l’angiomyofibroblastome du tractus génital masculin

5
58 © Masson, Paris, 2005 Ann Pathol 2005 ; 25 : 58-62 Cas anatomo- clinique Accepté pour publication le 6 septembre 2004. Tirés à part : D. Chatelain, voir adresse en début d’article. e-mail : chatelain.denis@chu- amiens.fr L’angiomyofibroblastome du tractus génital masculin Étude anatomo-clinique et immunohistochimique de trois cas Denis Chatelain (1) , Thierry Lazure (2) , David Manaouil (3) , Toufik Homsi (4) , Roland Ganansia (5) , Carole Cordonnier (1) , Henri Sevestre (1) (1) Service d’Anatomie Pathologique, CHU Amiens, Place Victor Pauchet, 80054 Amiens Cedex 01. (2) Service d’Anatomie Pathologique, CHU de Bicêtre, 78 rue du Général Leclerc, 94275 Le Kremlin-Bicêtre Cedex. (3) Service de Chirurgie Viscérale, CHU Amiens, Place Victor Pauchet, 80054 Amiens Cedex 01. (4) Service d’Anatomie Pathologique, Hôpital Saint Joseph, 185 rue Raymond Losserand, 75674 Paris Cedex 14. (5) Service de Colo-proctologie, Hôpital Léopold Bellan, 19-21 rue Vercingétorix, 75674 Paris Cedex 14. Chatelain D, Lazure T, Manaouil D, Homsi T, Ganansia R, Cordonnier C et al. L’angiomyofibroblastome du tractus génital masculin. Ann Pathol 2005; 25: 58-62. Summary Angiomyofibroblastoma of the male genital tract. Pathological and immunohistochemical study of three cases Angiomyofibroblastoma of the male genital tract is a rare tumor with only 20 cases reported in the literature to date. We report three cases in males aged from 23 to 44 years. They presented with painless inguinal, scrotal and perineal masses, ranging from 3 to 8 cm in diameter. On microscopic examination the tumors were composed of small spindle cells without atypia in a fibrous and myxoid stroma. There were scattered mononuclear inflammatory cells around capillaries. Immunohistochemical studies showed positive staining of the tumor cells for vimentin, and weak reactivity for CD34, bcl-2, CD99, EMA and CD117. Some tumor cells expressed estrogen receptors in all three cases, and progesterone receptors in only one case. There was no recurrence with a follow-up ranging form 12 to 21 months. Angiomyofibroblastoma of the male genital tract is a benign often hormone-dependent tumor. Its histogenesis is still unclear. It has to be distin- guished from aggressive angiomyxoma and myxofibrosa- rcoma. Key words: angiomyofibroblastoma, male genital tract, immunohistochemistry. Résumé L’angiomyofibroblastome du tractus génital masculin est une tumeur rare, dont seule- ment 20 observations ont été décrites dans la littérature. Nous en rapportons trois nou- veaux cas chez des hommes âgés de 23 à 44 ans, consultant pour des masses inguinale, scrotale et périnéale. Les tumeurs mesuraient de 3 à 8 cm, étaient bien limitées et indolores. Elles étaient composées de cellules fusifor- mes de petite taille siégeant au sein d’un stroma fibreux, par place myxoïde. Il existait des infiltrats inflammatoires mononucléés en périphérie de quelques capillaires. À l’étude immunohistochimique les cellules fusiformes exprimaient la vimentine, les récepteurs aux oestrogènes dans 3 cas et le récepteur à la progestérone dans un cas. Elles exprimaient faiblement le CD34, le bcl-2, le CD99, l’EMA et le CD117. Il n’existait pas de récidive avec un suivi variant entre 12 et 21 mois. L’angiomyofi- broblastome du tractus génital masculin est une tumeur bénigne, souvent hormonodé- pendante, dont l’histogenèse reste débattue. Elle doit être distinguée de l’angiomyxome agressif et du myxofibrosarcome. Mots-clés : angiomyofibroblastome, tractus génital mas- culin, immunohistochimie. Introduction L’angiomyofibroblastome du tractus génital masculin, ou « tumeur d’allure angiomyofibroblastique du tractus génital masculin » pour Laskin et al. [1], est une tumeur rare, décrite chez l’homme dans des localisations ingui- nale, périnéale et scrotale [1-9]. Nous

Upload: henri

Post on 01-Jan-2017

219 views

Category:

Documents


4 download

TRANSCRIPT

Page 1: L’angiomyofibroblastome du tractus génital masculin

58 © M a s s o n , P a r i s , 2 0 0 5

A n n P a t h o l 2 0 0 5 ; 2 5 : 5 8 - 6 2

Cas anatomo-clinique

Accepté pour publication le 6 septembre 2004.

Tirés à part : D. Chatelain, voir adresse en début d’article.e-mail : [email protected]

L’angiomyofibroblastome du tractus génital masculin

Étude anatomo-clinique et immunohistochimique de trois cas

Denis Chatelain(1), Thierry Lazure(2), David Manaouil(3), Toufik Homsi(4), Roland Ganansia(5), Carole Cordonnier(1), Henri Sevestre(1)

(1) Service d’Anatomie Pathologique, CHU Amiens, Place Victor Pauchet, 80054 Amiens Cedex 01.(2) Service d’Anatomie Pathologique, CHU de Bicêtre, 78 rue du Général Leclerc, 94275 Le Kremlin-Bicêtre Cedex.(3) Service de Chirurgie Viscérale, CHU Amiens, Place Victor Pauchet, 80054 Amiens Cedex 01.(4) Service d’Anatomie Pathologique, Hôpital Saint Joseph, 185 rue Raymond Losserand, 75674 Paris Cedex 14.(5) Service de Colo-proctologie, Hôpital Léopold Bellan, 19-21 rue Vercingétorix, 75674 Paris Cedex 14.

Chatelain D, Lazure T, Manaouil D, Homsi T, Ganansia R, Cordonnier C et al. L’angiomyofibroblastomedu tractus génital masculin. Ann Pathol 2005; 25: 58-62.

SummaryAngiomyofibroblastoma of the male genital tract. Pathological and immunohistochemical study of three cases

Angiomyofibroblastoma of the male genital tract is a raretumor with only 20 cases reported in the literature todate. We report three cases in males aged from 23 to 44years. They presented with painless inguinal, scrotal andperineal masses, ranging from 3 to 8 cm in diameter. Onmicroscopic examination the tumors were composed ofsmall spindle cells without atypia in a fibrous and myxoidstroma. There were scattered mononuclear inflammatory

cells around capillaries. Immunohistochemical studiesshowed positive staining of the tumor cells for vimentin,and weak reactivity for CD34, bcl-2, CD99, EMA andCD117. Some tumor cells expressed estrogen receptors inall three cases, and progesterone receptors in only onecase. There was no recurrence with a follow-up rangingform 12 to 21 months. Angiomyofibroblastoma of themale genital tract is a benign often hormone-dependenttumor. Its histogenesis is still unclear. It has to be distin-guished from aggressive angiomyxoma and myxofibrosa-rcoma. ✦

Key words: angiomyofibroblastoma, male genital tract,immunohistochemistry.

Résumé

L’angiomyofibroblastome du tractus génitalmasculin est une tumeur rare, dont seule-ment 20 observations ont été décrites dans lalittérature. Nous en rapportons trois nou-veaux cas chez des hommes âgés de 23 à44 ans, consultant pour des masses inguinale,scrotale et périnéale. Les tumeurs mesuraientde 3 à 8 cm, étaient bien limitées et indolores.Elles étaient composées de cellules fusifor-mes de petite taille siégeant au sein d’unstroma fibreux, par place myxoïde. Il existaitdes infiltrats inflammatoires mononucléés enpériphérie de quelques capillaires. À l’étude

immunohistochimique les cellules fusiformesexprimaient la vimentine, les récepteurs auxoestrogènes dans 3 cas et le récepteur à laprogestérone dans un cas. Elles exprimaientfaiblement le CD34, le bcl-2, le CD99, l’EMA etle CD117. Il n’existait pas de récidive avec unsuivi variant entre 12 et 21 mois. L’angiomyofi-broblastome du tractus génital masculin estune tumeur bénigne, souvent hormonodé-pendante, dont l’histogenèse reste débattue.Elle doit être distinguée de l’angiomyxomeagressif et du myxofibrosarcome. ✦

Mots-clés : angiomyofibroblastome, tractus génital mas-culin, immunohistochimie.

Introduction

L’angiomyofibroblastome du tractusgénital masculin, ou « tumeur d’allure

angiomyofibroblastique du tractusgénital masculin » pour Laskin et al. [1],est une tumeur rare, décrite chezl’homme dans des localisations ingui-nale, périnéale et scrotale [1-9]. Nous

Page 2: L’angiomyofibroblastome du tractus génital masculin

Angiomyofibroblastome du tractus génital masculin

59

en rapportons trois nouvelles observationset décrivons leurs caractéristiques immuno-histochimiques.

Cas cliniques

Un homme de 23 ans, sans antécédent,consultait pour une masse inguinale gau-che, indolore, ayant progressivement aug-menté de volume en 3 mois. L’exérèsechirurgicale d’une tumeur nodulaire de3 cm, indépendante du cordon spermati-que, était réalisée.Un homme de 23 ans, sans antécédent,consultait pour une tuméfaction scrotaledroite, indolore, ayant progressivementaugmenté de volume durant 6 mois. Lors del’intervention chirurgicale, la tumeur mesu-rait 5 cm et était indépendante du testiculeet de l’épididyme.Un homme de 44 ans, sans antécédent,consultait pour une tumeur pelvienne,indolore, présente depuis plusieurs années.L’exérèse chirurgicale d’une tumeur para-anale de 8 cm, indépendante du sphincteranal était réalisée.Les malades se portent bien sans récidive12, 14 et 21 mois après l’exérèse chirurgi-cale.

Matériel et méthodes

Les pièces opératoires ont été fixées dans leformol à 4 %. Les tumeurs de 3 et 5 cm ontété incluses en totalité (8 et 12 prélèvementsréalisés) et 13 prélèvements ont été réali-sées sur la tumeur de 8 cm. Des coupes de3

µm ont été réalisées au microtome, colo-rées par l’hématoxyline-phloxine-safran etexaminées au microscope optique.Une étude immunohistochimique a été réa-lisée sur l’un des prélèvement tumoral, surcoupes déparaffinées, par une techniqued’immunoperoxydase indirecte avec l’auto-mate Ventana ES (Ventana, Illkirch, France),après démasquage antigénique par chauffageau bain-marie durant 40’ à 97

°C dans du tam-pon citrate à pH6, avec les anticorps : anti-vimentine (Immunotech, Marseille, France,1/250), anti-CD34 (Immunotech, prédilué),CD31 (Dako, Glostrup, Dannemark, 1/25),anti-bcl-2 (Dako, 1/40), CD99 (Dako, 1/200),anti-récepteurs aux oestrogènes (Novocas-tra, Newcastle, Angleterre, 1/20), anti-récep-teur à la progestérone (Dako, 1/50), anti-actine (Dako, 1/200), anti-desmine (Dako,

1/100), anti-protéine S100 (Biogenex, SanRamon, USA, 1/400), anti-EMA (Immunotech,1/100), anti-cytokératine (Immunotech, 1/50),CD117 (Dako, 1/50) et anti-Ki67 (Dako, 1/20).

Macroscopie

Les trois tumeurs, molles à la palpation,avaient une teinte beige-jaunâtre à la coupeet étaient bien limitées (figure 1).

Histologie

Les trois tumeurs étaient circonscrites parune capsule fibreuse. Elles étaient peu cel-lulaires, composées de cellules fusiformesde petite taille, au noyau ovalaire, régulier(figure 2). L’activité mitotique était compriseentre 0 et 1 mitose pour 10 champs au gros-

FIG. 1. — Tumeur nodulaire bien limitée, de teinte jaunâtre circonscrite par une capsule fibreuse.

FIG. 1. — Well-demarcated yellowish nodular tumor with a fibrous capsule.

FIG. 2. — Tumeur composée de cellules fusiformes de petite taille, sans atypie, siégeant sur un fond myxoïde, richement vascularisé par de nombreux capillaires à paroi épaisse (HPS × 10).

FIG. 2. — Tumor composed of small spindle cells without nuclear atypia. The stroma is myxoid and contains numerous capillaries with thick wall (HPS × 10).

Page 3: L’angiomyofibroblastome du tractus génital masculin

Denis Chatelain et al. A n n P a t h o l 2 0 0 5 ; 2 5 : 5 8 - 6 2

60

sissement 40. Il existait de rares cellulestumorales plurinucléées. Le stroma était lesiège d’une fibrose lâche, par place myxoïde(figure 2). Il renfermait de nombreux capil-laires parfois ramifiés (figure 2), certainsayant une paroi épaissie, fibreuse. L’inter-stitium comportait quelques foyers inflam-matoires, composé de lymphocytes, deplasmocytes et de mastocytes, souvent à dis-position péri-vasculaire. Il n’existait pas decontingent adipocytaire.

Immunohistochimie

Les cellules tumorales exprimaient la vimen-tine, faiblement le CD34, le bcl-2, le CD99,l’EMA et le CD117. Des cellules tumoralesexprimaient les récepteurs aux oestrogènesdans tous les cas (figure 3) et les récepteursà la progestérone dans un seul cas. Ellesn’exprimaient pas l’actine, la desmine, laprotéine S100, la cytokératine, le Ki-67 et leCD31.

Discussion

L’angiomyofibroblastome est une tumeurrare, décrite initialement au niveau de lavulve, par Fletcher et al. en 1992 [10]. La pre-mière observation d’angiomyofibroblastomedu tractus génital masculin a été publiée en1996 par Mai et al. sous le terme d’angio-myxolipome [2]. Vingt observations ont étérapportées dans la littérature chez des hom-mes âgés de 27 à 88 ans (moyenne 53 ans) [1-9]. Les malades consultent habituellementpour une masse, souvent indolore, ayantprogressivement augmenté de volumedurant plusieurs mois ou années (entre

2 mois et 10 ans) [1-9]. La tumeur est locali-sée à l’aine [1, 3, 6, 9], au scrotum [1, 3, 4, 8]ou plus rarement en regard du pelvis [7] oudu cordon spermatique [2, 5]. Elle mesure de2,5 cm à 14 cm de grand axe (moyenne 6 cm)et correspond à une lésion nodulaire, bienlimitée, souvent encapsulée, de teintebeige-jaunâtre, parfois myxoïde ou gélati-neuse [1-9]. L’aspect macroscopique est tou-tefois peu spécifique et fait souventenvisager un diagnostic de lipome.À l’examen histologique, la tumeur estrichement vascularisée, composée de capil-laires souvent ramifiés, à paroi parfoisfibreuse, siégeant au sein d’un tissu conjonc-tif fibreux et myxoïde [1-9]. Elle est compo-sée de cellules fusiformes sans atypies. Lacellularité est variable et l’activité mitotiqueest peu marquée (de 0 à 3 mitoses/50champs au grossissement 40) [1-9]. Il peutexister des cellules plurinucléées [1, 3, 4, 6]et des foyers lipomateux composés d’adipo-cytes matures [1, 2, 9]. Des amas de cellulesinflammatoires, composés de lymphocytes,de plasmocytes et de mastocytes, sont sou-vent présents dans l’interstitium et autourdes capillaires [1-5]. À l’étude immunohisto-chimique les cellules tumorales peuventexprimer focalement l’actine [1-4], la des-mine [1, 3, 4, 6], le CD34 [3, 6, 9], les récep-teurs des oestrogènes [3, 4, 9] ou de laprogestérone [4]. Dans notre série il existaitun faible marquage des cellules tumoralesavec les anticorps CD34, CD99, anti-bcl-2,anti-EMA et CD117. À l’étude ultrastructu-rale, les cellules fusiformes présentent dessignes de différentiation fibroblastique [5],des prolongements cytoplasmiques et unréticulum endoplasmique dilaté [2] et ren-ferment des microfilaments intra-cytoplas-miques [3].Les diagnostics différentiels à envisagersont : l’angiomyxome agressif, le myxofibro-sarcome, l’angiofibrome cellulaire, la tumeurfibreuse solitaire, le lipome à cellules fusi-formes et le liposarcome bien différenciésclérosant. L’angiomyxome agressif est unetumeur maligne habituellement pelvienneou périnéale, plus fréquemment diagnosti-quée chez la femme que chez l’homme ; elleest moins bien limitée, moins cellulaire etmoins vascularisée que l’angiomyofibro-blastome [1-9]. À l’étude immunohisto-chimique les cellules tumorales exprimentplus fréquemment l’actine, la desmine et lesrécepteurs aux oestrogènes.Le myxofibrosarcome est une tumeurmoins bien limitée que l’angiomyofibro-blastome, composée de cellules au noyauatypique, siégeant au sein d’un stromamyxoïde, vascularisé par des capillaires

FIG. 3. — Marquage nucléaire de certaines cellules tumorales par l’anticorps anti-récepteurs des oestrogènes (RO × 40).

FIG. 3. — Nuclear staining of some tumor cells by estrogen recep-tors antibody (ER × 40).

Page 4: L’angiomyofibroblastome du tractus génital masculin

Angiomyofibroblastome du tractus génital masculin

61

arciformes [1]. À l’étude immunohistochi-mique les cellules tumorales exprimentpour certaines l’actine.La tumeur fibreuse solitaire est une tumeurubiquitaire mais les observations de locali-sation périnéale et inguinale sont rares.Cette tumeur, de cellularité variable estrichement vascularisée par des capillairesramifiés, avec une architecture d’allurehémangiopéricytaire [1]. Les cellules tumo-rales expriment le CD34. L’angiofibromecellulaire est une tumeur du tractus génitalféminin, exceptionnelle chez l’homme,plus cellulaire que l’angiomyofibroblas-tome, richement vascularisée par de petitscapillaires et pouvant comporter des foyersd’involution adipeuse [7, 9]. À l’étude immu-nohistochimique, les cellules tumoralesn’expriment que la vimentine.Le lipome à cellules fusiformes est unetumeur initialement décrite au niveau cervi-cal, avec un contingent adipocytaire plusou moins abondant et un stroma myxoïde.La composante à cellules fusiformes CD34positive est peu dense, intriquée à des fibrescollagènes épaisses hyalinisées [1]. Le liposarcome bien différencié sclérosantest une tumeur maligne adipocytaire, disso-ciée par des travées fibreuses plus ou moinsépaisses, comportant quelques cellulesfusiformes au noyau hyperchromatique,atypique [12]. Le liposarcome à cellules fusi-formes a une composante à cellules fusi-formes plus dense mais moins atypique,organisées en faisceaux courts, storiformes[13]. À l’étude immunohistochimique, lescellules tumorales présentent un marquagenucléaire avec les anticorps anti-MDM2 etanti-CDK4 [13]. Dans ces deux types de lipo-sarcome, les lipoblastes sont souvent peunombreux. Il convient donc d’échantillon-ner correctement la tumeur et de multiplierles prélèvements afin d’éliminer ces dia-gnostics.L’angiomyofibroblastome du tractus génitalmasculin se distinguerait de l’angiomyofi-broblastome du tractus génital féminin parl’absence de cellules d’allure épithélioïde,un agencement cellulaire plus rarementtrabéculé et périvasculaire, et par une plusfaible expression immunohistochimiquedes récepteurs à la progestérone [1].L’histogenèse de l’angiomyofibroblastomedu tractus génital masculin reste débattue.Pour Laskin et al. cette tumeur dériveraitd’une cellule souche totipotente péri-vasculaire pouvant avoir une différencia-tion myofibroblastique ou adipeuse et cettetumeur pourrait avoir un certain degré deparenté avec le lipome à cellules fusiformes[1]. L’angiomyofibroblastome présentant

des caractéristiques histologiques commu-nes avec l’angiofibrome et l’angiomyxomeagressif, Dufau et al. ont récemment pro-posé de regrouper ces tumeurs sous leterme de tumeurs « stromales » du tractusgénital [11]. L’angiomyofibroblastome du tractus géni-tal masculin est une tumeur bénigne, sou-vent hormonodépendante. Une seuleobservation de récidive tumorale, 13 ansaprès l’exérèse de la tumeur initiale, a étérapportée [1], et aucun cas de transforma-tion sarcomateuse ou d’évolution péjora-tive n’a pour le moment été décrit chezl’homme. ■

Références

[1] Laskin WB, Fetsch JF, Mostofi FK. Angiomyofibro-blastoma-like tumor of the male genital tract. Analysisof 11 cases with comparison to female angiomyofibro-blastoma and spindle cell lipoma. Am J Surg Pathol1998 ; 22 : 6-16.

[2] Mai KT, Yazdi HM, Collins JP. Vascular myxoli-poma (« angiomyxolipoma ») of the spermatic cord.Am J Surg Pathol 1996 ; 20 : 1145-8.

[3] Ockner DM, Sayadi H, Swanson PE, Ritter JH,Wick MR. Genital angiomyofibroblastoma. Compari-son with aggressive angiomyxoma and other myxoidneoplasms of skin and soft tissue. Am J Clin Pathol1997 ; 107 : 36-44.

[4] Silverman JS, Albukerk J, Tamsen A. Comparison ofangiomyofibroblastoma and aggressive angiomyxomain both sexes: four cases composed of bimodal CD34and factor XIIIa positive dendritic cell subsets. PatholRes Pract 1997 ; 193 : 673-82.

[5] Siddiqui MT, Kovarik P, Chefjec G. Angiomyofibro-blastoma of the spermatic cord. Br J Urol 1997 ; 79 :475-6.

[6] Ito M, Yamaoka H, Sano K, Hotchi M. Angiomyofi-broblastoma of the male inguinal region Arch PatholLab Med 2000 ; 124 : 1679-81.

[7] Hlaing T, Tse G. Angiomyofibroblastoma of the maleperineum. An unusual location for a rare lesion. Int JSurg Pathol 2000 ; 8 : 79-82.

[8] Garcia Mediero JM, Alonso Dorrego JM, NunezMora C, Martinez-Pineiro Lorenzo L, TejerinaGonzalez E, Nistal M, de la Pena Barthel J. Angio-miofibroblastoma invasivo scrotal. Primer caso des-crito. Arch Esp Urol 2000 ; 53 : 827-9.

[9] Shintaku M, Naitou M, Nakashima Y. Angiomyofi-broblastoma-like tumour (lipomatous variant) of theinguinal region of a male patient. Pathol Int 2002 ; 52 :619-22.

[10] Fletcher CDM, Tsang WYW, Fisher C, Lee KC,Chan JKC. Angiomyofibroblastoma of the vulva.

Page 5: L’angiomyofibroblastome du tractus génital masculin

Denis Chatelain et al. A n n P a t h o l 2 0 0 5 ; 2 5 : 5 8 - 6 2

62

A benign neoplasm distinct from aggressive angio-myxoma. Am J Surg Pathol 1992 ; 16 : 373-82.

[11] Dufau JP, Soulard R, Gros P. Angiofibrome cellulaire,angiomyofibroblastome et angiomyxome agressif :variantes d’une même tumeur stromale de la sphèregénitale ? Ann Pathol 2002 ; 22 : 241-3.

[12] Weiss SW, Golblum JR. Enzinger and Weiss’s SoftTissue Tumors. 4th ed. Mosby ed., St Louis, 2001,649-654.

[13] Genevay M, Coindre JM, Guillou L. Entités récentesen pathologie tumorale des tissus mous. Ann Pathol2003 ; 23 : 135-48.