le 2rei au tchad,raids n°48,1990.május

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LE 2e REI AU TCHADTchad, Abéché, 10 février1990,06 hOO du matin. Unclairon sonne dans l'airencore frais. Les mainsclaquent d'un seulmouvement sur lescrosses des FAMAS.Lentement, les drapeauxfrançais et tchadiensmontent dans le ciel bleu.

On se lève tôt dans le désert. Pour la1ère Compagnie du 2e Régiment Etran-ger d'infanterie, une nouvelle journée detravail va commencer. Le régiment estarrivé au Tchad en octobre 1989 dansle cadre de l'opération Epervier (voirencadré) pour y relever le 8e RPIMa. Ledépart de Métropole fut d'ailleurs préci-pité, car les FANT (1) étaient à l'époqueen pleine offensive contre les troupesdissidentes d'Idriss Deby, l'ancien com-pagnon d'armes d'Hissène Habré. Unesituation très délicate pour le gouverne-ment français qui se garde bien deprendre parti, s'en tenant aux accordsde défense qui lient les deux pays. Tou-tefois, Paris garde un oeil fixé sur laLibye qui pourrait par exemple profiterde cette guerre fratricide pour intervenircomme cela s'est déjà produit de nom-breuses fois depuis dix ans.

Une aubaine pour le régimentEn Afrique, rien n'est simple, sauf

peut être, la mission des légionnairesfrançais engagé dans le cadre d'Epervier

Commandé par le colonel Soubi-rou, le 2e REI doit protéger les installa-tions militaires de N'Djamena et d'Abé-ché d'où peuvent décoller Mirage etJaguar de l'Armée de l'Air. Ceux-ci n'interviendraient qu'à la demande desTchadiens, si ceux-ci se sentaient mena-cés. Une mission délicate pour leslégionnaires qui, malgré tout, doivent semontrer aussi discrets que possible, leTchad étant un état souverain et indé-

Mission délicate auTchad pour leslégionnaires

pendant. Ainsi, à la fin de la saison despluies, les Bérets verts ont remplacé lesBérets rouges du 8e RPIMa.

Aussitôt débarqués du DC-8 duCOTAM(2), les légionnaires ont été diri-gés vers leur casernement, la 1èreCompagnie à Abéché et la 4e Compa-gnie au célèbre Camp Dubut dans lacapitale tchadienne. A noter que le régi-

(1) Forces Armées Nationales tchadlennes(2) Commandement Opérationnel de Trans-port Aérien Militaire

Progression d'une section de la 1ère Com-pagnie du 2e REI, unité fer de lance d'Eper-vier, dans la région d'Abéché.

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LE 2e REI AU TCHAD

2e RE AUJOURD'HUIAvec le 21e RI Ma, le 2eREI est l'un desrégiments d'infanteriemotorisée de la 6e DLB(Division Légère Blindée)qui fait partie intégrantede la Force d'ActionRapide.

La 6e DLB, poing blindé de laFAR, peut aussi bien intervenir en CentreEurope qu'en Outre-mer. Aussi trouve-t-on les légionnaires du 2e REI en actiontant en Allemagne qu'en Sardaigne, ouen compagnie tournante au Tchad, enRCA ou en Guyane. En métropole, leslégionnaires ne chôment pas non pluspuisqu'on les trouve sans arrêt à l'entraî-nement au camp des Gangues près deleur garnison de Nimes, dans leur chaletdes Cévennes, au CEITO ou au Larzac(voir Raids N° 36).

Le régiment s'articule en quatrecompagnies de combat dotées de VTTRenault VAB, d'une compagnie de com-mandement et de soutien et d'une com-pagnie d'appui. Cette dernière comporte

trois sections MILAN à 24 pièces, deuxsections de mortiers lourds de 120mm,soit 12 pièces et une section de canonsantiaériens avec 10 pièces de 20mm

Comme tout régiment deLégion, le 2e REI est fier de ses tradi-tions. Un simple regard sur l'étendard durégiment en dit plus long que n'importequel discours. On peut y lire en lettre d'or

Sébastopol, Kabylie, Magenta, Came-rone, Extrême Orient, Dahomey, Mada-gascar, Maroc, Indochine. Chaque annéeau mois de Septembre, le 2e REI fêtel'anniversaire du combat de El Mouigarau Maroc en 1903, au cours duquel centtreize légionnaires de la 22eCompagniemontée du 2eRégiment Etranger tinrenttête à plus de 400 rebelles Le combatdura plus de huit heures et coûta 34 tuéset 47 blessés au 2e Etranger,

L'insigne du léyÉnent représen-te, sur fond d'argent la grenade à septflammes de la légion marquée du chiffre2 et frappée sur un fer à muiei, durant tesannées de combat en AFN. te2eREIfutcc:e DeTca-r cx-gre'-DS se oynoagniesmuletières). Les deux bords de l'insignesont feerés aux couleurs traditionnellesde la Légoi.te vert et le rouge.

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LE 2e REI AU TCHADment avait adjoint à chacune des deuxcompagnies un peloton antichars sup-plémentaire équipé de Milan issus de laCEA. Epervier n'est pas Manta et lesmoyens y sont plus légers. Sous l'oeilattentifs des spécialistes du Matériel, leslégionnaires vont récupérer Jeeps etVIRA mis à la disposition des unitéstournantes engagées successivementau Tchad. Le matériel souffre beaucoupdu fait de son utilisation intensive. Lescamions VLRA, construits par ACMATà Saint Nazaire, sont particulièrementprisés. Affichant de bonnes perfor-mances tout terrain, le VLRA possèdeune fantastique autonomie de 1600km. Ainsi, avec un seul plein, ce véhicu-le est capable de parcourir une fois etdemi la distance N'Djamena-Faya Lar-geau.

De plus, conçu pour le désert, leVLRA dispose d'un réservoir d'eaupotable de 200 litres, de quoi rassasierpendant plusieurs jours la dizained'hommes d'équipage.

De la Crimée au Libanen passant par le Tonkin

Ce contact avec la terre africaine estune aubaine pour le 2e REI. Les légion-naires, pendant quatre mois, vont aban-donner leur VAB et leur mission d'infan-terie motorisée sur le théâtre Centre-Europe pour un réel retour aux sources." Mais II y a toujours eu un peu de sableafricain dans le coeur de nos légion-naires " comme nous le dira l'un desofficiers du régiment. De plus, lescontraintes de l'entraînement en Europesont ici inexistantes. Les déserts, lessavanes arborées, les dunes et lesvastes étendues recouvertes de "ké-ké"rabougris offrent des terrains demanoeuvres incomparables. Aussi,durant son court séjour, la Légion va enprofiter pour parfaire son entrainement.

Pas seulement du tourisme!Plusieurs grandes nomadisations

vont être entreprises, car, garder les ter-rains d'aviation, ne se résume pas pourle colonel Spubirou à attendre les coupsde l'ennemi. "Il faut savoir manoeuvrer,prévoir et parer les coups, mais surtouttenir d'éventuels assaillants le plus loinpossible du nid des précieux Mirage.Pour cela, une seule solution, le grandraid dans le désert qui apprendra auxchauffeurs à conduire dans le sable,aux navigateurs à "naviguer" au com-pas, aux mécaniciens à faire des répa-rations de fortune et aux légionnaires àvivre et combattre par 40° à l'ombre".Pour l'adjudant chef Sequer, une noma-disation de cinq jours au nord-ouest deN'Djamena restera un fantastique sou-venir. "On se serait cru au bon vieuxtemps, 400 bornes de sable et de pous-

2 o sière à avaler tout les jours, avec la han-

tise de ne pas trouver la piste. Et puis,il y a l'accueil fabuleux des gens dudésert, pauvres, dignes et généreux. Lesoir, bivouac, chants autour du feu etgarde sous la croix du Sud".

Mais les légionnaires ne sont pas là,uniquement pour faire du tourisme. AMassaguet, la 4e Compagnie du capi-taine Margail effectue un tir de nuit.Allongés, les légionnaires attendent lesobus "éclairants" tirés par deux mortiersde 81 mm qui vont leur permettre de"traiter" la cible. Deux FR-FI, un FAMASet un LRAC équipés de lunette de tirnocturne OB-25 et OB-50 sont eux déjàentrés en action. Le vent de sable gêneconsidérablement les tireurs et atténuel'efficacité des moyens éclairants, maisà la Légion, il faut savoir s'adapter.

A Massaguet, les légionnaires vontfaire connaissance avec un ennemi inat-tendu: les cram-cram. Ainsi baptiséespar les Bérets Verts, les cram-cram sontd'horribles petites boules d'épines qui s'accrochent à tout et pénètrent doulou-reusement la peau où elles pourrissentensuite. " Une vraie saloperie, s'il y a unseul cram-cram dans le sac de coucha-ge, on a droit à une nuit blanche" décla-re un solide légionnaire d'origine you-goslave. A 500 km de là, plus au nord,le capitaine Toulin veille sur le poste etla piste stratégique d'Abéché. Un rêvepour cet officier à la longue silhouette etau sourire carnassier. Le commandant

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LE 2e REI AU TCHAD

PARTOUT OU LES INTERETSDE LA FRANCE

Depuis sa reconstitution en Corse en1972, le 2e REI a été sans arrêt sollicitépar l'Etat-major au titre du Groupementopérationnel de la Légion Etrangère(GOLE) en vue d'envoyer, depuis 1975,des compagnies tournantes à Mayotte età Djibouti, et tout spécialement en 1976après l'affaire des otages à Loyada, àpartir de 1978, des éléments d'encadre-ment au Tchad. De mai à septembre1983, le régiment a fait partie intégrantede la 31e brigade, elle même intégrée àla force Multinationale au Liban. Il aensuite participé au renforcement dudétachement de la Légion Etrangère àMayotte (DLEM) puis en RépubliqueCentre Africaine, dans le cadre de l'alerteGuépard. Il relève également des unités,ceci étant valable au Tchad dans le cadred'Epervier.

i ci-dessus, en haut à gauche. Eléments du 2e REI sur un véhicule VLRA en patrouille profondedans la région d'Abèohé. Ci-dessus, en haut Exercice de tir au FAMAS pour ce /eg onnâ *eSur-entrainés, les Bérets verts constituent encore et toujours l'élite de l'Armée française. Pagede gauche au centre. Tireur FR-F1, en tenue de combat "désert", sur le marchepied d'unLVRA, certainement le meilleur véhicule dans le sable. Ci-contre. Binôme FR-F1 enprésentation, dans la réalité, les deux légionnaires auraient utilisé des broussailles pour secamoufler un minimum.

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LE 2e REI AU TCHADCi-contre.Milan du 2e REI en position. Celance-missiles anti-chars très performant amontré toutes ses qualités tant auxMaloulnes qu'au Tchad .Ci-dessous. LeTRM- 2000, nouveau véhicule moyen detransport de l'armée française enexpérimentation. Page de droite. Tireur àl'AA-52 planqué dans les rochers. La situa-tion d'Abéché permet aux unités présentede la Légion de stopper toute attaquevenant du Soudan.

de la 1ère Compagnie est pour quatremois le dernier d'une longue lignée de"seigneurs du désert", cette raced'hommes hors du commun qui façon-nèrent l'ancienne Armée d'Afrique. Abé-ché, c'est un peu la dernière imaged'Epinal: quatre méfions, des petits bâti-ments blancs impeccables de propretésous un soleil de plomb, des sentinellesface au désert immense, le thé chez lesultan et les sonneries de clairon quiponctuent la vie du poste. Pourtant, lecapitaine Toulin ne se sent pas du toutl'âme du lieutenant Drogo et n'a pasl'intention de se laisse enfermer dans ledésert des Tartares! Il dispose d'unepuissance de feu redoutable et seslégionnaires sont sans arrêt sur labrèche. Tirs et marches de nuit se suc-cèdent à une cadence infernale. Près ducol des Zaïrois, la section Milan du lieu-tenant Gillet est en pleine action. Derriè-re son poste, un légionnaire irlandais,rouge comme une écrevisse, suit lesdeux VLRA qui font office de plastron."Ils sont difficile à repérer dans les ké-ké .OK, je laisse approcher, ouverturedu feu à 1000 m". A vrai dire, lesBérets verts connaissent parfaitementleur matériel et en "tirent le maximum".A la différence des FANT qui, lorqu'ellesaffrontaient les Libyens, le faisaient qua-siment au corps à corps et cela avecdes Milan! Cela à coûté une fortune enmissiles aux contribuables français!

Ce soir, la section fête la fin de sonséjour au Tchad et les légionnaires souf-flent un peu. Un Irlandais a mis sonwalkman à fond et le son nasillard d'unevieille ballade de la verte Irlande fait bon-dir un légionnaire anglais. Vieil antago-nisme vite résolu par un Espagnol quicalme tout le monde. "Ces deux là, ilsse chamaillent sans arrêt. Enfin, dansdix jours, on boira une dernière Gala àla Rosé des Vents, notre PC à N'Djame-na, et puis retour à W/mes"".Aprèsquatre mois, si de nombreux légion-naires sont contents de rentrer, il y agros à parier qu'après quelques tempsen Europe, ils ne rêveront plus qu'auxvastes étendues de sable. L'homme estfait ainsi! Mais pour le 2e REI, Epervieraura été un test déterminant conclu parl'exercice Batha. Une superbe démons-tration de combat pour le contrôle despuits dans le désert avec appui de lachasse et des hélicos.

Une façon de prouver que le 2e REI22 est prêt à se battre dans le désert. D

LE TRM-2000 A L'ESSAI AU TCHADCe petit camion, fabriquépar Renault Véhiculesindustriels, a commencéà remplacer le Marmontdans l'armée de terrefrançaise.

Engin de haute mobilité, doté de 4roues motrices, le TRM-2000 est destinéaux missions en terrain difficile. Il en exis-te plusieurs versions, transport detroupes, cargo, shelter.transmissions ouPAC (guidage aviation), tracteur de mor-tier ou de canon de 20mm.

Le 2e REI fut chargé, lors de sonséjour au Tchad, d'essayer le TRM-2000en milieu désertique. Aussi les légion-naires ne ménagèrent-t'ils pas leur peinepour soumettre deux exemplaires duTRM -2000 à toutes sortes de torturesmécaniques, épreuves dont se tira trèsbien le camion. Cette série de tests setermina par un raids d'une semaine dansla région du lac Tchad, où le TRM -2000fut confronté à la piste, au sable mou, auxdunes, auxfesh fesh, et à la rocaille. Levéhicule démontra de réelles qualités toutterrain, se permettant même de surpas-ser dans le sable mou le VLRA, ce sei-gneur du désert. Par contre ce périple adémontré le manque de rayon d'action

du véhicule e: a nécessité d'incorporerau camtor -" "sservoir d'eau potable. Cedéfaut est excusable puisque le TRM n'apas été SDéc a ement conçu pour ledésert Autre Défaut à corriger, le manquede confot ce équipage lors des pas-sages z "': es: en tout terrain, leshommes sert secoués et "bringuebalés"dans te-s es sens. A part ces menuesimperfections. <e TRM -2000 s'est parfai-tement comporté tant au point de vuemécanique qu'au niveau de l'endurance.Il reste à tester le véhicule en terrainboueux à la saison des pluies mais cesera l'affaire des marsouins du 3e RIMaqui doivent remplacer les légionnaires.Gageons que le TRM-2000 se conduiraaussi bien dans le pot pot africain (1) quedans le sable du désert.

Caractéristiques.Véhicule de haute mobilité, toutes

roues motrices 4x4, conçu pour les mis-sions en terrain difficile, en versions postede guidage avancé, incendie, cargo,transport de personnel, cadre spécifiquede communications, tracteur de mortierou d'artillerie légère anti-aérienne.

Performances.Vitesse maxi: 90 km/h, autonomie:

700 km.

( 1)pot pot: nom africain de la gadoue.

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LE 2e REI AU TCHAD

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Les Tchadiens sedébrouillent très bien tousseuls au plan terrestremais ont besoin d'unecouverture aérienne aucas où leur ennemiengagerait d'importantsmoyens air. C'est tout ceque je peux vous dire "L'entretien est terminé.

TIF EPERYIER

TEXTE ET PHOTOS: YVESDEBAY

Le colonel aviateur Job, commandantles éléments français au Tchad, me ser-re vigoureusement la main et m'adresseun triste sourire. Les ordres sont lesordres et je ne pourrai hélas pas photo-graphier la composante air d'Epervier.

Danger libyen écarté

Pourtant le dispositif militaire françaisau Tchad est essentiellement une affaired'aviateurs. Toute la crédibilité de laFrance en Afrique repose sur cette poi-gnée de Mirage et de Jaguar, prêts àaffronter un ennemi nettement supérieuren nombre. Dans un passé proche, lesaviateurs français ont démontré leuraptitude à défendre l'espace aérientchadien et à mener des opérations desoutien aux forces engagées au sol.Cette mission reste celle d'Eperviermême si, à la suite de négociations surla bande d'Aouzou, le danger de conflitdirect est momentanément écarté. Aus-si, depuis 1988, le dispositif a- t-il étéconstamment allégé.

Un dispositif souplemais très musclé

L'Armée de l'air dispose au Tchad dedeux terrains dotés de pistes en dur:NTYiarnana awpr «nn aérnnnrt interna-tional et Abéché, véritable poste avan-cé, dont la piste vient d'être terminée.Une entreprise civile est actuellement entrain de bétonner l'ancien terrain deFaya-Largeau au nord du 16e parallèle.Même avec l'aide des ravitailleurs KC-135, l'Armée de l'air ne peut assumerune veille permanente au dessus duchamp de bataille potentiel de la banded'Aouzou. Par contre, l'utilisation d'Abé-ché lui donne une meilleure allonge etdes délais d'interventions raccourcis lorsd'éventuelles demandes d'appui formu-lées par les FANT.

Le terrain de Paya Largeau serait biensûr une plate- forme idéale, mais situéplus près du front, il est sans douteextrêmement vulnérable aux raids

26 aériens. En juillet 1983, les FANT et

quelques "contractuels" retranchés dansla palmeraie ont subi des attaquesaériennes permanentes de la part desSU-17, SU-22, TU-22 et MIG-23 libyens.La plupart des appareils décollaient desbases de Toumo, Tanoua, Maaten EsSara et Al Kofra, situées de l'autre côtéde la bande d'Aouzou, en territoirelibyen.

La Marine dans le désert

Maintenir des avions en permanence à Abéché. Les Jaguarà Faya Largeau équivaudrait à les expo- sont, quant àser inutilement. Actuellement, la défen- eux, basés à Bangui en RCA mais peu-9» GreitvifffQ uu iwifau I9 r̂v99 «ui iiuu vci il a iuui M iwi i ici H \jo\ji TOI IN i~/jcuiic:i IGMirage F-1 basés à N'Djamena et qui et Abéché et être mis à la dispositionpourraient le cas échéant être <"'

EPERVIERSE MUSCLE A NOUVEAUPour répondre aux attaques dont est

encore victime le régime d'Issène Habré,Paris décide,ie 28 mars, de muscler ledispositif Epervier. C'est donc dans la nuitdu 29 au 30 mars que 6 Transall onttransporté à Abéché les véhicules blindés"Sagaie" d'un escadron du 1er REC,basés à Bouar en Centre Afrique

Associés à ce "poing blindé",des compagnies de combat et un étatmajor du 3e RIMa, se sont égalementenvolés pour Abéché. Au mêmemoment, et pour combler le vide laissé

par le régiment quittant son cantonne-ment de N' Djamena, une compagnie de140 hommes du 3e RPIMa de Carcas-sonne , en alerte Guépard, quittait Tou-louse à bord d'un DC8 militaire à desti-nation de la capitale tchadienne. Dans lemême temps, l'armée de l'air mettait éga-lement en alerte les Jaguar et les MirageF1, ainsi qu'un avion ravitailleur C135 F,présents au Gabon.

En fait, une opération sansbavure, prouvant la capacité de l'arméefrançaise à protéger en Afrique, tous lespays liés par des accords de défense.

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Ci-dessous.Mirage F1, appartenant au 2Escadron de la 33e Brigade dereconnaissance, en vol dans le cieltchadien.(Photo SIRPA)Ci-contre.Sentinelle du désert, un sous-officier du 2e REI scrute l'horizon dans larégion d'Abéché. Page de gauche. Insignegénéral du dispositif Epervier.

na accueilleégalement enpermanence deux MirageF1 CR, appareils de recon-naissance de laFATAC. Un ou deuxBréguet Atlantic de la Marine, basés àDakar ou à Djibouti, peuvent égalementrenforcer le dispositif. Ces avions depatrouille maritime, équipés pour l'écou-te radio, peuvent repérer un périscopede sous-marin dans l'océan et n'ontdonc aucun problème pour débusquerune colonne de Toyota dans le désert!

Caractère stratégiqueindéniable

L'appareil français mis le plus à contri-bution au Tchad est le Transall, Basésà N'Djamena, quatre de ces appareilsassurent des missions de transport, lesrelèves et le ravitaillement des postes.

Ils volent éga-lement au profit des FA.lesquelles ils effectuent dsions logistiques et des évacuationssanitaires. Comme nous l'avons déjàmentionné dans l'article sur le 2e REI,le dispositif terrestre d'Epervier s'articulesur deux compagnies renforcées, qui

nnent garnison a Abechê et N'Djame-na et ont en charge la protection plusou moins éloignée des installations del'Armée de l'air. Ces troupes, relevéestous les quatre mois, profitent néan-moins de leur séjour pour parfairel'entraînement en milieu semi- déser-tique. Ce système de relève a permisaux 2e, 3e et 21e RIMa, aux 3e et 8eRPIMa ainsi qu'au 2e REP et au 2eREI, d'effectuer un ou plusieurs séjoursau Tchad. L'état major dispose ainsid'une réserve de combattants et decadres connaissant le terrain et pouvantrapidement être mis en place par unpont aérien du COTAM. QuelquesPUMA de l'ALAT sont également baséà N'Djamena. Les missiles HAWK del'armée de terre qui avaient abattu unTU 22 libyen à N'Djamena le 6 sep-tembre 87, sont rentrés en France etseuls quelques bitubes de 20 mm etune batterie de missiles sol air protègentl'aéroport de la capitale tchadienne.Epervier se fait le plus discret possible.

Pourtant la menace libyenne resteprésente, même si officiellement desnégociations sont en cours à Alger. LesTchadiens ne peuvent lâcher la banded'Aouzou, barrière rocheuse qui protègela frontière nord du pays. A défautd'hypothétiques richesses minérales, labande présente un caractère straté-gique indéniable. Elle se compose d'unmassif montagneux élevé, le Tibesti àl'ouest et d'un plateau rocheux, le Jef-Jef à l'est. Comme tout terrain similaire,la bande ne peut être traversée que pardes passes. Qui tient ces passes, tientla bande d'Aouzou et qui tient la banded'Aouzou, contrôle l'accès nord duTchad. Ces cinq dernières années, tesLibyens avaient réussi à s'emparer dunord du pays. Les brillantes victoires

' adiennes de 86 et 87 les ont rejeté aulà du Tibesti mais dans un dernier

aut, ceux-ci reprendront finalementà Aouzou. Apres la destruction par

les Tchadiens de la base libyenne deMaaten es Sara, c'est le statu quo.

Des unités plus muscléesLa déroute des Libyens à Fada, Oua- 27

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LE 2e REI AU TCHADdi Doum et Paya Largeau avait donnéau monde l'image d'une armée de Kad-hafi peu combative et rapidementdémoralisée. Manoeuvrant à la sovié-tique, les lourdes colonnes de chars sefaisaient tirer à bout portant par lesGoranes montés sur Toyota. Retran-chés derrière leur champs de mines, lesLibyens terrorisés ne pouvaient riencontre des Tchadiens, appliquant la tac-tique des rezzous traditionnels. Pourtantune fois n'est pas coutume, à Aouzou,la contre- attaque libyenne sera menéede main de maître et permettra la recon-quête de l'oasis. Les Libyens ont certai-nement beaucoup appris de leur défaiteet maintiennent de très importantsmoyens militaires au nord de cette ban-de. Les moyens aériens ont été consi-dérablement renforcés et les nouveauxSU-24 Fencer de Kadhafi ont été signa-lés sur les base du sud. Le SU-24 estun appareil soviétique très performant,similaire au F-111 américain.Volant trèsbas, les SU-24 pourraient difficilementêtre détectables et leur rayon d'actionleurs permet d'atteindre N'Djamenasans problème. La détente en Europeva certainement priver les Libyens deleurs pilotes est- allemands ou sovié-tiques mais il leur restera toujours despilotes pakistanais, loin d'être incompé-tents. La Libye s'est également récem-ment partagée avec la Syrie un lot demissiles balistiques chinois capables detoucher la capitale tchadienne, et celaen toute impunité. Autre source d'inquié-tude, les rumeurs persistantes sur lafabrication à l'usine de Rabta d'armeschimiques contre lesquelles les Tcha-diens ne sont absolument pas prépa-rés.

Les combats de 1987 ont décimé lafameuse Légion islamique de Kadhafi.Il est vrai que celle-ci ne brillait pas parsa combativité, la plupart de sesmembres étant des travailleurs africainsmusulmans enrôlés de force. Là aussiles choses ont changé, La Légion isla-mique a perdu en quantité ce qu'elle agagné en qualité. De nombreux Pales-tiniens ainsi que des Libanais chiites etquelques Iraniens formeraient de nou-velles unités.

Gigantesque coup de faux.De plus Hissène Habré a perdu son

meilleur tacticien, IdrissDeby qui, à lasuite d'un désaccord avec le présidenttchadien, est entré en dissidence. Idriss,brillant stratège et auteur des grandesvictoires tchadiennes, a récupéréquelques uns des meilleurs combattantsdes FANT et, secrètement aidé par laLibye, tient le Darfour à cheval entre leSoudan et le Tchad . La dernière ten-tative d'Hissène Habré pour le-délogeren octobre dernier s'est soldée par unsanglant échec. Si la situation empirait,les forces d'Idriss, quittant leur sanctuai-re soudanais et épaulées par les

28 Libyens, pourraient en un gigantesque

coup de faux tourner le plateau de JefJef par l'est, et couper les FANT, enga-gées dans la bande d'Aouzou, de leursarrières.

Autre moyen de contournement duTibesti, La frontière nord du Niger. Parle désert du Ténéré, les Libyens pour-raient déboucher dans la région de Maoet du Lac Tchad et dans un premiertemps isoler le Tibesti par l'ouest pourensuite foncer sur N'Djamena. Parallè-lement, des attaques frontales avecmoyens lourds et pourquoi pas desarmes chimiques pourraient fixerl'essentiel des FANT sur le Tibesti.Même s'il a été échaudé par ses "aven-

Ci-ctessus En reconnaissance profondesur la frontière soudanaise, un officiereffectue le point sur le capot d'une jeep.

tures tchadienne", l'état major libyenétudie certainement ce genre de plan.

De son côté, Hissène Habré peutcompter sur une armée aguerrie et surson prestige personnel pour rallierautour de lui les Tchadiens. La récentevisite du Pape à N'Djamena a été ungeste très apprécié par les populationscatholiques du Sud. '

Devant toutes ces menaces, Epervierdoit être prêt à faire face.

CHRONOLOGIE D'EPERVIER

Février 1986: incursion du GUNT ausud du 16e parallèle et menace d'offen-sive libyenne.

14 février: le Gabon, la RCA et leSénégal accueillent les premiers grosporteurs français

16 Février à l'aube: les Jaguar de laFATAC neutralisent la piste de OuadiDoum. Transall et DC-8 du COTAMamènent des renforts à N'Djamena.

17 Février. 7HOO du matin: un TU-22 libyen endommage la piste de N'Dja-mena . Une fois celle-ci réparée, lespremiers Mirage atterrissent dansl'après- midi.

25 février 1986: le dispositif de défen-se est pleinement opérationnel.

16 décembre 1986: les Transall duCOTAM parachutent vivres, eau etessence à des dissidents du GUNTdans le Tibesti.

7 décembre1987: destruction du radarde Ouadi Doum par des missiles Marteltirés à partir de Jaguar.

Mars- avril 1987: brillante reconquêtedu nord du pays par les FANT quireprennent Ouadi Doum et Faya et ycapturent un matériel considérable.

8 Août 1987: les Tchadiens repren-nent pied à Aouzou mais 20 jours plustard, les Libyens contre attaquent et lesen chassent à nouveau.

5 septembre 1987: destruction de labase de Maaten Es Sara en territoirelibyen par les FANT.

6 septembre 87: unTupdev22 iden-tifié hostile par deux Mirage F-1 estabattu par un missile HAWK alors qu'ilfonçait sur N1 Djamena.

31 Août 1989: accord provisoireconcernant la bande d'Aouzou signéentre les deux belligérants.

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1- Section d'éclairage et deReconnaissance du 2e REI.Force Multinationale de Sécuritéà Beyrouth en 1983.

2- 5e Compagnie du 2e REI.Force Multinationale de Sécuritéà Beyrouth en 1983.

3- Compagnie d'Eclairage etd'Appui du 2e REI. Force 'Multinationale de Sécurité àBeyrouth. Des éléments du 2eREI- une partie des CCS, CEA, 5eet 6e Compagnie - participent demai à septembre 1983 àl'opération Diodon III.

4- 1ère Compagnie du 2e REI.Suite à la réorganisation de 1984,la 5e Compagnie prendl'appellation de 1ère Compagnie,à vocation aéromobile.

5- Insigne du 2e REI. Modèleporté depuis 1957 par leRégiment. Celui-ci, dissous le 31janvier 1958, sera recrée le 1erseptembre 1972.

6- 4e Compagnie du 2e REI.Créée fin 1983, elle s'installe àNîmes en 1984. Séjour en 1986au Tchad lors de l'opérationEpervier.

7- 2e Compagnie du 2e REI.début 1984, la 6e Compagnieprend l'appellation de 2eCompagnie, avec pour vocationle combat à haute et moyennealtitude.

8- 3e Compagnie du 2e REI. En1984, la 7e Compagnie prendl'appellation deTroisièmeCompagnie, avec pour vocationle combat en milieu urbain.

9- Brevet de tireur d'élite du 2eREI.

10- 7e Compagnie du 2e REI.Compagnie d'instructionstationnée dans le Sahara durantla guerre d'Algérie.

11- 7e Compagnie du 2e REI.Compagnie d'Eclairage etd'Appui du 2e REI, envoyéesuccessivement au Liban et enAfrique.

12- Compagnie deCommandement et de Servicesdu 2e REI. Insigne réalisé en1982.

13- compagnie d'Eclairage etd'Appui. Insigne créé en 1984.

tfl

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Raids tient à remercier JacquesSicardpour le prêtdes insignes

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Que ce soit en Afriqueou en Métropole, laLégion a toujours mis unpoint d'honneur à veillersur l'allure et la tenue deses membres. De nosjours, les traditions de lavieille Légion sonttoujours à l'honneur et,où qu'il soit, l'uniformeest pour le Légionnaireune seconde peau.Au Tchad, en 1990, laLégion a su trouver uncompromis entreélégance, confort etefficacité

LE LÉGIONNAIRE AU

Tenue de CombatRien ne différencie, le béret mis à

part - et encore, dans certain cas seu-lement -, le Légionnaire combattant enCentre Europe de celui travaillantsous climat semi-désertique.

Au combat ou à l'exercice, le Légion-naire porte le treillis F-l, le brelageFAMAS et l'ANP. Le treillis, solide maisun peu chaud contrairement au shortGAO, protège les cuisses contre lescoups de soleil et les mollets contre lesépines et autres "cram crams". Le légion-naire est chaussé des traditionnellesRangers, les pataugas ne résistant pasà réchauffement lors des longuesmarches et, de plus, elles ne sont pas"blindées" contre les épines de "ké ké" quien traversent facilement la toile.

La Légion a toujours su se démarquerdes autres corps de troupes par ses coif-fures. Le béret, en général petit, est portéavec élégance. Au combat, il différenciele Légionnaire des autres soldats. Deplus, en Afrique, le béret vert (ou rouge)a un impact psychologique certain et estrespecté par l'adversaire . Les FANT(Forces Armées Tchadiennes ) qui pour-tant sont de redoutables guerriers, nedérogent pas à cette règle. Les légion-naires abandonnent quelquefois leur coif-fure lors des longs raids en véhicule dansle désert, préférant alors le chèche tra-ditionnel surmonté des lunettes anti-sablé les protégeant efficacement contrele sable et la poussière.

(Nous remercions particulièrement lesLégionnaires qui, pour notre repor-tage, ont revêtu par 40° à l'ombre leur

30 grande tenue).

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KHAD

Tenue de Garde et deCaserne

Concession à la terrible chaleur duTchad (45° degré à l'ombre en saisonchaude): le short, porté à la caserne, lorsdu travail et lors des gardes. Il peut êtreporté avec la chemise tropicale del'armée française. Lors des travauxlourds en atelier, les légionnaires restentchaussés de Rangers. Le cuir proté-geant le pied contre la chute d'un blocmoteur ou de tout autre objet lourd.

A Tenue CAOCette tenue, d'origine sénégalaise

comporte short, bob, chemise échan-crée à ouverture sur les flancs, a étéadaptée dans les années 70 par l'arméefrançaise outre-mer. Pratique, elle n'estnéanmoins guère appréciée par laLégion. Il est vrai que si cette tenue estseyante aux hommes minces, elle neconvient pas aux soldats déjà plus âgés.Or, la Légion a toujours tenu à l'aspectphysique de ses hommes.

La tenue GAO est néanmoins portéedans les ateliers par grande chaleur avecle béret vert.

T Tenue de paradeEn Afrique, le légionnaire en grande

tenue est un peu l'ambassadeur de laFrance. Les épaulettes rouges et leképi blanc sont portés lors des tradition-nelles prises d'armes, tout comme lorsdes réceptions offertes aux autoritéslocales.

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