruant des roseaux), poids 13,5 g jamais en-registré chez un bruant des roseaux (à Tul-lins en tout cas).Viennent ensuite de notables différences de

couleur, en particulier à la tête et sur les pe-tites couvertures des ailes, rousses chez le bruant des roseaux et ici brunes.La calotte présente une raie centrale roux pâle et l’examen détaillé montre une nette différence entre ces plumes totalement dé-pourvues de noir ou brun sombre à la base et celles du côté qui rappellent plus le bruant des roseaux.Le plumage était assez neuf, l’âge difficile à évaluer. Les parties rousses, notamment sur les joues, étant relativement peu pronon-cées nous ont conduit à proposer un individu de sexe femelle sans toutefois une grande certitude.Tous les autres critères biométriques cités ont été vérifiés sur place et nous ont convain-cus de la certitude quant à l’espèce.Une fiche a été transmise au CHN, en cours d’évaluation.

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Tous les articles proposés sont soumis au Comité de lecture. Le plus grand soin devra être apporté à la rédaction et à la qualité des documents fournis et accompagnant l’article. Une attention particulière sera portée à la communication avec les auteurs pendant la préparation de l’édition.

Sujets des articles

Cette revue doit traiter des sujets touchant à l’étude et à la protection des Vertébrés sauvages (Oiseaux, Mammifères, Batraciens, Reptiles) et de leur milieu principalement dans la région Rhône-Alpes, mais aussi dans tout l’Ancien Monde. Les articles les plus courts pourront être présentés sous forme de notules. La revue pourra aussi traiter de manière plus limitée d’informations d’actualité sur le CORA et la région.

Présentation des articles

Les articles sont transmis selon un format numérique de traitement de texte standard (.doc .odt .rtf). Les abréviations autres qu’usuelles sont à éviter et seront, si incontournables, détaillées lors de leur première citation dans le texte. Les articles seront accompagnés d’un résumé en français (obligatoire) et si possible de son équivalent en anglais. Ils ne présenteront de préférence pas plus de trois parties principales et chacune au plus trois sous-parties. Le plan classique : « introduction, matériel et méthodes, résultats, discussion, conclusion, remerciements, références bibliographiques » est proposé aux auteurs.Les références bibliographiques sont groupées à la fin du texte dans l’ordre alphabétique des noms d’auteurs, sous la forme suivante avec la source (ouvrage, revue ou titre internet) mise en italique :

Blondel J. et Isenmann P. 1991 - Guide des

Oiseaux de Camargue. - Delachaux & Niestlé, Neuchâtel, Paris : 344 pp.Lustrat P. 1997 - Le chat sauvage en Forêt de Fontainebleau. - Bull. Assoc. Amis For. Fontainebleau, 2 : 24-25.Olioso G. et Cheylan G. 1991 - Outarde canepetière. - in Yeatman-Berthelot D. et Jarry G. 1991 - Atlas des Oiseaux de France en hiver. - Société Ornithologique de France, Paris : 210-211.

UICN 2010 - IUCN Red List of Threatened Species. Version 2009.2. - www.iucnredlist.org, consulté le 22 février 2010.

Les rappels dans le texte doivent se faire ainsi : « Lustrat (1997) signale la présence de… tout comme dans la région (Blondel et Isenmann 1997, Géroudet 1957, Bernard et al. 2007) ».

Illustrations

Les dessins ou photographies sont à joindre selon un format numérique usuel (.jpg .gif .tif). Leur dimension devra être suffisante pour supporter une impression correcte (au moins 3 à 5 millions de pixels pour une photographie). Une photographie est bienvenue pour accompagner le titre de l’article. Les tableaux fournis doivent être si possible accompagnés de leur équivalent sous tableur (.xls .ods), de même que tous les graphiques de manière plus essentielle encore.Les illustrations sont numérotées dans leur ordre d’apparition dans l’article, accompagnées d’un titre, éventuellement d’un commentaire résumé. L’auteur des photographies et une légende doit accompagner tout document concerné.Les illustrations seront placées dans le texte informatique à l’endroit souhaité au niveau des titres et légendes adaptés. Elles pourront être compressées dans le texte de travail, mais devront être systématiquement accompagnées de leur équivalent original et de bon format pour travail et impression.

Épreuves et tirés à part

Un document au format pdf de la présentation finale de l’article, « épreuve » sera transmis à chaque auteur « principal ». Il disposera alors d’une semaine pour retourner les corrections ultimes à traiter, sans rajout ni modification par rapport au texte initial. L’article final publié sera transmis au format pdf à chaque auteur « principal » et vaudra « tiré à part ». La distribution aux autres auteurs se fera sous sa responsabilité.

Instructions aux auteurs

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Editorial - Guy JARRY

Col de l’Escrinet - Nicolas DUROURE

Belvédère de Pierre-Aiguille - Julien TRAVERSIER

Hucel - Xavier BIROT-COLOMB et Hugues DUPUICH

Col de Baracuchet - Nicolas LORENZINI

Défilé de l’Ecluse - Xavier BIROT-COLOMB

Phénologie des passages migratoires en Rhône-Alpes en 2008 - Julien TRAVERSIER

Andance - Vincent PALOMARES

Site de suivi de la migration prénuptiale Meysse Elian BOULENC

Les Conches - Christian ROLLAND

Les migrations chez les amphibiens et les déplacements chez les reptiles - Jean-Luc GROSSI

Quelques éléments sur la migration des chauve-souris Christian ROLLAND, Julien GIRARD-CLAUDON et Stéphane VINCENT

Migration et migrations dans la région Rhône-Alpes Cyrille DELIRY

ANNEXE : Carte des sites de migration en région Rhône-Alpes

Notes de terrain : observation d’un bruant nain en Isère - Gérard GOUJON et Thibault JOURDAIN