la vérité sur l'ap - snuipp

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e n ê T r e s f ] [ HEBDOMADAIRE N°369 11 JUIN 2012 ISSN1241-0497 RYTHMES SCOLAIRES Du temps pour la concertation 1 000 POSTES À LA RENTRÉE Besoin de transparence Enquête du SNUipp La vérité sur l'AP

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Page 1: La vérité sur l'AP - SNUipp

enêTresf ][ HEBDOMADAIRE N°36911 JUIN 2012ISSN1241-0497

RYTHMES SCOLAIRESDu temps pour la concertation

1 000 POSTES À LA RENTRÉEBesoin de transparence

�Enquête du SNUipp�

�La vérité sur l'AP�

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Page 3: La vérité sur l'AP - SNUipp

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A LA UNE

��Enquête du SNUipp�

�La vérité sur l'AP

Hebdomadaire du syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC 128 boulevard Blanqui 75013 Paris Tél. : 01 44 08 69 30E-mail : [email protected]

Directeur de la publication : Sébastien Sihr Rédaction : Marianne Baby, Ginette Bret, Lydie Buguet, Judith Fouillard, Claude Gautheron, Pierre Magnetto, Vincent Martinez, Philippe Miquel, Jacques Mucchielli, Catherine Saulais, Sébastien Sihr.Conception graphique : Acte Là !

Impression : SIEP Bois-le-Roi Régie publicité : Mistral Media365 rue Vaugirard 75015 ParisTél. : 01 40 02 99 00 Prix du numéro : 1 euro Abonnement : 23 euros ISSN 1241 0497 / CPPAP 0415 S 07284 Adhérent du syndicat de la presse sociale

Les vacances ne sont pas encore là que, déjà, la prochaine rentrée se

prépare sous le regard vigilant des acteurs du système éducatif. C'est que les attentes sont grandes d'une rupture réelle avec la politique éducative précédente. Au-delà des premiers gestes symboliques qui ont été donnés, que ce soit sur la question de l'évaluation des enseignants ou sur celle des évaluations CE1-CM2, les conditions de la rentrée devront donner le signe d'un engagement réel et fort pour l'école, tant sur les moyens qui lui seront alloués que sur l'orientation donnée, pour plus d'égalité et de justice sociale. Dès cet été, sur l'ensemble des sujets relevant des politiques sociales ou sur le champ plus spécifique de l'éducation, des concertations vont s'engager avec les partenaires sociaux pour discuter des «�priorités�» ainsi que du calendrier à tenir pour aboutir notamment à une nouvelle loi d'orien-tation pour l'école. Rien ne devra se faire sans les personnels. C'est le premier message qu'a tenu à faire passer le SNUipp-FSU auprès du ministre de l'éducation. La rentrée et les semaines qui suivent seront donc l'occasion de donner notre avis pour peser sur des questions d'importance. Questions d'importance pour l'école, pour nos élèves, et pour nous, enseignants des écoles. Le SNUipp-FSU se donnera les moyens de réunir, consulter et mobiliser la profession. Rendez-vous est pris ! D'ici-là, bonnes vacances à tous.

Judith FouillardSont joints à ce numéro un encart «�Retraités�» et un encart «�Questions sur�».

Changer, pour de bon�!

5L’ENFANT A L’ÉCOLE LA LUTTE CONTRE L’HOMOPHOBIE

6L’ACTU SYNDICALE LA CONCERTATION AU MENU

10GRAND ANGLE PERPIGNAN TOUT EN COULEURS

12DOSSIER DIFFICULTÉ SCOLAIRE�: LA VERITÉ SUR L'AP

18MÉTIER REVALORISATION SALARIALE : FAUT QUE ÇA BOUGE

24RESSOURCES PÉRISCOLAIRE : COUPS DE POUCE À ARGENTEUIL

26AUTOUR DE L’ÉCOLE PIERRE MERLE : LA SÉGRÉGATION SCOLAIRE AUGMENTE

30GRAND INTERVIEW ROLAND GOIGOUX

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Page 4: La vérité sur l'AP - SNUipp

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TARIFS 2011 Pour une ligne de 35 caractères (blancs inclus) — Tarif syndiqué/abonné 14 euros TTC — Tarif non syndiqué 23,5 euros TTC l En pavé encadré sans fond couleur — Tarif syndiqué/abonné 20 euros TTC — Tarif non syndiqué 30 euros TTC la ligne de 35 caractères l En pavé encadré avec fond couleur — Tarif syndiqué/abonné 24 euros TTC Tarif non syndiqué 36 euros TTC la ligne de 35 caractères l Renvoyer au SNUipp - 128, Bd Blanqui - 75013 Paris

PETITES ANNONCES

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L’enfanTà l’éColE]

A l’occasion de la journée mondiale contre l’homophobie, le Collectif éducation* a rendu publique sa plate-forme revendicative.

en BREFTRAVAIL DES ENFANTS

12 JUIN : JOURNÉE MONDIALE

Depuis 2002, le 12 juin est consacré journée mondiale

contre le travail des enfants par l’organisation internationale du travail (OIT). L’internationale de l’éducation (IE), en collaboration avec l’OIT, lance la campagne « Une heure contre le travail des enfants ». L’IE propose un matériel pédagogique et interactif destiné à être utilisé à l’échelle mondiale par les élèves et téléchargeable sur son site. Selon l’OIT, 176 millions d’enfants de 5 à 14 ans sont contraints de travailler.

www.ei-ie.org/fr/events/event_details/52

PAUVRETÉ

10,1% D'ENFANTS EN FRANCESelon un rapport de l'Unicef publié fin mai, 8,8% des enfants vivent en France sous le seuil de pauvreté. Le pays se situe en 14e position des 35 pays riches étudiés. En terme de «�taux de privation�», estimé à partir de différents indicateurs concrets comme «�trois repas par jour�», «�fruits et légumes frais tous les jours�», «�endroit calme avec assez d'espace et de lumière pour faire les devoirs�», «�connexion Internet�», la France se retrouve en 18e position avec un taux de 10,1% d'enfants concernés.

CANNABIS

DANGER CHEZ LES JEUNESSelon les estimations de l'Observatoire français des drogues et de la toxicomanie, la consommation de cannabis a fortement augmenté ces dix dernières années. Il y a en France, 850�000�consommateurs réguliers de cannabis dont 450�000 consommateurs quotidiens. Cela concerne surtout les jeunes, pour qui le cannabis est la substance psychoactive illicite la plus expérimentée. Un échec des politiques uniquement représsives�!

La lutte contre l'homophobie, conformé-ment aux instructions officielles, concerne tous les niveaux de l’Éducation nationale et commence dès la petite section. Pour-

tant, la plupart des élèves sortent du système éducatif sans avoir jamais entendu parler d'ho-mosexualité autrement que sous forme d'injures dans la cour de récréation ou sur les terrains de sport. Alors qu'on estime de 5 à 10% la propor-tion d'enfants qui vivront un jour une relation homosexuelle occasionnelle ou durable, la nécessité d'une réelle prise en compte de cette réalité s'impose à l'école. C'est pourquoi syndi-cats d’enseignants, d’étudiants et de lycéens, parents d’élèves travaillent ensemble depuis 9 ans pour essayer de faire progresser les actions contre l’homophobie dans le système scolaire.

Montrer la diversitéAlors, un apprentissage supplémentaire dans un programme déjà trop chargé ? Pas obligatoire-ment. On constate que, si réagir à des propos

injurieux est une nécessité à laquelle chaque éducateur obéit, ces interventions ne suffisent pas à modifier durablement les comportements. C'est en amont que l'activité scolaire doit main-tenant être interrogée, en particulier au travers des modèles majoritairement proposés aux élèves. Il n'est en outre pas nécessaire de parler de sexualité pour mettre en évidence la diversité des schémas familiaux, rompre avec les stéréo-types concernant les liens amoureux ou interro-ger les représentations individuelles et collec-tives.La formation initiale et continue doit prendre en compte ces exigences afin que les enseignants puissent agir à tous les niveaux de la scolarité, et ce dès la maternelle. Ces formations doivent d’ailleurs viser l’ensemble des adultes interve-nant auprès des jeunes.CLAUDE GAUTHERON

*�Le Collectif éducation de lutte contre les LGBTphobies comprend

la FSU, l’UNSA-éducation, la Ferc-CGT, le Sgen-CFDT et la Fep-

CFDT, la FCPE, l’UNEF, l’UNL et la FIDL.

Discriminations�: l'homophobie aussi

L'homophobie souvent oubliée dans l'éducation contre les discriminations.

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Page 6: La vérité sur l'AP - SNUipp

Quelles sont les attentes des salariés en terme de dialogue social ?Dans la Vème République, l'élection présidentielle confère une forte légitimité politique au nouvel élu. Pour autant le débat ne reste pas figé. Dans les enquêtes que nous avons menées, il apparaît que la consultation des organisations syn-dicales est considérée comme une «�bonne chose�» et ce pour deux rai-sons principales. Aux yeux des Français, de trop nombreuses réformes ont été mises en œuvre sans anticiper les conséquences et les situations insatisfaisantes qui

s'en sont suivies. Et les Français considèrent que les dirigeants poli-tiques ne connaissent pas suffisam-ment bien l’état du pays.

Dans ce contexte, les syndicats sont-ils considérés comme les bons interlocuteurs ?Oui, d'ailleurs la confiance que les Français accordent aux organisa-tions syndicales augmente tendan-ciellement depuis les années �90. Elle croît notamment auprès de franges de la population plus enclines à en être éloignée�: les jeunes mais aussi les cadres supé-

rieurs. Les organisations syndicales sont reconnues comme ayant la capacité à tenir compte du réel, à avoir une vision de ce qu'est le vécu des salariés au quotidien.

Quelles sont les conditions indispensables à la réussite de la conférence sociale lancée par le 1er ministre ?Je prendrais le contre-exemple du CPE proposé par Dominique De Vil-lepin dans un contexte où la lutte contre le chômage était une priorité des Français et notamment en ce qui concerne le chômage des jeunes. Pourtant, la loi a été retirée devant

la mobilisation et le rejet de la popu-lation. Or, au-delà du contenu de la loi, la confrontation sociale ne s'est pas effectuée dans les lieux tradi-tionnels. Les organisations syndi-cales n'ont pas été reçues et le texte a été voté en urgence à l'assemblée sans que les organisations poli-tiques puissent s'exprimer. La ques-tion du temps laissé à la concerta-tion est donc primordiale. De plus, la France est éperdue de justice, c'était l'un des thèmes de cam-pagne de François Hollande, c'est maintenant l'enjeu qui repose sur les épaules de Jean-Marc Ayrault. PROPOS RECUEILLIS PAR LYDIE BUGUET

« Concertation : le temps primordial »

3 Q

UESTI

ONS A

Jean-Daniel Lévy, Directeur du Département Politique & Opinion chez Harris Interactive

NOUVEL INDICATEUR DE CROISSANCE

L'ocde note le mieux vivre

u ne fois n’est pas coutume, l’OCDE publie un rapport dont l’indicateur de croissance n’est pas basé sur le PIB mais sur la qualité de vie. Lancée en 2011 sous le nom de «�comment va la vie�?�», cette enquête en ligne a recueilli les réponses d’1 million de visiteurs. Parmi les 11 indicateurs

(logement, équilibre travail-vie, qualité de l’eau…) trois principaux arrivent en tête : la satisfaction, l'éducation et la santé. A l’origine, les rapports de Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie en 2001, et en 2009 de l’économiste français Jean Paul Fitoussi, qui établissaient que la croissance d'une société se mesu-rait aussi au bien-être et au progrès social. Même si des pays comme les USA ou la Corée du Sud montrent leurs faiblesses sociétales, notamment en matière de lien social, d'environnement ou d'emploi, l’indicateur ne réserve pas de surprise�: les pays les mieux classés sont les plus riches économique-ment. Ainsi, avec un indice de satisfaction de 7,9, l'Australie côtoie le Dane-mark ou le Canada. En 26ème position sur 36 en matière d’éducation, la France se place juste dans la moyenne de l’OCDE avec un indice de 6,7. Parmi les pays où il fait le moins bon vivre, le Mexique avec un indice de 3,6 est talonné par la Turquie ou le Brésil. Malgré tout, Jean Paul Fitoussi estime que cet indi-cateur risque de n’avoir que peu d'impact sur les politiques économiques actuelles qui « ont pour effet de réduire la dette mais détruisent dans le même temps un capital humain beaucoup plus important. ». VINCENT MARTINEZ

http://www.oecd.org

en BREFTURQUIE

UNE LOI RÉTROGRADE POUR L'ÉCOLELe Parlement turc vient d’adopter une loi qui va complètement changer l’actuel système d’enseignement en Turquie. La scolarité obligatoire passe de 8 à 12�ans mais les orientations seront plus précoces laissant ainsi craindre le renforcement du déterminisme social. Les lycées confessionnels seront à nouveau autorisés ainsi que l'enseignement à domicile au risque d'éloigner les filles de l'école.

ANGLETERRE

VERS LE SALAIRE AU MÉRITELe gouvernement britannique a décidé d'abolir l'échelle nationale des salaires des enseignants. Les chefs d'établissement seraient les plus à même d'en fixer le montant pour les personnels de leur établissement. Par cette mesure,

le gouvernement veut rééquilibrer le marché de l'emploi enseignant. Les salaires sont déjà libres dans les «�Académies�», ces écoles publiques gérées de façon privée.

QUÉBEC

MANIFESTATIONSLes manifestations se sont déroulées dans le calme vendredi 1er juin à Montréal et à Québec au lendemain de la rupture des négociations sur les frais de scolarité entre étudiants et gouvernement québécois. Cet échec faisait craindre une nouvelle poussée de fièvre dans les rues d'autant que les étudiants s'opposent aussi à la loi 78 qui criminalise les libertés de réunion, d'association et d'expression. Dans le même temps, les milieux d'affaires appellent à une trêve pour sauver le Grand Prix de F1 et la saison touristique. Question de priorités.

[FENÊTRES SUR COURS] N°368 - 10 MAI 20126

actus[ ]

en BREF

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actus[ ]en

bref

La fin d'année scolaire se fait au rythme des premières annonces du nouveau ministre, Vincent Peillon, sur l'école. Rythmes sco-laires, création de 1000 postes, formation,

loi d'orientation... les chantiers sont nombreux conséquents et sur des temporalités différentes. Le SNUipp a rencontré Vincent Peillon avec les syndicats de la FSU et les questions de méthode ont été abordées. Deux temps ont été présentés par le ministère. La rentrée scolaire 2012 est pré-sentée comme le temps de l'urgence avec la création des 1000 postes et la réécriture de la circulaire de rentrée dès juin. Mais le ministre se projette déjà vers septembre 2013 qui sera de la pleine responsabilité de l'actuel gouvernement. Cette étape commencera dès la fin des élections législatives. Une loi d'orientation est prévue à l'automne pour préparer la loi sur le budget. Pour cela, les rencontres avec les organisations syn-dicales commenceront dès fin juin avec une pre-mière concertation sur le calendrier, la méthode et la définition des groupes de travail. Le SNUipp a exprimé la nécessité de ne pas clore les débats fin juillet mais de faire du mois de septembre un moment d'échanges avec des enseignants qui ne peuvent être tenus à l'écart des questions qui les concernent au premier chef. S'il est nécessaire d'aller vite pour ne pas laisser l'école vivre dans les mêmes conditions un an supplémentaire, il

Vite mais pas tropLe SNUipp-FSU a rencontré le ministre Vincent Peillon pour clarifier la méthode, le rythme et les sujets à mettre à l'ordre du jour des futures concertations.

ne faut pour autant pas griller les étapes. Pour le dire autrement, il faut vite panser les plaies de l'école mais prendre le temps de penser l'avenir de l'école. De son côté le SNUipp-FSU rencon-trera les enseignants et mènera avec eux le débat sur l'école et ses nécessaires transforma-tions. LYDIE BUGUET

DIALOGUE SOCIAL

LES PREMIERS PASLa FSU et le SNUipp ont été reçus par le premier Ministre pour préparer la Conférence sociale de juillet. Cette conférence se tiendra sur 2 journées en début de mois. Il a été annoncé un temps spécifique de réflexion sur les questions relatives à la Fonction publique et d'autres temps sur des thématiques tel l'emploi, la protection sociale... La FSU s'est félicitée de cette initiative et a présenté comme prioritaires les sujets de l'emploi, de la relance de la croissance et du pouvoir d'achat, du réinvestisement dans la Fonction publique et des retraites.

SYSTÈME ÉDUCATIF

17 RAPPORTS SORTENT DE L'OMBREUne partie des rapports sur l’école cachés par l'ancien ministre de l'éducation sont disponibles en ligne. L'actuel ministre, Vincent Peillon, a affirmé agir « par souci de transparence » et espère ainsi « contribuer utilement au débat public sur la réussite éducative ». De nombreuses voix avaient critiqué le fait que ces informations soient retenues, notamment le collectif des « déchiffreurs » créé en avril dernier. Combien d'autres rapports sont encore dans les tiroirs ? On attend leur publication.

1�000 POSTES : DES

CRITÈRES TRANSPARENTS1000 postes vont être ouverts à la rentrée dans les écoles primaires. C'est le plan d'urgence du nouveau ministre pour limiter les effets de la dernière rentrée scolaire préparée par l'ancien gouvernement. Tous les besoins ne seront pas couverts, raison supplémentaire pour que cette répartition se fasse en toute transparence. C'est pourquoi le SNUipp-FSU a demandé des critères clairs pour l'attribution de ces postes (taux d'encadrement des

élèves, taux de réussite, évolution démographique, condition socio-économique du territoire). Pour cela, les instances académiques et départementales qui ont compétences dans la gestion des moyens attribués par le ministère doivent se réunir au cours du mois de juin pour faire remonter l’ensemble des besoins et cibler les urgences en terme d'ouvertures de classe, de postes de RASED, de remplacement, et d'accompagnement des PES.

RAPPORT

LES RASED DEMANDENT À ÊTRE ENTENDUS Le Collectif national RASED sollicite une audience auprès du nouveau ministre de l’éducation nationale pour aborder les questions concernant les postes, les missions et les formations spécialisées. Au-delà, le collectif se dit « prêt à s’engager dans une réflexion sur les évolutions nécessaires pour répondre au mieux aux besoins des élèves en difficulté.»

Rubrique Le syndicat/Les interventions

L'éducation a besoin de temps, la concertation

pour faire évoluer le système éducatif aussi.

Page 8: La vérité sur l'AP - SNUipp

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actus[ ]

L'indice moyen des enseignants des écoles est de 517 (575 pour le second degré). Et l'indice moyen des femmes pour le 1er degré inférieur de 5,4% à celui des hommes ! Source MENJVA/DEPP sur fichier de paye de janvier 2011 : depuis, cotisations en hausse en janvier 2012, gel du

point d'indice... salaires en baisse ! Point d'indice à 4,63 euros brut, depuis juillet 2010

25%C'est l'augmentation prévue pour l'allocation de rentrée. Destinée à aider les parents pour les dépenses liées à la rentrée des classes, comme les fournitures et les cartables, elle est versée par les Caisses d'allocations familiales (CAF) aux familles modestes qui ont des enfants scolarisés de 6 à 18 ans. Concrètement, pour les 6-10 ans, l'allocation devrait passer de 284,97 à 356,20 euros.

RAPPORT

LE NON-REMPLACEMENT SUR LA SELLETTE « Le remplacement des enseignants absents », ce rapport de la Dgesco (Direction générale de l’enseignement scolaire) date de juin 2011. Jusqu’ici caché, il fait partie des 17 textes mis en ligne par le ministère fin mai. Ce texte montre que le potentiel de remplacement va en diminuant quantitativement et qualitativement, il a été fortement impacté par les mesures sur l’emploi et la formation notamment.

Rubrique L’école/Le système éducatif

ALLOCATION

en BREFRENTRÉE

LES MINISTRES ÉCRIVENTUne lettre à tous les personnels de l'Education nationale va être envoyée par les deux ministres. Elle invalide la circulaire de rentrée publiée au BO du 29 mars. Le texte réaffirme la priorité donnée à l'école primaire. Il propose de nouvelles directions aux recteurs comme des modalités d'accompagnement des PES la semaine de la rentrée ou les évaluations, analysées à l'échelle des écoles et uniquement.

EVS

QUEL SORT À LA RENTRÉE ? De nombreux EVS, exerçant des missions d'aide à la scolarisation des élèves handicapés (AVS) ou d'aide à la direction d'école, vont voir leur contrat s’achever début juillet. 15 000 d'entre eux pourraient être mis à la porte des écoles. Très nombreux sont ceux qui n'auront pas bénéficié de la formation qui leur était due. Le SNUipp-FSU demande que dans l'urgence ces contrats soient prolongés. Des discussions devront s'ouvrir pour que puissent être créés des emplois statutaires de la Fonction publique pour l’ensemble des missions que ces personnels exercent.

RETRAITÉS

LA FAUSSE BONNE IDÉELe ministre a émis la « belle idée » selon lui de faire appel à des enseignants retraités pour qu'ils prennent en charge des missions de tutorat auprès des jeunes enseignants recrutés à la rentrée prochaine. Pour le SNUipp, ceci n'est pas envisageable. Si les jeunes enseignants doivent être formés à l'exercice de leur métier, ils doivent l'être par des professionnels qualifiés dont c'est la fonction. Or le vivier existe : 6000 maîtres formateurs et 4000 conseillers pédagogiques qu'il suffirait d'affecter à l'encadrement des nouveaux entrants.

Salaires : le changement, c'est pour quand ?

ENSEIGNANTS DU SECTEUR PUBLIC SALAIRE MOYEN SALAIRE MÉDIAN SALAIRE MOYEN HOMME SALAIRE MOYEN FEMME

PE 2398.34 2291.85 2509.46 2370.56

Instituteurs 2236.29 2171.47 2291.85 2217.77

Non titulaires 1564.94 1486.23 1717.73 1495.49

Page 9: La vérité sur l'AP - SNUipp

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actus[ ]

EVALUATIONS CE1-CM2

remontées : ce n'est pas obligatoire

en région

SARTHE

BRICOLAGE SUR LES POSTES RASEDEn supprimant du mouvement 52�postes RASED et en créant 48�postes « mixtes » (½ temps classe, ½�maître E), le DASEN de la Sarthe a eu une initiative bien malheureuse. 16�de ces postes antinomiques sont restés vacants au premier mouvement délaissés par les personnels spécialisés. Confronté à une impasse, le DASEN souhaite aujourd'hui reconstituer des postes E entiers et les proposer à des non spécialisés. Face à cette manœuvre hors mouvement qui démantèle les RASED au détriment des élèves en difficulté, le SNUipp 72 et l'ensemble des délégués du personnel ont demandé l'arbitrage du ministre en lui adressant un courrier.

LOIRE

ECOLES EN COLÈREUn collectif de 11 écoles soutenu par la FCPE poursuit ses actions dans tout le département pour protester contre les fermetures de classes�: occupation d'écoles, classes sauvages à Saint-Etienne, à Roanne... Le SNUipp 42 soutient activement ces actions. Au sein d'une large intersyndicale, il interpelle tous les candidats aux élections législatives et organise une manifestation mercredi 13�juin à Saint Etienne.

GIRONDE

PLAN DE RATTRAPAGELe P/E girondin (nombre d'enseignants pour 100�élèves) est l'un des plus bas du territoire et affecte les conditions d'enseignement dans toutes les écoles du département. Pour le SNUipp 33, il faut d'urgence un plan de rattrapage pluriannuel pour retrouver à terme un taux d'encadrement conforme à la moyenne nationale. L'intersyndicale a adressé un courrier en ce sens au recteur et propose une pétition qui sera remise prochainement au ministre.

La révision des rythmes scolaires, annoncée pour la rentrée 2013 par le ministre, est un dossier complexe et difficile. Rien ne devra se faire sans l'avis des enseignants. Lors

de la concertation annoncée par le ministère, toutes les questions devront être mises sur la place. La concertation devra nécessairement aborder les questions d'articulation des temps scolaires, du temps périscolaire et de leurs qua-lités, les questions de financement et pour cela, réunir tous les acteurs concernés (enseignants, familles, collectivités, associations et mouve-ments d'éducation populaire...). Un tel chantier mérite du temps et ne devra pas se faire à la va-vite. Il devra se faire aussi en prenant en consi-dération les conditions d'exercice du métier et de vie des enseignants avec la réduction du temps de service, la dissociation du temps enseignant et du temps élèves. Les enseignants attendent aussi des améliorations de leurs conditions de travail et notamment la reconnaissance des temps hors la classe consacrés à la réussite des élèves : temps de préparation, lien avec les familles, travail en équipe… Dans ce cadre, l'examen du dispositif d'aide personnalisée doit également faire l'objet de discussions. La réussite de tous les élèves ne dépend pas uniquement des rythmes scolaires.

Rythmes�: pas sans les enseignantsVincent Peillon a annoncé la révision des rythmes scolaires pour la rentrée 2013. Un dossier complexe qui donnera lieu à une concertation avec la communauté éducative. Pour le SNUipp, toutes les questions devront être mises sur la table et toute évolution doit rimer avec amélioration du système.

Les évaluations CE1 et CM2 sont soumises à une nouvelle procédure. Le ministère s'est engagé à ce qu'il n'y ait plus aucune remontée des résultats, écartant ainsi leur exploitation nationale. Les équipes enseignantes avaient donc toute liberté de saisir les résultats pour une exploitation dans l'école ou pour une information aux familles. Pourtant, selon le SNUipp, dans 19 départements, des DASEN

ou des IEN ont exigé la remontée des résultats en les conditionnant parfois au versement de la prime. Le SNUipp-FSU est intervenu auprès du ministère : aucune remontée à quelque niveau que ce soit (dépar-tement, circonscription...) ne peut être exigée. Et de fait, les situations se régularisent. Un autre bug, informatique celui-là, concernait les items 19, 20, 21 et 52 et leur saisie codifiée dans les applications locales ! En attendant un nouveau système d'évaluation des élèves et du système scolaire.

C'est aussi une question de contenus d'enseigne-ment, de formation des enseignants et d'organisa-tion pédagogique. Le SNUipp-FSU sera attentif et exigeant pour que tous ces sujets soient au cœur de la concertation à venir. Pour le SNUipp-FSU, tout cela réclame un processus de discussion trans-parent et cadré par un calendrier inscrit dans la durée, et des points d'étape, tempo incontournable pour la qualité et la sérénité du débat. GINETTE BRET

Les rythmes scolaires de nouveau en débat.

Page 10: La vérité sur l'AP - SNUipp

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Grand Angle[ ]

[FENÊTRES SUR COURS] N°366 - 12 MARS 2012

délicat : des enfants qui n'ont pratiquement jamais eu l'occasion de se rencontrer aupara-vant se trouvent de fait placés dans une proxi-mité imposée. Il en résulte souvent une dés-colarisation rapide des enfants gitans qui quittent l'école bien avant la fin de la scolarité obligatoire.C'est le film documentaire «�Histoires croisées, histoires métisses�» de Thierry Vallino et Romain Perrier-Burry qui a servi de déclen-cheur. Il retrace l'expérience d'adolescents partis à la rencontre de personnes issues de l'émigration, et à partir de témoignages sou-vent bouleversants, met en évidence les sen-timents contradictoires qui les habitent�: de l'espoir d'une vie meilleure à la peur de l'in-connu, de la joie d'entrer dans une vie rêvée aux difficultés de la langue... De quoi faire émerger chez les enfants perpignanais le désir d'interroger leurs propres origines et de mieux comprendre l'histoire de leur famille et celle de leurs camarades.

Dans le quartier Saint-Jacques, c'est jour de fête : sous un soleil de plomb, les classes de Perpignan convergent vers le Couvent des Minimes où a lieu pen-

dant une semaine la rencontre annuelle « Cou-leurs Culture ». Ici sont exposés des travaux d'élèves de tout le département qui relèvent de pratiques artistiques et culturelles. Pour les enfants des quartiers Saint-Jacques et Saint-Mathieu du centre-ville de Perpignan inscrits dans un projet auquel ont adhéré toutes les classes du RRS Jean Moulin, les travaux ont pris cette année les couleurs de la diversité, de la connaissance et de la tolérance.Contrairement à la plupart des villes françaises le centre de Perpignan accueille une popula-tion très diverse qui est le fruit des nom-breuses migrations dont la ville est historique-ment le carrefour. Depuis la seconde guerre mondiale, il regroupe ainsi la plus grande com-munauté gitane sédentarisée d'Europe qui vit essentiellement de façon groupée dans le quartier Saint-Jacques. Cette concentration résulte de la double volonté paradoxale de sédentariser des populations longtemps nomades tout en les gardant à distance. Pas étonnant qu'ils se vivent encore comme étran-gers de l'intérieur.

L'altérité en question Dans le quartier voisin Saint-Mathieu, l'origine des populations est plus diverse mais la commu-nauté d'origine maghrébine y est largement majoritaire. « Les enfants gitans ont un sentiment très fort d'appartenance à leur communauté. Le reste du monde se divise en deux catégories, les arabes et les payous constitués de tous les autres » explique Stéphane Henry, responsable du service Actions Socio-Educatives à la Direc-tion de l'Action Educative et de l'Enfance. Si la

Dans la cité catalane, la richesse multiculturelle des quartiers populaires du centre ville s'expose. Les enfants sont allés à la découverte de leur culture pour la faire partager.

Perpignan�: tout e

cohabitation ne conduit pas nécessairement à la violence comme cela a été le cas en 2005, les difficultés sont encore bien réelles. L'organisation de l'école reflète la singularité des relations inter communautaires dans ce quartier�: la totalité des enfants scolarisés à l'école pri-maire de la Miranda appartient à la communauté gitane, et a contrario, d'autres écoles voisines n'accueillent pratiquement aucun enfant gitan. « Les gitans sont animés d'un sentiment d'infé-riorité et ne veulent pas se confronter aux autres enfants. La différence de niveau scolaire les place dans une position difficile » reconnaît Emma-nuelle Dompnier, coordinatrice du RRS. Le pas-sage de l'école au collège est particulièrement

«�Faire émerger chez les enfants perpignanais le désir d'interroger leurs propres origines�».

La classe de CM2 de l'école Jordi Barre accompagnée

de Céline Garcia la maîtresse présente ses travaux

et fait partager ses réflexions.

Page 11: La vérité sur l'AP - SNUipp

11

Grand Angle[ ]

Un documentaire pour réfléchirC'est le pari que font conjointement Emmanuelle Dompnier et Marion Fieu, coordinatrice des actions culturelles à la ville de Perpignan. Elles décident d'inscrire un travail avec les réalisateurs dans un projet de liaison CM2-6ème et mettent en branle toute leur énergie et leur disponibilité pour le mener à bien (crédits, temps, coordination...).Elles visent à moyen terme une meilleure intégration des élèves gitans au collège. Le visionnage du film se fait donc à l'Institut Jan Vigo proche du collège en mixant les classes de CM2 et de 6ème. Des questionne-ments émergent à partir d'échanges sur le film et il est convenu que chaque classe poursuivra le travail qui prendra la forme d'une production plastique ou lit-téraire. Tous ces travaux seront d'abord présentés au cours de la journée portes ouvertes du collège puis exposés au cours de la semaine annuelle «�Couleurs

n couleursCulture�». Les réalisateurs accompagnent les élèves durant la réalisation des travaux.

Identité et pauvretéL'une des originalités de ce projet réside dans la volonté des différents partenaires d'inscrire leur action dans l'école mais aussi dans le quartier. Une longue expérience de collaboration entre les dif-férentes institutions présentes sur la ville (mairie, Éducation nationale, préfecture, CAF...) rend ce travail possible. «�On ne peut pas dégager l'école du contexte dans lequel elle est inscrite�: ici la question de l'identité est articulée à celles de la pauvreté et du territoire�» affirme Stéphane Henry. L'action doit donc être concertée et globale. Les associations de quartier, en particulier celles regroupant les femmes, sont elles aussi invitées à s'emparer de la question et à produire les témoi-gnages sous une forme plastique ou écrite. C'est au cours de la «�Semaine contre les discrimina-tions�» d'octobre prochain que leurs travaux seront exposés auprès de ceux des classes. La confrontation entre tous les participants concré-tisera la dimension intergénérationnelle de projet. «�Pour accepter l'autre, il est nécessaire d'être soit même connu et reconnu. C'est dans cet esprit que nous avons mené ce projet.�» affirme Marion Fieu. Si l'expérience pousse les différents acteurs à l'humilité, chacun s'autorise à penser qu'un pas supplémentaire aura été franchi sur le long par-cours de la reconnaissance et du respect mutuels. Viser la cohésion tout en respectant les spécifici-tés culturelles est à Perpignan un travail de longue haleine. CLAUDE GAUTHERON

en BREF

LITTÉRATURE JEUNESSE

MILLE ANS DE CONTES TSIGANES

Ce sont des histoires de voyage et d’aventure, de musique et de revenants, plus ou moins brèves. Les violons pleurent, les

jeunes filles se transforment en oiseaux, hommes, femmes et enfants s’en vont au gré des chemins et des saisons. Comme des airs glanés au détour d’un bois, au coin d’une rue, comme des chants anciens, mélancoliques et audacieux, des contes qui disent la longue épopée le long des routes des enfants du vent. Bertrand Solet – Milan 2009.

LES CAHIERS PÉDAGOGIQUES

À L’ÉCOLE AVEC LES ÉLÈVES ROMS, TSIGANES ET VOYAGEURS Ce dossier, regroupant un ensemble très complet de 65 articles a été publié en mai 2011. Il est organisé en quatre parties : « Qui sont ces enfants ? », « Des dispositifs pour organiser la scolarisation », « Les méthodes pédagogiques ou comment faire réussir les élèves ? ». Et « Ailleurs en Europe »Ce dossier est disponible sur le site cahiers-pedagogiques.com

ACCEPTER DE CONFIER SES ENFANTSDans le quartier Saint-Jacques comme dans celui du Nouveau Logis, qui se caractérisent l'un et l'autre par une population à

forte majorité gitane, on prépare aussi les enfants à l'entrée en école maternelle. Le centre de pré-scolarisation a été mis en place pour proposer aux enfants une expérience de socialisation qui constitue le plus souvent la première « longue » coupure avec la famille. Encadrés par des animateurs issus du quartier, sur une amplitude horaire comparable à celle de l'école, les enfants viennent d'abord avec leurs parents, puis ensuite seuls. Progressivement, ils passent un peu de temps à l'école maternelle, par petits groupes de deux ou trois et accompagnés d'un animateur qu'il connaissent bien. A cinq ans, l'accès à la structure ne leur est plus autorisé et l'inscription à l'école devient obligatoire. Le centre est fermé les premières semaines de septembre afin de permettre aux animateurs d'accompagner les élèves nouvellement inscrits à l'école maternelle. Bel exemple de dispositif passerelle.

Page 12: La vérité sur l'AP - SNUipp

dOSSIER]

12 [FENÊTRES SUR COURS] N°368 - 10 MAI 2012

Difff iculté scolaire

la vérité sur l’AP

C e devait être la panacée. Lancée en 2009 par Xavier Darcos, l’aide per-sonnalisée (AP) allait permettre de réduire par 3 en 5 ans le taux d’échec scolaire à l’école élémentaire.

Aujourd’hui, à la lumière de l’enquête réalisée par le SNUipp auprès de plus de 18 000 enseignants du premier degré * un constat s’impose : l’AP a fait son temps. Elle l’a fait d’abord en raison de son ineffi-cacité à lutter durablement contre l’échec scolaire, comme le soulignent 80% des professeurs des écoles interrogés. Le taux de réussite ne progresse pas, bien au contraire, selon les évaluations les iné-galités se creusent. Un échec d’autant plus prévisible que dans le même temps où il vantait les mérites de ce nouveau dispositif, le ministère retirait progres-sivement leurs moyens aux RASED (lire p15). « Dans le cadre de l’AP, on ne peut pas s’occuper des élèves qui ont des difficultés lourdes, mais plus facilement de ceux qui ont des difficultés légères et passagères », confient en substance les enseignants du premier degré qui estiment nécessaire de replacer les maîtres spécia-lisés dans la lutte contre la difficulté.Mais dans l’AP, à les entendre, tout n’est pas for-cément à jeter au panier. L’aide personnalisée c’est notamment l’occasion de travailler avec un petit groupe, d’individualiser, une approche qui on le sait est toujours bénéfique pour les élèves, notam-ment les plus fragiles. Une démarche de plus en plus difficile à mettre en oeuvre dans la classe ordi-naire où le temps hebdomadaire a été réduit, où

L’enquête menée par

le�SNUipp dresse un

constat sévère de ce

dispositif jugé

inefficace par 80%

des enseignants. Il est

temps de revenir sur ce

dispositif inapproprié

aux besoins des élèves

en grande difficulté,

estime le SNUipp.

manquent les moyens de travailler en équipe et où les effectifs sont souvent élevés. Cette dernière question reste importante pour construire l’école de la réussite de tous. « L’aide personnalisée a sans doute permis de faire prendre conscience aux ensei-gnants de l’intérêt du travail en petits groupes sous certaines conditions. On peut donc espérer que les équipes s’emparent de ce dispositif pour le développer dans l’organisation pédagogique des écoles. Bien sûr cela nécessite des moyens et notamment une autre organisation du temps scolaire », analyse Brunot Suchaut, directeur de l’URSP ** (lire p14).

Les inégalités scolaires ignoréesDe son côté, Christine Félix, maître de conférence à l’IUFM d’Aix-Marseille, estime que « l’aide per-sonnalisée peut être perçue comme un désorganisa-teur des pratiques. L’incohérence et les contradictions dont sont porteuses ces prescriptions bousculent les "rythmes" » (lire p 15). La confusion qui s’est ins-taurée ne porte pas seulement sur le type d’aide que l’on peut envisager (aide à la difficulté lourde ou à la difficulté passagère), mais aussi sur les dif-férents temps de la vie de l’élève. « Elle augmente considérablement le temps d’enseignement quoti-dien », elle « nie les rythmes des élèves et l’efficacité

« L’aide personnalisée a sans doute

permis de faire prendre conscience

aux enseignants de l’intérêt du

travail en petits groupes ».

DOSSIER RÉALISÉ PAR

LYDIE BUGUET

CLAUDE GAUTHERON

PIERRE MAGNETTO

PHILIPPE MIQUEL

Page 13: La vérité sur l'AP - SNUipp

13

des enseignants » et suscite « de la fatigue » : mor-ceaux choisis parmi les témoignages de sondés (lire p15). Pour les enseignants, Christine Félix parle « de perte de contrôle et de cohérence dans la progression de la classe. Cette déstabilisation peut être ressentie comme un affaiblissement de l’effica-cité du milieu du travail », dit-elle.Le système est d’autant plus inefficace qu’il n’est pas adapté à la diversité des territoires scolaires. Ainsi, le dernier gouvernement ne s’est pas contenté de nier l’importance de l’éducation prioritaire, il a mis en place un dispositif unique, identique pour tous, alors que certaines écoles qui concentrent les élèves en difficulté ont besoin de plus de moyens que celles où le nombre d’élèves en difficulté est beaucoup plus restreint. Pour ces dernières, l’AP pouvait paraître superflue quand pour les pre-mières, elle reste cruellement insuffisante.Pour le SNUipp, cette enquête appelle une nouvelle réflexion sur l’aide à la difficulté scolaire. Certes, parmi les aspects positifs à mettre au titre de l’AP figure celui de permettre de travailler avec un petit groupe, de « retrouver le contact avec nos élèves » comme disent certains sondés (lire p 16), de chan-ger le regard des enseignants sur leurs élèves, de réinstaurer un climat de confiance là où il est mis à mal. Des dispositions qui permettraient à la

maternelle de mieux jouer son rôle spécifique, en libérant du temps par exemple pour stimuler les petits parleurs à un âge où les activités langagières sont au coeur des apprentissages.

Il est temps de revenir sur l’APMais s’attaquer aux racines du mal nécessite de per-mettre aux équipes de mettre en œuvre des actions pédagogiques diversifiées sur le temps de classe, de développer le travail par petits groupes non sur les deux heures de l’AP seulement, mais sur l’organisa-tion générale du temps scolaire. Tout cela nécessite des moyens, on l’a dit (lire ci-contre), des effectifs appropriés, des dispositifs particuliers pour s’attaquer aux difficultés spécifiques (53% des enseignants sou-haitent redonner la priorité aux RASED). Olivier Mau-lini, professeur en sciences de l’éducation suggère « une organisation collective du tra-vail à l’intérieur des établisse-ments qui permette d’identi-fier les besoins des élèves et de mettre en place des regroupe-

ments modulaires en fonction de ceux-ci ».Pour le SNUipp, « il est temps de revenir sur ce dispositif ». Le syndicat entend demander au ministre Vincent Peillon, au moment où ce der-nier veut ouvrir la concertation sur les rythmes scolaires, à ce que les deux heures de l’AP soient totalement revues et corrigées. L’aide à la diffi-culté nécessite plus de maîtres que de classes et que les élèves les plus en difficulté aient un accès à une aide spécialisée.* Aide personnalisée : opération vérité », SNUipp-FSU, juin 2012.

** Unité de recherche pour le pilotage des systèmes pédagogiques.

ET LE TEMPS DES ENSEIGNANTS ?Depuis 2008, le SNUipp-FSU a dénoncé le dispositif d'aide

personnalisée comme ne répondant pas aux difficultés des élèves. Pour le syndicat une autre prise en charge de la difficulté scolaire sur le temps de classe est possible avec les RASED, plus de maîtres que de classes, un autre fonctionnement de l'école… Mais au-delà de la question de l'aide elle-même, le dispositif d'aide personnalisée et les 60h qui y sont consacrées a mis en évidence la nécessaire réflexion autour du temps : temps des élèves mais aussi temps de travail des enseignants. A ce titre, le chantier lancé par le ministre autour des rythmes scolaires ne pourra se faire sans prendre en considération les conditions d'exercice du métier et de vie des enseignants. La question du devenir des 108 heures doit faire partie des discussions avec notamment la reconnaissance des temps hors la classe consacrés à la réussite des élèves : temps de préparation, lien avec les familles, travail en équipe…

Page 14: La vérité sur l'AP - SNUipp

Les résultats sur l'efficacité du dispositif vous surprennent-ils ?Non, cela n’est pas surprenant pour deux rai-sons. La première est que ce dispositif a été institué sans être préalablement pensé par les acteurs. Les enseignants se sont donc trouvés à l’origine dans une situation d’expé-rimentation de pratiques sans aucun cadrage national ou local et avec en plus un alourdis-sement des journées de classe.

Les effets ne sont pourtant pas nuls, quels enseignements pourriez-vous en tirer ?Un des effets indirects du dispositif est d’avoir permis de changer le regard de l’en-seignant sur ses élèves, du fait de travailler en petits groupes. Il est alors possible que cette nouvelle expérience soit réinvestie positivement dans les situations où l’ensei-gnant travaille avec l’ensemble de ces élèves, notamment par une meilleure connaissance des élèves et de leurs stratégies d’apprentis-sage. L’aide personnalisée a sans doute per-mis de faire prendre conscience aux ensei-

gnants de l’intérêt du travail en petits groupes sous certaines conditions. On peut donc espérer que les équipes s’emparent de ce dispositif pour le développer dans l’orga-nisation pédagogique de l’école. Bien sûr cela nécessite des moyens et notamment une autre organisation du temps scolaire.

Quelles sont les limites de l'AP ?Dans sa logique, l’aide personnalisée repose bien sur un principe d’équité dans le sens où il s’agit bien de donner davantage de temps aux élèves en difficulté avec l’objectif de réduire les écarts initiaux. Une des limites se situe dans le fait que les ressources sont les mêmes partout quels que soient les besoins. Le fait que les enseignants avouent que cette aide s’avère inefficace pour les élèves avec de lourdes difficultés interroge néanmoins sur ce que peut faire l’école dans son fonc-tionnement actuel, pour ces élèves. Par ail-leurs, à un niveau plus global, d’autres mesures et dispositifs doivent être renforcés pour favoriser l’équité dans le cadre de la politique d’éducation prioritaire.

« Institué sans avoir été pensé par les acteurs »

3 Q

UESTI

ONS A

Bruno Suchaut, Directeur de l’URSP (Unité de recherche pour le pilotage des systèmes pédagogiques)

[FENÊTRES SUR COURS] N°368 - 10 MAI 2012

dOSSIER ]

14

en BREFAIDE

POUR QUELS ÉLÈVES ET QUEL TYPE DE DIFFICULTÉ ?Les enseignants ont ciblé des élèves avec des profils différents : l'aide personnalisée concerne majoritairement des élèves avec des difficultés légères (pour 70% des réponses) mais 56% des enseignants intègre aussi les élèves avec des difficultés lourdes. En ce qui concerne l'efficacité du dispositif, le constat est très sévère au sujet des élèves en difficulté lourde : sur une échelle de 1 à 10, l'efficacité ne serait que de 2. Pour les élèves en difficulté légère, elle serait de 5,6.

VERBATIM

PAROLES D'ENSEIGNANTS

que je sollicite, ceux qui n'ont déjà pas forcément envie d'être à l'école et franchement j'ai du mal à les motiver et à me motiver... »

considère le soutien comme pas ou peu efficace car nous manquons d'outils pour répondre aux cas difficiles »

pouce mais une bouée de sauvetage par défaut. »

80% des enseignants jugent l'aide personnalisée pas du

tout ou peu efficace.

Très satisfaisant 2%

En termes d'efficacité, êtes-vous satisfaits du dispositif ?

Peu ou pas satisfaisant

63%

Satisfaisant 18%

Pas du tout satisfaisant 17%

Page 15: La vérité sur l'AP - SNUipp

A quelles difficultés les enseignants ont-ils été confrontés avec l'aide personnalisée ?L'institution s’est peu intéressée à l’activité des professionnels dans ces espaces de travail renou-velés et encore moins à la dimension subjective de leur activité, à savoir ce que «  ça leur demande » d’avoir à exercer leur activité en marge de la classe et/ou hors du temps stricte-ment scolaire. Se pose, entre autres choses, la question des liens, des articulations que ces enseignants vont devoir établir entre la classe et le dispositif d’aide personnalisée et, plus large-ment, avec l’ensemble des dispositifs auxquels ils participent voire qu’ils organisent : quels liens entre ces divers milieux de travail ? Comment organiser les conditions de travail des élèves ?

Sur quels aspects faut-il faire porter les diffé-rences (savoirs ou procédures)�?...

Les enseignants la juge inefficace et pourtant ils ont expérimenté des tas de leviers pour aider les élèves...L’aide personnalisée peut être perçue comme un désorganisateur des pratiques. L’incohérence et les contradictions dont sont porteuses ces pres-criptions bousculent les « rythmes » : temps jour-nalier plus long, fatigue des élèves, temps d’en-seignement en classe plus ou moins amputé ou infléchi par l’aide individualisée ; sentiment de perte de contrôle et de la cohérence dans la pro-gression de la classe, etc. Cette déstabilisation peut être ressentie comme un affaiblissement de l’efficacité du milieu de travail dans son ensemble.

De votre point de vue, comment se situent les enseignants face à la difficulté scolaire ?L’expertise des enseignants n’est pas à remettre en cause. Elle est mise à l’épreuve aujourd’hui par l’école inclusive, dans laquelle la difficulté scolaire représente un enjeu essentiel. L’enquête met à jour des contradic-tions auxquelles les enseignants sont confrontés quotidiennement. Mais nous ne pourrons pas avancer si les collectifs d’ensei-gnants ne se saisissent pas de cette question, en partant de ce qui bloque actuellement, à savoir les conflits de buts et de critères rela-tifs au travail bien fait et dont votre enquête se fait l’écho.

« L'expertise des enseignants n'est pas à remettre en cause »

3 Q

UESTI

ONS A

Christine Félix, maître de conférences à l'IUFM d'Aix-Marseille

44%AP VERSUS RASED

des enseignants considère que parmi les élèves qu'ils suivent en AP certains auraient besoin d'être pris en charge par le RASED. La preuve s'il en était besoin que ce dispositif ne peut se substituer à une aide spécialisée. D'ailleurs les enseignants l'écrivent en marge de l'enquête : « L'AP montre bien que nous ne sommes pas des enseignants spécialisés. C'est un pansement sur une grosse plaie ouverte qui demande autre chose ».

15

en BREFQUELS DOMAINES ?

MATHS, FRANÇAIS PLÉBISCITÉSLa maîtrise de la langue et les mathématiques sont les domaines les plus cités par les enseignants pour l’aide. A noter que très nettement les écoles les plus importantes insistent plus sur le français et la lecture que les petites écoles, et beaucoup moins sur le langage oral. De manière très nette également, les enseignants les plus expérimentés et les plus anciens proposent plus d'activités autour du langage oral, des méthodes de travail et de l'estime de soi.

Plusieurs réponses possibles. Le petit groupe permet de diversifier les modalités d’aide aux élèves. Dans les verbatims, quand certains

enseignants parlent d'une forme d'«�aide aux devoirs », d'autres disent «�redonner confiance, redonner envie par le jeu et la relation différente aux maîtres et maîtresses ».

Quel type d'aide (selon la typologie de R.Goigoux ) mettez-vous en place ?

Préparer (avant l’apprentissage) 29%

Réviser (après l’apprentissage) 30%

Compenser (pendant l’apprentissage, revenir sur des stratégies requises) 40%

Faire autrement (pendant ou après l’apprentissage) 45%

Exercer, automatiser, systématiser 47%

Soutenir (pendant l’apprentissage) 53%

Revenir en arrière (combler les lacunes) 61%

Page 16: La vérité sur l'AP - SNUipp

[FENÊTRES SUR COURS] N°368 - 10 MAI 201216

dOSSIER ]

«l' aide personnalisée permet surtout de retrouver un contact avec nos élèves ». Ce commentaire tiré de l'enquête illustre bien toute

l'ambiguïté du dispositif et les appréciations souvent antagonistes qu'il suscite chez les professeurs d'école. Les verbatim témoignent que les élèves viennent sou-vent avec plaisir en aide personnalisée et que ce moment permet d'établir une relation privilégiée entre élèves et enseignants. Près de la moitié des enseignants considère positivement la possibilité offerte de travailler en petits groupes et ils sont près de 40% à apprécier cette occasion de travailler autre-ment et de mieux connaître leurs élèves, pourcen-tages encore plus significatifs chez les plus jeunes

d'entre eux : « Les enfants semblent heureux de parti-ciper au soutien, même ceux qui n'en ont pas besoin le demandent. Besoin des enfants d'être reconnus, de ne pas être noyé dans la masse ». Mais cette perception plutôt favorable s'effondre rapidement face au tir de barrage des critiques largement majoritaires portant sur l'allongement de la journée de classe, la fatigue, le manque de temps : « L'AP placée souvent le soir, par contrainte (courte pause de midi) augmente considéra-blement le temps d'enseignement quotidien. C'est nier les rythmes des élèves et l'efficacité des enseignants ! »; « Les semaines où nous n'avons pas d'AP, c'est le bonheur, on a le temps de manger et on est plus disponible pour notre classe l'après-midi. ». « Dans ma vie professionnelle il y a un avant et un après l'aide personnalisée, difficile de gérer la sensation d'épuisement, de course et le sen-timent d'inutilité de l'AP ». « Des journées de 8h à 19h quatre fois par semaine, ras le bol ! ». L'aide personna-lisée apparaît donc comme un moment frustrant pour les enseignants. Si elle laisse entrevoir l'intérêt et les possibilités d'un travail en petits groupes, complé-mentaire à l'enseignement en classe, elle alourdit encore une journée de classe déjà vécue comme trop longue et trop dense par les enseignants eux-mêmes comme et par leurs élèves.

Travail

Une aide qui accroît le malaise

Même si certains effets positifs sont pointés, le dispositif d'aide personnalisée est perçu par la plupart des enseignants comme une difficulté supplémentaire dans l'exercice quotidien du métier.

en BREFTRAVAIL EN EQUIPE

LE RECUL« Nous n'avons plus le temps de manger ensemble.» Avec l'aide personnalisée, ce sont les moments de convivialité mais aussi le travail en équipe qui pâtissent d'un dispositif chronophage et épuisant. Les choix opérés sont avant tout individuels, 60% des enseignants gèrent l'aide personnalisée au niveau de la classe, 30% au niveau de l'école, 10% seulement au niveau du cycle, une tendance plus marquée en élémentaire (classe 75%) qu'en maternelle (classe 53%) Les temps d'échanges et de réflexion collectifs sont donc réduits dans bon nombre d'écoles. Un paradoxe quand 43 % des PE souhaiterait que le temps de l'AP soit utilisé pour la concertation professionnelle (voir graphique p.�17).

FATIQUE

Les enseignants interrogés estiment que l'aide personnalisée allonge la journée de classe, ils sont 66% à considérer qu'elle génère de la fatigue pour les élèves.

80%

Efficacité de la remédiation 9%

Améliorer son image par rapport au groupe 9%

Reprendre confiance en soi 46%

Pouvoir mieux s’exprimer en petits groupes 49%

Palier une difficulté passagère 54%

Créer une relation de confiance avec l’enseignat 55%

Pour la majorité des enseignants (54,52%), l'aide personnalisée permet

avant tout de créer une relation de confiance avec l'enseignant. En maternelle, ils sont 57 % à relever que les élèves ont la possibilité de mieux s'exprimer en petits groupes.

Quels effets positifs pour les élèves ?

Page 17: La vérité sur l'AP - SNUipp

17

Que pensez-vous du dispositif d'aide personnalisée mis en place en France ?Il y a toujours un paradoxe à vouloir réguler des difficultés qui apparaissent en classe en dehors de celle-ci. Sur le plan international, on constate que les dispositifs qui sortent les élèves de la classe ont des résultats plutôt mitigés. La logique du soutien individualisé ignore que c'est le fonctionnement quotidien de l'école qui produit des inégalités. Le modèle de l'école qui prétend intégrer et développer des valeurs de solidarité est en porte-à-faux si la mise à l’écart devient sys-tématiquement la solution.Mais il ne s'agit pas de diaboliser un système qui peut avoir des effets positifs. L'aide personnalisée a au moins le mérite d'être encadrée par des enseignants.

Quelle pourrait être l'alternative à l'aide personnalisée ?Face à une difficulté, un des réflexes de l'école est de concevoir un nouveau disposi-tif qui permet de rendre des comptes à l'exté-rieur et de donner le sentiment que le pro-blème est sous contrôle. Ceci aboutit à un empilement discutable, déjà dénoncé par Anne Barrère. Pourtant le premier levier à actionner est dans les mains de l'enseignant : l’enjeu est de compétence et de formation professionnelle, plutôt que d’externalisation du problème. Une des réponses possibles passe par une organisation collective du tra-vail à l'intérieur des établissements qui per-mette d'identifier les besoins des élèves et de mettre en place des regroupements modulaires en fonction de ceux-ci. On voit ainsi fonctionner des écoles où une bonne part de l'énergie des enseignants mais aussi

de celle des élèves qui réussissent est tournée vers ceux qui en ont le plus besoin et ceci au bénéfice de tous.

L'enquête montre un fort attachement des professeurs d'école aux RASED pour lutter contre la difficulté scolaire. Quel est votre avis ?Disposer de personnels spécialisés est une bonne chose mais l'articulation avec les enseignants « ordinaires » n'est pas toujours simple. On constate souvent que le soutien le plus efficace n'est pas celui qui est apporté aux élèves mais aux enseignants. Il me paraît donc important que ce soutien soit intégré au maximum au fonctionnement des classes car sinon il y a de grandes chances que les compétences du spécialiste ne soient jamais reversées dans celles du généraliste.

« Un soutien intégré au fonctionnement des classes »

3 Q

UESTI

ONS A

Olivier Maulini, professeur en sciences de l' éducation à l'université de Genève

QUELS DISPOSITIFS PARTICULIERS ?

53% renforcer le rôle des RASED

24% Mettre en place des groupes d'analyses de pratiques

22% développer le partenariat avec d'autres dispositifs

QUELLES ACTIONS PÉDAGOGIQUES ?

53% renforcer le rôle des RASED

24% Mettre en place des groupes d'analyses de pratiques

22% développer le partenariat avec d'autres dispositifs

QUELLE UTILISATION DU TEMPS DE L'AP ?

43% temps de concertation, travail en équipe et rencontre des familles

30% espaces de formation continue

26% espaces de rencontre entre le RASED et les enseignants

Les enseignants se prononcent pour le maintien et le renforcement des RASED face aux difficultés qui dépassent leur expertise professionnelle. En terme d'action pédagogique, ils plébiscitent la possibilité de construire des

aménagements diversifiés et adaptés à leur école. Ils estiment aussi qu'il est urgent que l'institution reconnaisse les missions effectuées en dehors du temps de service.

QUELLES MESURES POUR FAIRE REUSSIR TOUS LES ELEVES ?

Page 18: La vérité sur l'AP - SNUipp

18 [FENÊTRES SUR COURS] N°368 - 10 MAI 2012

métieR[ ]

La scolarisation des handicapés

en BREF

ECLAIR

LA PRIME DE LA DISCORDEQue va-t-il advenir de la part modulable de l'indemnité éclair ? Alors que dans les départements les IEN et DASEN cherchent et inventent des critères pour son versement, le SNUipp-FSU a demandé qu'elle soit versée équitablement entre tous les collègues de l'école pour ne pas devenir source de division. Toute mesure de différenciation arbitraire liée au mérite n'est pas acceptable. Pour rappel, cette part variable peut varier entre 0 et 2400 euros.

EVALUATION DES ENSEIGNANTS

UN DECRET MORT-NEPassé in extremis le 9 mai à la veille de la démission de l'ancien gouvernement, le décret sur l'évaluation des enseignants devrait être abrogé le 20 juin conformément aux engagements de Vincent Peillon. Une décision attendue par toute une profession qui s'était élevée contre une réforme porteuse de nouvelles régressions salariales. Pour le SNUipp, c'est l'occasion de progresser vers un dispositif d'évaluation formatrice et permettant une amélioration du déroulement de leur carrière.

IUFM

LE CONSEIL D’ÉTAT ENFONCE LE CLOULe Conseil d’État a fixé la date d’effet d’annulation de l’arrêté sur la réforme de la formation de 2010, sanctionnant les décisions de Luc Chatel qui n’avait pas associé le ministère de l'Enseignement supérieur et le Haut Conseil de l'éducation (HCE). Si au 31 juillet le ministère n’avait pas rédigé de nouveau décret, les stagiaires seraient soumis dès la rentrée à l’arrêté de 2006 fixant le cahier des charges des IUFM. Mais le ministère a précisé qu’une « régularisation juridique » interviendrait d'ici là et que les changements comme la création des Écoles supérieures du professorat et de l'éducation interviendraient à la rentrée 2013.

REVALORISATION

Faut que ça bouge !

Le salaire des enseignants est en panne depuis plus de 10 ans et parmi eux les professeurs d'école sont les plus mal lotis. Un dossier à traiter d'ur-gence par le ministre. La situation est aujourd'hui connue de tous. Même le ministre relaie le constat sur les ondes en avouant que les enseignants

sont payés "20 % de moins que la moyenne de leurs collègues des pays déve-loppés » ou que « seul un petit quart des enseignants a bénéficié d'une reva-lorisation ». Depuis dix ans, les salaires des enseignants sont loin d'avoir suivi l'indice des prix avec, en cadeau depuis trois ans, le gel salarial. Au final, la perte de pouvoir d'achat s'élève à près de 12%. Dans ce paysage austère, la situation des professeurs des écoles est encore plus sombre. Les enseignants du premier degré sont encore nombreux à partir à la retraite sans avoir atteint le onzième échelon. Parvenus à l'indice terminal, seule une petite minorité peut intégrer la hors-classe, dont l'accès est contingenté par un ratio ridicule de 2%. C'est injuste, d'autant que beaucoup d'entre eux : RASED, TRB, ... sont amenés à faire des déplacements de plus en plus coûteux en raison de l'augmentation du prix du carburant. Les suppressions de postes devaient permettre de redistribuer la moitié des économies en pouvoir d'achat. Une logique inacceptable qui n'a même pas eu les effets positifs annoncés : seulement 26 % de cette somme est redistribuée aux PE contre 47% pour le privé. De plus, sur l'enveloppe de 57,8 millions d'euros prévue à cet effet, 4,5 millions d'euros sont destinés au nou-veau régime indemnitaire des écoles relevant du programme ECLAIR. Le reste des mesures - soit plus de 53 millions d'euros - n'était pas fléché lors de la publication du PLF 2012. Le SNUipp vient d'interpeller le ministre. Sur ces dos-siers, des discussions doivent s'ouvrir. Des mesures nécessaires sont attendues par toute la profession !

TROUBLES MATERNELLE ELEMENTAIRE CLIS TOTAL

Langage et parole 1289 10939 1921 14�149

Audition 1086 2227 681 3�994

Vision 589 1577 278 2�444

Viscéraux 805 1339 139 2�283

Moteurs 2441 6246 1059 9�746

Autres 471 1093 137 1��701

Intellectuels et cognitifs 10382 16122 34009 6�0513

Psychiques 7167 15814 4211 27�192

Associés 3202 3300 1993 8�495

Depuis la loi de 2005 le taux de scolarisation des jeunes en situation de handicap augmente de 6,3% par an. Cette année, les écoles primaires accueillent 130 517 enfants en situation de handicap.

Les jeunes porteurs de troubles intellectuels et cognitifs sont plus nombreux en CLIS qu'en classe ordinaire. A 7 ans, ils sont près d'un tiers à fréquenter une CLIS et ce taux ne cesse de croître avec l'âge. Source�: Insee, MEN

LES ÉLÈVES SCOLARISÉS EN 2011-2012 PAR TYPE DE DÉFICIENCE

Page 19: La vérité sur l'AP - SNUipp

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Si ce rapport n'est pas paru plus tôt, c'est qu'il épingle fortement la politique menée depuis cinq ans. La maternelle a été rendue exsangue, asséchée, non prioritaire, primari-

sée. Des classes bondées car « les seuils d’ouverture et de fermeture y sont, de longue date, différents de ceux utilisés à l’école élémentaire »  dit le rap-port. Des classes non remplacées car les IEN orga-nisent « les remplacements en fonction de priorités où l’école maternelle ne figure pas en bonne place ». Et des formes scolaires inadaptées à de jeunes enfants car en absence de formation, les ensei-gnants, souvent sous pression de l'institution, se sont fixés sur l'imitation de la grande école, seul référent disponible : moins d'espace jeu, moins de stimulation, moins de manipulation, moins de découverte et… moins de langage. Le règne du papier-crayon. Pour les auteurs du rapport, il faut « inverser la logique actuelle et penser le cursus de

l’école maternelle selon une approche progressive qui s’accorde au développement de l’enfant et le stimule ». Car ce sont bien les élèves issus des classes les plus défavorisées qui doivent tirer pro-fit de l'école maternelle. Le rapport invite donc à une profonde transformation de l’école maternelle, à une « remobilisation », par une série de préconi-sations, tant au niveau de la production de recherches sur les savoirs à enseigner que sur le pilotage. Avec un impératif : une formation profes-sionnelle adaptée et même «une formation hybride avec les professionnels de la petite enfance ». Pour le SNUipp-FSU, le chantier est grand ouvert et, mobilisé avec les enseignants, il portera ses exi-gences et son ambition pour une réelle transfor-mation de l'école maternelle au service de tous ses élèves. GINETTE BRET

Lire le rapport à http://media.education.gouv.fr/file/2011/54/5/2011-108-IGEN-IGAENR_215545.pdf

Fin mai 2012, paraît enfin le rapport de l'Inspection Générale sur l'école maternelle qui date... d'octobre 2011. Un tableau sans concessions et très précis.

Maternelle�: 

urgence chantier à ouvrir

ECOLES RURALES

UN PLAN ENR À RELANCER« Le Plan école numérique rurale (ENR) a joué un rôle déterminant dans la réduction du retard pris par les écoles rurales en matière d’équipements et d’usages du numérique. Sa mise en place s’est effectuée dans des conditions satisfaisantes, à l’exception notable des ressources numériques ». Réalisé en juin 2011 mais caché jusqu’à la fin du mois de mai, ce rapport de l’IGEN semble ne pas tarir d’éloges sur l’action menée par le précédent gouvernement pour financer l’équipement en numérique des écoles rurales. En 2009 et 2010 l’Etat avait engagé 67 M€ pour équiper 6 700 écoles dans des communes de moins de 2 000 habitants, la demande avait été deux fois supérieure à l’offre et du coup « les communes candidates mais non retenues se sont souvent découragées ». Parmi les ratés présentés par le rapport figure une formation continue insuffisante, des ressources difficiles à utiliser, des écoles laissées pour compte, la nécessité de réduire la fracture numérique persistante et de repenser le système.

Rubrique L’école/ Le système éducatif

Quelles sont les formes pédagogiques propres à l'école maternelle ?L'école maternelle a su progressive-ment proposer des modalités d'ap-prentissage à la fois adaptés à l'âge des enfants tout en leur assurant le développement intellectuel, moteur, psychoaffectif. Les appren-tissages s'y réalisent à la fois dans un collectif qui permet les échanges, la mutualisation des questionne-ments, des connaissances, des expériences, tout en sollicitant une

réflexion et un cheminement singu-liers. Les apprentissages y sont dif-férenciés sans être individualisés. Souvent, ils prennent appui sur des activités que l'enfant a pu réaliser dans des contextes familiers (faire un dessin, un gâteau, du vélo, un puzzle, dire une comptine...), mais elles sont reconfigurées à travers les objectifs des maîtres. L'expérience sensible, la découverte, l'explora-tion, la dimension symbolique et culturelle (les rites, le jeu...), l'orga-nisation du temps et de l'espace, le

langage du maître, le rôle et la place des échanges langagiers : ces élé-ments font de cette école un milieu d'apprentissage unique.

Quelle formation urgente pour les PE, CPC et IEN à mettre en place ? Plus les enfants sont jeunes, plus l'enseignement requiert une exper-tise élevée pour tenir compte du développement de l'enfant et des modalités spécifiques des appren-

tissages. La formation doit montrer les dérives de l'individualisation, de la primarisation des apprentis-sages et doit mettre en évidence le rôle du langage à l'école mater-nelle. Cette formation doit per-mettre de réfléchir sur les spécifi-cités de la petite section tel leprocessus fondamental de scola-risation des objets, des pratiques, des usages du langage�: autant d'outils à construire très progressi-vement pour apprendre en com-prenant.

« Un lieu d'apprentissage unique » 2 Q

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ONS A

Véronique Boiron, Maître de conférences en sciences du langage à Bordeaux

Page 20: La vérité sur l'AP - SNUipp

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[FENÊTRES SUR COURS] N°366 - 12 MARS 2012[FENÊTRES SUR COURS] N°366 - 12 MARS 2012

L'école élémentaire Saint-Mitre est située dans les quartiers nord de Marseille, grosse école de 14 classes avec 351 élèves. C'est dans l'une des classes de CM2 que Corinne

Labat, 47�ans, enseigne depuis 3 ans, après une première vie professionnelle comme ingénieur dans l'équipement. Un nouveau métier qui la pas-sionne. Corinne est une adepte des projets à mener avec sa classe. Alors quand la Mairie a lancé son projet «�Les enfants dessinent l'entrée de leur école�» dans le cadre de «�Marseille 2013, Capitale Européenne de la Culture�», elle a foncé,

d'autant plus que la ville mettait à sa disposition une vraie plasticienne, Manuela, peintre graveur, pour mener le projet à terme. Projet ambitieux�: la fresque réalisée doit «�raconter�» l'histoire du quartier où se situe l'école. Alors Manuela est venue tous les lundis après-midi à l'école, travail-ler en petits groupes avec les élèves. Elle le dit�: «�C'était passionnant de mener avec les enfants une recherche historique et plastique, afin de rendre tous les aspects passés et présents du quartier�». Arpenter le quartier, prendre des pho-tos, esquisser des croquis, aller chercher des infos, questionner les habitants ou ses grands-parents, puis coller, découper, colorier, peindre... Une œuvre plane, qui sera ensuite reprographiée dans une format de 3m80 sur 2m80 et apposée sur la

A Marseille, les CM2 de Corinne Labat à l'école Saint-Mitre participent à l'opération « Les enfants dessinent l'entrée de leur école », dans la perspective de l'année 2013 où Marseille-Provence sera Capitale Européenne de la Culture. Un beau projet de collaboration entre EN, Mairie et artistes.

façade de l'école pendant toute l'année 2013... Alors Corinne, Manuela et les 27 élèves du CM2 ont emmagasiné toute une mémoire du quartier, puis trié, décidé, choisi ce qu'il fallait garder pour réaliser la fresque, toujours sous le regard attentif, exigeant et expert de Manuela la plasticienne. Beaucoup d'histoire, la vraie avec un grand H et aussi la petite histoire... et les petites histoires. Beaucoup d'écrits, beaucoup de recherches. La pédagogie de projet au service des connais-sances à acquérir en cycle III.

Passeurs de mémoire«�Les enfants sont devenus des passeurs de mémoire et d'histoires auprès de leurs parents pourtant installés dans le quartier depuis long-temps�» souligne l'enseignante.Bitel, élève de la classe, le dit avec ses mots : «�C'était bien, car on a partagé le projet avec des gens, on a découvert des anciennes constructions et aussi la vie de Saint Mitre, le nom du quartier�». Noé renchérit « Ah oui ! Le Saint, on lui a coupé la tête mais je ne sais plus pourquoi ! Et ma mère, elle m'a dit que c'était très bien de faire une fresque, que c'était instructif. » Certains ont entamé des discussions avec leurs grands-

Plus belle ma fresque�!

« Les enfants sont devenus des passeurs de mémoire et d'histoires auprès de leurs parents pourtant installés dans le quartier depuis longtemps. »

L'olivier, l'arbre roi du quartier St-Mitre à

Marseille, au cœur de la fresque réalisée par les

élèves de l'école élémentaire St-Mitre.

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en BREFBLOG

UN BLOG AU SERVICE DE TOUS LES ARTS VISUELSA la retraite depuis juin 2008, une enseignante a décidé d'ouvrir ses cahiers sur la blogosphère et de partager son travail. De partages en échanges, les Cahiers de Joséphine se sont enrichis des travaux des collègues proches et éloigné(e)s, de liens vers des sites d'artistes et des expos visitées. Un blog propre, net, d'une navigation facile. Une mine pour faire travailler les arts visuels en classe.

http://cahierjosephine.canalblog.com/

EDD

MER EN FÊTE À MARSEILLEDepuis 19 ans, en mai et en juin, ont lieu les journées «�Mer en fête�» dans les ports d'Ajaccio, Marseille et Bastia. A bord du navire «�le Danielle Casanova�» à quai, des élèves participent à divers ateliers pédagogiques transdisciplinaires pour apprendre autrement, conjuguer l'émotion au savoir, vivre et mieux s'approprier la Méditerranée dans son ancrage naturel et culturel. Tout en portant un message fort de «�Paix et de Solidarité en Méditerranée�».

Pourquoi la mairie a-t-elle lancé ce projet de fresque ?Marseille sera Capitale Européenne de la Culture en 2013. Et dans ce cadre, la munici-palité a décidé d'impliquer les écoles de la ville, uniquement les classes de CM1 et CM2, dans une réalisation de fresque ornementale et éphémère, avec un cahier des charges pré-cis. Nous voulions placer l'Ecole de la Répu-blique et l'éducation à la citoyenneté au cœur des quartiers marseillais, en demandant aux élèves d'interpréter la mémoire de leur quar-tier, en mettant à l'honneur leur créativité, dans une fresque qui sera apposée sur la façade de leur école en 2013. C'est un partenariat entre l'Education Nationale et la mairie, car nous mettons à disposition des écoles un plasticien pour chaque classe engagée, tous payés par la ville. C'est d'abord tout un travail de recherche au 1er trimestre. La maquette réali-sée devra recevoir la validation de l'élue à l'Education et du Directeur général de la Vie Scolaire. Ensuite, phase de réalisation par les élèves sur la fresque définitive, toujours avec l'aide du plasticien, même pendant la pause méridienne. Elle sera ensuite reprographiée pour mesurer 3m80 sur 2m80. Chaque fresque sera inaugurée au fur et à mesure de leur achè-vement. La différence de richesse historique d'un site à un autre, associée aux talents des

enfants, donnent des résultats magnifiques pour chaque chacune d'entre elles. Et en 2014, elles retournent à l'intérieur des écoles, patrimoine commun de tous les élèves.

Combien d'écoles sont engagées dans ce projet ?En 2011, il y a eu 2 écoles pilotes. Puis cette année scolaire, 8 nouvelles écoles (une par secteur d'arrondissement) et en 2013, 8 autres. Ce qui couvrira nos 16 arrondisse-ments. Le choix des écoles a été fait par l'élue à l'Education et par le Directeur géné-ral de la Vie Scolaire.

D 'autres projets ?Nous avons lancé un travail sur les fontaines dans les écoles avec les élèves de CE2. Suite au forum mondial de l'eau qui s'est tenu à Marseille, les enfants travaillent une charte sur l'eau dans le monde et sont char-gés de décorer les murs derrière les vasques (peinture, mosaïque...). C'est très valorisant pour les enfants de laisser ainsi une empreinte de leur passage dans leur école, ça les met à l'honneur. On a aussi constaté qu'ils prenaient tous grand soin de cet espace collectif, puisque ce sont eux qui y ont travaillé...

CHRISTINE PAOLI EST

CHARGÉE DE COMMUNICATION,

CHEF DE PROJET AU SERVICE

DE LA DIRECTION GÉNÉRALE

VIE SCOLAIRE, CRÈCHE ET JEUNESSE.

« Au cœur des quartiers »

parents, comme Alexandre�: «�Mon grand-père avait deux ans quand il est venu dans ce quartier. Il m'a donné des photos du quartier de l'époque et il allait déjà dans cette école, mais il y avait de l'herbe tout autour�». Et l'herbe, les Prairies comme le nom du quartier mitoyen, figure à gauche sur la fresque. Car Manuela a organisé la fresque en forme de puzzle : à gauche, le passé, avec les Prairies, le carrosse de Château Gombert, proche du quartier, la bastide qui abrite les Apprentis d'Auteuil�; au centre l'olivier, arbre-roi de Saint-Mitre et de la Méditerrannée, et le Massif de l'Etoile qui domine Saint-Mitre où que l'on soit�; à droite, les savoirs, le lycée proche, la cité HLM des

Balustres, l'Université de Provence voisine... Et le fameux canal de Marseille, cher à Pagnol, avec les restes de l'aqueduc. Et la mer. Bleue, comme tou-jours à Marseille. La fresque s'achève, l'année sco-laire aussi, riche de tout ce travail collectif. Après les fastes de l'année 2013 et l'exposition publique de la fresque, l'oeuvre réalisée par des élèves en CM2 en 2012 rejoindra le patrimoine commun de toute l'école. Elle sera affichée dans la cour, sous le regard des générations futures d'élèves de Saint-Mitre. Et peut-être alors quelques questions fuseront lors des récrés�: «�Tiens�? Y avait des vignes et des prairies ici�?�» Et alors, l'histoire recommencera�? GINETTE BRET

Christine Paoli, de la ville de Marseille

3 Q

UESTI

ONS À

RÉSIDENCE

DES ARTISTES À L'ÉCOLE Une charte nationale parue au BO permet de préciser le cadre des résidences d'artistes dans les écoles. Le principe est le suivant « permettre à une ou plusieurs classes d’un établissement scolaire de bénéficier de la présence d’un artiste contemporain dans le cadre de l’ouverture culturelle des élèves ». Elle précise que la résidence permet « la rencontre avec une oeuvre par la découverte d’un processus de création, la pratique artistique, la pratique culturelle, circulaire n° 2010-032 du 5-3-2010.

Rubrique Le métier/Reportage

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[FENÊTRES SUR COURS] N°366 - 12 MARS 2012

en br

ef

85%des parents d'élèves pense que leurs enfants sont heureux à l'école. Le chiffre est de 95% pour la maternelle, 89% pour l'élémentaire, 82% pour le collège, 76% pour le lycée.Selon un sondage opinion ways réalisé en mai 2012.

CONCOURS

LIRE ÉGAUX 2012Les classes participantes à « Lire égaux 2012 » ont écrit une histoire traitant de l'égalité des filles et des garçons. Celle qui remportera le concours aura la chance de travailler durant une année avec une illustratrice et de voir son livre publié pour les éditions Talents hauts.

Rubrique Les métiers/Ressources

LANGUES VIVANTES

Les élèves progressent en anglais et allemand

SPORT

JOURNÉE DU SPORT SCOLAIRELa journée du sport scolaire est fixée, pour la prochaine année scolaire, le mercredi 19 septembre (BO du 17 mai). Elle marquera l'ouverture d'une semaine dédiée au sport, en collaboration avec les fédérations du sport universitaire, du sport en entreprise et de l'ensemble du mouvement sportif regroupé au sein du Comité national olympique et sportif français. Cette journée du sport scolaire sera intégrée à l'opération « Sentez-vous Sport ».

THÉATRE

VÈME RÉPUBLIQUE ET DE 7 PRÉSIDENTS !Le Cidem vient de publier une affiche qui reprend la chronologie de la Vème République accompagnée des portraits des différents présidents, la définition des fonctions du Président de la République (son rôle, son mandat, ...) et les symboles de la République française.

http://www.cidem.org/

CNDP

COLLECTION THÉÂTRE AUJOURD'HUI

Aujourd’hui » a vingt ans. La collection comprend dorénavant 14 titres avec la sortie du dernier opus autour de l'oeuvre de Jean-Claude Grumberg. Chaque numéro associe de nombreux contributeurs et témoignages de professionnels. Scénographie, arts du cirque, Don Juan mais aussi Shakespeare ont été à l'honneur depuis 1992.

http://www.cndp.fr/collection-theatre-aujourdhui

FESTIVAL

POUR JEUNE PUBLICLa 30ème édition du Festival Théâtr’enfants et tout public se déroulera du 10 au 28 juillet 2012 à la Maison du Théâtre pour Enfants, lieu dédié à la création jeune public durant le Festival d’Avignon. L'occasion de découvrir la richesse du théâtre jeune public.

http://festivaltheatrenfants.com/

HEUREUX À L'ÉCOLE ?

«Les performances des élèves ont forte-ment progressé [en anglais et en alle-

mand], avec un score moyen supé-rieur de 18 points à celui de 2004�» indique une note de la DEPP parue le 10 mai dernier. Chargée notam-ment de «�vérifier l’acquisition des éléments fondamentaux ainsi que la construction d’une compétence de communication élémentaire�», cette évaluation menée par le dispositif CEDRE (Cycle des Evaluations Dis-ciplinaires Réalisées sur Echantillon) note qu’en anglais le taux de réus-site pour l’ensemble de l’activité lan-gagière est de 76% avec un bond significatif de +22% en compréhen-sion de l’écrit. De même en alle-

mand, où la réussite moyenne en compréhension de l’oral est supérieure à 90% et où le score moyen en compréhension de l’écrit a augmenté de 11% par rapport à 2004.Cette amélioration serait notamment le fruit d’une «�organisation plus régulière et constante�» de l’enseignement des langues, de sa prise en charge par les enseignants eux-mêmes, ainsi que d’une «�application plus stricte des programmes et d’une éva-luation des acquis des élèves qui se généralise�». L’évaluation fait toutefois apparaître des évolutions différenciées selon les caractéristiques des élèves. Ainsi en anglais, les écarts de performances s’accroîtraient en faveur des filles qui progressent de 21% à l’oral contre 15% chez les garçons. De même en éducation prioritaire (EP) qui enre-gistre des progrès plus modestes en compréhension de l’oral�: si la part des élèves les plus faibles diminue fortement (-15%), le score moyen n’augmente que de 1% contre 17% dans les écoles hors EP. VINCENT MARTINEZ

Page 23: La vérité sur l'AP - SNUipp

infos services

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Lu dans le BoN° 32 du 31 mai 2012

Jurys d’examens�: Rémunération des intervenants

Relations école-famille�: Opération « Ouvrir l’École aux parents pour réussir l’intégration » - année scolaire 2012-2013

Actions éducatives�: Poursuivre le développement des pratiques musicales collectives à l’école, au collège et au lycée.

N°21 du 24 mai 2012 Programme Éclair�: Complément

à la liste des écoles et des établissements scolaires publics inscrits dans le programme

Brevet informatique et internet pour adultes : Référentiel de compétences

Personnels de direction�: Intentions de mobilité à la rentrée 2013 - recensement des postes susceptibles d’être vacants.

N° 20 du 17 mai 2012Actions éducatives�: Journée

nationale du sport scolaire

N° 19 du 10 mai 2012Sections internationales�: Liste

dans les écoles, collèges et lycéesVacances de postes�: Postes à

l’UNSS - rentrée 2012

Calendrier année scolaire 2012-2013

Questions/Réponses

Je suis passée au 11ème échelon le 14/05/2012. Puis-je prétendre à la Hors Classe le 01/09/12 ?

Les éléments de barème pour le passage à la Hors Classe (H.C) au

01/09/2012 sont arrêtés au 31/12/ 2011. Aussi un échelon obtenu le 14/05/2012 ne pourra être pris en compte avant le 01/09/2013.A l'heure actuelle, seuls 2% des collègues entre le 7ème et le 11ème échelon peuvent être promus (4.262 possibilités en 2012 pour toute la France). Le barème est constitué de l'échelon x 2, de la note réactualisée, d’1 point pour exercice en ZEP depuis 3 ans et, selon les départements, d’1 point pour la direction d'école. Le départage se fait à l'AGS. Il est donc possible (mais rare !) de passer à la H.C. avant d'atteindre le 11e échelon. Le SNUipp-FSU demande que la H.C. soit intégrée dans la grille d'avancement.

J’ai accouché prématurément. Quelle est la durée de mon congé de maternité ?

Quand l’accouchement a lieu avant la date présumée, le repos prénatal non

utilisé s’ajoute au congé postnatal. Quand l’accouchement a lieu plus de 6 semaines avant la date présumée et exige l’hospitalisation postnatale de l’enfant, le congé de maternité est augmenté d’une période supplémentaire correspondant à la durée séparant la date effective de l’accouchement de la date prévue du congé prénatal. Si l’enfant est toujours hospitalisé après 6 semaines, la mère peut alors reprendre le travail et reporter après la sortie de l’enfant le reste des congés maternité non utilisés. Les jours supplémentaires dus à l’accouchement prématuré de plus de 6 semaines devront être pris avant le report.En cas de difficultés, prendre contact avec la section départementale.

PÉRIODES ZONE A ZONE B ZONE C

Rentrée des enseignants * Lundi 3 mars

Rentrée scolaires des élèves Mardi 4 septembre

Toussaint Samedi 27 octobreJeudi 8 novembre

Noël Samedi 22 décembrelundi 7 janvier 2013

Hiver Samedi 23 févrierLundi 11 mars

Samedi 16 févrierLundi 4 mars

Samedi 2 marsLundi 18 mars

Printemps Samedi 20 avrilLundi 6 mai

Samedi 13 avrilLundi 29 avril

Samedi 27 avrilLundi 13 mai

Début des vacances d'été ** Jeudi 4 juillet

Page 24: La vérité sur l'AP - SNUipp

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ressources[ ]

[FENÊTRES SUR COURS] N°366 - 12 MARS 2012

Au fond du sac à dos, 1 rayon de lune, 2 grains de sable, 3 coquillages et pleins de livres…

QUI VOILA ? Clothilde Perrin – Rue du monde (15€). Dès 3�ans. Un joli cadeau tout tendre en l’honneur du petit bébé qui

arrive pour la première fois dans sa maison. Sous sa couverture cartonnée, une fresque d’1,60 mètre se déroule, ponctuée de quelques mots, baignée de couleurs chaudes, fourmillante d’oiseaux, d’objets qui virevoltent. C’est la tétée, le premier bain, les bras du grand-père, puis l’horizon s’élargit, à la fratrie, aux voisins, aux amis… tandis que le soir tombe, que la fête commence et que Bébé s’endort sereinement.

TOUT SUR L’ETE (D) Charline Picard, Clémentine Sourdais –Seuil (18€). Dès 6�ans.Un super

documentaire proche d’un almanach, qui se partage en 3 parties : « L’été nature », « L’été des animaux », « L’été au quotidien ». On y trouve des pages aux dessins rétro, des planches naturalistes pour découvrir insectes, fleurs, fruits et légumes, des informations scientifiques avec les BD du professeur Loupiote, des poésies, des chansons, des activités manuelles, des recettes et même du land-art !

Le livre JOURNAL D'UN DEGONFLE, Tomes 1 à 5 : Carnet de bord de Greg Heffley - Jeff Kinney Albin Michel (2008/2012) 10,90€. Dès 9 ans.Des journaux intimes

chez les garçons, c’est assez rare. Et pourtant, ça bouillonne sous leurs crânes d’adolescents ! Parmi les réussites, il y eut « Le journal du Petit Nicolas », « Le journal d’un garçon » (Colas Gutman – Ecole des Loisirs 2008) et le très impertinent et réjouissant « Le petit Gus » de Claudine Desmarteau chez Albin Michel (vous vous souvenez ? « Travailler – pour jouer + » !). Et voici les 5 tomes du journal intime de Greg, 12�ans « Le journal d’un dégonflé ». Greg lui, n’a pas l’envergure de Batman! Il traverse la période cruelle de l’adolescence entre un grand frère musicien, un petit frère qui le colle, Robert, un copain par défaut, et un souci majeur�: les filles�! C’est très drôle, et son succès tient en particulier à son graphisme original, un fac-similé d'écriture manuscrite sur un cahier ligné, entrecoupé de BD et de petits croquis cocasses. A déguster sur la plage au soleil en regardant passer les filles…

ESTEBAN (BD) Matthieu bonhomme (T4) - Dupuis 2012 (12€) Dès 9 ansLes 3 premiers tomes de cette belle BD contaient la saga maritime, vers 1900

d’Estéban, petit berger indien de Patagonie. Orphelin, il s’engage à 12 ans comme harponneur sur le cap-hornier à voile « Le Léviathan » dirigé par un capitaine à la dure caboche mais au grand cœur. Esteban gagne l’estime de ses pairs en luttant contre l’énorme baleine bleue, et tout irait bien si le capitaine ne découvrait le massacre causé par les nouvelles techniques des

navires de pêche industrielle et les harpons explosifs. Sur un coup de tête, le Capitaine vole une pièce de moteur au bateau machine. Cela va déclencher une chasse dont le Léviathan est la proie. Non seulement les marins sont contraints d’abandonner le voilier, mais ils se perdent dans les glaces de l’Antarctique. Retrouvés à moitié morts, ils sont condamnés pour pirateries au terrible bagne d’Ushuaïa au bout du bout de la Terre de Feu, là dont nul ne revient. Avec ce tome 4 « Prisonniers du bout du monde », commencent de nouvelles péripéties. Estéban qui a échappé à la rafle se fait enrôler comme maton dans l’espoir de libérer ses compagnons…Une figure féminine apparaît dans ce monde d’hommes. Ce qui domine, c’est l’univers concentrationnaire et hyper violent du bagne, évoqué avec pudeur, mais sans concessions.Citons aussi du même auteur la jolie trilogie Messire Guillaume (Ecole des Loisirs)

TROP FORTS, LES MOTS (Alain Rey & Danielle Morvan, ill. Zelda Zonk – Milan 2012 13,90€ Dès 10 ansVoici le livre précieux qui permet de remonter à l’origine

des mots ! 50 mots choisis dans l’univers des jeunes lecteurs : d’avion à boucher, en passant par fesses, tennis, cabinet, café ou travail… Ainsi, le mot A.V.I.O.N, inventé par Clément Ader vient de « Appareil volant imitant les oiseaux naturellement ». Le tripalium, mot latin à l’origine de mot travail était sous les romains un instrument de torture (!). Mille et une découvertes mises en valeur par de grandes illustrations au trait pleines d’humour.MARIE-CLAIRE PLUME

Sac à dos

Page 25: La vérité sur l'AP - SNUipp

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ressources[ ]PÉRISCOLAIRE

Des coups de pouce pour les CP d'Argenteuil

À16h30, Ibrahim, Ismael, Camélia, Imane et Yasmine ne sortent pas de l'école La Croix Duny d'Argenteuil mais se rendent à leur club de lecture, écriture, plus com-

munément appelé coup de pouce clé, avec Flo-rence Rollin. Comme tous les soirs depuis novembre, ils participent avec 10 autres élèves de CP au 3 clubs animés ce lundi soir par Frédé-rique Schweitzer, maîtresse REP, Frédéric Bor-deau, AVS dans l'école et Florence Rollin, donc, maîtresse E qui coordonne aussi le dispositif sur l'école. Première étape  : le goûter. Florence accueille les 5 CP autour d'une table ronde, cha-cun sort ses gâteaux et une discussion démarre autour des activités de la journée : les CP ont lu des livres au GS. Cette discussion informelle est un moment important du protocole très cadré des coups de pouce CLE tel que les propose l'Apféé*. «�L'idée c'est que les enfants puissent fréquenter un certain type de langage qu'ils n'ont pas chez eux, comme le ferait une grand-mère bienveillante et lettrée�» explique Yvan Pétrou-chine, ingénieur à l'Apféé. Le dernier gâteau avalé, c'est le temps consacré aux devoirs�: pas

en BREFENFANT�/ ENVIRONNEMENT

COUP DE POUCE CLELe Coup de pouce CLE est un dispositif d'accompagnement à la scolarité destiné à des enfants de CP jugés fragiles, issus de milieux à faible capital scolaire. Comment s'organise-t-il ? Quels en sont les effets ?

POLLUTION MARINE

UN 7ÈME CONTINENT DE PLASTIQUEDécouverte en 1997, une mer de plastique, grande comme six fois la France, telle un 7ème continent composé de 500 tonnes de déchets de 30 mètres d'épaisseur, se situe au cœur de l'Océan Pacifique. La quantité de déchets a été multilpliée par cent depuis les années 70. Afin d'attirer l'attention du public sur cette pollution, une expédition française est partie fin mai sur un voilier muni de balise Argos et d'une bouée dérivante. Les lycéens pourront ainsi suivre sa progression. Un film et des débats seront ensuite organisés.

PRIMTICE

ABÉCÉDAIRE SONORE DES « ZÉCOLES »PrimTICE, le portail des TICE pour l’école primaire, propose de réaliser un abécédaire de l'école en version numérique et sonore dans le cadre de la liaison Grande section/CP. Prenant appui sur la pratique artistique, cet HYPERLINK "http://www.tuic77.ac-creteil.fr/Espace-Primaire/index.php/scenarios-peda/24-abecedaire-sonore-des-zecoles" Abécédaire

progression autour du TNI dont l’objectif est de favoriser la construction du principe alphabétique, sa mémorisation et sa fixation au cycle 2. Conçu par l’équipe TICE de l’académie de Créteil, le site présente un exemple de production d’élèves.

http://primtice.education.fr/

plus de 15 mn précise le protocole ! Suivent la phrase devinette et une petite production d'écrit. A partir de l'album « les petits riens », chaque élève est invité à raconter ou imaginer un de ces petits plaisirs gratuits. Découper des cœurs, jouer avec Kaiss, danser... l'exercice est laborieux car imaginer reste une difficulté pour tous ces CP qui sont en ce début juin tous entrés dans la lecture. « Le profil des élèves pour lesquels nous proposons aux parents les coups de pouce est important. Il ne peut en aucun cas s'agir d'une remédiation » précise, Nathalie Amato, directrice de l'école. « L'adhésion des familles est une condition nécessaire au bon fonctionnement du dispositif » ajoute Frédérique Schweitzer. Car la condition c'est 4 soirs par semaine pendant 1h30, un contrat passé avec la famille. Et les enfants ? Ils réclament à Florence leur jeu fétiche « Gare aux minets » dans lequel il est pourtant question de syllabe. Et le club se finit par le dernier rituel, une belle histoire qu'on commente et questionne comme à la maison. LYDIE BUGUET

*Association pour favoriser l'égalité des chances à l'école, http://apfee.asso.fr/

Les 5 élèves du coup de pouce CLE

écoutent la belle histoire, dernier rituel

incontournable du club.

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26 [FENÊTRES SUR COURS] N°366 - 12 MARS 2012

A  peine nommée, Christiane Taubira, la nouvelle garde des Sceaux a annoncé la

volonté gouvernementale de supprimer le tribunal correc-tionnel pour mineurs, une des mesures phares de Nicolas Sarkozy en matière judiciaire. La loi du 10 août 2011 mise en place depuis le 1er janvier 2012 ne passera sans doute pas l'été. La création d'un tribunal spécifique dans lequel le juge des enfants est assisté de deux magistrats non spécia-lisés destiné à juger les mineurs récidivistes âgés de 16 ou 18 ans au moment des faits vise clairement à traiter ceux-ci comme des adultes. Une nouvelle juridiction qui n'aura pas eu le temps de faire la preuve de son utilité. Le tribunal de Marseille par exemple, n'a pratiquement eu aucune affaire à juger selon une étude récente réalisée par une ancienne magistrate.Pour l'ancien gouvernement, l'essentiel n'était sans doute pas là mais plutôt dans l'affichage d'une politique répressive à l'origine de l’accu-mulation de lois pénales, sans précédent depuis 2002, et désignant les adolescents et les jeunes comme responsables des princi-paux problèmes de sécurité en France.

Revenir aux principes de 1945L'élection de François Hollande devrait donc mettre un terme au détricotage en règle de l'ordonnance de février 1945 qui fixe depuis cette date les principes qui régissent la justice des mineurs : application de la personnalisa-

Justice des mineurs�: changement de capEn supprimant le tribunal correctionnel pour mineurs, Christiane Taubira donne le signe du retour à une justice des mineurs guidée par la primauté de l'éducation.

leur avisCHRISTIANE TAUBIRA MINISTRE DE LA JUSTICE

« Le président de la République s'y est

engagé, nous ferons en sorte que la justice des mineurs redevienne spécifique et qu'on annule les dispositions consistant à traiter les mineurs comme les majeurs. »

CATHERINE SULTANPRÉSIDENTE DE L'ASSOCIATION FRANÇAISE DES MAGISTRATS DE LA JEUNESSE ET DE LA FAMILLE

« On dit qu'on renoue avec le laxisme mais cette critique

est fausse. Les peines et les mesures que peuvent prononcer les tribunaux correctionnels pour mineurs et les tribunaux pour enfants sont les mêmes. »

JEAN FRANÇOIS COPÉSECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'UMP

« Je m'inquiète beaucoup de la décision de Mme Taubira,

car elle est le reflet parfait du laxisme de la gauche dans le domaine de la sécurité. Je tire la sonnette d'alarme maintenant. »

LAURENT MUCCHIELLISOCIOLOGUE

« Plutôt que d'agiter l'épouvantail de la

délinquance des mineurs comme si c'était le problème numéro 1 de la société française (…), l'on va peut-être enfin sortir de cette politique politicienne à la petite semaine et se mettre à travailler sérieusement.�»

tion des peines pour des enfants et des ado-lescents considérés non pas comme des adultes mais comme des êtres en devenir�; adaptation des sanctions au profil des jeunes délinquants en privilégiant les mesures édu-catives ; limitation de l'incarcération considé-rée comme un ultime recours. Une évolution qui ne manquera pas de satisfaire une partie importante des magistrats et des éducateurs chargés de la jeunesse, mais aussi de relancer le traditionnel procès de laxisme et d'angé-lisme fait à la gauche au pouvoir.Cible d'une attaque en règle dès sa prise de fonction Christiane Taubira a cherché à donner des gages de fermeté en affirmant son intran-sigeance face aux «�petits caïds�» qui terro-risent les quartiers. Elle devrait également

La justice des mineurs récidivistes ne passera

pas par la correctionnelle.

augmenter le nombre de centres éducatifs fermés pourtant décriés et assimilés à de l'emprisonnement à leur création. Très expo-sée sur un dossier sensible auprès de l'opinion publique, la nouvelle garde des Sceaux sera jugée sur ses résultats mais aussi sur sa capa-cité à redonner confiance et efficacité à une justice des mineurs complètement asphyxiée par le manque de moyens. PHILIPPE MIQUEL

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en BREFEGALITÉ

LA MARCHE DES FIERTÉSL’obtention de l’Égalité des droits effectifs pour les Lesbiennes, Gays, bi et personnes transidentitaires sera au cœur des revendications déclinées lors de Marches des Fiertés, avec un slogan national « 2012 L’égalité n'attend plus ! ». Marches le 12 mai Angers, le 26 mai Tours, le 2 juin Lille, Metz, Montpellier et Nantes, le 9 juin Bordeaux et Rennes, le 16 juin Biarritz, Lyon, Strasbourg et Toulouse, le 23 juin Caen, le 30 juin Paris, le 7 juillet au Mans et à Marseille...

JUSTICE

NOUVELLE LOI CONTRE LE HARCÈLEMENT SEXUELUn nouveau projet de loi contre le harcèlement sexuel sera déposé par les ministres de la Justice et des Droits des femmes pour un examen au Parlement durant l'été et une adoption en septembre. Le Conseil constitutionnel avait abrogé début mai l'article du code pénal sur le harcèlement sexuel, dont il a jugé la formulation trop floue et les procédures en cours fondées sur cet article ont été annulées. Il y a donc urgence à rétablir la loi.

AILLEURS

L'ITALIE EN TOUTE INTÉGRATION En Italie, l’intégration scolaire des jeunes en situation de handicap est totale depuis plus de 40 ans. Comment les écoles s’organisent-elles ? Quelles sont les réponses en termes de formation, d’enseignants spécialisés, d’équipes médico-psycho-pédagogiques ? La visite de Rossella Benedetti, syndicaliste chargée des relations internationales du syndicat enseignant italien Unione italiana del Lavoro Scuola a été l’occasion d’échanger sur ce sujet.

Rubrique Le métier/Les ressources

GRANDES ECOLES : UN ACCES INEGALITAIRE

Face aux difficultés de ses élèves, Dominique Dupont-Brossard se spé-cialise très vite pour devenir maîtresse E puis G. Une épreuve person-nelle lui fait découvrir

l'enseignement à l'hôpital pour les enfants malades. C'est le déclic : elle retourne en for-mation, passe l'option C et depuis 4 ans, tra-vaille à l'hôpital Trousseau à Paris. Dans une vraie école, avec une directrice très impli-quée qui se bat, avec ses adjoints et les chefs de service pour garder les moyens de fonc-tionner. En 2008, il y avait 11 classes. N'en subsistent plus que 4... Les suppressions de poste pénalisent aussi les enfants malades. Car les moyennes académiques comptabi-lisent la durée de séjour des enfants, sans prendre en compte les temps nécessaires pour aller au chevet des enfants, notamment les «  enfants

bulles » où tout matériel scolaire et vête-ments doivent être stérilisés. Dominique se déplace autant au chevet de ses petits élèves qu'elle peut recevoir les plus valides dans sa classe. Pour elle, « il leur est important de rompre l'isolement de leur chambre, de ren-contrer d'autres enfants et de continuer les apprentissages solaires, comme tout élève ordinaire. Et ça participe, aussi, de leur gué-rison...». Un silence. «  … quand ils gué-rissent. » A 51 ans, Dominique sait qu'elle ne restera pas jusqu'à la fin de sa carrière dans sa classe à l'hôpital. « Beaucoup de joies, de rires, et de douleurs ». Mais des satisfactions professionnelles aussi : le travail en équipe avec ses collègues, les profs du secondaire, les profs de la ville de Paris, les profession-nels de la médecine, les familles. Et un sou-

hait : « que l'école d'origine, le collège, d'où viennent mes petits élèves, n'oublient pas leurs camarades malades. Qu'ils gardent le lien. »

DOMINIQUE DUPONT-BROSSARD EST PE À L'HÔPITAL.

PORTR

AIT

Dominique Dupont-Brossard, enseignante à l'hôpital Trousseau, Paris

L'ORIGINE SOCIALE DES ÉTUDIANTS EN CLASSE PRÉPARATOIRE AUX GRANDES ÉCOLES *

Près de 50% des élèves qui préparent les grandes écoles sont issus d'un milieu très favorisé. Les enfants d'ouvriers, de retraités ou d'inactifs demeurent très nettement sous-représentés excepté

dans les sections technologiques. Une proportion qui évolue peu depuis 10 ans malgré la part de plus en plus importante d'élèves boursiers (de 19,3% en 2001 à 25,7% en 2011). *Source : ministère de l'enseignement

supérieur et de la recherche

ENSEMBLE DES CPGE

SECTIONS « TECHNOLOGIQUES »

Agriculteurs 2 2

Artisants, commerçants, chefs d’entreprises

9 12

Employés 9

Ouvriers 6 16

Professions intermédiaires 12

Professions libérales, cadres sup. 50 25

Retraités, inactifs 6 11

Sans réponse 6 4

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28 [FENÊTRES SUR COURS] N°366 - 12 MARS 2012

Comment caractériser la «�ségrégation scolaire�»�?Choisie par les uns, subie par les autres, la ségrégation scolaire résulte de la séparation des indi-vidus. Au XIXe, les filles, tenues à l'écart de l'école, ont été particu-lièrement ségréguées. Mais la ségrégation scolaire est aussi ethnique. Les enfants d'origine étrangère sont absents de la plu-part des établissements et concentrés dans quelques-uns. La ségrégation dite académique résulte de la séparation des élèves « forts » et des « faibles »,

plus souvent scolarisés dans les ZEP. Enfin, la ségrégation sociale est le résultat de la concentration des élèves d'origine aisée dans certains établissements et d'ori-gine populaire dans d'autres.

Cette ségrégation augmente. Comment la mesurez-vous ?J'ai eu recours à un indicateur statistique qui permet de calcu-ler les proportions d'élèves d'ori-gine populaire et non populaire scolarisés dans les établisse-ments populaires et bourgeois qu'il faudrait inter-changer pour

parvenir à une mixité sociale par-faite. Pour les collèges des dix pre-mières capitales régionales, cet indice est élevé et en croissance entre 2007 et 2010. Avant 2007, cette ségrégation était majoritaire-ment stable, voire baissait. L'assou-plissement de la carte scolaire a favorisé la ségrégation scolaire.

Quel impact sur la réussite des élèves ?Les pays où la ségrégation sociale est faible, tels que la Fin-lande, se caractérisent par une incidence limitée de l'origine sociale sur la réussite scolaire

alors que dans les pays où elle est forte, tels l'Allemagne, la Hongrie ou la France, l’influence de l'origine sociale sur la réussite des élèves est forte. Cette ségré-gation sociale est liée à une ségrégation académique, par niveau scolaire�: regrouper les élèves faibles ralentit leur pro-grès alors que le regroupement des élèves forts a une incidence assez réduite sur leur perfor-mance. PROPOS RECEUEILLIS PAR

VINCENT MARTINEZ

Pierre Merle a publié en avril 2012 « La ségrégation scolaire » aux éditions de la Découverte

« La ségrégation scolaire augmente »

2 Q

UESTI

ONS A

Pierre Merle, sociologue et professeur à l’IUFM de Bretagne

«M arine Le Pen à 26% chez les 18-24 ans ». C’est le sondage qui avait fait l’effet d’une bombe, 15 jours avant le 1er tour des élec-

tions présidentielles. Mais en plaçant la can-didate du FN en 3ème position, avec un score proche de18%, les jeunes ont finalement infirmé ce sondage en votant comme leurs aînés (17,8% pour le FN). Pas vraiment surpre-nant si l’on en croit le sociologue Olivier Gal-land qui, dans une tribune du Monde indiquait le 20 mai dernier que le clivage générationnel tend à s’estomper, « une grande classe d'âge allant de 18 à 60 ans partageant les mêmes valeurs ».

Vers une radicalisation de la jeunesse ?Tentée de voter massivement pour le FN, la jeunesse a finalement fait des choix similaires à ceux de ses aînés. Un scrutin qui souligne davantage l’écart croissant entre diplômés et non diplômés, tout en révélant une jeunesse aux destins sociaux divergents.

Le Pen en tête chez les électeurs sans diplôme S’il ne semble pas y avoir de spécificité du «�vote jeune�», ce scrutin reflète cependant une fracture entre les plus diplômés et les moins diplômés puisqu’avec 31% des voix, Marine Le Pen arrive en tête chez les électeurs sans aucun diplôme. Elle comptabilise 23% chez les détenteurs d’un brevet ou d’un CAP et 20% chez les bacheliers. Une tendance qui s’inverse avec l’élévation du niveau d’éducation puisque le vote FN passe sous la moyenne nationale auprès des électeurs à BAC+2 (10%) et au-delà (9%). Un vote qui traduirait une défiance envers les institutions républicaines mais aussi

une crainte de l’avenir, notamment en termes d’emploi.

Une jeunesse aux destins sociaux divergentsLe chômage, qui touche 25% des jeunes fran-çais, révèle en outre une fracture entre une jeunesse diplômée et une jeunesse qui décroche. Car si 80% des diplômés accède à un CDI entre 25 et 30 ans, 20% de jeunes sor-tant du système scolaire avec le brevet ou sans diplôme connaît le chômage à 45%, comme le confirme une étude de la DEPP indiquant que « plus le diplôme est élevé, plus le taux d'activité est important et le taux de chômage faible ». D’où une certaine rancœur de ces jeunes à l’égard de la République, et en parti-culier de l’école dont « le rôle est de diriger les meilleurs vers les filières les plus presti-gieuses » et dans laquelle « les autres sont soit orientés par défaut, soit éliminés » analyse Oli-vier Galland. Face à cette logique de tri social qui détermine l’accès à l’emploi, le sociologue voit se dessiner le risque d’une «�radicalisation politique, qu’elle prenne la forme d’un vote d’extrême droite ou d’une dérive à la Mohamed Merah�». Un risque qu’il faudra bien que la société prenne à bras-le-corps si elle ne veut pas qu’il se concrétise. VINCENT MARTINEZ

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agendaLE 21 JUIN À PARIS

CONSTANTE MACABRE : DEUX TABLES RONDESLe mouvement contre la constante macabre qui dénonce l'élitisme et l'injustice du système de notation tient son colloque annuel le 21 juin à l'hôtel de ville de Paris. Au programme deux tables rondes�: la première sur «�constante macabre et inégalités sociales » avec François Jarraud, Philippe Joutard, Bruno Julliard... La seconde table ronde portera sur l'évaluation par contrat de confiance, le dispositif porté par André Antibi, animateur du mouvement.

mclcm.free.fr/

DU 29 JUIN AU 2 JUILLET

FORUM EDUQUER POUR DEMAINPour les Francas, l'intensité du débat actuel sur l'école ne doit pas masquer la dimension globale de l'éducation. L'association complémentaire de l'école convie l'ensemble des acteurs de l'éducation des enfants et des jeunes pour 4�jours de conférences, d'ateliers et de débats à Toulouse. Inscriptions auprès de la délégation des Francas de votre département.

http://www.francas.asso.fr/

DU 4 AU 6 JUILLET

COLLOQUE DE L'AGEEM A LILLE« L'école maternelle un premier partage culturel pour tous » : C'est l'intitulé du 85ème colloque de l'association générale des écoles et des classes maternelles publiques. Au Grand Palais de Lille enseignant-e-s, chercheurs, et artistes tenteront de réfléchir aux moyens de « faire accéder chacun à une culture ouverte ». Avec des interventions d'Albert Jacquard, Christine Passerieux, Yvonne Chenouf, Viviane Bouysse, Véronique Boiron...

http://www.ageem-lille2012.fr/

7 ET 8 JUILLET

FETE DES ECOLES RURALESC'est à Jabreilles-les Bordes en Haute-Vienne que la Fédération Nationale des Ecoles Rurales donne rendez-vous pour deux jours de fête. L'occasion d'évoquer l'école en milieu rural sous un angle à la fois festif, artistique et culturel.

http://ecole-rurale.marelle.org/

CINÉMA

LA PART DES ANGES

MUSIQUE

Oscar et Opérette

La part des anges est une comédie qui com-mence tristement. Robbie a été toxico-mane, il est au chômage, il est trop violent, il n'évite la prison que parce que sa petite

amie est enceinte. Dans les quartiers les plus pauvres de Glasgow, sa sécurité est sans cesse menacée par ses ennemis et par lui-même. Pas de quoi rire. Quand il rencontre, au cours de son

«�Travail d'Intérêt Général�» un chef de chantier généreux et passionné de whisky, la chance va lui sourire et le sombre récit social se transforme en une joyeuse comédie qui rappelle clairement Le pigeon de Mario Monicelli. Des bras cassés, plus ou moins repris de justice, entreprennent un casse douteux et rivalisent d'incompétence. Ne racontons pas la fin, mais elle est bien différente de celle du film italien. Toutes ces surprises et ruptures de ton font le sel de cette incur-sion de Ken Loach dans l'optimisme et la bonne humeur. L'accent écossais incroyable de toute la bande de Robbie, les nuances infinies des langages que parle chaque personnage, l'anglais de Manchester, l'écossais de Glasgow ou d'Edimbourg, celui des bas-fonds et celui des cercles raffinés des amateurs de whisky, jusqu'à l'américain des ploucs trop riches égarés dans les Highlands, constituent une palette linguistique qui contribue à la drôlerie et à la fantaisie du film. C'était déjà le cas des infinies nuances d'italien que parlaient les héros de Monicelli. Le film vient de recevoir le Prix du Jury à Cannes, il sera sur les écrans le 27 juin. Les vacances d'été prendront un bon départ. RENÉ MARX

LES CRITIQUES DE CINÉMA DE FENÊTRES SUR COURS SONT À RETROUVER SUR LAVIEDESFILMS.COM

Antoine Hervé, pianiste, pédagogue et com-positeur poursuit sa série de leçons de jazz avec Oscar Peterson. Un double dvd propose aux auditeurs des clés pour com-

prendre ce géant du jazz, appréhender sa musique avec humour et amour. Un concert de 2h40 est commenté avec Antoine Hervé au piano, François Moutin à la contrebasse et Louis Moutin à la batterie. Quand swing et virtuosité deviennent limpides. «�Monsieur Offenbach à la fête�» propose de découvrir avec joie et bonne humeur l’univers de l’opéra bouffe. Des airs du répertoire du compositeur ont été choisis pour les plus jeunes: La vie parisienne, La belle Hélène, La grande-duchesse de Gérolstein, Les brigands, Les bavards, La Périchole... Cette fantaisie musicale écrite par Gilles Abisse et dite par Olivier Saladin est interprétée par quatre jeunes chanteurs et onze musiciens sur des orchestra-tions de Hervé Suhubiette. Les illustrations de Delphine Jac-quot nous transportent dans son cabinet de curiosités gra-phiques plein d’inventivité et de gaieté. Un album lumineux et joyeux. LAURE GANDEBEUF

ANTOINE HERVÉ LA LEÇON DE JAZZ OSCAR PETERSON DOUBLE DVD RV PRODUCTIONS HARMONIA MUNDI

MONSIEUR OFFENBACH À LA FÊTE DIDIER JEUNESSE

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GRAnD Interview[ ]

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[FENÊTRES SUR COURS] N°366 - 12 MARS 2012

Quel est le rôle assigné à la grande section de maternelle par le gouvernement sortant�?La circulaire de rentrée publiée au B.O. du 29 mars 2012 demande aux enseignants d’analyser « les besoins » des élèves de grande section de maternelle pour dix compétences jugées prédictives de la réussite dans les apprentissages fondamentaux. À la suite de ces « observations », réalisées à la fin du premier trimestre, ceux-ci devront mettre en place « une aide différen-ciée », soit en classe sous forme d’ateliers dirigés, soit en dehors dans le cadre de l’aide personnalisée. Un document de travail portant sur les compétences pho-nologiques a été soumis aux syndicats. Il comporte un test d’évaluation que les maîtres doivent faire passer individuellement à leurs élèves et deux outils didac-tiques destinés à les aider à organiser un «�renforce-ment pédagogique�» auprès de ceux qui seront repérés comme étant en difficulté.

Ces options vous semblent-elles appropriéesDans une récente tribune*, j'ai répondu à trois ques-tions : Positivement à la première : le test d’évaluation proposé est-il pertinent ? Négativement aux deux sui-vantes�: les dispositifs de «�renforcement pédago-gique�» sont-ils appropriés�? Le scénario préconisé, construit autour du couple «�évaluation�/�renforce-ment�», peut-il atteindre l’objectif de prévention des difficultés d’apprentissage, voire de compensation des inégalités sociales�?  En proposant une évaluation des compétences phonologiques dès le mois de novembre, la DGESCO souhaite alerter les enseignants sur le fait que, malgré leurs efforts, certains de leurs élèves éprouvent encore des difficultés importantes, hypo-théquant leurs apprentissages futurs en lecture-écri-ture. Il s’agit d’accroître la vigilance des enseignants et de ne pas les laisser s’installer dans une posture trop attentiste�: la référence à un seuil établi indépendam-ment du niveau moyen de leur classe leur permet de prendre conscience de la nécessité de différencier leur enseignement et de le renforcer au bénéfice des plus faibles. Bref, à ne pas rester indifférents aux diffé-rences.

Cette stratégie d’alerte peut-elle être intéressante?Cela serait le cas si plusieurs condi-tions étaient remplies : si les com-pétences visées recouvraient tous les domaines prédictifs de la réus-site dans les apprentissages fon-damentaux ; si l’évaluation était accompagnée d’outils didactiques pertinents aidant les enseignants à organiser une différenciation réaliste ; si une planification de l’enseignement de la langue et du langage, de la petite à la grande section de maternelle, était proposée simultané-ment de manière cohérente ; si une réflexion sur l’indis-pensable réorganisation pédagogique de la journée de classe engendrée par le dispositif était initiée ; enfin, si les enseignants et les équipes de circonscription étaient asso-ciés à la démarche qui bouleverse leurs conceptions péda-gogiques. Aucune de ces conditions n’étant remplie, calen-drier électoral oblige, on peut émettre des réserves sur le dispositif ministériel dont l’une des plus grandes faiblesses est d’isoler les tâches phonologiques des autres tâches d’enseignement de la langue écrite qui lui donnent sens et force.

Le ministère a pourtant déclaré s'appuyer sur les travaux de la rechercheOui mais les choix ministériels ne sont pas consensuels sur le plan scientifique et ne recoupent, par exemple, que partiellement les conclusions du Report of National Early Literacy Panel (Preschool and Kindergarten), méta-ana-lyse américaine qui fait référence dans le domaine depuis 2008. Ils survalorisent la conscience syntaxique et ignorent d’autres compétences, plus prédictives, notam-ment les compétences d’encodage phonographique éva-luées à travers des tâches d’écritures inventées (Invented spelling). Ils conduisent ainsi à ignorer ou minorer les pratiques des maîtres qui organisent des ateliers d’écri-ture « approchée » ou « tâtonnée » dans leurs classes de maternelle. C’est regrettable.

*http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/04/19042012_RGoigoux.aspx

PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE MIQUEL

Roland Goigoux, professeur à l’Université Blaise Pascal à Clermont-Ferrand

IL EST CHARGÉ DE MISSION « LIRE-ÉCRIRE À L'ÉCOLE PRIMAIRE »

À L'INSTITUT FRANÇAIS DE L'ÉDUCATION (ENS

LYON).

« Ne pas rester indifférent aux différences »