la vulnérabilité des sols face à l’érosion dans les sous...

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DOMAINES DES ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES MENTION GEOGRAPHIE Parcours : Milieux naturels et sciences de la terre MEMOIRE POUR L’OBTENTION D’UN DIPLOME DE MASTER « La vulnérabilité des sols face à l’érosion dans les sous- espaces d’Ambalavao et d’Ambohimandroso, district d’Ambalavao » Présenté par : Mlle Mélie Claudia RASOANOMENJANAHARY Sous la direction de : Mr James RAVALISON 20 Mars 2018

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DOMAINES DES ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

MENTION GEOGRAPHIE

Parcours : Milieux naturels et sciences de la terre

MEMOIRE POUR L’OBTENTION D’UN DIPLOME DE MASTER

« La vulnérabilité des sols face à l’érosion dans les sous-

espaces d’Ambalavao et d’Ambohimandroso, district

d’Ambalavao »

Présenté par : Mlle Mélie Claudia RASOANOMENJANAHARY

Sous la direction de : Mr James RAVALISON

20 Mars 2018

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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

DOMAINE DES ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

MENTION GEOGRAPHIE

PARCOURS : MILIEUX NATURELS ET SCIENCES DE LA TERRE

MEMOIRE POUR L’OBTENTION D’UN DIPLOME DE MASTER

« La vulnérabilité des sols face à l’érosion

dans les sous-espaces d’Ambalavao et

d’Ambohimandroso, district d’Ambalavao »

Présenté par : Mlle Mélie Claudia RASOANOMENJANAHARY

MEMBRE DE JURY :

Président : Madame Joséline RAMAMONJISOA, Professeur Emérite

Rapporteur : Monsieur James RAVALISON, Professeur

Juge : Monsieur Mparany ANDRIAMIHAMINA, Maître de Conférence

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REMERCIEMENTS

Je tiens mes vifs remerciements, pour l’élaboration de ce présent travail à Dieu tout

puissant qui m’a donné la bénédiction, la force et le courage pour réaliser ce dossier de

recherche « Que ton règne vienne ». Ce mémoire a été élaboré grâce à la contribution de

nombreuses personnes. Toute ma gratitude va sans distinction à :

Madame Josélyne RAMAMONJISOA, professeur Emérite qui m’a fait

l’honneur d’accepter de présider ce mémoire malgré ses lourdes responsabilités

Monsieur James RAVALISON d’avoir accepté la charge de suivre la

progression de mon travail et de m’avoir assisté tout au long de ma rédaction

grâce à sa solide expérience dans le domaine. Malgré son programme chargé et

ses déplacements multiples, il a toujours trouvé le temps de nous conseiller et

suggérer les lignes directrices pour mes recherches.

Monsieur Mparany ANDRIAMIHAMINA, maitre de conférence pour l’honneur

qu’il m’a fait en acceptant d’être le juge de ce travail en donnant son judicieux conseil pour

son amélioration.

Je souhaite également remercier ma famille de m’avoir supporté moralement et de

m’avoir aidé tout au long de mes études à l’Université.

Mes remerciements s’adressent aussi à mes amis et à toute les personnes qui m’a

également fourni les données nécessaires qui se sont avérés d’une importance majeure pour

mon sujet et pour que je puisse mener à bien mon travail.

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SOMMAIRE

Première partie : cadre général de la recherche………………………………………. 3

Chapitre I. La Méthodologie appliqué à la recherche………………………………….4

Chapitre II. Présentation de la zone d’étude…………………………………… ………12

Deuxième partie : Le dynamisme de l’érosion…………………………………………29

Chapitre III. Les types d’érosions rencontrés au niveau de ces sous-espaces……. ………30

Chapitre IV. Les impacts de l’érosion……………………………………………………. 46

Troisième partie : Les moyens de lutte antiérosive ……………………………………55

Chapitre V. Les pratiques culturales favorisant l’infiltration……………………………..56

Chapitre VI. Les techniques d’aménagement à mettre en place…………………………..62

Chapitre VII. La conservation des sols……………………………………………………69

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RESUME

Les sous-espaces d’Ambalavao et d’Ambohimandroso connaissent des phénomènes

d’érosion très actifs. Ce processus a fait l’objet d’étude de la recherche. Le travail commence

par l’annonce des méthodes utilisées pour la réalisation de la recherche. Le phénomène

d’érosion est en relation avec le milieu physique qui favorise son implantation mais aussi

l’action anthropique qui empire la situation. Ceci est expliqué par : la présence de couverture

végétale herbeuse qui prédomine sur le versant, le relief à versant raide accélère cette

dégradation, le sol de type ferralitique et le climat qui a tendance à l’assèchement. Mais aussi

l’activité humaine qui rend la situation plus alarmante par l’intermédiaire des feux de brousse.

La gravité de ces facteurs rend le sol plus érosif auquel il se présente en surface quatre types :

l’érosion en nappe, en rigole, en ravine et en lavaka. Les sommets des collines sont décapés

par l’érosion en nappe et donnent naissance à des ruissellements destructeurs. Les rigoles, les

ravines et les lavaka déchirent les collines et déversent les masses de sable dans la rizière. En

fait, ce phénomène présente des effets sur le paysage et les activités agricoles qui se situent en

aval. Les stratégies traditionnelles de gestion de l’eau et de la fertilité du sol perdent leur

efficacité dans les mesures ou on a changé des conditions socio-économiques. Des moyens de

lutte antiérosive ont été appliqués pour éradiquer le problème. Ceci nécessite une approche

participative des paysans visant à la valorisation des terres et l’amélioration de

l’environnement rural mais aussi ceux des différents acteurs (publics ou privées) en

s’appuyant sur la gestion des eaux de ruissellement, de la couverture végétale et des

nutriments du sol.

Mots- clés : érosion, couverture végétale, sol, climat, activité humaine, lutte

antiérosive, Ambohimandroso, Ambalavao

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TABLES DES ILLUSTRATIONS

LISTE DES CROQUIS

Croquis n°1 : Localisation de la zone d’étude……………………………………………….13

Croquis n°2 : Topographie de la zone………………………………………………………..15

Croquis n°3 : La géologie de la zone……………………...……………………...…………..17

Croquis n°4 : Pédologie de la zone……………………...…………………………...……….20

Croquis n°5 : Carte d’occupation du sol……………………………………………………...22

Croquis n°6 : Hydrographie de la zone……………………………………………………….26

Croquis n°7 :La répartition de l’érosion dans la zone……………………………………...…46

LISTE DES FIGURES

Figure n°1 : Diagramme ombro-thermique du district d’Ambalavao………………………..23

Figure n°2 : Effet splash……………………………………………………………………...33

Figure n°3 : Diagramme circulaire de l’utilisation d’engrais………………………………...51

Figure n°4 : Système de mulching……………………………………………………………58

Figure n°5 : Fossé de diversion d’eau………………………………………………………...63

Figure n°6 : Exemple de réseaux de banquettes et de défense………………………………..64

LISTE DES PHOTOS

Photo n°1 : Erosion en nappe auprès de Vatofotsy, sous - espace Ambalavao ……………. .31

Photo n°2 : Erosion en rigole du village de Vondrokely, sous-espace d’Ambalavao …..…...34

Photo n°3 : Erosion en ravine à Ambalavaokely, sous-espace d’Ambohimandroso…… …...35

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Photo n°4 : Erosion en lavaka à Ankarinarivo, sous-espace d’Ambohimandroso…………....37

Photo n°5 : Erosion en lavaka sur le versant d’Iandratongy, sous-espace

d’Ambohimandroso…………………………………………………………………………..38

Photo n°6 : Exemple de versant de la zone …………………………………………………..40

Photo n°7 : Le pâturage dans le village de Tsaramody, sous-espace

d’Ambalavao………………………………………………………………………………….42

Photo n°8 : Lavaka issue des interdits à Soarano, sous-espace d’Ambalavao ……………….43

Photo n°9 : Lavaka issue d’une explosion du versant à Soarano, sous-espace

d’Ambalavao………………………………………………………………………………….44

Photo n°10 : Barrage hydraulique de Soarano ……………………………………………….44

Photo n°11 : Lavaka issue de la tornade à Bevoay, sous-espace

d’Ambalavao………………………………………………………………………………….45

Photo n°12 : Terrasse rizicole de Morafeno, sous-espace

d’Ambalavao………………………………………………………………………………….46

Photo n°13 : Assèchement des rizières dans le village de Vondrokely, sous-espace

d’Ambalavao………………………………………………………………………………….49

Photo n°14 : La briqueterie dans le village d’Ihabo, sous-espace

d’Ambalavao………………………………………………………………………………….49

Photo n°15 et n°16 : Système de paillage à Maroparasy, sous-espace

d’Ambalavao………………………………………………………………………………….57

Photo n°17 : Reboisement villageoise d’Eucalyptus et de sisal à Vohimarina, sous-espace

d’Ambohimandroso…………………………………………………………………………..60

Photo n°18 : Plantation de bananier à Soarano, sous-espace d’Ambalavao

………………………………………………………………………………………………...61

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Photo n°19 : Le réseau de banquette au niveau de la zone……………………………...……64

Photo n°20 : Jatropha en protection érosive………………………………………………….65

Photo n°21 : Culture en courbe de niveau à Morafeno, sous-espace

d’Ambalavao………………………………………………………………………………….66

Photo n°22 : Culture en couloir à Soarano, sous-espace

d’Ambalavao…………………………………………………...……………………………..67

Photo n°23 : Exemple d’aménagement pour retenir les terres………………………………..67

LISTE DES TABLEAUX

Tableau n°1 ; Données climatique du district d’Ambalavao (2005-2009)…………...............25

Tableau n°2 : Terrain victime de feux de brousse dans le sous-espace

d’Ambohimandroso…………………………………………………………………………..41

Tableau n°3 : Les cultures nécessaires à l’usage d’engrais…………………………………..50

Tableau n°4 : Le rendement agricole dans les sous-espaces d’Ambalavao et

d’Ambohimandroso………………………………………………………………………..…52

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ACRONYMES

ADES : Association pour le développement de l’énergie solaire

CRAM : Collectivité rurales autochtones modernisés

CITE : Centre d’information technique et économique

CIDST : Centre d’information et de documentation scientifique et technique

CTFT: Centre Technique Forestier Tropical

FAO: Food and Agriculture Organization of the United Nation

FOFIFA: Foibem-pirenena momba ny fikarohana ny fampandrosoana ny eny ambanivohitra

IRD : Institut de Recherche pour le Développement

IRSM : Institut de recherche scientifique de Madagascar

JCI : Jeune Chambre International

NPK : C’est une sorte de fertilisant riche en Azote, phosphate et potassium

ONE : Office National de l’Environnement

ORSTOM : Office de la Recherche Scientifique et Technique d’Outre-mer

ZTH : Zone Tropicale Humide

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GLOSSAIRE

Dépression : c’est l’endroit où le terrain forme un creux.

Effet « splash » : éclatement des mottes de terres en fines particules sous l’impact de la pluie

Erosion : arrachement des particules de sol sous l’effet de forces exercées par l’eau

Eutrophisation : la pollution des eaux douces par les algues

« Fady » : terme en Malgache qui signifie les interdits, quelque chose qui n’est pas autorisé.

« Malaso » ou « dahalo » : se dit des groupes de personnes qui participent au vol de bœuf

Ravin : petite vallée étroite qui a des pentes abruptes.

Rigole : petit fossé crée par le filet d’eau qui ruisselle

Sols hydromorphes : se dit d’un sol formé dans une zone saturée d’eau de façon permanente

ou périodique

Tornade : vent extrêmement violent qui dévaste sur son passage.

.

..

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INTRODUCTION

D’une façon générale, les phénomènes érosifs sont des processus naturels à

l’échelle géologique. Ils façonnent les versants, les montagnes et forment de riches plaines

fertiles où se déposent les alluvions. Il y a dégradation des sols et modification des

processus physiques : apparition de dégâts au niveau des parcelles cultivées, des versants,

changements dans la circulation des eaux dans les sols, dans les nappes et les rivières.

L’érosion du sol reste encore le plus grand problème de l’environnement surtout à

Madagascar. En effet, celle-ci frappe la région du Betsileo méridionale surtout dans les

communes rurales d’Ambalavao, d’Ambohimandroso. Ce problème vient de la dégradation

de la couverture végétale et la forte croissance démographique dans cette région qui ne fait

qu’empirer la situation.

En plus, le type de sol dans cette région est sensible à l’érosion et se décape

facilement. La domination des sols ferralitiques rajeunis et peu évolués est due à la

topographie accidentée. Le relief accidenté dont les pentes sont raides et les

caractéristiques du sol accentuent le problème d’érosion dans cette région.

Par définition, l’érosion est l’ensemble de phénomènes qui contribue à user la surface

du globe et dont la progressivité agit par l’altération de la surface d’une part et le transport

de ces matériaux altérés d’autre part (CTFT, 1989).

Ainsi, ce travail essaie d’étudier l’érosion sur les versants, précisément : « La

vulnérabilité des sols face à l’érosion dans les sous-espaces d’Ambalavao,

Ambohimandroso, district d’Ambalavao ».

Notre zone se situe entre 46°54’ et 47°18’ de longitude Est, 21°48’ et 22° de latitude

Sud. Elle fait partie du district d’Ambalavao, région Haute Matsiatra. Ces sous-espaces

s’étendent sur 660 km². On a comme voie de communication la route nationale n° 7 (RN 7)

jusqu’à Ambalavao ; puis on prend les pistes vers les autres sous-espaces. Nous avons

choisi ce sujet parce que les phénomènes d’érosions sont remarquables et peuvent

facilement prouver la vulnérabilité des versants. Puis la zone correspond à notre région

d’origine. Cela facilite le déplacement sur la zone de recherche, l’hébergement, les visites

ainsi que l’accueil qui sont assurés.

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Quant à l’érosion, la zone d’étude subit des dégradations considérables, ce qui nous

amène à poser la problématique suivante : pourquoi le phénomène d’érosion devient de

plus en plus menaçant dans les sous espaces d’Ambalavao et d’Ambohimandroso ?

L’étude de l’érosion dans cette zone est intéressante. Elle permet d’analyser

l’évolution de l’érosion dans ces sous-espaces, mais aussi d’identifier des principales

causes de l’érosion et ses impacts.

Notre travail se divise en trois parties :

- Première partie : Le cadre général de la recherche

- Deuxième partie : Le dynamisme de l’érosion au niveau des sous-espaces

- Troisième partie : Les moyens de luttes antiérosifs

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Ière Partie :

CADRE GENERAL DE LA

RECHERCHE

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Chapitre I.

La méthodologie appliquée à la recherche

Il s’agit d’une recherche selon laquelle, on part de plusieurs hypothèses induites de

la bibliographie vérifiée après, à partir des travaux de terrains, d’analyses cartographiques

et statistiques.

I.1. Contexte :

La forme la plus dangereuse de la dégradation du sol, c’est l’érosion. On entend, par

érosion l’enlèvement du sol superficiel par l’eau. Cependant les études scientifiques sur

l’érosion n’ont commencé qu’au début du XXème siècle d’abord en Allemagne puis

quarante ans plus tard aux Etats-Unis d’Amérique, à l’époque de la grande crise

économique ou le gouvernement américain a déposé une dizaine de stations

expérimentales pour mesurer au champ, le ruissellement et les transports solides. Un

chercheur européen a découvert que l’énergie cinétique développée par la chute des gouttes

de pluies était à l’origine de la dégradation de la surface du sol, de ruissellement. Puis, ces

méthodes se sont répandues en Afrique, en Amérique Latine et plus récemment en Asie.

Les recherches ont progressé dans plusieurs domaines. Les chercheurs ont quantifié l’effet

relatif des différents facteurs qui modifient l’expression de l’érosion. Ils ont montré que

l’inclinaison de la longueur de la pente dont l’influence est liée à l’état de la surface du sol

(sa rugosité). L’érosion peut se produire naturellement. Dans le milieu naturel, ce qui

protège le sol de l’érosion, c’est la végétation. Quelle que soit la végétation, elle protège le

sol de l’impact de la pluie. L’arrachement du couvert végétal rend le sol vulnérable. Ce

couvert a été perturbé par les pâturages et les feux. Une fois que le sol dénudé est soumis à

l’action érosive de l’eau le rythme naturellement lent de l’érosion s’accélère

considérablement.

Les pertes du sol vont beaucoup plus vite que le nouveau sol ne peut se former, et

une sorte de déficit s’amorce sur le sol superficiel. L’érosion s’amplifie quand on creuse

une terre en pente, quand on débroussaille la terre pour la mise en culture ainsi que le

surpâturage. Quand l’homme entreprend des opérations agricoles, il travaille le sol. Or, les

opérations les plus risquées sont conduites sur des terres agricoles qui sont particulièrement

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sujettes à l’érosion, surtout si les plans de culture laissent le sol à nu, exposé à l’eau

pendant une partie de l’année.

L’érosion hydrique se manifeste en trois étapes :

- Les particules du sol se dissocient sous l’effet des gouttes de pluie ou de

l’affouillement du ruissellement

- Les particules détachées sont entrainées au bas des pentes par l’eau.

- Les particules du sol vont être déposées à d’autres endroits, soit au-dessus

d’autre sol situé au bas de pentes, soit dans les cours d’eau ou les étangs. Ces sols lessivés

sont généralement plus fertiles, ils contiennent la plupart des éléments nutritifs et de la

matière organique dont les plantes ont besoin pour croitre normalement. Un autre facteur

d’érosion hydrique est lié aux caractéristiques du sol lui-même. Certains sols ont tendance

à s’éroder facilement sous l’action de la pluie et du ruissellement, d’autres résistent même

à des fortes averses. Ce facteur peut concerner la capacité relative du sol d’absorber la

précipitation. La prédominance des particules grossières qui se détachent facilement sous

le martèlement de la pluie que ceux des particules fines qui sont ensuite lessivées avec

l’eau de ruissellement.

La formation d’une ravine se fait à partir de l’extrémité inférieure d’une pente et

grignote le sol en remontant vers le sommet. À force d’augmenter en largeur et en

profondeur à chaque averse, elle finira par atteindre le sommet du versant.

Le ravinement est souvent favorisé par l’homme et par ses animaux. Ces ravins sont

au début des pieds de vaches ou des routes d’exploitation, mais elles sont des destructeurs

de bonne terre agricole. Pour le découpage d’un champ en petites parcelles et gênent le

déplacement des animaux et engins agricoles.

I.2. Démarche :

On a adopté la démarche inductive. Cette méthode consiste à observer le

phénomène sur le terrain. L’utilisation des connaissances est fonction des données

recueillies sur le terrain. Ces informations permettent de renforcer les informations utiles

pour mieux expliquer la présentation de ces phénomènes au sein de l’espace à étudier.

Celles-ci renforcent les idées avancées dans chaque hypothèse établie lors de la lecture des

divers documents.

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Enfin, l’observation sur le terrain permet d’orienter les pistes de réflexion sur le

phénomène et d’apporter plus de précision sur les idées avancées dans chaque hypothèse.

I.2.1. Technique de recherche :

On a utilisé comme technique de recherche l’observation du phénomène sur le

terrain avec prise de photo. Cette observation directe sur terrain permet :

- D’analyser les différents processus qui entre en contact avec le phénomène

d’érosion puis son évolution en surface

- D’expliquer chaque type de formation et son déroulement

- D’en déduire des solutions ou perspective pour faire face au problème

rencontré

- D’approuver les théories conçues

- D’orienter à la rédaction proprement dite

Ensuite nous avons effectué des enquêtes auprès des paysans. Les questionnaires se

font par discussion libre.

I.2.2. Travaux de terrain :

Ce travail se déroule dans les étapes suivant : d’abord, on a essayé de délimiter

toutes les zones frappées par l’érosion et de dégager les différents types par l’observation

et la prise de photo. C’est à partir de cela qu’on a pu déterminer que dans la commune

d’Ambalavao, elle touche la partie nord tandis que dans celle d’Ambohimandroso, ce

phénomène affecte la partie est. Puis, on a passé aux enquêtes. Ceci a été réalisé auprès de

quelques ménages exploitant des « tanety » à l’intérieur des fokontany que nous avons

choisi pour mener l’enquêtes la zone comporte 31 fokontany au total). Cela nous donne un

taux d’échantillonnage de 4% c’est-à-dire 200 ménages sur 4000.Cette enquête a été

réalisé auprès des zones très sensibles à l’érosion.

I.3. Objectifs :

- Il s’agit d’identifier les zones à risques d’érosion.

- Puis, on a essayé de démontrer le déroulement de ses processus d’érosion en surface.

- Pour lutter contre l’érosion, des mesures de protections et de conservations du sol ont

été adoptées.

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I.4. Choix du sujet :

- Les phénomènes d’érosion grignotent le sol des versants. Ils sont très

remarquables et occupent un vaste espace.

- Ces phénomènes ont des répercussions au niveau des paysages, mais aussi les

activités agricoles qui se trouvent sur les bas-fonds.

- Sur le paysage, il se présente par des ravins auquel les matières solides sont

transportées vers les bas-fonds.

- En fait, le phénomène à étudier est très visible dans ces sous-espaces par la

pratique agricole destructive et engendre cette dégradation du sol.

- La proximité de la ville facilite le déplacement lors de l’observation du

phénomène sur terrain.

I.5. Problématique :

Durant plusieurs années, les sous- espaces d’Ambalavao et d’Ambohimandroso

connaissent un climat qui a tendance à l’assèchement. Cette situation a eu des

conséquences néfastes aussi bien sur les Hommes, les animaux que l’environnement.

L’allongement de la période sèche a contribué à une modification du milieu. On constate

aussi une baisse progressive de la pluviométrie avec un accroissement du ruissellement.

La dégradation des milieux naturels expose le sol au phénomène de l’érosion

hydrique or les populations tirent l’essentiel de leur revenu de l’exploitation agricole et de

l’élevage. Face à ce problème, les populations sont plongées dans une situation de

paupérisation ce qui conduit à la problématique suivante : « pourquoi le phénomène

d’érosion devient de plus en plus menaçante dans ces sous espaces d’Ambalavao et

d’Ambohimandroso ? »

I.6. Documentation :

La documentation tient une place important dans la réalisation d’un mémoire de

recherche. Elle fournit au chercheur des capitales de connaissances qui leur aide à exploiter

le thème choisi.

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La phase bibliographique se déroule de deux manières :

D’abord, on a consulté les ouvrages généraux. Ces ouvrages étudient le phénomène

de façon global et se servent comme outils de base pour atteindre l’objectif.

Puis les ouvrages spécialisés pour avoir plus de précision sur la zone et le thème à

étudier. Ces ouvrages permettent de rentrer en détail et d’acquérir plus d’information.

La recherche de ces ouvrages nous a poussées de fréquenter plusieurs bibliothèques

telles :

- La bibliothèque de Géographie

- L’IRD à Ambatoroka

- Le CIDST à Tsimbazaza

- L’Académie Malagasy Tsimbazaza

- Le CITE d’Ambatonakanga

- Fond grand Didier à Tsimbazaza

- La bibliothèque au sein du ministère de l’Énergie et de mines à

Ampandrianomby

- FOFIFA Ampandrianomby

- L’ONE à Antaninarenina

- Bibliothèque au sein du ministère de l’agriculture à Anosy

A part la phase bibliographique, les données cartographiques interviennent pour

représenter les informations à l’aide des croquis. Dans sa réalisation, on a utilisé le logiciel

Arcgis, le Mapinfo et les différentes bases de données pour la création des cartes.

Les dits documents ont été en version papier et électronique. Pour l’obtention de

cette dernière, les recherches sur internet étaient indispensables.

Ces collectes ont permis de faire un tri rationnel des données et d’effectuer des

analyses.

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Résumés bibliographiques :

SEGALEN (M.P), 1948, « L’érosion des sols à Madagascar », ORSTOM, 11p.

SEGALEN (M.P) constate que « l’érosion des sols à Madagascar

provient de l’action des eaux, du vent et l’intervention de l’homme ». Le manque d’une

bonne couverture végétale fait que l’action des eaux y est particulièrement éfficace. Le

déboisement actuel est uniquement du fait que l’homme recherche des pâturages pour ses

bœufs. Le sol privé de sa couverture forestière protectrice est mis à nu (le tapis graminéen

est presque toujours discontinu). La matière organique est détruite et les pluies font éroder

le sol avec énergie. Son rôle primordial est de maintenir la fertilité du sol et la conservation

de l’eau. Un sol riche en humus retiendra des quantités d’eau considérable tandis que sur le

sol sans matière organique, le ruissellement sera intense et les eaux sont chargées des

particules en suspension.

L’érosion commence lorsque la surface du sol est devenue non absorbante

par perte de la matière organique qui a une capacité d’absorption très élevée. Mais cette

précieuse matière humique ne peut se maintenir si l’on vient à détruire la couverture

végétale forestière qui lui a donné naissance. Par la suite, des propriétés physiques

défavorables feront que les sols seront une proie facile pour l’érosion.

PERNET (R), 1968, « Connaissance rapide du degré d’érosion du sol par la

mesure de son état organique », IRSM, Tome V ,287-297p.

Selon PERNET (R), « les variations des éléments humiques et du

complexe organo-minéral permettaient d’estimer le degré d’évolution du sol. Le

ruissellement dépend à la fois de l’état du sol et la qualité de l’eau tombée, celle-ci

s’infiltre en plus ou moins grande abondance selon le pouvoir d’absorption du terrain ».

La matière organique favorise hautement la pénétration de l’eau et réduit en

conséquence le ruissellement dont les effets d’entrainement sur un relief accentué sont

proportionnels à la vitesse du courant, à l’intensité de la chute de pluie et inversement

proportionnels à la résistance des agrégats du sol et à l’importance du couvert végétal.

Ce dernier joue un rôle double en favorisant la pénétration de l’eau et en atténuant l’effet

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de chute sur le sol. La matière organique du sol évolue sous l’influence des

microorganismes et forme des diverses substances humiques qui jouent un rôle actif.

L’humidité équivalente du sol comme sa richesse en éléments assimilables

sont sous la dépendance directe de la qualité de matière organique ; celle-ci pour un sol

donné est donc une fonction linéaire de son degré d’érosion.

ROSSI (G) et DONQUE (G), 1978, « Importance, causes et conséquences de la

crise morpho- climatique actuelle à Madagascar », Bulletin de l’Académie malgache, 20p

ROSSI (G) et DONQUE (G) affirment que « la gravité de l’érosion à

Madagascar est liée à une rupture de l’équilibre morpho climatique. Les forêts, héritage

du pluvial se sont maintenues jusqu’à leur destruction par l’homme mais ne se

reconstituent pas dans la majorité des cas. Elles sont en équilibre avec un climat en voie

d’assèchement ». Et quand les formations secondaires denses se reforment, la disparition

des sols sur les fortes pentes entraverait le processus.

La savane est souvent réduite par les feux de brousse successif, et donne une

formation pauvre, clairsemée, qui ne protège plus le sol contre le ruissellement et est

efficace pour entraver le ravinement sur les fortes pentes.

Le paysan et le pasteur malgache par la pratique des feux de brousses ont ainsi

créé artificiellement une crise morphogénétique qui n’est pas en mesure de contrôler dans

l’état actuel de ses techniques. L’accroissement démographique entraine l’extension des

brulis pour la culture de riz pluvial et tend à accélérer encore les processus de dégradation

de la forêt et des sols.

RIQUIER (J), 1954, « Etude sur les lavaka », Mémoire de l’institut

scientifique de Madagascar, 169-189p.

Pour RIQUIER (J), « l’érosion nait de l’entame du mince manteau

(horizon rouge compact de la latérite) qui protège la zone de départ sous-jacent très

friable, très érodable. Elle progresse rapidement en s’approfondissant et en s’élargissant.

Les parois verticales érodées, sapées à la base, excavées par l’eau, s’écroulent. On assiste

sur les phénomènes de cascade, érosion en nappe, excavation qui provoque des

éboulements et le recul des parois verticales ». Le lavaka prend une forme de demi-cercle

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ou une forme dendritique suivant la concentration des eaux de ruissellement. Les éboulis

sont évacués par érosion en nappe et en ravin lorsqu’ils commencent à s’accumuler, la

stabilisation est proche.

La nappe phréatique agit tardivement dans des processus secondaires. Le

manque d’observation pendant les pluies violentes a fait négliger jusqu’à présent les dégâts

causés par les cascades. Quant aux causes de formation (le long sillon raviné qui a

déclenché le processus), elles sont souvent passées en silence car leur rôle est éphémère.

Elles ne servent que d’amorcer et disparaissent rapidement sous la grande surface affectée

par le lavaka elle-même. La lutte contre cette dégradation est très difficile et en général sur

l’économie.

I.7. Limites et problèmes rencontrés :

Nombreux sont les problèmes que nous avons rencontrés durant la phase

bibliographique et les travaux de terrain. Pour la phase bibliographique, plusieurs données

sont manquantes à savoir l’absence du document dans le lieu même et l’ancienneté et le

mauvais entretien des documents qui demeurent illisibles. Le manque des ouvrages

actualisés pour compléter la recherche ne permet pas à avoir des données plus récentes,

mise à part des fonctionnements anormaux de certaines bibliothèques.

Les travaux de terrain constituent une partie importante dans une recherche, mais

nous avons aussi rencontré beaucoup de problèmes durant la réalisation de notre

recherche. Durant la phase d’enquête, parmi les personnes enquêtées nombreux ne

donnent pas des réponses valables. Puis l’insécurité règne sur le milieu auquel on n’a pas

pu intégrer dans quelque fokontany de notre zone. Faute de temps et de moyens

financiers, nous étions obligés de restreindre notre zone d’étude.

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Chapitre II.

PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE.

II.1. Localisation

Les sous-espaces d'Ambalavao et d'Ambohimandroso se trouvent dans la région

Haute Matsiatra, l’ex province de Fianarantsoa. Ils font partie des Hautes Terres Centrales

de Madagascar. Ils sont situés entre 46°52'30’’et 47°33’0’’de longitude Est, 21°48'0’’et

21°59’0’’de latitude Sud (voir croquis n°1). Ils sont délimités par les sous-espaces

suivants :

- Au Nord : Manamisoa

- Au Sud : Sendrisoa

- À l'Est : Kirano, Anjoma et Andrainjato

- À l'Ouest : Iarintsena

Ces sous-espaces s’étendent sur une superficie de 660km2 et comptent au total 31

Fokontany dont 21 à Ambalavao et 10 à Ambohimandroso. Concernant les voies de

communication : seul Ambalavao est desservi par la route nationale n°7 et dans les autres

localités, ce sont les pistes qui prédominent.

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Croquis n°1 : Localisation de la zone d’étude

Source : BNGRC

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II.2. Les conditions naturelles du milieu.

II.2.1. Les caractères topographiques et pédologiques.

II.2.1.a. La topographie.

La lecture de la carte topographique et le parcours sur le terrain ont permis

d’identifier les grands types de paysages à l’intérieur de notre zone.

En général, le milieu naturel est dominé par des collines de haute altitude qui varie

de 1500m à 900m et les grandes unités de relief se présentent comme suit :

Les sommets granitiques ou dômes granitiques

Les sommets granitiques présentent des affleurements rocheux. Elles se situent dans

la partie est du sous-espace d’Ambalavao et dans l’extrémité est-ouest du sous-espace

d’Ambohimandroso. Ceci est démontré sur la carte par des couleurs marrons foncé avec

une altitude supérieure à 14OOm.

Les hautes collines et collines migmatitiques

Elles regroupent les zones dont l’altitude se situe entre 1000 à 1400m.

Des plateaux plus ou moins disséqués par l’érosion et constitués

d’alluvionnement ancien.

De très petites plaines alluviales le long de la rivière Mananantanana

Des vallées étroites sont aménagées en rizière. Le système de riziculture

traditionnelle domine

Ces reliefs disséqués sont caractérisés par des pentes moyennes à fortes. (Voir

croquis n°2). Au niveau des sous-espaces d’Ambalavao l’altitude diminue de l’est vers

l’ouest tandis que pour celle d’Ambohimandroso, elle diminue de l’est vers l’ouest.

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Croquis n°2 : Topographie de la zone

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II.2.1.b. La structure géologique

Le socle malgache constitue les deux tiers de la superficie de la Grande île. Il est

constitué de matériel archéen et protérozoïque fortement tectonisés et métamorphisés.

Selon Besairie en 1950, la région du Betsileo sud correspond à la partie méridionale

des Hautes terres centrales, se situe dans le socle malgache marquée par deux systèmes :

- Le premier concerne le système de Vohibory composé par la dominance du

gneiss, du quartzite et du cipolin.

- Le deuxième c’est le système de graphite composé par le gneiss et la migmatite

La forme régulière du bassin d’Ambalavao résulte des accidents tectoniques datant

du protérozoïque fortement encastré par des massifs granitiques.

Ainsi, (Grégoire ,1999) suppose qu’Ambalavao se trouve dans le système de

graphite composé de gneiss, de micaschiste et enfin de migmatite.

En somme, la géologie se démarque par la coexistence de deux systèmes :

Le système du graphite qui est divisé comme suit :

- Gneiss et migmatites à granitoïdes

- Migmatite, quartzites à magnétite (voir croquis n°3)

Le système de vohibory

Ce sont des roches essentiellement cristallines.

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Croquis n°3 : la géologie de la zone

Source : BD 500,

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Dans les sous-espaces d'Ambalavao et d'Ambohimandroso, la structure géologique

est composée de gneiss, micaschiste et migmatite graphite. Le croquis n°3, démontre la

prédominance des gneiss, des micaschistes et des migmatites à granitoïdes dans le sous-

espace d’Ambalavao et dans la partie centrale d’Ambohimandroso. Tandis que les granites

migmatites et migmatites, se situent dans la partie orientale d’Ambalavao et à l’extrémité

est et ouest d’Ambohimandroso. Dans ce milieu, l’altitude est très élevée (supérieure

à1500m)

II.2.1.c. Des sols à dominance ferralitiques

Les sols ferralitiques dominent largement dans cette zone parfois nommée sol

latéritique (Voir croquis n°4). Les types de sol dans le bassin d’Ambalavao ont été étudiés

par F. Soubies, 1969 suivant les différentes caractéristiques topographiques :

-Les sols hydromorphes de fond de vallon ne couvrent que de très petite surface.

Ces types de sol sont riches en azote mais assez faible en base échangeable. Ils sont utilisés

par les paysans Betsileo pour la riziculture.

-Les baiboho ou sols de berges sont constitués par des alluvions récentes composés

par de limon, de sable fins transportés par des crues chaque année. Ils sont utilisés pour la

culture d’oignon, de tabac, de tomate ….

-Sur les alluvions anciennes en bordure des baiboho des vallées alluviales et

spécialement dans les méandres de Mananantanana se sont développés des sols jaunes

ferralitiques d’extension faible. Ils sont extrêmement pauvres en éléments fertilisants et en

base échangeable.

-Les colluvions de basse pente au niveau du contact des bas-fonds rizicoles et des

flancs de vallons sont constituées par des sols particulièrement sableux. Ces types de sol

sont intensément attaqués par l’érosion. Ils sont pauvres en élément fins et on cultive

souvent des arbres fruitières tels que les bananiers, les goyaviers.

-Sur les versants où se situent les reliefs résiduels c’est-à-dire au voisinage des

lames de granites les types rencontrés sont des sols ferralitiques de couleur rouge ou jaune.

Ainsi, ils sont très acides et dominés par des graminées Aristida.

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-Sur les plateaux les sols ferralitiques de couleur jaune ou rouges dominent une

vaste étendue. Ces sols sont pauvres en azote, fortement acide et attaqués par l’érosion en

nappe, sur les lanières des plateaux. Il y a les sols qui sont très riches en pseudo-sables. Ces

pulvérences favorisent d’avantage l’érosion et rend délicat le problème de la mise en

valeur.

Bref, les sous-espaces d’Ambalavao et d’Ambohimandroso sont dominés par des sols

ferralitiques rajeunis de couleur jaunes ou rouges de forte pente (20° à 30°).

F. Bourgeat (1979) précise que les sols ferralitiques se développent sur le socle cristallin

sur un substrat fluvial lacustre. Ce sont des sols à fertilité chimique et organique presque

nulle, de magnésie et de phosphore dont l'acidité est très forte. Les argiles latéritiques sont

le siège de phénomène d'érosion accélérée se traduisant par la naissance d'excavation,

parois très abruptes qui crèvent brutalement la surface topographique herbeuse.

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Croquis n°4

Source : BD 500, FTM

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Ambalavao et Ambohimandroso présentent des sols ferralitiques de superficies

assez importantes mais discontinues. On remarque en outre la présence des sols

ferrugineux tropicaux couvrant la partie centrale de la région. Cet ensemble est réuni dans

l’espace de la région par des sols peu évolué. Les bas-fonds portent essentiellement des

sols hydromorphes à Gley.

II.2.2. La formation végétale

II.2.2.a. Type de végétation

Les sous-espaces d'Ambalavao et d'Ambohimandroso sont dominés par les grandes

superficies de savanes dont on peut distinguer deux types :

- Savanes herbeuses à hyparrhenia rufa et hétéropogon contortis

- Savanes herbeuses à hyparrhenia dissoluta et hétéropogon et des forets

d'eucalyptus.

La savane herbacée résulte de la dégradation de la couverture végétale primaire,

suite à une exploitation illicite de la forêt primaire, mais aussi aux actions anthropiques

négatives comme les feux de brousse qui sont les responsables de la destruction de la forêt

de la région.

II.2.2.b. Une couverture dégradée

La végétation naturelle à la base de sclérophylle est depuis longtemps disparue à

cause des défrichements cruciaux et feux de brousse répétés. Le reste laisse la place à une

végétation naturelle dégradée pseudo-steppique à graminée qui n'assure pas une couverture

plus ou moins adéquate contre l'impact des pluies. Cette zone est une zone d'élevage

extensif qui pratiquait les feux de brousse et ayant des effets néfastes sur la végétation que

sur l'écosystème entier (voir croquis n°5).

Ils peuvent provoquer un déséquilibre écologique et appauvrissent le tapis herbacé

en réduisant les apports d'humus qui facilite le lessivage des horizons supérieur.

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Croquis n°5 : carte d’occupation du sol

Source : BD BNGRC, BD 500

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A Ambohimandroso, les collines sont couvertes de graminées. Selon l’état de

dégradation des sols, on assiste à la dominance de l’une ou de l’autre graminée suivante :

Imperata (tenina), Heteropogon (dango), Hyparrhenia (vero), Aristida (kifafa).

Imperata (tenina) pousse sur les sols humifères et meubles, Aristida (kifafa) sur les

pentes très dégradées presque sans humus et compactes. Des bois d’eucalyptus marquent

un effort de reboisement surtout le long de la colline d’Ambohimandroso. Des manguiers

subsistent sur les emplacements des anciens villages et en bas de pentes. Les bas-fonds

sont occupés par les goyaviers, les phragmites (bararata) et de nombreuses cypéracées. Les

champs abandonnés et les jachères troublent la répartition de la végétation naturelle.

II.2.3. Les conditions climatiques et hydrologiques

II.2.3.a. Un régime climatique contrasté

On peut déterminer la division de la saison à partir des Diagrammes ombro-

thermiques de GAUSSEN (figure n°1)

Figure n°1 : Diagramme ombro-thermique du district d'Ambalavao

Source : Station météorologique de Beravina, 2005-2009

0

20

40

60

80

100

120

140

0

50

100

150

200

250

300

Juil. Aout Sept Oct. Nov. Déc. Janv. Févr. Mars Avril Mai Juin

Tem

pér

atu

re e

n °

C

Plu

vio

mét

rie

en m

m

Diagramme ombrothermique de la station Beravina

Pluviométrie Température

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Les mois supérieurs à la courbe de température représentent la saison pluvieuse. Le

total annuel de précipitation est estimé à 1022,3mm. Et la plupart de ces pluies tombent de

Novembre à Mars. La période pluvieuse commence en Octobre et le niveau maximal des

pluies est enregistré en mois de Janvier. Cette première tranche constitue la saison

pluvieuse. Par contre le reste de pluies s'étale sur les mois d’avril à octobre et forme la

seconde tranche qui est la saison sèche. La fréquence des pluies décroit rapidement à partir

du mois d’Avril et la période la plus sèche est comprise entre le mois de mai et le mois

d’Octobre durant laquelle les précipitations prennent la forme de crachin. La saison

pluvieuse est chaude (Novembre à Mars) coïncide à la présence de la mousson, vent chaud,

humide et instable du secteur Nord-Ouest. La mousson est un vent sec et froid, mais au

long de son passage, elle s'emmagasine en vapeur d'eau de la masse océanique réchauffée

par le soleil. Elle devient instable puis s'humidifie et apporte une précipitation abondante.

La dépression mobile et l'anticyclone de l'océan Indien venant du Sud peuvent

apporter de précipitation sur la partie Sud des hautes terres.

La saison sèche et fraiche (Mai- Septembre), coïncide à l'arrivée de l'Alizé, vent de

type tropical maritime de secteur Est. Ce vent s'échappe de la haute pression de

Mascareignes et souffle en permanence sur Madagascar avec des directions et de variation

des vitesses en suivant la position de centre d'action.

Cette zone appartient au climat de type tropical d'altitude. Il est caractérisé par deux

saisons bien distinctes :

- La saison pluvieuse et chaude

- La saison sèche et fraiche

La première dure 6 mois, de même pour la deuxième. La température est modérée

en toute saison.

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Tableau n°1 : Données climatiques du district d’Ambalavao. (2005-2009)

Source : Service de la météorologie Beravina, 2005-2009

II.2.3.b. L'hydrographie

Le réseau hydrographique est composé par la rivière Mananantanana. Cette rivière

est un affluent de la Mangoky. La Mananantanana prend sa source sur le versant de

Tsitondroina (2.019m). Pendant les premiers kilomètres de son cours, elle se dirige vers

l’est. Différents massifs granitiques la font obliques d’abord vers le sud, puis vers l’ouest et

suivant un axe ESE / WNW en direction d’Ambalavao. Son tracé est très sinueux. La pente

générale est de l’ordre de 0,5m/km. La Mananantanana détermine un profil en escalier à

pente plus important. Ceci est dû à l’orientation de la rivière lors de la traversée des

micaschistes et des gneiss du Vohimena par ses attaques perpendiculairement. Depuis sa

source jusqu’à son embouchure le Mangoky, la Mananantanana parcourt 350km et la

surface totale de son bassin est égale à 7680km2.

Le régime hydrostatique des cours d’eau suit celui des précipitations. Les

précipitations exceptionnelles sont dues au cyclone en engendrant des crues dévastatrices

et des inondations.

Mois Juil. Aout Sept Oct. Nov. Déc. Janv. Févr. Mars Avril Mai Juin

Température

en °C 22,2 23,55 26,15 27,6 28,85 28,7 28,3 27,75 27,6 26,8 25,1 23,25

Pluviométrie

en mm 22,6 14,02 15,68 69,8 108,1 220 269 212,4 143 30,5 25,9 13,44

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Croquis n°6 : hydrographie de la zone

Source : BD 500, FTM

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A Ambohimandroso, la Mananantanana forme une grande boucle, à l’intérieur

de laquelle des petits affluents coulent dans des dépressions creusées par l’érosion.

Souvent les alluvions récentes du fleuve ont coupé l’écoulement de ces petits affluents,

créant des lacs ou des étangs plus ou moins temporaires qui seront utilisables pour la

pisciculture avec quelques aménagements.

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CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

La première partie de notre travail est consacré à la méthodologie de recherche et la

présentation de la zone d’étude.

La méthodologie sert à démontrer toutes les outils nécessaires utilisés dans la

réalisation du dossier tel : le contexte, la démarche, les objectifs à atteindre, le choix du

sujet, la problématique pour analyser le sujet, la documentation pour expliquer le

phénomène mais aussi les travaux de terrain qui sont des preuves de recherches.

Pour la présentation de la zone, on a essayé de démontrer tous les aspects qui

caractérisent le milieu. A partir de cela, on a pu déduire que notre zone appartient au socle

précambrien et comporte des sommets dont l’altitude est comprise entre 900 et 1500m.

Ces sommets présentent des pentes moyennes à fortes.

Trois systèmes caractérisent la géologie : le système de Vohibory, le système de

graphite.

Le sol est de type ferralitique et ferrugineux qui est des sols acides avec fertilité

chimique et organique faible. Ils sont de couleur allant du blanc jaunâtre au rouge brique.

La végétation est constituée surtout par la savane herbeuse à Aristida, d’Eucalyptus

et de Pinus.

La zone appartient au climat tropical d’altitude avec deux saisons bien distinct :

Saison pluvieuse et chaude, saison sèche et fraîche.

Mais aussi, elle est drainée par la rivière Mananantanana qui est un affluent de la

Mangoky.

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IIème Partie :

LE DYNAMISME DE L’EROSION

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Chapitre III.

Les types d’érosion rencontrés dans ces sous-espaces.

L’érosion est un phénomène naturel, somme de trois processus : arrachement,

transport et sédimentation sous l’effet de l’énergie des pluies, du ruissellement et de la

pesanteur (G. Viers, 1967), l’érosion est accompagnée de trois actes :

L’érosion, qui est une action de ronger, d’user aboutit à une perte de substances

du relief, à l’élaboration d’un creux, à une diminution de volume : la glyptogenèse qui

évoque la ciselure ou la gravure.

Le transport est la deuxième phase de l’érosion, c’est le départ des matériaux

érodés. La gravité est due à la longueur de la pente, le ruissellement assure ce déplacement.

Quant à l’accumulation, le transport entraine, tôt ou tard, une accumulation.

Quand celle-ci se fait sous les eaux d’un lac ou d’un océan, on l’appelle sédimentation.

L’accélération de ces processus par les activités humaines est un problème majeur

du développement durable. Ce phénomène est accéléré par l’homme, provoque des

conséquences considérables sur le champ de cultures (dégradation des sols, pertes des

nutriments, laisse des rendements et à la finale destruction de la ressource sol) et à l’aval

sur la pollution des eaux (matières en suspensions et éléments nutritifs, la santé humaine

(poussières), l’eutrophisation des eaux douces, l’envasement des réservoirs, la destruction

des infrastructures et les inondations. Entre les deux, l’érosion entraine le remodèlement

des versants affectés par le ravinement et les coulées boueuses. Cet appauvrissement

général conduit également à la dégradation des conditions de vie de la population jusqu’à

la migration.

III.1 L’érosion en nappe :

C’est le stade initial de l’érosion hydrique (Voir photo n°1). On entend par érosion

en nappe le déplacement des particules du sol provoque par les gouttes de pluie et les eaux

de ruissellement. Elle se produit habituellement d’une manière égale sur une pente

uniforme et passe inaperçue jusqu’à ce que la quasi-totalité de la couche arable productive

ait été enlevée. Le sol fertile détaché par l’érosion se trouve au bas de la pente ou dans des

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terres basses. On reconnait aussi ce type d’érosion à la couleur claire du sol sur les buttes,

au changement dans l’épaisseur des couches du sol. Ceci se traduit par l’accumulation de

sol et de débris de culture à basse du champ.

Photo n°1 : érosion en nappe

Source : cliché de l’auteur, Octobre 2017

Cette érosion en nappe entraine la dégradation du sol sur l’ensemble de la surface.

De ce fait, elle est peu visible d’une année à l’autre. Elle peut se traduire aussi par la

remontée des cailloux en surface (cailloux mis à nu par l’érosion). Il s’agit d’une fonte de

l’horizon humifère et d’un travail profond du sol qui apparaît en surface les cailloux.

L’importance de l’érosion en nappe dépend à la fois de :

- L’intensité des pluies qui déclenchent le ruissellement

- L’énergie des pluies qui détachent les particules susceptibles de migrer

- La durée des pluies et l’humidité avant les pluies

Ce type d’érosion frappe la totalité de la zone surtout sur les croupes d’alluvions

anciennes. Elle est forte sur les pentes élevées et dénudées. Et le fait contribue à accentuer

ce phénomène. La photo n°1 présente l’érosion en nappe auprès du fokontany de

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Vatofotsy, sous-espace d’Ambalavao. L’impact des gouttes de pluie à la surface détache

les sédiments de la matrice du sol. Et le ruissellement décape la couche superficielle. C’est

ainsi que le sol est de couleur claire et les racines des végétaux sont plus exposées en

surface.

III.1.1 Le déroulement de l’érosion en nappe

Le déplacement des particules se fait d’abord par effet « splash » à courte distance

et ensuite par le ruissellement en nappe. La battance de la goutte de pluie envoie des

gouttelettes et des particules dans toutes les directions. En fait, ce n’est qu’après la

formation d’une flaquée débordement de l’eau non infiltré que nait le ruissellement en

nappe. Elle peut se manifester comme suit, au cours de la battance des pluies, des

particules vont quitter les mottes pour sédimenter dans les creux et y former des croutes de

sédimentation à très faible capacité d’infiltration (H. JULSTROM, 1935).

L’érosion en nappe est cependant responsable de l’enlèvement de grandes

quantités de sols superficiel. Même une très mince couche de sol, une fois transporté au

bas de la pente, peut représenter plusieurs tonnes par hectare.

III.1.2. Le processus de splash

Le sol se présente en général sous forme d’un assemblage d’éléments de tailles et de

forme variables. Les agrégats constituent les particules élémentaires et leur assemblage

forme les mottes. Les gouttes de pluies tombant sur le sol possèdent une certaine énergie

cinétique. L’impact des gouttes provoque ainsi la dégradation des agrégats et des mottes en

particules fines transportables par le ruissellement. Celles-ci se détachent en se rejaillissant

dans toutes les directions de l’espace. Ce processus de rejaillissement est appelé « splash ».

Au cours d’une pluie, ce phénomène prend son intensité maximale pendant la phase

d’imbibition d’eau du sol, c’est à dire au début de la pluie quand le ruissellement

n’apparait pas encore. Il est d’autant plus fort sur les sols dénudés. Le phénomène de

splash diminue quand le ruissellement s’accroit.

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Figure n°2 : effet splash

Source : GOURFI Abdelali 2014

III.2 L’érosion en rigole

On assiste à cette forme d’érosion quand les eaux de ruissellement se concentrent et

forme des filets ou rigole (voir photo n°2). Cette dépression bien définie résulte de

l’enlèvement du sol par la force de l’eau qui ruisselle. Elle se traduit par le tracé distinct

formé par les eaux de ruissellement.

Quand il pleut, le sol s’érode de façon inégale, l’eau de pluie s’accumule et

s’écoule dans de dépression, empruntant les lignes de moindre résistance pour descendre la

pente. L’écoulement superficiel coule dans de petites rigoles, qui entaillent le sol sur

plusieurs centimètres de profondeur. Les rigoles sont suffisamment petites pour pouvoir

être aplanies au moyen des méthodes normales de préparation du sol. Elles vont se creuser

et s’élargir progressivement jusqu’à ce qu’elles atteignent le sous-sol.

Elle affecte le sous-espace d’Ambohimandroso dans le village de Kintroa et le

village de Vondronkely sous-espace d’Ambalavao. Le ruissellement creuse des formes de

plus en plus profondes. Les canaux dépassent de 10cm de profondeur et peuvent être

effacés par les techniques culturales.

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Photo n°2 : Erosion en rigole dans le village de Vondrokely, Commune d’Ambalavao

Source : Cliché de l’auteur, Octobre 2017

III.3. L’érosion en ravine

La ravine est un stade avancé de l’érosion en rigole (voir photo n°3). Le sol est alors

profondément entaillé et forme des dépressions qui nuisent aux opérations normales du

travail du sol.

Le ravinement est responsable de la perte de la grande quantité de sol arable et de

sous-sol chaque année. L’écoulement superficiel amène la formation de ravin.

L’élargissement de ravine est habituellement le résultat d’une mauvaise conception des

exutoires des réseaux de drainages de surface et sous-terraines.

L’instabilité des talus des ravines, habituellement associé au suintement des eaux

souterraines provoquent l’érosion puis l’effondrement des talus. De tels effondrements

surviennent généralement lorsque le régime des eaux est le plus propice à l’érosion.

Sans mesure corrective, bien pensée et efficace, la formation des ravines est

difficile à prévenir. Les mesures adoptées doivent prendre en considération la cause de

l’augmentation du délit de l’eau sur terrain et permettre de diriger l’écoulement vers un

exutoire convenable.

Le ravinement fait perdre des superficies considérables de terre productive et

présente un danger pour les opérateurs.

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On rencontre ce type à Ambalavaokely sous-espace d’Ambohimandroso. Elle

est plus profonde que la rigole suite au creusement de l’eau qui s’infiltre à l’intérieur. Elle

dépasse les 30cm de profondeur et ne peut plus effacer par les techniques culturales.

Photo n°3 : érosion en ravine à Ambalavaokely sous –espace d’Ambohimandroso

Source : cliché de l’auteur, Octobre 2017

III.4. L’érosion en lavaka

Selon BOURGEAT (F) et RATSIMBAZAFY(C), 1968 les « lavaka » sont des

grandes excavations, en forme de cirque plus ou moins digité, qui décapent profondément

le sol et les matériaux d’altération des roches métamorphiques facilement décomposables.

Ces déchirures ont été observées essentiellement sur les reliefs de rajeunissement, leurs

parois abruptes peuvent atteindre une vingtaine de mètres.

On observe à la partie aval de l’exutoire se poursuit par un chenal

d’écoulement et un cône d’accumulation. Les dépôts ont une pente assez marquée (2 à3

%), le triage longitudinal intervient dans la séparation granulométrique des matériaux, et

ceux-ci deviennent de plus en plus fins vers l’aval.

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III.4.1. La formation du « lavaka »

RIQUIER (J) ,1954 -1958, accorde une grande importance au ruissellement qui

décape l’horizon superficiel compact des sols et permet à l’eau d’atteindre l’horizon

meuble sous-jacent ; le départ des matériaux sans cohésions devient alors très rapide. La

progression des « lavaka » se fait par l’éboulement successif des blocs compacts, lorsque

ceux-ci sont suffisamment affouillés à leur base.

Des sources saisonnières prennent effectivement naissance dans le fond de certains

« lavaka », il n’y a pas de véritable résurgence, mais suintement des eaux qui ont percolé à

travers la masse des matériaux altérés. Bien que le fond des « lavaka » présente une

concavité régulière, il est vraisemblables que ces sources participent au transport des

matériaux arrachés, elles favorisent l’évolution des « lavaka », mais ne constituent pas la

cause initiale de cette érosion spectaculaire.

Lorsqu’on examine la répartition des « lavaka » sur les versants, on se rend compte

très rapidement que ceux-ci prennent naissance au point de raccord des pentes convexes et

concaves, et cette observation plaide en faveur de la théorie de J. RIQUIER, car c’est

précisément là que l’eau de ruissellement a une force maximum.

Le décapage de l’horizon superficiel peut localement être dû à la formation de

loupes de glissement. Celles-ci mettent à nu l’horizon meuble profond qui est rapidement

déblayé par les eaux de ruissellement.

Certains « lavaka » ont une forme semi-circulaire, ils résultent de l’action d’un

cours d’eau qui sape la base d’une colline et dégage sur la rive convexe d’un méandre la

zone d’altération meuble des sols (J. RIQUIER 1954).

III.4.2. Le déroulement de la formation des lavaka

La formation des lavaka est liée à l’encaissement du système hydrographique,

l’abaissement du niveau de base a un effet sur la formation des versants redressés ou l’eau

ruisselée a une forte action érosive. La présence de sols argileux dont l’horizon superficiel

compact protège les horizons sous-jacents est nécessaire pour la formation d’un abrupt qui

est l’amorce d’un nouveau « lavaka ».

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Les lavaka se forment principalement dans les zones d’affleurement des roches

facilement décomposables. L’altération profonde et homogène de ces roches permet un

déblaiement régulier des matériaux, et une évolution complète de l’excavation. Il existe de

parallélisme entre la densité du « lavaka » et la nature de la roche sous-jacente : G.

ROUGERIE (1965)

C’est sous les pseudo-steppes graminéennes, dans le domaine climatique tropical à

saisons alternantes que se forme le « lavaka » (voir photo n°4). La saison sèche très

marquée limite le développement du couvert végétal. En saison des pluies, le ruissellement

est intense et se produit le long d’axes privilégiés.

Photo n°4 : érosion en lavaka à Ankarinarivo, sous-espace d’Ambohimandroso

Source : cliché de l’auteur, Octobre 2017

L’homme a souvent été considéré comme le seul agent responsable de cette forme

catastrophique de l’érosion. Ce point de vue nous paraît cependant abusif. En fait, celui-ci

n’intervient qu’indirectement pour favoriser un processus naturel d’évolution des versants :

PETIT (M) et BOURGEAT (F), 1965.

En multipliant les feux de brousse, l’homme réduit la densité du couvert végétal et

facilite le ruissellement des eaux de pluie. Les chemins des piétons, les pieds de vache, les

fossés d’évacuations des eaux (de pluies) le long des axes routiers constituent des zones de

ruissellement privilégiées qui peuvent être à l’horizon de nouveaux « lavaka ». La

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multiplication actuelle de ces profondes déchirures puisse être attribuée à l’action souvent

destructrice de l’homme.

Cette dernière touche le versant du dôme Iandrantongy sous-espace

d’Ambohimandroso (voir photo n°5) et dans la partie nord d’Ambalavao. C’est la forme la

plus dangereuse de l’érosion. Elle est la responsable du comblement de la rivière, des

rizières et marais par des éléments stériles.

L’inexistence de végétation à cette surface permet au ruissellement de tirer des

particules stériles et surtout sableuses qui recouvrent petit à petit les sols fertiles.

Photo n°5 : érosion en lavaka sur le versant du dôme d’Iandrantongy, Commune

d’Ambohimandroso

Source : cliché de l’auteur, Septembre 2017

III.5 Les facteurs favorisant l’érosion de la zone

Plusieurs facteurs accélèrent le processus de l’érosion dans la zone.

III.5.1. Facteurs naturels :

III.5.1.a. Les natures géologiques et pédologiques

Les natures géologiques et pédologiques de ces sous-espaces sont autant de facteur

qui favorise l’aggravation du phénomène. Les sols issus du substratum géologique comme

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le granite, basalte, gneiss sont généralement riche en feldspath. Ce qui occasionne une

situation de vulnérabilité.

Les processus d’altération des roches sont intenses et conduit généralement à des

sols latéritiques.

III.5.1.b. Influence de la pente

Les paramètres topographiques sont fondamentaux pour expliquer l’importance des

phénomènes érosifs. La déclivité et la forme de la pente ainsi que sa longueur ont un rôle

important. Batti et Depraetere (2007) admettent que : « l’érosion moyenne par unité de

surface croit avec la longueur de la pente et s’expliquent par le fait que les pentes les plus

longues permettent une plus forte accumulation du ruissellement. Ce qui croit l’énergie

globale de celui-ci et ses possibilités de détachement et de transport ».

FAO (1994), de son côté souligne « l’influence de l’importance de la pente sur

l’érosion en mettant en exergue l’existence de l’érosion et de ruissellement intense sur des

pentes douces. Son analyse vise à indiquer qu’il n’est pas besoin de forte pente pour

déclencher ce phénomène ».

Les sous-espaces d’Ambalavao et d’Ambohimandroso sont caractérisés par des

zones de hautes collines à versants abruptes. Ces versants ne sont pas protégés totalement

par des couvertures végétales. C’est pourquoi les versants subissent l’agressivité du climat

qui parvient directement au sol. La présence des pentes fortes accélère l’érosion car le taux

de ruissellement est élevé. Plus la pente d’un champ est raide et longue, plus les risques

d’érosion sont grands. L’érosion hydrique augmente avec la longueur de la pente à cause

du ruissellement. Le débit de l’eau étant alors plus rapide, le transport de sédiment

augmente, ce qui donne lieu à des risques accrues d’érosion et d’affouillement.

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Photo n°6 : exemple de versant de la zone

Source : cliché de l’auteur septembre 2017

III.5.1.c. Types de sols

Puis le type de sol de ces sous-espaces appartient au domaine des sols ferralitiques

qui sont très sensible au phénomène de l’érosion. Ce type de sol résulte de l’influence des

facteurs extérieurs qui a effacé plus ou moins complètement l’empreinte de la roche mère.

De plus la présence des silicates d’alumine est décomposée en silice hydratée qui est

entrainée par les eaux d’infiltration. L’alumine hydratée s’accumule dans le sol avec les

hydrates de fer pour former les argiles latéritiques.

III.5.2. Facteurs anthropiques :

L’érosion ne s’explique pas seulement par des conditions naturelles défavorables

mais aussi par les actes inconsidérés de l’Homme. La destruction de la couverture végétale

(défrichement, feux de brousse, tavy…), le manque de fumure organique, le surpâturage

contribuent à cette ampleur à l’érosion.

Les feux de brousses :

Pour nourrir les bétails dans l’élevage extensif, le renouvellement du pâturage

par incinération constitue une politique traditionnelle intimement liée à ce type d’élevage.

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Cette mise à feu est une coutume, une habitude. Elle donne des nouvelles

pousses d’herbes pour les bétails. Elle permet de sauvegarder le capital animal.

A cause du feu, on aboutit au dernier stade de dégradation des « tanety » à

Aristida, herbe fortement silicifié peu nourrissante. Ainsi, il y a une incompatibilité avec la

protection du sol. La couverture végétale va en s’appauvrissant et tends même à

disparaitre, laissant la voie libre au ruissellement.

Tableau n°2 : terrain victime des feux de brousse dans le sous-espace

d’Ambohimandroso (26 septembre 2017)

Commune Fokontany Tanety

(ha)

Reboisement

(ha)

Total (ha)

Ambohimandroso

Ambalavao

kely

8 2 10

Source : terrain, Septembre 2017

Ce tableau n°2 résume l’activité de feux de brousse dans le sous-espace

d’Ambohimandroso. On constate que les tanety sont les plus victimes. Deux raisons

expliquent cette mise en feu :

-Pour avoir des nouvelles herbes pour le bétail

-Pour étendre les parcelles cultivables

Les pâturages

Les bœufs constituaient la deuxième préoccupation du paysan car :

-Ils sont servis à la mise en boue de la rizière lors du piétinage qui précède

le repiquage.

-Ils constituent une sorte de caisse d’épargne du paysan. La disposition des

vastes pâturages naturels est donc nécessaire. Lorsque la saison sèche est

longue, la pratique des feux de brousse est fréquente pour profiter de

nouvelles repousses qui suivent les premières pluies.

-Ils assurent le rang social des propriétaires et de permettre l’organisation

des fêtes familiales (circoncissions, famadihana…).

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L’attachement du paysan à ces bœufs est proverbial et c’est souvent la recherche de

meilleurs pâturages (voir photo n°7). Pourtant le passage répété des zébus sur un même

endroit conduit à la formation des pieds de vache qui conduit à la formation des lavaka.

Photo n°7 : le pâturage dans le village de Tsaramody, sous-espace d’Ambalavao

Source : cliché de l’auteur, Octobre 2017

III.5.3 Autres facteurs

L’utilisation de la tradition orale persiste encore au niveau de ces sous-espaces.

Sur une pente faible, on a constaté une érosion qui est issue des croyances

traditionnelles comme les interdits « fady ». Ceci est démontré dans la photo n°8, la

formation du lavaka est due à la plantation d’oignon pratiqué par la population dans la

localité de Sendrisoa, la partie du terroir occupé par les oignons s’écroule. Comme le

milieu est dépourvu de végétation, l’action du ruissellement a empiré la situation. Cette

lavaka s’élargisse chaque année et menacent les routes qui relient les villages.

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Photo n°8 : Lavaka issue des interdits à Soarano, sous-espace d’Ambalavao

Source : cliché de l’auteur Octobre 2017

En 1974, l’Etat a décidé d’implanter une borne fontaine dans le village de Soarano.

Pour installer cette infrastructure, il a expulsé tous les habitants auprès de cette colline. Au

moment de cette expulsion le versant s’explose et donne naissance à un grand lavaka (voir

photo n°9). De plus, l’alimentation en eau de la ville d’Ambalavao a été coupée (Voir

photo n°10). Alors l’Etat a décidé de retourner tous les habitants du village en pratiquant la

cérémonie traditionnelle « le fisaorana » par la plantation d’eucalyptus sur le versant. Et

c’est à partir de cela que toutes les activités et leur mode de vie quotidienne fonctionne

normalement.

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Photo n°9 : Lavaka issus d’une explosion, village de Soarano, Commune d’Ambalavao

Source : Cliché de l’auteur, Septembre 2017

Photo n°10 : Barrage hydraulique de Soarano, Commune d’Ambalavao

Source : cliché de l’auteur, Septembre 2017

En 2010, une perturbation de la circulation s’est produite sur la Route

Nationale n°7 qui relie Fianarantsoa-Ambalavao. Ceci est dû à la présence d’une tornade

qui s’y installe à Vatoavo. Cette coupure de route dure plusieurs jours. Cette tornade

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provient du lavaka auprès du village de Bevoay et a ravagé un village de vingt-cinq toits

(Voir photo n°11).Cette tornade laisse une grande excavation sur le versant.

Photo n°11 : Lavaka issus de la tornade, Bevoay, Commune d’Ambalavao

Source : cliché de l’auteur, Octobre 2017

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Chapitre IV.

Les impacts spatio-économiques de l’érosion

La présence de l’érosion au niveau d’Ambalavao et d’Ambohimandroso présente à

la fois des avantages mais aussi des inconvénients pour les paysans qui exploitent le

milieu.

IV.1 Les avantages

La présence des lavaka facilite l’accès en eau pour les cultures pratiquées sur les

versants. Les paysans profitent de l’érosion pour construire des canaux d’irrigation qui

assure l’alimentation en eau des activités agricoles.

C’est aussi un moyen pour aménager le versant érodé en terrasses rizicoles (voir

photo n°12) qui constitue une particularité de la région. Pour pallier l’insuffisance des bas-

fonds et en profitant des possibilités de captages d’eau en hauteur, les paysans ont installé

des terrasses irrigables sur les flancs des collines.

Photo n°12 : La terrasse rizicole de Morafeno, Commune d’Ambalavao

Source : cliché de l’auteur, Octobre 2017

Les terrasses sont des plates-formes de terre horizontales, de largeur variable,

disposées en marche d’escalier. Pour les paysans « betsileo », la terre reste la principale

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préoccupation surtout la rizière. Un paysan est considéré comme riche ou pauvre selon la

superficie de rizière dont il dispose. L’augmentation de cette surface rizicole constitue

l’une de ses préoccupations majeures. Ils en font l’acquisition soit par drainage des marais

ou par construction des terrasses.

De plus, les versants atteints par les lavaka sont parfois des zones riches en

ressources minières comme l’or. La présence de ces ressources ne contribue pas à

l’amélioration des niveaux de vie de la population locale. Seul les gens en contact direct

avec les exploitants en tire profit. Cette situation engendre des conflits fonciers entre la

population locale et les exploitants du site d’extraction auxquelles la population locale

reste toujours le perdant.

IV.2 Les inconvénients

IV.2.1 Diminution des surfaces cultivables :

L’ensablement est l’une des conséquences directes de l’érosion. Ce phénomène

d’ensablement pose de graves problèmes dans les périmètres irrigués du bassin versant de

Mananantanana. Les sables transportés par le ruissellement proviennent de la dégradation

du bassin versant en amont. Les matériaux déblayés vont couvrir les bas-fonds en aval.

L’ensablement des bas-fonds en saison de pluie est de plus en plus accentué. Dans le

processus d’ensablement rencontré actuellement, il faut noter que ce sont les riz pluviaux

situés en bas des versants ou proches du lit de la rivière sont victimes.

Le phénomène « malaso » ou vols de bœufs n’a pas permis le développement du

secteur agro-pastoral. Les conditions de vie des ruraux se sont dégradées. Les familles

vulnérables ont cherché à occuper d’autres espaces pour pratiquer les feux de brousse. Ces

actions sont difficilement incontrôlables, et contribuent à accélérer les phénomènes érosifs

comme l’ensablement des rizières.

IV.2.2. Dégradation de la fertilité du sol :

L’érosion contribue à la perte des éléments nutritifs, qui sont lessivés en même

temps que les particules de sol. Comme les couches profondes contiennent généralement

moins de nutriments que la couche superficielle, il faut augmenter les doses d’engrais

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nécessaires pour maintenir le rendement. D’autre part, l’adjonction de l’engrais seul ne

peut compenser tous les éléments nutritifs qui sont perdus quand le sol s’érode.

L’érosion des sols diminue la productivité parce qu’elle n’enlève pas de façon

uniforme la couche supérieure à la surface d’un champ.

Au niveau des sous- espaces, l’érosion appauvrit le sol. Ce dégât sur site se

manifeste essentiellement par une diminution de qualités physiques et chimiques du sol.

Concernant la diminution de la qualité physique du sol :

- Le profil cultural pouvant aller jusqu’à l’horizon sous-jacent dur et infertile.

- La perte de matière organique diminuant la capacité de rétention d’eau du sol

(la matière organique du sol peut emmagasiner beaucoup d’eau).

- La perte en micro-organismes entrainant la réduction de la décomposition de la

minéralisation de la matière organique.

Les particules transportées par le ruissellement se déposent dans les canaux

d’irrigation le long des bas de pente en endommageant ces derniers par l’envasement.

Les pluies occasionnent les crues dans la région. Les canaux ou rigoles deviennent

des rivières de sable qui inondent les rizières. Les bas-fonds subissent le risque

d’ensablement par la perte en terre en amont.

Suite à l’ensablement de plusieurs hectares de rizières, la productivité n’arrive plus

à subvenir la localité. Mis à part l’assèchement de certaines rizières par le manque d’eau

(Voir photo n°13). Alors la population locale l’utilise pour la briqueterie en attendant la

saison pluvieuse mais aussi ceci permet d’élargir la surface rizicole (voir photo n°14).

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Photo n°13 : Assèchement de rizière dans le village de Vondrokely, Commune

d’Ambalavao

Source : cliché de l’auteur, Septembre 2017

Photo n°14 : La briqueterie dans le village d’Ihabo, Commune d’Ambalavao

Source : Cliché de l’auteur, septembre 2017

Durant les années 70, le rendement agricole était plus élevé. Pour le riz, cela est de

2t/ha de paddy, mais actuellement, il ne reste que deux sacs qui sont partagés pour la

nourriture et la semence (enquête de l’auteur, 2017). Le problème de l’eau pour les rizières

reste pour la majorité des paysans, le plus grave problème à résoudre. Dans le cadre de

l’économie traditionnelle reposant sur la rizière, les problèmes de ressource en eau et de

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maitrise de l’eau sont donc primordiaux. Cette baisse de rendement rend la vie paysanne la

plus vulnérable, mais aussi engendre l’insécurité alimentaire.

IV.2.3. L’érosion fait baisser les rendements

Le pire méfait de l’érosion des sols c’est qu’elle fait baisser les rendements des

cultures :

- L’érosion diminue la capacité du sol de retenir l’eau et de la mettre à la

disposition des végétaux. Les cultures sont alors soumises à des déficits hydriques plus

fréquents et plus graves.

- L’érosion contribue à la perte d’éléments nutritifs, qui sont lessivés en même

temps que les particules de sol. Comme les couches profondes contiennent généralement

moins de nutriments que les couches superficielles, il faut augmenter les doses d’engrais

pour maintenir les rendements. Tout cela pèse, naturellement, sur les coûts de production.

D’autre part, l’adjonction de l’engrais seul ne peut composer tous les éléments nutritifs qui

sont perdus quand le sol s’érode.

Dans la plupart des cultures pratiquées au niveau de ces sous-espaces, on

constate une forte consommation en matière de fertilisant. Elle présente de taux élevée sur

l’engrais organique issu des déchets animaux (zébu, porc …) que l’engrais chimique (voir

tableau n°3). Les engrais organiques sont utilisés lors de la préparation du terrain de

culture alors que les engrais chimiques sont utilisés pour améliorer la qualité des produits

et le rendement.

Tableau n°3 : les cultures nécessaires à l’usage des engrais

Types de cultures Engrais utilisés

Plantes à tubercules Engrais organique

Produits céréalières Engrais organique

Les légumineuses Engrais organique

Tabac Engrais chimique (NPK ou Urée)

Artimésia Engrais chimique (NPK ou Urée)

Source : terrain, 2017

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La fumure favorise le développement des parties aériennes et souterraines des

plantes. Elle est un facteur de conservation de sol en même temps qu’un facteur de

rendement et de maintien de sa fertilité.

Une bonne fertilisation augmente la vitesse de croissance des plantes et la densité

du volume végétal. Ceci entraine une meilleure protection des terres cultivées par :

L’accroissement du stock en matière organique

Un développement plus important du système racinaire qui entraine une

meilleure cohésion du sol.

Selon le CRAM, les doses d’application proposées aux paysans sont :

- Fumier : 10 à 20t / ha

- Les engrais minéraux sont suivant les spéculations.

Figure n°3 : diagramme circulaire de l’utilisation d’engrais

Source : Enquête de l’auteur, 2017

D’après ce graphique, le paysan utilisent de forte quantité de matière organique dans la

mise en culture.Elle est issue des résidus de culture précédente. Tandis que les engrais

chimiques servent à améliorer la qualité des produits .L’assemblage de ses engrais a pour

objectif d’améliorer le rendement.

70%

30%

LE TAUX D' UTILISATION D' ENGRAIS

engrais organique

engrais chimique

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- L’érosion diminue les rendements en endommageant la structure du sol, en

accroissant sa vulnérabilité à l’érosion, en colmatant la surface et en favorisant la

formation d’une croute. L’infiltration de l’eau se ralentit et les plantules ont des difficultés

à percer la croûte de sol.

Tableau n°4 : Le rendement agricole des sous espaces d’Ambalavao et d’Ambohimandroso

(1970 – 2010)

Année Rendement (t / ha)

1970 - 1990 2

1990 - 2000 1

2000 - 2010 0,5

Source : enquête de l’auteur, Octobre 2017

- L’érosion diminue le rendement parce qu’elle n’enlève pas de façon uniforme

la couche supérieure à la surface d’un champ. Normalement, certaines parties d’un champ

érodé conservent encore plusieurs centimètres de sol superficiel ; d’autres par contre

peuvent être érodées jusqu’au sous-sol.

Il est alors pratiquement impossible au cultivateur d’aménager correctement son

champ, d’appliquer uniformément les engrais, les produits chimiques et ses plantations, car

la partie érodée du champ sera parfois trop humide, quand le reste du champ est déjà sec.

IV.2.4. L’érosion compromet les ressources en eau

Les dégâts dus à l’érosion hydrique ne se limitent pas à la perte de productivité du

terrain même sur lequel elle se produit. La majeure partie du sol décapé d’une colline par

l’érosion va se déposer au bas de la pente ou sur une plaine inondation voisine, où elle va

parfois ensevelir des pentes ou amoindrir la fertilité de bas-fonds. Une partie du sol érodé

est déposé dans les canaux d’irrigation ou de drainage, ou se déverse dans les étangs, les

réservoirs, ou les cours d’eau et leurs affluents. Où qu’il se dépose, ce sol n’est pas le

bienvenu. Les fossés comblés de sédiments doivent être creusés à nouveau : les étangs,

lacs, réservoirs aussi doivent être soit dragués, soit abandonnés. Dans certains endroits la

sédimentation est une nuisance coûteuse.

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Mais les dégâts se propagent aussi en aval, parfois fort loin de l’exploitation qui a

fourni le sédiment.

Transporté par une voie d’eau, celui-ci retombe à mesure que le lit du cours d’eau

devient plus plat. Les dépôts sédimentaires exhaussent le lit et diminuent la capacité du

chenal. Les berges sont plus souvent débordées et de belles terres de bas-fonds, souvent

extrêmement productive sont abîmées par les inondations.

En Février 2010, les eaux des ruisseaux plaignent les usagers d’Ambalavao. Le

château d’eau destiné à approvisionner la ville est à l’origine de cette difficulté. Sa capacité

n’arrive pas à couvrir les besoins des usagers. Cette année, la situation devient précaire à

cause de la détérioration de la fondation même des principaux dispositifs destinés à fournir

de l’eau pour la population locale. Le bassin de retenu connait un phénomène

d’ensablement. Les accessoires de conduites d’eau vers le réservoir sont presque bouchés.

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CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

Au niveau de ces sous-espaces, quatre types d’érosion attaquent le sol. Ce

phénomène s’aggrave en fonction de l’intensité de pluie et du ruissellement. À chaque

stade de l’érosion, la continuité de l’action de l’eau sur le sol fit apparaitre de nouveaux

types. Comme l’érosion en nappe assure la perte des éléments nutritifs du sol. L’érosion en

rigole creuse le sol en formant des petits canaux ou parfois nommé rigole pour que l’eau

s’infiltre à l’intérieur. Suite à l’action de l’eau, cette rigole s’élargisse et forme des ravines.

À partir de ravine qu’on peut, atteindre le lavaka proprement dit.

L’évolution de chaque stade de l’érosion sur le paysage a de répercussion sur les

activités en aval : le phénomène d’ensablement qui diminue la surface cultivable, puis la

diminution de la fertilité du sol auquel le sol per ses éléments nutritifs par le lessivage.

Cette situation oblige les paysans à utiliser des engrais pour maintenir le rendement. Toutes

ces actions érosives affectent directement le rendement agricole qui s’abaisse d’une année

à l’autre, et augmente le cout de production en fonction des doses de l’engrais utilisé par

les paysans. À part cela, l’érosion affecte aussi les ressources en eaux par les dépôts

sédimentaires qui exhaussent le lit de la rivière.

.

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IIIème Partie : LES MOYENS DE

LUTTES ANTI-EROSIVE

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Chapitre V.

Les pratiques culturales pour favoriser l’infiltration

D’une manière globale, il est admis que la vitesse de l’eau est le paramètre

prépondérant de l’action érosive du ruissellement superficiel. Réduire la vitesse de

ruissellement revient à pratiquer des techniques antiérosives. Il s’agira par exemple :

- D’aménagements fonciers réduisant la pente de la parcelle

- De techniques améliorant l’infiltration

- Des techniques culturales augmentent la rugosité de la surface du sol

Les travaux antiérosifs, visant à réduire la longueur de la pente et son

inclinaison sont souvent les plus lourds à mettre en place. Ils peuvent cependant réduire

l’érosion jusqu’à 50%. Les techniques peu couteuses sont donc intéressantes.

Les pratiques antiérosives sont moins efficaces mais elles restent assez faciles à

appliquer : culture en bandes, labour en isohypses, paillage…

C’est une méthode bien adapté au monde rural car elle est à bon marché et plus

courant. Le matériel nécessaire est à la portée de tous.

V.1 Le système de paillage et de mulching

« Ce sont des pratiques assez semblables qui consistent à étendre du paillis

(paillage, voir photo n°12 et 13), des feuilles ou des débris végétaux (mulching, voir figure

n°1) par exemple des produits de fauchage, des résidus de récoltes à la surface du sol »

DUPRIEZ et DE LEENER, 1987.

C’est un moyen qui consiste à recouvrir les interlignes culturaux par une

couche de 10 à 20cm de matière végétales mortes (paillis ou mulch) provenant :

- De la culture principale : chaumes ou fanes de céréales ; végétation coupée par

sarclage ou élagages d’étalement des tiges de mil et de sorgho sur le sol, après la récolte

- D’herbes de savanes

- D’autre culture : débris végétaux tels que troncs et feuilles de bananiers

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Elles ont pour but de :

- Protéger le sol contre l’érosion pluviale et en particulier contre l’effet

« splash »

- Favoriser l’infiltration de l’eau

- Éviter le dessèchement du sol

- Enrichir le sol en éléments nutritifs lors de la minéralisation des paillis ou du

mulch

- Aviver le micro-organisme du sol

- Améliorer la structure du sol

Photo n°15 et 16 : Système de paillage à Maroparasy, sous-espace d’Ambalavao

Source : Cliché de l’auteur, septembre 2017

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Figure n°4 : Système de Mulching

Source : DUPRIEZ et DE LEENER ,1987

La pratique du paillage convient particulièrement aux plantations à enracinement

peu profond car elle modifie à leur avantage les conditions des couches superficielles du

sol, tout en protégeant le sol contre l’érosion : bananier, café, agrumes.

Le paillis doit être appliqué soigneusement sur la surface du sol afin de ne pas être

entrainé lors de pluies intenses. Il est favorable à la conservation du sol par ses actions :

Mécanique : c’est la plus importante

Il protège le sol contre l’effet mécanique de l’impact des gouttes d’eau, freine l’eau

ruisselante et fait obstacle à l’érosion éolienne.

Biologique et physique :

En se décomposant, les débris végétaux peuvent enrichir le sol par apport de

matière organique. Le paillis stimule l’activité de micro-organismes du sol et le protège

contre les radiations solaires et l’excès d’insolation, alternant la microflore et accélérant

l’oxydation de la matière organique.

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Le paillage apporte :

- Sous épaisseur suffisante, un obstacle au développement des mauvaises herbes

jusqu’à rendre inutiles les binages et sarclages qui exposeraient le sol à l’érosion.

- Une réduction de l’évaporation et le maintien prolongé de l’humidité au début

de la saison sèche (effet d’éponge contribuant à maintenir l’humidité en surface par

diminution de la percolation).

- L’enrichissement minéral du sol en ions assimilables (notamment en K).

Paillage et mulching peuvent se faire en toutes saisons : pendant la période culturale

pour créer de bonnes conditions, et pendant la période de soudure pour protéger le sol.

Tout de même, pendant la saison pluvieuse, un mulching des germes ayant moins de 6

semaines d’âge est à conseiller, car cela risque de promouvoir le développement de

champignons qui peuvent nuire aux plantules.

V.2. L’engrais vert et son enfouissement

D’après DUPRIEZ et DE LEENER (1987), on appelle engrais vert toutes

plantes qui apportent de la matière organique au sol et que l’on cultive dans le but

d’enrichir celui-ci. Lorsqu’elles atteignent un certain stade de croissance (entre 30 et 40 cm

de hauteur), on les retourne dans la terre pour qu’elles y pourrissent et en améliorent la

fertilité.

Certaines plantes sont plus efficaces que d’autres. Les plus connues sont celles de la

famille des légumineuses.

Les engrais verts agissent de deux façons sur la fertilité du sol :

- Ils produisent une grande quantité de matière de végétal (les racines, tiges,

feuilles) qui en pourrissant améliore la structure du sol.

- Les racines travaillent le sol, brisent les mottes et favorisent ainsi l’infiltration

de l’eau.

Les techniques visant à l’entretien et l’accroissement des réserves du sol et sa

fertilité.

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Les engrais verts s’utilisent surtout quand on manque de fumier animal ou autres

matériaux organiques et quand on veut remplacer les engrais minéraux.

V.3.Le reboisement

Pour la protection des collines, le système de reboisement est nécessaire pour

limiter mais aussi d’éradiquer l’érosion. L’arbre est dans tous le cas, le garant de la

conservation du sol. Il permet le renouvellement de la matière organique qui emmagasine

l’eau et régularise son écoulement. De plus, ses racines aident à maintenir le sol en place.

La mise en exploitation des sols de prairie est impossible tant qu’on n’aura pas recréé et

maintenu un stock suffisant de matière organique. Et pour cela, le seul moyen est de

reboiser (voir photo n°14). Il s’agit du facteur primordial de la protection du sol contre

l’érosion. L’action de végétation est multiple :

L’interception des gouttes de pluies permet la dissipation de l’énergie cinétique, ce qui

diminue dans une large mesure de l’effet « splash ». Son système radiculaire maintient le

sol et favorise l’infiltration. Accessoirement, l’évapotranspiration de la plante augmente sa

capacité d’infiltration. Son développement en surface freine le ruissèlement. L’apport en

matière organique améliore la structure du sol et sa cohésion.Il assure l’établissement et le

maintien d’une couverture herbacée vigoureuse capable de ralentir ou d’amortir la vitesse

de ruissellement.

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Photo n°17 : reboisement villageoise d’Eucalyptus et de « sisal » à Vohimarina, commune

Ambohimandroso

Source : cliché de l’auteur, octobre 2017

Cette photo n°17 représente quelque superficie reboisé d’eucalyptus mélangé

de sisal auprès du village de Vohimarina, au niveau du sous – espace d’Ambohimandroso

par la communauté villageoise. Le premier plan est consacré à la plantation de sisal tandis

qu’au deuxième plan le reboisement d’eucalyptus.

En février 2015, les membres de l’ADES à Fianarantsoa et du JCI ont planté

200arbres. Ce reboisement se tient tous les ans par les membres et a pour but de préserver

l’eau de source qui alimente le sous-espace d’Ambalavao.

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Photo n°18 : Plantation de bananier à Soarano, commune Ambalavao

Source : cliché de l’auteur, Septembre 2017

La photo n°18, représente la plantation de bananier sur le versant pour maintenir le

sol, elle est suivie par des cultures de contre saison comme le manioc.

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Chapitre VI.

Les techniques d’aménagement à mettre en place

La pente du sol constitue un des facteurs les plus importants de l’érosion.

Lorsqu’elle dépasse un certain pourcentage de l’ordre de 3% en moyenne, les procédés

biologiques et culturaux ne sont plus suffisants pour réduire le ruissellement et les pertes

en terre. Il devient nécessaire de les complétés par des procédés mécaniques. Ils consistent

à construire sur le versant des ouvrages de terrassement souvent important dont le but est

de diminuer la longueur de la pente.

En effet, les aménagements proposés suivants se réfèrent aux connaissances déjà

acquises aux États-Unis et en Afrique :

- Pour les pentes inférieures à 12%, on a proposé des dispositifs permettant de

limiter les actions érosives des eaux de ruissellement par des lignes isohypses d’absorption

totale ou des fossés de diversion des eaux en amont des champs. Entre ces lignes, suivant

les courbes de niveau se trouvent les terrains de cultures sèches. Ces cultures en courbes de

niveau réduisent la pente du fait de la constitution progressive de terrasses. On protège les

zones aménagées en amont par des fossés de diversion des eaux de ruissellement (voir

figure n°2). On fixe tous les ados et les fossés par la végétalisation.

VI .1. Les fossés de diversion d’eau

« Les fossés sont des ouvrages à profil rectangulaire ou trapézoïdal plus profonds et

larges ». CTFT ,1979 (voir figure n°5)

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Figure n°5 : fossé de diversion d’eau

Source : CTFT, 1979

- Pour des pentes supérieures à 12%, classées comme des terrains de protection,

on a proposé de faire des reboisements et des réseaux de banquettes de défense et de

restauration des sols (voir figure n°3). Les objectifs des banquettes étaient de rompre la

vitesse des eaux de ruissellement et de canaliser les eaux superflues vers des exutoires. Il

existe plusieurs types de banquettes dont l’utilisation dépend aussi des conditions locales

(pente, pluviométrie). La longueur maximale des banquettes conseillée est de 200m. Les

dimensions des ouvrages sont données par des abaques spécifiques par zone d’érosion.

Dans ces abaques on a directement pour sept intervalles de pente entre 12% et 80%.

VI.2. Les réseaux de banquettes et de défense

« Les banquettes sont de bandes de terre de largeur constante, disposées sur un

versant et dont le profil comporte, de l’amont vers l’aval, un talus, un large fossé appelé

fond ou sole et un bourrelet de terre ». CTFT ,1979

Une banquette présente :

- Un talus de déblai à l’amont

- Un fond appelé aussi plat ou sole avec une légère contre pente

- Un bourrelet en aval

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Figure n°6 : Exemple de réseaux de banquettes et de défense

Source : DUPRIEZ et DE LEENER ,1987

Photo n°19 : le réseau de banquette au niveau de la zone

Source : cliché de l’auteur, septembre 2017

La photo n°19 présente le réseau de banquette effectué au niveau de la zone. Il s’agit de

labourer le versant en forme de gradin avant la mise en culture. Il est destiné pour la

culture contre saison comme le maïs, le manioc, les patates douces. Ces cultures se sont

alternées avec les arbres fruitiers tels : le manguier, le bananier ….

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Il a été conseillé de renforcer ces dispositifs mécaniques par des dispositifs

biologiques complémentaires. Les espèces souvent utilisées dans les deux communes ont

été les jathropha (voir photo n°19). Ce système de plantation a le potentiel pour améliorer

l’environnement (moyen de lutte antiérosive) et l’économie des ménages ruraux. La culture

de jathropha s’est avérée utile dans la réduction de l’érosion par le vent et l’eau. Par ses

racines fortes et profondes, ainsi que par ses troncs qui constituent un réservoir d’eau, le

jathropha est capable de résister à des périodes de sècheresse prolongée.

Le jathropha n’est pas exigeant par rapport à la qualité du sol et la plante

pousse même sur des terres dégradées. Le sol parait avoir une plus grande influence sur le

rendement que le taux de précipitation. Par la multiplication générative, le système

racinaire est fortement développé (une racine pivotante et quatre racines latérales fortes),

cette méthode de multiplication parait plus apte pour les besoins de la protection

antiérosives.

Photo n° 20 : jathropha en protection antiérosive

Source : Alfons Ullenberg, 2007

VI.3. La culture en courbe de niveau

Ce type consiste à effectuer les plantations en courbe de niveau, c’est-à-dire

perpendiculairement à la pente ou parallèlement aux lignes de niveau et non dans le sens

de la pente. Ces cultures en rang isohypses favorisent l’infiltration de l’eau mais

contribuent surtout à réduire les problèmes dus au ruissellement.

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Photo n°21 : Culture en courbe de niveau à Morafeno, Commune d’Ambalavao

Source : cliché de l’auteur, octobre 2017

Les labours suivant les courbes de niveau réalisent une série de sillons toujours

perpendiculaires à la ligne de pente, très proche les unes des autres et constituant autant de

retenues d’eau.

Cette méthode de préparation du sol a pour effet de fragmenter le ruissellement et

de réduire considérablement la vitesse d’écoulement de l’eau. Son efficacité peut être

limitée en raison de la trop forte pente de terrain.

VI.4. La culture en couloir

La culture en couloir peut aussi offrir une protection lors de pluie irrégulière car les

rangées de culture permettent de garder les eaux de pluie dans le sol en plantant des graines

directement dans le sol au début de la saison des pluies.

Entre chaque rangée, on fait pousser normalement des cultures des légumes.

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Photo n°22 : la culture en couloir à Soarano, Commune d’Ambalavao

Source : cliché de l’auteur, octobre 2017

La photo n°22 présente la culture en couloir à Soarano. Au premier plan, se

situe le versant affecté par l’érosion en nappe. Au deuxième plan, c’est la culture en

couloir, elle se déroule comme suit : les plantes à graines ou les légumineuses se situent au

centre et intercalés par des arbres fruitiers (exemple : bananier). Au troisième plan se

trouve le lavaka.

D’autre part, on peut aussi adopter un système qui consiste à retenir les terres en cas

de ruissellement. (Voir photo n°23 et 24)

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Photo n°23 et 24 : Exemple d’ouvrage pour retenir les terres

Source : www.favini.com

La photo n°20 présente le gradin qui est un ouvrage de petit format, à profil

triangulaire exécuté aux outils manuels. Il peut être réalisé avec une pente comprise entre

40 à 60 %. Tandis que la photo n°21 est appliquée sur sol pour maintenir la rugosité de la

surface. Ces deux ouvrages servent à maintenir le sol en cas de forte ruissellement.

En effet, ces projets antiérosifs doivent essayer de comprendre comment et

pourquoi les gens font ce qu’ils font, quelles sont leur motivation et leurs contraintes. On

peut alors voir comment leur donner les moyens de faire mieux et trouver les convergences

entre les différents acteurs qui peuvent être créées par la négociation.

Il n’y a pas de recette miracle, mais il est évident que le paquet technologique doit

être adapté aux motivations et aux connaissances des paysans. Il faut parallèlement créer

des conditions économiques favorables par l’organisation des agriculteurs autour de

groupes ayant des centres d'intérêt communs. L'innovation n’est pas seulement technique,

mais elle est également organisationnelle.

Le développement participatif dès le départ de l’opération, avec une forte

participation de la communauté paysanne pour la réalisation et l’entretien des ouvrages est

un facteur de réussite de la lutte contre l’érosion.

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Chapitre VII.

Conservation des sols

Suite à l’impact de la pluie et du ruissellement sur le sol dénudé en pente et la

manque de couverture végétale, le sol est érodé, arraché, rendu stérile et à la fin, on arrive

à un sol improductif, incapable de retenir et de régulariser le flux des eaux. La composition

biologique et chimique de ce sol est modifiée.

Or, la conservation d’un sol consiste à le défendre contre toute forme d’érosion en

le protégeant matériellement et biologiquement. Ce qui amène à voir dans ce chapitre les

différents acteurs capitaux pour une conservation réussite des sols dans la Commune

d’Ambalavao et d’Ambohimandroso.

Les différents acteurs du développement jouent un rôle essentiel dans la solution

des problèmes de conservation des sols c’est-à-dire les comportements des paysans

(stratégie et techniques utilisées), doivent jouer un rôle central dans la recherche des

solutions proposées.

On a remarqué souvent des discordances entre les propositions faites par les projets

de l’État et les attentes et stratégies des paysans. La prise en compte de différentes

stratégies avec leurs propres espaces de référence, est une condition nécessaire à la mise en

œuvre de solutions techniques appropriées. Exemple : les actions doivent être priorisées

sur les zones foncières qui sont exploitées de façon intensive par les agriculteurs : bas-

fond, bas de versants, etc.

Il faut raisonner à la fois les composantes techniques, socioculturelles,

organisationnelles et économiques en fonction des contraintes en mettant au point un

ensemble de composantes intégrées pour le développement d’une zone.

VII.1. La collectivité territoriale :

Les actions collectives restent un passage obligé pour faire face aux problèmes

techniques et économiques liés au développement intégrant la conservation des sols.

Devant le désengagement des pouvoirs publics d’un certain nombre de fonctions, de

façon volontaire ou par manque de moyens, devant la diminution du pouvoir des

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institutions traditionnelles qui géraient les terroirs communaux et devant leur inadaptation

à gérer les transitions et les transformations que nécessite l’agriculture « intensifiée », il

faudrait que des organisations paysannes fortes se construisent. De toute façon, bien que la

décentralisation veuille confier certaines responsabilités aux structures paysannes, l’État

est responsable des ressources naturelles et des facteurs primaires de production. Il doit

donc garder un rôle de contrôle et de coercition dans le cadre de la conservation de

l’environnement.

VII.2. Les interventions des pouvoirs publics :

Le rôle moteur des pouvoirs publics dans la promotion des activités économiques

repose d’abord sur sa capacité à proposer un environnement sécurisant, elle repose

également sur les incitations et des investissements stratégiques (infrastructure et

formation) et sur sa capacité de mise en œuvre de concertation et de négociation entre les

différents acteurs économiques (agricultures des ZTH, 1996).

Plusieurs contraintes ayant des liaisons fortes avec le développement doivent être

prises-en compte par les pouvoirs publics :

- Le problème des feux de brousse, qui résultent de différentes stratégies de

gestion des espaces agricoles, est néfaste à la conservation des sols. Les méthodes de

contrôle conduites par l’État n’ont pas eu d’effet depuis plus d’un siècle. La

responsabilisation des collectivités pourrait favoriser la lutte contre ces feux, mais l’État

doit garder un rôle de coercition, car il est garant de la sécurité de la population et des

biens.

- L’insuffisance de l’encadrement : on a observé partout un encadrement technique et

organisationnel nettement insuffisant par rapport à la demande, tant en quantité de

techniciens qu’en qualité : manque de formation ou de motivation.

- Maîtrise de la croissance de la population : les stratégies traditionnelles de

gestion de l’eau et de la fertilité des sols ne sont plus opérationnelles si la densité

démographique est trop forte. Celle-ci entraîne une pression sur les ressources trop

importantes jusqu’à atteindre certains seuils au-delà desquels les paysans sont contraints de

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trouver une pluriactivité ou de s’exiler. Il y a surexploitation et dégradation du milieu. On

peut dire que le milieu se dégrade avec l’augmentation de la densité de population, si les

contraintes économiques sont trop fortes.

VII.3. L’État

L’État doit mettre en œuvre une politique de maîtrise de cette croissance

démographique.

- les migrations de populations à travers le pays doivent être suivies et contrôlées :

les techniques culturales amenées par certaines populations d’un milieu à un autre peuvent

avoir des répercussions catastrophiques sur le milieu.

- l’État doit définir clairement sa politique de conservation des sols, l’intégrer dans

sa législation sur l’environnement et y affecter des moyens législatifs et organisationnels

adéquats.

- L’interventionnisme et ses différentes expressions (incitations, aides directes ou

indirectes, organisation des filières, etc.) permettraient d’améliorer la situation précaire des

agriculteurs : le faible prix des produits agricoles ne leur permet pas d’investir et de

capitaliser, notamment dans la conservation des sols. Il est difficile de trouver des intrants

dans les campagnes (grains-semences- produits et engrais) et encore plus difficile de les

acheter.

- l’État doit aider à la diversification des activités productives pour améliorer la

productivité du travail et diminuer les risques des agriculteurs. Cette diversification des

productions peut permettre également une meilleure utilisation des terroirs et une meilleure

mise en défens des sols. Ces objectifs impliquent le développement des techniques de

production, la professionnalisation du fonctionnement des filières et la construction des

marchés intérieurs et extérieurs (si les volumes de production et la qualité des produits sont

suffisants).

Les techniques de lutte antiérosives ont pour but de diminuer un ou plusieurs

facteurs de l’érosion.

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En général, on maitrise le ruissellement et l’érosion en nappe au niveau des

parcelles par des cultures en courbes de niveaux, qui réduisent la pente du fait de la

constitution progressive de terrasses. On protège les zones aménagées en amont par des

fossés de diversion des eaux de ruissellement. On fixe tous les talus et les fossés par la

végétalisation. La couverture de zone périphérique par la forêt de reboisement (Eucalyptus

et Pinus), des prairies permet la diminution de ruissellement et de ruissellement sur ces

zones et diminue l’arrivée d’eau de ruissellement sur des zones plus basses et plus

exposées.

Des techniques d’accompagnement permettent d’entretenir la fertilité des sols

protégés : adoption de techniques culturales, techniques de couverture mortes (mulch) ou

vivantes des sols.

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CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE

L’érosion du sol reste l’un des principaux défis pour l’agriculture. De nombreux

agriculteurs ont déjà amélioré leur pratique de luttes contre l’érosion des sols sur leur terre.

C’est pourquoi, ils ont mise en place des techniques culturales qui favorise l’infiltration et

améliore la fertilité du sol : le système du paillage et de mulching, l’engrais vert et le

système de reboisement. Pour avoir une meilleure conservation du sol, ces mesures

agronomiques ont été renforcées par des techniques d’aménagements comme le fossé de

diversion des eaux, le réseau de banquette de défense et de restauration du sol, les cultures

en courbes de niveau et les cultures en couloir. Ces aménagements sont nécessaires pour

limiter le volume de ruissellement et la concentration des eaux de pluies en cas de forte

précipitation mais aussi de maitriser l’écoulement des eaux. Les aménagements sont

souvent des dispositifs paysagers qui permettent d’empêcher l’érodibilité du sol. Vu les

progrès qui ont été réalisés dans les technologies de gestion des sols et de production des

cultures. Les progrès sont maintenus pour augmenter les rendements malgré l’érosion des

sols. La participation des différents acteurs de développement joue un rôle primordial pour

résoudre les problèmes de conservation du sol.

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CONCLUSION GENERALE

À l’issue de cette étude de l’érosion au sein des sous-espaces d’Ambalavao et

Ambohimandroso, a permis de constater que cette zone présente un milieu naturel

favorable à l’érosion.

Du point de vue technique, on parvient à plusieurs méthodes pour mieux cerner le

sujet, mais aussi pour aboutir à un plan de travail exact.

Du point de vue géomorphologique nous pouvons retenir quelques conditions

primordiales dans la genèse et l’évolution de l’érosion :

- Un climat tropical contrasté dans lequel le régime hydrique est déterminé par un contraste

saisonnier des précipitations et une irrégularité dans le temps de la pluviosité.

- Ce caractère pluviométrique détermine un ruissellement superficiel intense.

- Une couverture graminéenne ouverte laissant le ruissellement éroder le sol et former des

racines en bas de pente.

- La nature du sol friable qui est favorable à l’érosion comme les sols ferralitiques.

Pour cela ; l’érosion gagne de plus en plus d’espace surtout les ravins et les lavaka

sur les terrains en forte pente.

Quatre formes d’érosions (érosion en nappe ; érosion en rigole ; érosion en ravine ; érosion

en lavaka) sont observées dans ces sous-espaces. La dégradation de l’environnement par

les feux de brousse et le surpâturage sont l’un des facteurs très importants, accentués par la

concentration des pluies. L’action anthropique n’est pas toujours responsable de

l’apparition de l’érosion, car ceux-ci existaient bien avant l’arrivée de l’homme. Mais

l’homme accélère le processus de leur formation par le déboisement et les diverses

constructions. De plus, la population locale donne des valeurs sur la tradition, c’est

pourquoi les croyances sur les interdits persistent.

L’existence de ces érosions limite donc la fertilité du sol. Elle se traduit au départ de sol

meuble riche en matière organique et minérale. Ce décapage du sol a de répercussion sur

l’activité économique qui se situe en aval comme le phénomène d’ensablement. Mais aussi

elle diminue la capacité de sol à retenir l’eau et influe le rendement de l’activité

économique pratiquée par l’homme.

La gestion correcte des terres et des systèmes de culture doit simultanément réduire les

risques naturels, mais aussi de permettre aux agriculteurs d’y gagner au niveau de la

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production. Il est donc préférable de privilégier les actions préventives. En effet, les

mesures curatives n’apportent aucune solution aux dégâts constatés sur le terrain agricole.

Le travail nécessite une concertation entre tous les agriculteurs concernés par le

territoire. Une volonté commune d’intervenir pour lutter contre l’érosion et une solidarité

sont donc indispensables. Une animation de terrain favorise la mise en place de cette

concertation. Celle-ci doit s’ouvrir à tous les acteurs du territoire (technicien, conseiller

agricole, collectivité…) avant toute action de lutte contre l’érosion, une étude du terrain est

nécessaire pour définir les causes, les problèmes. Les connaissances précises du terrain

sont préalables au choix des aménagements à réaliser ainsi que leur localisation et les

principes des gestions des terres à préconiser. L’action de ces aménagements doit rester

préventive et leurs organisations spatiales sont un gage de leurs efficacités.

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ANNEXE 1

Les principaux types du sol dans le sous-espace d’Ambohimandroso

Selon Riquier, 1956, le sol d’Ambohimandroso est Classé en 6 catégories du point de

vue physique et chimique. Ils sont classés comme suit

Argiles latéritiques rouges sur migmatitique :

Ces sols occupent la majeure partie de la colline d’Ambohimandroso et la ferme du

CRAM.

Ce sont de vieux sols latéritiques avec un horizon humifère peu épais. C’est un sol

d’assez bonne texture et a tendance à devenir compacte sous l’action des pluies. Le PH est

aux environs de 5,5 en surface et 6 en profondeur donc sols assez acides. Ils retiennent bien

l’eau mais la cèdent assez difficilement aux plantes.

Tableau n°1 : la composition granulométrique sur argiles latéritiques rouges

Texture Pourcentage

Argile 15 à 20%

Limon 15 à 20%

Sable fin 25 à 30%

Sable grossier 25 à 35%

SOURCE : PORTAIS (M), 1974

Valeur agricole : ce type de sol est à fertilité faible. Il faut apporter beaucoup de

fumier ou faire des engrais verts pour améliorer la structure et la teneur en matière organique

(surtout sur les sols déjà érodés), épandre des engrais phosphocalciques et aussi potassiques.

Les paysans utilisent le système de courbes de niveau dans leur pratique cultural ou

faire du strip cropping car l’érosion est très active sur ces sols.

Les alluvions jaunes anciennes :

On les rencontre dans la partie Nord du sous-espace d’Ambohimandroso à l’intérieur

de la boucle de la Mananantanana. Elles recouvrent les plateaux et sont séparées du sol en

place par un horizon de galets roulés.

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Tableau n°2 : La composition granulométrique sur les alluvions jaunes anciens

Texture Pourcentage

Argile 15 à 35%

Limon 10 à 20%

Sable fin 15 à 20%

Sable grossier autour de 40%

SOURCE : PORTAIS (M), 1974

La structure est bonne sur 30cm race à la matière organique. Elle a tendance à devenir

plus compacte en profondeur. Le PH varie vde5, 5 à 6,5, donc ce type de sol est moins acide

que le précédent. C’est encore le sol en surface qui est plus acide qu’en profondeur.

Ces sols ont une capacité de rétention en eau plus faible que les sols rouges mais les

plantes souffrent moins de la sècheresse dans ces sols. Lorsque l’argile est proche de la

surface, elle joue le rôle de couche imperméable qui empêche l’infiltration des eaux. Ces sols

sont en général plus plats et moins érodés. Ils présentent de vastes surfaces moyennement

riches en matière organique et les alluvions jaunes sont préférables pour faire une culture

mécanisée.

Valeur agricole : ce type de sol est à faible fertilité chimique

Les alluvions rouges anciennes :

On les trouve comme les alluvions jaunes dans de la boucle nord de la Mananantanana

surtout dans les parties les plus élevées. Ce sont des alluvions jaunes, mais un meilleur

drainage a permis aux oxydes de fer de se déshydrater. Elles ont une très grande ressemblance

avec les sols latéritiques en place mais des galets roulés à la base du profil permettent de

déceler leur origine alluviale.

C’est un sol un peu argilo-lumineux c’est-à-dire un peu plus lourd que les sols

latéritiques sur migmatite. Le PH est de 5,5 et 6.

Valeur agricole : fertilité faible, avec texture très sableux (30 à 90%). Les plantes

souffrent d’un excès en eau en période pluvieuse et de sècheresse en période sèche.

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Les colluvions

On les trouve souvent en bas de pente et occupent de faible surface. Leur

aspect est très varié de couleur du brin au rouge avec présence d’une nappe phréatique qui

crée des horizons hydromorphes tachetés ou des Gley verdâtres. Ce sont des sols très cultivés

grâce à leur humus plus abondant et leur humidité constante au cours de l’année.

Leur composition chimique est bonne : sable, argilo-limoneux. La structure est assez

meuble avec PH acide environ 5,5.

Valeur agricole : elles sont occupées par la culture, les arbres fruitiers et les jardins.

Des précautions contre l’érosion ont été installé comme le fossé de garde contre les eaux de

ruissellement venant de la colline mais la culture en billon, le long des courbes de niveaux est

quelque exigé par la pente trop forte

Le baiboho :

Ce sont des alluvions récentes du fleuve, de 1à3 m au-dessus du niveau de l’étiage.

Elles forment de petites plaines entre le fleuve et les premières collines. Ce sont des sols

limoneux ou composés des sables fins. Ces sols retiennent bien l’eau mis le cède facilement

au plante. Les éléments échangeables sont assez abondant mais il y a toujours une déficience

en potasse et en phosphore. C’est un sol bien saturé avec pH légèrement acide environ 6.

Valeur agricole : ce sont des sols plus fertiles et ils sont inondées chaque année c’est

pourquoi on ne peut pas pratiquer que des cultures de décrues (tabac, arachides.).

Sols de rizières

Ce sont des sols hydromorphes. Ils occupent tous le fond de la vallée. Ils sont souvent

assez sableux s’il provient de la désagrégation du granite.

Valeur agricole : leur meilleure utilisation est évidement la rizière. Mais le maintien

de la fertilité exige un apport d’azote par engrais vert (une culture dérobée de soja).

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ANNEXE 2

I. Les conditions naturelles du district d’Ambalavao

Le climat

L’originalité du climat est souvent liée aux conséquences humaines (PORTAIS,

1974).

La sècheresse relative du bassin d’Ambalavao est due à sa position topographique :

bien encaissé, il se trouve abrité des influences orientales. De plus, la sècheresse plus

marqué de la partie centrale du bassin est peut – être due à l’effet de foehn.

Le relief :

Le bassin d’Ambalavao est le plus ample de tous les bassins du betsileo. Il est

composé d’une vaste plaine parsemée par des reliefs résiduels et faiblement modelé par des

vallons aux versants convexes. Au sud et à l’Ouest, on découvre des reliefs vigoureux qui

évoquent déjà des régions plus sèches et des formes de relief de pays semi-aride.

Le plancher de ce bassin s’abaisse faiblement d’est en ouest et la Mananantanana la

traverse du Sud-est au Nord-est. Si l’on suit le cours de la rivière, au centre de la cuvette,

elle décrit un méandre. Les reliefs résiduels qui parsèment le fond de la cuvette comme les

spectaculaires rochers d’Ifandana (1.107m) et de Vohitroso (1.142m).

Le relief de détail est dominé par l’abondance des vallons bien développés dans la

partie orientale du bassin. Ils sont très encaissés dans la partie centrale et occidentale. Ils

sont très ramifiés et dans la partie centrale de la cuvette, ils ont une morphologie semblable

à ceux rencontrés dans le Moyen – Ouest de l’Imerina. Ces vallons de recreusement récent

semblent être les témoins d’un encaissement sur place du réseau hydrographique effectué

sous un climat plus humide.

La végétation :

La quasi-totalité du bassin, hors des zones cultivées et reboisées en eucalyptus est

recouverte d’une savane herbeuse ou Aristida et Heteropogon contortus (danga) sont les

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espèces les plus souvent remarqués. Dans cette savane la présence du Sakoa, arbre typique

du Sud-Ouest de Madagascar qui semble avoir été récemment introduit par l’Homme.

Le foret primaire ne se rencontre qu’en lambeaux dans les endroits les plus

inaccessibles à l’homme. Elle semble avoir été détruite par le feu. Sa disparition brutale est

due entrainer une vague d’érosion catastrophique.

Les ressources en eaux :

Les cours d’eau permanent comme la Mananantanana ou la Manambolo sont

encaissés de 10 à 20m et d’amont en aval dans les alluvions anciennes qui semblent

d’origine climatique. Le seuil de Betorabato était l’exutoire de toutes les eaux du bassin.

II. Le système de production

85% de la population sont des agriculteurs-éleveurs. Les surfaces cultivées couvrent

environ 130.00ha, avec une surface moyenne de 177ares par exploitant.LA riziculture est

particulièrement importante zen occupant la moitié de surfaces cultivées. L’aménagement

des rizières en gradin est typique dans la région pour récupérer les sols de pente potentielle

irrigable.

La culture du riz peut se faire selon deux calendriers différents en fonction des

ressources dont on dispose pour alimenter les rizières.

Le premier cas est celui des rizières irriguées bénéficiant d’une alimentation en eau

permanente. On y pratique une culture dite première saison ou « vary aloha » ensemencée,

dans la région d’Ambalavao en « vary lahy ». La préparation des pépinières a lieu dans la

fin du mois de mai ou en juin. Les repiquages se font de la fin aout à mi-octobre et la

moisson peut commencer zen janvier et se prolonge souvent jusqu’en mars.

Le second est celui des rizières qui ne bénéficient que d’une irrégulière ou se

contentent des eaux de pluies. On y pratique alors la culture de deuxième saison ou

vakiambiaty ensemencée en « vary angiky » espèce un peu moins appréciée que le « vary

lahy » mais qui résistent bien à la sècheresse. Le repiquage se fait de décembre à mi-février

et la récolte d’avril à juin.

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Tableau n°1 : Les données météorologiques du district d’Ambalavao en 1968

Mois

Donnés

J F M A M J Jt A S O N D anné

e

Moyenn

es

mensuel

les en

mm

234

.6

145

,7

139 26.

3

16.

3

15 13.

6

12.

6

15.

4

37.

7

112

.4

218

.8

987.

4

Maxima

mensuel

(mm)

452

.2

431

.7

338

.3

151

.7

57.

2

82.

6

32.

7

56 100

.2

101

.4

242

.5

563

.6

1724

.6

Minima

mensuel

(mm)

22.

6

38 60.

3

1.5 0 0 0 0 0 2.1 15.

8

52.

5

733.

7

Nombre

max de

jrs de

pluies

24 22 24 11 13 15 12 10 10 9 19 25 131j

s

Nombre

min de

jrs de

pluies

8 8 6 1 0 0 0 0 0 2 5 6 59js

Moyenn

es

mensuel

en °C

23°

6

23°

5

22°

3

21°

4

18°

3

16°

1

15°

4

16

°

18°

9

21°

3

21°

4

22°

4

20°0

5

Minima

moyens

en °C

13°

1

12°

9

11°

2

9°7 6°5 7°7 7°5 6°

5

9°1 6°4 12°

6

14°

3

9°8

Source : Portais (M), 1974

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ANNEXE 3

Liste des Fokontany dans les sous-espaces d’Ambalavao et d’Ambohimandroso

COMMUNE FOKONTANY

AMBALAVAO

Alatsinainy Fonenantsoa

Ambalalova Nord

Ambalamahasoa Nord et Sud

Ambohijafy

Ambohitsoa

Androka

Ampanaovantsavony

Ankofika

Antenanomby

Antsinanamanda

Bemahalanja

Ezaka

Maroparasy

Sahamasy

Soamanandray

Teloambinifolo

Tsaranoro

Vatofotsy

Vondrokely

AMBOHIMANDROSO

Ambohimandroso

Ankazofady

Andrefakidona

Avaradrano Ambalavaokely

Vohitrarivo

Tsaramandroso Felimaha

Ankarinarivo Andoharano

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ANNEXE 4

Tableau n°2 : Le calendrier agricole

Spéculation J F M A M J Jt A S O N D Observation

Manioc

Patate

douce

Pomme de

terre

1er

saison

2eme

saison

Contre

saison

Riz

pluviale

Mais

Haricot

(saison)

Contre

saison

: Préparation du sol

: Repiquage et plantation

: Entretien

: Récolte

Source : Etude filière riz UE - UPDR, Octobre 2002

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TABLE DES MATIERES

Sommaire…………………………………………………………………………………..I

Résumé ……………………………………………………………………………………II

Tables des illustrations…………………………………………………………………….III

Acronyme………………………………………………………………………………….V

Glossaire…………………………………………………………………………………..VI

Introduction………………………………………………………………………………...1

PREMIERE PARTIE : cadre général de la recherche……………………………………..3

Chapitre I : La méthodologie appliqué à la recherche……………………...4

I.1.Contexte………………………………………………………………………………..4

I.2.Démarche……………………………………………………………………………….5

I.2.1. Technique de recherche ………………………………………………………..........6

I.2.2. Travaux de terrain …………………………………………………………………. .6

I.3.Objectifs………………………………………………………………………………...6

I.4.Choix de sujet…………………………………………………………………………...6

I.5.Poblématique……………………………………………………………………………7

I.6.Documentation………………………………………………………………………….7

I.7.Limites et problèmes rencontrés……………………………………………………….11

Chapitre II : Présentation de la zone d’étude……………………………….12

II.1. Localisation……………………………………………………………………….......12

II.2. Les conditions physiques caractéristiques du milieu…………………………………14

II.2.1.Les conditions topographiques et pédologiques…………………………………….14

II.2.1.aLa topographie………………………………………………………………..14

II.2.1.bLa structure géologique………………………………………………………16

II.2.1.cDes sols à dominances ferralitiques………………………………………......18

II.2.2.La formation végétale……………………………………………………………….21

II.2.2.a.Type de végétation…………………………………………………………..21

II.2.2.b.Une couverture dégradée……………………………………………………23

II.2.3. Les conditions climatiques et hydrologiques……………………………………….23

II.2.3.a Un régime climatique contrasté……………………………………………..25

II.2.3.b L’hydrographie……………………………………………………………...25

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE……………………………………………28

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DEUXIEMEPARTIE :Le dynamisme de l’érosion……………………………………….29

Chapitre III :Les types d’érosions rencontrés au niveau des sous-espaces………………..30

III.1.L’érosion en nappe…………………………………………………………………...30

III.1.1.Le déroulement de l’érosion en nappe…………………………………………..…31

III.1.2.Le processus de splash…………………………………………………………..…31

III.2.L’érosion en rigole…………………………………………………………………...33

III.3. L’érosion en ravine……………………………………………………..……………34

III.4.L’érosion en lavaka………………………………………………………..…………35

III.4.1 La formation du lavaka………………………………………………..……..36

III.4.2. Le déroulement de la formation des lavaka……………………………..…..37

III.5. Les facteurs favorisant l’érosion dans la zone……………………………..………...38

III.5.1.Les facteurs naturelles …………………………………………………..…………38

III.5.1.a.Les natures géologiques et pédologiques……………………………..………...38

III.5.1.b.Influence de la pente………………………………………………...…………..38

III.5.1.c. Types de sol………………………………………………………….…………40

Chapitre IV : Les impacts de l’érosion…………………………………..45

IV.1.Les avantages…………………………………………………………..…………….45

IV.2. Les inconvénients…………………………………………………………...……….46

IV.2.1 Diminution des surfaces cultivables……………………………….……………….46

IV.2.2 Dégradation de la fertilité du sol……………………………………….…………..46

IV.2.3.L’ érosion fait baisser les rendements…………………………………..……….....48

IV.2.4. L’érosion compromet les ressources en eau…………………………..…………...49

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE………………………………..………….51

TROISIEME PARTIE : Les moyens de lutte antiérosive…………………………………52

Chapitre V :Les pratiques culturales favorisant l’infiltration……………..53

V.1.Le système de paillage et de mulching………………………………………………..53

V.2.L’engrais vert et son enfouissement…………………………………………………..55

V.3.Le reboisement………………………………………………………………………..56

Chapitre VI :Les techniques d’aménagement à mettre en place………..59

VI.1.Le fossé de diversion d’eau…………………………………………………………..59

VI.2.Le réseau de banquette de défense et de restauration du sol…………………………60

VI.3.Laculture en courbe de niveau……………………………………………………….63

VI.4.La culture en couloir……………………………………………………………...….64

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ChapitreVII :La conservation des sols…………………………………..66

VII.1. La collectivité territoriale………………………………………………………..….66

VII.2.Les interventions des pouvoirs publics………………………………………….......67

VII.3. L’Etat……………………………………………………………………………….68

CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE…………………………………………..69

Conclusion générale……………………………………………………………………….70

Bibliographie………………………………………………………………………………72

Annexes……………………………………………………………………………………75