lakoff g - les métaphores dans la vie quotidienne

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  • P. Fastrez :: Fiche de lecture: G. Lakoff & M. Johnson, Les mtaphores dans la vie quotidienne

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    LAKOFF George & JOHNSON Mark, Les mtaphores dans la viequotidienne, Paris, Ed. de Minuit (coll. Propositions), 1985, trad.fr. par M. de Fornel et J.-J. Lecercle, 250 p. (ed. orig.: Chicago, The University of Chicago Press, 1980)

    Pierre Fastrez, 21 aot 1998

    Ce texte est un document de travail. Il se borne reprendre les thses prsentes dansl'ouvrage qu'il rsume, sans commentaire ni travail interprtatif d'aucune sorte. Il reprendplusieurs passages plus ou moins longs de l'ouvrage original, (en indiquant la pageconcerne dans l'dition dont je dispose). Au cas o ces citations partielles poseraient unproblme quelconque (en regard de l'dition, etc.), ce texte serait retir du rseau.

    Chapitre 1 - ces concepts qui nous font vivre.Chapitre 2 - la systmaticit des concepts mtaphoriquesChapitre 3 - la systmaticit mtaphorique : mise en valeur et masquageChapitre 4 - les mtaphores d'orientationChapitre 5 - mtaphore et cohrence culturelChapitre 6 - les mtaphores ontologiques

    mtaphores d'entits et de substanceles mtaphores du contenant

    Chapitre 7 - la personnificationChapitre 8 - la mtonymieChapitre 9 - la cohrence mtaphorique l'preuveChapitre 10 - quelques exemples supplmentairesChapitre 11 - la nature partielle de la structuration mtaphoriqueChapitre 12 - comment notre systme conceptuel est-il fond ?Chapitre 13 - le fondement des mtaphores structuralesChapitre 14 - la causalit : en partie mergente et en partie mtaphoriqueChapitre 15 - la structuration cohrente de l'exprienceChapitre 16 - la cohrence mtaphoriqueChapitre 17 - les cohrences complexes entre les mtaphoresChapitre 18 - consquences pour les thories de la structure conceptuelleChapitre 19 - dfinition et comprhensionChapitre 20 - comment la mtaphore peut donner sens la formeChapitre 21 - la signification nouvelleChapitre 22 - la cration de la similitudeChapitre 23 - la mtaphore, la vrit et l'actionChapitre 24 - la vritChapitre 25 - les mythes de l'objectivisme et du subjectivismeChapitre 26 - le mythe de l'objectivisme dans la philosophie et la linguistiqueoccidentaleChapitre 27 - comment la mtaphore rvle les limitations du mytheobjectivisteChapitre 28 - quelques insuffisances du mythe subjectivisteChapitre 29 - l'alternative exprientialiste : donner une nouvelle significationaux vieux mythesChapitre 30 - la comprhension

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    Chapitre 1 - ces concepts qui nous font vivre.

    Contrairement l'opinion commune, Lakoff et Johnson avancent l'hypothse que lesmtaphores ne sont pas des affaires de mots, des figures potiques du langage. Pour eux, cesont nos processus cognitifs qui sont largement mtaphoriques ; une large part de nosconcepts sont structurs mtaphoriquement. Le langage utilisant le mme systmeconceptuel que la pense, il est le tmoin de cette structuration.

    L'essence d'une mtaphore est qu'elle permet de comprendre quelque chose (et d'en fairel'exprience) en termes de quelque chose d'autres. (p. 15)

    ex. de mtaphore conceptuelle : la discussion c'est la guerre.

    La discussion n'est certes pas une sous-espce de la guerre : les discussions et les guerressont deux types de choses diffrentes [...]. Mais la Discussion est partiellement structure,comprise, pratique et commente en termes de Guerre. Le concept est structurmtaphoriquement, de mme que l'activit et par consquent le langage sont aussi structursmtaphoriquement. (p. 15)

    Chapitre 2 - la systmaticit des concepts mtaphoriquesC'est parce que le concept mtaphorique est systmatique que le langage que nousemployons pour parler de cet aspect du concept est lui-mme systmatique. (p. 17)

    Le lien entre cognition et langage permet d'utiliser les mtaphores du langage communpour comprendre le fonctionnement mtaphorique de notre pense et de notre action.

    ex. : le temps, c'est de l'argent. Ce concept mtaphorique est en fait une sous-catgoried'un systme plus large (le temps est une ressource limite > le temps est une marchandiseprcieuse).

    Chapitre 3 - la systmaticit mtaphorique : mise en valeur etmasquage

    Le rseau systmatique d'expressions mtaphoriques qui nous permet de comprendre unaspect d'un concept en termes d'un autre [...] masquera ncessairement d'autres aspects demme concept. (p. 20)

    ex. : la mtaphore du conduit (les ides (ou significations) sont des objets ; les expressionslinguistiques sont des contenants ; communiquer, c'est faire parvenir quelque chose). Cettemtaphore induit une conception du langage o les expressions linguistiques possdent dessignifications dfinies indpendamment de tout contexte et de tout locuteur.

    Un concept mtaphorique ne fournit donc qu'une comprhension partielle de ce qu'ilsstructurent, masquant certains aspects. " Aussi lorsque nous disons qu'un concept eststructur par une mtaphore, nous voulons dire qu'il l'est partiellement et qu'il peut treprolong de certains cts mais non d'autres " (p. 23).

    Chapitre 4 - les mtaphores d'orientation

    Contrairement aux mtaphores structurelles (structurant un concept en termes d'un autre),envisages jusqu'ici, les mtaphores d'orientation organisent " un systme entier deconcepts les uns par rapport aux autres " (p. 24), le plus souvent selon des relationsspatiales. Ces mtaphores dcoulent de notre exprience culturelle et physique.

    ex. : le bonheur est en haut, la tristesse est en bas, la sant et la vie sont en haut, lamaladie et la mort sont en bas, le plus est en haut, le moins est en bas, etc.

    La plupart de nos concepts fondamentaux sont donc structurs par des mtaphores

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    d'orientation spatiale, et ce suivant une certaine systmaticit interne (un ensembled'expressions cohrentes entre elles en dcoulent) et externe (l'orientation des diffrentsconcepts est cohrente) ; cette structuration s'enracine dans notre exprience physique(corporelle) et culturelle du monde. Elle est extrmement naturelle et parfois difficilementreprable. Les orientations physiques dominantes varient d'une culture l'autre (" le choisd'un fondement physique est fonction de la cohrence culturelle de la mtaphore " (p. 29)).

    Il est difficile de sparer les mtaphores de leur fondement exprientiel. P. ex., le plus esten haut et le rationnel est en haut rfrent au mme " haut " mais reposent sur desfondements exprientiels diffrents. D'o la ncessit de ne pas sparer les deux. Le " est "des deux phrases ci-dessus reprsente ce fondement spcifique. Ces fondements permettentde comprendre les mtaphores incohrentes entre elles.

    Chapitre 5 - mtaphore et cohrence culturelleLes valeurs les plus fondamentales d'une culture sont cohrentes avec la structuremtaphorique de ses concepts les plus fondamentaux. [...] Il semble ainsi sue nos valeurs nesont pas indpendantes mais doivent former avec les concepts mtaphoriques un systmecohrent. (p. 32)

    Les conflits de valeurs peuvent ainsi s'expliquer en fonction des mtaphores qui lessous-tendent : diffrentes sub-cultures donnent des priorits diffrentes aux mtaphoresfondamentales qu'elles partagent, d'o les conflits des valeurs qu'elles corroborent.Certains groupes marginaux partagent des valeurs contraires aux valeurs culturellesdominantes. Ceci peut nouveau s'expliquer par les mtaphores (ex. des trappistes, [pourqui moins il y en a, mieux c'est] est vrai pour les possessions matrielles ; pour eux [plusest mieux] ne s'applique qu' la Vertu ; la Vertu est en haut est la mtaphore qui prime surtout).

    Chapitre 6 - les mtaphores ontologiques

    mtaphores d'entits et de substances

    Au del de la simple orientation, notre exprience des objets et des substances physiques(et surtout de notre propre corps) nous procure une base pour comprendre les concepts (parle biais de mtaphores ontologiques).

    Une fois que nous pouvons y faire rfrence, les catgoriser, les grouper et les quantifier et par ce moyen, les prendre comme objets de raisonnements. (p. 35)

    Ceci nous permet d'assigner des limites aux phnomnes physiques, d'en faire des entitsdiscrtes, facilitant notre apprhension du monde. Il en va de mme pour les phnomnesabstraits (la peur, l'inflation, etc.) les mtaphores ontologiques permettent d'y fairerfrence, de les quantifier, d'en identifier des aspects ou des causes, de fixer des objectifs,de motiver des actions, etc.

    ex. : l'inflation est une entit, l'esprit est une entit, etc.

    les mtaphores du contenant

    Nous projetons la perception de notre propre corps comme un contenant ayant une surfacelimite et son orientation dedans-dehors sur d'autres objets physiques, en faisant descontenants. Cette projection s'tend notre environnement, fut-il non born : nous ledlimitons et y dterminons une surface limite afin d'y distinguer un intrieur et unextrieur.

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    " Les substances elles-mmes sont des contenants " (p. 39), comme l'eau d'une baignoire :la premire est une Substance-Contenant, la seconde un Objet-Contenant.

    De mme, notre champ visuel (du fait de la corrlation entre celui-ci et l'espace physiquelimit (=contenant) auquel il correspond). De mme encore pour les vnements et actions(= objets), activits (=substances) et tats (=contenants).

    Chapitre 7 - la personnification

    Celle-ci est une mtaphore ontologique particulire, trs courante. " Une grande varitd'expriences concernant des entits non humaines peuvent tre comprises en termes demotivations, de particularits et d'activits humaines. " (p. 42). La personnification n'estpas unique, elle projette un aspect humain spcifique sur le non humain (ex. : l'inflation estun adversaire). C'est donc une catgorie gnrale chapeautant une multitude de mtaphoresdiffrentes.

    Chapitre 8 - la mtonymie

    La personnification doit tre distingue de l'utilisation particulire de la mtonymie (o,par exemple, un objet ou phnomne non humain est utilis pour dsigner une personnerelle : " l'omelette norvgienne est parti(e) sans payer "), ou de la synecdoque (" notreuniversit compte de nombreux cerveaux ").

    La o la mtaphore a d'abord une fonction de comprhension (d'une chose en termes d'uneautre), la mtonymie a d'abord une fonction rfrentielle. Ce sont des processus diffrents.Cependant, la mtonymie peut aussi avoir une fonction de comprhension : p. ex., enchoisissant une partie (parmi d'autres) pour dsigner le tout, nous montrons sur quel aspectnous nous concentrons.

    La mtonymie est aussi ancre dans nos cultures (ex. : le visage pour la personne), ettmoigne de la mme systmaticit que la mtaphore (cfr. p. 47). " Les conceptsmtonymiques nous permettent de conceptualiser une chose au moyen de sa relation quelque chose d'autre. " (p. 47). " Le fondement de ces concepts est en gnral plusimmdiat que dans le cas des concepts mtaphoriques, parce qu'il met normalement en jeudes associations physiques ou causales directes. " (p. 48).

    Chapitre 9 - la cohrence mtaphorique l'preuve

    Mtaphores et mtonymies sont prsentes comme des systmes cohrents, mais certainesexpression mtaphoriques prsentent des incohrences apparentes. Les auteurs montrentainsi comment en anglais, les deux organisation du temps apparemment contradictoires([futur = devant & pass = derrire] et [futur = derrire & pass = devant]) sont en faitcohrentes. Le temps tant conceptualis travers la mtaphore de l'objet en mouvement(objet dont l'avant fait face la direction du mouvement), la diffrence rsulte du fait quedans le premier cas, le temps est positionn dans l'orientation avant-arrire par rapport aulocuteur (" les semaines qui viennent " vers moi), alors que dans le second ce sontdiffrentes priodes qui sont positionnes les unes par rapport aux autres (" les semainesqui suivent " celles-ci).

    Mais le temps peut aussi tre conu comme stationnaire, et nous comme nous dplaantpar rapport lui. Ces deux mtaphores, logiquement incompatibles, sont cependantcohrentes et " s'ajustent " l'une l'autre dans la mesure o elles sont deux sous-catgoriesd'une catgorie principale, et partagent une implication commune : celle d'un mouvementrelatif du temps par rapport nous selon une orientation avant-arrire. " Il nous apparatque les liens entre mtaphores sont plutt question de cohrence que de compatibilit

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    logique " (p. 54).

    Chapitre 10 - quelques exemples supplmentaires

    Ce chapitre n'apporte rien de plus que des exemples (des ensembles d'expressions) tayantles thses des auteurs : les thories (et les discussions) sont des btiments ; les ides sontdes aliments ; les ides sont des personnes ; l'amour est une force physique ; ce qui estimportant est grand ; la vie est un contenant, etc.

    Chapitre 11 - la nature partielle de la structurationmtaphorique

    La structuration mtaphorique des concepts n'est jamais que partielle : la mtaphorepossde une partie " utile ", faisant l'objet d'expressions linguistiques littrales, et unepartie non utile, ne structurant pas le concept vis, et dont les expressions qui en dcoulentne sont pas littrales.

    ex. : les thories sont des btiments ne structure le concept de thorie que pour deslments comme " fondations ", " charpente ", etc., qui en sont la partie utile ; les lmentstels que " pices ", couloirs ", etc. forment la partie inutile. Ainsi, si l'on peut dire, dans lelangage littral, qu'une thorie est construite sur de solides fondations, il ne peut en tre demme pour " cette thorie comporte de nombreux couloirs sinueux ".

    Ces mtaphores " images ", figures, ne reposant pas sur la partie utile du conceptmtaphorique, peuvent tre classes entre : (1) celles prolongeant la partie utile, (2) cellesexploitant la partie non utile, et (3) celles n'tayant pas notre systme normal de penser,reprsentant une nouvelle faon de voir les choses (mtaphores nouvelles).

    En dehors des mtaphores utilises l'intrieur d'un systme cohrent structurant pense,action et langage, il en existe dont la partie utile est restreinte, et qui bien qu'elles fassentl'objet d'expressions littrales restent isoles et ne font pas l'objet d'un usagesystmatique (ex. : la montagne est une personne, applique seulement pour dsigner le" pied " de la montagne). Leur existence dans la langue est cependant bien relle (mme siponctuelle), et elle peuvent faire l'objet de prolongements dans des mtaphores images.

    Chapitre 12 - comment notre systme conceptuel est-il fond ?Existe-t-il des concepts que nous comprenons directement, sans mtaphore ? Si ce n'est pasle cas, comment pouvons nous comprendre quoi que ce soit ? (p. 65)

    Les auteurs rpondent oui en mettant en avant les concepts spatiaux Haut, Bas, Devant,Derrire, etc. Notre exprience physique du monde est centrale tout notre tre. Elledtermine ainsi la fondamentalit desdits concepts (alors qu'il existe une multitude decadres possibles pour l'orientation spatiale). " La structure de nos concepts spatiauxmerge de notre exprience spatiale habituelle, de notre interaction avec notreenvironnement physique " (p. 66). L'exprience physique est indissociable d'une dimensionculturelle. Elle n'est en aucun cas antrieure cette dernire : " toute exprience estentirement culturelle et ... lorsque nous faisons l'exprience du "monde", notre culture estdj prsente dans l'exprience elle-mme.

    Certains des concepts centraux qui organisent le comportement de notre corps haut-bas,dedans-dehors, avant-arrire, lumineux-sombre, chaud-froid, mle-femelle sont formulsplus prcisment que d'autres.

    Ainsi les concepts de notre exprience spatiale et perceptive, par rapport aux concepts denotre exprience affective. Ces concepts dfinis plus distinctement sont appels concepts

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    mergents, et les mtaphores par lesquelles ils structurent d'autres concepts (p. ex. lesconcepts spatiaux structurant des concepts affectifs : le bonheur est en haut) desmtaphores mergentes. Les concepts d'Objets, de Contenant et de Substance sontdirectement mergents.

    " L'exprience des objets physiques fournit le fondement des mtonymies ", qui tablissentune corrlation entre deux objets physiques, ou entre un objet et " quelque chose qui estconceptualis comme une entit physique " (p. 68).

    Nous ne prtendons pas que l'exprience physique est en aucune manire plus fondamentaleque d'autres formes d'exprience, affective, mentale, culturelle, ou autre. [...] Nous soutenonsplutt que nous conceptualisons habituellement le non-physique en termes physiquesautrement dit, que nous conceptualisons le moins distinct en termes du plus distinct. (p.68)

    Chapitre 13 - le fondement des mtaphores structurales

    Au del des mtaphores ontologique o d'orientation, les concepts peuvent tre structursde faon bien plus prcise et dtaille par des mtaphores (spatiales ou autres) plusspcifiques, les mtaphores structurales. Celles-ci utilisent un concept hautement structurpour en structurer un autre.

    ex. : la discussion, c'est la guerre. Les auteurs dgagent les traits propres la guerre(attaque et dfense de positions d'adversaires, par le biais de diverses tactiques etstratgies : intimidation, menace, autorit, insulte, etc.), qui peuvent s'appliquer ladiscussion (mme la discussion rationnelle, cense se rduire l'change d'arguments defond, etc.). Notre conception de la discussion, mais aussi notre faon de la mener sefondent sur notre exprience du combat physique.

    ex. 2 : le temps est une ressource et le travail est une ressource. L'utilisation de lamtaphore de la ressource (culturellement fonde sur notre exprience des ressourcesmatrielles) permet d'attribuer au travail et au temps une valeur, de les quantifier, et de secentrer sur le type de ressource (" par opposition un fragment o une quantit dedonnes " p. 74) comme critre primordial pour atteindre l'objectif, et sur le fait qu'ilss'puisent mesure qu'on les utilise. " Ces mtaphores structurales complexes font toutesdeux appel des mtaphores ontologiques simples. Le travail est une ressource utilise uneactivit est une substance. Le temps est une ressource met en jeu le temps est unesubstance. " (p. 75).

    En plus de mettre en avant certains aspects des concepts structurs, ces mtaphores enmasquent d'autres.

    [Ces mtaphores structurales] mergent naturellement dans une culture comme la ntre parcequ'elles mettent en valeur quelque chose qui correspond troitement notre expriencecollective et parce que ce qu'elles masquent n'y correspondent pas. Mais elles ne secontentent pas de trouver un fondement dans notre exprience physique et culturelle : ellesinfluencent aussi notre exprience et nos actes. (p. 77)

    Chapitre 14 - la causalit : en partie mergente et en partiemtaphorique

    A travers l'exemple du concept de Causalit, les auteurs montrent qu'aucun concept n'est nitotalement mergent, ni totalement mtaphorique.

    Ils commencent par en dtailler la partie mergente, soit le concept de ManipulationDirecte (physique, des objets) comme prototype (au sens de Rosch) de la Causalit, dontnous faisons l'exprience quotidiennement dans nos interactions avec le monde.

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    Montrant que ce concept mergent ne constitue pas un lment primitif et indcomposablede la signification, mais plutt une gestalt exprientielle, ils rfutent les thories classiquesde la signification. La gestalt exprientielle est constitue d'un ensemble de composants, etest plus facilement comprhensible que ceux-ci spars. Ainsi, ils dtaillent une douzainede proprits de la relation prototypique de Causalit, proprits perue comme une seulegestalt ; les cas non prototypiques ne comptent pas certaines de celles-ci. Ce concept deCausalit, mergeant de notre exprience, peut structurer mtaphoriquement d'autresconcepts.

    A partir du concept de Fabrication, cas particulier de la Causalit, les auteurs montrentcomment diffrentes mtaphores ontologiques (l'objet sort de la substance, la substanceentre dans l'objet) structurent celui-ci pour rendre compte de sa caractristique spcifiquepar rapport la Causalit prototypique : la transformation d'un objet en un autre, rsultantde la manipulation. La Causalit possde donc un noyau prototypique mergent et des casparticuliers structurs mtaphoriquement.

    Chapitre 15 - la structuration cohrente de l'exprience[...] les concepts mtaphoriques sont des faons de structurer partiellement une expriencedans les termes d'une autre. Le fait de possder une structure donne une exprience ou une srie d'expriences une cohrence. (p. 87)

    A partir de l'exemple la discussion, c'est la guerre, les auteurs montrent que lastructuration cohrente d'une exprience revient plaquer sur celle-ci la structuremultidimensionnelle d'une partie d'un concept (la Guerre) sur la structure correspondantedu concept cible (la conversation). " Ces structures multidimensionnelles constituent desgestalts exprientielles, qui sont des moyens d'organiser les expriences en ensemblesstructurs. [...] Comprendre ces gestalts exprientielles, ainsi que les rapports qu'elles ontentre elles, c'est comprendre en quoi notre exprience est cohrente " (p. 91).

    Les dimensions des gestalts exprientielles sont dfinies en fonction de conceptsdirectement mergeants (Agent, Patient, Parties, Etapes, Objet, Substance, etc.).

    Il est important de distinguer l'exprience-mme que nous avons d'une chose (l'activit deconversation) et les concepts que nous utilisons pour la structurer (Conversation,Discussion : gestalts multidimensionnelles). Il existe une corrlation dans chacune desdimensions du concept entre celle-ci et l'exprience relle.

    La limite entre structuration mtaphorique (la discussion, c'est la guerre) etsous-catgorisation (la discussion est une conversation) n'est claire que quand on peutidentifier le type de chose ou d'activit de chacun des termes. Si ce type est identique, c'estune sous-catgorisation, s'il ne l'est pas, c'est une mtaphore. Les cas indtermins setrouvent quelque part entre les deux bornes d'un continuum.

    Les auteurs notent que certaines gestalts complexes n'mergent pas de notre exprience,mais sont structures en fonction d'autres gestalts. C'est la cas de nombre de conceptsaffectifs.

    Chapitre 16 - la cohrence mtaphorique

    Le chapitre se base sur l'exemple la discussion, c'est la guerre. Dtaillant les spcificitsde la discussion rationnelle, puis de la discussion rationnelle participant unique (criturescientifique), les auteurs montrent qu'aucune mtaphore ne peut rendre compte seule del'ensemble de celles-ci. Ils envisagent successivement la cohrence de la structuration duconcept de Discussion par une mtaphore unique, puis la cohrence de plusieursmtaphores conjointes.

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    [Une discussion est un voyage ET Un voyage suit un chemin DONC Unediscussion suit un chemin][Une discussion est un voyage ET Le chemin d'un voyage est une surfaceDONCLe chemin d'une discussion est une surface]Ces implications mtaphoriques rendent cohrents tous les exemples de cettemtaphore, et ce de faon systmatique.

    1.

    En envisageant le cas de plusieurs mtaphores structurant un mme concept, lesauteurs reviennent sur la notion de cohrence mtaphorique, fonde sur lepartage d'implications mtaphoriques communes entre plusieurs mtaphoresstructurant un concept (c.--d. que les diffrents mtaphores mettent en lumiredes aspects communs, de sorte qu'il y a chevauchement). La cohrence s'oppose la compatibilit logique, dans laquelle une seule image peut tre forme surbase des diffrentes mtaphores structurant un concept.L'objectif d'une mtaphore tant de provoquer la comprhension d'un aspect duconcept qu'elle structure, un tel chevauchement permet de comprendreconjointement diffrents aspects du concept.

    2.

    Chapitre 17 - les cohrences complexes entre les mtaphores

    Ce chapitre se limite complexifier le second cas du prcdent, en montrant comment plusde deux mtaphores peuvent se chevaucher (c.--d. partager des implications) dans lastructuration d'un concept, ce qui autorise leur utilisation conjointe de faon cohrente.

    Chapitre 18 - consquences pour les thories de la structureconceptuelle

    Une thorie adquate de notre systme conceptuel doit tre capable de dire comment lesconcepts sont : 1) fonds, 2) structurs, 3) relis les uns aux autres et 4) dfinis. Nous avonsjusqu' prsent fourni une description provisoire du fondement, de la structuration et desrelations entre les concepts (sous-catgorisations, implications mtaphoriques, parties,participants, etc.). (p. 116)

    Reste donc dtailler la dfinition des concepts. Mais avant cela, les auteurs envisagent lesinsuffisances des deux stratgies principales auxquelles recourent linguistes et logicienspour traiter des concepts mtaphoriques :

    La thorie de l'abstraction, selon laquelle l'utilisation littrale d'un concept etson utilisation mtaphorique correspondent un seul et mme concept abstraitet gnral (ex. : tayer un mur et tayer une thorie). Celle-ci (1) ne permet pasde rendre compte des mtaphores d'orientation, (2) ni de distinguer lesmtaphores du type A est B de celles du type B est A, (3) ne peut rendrecompte de la structuration d'un concept par plusieurs concepts mtaphoriques(il faudrait un concept abstrait les embrassant tous), (4) ni de la structuration dumoins concert sur base du plus concret, (5) ni de la systmaticit mtaphorique(interne ou externe), (6) ni des prolongements mtaphoriques dans la partie nonutile du concept. Enfin, elle suppose que tous les concepts, chapeauts par desconcepts trs abstraits, possdent une structure bien tablie.

    1.

    L'homonymie, selon laquelle l'utilisation littrale d'un concept et son utilisationmtaphorique correspondent deux concepts diffrents et indpendants, touterelation systmatique entre les deux tant accidentelle (pour l'homonymieforte). La version faible de cette thorie (admettant des similitudes entre cesconcepts diffrents et homonymes) ne permet pas de rendre compte de lastructuration du moins concret par le plus concret, ni de la systmaticitmtaphorique interne ou externe. L'existence des similitudes sur lesquelles ellerepose est de plus contestable.

    2.

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    Chapitre 19 - dfinition et comprhensionParce que beaucoup de concepts qui sont pour nous importants sont soit abstraits, soit nonclairement dfinis dans notre exprience (les motions, les ides, le temps, etc.) nous devonsles saisir au moyen d'autres concepts que nous comprenons en termes plus clairs (lesorientations spatiales, les objets, etc.). Cette ncessit introduit la dfinition mtaphoriquedans notre systme conceptuel.

    S'intressant la faon dont les gens comprennent leur exprience, les auteurs veulents'loigner des approches classiques de la dfinition, semblable celle des auteurs dedictionnaires.

    Selon eux, la dfinition et la comprhension ne porte pas sur des concepts isols, mais surdes domaines entiers d'exprience. Les domaines fondamentaux d'exprience dfinis lesont dans les termes d'autres domaines. Un domaine fondamental d'exprience constitue" un ensemble structur l'intrieur de notre exprience, conceptualise par ce que nousavons appele une gestalt exprientielle. ... Elles reprsentent des organisations cohrentesde nos expriences en termes de dimensions naturelles (parties, tapes, causes. " (p. 127).On les nomme espces naturelles d'exprience ; elles sont le produit de notre corps, de nosinteractions avec l'environnement, ou avec d'autres hommes dans notre une culture.

    Ces espces naturelles d'exprience correspondent aux concepts dfinis mtaphoriquement(Temps, Ides, Comprhension, Travail, Discussion, etc.). " Ce sont des concepts quiexigent une dfinition mtaphorique, car ils ne sont pas assez clairement dfinis poursatisfaire les objectifs que nous nous fixons dans notre vie quotidienne. " (p. 128). Cesdfinitions mtaphoriques reposent sur d'autres espces naturelles d'exprience qui sontplus concrtes et plus clairement dfinies (Objet, Substance, Voyage, Guerre, Folie,Aliments, etc.). Certaines espces naturelles d'exprience sont en consquencepartiellement mtaphoriques.

    Selon les auteurs, les dfinitions reposent non pas sur un ensemble de proprits inhrentes l'objet, l'activit ou l'vnement, mais sur un ensemble de proprits inhrentes etinteractionnelles (lies l'interaction que nous avons avec lui) organises en une gestaltmultidimensionnelle.

    Ainsi, la catgorisation ne repose pas sur un ensemble de proprits exclusives, mais sur ladtermination de prototypes, et des relations de ressemblance de famille entre les autresobjets (activits...) et ceux-ci, les proprits interactionnelles intervenant au premier plandans la caractrisation de ces relations. Les catgories sont de plus ouvertes, une dfinitionmtaphorique nous permettant d'intgrer une catgorie une exprience qui n'y figuraitpas.

    Chapitre 20 - comment la mtaphore peut donner sens laforme

    L'acte de parole tant li au temps, lui-mme conceptualis par une mtaphore spatiale,nous conceptualisons la forme linguistique spatialement, comme un agencement linaire,ce qui est encore renforc par notre systme d'criture.

    Du fait que nous concevons une forme linguistique au moyen de termes spatiaux, il estpossible que certaines mtaphores spatiales s'appliquent directement la forme d'une phrasetelle que nous la concevons spatialement. Des liens automatiques et directs entre la forme etle contenu peuvent ainsi tre cres, qui se fondent sur des mtaphores gnrales de notresystme conceptuel. De tels liens font que la relation entre la forme et le contenu est rienmoins qu'arbitraire et qu'une partie de la signification d'une phrase peut tre due sa forme.Ainsi, comme l'a remarqu Dwight Bolinger (1977), les paraphrases exactes sontordinairement impossibles, car ces prtendues paraphrases ont des formes diffrentes. Nouspouvons maintenant proposer l'explication suivante :

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    nous spatialisons la forme linguistique ;les mtaphores spatiales s'appliquent la forme linguistique parce qu'elle estspatialise ;grce aux mtaphores de spatialisation, les formes linguistiques elles-mmessont dotes de contenu. (p. 136)

    Cette influence de la forme sur le contenu est envisage travers diffrents casparticuliers, correspondant diffrentes mtaphores de notre systme conceptuel :

    plus il y a de forme, plus il y a de contenu (la rduplication induit uneaugmentation de ce qui est dcrit)plus les termes sont voisins (du point de vue syntaxique), plus l'effet est grand(sur la signification)l'orientation " moi d'abord " (on place en premier dans la phrase les termes lesplus proches de la personne prototypique : d'abord " haut " plutt que " bas ",d'abord " en avant " plutt qu'" en arrire ", etc., cfr. p. 142-144)

    Les auteurs abordent ensuite les traces de cohrence mtaphorique dans la grammaire :apparemment, dans toutes les langues, le procd grammatical utilis pour dsignerl'accompagnement (en Franais : " avec ") est le mme que celui utilis pour dsignerl'instrumentalit (" Je vais avec Cindy au cinma ", " je beurre ma tartine avec oucouteau "). Ceci est cohrent avec notre systme conceptuel, qui compte une mtaphore uninstrument est un compagnon (" Moi et ma Fiesta, on en a vu du chemin ").

    Les liens entre forme et contenu du langage sont donc en corrlation troite avec lastructuration mtaphorique de notre systme conceptuel : considrant les phrases en termesspatiaux, les mtaphores spatiales de notre systme conceptuel s'appliquent celles-ci, desorte qu'elle structurent les relations forme-contenu. (cfr. ex. du lien entre intonationmontant-descendante et mtaphore l'inconnu est en haut - le connu en bas).

    Chapitre 21 - la signification nouvelle

    Les auteurs envisagent prsent les mtaphores extrieures notre systme conceptuel,issues de l'imagination, d'une cration.

    Notre conviction est donc que les mtaphores nouvelles donnent du sens nos expriences,de la mme manire que les mtaphores conventionnelles : elles fournissent une structurecohrente, mettent en valeur certaines choses et en masquent d'autres. Comme lesmtaphores conventionnelles, les mtaphores nouvelles ont des implications, qui peuventmettre en jeu d'autres mtaphores et des noncs littraux. (p. 149)

    A partir de l'exemple de la mtaphore nouvelle l'amour est une oeuvre d'art ralise encommun, les auteurs envisagent les proprits des mtaphores (nouvelles) :

    " la mtaphore met en valeur certains traits tout en en supprimant d'autres " (p.150)

    1.

    " la mtaphore n'implique pas seulement d'autres concepts, comme le Travailou les Buts poursuivis en commun, mais aussi certains aspects trs prcis de cesconcepts. " (p. 151)

    2.

    " parce qu'elle met en valeur certaines expriences amoureuses importantes etles rend cohrentes, tout en en masquant d'autres, la mtaphore donne unenouvelle signification l'amour " (p. 151)

    3.

    " les mtaphores peuvent tres appropries parce qu'elles autorisent des actions,justifient des infrences et nous aident fixer des objectifs " (p. 151)

    4.

    " la signification que je donne une mtaphore est en partie dtermine par maculture et en partie lie mes expriences passes " (p. 152 - cfr. l'ex. de lamtaphore Chimique " la solution de nos problmes ")

    5.

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    Les mtaphores nouvelles ont le pouvoir de crer une nouvelleralit. Celle-ci peut apparatre quand nous commenons comprendre notre exprience en termes d'une mtaphorenouvelle et elle prend de la consistance quand nous commenons agir en termes de cette mtaphore.

    Vu l'ancrage de nos mtaphores conventionnelles dans notre culture et dans notreexprience, il est difficile de changer celles-ci. Le fait qu'une mtaphore puisse trecratrice de ralit est dnigr par les thories objectivistes, pour lesquelles la ralit existeen dehors de toute conception humaine de celle-ci. Ces thories ignorent les aspectshumains de la ralit (notamment sa dimension sociale), pourtant primordiales dans notreexprience du monde.

    Chapitre 22 - la cration de la similitude

    D'o viennent les similitudes que nous percevons dans notre environnement ? Pour lesauteurs, celles-ci reposent sur des mtaphores.

    Les mtaphores conventionnelles (d'orientation, ontologiques et structurales) sont fondessur des corrlations perues dans notre exprience. " Les mtaphores qui sont fondes surdes corrlations dans notre exprience dfinissent les concepts dans les termes desquelsnous percevons les similitudes. " (p. 161) Les mtaphores conventionnelles structuralespeuvent se fonder sur des similitudes provenant de mtaphores ontologiques oud'orientation.

    Les mtaphores nouvelles peuvent oprer de la mme manire que les conventionnellesstructurales. De par leurs implications, elles mettent en valeur certains aspects du domained'exprience qu'elles dsignent, et crent un similitude globale entre celui-ci et d'autresdomaines. Il peut exister des similitudes isoles indpendantes de la mtaphore entre cesdomaines, mais cette dernire leur fournit une cohrence grce la similitude globale destructure qu'elle tablit entre domaines.

    Ce point de vue s'oppose nouveau l'objectivisme, et plus spcifiquement la thorie dela comparaison, selon laquelle la mtaphore, phnomne langagier, ne peut que mettre envaleur des similitudes prexistantes objectivement, et non en crer de nouvelles. Admettantl'existence de similitudes objectives (et y ajoutant des similitudes exprientielles), lesauteurs avancent que les objets du monde rel ne peuvent imposer des contraintes notresystme conceptuel qu' travers l'exprience que nous en faisons.

    Chapitre 23 - la mtaphore, la vrit et l'action

    C'est le lien entre structuration mtaphorique d'expriences et action (sur base de celle-ci)qui est envisag ici. A partir de l'exemple d'une mtaphore utilise par Carter (qui " dclarala guerre " au problme de l'nergie), les auteurs montrent comment celle-ci construit unrseau d'implications guidant la comprhension du problme rsoudre, et justifient par ltelle ou telle dmarche de rsolution. Ils mettent en vidence le fait que tout cela ne tientque pour autant que l'on accepte la mtaphore.

    Ils posent ensuite la question de la vrit d'une telle mtaphore (est-il exact de considrerle problme comme cela ?), mais cartent la question :

    Dans la plupart des cas, ce n'est pas la vrit ou la fausset d'une mtaphore qui est en jeu, mais lesperceptions et les infrences qui s'autorisent d'elle, ainsi que les actions qu'elle sanctionne. (p. 168)

    Ils rappellent alors que pour bien des domaines de notre exprience, nous structurant laralit en termes mtaphoriques, et nous agissons en consquence.

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    Chapitre 24 - la vritLes philosophes considrent habituellement les mtaphores comme des expressions imagesou potiques sortant de l'ordinaire ; leurs discussions se concentrent sur le problme suivant :ces expressions linguistiques peuvent-elles tre vraies ? Leur intrt pour la notion de vritvient de leur souci d'objectivit. La vrit est pour eux objective et absolue. Ils concluenthabituellement que les mtaphores ne peuvent noncer directement des vrits, et que, dansles rares cas o elles disent le vrai, c'est seulement indirectement, par l'intermdiaire d'uneparaphrase " littrale " non mtaphorique. (p. 169)

    Les auteurs rejettent le postulat d'une vrit objective absolue et inconditionnelle, qu'ilsconsidrent comme dangereux. La ralit tant dfinie par rapport un systme conceptuellargement structur par des mtaphores conventionnelles, celui qui parvient imposer sesmtaphores pourrait du point de vue objectiviste imposer une vrit absolue. D'ol'intrt de montrer en quoi les mtaphores, principaux instruments de comprhension dontnous disposons, peuvent tre vraies.

    Nos actions, physiques et sociales, ont pour fondement ce que nous pensons tre vrai. Dansl'ensemble, la vrit nous importe parce qu'elle nous aide vivre et agir. (p. 170)

    L'acquisition de la vrit repose sur notre comprhension du monde, qui est partiellementdfinie en termes de catgories ; certaines catgories mergent naturellement de notreexprience, les autres rsultent de la projection des premires sur " des aspects du mondephysique dont nous avons une exprience moins directe " (p. 171).

    Les catgories par lesquelles nous dfinissons notre environnement comporte diffrentesdimensions correspondant des proprits interactionnelles : les catgories d'objetscomportent au moins les dimensions perceptive, motrice, fonctionnelle et intentionnelle,structures en gestalt. Evnements et activits sont eux aussi catgoriss selon diffrentesdimensions. La catgorisation est un moyen de dfinir un objet en mettant en avantcertaines de ses proprits et en en masquant d'autres. Le plus souvent, les assertions vraiesportent sur des proprits interactionnelles (n'ayant de sens que pour les hommes qui lesperoivent) et non des proprits inhrentes aux objets.

    Une assertion vraie impliquant une catgorie portera donc sur les proprits(interactionnelles) de l'objet catgoris qui sont mises en avant par cette catgorie. Lescatgories tant dfinies en termes de prototypes et de ressemblance de famille celui-ci,et tant ouvertes (cfr. infra), une mme assertion peut tre vraie ou fausse dans descontextes diffrents, l'extension de la catgorie dpendant du contexte ; " la vrit d'unnonc dpend donc de l'adquation de la catgorie utilise, laquelle varie selon lesobjectifs de l'utilisateur et d'autres aspects du contexte. " (p. 176)

    A la question " qu'est-ce que comprendre une phrase simple comme vraie ? ", sur base dedeux exemples (" Le brouillard est devant la montagne " et " Jean a tir au revolver surHenri ", les auteurs rpondent

    Comprendre une phrase comme vraie dans une situation donne exige que l'oncomprenne la phrase mais aussi la situation qui lui correspond.

    1.

    Nous comprenons une phrase comme vraie quand notre comprhension de laphrase correspond de faon suffisamment prcise notre comprhension de lasituation.

    2.

    Avoir une comprhension de la situation qui corresponde notrecomprhension de la phrase peut demander :a) que l'on projette une orientation sur une entit qui n'a pas d'orientationinhrente (par exemple percevoir la montagne comme ayant un avant) ;b) que l'on projette une structure d'entit sur quelque chose qui n'a pas delimites inhrentes (par exemple, le brouillard, la montagne) ;c) que l'on dtermine un arrire-plan sur fond duquel la phrase prend sens,c'est--dire qu'on fasse appel une gestalt exprientielle (par exemple, Tirer surquelqu'un, Faire un numro de cirque) et que l'on comprenne la situation enfonction de cette gestalt ;

    3.

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    d) qu'on ait une comprhension " normale " de la phrase en termes de catgories(par exemple, Revolver, Tirer) dfinies par un prototype, et qu'on essaie decomprendre la situation l'aide de ces catgories. (p. 179-180)

    Aprs avoir envisag le cas des phrases simples, les auteurs montrent comment lacomprhension comme vraie une mtaphore conventionnelle passe par le mme processus.

    Comprendre une phrase comme " l'inflation a mont " suppose donc les tapes suivantes :

    Nous comprenons la situation, par projection mtaphorique, de deux manires :a) Nous percevons l'inflation comme une Substance (au moyen d'une mtaphoreontologique).b) Nous percevons que le Plus est orient vers le Haut (au moyen d'unemtaphore d'orientation).

    1.

    Nous comprenons la phrase en termes de ces deux mtaphores.2.Cela nous permet de faire correspondre notre comprhension de la phrase notre comprhension de la situation.

    3.

    Ainsi, la comprhension en termes de projection mtaphorique n'est pas essentiellementdiffrente de la comprhension de la vrit en termes de projection non mtaphorique. Maisalors que la projection en termes mtaphoriques se fait l'intrieur du mme type d'objets, laprojection mtaphorique suppose la comprhension d'un type d'objets en termes d'un autretype d'objets et implique donc deux types d'objets diffrents. (p. 181)

    Dans tous les cas, la comprhension en termes de vrit repose donc sur la comprhensionde la situation (fut-elle en termes mtaphoriques).

    Du fait que notre comprhension des situations peut mette en jeu des mtaphores conventionnelles, lesphrases qui en contiennent ne posent pas de problmes particuliers notre conception de la vrit, ce quiindique que cette approche peut aussi s'appliquer aux mtaphores nouvelles ou non conventionnelles. (p.182)

    Le chapitre comprend (pp. 186-190) une synthse de la thorie exprientielle de la vrit,qui repose sur la comprhension du monde.

    Nous comprenons un nonc comme vrai dans une situation donne quand notrecomprhension de cet nonc correspond de faon suffisamment prcise notrecomprhension de la situation, en fonction des objectifs viss. (p. 190)

    Les auteurs dtaillent ensuite la nature de l'explication exprientialiste de la vrit : (1) lacorrespondance entre un nonc et l'tat de choses qu'il reprsente passe par leurcomprhension respective, c.--d. par note systme conceptuel ; (2) la comprhension nepeut se faire qu'au sein d'une structure cohrente, dpendant elle aussi de notre systmeconceptuel ; (3) la comprhension exige aussi un fondement dans l'exprience ; (4)l'exprientialisme partage avec le ralisme la conception que le monde physique, lescultures et les gens sont ce qu'ils sont et contraignent les catgories que les hommeslaborent travers leur interaction avec ceux-ci ; cependant, ax sur une conception de laralit qui inclut ses dimensions sociales et personnelles, l'exprientialisme dfinit lesconcepts humains en termes de proprits interactionnelles et non inhrentes ; (5) la vritreposant sur la comprhension du monde, lie au systme conceptuel, d'un systmeconceptuel l'autre, la vrit diffre.

    Enfin, les auteurs montrent comment les thories plus traditionnelles ne peuvent viterd'intgrer des lments de comprhension humaine dans leurs conceptions de la vrit.

    Chapitre 25 - les mythes de l'objectivisme et du subjectivisme

    Avant de proposer une troisime voie aux mythes de l'objectivisme et du subjectivisme [1], les auteurs dtaillent brivement ceux ci. Selon le mythe de l'objectivisme :

    Le mode est constitu d'objets, ils possdent des proprits indpendantes deshommes et des autres cratures qui les peroivent. [...]

    1.

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    Nous acqurons notre connaissance du monde en faisant l'exprience des objetsqui le constituent, en parvenant connatre les proprits qu'ils possdent et lesrelations qu'ils entretiennent les uns avec les autres. [...]

    2.

    Nous apprhendons les objets du monde au moyen de catgories et de conceptsqui correspondent des proprits inhrentes des objets et des relations entreles objets. [...]

    3.

    La ralit objective existe et nous pouvons formuler son propos despropositions qui sont objectivement, absolument et inconditionnellement vraiesou fausses. Mais en tant qu'tre humains nous sommes sujets aux illusions, auxerreurs de perception et de jugement [...]. La science nous offre une mthodequi permet de dpasser nos limitations subjectives et de parvenir lacomprhension partir d'un point de vue universellement valide [...]

    4.

    Les mots ont des sens fixes. Autrement dit, notre langage exprime les conceptset catgories qui nous servent penser. [...]

    5.

    Les hommes peuvent tre objectif et parler objectivement, mais ils n'yparviennent que s'ils usent d'un langage qui est clairement et prcisment dfini[...] et qui correspond la ralit.

    6.

    La mtaphore et les autres types de langage potique, imaginatif, rhtorique oufigur peuvent toujours tre vits, quand on parle objectivement. Ils doiventmme l'tre [...]

    7.

    Il est gnralement bon d'tre objectif. Seul le savoir objectif est rellement unsavoir. [...]

    8.

    Une position objective est rationnelle ; une position subjective est irrationnelle[...]

    9.

    La subjectivit peut tre dangereuse [...] (pp. 197-199)10.

    Selon le mythe subjectiviste :

    Dans la plupart de nos activits quotidiennes, nous nous fions nos sens etdveloppons des intuitions en lesquelles nous avons foi. [...]

    1.

    Ce qui compte le plus dans notre vie, ce sont les sentiments, la sensibilitesthtique les pratiques morales et la conscience spirituelle qui sont purementsubjectifs. [...]

    2.

    L'art et la posie transcendent la rationalit et l'objectivit et nous mettent encontact avec la ralit [...] de nos motions et de nos intuitions. [...]

    3.

    Le langage de l'imagination, en particulier la mtaphore, est ncessaire pourexprimer les aspects de notre exprience qui sont uniques et qui sont les plussignificatifs pour nous. [...]

    4.

    L'objectivit peut tre dangereuse, car ce qui est le plus important et le plussignificatif pour les individus lui chappe. (pp. 199-200)

    5.

    Les auteurs, montrant que ces deux mythes se compltent en se servant d'ennemi mutuel,retracent ensuite l'volution de la tradition objectiviste occidentale, et mettent en avantcomment celle-ci rejette la mtaphore, de l'Antiquit grecque (Platon, Aristote) laRvolution Industrielle (consacrant le triomphe de la Science), en passant par Hobbes etLocke (de tradition empiriste), etc. " La peur de la mtaphore et de la rhtorique dans latradition empiriste est une peur du subjectivisme, une peur de l'motion et del'imagination ", qui sont cense nous dtourner de la vrit et nous mener l'illusion.L'mergence du courant romantique (subjectiviste) la Rvolution industrielle (avecWoodsworth et Coleridge), renforant la sparation des deux paradigmes, est ensuitevoque.

    Les auteurs proposent enfin leur troisime voie, le mythe exprientialiste, refusant laconception (objectiviste) de la vrit unique et absolue, mais cartant le pendantsubjectiviste, voulant que la vrit ne soit accessible qu' travers l'imagination dnu detoute contrainte du monde externe. " La vrit est relative notre systme conceptuel, quiest fond sur (et constamment mis l'preuve par) nos expriences et nos interactionsquotidiennes avec les autres membres de notre culture et avec nos environnementsphysique et culturel. Mme s'il n'y a pas d'objectivit absolue, il peut exister une sorted'objectivit relative au systme conceptuel d'une culture. " (pp. 204-205)

    Chapitre 26 - le mythe de l'objectivisme dans la philosophie et la

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    linguistique occidentale

    L'objectivisme domine notre culture occidentale depuis l'Antiquit grecque. Afin dedgager pourquoi leur conception de la mtaphore contredit les thories objectivistes de lavrit et de la signification, les auteurs en dtaillent les thses le plus couramment acceptspar les linguistes et philosophes objectivistes :

    " La signification est objective " (p. 210), unique et dfinie par les conventionsde la langue (en fonction des embrayeurs d'nonciation, et donc indpendantede la comprhension. Cette dernire se limite la comprhension desconditions dans lesquelles un nonc est objectivement vrai ou faux.

    1.

    " La signification est dsincarne " (p. 211) (indpendante de toute actionhumaine), et indpendante de l'usage.

    2.

    La correspondance entre mots et monde (objet de la smantique) ne passe paspar la comprhension humaine

    3.

    Une thorie objectiviste de la signification repose sur une thorie objectivistede la vrit : la signification d'un nonc est ce qui dtermine les conditionsdans lesquelles celui-ci est vrai (i.e. a correspondance mots-monde est correcte)

    4.

    " La signification est compositionnelle : la thorie des constituants ultimes " (p.214) : la correspondance monde - langue s'tablissant entre [entits du monderel - noms], [proprits des entits - prdicats une place], et [relations entreentits - prdicats plusieurs places], sur base de la syntaxe de la langue, onpeut produire des noncs correspondant n'importe quel tat du monde.

    5.

    la relativit ontologique (toutes les langues ne dcoupent pas le monde de lamme faon, ce qui vaut pour une entit, une relation, une proprit varie d'unelangue l'autre ; toutes les langues ne sont donc pas exprimables en un langagelogique universel) peut tre intgr l'objectivisme sans passer par lacomprhension humaine.

    6.

    " Les expressions linguistiques sont des objets " (p. 216), qui ont des propritsinhrentes et des relations entre elles indpendantes du locuteur. Elles ont desconstituants ultimes (les mots sont composs de prfixes, suffixes, infixes, etc.)

    7.

    " La grammaire est indpendante de la signification et de la comprhension "(p. 217)

    8.

    " La thorie objectiviste de la communication : une version de la mtaphore duconduit " (p. 217)

    9.

    Pour reconnatre qu'une personne peut comprendre que son interlocuteur, ennonant une phrase P la signification objective S, veuille en fait dire S'(signification diffrente), les objectivistes passent par le stratagme suivant : Ppeut signifier S' pour les interlocuteurs si la phrase A est vraie (A = " Ennonant P, qui possde la signification objective S, le locuteur a l'intention detransmettre l'auditeur la signification objective S' "). Ce qui suppose quel'auditeur reconnaisse les intentions (objectives et relles) du locuteur.

    10.

    La mtaphore, phnomne purement langagier, ne peut que nous faire percevoirdes similitudes objectives entre S et S'.

    11.

    Chapitre 27 - comment la mtaphore rvle les limitations dumythe objectiviste

    Les objectivistes analysent le fonctionnement de la mtaphore sur base des suppositionssuivantes :

    Pour une mtaphore vive (invente), celle-ci repose sur l'tablissement desimilitudes prexistantes (objectivement) entre S (signification littrale del'nonc) et S' (signification vise), ce qui suppose que cette dernire possdeune signification objective.

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    Une mtaphore vive se fige, de sorte qu'elle devient conventionnelle et qu'elleacquiert par la une seconde signification littrale.

    Les auteurs reprennent alors leurs critiques de l'objectivisme en termes d'abstraction,d'homonymie et de similitudes (cfr. chap. 18 & 22).

    les similitudes fondant la mtaphore (nouvelle ou structurale) ne sont pasinhrentes mais reposent sur d'autres mtaphores conventionnelles (commentsupposer des similitudes entre l'amour et le voyage si l'Amour set un conceptmal structur et mal dfini de manire inhrente.ne pouvant rendre compte de la signification en termes de similitude,l'objectiviste ne peut qu'adopter la position homonymique forte, ce qu'ils nepeuvent faire qu'en dclarant que " les proprits des mtaphoresconventionnelles et la faon dont nous en usons dans la comprhension " (p.229) ne font pas partie de leur domaine d'tude. Les (philosophes et linguistes)objectivistes " ce que veut dire pour quelque chose le fait d'tre rellementvrai " (p. 229), pas la comprhension.

    Les auteurs se proposent de prendre en compte les modles objectivistes (comme ceux dela logique mathmatique, de la smantique formelle) en abandonnant le postulatobjectiviste (posant le modle comme un reflet exact et complet du monde tel qu'il est). Eneffet, le processus de structuration de la ralit impliqu par un modle objectiviste estsimilaire celui en jeu dans la structuration de la ralit par un ensemble cohrent demtaphores. L'attrait d'une telle structuration pour le sujet est de lui fournir unecomprhension du monde cohrente, permettant infrences et actions futures. Il estcependant ncessaire de mettre l'accent sur la ncessit de changer de mtaphore, chacunene rendant compte que de certains aspects du rel (d'o l'abandon du postulat objectiviste).Autre ombre au tableau, les modles objectivistes ne peuvent rendre compte de l'ancragede nos mtaphores dans notre exprience.

    Chapitre 28 - quelques insuffisances du mythe subjectiviste

    Refuser l'objectivisme pourrait trop facilement nous amener opter pour le subjectivisme,renforant par l la dichotomie impose par notre culture. Les auteurs dtaillent quelquesthses subjectivistes issues de la tradition romantique et que l'on retrouve " dans certainesinterprtations contemporaines (probablement errones) de la philosophie continentalercente, en particulier des traditions de la phnomnologie et de l'existentialisme " (p.235). En gros : la signification est prive (elle tient une personne) ; ni l'exprience, ni lasignification, ni le contexte ncessaire la comprhension d'un nonc n'ont de structureinterne, ce qui rend impossible la reprsentation adquate de la signification. Les auteursrpondent brivement de leur point de vue exprientialiste.

    Chapitre 29 - l'alternative exprientialiste : donner une nouvellesignification aux vieux mythes

    Les mythes de l'objectivisme et du subjectivisme ayant perdur dans notre culture de parles fonctions qu'ils assurent, les auteurs envisagent ce que l'exprientialisme prserve decelles-ci.

    l'exprientialisme pose comme l'objectivisme l'existence d'un monde externecontraignant nos interactions avec lui et la faon de l'apprhender. Il conserveaussi la possibilit d'impartialit et de justesse qui motive l'objectivisme.Cependant, il abandonne la conception d'une vrit absolue, et affirme quecelle-ci n'est ncessaire ni " une connaissance qui nous permette d'agir avecsuccs ", ni la possibilit de " faire preuve de justesse et d'impartialit " (p.

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    239). Il opte pour une conception " raisonnable " de l'objectivit, commedpendante d'un systme conceptuel donn [2] .l'exprientialisme conserve la conception du subjectivisme voulant que lasignification est toujours celle d'une personne, et quelle est " aussi affaired'imagination et de cohrence acquise " (p. 240). Mais elle rejette " l'ideromantique que la comprhension imaginative ignore toute contrainte " (p.240).

    Chapitre 30 - la comprhensionNous pensons qu'il y a, derrire les mythes de l'objectivisme et du subjectivisme, unemotivation unique : la proccupation des hommes pour la comprhension. (p. 241)

    Celle-ci correspond la comprhension du monde extrieur pour l'objectivisme, et auxaspects internes de la comprhension pour le subjectivisme. L'exprientialisme intgre cesdeux dimensions, en ne considrant plus l'homme comme spar de son environnement. Lacomprhension nat de notre interaction incessante avec celui-ci.

    Dans le mythe exprientialiste, la comprhension merge de l'interaction, et d'unengociation incessante avec l'environnement et les autres hommes. Elle merge de la faonsuivante : notre nature corporelle et notre environnement physique et culturel imposent unestructure notre exprience en fonction des dimensions naturelles que nous avons dcrites.Les expriences qui se produisent mnent la formation de catgories, lesquelles sont desgestalts exprientielles possdant ces dimensions naturelles. Ces gestalts dfinissent lacohrence de notre exprience. Nous comprenons directement notre exprience quand nousconcevons qu'elle est structure de manire cohrente en termes des gestalts qui ont mergdirectement de l'interaction avec (et dans) notre environnement. Nous comprenonsl'exprience de manire mtaphorique quand nous utilisons une gestalt appartenant undomaine d'exprience pour structurer notre exprience dans un autre domaine. (p. 242)

    Au del de la satisfaction des proccupations des mythes objectiviste et subjectiviste,l'exprientialisme permet de rendre compte de domaines de notre exprience quotidiennetels que :

    la communication interpersonnelle et la comprhension mutuelle :" L'imagination mtaphorique est une capacit dcisive pour crer une relationet communiquer l'essence de l'exprience non partage. Elle consiste en grandepartie dans la capacit d'inflchir sa propre vision du monde et d'adapter lafaon dont on catgorise sa propre exprience " (p. 243).la comprhension de soi : celle-ci engage au moins les comptencesimpliques dans la comprhension mutuelle. " Comme nous cherchons desmtaphores qui mettent en valeur et rendent cohrent ce que nous avons encommun avec quelqu'un d'autre, nous cherchons des mtaphores personnellesqui mettent en valeur et donnent une cohrence notre propre pass, nosactivits prsentes autant qu' nos rves, nos espoirs et nos objectifs " (p.245).le rituel : notre vie quotidienne est remplie de rituels qui donnent une structureet une signification nos interactions avec le monde. Ceux-ci sont des gestaltexprientielles (correspondant ou non des types mtaphoriques d'activits),des " squence[s] cohrente[s] d'actions, qui [sont] structure[s] selon desdimensions naturelles de notre exprience " (p. 246).l'exprience esthtique : " En offrant de nouvelles gestalts exprientielles,elles [les oeuvres d'art] nous donnent aussi de nouvelles cohrences. Du pointde vue exprientialiste, l'art appartient au domaine de la rationalitimaginative : c'est un moyen de crer de nouvelles ralits " (en crant denouvelles mtaphores) (p. 248).la politique : les idologies conomiques et politiques sont formules entermes de mtaphores, qui mettent en valeur des aspects de la ralit, mais en

  • P. Fastrez :: Fiche de lecture: G. Lakoff & M. Johnson, Les mtaphores dans la vie quotidienne

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    masquent d'autres, non sans influence sur notre vie quotidienne.

    notes

    [1] Les auteurs concoivent les mythes comme ncessaires pour donner sens ce qui sepasse autour de nous.

    [2] L'objectivit peut donc tre impossible tablir entre plusieurs systmes conceptuelscontradictoires.