la_perception_des_hasmoneens_par_flavius.pdf
TRANSCRIPT
-
La perception des Hasmonenspar Flavius Josphe
Katell BerthelotCNRS Centre de recherche franais Jrusalem
Il nexiste a priori pas de lien direct entre les uvres de Flavius Josphe,
crites en grec, et le travail de linguiste de Sophie Kessler-Mesguich, mme si
Sophie connaissait fort bien et le grec et luvre de lhistorien juif du Iersicle.
En proposant quelques lments de rflexion sur la faon dont Josphe dpeint
les Hasmonens, et plus particulirement les guerres hasmonennes, je vou-
drais poursuivre une rflexion conduite dans le cadre du Centre de recherche
franais Jrusalem autour des usages des textes bibliques relatifs la conqute
de la terre promise. Il sagit dun programme de recherche men tant un
niveau personnel qu un niveau plus collectif, notamment lors dun colloque
organis en dcembre2009 en partenariat avec lInstitut Yad Ben Zvi et lInsti-
tut Van Leer, intitul Le don de la terre promise et le sort des Cananens dans
lhistoire de la pense juive, de lAntiquit jusqu nos jours. Ds son arri-
ve la direction du CRFJ et tout au long de lanne 2009, Sophie mapporta
un soutien enthousiaste dans la prparation de ce colloque et cest pourquoi je
voudrais ddier cette tape supplmentaire de mes recherches sa mmoire,
en voquant plusieurs aspects particulirement remarquables de sa person-
nalit: son ouverture desprit, sa gnrosit, ainsi que sa capacit dcoute, de
dialogue et de soutien aux projets des autres.
Le tmoignage de Flavius Josphe sur les guerres menes par les
Hasmonens est souvent peru comme ngatif. Lexplication frquemment
avance consiste attribuer les propos de Josphe ses sources non juives,
en particulier Strabon et Nicolas de Damas, deux auteurs du Iersicle av. J.-C.
-
38 Katell BERTHELOT
Une tendance trs ancienne de la recherche sur Flavius Josphe consiste en
effet le prsenter comme un compilateur malhabile, qui aurait juxtapos des
sources parfois contradictoires1. Sans entrer dans les dtails de lhistoire de la
recherche sur cette question, rappelons que depuis les annes 1960 environ, la
vision dun Josphe pleinement auteur et historien a fini par simposer, mais
que limage du Josphe compilateur malhabile continue influencer occasion-
nellement les analyses modernes de son uvre2.
Dans le cadre de cette brve communication, jaimerais, la suite de cher-
cheurs comme Isaiah M. Gafni, Gideon Fuks et Louis H. Feldman3, examiner
les propos de Josphe pour eux-mmes, sans nier limportance de la question
des sources, mais en cherchant tout dabord envisager le texte de Josphe
comme un reflet de sa perception personnelle de la dynastie hasmonenne. Je
procderai en trois temps: aprs avoir rappel en quoi le portrait que dresse
Josphe des Hasmonens est globalement positif, jexaminerai plus en dtail le
regard quil porte sur la politique dexpansion territoriale mene par Simon,
Jean Hyrcan, Aristobule I et Alexandre Janne; enfin, je minterrogerai sur
lclairage apport par le tmoignage de Josphe sur la question dbattue de la
dimension religieuse des guerres hasmonennes.
1. Telle tait par exemple lopinion de Benedictus Niese, auteur dune dition critique de luvre de Josphe parue au xixesicle; par la suite toutefois il rvisa ce jugement nga-tif et finit par reconnatre Josphe des qualits dauteur et dhistorien (comparer Niese, 1876, et Niese, 1896). Limportant travail de Richard Laqueur (1920), contribua galement faire percevoir Josphe comme un vritable auteur, nonobstant les aspects problmatiques de la thse de Laqueur, qui voulait que le livreXIV des Antiquits contienne une vision sys-tmatiquement ngative dHrode. Comme le souligne Daniel Schwartz, [Laqueurs] call to interpret Josephus in Antiquities as a writer motivated by his own values and ideals, not a mere creature of his sources, basically swept the field (Schwartz, 1994, p.213). Voir aussi Schwartz, 1992, p.262-264.2. Voir Mason (2003, p.29-31). Ainsi, propos du tmoignage de Flavius Josphe tant sur Alexandre Janne que sur les querelles entre Aristobule II et Hyrcan II, Menahem Stern crit : Josephus statements are strongly coloured by the hostile version of Nicolaus of Damascus ; voir Stern (1980, p. 49, propos de Tacite V.8.3), ainsi que lintroduction Nicolas de Damas dans Stern (1974, p.230). Sur luvre de Nicolas de Damas, voir Jacoby (1926, n90, p.324-430); Schrer (1973, vol.I, p.28-32); Wacholder (1962, p.58-64 en par-ticulier). Pour un exemple rcent illustrant le propos de Mason, voir Bar-Kochva (2010, p.324). Cf. la conclusion plus nuance de Cohen (1979, p.47).3. Gafni (1989); Fuks (1990); Feldman (1994, p.41-68).
-
La perception des Hasmonens par Flavius Josphe 39
Une vision largement positive des HasmonensIl faut avant tout rappeler que Josphe descend lui-mme des Hasmonens
par sa mre, et quil en fait tat avec fiert au dbut de son autobiographie4.
Certains chercheurs ont en outre soulign que, dans le portrait quil dresse de
Mattathias, de Judas, de Jonathan et de Simon (pour lesquels sa source prin-
cipale nest autre que 1 Maccabes5), Josphe traite les Hasmonens comme il
traite les personnages de la Bible hbraque6.
Judas apparat sous un jour particulirement logieux, davantage proba-
blement que dans 1 Maccabes7. plusieurs reprises dans les Antiquits juives
(XIII, 414, puis 419 et 434), Josphe fait mme de Judas un grand-prtre, alors
que cela contredit tant le tmoignage de 1 Maccabes que ce qucrit Josphe
lui-mme au livreXX des Antiquits (237-238), o il fait rfrence une vacance
de sept annes entre la grande-prtrise dAlkime et celle de Jonathan, gnra-
lement prsent comme le premier des Maccabes assumer cette charge.
Mais le chef hasmonen qui remporte tous les suffrages de Josphe est sans
conteste Jean Hyrcan8. Dans la Guerre des Juifs (I, 68-69) et dans les Antiquits
(XIII, 282-283 et 299-300), Josphe le prsente comme un homme aim de Dieu
qui reut les trois honneurs suprmes, le pouvoir politique, la grande prtrise
et le don de prophtie, consquence de son exceptionnelle intimit avec la
divinit9.
Mme Alexandre Janne, dont la cruaut inoue lors de lpisode de la
crucifixion de ses opposants est condamne par Josphe10, fait parfois lob-
jet de commentaires qui suggrent quil ntait pas totalement mauvais. Dans
la Guerre, aprs sa dfaite contre le roi nabaten Obodas Ier, la population juive
4. Vie 2; voir aussi A.J. XVI, 187.5. Sur 1 Maccabes comme source de Josphe, voir entre autres, parmi les travaux les plus rcents: Melamed (1951); Goldstein (1976, p.55-61 et 558-574); Cohen (1979, p.44-47); Gafni (1989); Fuks (1990); Bar-Kochva (1992); Feldman (1994). Presque tous les commenta-teurs considrent que Josphe a utilis la version grecque de 1Maccabes. Voir toutefois lavis contraire de Nodet (2005, p.407-431), et dj Melamed (1951) qui estime que Josphe utilisa les deux versions, lhbreu et le grec.6. Voir Cohen (1979, p.44, n.77); Feldman (1994, p.66-67).7. Voir Cohen (1979, p.46-47).8. Voir Thoma (1994).9. A contrario, un texte de Qumrn comme 4QTestimonia (4Q175) contient sans doute une attaque dirige prcisment contre Jean Hyrcan et sa prtention cumuler les trois types de pouvoir; voir Berthelot (2009). Mais certains textes rabbiniques se font lcho de ce que rap-porte Josphe des dons de prophtie dHyrcan, en particulier lhistoire selon laquelle, alors quil servait au temple pendant que ses fils luttaient contre Antiochus Cyzicne, il entendit une voix qui lui annonait la dfaite de lennemi; cf. A.J. XIII, 282-283 et Tos. Sota 13.5, j. Sota 45b et b. Sota 33a.10. Voir B.J. I, 97; A.J. XIII, 381-383.
-
40 Katell BERTHELOT
se soulve et Alexandre Janne mate la rvolte en faisant de nombreuses vic-
times11. Josphe ajoute alors ce commentaire: Ces victoires qui ruinaient son
royaume ne lui procuraient videmment aucune joie (B.J. I, 91)12.
En bref, les crits de Josphe ne sont pas dpourvus de dimension critique
mais refltent globalement une vision positive des Hasmonens. Ils sont infi-
niment plus logieux pour la dynastie hasmonenne que certains textes trou-
vs Qumrn ou que les Psaumes de Salomon13, et se rapprochent davantage du
tmoignage des sources rabbiniques14.
Examinons prsent la faon dont Josphe voque les guerres menes par
les Hasmonens.
Les guerres des Hasmonens daprs le tmoignage de JospheDaprs larchologie, certaines des informations transmises par Josphe
sont errones. Ainsi, les campagnes de Jean Hyrcan en Samarie et en Idume
nauraient eu lieu qu partir de 112 av. J.-C., alors que daprs les Antiquits
Jean Hyrcan lance des expditions contre Madaba, Samaga, Sichem, Adora et
Marissa trs peu de temps aprs le dcs dAntiochus VII en 129 av. J.-C.15 On
peut sinterroger sur lorigine de ces erreurs de datation, mais elles reprsen-
tent une question dordre chronologique et ne semblent pas relever dun apriori
idologique de Josphe ou de ses sources16. Plus intressant, en revanche, est
le fait que certaines des cits hellnistiques que Josphe nous dcrit comme
dtruites par les Hasmonens ne subirent pas un tel sort (ou pas complte-
ment), daprs les fouilles qui y ont t menes17. Sur ce point, il est plausible
de supposer que Josphe a t induit en erreur par les sources sa disposi-
tion18. Mais par ailleurs il se contredit lui-mme, tant lintrieur de la Guerre
11. 50000 daprs la Guerre, mais le chiffre est clairement disproportionn.12. Trad. Savinel (1977, p.132).13. Voir Ps. Sal. XVII, 5-10, qui considre la dynastie hasmonenne comme illgitime, car les Hasmonens ne sont pas de la ligne de David.14. Voir Alon (1977); Stemberger (1992). Sur Alexandre Janne (Yanna), voir en parti-culier b. Qiddushin 66a. Le souvenir de Jean Hyrcan est plus ambigu, dans la mesure o des sources rabbiniques reconnaissent son don de prophtie (voir note 9 supra), tandis que dautres le critiquent pour son ralliement aux Sadducens (voir en particulier b. Berakhot 29a).15. Voir Barag (1992-1993); Shatzman (1999, p.67-69); Shatzman (2007, p.263 et269).16. Contrairement ce quaffirme Barag (1992-1993, p. 8), sans relle justification, propos de A.J. XIII, 254. Finkielsztejn (1998) propose une interprtation plus convaincante.17. Voir Appelbaum (1980); Kasher (1990, p.142, 148-149 [sur Gaza], 153-154 [sur Gadara]); Shatzman (1991 p.72-82); Safrai (2000).18. On notera aussi quen ce qui concerne lpoque de Simon, Josphe crit dans B.J. I, 50 et dans A.J. XIII, 215 que Simon prit Jamne en plus de Jopp, Gazara et lAcra de Jrusalem,
-
La perception des Hasmonens par Flavius Josphe 41
qu lintrieur des Antiquits19. Cela semble indiquer que son propos ntait
pas dvoquer avec prcision le sort exact de telle ou telle ville conquise par
les Hasmonens. Reste savoir comment Josphe percevait ces destructions et
ces conqutes, et si son texte contient un prjug favorable aux villes hellnis-
tiques, comme le soutiennent certains historiens.
Il semble en fait que Josphe ait peru les conqutes hasmonennes de
faon positive. Prenons lexemple dAntiquits XIII, 148-153: Jonathan tente de
rallier les cits de la cte la cause dAntiochus VI; Ascalon lui fait bon accueil,
tandis que Gaza lui ferme ses portes et en subit les consquences, puis finit par
se rendre et par proposer une alliance. Josphe commente alors au 152: Les
hommes, en effet, avant dexprimenter le malheur, ne comprennent pas ce
qui est le meilleur (pour eux); mais lorsquun mal les frappe et quils ont rejet
(la solution) quils auraient d choisir alors quils taient encore indemnes,
une fois punis ils (finissent par) opter pour celle-ci. Cette remarque est trs
certainement due Josphe, qui ne fait pas ici preuve dune sympathie parti-
culire pour les villes de la cte. Cest la raction des habitants de Gaza qui est
critique et non linitiative de Jonathan20.
Dans sa rcriture de la lettre de Jonathan aux Spartiates en 1 Maccabes
XII, 6-18, Josphe ajoute un dtail rvlateur. L o lauteur de 1 Maccabes se
borne crire beaucoup de guerres nous ont environns et les rois des alen-
tours nous ont combattus (v.13), Josphe prcise: nous avons men beau-
coup de guerres cause de la cupidit (pleonexia) de nos voisins (A.J. XIII, 169).
Cette prcision fait cho ce qucrit Josphe par la suite propos dAntio-
chus VII : son changement dattitude vis--vis de lHasmonen Simon est l
encore expliqu par sa cupidit (pleonexia) (A.J. XIII, 225). Enfin, dans le Contre
Apion (II, 272) Josphe tablit le contraste suivant entre les Juifs et les autres
nations: Nous (les Juifs) navons pas [] exerc notre courage entreprendre
des guerres par cupidit (pleonexia), mais conserver nos lois []. On constate
ici que la voix de Josphe comme auteur se fait entendre, et que des modifi-
cations mme mineures refltent bel et bien sa perception des vnements
et son souci de dfendre les Judens contre les critiques qui pourraient tre
mises leur encontre.
alors que lauteur de 1Maccabes, a priori peu susceptible de passer sous silence une telle victoire, ne dit mot de la conqute de Jamne. Mais lon voit mal comment cette victoire supplmentaire reprsenterait un cho dune source hostile aux Hasmonens.19. Voir le dveloppement infra.20. Quant lpisode de la conqute et de la destruction de Gaza par Janne (A.J. XIII, 358-364), il nest pas ncessairement biais. Rappelons que Josphe dnonce explicitement la cruaut de Janne vis--vis de son propre peuple, tandis quil ne fait aucun commentaire de ce genre propos des habitants de Gaza.
-
42 Katell BERTHELOT
En ce qui concerne les victoires de Simon contre Gazara, Jopp et lAcra, le
rcit de Josphe contraste fortement avec ce qucrit Strabon dans la Gographie
(XVI.2.28). propos de Jopp, Strabon affirme que les Judens ont utilis len-
droit comme port lorsquils descendaient jusqu la mer et il ajoute: mais
les ports des brigands sont videmment des repaires de brigands21 ( - ). Dans le contexte de ce passage, cest la seule remarque ngative, mais elle est rapprocher de ce qucrit Strabon
au 37, o on lit qu une poque indtermine le sacerdoce de Jrusalem
chut des tyrans, et que de la tyrannie naquit le brigandage ( ).
Dune part, en effet, elle (la tyrannie) provoqua des insurrections qui ravag-
rent et le territoire (de la Jude) et celui des (peuples) voisins; dautre part, le
gouvernement et ses partisans semparrent des biens dautrui et annexrent
une grande partie de la Syrie et de la Phnicie. La plupart des commenta-
teurs saccordent voir dans ce texte une attaque contre la politique dexpan-
sion territoriale des Hasmonens, dont la source pourrait tre Poseidonios22.
Par la suite, lorsquil rapporte la prise de Jrusalem par Pompe en 63 av. J.-C.
(40), Strabon crit que celui-ci ordonna de raser les murs de la ville et de
dtruire les repaires de brigands ( ) ainsi que les cachettes des tr-sors des tyrans. Le mot tyrans dsigne les Hasmonens et les repaires de
brigands, les diffrentes forteresses tenues par les Hasmonens23.
la suite de la prise de Jrusalem, Pompe priva en outre la Jude de la plu-
part des territoires conquis par Jean Hyrcan, Aristobule I et Alexandre Janne.
Dans la Gographie, Strabon se contente de noterquil enleva aux Judens une
partie des territoires quils staient appropris par la force (XVI.2.46), mais
les commentaires mentionns prcdemment sur les tyrans et le brigandage
laissent entendre quil sagissait ses yeux dun juste rtablissement de la situa-
tion antrieure. Sur ce point le tmoignage de Josphe est ambigu, et repr-
sente sans doute lexemple le plus frappant dune divergence entre Josphe
et ses sources. Dans la Guerre, aux 155-157 du livreI, les villes conquises par
les Judens qui navaient pas t dtruites sont libres et restitues par
Pompe leurs citoyens dorigine, tandis que les Judens sont circonscrits
dans leurs frontires propres. Ce passage semble inspir par une source ext-
rieure; Josphe sy fait surtout lcho du point de vue des Romains, comme le
montrent de manire plus nette encore les 165-166 et 169-170, qui dcrivent
comment Gabinius repeupla les villes dtruites, ramena lordre, rorganisa la
21. Ou encore: des nids de piraterie.22. Voir par exemple Bar-Kochva (1997).23. Signalons au passage que laccusation de brigandage se retrouve dans des sources anti-juives beaucoup plus tardives propos de la conqute de la terre promise par Josu. Voir en particulier Bacher (1891).
-
La perception des Hasmonens par Flavius Josphe 43
rgion, etc.24 Dans le rcit parallle des Antiquits, Josphe dclare explicite-
ment dpendre de sources non juives il affirme au 104 du livreXIV que le
rcit des expditions de Pompe et de Gabinius contre les Juifs a t crit par
Nicolas de Damas et Strabon le Cappadocien. Voici comment il rsume les
vnements:
Pompe rendit Jrusalem tributaire des Romains; il enleva ses habitants les villes de Cl-Syrie dont ils staient rendus matres et soumit celles-ci lautorit du gouverneur romain; et tout le peuple qui stait auparavant lev si haut, il [le] renferma lintrieur de ses frontires propres ( -). Pour faire plaisir Dmtrius de Gadara, son affranchi, il rebtit Gadara, rcemment dtruite; et il rendit leurs habitants les autres villes, Hippos, Scythopolis, Pella, Dion, Samarie, Marissa, Azot, Jamne, Arthuse. Outre toutes ces villes de lintrieur, et sans compter celles qui avaient t dtruites, Pompe dclara libres et rattacha la province [de Syrie] les villes maritimes de Gaza, Jopp, Dra et la Tour de Straton [] (A.J. XIV, 74-76)
On ignorait la destruction de Gadara (cf. A.J. XIII, 396), et linverse il
est trange que Pompe rende leurs habitants Pella et Samarie, qui daprs
Josphe avaient t dtruites lune par Alexandre Janne (A.J. XIII, 397)25 et
lautre par Hyrcan (XIII, 275-281)26. De mme, Gaza tait cense avoir t
dtruite par Janne (A.J. XIII,364; cf. Strabon, Gographie XVI.2.30). Force est
de reconnatre quici Josphe na pas cherch harmoniser sa source avec son
propre tmoignage au livreXIII des Antiquits, ainsi quau 88 du livreXIV27,
o il indique que Gabinius releva de leurs ruines Samarie, Gaza et dautres
villes, ce qui implique quelles avaient t dtruites28.
24. Cf. dj la conclusion de Safrai (2000, p.90).25. Sur les fouilles de Pella et les traces dune destruction remontant lpoque de Janne, voir McNicoll et al. (1992, vol.II, p.103-144 [114 en particulier]). Pella naurait t recons-truite que vers la fin du Iersicle av. J.-C.; voir Smith (1993, vol.3, p.1179).26. Pour Samarie, qui aurait t beaucoup moins dtruite que ne le laisse entendre le rcit de Josphe, voir Reisner et al. (1924, p.50, 252-273); Crowfoot et al. (1957); Fulco et Zayadine (1981).27. Schwartz (1989-1990, p.127) fait remarquer: Josephus frequently reproduces sources with which he does not agree. Thus, for some examples, Josephus, a Pharisee, criticizes the Pharisees bitterly; Josephus, a proud descendant of the Hasmoneans, applauds Pompey for freeing Syrian cities from the rule of Jews, referred to in the third person, and then goes on, in the first person, to mourn the very same thing [].28. moins bien sr de comprendre que la restitution portait sur le territoire, indpen-damment de ltat de la ville. Mais dans le passage parallle en B.J. I, 156, Josphe prsente explicitement Samarie, Pella et Gaza comme des villes que les Hasmonens navaient pas dtruites, ce qui semble confirmer quen A.J. XIV, 74-76, elles ne sont pas non plus consid-
-
44 Katell BERTHELOT
Aux paragraphes suivants du livre XIV (77-78), Josphe ajoute des
commentaires personnels, rdigs la premire personne:
Jrusalem fut redevable de tous les maux aux dissensions dHyrcan et dAris-tobule. Nous perdmes, en effet, la libert et devnmes sujets des Romains; nous dmes rendre aux Syriens tout le territoire que nous leur avions enlev par les armes; de plus, les Romains, en peu de temps, levrent sur nous plus de dix mille talents, et la royaut, autrefois hrditaire dans la famille des grands-prtres, devint lapanage dhommes du peuple. Nous reparlerons de tout cela le moment venu.
Cette fois cest bien la voix de Josphe qui se fait entendre. Or, tout en
dplorant la perte de la libert politique et celle des territoires conquis par
les Hasmonens, Josphe ne prsente pas ces pertes comme une injustice,
mais plutt comme un malheur dont Hyrcan et Aristobule portent lentire
responsabilit29.
En dfinitive, il est possible que Josphe nait pas peru ses sources comme
particulirement hostiles aux Judens, mme si elles nmanaient pas de leur
camp et ne refltaient pas leur point de vue. Il faut souligner que les passages
de Strabon que Josphe cite de manire explicite ne sont pas dfavorables aux
Judens, et quils sont issus des Histoires, non de la Gographie. Ce qucrit ou
rapporte Strabon dans ce dernier ouvrage, propos de la tyrannie et du bri-
gandage lpoque hasmonenne, aurait certainement t rejet par Josphe.
Cependant, comme le fait justement remarquer Isral Shatzman30, Josphe lui-
mme tmoigne du fait que le portrait des Hasmonens en tyrans et en bri-
gands tait en partie dorigine juive. En effet, daprs A.J. XIV, 42-43, lors de
lentrevue avec Pompe, Hyrcan II accusa son frre Aristobule de stre empar
du territoire par la force, dtre lauteur des incursions chez les (peuples) voi-
sins, des actes de piraterie sur mer, assurant que jamais le peuple ne se serait
soulev sans sa violence et sa turbulence. Ses accusations taient relayes par
plus de mille des Judens les plus respects, linstigation dAntipater31. Cest
res comme dtruites. De plus, B.J. I, 166 contredit I, 156 tout comme A.J. XIV, 88 contredit XIV, 74-76.29. Comme le fait trs justement remarquer Schwartz (1994, p. 219) : Josephus, in contrast [to Nicolaus], while bewailing Pompeys arrangements, did not consider them unjust. [] That is, what matters in affairs of state is who is successful and who is not [] ter-ritory belongs to who can hold it, and a Jew may bemoan as unfortunate, but not as unfair, the loss of territory which his side had previously taken fair and square in war.30. Voir Shatzman (1992).31. Pompe venait de vaincre les pirates en Mditerrane, ce qui rendait laccusation porte contre Aristobule dautant plus grave. Ce motif est absent de la version de lentrevue entre Pompe, Hyrcan et Aristobule que rapporte Diodore (XL.2), dans laquelle une dlga-tion de deux cents notables juifs accuse les deux frres de rgner de manire illgitime sur
-
La perception des Hasmonens par Flavius Josphe 45
peut-tre le souvenir de ces polmiques qui pousse Josphe crire a contrario,
dans le Contre Apion: [] nos anctres ne se livrrent pas non plus la pira-
terie comme dautres, ou la guerre par le dsir de sagrandir, quoique le pays
possdt des dizaines de milliers dhommes qui ne manquaient pas daudace
(I, 62). Cette remarque, comme celle de C.A. II, 272, nest pas sans rvler un
certain souci apologtique chez Josphe.
Il demeure quune fois faite la part de lusage des sources, le rcit de
Josphe ne contient gure de critiques vis--vis de lexpansion territoriale has-
monenne, mais lenvisage plutt comme un bienfait pour les Judens. Josphe
crit ainsi propos dAristobule I: Il fut un grand bienfaiteur pour sa patrie;
il avait fait la guerre aux Iturens et annex une partie considrable de leur
territoire la Jude, forant les habitants, sils voulaient demeurer dans le
pays, se circoncire et vivre suivant les lois des Judens (A.J. XIII, 318)32.
La question de la dimension religieuse des guerres des HasmonensUne fois tabli le fait que Josphe envisage les guerres hasmonennes de faon
positive, il convient de sinterroger brivement sur la place quoccuprent
les motivations religieuses dans la politique dexpansion territoriale hasmo-
nenne, toujours daprs le tmoignage de Josphe. Il me semble quil faut dis-
tinguer deux phases, celle des guerres de libration et de dfense, qui va grosso
modo jusqu la grande-prtrise de Simon, et celle des guerres de conqute, qui
commence sous Simon et surtout sous Jean Hyrcan.
La premire phase des guerres hasmonennes: des guerres de libration et de dfense
En ce qui concerne les guerres menes par Mattathias, Judas et Jonathan,
Josphe insiste plusieurs reprises sur le fait quelles furent menes au nom
le peuple juif, par lusage de la force, le recours aux mercenaires, etc., mais ne dit mot de la piraterie. Voir Stern (1974, p.185-187).32. En loccurrence, lapprciation positive de Josphe semble avoir t partage par Strabon, dont Josphe cite un tmoignage lgrement diffrent mais nullement hos-tile, dont il dit quil faut chercher lorigine chez Timagne, autre historien du Ier sicle av.J.-C. La diffrence de ton entre ce passage de Strabon et le passage cit plus haut tir de la Gographie peut sexpliquer par deux facteurs: dune part, Strabon naurait pas utilis les mmes sources dans la Gographie (o il dpend sans doute de Poseidonios) et dans les Histoires (o, pour le prsent passage, il dpendrait de Timagne); dautre part, si Strabon voyait la conversion des Iturens comme une alliance voulue par ces populations, il est logique quil ne lait pas interprte comme un acte de tyrannie de la part des dirigeants hasmonens, mme si ceux-ci taient considrs par ailleurs comme des tyrans.
-
46 Katell BERTHELOT
de la libert33, et tout particulirement de la libert de culte, lie la fidlit
aux lois ancestrales34. La description que donne Josphe des guerres des pre-
miers Hasmonens correspond parfaitement sa vision de la guerre juste dans
le Contre Apion : Nous navons pas non plus exerc notre courage entre-
prendre des guerres par cupidit, mais conserver nos lois. Nous supportons
patiemment dtre amoindris de toute autre faon, mais quand on vient nous
contraindre de changer nos lois, alors, mme sans tre en force, nous entre-
prenons des guerres, et nous tenons contre les revers jusqu la dernire extr-
mit (II, 272)35.
Il faut souligner que daprs le tmoignage de Josphe, comme dailleurs
de 1Maccabes, les considrations territoriales sont absentes des motivations
religieuses des premiers Hasmonens. En dautres termes, ces guerres nont
pas pour but de reconqurir la terre promise. Certes, en A.J. XII, 286, Josphe
dit de Judas quil chassa lennemi du pays, chtia les Juifs impies qui avaient
viol les lois ancestrales et purifia la terre de la pollution qui en avait dcoul
mais il sagit uniquement de la Jude. Ailleurs Judas dclare ses hommes que
se battre pour la libert, la patrie, les lois et le culte confre une gloire ternelle
(XII, 302-304). Mais il sagit de lunique occurrence du thme de la patrie
dans un discours dexhortation avant une bataille ou dans le cadre de la lutte
contre les Sleucides36, et la patrie dsigne ici encore la Jude. Lorsque les Juifs
(ou Judens) de Galile sont menacs par les non-Juifs et que Simon part en
expdition pour les arracher leurs ennemis et les ramener en Jude, Josphe
utilise propos de celle-ci lexpression eis tn oikeian, littralement dans leur
(territoire) propre (XII, 334). Ou encore, lorsque Judas et ses frres combat-
tent les Idumens, dtruisent les murailles dHbron et en brlent les tours,
Josphe crit quils ravagent le territoire tranger (
33. Voir en particulier A.J. XIII, 5: Judas est tomb pour la dfense des siens et leur libert (absent de 1 M 9, 21).34. Cf. Gafni (1989, p. 121) : Josephus in fact stresses elsewhere as well not only the condition that the fighters be worthy of deliverance, but also that the goal of this (the Hasmonean) war, was the restoration of the rule of Torah and the laws of the fathers, an ele-ment not always stressed in 1 Maccabees.35. Trad. Blum (19722, p.106-107), lgrement modifie. Cf. Gafni (1989, p.125): Josephus was attributing to the Hasmonean uprising all those criteria that rendered a war justi-fied and that, in his opinion, were apparently not stressed sufficiently in the version of 1Maccabees serving as his source.36. Gafni (1989, p.127) note: [] by introducing terms such as freedom () beloved by all people (A XII, 302), Josephus probably had his Greek audience in mind and there by may have wished to render the goals of the Hasmoneans closer to the hearts of the Greek rea-ders. En ralit, tout comme le thme de la libert parlait tant aux lecteurs juifs quaux lec-teurs non juifs, le motif de la lutte pour la patrie tait audible par tous.
-
La perception des Hasmonens par Flavius Josphe 47
) (XII, 353), avant de sen retourner en Jude. LIdume, bien que faisant partie du territoire de la tribu de Juda daprs le livre de Josu, est ici prsen-
te comme un territoire tranger. Le but des guerres est de dfendre la Jude,
non de lagrandir.
La seconde phase des guerres hasmonennes: des guerres de conquteMais la politique de Simon inaugure dj un changement, la dfense deve-
nant prventive, comme dans le cas de la conqute de Jopp, ville propos de
laquelle 1 Maccabes 12, 33-34 nous dit : [Simon] avait appris en effet que
les habitants voulaient livrer la place forte aux partisans de Dmtrius; il y
plaa une garnison pour la garder37. Dans 1 Maccabes, 14, 4-15, la prise de
Jopp est en outre clbre pour la raison quelle dotait la Jude dun accs la
mer. Avec Simon souvre en fait la priode des guerres de conqute. Mais dans
1Maccabes lui-mme, aucune raison religieuse explicite nest avance pour
cette expansion territoriale38. Quant Josphe, que ce soit dans la Guerre ou
dans les Antiquits, il prsente ces guerres de manire factuelle et se livre trs
peu de commentaires sur les motivations des dirigeants hasmonens. Il crit
ainsi en A.J. XIII, 254 qu lannonce de la mort dAntiochus VII, Jean Hyrcan
marcha contre les cits de Syrie car elles taient vides de leurs combat-
tants39. Il sagit l de considrations stratgiques, mais Josphe ne mentionne
aucune motivation religieuse ni mme patriotique justifiant cette campagne
de Jean Hyrcan. Cette observation est rapprocher du fait quen A.J. XIII, 257-
258, dans le cadre de la conqute des cits idumennes dAdora et Marissa,
Josphe crit quaprs avoir soumis les Idumens, Hyrcan leur permit de
demeurer dans leur pays condition quils se fassent circoncire et acceptent de
vivre selon les lois des Judens. Ainsi, par attachement pour la terre ancestrale,
ils se soumirent la circoncision et ladoption dun mode de vie conforme
sur les autres points celui des Judens40. Je reviendrai sur la question de la
37. 1 M 15, 35 nous apprend que Jopp et Gazara furent conquises car elles faisaient beau-coup de mal au peuple et dvastaient le pays ( ; texte grec daprs la correction propose par Abel, 1949, p.272). Il sagit dun argument scuritaire et dfensif.38. Malgr lavis de certains commentateurs, 1 Maccabes 15, 33-35 ne renvoie probable-ment pas un programme de reconqute de la terre promise.39. Daprs B.J. I, 62-63, qui la situe au moment de la guerre dAntiochus contre les Mdes, et A.J. XIII, 255, cette campagne fut dirige contre Madaba et Samaga (sur la rive est du Jourdain), les villes voisines de cette dernire, et aussi contre Sichem et les Samaritains.40. Cf. la version trs diffrente de Strabon, Gographie XVI.2.34, selon laquelle les Idumens sont lorigine des Nabatens qui, la suite d'une sdition, furent bannis et sallirent aux Judens, dont ils partagrent dsormais les coutumes. Alors que Josphe uti-lise parfois Strabon comme source au livreXIII des Antiquits, ici il sen distingue claire-
-
48 Katell BERTHELOT
conversion des Idumens dans un instant. Il importe de noter tout dabord
que, comme dans la description de lexpdition de Judas Maccabe contre
Hbron et son territoire en A.J. XII, 353, le rcit de Josphe prsente lIdume
comme la terre ancestrale des Idumens; nulle part il ne laisse entendre
quelle reprsente une partie perdue du territoire des Judens, ou que ceux-ci
en sont les propritaires lgitimes du fait de la promesse de Dieu aux anctres.
De mme, lorsque Hyrcan attaque la ville de Samarie, les Antiquits nous disent
quil voulait la punir car elle sen tait pris aux habitants de Marissa (Marsha)
(XIII, 275)41. Ce sont des jeux dalliance et des considrations politiques qui
sont en cause; aucune allusion nest faite un projet de reconqute systma-
tique des territoires des royaumes bibliques. Dans la mme veine, Josphe crit
quAlexandre Janne assigea Gaza et en dvasta le territoire pour se venger
de ses habitants qui avaient fait appel au roi lagide Ptolme VIII (XIII, 358ss).
En dfinitive, un double constat simpose: alors que le thme du combat
pour la libert de culte et la fidlit aux lois ancestrales disparat logique-
ment partir de la grande-prtrise de Simon et de lautonomie retrouve de la
Jude, il nest pas pour autant remplac par un discours sur la terre promise, la
terre sainte ou la terre des anctres. Lexpansion territoriale des Hasmonens
partir de Simon et surtout de Jean Hyrcan est prsente sous un jour prag-
matique et justifie par des considrations dordre stratgique, scuritaire,
politique et conomique42. partir dHyrcan, le seul aspect des guerres hasmo-
nennes qui puisse sinterprter comme une politique religieuse rside dans la
conversion force des populations de lIdume (XIII, 257-258), de lIture (XIII,
318), ainsi probablement que de certaines des villes conquises par Alexandre
Janne (daprs la liste qui figure en A.J. XIII, 395-397). Cependant, la ralit
de ces conversions forces et leurs vritables implications restent un sujet
dbattu entre chercheurs. On notera simplement que, daprs la prsenta-
tion quen donne Josphe, tous les territoires conquis par les Hasmonens ne
ment en utilisant dautres sources dinformations, a priori plus fiables. Un texte de Ptolme fait en outre cho la version de Josphe. Sur la question dbattue des conversions forces pratiques par les Hasmonens, voir entre autres Kasher (1988, p.45-85); Cohen (1990) et Cohen (1999, p.110-129); Weitzman (1999, p.37-59); R.A. Horsley (2002); Howell Chapman (2006).41. Sur le scnario historique possible derrire cette affirmation, voir Finkielsztejn (1998). On voit mal sur quoi sappuie Luria (1983-1984, p.189) pour affirmer que la conqute de Samarie par Hyrcan avait pour unique objectif dliminer lidoltrie.42. Nombreux sont dailleurs les historiens qui, depuis lAntiquit (voir dj lanalyse de Tacite, Histoires V.8.3, et la remarque de Stern, 1980, p.48-49), ont not que les Hasmonens avaient su profiter de laffaiblissement et des divisions de lempire sleucide pour asseoir leur autonomie et monter en puissance, tout comme dautres peuples ou cits du Proche-Orient quon pense simplement au cas des Nabatens.
-
La perception des Hasmonens par Flavius Josphe 49
subissent pas un sort identique, bien que leurs populations aient toutes t
idoltres. Il semble par consquent hasardeux dinterprter les conversions
(volontaires ou forces) de certaines populations en rapport avec un hypoth-
tique projet hasmonen de reconqute de la terre promise, comme on a
parfois t tent de le faire43. Daprs Shaye Cohen, elles reprsentaient davan-
tage une alliance politique quune conversion au sens religieux du terme44. Il
est plausible en outre que certains territoires comme lIdume aient repr-
sent un enjeu stratgique trop important pour quy aient t tolrs des habi-
tants dont la loyaut la Jude naurait pas t assure.
ConclusionLe portrait que dresse Flavius Josphe des Hasmonens nest pas dpourvu
de dimension critique, mais demeure globalement logieux. Cette conclusion
nest pas dmentie par le rcit quil fait des guerres hasmonennes, quil pr-
sente dune part comme des guerres justes de libration menes au nom de la
fidlit la religion et aux lois ancestrales, et dautre part comme des guerres
inspires par des considrations stratgiques et politiques, qui bnficirent
la Jude dans son ensemble et aux Hasmonens en particulier. Nulle part tou-
tefois il nest question dun projet de reconqute de la terre promise, dune
ractualisation de la geste de Josu ou de la recration du royaume de David.
La prsentation que donne Josphe de lexpansion territoriale hasmonenne
reste plutt factuelle et ne reflte pas didologie particulire, hormis lidenti-
fication bien naturelle de Josphe avec la cause de la Jude. De ce point de vue,
il se rvle en dfinitive meilleur historien que les auteurs modernes ont le
plus souvent t prts ladmettre.
Bibliographie
Abel, F.-M. (1949), Les livres des Maccabes, Paris, Gabalda.
Alon, G. (1977), Did the Jewish People and its Sages Cause the Hasmoneans to be Forgotten?, in Jews, Judaism and the Classical World: Studies in Jewish History in the Times of the Second Temple and Talmud, trad. de lhbreu par I. Abrahams, Jrusalem, Magnes, p.1-17.
43. Voir par exemple Mendels (1987, p.47-48); Kasher (1991, p.344); Safrai (2000, p.77); Shatzman (2007, p.270).44. Cohen (1999, p.137).
-
50 Katell BERTHELOT
Appelbaum, S. (1980), The Cities of Hellenistic Palestine: New Observations , in B. Bar-Kochva (d.), The Seleucid Period in Palestine, Tel Aviv, HaKibbutz HaMehuchad, p.277-288 (hb.).
Bacher, W. (1891), The Supposed Inscription upon Joshua the Robber, Illustrated from Jewish Sources, JQR 3, p.354-355.
Barag, D. (1992-1933), New Evidence on the Foreign Policy of John Hyrcanos I, INJ 12, p.1-12.
Bar-Kochva, B. (1992), On Josephus and the Books of the Maccabees, Philology and Historiography, Tarbiz 62/1, p.115-132 (hb.).
(1997), Mosaic Judaism and Judaism of the Second Temple Period the Jewish Ethnography of Strabo, Tarbiz 66/3, p.297-336 (hb.)
(2010), The Image of the Jews in Greek Literature: The Hellenistic Period, Berkeley, University of California Press (Hellenistic Culture and Society 51).
Berthelot, K. (2009) 4QTestimonia as a Polemic against the Prophetic Claims of John Hyrcanus, in K. de Troyer et A. Lange (ds), Prophecy after the Prophets? The Contribution of the Dead Sea Scrolls to the Understanding of Biblical and Extra-Biblical Prophecy, Louvain, Peeters, p.99-116.
Cohen, Sh. J. D. (1979), Josephus in Galilee and Rome, Leiden, Brill.
(1990), Religion, Ethnicity, and Hellenism in the Emergence of Jewish Identity in Maccabean Palestine, in P.Bilde (d.), Religion and Religious Practice in the Seleucid Kingdom, Aarhus, Aarhus University Press, p.204-223.
(1999), Beginnings of Jewishness, Berkeley, University of California Press.
Crowfoot, J. W. et al. (1957), The Objects from Samaria, Londres, Palestine Exploration Fund.
Feldman, L. H. (1994), Josephus Portrayal of the Hasmoneans Compared with 1Maccabees, in F. Parente et J. Sievers (ds), Josephus and the History of the Greco-Roman Period, Leiden, Brill, p.41-68.
Finkielsztejn, G. (1998), More Evidence on John Hyrcanus Is Conquests: Lead Weights and Rhodian Amphora Stamps, Bulletin of the Anglo-Israel Archaeological Society 16, p.33-63.
Fuks, G. (1990), Josephus and the Hasmoneans, JJS 41/2, p.166-176.
Fulco, W. J. et Zayadine, F. (1981), Coins from Samaria-Sebaste , ADAJ 25, p.197-225.
Gafni, I. (1989), Josephus and 1 Maccabees, in L. H. Feldman (d.), Josephus, the Bible, and History, Leiden, Brill, p.116-131.
Goldstein, J. (1976), 1Maccabees, New York, Doubleday.
Horsley, R. A. (2002), The Expansion of Hasmonean Rule in Idumea and Galilee: Toward a Historical Sociology, in Ph. R. Davies et J. M. Hallingan (ds), Second Temple Studies. III. Studies in Politics, Class and Material Culture, Londres, Sheffield Academic Press, p.134-165.
-
La perception des Hasmonens par Flavius Josphe 51
Howell Chapman, H. (2006), Paul, Josephus, and the Judean Nationalistic and Imperialistic Policy of Forced Circumcision , Ilu Revista de Ciencias de las Religiones 11, p.131-155.
Jacoby, F. (1926), Die Fragmente der griechischen Historiker (F. Gr. Hist.), Zweiter Teil, Zeitgeschichte. A: Universalgeschichte und Hellenika, Berlin, Weidmann.
Flavius Josphe, La Guerre des Juifs, trad. P.Savinel, Paris, ditions de Minuit, 1977.
Flavius Josphe, Contre Apion, d. Th. Reinach et trad. L. Blum, Paris, Les Belles Lettres, 1972 [2e d.].
Kasher, A. (1988), Jews, Idumeans and Ancient Arabs, Tbingen, Mohr.
(1990), Jews and Hellenistic Cities in Eretz-Israel, Tbingen, Mohr Siebeck.
(1991), The Changes in Manpower and Ethnic Composition of the Hasmonean Army (167-63 BCE), JQR 81/3-4, p.325-352.
Laqueur, R. (1920), Der jdische Historiker Flavius Josephus: Ein biographischer Versuch auf neuer quellenkritischer Grundlage, Giessen, Mnchowsche Verlagsbuchhandlung.
Luria, Ben Zion (1983-1984), Was the Hasmonean State Secular in Orientation?, Dor le Dor12/2, p.104-111 et 12/3, p.186-193.
Mason, S. (2003), Josephus and the New Testament, Peabody, Hendrickson Publishers [2e d.].
McNicoll, A. W. et al. (1992), Pella in Jordan, Sydney, Meditarch.
Melamed, A. Z. (1951), Flavius Josphe compar 1 Maccabes , Eretz-Israel 1, p.122-130 (hb.).
Mendels, D. (1987), The Land of Israel as a Political Concept in Hasmonean Literature: Recourse to History in Second Century B.C. Claims to the Holy Land, Tbingen, Mohr Siebeck.
Niese, B. (1876), Bemerkungen ber die Urkunden bei Josephus Archaeol. B. XIII. XIV. XVI, Hermes 11, p.466-468.
(1896), Der jdische Historiker Flavius Josephus, Historische Zeitschrift 76, p.218-220.
Nodet, E. (2005), La crise maccabenne. Historiographie juive et traditions bibliques, Paris, Cerf.
Reisner, G. A. et al. (1924), Harvard Excavations at Samaria 1908-1910, Cambridge, Harvard University Press.
Safrai, Z. (2000), The Gentile Cities of Judea: Between the Hasmonean Occupation and the Roman Liberation, in G. Galil et M.Weinfeld (ds), Studies in Historical Geography and Biblical Historiography presented to Zecharia Kallai, Leiden, Brill, p.63-90.
Schrer, E. (1973), The History of the Jewish People in the Age of Jesus Christ (175 B.C.-A.D.135), Edinburgh, T. & T. Clark.
Schwartz, D. R. (1989-1990), On Drama and Authenticity in Philo and Josephus, SCI 10, p.113-129.
-
52 Katell BERTHELOT
(1992), Studies in the Jewish Background of Christianity, Tbingen, Mohr Siebeck.
(1994), Josephus on Hyrcanus II, in F. Parente (d.), Josephus and the History of the Greco-Roman Period, Leiden, Brill, p.210-232.
Shatzman, I. (1991), The Armies of the Hasmoneans and Herod, Tbingen, Mohr Siebeck.
(1992), The Hasmoneans in Greco-Roman Historiography, Zion 57, p.5-64 (hb.)
(1999), The Integration of Judaea into the Roman Empire, SCI 18, p.49-84.
(2007), Jews and Gentiles from Judas Maccabaeus to John Hyrcanus According to Contemporary Jewish sources, in Sh. J.D. Cohen et J. Schwartz (ds), Studies in Josephus and the Varieties of Ancient Judaism: Louis H. Feldman Jubilee Volume, Leiden, Brill, p.237-270.
Smith, R. H. (1993), Pella , in E. Stern et al. (ds), The New Encyclopedia of Archaeological Excavations in the Holy Land, Jrusalem, The Israel Exploration Society.
Stemberger, G. (1992), The Maccabees in Rabbinic Tradition , in F. Garca Martnez et al. (ds), The Scriptures and the Scrolls. Studies in Honour of A. S.Van der Woude, Leiden, Brill, p.193-203.
Stern, M. (1974-1984), Greek and Latin Authors on Jews and Judaism, Jrusalem, Israel Academy of Sciences and Humanities, 3 vol.
Thoma, C. (1994), John Hyrcanus I as Seen by Josephus and Other Early Jewish Sources , in Josephus and the History of the Greco-Roman Period, F. Parente et J.Sievers (dir.), Leiden, Brill, p.127-140.
Wacholder, B. Z. (1962), Nicolaus of Damascus, Berkeley, University of California Press.
Weitzman, S. (1999), Forced Circumcision and the Shifting Role of Gentiles in Hasmonean Ideology, HTR 92/1, p.37-59.