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L'association des Amis du Vieux Saint-Etienne présente: L L a a B B elle elle é é po po q q ue de ue de Charles Exbr Charles Exbr ay ay at at Suivons la plume d'un célèbre écrivain à la découverte du cœur de la ville de Saint-Étienne au début du XX e siècle C'est à la suite de la publication d'un article paru dans la revue Saint-Étienne Histoire & Mémoire : La Belle époque de Charles Exbrayat , en 2006, que l'association des Amis du Vieux Saint-Étienne a eu l'idée de créer un circuit urbain. A l'aide de cet auto guide (gratuit et imprimable), vous pourrez découvrir à votre rythme, le cœur de la ville à la Belle époque d'après les propos de l'écrivain. Charles naît le 6 Mai 1906 et grandit au 7, place Marengo à Saint- Étienne. Sa famille quitte Saint-Étienne pour la ville de Nice en 1922, mais Charles n'oubliera jamais la terre de son enfance. A partir des années 40, il devient écrivain. A partir des années 50, il écrit des romans policiers, remporte des prix, devient directeur de la collection Le Masque pendant plusieurs années, se voit remettre la légion d'honneur... Dans les années 70 il revient s'installer dans le département de la Loire (à Planfoy exactement) et y meurt en 1989. Des parfum regrettés, 2000, Albin Michel (posthume). Charles Exbrayat use de son talent d'écrivain pour rendre hommage à une époque et à une ville. Dans ces pages, il dépeint sa jeunesse à la Belle époque, et raconte ses aventures d'enfant dans sa ville natale. Jules Matrat, Gallimard 1942.6 Jules Matrat est un jeune paysan du Pilat contraint d'aller combattre au front dès août 1914. S'il supporte cette guerre c'est grâce à son ami savoyard Louis Agnin. Lorsqu'il revient à Saint-Étienne, après la mort de son ami, il n'est plus le même, et la ville non plus. Il faut chanter Isabelle, 1967, Le Masque. Charles Laverdines, stéphanois d'origine, est commissaire à Lyon. Lors d'un congé en terre natale, il découvre un double suicide dont celui d'une femme qu'il avait rencontrée un peu plus tôt. La La B B elle époque de elle époque de C C harles harles E E xbrayat, xbrayat, Le Plan du circuit Le Plan du circuit

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L'association des Amis du Vieux Saint-Etienne présente:

LLa a BB elle elle éépopoqque de ue de Charles ExbrCharles Exbrayayat at

Suivons la plume d'un célèbre écrivain à la découverte du cœur de la ville de

Saint-Étienne au début du XX e siècle

C'est à la suite de la publication d'un article paru dans la revue Saint-Étienne Histoire & Mémoire : La Belle époque de Charles Exbrayat, en 2006, que l'association des Amis du Vieux Saint-Étienne a eu l'idée de créer un circuit urbain. A l'aide de cet auto guide (gratuit et imprimable), vous pourrez découvrir à votre rythme, le cœur de la ville à la Belle époque d'après les propos de l'écrivain.

Charles naît le 6 Mai 1906 et grandit au 7, place Marengo à Saint-Étienne. Sa famille quitte Saint-Étienne pour la ville de Nice en 1922, mais Charles n'oubliera jamais la terre de son enfance. A partir des années 40, il devient écrivain. A partir des années 50, il écrit des romans policiers, remporte des prix, devient directeur de la collection Le Masque pendant plusieurs années, se voit remettre la légion d'honneur... Dans les années 70 il revient s'installer dans le département de la Loire (à Planfoy exactement) et y meurt en 1989.

→ Des parfum regrettés, 2000, Albin Michel (posthume).Charles Exbrayat use de son talent d'écrivain pour rendre hommage à une époque et à une ville. Dans ces pages, il dépeint sa jeunesse à la Belle époque, et raconte ses aventures d'enfant dans sa ville natale.

→ Jules Matrat, Gallimard 1942.6Jules Matrat est un jeune paysan du Pilat contraint d'aller combattre au front dès août 1914. S'il supporte cette guerre c'est grâce à son ami savoyard Louis Agnin. Lorsqu'il revient à Saint-Étienne, après la mort de son ami, il n'est plus le même, et la ville non plus.

→ Il faut chanter Isabelle, 1967, Le Masque.Charles Laverdines, stéphanois d'origine, est commissaire à Lyon. Lors d'un congé en terre natale, il découvre un double suicide dont celui d'une femme qu'il avait rencontrée un peu plus tôt.

La La BBelle époque de elle époque de CCharles harles EExbrayat,xbrayat,Le Plan du circuitLe Plan du circuit

Etape 1Etape 1

Notre promenade dans le temps débutera au 7, place Marengo, au pied de l'appartement où vivait la famille Exbrayat au début du XXe siècle. Bien que leur situation financière ne soit pas extraordinaire, les Exbrayat appartenaient à la petite bourgeoisie stéphanoise.

→ « vers le sud il était déconseillé de loger au-delà de la

place Badouillère... vivre plus loin que la place Carnot n'eût pas été bien vu. »

La place Marengo est « la » place bourgeoise dans un quartier créé au début du XIXe par Dalgabio. C'est la place des pouvoirs : le pouvoir politique avec la Préfecture, le pouvoir économique avec les immeubles des fabricants de rubans, le pouvoir de la presse avec La Loire républicaine, Le Mémorial, enfin, le pouvoir religieux avec l'église Saint-Charles. Marengo depuis 1801, en hommage à la victoire de Bonaparte, elle deviendra Jean Jaurès en 1917, en mémoire du socialiste qui a manifesté dans la Loire pour l'amélioration des conditions de travail.

La famille Exbrayat pouvait voir du haut de son balcon, l'église qui date seulement de 1912, la Préfecture construite en 1901 par les architectes lyonnais Huguet et Delorme, le journal la Loire Républicaine, immeuble Modern Style datant de 1908 (inscrit MH),... Et depuis 1912, la famille pouvait apercevoir le monument dédié à José Frappa, peintre stéphanois décédé en 1904 à Paris, et également le kiosque à musique reconstruit et inauguré en 1914 (inscrit MH).Charles n'a pas mentionné tous ces éléments, « les façades des belles maisons bourgeoises » suffisent pour planter son décor.

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A la Belle époque, la vie était bien différente d'aujourd'hui, il la décrit du haut de son balcon, lieu clé qui ouvre l'espace domestique protégé au spectacle de la ville.

→ « L'absence de circulation automobile... livrait les artères citadines à la seule traction chevaline. »

→ « ... ballet des balayeurs municipaux et, le soir, le défilé solennel, ...des allumeurs de becs de gaz que je ne voyait jamais éteindre les lumières, pour l'excellente raison que je dormais lorsque ces fonctionnaires remplissaient leur mission matinale. »

→ « Ce jour-là on nous levait plus tôt que de coutume et [...] nous nous précipitions sur le balcon, assez important pour ne point créer de querelles de préséance [...].Nous regardions arriver et s'installer les uns après les autres, les dragons noirs et rouges, les cuirassiers, [...] les chasseurs à cheval vêtus d'azur, les hussards, corsetés dans leurs brandebourgs, les spahis entraînant tous les rêves dans les plis de leurs grands manteaux écarlates... Les clairons répondaient aux trompettes et la foule, toutes classes sociales confondues, hurlait : Vive l'armée! »

Nous sommes dans le contexte de la Revanche, après la guerre de 1870, et les défilés militaires du 14 Juillet traversent la ville sur les notes entraînantes des marches : Sambre et Meuse ou Marche Lorraine.

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→ « Saint-Etienne est traversé, du nord au sud, par une voie longue de plus de sept kilomètres qui est l'artère principale où les classes sociales se distinguaient selon l'emplacement qu'elles y occupaient. »

Remontons ce grand axe communément appelé la Grand'rue jusqu'à la place de l'Hôtel de Ville par la rue du Président Wilson. Marchons en compagnie de Charles et de sa famille.→« Notre revanche avait lieu le jeudi. Ce jour-là, nous sortions avec notre mère pour faire des courses [...].On suivait les rues pittoresques du vieux Saint-Etienne -où le travail bien fait constituait, traditionnellement, l'orgueil même des plus déshérités et on y humait les odeurs de tâches multiples [...]. Ah! les beaux après-midi où nous nous promenions à travers un peuple bon enfant, heureux de vivre, moquant les curés, mais expédiant femmes et gosses à la messe de dix heures, le dimanche, s'emportant contre l'armée qui lui prenait ses fils [...]. Il arrivait que notre quatuor flânât trop longtemps dans ces quartiers où le tard de l'heure poussait les gens hors de leurs maisons [...] et, assis sur le seuil, ils mangeaient la soupe dans leur « gandot »* tout en bavardant avec les voisins... Avec le soir, la rue citadine redevenait village. » *

gandot : n.m gaga. Petit récipient en faïence ou métal, ayant une anse et un couvercle, dans lequel l'ouvrier emporte sa soupe pour la manger à l'atelier.

Charles Exbrayat fait allusion, ici, aux quartiers populaires, les quartiers des mineurs, aujourd'hui de Tarentaize Beaubrun.

Traversons la place de l'Hôtel de Ville, monument construit en 1822 par Dalgabio et coiffé d'un dôme en 1856, détruit en 1952. Face à l'Hôtel de Ville, se trouve l'immeuble du fabricant de rubans Colcombet. Au premier étage se réunissait la bourgeoisie d'affaires, au sein du « Grand Cercle », aux salons décorés avec un goût très riche, datant de 1860 (inscrit MH).

Continuons notre promenade par la place Dorian.3

Etape 2Etape 2

Créée au XIXe siècle, elle fut appelée place de la Halle à blé (1818), Dauphine (1820) et place du Marché (1831). A la Belle époque, c'est le dimanche un point de ralliement des stéphanois qui prennent le tramway en direction de la campagne. En cela la famille est bien représentative de la petite bourgeoisie stéphanoise dans ses comportements sociaux, différents de ceux de la haute société, qui se retrouve aux hippodromes de Villars, Feurs et Saint-Galmier.

→« Mes parents, mes frères et moi étions partis pour une promenade estivale, chère aux coeurs des Stéphanois : on prenait le tram place Dorian, on se rendait au Rond-Point où la campagne poussait ses avancées. »

Aujourd'hui, et depuis 1905, la place Dorian tient son nom d'un chef d'entreprise arrivé à Saint-Etienne en 1847. C'était un homme politique, élu député de la Loire en 1863 et réélu à deux reprises, puis nommé Ministre des Travaux du Gouvernement de Défense Nationale en 1870. Il a également créé des manufactures d'habillement, d'équipement et d'armement. Il décéde en 1873.

A l'angle sud de la place Dorian et de la place de l'Hôtel de Ville, subsiste une devanture d'époque, autrefois magasin de chapeaux, aujourd'hui opticien. Adjacent à celui-ci, l'ancien Café de Lyon avec son plafond peint (aujourd'hui, magasin de vêtements sous l'enseigne Don Juan) mérite que l'on y jette un regard.

Continuons notre promenade du jeudi par la rue Camille Collard, et reprenons la Grand'rue jusqu'à la Place du Peuple. Sur notre gauche, avant la place, au 9 de la rue du Général Foy, nous pouvons voir et parcourir, le passage de l'Europe qui permet de rejoindre la rue piétonne Alsace-Lorraine autrefois traversé par les calèches pour desservir l'hôtel de l'Europe qui avait sa réception au premier étage. Au bout de la Grand'rue, à notre droite, une tour apparaît comme un anachronisme.

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La « Tour », comme la surnomment communément les stéphanois, est un vestige des remparts qui encerclaient la ville de Saint-Etienne au XVe siècle. Nous sommes sur la place du Peuple ancien Pré de la Foire, acheté par les habitants en 1410.

Prenons la rue Mercière vers la place Grenette.

Etape 3Etape 3

Au coeur de la ville du Moyen-Age, première place embryon de Saint-Etienne dès le XVe siècle, elle tient son nom de la Halle au grain et du marché au blé qui s'y tenait. Ce marché s'est déplacé place du Pré de la Foire.→ « Vers une heure de l'après-midi, nous prenions, place Grenette, une diligence attelée de quatre chevaux qui semblait surgir tout droit du milieu du siècle précédent. On démarrait dans le tintamarre des roues cerclées de fer sur les pavés. [...] A peine abordions-nous le bas de la rude côte menant au col de la République, au lieu-dit la Digonnière*, que les chevaux ralentissaient leur allure pour passer au pas et bientôt s'arrêter selon un rituel auquel ils ne manquaient jamais »

*Vous pouvez emprunter cette même route, en prenant la route nationale 82 en direction de Annonay à partir du quartier de Bellevue.

Abandonnons le petit Charles pour nous mettre dans les pas de Jules Matrat.

Jules Matrat, jeune soldat démobilisé après la fin de la première Guerre Mondiale, au printemps 1919, arrive à Châteaucreux pour retourner dans la ferme paternelle située à Chervagne, village imaginaire du Pilat.→« Avant la guerre, une diligence assurait le service jusqu'à Marlhes, en partant de la place Grenette. Existait-elle encore ? » 6Entre ces deux citations, un peu moins de six ans se sont écoulés, cependant on a changé de monde, c'est l'entrée de plain-pied dans le XXe siècle. La traction chevaline n'avait que quelques années à vivre lorsque Charles Exbrayat en parle dans ses souvenirs d'enfance (Des parfums regrettés), car en 1910, on passe progressivement au cheval vapeur, et l'arrivée ne se fait plus place Grenette mais place du Peuple.

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Notre chemin se poursuit, par la rue de la Résistance en direction de la place des Ursules qui a beaucoup changé depuis l'époque du petit Charles. Aujourd'hui, elle a été remplacée par un parking surélevé et des commerces divers au rez-de-chaussée.

Etape 4Etape 4

A l'angle de la rue de la Résistance, se trouve le Café de l'Opéra, qui tient son nom du théâtre édifié en 1853 juste en face et détruit dans la nuit du 17 février 1928 par un violent incendie.

La place des Ursules hérite de ce nom en raison du couvent des Ursulines, édifié en 1636, où on instruisait gratuitement les jeunes filles pauvres. En 1843 le couvent fut détruit.

Rejoignons la populaire et incontournable place du Peuple.

Elle porta également le nom de place Royale jusqu'à ce qu'une décision du Conseil Municipal du 10 Juin 1848 la change en place du Peuple. Elle avait, depuis cinq siècles, un rôle commercial important avec ses marchés, c'était un lieu où la population se retrouvait. Jules Matrat flâne le long des rues et des places très fréquentées de Saint-Etienne à la recherche de figures connues.

→« Jules recommença à goûter le mouvement de la rue. Il prit l'avenue Président Faure [...] .Si tout demeurait comme jadis, en allant place des Ursules, il aurait peut-être la chance d'en rencontrer quelques-uns de Chervagne. Avant d'arriver à la place, Matrat retrouva l'animation des jours de marché [...]. Les paysans étaient rassemblés par régions. A gauche, ceux venus du nord, les Foréziens, groupant les cultivateurs des villages qui s'allongent dans la plaine en direction de Feurs. A droite, les montagnards descendus des flancs du Pilat et de ses contreforts. » 6

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Mais quittons Jules Matrat pour rejoindre un autre personnage d'Exbrayat : Charles Laverdines commissaire de police dans Il faut chanter Isabelle. Nous partons en direction du Lycée de Garçons, en empruntant l'avenue du Président Faure, aujourd'hui avenue de la Libération. L'avenue Président Faure en souvenir du président qui

visita la ville en 1898, fut aussi nommée avenue du Maréchal Pétain. Elle relie la place du Peuple au Lycée Claude Fauriel. Percée en 1904, après de grand travaux qui firent la fierté des stéphanois, elle devait améliorer la circulation en direction de Lyon.

Saint-Etienne et la Loire ont payé cher en terme de vies leur libération de l'occupation allemande, Saint-

Etienne est libéré le 20 août 1944, l'avenue est dénommée le 24.

Arrivés au square Violette, nous remontons la rue Pierre Bérard et prenons sur la gauche la rue Francois Gillet. Nous pouvons voir l'Hôtel du Cheval Noir.

Nous voilà revenus dans le présent du héros Charles Laverdines, stéphanois d'origine et jeune commissaire à Lyon, qui décide de prendre un congé pour retrouver sa ville natale quittée à l'âge de quinze ans.

→ « Je rejoignis la rue François Gillet où j'avais retenu une chambre à l'Hôtel du Cheval Noir. Ayant déposé mes bagages et rangé ma voiture, je ressortis immédiatement pour me rendre au lycée de garçons, tout proche. »

En revenant sur l'avenue de la Libération et en nous dirigeant vers le Lycée, nous avons en face de nous la Grand'Poste de style néo-classique, Charles ne l'a pas connue puisqu'elle fut inaugurée 5 ans après son départ pour Nice, en 1927.

Rejoignons le lycée de Garçons, cours Hippolyte Sanzéa.

Etape 5Etape 5

→« C'est dans cet établissement que j'avais fait mes études, ou plutôt que je les avais commencées. Rien n'avait changé. Après que j'eus expliqué au concierge les raisons sentimentales qui me poussaient à revenir dans le cher vieux bahut d'autrefois, il ne souleva aucune difficulté, en dépit de l'heure, pour me laisser errer à ma guise à travers les cours et les couloirs. Je retrouvai presque intact le décor de mes jeunes années. Les vieux murs faisaient lever en moi des visages de petits garçons devenus des hommes que je ne reconnaîtrais sûrement pas. Planté au milieu de la cour d'honneur, j'essayais de retrouver le goût ancien de cet air qui nous remplissait d'ardeur belliqueuse. »

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Le lycée de garçons, a bien changé depuis 1913 alors qu'il ne comptait que 740 élèves environ, aujourd'hui, après avoir été agrandi en 1991-1992 par l'architecte Chomette, il peut en accueillir 1500.

Le premier lycée ouvrit ses portes en 1807, dans l'ancien couvent des Minimes (à l'emplacement de l'église Saint-Louis et du collège Gambetta). Au commencement collège communal, il s'érige au rang de collège royal, puis à celui de lycée en 1848. Il fut déplacé en 1890 à l'emplacement que nous lui connaissons aujourd'hui, dans un bâtiment spécialement construit de 1887 à 1889.* L'espace libéré accueille un temps le lycée de filles baptisé par la suite Honoré d'Urfé en mémoire de l'auteur de L'Astrée (XVIIe).Le 30 avril 1943 le lycée de garçons devient Lycée Claude Fauriel en hommage à l'homme de lettres stéphanois du début du XIXe siècle.

*Pour en savoir plus, retrouvez 1806-1890 Lycée de garçons, Saint-Etienne, histoire & mémoire, revue des Amis du Vieux Saint-Etienne, n°221 (mars 2006).

Ainsi se termine notre balade dans le temps et au coeur de Saint-Etienne. Nous pourrions la poursuivre en direction de la campagne sur le cours Fauriel, comme l'eu fait Charles et sa famille le dimanche.

→« Mes parents, mes frères et moi étions partis pour une promenade estivale, chère aux coeurs des stéphanois: on prenait le tram place Dorian on se rendait au Rond-Point où la campagne poussait ses avancées. Ensuite, les enfants marchant devant, par des chemins rustiques, on gagnait un lieu-dit, le Jaune, où sous une tonnelle, on buvait des panachés en regardant jouer aux boules. »

Nommé ainsi depuis le 21 juillet 1857, le cours Fauriel s'étend de la place Villeboeuf au Rond-Point. L'agglomération stéphanoise était autrefois parcourue par de nombreuses lignes de tramways (90 km en 1930). Aujourd'hui le tramway ne circule plus que sur 7,8 km. La ligne entre Bellevue et la Terrasse n'a pas cessé de fonctionner depuis sa création à la fin du XIXe siècle.

C'est dans les années 1870 que le tramway fit son apparition à Saint-Etienne, et depuis 1897, la gare centrale du réseau se trouve place Dorian, passage obligé des lignes. Les machines étaient, au début, à vapeur et rapidement, les tramways électriques firent leur apparition dès 1904 pour remplacer définitivement les locomotives en 1908.

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CHARLES EXBRAYAT ET LE GAGA*

Le gaga, « Chose qui ancrait le Stéphanois dans sa ville et le faisait reconnaître partout quand il s'en éloignait. » Charles Exbrayat n'a pas oublié d'en citer des termes dans ses ouvrages Des parfums regrettés, Il faut chanter Isabelle,...

Surnom donné au stéphanois et à leur patois : le parler gaga. Ce nom viendrait de la sonorité et de la volubilité du patois stéphanois qui contraste avec la lenteur du parler des habitants de la plaine, cette expression peut s'expliquer par le verbe de la langue vulgaire : « gagasser » qui signifie parler rapidement et d'une façon gutturale. D'autre sources étymologiques plus savantes existent mais celle-ci semble être la plus vraisemblable.

Le gaga fait partie de l'atmosphère sonore des Des parfums regrettés. C'est la langue qu'utilise la mère de Charles, langue associée à un autre univers, plus vivant, celui du peuple, des petits métiers.→« Quoique ma mère n'appartînt nullement à ce milieu de travailleurs manuels, son aimable caractère la faisait s'entendre avec tout le monde. Elle usait spontanément (habitude qu'elle conserva jusqu'à sa mort) de termes « gaga », ce qui enchantait ses interlocuteurs. » Charles Exbrayat en donne sa propre description accompagnée de celle de l'accent, très typique des stéphanois:→ « Quant à la langue– le gaga-, jadis uniquement parlée, c'est une langue créée pour les gens rudes, peu rompus aux subtilités des nuances... Richesse où, par l'intermédiaire des domestiques, des petits commerçants, on baignait dès l'enfance. »→« Notre accent est lourd. Le son a traîne et s'écrase entre nos lèvres. Par là, nous sommes beaucoup plus proches des Languedociens que des Franco-provençaux, auxquels appartiennent les Lyonnais. » Le parler gaga a une importance sociologique pour Charles :→« Evidemment, l'intensité de l'accent croît au fur et à mesure qu'on descend au plus profond des couches populaires mais, en dépit de ses efforts, la bourgeoisie n'a pu s'en défaire, si amenuisé qu'il soit. »

Charles Laverdines n'hésite pas à employer des termes gagas qui font référence à la nourriture : « Maintenant que j'avais mangé la râpée, je me sentais redevenu stéphanois ». Léonie, elle aussi dans Il Faut Chanter Isabelle, emploie souvent: « beauseigne », « coissou »,... *Pour en savoir plus, retrouvez Le parler Gaga, L.Dorna-E.Lyotard, Les Amis du Vieux Saint-Etienne, édition Actes Graphiques, Saint-Etienne, 2005.

La promenade se termine sur cette note de nostalgie encore ancrée dans notre langue aujourd'hui, qui caractérise notre ville et mérite d'être évoquée. Saint-Etienne a la chance d'avoir une histoire très riche, des coutumes, qu'il ne faut pas oublier. La ville d'hier a construit Saint-Etienne d'aujourd'hui et Charles Exbrayat le montre dans ses romans. « On n'est pas d'un pays on est d'une ville » (chante aussi Bernard Lavilliers, autre stéphanois célèbre).Charles Exbrayat s'éteint en 1989, il est enterré à Planfoy où il a terminé sa vie, tout proche de sa ville natale. En 1990, l'Association Souvenir d' Exbrayat voit le jour pour garder en mémoire l'écrivain, ses personnages et ses intrigues policières.

Saint-Etienne Saint-Etienne détient le label ville d'Art et d'Histoire, c'est une ville ouvrière au patrimoine riche. La ville, située entre sept collines, a vu se développer les industries de la passementerie, du charbon, de l'armement... dont l'histoire est racontée dans ses musées. Aujourd'hui ville d'art contemporain, de design, une ville à découvrir...*

*Pour une visite plus approfondie du patrimoine de Saint-Etienne, retrouvez également Promenade dans Saint-Etienne d'hier et d'aujourd'hui, de Geneviève Liogier et Bernard Rivatton, aux éditions Action Graphique, dans la collection A Portée De Chemin, Saint-Etienne, 1992.

Sources: - articleLa Belle époque de Charles Exbrayat, de H. Chauve, S. Marcuzzi et M. Primet, l'article, Saint-Étienne Histoire & Mémoire, 2006, n° 223.

- Oeuvres de Charles Exbrayat. - Le parler Gaga, L.Dorna-E.Lyotard, Les Amis du Vieux Saint-Etienne, édition

Actes Graphiques, Saint-Etienne, 2005. - Le nom des rues, J.Tibi, édition De Borée, 2004. - Promenade dans Saint-Etienne d'hier et d'aujourd'hui, Liogier, Rivatton,

édition Action Graphique, collection A portée De Chemin, Saint-Etienne 1992. - Lycée de Garçon, Revue Amis du Vieux Saint-Etienne, n°221 (Mars 2006).

Sources iconographiques : - Collection des Amis du Vieux Saint-Etienne, fonds iconographique - Collection particulière

Association Les Amis du Vieux Saint-Etienne

Hôtel Jullien-Chomat de Villeneuve Retrouvez également:

13 bis rue Gambetta. (Saint-Etienne) → le circuit en géolocalisation (google earth).

Tél. 04 77 25 74 32 sur www.vieux-saint-etienne.com

courriel: [email protected]

Internet: www.vieux-saint-etienne.com

Musée du Vieux Saint-Etienne

ouvert du mardi au samedi

14h30 à 18h, hormis les jours fériés.

: -Conception et réalisation Elodie BEDON stagiaire en BTS Tourisme aux AVSE 02 2009