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L’Appel de la forêt (L’Appel sauvage) Jack London Livret pédagogique correspondant au livre élève n° 84 établi par Isabelle de Lisle, agrégée de Lettres modernes, professeur en collège et en lycée

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L’Appel de la forêt (L’Appel sauvage)

Jack London

L i v r e t p é d a g o g i q u e correspondant au livre élève n° 84

établi par Isabelle de Lisle,

agrégée de Lettres modernes, professeur en collège et en lycée

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Sommaire – 2

S O M M A I R E

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3  Chapitre 1 (pp. 24 à 26) ......................................................................................................................................................................... 3  Chapitre 3 (pp. 64 à 67) ......................................................................................................................................................................... 7  Chapitre 4 (pp. 83 à 85) ....................................................................................................................................................................... 12  Chapitre 7 (pp. 156 à 159) ................................................................................................................................................................... 16  Retour sur l’œuvre (pp. 160 à 162) ...................................................................................................................................................... 20  

P R O P O S I T I O N D E S É Q U E N C E D I D A C T I Q U E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 1  

E X P L O I T A T I O N D U G R O U P E M E N T D E T E X T E S . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 2  

P I S T E S D E R E C H E R C H E S D O C U M E N T A I R E S . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 3  

B I B L I O G R A P H I E C O M P L É M E N T A I R E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 4  

Tous droits de traduction, de représentation et d’adaptation réservés pour tous pays. © Hachette Livre, 2013. 43, quai de Grenelle, 75905 Paris Cedex 15. www.hachette-education.com

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L’ Appel de la forêt – 3

R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

C h a p i t r e 1 ( p p . 2 4 à 2 6 )

Avez-vous bien lu ? u Buck vit en Californie, à Santa Clara, chez son maître, le juge Miller. v L’action se situe en 1897. w Le père de Buck est un « énorme saint-bernard » et sa mère « un chien berger écossais ». Buck est âgé de quatre ans. x Buck côtoie « Toots, le carlin japonais », « Ysabel, la chienne mexicaine », ainsi que de nombreux fox-terriers. y Manuel vend Buck car il a besoin d’argent pour jouer à la loterie. U Buck voyage dans un train, puis dans deux charrettes, dans un camion, dans un ferry, puis à nouveau dans un train et enfin dans un bateau (le Narwhal). V L’homme qui parvient à soumettre Buck porte un gilet rouge et il use principalement du gourdin pour asseoir son autorité sur l’animal. W Buck est vendu avec une chienne nommée Curly à Perrault et François qui assurent le transport du courrier. Ce sont deux métis franco-canadiens.

Étudier un incipit X

Où ? Quand ? Qui ? (personnages principaux)

Que se passe-t-il ?

De Santa Clara au Grand Nord

En 1897 – Buck – Le juge Miller – Manuel – L’homme au gilet rouge – Perrault et François

Buck est vendu et emmené dans le Grand Nord pour y devenir chien de traîneau.

at Le roman débute en 1897 et le premier paragraphe vient préciser le contexte historique en évoquant la ruée vers l’or : « des milliers d’êtres humains se ruaient vers les terres du Nord ». Les voyages dans le Grand Nord ne peuvent se faire qu’avec des « chiens robustes » capables d’endurer la pénibilité des travaux et des conditions climatiques. ak Si le romancier ne précise pas les étapes du voyage de Buck, c’est que ces informations ne sont pas importantes pour comprendre les aventures du chien dans le Klondike. Seuls comptent les éléments qui permettent au lecteur d’imaginer la vie menée par le chien chez le juge Miller, car ce point de départ civilisé permettra de mesurer l’évolution (progrès/régression) de l’animal. On peut aussi dire que, le voyage étant présenté du point de vue du chien enfermé dans une caisse, les étapes ne sauraient être identifiées. Il ne s’agit là, bien entendu, que d’une illusion car le chien ne devrait pas pouvoir identifier le ferry pourtant mentionné. al À la fin du chapitre 1, le lecteur se demande comment le chien va aborder sa nouvelle vie dans un monde radicalement opposé à celui qu’il a connu en Californie. Va-t-il s’adapter ? Il peut aussi se demander si le chien retrouvera son maître et son lieu de vie paisible ; mais le titre constituant un élément de réponse à cette question tend à la faire reculer au second plan. am La première phrase du roman est particulièrement accrocheuse. Tout d’abord, la construction négative liminaire ne manque pas de surprendre, puis le verbe lire envoie le lecteur dans une mauvaise direction que la suite de la phrase vient rectifier : bien qu’il soit question de lecture, Buck est un chien parmi « tous les chiens de la côte, à forte musculature et à longs poils chauds ». On comprend alors que, si Buck ne lit pas les journaux, c’est parce qu’il n’est pas un être humain. Dès la première phrase, la question de l’humanité/animalité du personnage se pose. Et il ne s’agit pas d’un conte se déroulant dans un univers imaginaire puisque des indications géographiques viennent clore la phrase. Par ailleurs, à cette désinvolture d’un écrivain qui envoie son lecteur sur une mauvaise piste s’ajoute le vocabulaire familier avec le verbe « barder ». On a affaire à un usage déconcertant du style indirect libre car la construction négative de la première proposition nous interdit d’entrer dans la pensée du

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Réponses aux questions – 4

personnage. Le conditionnel « il aurait su » est, en effet, un irréel du passé qui nous dit que Buck n’a justement pas pu penser « que cela risquait de barder ». an La première phrase du roman contribue à capter l’attention du lecteur (voir question précédente). Le contexte historique contemporain des premiers destinataires du roman est aussi un atout auquel s’ajoute la place originale attribuée à l’animal. L’écriture est concise. Auteur de nouvelles avant d’être romancier, Jack London sait combien la brièveté est efficace : pas question de s’éterniser sur le contexte historique non plus que sur le voyage de Buck. En revanche, certains détails significatifs comme la « main enveloppée dans un mouchoir sanguinolent » donnent du relief à une scène juste esquissée. La scène du combat au cours duquel Buck va se soumettre à l’homme et découvrir la « loi des origines » est, quant à elle, essentielle dans le récit d’apprentissage : elle sera développée avec force détails violents comme pour nous donner le ton du roman : « un spasme atroce », « de bave sanglante », « cette torture aiguë ». Âmes sensibles s’abstenir de poursuivre ! Le romancier joue la carte de la vérité ; l’intrigue ne présentera pas une image édulcorée de la réalité.

Étudier un récit d’apprentissage ao Le pouvoir de Buck s’exprime en des termes forts, rattachés à la royauté ou à la noblesse : « sur ce grand domaine régnait Buck », « Le domaine entier lui appartenait », « un air impérieux », « il était roi – roi de toutes les créatures », « un aristocrate repu », la comparaison avec les hobereaux. Les termes en gras comparent Buck à un roi, les termes soulignés en font un membre de la noblesse. ap Buck règne sur un domaine clos, coupé de la réalité. Dès la première phrase, on apprend que, ne lisant pas les journaux, il n’a pas perçu la fièvre de la ruée vers l’or, qui n’est pas sans conséquence sur le destin des chiens robustes comme lui. On voit, dans le paragraphe suivant, que la propriété du juge Miller est située « à l’écart de la route », donc des voies de communication qui relient les hommes entre eux ; elle est présentée comme « à demi cachée par un rideau d’arbres » et le parc (« vastes pelouses », « hauts peupliers ») est assez étendu pour constituer un écran entre la maison et le monde extérieur. Tout semble protéger la demeure, étouffer ce qui pourrait troubler son calme : le « rideau d’arbres », « la large et fraîche véranda » qui ceint la propriété, le gravier répandu sur les allées et les branches qui les ombragent, la vigne qui recouvre les maisonnettes. aq Pour évoluer, Buck doit quitter un environnement dont il ne peut tirer profit pour évoluer. En effet, si le chien domine son territoire, il n’a rien à apprendre des êtres qu’il côtoie. De plus, le monde du juge Miller est clos. Sans contact avec des éléments nouveaux, Buck ne peut apprendre quoi que ce soit. ar L’apprentissage, qui constitue l’enjeu principal du roman, débute dès que Buck est arraché au domaine fermé et protecteur du juge Miller. Le chien va d’abord découvrir l’autorité des hommes. L’enfermement qu’il subit est déjà une leçon, et Buck comprend que la lutte contre les barreaux ne fait que déclencher les railleries de ses tortionnaires ; mais c’est surtout la rencontre avec l’homme au gilet rouge qui sera déterminante. En effet, Buck apprend à se soumettre car sa vie en dépend, comme le montre l’allusion au chien « qui ne voulait ni se soumettre ni obéir, et qui fut finalement mis à mort dans ce combat pour la suprématie ». Mais cette soumission n’est pas une capitulation définitive car Buck entend bien retrouver son pouvoir : « Il était battu, il le savait ; mais il n’était pas brisé. » Il lui faudra patienter et recourir à la ruse (« toute la ruse latente de sa nature se réveillait »), comme on le verra dans le combat contre Spitz. Buck apprend aussi l’existence de la souffrance : « souffrances intolérables à la gorge et à la langue » ; « ces deux nuits de torture où il ne mangea ni ne but » ; « Toutes les souffrances qu’il avait endurées n’étaient rien, comparées à cette torture aiguë ». Il est aussi capable d’identifier la cause de cette souffrance : la corde qui lui serre le cou ou le gourdin (« Ce gourdin fut une révélation ») de l’homme au gilet rouge. Il apprend à connaître les hommes, à les détester, à les craindre ou bien à les apprécier : « les métis commencèrent à monter dans son estime ». De façon plus large, Buck découvre que les êtres autour de lui n’ont pas tous le même comportement. Ce qui est vrai pour les hommes l’est aussi pour les animaux. Ainsi, « le gros animal du Spitzberg » à l’« allure amicale » s’avère avoir un « caractère traître ». Dave ne partage pas la peur de Buck et de Curly lors de la traversée du détroit de la Reine-Charlotte. Sa placidité est aussi imprévisible que le vol effectué par le gros chien amical et souriant.

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Enfin, dans les dernières lignes du chapitre, Buck découvre un nouvel environnement auquel il devra s’adapter. La « chose blanche détrempée qui ressemblait énormément à de la boue » n’a pas de nom pour un animal qui a vécu en Californie. Aussi se montre-t-il « perplexe ». Ce n’est que dans la dernière phrase que « le truc blanc » qui tombe du ciel est nommé : « c’était sa première neige ». Ainsi, Buck devra à la fois s’adapter à un environnement naturel hostile, à la compagnie des chiens et à l’autorité des hommes.

Étudier le personnage principal as Le regard des différents personnages sur Buck contribue à le présenter au lecteur. – Le ravisseur qui a acheté le chien à Manuel affirme à son patron qu’il ne « recommencerai[t] pas pour mille » ; son pansement ensanglanté suffit à montrer la force de l’animal. – Le conducteur de la charrette exprime sa crainte devant la force de Buck pourtant enfermé dans sa caisse : « Tu vas pas le faire sortir maintenant ? » – L’homme au gilet rouge le qualifie d’abord de « diable aux yeux rouges » avant de s’adresser à lui sur un ton amical pour reconnaître sa capacité à apprendre : « mon garçon », « Tu as appris à tenir ta place ». Buck est même présenté comme « un bon chien », c’est-à-dire un animal conforme à ce que l’on attend de lui. – Perrault admire le chien : « V’là une sacrée brute de chien ! » Le prix élevé qu’il accepte de payer indique aussi qu’il s’agit bien d’un « bel animal ». Au fil du paragraphe qui introduit Perrault, le caractère exceptionnel de Buck est accentué. On passe du « bel animal » au prix un peu élevé à « il n’y en avait pas un sur mille comme lui », puis à « Pas un sur dix mille ». bt C’est dans le lexique des caractères humains que Jack London puise pour dépeindre son personnage principal. Au début du chapitre, dans le « monde des origines », c’est le caractère impérieux jusqu’à l’égocentrisme qui est mis en avant : « il se montrait très fier de lui, et même un peu égocentrique ». La scène de l’enlèvement illustre cet aspect du personnage : « une dignité tranquille », « son orgueil ». Et plus loin, Buck rejette la corde qui le soumet : « Plus jamais ils ne lui passeraient une autre corde autour du cou. » La soumission de Buck à l’issue du combat avec l’homme au gourdin ne marque pas la disparition de ce trait de caractère : « il n’était pas brisé ». Si la rage du chien relève de sa nature animale, il arrive qu’elle soit exprimée avec un terme plus humain : « la colère irrépressible d’un roi victime d’un kidnapping », le « courroux » et « l’orgueil blessé ». Plus loin, on peut lire : « plus sa dignité subissait d’outrages, plus sa colère augmentait ». On voit aussi le chien éprouver une angoisse tout humaine : « la crainte de l’avenir » quand il se demande où vont les chiens que les acheteurs emmènent. À la fin du chapitre, un dernier sentiment bien humain envahit Buck lorsqu’on se moque de lui : « il se sentit rempli de honte ». Ainsi, on retrouve, dans ce premier chapitre du roman, l’anthropomorphisme qui affecte souvent la représentation littéraire des animaux – ce qui n’empêche pas que l’animalité (une préparation à la vie sauvage) de Buck soit aussi mise en avant. bk En fin connaisseur des chiens, Jack London rapporte des comportements typiquement canins tels le grognement quand l’animal se sent menacé, la place de la sensation olfactive et du goût : « Il fit un bond en arrière et grogna » ; « Il le renifla avec curiosité, puis en goûta avec sa langue ». Mais Buck est ici un personnage principal, et sa représentation témoigne d’une réflexion sur l’animalité qui dépasse la simple observation. La première phrase du roman est tout à fait significative de la complexité de la représentation animale chez Jack London. L’animalité du personnage est définie par rapport aux critères humains : « Buck ne lisait pas les journaux ». Dans la suite du chapitre, l’animalité continue d’être définie comme un manque ; en effet, Buck n’a pas la lucidité d’un être humain et croit « simplement faire une petite promenade » quand Manuel le vend ; il ne comprend pas le tangage et le roulis du navire et éprouve une terreur voisine de la folie ; à la fin, il ignore l’existence de la neige et ne parvient pas à expliquer (« sans savoir pourquoi ») la honte qui l’envahit. Mais l’animalité ne se définit pas seulement comme un manque dans ce roman ; elle est aussi synonyme de puissance et l’on peut y voir une sauvagerie toute primitive qui ne fera que se développer au fil du récit. De nombreux termes viennent qualifier la force et la rage de Buck : « grognement sauvage », « il se rua sauvagement sur les barreaux », « un démon aux yeux rouges », « un éclair

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Réponses aux questions – 6

de folie ». Ici la force échappe aux critères humains, et c’est pour cette raison qu’elle est présentée comme sauvage, démoniaque ou folle. Par ailleurs, on voit chez Buck une capacité à pressentir ce qui va se passer que l’on retrouvera dans la suite du roman, à la fin du chapitre 5. Si l’animal ne possède pas le savoir des hommes (« Buck ne lisait pas les journaux »), il appréhende le réel d’une autre manière : « Il ne savait pourquoi mais il se sentait vaguement oppressé par le sentiment d’un désastre imminent. »

Étudier le combat de l’homme et de l’animal bl Le combat oppose radicalement deux attitudes : autant Buck exprime sa colère et sa puissance, autant l’homme au gourdin reste tranquille. Les mouvements du chien sont nombreux : « Buck se précipita », « Il lança droit sur l’homme ses cent quarante livres », « il se remit sur ses pattes et se projeta en avant », « Il chargea une douzaine de fois ». Face à lui, les mouvements de l’homme sont, au contraire, réduits au minimum : « il laissa tomber la hachette et fit passer le gourdin dans sa main droite », « l’homme s’avança », « faisant passer le gourdin de sa main droite à sa main gauche » ; il reste presque immobile et, avant de s’emparer de la mâchoire du chien pour le faire tournoyer, il se contente d’employer son gourdin : Buck « reçut un choc », « le gourdin brisa l’assaut », l’homme « lui asséna volontairement un coup ». bm À la fin du combat, l’homme montre sa supériorité en affichant un calme qui garantit la fin définitive des hostilités comme s’il ne doutait pas de la soumission éternelle du chien. Jack London insiste alors sur la gentillesse du personnage : « une voix douce » ; « il caressait sans crainte » ; « l’homme lui apporta de l’eau » ; « il avala même dans sa main un copieux repas de viande crue, morceau après morceau ». D’autres scènes similaires de dressage sont esquissées (« l’un après l’autre, il les regardait se soumettre à la domination de l’homme au gilet rouge ») – ce qui montre que les gestes affectueux qui scellent la soumission du chien ne sont pas les marques d’une réelle amitié mais les gestes calculés d’un dresseur professionnel. bn La « loi des origines » est bien différente de la vie civilisée menée chez le juge Miller : « La réalité de l’existence lui apparut sous un jour plus féroce. » Il s’agit de la loi du plus fort : seule la force permet d’assurer la suprématie – ce qui n’était pas la règle à Santa Clara mais le sera dans le Grand Nord. Buck « avait appris la leçon » : le combat contre l’homme au gourdin est une étape dans la formation de Buck et non une capitulation définitive. L’animal compte tirer profit de la leçon. Il sent le moyen de contourner la force en faisant preuve d’intelligence : « toute la ruse latente de sa nature se réveillait ». Dans la suite du roman, Buck montrera en effet qu’il peut triompher par la ruse et que l’autorité est une question de force. Dans le chapitre 6, Thornton lui fera comprendre que l’autorité peut aussi être une question d’amour ; mais la mort du chercheur d’or ne fera que conforter « la loi des origines » découverte avec l’homme au gilet rouge.

À vos plumes ! bo Il s’agit ici de montrer, par l’exemple d’une journée, la vie paisible de Buck chez le juge Miller. On valorisera les devoirs qui auront su exprimer cette atmosphère sereine ainsi que ceux qui auront réutilisé de nombreuses informations données dans le chapitre : les autres chiens, les enfants du juge, la citerne, Manuel… On attend des récits qu’ils prennent en compte les différents traits de caractère du chien, notamment son autorité.

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L’ Appel de la forêt – 7

C h a p i t r e 3 ( p p . 6 4 à 6 7 )

Que s’est-il passé jusque-là ? u Curly meurt dans un combat, « ensevelie, hurlant d’angoisse, sous la masse grouillante et hérissée de leurs corps » : à peine dominée par son adversaire, elle est mise à mort par la meute. v Spitz est le chien de tête du traîneau. w Les deux chiens Dave et Spitz ainsi que François apprennent à Buck son métier de chien de traîneau. x Pour se protéger du grand froid de la nuit, les chiens creusent un trou et s’ensevelissent sous la neige. y Après avoir vu un des chiens voler une tranche de bacon, Buck parvient le lendemain à emporter tout le morceau de viande sans être soupçonné le moins du monde. Selon Jack London, ce vol est un signe de l’adaptation du chien à son nouveau milieu car il montre que l’animal a compris que régnait la loi du plus fort et que la ruse était un moyen d’assurer sa survie, une première étape sur le chemin de la suprématie.

Avez-vous bien lu ? U Les réponses exactes sont : b, d, e, f et h. V L’équipage met six jours à parcourir les trente milles car la rivière n’est pas entièrement prise par les glaces ; les chiens et les hommes tombent souvent dans l’eau glacée. W Les chiens restent sept jours à Dawson – ce qui leur permet de se reposer. X L’équipage parcourt les cinquante milles en une seule journée. Le chargement moins lourd que d’habitude et la volonté des deux hommes expliquent cette rapidité que l’on peut comparer à la traversée de la rivière Thirty Mile. at François coupe le haut de ses propres chaussures pour en faire quatre mocassins que Buck portera jusqu’à l’usure. Par la suite, il se sera habitué au froid.

L’appel de la vie sauvage ak L’imparfait domine dans le passage délimité. Si l’on pense au tout début du deuxième paragraphe, on peut parler d’imparfait de description mais pour les autres occurrences, il s’agit plutôt d’un imparfait itératif qui montre que la scène se répète. L’imparfait n’est pas un temps défini, et ce flou qui le caractérise permet d’entrer dans le monde imaginaire de la vie sauvage. Dans le dernier chapitre du roman, les repères temporels seront gommés – ce qui permettra d’une façon similaire le retour au monde primitif. al L’évocation du paysage qui ouvre le deuxième paragraphe et esquisse le cadre de la scène associe étroitement la mort et la vie. Tandis que les termes « froid », « glacée », « engourdie et gelée », « suaire » évoquent la mort, « embrasement », « aurore », « bondissaient », « danse » suggèrent la vie. L’association antithétique va jusqu’à l’oxymore dans les expressions « embrasement froid » et « danse glacée ». Cette fusion des contraires crée une tension dramatique et ouvre les portes d’un monde imaginaire où tout est possible, à l’image des « étoiles qui bondissaient ». am Le début du passage précise la race des chiens : « la race sauvage du husky croisé de loup ». Ces chiens qui hurlent la nuit comme des loups, comme le suggère le rapprochement effectué à la fin de l’extrait (« en ces âges où hurlaient les loups »), sont présentés comme des animaux sauvages, et le mystère qui entoure leur chant creuse l’écart avec les chiens que connaissent Buck et le lecteur. On ne peut manquer de rapprocher ces précisions du titre. Le hurlement des animaux, cette « chanson nocturne » qui fascine et entraîne Buck, est une des premières manifestations de « l’appel sauvage », et, lorsqu’on entend Buck entonner le « chant mystérieux et sinistre », on voit se dessiner le dénouement du roman. an Le champ lexical de la douleur est fortement présent dans le passage : « plaintes », « demi-sanglots », « douleur de l’existence », « tristes », « malheur », « gémissait et sanglotait », « douleur de vivre ». Ces termes viennent à la fois caractériser le chant des chiens et exprimer un rapport ancien à la vie. Les expressions « douleur de l’existence » et « douleur de vivre » sont au cœur de cette perception du monde. Bien loin (dans l’espace mais aussi dans le temps) du monde civilisé, celui du juge Miller,

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Réponses aux questions – 8

s’ouvre ici un espace-temps primitif où s’exprime une angoisse face à un monde hostile : « la peur et le mystère du froid et de l’obscurité qui constituaient [...] la peur et le mystère essentiels ». ao On peut relever trois verbes à la voix passive dans le passage : – « Elle était lancée » : imparfait de l’indicatif passif. – « Elle était imprégnée » : imparfait de l’indicatif passif. – « Il en fût remué » : imparfait du subjonctif passif. Le recours au passif donne l’impression qu’une force dépasse les personnages – ce qui peut expliquer la « peur et le mystère » qui marquent le passage. De même que les chiens expriment une angoisse qu’ils ne dominent pas, de même Buck est attiré malgré lui par une puissance qui le dépasse. La construction passive laisse entendre qu’on ne peut résister à l’appel des origines. ap Dans les premières lignes du passage, on voit Buck entonner avec les chiens sauvages la mystérieuse « chanson nocturne ». Le complément « avec eux » montre qu’il rejoint, à sa manière, les autres chiens. Mais, au début, il ne semble pas bien percevoir l’enjeu du chant et il ne partage que le plaisir d’appartenir à la même race que les chiens sauvages : l’expression « pour sa plus grande joie » caractérise la première réaction de Buck. Plus loin, Buck a si bien rejoint les animaux sauvages qu’il a compris le sens de leur hurlement. En effet, la joie a fait place aux gémissements et aux sanglots. Cette fois-ci, ce n’est pas seulement avec les chiens nocturnes qu’il hurle, c’est avec « ses ancêtres sauvages ». La « douleur de l’existence » exprimée par les chiens devient sa propre « douleur de vivre qui était jadis celle de ses ancêtres ». En rejoignant les huskies sauvages, c’est lui-même qu’il découvre.

Les préludes au combat aq Le combat à mort entre les deux chiens est précédé d’incidents qui indiquent l’hostilité des deux protagonistes. Spitz s’installe dans le trou que Buck a creusé pour se protéger du froid, et la réaction de ce dernier est particulièrement violente : « Il se jeta sur Spitz avec une fureur qui les étonna tous deux. » L’attaque des chiens sauvages va interrompre le combat. Alors que le camp est attaqué par les chiens errants, Spitz profite du désordre pour s’en prendre à Buck : Buck se bat contre les attaquants et, quand il sent « des dents s’enfoncer dans sa propre gorge », il découvre que c’est Spitz qui l’attaque « en traître sur le flanc ». Un peu plus tard, Spitz tente de faire tomber Buck dans l’espoir que ce dernier finisse « enseveli sous cette masse de huskies ». Profitant de l’épuisement de Buck qui vient d’être poursuivi par Dolly atteinte d’une crise de folie, Spitz se rue sur son adversaire. C’est François qui, d’un coup de fouet, sépare les deux animaux. Buck s’interpose entre Spitz et Pike afin de remettre en cause l’autorité du chien de tête. François frappe Buck de son fouet. Buck est à l’origine du désordre et des chamailleries qui règnent parmi les chiens du traîneau : « Buck avait détruit la solidarité de l’attelage », « Spitz n’était plus un leader hautement redouté ». Buck ne cherche plus à dissimuler son hostilité : « Buck n’approchait jamais de Spitz sans gronder et se hérisser de manière menaçante », « il se livrait à des fanfaronnades ». ar Au début, Buck dissimule son hostilité et Spitz voit même en lui « un chien anormalement timide, qui ne réussissait à se tirer d’affaire que grâce à son poids et à sa taille exceptionnels ». Avant le combat, Buck ne cherche plus à dissimuler, il devient même provocant (« bravache », « fanfaronnades »). Entre-temps, il s’est contenté de répondre aux différentes agressions de son ennemi mais il n’a pas cherché le combat, faisant preuve de patience : « Il était avant tout rusé et capable d’attendre son heure avec une patience digne des bêtes primitives. » La ruse de Buck consiste à soulever la meute contre le chien de tête. Le désordre et les « disputes incessantes » qu’il crée nuisent à l’autorité de Spitz, et François ne parvient pas à la rétablir : « Il soutenait Spitz avec son fouet, mais Buck soutenait le reste de l’équipe. » Ainsi, Buck utilise la meute pour parvenir à ses fins : isoler Spitz afin de lui ravir son autorité. as La patience de Buck va de pair avec la dissimulation. Si François a compris ce qui se passe dans la meute, il ne parvient que rarement à prendre Buck en faute tant le chien est habile à dissimuler ses intentions. On peut relever : – « ce développement se réalisait en secret » ; – « il ne trahissait aucune impatience » ;

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L’ Appel de la forêt – 9

– « il était avant tout rusé et capable d’attendre son heure » ; – « il le faisait astucieusement quand François ne les surveillait pas » ; – « la révolte insidieuse menée par Buck » ; – « il était trop malin pour se faire jamais reprendre la main dans le sac » ; – « pousser sournoisement ses camarades ».

Le combat bt Les deux temps employés sont l’imparfait et le passé simple, les deux temps complémentaires du récit au passé. L’imparfait exprime les actions non limitées dans le temps, les actions secondaires, alors que le passé simple est utilisé pour les actions de premier plan, celles qui, bien délimitées dans le temps, s’enchaînent : « Buck ne poussa pas un cri. Il ne s’arrêta pas, mais fonça sur Spitz » ; « Trois fois Buck essaya de le renverser, puis il répéta sa ruse et lui cassa la patte avant droite. » L’imparfait est aussi employé pour poser le cadre de la scène : « Il n’y avait pas le moindre bruissement d’air », « chaque animal était immobile »… Il exprime, de plus, les actions répétées : « Le croc heurtait le croc », « Alors Buck repartait à l’assaut », « Spitz repartait à l’assaut », « Spitz luttait comme un fou pour se maintenir debout ». La reprise des verbes dans ces expressions tout comme le préfixe -re contribuent également à installer l’action dans la durée. L’alternance de l’imparfait et du passé simple dynamise la scène. En effet, certains passages sont évoqués sur le mode itératif – ce qui souligne la durée du combat alors que d’autres moments sont mis en avant au passé simple. C’est sur deux modes différents, la durée et l’intensité, que se caractérise la violence du combat des deux chiens, moment crucial dans le roman. bk Buck s’est lancé à la poursuite du lièvre accompagné de toute la meute ; alors que, « en tête de meute », il est grisé par « le pur déferlement de la vie », Spitz, qui a pris un raccourci, lui ravit sa proie. En ce sens, c’est Spitz qui engage les hostilités. Mais c’est Buck qui donne l’assaut le premier : il « fonça sur Spitz, épaule contre épaule, en un élan si rude qu’il manqua la gorge ». bl Après l’épisode de la proie volée par ruse, le combat débute et comprend deux phases principales. Dans un premier temps, Spitz domine. Les deux chiens multiplient les assauts mais Buck « ne pouvait prendre son ennemi au dépourvu ». Ses tentatives se soldent par des échecs répétés alors que son adversaire a l’avantage. C’est le même affrontement qui se produit à chaque fois, toujours avec la même issue : « Mais c’était l’épaule de Buck qui était déchirée à chaque fois, tandis que Spitz s’enfuyait d’un bond léger. » S’opposent alors un animal « indemne » et un autre qui « ruisselait de sang et haletait durement ». Le dénouement se profile : « Le combat devenait désespéré. » À l’issue de cette première phase, Buck tombe et la meute s’apprête à bondir. Mais cette chute prévisible et annonciatrice d’une défaite constitue le point de bascule du combat. Commence alors la seconde phase du combat : Buck change de tactique et a recours à la ruse. Il brise deux des pattes de son adversaire qui doit alors lutter « comme un fou pour se maintenir debout ». Buck heurte l’épaule de Spitz et le fait tomber. Cette chute, rappelant celle de Buck à la fin de la première phase, amorce le dénouement. Les chiens se ruent sur le vaincu. bm Spitz est présenté comme un « lutteur entraîné ». Sa « rage » et sa force ne font aucun doute ; il se battra « comme un fou » jusqu’au bout. À ces qualités physiques s’ajoute la prudence : « Il ne s’aventurait jamais avant d’être prêt à subir son assaut, n’attaquait jamais avant d’avoir paré à son attaque. » On l’a aussi vu capable d’être rusé en prenant un raccourci pour attraper le lièvre avant Buck. bn Alors que Buck ne parvient pas à se ressaisir face aux assauts de Spitz et que ses propres tentatives pour renverser son ennemi restent vaines, il joue une carte qui va lui permettre de triompher en faisant preuve d’une qualité que l’auteur nomme « imagination » et, un peu plus loin, « intelligence ». De quoi s’agit-il ? Cette forme d’intelligence est une capacité à sortir de la répétition pour inventer (d’où le terme « imagination ») une nouvelle stratégie. S’adaptant au combat et tirant leçon de ses échecs, le chien intelligent a recours à la ruse. D’une part, il élabore une nouvelle tactique (briser les pattes de son ennemi) et, d’autre part, il se montre capable de la dissimuler (« comme s’il essayait la vieille ruse de l’épaule ») pour mieux en assurer le succès. bo Le combat à mort entre les deux rivaux a lieu au milieu du cercle des autres chiens comme si l’enjeu de la lutte était bien la maîtrise de la meute.

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Réponses aux questions – 10

Dès le début, en effet, la meute vibre à l’unisson du meneur. Comme Buck a mené les chiens sur les traces du lièvre, c’est sur « les talons de Buck » qu’elle « entonn[e] un chœur de joie infernal ». Quand les deux chiens commencent à se battre et tant que l’issue est incertaine, les autres chiens sont dans l’attente : « ils étaient rangés en un cercle attentif », « ils se rassirent pour attendre ». Mais, dès lors que l’un des deux combattants faiblit, ils se tiennent prêts à intervenir pour mettre à mort le vaincu. C’est ce qui se passe par deux fois. En effet, quand Buck, fragilisé par les assauts répétés de Spitz, tombe, « le cercle entier des soixante chiens se dress[e] ». Quand c’est au tour de Spitz d’être mis en difficulté, la scène se répète : « Le cercle s’était resserré à tel point qu’il pouvait sentir les souffles des huskies sur ses flancs » Lorsque le combat est achevé (« Buck se jeta sur lui puis se retira »), le cercle des chiens s’est concentré au point de ne plus former qu’ « un point sur la neige inondée de lune ». Ici, le contraste du cercle noir des animaux et de la blancheur du paysage (la lune et la neige combinées) montre que la meute ne fait qu’un, comme si un même esprit primitif habitait chacun des huskies. La présence du cercle des huskies qui fait bloc autour du vainqueur quel qu’il soit exprime la force de la loi primitive qui régit les relations des animaux. Il s’agit pour Buck d’une « scène du temps jadis » qui n’a « rien de nouveau ou d’étrange ». Les chiens, à l’écart du monde policé des hommes, partagent la même loi, celle du plus fort, et aucun d’entre eux ne la remet en question car elle constitue « le cours habituel des choses ». bp Le combat de Buck et de Spitz au milieu du cercle des huskies prêts à se ranger du côté du plus fort nous rappelle la triste fin de Curly, la chienne qui avait été achetée en même temps que Buck à l’homme au gilet rouge. Buck a observé cette scène et en a déduit la dureté de la loi qui régissait le monde dans lequel il avait pénétré. Alors que la mort de Curly et le comportement sans pitié de la meute l’avaient désorienté, on voit ici non seulement qu’il est capable de survivre lors d’un tel combat mais aussi qu’il en a accepté la règle (« le cours habituel des choses »). bq Différentes réponses peuvent bien entendu être acceptées et cette question est davantage un prétexte au débat que le support d’une analyse du texte. On ne peut s’empêcher d’éprouver un malaise à la lecture de cette apologie de la force. En effet, d’une part, on comprend qu’il s’agit là d’une perception de nos racines, d’un contact profond avec la vie sauvage de la nature. Nous éprouvons sans doute une fascination pour la violence extrême de ce combat : les détails crus ne nous sont pas épargnés, l’enjeu est la mort et la domination, le cercle des chiens représente d’une certaine façon celui des lecteurs….. On peut parler peut-être de fonction cathartique du passage. Le déplacement de notre propre violence dans le monde des animaux et dans une région lointaine rend possible notre adhésion. Par ailleurs, l’apologie de la force dérange notre attachement aux valeurs de la tolérance et du respect mutuels. On voit se profiler un culte de l’espèce supérieure ou du surhomme qui nous inquiète et nous surprend sous la plume de Jack London dont les positions politiques nous sont connues.

Lire l’image ! br La gravure rend compte de l’hostilité du milieu naturel. Le paysage est désert et blanc. La neige nous rappelle qu’il fait froid, et l’on remarque que les hommes sont très couverts. Il est difficile de marcher ; aussi les raquettes sont-elles indispensables. Les personnages avancent courbés car ils affrontent sans doute le vent. Leur attitude montre bien que le voyage est difficile. bs Les chiens et les hommes avancent dans la même direction et l’on comprend qu’ils sont engagés ensemble dans le même voyage difficile. Les chiens sont chargés de tirer le traîneau mais ils sont aidés pour cela par leurs maîtres. L’un tire avec eux sur les courroies pour soulager leurs épaules tandis que les deux autres tirent ou poussent le chargement. En regardant la gravure, on devine que les chiens sont soumis et disposés à accomplir leur tâche mais que les hommes partagent leur fatigue et les comprennent.

À vos plumes ! ct En mettant en avant la vie sauvage et les instincts de survie qui passent par la domination si l’on ne veut pas être dominé (la mort de Curly), Jack London fait l’éloge de la force. Ce sujet permet d’ouvrir un débat pour amener les élèves à comprendre que les rapports primitifs pouvoir/soumission ne doivent pas régir la vie sociale.

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On valorisera les copies qui auront su reprendre les pages de Jack London pour les transposer dans le monde des hommes et qui auront pu approfondir leur réflexion sur les rapports entre les individus au sein d’un groupe.

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Réponses aux questions – 12

C h a p i t r e 4 ( p p . 8 3 à 8 5 )

Avez-vous bien lu ? u Buck ne veut pas prendre place dans le traîneau au début du chapitre, car il n’accepte pas le rôle qui lui est assigné et exige d’être le chien de tête après qu’il a éliminé son rival Spitz. v François a choisi Sol-leks comme chien de tête pour remplacer Spitz. w Buck s’en prend d’abord à Pike en raison de sa fainéantise puis à Joe parce qu’il se montre hargneux. De cette façon, Buck assoit son autorité sur le traîneau. x Sous la conduite des deux hommes appréciés par les chiens et dirigé par Buck, le traîneau avance rapidement pour atteindre en deux semaines une moyenne de quarante milles par jour. y Les deux hommes, suivant des ordres officiels, se séparent du traîneau qui est confié à un métis écossais dont le nom n’apparaît pas. U Dave est retiré du traîneau car, malade, il n’a plus la force de tirer le chargement ; il est préférable qu’il se repose en suivant l’équipage. Mais, devant l’insistance du chien qui ne supporte pas d’être mis à l’écart, son conducteur le harnache à nouveau et il regagne son poste. V Dave, trop faible pour suivre l’équipage, est abattu d’un coup de revolver par le métis écossais.

Étudier le dialogue W Les propositions incises sont toutes au passé simple, le temps des actions délimitées et du premier plan. Dans la mesure où la réplique n’est prononcée qu’une seule fois, l’incise, qui permet son insertion dans la trame narrative, est au passé simple. C’est le dialogue qui occupe l’avant-scène. On relève : – « dit Perrault, en examinant les déchirures et les coupures béantes » ; – « répondit François » ; – « s’écria François, en se donnant joyeusement une claque sur les cuisses » ; – « cria-t-il » ; – « s’écria-t-il, en revenant avec un lourd gourdin à la main » ; – « ordonna Perrault ». X Les verbes de parole choisis permettent de préciser le ton de la réplique et l’intention du locuteur. On remarquera la diversité des verbes de parole employés, certains (s’écrier, crier, ordonner) indiquant fortement l’intonation des propos. L’ajout d’un gérondif au verbe de parole, dans trois répliques sur les cinq relevées, vient également préciser la réplique. Les compléments circonstanciels de manière ou de temps ajoutent à la parole une action (examiner, se donner une claque, revenir). Les gérondifs eux-mêmes sont complétés (COD et CC de manière) afin que le lecteur puisse s’imaginer la scène. Les incises fonctionnent comme les didascalies au théâtre. at On rencontre les quatre modalités. Modalité déclarative : « Maintenant on va pouvoir foncer. » Modalité interrogative : « qu’est-ce que j’disais ? » Modalité injonctive : « Va-t’en, file ! » Modalité exclamative : « Maintenant, Von Dieu, j’te règle ton compte ! » La diversité des modalités employées donne vie au dialogue. En considérant la place accordée aux modalités interrogative, exclamative et injonctive, on voit l’importance des émotions chez les personnages. La brièveté des répliques va dans le même sens. Les personnages ne sont pas des hommes qui parlent et analysent leurs pensées ou sentiments ; ce sont avant tout des hommes d’action comme en témoignent leurs propos. ak Les répliques des personnages sont brèves pour exprimer le caractère simple de ces derniers. On note également le recours à un langage familier qui élide les voyelles et suggère l’accent des personnages : « j’disais » au lieu de « je disais », « i’croit » pour « il croit ». Le lecteur a l’impression d’entendre parler François et Perrault et il se sent ainsi plus proche de la scène. Jack London adopte une écriture réaliste. al Jack London a recours au discours narrativisé lorsqu’il écrit : « il appela Buck ». C’est au lecteur d’imaginer la façon dont le personnage a parlé.

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am Les répliques sont peu nombreuses et brèves ; dans certains cas, le discours narrativisé prend la relève. Alors que nous avons affaire à une scène d’action, impliquant deux personnages qui pourraient dialoguer, le récit est nettement dominant. On peut supposer que, dans ce monde du Grand Nord, proche de la vie sauvage, les hommes ne parlent guère plus – et de façon brute et simple – que les animaux dont ils partagent le sort. C’est aussi ce que nous suggère le titre même du roman.

L’appel sauvage an Quelques termes placés au début et à la fin du passage viennent préciser que la scène décrite est le fruit d’un rêve de Buck. On relève en effet : « cligner rêveusement des yeux » ; « il rêvait » ; « réveille-toi ! » ; « il se redressait, bâillait et s’étirait comme s’il avait dormi ». La première expression introduit le rêve ; Buck est à ce moment-là « accroupi », replié sur lui-même face à un feu qui évoque aussi la plongée dans un monde intérieur. À la fin du passage, plusieurs expressions nous rappellent que le récit qui a précédé appartenait au monde intérieur de Buck. On quitte le récit enchâssé pour rejoindre la réalité : « l’autre monde s’évanouissait, le monde réel revenait dans ses yeux ». ao Dans ce passage, l’imparfait a une valeur itérative qui montre que le rêve est récurrent. Des adverbes de temps viennent souligner la répétition : « Parfois », « D’autres fois », « Dans ces moments-là ». Par ailleurs, le rêve revient régulièrement au fil du roman et prépare le dernier chapitre. L’appel sauvage est tout d’abord un appel intérieur qui renoue avec une existence primitive gravée dans les gènes de l’espèce. ap Buck voit tout d’abord un homme primitif. De nombreux indices permettent de reconnaître en lui un être préhistorique, qu’il s’agisse de son aspect physique ou de son comportement. Avec une tournure comparative, le romancier oppose l’homme du rêve et l’espèce humaine actuelle : « Cet homme avait des jambes plus courtes, des bras plus longs, des muscles filiformes et noueux plutôt qu’arrondis et saillants. » Plus loin, on remarque que « sur son corps il y avait beaucoup de poils », et il est ensuite désigné par l’expression « homme velu ». Son aspect physique n’est pas aussi soigné que le nôtre : « sa chevelure était longue et emmêlée » ; « Il était presque nu, avec une peau de bête en loques ». L’attitude du personnage rappelle également les hommes primitifs. En effet, il ne semble pas avoir accès à la parole ; son langage est inarticulé : « il émettait des sons bizarres ». On le sent inquiet face à un milieu hostile : il « semblait avoir très peur des ténèbres », « il vivait dans la crainte perpétuelle de ce qu’il voyait ou ne pouvait voir », « comme s’il voulait se protéger de la pluie ». Buck voit également en rêve des animaux inquiétants, « de nombreuses braises étincelantes, deux par deux, toujours deux par deux ». Le mystère accroît la menace ; la présence fragmentaire de ces animaux inquiète le chien mais aussi le lecteur ; on ne voit que leurs yeux ; on entend « le fracas de leur corps dans les sous-bois ». Il s’agit de « grandes bêtes de proie ». Dans cette dernière expression qui qualifie cette fois-ci les animaux dans leur globalité, l’adjectif et le complément du nom s’associent pour suggérer la force et la sauvagerie. aq Dans ce passage descriptif, de nombreux adjectifs qualificatifs viennent préciser l’évocation de l’homme primitif. – « courtes » : épithète du nom « jambes »i ; – « longs » : épithète du nom « bras » ; – « filiformes » : épithète du nom « muscles » ; – « noueux » : épithète du nom « muscles » ; – « arrondis » : épithète du nom « muscles » dans la construction comparative ; – « saillants » : épithète du nom « muscles » dans la construction comparative ; – « longue » : attribut du sujet « chevelure » ; – « emmêlée » (participe passé employé comme adjectif) : attribut du sujet « chevelure » ; – « oblique » : épithète du nom « ligne » ; – « bizarres » : épithète du nom « sons » ; – « lourde » : épithète du nom « pierre » ; – « nu » : attribut du sujet « il » ; – « épaisse » : épithète du nom « fourrures ».

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Réponses aux questions – 14

Le nombre important des adjectifs qualificatifs est, avec l’emploi de l’imparfait, un signe du discours descriptif. De plus, ici, la description doit être d’autant plus précise qu’il s’agit de noter les différences entre l’homme primitif et l’homme moderne.

Étudier la place charnière de ce chapitre ar Buck se montre autoritaire : il sait imposer sa loi aux hommes en exigeant la place de chien de tête et il sait diriger le traîneau en soumettant les chiens à ses attentes. Il obtient cette supériorité par la force (« Joe, le hargneux, reçut une bonne correction ») et par la ruse (il s’arrange pour rester hors de portée du gourdin). Dans son rôle de chef de la meute, les conducteurs apprécient son « jugement » et sa « rapidité dans la pensée et l’action ». Les chiens travaillent à l’unisson sous la direction de Buck, si bien que le traîneau semble voler. Ces qualités sont l’aboutissement d’un apprentissage commencé dès l’enlèvement du chien. Ce n’est pas un hasard d’ailleurs si Buck se souvient, au début du chapitre, de ce qu’il a appris avec l’homme au gilet rouge. S’il s’était soumis à la loi du gourdin, il en avait aussi déduit que la ruse permettait d’imposer sa loi. S’il conduit bien le traîneau, c’est aussi parce qu’il en maîtrise les techniques et qu’il a compris le rôle du chien de tête. C’est, en effet, en sapant l’autorité de Spitz qu’il a fini par isoler son rival pour le dominer définitivement. Buck a tiré leçon de ses diverses expériences et il est ici au point culminant de sa carrière de chien de trait. as Le romancier souligne la rapidité de la dernière course du traîneau conduit conjointement par François et Buck : « Il était maintenant en avance », « D’une seule traite », « un bond de soixante milles », « ils volèrent si vite », « un parcours en un temps record ». Les chiens forment, grâce à Buck, un équipage soudé : ils avancent « comme un seul animal ». Ce record battu montre que Buck a atteint le point culminant de son parcours. On voit même qu’il a dépassé ce qu’on pouvait attendre de lui et de ses compagnons : il pulvérise les records, il ne court pas mais vole… François voit dans cette course le caractère exceptionnel de son chien : « Jamais vu un chien comme ce Buck. » Comme Buck ne pourra faire mieux, deux possibilités se présenteront qui constitueront les voies empruntées par le roman. Buck peut régresser : c’est ce qui va se passer avec le métis écossais puis avec les trois incompétents. Ou bien il peut choisir un autre chemin pour progresser : ce sera d’abord l’amour pour un maître puis l’appel de la vie sauvage. bt « François appela Buck auprès de lui, l’entoura de ses bras en pleurant. » François, proche de ses chiens, n’est pas un homme qui a recours à la parole pour exprimer ses sentiments. Ici, ses gestes et ses larmes en disent plus long que des mots sur l’attachement qu’il éprouve pour son chien. Cet aspect-là de la relation entre l’homme et l’animal sera l’objet des chapitres 6 et 7. Mais le passage se termine de façon abrupte comme si la relation entre l’homme et l’animal devait être interrompue : « Comme d’autres hommes, ils disparurent définitivement de la vie de Buck. » L’existence est faite de liens et de ruptures – ce que Buck a déjà appris. Ces adieux préparent ce qui va se passer dans le chapitre 7 avec la mort de John Thornton. bk Après la période intense de la course rapide avec François, Buck va connaître une vie de plus en plus sombre, comme si la phase de progrès était suivie d’une phase de régression qui fait de ce chapitre placé au milieu du récit un moment charnière. Le métis écossais n’a pas de nom, et l’on comprend qu’il n’est pas proche de ses chiens comme pouvait l’être François. Le travail n’est plus qu’« une rude tâche quotidienne » ; la vie est devenue monotone et « Buck n’aimait pas ce travail ». Les chiens fatiguent, et le chapitre se clôt sur la mort de Dave. La vie de Buck s’assombrit et semble n’avoir d’autre perspective que la disparition derrière les arbres après s’être tué à la tâche. Cette vision négative après la phase d’adaptation puis de conquête ouvre l’espace du rêve : Buck aime surtout les moments qu’il passe près du feu à rêver à une vie primitive inscrite dans sa mémoire. Le chapitre suivant accentuera la dégradation de la vie de chien de traîneau jusqu’à l’épuisement final qui se présentera comme une sorte de suicide. L’arrivée de John Thornton ouvrira une issue en proposant l’amour comme projet d’existence. Mais l’appel sauvage entendu dans les rêves sera le plus fort dès lors que Buck aura perdu son maître.

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À vos plumes ! bl On attend ici un récit à la manière de Jack London, centré sur deux personnages : Buck et François. Le récit sera construit et démonstratif. Les élèves ne devront pas oublier l’analyse de ce que ressent l’animal, et l’on valorisera les copies qui auront su avec finesse associer l’animal et l’humain de façon à réduire, comme l’auteur lui-même, l’anthropomorphisme.

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Réponses aux questions – 16

C h a p i t r e 7 ( p p . 1 5 6 à 1 5 9 )

Que s’est-il passé entre-temps ? u De même que François et Perrault ont disparu de l’existence de Buck, le métis écossais cède la place à deux hommes venus des États-Unis, Hal et Charles. v Mercedes est la femme de Charles et la sœur de Hal. Elle voyage avec les deux hommes. Elle a pitié des chiens et essaie d’améliorer leur sort en augmentant les rations de nourriture sans penser à la longueur du voyage. w Les chiens sont épuisés mais ce qui les empêche de se remettre en route, c’est le poids du chargement (« haut comme une montagne ») et la mauvaise répartition des charges. x Buck est à bout de forces mais s’il refuse de repartir malgré le gourdin, c’est qu’il pressent la fin tragique du traîneau. y C’est John Thornton qui sauve Buck du gourdin de Hal ; il devient son dernier maître. U La rivière n’étant pas suffisamment gelée, le traîneau sombre dans une crevasse qui s’ouvre : « Un trou béant, voilà tout ce qui demeurait visible. Le fond de la piste avait cédé. » V John Thornton demande à Buck de sauter dans le vide, et le chien est prêt à le faire. W Les propositions b, c et d sont exactes.

Avez-vous bien lu ? X Grâce au pari que Buck lui a permis de remporter, John Thornton a gagné mille six cents dollars, ce qui lui donne les moyens de se diriger vers l’Est à la recherche d’une légendaire mine d’or. Une nuit, Buck entend un loup qu’il poursuit et avec lequel il deviendra ami. Buck tue un grand ours noir qui pêchait du saumon comme lui, puis le chef d’une bande d’orignaux et enfin des Indiens de la tribu des Yeehats. Buck rejoint une meute de loups dont il devient le chef et à laquelle appartient le loup dont il s’était fait un ami.

L’entrée dans la légende at On peut relever différentes indications de temps : – La subordonnée de temps « quand […] pour John Thornton » qui ouvre le chapitre rappelle l’élément qui permet aux personnages de quitter le monde des hommes pour entrer dans une vie sauvage légendaire. – Le temps est ralenti : « Sans jamais se hâter ». – Le temps est vague et de plus en plus large : « Pendant des semaines entières », « pendant d’autres semaines », « L’été arriva », « Les mois s’écoulaient », « À l’automne », « durant un autre hiver », « Un jour », « Une autre fois », « Ce fut de nouveau le retour du printemps », « Chaque jour de travail », « les jours se succédaient à toute allure ». Ainsi, les jours ne sont pas datés, les semaines font place aux mois et aux saisons, et l’on devine que deux années s’écoulent : « un autre hiver », « de nouveau le retour du printemps ». La dernière expression relevée plus haut nous montre que les hommes ont perdu la notion du temps, comme si ce dernier ne se mesurait plus qu’à l’aune de l’or qu’ils amassent. La proposition « l’emploi du temps misait sur un avenir inépuisable » va dans le même sens. Cette imprécision et cet élargissement du temps s’accordent avec l’errance des personnages et donnent l’impression qu’ils ont quitté la réalité des cartes et des calendriers pour entrer dans la temporalité indéfinie de l’imaginaire et de la légende. Le roman s’écarte du réalisme pour nous proposer une autre expérience, celle d’une vie sauvage onirique. Par ailleurs, on peut relever des indications de temps se rapportant à la légende de la mine d’or, soulignant son ancienneté : « dont l’histoire était aussi ancienne que l’histoire du pays », « Personne n’en connaissait le premier découvreur », « La tradition la plus ancienne ». Ici, on quitte le temps de l’Histoire des hommes pour entrer dans la légende ou le mythe. ak Au début du chapitre, le voyage des personnages est présenté comme la quête d’une mine légendaire et l’or devient l’objet d’une quête mythique comme le suggèrent les expressions « mine perdue légendaire », « enveloppée de mystère », « des pépites d’une grosseur inconnue », « ce trésor ».

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À la fin du passage délimité, les personnages ont bel et bien trouvé cette mine d’or : « l’or luisait comme du beurre blond au fond de la batée », « des milliers de dollars en poudre bien pure et en pépites », « ils amoncelaient leur trésor ». Et, si les personnages ont réussi à trouver l’or mythique dont ils rêvaient, ce n’est pas que la légende soit devenue réalité, c’est plutôt qu’ils font à leur tour partie de cette légende. En effet, on apprend au début qu’« aucun homme vivant n’avait pillé ce trésor ». C’est bien en ce sens que le mythe va se poursuivre puisque John Thornton et ses compagnons mourront sans avoir tiré profit des richesses qu’ils ont accumulées. La comparaison « comme du beurre blond au fond de la batée » vient souligner l’abondance de l’or qui devient aussi banal que du beurre. On peut aussi voir ici l’expression de la force séductrice du métal précieux qui est comparé à la fois à un aliment à consommer et à une femme blonde. al De nombreuses expressions indiquent que les personnages se sont écartés de la civilisation pour entrer dans une terre inconnue. On relève : « mine perdue » ; « une cabane antique et délabrée » ; « aucun homme vivant n’avait pillé ce trésor » ; « le cours de rivières inconnues » ; « l’immensité inconnue des cartes, où ne vivait aucun homme » ; « un étrange pays de lacs » ; « où ne subsistait maintenant plus de vie ou de signe de vie » ; « des plages solitaires » ; « les traces oubliées des hommes » ; « un ancien sentier » ; « la hutte perdue » ; « une cabane de chasse ruinée par le temps ». D’une part, on voit que l’aventure de Buck s’infléchit et qu’il n’est plus esclave de la rentabilité des courriers mais libre compagnon des trois hommes qui s’avancent à leur rythme vers l’Est. D’autre part, on devine que Jack London quitte la veine du roman réaliste pour entrer dans l’imaginaire du Grand Nord. La quête de l’or est aussi une quête de l’absolu et l’Est vers lequel se dirige l’expédition représente peut-être aussi la lumière. Les traces des hommes sont absentes ou usées par le temps, et les trois hommes, accompagnés de leurs chiens, se trouvent plongés dans une nature primitive annoncée par le titre.

L’appel sauvage am La rencontre avec le loup est tout d’abord présentée comme un appel. En effet, au milieu de la nuit – temps des rêves sauvages et de l’inconscient –, Buck entend un hurlement. Mais c’est le mot « appel » qui est employé, et le lecteur met un peu de temps à comprendre qu’il s’agit du hurlement d’un loup. Le « long hurlement, qui ressemblait au cri d’un husky, mais était pourtant tout différent » est « depuis longtemps familier », comme s’il faisait écho aux rêves qui hantent Buck depuis longtemps. Plus loin d’ailleurs, le romancier ajoutera que son personnage « avait fait cela auparavant, quelque part dans cet autre monde qu’il gardait vaguement en mémoire ». Ce n’est pas le fait d’avoir pu vaincre le loup qui marque une étape importante mais celui de s’en être fait un ami. Courant « côte à côte dans le sombre crépuscule » (entre deux éclairages, entre deux mondes), ils franchissent « la froide ligne de partage des eaux » qui semble délimiter également deux territoires. De l’autre côté s’étend le monde sauvage, le monde imaginaire de Jack London peut-être. Se faisant un écho des rêves de Buck, la rencontre avec le loup, en réponse à l’appel du hurlement, est une étape essentielle dans le retour à la vie sauvage. an Alors que le loup l’invite à le suivre jusqu’au cœur du monde sauvage (« sembla vouloir l’encourager »), Buck se souvient de son maître et fait demi-tour. Les efforts de son compagnon « gémissant doucement » pour le ramener à leur liberté partagée restent vains : Buck rejoint le camp. « Pendant deux jours et deux nuits, Buck n’abandonna jamais le camp, ne quitta jamais des yeux Thornton. » Lorsque le chien repartira dans la forêt à la recherche de son ami, ce dernier aura disparu. Les choix sont présentés comme définitifs, même si la toute fin du livre réintroduit le loup. On voit ici que Buck est déchiré entre deux appels, celui de son amour pour son maître et celui de la vie sauvage que représente le loup. Pendant un certain temps, il va rester ainsi entre deux mondes, glissant de l’un à l’autre. Dans le camp, il est un chien fidèle ; dans la forêt, il devient « une créature sauvage », « une ombre […] apparaissant et disparaissant au milieu des ombres ». ao Le retour de Buck à la vie sauvage se traduit par une transformation physique de l’animal. On peut notamment relever : « le chien en valait trois comme lui [le loup] pour le poids » ; « il devint doué d’une grande confiance en lui-même, qui se communiquait de manière contagieuse à son existence physique » ; « on aurait pu le prendre par erreur pour un loup gigantesque, plus grand que les plus grands de cette race » ; « On n’a jamais vu un chien pareil » ; « la métamorphose instantanée et terrifiante qui se produisait dès qu’il se trouvait à l’intérieur du mystère de la forêt » ; « une créature sauvage », « des pas de félin »…

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Réponses aux questions – 18

ap On a vu que Buck était attiré par deux univers contraires, celui des hommes (où réside son maître bien qu’il se soit écarté de la civilisation) et celui du monde sauvage. C’est le souvenir de son maître qui a conduit le chien à abandonner son ami loup. En perdant son maître et ses compagnons, Buck perd les derniers liens qui le rattachaient au monde des hommes. De plus, pour défendre le camp, le chien a attaqué et tué les Indiens. Cet événement rompt l’ultime barrière qui faisait de lui un animal domestique : « Il avait tué l’homme, le plus noble de tous les gibiers, et il l’avait tué en dépit de la loi du gourdin et des crocs. » aq À mesure que la vie sauvage prend le dessus, Buck devient de plus en plus violent et entend l’appel du sang. On le voit, au début, tuer « pour manger, jamais de manière gratuite » ; puis l’attaque du grand orignal marque un tournant. Il s’agit là, en effet, non pas de se nourrir mais d’imposer sa force au mâle dominant du troupeau. Le combat à mort avec Spitz pour le pouvoir était un signe annonciateur de cette soif de puissance qui envahit le chien. C’est juste après cette scène de violence primitive que Buck pressent qu’il est arrivé quelque chose à son maître. C’est comme un « Diable incarné » qu’il attaque les Indiens et en tue plusieurs avant que les survivants parviennent à s’enfuir.

Étudier l’épilogue ar Alors que le corps du roman est rédigé au passé, l’épilogue est au présent. C’est une façon de quitter l’univers de l’histoire pour rejoindre le monde du lecteur. Deux valeurs du présent se croisent, un présent de l’énonciation (la première phrase, par exemple) et un présent de narration. Quoi qu’il en soit, il s’agit de montrer que l’histoire est achevée et que l’on a rejoint le monde réel, celui dans lequel les loups n’ont pas de nom (voir question 20). as La première phrase annonce une fin (« se termine ») tout en traçant en pointillé (« peut-être ») un prolongement. La deuxième phrase, en évoquant les Yeehats renoue avec l’histoire de Buck mais le chien n’est pas nommé. Les pointillés du « peut-être » se concrétisent par les « taches marron sur la tête et sur la gueule » et par le « filet blanc centré au bas de la poitrine » des loups. bt Le nom de Buck disparaît dès lors que le romancier a annoncé la fin de son histoire. Il ne s’agit plus ensuite que d’hypothèses et c’est pour cette raison que Buck n’est plus nommé. Dans la première phrase, l’adverbe « bien » donne aux propos qui suivent un ton oral ; il nous semble entendre la voix du conteur qui nous invite à rêver sur l’histoire qu’il vient de dérouler pour nous. On peut aussi penser que la disparition du nom de Buck correspond à son entrée définitive dans le monde sauvage. Après avoir tué des hommes, il quitte la civilisation et renoue avec une vie primitive dans laquelle les noms choisis par les hommes n’ont pas cours. bk De façon implicite, puisque le chien n’est jamais désigné clairement, différentes informations nous permettent de suivre le destin de Buck. Les taches marron et la bande blanche laissent entendre que Buck fait partie d’une meute de loups et qu’il a des descendants parmi eux ; il serait donc le mâle dominant – ce que nous confirme l’image finale de la meute menée par le « grand loup au pelage glorieux ». Buck est violent ; non seulement il massacre les chiens mais il s’en prend aux hommes, comme si les Yeehats continuaient à payer la mort de John Thornton. Buck rôde dans la vallée des orignaux, là où il se trouvait quand son maître a été tué. Fidèle à ce dernier, il revient régulièrement rêver et pousser « un long hurlement lugubre » près de la mare où il est mort. Le chien incarne la force de la vie primitive et il semble être devenu un animal mythique : « des empreintes plus grandes que celles d’aucun loup connu » ; « un grand loup [...] qui ressemble à tous les autres loups, tout en étant très différent » ; « des bonds gigantesques ». Dans la phrase conclusive, il fait définitivement corps avec la vie primitive : « il entonne la chanson d’un monde plus jeune, qui est le chant de la meute ».

Lire l’image Photographie bl L’homme et son chien se tiennent face à face ; ils sont tous les deux assis et leurs visages sont à la même hauteur ; leurs regards se croisent et, même s’ils ne se parlent pas, on devine une grande complicité. La photographie suggère une forme d’égalité et une profonde amitié entre l’homme et

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son chien qui partagent le même repas. Le mot compagnon prend ici tout son sens : il exprime, au départ, le partage du pain (cum panem) et une forme d’égalité et de solidarité dont la photographie rend compte. bm Le dernier chapitre du roman nous montre un chien déchiré entre deux aspirations : la vie sauvage à laquelle il va finalement céder après la mort de son maître, et la vie civilisée. La photographie qui représente un repas partagé entre un chien et son maître évoque cette vie civilisée. Les personnages sont seuls au milieu d’une nature où ils puisent leurs ressources (le poisson) mais ils ont un bateau et de la vaisselle. De plus, l’amitié qui les unit nous rappelle celle de Buck et de John Thornton. Tableau bn Le jeu de l’ombre et de la lumière vient d’abord souligner les différents plans. En effet, de la forêt au sommet du mont, le tableau s’éclaircit. Il s’agit également, en créant cette profondeur, de mettre en avant le sommet et de souligner sa majesté comme sa pureté. Loin du monde inquiétant de la forêt, la montagne se dresse comme un symbole de grandeur. bo Ce tableau nous présente une nature vierge de toute présence humaine – ce qui correspond au choix de Buck à la fin de l’histoire – ; il peut également illustrer, dans le dernier chapitre, la fascination qu’exerce la vie sauvage sur le chien mais aussi sur le lecteur. On se sent attiré, comme appelé, par la majesté du mont et par ce qu’elle représente d’atemporel.

À vos plumes ! bp Ce sujet suppose que l’élève prenne en compte le caractère des différents personnages et notamment l’attachement de Buck. C’est à partir de ces données qu’il doit imaginer les conséquences d’un dénouement différent. On valorisera les copies qui auront su reprendre des détails du texte. Par ailleurs, ce sujet demande de mettre en pratique ce qui a été observé en étudiant l’épilogue du roman, notamment ce qui concerne l’implicite et le rôle du présent.

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Réponses aux questions – 20

R e t o u r s u r l ’ œ u v r e ( p p . 1 6 0 à 1 6 2 )

u a) 7 ; b) 3 ; c) 2 ; d) 1 ; e) 4 ; f) 8 ; g) 5 ; h) 9 ; i) 10 ; j) 6. v Les différents maîtres de Buck sont successivement : le juge Miller, François et Perrault, le métis écossais, Charles et Hal, et John Thornton. w Les différentes personnes qui exercent une violence sur Buck sont successivement : Manuel, le premier acheteur du chien, l’homme au gilet rouge et Hal. x Les réponses exactes sont : a, c, d, e. y

      a                                       P               c                         É               C                         P             1   H   U   S   K   Y                 I               A                       2   T   I   M   O   N   I   E   R                         E   b             G         e                 3   B   R   I   C   O   L   E     d     F          4   D   Y   E   A             M     O     O                   T             E     R     U                   É     5   K   L   O   N   D   I   K   E                   E             T     G   6   T   R   A   I   T                           N                                   7   D   A   W   S   O   N                               L              

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L’ Appel de la forêt – 21

P R O P O S I T I O N D E S É Q U E N C E D I D A C T I Q U E

QUESTIONNAIRE ÉTUDE DE LA LANGUE TECHNIQUE LITTÉRAIRE EXPRESSION ÉCRITE Chapitre 1 • Champ lexical du pouvoir

• Étude de la première phrase et de ses effets

• L’incipit : informer • L’incipit : séduire • Le récit d’apprentissage • Le personnage principal • Étudier des comportements opposés

• Rédaction d’un récit prenant appui sur le texte

Chapitre 3

• Valeurs des temps du passé • Champs lexicaux de la vie et de la mort, de la souffrance • La voix passive

• Dégager les étapes d’un passage • Étudier les différents comportements des personnages • L’éloge

• Rédaction d’un dialogue argumentatif

Chapitre 4

• Les incises • Les modalités • Les fonctions de l’adjectif qualificatif

• Le dialogue • Un passage charnière dans un roman

• Rédaction d’un récit avec une analyse des sentiments

Chapitre 7

• Les indices temporels • Une figure de style : la comparaison • Les valeurs du présent

• L’évolution d’un personnage • L’épilogue

• Rédaction d’un autre épilogue après modification du dénouement

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Exploitation du groupement de textes – 22

E X P L O I T A T I O N D U G R O U P E M E N T D E T E X T E S

La fable et le conte ont souvent recours aux animaux pour séduire leur lecteur ou pour contourner la censure ; l’animal est alors un détour qui permet de mieux représenter la société des hommes. Dans ces genres qui ne cachent pas une rupture (le merveilleux) avec la réalité, nous ne nous étonnons pas de voir les animaux se comporter comme des hommes. Le roman, dans la mesure où il cherche à créer une illusion de réel, accorde une tout autre place aux animaux. Ils restent des animaux dans un monde où les hommes existent. Il est intéressant alors de s’interroger sur la place de l’animal dans le roman, sur ce qu’il représente. Différentes pistes pourront être approfondies.

u La place de l’animal dans le roman Il est intéressant d’étudier en premier lieu la façon dont les romanciers font de l’animal un véritable personnage. Quels sont les différents points de vue employés ? Comment entrer dans les pensées de l’animal ?

u L’animalité : la part de l’autre L’évocation du physique et d’un comportement spécifiquement animal chez les animaux. On verra que cette altérité est souvent associée à la violence, à la sauvagerie, à une soif de domination.

u Les réactions de l’homme face à cette altérité On étudiera notamment l’expression de la peur face à cette altérité. On verra ensuite ce qui permet à l’homme de surmonter/dépasser cette peur.

u L’animal qui nous ressemble L’animalité mise en avant dans le genre romanesque n’empêche pas que les animaux imaginés par les romanciers nous ressemblent. On verra en quoi animaux et hommes se ressemblent et on s’interrogera sur le sens de ce rapprochement : s’agit-il d’un anthropomorphisme dû à notre impossibilité d’envisager vraiment l’altérité ou est-ce que nous avons des points communs avec les animaux ? Réfléchir sur l’animal, n’est-ce pas aussi réfléchir sur la part d’animalité en nous ?

u L’amitié de l’homme et de l’animal Le thème de l’amitié entre l’homme et l’animal traverse la littérature ; on verra comment il est traité dans le corpus : comment cette amitié se manifeste-t-elle ? que signifie-t-elle ? ne serait-elle pas une acceptation de la différence, une relativisation de notre place au sein de la nature ?

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P I S T E S D E R E C H E R C H E S D O C U M E N T A I R E S

En lien avec d’autres disciplines, on pourra inviter les élèves à conduire des recherches complémentaires : – la place des animaux dans les différentes sociétés ; – les animaux dans les romans pour la jeunesse ; – de l’animal au monstre : mythologie et roman ; – les animaux dans la peinture et la sculpture ; – les animaux au cinéma ; – péripéties liées aux conditions naturelles, péripéties liées au comportement des hommes dans le roman ou dans le film d’aventures ; – la ruée vers l’or (de l’Histoire à la fiction) ; – les expéditions dans les terres glacées (de l’Histoire à la fiction).

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Bibliographie complémentaire – 24

B I B L I O G R A P H I E C O M P L É M E N T A I R E

Anne Wicke et Simone Chambon, Jack London, « Voix américaines », Belin, 2001. Andrew Sinclair, Jack London, « Les Grandes Biographies de notre temps », Belfond, 1979. Jean-Yves Tadié, Le Roman d’aventures, « Tel », Gallimard, 2013. Isabelle Guillaume, Le Roman d’aventures depuis « L’Île au trésor », L’Harmattan, 1999. Lucile Desblache, La Plume des bêtes : les animaux dans le roman, « Espaces littéraires », L’Harmattan, 2011. On trouvera à la fin de cet ouvrage une bibliographie très détaillée.