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L’AFFRANCHI N°1 L ’Affranchi, n°1. Un journal papier, et non une « newsletter » numérique, pourquoi ? Pas du publi-reportage ou, en tout cas, pas uniquement. Mais plutôt pour informer : sur notre métier, ses évolutions aussi bien techniques que légales, tant sur le plan de la transition énergétique qui nous impacte tous profession- nellement, notamment par l’obligation, au 1er janvier 2018, d’utiliser des films de routage dits « Home Compost », c’est-à-dire compostables en compost domestique, que sur les évolutions postales (logistiques ou tarifaires) dont il faut être aujourd’hui un spécialiste pour en éviter tous les écueils. Pour conseiller au mieux nos clients sur toute la chaîne du marketing direct, de la base de données au routage, et les accompagner et les aiguiller au mieux vers la solution d’expédition la plus appropriée à leur produit (parmi l’offre aujourd’hui pléthorique, que ce soit en Presse, Marketing Direct, cour- rier de gestion ou logistique pour le colis). P our informer sur nos capacités de pro- duction, notre savoir-faire, nos services et conseils, sur ceux de nos partenaires, sur tout ce qui peut impacter nos métiers, notre économie (au niveau local ou national), il nous fallait un support. Le papier, tout natu- rellement, notre matière première, s’est imposé. Parce qu’il est aussi, sans paraître passéiste ni monter de toute pièce un duel qui n’a pas lieu d’être entre le papier et le numérique, comme le représentant et le symbole de cette nouvelle économie : sociale et solidaire, cir- culaire, locale. Le Salon des Maires était l’occasion et l’ai- guillon pour nous pousser enfin à concrétiser cette vieille idée. Bonne lecture Edito ... Mesdames et Messieurs les Maires, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les décideurs publics, CULTURE PAPIER R outage Catalan est adhérent de Culture Papier depuis 2010, année de la création de l’association, qui a pour but de « Valoriser la filière industrielle, de Sensibiliser sur les valeurs sociétales du papier et de l’écrit, de Développer sa vocation de soutien et de laboratoire d’idées de la filière et de Promouvoir un droit de l’homme numérique ». Cette adhésion a plusieurs buts, tous avouables : la valorisation de l’image de marque, la défense de notre métier et de notre marché avec des arguments autres que commerciaux mais aussi un engagement réel pour ce support qui s’est vu, ces dernières années, attaqué et malmené de toute part par les inconditionnels de la révolution numérique, avec bien souvent la mise en avant de contre-vérités ou la focalisation volontairement réductrice et forcément manipulatrice d’images et de concepts simplistes et manichéens (1 livre = 1 arbre abattu, zéro papier et la forêt est sauvée… !). R appelons simplement, dans cette opposition qui ne devrait d’ailleurs pas être entre papier et numérique, qu’une facture envoyée par internet émet 242 g de CO 2, ce qui correspond à l’envoi de 15 factures papier (Source Cabinet Eva), et que le numérique n’a de virtuel que le rapport direct, parce que les com- posants et l’énergie qui alimente ses machines et supports sont, eux, bien réels, concrets et issus d’industries pas forcément aussi responsables que la filière papier. C’est donc pour rétablir certaines vérités et dire « Stop aux idées reçues sur le papier et l’imprimé » (cf Manifeste en faveur du pa- pier et de l’imprimé, Culture Papier, Avril 2010) qu’est née cette association qui nous rappelle aussi que « le papier est l’un des rares produits qui soit à la fois naturel, renouvelable, recyclable et biodégradable sans altérer les ressources des générations futures » (ib.). Sommaire : - Culture Papier - Le bruit et l’odeur - Le trou noir numérique : Papier vs Numérique - Ecofolio - La stupeur du nénuphar - L’estupor del nenúfar - Encarts supplémentaires : Cash investigation

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L’AFFRANCHI N°1

L’Affranchi, n°1. Un journal papier, et non une

« newsletter » numérique, pourquoi ?

Pas du publi-reportage ou, en tout cas, pas

uniquement. Mais plutôt pour informer : sur notre

métier, ses évolutions aussi bien techniques

que légales, tant sur le plan de la transition

énergétique qui nous impacte tous profession-

nellement, notamment par l’obligation, au 1er

janvier 2018, d’utiliser des fi lms de routage dits

« Home Compost », c’est-à-dire compostables

en compost domestique, que sur les évolutions

postales (logistiques ou tarifaires) dont il faut

être aujourd’hui un spécialiste pour en éviter

tous les écueils. Pour conseiller au mieux nos

clients sur toute la chaîne du marketing direct,

de la base de données au routage, et les

accompagner et les aiguiller au mieux vers la

solution d’expédition la plus appropriée à leur

produit (parmi l’offre aujourd’hui pléthorique,

que ce soit en Presse, Marketing Direct, cour-

rier de gestion ou logistique pour le colis).

Pour informer sur nos capacités de pro-

duction, notre savoir-faire, nos services

et conseils, sur ceux de nos partenaires, sur

tout ce qui peut impacter nos métiers, notre

économie (au niveau local ou national), il

nous fallait un support. Le papier, tout natu-

rellement, notre matière première, s’est imposé.

Parce qu’il est aussi, sans paraître passéiste

ni monter de toute pièce un duel qui n’a pas

lieu d’être entre le papier et le numérique,

comme le représentant et le symbole de cette

nouvelle économie : sociale et solidaire, cir-

culaire, locale.

Le Salon des Maires était l’occasion et l’ai-

guillon pour nous pousser enfi n à concrétiser

cette vieille idée.

Bonne lecture

Edito ...Mesdames et Messieurs les Maires,

Mesdames et Messieurs les élus,Mesdames et Messieurs les décideurs publics,

CULTURE PAPIER

Routage Catalan est adhérent de Culture Papier depuis 2010, année de la création de l’association, qui a pour but de

« Valoriser la fi lière industrielle, de Sensibiliser sur les valeurs sociétales du papier et de l’écrit, de Développer sa vocation de soutien et de laboratoire d’idées de la fi lière et de Promouvoir un droit de l’homme numérique ».

Cette adhésion a plusieurs buts, tous avouables : la valorisation de l’image de marque, la défense de notre métier et de notre marché avec des arguments autres que commerciaux mais aussi un engagement réel pour ce support qui s’est vu, ces dernières années, attaqué et malmené de toute part par les inconditionnels de la révolution numérique, avec bien souvent la mise en avant de contre-vérités ou la focalisation volontairement réductrice et forcément manipulatrice d’images et de concepts simplistes et manichéens (1 livre = 1 arbre abattu, zéro papier et la forêt est sauvée… !).

Rappelons simplement, dans cette opposition qui ne devrait d’ailleurs pas être entre papier et numérique, qu’une facture

envoyée par internet émet 242 g de CO2, ce qui correspond à l’envoi de 15 factures papier (Source Cabinet Eva), et que le numérique n’a de virtuel que le rapport direct, parce que les com-posants et l’énergie qui alimente ses machines et supports sont, eux, bien réels, concrets et issus d’industries pas forcément aussi responsables que la fi lière papier.

C’est donc pour rétablir certaines vérités et dire « Stop aux idées reçues sur le papier et l’imprimé » (cf Manifeste en faveur du pa-pier et de l’imprimé, Culture Papier, Avril 2010) qu’est née cette association qui nous rappelle aussi que « le papier est l’un des rares produits qui soit à la fois naturel, renouvelable, recyclable et biodégradable sans altérer les ressources des générations futures » (ib.).

Sommaire :

- Culture Papier

- Le bruit et l’odeur

- Le trou noir numérique : Papier vs Numérique

- Ecofolio

- La stupeur du nénuphar

- L’estupor del nenúfar

- Encarts supplémentaires : Cash investigation

Le bruit et l’odeur

Face à une communication de plus en plus numérisée et qui

ose, par des raccourcis un peu rapides et capillotractés (*),

associer dématérialisation et défense de l’environnement, il nous

a semblé important de nous engager, par notre adhésion à l’as-

sociation Culture Papier, dans la défense et la promotion de ce

matériau historique, un des supports et vecteurs de tous les liens

sociaux, économiques et culturels, tant il a été et est toujours au

coeur de notre société.

Il ne s’agit pas ici de défendre tel ou tel support, média et donc

industrie, aux dépens d’un autre, à n’importe quel prix, de don-

ner un blanc-seing à une autorité irresponsable, de dire tout et

n’importe quoi au prétexte de défendre et de préserver, bec et

ongle, notre bout de gras, d’adhérer à la pratique d’un lobbying

aveugle et quasi messianique comme le marketing est capable

d’en générer (en illustration, ce nouveau titre, magnifi que, de

«chief evangelist» pour désigner le directeur en charge du marke-

ting statistique qui se doit de porter la bonne parole en dehors

de la société mais aussi en interne).

Ainsi, l’équation suivante : «Le papier contribue à la préservation

des forêts en France et en Europe : 500 000 hectares supplé-

mentaires de forêts en France depuis 10 ans» apparaît comme

simpliste , et même si la réalité est beaucoup plus complexe

que cela, il n’en reste pas moins que l’action de ceux qui ont en

charge la gestion de la forêt (dont les industriels des fi lières bois

et papier) y contribue.

Mais Culture Papier a aussi pour objectif de garantir une

«Mesure responsable», c’est-à-dire «d’établir des données fi ables

et démontrables sur le papier et l’imprimé afi n de rétablir certaines

vérités auprès du grand public, des médias et des décideurs».

Au-delà donc de l’image de marque que peut générer notre ad-

hésion, il s’agit surtout d’un engagement qui donne un sens à notre

métier, un sens aujourd’hui plus que jamais nécessaire.

(*) Tirés par les cheveux

Le trou noir numérique : Papiers vs NumériqueIl n’est pas question ici d’opposer de façon manichéenne le papier et le numérique, mais simplement de tenter de rétablir un

équilibre en même temps que certaines idées qui ont tendance à s’effacer de notre approche quotidienne du travail, soumis à une tension toujours plus pressante, à des délais toujours plus réduits et par là-même à des réfl exions toujours plus stéréotypées.

Le numérique a libéré l’espace mais il a contrac-té le temps et la place prépondérante qu’il occupe aujourd’hui crée un déséquilibre, une culture de la vitesse, de l’immédiateté qui est devenue quasi obsessionnelle.

Aujourd’hui, nous laissons le soin aux ordi-nateurs de calculer à notre place et, par là-même, nous croyons qu’ils analysent et tirent des conclusions. Comment sortir de cette «conception techno-économique qui ne connaît que le calcul comme instrument de connaissance (indices de croissance, de prospérité, de revenus, statistiques prétendant tout mesurer)» (1) ? Com-ment sortir du prisme de l’analyse des chiffres, comment ne pas sombrer dans cette vague du Big Data (2) et de ses logiciels ca-pables de tout contrôler et d’apporter des réponses rationnelles certes mais toutes faites, pré-mâchées, adaptées peut-être mais sans surprise, justement parce que l’informatique et le numérique ne peuvent pas connaître de part d’irrationnel (mais une part in-contrôlable oui) ? Bref, comment «humaniser la civilisation techni-cienne» (3) ?

Le papier fait partie d’un de ces moyens, d’une de ces résis-tances pour rétablir cet équilibre entre l’humain et la technique,

entre l’espace et le temps. Et les études de ces dernières années montrent d’ailleurs que les deux supports sont complémentaires et non pas opposables (cf Balmétrie, étude annuelle de l’audience du média courrier). Bien sûr, nous prêchons pour notre paroisse, mais au-delà, le papier a toujours véhiculé le savoir, la connaissance, l’information; il est instrument de partage : chaque journal, chaque catalogue, chaque bout de papier passent entre plusieurs mains; il s’adresse à nos sens : le papier a une odeur, une texture; il est

comme le symbole d’un «temps long» par opposition à un temps structuré, haché, chronométré.

«Alors se susurre à nos oreilles contem-poraines que «saveur» et «savoir» ont la

même racine.» (4)

Sans le papier et sans le numérique, ce journal n’aurait pas pu voir le jour.

(1) Edgar Morin, La Voie, Editions Fayard, 2011

(2) révolution numérique actuelle où absolument tout est tracé et analysé, sur-veillé, sur le mode Big Brother

(3) ? si vous savez n’hésitez pas à nous le communiquer

(4) Frédéric Vivas, Les maîtres queux catalans étaient-ils des barbares, in Pau, Treva i Mil.lenari, Editions Trabucaires, 2010

Avec la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte c’est un vi-

rage qui a été pris pour l’ensemble des acteurs de la société (particuliers, col-lectivités, entreprises, pour certains déjà engagés et qui n’ont pas attendu la loi), virage qui va dans le sens d’une ten-tative d’interrompre l’économie linéaire sur laquelle est basée toute notre pro-duction industrielle et agricole depuis l’époque de l’industrialisation et qui sous-entend que les ressources naturelles de notre planète sont inépuisables. Nous savons, depuis plusieurs décennies, que cette idée est fausse et que l’économie linéaire qui consiste à « extraire, fabriquer, consommer et jeter, qui consomme des ressources naturelles et de l’énergie pour fabriquer des produits qui deviendront, en fi n de compte, des déchets » (*) est caduque. D’où l’émergence de l’écono-mie circulaire, désormais inscrite dans la loi, qui consiste à faire de nos déchets d’aujourd’hui nos ressources de demain et assumer ainsi les conséquences de notre mode de vie en innovant pour le préserver à un coût économique et envi-ronnemental acceptable.

C’est dans ce contexte de gestion des déchets, qui incombe aux communes, intercommunalités, agglomérations, bref aux collectivités, que s’inscrit l’action d’Ecofolio (entreprise privée d’intérêt général ayant un agrément des pou-voirs publics, obtenu en 2007), éco-organisme chargé du fi nancement, de la collecte et du tri du papier. A la condi-tion de disposer d’une collecte séparée, Ecofolio aide, à travers une convention qui organise la relation entre les collec-tivités et l’éco-organisme, à bénéfi cier des soutiens accordés à la collecte et au recyclage des papiers. Ecofolio dé-die ainsi chaque année une enveloppe de 5 millions d’euros minimum pour ac-

compagner les collectivités à l’amélio-ration des performances techniques et économiques de la gestion (collecte et valorisation) des vieux papiers. Objectif : 20 % de réduction des coûts pour les collectivités.

Et parmi la gestion des déchets, le papier représente une part non négligeable (en 2016, le papier et le carton représen-taient 27 % des déchets municipaux). Pour continuer avec les chiffres, en France, en 2016, ont été imprimés 6 milliards de jour-naux, 500 millions de livres et 87 millions de magazines ; en moyenne, un employé de bureau consomme chaque année de 70 à 85 kg de papier et, que sur les 900 000 tonnes de déchets papier pro-duites chaque année dans les bureaux, seules 400 000 tonnes sont collectées et recyclées (source, Ministère de l’Envi-ronnement). Or, il faut savoir que le pa-pier est une matière première secondaire quasiment inépuisable (le fi bre de cellu-lose qui compose les papiers est 100 % recyclable et peut être réutilisée de 6 à 8 fois) et que son empreinte écologique de production est meilleure que celle de la fabrication de pâte vierge (3 fois moins d’énergie et d’eau, 30 % de pro-duction de CO² en moins.

Pour aider les collectivités à cette va-lorisation des déchets papiers, Ecofolio met à disposition des maires un kit de communication pour sensibiliser les ci-toyens et promouvoir le développement du geste de tri (guide pour concevoir sa campagne, modèles de « carte pos-tale » intégrant un mémo des consignes de tri, brochures de sensibilisation, entre autres). Au-delà du seul déchet papier, depuis avril 2017 et avec notamment le soutien de l’Amf (Association des Maires de France), a été mis en ligne « Territeo », une plateforme administrative unifi ée des éco-organismes (groupement

de 10 éco-organismes : Ecofolio, Eco-emballages, Recylum, Ecologic, etc.) qui permet de centraliser l’ensemble des in-formations administratives nécessaires au fonctionnement des différentes fi lières de déchets (papier, plastique, lampes, piles, textile, appareils ménagers, etc.).

Il est vrai que les Pyrénées-Orientales et Perpignan Métropole sont déjà particu-lièrement engagées dans ce domaine. Le département est une zone pilote na-tionale pour le recyclage des déchets, et le Sydetom 66 (centre de tri de Calce exploité par Cydel, groupe EDF) a ap-porté des travaux de modernisation sur l’équipement déjà existant afi n de ré-ceptionner et trier de nouveaux types d’emballage. Ainsi, depuis le 1er octobre 2016, tous les emballages peuvent être triés en bac jaune et une vaste cam-pagne d’information a été menée par le Sydetom en partenariat avec l’éco-organisme national Eco-emballages.

Pour alimenter cet effort de nos collec-tivités, poursuivons et relayons donc l’in-formation auprès des citoyens et des entreprises pour les ancrer dans une démarche de développement durable. La RSE (Responsabilité Sociale des En-treprises) est aujourd’hui un enjeu de so-ciété : c’est la prise en compte, par les entreprises, des effets qu’elles exercent sur la société en termes environnemen-taux, sociaux et économiques.

(*) Rémy Lemoigne « L’économie circulaire »

DOSSIER ECOFOLIO

El nenúfar se desenvolupa sobre un estany immens, quiet i tebi, exposat a un asolellament generós.

Cada dia dobla la seua superfície, produeix nous ri-zomes i estén damunt l’aigua les seues àmplies fulles rodones, pel mig de les quals són escampades fl ors blanques i solitàries. Ja fa quaranta-nou dies que creix sense parar. Ara acaba de cobrir la meitat de l’estany. Quan el taparà del tot ?

La resposta és… al cap de cinquanta dies ! És a dir el dia següent.

El quarantacinquè dia, si demanéssim al nenúfar quins límits té l’estany, ell diria que no ho sap. Solament ha

viscut una vida d’abundància ; és clar que el món no té límit. Aquell dia, tan sols va cobrir un 3 % de la su-perfície, la resta no en sap re. Si li féssim la pregunta el quarantavuitè dia, potser ens diria que les diverses sen-tinelles, les fl ors que espelleixen a la vora d’on ell creix, li han explicat fets inquietants. Sembla que l’estany tin-gui límits. Aquestes observadores haguessin pogut dir, com ho va fer Paul Valéry el 1945 : “El temps del món limitat s’està començant”. Però ningú s’imaginaria tenir-ho en compte. Alguns haurien insistit el quarantanovè dia sobre l’aspecte sorprenent de la velocitat amb la qual se restringia l’espai, però cada part hauria conti-nuat de cuidar-se d’ella mateixa, de crear nous rizomes, de produir noves fl ors.

Probablement és al començament del cinquantè dia, com que la superfície de l’estany se redueix a una

velocitat mai vista, que el nenúfar s’hagués espantat. Fins llavors, només hauria pensat a créixer sense pensar en res més, cada brot estenent-se per si sol. Però a la fi del dia, què passarà quan tot l’estany serà tapat i que cap ésser viu sota l’aigua no podrà pas més rebre cap raig de sol ?

« Vivre dans un monde sans croissance – Quelle transi-tion énergétique ? » Michel J.F. Dubois – Ed. Desclée de Brouwer, Groupe Elidia, 2016, cf p. 29

(Traducció : A. Baylac-Ferrer)

ROUTAGE CATALAN58, Avenue de Rivesaltes

66240 SAINT-ESTEVETEL. 04 68 92 88 00

[email protected]

Le nénuphar se développe sur un immense étang, calme et tiède, bénéfi ciant d’un soleil généreux.

Il double sa surface chaque jour, produisant de nou-veaux rhizomes et étalant sur l’eau ses larges feuilles rondes, parmi lesquelles sont disséminées des fl eurs soli-taires blanches. Depuis quarante-neuf jours, il a crû sans cesse. Il vient de couvrir la moitié de l’étang. Quand aura-t-il couvert la totalité ?

La réponse est… le cinquantième jour ! C’est-à-dire le jour suivant.

Si nous posions au nénuphar la question des limites de l’étang durant le quarante-cinquième jour de sa

croissance, il dirait qu’il ne les connaît pas; il n’a jamais vécu qu’un état d’abondance, l’environnement est ma-nifestement illimité. Ce jour-là, il n’a guère couvert plus de 3% de la surface, il ignore le reste. Si nous lui posions la question durant son quarante-huitième jour, peut-être nous dirait-il que les différentes sentinelles, les fl eurs qui s’épanouissent aux bordures de sa croissance, ont rapporté des-événements troublants. Il semblerait que l’étang ait des limites. Ces observateurs auraient pu

dire, à l’instar de Paul Valéry en 1945 : “Le temps du monde fi ni commence.” Mais nul n’imaginerait en tenir compte. Certains auraient insisté durant le quarante-neuvième jour sur l’aspect stupéfi ant de cette vitesse du rétrécissement, mais chaque partie aurait continué à s’occuper d’elle-même, à créer de nouveaux rhizomes, à produire de nouvelles fl eurs.

Ce n’est sans doute qu’au début du cinquantième jour, comme la surface libre de l’étang diminue à

une vitesse jamais vue, que le nénuphar aurait été frap-pé de stupeur. Jusqu’à ce moment, il n’aurait pensé qu’à croître avec insouciance, chaque tige se développant pour elle-même. Mais à la fi n de cette journée, que va-t-il se passer quand toute la surface sera couverte et qu’aucun autre être vivant de l’étang ne recevra plus la lumière du soleil ?

« Vivre dans un monde sans croissance – Quelle transi-tion énergétique ? » Michel J.F. Dubois – Ed. Desclée de Brouwer, Groupe Elidia, 2016, cf p. 29

ROUTAGE CATALAN58, Avenue de Rivesaltes

66240 SAINT-ESTEVETEL. 04 68 92 88 00

[email protected]

La stupeur du nénuphar

L’estupor del nenúfar