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Inspecteur de l’Action Sanitaire et
Sociale
Promotion : 2008 - 2010
Date du Jury : mars 2010
« L’amélioration des systèmes
d’information dans le champ de la
cohésion sociale : les besoins et les
apports en faveur d’une observation
sociale intégrée pour l’insertion
sociale au niveau régional »
Julien KOUNOWSKI
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
R e m e r c i e m e n t s
Je tiens à remercier tout particulièrement mon maître de stage Véronique Buyens-
Dagmey, IPAS à la DRASS Nord-Pas de Calais qui m’a fait confiance en m’associant à
cette réflexion et à ce travail sur les Systèmes d’Information dans le social et qui a su
m’orienter dans ce mémoire ainsi que tous ceux qui m’ont professionnellement
accompagné durant mon travail tel que François Menier, IASS DRASS NPDC, Youssef
Atsaid, contractuel DRASS NPDC, Dominique Pastoukof, contrôleur de gestion de la
DRASS Nord-Pas de calais.
Je remercie aussi tous les membres du Groupe de Travail sur les Indicateurs de
Pertinence dont la collaboration commune a ouvert de nouvelles perspectives pour la
région NPDC tel qu’Oriane Jumeaux, IASS DDASS du Nord, Aviva Max, IASS DDASS du
Pas de Calais, Audrey Serveau, IASS DDASS du Nord. Il me faut en faire de même dans
le cadre de la mise en place d’OSIRIS et de l’application nationale 115 pour Carole
Lardoux, FNARS, Ingrid Fourny, CRESGE et Loïc Aubree, CRESGE.
Un grand merci aussi aux personnes de très grande qualité qui m’ont accueilli à la
Commission européenne dans le cadre de mon stage international qui fut aussi très
bénéfique pour enrichir la problématique de mon mémoire. Je salue ainsi Isabelle
Engster-Maquet, Policy Analyst Development of social indicators CE, Ralf Jacob, Head of
Unit E1 CE, et Michèle Calandrino, Policy Analyst CE (responsable du projet
MPHASIS)…
Enfin, merci encore à tous ceux que j’ai pu rencontrer dans le cadre de mon mémoire et à
toutes les personnes qui actuellement travaillent durement sur la réflexion et la mise en
œuvre des systèmes d’information dans le champ de la cohésion sociale et à toutes les
administrations, à tous les opérateurs sociaux, à tous ceux qui oeuvrent avec cœur,
conviction et acharnement dans la lutte contre l’exclusion.
Je tiens donc ici à redire la grande chance et la force des missions que permettent les
métiers exercés par le corps des Inspecteurs de l’Action Sanitaire et Sociale.
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
S o m m a i r e
Introduction ...............................................................................................................1
1 Diagnostic d’un existant complexe : la gestion et le pilotage du BOP 177 dans le Nord - Pas de Calais et la nécessité d’une observation régionale moderne...............................................................................................................7
1.1 Le BOP 177 : actions en faveur des personnes en difficulté sociale et majoritairement pour l’hébergement social ...................................................... 7
1.1.1 Présentation du programme 177 « Prévention de l’exclusion et insertion des
personnes vulnérables » : un BOP au cœur des politiques de cohésion sociale
de l’Etat.................................................................................................................. 7 1.1.2 Des actions centrales pour la lutte contre l’exclusion et en faveur des
personnes vulnérables : une gestion déconcentrée .............................................. 9 1.2 Des difficultés de gestion du BOP 177 rencontrées au niveau régional ...... 11
1.2.1 Des pratiques du dispositif AHI clairement différentes entre le Nord et le Pas
de Calais : le problème du langage commun ...................................................... 11 1.2.2 La situation délicate de la DRASS dans le cadre du dialogue de gestion et de
la répartition des crédits aux directions départementales.................................... 17 A) Au niveau national un dialogue de gestion difficile dans un contexte de baisse
de crédits et d’un besoin d’objectivation .................................................................18 B) Au niveau régional : deux départements très concurrents qui exigent une forte
objectivation des choix régionaux pour trouver un consensus ...............................20
2 Des contextes européens et nationaux propices à la création et la mise en œuvre d’un système d’information régional de l’observation sociale dans le Nord-Pas de Calais : la démarche « OSIRIS » ...................................23
2.1 Un cadre favorable et dynamique pour la mise en place de système d’information pour la cohésion sociale ........................................................... 23
2.1.1 La Commission européenne et la question du « sans-abrisme » : une volonté
de SI dans le social et de statistiques pour Eurostat ........................................... 23 A) Un cadre européen volontaire pour la mise en place de SI pour lutter contre le
sans-abrisme ..........................................................................................................23 B) Les résultats et les recommandations du programme MPHASIS : un fort
besoin en France de vrais SI ..................................................................................25
2.1.2 La prise de conscience nationale et locale d’une nécessité de SI dans la lutte
contre le « sans-abrisme »...................................................................................28 A) Un contexte politique favorable : vers une politique publique intégrée de lutte
contre l’exclusion liée au logement......................................................................... 28 B) L’existant et ses limites en matière de système d’information en France...... 30
2.2 « OSIRIS » SI de l’observation social du NPDC : un outil construit sur le besoin, l’interopérabilité et le consensus des acteurs du référentiel AHI ....32
2.2.1 OSIRIS : présentation générale, objectifs et fonctionnalités ................................32 A) Définition, philosophie et principe du SI......................................................... 32 B) Historique et financement .............................................................................. 34 C) Les apports de l’intégration dans la veille sociale : la démarche OSIRIS...... 35 D) Les informations recueillies et traitées par OSIRIS ....................................... 37 E) Technique et sécurisation.............................................................................. 38
2.2.2 Les difficultés rencontrées : premiers enseignements et préconisations .............39
3 Recommandations pour le traitement de l’information d’un SI régional de cohésion sociale et pour ses développements futurs : indicateurs de réalité de terrain, participation étendue des acteurs de la cohésion sociale au SI ..................................................................................................... 43
3.1 Traiter les données produites d’un SI d’observation : premières pistes et réflexions pour trouver une solution à la répartition des crédits du BOP 177........................................................................................................................44
3.1.1 L’utilisation existante en France d’indicateurs au niveau national et local pour
le pilotage et la gestion du BOP 177....................................................................45 3.1.2 Premiers résultats du GTIP ..................................................................................47 3.2 Recommandations pour le devenir et le développement des SI et des
indicateurs de cohésion sociale .......................................................................49
3.2.1 Comment mieux intégrer les réalités sociales dans les indicateurs sociaux de
pertinence : possibilité et limite technique avec OSIRIS ......................................49 A) Réaliser un triptyque pondéré d’indicateurs « bilan ; flux/activités ; données
prospectives » pour répartir les crédits du BOP 177 .............................................. 49 B) OSIRIS : aller jusqu’à une « PMSIsation » ou en faire une ingénierie sociale
différente ?.............................................................................................................. 52 3.2.2 Faire de l’échelon régional un niveau clef d’observation et de l’analyse des
politiques de cohésion sociale..............................................................................53 A) Préconisations pour surmonter les difficultés à venir et pour des
développements futurs ........................................................................................... 53
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
B) Préconisations pour une gouvernance et une organisation régionale étendue
d’un système d’information de cohésion sociale.....................................................57
Conclusion...............................................................................................................65
Sources et bibliographie.........................................................................................67
Liste des annexes ......................................................................................................I
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
L i s t e d e s s i g l e s u t i l i s é s
AHI : Accueil Hébergement Insertion
APL : Allocation Personnalisé de Logement
ARS : Agence Régionale de Santé
ASI : Appui Social Individualisé
BOP 177 : Budget Opérationnel de Programme prévention de l’exclusion et insertion des
personnes vulnérables
BOP : Budget Opérationnel de Programme
CAF : Caisse d’Allocation Familiale
CCAS : Centre Communal d’Action Social
CDPM : Conception Développement Publication et Multimédia (entreprise)
CE : Commission Européenne
CHRS : Centre d'hébergement et de réinsertion sociale
CHU : Centre d’hébergement d’urgence
CIAS : Centre Intercommunal d’Action Social
CILE : Comité Interministériel de Lutte contre l’Exclusion
CNIL : Commission Nationale Informatique et Liberté
CNLE Conseil National des politiques de Lutte contre la pauvreté et l’Exclusion sociale
COPIL : Comité de Pilotage
CPOM : Contrat pluriannuel d’Objectifs et de Moyens
CTRI : Comité Technique Régional et Interdépartemental
DAHO : droit à l’hébergement opposable
DALO : Droit Au Logement Opposable
DDASS : Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales
DDCS : Direction Départementale de Cohésion Sociale
DG EMPL : Direction Générale Emploi, Affaires sociales et égalité des chances
DGAS : Direction Générale de l’Action Sociale
DMS : Durée Moyenne de Séjour
DRASS : Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales
DRJSCS : Direction Régionale Jeunesse et Sport et Cohésion Sociale
EHESP : Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique
ESMS : Etablissements Sociaux et Médico-sociaux
FEANTSA : Fédération Européenne des Associations Nationales travaillant avec les
Sans-Abris
FINESS : Fichier National des Etablissements Sanitaires et Sociaux
FNARS : Fédération Nationale des associations d'Accueil et de Réinsertion Sociale
GHM : Groupe Homogène de Malades
GHS : Groupe Homogène de séjours
HU : Hébergement d’Urgence
IASS : Inspecteur de l’Action Sanitaire et Sociale
IGAS : Inspection Générale des Affaires Sociales
ISG: Indicators Subgroup
LFI : Loi de Finance Initiale
MIPES : Mission d’Information sur la pauvreté et l’exclusion sociale en Ile de France
MPHASIS: Mutual Progress on Homelessness through Advancing and Strengthening
Information Systems
MRIE : Mission Régionale d’Information contre l’Exclusion
MRIICE : Mission Régionale et Interdépartementale d’Inspection de Contrôle et
d’Evaluation
NPDC: Nord-Pas de Calais (région)
OSIRIS : Observation Sociale Intégrée Régionale pour l’Insertion Sociale
PAEJ : Point Accueil Ecoute Jeunes
PARSA : Plan d’action renforcé en faveur des sans abri
PDALPD : Plan Départemental d’Action pour le Logement des Personnes Défavorisées
PDC : Pas de Calais (département)
PMSI : Programme Médicalisé des Systèmes d’Information
RBOP : Responsable Budget Opérationnel de Programme
RGPP : Révision Générale des Politiques Publiques
RSA : Résume de Sortie Anonyme
RSA : Revenu de Solidarité Active
RSS : Résumé de Sortie Standardisé
SDAHI : Schéma Départemental de l’Accueil, l’Hébergement et l’Insertion
SDF : Sans Domicile Fixe
SI : Système d’Information
SIO : Service Intégré de l’accueil et de l’Orientation
SPIP : Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation
UO : Unité Opérationnelle
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 1 -
Introduction
Les nombreuses définitions du terme d’exclusion ont en commun de considérer
l’exclusion comme un processus aux dimensions multiples. Selon celle retenue par la
Cour des comptes dans son rapport sur la grande exclusion (2007) :
« L’exclusion est un processus de marginalisation, plus qu’une réalité figée, par lequel un
individu, ou un groupe, est rejeté hors d’un ensemble social donné, et ne peut plus
participer à son fonctionnement collectif. Les origines de l’exclusion sont diverses et
peuvent se cumuler. Le facteur d’exclusion réside souvent dans la perte d’un emploi ou
de protection sociale, à une situation de grande pauvreté, mais ce processus résulte aussi
parfois d’un isolement dû à une fragilisation ou d’une absence de liens familiaux (ex :
divorce, perte d’un être cher) et d’échanges sociaux ».
Un comptage effectué une nuit de janvier 2004 par l'Insee a dénombré 86 000 SDF en
France, soit 0,13% de la population. Selon l'ethnologue-psychanalyste Patrick Declerck
(2002), au-delà de cette population stable, on trouve aussi un groupe plus instable1 ou
moins durable d’au moins 100 000 personnes qui vivraient ainsi en France. Il est donc
difficile de les recenser et de les comprendre si l’on utilise uniquement des enquêtes
ponctuelles/ flash2.
La vie des personnes défavorisées témoigne ainsi de cheminements marqués par des
interactions entre des conditions de vie défavorables et des événements qui se succèdent
tout au long de la vie. Aucun facteur n'explique simplement à lui seul la situation de
pauvreté dans laquelle vivent ces personnes ; il ne suffit pas non plus de faire l’addition
des difficultés pour caractériser la précarité ou la pauvreté.
Depuis une dizaine d’années, le traitement des phénomènes durables de pauvreté et
d’exclusion sociale touchant de larges franges de la population3 a connu de profondes
évolutions qui se sont traduites par l’adoption de lois d’orientation ou de programmation
comme celle du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre l’exclusion ou du 18 janvier 2005
relative à la cohésion sociale. Toutes visent à développer une approche stratégique
générale, avec trois objectifs majeurs :
- poursuivre et développer des réponses globales pour agir simultanément sur tous les
éléments qui favorisent l’inclusion sociale en prenant en compte l’ensemble des droits
fondamentaux que sont l’accès au droit et à la justice, l’éducation, l’emploi, le logement, la
1 Passage unique dans les dispositifs ou aller retour régulier sur des périodicités plus ou moins longues. 2 A l’exemple des enquêtes SOLEN et autres requêtes spontanées de la DGAS. 3 Sans compter l’impact actuel de la dimension sociale de la crise économique…
santé, la lutte contre les discriminations, l’intégration des personnes immigrées, la culture
et les loisirs ;
- rompre autant que possible avec les logiques d’assistance et développer le capital
humain en promouvant le retour à l’emploi, le développement de l’autonomie, notamment
financière, ainsi que l’exercice de l’ensemble des droits et devoirs des citoyens ;
- favoriser la mobilisation de tous les acteurs et l’évaluation par les personnes en
situation de pauvreté (Loi 2002-2).
De même, en 2007, l’instauration d’un droit au logement opposable par la loi du 5 mars
2007, le développement d’un mode plus pérenne d‘hébergement - l’hébergement de
stabilisation - et le renforcement du dispositif de logement adapté - les maisons relais-
sont venus compléter ces dispositions générales afin d’apporter des réponses à une crise
du logement qui se traduit par l’impossibilité pour des couches de plus en plus
importantes de la population d’accéder à un logement autonome4, particulièrement dans
les grandes agglomérations à loyers élevés.
Face à des facteurs explicatifs souvent multiples et à des mécanismes d'interactions
complexes, l’État a un rôle essentiel à mener d’observation et d’analyse des phénomènes de précarité et de pauvreté et d’animation et de pilotage des politiques publiques. Dans cette perspective, il s’agit non seulement de prévenir la
pauvreté et l’exclusion, de créer les conditions favorables à une sortie de l’assistance, et
de répondre à l’urgence, mais également de soutenir la professionnalisation des
intervenants, notamment du secteur social, de renforcer le partenariat avec les acteurs
chargés de l’aide directe auprès des personnes, et de moderniser les systèmes de connaissance sur ces problématiques.
Depuis 2004, le référentiel Accueil, Hébergement, Insertion (AHI), recense la grande
variété et décrit l’organisation des dispositifs de l’Etat pour la cohésion sociale. Pour
l’essentiel de ces dispositifs, les DDASS sont en charge des fonctions de contrôle et de
tarification et doivent normalement via des rapports d’activités annuels des
établissements d’accueil avoir des données qualitatives sur les flux et les prestations de
prise en charge. Les DRASS, en amont, doivent s’employer à agréger ces données pour
produire des indicateurs propices à évaluer les politiques publiques locales mises en
œuvre.
Malheureusement, le nombre de sans-abri, les conditions du « sans-abrisme » et la
qualité et l’efficacité des solutions proposées en France restent toujours difficiles à
- 2 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
évaluer, à comprendre… L’enjeu de la meilleure connaissance de ces publics est donc
central.
Ce problème a d’ailleurs pris une incidence européenne et concerne autant la France que
les autres Etats membres de l’Union Européenne des 27. A cet effet, depuis 20075, l’UE
via les services de la Commission européenne a affirmé qu’une stratégie de lutte contre le
sans-abrisme doit aussi intégrer « une stratégie de « monitoring » commune d’information
pour assurer le suivi du sans-abrisme » et mieux le comprendre. Elle a ainsi appelé ses
services (DG EMPL, Eurostat) à collecter des données agrégées à l’échelon des Etats-
membres (EM). Ces derniers sont ainsi fortement encouragés à développer des systèmes
de collecte et de traitement de données à différents échelons territoriaux.
Aussi, depuis ces dernières années, de nombreuses expérimentations locales en France
(dans le cadre, par exemple, de « l’ingénierie » sociale du BOP 177) et européennes ont
tenté de faire avancer cette problématique en développant de nouvelles solutions
« d’information ». Pour autant, un récent rapport européen6 évaluant les politiques de
connaissance statistiques du « sans-abrisme » a constaté qu’« actuellement peu de
territoires en France sont à ce jour concrètement capables de connaître dans le détail les
publics qui composent le « sans-abrisme », les flux, et tous les éléments de politiques mis
en œuvre ». Il concluait donc sur la nécessité de moderniser profondément les outils de
lutte contre le « sans-abrisme » et donc de développer des systèmes d’information
cohérents, partageant un même « langage » sur les territoires des Etats-membres et
entre les EM !
Parent pauvre des SI en comparaison du sanitaire et son PMSI, la cohésion sociale se
voit ainsi pousser avec rapidité dans l’ère du management de la connaissance via des
systèmes d’information automatisés rendant la collecte et le traitement de données
pertinentes. Cette avancée s’inscrit aussi maintenant dans un contexte de réforme
importante pour des administrations déconcentrées. Ces « nouveaux SI du social »
doivent dès lors être pensés comme les outils centraux de diagnostiques et de pilotages
des futures directions de cohésion sociale.
4 Qui relève du « sans-abrisme » selon la définition européenne (grille ETHOS, annexe 3). 5 Rapport Edgar et al, 2007. 6 Du projet MPHASIS qui se sera détaillé dans la 2ème partie de ce mémoire.
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 3 -
Pour le Nord-Pas de Calais (NPDC), ce besoin de SI s’est développé dans un contexte
plus large et centré sur le bon fonctionnement des relations entre DRASS – DDASS et
des opérateurs sociaux.
Localement, des relations complexes entre les acteurs ont fait émerger un fort besoin
d’outils spécifiques d’objectivation décisionnelle, tout particulièrement lors de la
préparation et à la suite du dialogue de gestion sur le Budget Opérationnel de Programme
(BOP) 177 « Prévention de l’exclusion et insertion des personnes vulnérables ».
Mais les indicateurs sociaux actuellement utilisés dans les administrations dans le NPDC
sont essentiellement de nature quantitative ou statistique et révèlent peu les réalités
locales des dispositifs AHI et leurs besoins. C’est la raison pour laquelle le pilotage local
des actions du BOP 177 dans le NPDC a manifesté un besoin urgent de produire des
données aux définitions communes et de les traiter de manière pertinente.
La Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales (DRASS) du Nord-Pas de
Calais a ainsi décidé dès le début 2008 de se lancer dans cette stratégie de l’information
en créant sous le pilotage de son pôle social une observation sociale et a mis en place
des outils intégrés au sein d’un « système d’information » (SI). Ce dernier a été baptisé
OSIRIS (Observation Sociale Intégrée Régionale d’Insertion Sociale).
La question principale qui se pose est donc de savoir pourquoi la région Nord-Pas de
Calais - qui ne compte que deux départements - a-t-elle un besoin si important de
posséder un système d’information régionale intégré pour son dispositif de lutte contre le
sans-abrisme ?
Les réponses à plusieurs questions secondaires pourraient permettre d’apporter
l’éclairage attendu. Elles constitueront les principaux axes de ce mémoire professionnel :
- Pourquoi le BOP 177 a-t-il dans le contexte particulier de la région NPDC rendu
incontournable la mise en place d’un système d’information régionale intégré ?
- Pourquoi ce besoin est-il aussi impulsé par le niveau national et européen sur la
problématique de l’inclusion sociale ?
- Enfin, quels pourraient être les apports d’un tel SI en matière de réflexion et de
création d’indicateurs pour la répartition départementale du BOP 177 et quelles
recommandations dans l’organisation de ce SI pourraient être faites pour un
meilleur pilotage du dispositif AHI, voir de lutte contre l’exclusion ?
- 4 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
Pour mener à bien la recherche des informations et donc des éléments de réponse à ce
mémoire, j’ai choisi, en terme de méthodologie, d’exploiter au maximum les périodes de
stages et les opportunités présentes à l’EHESP pour effectuer mon travail.
Du fait de mon application dans le projet OSIRIS à la DRASS NPDC, j’ai donc eu une
démarche participative et « proactive » qui a consisté à travailler directement sur la mise
en place de ce SI régional mais aussi à participer à de nombreux groupes de travail au
niveau local et national. Je n’ai donc pas recherché à faire des entretiens formatés par un
questionnaire pré-établi. Toutes les personnes rencontrées7 pour la réalisation de ce
mémoire professionnel l’ont été dans le cadre d’une dynamique de travail, d’une
collaboration sur des thématiques précises. Ainsi, j’ai participé à de nombreuses réunions
de travail pour OSIRIS8 qui m’ont permis de directement interroger les acteurs de cette
mise en œuvre, de même qu’aux réunions pour le dialogue de gestion et la répartition des
crédits au niveau départemental pour 20099. J’ai aussi participé à l’animation du Groupe
de Travail sur les Indicateurs de Pertinence10, ce qui m’a permis avec les équipes de la
DDASS et de la DRASS de faire un point précis sur l’existant et ses problématiques,
d’analyser l’utilisation d’indicateurs pour la répartition du BOP 177 dans deux autres
régions et donc de réfléchir aux indicateurs à développer dans la région. J’ai aussi été
missionné par la DRASS pour la représenter au niveau national dans des groupes de
travail liés au projet de SI national piloté par la DGAS11 mais aussi dans le cadre du projet
MPHASIS12 qui m’a permis d’étendre mes recherches au niveau européen. J’ai d’ailleurs
pu les développer par la suite durant ma période de stage international effectuée à la
Commission Européenne. A cette occasion j’ai pu aussi m’intéresser aux indicateurs
sociaux européens en collaborant avec l’unité E1 « Analyse sociale et démographique »
et en m’intéressant aux travaux de l’unité E2 « Inclusion Sociale » de la DG EMPL. Enfin,
j’ai bénéficié de la session inter-écoles de l’EHESP animée par le docteur Philippon sur
les systèmes d’information pour enrichir ma comparaison avec les SI de la cohésion
sociale et ceux qui existent dans les domaines sanitaires et le médico-sociaux.
Aussi, ce mémoire professionnel cherche à démontrer la nécessité pour nos
administrations déconcentrées de mettre en œuvre dans le domaine social des systèmes
d’information répondant à la fois aux besoins des opérateurs sociaux et aux exigences de
7 Voir annexe 1 « personnes rencontrées ». 8 Réunions avec les opérateurs sociaux (veille sociale, équipes mobiles : 8 réunions), réunions COPIL DDASS-DRASS-CRESGE (Gouvernance du SI et mise en place du rapport unique d’activité des structures : 5 réunions). 9 Quatre réunions. 10 Quatre réunions. 11 Deux réunions. 12 http://www.trp.dundee.ac.uk/research/mphasis/papers/MinutesFrance21112008.pdf
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 5 -
pilotage et de meilleure connaissance des publics concernés, par nos administrations
déconcentrées, tant au niveau départemental que régional. Un SI d’observation sociale
reste de ce point de vue la meilleure solution afin de concevoir et de produire des
indicateurs sociaux qualitatifs sur la question de la précarité, de l’insertion sociale, de
l’hébergement et du logement social.
La forte impulsion suscitée par l’UE dans ce domaine, illustre l’importance de cette
démarche et « oblige » aujourd’hui le domaine de la cohésion sociale à s’engager dans la
construction de ce type de système de collecte et de traitement de l’information. Aussi
comme le Nord-Pas de Calais de sa propre initiative s’est lancé dès 2008 dans une telle
entreprise, ce mémoire en se basant principalement sur cette démarche, à laquelle j’ai pu
activement participer, exposera le processus et les résultats qui ont conduit, de par le
diagnostique d’une gestion conflictuelle des crédits du BOP 177 et de l’obligation de
remonter des données fiables de suivi et d’évaluation au niveau national (1) à construire
progressivement, au vu du contexte national et européen favorable, avec les acteurs du
référentiel AHI un système d’information partagé OSIRIS (2) et de réfléchir, au vu des
réalisations actuelles, à l’utilisation des données produites via la création d’indicateurs
pour objectiver la gestion du BOP 177 et aux solutions pérennes à préconiser pour un
développement et une réussite in extenso d’un SI régional propice à réaliser et à
dynamiser le pilotage du dispositif AHI, voir plus (3).
- 6 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
1 Diagnostic d’un existant complexe : la gestion et le pilotage du BOP 177 dans le Nord - Pas de Calais et la nécessité d’une observation régionale moderne
Les besoins d’une observation sociale moderne dans le Nord-Pas de Calais, sont nés des
difficultés récurrentes subies lors de la gestion du BOP 177 par la DRASS. En effet, ce
BOP est le cœur du financement des actions de cohésions sociales par les services
déconcentrés de l’Etats (1.1) mais cela n’a pas empêché les deux départements du
NPDC à construire leur politique en la matière via des dispositifs et pratiques très
différents et qui empêchent l’objectivation au niveau régional de la répartition
départementale du BOP 177 (1.2).
1.1 Le BOP 177 : actions en faveur des personnes en difficulté sociale et majoritairement pour l’hébergement social
1.1.1 Présentation du programme 177 « Prévention de l’exclusion et insertion des personnes vulnérables » : un BOP au cœur des politiques de cohésion sociale de l’Etat
Le BOP 177 est le BOP le plus important en volume financier en matière de politique
publique de l’Etat dans sa lutte contre l’exclusion.
Le pilotage du programme ainsi que l’animation interministérielle et interpartenariale des
politiques de lutte contre l’exclusion sont confiés à la Direction Générale de l’Action
Sociale (DGAS). Elle les exerce, notamment, à travers le secrétariat du Comité
Interministériel de Lutte contre l’Exclusion (CILE) et du Conseil National des politiques de
Lutte contre la pauvreté et l’Exclusion sociale (CNLE). La Mission interministérielle aux
rapatriés participe également au pilotage du programme.
Le BOP 177 se compose de quatre actions13 :
Numéro et intitulé de l’action Autorisations d’engagement Crédits de paiement
01 Prévention de l’exclusion 64 874 970 64 874 970
13 Données « PLF 2009 - extrait du bleu budgétaire de la mission : Ville et logement ».
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 7 -
Répartition par action des autorisations d'engagement demandées pour 2009
Action n°01 (5,81%)Action n°02 (88,45%)
Action n°03 (2,34%)Action n°04 (3,40%)
Numéro et intitulé de l’action Autorisations d’engagement Crédits de paiement
02 Actions en faveur des plus vulnérables 988 306 380 988 306 380
03 Conduite et animation de la politique de lutte contre l’exclusion 26 200 428 26 200 428
04 Rapatriés 38 000 000 38 000 000
Totaux 1 117 381 778 1 117 381 778
Pour les trois
premières actions14, le
programme se décline
en un budget
opérationnel de
programme (BOP)
central et un BOP par
région (DRASS).
Le Programme « Prévention de l’exclusion et insertion des personnes vulnérables »
s’inscrit dans la perspective de cette stratégie d’ensemble en mettant l’accent sur :
- la prévention de l’exclusion,
- l’action en faveur des plus vulnérables,
- la conduite et l’animation de la politique de lutte contre l’exclusion,
- les actions visant à résoudre les difficultés subsistant pour un certain nombre de
rapatriés,
- l’achèvement de l’effort de solidarité nationale envers les rapatriés.
L’année 2009 est marquée par la poursuite du renforcement des dispositifs
d’hébergement et de logement adapté suite au vote, le 5 mars 2007, de la loi instituant le
droit au logement opposable (DALO) qui est complétée par des dispositions du projet de
loi de mobilisation pour le logement, par la généralisation du Revenu de Solidarité Active
(RSA), et par la poursuite de la mise en place du Plan d’action renforcé en faveur des
sans abri (PARSA) et des mesures décidées en février 2008 suite à la mission confiée à
Monsieur Etienne Pinte, député.
14 Pour l’action n°4, le programme se décline en un budget opérationnel de programme (BOP) central et en une unité opérationnelle (UO) par département (préfecture).
- 8 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
Il faut donc bien noter que c’est bien le niveau régional, la DRASS, qui pour les trois
premières actions va être en charge de gérer et répartir, au regard de son enveloppe
régionale, les financements au niveau départemental.
Ce processus date de la mise en place de la LOLF en 2001 et génère de nombreuses
conséquences qui peuvent créer une certaine tension entre l’échelon régional et
départemental. En effet, du moins jusqu’aux dernières réformes issues de la Révision
Générale des Politiques Publiques (RGPP), le préfet de région n’avait pas autorité sur le
préfet de département. Aussi, la DRASS se retrouvait dans une position ambiguë où tout
en étant responsable de BOP, elle ne pouvait pas pour autant décider arbitrairement, pour
ne pas dire unilatéralement, des dotations départementales. C’est ainsi par l’instance du
CTRI que les DDASS et la DRASS décidaient de cette répartition. La chose n’étant pas
simple, des comités de BOP ont été institués. Un consensus devait être alors trouvé
chaque année. L’enjeu est bien là double car il fallait préparer la demande de crédits à
faire remonter à la DGAS et créer « l’acceptation » au niveau départemental des crédits
délégués. Dans le Nord-Pas de Calais, avec deux grands départements aux pratiques
très diverses, la non objectivation des besoins ne pouvait donc conduire qu’à une logique
de confrontation frontale entre deux acteurs départementaux et une DRASS en position
d’arbitre mais sans en avoir la légitimité institutionnelle…
1.1.2 Des actions centrales pour la lutte contre l’exclusion et en faveur des personnes vulnérables : une gestion déconcentrée
Les objectifs retenus du BOP 177 proposent des perspectives, en termes d’accès au droit
commun et d’offre de services adaptés, aux deux étapes prioritaires d’intervention des
politiques publiques - la prévention (action n° 1) et le traitement (action n° 2) - et prennent
en compte la nécessité de mobiliser les nombreux acteurs institutionnels et associatifs
concernés afin de créer une synergie propre à assurer la cohérence et la continuité des
actions (action n° 3).
En 200615 a été réalisé une étude de l’utilisation au niveau régional dans le NPDC du
BOP 177. La synthèse des résultats sur l’utilisation des fonds se synthétise ainsi :
Le programme d’actions «Inclusion sociale» comprend trois sous-actions dont la plus
importante, en faveur des plus vulnérables, représente 96% du total du programme. Ces
actions vont de la veille sociale et de l’hébergement d’urgence jusqu’à l’insertion et
l’accompagnement social en passant par l’aide alimentaire ou encore les résidences
sociales.
15 Note Annah Zaquin 2006.
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 9 -
Cependant, au sein du programme, la participation au développement des centres
d’hébergement et de réadaptation sociale (CHRS) constitue la principale action avec un
montant de dépenses de plus de 34,6 millions d’euros en 2006 soit 63% du montant
réservé à l’inclusion sociale. Ces structures, au nombre de 65, peuvent accueillir un peu
plus de 2 400 personnes. Vient ensuite l’hébergement d’urgence qui représente un
montant de 11,5 millions d’euros (20%de l’inclusion sociale). Il consiste en une fourniture
de vêtements et d’hébergement pour une ou plusieurs nuits aux demandeurs.
La sous-action «prévention de l’exclusion» consiste en des allocations et aides sociales,
des points d’accueil-écoute jeunes, des actions en faveur des gens du voyage ou la lutte
contre l’illettrisme. D’un montant de 2millions d’euros, elle ne représente qu’un peu plus
de 3,5% du programme.
Pour l’action 1, les dispositifs de prévention et d’exclusion sont gérés dans le cadre de
conventions partenariales signées entre l’État et différents acteurs locaux : collectivités
locales, associations, caisses départementales de protection sociale… Ils concernent des
publics divers comme : les jeunes avec les Points d’accueil et d’écoute pour les jeunes
(PAEJ) ; gens du voyages ou personnes illettrées avec des actions socio éducatives, etc.
C’est une action où les DDASS conduisent de nombreux projets. A contrario, l’action 3
est un peu la « vache maigre » dans l’activité des DDASS. A titre d’exemple, les DDASS
du Nord et du Pas de Calais (PDC) n’ont financé en 2008 que les sous actions 0302
« Ingénierie et outils de la gouvernance » et 0310 « Autres actions de conduite et
d'animation de la politique de lutte contre l'exclusion » pour abandonner finalement tout
financement de l’action 3 en 2009.
En effet, pour l’action 2, les services de l’Etats sont compétents pour tout le dispositif
d’accueil généraliste, d’aide au logement temporaire, CHRS, places d’urgence et de
stabilisation, pour la veille sociale, ainsi que les maisons relais et différents dispositifs
d’accompagnement renforcé. C’est clairement le poste budgétaire le plus important dans
chacune des régions de France au risque de phagocyter16 de manière importante les
financements des autres actions.
La DRASS étant RBOP, elle est donc en mesure de répartir les financements entre les
actions selon le consensus trouvé avec les DDASS ce qui implique un besoin encore
16 En 2008, l’abandon par la DGAS du fléchage des crédits de la ligne CHRS, s'est avéré problématique : il a conduit à affaiblir la part des autres dispositifs dans le budget et à faire porter uniquement sur ces derniers le poids de la diminution des moyens que cachait l'apparente augmentation des crédits notifiés (les effets année pleine des mesures nouvelles de l'année n-1 n'étant pas complètement pris en charge). De ce fait la répartition des crédits restant disponibles, au lieu de donner des marges supplémentaires aux départements les plus prioritaires, a pu, selon la structuration des budgets dans chaque département, contribuer à réduire leurs possibilités d'action…
- 10 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
plus fort de répartir avec précision selon des besoins objectivés les crédits du BOP 177 car tous les crédits restants après dotation CHRS sont d’autant plus précieux pour les actions 1, 2 (hors hébergement) et 3 du BOP 177. De plus, ces dernières
prennent le plus souvent un caractère de gestion de projets et d’expérimentations (actions
1 et 3) et sont très précieuses pour les actions innovantes de terrain des DDASS et
DRASS, à contrario de l’action 2 qui reste essentiellement de la tarification de dispositifs/
structures.
Le positionnement d’équilibriste de la DRASS et la baisse des budgets sur les actions
plus « propriétaires » des DDASS contribuent ainsi à susciter un certain conflit qui
s’amplifie au vu des situations bien différentes entre les départements du Nord et du Pas
de Calais.
1.2 Des difficultés de gestion du BOP 177 rencontrées au niveau régional
1.2.1 Des pratiques du dispositif AHI clairement différentes entre le Nord et le Pas de Calais : le problème du langage commun
Le Nord-Pas de Calais est une région très
spécifique en besoins de cohésion social.
Avant de s’attarder sur ce qui différencie les deux
départements de la Région Nord-Pas de Calais, il
convient de faire un point sur ce qui les rassemble :
le fait de constituer une région spécifique aux indicateurs sociaux malheureusement très
dégradés.
Nord Pas de Calais
Le Nord-Pas de Calais est une région administrative française composée de deux
départements : le Nord et le Pas-de-Calais. Elle s'étend sur 12 414 km2, soit 2,3 % du
territoire français. Elle compte six agglomérations de 100 000 à plus de 1 million
d'habitants : les agglomérations de Lille, Béthune-Bruay, Calais, Douai-Lens, Dunkerque
et Valenciennes. Avec un taux d'urbanisation de 83 %, la région est dense et fortement
peuplée (4 millions d'habitants et 7 % de la population française). Le Nord-Pas de Calais,
situé au sein d'une zone où vivent 100 millions d'habitants dans un rayon de 300
kilomètres, est un carrefour européen. Le Nord est ainsi le premier département de
France avec 2 607 356 habitants et le Pas de Calais ne reste pas moins le 7ème
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 11 -
département de France avec 1 481 429 habitants17. En 2007, 27 % de la population
régionale avait moins de 20 ans, ce qui est de 2 points supérieur à la moyenne française.
Le Nord-Pas de Calais reste donc une région jeune, qui devrait conserver cette spécificité
dans les années à venir, malgré un vieillissement de sa population.
Dans le Nord-Pas de Calais, près de 116 000 personnes, soit 5,4 % de la population en
âge de travailler, perçoivent le RMI au 1 janvier 2007. La proportion de bénéficiaires,
fortement liée à la précarité d'un territoire, est supérieure d'un point à la moyenne
française. Elle est un peu plus élevée dans le Nord que dans le Pas-de-Calais. Le nombre
de Rmistes a augmenté de 24 % entre 1999 et 2007. Après une légère baisse entre 2000
et 2002, une tendance à la hausse a suivi, avec une accélération à partir de 2004. Cette
augmentation a été plus forte qu'en France où elle s'est établie à 14 %. Elle a été
particulièrement importante dans les zones urbaines. La proportion de personnes
recevant l'API est également un marqueur de la précarité d'un territoire. Les bénéficiaires
de cette allocation sont un peu plus de 23 000 dans le Nord-Pas de Calais. Ils sont en
proportion plus nombreux parmi les femmes de 15 à 49 ans dans la région qu'en France :
2,6 % contre 1,3 %. Contrairement au RMI, le taux de bénéficiaires de l'API est un peu
plus élevé dans le Pas-de-Calais que dans le Nord. Le nombre de bénéficiaires de l'API a
augmenté de 15 % entre 1999 et 2007, soit une croissance presque deux fois moins
importante qu'en France métropolitaine. A la fin du 2ème trimestre 2007, 11,5 % de la
population active de la région était au chômage18, contre 8,0 % en France métropolitaine.
Le Nord-Pas de Calais est ainsi, avec le Languedoc-Roussillon, l'une des deux régions françaises (hors DOM-TOM) ayant le taux de chômage le plus élevé. Enfin,
six ans après sa mise en œuvre, la CMU Complémentaire compte près de 424 000
bénéficiaires au sein de la région, soit 287 000 bénéficiaires dans le Nord et 137 000 dans
le Pas-de-Calais. Le Nord-Pas de Calais se situe au 2ème rang des régions françaises,
avec 10,6 % de bénéficiaires de la CMU Complémentaire contre 6,8 % au plan national.
Le département du Nord se situe au 5ème rang national (11,2 % de bénéficiaires de la
CMU Complémentaire) et le département du Pas-de-Calais au 7ème rang (9,5 %).
Les départements du Nord et du Pas de Calais sont donc profondément touchés par la
précarité et ses facteurs de risques pour l’avenir. Il est donc déjà plus aisé de comprendre
dans ce contexte la grande importance que peut avoir la répartition financière du BOP
177 dans les deux départements. Cependant, l’organisation et le fonctionnement des
dispositifs sociaux sont particulièrement différents.
17 Données au 1er janvier 2009 (http://www.geopopulation.com/france/departements/classement-departements-population). 18 Voir annexe 2.
- 12 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
- L’organisation de la prise en charge de la veille sociale dans les départements du
Nord (veille sociale / équipes mobiles)19 et du Pas de Calais
Le département du Nord comporte :
• Un numéro « 115 » départemental géré par la Coordination Mobile d’Accueil et
d’Orientation (CMAO) de Lille : tous les appels provenant du 115 au niveau du
département du Nord aboutissent à la CMAO de Lille qui les rebascule vers les
Coordinations d’Accueil et d’Orientation (CAO) de l’arrondissement concerné ;
• Six Coordinations d’Accueil et d’Orientation (CAO), soit 1 par arrondissement ;
• Huit équipes mobiles dont 3 fonctionnent uniquement pendant la période
hivernale (arrondissements de Avesnes-sur-Helpe, Cambrai et Douai) et 5 qui
fonctionnent tout au long de l’année (Dunkerque, Valenciennes et 3 à l’échelle de
l’arrondissement de Lille).
Le département du Pas-de-Calais comporte :
• Six numéros « 115 » gérés par les SAUO et/ou les établissements, soit 1 par
arrondissement à l’exception de celui de Calais qui est géré uniquement par le
CHRS de Marquise (Boulogne) ;
• Sept Service d’Accueil d’Urgence et d’Orientation (SAUO), soit 1 par
arrondissement ;
• Cinq équipes mobiles, une dans chacun des 5 arrondissements suivants : Arras,
Béthune, Boulogne, Calais, Lens.
En terme d’organisation et de diffusion de l’information, lors des premiers groupes de
travail pour la création d’OSIRIS pour le dispositif de la veille sociale, un double constat a
été fait. Deux types d’interactions ont été dénoncés par les opérateurs sociaux: - Les interactions entre les différents opérateurs sociaux, se sont créées par nécessité et
par habitude pour répondre au mieux aux besoins des personnes les ayant sollicitées.
Ainsi des échanges quotidiens ont lieu entres le ou les 115 et les différents SAUO/CAO.
La chaîne de l’information n’étant pas claire, les échanges se croisent et se superposent
en mettant en difficulté la visibilité de la disponibilité des différentes places d’hébergement
social. Les nombreux doublons au niveau régional de données lors des enregistrements
et du suivi des ménages accueillis illustrent ce dysfonctionnement.
- L’autre interaction se situe entre l’administration et les opérateurs sociaux, par le biais
des remontées quotidiennes aux DDASS sur les disponibilités des places, les rapports
d’activités annuels, les enquêtes soit locales, ou à portée nationale. Le rythme de ces
19 Nous ne nous intéresserons pas pour le moment aux CHRS et autres hébergements sociaux et logements adaptés car leur financement est obligatoire du fait de l’arrêté préfectoral qui autorise les places.
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 13 -
enquêtes et les méthodes de remontée des données mettent en difficulté les opérateurs
dans leur action au quotidien. Les échanges entre les DDASS - DRASS et la remontée de
données fiables définies par des items communs ne sont pas évidents sans un SI
harmonisé.
Il faut aussi remarquer que la gestion de la veille sociale est très différente entre ces deux
départements. Centralisé dans le Nord via la CMAO, le 115 est lui géré par six opérateurs
différents dans le PDC. Cette première approche organisationnelle permet d’expliquer le
fait qu’il est actuellement difficile pour les DDASS de comparer leurs dispositifs mais c’est
en explorant le fonctionnement de ces derniers que l’on se rend compte de toute
l’étendue des différences entre ces deux départements et le fossé qui empêche tout
langage commun et analyse unifiée au niveau régional.
Ainsi, le Groupe de Travail sur les indicateurs de pertinence (GTIP) institué par le niveau
régional20 s’est livré à l’occasion de ses premières séances à « faire parler » les
représentants, membres du groupe, des deux DDASS afin de comprendre les différences
de fonctionnements en reprenant une à une les sous actions financées par le BOP 177.
Il convient donc d’exposer un extrait de ces résultats pour bien exposer le problème de
langage entre les deux départements et comprendre pourquoi la mise en place d’une
observation sociale régionale via un SI aux items harmonisés était bien nécessaire.
- Différences de fonctionnements expliqués par les financements :
- Sous-action 0122 : Gens du voyage
Un problème de langage commun a été identifié pour cette sous-action. En effet, le Nord
finance son action en faveur des Roms non pas sur cette sous-action mais sur la sous
action 0220 « Autres actions en faveur des plus vulnérables ».
A l’inverse, le Pas de Calais considère que cette sous-action sur les « gens du voyage »
englobe tout le monde. Aussi, par ce fonctionnement, et par le fait qu’il est très difficile
pour les DDASS de comptabiliser ces publics suivis, la DRASS est en difficulté pour
comprendre les besoins de crédits différents de deux DDASS financés sous deux sous-
actions différentes !
- Sous-action 0123 : Lutte contre l'illettrisme
Alors que la région ne dispose pas de véritable statistique pertinente sur cette
problématique, il s’avère que seule la DDASS du Pas de Calais, à contrario du Nord, y
consacre des crédits.
- Sous-action 0125 : Autres actions de prévention de l'exclusion
20 Le travail de ce groupe sera évoqué plus en détails dans la partie 3 de ce mémoire.
- 14 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
A contrario de la sous-action précédente, cette fois-ci seul le Nord finance un dispositif
SOS amitié.
- Sous-action 0127 : Domiciliation
Sur cette question, la problématique est que les Centres Communaux d’Action Sociale ne
semblent pas jouer correctement leur rôle dans les deux départements, et ce plus
particulièrement dans le Pas de Calais. Les CCAS se déchargent sur les associations qui
sont habilitées21 et financées par les DDASS. Cependant, la domiciliation doit
normalement être réalisée à titre gratuit alors qu’elle utilise au final un nombre d’ETP non
négligeable. En conséquence la DDASS du PDC qui a plus d’associations agrées aurait
besoin de financements plus forts … mais aucun indicateur n’existe pour faire valoir ce
point.
- Sous-action 0201 : Plate-forme de veille sociale : 115
C’est sur cette sous-action que les différences de fonctionnement entre les deux
départements entraînent des conséquences importantes. Les pratiques du Nord et du
PDC mettent en effet à mal tout comptage statistique cohérent au niveau régional.
- Dans le Nord, une personne qui bénéficie d’un hébergement d’urgence doit rappeler
tous les soirs le 115 (gestion centralisée) pour conserver son hébergement ou être
replacé dans un autre dispositif.
- A l’inverse22, dans le Pas de Calais, l’accompagnement est plus intégré, dans le sens
que lors d’une nuit en HU, l’hébergé n’a pas systématiquement à retéléphoner au 11523. Il
bénéficie, le plus souvent, automatiquement de plusieurs nuits d’affilés sans rappel et
surtout vu que fréquemment un des 115 du Pas de Calais fait aussi de l’accueil physique
voir de l’hébergement de réinsertion… les appels sont rarement automatiquement
renouvelés… En conséquence, les statistiques d’appels 115 sont biaisées entre les deux
départements… sans compter les phénomènes de parcours des usagers dans les
réseaux des établissements associatifs qui font entrer des ménages dans les dispositifs
de veille sociale et d’hébergement directement et sans passer par le 115.
Il est donc dur de connaître avec exactitude le nombre de personnes en besoin réel d’une
solution d’hébergement d’urgence de ceux disposant déjà d’un hébergement et donc
bénéficiant du droit à l’hébergement opposable (DAHO).
21 Ce qui crée une obligation légale car sans domiciliation l’aide sociale en terme de prestations financières est impossible ! 22 Ce problème est aussi rencontré pour les sorties volontaires des dispositifs d’hébergement suivi par un retour quelques jours plus tard car dans le Nord, le ménage doit repasser par les appels 115 pour bénéficier d’une solution alors qu’il est en général réintégré dans son dernier hébergement connu dans le PDC. 23 Ce qui crée de nombreux doublons car il n’est plus alors vraiment possible sans SI avec suivi de fiches/ dossiers - ménages de distinguer les nouveaux entrants des résidents actuels en urgence…
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 15 -
- Sous-action 0203 : Plate-forme de veille sociale : SAO - (hors CPER) et sous-
action 0204 : Plate-forme de veille sociale : Accueil de jour
En effet, en fonction de qui a été dit pour la précédente sous-action, on comprend mieux
ici toute la différence de fonctionnement « culturel » des dispositifs entre le Nord et le Pas
de Calais.
Par exemple, les SAUO dans le PDC font aussi bien les missions de veille sociale et 115
que des prestations d’accueil de jour. Aussi, leurs activités à caractère mixte sont
mélangées, donc difficilement différenciables sur un volume d’activité globale… alors que
dans le Nord les accueils de jour sont différenciés des dispositifs financés sur la sous-
action 0203. Il y’a donc un besoin de lier les sous actions 203 et 204 au niveau régional
pour garantir une bonne prise en compte des activités des deux départements. Ainsi,
avec un SI performant les SAUO du PDC pourraient caractériser leurs différentes activités
(activité 115, activité accueil de jour prestation etc.) pour permettre d’agréger des
données régionales cohérentes reflétant les besoins et les vrais flux dans les deux
départements.
Le problème est donc important du fait que le dispositif de veille sociale est essentiel car il
vient en amont du dispositif d’hébergement proprement dit. Il est en conséquence la porte
d’entrée et le premier accompagnement de la personne exclue.
- Sur l’hébergement, en matière de tarification24, il est facile de constater des
différences très importantes entre les deux départements
Dispositifs Pas de Calais Nord Référence National 2008
Hebt .Urgence 9 000 € 3 288 € 10 400 €
Hebt Stabilisation 12 722 € 13 040 € 13 800 €
Hebt .Insertion 16 983 € 14 396 € 15 457 €
De telles différences si importantes entre les deux départements ne peuvent impliquer
qu’un calcul de tarification sur des items et des prestations différentes. En d’autres termes
sous un même nom on parle de choses différentes. Il n’y a pas de langage commun.
Enfin, pour finir d’illustrer ces différences de fonctionnement dans les deux départements,
il est intéressant de souligner deux autres aspects :
- Le problème de l’hébergement d’urgence (HU) dans le Pas De Calais
24 Chiffres dialogue de gestion 2009.
- 16 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
Avec le PARSA25, la quasi-totalité des places du
PDC qui était tarifée en urgence a été transformée
en insertion. Aussi, il n’existe presque plus de
places proprement dites d’urgence et donc la
philosophie (comme évoqué précédemment) de
l’articulation veille sociale-HU-insertion a été
profondément remaniée dans le département par les opérateurs associatifs. Cependant,
l’hébergement d’urgence reste une réalité de ces dispositifs et donc cela pose maintenant
problème à la DDASS du PDC qui tarifie, sans contrôle, des places en insertion alors que,
dans la pratique, elles servent toujours à gérer des situations d’urgence. On trouve ainsi
dans le PDC des CHRS qui se qualifie de CHRS d’urgence… le problème du PDC est
donc paradoxalement maintenant de tarifer de nouvelles places d’urgence… alors que
dans le Nord un même besoin de nouvelles places en HU est exprimé alors que leur
problématique est totalement différente…
Objectifs du PARSA pour le
NPDC non atteints
Rappel objectif : 1578 places
Places transformées : 1043 (66%)
Reste à transformer : 535
- La gestion en arrondissement du Nord Le Nord, de par son territoire conséquent et sa démographie importante, est divisé en de
nombreux territoires. C’est un choix qu’a fait la DDASS du Nord jusqu’à déconcentrer sa
propre administration avec des responsables et des équipes de secteurs,
géographiquement implantés à des endroits différents et avec une certaine autonomie sur
leur méthode de travail et d’actions. Malheureusement, cette proximité d’action renforcée
nuit à l’agrégation de leurs données au niveau départemental : une agrégation non
automatisée, souvent bénéficiant de définitions pour les données et de méthodes de
récupération différentes selon les territoires. Cette situation ne facilite pas la visibilité d’un
territoire à l’autre.
Pour permettre une visibilité concrète des activités financées par le BOP 177, il faut donc
mettre en place un SI, qui avec des items communs, permettrait de faire la lumière sur les
pratiques et de quantifier des données fiables, aux définitions communes, puis les traiter
dans une optique prospective pertinente.
1.2.2 La situation délicate de la DRASS dans le cadre du dialogue de gestion et de la répartition des crédits aux directions départementales
En octobre 2008, j’ai participé et suivi à la DRASS NPDC les dialogues de gestion des
BOP. Le dialogue de gestion pour l’année 2009 du BOP 177 a particulièrement été dur et
25 Le PARSA : Plan d’action renforcé en direction des personnes sans abri- définit un dispositif composé de places d’hébergement restructurées et de solutions nouvelles d’hébergement et de logements : transformation de places d’hébergement d’urgence en places en CHRS et en places d’hébergement de stabilisation.
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 17 -
éprouvant pour la DRASS. En effet, la DRASS a eu des difficultés auprès de la DGAS
pour objectiver son enveloppe régionale et donc demander une hausse de crédits
complémentaires, et ce dans un contexte d’autant plus difficile de baisse de crédits sur ce
BOP (A). Ainsi, en amont et en aval du dialogue de gestion, la DRASS n’a pas su
formaliser avec les DDASS des scénarios et des indicateurs objectifs de répartition des
crédits (B). Cette situation fut révélatrice des besoins et des nécessités régionales de
posséder des indicateurs harmonisés et nourris de manière fiable par un SI régional !
A) Au niveau national un dialogue de gestion difficile dans un contexte de baisse de
crédits et d’un besoin d’objectivation
La procédure du dialogue de gestion du BOP 177 se déroule de la manière suivante :
Une prénotification annonce un montant préaffecté au BOP régional pour l’année N+1.
En conséquence, la DRASS a environ un mois pour collecter des données et remplir des
indicateurs avant de dialoguer avec la DGAS sur la prénotification et « ses
insuffisances ». Il faut donc à ce moment pouvoir argumenter au vu de l’année N et N-1
sur les besoins que ne couvriront pas le montant préaffecté.
La DRASS Nord-Pas de Calais a donc eu la mauvaise surprise de constater une baisse
conséquente des crédits du BOP 177 lors de la prénotification 2009.
En effet, les crédits notifiés ont été en baisse d’environ 8% par rapport aux moyens
obtenus en 2008. En addition, la DGAS a clairement affiché que toute modification de
l’enveloppe régionale ne pouvait être possible que si une démonstration précise
(objectivée) du besoin était établie car, plus que pour les années antérieures, la DGAS
aurait, par la suite, à la justifier : « si la notification régionale est globale il faut cependant
souligner qu’au niveau national les arbitrages ont été effectués ligne par ligne et qu’il
faudra justifier… »26
Cette mauvaise surprise s’est conjuguée au fait que la DRASS ne pouvait justifier des
dépenses supplémentaires en se basant exclusivement sur les indicateurs de
performance définis par la DGAS dans le cadre de ce BOP. En effet, ces derniers
n’étaient finalement pas trop mauvais par rapport aux objectifs nationaux. Cependant, au
vu de la situation socio-économique décrite précédemment, il était difficile de croire que
les « bons scores » de ces indicateurs reflétaient une bonne situation régionale… voire
démontraient que les actions et dispositifs financés par le BOP 177 étaient trop importants
et pouvaient justifier une baisse conséquente de l’enveloppe régionale…
26 Extrait de la réponse de la DGAS aux questions posées lors du dialogue de gestion.
- 18 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
Les quelques indicateurs de performance nationaux ayant été renseignés par la DRASS27:
1.1 – Taux d’aires d’accueil de gens du voyage28 dotées d’un dispositif
d’accompagnement ou de suivi social et de santé (cible nationale 2009 35%)
NPDC : 74,35% en 2007.
1.2 – Pourcentage des CHRS, CCAS, CIAS29 qui domicilient les personnes sans
domicile (cible nationale 2009 60%)
NPDC : 100% en 2007 pour les CHRS.
2.1.1 – Part des personnes sortant de CHRS vers le logement (cible nationale 2009
60%)
NPDC : 40,08 % en 2007. La cible régionale 2009 est fixée à 47%.
2.1.2 – Part des personnes sortant de CHRS vers l’emploi (cible nationale 2009 28%)
NPDC : 17,46% en 2007. La cible régionale 2009 est fixée à 20%.
2.3 – Proportion de places en logement adapté30 par rapport au nombre de places
d’hébergement (cible nationale 2009 22%)
NPDC : 28,72% en 2007. La cible régionale 2009 est fixée à 30%.
2.5.1- Proportion de la dépenses d’hôtel par rapport aux dépenses d’hébergement
d’urgence (cible nationale 2009 36%)
NPDC : 2,93% en 2007. La cible régionale 2009 est fixée à 3%.
Enfin, la DGAS a fait part de son étonnement par rapport aux coûts de références CHRS/
CHU affiché dans la partie précédente. La DRASS n’a pas alors été en mesure
d’expliquer qualitativement ces différences départementales. De même, la DGAS a
expliqué que les mesures d’économies étaient en fait atténuées par le fait qu’il n’y avait
plus à financer de nouvelles places d’hébergement d’urgence ou de CHRS, que les
Convention Pluriannuel d’Objectifs et de Moyens devaient engendrer des économies et
que les accueils des femmes enceintes ou avec des enfants de moins de 3 ans devaient
maintenant être pleinement financés par le Conseil général. De plus, il a été vivement
conseillé pour faire des économies de « transformer » un maximum de places
d’hébergement en maisons relais. Aussi, la DRASS NPDC, même dans sa conviction que
27 Comme expliqué précédemment, de nombreux autres indicateurs de performance de la DGAS ne pouvait être correctement rempli à l’exemple de l’activité 115 au vu des fonctionnements départementaux totalement différents… 28 Malheureusement cet indicateur ne permet pas de faire ressortir qu’il manque beaucoup de ces terrains dans le NPC au vu d’une population Roms en augmentation constante et très mobile… 29 Cet indicateur ne permet pas de démontrer que dans la région (comme expliqué précédemment) la non activité des collectivités locales en la matière et la difficulté d’agrémenter des associations sans financements complémentaire! 30 Cet indicateur ne permet de montrer que le NPDC reste sous-doté en place d’hébergement d’insertion du fait de la mauvaise réalisation du PARSA.
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 19 -
les réponses données n’avaient pas de sens dans son contexte régional, ne pouvait
véritablement les contre argumenter. Elle a donc préféré avancer qu’il fallait mieux
répondre aux besoins des usagers en les connaissant mieux par la mise en œuvre d’une
démarche d’observation sociale renforcée afin de permettre de mieux connaître les
publics et leurs besoins.
La mise en place d’un système d’information régionale de la cohésion sociale est donc pour la DRASS, le seul moyen de mieux connaître les publics de son territoire et de pouvoir justifier de la spécificité de sa situation locale et donc d’argumenter l’obtention de budgets complémentaire pour la cohésion sociale. L’enjeu est d’autant plus important qu’en parallèle, les partenaires financeurs se divisent
aussi et se désengagent. Ainsi, du fait de la « reconfiguration » du BOP 177 pour 2009, le
département doit se recentrer sur le financement de la prise en charge des femmes avec
enfants de moins de 3 ans. En réponse31, il a supprimé de facto d’autres financements
accordés aux associations qui ne relevaient pas juridiquement de leur compétence. Les
Caisses d’Allocation Familiales se retirent, elles aussi, en supprimant progressivement les
APL aux résidents des CHRS. Le financement de l’ASI par les DDASS est lui supprimé…
En conséquence, défendre au mieux son territoire pour maximiser ses chances d’optimiser ses ressources sur le BOP 177 ne peut passer que par une connaissance qualitative et minutieuse de l’activité et des besoins de son territoire.
B) Au niveau régional : deux départements très concurrents qui exigent une forte
objectivation des choix régionaux pour trouver un consensus
En addition de ce dialogue de gestion infructueux entre le niveau régional et national, les
blocages au niveau de la relation DRASS-DDASS ont perduré par la suite dans le cadre
de la répartition des crédits entre les deux DDASS. Cela a abouti à des clefs de
répartitions minimalistes et peu transparentes quant à leur justification… ce qui n’a
satisfait personne et perpétue une tension constante.
Ainsi, dès le CTRI du 14 janvier 2009, la DRASS devait proposer une répartition des
crédits 2009 du BOP 177.
La notification pour l’année 2009 s’est donc élevée à 77 748 720€, alors que les besoins
estimés en reconduction par les deux DDASS s'élevaient à 84 261 344€. Ces besoins,
comme exprimé précédemment, ne pouvaient s’objectiver ou se traduire dans un langage
régional commun. Il manquait donc 6 512 624€ par rapport à la somme désirée et qui
31 Pour protester contre le non respect du transfert de ressource par rapport au transfert de compétences.
- 20 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
aurait, peut-être, pu tout ou partie être obtenue lors du dialogue de gestion si
l’argumentation avait suivi.
Lorsqu’il a fallu décider de la répartition de cette enveloppe régionale, la DRASS n’a pu se baser uniquement que sur les demandes concrètes et traduisibles des DDASS : - Pour le Nord : couvrir les besoins CHRS et permettre un reste disponible plus élevé pour
l’HU.
- Pour le PDC : avoir au minimum 25% des crédits régionaux et au moins 19 M€, et
+1.6% pour les CHRS
En d’autres termes la répartition régionale ne pouvait se baser que sur les données de
tarification des structures32, de l’existant malgré son manque de sens en terme de
prestations.
Le compromis suivant a donc été validé par le CTRI : 1. Choix de la fourchette haute DGAS pour les CHRS (-1.64%)
CHRS Nord PDC DRASS total BOP
38 649 408 14 108 094 52 757 502
Reste 20 049 960 4 693 685 247 573 24 991 218
Il restait ainsi pour les autres dépenses 24 991 218€ qui ont été répartis selon les besoins
à minima des DDASS (reconduction 2008). En conséquence, le Nord et le Pas de Calais
ne disposaient pour 2009 que de 88,42% et 92,38% de leurs crédits par rapport à
l’exécuté 2008.
Ce scénario minimaliste retenu par défaut montre bien toute la difficulté de la situation et
le fait que les DDASS ne peuvent s’entendre sans objectivation qualitative sur une
répartition par sous-actions… Le maximum est donné aux dispositifs d’hébergement, soit
un unique critère légal, et le reste est ventilé au prorata selon l’exécuté des années
antérieures… soit sans critère qualitatif en rapport avec les sous-actions financées par les
DDASS. Elles re-ventilent par la suite selon des critères propres les crédits obtenus… soit
sans engagement d’objectifs et sur une visibilité peu propice à définir ou à minima
comprendre les orientations et les bases d’une politique régionale de cohésion sociale33.
32 Sachant aussi qu’il faut, en plus, dans ce cas respecter la dotation régionale limitative 2009 des CHRS qui pour la DGAS était au maximum de 52 757 502.37€ soit moins 877 289.63€ (-1.64%) par rapport à 2008. 33 Ce qui est d’autant plus gênant dans le cadre d’une réforme qui donne autorité au préfet de région et défini la DRJSCS comme animateur et pilote des politiques de cohésion sociale…
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 21 -
De facto, au niveau des DDASS, cela peut expliquer, par la suite, leurs difficultés de
pilotage local des politiques du BOP 177 du fait de ce manque de recul et de
programmation des actions. Elles ne sont pas uniquement liées à la gestion en urgence
des dispositifs sociaux. Les DDASS ont donc ce besoin de prendre le recul nécessaire
pour évaluer qualitativement les besoins locaux et pour organiser leurs actions.
En addition, l’absence de consensus entre les DDASS au niveau du dialogue de gestion
démontre aussi un problème plus large d’un manque d’indicateurs et d’outils partagés,
d’un langage commun et fiable pour apprécier les situations et les enjeux locaux qui de
fait empêchent le niveau régional de connaître les réalités et les perspectives du territoire
régional et surtout de projeter et d’intégrer des actions et donc d’animer34 l’activité des
directions départementales dans la recherche de synergies mutuelles. Les opérateurs
sociaux en souffrent par conséquence.
Par exemple, le cas des maisons relais dans le NPDC illustre bien les problèmes
évoqués. DDASS et DRASS sont tenues par des objectifs quantitatifs définis par le
ministère. Elles ne sont pourtant pas actuellement en mesure d’apprécier qualitativement
les besoins et les enjeux de pilotage de ces nouveaux dispositifs. Aussi, les opérateurs
sociaux s’associent difficilement à cette politique car il n’a pas été possible de faire en
amont une analyse qualitative des besoins et de la capacité des opérateurs à se
coordonner et à œuvrer ensemble pour la construction et la mise en œuvre de ces
structures…
La DRASS et les DDASS ont pris en compte ce besoin de mettre en œuvre des indicateurs qualitatifs en harmonisant et en construisant pour les deux départements des définitions communes, un langage commun aux conséquences partagées. A cette fin, la DRASS NPDC, sur ses financements propres indexés au BOP 177, a
engagé la création d’un système d’information régionale.
Ce projet appelé PROG DIS, puis rebaptisé OSIRIS doit permettre de doter les
établissements des opérateurs sociaux d’outils de gestion, de coordonner plus
efficacement l’offre de places d’hébergement, et de faire remonter des données fiables
sur le fonctionnement et sur les populations de ces dispositifs au niveau régional. Il doit
permettre la mise en œuvre d’indicateurs de « performance qualitative » via la création
d’items régionaux adaptés aux réalités de terrain.
34 De plus, les DRJSCS sont dotés de la mission d’ingénierie sociale, elles ne peuvent donc innover et expérimenter que si elles peuvent déterminer de manière fine les problématiques et les besoins sur les territoires.
- 22 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
2 Des contextes européens et nationaux propices à la création et la mise en œuvre d’un système d’information régional de l’observation sociale dans le Nord-Pas de Calais : la démarche « OSIRIS »
Par définition35 un système d’information est « un ensemble organisé de ressources
(personnel, données, procédures, matériel, logiciel, …) permettant d'acquérir (collecter,
enregistrer), de stocker, de structurer (interpréter, analyser) et de communiquer des
informations », « de façon à ce qu'on puisse utiliser les données pour prendre des
décisions de gestion (aide à la production de rapports, aide à la décision…) ».
Les systèmes d’information dans le champ de la cohésion sociale deviennent une
nécessité moderne pour aider et encadrer les politiques publiques de lutte contre le sans-
abrisme. Ce constat est ainsi partagé et impulsé par la Commission européenne (CE) et
par les services centraux de l’Etat, la France disposant d’outils mais pas de SI intégrés
(2.1). Aussi, le Nord-Pas de Calais s’est lancé dans cette entreprise en mettant en œuvre
OSIRIS (2.2).
2.1 Un cadre favorable et dynamique pour la mise en place de système d’information pour la cohésion sociale
L’Union européenne se positionne de plus en plus sur le champ de l’inclusion sociale. Elle
a ainsi développé une expertise en matière de statistiques et impulse des SI dans le
domaine social pour connaître les situations dans les Etats membres (2.1.1). Conscient
de ce cadre et du contexte socio-économique, le niveau national impulse aussi la mise en
place sur tout le territoire d’un ou plusieurs SI pour appuyer la lutte contre le sans-abrisme
(2.1.2).
2.1.1 La Commission européenne et la question du « sans-abrisme » : une volonté de SI dans le social et de statistiques pour Eurostat
A) Un cadre européen volontaire pour la mise en place de SI pour lutter contre le
sans-abrisme
« Le sans-abrisme est sans doute l’exemple le plus frappant d'exclusion sociale et de
pauvreté en Europe »36. Certains États membres ont encore beaucoup de difficultés à
35 Reix R. (2002), «Système d’information et management des organisations», Vuibert, 4ème édition, Paris et http://erc.msh.org/readroom/francais/vocab.htm. 36 Source Commission européenne.
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 23 -
répondre à ce besoin. En outre, élaborer des mesures intégrées adéquates pour prévenir
et éliminer le sans-abrisme est un autre défi de taille pour certains pays au sein de l’UE.
Conscients de la complexité du problème et convaincus de l’effet positif d'une meilleure
coordination politique, en particulier sur la compréhension de ce phénomène, certains
États-membres ont commencé à aborder le problème à l'échelon européen, tout en
conservant leurs prérogatives dans ce domaine.
En 2005, le Conseil des ministres des affaires sociales a convenu d’intégrer le sans-
abrisme dans la liste des six principales priorités de la stratégie européenne en faveur de
l'inclusion. Dans le dernier rapport conjoint, qui résume les principales tendances et les
principaux défis des États membres de l’Union, le sans-abrisme continue de figurer parmi
les trois priorités du programme communautaire d’inclusion active.
Le sans-abrisme et la privation de logement dans le processus de protection
sociale et d’inclusion sociale de l’UE
Le principal obstacle pratique à une action politique fondée pour lutter contre l’exclusion
du logement et le sans-abrisme est le manque de données fiables et comparables sur les
conditions de vie des sans-abri. C’est pourquoi la priorité du processus de protection
sociale et d’inclusion sociale européen est d’examiner les approches adoptées pour
mesurer le sans-abrisme en Europe. Cette compréhension est nécessaire pour aider à
l’amélioration de la capacité des autorités nationales à mesurer le sans-abrisme et à
communiquer les données en la matière de façon cohérente et détaillée.
Faisant suite aux recommandations du rapport élaboré à la demande du groupe de travail
d’Eurostat sur le sans-abrisme, la Commission européenne a publié une étude intitulée
«Mesure du sans-abrisme à l’échelle européenne». Cette étude vise à identifier des
méthodologies et des pratiques afin de développer un socle d’informations indispensable
pour mesurer la privation de logement et le sans-abrisme. Cette étude alimente le débat
sur le sans-abrisme pour ce qui est :
- des définitions du sans-abrisme et des situations de vie;
- de la gouvernance en matière de collecte de données sur le sans-abrisme; - des stratégies pour la collecte de données; - de la recherche d’indicateurs sur le sans-abrisme et la privation de logement.
En conséquence, la DG EMPL de la Commission Européenne a lancé de nombreuses
recherches et réflexions sur les questions du logement et de l’hébergement social
(housing) et de ses conditions décentes, des différentes formes d’exclusions possibles, de
la notion du bien-être et des privations matérielles, du ressenti face aux risques de
pauvreté… L’instrument financier PROGRESS de la CE a permis de financer des études
- 24 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
et des expérimentations en la matière. De nombreuses ONG et administrations publiques
ont ainsi bénéficié de financement pour faire des recherches et des expérimentations.
Tout particulièrement, des projets sur la définition du sans-abrisme et sur la veille sociale
(monitoring) doivent être soulignés. Le FEANTSA a ainsi proposé en 2007 une définition
élargie du sans-abrisme : grille ETHOS (voir annexe 3). Elle a donc maintenant une
portée européenne : c’est du langage commun ! L’Université de Dundee en Ecosse a été
chargée dans le cadre du projet «Progrès mutuels sur le sans-abrisme grâce au
développement et au renforcement des systèmes d’information (MPHASIS)» de trouver
les outils pour « une mesure meilleure et plus comparable du sans-abrisme37 en
Europe ». Ce projet devait, en conséquence, conseiller sur la mise en place de SI pour
lutter contre le sans-abrisme dans les Etats-membres.
B) Les résultats et les recommandations du programme MPHASIS : un fort besoin
en France de vrais SI
Le projet «Progrès mutuels sur le sans-abrisme grâce au développement et au
renforcement des systèmes d’information (MPHASIS)» vise une mesure meilleure et plus
comparable du sans-abrisme (définition large) en Europe.
Objectifs du projet MPHASIS: Fournir des conseils plus détaillés sur les problèmes, les approches possibles et les
outils de mise en œuvre;
- examiner et améliorer les recommandations de l’étude financée par l’UE sur la
mesure du sans-abrisme (2007);
- accroître la visibilité des bonnes pratiques grâce à la création et à la maintenance de
systèmes de suivi du sans-abrisme;
- montrer les manières possibles de surmonter les barrières existantes;
- améliorer la capacité de mesure du sans-abrisme aux niveaux local, régional,
national et européen.
Dans son rapport final de septembre 2009 et dans les rapports intermédiaires du projet,
les experts européens ont livré une série de recommandations pour la France pour la
mise en œuvre de ces systèmes d’informations pour la lutte contre le sans-abrisme.
a) Recommandations générales sur la création d’un SI dans le social :
L’objectif de la collecte de données sur le « sans-abrisme » devrait être de fournir les
informations nécessaires pour améliorer la prestation des services afin de prévenir et de
37 Définition grille Ethos (annexe 3).
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 25 -
réduire l’exclusion liée au logement. Les informations collectées sur les personnes sans
domicile devraient être pertinentes pour informer les gouvernements nationaux et locaux
qui, dans le cadre de la stratégie européenne sur l’inclusion sociale, devraient développer
des stratégies pour :
- prévenir le sans-abrisme;
- lutter contre les causes du sans-abrisme;
- réduire la durée du sans-abrisme;
- réduire les effets négatifs sur les personnes sans domicile et leurs familles;
- assurer que les personnes précédemment sans domicile puissent pérenniser un
logement indépendant.
Pour mettre en oeuvre les objectifs politiques destinés à prévenir le sans-abrisme et à
réduire son impact sur les ménages vulnérables, il convient de se procurer des
informations qui reflètent la réalité du processus de l’exclusion liée au logement sous
toutes ses formes : il faut donc mettre en place des SI qualitatifs permettant de comprendre le parcours des usagers et les prestations dont ils ont pu bénéficier. - Recommandation sur le niveau de mise en œuvre du SI : Les auteurs du rapport « Edgar et al » de 2007 ont affirmé qu’une stratégie de lutte contre
le sans-abrisme se doit de développer une stratégie d’information pour assurer le suivi du
sans-abrisme. Étant donné la diversité des sources d’information qui pourraient être
disponibles, la recherche est nécessaire au niveau national (coordination) pour définir la
nature et l’utilisation des informations ainsi que la manière avec laquelle ces différentes
sources peuvent être combinées et utilisées simultanément.
Alors que l’objectif devrait être de collecter des données à l’échelon national, cela ne sera
pas toujours possible ou rentable. De fait, il pourrait être nécessaire de l’appliquer progressivement à l’échelon régional. Par conséquent, la définition d’un ordre de
priorité pour les régions couvertes est une décision clé pour la mise en oeuvre de la
collecte de données des prestataires de services. Dans ces situations, il est recommandé
que le registre des prestataires de services soit toujours développé pour couvrir
l’ensemble du pays. Cette manière de procéder facilitera l’introduction échelonnée et
pourrait permettre des estimations du sans-abrisme pour les régions sous-nationales au
niveau national. Il faut donc construire un langage national décliné au niveau régional.
- Recommandations sur les variables clés (item) du SI : Le rapport MPHASIS a aussi déterminé les informations qui sont essentielles pour le suivi
et l’alimentation d’un SI de cohésion sociale. Ces variables clés (voir annexe 4)
- 26 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
constituent les informations nécessaires à renseigner pour son fonctionnement. Il convient
par la suite de confirmer localement la définition de ces variables afin de garantir une
cohérence dans la collecte de données entre les différentes régions et au cours du temps.
Dans ce contexte, l’Institut national des statistiques38 devrait être consulté concernant les
protocoles d’Eurostat ayant été développés afin d’harmoniser les concepts, définitions et
classifications.
b) Point de vu des experts européens sur la situation mitigée en France et leurs
recommandations39 :
Situations constatées :
- Les systèmes d’enregistrement administratifs des gestionnaires des services peuvent
varier de manière très importante d’un type de services à l’autre, notamment entre les
services d’hébergement d’urgence ou d’accueil inconditionnel, et les hébergements de
longue durée de type CHRS.
- Les services à accès inconditionnel peuvent, au mieux, enregistrer le nombre de
personnes accueillies quotidiennement par l’établissement (hébergement d’urgence),
voire seulement les usages d’un service déterminé (vestiaire, travailleurs social,…dans
les accueils de jour), et ne disposent donc pas de données individualisées.
- Le double comptage existe : une même personne peut fréquenter deux services
différents le même jour.
- De plus des difficultés méthodologiques spécifiques à ces structures se posent :
comment récolter les données d’identification individualisées sans dissuader certains
publics (sans-papiers, par exemple) d’avoir recours aux services proposés, ou sans
biaiser la relation entre accueillis et travailleurs sociaux ?
- Si l’enregistrement des données semble plus aisé dans les établissements d’insertion
(de type CHRS), ces derniers n’utilisent pas toujours des systèmes de collecte
informatisés. En outre, les systèmes d’information existants permettant une agrégation de
données à un niveau départemental ou régional rencontrent de nombreuses difficultés
(surcharge de travail administratif, résistances des travailleurs sociaux, enjeux
éthiques…).
Recommandations :
Selon les auteurs du rapport français dit Marpsat de 2002, plusieurs conditions doivent
être ainsi réunies pour une collecte efficace :
38 L’INSEE pour la France. 39 Recommandations partagées et constatés après recherche et entretiens par l’auteur de ce mémoire.
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 27 -
- formation spécifique et faible turnover du staff à l’origine du projet, et du personnel
assurant la collecte ;
- nécessité que l’outil (ou les outils) utilisé(s) ne serve(nt) pas uniquement à la
remontée des informations statistiques, mais puisse(nt) s’intégrer dans le travail
quotidien des travailleurs sociaux pour l’accompagnement des personnes. Il faut donc que le SI apporte des outils de gestion aux opérateurs sociaux en parallèle d’outils de pilotage pour les DDASS – DRASS.
- recours à un logiciel facile d’utilisation.
Plusieurs difficultés doivent également être résolues : assurer la confidentialité au niveau
des services (respect des libertés individuelles); trouver un équilibre entre simplicité du
formulaire, et richesse des données récoltées (qui doivent pouvoir servir à la fois à des
fins de gestion, d’évaluation et de recherche) ; entre simplicité d’usage du logiciel, utilité
pour les intervenants sociaux, et complexité des analyses qu’il permet...
D’autre part, une concertation avec les acteurs de la collecte (associations, travailleurs
sociaux) semble nécessaire, pour prévenir d’éventuelles réticences de leur part,
susceptibles d’affecter la qualité des données récoltées (réticences face au risque de
contrôle accru de la part de la tutelle budgétaire, d’une surcharge de travail administratif
au détriment de l’accompagnement social, de la part des travailleurs sociaux…).
Enfin la récolte de données individualisées requière une autorisation préalable de la CNIL,
pour assurer le respect des libertés publiques, en conformité avec la loi. La CNIL
déconseillant l’usage du numéro national d’identification, la création d’un identifiant
spécifique (indispensable pour éviter les double comptes) serait nécessaire.
2.1.2 La prise de conscience nationale et locale d’une nécessité de SI dans la lutte contre le « sans-abrisme »
A) Un contexte politique favorable : vers une politique publique intégrée de lutte
contre l’exclusion liée au logement
En France, l’apparition au premier plan de la « question SDF » dans les années 1980, a
élevé la question de la production de connaissances objectives sur le phénomène au rang
de préoccupation politique et technique majeure, poussant de nombreux acteurs (experts
gouvernementaux, services de la statistique, scientifiques, médias, acteurs associatifs...)
à produire des données chiffrées au sujet de la population sans domicile. La distribution
de tentes aux SDF parisiens par l’association militante Médecins Du Monde (décembre
2005 et été 2006), et les campements de tentes installés par les Don Quichotte au coeur
des grandes villes de France (hiver 2006/2007) ont contribué à rendre le phénomène du
sans-abrisme à nouveau visible, et à le positionner en haut de l’agenda politique et - 28 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
médiatique. De ces réflexions est issu un rapport rédigé par l’IGAS en 2007, portant sur «
la coordination de l’observation statistique des personnes « sans-abri ». Le gouvernement
français a finalement élevé l’hébergement et l’accès au logement des personnes
sans‐abri au rang de « grand chantier national prioritaire », pour la période 2008-2012,
en y allouant une somme de 250 M €. Le 21 janvier 2008, a été nommé un « préfet
délégué général40 pour la coordination de l'hébergement et de l'accès au logement des
personnes sans abri ou mal logées », sous l’autorité du Premier Ministre, afin de mettre
en oeuvre les préconisations du rapport Pinte de 2008, et concevoir une politique
publique intégrée s’attaquant à la fois à la prévention du mal logement à l’hébergement
des personnes sans domicile, et à l’accès au logement de ces publics.
Dans ce contexte, la question du recueil de données sur la population sans domicile est
devenu un objectif politique prioritaire41 : à cet effet, une mission « observation sociale » a
été créée en mai 2008 au sein de l’équipe du préfet délégué général, qui vise précisément
à mettre en place une stratégie de coordination des données sur le phénomène des sans
domicile en France.
Enfin, très récemment, le secrétaire d’Etat au logement Benoist Apparu a indiqué sa
volonté d’organiser le dispositif de lutte contre le sans-abrisme via un coordonnateur
unique par territoire et en mettant en place un dossier personnalisé partagé pour les
usagers et un suivi par un référent unique. Une telle ambition ne peut donc se réaliser que
par la mise en place de SI permettant la collecte, le traitement et l’accès à l’information.
La DGAS42 a ainsi lancé un appel d’offres43 très important pour faire l’étude des différents
SI régionaux et départementaux existants et produire un SI national uniformisé qui sera
« imposé » aux territoires non couverts actuellement par de tels dispositifs. L’objectif à
terme serait, en s’appuyant principalement sur l’expérience du rapport d’activité unique,
de disposer d’un fichier unique, et informatisé, couvrant l’ensemble des structures du
dispositif allant de la rue au logement, et qui permettra de croiser les données issues de
ces différentes sources. Ce fichier comprendrait des informations sur l’offre de services
(descriptif de la structure : statuts, effectifs,…), ainsi que des données individualisées et
« anonymisées » sur les publics accueillis.
Le système de collecte consisterait bien en une informatisation de la démarche du rapport unique d’activité. Les structures devraient alors renseigner, à chaque
40 Le préfet Alain Régnier (recommandation du rapport Pinte 2008). 41 Recommandation du rapport Chambaud 2007. 42 DGAS / S.I. accueil, hébergement, insertion / CAHIER DES CHARGES de l’étude préliminaire / version du 31/07/2009. 43 A distinguer ou à mettre en parallèle d’un autre SI national plus centré sur le contrôle de gestion : le projet de SICC (gestion, recueil de données, enquêtes, communication).
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 29 -
entrée et sortie d’usagers, un certain nombre de variables, à l’aide d’un logiciel prévu à cet effet.
B) L’existant et ses limites en matière de système d’information en France44
Les remontées d’information Les pouvoirs publics imposent des remontées d’informations, en les liant à certains types
de financements45. Ainsi, la DGAS dispose de données statistiques sur le nombre de
places d’hébergement qu’elle finance totalement ou en partie (notamment, les CHRS). De
ce fait, les données disponibles ainsi que les termes employés pour décrire tel ou tel type
d’hébergement dépendent autant de l’origine des financements et de leur type que de ce
qui est offert aux utilisateurs de ces hébergements, en termes d’aspect physique de
l’hébergement (dortoir, chambre seule ou partagée, appartement indépendant ou partagé,
hôtel), de statut d’occupation (et des différents degrés de sécurité qu’il implique), de
conditions d’accès (avec ou sans sélection à l’entrée), de conditions de vie (possibilité de
rester la journée ou non) et d’accompagnement (accompagnement social ou non)…
Limites : deux types de places d’hébergement ne sont pas couverts par ces
statistiques : les places financées par les communes ou certaines associations
sans l’aide de l’État, et les hébergements au titre de l’aide sociale à l’enfance (ASE)
comme les centres maternels et une partie des chambres d’hôtel pour familles en
difficulté, qui sont de la responsabilité des départements.
Les rapports d’activité types Un projet de système de recueil d’information, élaboré en collaboration avec la FNARS et
géré par la DGAS, a été mis au point. Il a été testé auprès des associations adhérentes
de la FNARS et des services administratifs (DDASS), et a vocation à s’appliquer à toutes
les structures. Ce système constitue un premier pas vers une harmonisation des rapports
d’activité des CHRS, conformément à la LOLF.
Limite : il collecte des données annuelles agrégées, sans éliminer les doubles
comptes lorsqu’une personne séjourne dans plusieurs services d’hébergement (ce
sont les séjours qui sont décomptés, non les personnes).
Le guide FNARS et le guide SOS femmes
44 Volontairement nous n’aborderons pas les enquêtes du fait de la nécessité de synthèse de ce document et que par définition un SI n’a pas un fonctionnement ponctuel comme une enquête. 45 Voir partie 1/ : CIRCULAIRE DGAS/1A/5B/ 2006/204 du 21 avril 2006 relative à la mise en place d’un Système Unique d’Informations (SUI) concernant les centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS).
- 30 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
La FNARS propose un répertoire au format papier des structures gestionnaires de
services aux personnes sans domicile (2800 services recensés dans l’édition
2000‐2001), couvrant aussi les associations non membres de la FNARS.
Le guide SOS femmes est un répertoire en ligne recensant 1130 services destinés aux
personnes en difficulté sociale (l’accent étant mis sur les structures réservées aux
femmes), classées par département.
Limites : ces guides ne sont pas globaux et sont ciblés sur des problématiques
spécifiques et ne peuvent prendre en compte la dimension qualitative et le
fonctionnement réel des dispositifs…
FINESS
Le fichier FINESS (Fichier national des établissements sanitaires et sociaux) est un
répertoire national de services du secteur médico-social, géré par la DREES, et mis à jour
par les DDASS et DRASS. Il est utilisé principalement pour des usages statistiques et
gestionnaires.
Limites : les structures autofinancées par les associations, ou financées par les
communes, ou seulement subventionnées par l’Etat sur une base irrégulière, ne
sont pas toutes recensées, de même que les services de distribution de repas
chauds ou de vêtements. De plus, la base FINESS n’est pas exhaustive concernant
les établissements ne nécessitant pas d’autorisation administrative d’exercice, de
même que ceux n’étant pas ouverts à l’année, ce qui est le cas d’une proportion
importante des centres d’hébergement d’urgence46.
L’observatoire des 115 La FNARS a été mandatée par la DGAS pour mettre en place l’Observatoire national du
numéro d’urgence 115. Celui-ci, en s’appuyant sur l’expérience des 115, cherche
actuellement à améliorer le système d’enregistrement lié à ce service.
Limites : la FNARS a publié les premiers résultats en décembre 2007, mais il s’agit
encore pour l’instant de statistiques des demandes et non des demandeurs.
Un logiciel de récolte de données est actuellement en cours de développement pour le
recueil de données au 115, principalement pensé comme un outil de travail pour les
écoutants 115. C’est sur cette démarche que vient se décliner OSIRIS pour le Nord-Pas de Calais.
46 Un groupe de travail piloté par la DREES et en collaboration étroite avec la DGAS s’est d’ores et déjà attelé à ce chantier. Il doit proposer un fichier amélioré, issu du croisement des données du fichier FINESS avec celles de la base enquête ES et de la base des communautés de l’INSEE. Le nouveau répertoire sera composé d’un répertoire des structures pérennes, et d’un répertoire « satellite », couvrant les structures moins pérennes.
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 31 -
Quelques systèmes d’observation des personnes hébergées en CHRS Il s’agit de données établies à un niveau local, souvent la région, et dont la qualité est
surtout bonne pour les CHRS «longue durée», même si quelquefois le champ de l’étude
essaie d’englober les CHRS « urgence». Des systèmes analogues existent47 dans
diverses régions (Poitou-Charentes48, Rhône-Alpes49). Des données locales sont
également recueillies par des observatoires comme la Mission d’information sur la
pauvreté et l’exclusion sociale en Île de France (MIPES), ou la Mission régionale
d’information contre l’exclusion en Rhône-Alpes (MRIE).
Par ailleurs, des associations (Emmaüs, ou l’Armée du Salut notamment)50 utilisent
également leurs propres fichiers pour analyser les types de publics et de demandes qui
leur sont adressées.
Limites : l’absence de standardisation, d’une association à l’autre, des procédures
de collecte, de la méthodologie, du traitement statistique et de l’utilisation des
données produites rend leur agrégation et leur exploitation statistique difficile. Les
données sur la veille sociale et l’urgence sont mal incorporées à ces SI.
Il nous faut donc aborder ce que le Nord-Pas de Calais tente de réaliser en la matière : la
mise en place de l’Observation Sociale Intégrée Régionale pour l’Insertion Sociale
(OSIRIS) qui ambitionne à terme de palier les défauts des expériences précédentes et à
s’inscrire dans les recommandations de l’Union Européenne et dans les besoins du cadre
national.
2.2 « OSIRIS » SI de l’observation social du NPDC : un outil construit sur le besoin, l’interopérabilité et le consensus des acteurs du référentiel AHI
2.2.1 OSIRIS : présentation générale, objectifs et fonctionnalités
A) Définition, philosophie et principe du SI
« Osiris est le nom grec d'un dieu de la mythologie égyptienne. Sa traduction littérale peut
prendre de nombreux sens. Il est ainsi :
un dispositif : il est le « Siège de l'Œil » (observation)
une fonction : il est « celui qui remet en fonction » (insertion)
47 Voir annexe 5 issue du rapport MPHASIS « Benchmarking des SI intégré de lutte contre l’exclusion ». 48 OPHELIA. 49 COHPHRA (Connaissance de l’Offre d ’Hébergement et la Population Hébergée). 50 Comme PRAETIC « le logiciel de suivi individualisé et partagé des parcours d’insertion ».
- 32 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
Osiris est l’incarnation du processus qui conduit au renouveau. Il accompagne le
changement des personnes et de leur environnement pour une nouvelle vie plus
heureuse. Il est ainsi une juste personnification des ambitions du Système d’Information
régionale pour l’accueil, l’hébergement et l’insertion sociale que nous avons désiré mettre
en place dans la Région Nord-Pas de Calais ».51
O.S.I.R.I.S comme Observation Sociale Intégrée Régionale pour l’Insertion Sociale est un
dispositif qui de par sa dématérialisation et les synergies qui l’animent assure
l’intégration de l’ensemble des acteurs AHI et de l’existant local pour améliorer les
conditions de l’accompagnement et de l’insertion de leurs publics. Il est vecteur
d’ingénierie sociale52. C’est aussi un projet novateur car il est en avance sur la volonté
du cabinet du préfet Alain Régnier de mettre en œuvre un dispositif similaire au niveau
national pour 2010-12. Ce dispositif est donc pilote. Il a ainsi été repéré avec l’application
115 national dans le cadre du projet MPHASIS.
OSIRIS réunit donc tous les acteurs. Son objectif est à la fois de doter d’outils de gestion53 informatisés et standardisés les opérateurs sociaux pour, par exemple, leurs
missions de veille sociale (115, accueil et orientation, hébergement par exemple), afin de
leur offrir un interface informatisé (Internet) et un outil statistique sur des items aux
définitions communes au niveau régional et national pour le suivi de leurs activités. En
conséquence, de par les données obtenues, les DDASS et la DRASS pourront
qualitativement et quantitativement faire fonctionner des outils de pilotages pour
connaître les données, les flux et les parcours des usagers sur les territoires de la région
(via le traitement des données en temps réel, les rapports d’activité standardisés des
établissements, de la veille sociale, la connaissance des profils des publics accueillis..).
OSIRIS propose donc une interface54 commune aux différents partenaires pour alimenter
une base de données, créer des dossiers informatisés et faire du traitement statistique…
Par exemple, OSIRIS permet de réaliser un rapport d’activité55 annuel de la veille sociale :
PRESENTATION GENERALE (23 tableaux)
51 Extrait de la plaquette d’information OSIRIS de la DRASS NPDC. 52 Ce qui est d’autant plus intéressant vu l’importance portée sur l’ingénierie sociale des DRJCS. 53 Voir annexe 7 sur des exemples de fonctionnalités particulières développées pour OSIRIS. 54 Mais spécialisée et adaptée aux outils de gestions pour un établissement (fiche personnes, alerte personnes vulnérables…) et de pilotage (statistiques, suivi d’un échantillon anonyme sur une période pour comprendre les parcours…). 55 Pour une analyse de cette problématique, voir le mémoire de Muriel Hette, 2003, « Bâtir un support d’information partagé par les CHRS et la DDASS dans le département de Meurthe et Moselle », ENSP.
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 33 -
L’ensemble des tableaux56 est produit : - Pour chacun des centres ; pour l’ensemble des centres ; pour chaque catégorie de centres, à
savoir pour le Pas-de-Calais, les centres gérant le 115 d’une part, les SAUO d’autre part, pour
le Nord les CAO.
Les tableaux pourront être produits aux échelles territoriales suivantes : - la région, les départements, les arrondissements, les EPCI (les 15 principaux).
Pour éditer ces tableaux types, l’utilisateur pourra définir sa demande en précisant : - le périmètre en termes de centres, le périmètre géographique, la période (avec date de début
et date de fin), le champ (ensemble de la population ou une sous-population définie par un ou
plusieurs critères).
Quelques principes sont mis en exergue : - l’unité utilisée pour la constitution des tableaux est le ménage (répartition des ménages en
fonction d’une série de variables) ; le nombre de personnes concernées par les ménages
auxquels on s’intéresse sera systématiquement affiché ; les tableaux sont simples et croisent
au maximum deux variables (un en ligne et l’autre en colonne) ; chaque tableau est décliné en
deux versions, l’une comportant effectifs et % ligne, l’autre effectifs et % colonne.
Les tableaux sont regroupés en plusieurs séries : - une première série présente des indicateurs relatifs aux dimensions temporelles (périodicité
des demandes) et géographiques (origine et lieu d’expression de la demande) (tableaux de
type A), une deuxième série présente de manière détaillée la nature, le canal de la demande et
les réponses apportées, ces données étant croisées systématiquement avec la composition
familiale (tableaux de type B) ; une troisième série présente quelques indicateurs synthétiques
relatifs à la demande et aux réponses apportées, ces indicateurs étant croisées
successivement avec une série de variables caractérisant les demandeurs ou des
problématiques spécifiques (tableaux de type C).
B) Historique et financement
Le choix d’un SI régional a été guidé par des travaux déjà réalisés dans la région. En
effet, le besoin d’un outil spécifique pour répondre aux nécessités de la gestion
quotidienne des opérateurs sociaux avait été anticipé par certains acteurs. Le problème
rédhibitoire était que les bases de données n’étaient pas reliées entre elles et chaque
structure avait développé une grille d’observation (Items et variables) en fonction de ses
propres nécessités. Ces différentes bases de données étaient ainsi difficilement
« fusionnables » car les définitions entre les opérateurs n’étaient pas communes. Aussi,
grâce au financement « plateforme observation sociale » en 2007, et en 2008 de la sous-action 0320 d’ingénierie sociale du BOP 177, un projet de SI régional a été lancé et
piloté par la DRASS NPDC.
56 Voir annexe 8.
- 34 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
Pour ce faire, il a été fait appel au CRESGE (consultant, département de recherche de
« l ’Université de la Catho » de Lille) pour aider à bien déterminer les besoins et à réaliser
un cahier des charges pour le choix d’une société informatique consacré au
développement de l’outil, la formation des utilisateurs, la reprise des informations déjà
saisies dans d’autres logiciels locaux…
C’est l’entreprise CDPM (Conception et Développement Publication et Multimédia) qui a
été retenue. Habituée de l’informatisation dans le secteur social, elle a acquis une forte
expérience des logiciels et progiciels avec le développement de PROG DIS CHRS et du
SI de l’observatoire national 115 de la FNARS. OSIRIS est ainsi compatible avec les items nationaux de l’application nationale 115. CDPM assure la maîtrise d’œuvre de
ce SI de cohésion sociale. Le budget dépensé pour la réalisation et la mise en œuvre
d’OSIRIS est actuellement d’environ 80 000 euros dont uniquement 12 000 euros pour le
développement logiciel et 8 000 euros pour la formation des utilisateurs.
Le consultant (CRESGE) avec la DRASS et les DDASS et les opérateurs sociaux ont par
la suite organisé de larges groupes de travail57 afin dans un même temps d’élaborer et de
définir les items à décliner régionalement, de définir l’interface du logiciel et de décider
des indicateurs et de leur présentation à retenir dans un rapport d’activité automatisé. Le
but étant de progressivement mettre en place le dispositif pour l’ensemble des acteurs du
référentiel AHI. Actuellement, le SI OSIRIS est opérationnel pour les acteurs de la veille
sociale58 et en phase de développement pour les équipes mobiles. La mise en place du
SI pour l’intégralité des autres dispositifs (hébergement, logement adapté…) devrait se
faire par la suite59.
C) Les apports de l’intégration dans la veille sociale : la démarche OSIRIS
OSIRIS a crée des plateformes communes de travail pour faciliter la cohérence et
l’articulation des dispositifs : il est aussi bien l’interface informatique de l’accueil
téléphonique du 115 que celui de l’accueil physique des services d’accueil et d’orientation
dans l’ensemble de la région Nord-Pas de Calais. Il intègre pour ce faire les besoins60 de
l’observatoire national du 11561 et donne aux DDASS DRASS les outils nécessaires pour
le pilotage local et pour le suivi au niveau régional des politiques du BOP 177 et de ses
indicateurs.
57 Voir C. 58 Et pour certaines structures d’hébergement si l’association gestionnaire est aussi en charge de la veille sociale (particularité du Pas de Calais). 59 Voir 2.2.2 du fait des problématiques que cette extension pose actuellement. 60 Il est prévu d’alimenter la base nationale 115 via une requête automatique entre le serveur régional d’OSIRIS et le serveur de la FNARS. 61 Et potentiellement des besoins en items du futur SI national.
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 35 -
Grâce à un SI comme OSIRIS, les accueils et les structures sont en mesure de :
de mieux connaître les
besoins
de mieux connaître le
parcours de leurs usagers
de mieux cibler leurs
prestations et leur
accompagnement
d’assurer un suivi entre
travailleurs sociaux puis entre
structures
Permettre un rapport d’activité
automatisé
SI national ?
Le principe de l’intégration étant le décloisonnement, des groupes de travail élargis ont
été constitués pour les travaux de développement du Système d’Information (SI). Le but
était de mettre en contact les acteurs afin de leur permettre de se concerter.
A l’heure actuelle, il existe deux groupes de travail élargis.
- Un premier groupe de travail regroupe les DDASS, DRASS, consultant et les opérateurs
de la veille sociale. Comme le SI est déjà opérationnel dans leur secteur, il se réunit
encore régulièrement pour échanger et faire remonter les problèmes techniques
rencontrés. C’est un peu le groupe cobaye qui fait maintenant avancer dans ses grandes
lignes OSIRIS.
- Un autre groupe de travail réuni les porteurs du projet et les responsables/ représentants
des équipes mobiles. Actuellement, ce groupe définit les besoins en terme d’outils
informatisés et les items à adapter dans OSIRIS pour les équipes mobiles.
Ces groupes de travail sont vitaux et sont d’ailleurs recommandés dans le processus de
mise en œuvre de tel SI par la CE62. En effet, ils ont permis d’investir les acteurs et
d’acter avec eux des définitions communes même si cela n’a pas toujours été évident63 et
donc en plus des items nationaux désirés par la FNARS de développer toute une série
d’items régionaux propices à mettre en avant les réalités locales. Surtout, cette démarche
leur a permis d’expliquer leurs besoins en outils de gestion et donc de les construire avec
eux et pour eux dans OSIRIS.
62 Voir 2.1. 63 Voir 2.2.2.
- 36 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
Ces réunions ont aussi eu le grand mérite de permettre les échanges de pratiques entre
les acteurs et de les faire sortir de leurs problématiques personnelles, de leur propre
territoire. Ces groupes de travail ont permis aux acteurs de se connaître et de s’intéresser
à l’ensemble des dispositifs de la région. En somme, l’information circule déjà mieux
grâce à la démarche qui a permis la mise en place du SI OSIRIS.
D) Les informations recueillies et traitées par OSIRIS
Il est intéressant de regarder rapidement les grandes catégories d’items qu’OSIRIS
permet d’alimenter64.
Type de Fiche Descriptif65 (non exhaustif par rapport à tous les items)
- Nom, Prénom, Age, Sexe, …
- Composition du ménage….
- Situation résidentielle avant l’errance
- Elément déclencheur) de la situation d’urgence sociale ou
d’errance
- Eléments sur la Santé (déclaratif / items fixes)
- Situation professionnelle passé et actuelle (stage, travail…)
- Niveau d’étude
- Ressources
- Situation administrative (nationalité, …)
- Date 1ère demande au 115, Canal de la demande
- Objet de la demande (prestation(s)
- Origine géographique, …
- Proposition (s) faite(s) au ménage
- Evaluation de la réponse apportée par les services de la veille
sociale
Visualisation des places disponibles en temps réel sur les
différents dispositifs d’hébergement...
L’accompagnement social est rendu plus fonctionnel grâce à OSIRIS. La fiche personne
est accessible pour les référents de la personne suivie. Cela implique un suivi précis des
64 Les items qu’OSIRIS permet de renseigner sont trop nombreux pour être détaillés ici. 65 Les informations fournies pas les opérateurs reposent sur le principe du déclaratif quant aux personnes accueillies
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 37 -
personnes en cas de changement d’établissement ou de référents66. Les travailleurs
sociaux garantissent le secret professionnel de ces informations. Le SI rend possible
l’accès des fiches personnes aux structures lors de l’accueil et pour le suivi afin de
permettre une prise en charge non redondante en prestations et d’accompagner un
parcours le plus adapté vers la réinsertion sociale par l’autonomie dans le logement.
En conséquence, ces items permettent la création, dans une base de données unique et
régionalisée, d’un « infocentre » très riche qui donne la possibilité aux DDASS et à la
DRASS sur l’ensemble des items non nominatifs (donc agrégés) de réaliser des requêtes
souples et permettant de croiser toutes les données utiles.
E) Technique et sécurisation
OSIRIS est une web application67 facile
à installer et à diffuser sur les territoires.
Il assure ainsi une compatibilité et une
intégration totale avec les 115. Il permet
de décliner et développer de nombreux
items et applications propres aux
nécessités des acteurs du dispositif AHI
à l’échelle régionale, départementale et
à celles des opérateurs.
L’ensemble des partenaires
communique et échange au sein d’un
réseau unique. Toutes les demandes
sont ainsi recensées et l’offre de places est disponible en temps réel, ce qui est très pratique pour le 115 et les DDASS.
L’ensemble des acteurs a accès à la base de données en fonction des autorisations
d’accès accordées à chaque profil. Ainsi, deux catégories d’acteurs ont été distinguées
sur le réseau : les administrations et les opérateurs sociaux.
L’administration n’a accès qu’aux données « anonymisées » alors que les opérateurs
ont accès aux données nominatives. Ces derniers ont la possibilité de suivre les parcours
des personnes car la base est partagée sur tout le territoire régional. Lors de chaque
66 A l’image d’un dossier unique partagé comme le souhaiterait M. Apparu.
- 38 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
nouvelle demande, l’application vérifie systématiquement si la personne est déjà connue
des services. Il est alors possible de suivre le parcours des personnes entres les
différents dispositifs et les différents territoires. Chaque 115/SAUO/CAO garde la main sur
l’orientation et l’affectation des places de son territoire.
2.2.2 Les difficultés rencontrées : premiers enseignements et préconisations
La mise en place d’OSIRIS pour les dispositifs de veilles sociale a permis de trouver des
solutions à de nombreux problèmes et aux résistances constatées sur le terrain. Il en est
ressorti un certain nombre de recommandation qu’il convient de partager ici.
La difficulté d’un budget restreint et d’un pilotage DRASS La première difficulté qui a été clairement rencontrée dans la mise en place d’OSIRIS a
été d’initier son projet. En effet, la DRASS ne bénéficie que de moyens très limités en
termes de ressources humaines et des financements très faibles pour réaliser un projet
aussi important que la mise en place d’un SI sur un territoire régional. Les crédits du BOP
177 pour la DRASS sont donc bien faibles. La DRASS NPDC a eu la chance de trouver
sur son chemin un contexte favorable et des partenaires de qualité.
Le contexte favorable a déjà été abordé dans la partie précédente. Même si la motivation
de la DRASS repose en partie sur les difficultés liées à la gestion du BOP 177 avec les
deux DDASS de la région, le contexte local au niveau des opérateurs sociaux étaient dès
le début fertile. En effet, ces derniers avaient déjà saisi la nécessité de développer des
bases de données pour mieux connaître leurs publics et mieux comprendre leur activité.
Aussi, l’idée de financer pour tous et d’harmoniser les items/ variables pour la région les a
largement séduit. Une dynamique de SI très locaux a donc porté la volonté et l’intérêt d’un SI régional. En terme de partenaires, la DRASS Nord-Pas de Calais a la chance de travailler avec le
CRESGE, un prestataire issu d’une université reconnue et très appréciée du terrain. Le
CRESGE est aussi très intéressé par le développement de nouvelle technologie dans le
secteur de la cohésion sociale. Consultant pour cette démarche OSIRIS, il s’est révélé
être un très bon médiateur pour sortir des relations conflictuelles entre les tutelles et les
opérateurs sociaux et les relations non hiérarchiques mais pas toujours évidentes des
DDASS avec la DRASS. Il est un partenaire engagé dans cette démarche. En outre, le
contexte (cadre européen et national) a permis à OSIRIS de se construire en parallèle
pour ensuite venir s’intégrer dans la démarche du logiciel national du 115 de la FNARS. Il a ainsi pu, dans ce cadre, être repéré par le projet européen MPHASIS et y
67 Le développement d’OSIRIS utilise un environnement "Omnis.Studio" (pour la création des interfaces web et la gestion de bases de données).
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 39 -
trouver une certaine légitimité. Ainsi, dès sa conception OSIRIS s’est construit avec la
FNARS via un logiciel commun développé par la même entreprise CDPM et donc de facto
est compatible avec les items nationaux du 115 tout en ayant l’autonomie de développer ses propres items régionaux complémentaires. L’une des responsables de la FNARS,
Mme Carole Lardoux a pu activement défendre le bien fondé auprès du ministère de la
démarche OSIRIS. Elle a, quand le besoin a pu se faire sentir, pu intervenir auprès des
opérateurs sociaux réfractaires pour justifier les bienfaits d’un tel SI régional dans le
champ de la cohésion sociale. De même, la FNARS ayant été choisie comme
coordinatrice nationale du projet européen MPHASIS, elle a pu trouver des appuis extérieurs. Enfin, cette coopération a été fructueuse pour le développement du corps
commun du logiciel que la FNARS a aussi financé.
Ainsi, la DRASS a trouvé des cofinancements pour le développement et la réussite de cette application. Elle aurait pu, peut-être, aussi tenter de récupérer des
cofinancements européens pour son projet comme a pu le faire l’Armée du Salut pour son
SI PRAETIC.
En conséquence, il est à préconiser pour toute région qui voudrait à son tour se lancer
dans une telle expérience de solliciter des partenaires engagés dans sa démarche et de
trouver légitimité et cofinancements de l’application auprès de la FNARS. Ce dernier point
permet aussi d’assurer des remontées de données nationales efficaces et garantissant
des items communs nationaux tel que ceux du 115, tout en pouvant comme le permet
OSIRIS développer selon les besoins et par la concertation avec les acteurs locaux des
items et des outils de gestion régionaux partagés par les structures.
Les difficultés de mise en œuvre et de création du programme avec l’ensemble des acteurs impliqués dans l’hébergement social : le problème de l’outil informatique Une autre grande difficulté qu’il a fallu surmonter a été de vaincre les peurs
fondamentales des opérateurs sociaux qu’un SI pouvait incarner.
En effet, rapidement, les opérateurs sociaux ont fait part de leur peur crainte d’une
informatisation assimilée à un « flicage »68, de même d’une peur que les DDASS utilisent
les données recueillies dans le but exclusivement de tarification69 et enfin d’une certaine
méfiance mutuelle entre opérateurs sociaux réticents à dévoiler aux yeux de leur
homologues des données clairement comparables et compréhensibles sur leur activité…
68 Dans le sens où les fonctionnaires de l’Etat ayant accès à ce SI pourrait communiquer des données nominatives, par exemple aux services de l’immigration s’ils repéraient des sans papiers hébergés ou accueillis dans un des dispositifs. 69 Le SI OSIRIS n’est pas alimenté par des données financières : son objectif est le suivi des populations même si les données qu’il peut produire pourraient être croisées avec des sources financières type CAUSA pour analyser le rapport activités - prestations coûts d’un dispositif.
- 40 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
Sur ces trois points, les difficultés ont été levées via, comme expliqué précédemment,
l’activité des partenaires ressources de la DRASS dans ce projet70. Enfin, la décision
claire d’une sécurisation des données empêchant l’administration de pouvoir accéder à
des données nominatives a permis de rassurer les opérateurs sociaux. Enfin, le discours
le plus porteur qui a permis de rassembler71 les opérateurs sociaux dans ce projet a
consisté à mettre au centre de la démarche OSIRIS les usagers en insistant sur le fait
que la mise en réseau de leur parcours permettrait d’améliorer leurs chances de
mieux être aidés et soutenus dans leur recherche de l’autonomie. Les difficultés de développer une application qui a besoin d’apprendre d’elle-même : entre bogues, lassitude et réorganisation… Une autre difficulté importante a été rencontrée durant la mise en place et le
développement de l’application du SI OSIRIS.
En effet, comme tout projet reposant sur un système informatique, il ne peut réussir qu’en
apprenant de ses erreurs, de ses dysfonctionnements pour être amélioré et mis à jour.
Il a donc fallu s’assurer et faire financer, le cas échéant, du matériel informatique et des
connexions à Internet pour certains opérateurs sociaux de la veille sociale72. Surtout, il a
été nécessaire de former sur cette application les personnels de la veille sociale. Ce
dernier point est un élément essentiel pour la mise en œuvre d’un tel système.
L’ « apprentissage sur le tas », c’est courir à la catastrophe pour un SI de la gestion de
l’urgence73.
De même, chacun des participants durant les phases test et d’exploitation ont du incarner
le rôle de « bêta testeur » de l’application. Cela n’a pas été sans difficulté car certains
opérateurs sociaux désiraient dès le « premier clic » se faire la main sur une application
sans aucun problème. Ainsi, durant ces périodes de rodage, certains opérateurs sociaux
en ont profité pour manifester leur lassitude et potentiellement remettre en cause la
démarche. Pour éviter que les difficultés inhérentes à la mise en place d’un SI ne se
révèlent rédhibitoires pour ce projet, il a été nécessaire de s’appuyer sur un noyau solide
et très engagé d’opérateurs sociaux qui ont entraîné les moins actifs dans cette synergie.
Les DDASS, en tant que tutelles, ont aussi eu un rôle à jouer pour garantir l’adhésion des
opérateurs sociaux de leur département dans cette démarche. Ainsi, la DDASS du PDC a
70 Le CRESGE pour la médiation et la FNARS pour la légitimation et la démonstration des biens faits et de la nécessité d’un SI dans la cohésion sociale. 71 Les groupes de travail ont bien mise en lumière le fait que les opérateurs sociaux sont très friands de partager leurs expériences et leurs pratiques. 72 Situation très minoritaire. 73 Sans compter que malgré les formations, de nombreuses personnes ont eu besoin de conseil téléphonique pour les aider… un contractuel de la DRASS a donc, en plus de ses activités, garanti avec CDPM la continuité en semaine d’une « hotline ».
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 41 -
débloqué des financements pour apporter à aux opérateurs sociaux de la veille sociale de
son département des moyens financiers supplémentaires pour assurer des ETP
permanent sur le test de l’application. La DDASS du Nord, elle, a vu dans ce processus
un moyen de réorganiser les relations de travail de la veille sociale dans son territoire74.
Elle a donc conçu un protocole de travail redéfinissant les relations entres les acteurs et
donc permettant de conventionner leurs missions et leurs obligations par rapport au SI
OSIRIS75. L’intérêt d’une telle convention ayant été élevé au niveau régional, il a donc été
décidé de la réaliser pour tout le Nord-Pas de Calais76.
74 Comme abordé dans la première partie, malgré la gestion centralisé du 115 par la CMAO, la DDASS du Nord a énormément de mal à avoir un regard clair sur le fonctionnement des attributions des places d’urgences dans son département. 75 La DDASS du Nord profite ainsi de la mise en place du SI OSIRIS pour reprendre la main sur les opérateurs sociaux de son territoire. 76 La convention de travail régional est actuellement finalisée par le COPIL régional (DDASS 59 et 62, DRASS et CRESGE).
- 42 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
3 Recommandations pour le traitement de l’information d’un SI régional de cohésion sociale et pour ses développements futurs : indicateurs de réalité de terrain, participation étendue des acteurs de la cohésion sociale au SI
La mise en place technique d’un système d’information n’est pas une fin en soi. Il faut
pouvoir analyser les données qu’il produit et les utiliser dans le cadre du pilotage des
dispositifs. Il faut ainsi trouver les moyens d’objectiver la prise de décision : il faut donc
concevoir et « consensualiser » des indicateurs. Steven Hronec77 en donne la définition
suivante : « un indicateur est quelqu’un ou quelque chose qui donne des renseignements.
C’est aussi un instrument de mesure qui fournit des repères utiles, un élément significatif
d’une situation servant à la caractériser. » Un indicateur78 est généralement le résultat de
la combinaison de plusieurs données (ratio, pourcentage…).
Nous en revenons ainsi à la problématique pour le Nord-Pas de Calais de trouver des
indicateurs objectifs pour permettre au niveau régional de réaliser une répartition
budgétaire plus appropriée dans les deux départements.
La DRASS Nord-Pas de Calais a ainsi décidé la mise en place, en parallèle de la
démarche OSIRIS, d’un groupe de travail pour travailler sur un ensemble d’indicateurs
propices à trouver une clef de répartition régionale pour les crédits du BOP 177. Au
préalable, ce groupe dont l’auteur de ce mémoire a fait parti, a réalisé un benchmarking
dans deux autres régions sur l’utilisation d’indicateurs et a réfléchi à des indicateurs de
pertinences et à une matrice d’indicateurs de base pour décider d’une clef de répartition
(3.1). Cependant, la démarche OSIRIS est loin d’être achevée. Les capacités d’un SI de
cohésion sociale régionale doivent être encore plus développées et son assise et sa
gouvernance étendue. Il faut donc dès à présent penser les interactions79 et
recommander le développement d’outils à développer en son sein et à l’extérieur pour
véritablement le transformer en SI régionale de la cohésion sociale assurant sa pérennité
et son efficience (3.2).
77 Steven Hronec, Vital signs, AMACOM, 1993. 78 Défintion extraite de « la démarche de performance et le déploiement du contrôle de gestion au sein de l’administration sanitaire et sociale ». (Dominique PASTOUKOFF Contrôleur de gestion DRASS Nord-Pas de Calais ; Nicolas ALEXANDRE Adjoint au chef du bureau de la performance et du contrôle de gestion – DAGPB). 79 Tout particulièrement dans le cadre des réformes actuelles qui font émerger de nouvelles administrations (ARS, DRJSCS, DCS…) pour lesquels l’IASS doit trouver le moyen de faire la continuité du lien entre le sanitaire et le social par exemple.
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 43 -
3.1 Traiter les données produites d’un SI d’observation : premières pistes et réflexions pour trouver une solution à la répartition des crédits du BOP 177
- Une création anticipée dans le NPDC d’un groupe de travail de réflexion et
d’innovation sur les indicateurs dits de pertinence
Un groupe de travail a été crée pour travailler sur des indicateurs à valider par la DRASS
et les deux DDASS afin de répondre aux problématiques liées à la gestion et au pilotage
du BOP 177. Le CTRI du 8 avril 2009 a validé la création de ce groupe de travail. Ce
dernier s’est rapidement baptisé GTIP : Groupe de Travail sur les Indicateurs de
Pertinence. Ce choix s’explique par le fait que ce groupe avait la volonté de mettre en
avant et de croiser toute une série d’indicateurs afin de réunir une proposition commune
de critères de répartition. En effet, actuellement, les indicateurs ont essentiellement un
fondement statistique et ont ainsi tendance à ne révéler que la seule performance
quantitative (en terme de mouvements ou de volumes financiers et de constats bruts sur
l’état des populations) et non la performance qualitative (en terme de satisfaction des
usagers, de besoins des opérateurs et des territoires, d’efficacité sociale, et de tendances
territorialisées sur des populations identifiées). Aussi, afin de répondre à cette exigence
d’objectivité, le CTRI a validé le principe de constituer ce groupe autour d’inspecteurs
récemment nommés80 :
- Oriane Jumeaux, DDASS du Nord (promotion 2007-09)
- Julien Kounowski DRASS (IASS en stage, promotion 2008-10)
- Aviva Max, DDASS du Pas de Calais (promotion 2006-08)
- François Ménier, DRASS (promotion 2007-09)
- Audrey Serveau, DDASS du Nord (promotion 2006-08)
« En préalable, ce groupe sera donc en charge d’examiner la pertinence des critères
utilisés jusqu’à présent dans le cadre d’une étude comparative avec les modalités de
répartition mises en œuvre dans d’autres régions, et dans d’autres services déconcentrés
du Nord-Pas de Calais »81 (3.1.1). « Pour l’essentiel, le travail consistera ensuite à
déterminer des critères pertinents et légitimes, qui permettent une répartition adaptée
des crédits. L’élaboration de ces critères se fondera sur l’observation de la veille sociale,
à travers notamment l’outil OSIRIS, mais intègrera également des facteurs
sociodémographiques plus larges »82 (3.1.2)
80 Afin de s’intéresser non pas aux dissensions mais aux faits. 81 Feuille de route du CTRI du 8 avril 2009. 82 Ibidem.
- 44 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
3.1.1 L’utilisation existante en France d’indicateurs au niveau national et local pour le pilotage et la gestion du BOP 177
Deux régions ont ainsi été étudiées : la région Haute-Normandie car elle est composée
uniquement de deux départements (donc un choix sur l’organisation administrative) et la
région Rhône-Alpes qui présente des critères sociaux très dégradés comme le NPDC
(donc un choix sur la situation sociale).
- En Haute-Normandie La DRASS a comme principe de mettre hors critères de répartition certaines dotations (CHRS, une partie de l’urgence
et maisons relais).
En effet, leur PARSA s’est traduit différemment pour ses deux
départements : en Seine Maritime, une faible proportion des
places créées est financée sur l’hébergement d’urgence,
l’autre partie étant sur la ligne CHRS. Dans l’Eure, la totalité
est sur la base CHRS. Ceci est bien une situation commune avec le Nord-Pas de Calais !
Il a donc été choisi de sanctuariser83 ces dépenses en les isolant des critères de répartition, mais en leur appliquant malgré tout le taux national de diminution appliqué à l’enveloppe CHRS entre 2008 et 2009 afin d’inciter les DDASS à entrer dans
la logique de restructuration du parc.
- Le restant de la délégation de la LFI est réparti en fonction de données socio-démographiques84. Elles retiennent ainsi : la population sur chaque département, le
nombre de chômeurs de longue durée, le nombre d’allocataires du RMI, le nombre d’allocataires de l’API85. Il y a deux ans, le département le plus urbanisé de la région a
mis en avant que les dépenses du plan hiver pesaient essentiellement sur lui. Un
indicateur permettant de mesurer cette notion d’urbanisation a été recherché : il a été
donc retenu comme nouveau critère le nombre de nuitées réalisé sur le plan de l’année précédente. Chacun de ces critères est affecté d’une pondération équivalente
pour la clef de répartition.
En conséquence, la DRASS Haute Normandie répartit ses financement uniquement sur
des données populationnelles « cadre » (général et publics spécifiques via prestations) et
une donnée « flux » (nuitées réalisées plan hiver).
83 Principe retenu par le NPDC. 84 Critères modifiés il y a deux ans. 85 Le nombre de bénéficiaires de l’AAH n’a pas été retenu car le nombre d’établissements médico-sociaux sur chaque département fausse un peu la donne.
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 45 -
- En Rhône-Alpes : La répartition86 des crédits du BOP 177 s’effectue
entre 8 départements. Jusqu’en 2009, les modalités
étaient les suivantes (pour la répartition des crédits
de LFI il était procédé en deux temps) :
1. Chaque département obtenait les crédits
nécessaires à l'abondement des lignes de
dépenses obligatoires ou inéluctables, par
reconduction, corrigée si besoin, des bases de
l'année précédente (aide sociale,
CHRS, maisons relais, PAEJ).
2. Une fois ces dépenses "sanctuarisées", le solde de
l'enveloppe restant était réparti sur
la base d'une clé dite "de
précarité"87. Les crédits
complémentaires obtenus en cours
d'année étaient également répartis
sur cette base sauf lorsqu'ils
étaient fléchés ou attribués en
réponse à des appels à projets.
- en 2008 : Du fait de l’abandon de la
DGAS du fléchage des crédits de la ligne CHRS88, l’utilisation de la clef s'est avérée
problématique. Ainsi, en 2009, l'expérience de l'année 2008 et le maintien en notification
initiale d'une insuffisance structurelle de crédits de l'ordre de 6,2 M €, a contraint à
modifier les modalités d'allocation des moyens aux DDASS :
Clef de précarité : 1.Population totale Nombre : Population au 1/1/2006 (estimation INSEE)2. Populations en situation d'extrême précarité NOMBRE Nbe d'allocataires Caf à très bas revenu Population des allocataires en cantons très pauvres Chômeurs de 2 ans et plus POURCENTAGE % nbe d'allocataires très bas revenu % allocataires en cantons très pauvres % chomeurs 2 ans et plus Moyenne des pourcentages (2) Clé de répartition n°1 =(1)+ (2)
- Le maintien des dépenses obligatoires et inéluctables n'a pas été possible à la
hauteur souhaitée : les lignes de l'aide sociale et des CHRS89 ont été diminuées et dans
une moindre mesure celle des PAEJ. Seule la ligne maisons relais a été dotée de façon
adaptée ;
- Le montant des crédits restant à répartir n’a pas été suffisant pour couvrir la
totalité des autres lignes. Le principe de la clé de précarité a donc été abandonné :
86 Les modalités de base de la répartition ont été renouvelées en 2009. 87 Basé sur la précarité des populations : refonte en 2006 afin d'accroître son caractère discriminant par un essai de prise en compte de la très grande précarité. 88 Voir note de bas de page n°16 (page 10).
- 46 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
« Son application sur des montants en baisse n'étant plus opérationnelle au regard de
l'objectif visé. Il nous a semblé par ailleurs, plutôt que de laisser aux départements la
liberté de répartir ces crédits entre les dispositifs, qu'il serait préférable de définir une
position régionale homogène et cohérente et donc de faire se prononcer le CTRI puis
le CAR sur les dispositifs qu'ils entendaient voir doter prioritairement au détriment
éventuel de certains autres90 ». Au final, sur demande expresse du préfet de région, ont
été dotées uniquement les lignes veille sociale et hébergement d'urgence, sur la base
d'une reconduction à la hauteur des crédits inscrits sur ces lignes en 2008. Les autres
dispositifs (gens du voyage...) n'ont donc pas été dotés lors de la construction du BOP
200991.
En conclusion de cette analyse, l’exemple de la région Rhône-Alpes est très intéressant
car il montre l’intérêt de développer une clef de répartition pour les dispositifs du BOP 177
hors hébergements, tout en insistant sur ses limites du fait de la réduction des crédits du BOP et d’un besoin d’une position régionale harmonisée.
3.1.2 Premiers résultats du GTIP
Le NPDC se devait lui aussi de définir une telle clef de répartition de base et dans
l’attente des premiers résultats exploitables d’OSIRIS et débuter la réflexion de ce que
pourrait être des indicateurs pertinents de répartition pour les dispositifs hors
hébergement.
- Des idées de critères pour composer des indicateurs pour les sous-actions du BOP 177 Il est ainsi intéressant de reprendre certains dispositifs cités dans la première partie du
mémoire (1.2.1) qui posaient problèmes pour voir quelle solution permettrait un langage
commun dans la région et en quoi un SI comme OSIRIS est fortement attendu en ce
sens. Aussi sous chaque sous-action figurent les critères formant l’indicateur de
pertinence et entre parenthèse ceux pour lesquels OSIRIS sera une source dynamique de
données92.
- Sous-action 0122 : Gens du voyage
nombre de places ouvertes et nombre de places nécessaires
89 Répercussion de la baisse liée à prise en charge par les CG des mères isolées avec enfants de moins de trois ans. 90 Citation de la DRASS Rhône-Alpes. 91 Les crédits obtenus au titre du plan de relance ont permis, par requalification interne des crédits d'abonder ces lignes par la suite et de compléter l'allocation de moyens aux CHRS. Il en fut de même dans le NPDC… mais cela ne présente pas une solution pérenne. 92 Sous-entendu que l’obtention de ces données n’était pas actuellement fiable du fait du langage non commun au vu des problématiques exposées en première partie.
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 47 -
Couverture existante et besoins exprimés et réalisés par les schémas (eux-mêmes à
définir avec les données de flux OSIRIS) données populationnelles (qualitatifs profils OSIRIS)
- Sous-action 0127 : Domiciliation
par rapport au nombre de demandes par associations sur total 1 ETP pour 600
domiciliations (à voir avec l’extension OSIRIS pour les dispositifs d’hébergements)
- Sous-action 0201 : Plate-forme de veille sociale : 115 nombre d'appels reçus (OSIRIS)
taux de décrochage / appels répondus (OSIRIS)
nombre appels par ménage (OSIRIS)
nombre et types de demandes (urgences / insertion / autres) (OSIRIS)
Volume de bénéficiaires par territoire (OSIRIS)
orientations réussies (OSIRIS)
- Sous-action 0203 : Plate-forme de veille sociale : SAO - (hors CPER)
nombre de personnes reçues (accueil physique) (OSIRIS)
Volume urgence et orientation (OSIRIS)
base ETP minimum par territoires puis dégressivité financement ETP par demandes et
population couverte (OSIRIS)
métrage de l'arrondissement si accueil physique nécessaire
- Sous-action 0204 : Plate-forme de veille sociale : Accueil de jour
nombre d'usagers reçus dans cadre des accueils de jour (ratio estimations
populationnelles globales) (OSIRIS)
prestations (suivis) (OSIRIS)
besoin de couverture à développer (diagnostic OSIRIS)
- Sous-action 0205 : Plate-forme de veille sociale : SAMU social, équipes
mobiles
nombre d'usagers rencontrés en fonction de la population couverte (OSIRIS)
typologie du territoire (urbain ou campagne) : métrage déplacement et coefficient selon
type de population cible (qualitatif : OSIRIS) type de maraude (prestations fournies) (OSIRIS) X ETP composant maraude sur Y habitants type de tranches horaires : couverture des arrondissements
Il est alors aisément constatable que seul un SI comme OSIRIS avec ses items communs
régionaux pourra produire les données attendues pour la compréhension et le pilotage
des dispositifs sur les territoires.
- 48 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
Le GTIP a aussi produit son premier tableau d’indicateurs de base pour la clef de
répartition du BOP 177 hors hébergement. Les indicateurs sont pour le moment, et
volontairement, simplifiés, composés par un critère (une donnée fait un indicateur, sans
croisement de données) et ont été pondérés grâce aux consensus obtenu avec les
représentants des DDASS dans ce groupe.
En annexe (n°11) figure ce tableau d’indicateurs de base qui intègre une simulation de cette répartition au vu des indicateurs qui ont déjà pu être renseignés lors des travaux du GTIP.
Cette matrice de répartition n’est donc qu’un premier jet basé exclusivement sur des
données déjà présentes et théoriquement récupérables dans l’immédiat. Le GTIP, dans
ses conclusions, a aussi acté le principe de la poursuite des réunions pour continuer à
définir ces indicateurs et à intégrer pleinement la démarche OSIRIS à son travail. Comme
il l’a fait pour des indicateurs de suivi et de pilotage de sous actions, il attend les premiers
tests statistiques d’OSIRIS pour pouvoir développer des critères de pertinence pour cette
matrice de répartition (voir 3.2.1).
3.2 Recommandations pour le devenir et le développement des SI et des indicateurs de cohésion sociale
Les préconisations à faire pour un SI d’observation et de cohésion sociale tiennent dans
le traitement de ses données et dans ses possibilités techniques pour comprendre les
réalités de terrain (3.2.1) et surtout dans son intégration et son exploitation étendues à un
niveau viable, régional, avec l’ensemble des acteurs et des dispositifs concourant à la
prise en charge des usagers de la rue à l’autonomie (3.2.2).
3.2.1 Comment mieux intégrer les réalités sociales dans les indicateurs sociaux de pertinence : possibilité et limite technique avec OSIRIS
A) Réaliser un triptyque pondéré d’indicateurs « bilan ; flux/activités ; données
prospectives » pour répartir les crédits du BOP 177
La mise en œuvre de nouvelles pratiques et le partage d’indicateurs qualitatifs clefs et
communs pourra permettre une répartition plus transparente et objectiver la répartition
des crédits aux directions départementales. Une telle finalité s’appuie sur l’esprit même
de la politique de cohésion sociale exprimée par les actions du BOP 177. Il faut donc se
fonder sur les deux conditions suivantes pour déterminer des indicateurs de réalité de
terrain :
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 49 -
- Si la finalité de la politique de cohésion sociale est de garantir que personne ne
devrait dormir à la rue, il convient donc de collecter des informations pour assurer le suivi
du nombre de personnes dormant à la rue, du nombre d’usagers des services d’aide aux
sans-abri, ainsi que du nombre de logements disponibles. Il convient ainsi d’obtenir des
informations pour assurer le suivi du nombre total de ménages sans domicile, du
nombre de personnes vivant dans des logements temporaires ou inadéquats, ainsi que du
nombre de personnes menacées d’exclusion liée au logement.
- Si l’objectif politique de cohésion sociale est de prévenir le « sans-abrisme », il
est également important de rassembler des informations sur le nombre de personnes vulnérables aux expulsions et le nombre de personnes sur le point de quitter une
institution sans disposer de logement.
« Il est alors important de définir clairement le type de données requises pour le suivi. La
distinction entre les données d’effectif, de flux et les données de prévalence doit être
parfaitement comprise pour planifier des procédures de collecte de données »93.
Les travaux réalisés par le GTIP vont dans ce sens et ont ouvert la possibilité d’acter et
de faire de premières propositions94 pour l’objectivation d’indicateurs et d’éléments
décisionnels (hors hébergement dans le NPDC). Cependant, il faut prendre ce premier
résultat comme une base de départ et ainsi continuer la dynamique initiée. Il serait donc
idéal d’obtenir au final une matrice de répartition des besoins regroupant des données
réparties en trois parties distinctes produisant selon une pondération équitable une clef
de répartition globale et détaillée pour la répartition des crédits du BOP 177. Ces trois
parties se fonderaient sur le triptyque suivant : « Cadre (effectif), Dynamique (flux), Projection (prévalence) ».
- Ainsi, une première partie qui pourrait être titrée « bilan macro-social »
regrouperait des données macro économiques et sociales obtenues en N-1 et N-2 qui
feraient donc état d’une « situation antérieure consolidée »95.
- Une deuxième partie qui pourrait être titrée « existant, flux » regrouperait des
données issues de la veille sociale et des flux constatés par OSIRIS (dont les indicateurs
du rapport d’activité de la veille sociale) qui faisant la comparaison des données obtenues
en N-1 avec celles en N consolidées par des données obtenues sur certaines périodes N
représentatives permettraient de mettre en lumière les tendances dynamiques96.
93 Citation rapport MPHASIS. 94 En addition du langage commun entre DDAS-DRASS qu’il a permis et d’une volonté d’une plus grande harmonisation des pratiques qu’il a suscitée entre les deux départements… 95 Principalement les indicateurs de base déjà retenus par le GTIP (voir annexe 11). 96 Pourquoi pas en rapport avec les indicateurs des sous-actions du BOP 177 définis précédemment…
- 50 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
- Une troisième partie qui pourrait être titrée « données prospectives »
regrouperait des indicateurs de prévalence pouvant faire état de prévisions et de risques
par rapport à la situation observée en N-1 ou de tendances observées en périodes N. Il
serait là intéressant de reprendre des indicateurs européens de risques de pauvreté et
d’exclusion97 en les transposant au niveau départemental (déjà fournis annuellement sur
une base régionale par la France à Eurostat) et qui seraient à même d’alerter sur les
évolutions à venir et donc des besoins en termes de dispositifs et de services.
Le triptyque « bilan, flux et prospective » est idéalement le plus adapté à une répartition
« objectivée et non figée » d’une gestion financière d’un programme qui est contraint par
son existant et sa gestion de l’urgence. La clef de répartition qui en résulterait serait donc globalement propice à encourager financièrement les directions départementales à mener des initiatives ciblées pour corriger « certains manques » de
certaines politiques locales. La Direction régionale serait ainsi bien en position de pilotage et d’animation des politiques publiques et elle disposerait d’une batterie
d’arguments plus forts pour tenter de négocier des budgets plus pertinents lors de ses
dialogues de gestion avec la DGAS.
Enfin, il faudra aussi surveiller les réalisations issues de la mission « nationale » d’observation sociale dont les objectifs sont d’affiner la connaissance de la population
sans domicile (nombre, caractéristiques, besoins,…) ; de disposer de données chiffrées
sur les phénomènes de mal logement appelant une intervention publique (dont les
données sur les personnes sans domicile sortant de prison, d’hôpitaux) afin d’orienter
l’action publique au niveau régional, départemental, voire communal.
Elle doit donc affiner la gestion des services à destination de la population sans domicile,
et évaluer les services proposés, en construisant des indicateurs de performance de ces structures, dans le but de les améliorer et construire, en concertation avec les
gestionnaires associatifs, des indicateurs d’évaluation des politiques publiques mises
en oeuvre, conformément aux préconisations de la LOLF. De tels indicateurs pourraient être intéressants à intégrer dans le dispositif régional à la condition qu’ils se
construisent dans un langage national commun. Ces indicateurs pourraient alors prendre
place dans la matrice d’indicateurs précédemment exprimée dans le but de faire ressortir et influer les orientations des priorités nationales sur le dispositif régional.
97 Voir annexe 9 sur les indicateurs européens.
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 51 -
B) OSIRIS : aller jusqu’à une « PMSIsation » ou en faire une ingénierie sociale
différente ?
Le Programme de médicalisation des systèmes d'information98 (PMSI) est un
dispositif faisant partie de la réforme du système de santé français ayant pour but la
réduction des inégalités de ressources entre les établissements de santé (ordonnance du
24/04/1996) sur la réforme de l'hospitalisation. Il est un peu le SI « star » du sanitaire qui
permet de mesurer l'activité et les ressources des établissements grâce aux traitements
d'informations quantifiées et standardisées.
Son fonctionnement est le suivant : pour chaque séjour d'un patient hospitalisé, il est
réalisé un RSS (Résumé de Sortie Standardisé). Ce RSS est réalisé le plus tôt possible
après la sortie du patient. Il contient obligatoirement un Diagnostic Principal, qui doit
être le diagnostic (ou à défaut le symptôme ou le motif du séjour) qui a fait l'objet de la
plus importante consommation de ressources. Les RSS sont « anonymisés » et
deviennent alors des RSA (Résumés de sortie anonymes) pour transmission à l'Agence
Régionale de l'Hospitalisation. L'anonymisation s'effectue par un algorithme de hachage,
qui a été validé par la CNIL99. Cette fonction de hachage a pour intérêt à la fois d'assurer
l'anonymat du patient, mais également d'effectuer un réel suivi épidémiologique.
Toutes ces données codées (RUM RSS) sont saisies dans un logiciel puis exportées vers
un logiciel adéquat appelé groupeur. Il permet notamment de fabriquer le RSS à partir
des RUM d'après un algorithme complexe. Le groupeur classe chaque séjour d'après les
différentes données administratives et médicales codées dans un GHM (Groupe
homogène de malades) unique. À chaque GHM correspond un ou plusieurs GHS (Groupe
homogène de séjour). Pour chaque GHS on trouve une borne haute et basse pour la
durée du séjour. On surveille ainsi la DMS : la durée moyenne de séjour, qui est un
indicateur de perte potentielle financière si des séjours se prolongent de façon notable.
- Ce qui pourrait être retenu pour OSIRIS, pour les systèmes de cohésion sociale : la dimension qualitative pour comprendre les publics. L’intérêt du PMSI pour un SI de cohésion sociale est dans la réalisation de GHM
efficacement « anonymisés ». En effet, cela crée une possibilité très fiable de suivre des
groupes cibles de bénéficiaires des dispositifs pour comprendre pour ces groupes
identifiées les solutions et les prestations qui ont eu le plus d’efficacité à leur égard. Un SI
d’observation social comme OSIRIS doit normalement pouvoir suivre des groupes cibles
de personnes exclues prises en charge dans les dispositifs. Cependant, il ne sera pas
98 Définition wikipédia l’encyclopédie libre. 99 Pour citer l'expertise de la CNIL, cette fonction rend quasiment impossible un calcul inverse, c'est à dire, retrouver les données identifiantes du patient.
- 52 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
possible, pour le moment, de se concentrer sur un parcours précis détaillé, d’accéder à
une fiche personne « anonymisée ». Le PMSI apporte là un niveau d’observation qualitatif
supplémentaire.
- Un SI de cohésion sociale doit rester sur la compréhension des dispositifs, des services et des parcours des publics et donc ne doit pas mettre en son cœur les problématiques de tarification. Le PMSI est construit sur le principe de la tarification des établissements.Les SI de
cohésion sociale qui, eux, doivent philosophiquement se fonder sur la prise en charge et
le suivi des parcours des publics et la coproduction avec les opérateurs sociaux ne
peuvent pas se situer dans une telle logique. De même déterminer des GHS/DMS dans
un tel système pourrait conduire à certains abus car l’exclusion n’est pas en soi une
maladie pouvant trouver une solution curative déterminée scientifiquement dans le
temps… les facettes de l’exclusion étant trop multiples et complexes pour décider d’un
tarif sur un acte unique de prise en charge défini. Un SI de tarification des dispositifs de cohésion sociale doit ainsi être déconnecté d’un SI d’observation… ne serait-ce
que pour l’adhésion des partenaires sociaux à la construction et à la vie du SI
d’observation. Comme évoqué précédemment, au niveau national est réfléchi un SI de
tarification nommé SICC. Il est aussi à craindre que les apports des travaux conduits au
plan national (audit CBCM, mission CGFI-IGAS) sur cette question pourront, peut-être,
donner des éléments pour créer des « GHS » dans le cadre d’un SI inspiré du PMSI.
Pour ce qui nous intéresse, le PMSI ne représente donc comme avantage que le fait de pouvoir avoir une lecture très fine des parcours individuels des usagers. Ainsi, une telle fonctionnalité avec un niveau de sécurisation égale à celle du PMSI serait souhaitable pour un SI régional de cohésion sociale car parfois l’analyse d’un parcours individuel en apprend beaucoup sur l’état des dispositifs pilotés.
3.2.2 Faire de l’échelon régional un niveau clef d’observation et de l’analyse des politiques de cohésion sociale
Penser « futur » en cohésion sociale pourrait être assimilé à un luxe car jusqu’à
aujourd’hui c’est la gestion de l’urgence qui a toujours dominé ses dispositifs. Ainsi, les
difficultés qui sont à prévoir pour OSIRIS reposent essentiellement sur ses prochaines
phases d’extension, les nouveaux outils à développer en son sein (A) et la pérennité de
sa gouvernance et de son utilité par l’intégration des acteurs du social à l’échelle
régionale (B).
A) Préconisations pour surmonter les difficultés à venir et pour des développements
futurs
- Statistiques et continuité des mises à jour Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 53 -
Le premier facteur de risque pour l’avenir du SI est dans la continuation de son rodage et
donc du début de son exploitation statistique par les DDASS-DRASS. En effet, les
premiers résultats qu’OSIRIS produira en la matière sur des périodes fiables seront assez
déterminants pour la bonne suite de l’application tant les attentes sont grandes. Il faut
donc espérer que la partie statistique de l’application sera très rapidement opérationnelle
et ne nécessitera pas de nombreuses mises à jour pour satisfaire DDASS et DRASS dans
cette utilisation des plus importantes.
- Une difficulté de cadre juridique avec la CNIL : une mise en lumière des pratiques des établissements sociaux et de leur difficulté à respecter la norme légale Pour comprendre la « sensibilité » de l’extension d’OSIRIS aux dispositifs
d’hébergements, il faut s’intéresser aux problématiques qui sont apparues avec la
Commission Nationale Informatique et liberté (CNIL). En effet, une autorisation CNIL est
nécessaire pour rendre légale le fonctionnement d’un SI, le principe de création de bases
de données devant être validé par la CNIL. A l’heure actuelle, la CNIL s’est placée en
position de conseil pour ce projet afin de l’accompagner dans sa réalisation dans la
garantie du respect de la loi. Elle a donc émis un avis plutôt favorable pour ce SI car elle a
été convaincue par le système de sécurisation des données évoqué précédemment. Elle
a seulement insisté sur le fait que ce SI permettait aussi de renseigner des informations
en rapport avec la santé : ces dernières doivent donc uniquement être renseignées sur
déclaration de l’usager et surtout ne doivent pas être abstraites ou subjectivées
(commentaires) par le travailleur social renseignant le SI100. En effet, les items santé
doivent être clairement fixes, à cocher et ne doivent pas permettre de laisser des
commentaires dans le système.
Ceci pose le problème des travailleurs sociaux et de leur comportement en matière de
dossier d’accompagnement social dans les CHRS… En effet, il apparaît dans les
inspections101 des DDASS en CHRS que les travailleurs sociaux ont une culture très
particulière du dossier d’accompagnement social de l’usager dans le cadre de sa
réinsertion. Très souvent, ils ne sont pas renseignés, le travailleur social gardant pour lui
des notes personnelles qui sont ainsi difficilement communicables à ses collègues en cas
d’absence et clairement non transmissibles en cas de changement d’établissement
d’hébergement de l’usager. De même, quand on accède à ces notes, elles sont très
souvent subjectives, exposent des informations médicales, et commentent des faits par
des impressions non soumises à un principe du contradictoire. De même, les usagers
100 Lettre en réponse au CRESGE et à la DRASS de la CNIL du 10 juillet 2009. 101 J’ai eu l’opportunité de réaliser une inspection de niveau 1 « prévention de la maltraitance » qui m’a permis de vérifier sur le terrain cette information.
- 54 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
n’accèdent102 pas toujours à leur dossier et à ces notes et donc ne peuvent aucunement,
le cas échéant, les contester, les modifier et/ ou demander leur surpression. Ces
systèmes de fichiers papiers constituent bien des bases de données au sens de la CNIL
mais ne lui sont pas déclarés, ni ne respectent les grands principes de la loi informatique
et liberté103. Aussi, OSIRIS, pour réussir dans les CHRS, aura besoin des travailleurs
sociaux et de leur implication dans le respect du droit des usagers. Il a donc pour le
moment été pensé que les travailleurs sociaux104 quand ils rempliront les fiches et
profils des usagers suivis pourront insérer des zones de commentaires, des éléments de carnet de bord. Cependant, ces informations ne seront pas mises en réseau et seuls les items et variables fixes seront diffusables d’un établissement à l’autres et
donc agrégées dans les statistiques. De même, OSIRIS sera un moyen de replacer l’usager dans les acquis de la loi 2002-2 en lui garantissant un accès à sa « fiche personne » et donc en lui permettant avec l’assistance de son référent de modifier, de
compléter ou de supprimer les informations qu’il désire.
Pour de nouveaux outils105 OSIRIS comme un SI de cohésion sociale régionale doit avoir la prétention de devenir un
SI de cohésion sociale ET de l’insertion sociale. Il pourrait ainsi progressivement
développer les fonctionnalités ou les outils suivants :
- Un dossier unique administratif et social partagée et transmissible :
Ce dossier unique de l’usager rentrant dans le dispositif de lutte contre l’exclusion serait à
même (en plus des items déjà renseignés par OSIRIS) de pouvoir héberger des
documents administratifs (CV, permis de travail, de séjour), et sociaux (documents
COTOREP, papiers d’allocataires, démarche pôle emploi, bilan fait avec le référent social
de la structure…). Ce dossier informatisé serait, comme actuellement avec les fiches
personnes OSIRIS, à la discrétion des structures d’accueil et d’orientation, voire
exclusivement à la discrétion des travailleurs sociaux habilités par le secret professionnel.
En effet, comme a pu l’exprimer le secrétaire d’Etat au logement sur ce sujet, seul un tel
dossier permettrait un vrai suivi dans le temps de la personne et permettrait des gains
importants lors de changement de structures et donc de référents sociaux… le dossier et
ses pièces seraient immédiatement opérationnels pour le travailleur social en charge de
l’usager et donc il ne perdrait pas de temps comme actuellement à refaire le parcours et
les copies essentiels des documents nécessaires à l’ouverture de droits de la personne
102 Où ne sont même pas au courant d’une telle possibilité malgré la loi 2002-2. 103 Loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, modifiée en 2004. 104 Une fonctionnalité similaire est déjà en développement pour les équipes mobiles. 105 Voir aussi annexe 12 modélisations des préconisations.
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 55 -
prise en charge. Pour mettre en place un tel dossier informatisé, une collaboration avec
les caisses d’allocations familiale serait pertinente. Ces dernières ont, en effet, su
entièrement dématérialiser les dossiers de leurs allocataires et ont mis aux points
des processus très simples pour la dématérialisation (via des scanners106) des documents
requis pour les ouvertures de droit.
- Une extraction des données sur un site Internet ouvert au public :
Comme pour tout service public, il est intéressant d’extérioriser et de rendre public l’action
réalisée. Une telle démarche pédagogique peut en plus susciter un intérêt et permettre
une information claire à un public sur ce qui existe et se fait en la matière. Ainsi, il serait
intéressant qu’un SI régional comme OSIRIS puisse en temps réel ou à périodes différées
nourrir visuellement un site Internet accessible au public. La démarche est déjà entreprise
dans le NPDC avec la connexion entre OSIRIS et le site Internet de l’observation sociale
régionale. Cependant, une évolution d’un tel site sur les modèles de l’outil C@rtosanté107
des URCAM et du « portail Information Santé Picardie108 » serait un plus considérable.
Ces sites web proposent en effet :
- des cartes interactives pour les professionnels du monde de la santé dont la géo
localisation des services et des établissements ;
- des chiffres détaillés sur l'offre et la consommation de soins pour la région, les
départements mais aussi par canton et par commune ;
- des actualités et évènements Santé, des documents pratiques, diverses informations sur
l'offre de soins régionale, l'accès aux sites des associations, des réseaux et des
établissements de santé, des informations pratiques sur l'urgence et la permanence des
soins, des annuaires.
Une transposition de ces outils web au monde de la cohésion sociale (pourquoi pas un
« C@rto-cohésion »- portail régional de la cohésion sociale) pourrait être intéressante. Un
tel site pourrait alors devenir le portail Internet du SI de cohésion sociale régionale au
service de tous les publics et des professionnels. De plus, le « maping » des services et
de l’activité seraient aussi une aide à la décision et au pilotage des dispositifs.
- Pour une intégration plus large des applications métiers :
Enfin, le SI régional de cohésion sociale pourrait à terme intégrer plus largement les applications métiers des Directions de cohésions sociales et donc des besoins des
métiers des IASS. Aussi, il pourrait être souhaitable, vu qu’un SI régional comme OSIRIS
crée des comptes structures et constitue donc un annuaire des structures mise à jour en
106 Voir même des visio-bornes automatisés mettant en contact les usagers avec des techniciens (pourquoi pas un écoutant 115 ou SAUO/ CAO)/ Dispositifs GCED (gestion et circulation électronique des documents). Gilles Kounowski « L’informatique et le système d’information des Allocations familiales » RECHERCHES ET PRÉVISIONS N° 68/69 – 2002. 107 http://www.urcam.assurance-maladie.fr/C-rtosante.carto_portail1.0.html
- 56 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
temps réel, pour les inspecteurs, de pouvoir lier (héberger en pièces jointes) sur un
compte établissement tous les documents relatifs à son activité (par exemple : projet
d’établissement, rapport d’activité, autorisation, arrêté préfectoral de places CHRS,
dossier CAUSA…) mais aussi liés à son contrôle (rapport d’inspection finalisé…).La
MRIICE et les responsables de secteurs au niveau départemental pourraient plus
facilement avoir une vue organisée sur les établissements et répertorier dans un même
système leurs données. Cela simplifierait donc les missions de contrôle et de pilotage.
De même, un SI régional de cohésion sociale pourrait être l’occasion de rendre
opérationnel le SI « PRISME signalement » pour les établissements du référentiel AHI. Le
Système d’Information PRISME109 devait permettre de répertorier les cas de
maltraitances sur les territoires et alerter les services déconcentrés de l’Etat. Grâce au SI
on pourrait imaginer qu’un établissement serait facilement en mesure via un outil intégré
de déclencher un signalement en le liant au dossier de l’usager qui rencontre un
problème. Le SI OSIRIS propose déjà un système de messagerie interne entre
l’ensemble des acteurs qui ont un compte (structures et tutelles). Il suffirait ainsi de juste
développer cette fonction et/ou d’y ajouter une fonction d’alerte pour les structures à
l’intention des directions départementales.
B) Préconisations pour une gouvernance et une organisation régionale étendue
d’un système d’information de cohésion sociale
- Complémentarité ou interférence avec le SI national ? Comme développé précédemment, impulsé par l’Union Européenne et les volontés
politiques nationales, la DGAS a lancé sous le contrôle de la mission Régnier la première
phase de développement d’un SI national. Son articulation avec OSIRIS doit être
déterminé dans une première phase d’étude qui va devoir recenser l’existant des SI sur
les territoires en France et leur compatibilité/intégration avec le SI national (items/
variables). Comme rappelé, OSIRIS est déjà en phase avec le SI 115 national de la
FNARS et a donc des chances d’être intégré dans le dispositif national. Cependant, au
même titre que ses homologues (en place, en développement, ou en réflexion) dans les
autres régions/ départements, il commence à souffrir financièrement de cette initiative
nationale.
En effet, la DGAS a communiqué l’information suivante aux DRASS : « En outre, une
pause sera faite dans le financement d'applications informatiques locales dans le domaine
de l'hébergement et du logement adapté. Dans l'attente, les applications existantes ne
108 http://www.info-sante-picardie.fr
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 57 -
sont nullement remises en question, mais leur développement à d'autres régions est
suspendu110 ».
De fait, cette instruction pose certains problèmes. En effet, elle empêche la DRASS
NPDC de demander tout nouveau financement pour des développements informatiques
complémentaires de l’application111. Aussi, le développement ne peut que se continuer
sur ce qui a été prévu dans le cadre du cahier des charges contractualisé avec le
prestataire informatique ce qui n’est pas évident pour les raisons suivantes :
- pour chaque nouvelle mise à jour il faut que la DRASS et CDPM s’accordent sur le
fait que les correctifs apportés correspondent bien à une réponse à un problème
rencontré dans le cadre des besoins définis à la base de l’application et non pas à
une fonctionnalité nouvelle.
- dans le cadre de la mise en œuvre d’OSIRIS pour la veille sociale et les équipes
mobiles, les groupes de travail ont été porteurs et riches en idées d’outils de
gestions qui ont donc été développés en fonctionnalités nouvelles. Ces
fonctionnalités112 ont entretenu la confiance des acteurs et leur motivation quant à la
réussite de la démarche car ils y trouvaient leur compte.
Hors, la prochaine phase d’extension, prévue dans le cahier des charges, à l’ensemble
des dispositifs d’hébergements est désormais retardée car privée de financements
propres à développer des outils pour par exemple les CHRS par exemple. La démarche
risque donc de rencontrer des résistances très fortes. La DRASS NPDC a fait remonter
un besoin de continuité de financement pour son ingénierie sociale pour OSIRIS.
- La difficulté de positionnement des DDASS-DRASS dans le cadre de la réforme La question des relations des DDASS et de la DRASS dans le cadre de la réforme des
politiques publiques pose la problématique de leurs relations futures dans la démarche
OSIRIS. Actuellement, ces trois administrations porteuses du SI OSIRIS se réunissent
dans un COPIL animé par le CRESGE afin de décider des orientations stratégiques du
projet. Il se positionne donc comme la maîtrise d’ouvrage de ce SI de cohésion sociale.
Les tensions existent parfois en son sein car même si le projet OSIRIS est d’initiative de
la DRASS, les deux DDASS ne lui sont pas hiérarchiquement soumises et les décisions
ne peuvent être prises qu’à l’unanimité de ces trois acteurs. Cette organisation peut-être
109 Arrêté du 10 mai 2004 portant création du système d’information « prévention des risques, inspections, signalements des maltraitances en établissement (PRISME) » 110 Extrait du mail de la DGAS accompagnant la transmission au DDASS DRASS l’arrêté du 22 avril 2009 fixant les dotations régionales limitatives relatives aux frais de fonctionnement des CHRS. 111 Dans le sens de nouveaux contrats pour de nouveaux outils de gestion par exemple ou de nouvelles fonctionnalités non contractualisées dans le cahier des charges du marché initial. 112 Voir annexe 7.
- 58 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
parfois handicapante pour le projet. Ainsi, comme expliqué précédemment, lors du
message de la DGAS demandant l’arrêt du financement de développements nouveaux
pour les SI, s’est posée la question de l’extension ou non du SI OSIRIS aux
établissements d’hébergements. La DRASS et la DDASS du PDC se sont ainsi
retrouvées en opposition frontale avec la DDASS du Nord. Les premières étaient pour le
développement, du moins la continuation à minima des étapes préliminaires pour
l’intégration des dispositifs d’hébergements dans le SI tel que le cahier des charges le
prévoyait… l’extension aux CHRS étant prévu dans le cahier des charges initial, elle ne
constituait pas en soi un « développement nouveau ». La DDASS du Nord s’est pourtant
fermement opposée à une telle démarche dans l’attente d’y voir plus clair avec le SI
national. Un temps précieux pourrait être ainsi perdu…
On pourrait ainsi s’interroger sur l’avenir de ces relations dans le cadre des DRJSCS et
des DCS. Les DRJCS se voient doter de pouvoirs forts en matière d’ingénierie sociale et
de pilotage. Elles pourraient et cela serait souhaitable dans le cadre de telles expérimentations régionales avoir une position déterminante sur les orientations à prendre afin de garantir le déroulement du projet entrepris selon le cahier des charges définis en commun. - La difficulté du niveau de gouvernance régionale face à un nouveau dispositif départemental : le Service Intégré de l’accueil et de l’Orientation (SIO) 113 Très récemment, le secrétaire d’Etat au logement a demandé aux DDASS et au DRASS
de mettre en œuvre dans l’urgence114 dans chaque département un Service intégré de
l’accueil et de l’Orientation, dispositif inscrit dans le cadre de la stratégie nationale pour la
prise en charge des personnes sans abri ou mal logées 2009-2012. Ce SIO devient ainsi
l’opérateur unique pour la coordination et l’attribution des places d’hébergement
d’urgence, voir d’insertion…
De plus le SIO se voit imposer certaines missions. Il doit notamment :
- tenir à jour une base de données recensant toutes les prises en charge des personnes faisant appel au dispositif d'urgence en étant informé quotidiennement de
toutes les admissions, par chaque structure gérant des places d'urgence, et quels que
soient les modes d'accès retenus.
- réunir les acteurs compétents pour évaluer la situation des personnes recourant à l'urgence de façon chronique, et identifier des réponses plus appropriées en identifiant ces situations à partir des données qu’il recueille.
113 FICHE TECHNIQUE Relative à la mise en place du service intégré de l’accueil et de l’orientation (version du 16/12/09) 114 Recommandé au 30 janvier 2010 et au plus tard au 30 mars…
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 59 -
- être un observatoire local de l'hébergement (hors urgence), du logement d'insertion, et de l'accès au logement des personnes hébergées. Les informations
collectées par l'opérateur lui permettront de contribuer à une mission d’observatoire, dans
le cadre du PDAHI /…/ et d’aller ainsi vers une meilleure connaissance des besoins. A
terme cette observation sera facilitée par le développement du système d’information AHI.
Cette dernière phrase et ces trois points permettent de mettre en avant tout ce qui a été
réalisé dans le cadre d’OSIRIS et plus généralement ce qui doit être fait pour rendre
viable des SI de cohésion sociale régionale. Le SIO se placerait ainsi au cœur de la coordination départementale de l’alimentation de données du SI. Il positionnerait le
SI régional en support de son métier car il est le seul outil fiable qui lui permettra de
pouvoir gérer en temps réel l’attribution des places d’urgences et pour répondre à ses
autres missions d’analyses. Il assurera donc sur le terrain la cohérence des pratiques des
dispositifs AHI sur leur département de compétence. Réunis ensemble au niveau régional, les SIO seraient donc parties prenantes avec les directions de cohésion social à la maîtrise d’ouvrage et donc aux évolution à apporter au SI régional. Cette intégration au dispositif régional reflète la dimension positive de cette arrivée
pourtant violente de ce nouveau dispositif départemental, qui a contrario pourrait aussi
causer un grand tort en raison de sa configuration départementale et du risque d’une
difficulté supplémentaire de mise en cohérence des approches et des « langages » au
niveau régional. En effet, comment une DRJSCS pourrait-elle alors agréger au niveau
régional les analyses faîtes par les SIO ? On en reviendrait à une situation antérieure à
OSIRIS en ce qui concerne le Nord-Pas de Calais. L’annonce de l’arrivée du SI AHI pour
faciliter cette observation laisse à craindre que les DRJSCS qui ne se sont pas engagées
dans la mise en place d’un SI d’observation régional seront en situation difficile du fait de
l’articulation des SIO aux modalités d’actions et éléments de doctrine sans consigne ni
optique régionales avec un SI national aux items nationaux qui sera à mettre en œuvre à
posteriori dans les départements …
- Le besoin d’une organisation régionale intégrée forte conservant ses spécificités avec des items centraux cohérents nationalement et au niveau européen Enfin, il nous faut s’interroger et prendre position sur l’impact à souhaiter du SI national et
des extensions qui seraient profitables pour OSIRIS et d’une manière plus large pour les
SI régionaux.
Tout d’abord, il serait à regretter qu’un SI national vienne s’imposer aux initiatives
régionales qui sont viables. En effet, les opérateurs sociaux des territoires ont pu accepter
une initiative comme OSIRIS car la centralisation des données et la sécurisation du SI se
font à leur échelle… si un SI en ligne centralise au niveau national toutes les données,
- 60 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
ces derniers ne se sentiraient plus propriétaires et encore moins co-concepteurs du SI…
défiance, blocage et résistance seraient donc à prévoir. De plus, même si des items
nationaux sont nécessaires et doivent être développés115, il ne faudrait surtout pas
occulter l’importance des items locaux116 qui permettent aux territoires de mieux se
comprendre dans leur diversité. L’échelon régional est le niveau le plus adapté à une telle
démarche car il va permettre de mettre en relation les départements dans un SI commun
en érigeant l’ensemble des partenaires (soit une masse critique suffisante et rendant
possible la participation de tous) comme co-concepteurs, co-développeurs et co-
utilisateurs du SI.
Il semblerait aussi que le SI national puisse prendre la piste de l’accès aux informations
nominales des usagers par les administrations. C’est en effet, une proposition portée par
certaines DDASS dans le cadre de l’aide sociale117. La FNARS a donc manifesté son
désaccord face à une telle possibilité des administrations de tutelles et l’expérience de la co-élaboration d’OSIRIS avec les associations opératrices a bien démontré que leur adhésion reposait principalement sur les questions de confidentialités et de protection de l’usager. Aussi un tel SI national pourrait avoir des conséquences
néfastes s’il est uniformisé et ne prend pas en considération les volontés et les questions
éthiques des opérateurs sociaux dans les régions118. Ils sont les seuls à pouvoir nourrir
de manière fiable les données nécessaires à un tel SI de cohésion sociale…
Un SI national doit donc permettre à son niveau une interopérabilité avec les SI régionaux
et donc une remontée régulière de données (items/variables nationaux). Le SI national ne
participe pas au processus de renseignement de ces données, ce sont les SI régionaux
qui en ont la charge. Il se contenterait juste d’assurer la passerelle entre les SI régionaux
et d’agréger leurs données dans une base de données nationales.
Cette dimension semble très importante et consacrerait bien chaque DRJSCS avec
l’appui des DCS comme pilote de l’ingénierie sociale de terrain. Les budgets d’expérimentation pour l’observation et l’ingénierie sociale des DRJCS doivent être ambitieux. Elles doivent devenir de vraies porteuses et démarcheuses de projets !
Il faudrait donc que le schéma suivant se réalise :
115 Probablement par la mission d’observation sociale nationale qui a mis en place un travail partenarial avec la DGAS, les services statistiques ministériels (DREES), l’ONPES, ou encore la FNARS et qui espérons le prendra en compte les définitions ETHOS (Eurostat-CE) et les items de l’application national 115. 116 Un SI national qui viendrait imposer ses items nationaux et supprimer les items locaux risqueraient de retomber dans les contresens et les langages non communs qu’un SI se doit pourtant de résoudre. 117 Référence document de présentation du groupe de travail du comité nationale de pilotage du 22 juin 2009 préparé par Klee Group pour la préparation SI national pour la DGAS.
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 61 -
- Un SI national qui fourni des données à l’UE et qui fait remonter et agréger des
items définis nationalement via des SI régionaux pilotés par les DRJSCS, disposant
aussi pour les besoins des administrations en charge des politiques de cohésion
sociale d’items régionaux co-produits avec les opérateurs sociaux des territoires.
- Les même SI régionaux, permettant aux opérateurs 115 d’être en compatibilité avec
le SI national 115 pour leur remontée associative nationale !
Enfin, il est certain que de tels SI régionaux permettraient de réunir l’ensemble des
acteurs de la question de l’insertion sociale. A terme, un SI pour bien comprendre les besoins des parcours des personnes en difficulté sociale devrait s’étendre à l’ensemble des dispositifs de logements (hors AHI) sous la responsabilité directe des
Conseils Généraux, des EPCI et autres bailleurs sociaux… D’autres acteurs comme les
Services sociaux des prisons, des différentes collectivités locales, de la SECU, et des
hôpitaux auraient aussi vocation à rejoindre ce SI de cohésion sociale afin d’intégrer dès
le début de la prise en charge leurs usagers dans le dispositif global d’insertion. Une telle
opportunité partenariale sur ce SI pourrait être matérialisé dans le cadre de la fusion119 du
PDALPD120 et du SDAHI et dans le cadre d’une convention régionale de la cohésion
sociale121. Les partenaires devront donc y être associés pour assurer à l’usager les
meilleures conditions de retour à l’autonomie par le travail et l’emploi.
La plateforme régionale de cohésion sociale qu’un tel SI pour la cohésion sociale pourrait
développer appelle nécessairement à la participation de l’ARS dans le cadre de son
Programme régional d'accès à la prévention et aux soins (PRAPS)122.
Selon une étude123 menée cette année par plusieurs associations auprès des sans-abris,
58 % des SDF souhaiteraient davantage de lieux d'hygiène. La demande de soin est, elle
aussi, prégnante : « 48 % des personnes interrogées attendent que les équipes mobiles
leur proposent une offre de soin et 41 % estiment que le système de santé est difficile
d'accès ». Cette étude conclut surtout que 79 % des sans-abris sont en quête de réconfort
physique et moral. Selon le Dr Wiels du SAMU social, un minimum d'hygiène est la
118 Et donc en conséquence les items régionaux dont les administrations ont besoin pour comprendre et piloter les politiques de cohésion sociale. 119 Dont résultera le PDAHI. 120 Voir propositions du mémoire EHESP 2008 Martine Gilles « Le pilotage des politiques publiques par l’inspecteur de l’action sanitaire et sociale : l’exemple de la révision du schéma départemental « Accueil, Hébergement, Insertion » en Seine-Maritime ». 121 A l’exemple des coopérations d’acteurs qu’ont pu entraîner les chartes territoriales de cohésion sociale sur les territoires des départements qui les ont mis en œuvre mais cette fois-ci avec une optique régionale et sur le SI. 122 Voir http://www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/praps/sommaire.htm 123 Article Dorian Chotard « Le manque d’hygiène, source de souffrance pour les sans-abri » (LEMONDE.FR du 02.01.10).
- 62 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
première étape indispensable pour leur socialisation : "En les soignant, on leur redonne
figure humaine."
A l’image d’OSIRIS, les SI régionaux de cohésion sociale doivent aider à mieux
comprendre les flux des personnes en souffrance et donc les besoins en terme de santé
des populations précaires. OSIRIS permet en effet de renseigner les données de santé
suivantes : Conduites additives, Suivi médical en cours / Suivi médical passé / Absence
de suivi médical, Handicap moteur, visuel ou auditif, Suivi médical en cours / Suivi
médical passé / Absence de suivi médical, Troubles de santé mentale, Suivi médical en
cours / Suivi médical passé / Absence de suivi médical, Handicap intellectuel, Suivi
médical en cours / Suivi médical passé / Absence de suivi médical, Polyhandicap, Suivi
médical en cours / Suivi médical passé / Absence de suivi médical, Pathologies, Suivi
médical en cours / Suivi médical passé / Absence de suivi médical, Suivi médical en cours
/ Suivi médical passé / Absence de suivi médical…
Un PRAPS efficace se doit donc de s’articuler avec ces données. On peut ainsi imaginer un rapport d’observation sociale régionale qui viendrait comme base de travail124 aux travaux du PRAPS, voir même un PRAPS dont les indicateurs seraient directement nourris par OSIRIS.
En annexe (n°12), je propose ainsi une modélisation de ce que pourrait être le fonctionnement de cet ensemble et qui constitue une des recommandations principales de ce mémoire.
124 Au même titre que les SDAHI et PDALPD.
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 63 -
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 65 -
Conclusion
Les Systèmes d’Information dans le champ de la cohésion sociale sont désormais
considérés comme des outils fondamentaux pour la mise en œuvre efficace des politiques
publiques de lutte contre l’exclusion. L’activité européenne et nationale à ce sujet est donc
très positive pour tous les Inspecteurs de l’Action Sanitaire et Sociale oeuvrant dans les
directions de cohésion sociale. Tout particulièrement, la mise en œuvre d’un tel SI au
niveau régional favoriserait de grandes synergies et, mis au service de l’Inspecteur lui
permettrait une meilleure appréhension d’ensemble de la problématique de la lutte contre
l’exclusion couvrant la prévention et la gestion des parcours de la rue au retour à
l’autonomie.
De la même façon un SI régional de cohésion sociale permettrait aux DRJSCS125
d’assurer pleinement leurs missions d’observation, d’évaluation et d’ingénierie sociale.
Le SI est aussi un facteur essentiel de mise en cohérence des informations qui doivent
l’alimenter et des agrégats qu’il doit restituer, assurant par la même une plus grande
cohérence du « langage » utilisé, au moins au niveau régional.
De facto, il permettrait à la DRJSCS de mieux évaluer les besoins régionaux et de les
faire remonter, données consolidées à l’appui, auprès de l’administration centrale. Elle
disposerait surtout d’éléments d’objectivation nécessaires à la bonne répartition des
crédits du BOP 177 aux Direction Départementale de Cohésion Sociale.
C’est cette démarche, engagée par le projet OSIRIS, que la DRASS du Nord-Pas de
Calais a choisi de mettre en œuvre. Grâce à OSIRIS, un « langage commun » régional
est en train d’être adopté et les premiers indicateurs objectifs facilitant la répartition
pertinente de crédits sont élaborés.
A l’image de cette expérience, il est probable que l’avenir des politiques de lutte contre
l’exclusion passe par la modernisation de l’approche, du traitement et de l’analyse des
données récoltées pour caractériser les phénomènes sociaux de « désinsertion » et leurs
facteurs de risques, les flux géographiques et catégoriques en résultant, et les éléments
d’explication des situations d’exclusion durable.
125 Voir annexe 10 macro organigramme.
Dans cette perspective, l’Inspecteur doit savoir saisir cette opportunité de
« connaissance ». Il doit prendre une place déterminante au sein des instances de
maîtrise d’ouvrage des SI en construction. Il est légitime à se positionner au cœur de
l’expression et de l’évaluation des besoins, du processus de décision et donc des choix
de développements et des évolutions à faire prendre au Système d’Information de
cohésion sociale… qui à terme dans une démarche intégrée pourrait devenir l’application
métiers centrale des inspecteurs des Directions régionales et départementales de
cohésion sociale.
L’IASS grâce à ce SI régional de cohésion sociale aurait aussi la capacité d’assurer un
rôle de médiation entre les ARS et les DRJCS pour, dans le cadre du PRAPS par
exemple, garantir la continuité du lien sanitaire et social. Plus ambitieux, un tel SI pourrait
intégrer l’ensemble des acteurs clefs de la lutte contre l’exclusion : de la prise en charge à
la rue à l’accompagnement dans l’autonomie par le logement.
Tout cela est réalisable dès lors que l’inspecteur peut faire la démonstration de l’intérêt
d’un tel dispositif au niveau régional. Il doit aussi éviter l’imposition de solutions nationales
qui ne pourraient pas laisser place aux indispensables déclinaisons régionales, seules
garanties de la cohérence des actions sur le terrain menées dans le cadre de la
déconcentration.
Un outil vide de sens n’a pas de réalité. Pour reprendre la conclusion du mémoire
professionnel d’un élève IASS en 2003 : « gardons-nous d’attribuer aux outils le pouvoir
qu’ils n’ont pas. Ce sont les jalons pour la pensée, des étais pour l’action. Ils ne sauraient
pas se substituer ni à l’un ni à l’autre »126. Un SI de cohésion sociale ne peut donc
vraisemblablement pas se substituer aux IASS et aux professionnels de la cohésion
sociale. Au contraire, il doit être conduit, décidé, développée et utilisé par eux afin qu’il
prenne dans son fonctionnement et ses résultats le sens de l’action et des besoins de
terrains toujours et surtout à destination des usagers.
126 DUCALET P. et LAFOCARDE M. Penser la qualité dans les institutions sanitaires et sociales. Sens, enjeux, méthodes.
- 66 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 - 67 -
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dans le département de Meurthe et Moselle », ENSP
Autres : - Dominique PASTOUKOFF Contrôleur de gestion DRASS Nord-Pas de Calais ; Nicolas
ALEXANDRE Adjoint au chef du bureau de la performance et du contrôle de gestion –
DAGPB, 2009, « la démarche de performance et le déploiement du contrôle de
gestion au sein de l’administration sanitaire et sociale », support de cours EHESP
- Dossier : Qualité et performance. Indicateurs et certification. Nouvelle donne pour la
troisième version. Bousquet (Frédéric), Burnel (Philippe) revue hospitalière de France
Sites Internet : - C@rtosante : http://www.urcam.assurance-maladie.fr/C-rtosante.carto_portail1.0.html
- Portail de la santé Picardie : http://www.info-sante-picardie.fr
- 70 - Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 I
Liste des annexes
1/ Annexe personnes rencontrée – cadre – thématiques … page II
2/ Comparatif : évolution du taux de chômage France et région/ départements du Nord-
Pas de Calais … page III
3/ Matrice de définition EHTOS du sans abrisme (Edgar et Al 2007) … page IV
4/ Tableau des variables clefs pour un SI d’observation sociale et de prise en charge
définis par le projet MPHASIS … page V
5/ Benchmarking issu du projet MPHASIS des SI intégré de lutte contre l’exclusion …
page VI
6/ Schéma processus intégration du SI national (projet du cahier des charges non finalisé)
… page VII
7/ OSIRIS et fonctions supplémentaires intégrées … page VII
8/ Organisation du rapport d’activité des structures et services : tableaux des rapports
d’activités produits par OSIRIS … page VIII
9/ Indicateurs européens de risques d’exclusion à intégrer au niveau départemental pour
un meilleur pilotage des dispositifs du BOP 177 … page IX
10/ Marcro organigramme DRJSCS … page XI
11/ Première simulation de la matrice de répartition des crédits du BOP 177 (hors crédits
hébergement) … page XII
12/ Préconisations pour un SI intégré étendu pour la cohésion sociale … page XV
1/ Annexes personnes rencontrée – cadre - thématiques Thèmes développés Personne rencontrées (statut/ fonction)
Période
SI OSIRIS (COPIL
régional et groupes de
travail)
- Mme Véronique Buyens Dagmey IPASS DRASS NPDC
- Atsaid Youssef, contractuel DRASS NPDC
- Ingrid FOURNY, CRESGE
- Loïc AUBREE, CRESGE
- Mme Merzagui contractuel DDASS du PC
- Mme Rigaut-Combes IPAS
- Mme Dégles IASS
- la majorité des acteurs de la veille sociale dans le NPDC
- la majorité des acteurs des équipes mobiles dans le NPDC
- Stage d’observation et stage d’exercice
professionnel
SI national et situation en SI dans le champ de la cohésion sociale en France (conférence et
groupe de travail
national de la DGAS)
- Maryse Marpsat – INSEE
- Didier Gelot - Secretaire général de l'ONPES
- Nicole Roth, Sous-directrice de l'Observation de la
solidarité DRESS
- Pascal Noblet - DGAS
- Bernard Lacharme - Haut Comité pour le logement
- Martin Choutet - Cabinet Régnier
- Anne Laporte - Samu Social de Paris
- François Michelot - Samu Social de Paris
- P. Rouyer - Emmaus
- Michel Castellan - Emmaus
- J. Barron - Emmaus
- Anne Claire Vaucher - Fondation Abbé Pierre
- Carole Lardoux - Fnars / observatoire du 115
- Samuel Le Floch – chargé de mission Europe,Fnars
- Stage d’observation et d’age d’exercice
professionnel
Projet MPHASIS (Conférence et à la
Commission
Européenne)
- Liz Gosme – Feantsa
- Marie Loison - Observatoire de la Feantsa
- Olivier Louail - Coordinateur scientifique Mphasis
- Bill Edgard - Université de Dundee - Observatoire de la
Feantsa
- Volker Busch-Geertsema - GISS
- CALANDRINO Michele Policy Analyst (Commission
Européenne, responsable du projet MPHASIS)
- Stage d’observation et stage international
à la Commission Européenne
Indicateurs sociaux européens (dans le cadre
d’échanges et de
formation à la
Commission
Européenne)
- ENGSTED-MAQUET Isabelle Policy Analyst Development
of social indicators CE
- Ralf JACOB Head of Unit E1 CE
- Julius OP DE BEKE Socio-Economic Analyst E1 CE
- Detlef GERHARDT Policy Analyst – POLICY
DEVELOPER/ANALYST E1 CE
- Maryse HUET Administrative Coordination Officer E1 CE
- Antoine SAINT-DENIS Policy Officer E2 CE
- Stage international à la Commission
Européenne
II Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
- Oana AILENEI Socio-Economic Analyst E1 CE
Situation et indicateurs Nord-Pas de Calais (dans
le cadre du GTIP et
de mon exercice
professionnel à la
DRASS NPDC)
- Mme Véronique Buyens Dagmey IPASS DRASS NPDC
- Pastoukof Dominique, IASS, DRASS NPDC
- Oriane Jumeaux, IASS DDASS du Nord (promotion 2007-
09)
- Aviva Max, IASS DDASS du Pas de Calais (promotion
2006-08)
- François Ménier, IASS DRASS (promotion 2007-09)
- Audrey Serveau, IASS DDASS du Nord (promotion 2006-
08)
- Atsaid Youssef, contractuel DRASS NPDC
- Stage d’observation et d’exercice professionnel
Autres (SI…) - Docteur Philippon - Formation EHESP et session intérécole sur
les SI 2/ Comparatif : évolution du taux de chômage France et région/ départements du Nord-Pas de Calais
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 III
3/ Matrice de définition EHTOS du sans abrisme (Edgar et Al 2007)
IV Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
4/ Tableau des variables clefs pour un SI d’observation sociale et de prise en charge définis par le projet MPHASIS :Tableau 5 Variables clés proposées
Variable Clé Caractéristiques démographiques: Age et sexe
Age Date de naissance Sexe Homme/femme
Nationalité / Pays d’origine Nationalité Pays dont la personne a la nationalité Pays de naissance Pays où la personne est née
Caractéristiques du ménage / de la famille Structure du mé-nage/ situation de vie Personne isolée vivant sans enfant,
Personne isolée vivant avec des enfants, Couple vivant sans enfants, Couple vivant avec des enfants, Autre type de ménage
Caractéristiques du logement Ancien logement, la nuit avant d’entrer dans le service, et situation de loge-ment actuelle (à la date du comptage)
Dormir à la rue (espace public / espace externe) Dans un hébergement d’urgence Dans un centre d’hébergement (refuges pour sans-abri, hébergement provisoire, logement accompagné transitoire) Dans un refuge de crise pour les personnes victimes de violence domestique Dans une institution (soins de santé, prison) Dans un logement non conventionnel par faute de logement (mobile homes, bâti-ment ne répondant pas aux normes, structure temporaire) Partage d’un logement avec des amis ou des proches (à cause du sans-abrisme) Sans domicile et vivant dans d’autres types de logement Pas sans domicile
Durée du sans-abrisme (actuel) Moins de deux mois ; de deux à six mois ; six mois à moins d’un an ; un à moins de trois ans ; trois à moins de cinq ans ; cinq ans ou plus
Causes du sans-abrisme Causes pour la dernière période de sans-abrisme comme définies par la personne sans domicile (plusieurs réponses possibles)
Action du propriétaire (expulsion) / Saisie hypothécaire Fin du contrat / logement impropre à l’habitation / absence de logement Problèmes relationnels / Conflit familial / décès Perte d’emploi / Chômage Violence Problèmes personnels (besoin d’accompagnement / addiction / santé) Problèmes financiers (dette) Sortie d’une institution / forces armées Immigration Catastrophe naturelle (incendie, inondation, etc.). Autres causes
Source: Edgar et al, 2007
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 V
5/ Benchmarking issu du projet MPHASIS des SI intégré de lutte contre l’exclusion :
Name of system
Organisation Services covered
Geographical area
Name of software
Date of installation
I.T. company
Type of software
Mode of data retrieval
Research system 115
Research institute 115 -FNARS
115 France PROGDI S 115
In progress
CDPM Internet application
Continuous system with immediate upload
Regional information system- Poitou- Charentes
DRASS Poitou- Charentes/ DDASS Charente
CHRS, accomm- odation for women victims of violence ALT beds
The region of Poitou- Charentes
OPHELIA 2008 14 CAGL Off-line application
Weekly by E-mail
COHPHRA15 DRASS Rhône-Alpes
CHRS, emergency centres, CADA, FTM, maternity hostels, sheltered housing, FJT
The region of Rhône-Alpes
COHPHRA 2006 Micropole Univers
Internet application
Continuous system,but delayed intake of information
(Seule le SI du 115 répondrait aux besoins d’un SI moderne dans le champ de la lutte
contre l’exclusion. OSIRIS est issu du même logiciel et se présente comme une
déclinaison régionale plus élaborée).
VI Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
6/ Schéma processus intégration du SI national (projet du cahier des charges non finalisé)
7/ OSIRIS et fonctions supplémentaires intégrées :
OSIRIS : une offre de fonctions complémentaires :
OSIRIS permet du fait de la création de compte des opérateurs et des structures de réaliser une présentation clair de ces organismes.
De même, un carnet d’adresse (constamment mis à jour) permet de recenser les interlocuteurs pour chaque opérateur et administrations afin de permettre des prises de contact directs entre les acteurs.
Des systèmes d’alertes actives pour les personnes sensibles (femmes enceinte, victimes de violence) afin de renseigner les opérateurs sur l’urgence de leur situation et au besoin d’hébergement et donc de ne pas différer leur demande.
Des systèmes d’alertes techniques en cas de panne du serveur ou de problèmes de réseau afin que les opérateurs soient immédiatement informé des difficultés techniques rencontrées et du temps d’intervention technique nécessaire avant le rétablissement du réseau.
Un serveur miroir (secondaire) prend le relais en cas de panne du serveur. Des systèmes de rappels pour les équipes mobiles et de construction des
parcours des maraudes pour retourner voir les sans-abri identifiés sur des périodicités régulières…
Espace de saisi pour prise de note pour les opérateurs non transférables lors des transferts des dossiers.
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 VII
8/ Organisation du rapport d’activité des structures et services : tableaux des rapports d’activités produits par OSIRIS
I. LE VOLUME ET LA NATURE DES APPELS ET DES ENTRETIENS
Tableaux de type A : données relatives au volume d’activité et à la répartition dans le temps
Tableau 1 : Répartition des contacts en fonction des modalités et de la période
Tableau 2 : Répartition des contacts en fonction des modalités par mois Tableau 3 : Répartition des contacts en fonction de la nature et de la période
Tableau 4 : Répartition des contacts en fonction de la réponse (différée ou non) et de la période
II. LES DEMANDES SELON LA COMPOSITION FAMILIALE Tableaux de type B : intitulés de colonne variables, intitulés de ligne figés Tableau 5 : Nombre de ménages demandeurs et nature des demandes (hébergement/autres prestations)
selon la composition familiale
Tableau 6 : Nombre de ménages demandeurs selon qu’il s’agisse ou non d’une première demande et selon la
composition familiale
Tableau 7 : Nombre de ménages demandeurs selon le nombre de demandes et selon la composition familiale
Tableau 8 : Répartition des demandes en fonction du canal de la demande et la composition familiale
Tableau 9 : Répartition des demandes en fonction de la nature de la demande et la composition familiale
III. LES REPONSES SELON LA COMPOSITION FAMILIALE Tableaux de type B : intitulés de colonne variables, intitulés de ligne figés Tableau 10 : Répartition des demandeurs d’hébergement ayant été hébergés en fonction du nombre de
séjours et de la composition familiale
Tableau 11 : Motifs de non attribution d’une place d’hébergement (manque de places disponibles ou
adaptées) en fonction de la composition familiale
Tableau 12 : Motifs de non attribution d’une place d’hébergement (refus du 115 ou du centre d’hébergement)
en fonction de la composition familiale
Tableau 13 : Motifs de non attribution d’une place d’hébergement (autres motifs) en fonction de la composition
familiale
Tableau 14 : Répartition des ménages ayant été hébergés mais ayant eu une réponse inadaptée selon la
raison de l’inadaptation
V. INDICATEURS SYNTHETIQUES Tableaux de type C : intitulés de colonne figés, intitulés de ligne variables Tableau 15 : Indicateurs synthétiques relatifs à la demande et aux réponses apportées selon la composition
familiale
Tableau 16 : Indicateurs synthétiques relatifs à la demande et aux réponses apportées selon l’âge
Tableau 17 : Indicateurs synthétiques relatifs à la demande et aux réponses apportées selon la problématique
rencontrée
Tableau 18 : Indicateurs synthétiques relatifs à la demande et aux réponses apportées selon la situation
résidentielle avant l’errance
Tableau 19 : Indicateurs synthétiques relatifs à la demande et aux réponses apportées selon l’existence
éventuelle de difficultés de santé
Tableau 20 : Indicateurs synthétiques relatifs à la demande et aux réponses apportées selon la situation
administrative
Tableau 21 : Indicateurs synthétiques relatifs à la demande et aux réponses apportées pour des populations
spécifiques
VIII Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
Tableau 22 : Indicateurs synthétiques relatifs à la demande et aux réponses selon le lieu d’expression de la
demande (arrondissements et départements)
Tableau 23 : Indicateurs synthétiques relatifs à la demande et aux réponses selon le lieu d’expression de la
demande (principaux EPCI)
9/ Indicateurs européens de risques d’exclusion à intégrer au niveau départemental pour un meilleur pilotage des dispositifs du BOP 177
Indicator Definition BreakdownsEU: At-risk-of poverty rate + illustrative threshold values
Share of persons aged 0+ with an equivalised disposable income below 60% of the national equivalised median income. Equivalised median income is defined as the household's total disposable income divided by its "equivalent size", to take account of the size and composition of the household, and is attributed to each household member. Equivalization is made on the basis of the OECD modified scale. Complemented by the value of the at-risk-of-poverty threshold (60% median national equivalised income) in PPS for two illustrative households: a single-person household and a household consisting of two adults and two children.
Age groups: 0-17; 18-64; 65+, gender
EU: Persistent at-risk of poverty rate
Share of persons aged 0+ with an equivalised disposable income below the at-risk-of-poverty threshold in the current year and in at least two of the preceding three years.
Age groups: 0-17; 18-64; 65+, gender
EU: Relative median poverty risk gap
Difference between the median equivalised income of persons aged 0+ below the at-risk-of poverty threshold and the threshold itself, expressed as a percentage of the at-risk-of poverty threshold.
Age groups: 0-17; 18-64; 65+, gender
EU: Long term unemployment rate
Total long-term unemployed population (≥12 months' unemployment; ILO definition) as a proportion of total active population aged 15 years or more.
Gender
EU: Population living in jobless households
Proportion of people living in jobless households, expressed as a share of all people in the same age group . This indicator should be analysed in the light of context indicator N°8: jobless households by main household types Source: LFS
Age groups: 0-17; 18-64; 65+, gender
EU: Early school leavers not in education or training
Share of persons aged 18 to 24 who have only lower secondary education (their highest level of education or training attained is 0, 1 or 2 according to the 1997 International Standard Classification of Education – ISCED 97) and have not received education or training in the four weeks preceding the survey.
Gender
EU: Poverty risk by household type
Poverty risk for the total population aged 0+ in the following household types: Households with no dependent children: - Single person, under 65 years old - Single person, 65 years and over - Single women - Single men - Two adults, at least one person 65 years and over - Two adults, both under 65 years - Other households Households with dependent children: - Single parent, 1 or more dependent children - Two adults, one dependent child - Two adults, two dependent children - Two adults, three or more dependent children - Three or more adults with dependent children
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 IX
EU: Poverty risk by the work intensity of households
Poverty risk for the total population aged 0+ in different work intensity categories and broad household types. The work intensity of the household refers to the number of months that all working age household members have been working during the income reference year as a proportion of the total number of months that could theoretically be worked within the household. Individuals are classified into work intensity categories that range from WI=0 (jobless household) to WI=1 (full work intensity).
Age groups: 0-17; 18-64; 65+, gender
EU: Poverty risk by most frequent activity status
Poverty risk for the adult population (aged 18 years and over) in the following most frequent activity status groups: employment (singling out wage and salary employment); unemployment; retirement; other inactivity. The most frequent activity status is defined as the status that individuals declare to have occupied for more than half the number of months in the calendar year for which information on occupational status is available.
Age groups: 0-17; 18-64; 65+, gender
EU: Poverty risk by accommodation tenure status
Poverty risk for the total population aged 0+ in the following accommodation tenure categories: - Owner-occupied or rent free - Rented
Age groups: 0-17; 18-64; 65+, gender
EU: Dispersion around the at-risk-of-poverty threshold
Share of persons aged 0+ with an equivalised disposable income below 40%, 50% and 70% of the national equivalised median income.
Age groups: 0-17; 18-64; 65+, gender
EU: Persons with low educational attainment
Share of the adult population (aged 25 years and over) whose highest level of education or training is ISCED 0, 1 or 2.
Age groups 25-34; 35-54; 55-64; 65+; 25-64, gender
Low reading literacy performance of pupils
Share of 15 years old pupils who are at level 1 or below of the PISA combined reading literacy scale
Gender
SIP9 Housing
To be developed Not for 2006 reporting On the basis of national sources, Member States have to report on homelessness, housing costs and decent housing Indicator to be developed based on information available in EU-SILC
Age groups: 0-17; 18-64; 65+ Yes
X Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 XI
10/ Marcro organigramme DRJSCS
11/ Première simulation de la matrice de répartition des crédits du BOP 177 (hors crédits hébergement)
Critère Coefficient de pondération 59 62 NPDC Source de l'information
Critères démographiques 2565257 1453387 4018644 INSEE
63,83% 36,17% 100,00%
Catégorie d'arrondissement Métropole 5 1180353 1180353 Préfecture
100% 0%
Urbanisés 4 348619 356296 704915 Préfecture
49,46% 50,54%
Mixtes 3 246115 584764 830879 Préfecture
29,62% 70,38%
Littoraux 2 379512 281368 660880 Préfecture
57,43% 42,57%
Ruraux 1 396823 252077 648900 Préfecture
61,15% 38,85%
TOTAL 64,18% 35,82% 100,00%
Critères sociaux Chômage Nombre chômeurs de longue durée 2 188980 101863 290843 Pôle Emploi
64,98% 35,02%
RMI Nombre d'allocataires du RMI / RSA 2 110940 72165 183105 INSEE / Observation sociale 5962
60,59% 39,41% CAF
API Nombre d'allocataires de l'API 1 13835 8134 21969 STATIS
62,98% 37,02%
AAH Nombre de bénéficiaires de l'AAH 3 40355 20798 61153 STATIS
(Hors établissements) 66% 34%
XII Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
TOTAL 64,01% 35,99% 100,00%
Répartition intermédiaire 64,09% 35,91% 100,00%
Inclusion des populations qui ne bénéficie pas d'ouverture de droits
Jeunes Population 15-19 ans 1 195844 104152 299996 INSEE
65,28% 34,72%
Population 18-25 ans 2 192884 99728 292612 INSEE 65,92% 34,08%
Taux de Chômage de moins de 25 ans 2 26457 15279 41736 Pôle Emploi
63,39% 36,61%
Sortants de l'ASE 0 ND ND #VALUE! Conseils généraux
#VALUE! #VALUE!
Roms Population 1 1100 1000 2100 Préfecture / AREAS
52,38% 47,62%
Nb de demandes d'hébergements dans cette population ND ND #VALUE! Préfecture / ARIASS
#VALUE! #VALUE!
TOTAL 62,71% 37,29% 100,00%
Répartition intermédiaire 63,63% 36,37% 100,00%
Logement / Hébergement Logement / Hébergement Nombre de demandes DALO 2 852 516 1368 Préfecture
62,28% 37,72%
Temps d'attente (mois) 2 9 6 15 Préfecture
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 XIII
60,00% 40,00%
0
Part des ménages dans les centres d'hébergement en attente d'un
logement ND ND #VALUE!
#VALUE! #VALUE!
TOTAL 61,14% 38,86% 100,00%
Répartition intermédiaire 63,01% 36,99% 100,00%
XIV Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009
Julien KOUNOWSKI - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique -2009 XV
12/ Préconisations pour un SI intégré étendu pour la cohésion sociale